OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE ET SUR LES ARTS,

AVEC DES PLANCHES EN T A I L L E - D O U C E; DÉDIÉES A M^ LE COMTE D'ARTOIS;

F j4 R AI. rAhbé Ro zi E R 3 de plufieurs Académies ; par M. J. A. Mon CEI U jeune , Chanoine Régulier de Sainte

Geneviève j des Académies Royales des Sciences de Rouen ^

de Dijon ^ de Lyon , £*«;. (S'c. & par M. de la Met u er i e ^

Docleur en Médecine j de l'Académie de Dijon.

II II ^Illl m IIPMIIWIllll IBIIII IIIMWIWIIII I I J u I L L E T 17S5. TOME XXIX.

A P A R I S,

AU BUREAU du Journal dePhyfique, rue & hôtel Serpente,

M. D c c. L X X X V I. AVEC P Rlf^ILÈ GE DU ROI. $.qqù-

' *^A •*:•,. -y

'hk\. ^•:>^ OBSERVATIONS MÉMOIRESE T SUR LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS. MEMOIRE

Sur les causes de la fermentation vineuse;

£x sur les moyens de perfectionner la qualité des vins v

Par M. le Marquis DE BuLLiON.

JlLN faifant évaporer du moût de raifin , on obtient un fel qui a toutes

\<:s apparences du tartre ; fi on le combine avec l'alkali de la foude , il forme le fel de Seignette.

Outre ce premier fel , on obtient encore par i'évaporation du jus des

raifins , une grande quantité de fucre. Pour le purifier , il faut d'abord extraire le tartre & faire enfuite évaporer le n)ont jufqu'à confiftance de Tome ^XIX, Part. II, 1786. JUILLET, A 2

'\ 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, firop épais. On lailTe pendant (ix mois le firop à la cave; au bout Je ce rems, on trouve le fucre criftaJliié confufément. En lavant ce fucre avec

(!e refpric-de-vin , la patrie colorante fe fépare , & il devient trts-blanc.

Les raifins rendent plus ou moins de fucre , félon leurs qualités 6c fuivant que les années ont été plus ou moins chaudes.

Voulant connoître (i le verjus donnoir le même fel le raifîn j'ai que ,

pris du verjus dont j'ai lait évaporer le fuc j & j'ai obtenu du tartre en cnllaux beaucoup plus gros & en plus grande quantité que je n'en avois

letiré du vin. Le tartre conibiné avec l'alkali de la foude , a formé du fel de Seignette; la liqueur qui reftoit avoit une faveur acide.

Il paroît que le tartre entre pour beaucoup dans la formation du raifin ;

car lorfque le fruit ell niijr , on obtient moitié moins de tartre, & plus il

fournit de fiicte , plus le tartre diminue. L'eïiftence de ce dernier fel dans le moût me paroît abfolument

nécelLiire pour déterminer la fermentation vineufe : l'expéiience f.ùvante me paroît propre à le démontrer.

Apres avoir fait évaporer du moût pour en féparer le tartre, j'ai ajouté

l'eau que je lui avois enlevée par l'évaporation ; je l'ai abandonné à lui-

jrème pendant trois mois, à une chaleur de i 5 à 1(5 degrés du Thermo-

nic:rc de Réaumur. Il n'y a point eu d'apparence de teimentarion ; mais

une pareille quantité de moût que j'ai traitée de même , & à qui j'ai rendu l'eau (i) & le tartre que je lui avois enlevés, a fermenté dès Is lendemain avec au'ant de force que le moût ordinaire. La fermentation achevée, j'ai diflillé le vin & j'en ai retiré une affez gtande quantité d'eau-de-vie.

Voulant favoir fi les acides végétaux produifoienr la fermentation , j'ai ajouté à du moût que j'avois d'abord privé de fon tartre, une quan-

tité égale de fel d'ofeille ; il ne s'eft point fait de fermentation. J'ai ajouté

à ce mélange le tattre que j'avois enlevé , la fermentation s'el établie

en vingt quatre heures , & par la diftillation j'ai obtenu beaucoup d'eau-de-vie.

Dans une quantité donnée de moûr', j'ai doublé la dofe du tartre ; la

fermentation s'eft établie comme à l'ordinaire , ^ la diftillation m'a fourni moitié plus d'eau-de-vie que dans la précédente expérience.

Pour m'alTurer fi le tartre ordinaire produiroit le même effet fur du

j'ai moût, que celui qu'on f étire par l'évaporation du jus de raifin , ajouté à

du moû: que j'avois privé de fon tartre , une égale quantité decrcmede

tartre du commerce ; la fermentation s'eft établie allez promptement, & par la diftillation j'ai obtenu les mêmes réfultats: en doublant ainfila dofe

de crème de tartre, j'ai obtenu moitié plus d'eau-de-vie.

(t) Il faut faire diiToudre le tartre dans une quantité fuffifante de moût qu'on fïù oaulllit dans un chaudiona SUR VEUT, NATURELLE ET LES ARTS. f

Lorfcjue j'ai ajouré du fucte & de la crème de rarrre à da nioûc , j'ai obtenu après la fermentation les trois quarts en fus de la quantité d'eP- prie ardent qu'on retire lorfqu'on diftille du vin auquel on n'a ajouté ni fucre ni tartre.

J'ai ajouté du fucre à du moût dont j'avois ôté le tartre , il n'a pas fermenté.

Le jus de railîti que j'ai analyfé a produit, par pinte , environ quatre gros de fucre & un demi-gros de tartre. J'ai fait fubir la fermentation vineulè à du jus de cerifès, & après l'avoir diltillé ajoutant à , je n'ai obtenu qu'un douzième d'eau-de-vie. En ce jus du fucre & du tartre dans les proportions de deux gros de fucre Se d'un

gros de tartre par pinte de jus , j'ai obtenu un quart en fus d'eau-de-vie. J'ai mis à fermenter pendant le mois, d'Août aernier 120 pintes d'eau,

120 onces de fucte Si. une livre & demie de crème de tartre; le mélange a refté trois mois fans apparence de fermentation. J'ai jugé, d'après cette expérience, qu'il falloir autre chofe que de l'eau,

du fucre & du tartre pour obtenir la fermentation vineufe , & que la matière extradive réfineufe éroit abfolument néceffaire. J'ai donc ajouté à un mélange femblable au précédent feize livres de feuilles de viçne pilées , le mélange a fermenté avec force pendant quinze jours ; je l'ai enfuire diftillé & j'ai obtenu quatre pintes d'eau-de-vie. J'ai mis à fer-

menter la même quantité d'eau & de feuilles de vigne , fans fucre Sz fans

tartre , le mélange a fermenté doucement, & je n ai obtenu à la diftilla- tion que de l'eau acidulée.

J'ai répété ces expériences en grand , en ajoutant dans la cuve , fur

j'OO pintes du moût , dix livres de belle cafTonnade, & quatre livres de

crème de tartre ; la fermentation s'eft bien établie , mais elle a été moins lumultueufe & elle a duré quarante-huit heures de plus que dans les cu- vées qui ne contenoient que le moût fimple. J'ai remarqué plufieurs fois que lorfque le moût ne contient pas allez parties la de fucrées , fermentation eft extrêmement tumultueufe & rapide ; le vin qui en provient efl plat, & ne donne prefque pas d'efprit inflam-

mable ; au lieu que lorfque le moût eft gras & ondueux , la fermentation

n'eft pas fi tumultueufe & dure plus long-tems : alors le vin eft plus

vigoureux , Se rend à la diftillation beaucoup plus d'efprit ardent que lorfqu'il contient moins de parties fucrées. Le moût que j'ai mis à fermenter avec la caiïbnnade Si la crème de

tartre, m'a donné un vin de bonne qualité. Si il m'a rendu par ladilHl-

lation , fur fept pièces , une pièce & demie d'efprit ardent à 20 degrés à

l'aréomètre de M. Baume ; au lieu que le vin fait fans fucre Si fans

crème de tartre , ne m'a produit qu'un douzième d'eau-de-vie , marquant de même à l'aréomètre. Je ne fuis pas de l'avis des perfonnes qui penfent qu'il faut attendre 6 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, lix ou huit mois , & même plus , pour diftiller les vins que l'on veut convertir en eau-de-vie : les expériences que j'ai faites & que je vais rapporter, m'ont prouvé combien cette pratique étoit fufceptible d'in- convéïiiens.

J'ai diftiilé de mois en mois les mêmes vins , & plus j'ai retardé l'opé-

ration , moins j'ai obtenu d'elprit ardenr.

L'époque où il convient de diftiller les vins, n'eft pas lorfque la fer- mentation eft tumultueufe , car le vm n'ell pas encore achevé ; mais lorlque la fermentation devient tranquille & que la liqueur s'éclaircit, le vin efl: fait alors , lîi il contient autant d'elprit ardent qu'il en peut contenir.

11 efl: certain que tous les mois on trouve du vide dans les tonneaux ; ee vide me paroït ne devoir être attribué qu'à l'évaporation de l'efpnc ardent qui , étant plus fufceptible de fe raréfier que les autres parties conllituantes du vin , doit néceffairement s'évaporer le premier. Pour

éviter les pertes qui réfuitent de cette évaporation , il efl aifé de voir > été dit qu'il diftiller les dès l'inftant oij ils d'après ce qui a , faut vins commencent à s'éclaircir ; c'eft le moment le plus favorable , puifque

Il l'on attend plus long-tems , on obtient moins d'efprit ardent. La diflblution du tartre dans le moût eft fur-tout très-nécefTaire dans les raifins qui contiennent beaucoup de fucre ; le tartre fe décompofe ÔC fe change , au moyen de la fermentation , en efprit ardent.

Les moûts des raifins faturés de tartre , tels que ceux de Champagne f' exigent qu'on y ajoute du fucre pour augmenter l'efprit ardent.

Dans les vins qu'on deftine à brûler , il faut , outre le tartre & le fucre," mettre de l'eau pour étendre davantage la diffolution de ces deux ingré- alors la fermentation eft plus vigoureufe, & l'efprit ardent fe forme diens ; en plus grsnde abondance. Ces vins doivent être diflillés aufii-tôt qu'ils font faits , fi l'on veut en retirer une plus grande quantité d'eaude-vie.

Quant aux vins qu'on garde pour être bus , il faut que la partie fucrée

dans cas il domine dans le moût : nos vins de liqueur font ce , mais y a excès de fucre. Pour les faire on laiife le raifin fécher fut les ceps ou fur la paille; on en exprime le jus qui fermente peu, & le vin qui en provient ell doux & fucre : ils ne contiennent prefque pas d'efprit ardenr. J'ajouterai à ce Mémoire quelques obfervations fur différens ufages à* marc de raifin, Observations

Sur h marc de raifin donné comme nourriture aux befliaux , & fur lesfels qu'an peut en retirer par l'incinération.

la généralité Dans plufieurs pays , Se même dans quelques cantons de de Paris , on nourri: en automne les beftiayx avec le marc de raihn, Pout SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 7 cet effet , à mefnre qu'on le tire du preiïbir où il sert formé en gros pelo- divifer tons , on le pafie entre les mains pour ces pelotons que l'eau ne fauroit pénétrer facilement; on le jette enfuitedans des tonneaux défon-

cés , dans lefquels on verfe la quantité d'eau néceflaire pour le biea tremper ; on recouvre le tout avec de la terre force mêlée de paille : on donne ordinairement à cette efpcce d'enduit cinq ou fix pouces d'épsilîeur, C'eft lorfque la mauvaife faifon empêche les beftiaux d'aller aux champs,

qu'on doit faire ufage de ce marc ; on en détrempe environ cinq ou fix livres dans de l'eau tiède avec du fon , ou de menue paille , ou des navets,

àes pommes de terre , ou bien des feuilles de chêne ou de vigne qu'on a confervées exprès dans l'eau.

Les beftiaux mangent deux fois pat jour de ce mélange ; on leur en fert le matin & le foir dans un petit batjuet ; on y ajoute un peu de fel fi l'on peut s'en procurer facilement. Les chevaux s'accommodent de cette nourriture qui plaît aufll aux va- ches ; il en faut cependant donner modérément à ces dernières, parce qu'elle excite le lait à tourner. Les marcs des vins blancs font préférables à ceuxdes vins rouges, parce

qu'ils n'ont pas fermenté comme ceux-ci : on peut cependant employer les uns & les autres. Le mate de cidre , confervé de la même manière que celui raifin le remplacer pour le même objet. de , peut Le marc de raifin qui n'a point fervi à la nourriture des beftiaux , peut erre brûlé afin d'en obtenir des cendres propres à divers ufa^es , & parti- culièrement à faire de la leflîve pour laver les grains deftinés à la fenience.

'Avant de brûler ce marc il doit être mis à delTécher : la cendre qui en provient contient une très-grande quantité d'alkali fixe. Quatre milliers de marc bien fec foumilTent cinq cens livres de cendre* qui , leftîvées , donnent après l'évaporation , cent dix livres d'alkali fixe ; quantité bien au-defliis de celle qu'on peut retirer du bois de chêne , livres d'alkali qui ne rend pas plus de quinze fixe , par quatre milliers pefant.

L'incinération du marc de raifin exige quelques précautions : C} le feu eft trop grand il fait pafler le marc à l'état de frite , & alors il n'y a plus d'alkali fixe à obtenir parce qu'il fe combine avec la terre , du marc , & ferme avec elle une demi-vitrification. Cette frite, expofée à un feu de verrerie , fournit fans addition un émail blanc & cellulaire , & fi on con- tinue le feu , on obtient un verre rougeâtre & tranfparent dont on pourroit faire des bouteilles, &c. Il y a beaucoup de cantons où le marc de raifin eft rejette comme inutile i il feroit cependant poflîble d'en retirer plus d'un avantage. 8 OBSERrATIONS SUR LA PHYSIQUE; MÉMOIRE DE M. WESTRUMB, Sur l'acide du Sucre et l'Esprit-de-vin;

TrjJui: Journal du de C R E L L , par M. Cavillier, Elèvt de VEcoU Royale des Mines.

iVl.\^'iEGLEB, clans lefecond volumedu Journal de Phyfiqiw de 1784.,' avanceune hypothcfe, fur la formation de l'acide du fucre.abfolumenropr

eoféeàcelledeBergmann ; il prétend que l'acide du (Ucreeltl'acidenitreux,

modifié par les matières inflammables ; randis que Bergmann penfe que

l'acide du fjcre eft un acide particulier , abfolument différent de tous les

autres , que l'acide nirreux dégage , & qu'il ne produit pas. En comparant

les deux hypothèfes fans prévention , plufieurs expériences qui me paroiC- fenc dire(^es , me font pencher en faveur de Bergmann.

Comme je ne veux entrer ici dans aucune difcudîon avec M. Viegleb ,"

je lui réponds dans un autre Mémoire qui doit paroîrte dans peu ; ea attendant je vais faire part au public des découvertes que j'ai faites, & des conféquences que j'en tire.

1°. En diftillant le réfidu de l'éther nirreux avec de l'acide nitreux , & faturanc la liqueur obtenue d'alkali végétal , on obtient du falpctre & du tartre acéteux. Apres avoir féparé le tartre acéteux par l'efprit-de-vin , otv peut en retirer le vinaigre par les moyens connus. 2°. Si on diftille encore ce réfidu avec une plus grande quantité d'acide nitreux, on obtient toujours du vinaigre , outre l'acide nitreux phlogilliqué; en répétant cette diflillation avec une nouvelle quantité d'acide nitreux , on obtient moins d'acide du fucre ; on peut même continuer l'opération, jufqu'à ce qu'on ne retrouve plus de cer acide.

3". Didillan: une partie d'acide du fucre , retiré du fucre , de l'efprir- de-vin ou du tartre, avec 12 ou 14. parties d'acide nitreux, l'acide du fucre difpatoîe abfolument; on trouve dans le récipient ainfi que dans l'autre expérience de l'acide nitreux phlogiftiqué , du vinaigre , de l'ait fixe , & de l'air p.hloaidiqué , &: dans la cornue un peu de terre calcaire. 4.°. Une partie d'acide du fucre, diftillé avec 6 parties d'acide vitrioli-. nue , on obtient dans le récipient du vinaigre , de l'acide vitriolique phlogiftiqué avec de l'air fixe, & dans la comité de l'acide vitriolique très-pur.

M. Bergmann connoiffoit la décornpofition de l'acide du fucre , par qu'il lUcide njtreuK & l'acide vitriolique ; maii il fe trompcit , en croyant SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 fe décompofe en air n:;e & air inframniable. Il d décompoCe , comme le iriflaniable prouve mon expérience, en vinaigre & macière , que je regarcie comme Tes parties conlliriiantes. Je crains que cerre expérience jiérerrp- roire ne puiile fe concilier avec lliypothèfe de M. \v legicb , qui croie que l'acide du vinaigre exifte tout formé dans les végétaux.

3"°. Si on fature le réfit'u de l'érher nitreux , avec de la craie , on obtient un fel terreux diliicile à dilToudre. Qu'on raiïemble ce fel , & qu'on le

traire fuivanr le procé.ié de Rélîus , par l'acide virriolique , on obtient de la fêlé. lire. L'acide qui eft féparé eft l'acide du tartre; il donne de la tumée

& produit une odeur enipireumarique , en biûlant fur les charbon';. On peur conclure que cet acide n'ert point l'acide du (ucre, puilque l'acide

virriolique l'a dégagé delà craie ; car le lel faccbaiin h baie de terre calcaire ne peut être décompofe par l'acide vitriolique.

6°. Si on fait évaporer la liqueur , de laquelle on a féparé le fel calcaire

du tartre, il refte une matière noire, légère, qui attire l'humidité de

l'athmolphère , & qui a l'odeur du fucre brûlé ( propriété dont jouit

l'acide du tertre pur mis fur les charbor.s ) ; fi on difiille jufqu'à ficcité , on obtient l'acide du rarrre empireumatique & un charbon très-léger.

7°. En brûlant à l'air libre ce charbon , il lailTe un peu de terre après la calcinarion. li réfulte de ces expériences que refprit-de-vin eft co.mpofé d'acide de

tartre , d'eau & de matière inflammable , & que c'eft un acide nsturelle- ment dulcifié. Il s'enfuit que l'acide nirreux rompt l'adhéfion de ces

fubllances , en s'emparant de la matière inflammable, qui en eft le lien.

C'eft pourquoi , lorfqu'on a employé une quantiré modérée d'acide

(î niireux , on n'ob(ie:u que l'acide du tartre; & cet acide , on augmenre

les proportions d'acide nitreux , fe décompofe de plus en plus , &c pro- duit de l'acide du fucre 6c de la matière inflammable. On voir déplus, pour quelle raifon on n'a pu obtenir jufqu'a préfent l'acide du tartre dulcifié. 8". Diftillant une partie d'acide du fucre & cinq d'acide nitreux fur une

& demie de manganèfe , la nianganèfe fe phlogiftique & fe dilTout en grande partie. On trouve dans le récipient J'acide du vinaigre & un peu d'acide nitreux. 9°. Si on diftille l'acide du rarrre avec l'acide vitriolique fur la man-

ganèfe , une qrande partie de la manganèfe fe diflout ; on trouva dans le récipient du vinaigre & de l'acide nitreux phlogiftique.

10°. Si on fait di:;érer l'acide du tartre fur de l'elprit-de-vin , pendant

quelques mois , tout fe convertir en vinaigre ; l'air refté dans le vafe eft de l'air fixe & de l'air phlogiftique. 11°. Faifant digérer pareillement pendant quelques mois l'acide di( fucre fur de l'cfprit-de-vin, tout fe convertit en vinaigre; l'air qui refte dans

le vaifreau,eft de l'air fixe.

Tome XXIX . Pan. II , ï-jSÔ. JUIL LE T, B 10 OBSERFATWNS SUR LA PHYSIQUE,

Puifque dans ces expériences l'acide du rartre & l'acide du fucre fe

convertilîent en vinaigœ tous les deux , il en léfulte c]ne l'acide du tartre, l'acide du fucre & l'acide du vinaigre font des modifications de l'acide

dont nous venons de parler , dont la différence conlîlle dans le plus ou moins de matière inflammable qu'ils contiennent. On peut en conclure

que l'acide du vinaigre eQ l'acide végétal le plus pur , & l'acide fonda-

mental de ce rcgne. Il s'enfuit encore que l'acide du tartre , l'acide du fucre & l'acide du vinaigre contiennent moins de matière inflammable, dans l'ordre que je les ai énoncés. 12°. Si on dillille l'eforit-de-vin avec l'acide vitriolique, fur delà man- ganèfe , on peut Je décompofer en acide du vinaigre , & matière inflammable. Peut-cuijdonner de plus fortes preuvescontrerhypochèfedeM. Wiegleb? Ne fuit-il pas clairement de mes expériences que l'efprit-de-vin contienc , acide cet acide être un , que peut retiré fous la forme d'acide du tartre ,

d'acide du fucre , & enfin d'acide du vinaigre , fuivant le défit du Chimifte?

M. Wiegleb appuie fon Iiypothtfe de la formation de l'acide du fucre,

par la combinaifon de l'acide nitreux avec la matière inflammable ; fut autre pas d'acide une hypothèfe , que l'efprit-de-vin ne contient , parce

queiM. Weftendorf prétend n'avoir retiré de l'efprit-de-vin , que de l'huile

j'ai & de l'eau. Je puis cependant certifier avec vérité , que dilHllé 30 fois fuite le une goutte de mcme efprit-de-vin , fans avoir obtenu d'huile ,

mais feulement un peu d'eau acidulée , une fubftance en flacons blancs,

& le reft.e étoit de l'efprir-de-vin , qui vraifemblablement reliera inal- térable.

13°. Si on recohobe 20 fois le même efprit-de-vin , fur de l'alkali

cauftique , on le convertit totalement en vinaigre & eau.

11 n'efl pas nécelTaire de plus de preuves , pour démontrer parfaitement les deux hypothèfes que je viens d'établir. J'efpère qu'elles feront démon-

trées encore plus amplement , lorfque les chiniiftes auxquels j'en foumets

l'examen, pourfuivront ces expériences; ils aflTureront alors les fondements

falloir fur autorités je que j'ai pofés. S'il m'appuyer des , pourrois me

fervir du traité des affinités de Bergmann , mais j'aime mieux ne citer pour preuves que mes expériences. La nature décide la caufe en faveur

de Bergmann , en nous donnant dans le fel acide de l'alléluya , l'acide du fucre tout formé. M. Schéele l'a fait voir ainfi que je l'ai appris de

M. Crell , mais il y a deux ans que j'ai fait la même découverte. On peut s'en aflurer en lifant la dixième partie du traité de mes découvertes,

à la page 85" , oii je dis pofitivement qu'il n'y a pas de différence entre *le fel d'ofeille & l'acide du fucre. 14°. Pour s'en convaincre, qu'on verfe goutte'à goutte du fel de tartre

dans une diffolution faturée d'acide du fucre , il fe forme un précipité SUR VHTST. NATURELLE ET LES ARTS. ii criflaux abfo- blanc j qu'on le difTolve & falFe criftallifer , on obtient des lumen: CembiabJes à ceux du fel d'ofeille , tant par la faveur , la forme & la grolîeur ils comportent avec certains , que par la manière don: fe corps. Je dois donner un confeil à ceux qui voudroient reprendre mes expé- riences. Il faut avoir foin de ne pas employer d'acide nirreux , contenant de 1 acide marin ; autrement on pourroit tomber dans la même erreur où j'ai été pendant long-tems, je croyois que l'acide végétal n'étoit que l'acide marin déguifé ; mais il n'en elT: rien. L'acide du tartre n'eft que la matière l'acide du vinaigre , modifié de différentes manières , par inflammable. MEMOIRE DEM. KLAPROTE,

Sur r.E Sel de Proust , autrement appelé Sel perlé ;

l'Ecole Traduit du Journal de C r e l l , par M. C A v i L L i e K , Je Royale des Mines,

V^UOtQUE de nombreufes découvertes aient enrichi la chimie de

nos jours , il nous relie encore beaucoup à faire fur l'analyfe de différents fels.

Le fel perlé , par exemple, me parut mériter une analyfe plus exadte que celle qu'en a faite M. Prouft. Si l'on met de l'urine dans un endroit frais, en s'évaporant elle prend de

la confiflance, &C en peu de tems paffe à l'état concret ; on y trouve alors un fel criildllifé, qui ayant été purifié, prend les noms de fel fufible,de

fel effentiel d'urine , ou du fel mictocofmique. Ce fel mis fur les char-

bons, y rlife & fe change en un globule d'un verre tranfparent , femblable

à une perle artificielle; diftillé avec des matières contenant du phlogiftique , il produit du phofphore. En faifant évaporer & paiïèr une première fois l'urine à l'erat concret,

ce fel fe dépofe , & produit une grande quantité de criftaux. On obtient

quelquefois , mais pas toujours , différents fels du premier dépôr , tels que

le fel fufible & le fel d'urine , & du deuxième dépôt, le fel perlé & quel- ques autres. Ce dernier fel fufe fur les charbons & fe fond en un verre tranfparent, femblable au précédent, mais qui devient opaque par le

refroidiffemenr. Il ne donne point de phofphore par la dUiillation avec des matières inflammables. Tme XXÏX, Part. U, 1785. JUILLET. B 2 ,

12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

refte l'urine fels Le de contient encore d'autres , qui fe criftallife:it eu

fe dépofant , tels c]ue le fel commun & le fel digeftif.

Le fel qui fe dépofe le premier, ou le fel niicrocofmique , efl: un fel

neutre , conipofé d'acide phofphorique , d'alkali miiiéral , & d'alkali volatil ; mais les opinions font partagées fur la nature du fel perlé , produit par le deuNicme dépôt. M. Margraiï', qui lui donne le nom de deuxième

i'el ou de fel fudble , penfoit que c'éroit le fel ad;nirable perlé , & qu'il pouvoir en conclure qu'il ne conrenoic point d'acide phofphorique , puifqu'on ne pouvoit en retirer du phofphore. D'autres , avec M. Potr Croient c'efl que une variété du fel de Glauber , parce qu'il fe rapproche beaucoup de ce fel par la forme criftalline qu'il s'efFlïuiit comme lui ,

à l'air , & que par l'analyfe , il préfente quelquefois du fel de Glauber ; ce phénomène cependant ne s'cfîie que rarement.

Ce qui me paroît le plus vraifemblable .i ce fujet , c'eft que ce fel ou l'a-

cide pholphorique fe trouve fuperfaturé d'alkali minéral , doit être regardé

comme un fel neutre , & que dans cet état il n'eft point propre à produire du pholphore. Le fel niicrocofmique lui-même ne peut en donner qu'a-

près le dégagement de fon alkali volatil à l'aide du teu. Le refte , qui eft

la plus grande quantité , féparé par la lelTive du réfidu charbonneux , produit des crillaux femblables à ceux du fel perlé.

M. Prouft , chimifte françois , prétend avoir découvert dans le fel perlé, une nouvelle fubftance faline analogue au fel fédatif, qu'il y

fubflitue à l'acide phofphorique , & fuivant lui exifte dans le fel micro^^ cofmique & dans l'acide phofphorique des os, outre l'acide phofphorique qui V e(l efTentiellemenr.

Plufieurs chimifles ont adopté le fentiment de M. Proufl: , & entr'autres

Bergmann , dans fon traité des affinités , où il lui donne le nom d'acide

perlé ( acïdum perluturn ). Je ne nierai point fon exiftence , dit-il dans fa

remarque , jufqu'à ce que des expériences plus exactes nous aient démon- tré auquel des deux acides on doit donner la préférence.

Le procédé, pour obtenir cet acide , confîfte à faire digérer le fel perlé

avec du vinaigre concentré ; alors on lailfe le tout criftallifer , on y mêle

de l'efprit-de-vin & on filtre , il s'en fépare une liqueur épaiiTe , qui étant

verfée dans l'eau diftillée donne l'acide perlé. Dans cette opération , il eft hors de doute qu'une portion de l'alkali minéral ne foit enlevée au fel

perlé. Dans cet état de faturation imparfaite il doit paroître en maffe

fluide , & fî on lui ajoute de l'alkali minéral , il doit fe recriftailifer,

L'analyfe & la fynthèfe prouvent également que l'alkali eft uni .î l'acide

phofphorique , ou à tout autre acide dans ce fel ; en le foumcttant à

l'analvfe , il paroir que l'afîînité du phlogiftique pour l'acide phofphorique

eft trop qu'il s'y unilfe puifque dans tous les foible dans cet état , pour ,

cas , il ne le peut que lorfqu'il fe trouve libre. Si l'on veut féparsr l'acide phofphorique, il faut s'y prendre delà manière fuivante: on fait difloudte SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. 13

ce fe! dans l'eau avec du nitre ou fel marin , à bafe de rerre calcaire ;

l'acide nirrenx ou l'acide marin fe piorce fur l'alkali minéral , & en dégage l'acide phofphorique qui s'unit auni-tôc à la terre calcaire. Pendant l'opé-

ration il fe produit beaucoup de chaleur, & l'on voit l'acide pholphorique

combiné avec la terre calcaire , fe précipiter. On peut enluire en ftparec l'acide phofphorique par l'acide vitriolique. Ce fel phofphorique calcaire étant fondu iur le? charbons, produit une tris-belle lueur p'.-.ofphorique.

Si on fature l'alkali minéral enlevé au fel perlé avec l'acide photpho-

riqiie , en obtient un fel abfolument feinblable au fel perlé \ £i il on veuc

l'avoir à l'état d'acide perlé de Prouft , on le fuperfature d'acide pHofpho- rique. Je puis démontrer également pour oiielle raii'on la kibftance

de Prouft fe trouve en moindre quantité dans le felmicrocofmique , en

recornbinant ces trois parties conllituantes, favoir : l'acide phofphorique, l'alkali minéral & l'alkali volatil, dans des proportions convenables. Il paroîf par-là quela différence qui fe trouve entre le fel microcofmi-

que & le fel perlé', tient à la bafe alkaline , Si l'on peut à volonté leur faire fubir le padage d'un état à un autre. Veut-cn changer en fel

microcofmique le fel perlé , on lui ajoute un peu d'acide phofphorique & d'alkali volatil. Veut-on au contraire transformer ce dernier en fel

perlé , on le fature d'alkali minéral & on lui fait fubir l'aiflion du feu , pour en dégager l'alkali volatil. Malgré que ie fois convaincu qu'il n'exille point dans le fel fufîbJe une fubftance différente de l'acide phofphorique , je crois cependant que fon analyfe peut préfenter de très grandes difficultés , puifque l'urine des hommes n'tlt pas la même dans routes les circonftances. MÉMOIRE

Sur la manière de déterminer l'élévation d'un fol au-dejjas du niveau de la mer, conclue des obfeivations de la hauteur du mercure j

Par M. Pasumot.

J_jE baromètre eft l'inllrument le plus en «fage pouj^ déterminer les

différences des hauteurs , trop éloignées pour pouvoir être nivelée^ facile- ment & fans les hais immenfes que caufent les opeiations des nivelemens longs & difficiles. Mais tous les baromètres ne font pas propres aux obfervations nécef- faires pour conclure ces déterminations. Il faut fe fervir de celui de 14, OBSERTATrONS SUR LA PHYSIQUE.

Toricelli cjui eft en même-tems le plus fimple & le meilleur, & il faut encore avoir égard à la capacité du tube. Cette capacité doit être d'environ deux lignes au moins , Si peut varier en plus fans tirer à confé^juence.

Si ce tube n'a pas ce diamètre , l'expérience prouve que le mercure s'y tient plus bas que dans les autres. Cet abaiflement augmente d'autant cil plus , que le tube approche plus du capillaire , & dès-lors l'inftrument tiétedueux (i).

D'après ces principes j'ai commencé par conftruire, avec les précautions néceiTaires , un baromètre de Toricelli. l.e diamètre du tube ell d environ deux lignes un quart. Dans la fuite j'ai conftruit encore trois autres - mètres (emblables ; deux avoient deux lignes & demie de diomètre , le troifième en avoir au moins trois. Ces quatre inftrumcns fe font toujours accordés dans leur hauteur & leurs variations.

,' On ne peut douter que la fufpenfion du mercure , dans les baromètres n'ait pour caufe le contrepoids d'une colonne de ratmofphcre , de môme diamètre que celle de la capacité intérieure du tuh ; qui lui eft ccrrefpon- dante. Se qui e\\ de même poids que la colonne du nercure. La célèbre expérience du Puy de Dôme, & celles qui ont été faites enfuite,ont prouvé qu'à mefure qu'on s'élève ou qu'on s'abailfe , la colonne de mercure varie en hauteur ; elle diminue en raifbn de l'élévation & augmente en raifon de la defcente. Cette expérience téuflît par-tout. Il fufHr Je mofrer au haut de quelques tours ou clochers , ou (ur le fommet de quelque montagne. En connoiflant la verticale des toiles qui répond à une ligne quantité , de variation du mercure , en hauteur ou en abaiffement , il eft facle de connoître l'excès des hauteurs , les unes au-defTus des autres ; mais- en confultant les expériences qui ont été faites pour acquérir cette connoif- fance, on ne trouve que des réfulrats Ci peu d'accord enfemble , & li différens les uns des autres , qu'il ne reile que des difficultés prefque infolubles. On avoit cru pouvoir s'en tenir à l'évaluation de MM. CafTini &

Maraldi. Leurs expériences poftérieures à routes les autres , & d'accord avec un grand nombre de mefures géodéfiques , ont paru décider que 6l pieds répondent à la variation de la première ligne du mercure: qu'il enfuite la variation d'une féconde ligne puis faut 62 pieds pour , 63 pieds pour la troifième ligne , Se ainli de fuite en augmentant toujours d'un pied. Cette quantité eft à-peu-près celle qu'avoit déterminée M. Callini, On a négligé les évaluations de M. la Hire Se celle de M. Picart; mais cependant comRne MM. & de la Condamine ont trouvé au

(i) Depuis deux ans je laifTe en expérience un tube de Toricelli qui n'a qu'une ligne de diamètre. Le mercure s'y tient conftamment environ deux lignes au-deffous de la h.uneur de plufieurs autres tube? d'un diamètre plus grand. Cet abaifTeintni; dépend làns doute de l'atttaftioii. 11 efl inutile d'en difcuter la caufei SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. ly

Pérou que ce calcul de MM. Cafîlni & MaraWi eli iniliffifant , on s't-lt

reftreint à dire c]u'on ne devoit l'employer que pour des petites iiauteurs ; & il paroît allez qu'on ne connoîcroit pas encore la quantité verticale de pieds ou toiles correfpondante à une ligne de variation du baromètre.

Cl M. de Luc , citoyen de Genève . n'eut enfin diflipé toutes les incerti-

tudes par une nouvelle & favante méthode , confirmée par plus de ^OO expériences faites tant à Genève qu'à Turin & aux environs. Cette méthode fdvamment expofée dans la connoilTance des mouve-

menscélertes de lYÔj j par M. de la Lande, donne une précifion exadleque l'on n'auroit cfé efpérer. Il en réfulte que la quantité verticale de toifes

correfpondante à une ligne de variation du mercure ^ eft variable à raifon

de la denfité de l'air, c'cit-à-dire au degré de température ; que cependant

lorfque le thermomètre de M. de eft à. degrés Réaumur 16 3 quarts au- deiïlis de zéro , & lorfque le mercure eft à-peu-près à la hauteur de 28 pouces, 78 pieds ou 13 toifes, font la quantité verticale confiante pour faire varier le mercure d'une ligne.

Quoique les expériences aient bien prouvé que cette quantité foie

il conftante , cependant comme eft difficile de rencontrer la hauteur

d'environ , 28 pouces de mercure avec la température de 1 6 degrés 5 quarts cette deviendroit fi méthode prefque inutile , M. de Luc n'eijt établi une règle plus générale dont on pût faire ufage dans tous les autres cas des variations de hauteur du mercure & de température. Cette règle eft que tt la différence des logarithmes de deux hauteurs du baromètre , obfervée

" en lignes , donne la différence d'élévation des deux ftations en toifes. 3> Si les logarithmes n'ont que 5" chiffres y compris la caradériftique, & ^^ que le thermomètre foit z 16° ^ quart»; au-deiïus de la congélation 33 dans les auties températures, il faut ôter de la hauteur trouvée ~ pour 3> chaque degré du thermomètre , au-deffus de 16 "3 quarts. » M. Bouguer avoir remarqué au Pérou que cette différence des loga- rithmes de y chiffres , donnoit à-peu'près en toifes les hauteurs des mon- fi les tagnes , hauteurs du baromètre étoient exprimées en licrnes. Mais comme le degré de température de l'air n'entroit pour rien dans cette obfervation , les hauteurs trouvées avoient befoin d'une corredion pour s'accorder parfaitement avec les mefures géométriques , & M. Bouguer avoir remarqué qu'il falloit les augmenter de ^. Auill faut-il , d'après

M. de Luc , ajouter quelque partie .lorfque le thermomètre eft au-deflus de ° quarts &c cela s'accorde 16 3 , parfaitement avec la remarque de M. Bouguer parce la température , que ordinaire du Pérou excède celle de 16 degrés. ^ J'ai cru ne devoir pas omettre la remarque de cet accord de la règle de M. de Luc avec l'obfervation de M. Bouguer parce , qu'elle prouve en faveur de M. de Luc & confirme fes Qbfeivations , ainfi qu'il l'a remarqué lui-même. ,

i6 OBSERVATIONS SURLA PHYSIQUE, Je poiirrois encore ajourer que, dans le cas ou l'on n'auroit point de râbles de logarithmes , M. de 1-uc donne un moyen pour y fuppléer , en divifanr, par les différences hauteurs du baromcrre exprimées en lignes aurant de fois qu'il y a de lignes de variation entre la ftarion la plus baffe dis-je par ces difl-'érenres hauteurs & la plus haute , en divifanr , , , ua nombre de pieds variables fuivanr les diiférencs degrés de température & qu'il a cependanr déterminé par (es expériences. Mais pour ne pas ni'érendre inutilement, j'obferverai feulement que ces diflïrens moyens

fe fervenr mutuellement de preuves , & que la quantité de 13 toifes déterjninée par M. de Luc , ell: à-peu-près moyenne proportionnelle entre les quantités dérerminéis précédemment par MM. Cailini , de la Hire,

Picart , Valierius , Caffini & . J'ai penfé qu'il ne feroir pas inutile d'expofer ici ces déterrtiinations , en remarquant qu'il ell très éronnanc qu'elles différent fi forr les unes des autres.

Expériences Quandics déterminées , faites ,

1\I. Caiîîni lOtoif.ypi.opo. .^ près de Toulon. f 12 y O I près de Toulop. O a Meudon. M. de la Hire père ] 12 4 / (1228 là Paris. M. Picarr 14. i 4 /au Mont-S. -Michel.

M. Valerius . . . . lO i 4 i en Suède. M M. Gaflîni 8c ^ en diffïrens endroits 'j't.' Maralûi ' • du Koyaume (i).

Puifque la hauteur du mercure varie à mefure que la colonne d'art correfpondante eft plus longue ou plus courte, il a donc fallu avoir un lieu fixe pour déterminer la hauteur du mercure; & comme cette hauteur varie encore à raifon de h variation de l'état de l'atmolphère, il a fallu obferver la plus grande hauteur & la plus petite pour fixer une hauteur moyenne qui pût être un terme de comparaifon. On a choih pour cela le bord de la mer où la hauteur moyenne du eft mercure 28 pouces , qui font le terme de comparaifon & qui feront conféqucmment le point fixe de la hauteur moyenne pour tous les en- droits qui ne feront ni plus élevés ni plus abaiffës. Il faut donc conclure , qu'en déterminant la hauteur moyenne du mer- cure dans le lieu qu'on habite , on connoitra fon élévation au-delfus du

(i) J'aurois pu aiouter encore plufieurs autres détermlnatioriî ; mais comme elles

fi'auroiïnt tien dounc de pjus précis , celles-ci m'ont paru fuffifàntes, niveau SUR L'HTST. NATURELLE ET LES ARTS. xj

niveau de la mer , au moins très à peu-près , en rédufiant en toifes la différence entre cette hauteur moyenne & celle de 28 pouces. C'eft ainli qu'après beaucoup «d'obfervations on a dccerminé la hauteur moyenne du mercure dans la falle de l'Oblervatoire royal de Paris, à qui 27 pouces 7 lignes 2 tiers , félon l'évaluation de M'vî. Cadini &

Maraldi , donnent quarante-fix toifes d'élévation au-delTus du niveau de l'Océan , & 4.5' au-deflus du niveau de la Méditerranée. Pendant plulîeurs années que j'ai habité Auxerre, mais fur-tout pen- dant ans j'ai obfervé prefque les jours fouvenc 3 , exadement tous , ( & plufieurs fois par jour lors des variations moins ordinaires ) la hauteur du mercure , dans mon tube de Toricelli , d'environ 2 lignes I qmrt de le diamètre. Parmi environ 12OO oblervations , j'en ai ^2 dans lefquelles mercure a été au-delTus de 28 pouces > & p feulement dans lelquelles il a été au-defTous de 27.

E.i comparant toutes ces obfervations , j'ai cru pouvoir fixer la hauteur lignes réfultac moyenne du mercure à 27 pouces 6 ; je trouve que c'eft le moyen de trois principales obfervations faites fur la plus grande 5i la plus petite hauteur , comparées pendant trois ans. Il y a donc à Auxerre 6 lignes de moins que la hauteur moyenne du bord de la mer. Ces 6 lignes à raifon de 13 toifes pour chaque ligne , donneront 78 toifes ; & comme la température moyenne de mes obfer- vations efl d'environ 10 degrés , & que félon la règle de M. de Luc , il faut retrancher fur la dé- dans cette température i 32 , je dois conclure termination du fûl de la ville d'Auxerre , à 76 toifes au-deffus de la Médi- terranée , Se 77 au-deiîus de l'Océan, En retranchant 25" 185" logarithmes de 27 pouces 6 lignes, ou 330 lignes de 25*2(53 logarithmes de 536 lignes ou 28 pouces, il refle 78 , & en retranchant 2 , à caufe de la température de JO degrés, le dernier réfultac eft encore 76 toifes. par Par le troifième moyen indiqua M. de Luc , qui eft de divifer le nombre de pieds par enfuite par 2^2^^ 330, 331 , 332 , 333 , 334. &

on a le nombre jufte , ']6 toifes parce que dans la température 336, , de 10 degrés , c'eft ce nombre 25*275 pieds qui doit être ainll divifé. De ces trois calculs je crois pouvoir conclure qu'à la tempérarure d'environ 10 à 12 degrés, qui eft affez ordinaire , 12 toifes 4. pieds font la quantité verticale moyenne , correfpondante à chaque ligne de variation du mercure Ik en eâvt cette quantité étant multipliée par 6 , ptoduit exaiffement 76 toifes.

De toutes les obfervations citées ci-deffus, j'ai conclu la graduation du Auxerre. fixe le lignes baromètre pour Je variable à 27 pouces 6 , le le tenu à 27 pouces 9 lignes , très-beau à 28 pouces , le plus beau à 28 pouces 3 lignes , le mauvais à 27 pouces 3 lignes , le très-mauvais à 27 piiuces , & enfin tempête à 26 pouce"; 9 lignes. 2ome XXIX, Part. H, 1786, JUILLET, C iS OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SECONDE LETTRE DE M. L'ABBÉ SPALLANZANI, Pavie Profejjeur d'HiJîoîre • Naturelk dans ÏUiùverfué de s A M. CHARLES BONNET.

Membre des plus iUuJlres Académies de VEurope ;

Sun DIVERS OBJETS FOSSILFS OU RELATIFS A L'HISTOIRK

DES Montagnes -,

Traduite de tItalien fur l'original imprimé dans les Mémoires S. de la Société Italienne , Tome II , par M. D. M.

Suhfianccs fofjiles ol-firvces à Pono-Venere & dms fes environs. Phénomène Jurprenant ohjcrvé dans la rivière du Panent.

Autant l'intérieur du petit bourg de Porto- Venere & les rochers qui l'environnent font à l'abri des tempêtes, autant les parties extérieures proie font expofées aux coups de mer les plus violens , lorfqu'elles font en aux deux terribles vents d'Afrique Se à celui du fud-eft. Ce dernier en particulier foulève les Ilots avec tant de violence U à une telle hauteur défenfe petit tetrein que la mer contre les écueils qui fervent de à ce , fèmble menacer de l'engloutir. J'ai été le témoin d'un de ces orages, &C. tout danger je ne poiirrois vous repréfenter quoique je fulîe à l'abri de , l'horreur que nie fit éprouver ce fpedacle. J'ai voulu prendre avec exaélitude la hauteur moyenne de l'élévation des flots dans les plus violens coups de vent; & quand je vous en parierai, vous ferez étonné de leur force & de l'étendue de leurs effets. Les rochers qui font à la

partie méridionale de Porto-Venere fe rongent & fe déttuifent peu-à-peu , ii le de même que les trois îles voillnes , Tirû,\e petit Tiro Palmarin. On

remarque fur-tout dans cette dernière : les bords voifiiis de la terre ont une pente douce; ils font couverts d'arbres & de plantes , tandis que la partie oppofée eft déferre & inaccelTible, couverte de précipices, de ruines & d'horreurs; les autres parties du rivage font renfermées par la rivière celles s'approchenc du ponent & par celle du levant , de même que qui des côtes de Provence. Il me paroît que la mer a beaucoup gagné fut ôi pour parler feulement de Palmarin la plus U cette dans ces parages ; , SUR VEUT. NATURELLE ET LES ARTS. icj

grande ^ la plus reniarc]uable des rrois îles que j'ai nommées je crois , erre fijfTilammenc tonde pour conclure que la même penre facile & lor:fue qu'on ohferve du côré de la rerre avoir auliï exifté du coté de la mer; niais que Cette dernière avoir été détruite par les orages qui fe font luccédés pendant le cours des (iccles. i.a vue réfléchie de ces trois îles me force'à

Jes regarder comme ayant été aurrelois réunies , & formant une île féuIe

par leur réunion , ou plutôt comme une prefqu'île attenante à Porto- Venere. Les Naturaliftes ont fouvent profité des tremblemens de terre, des ravages des torrens pour pénétrer dans les entrailles des montagnes, &:

découvrir ainfi leur nature par cette anatomie naturelle : le choc des vagues a produit cet effet fur les plus hauts écueils des deux rivières de Gènes; maib fur-tout donis l'île l'almarin au midi & au levant. C'eft-Jà

qu'tm Phylicien dans un bateau , lorfque la mer eff calme, prut fatisfaire

fesdélîrs. Je ne crois pas , dans tous mes voyages, avoir rien vu de plus inrtrucfif fur les couches qu'on obferve. La difpofition des couches qui forment Jes pli-s grands rochers par

Jefquels Palmarin eft terminé , eft remarquable: ces couches fint prefquî

verticales ; la différente épailfeur de chacune d'elles, leur figure, leur

furface , leur entrelacement, leur différente diredion à l'horifon , feront l'objet d'un Ouvrage particulier. On y trouve encore de profondes ca- vernes formées dans le roc vif. Elles font propres à fournir des con- noilfances utiles, quand on les étudie avec foin. Ces couches font toutes calcaires, & toute file, qui a une circonférence di trois milles, n'eft qu'une maffe de cette matière couverte par quelques pieds de terre dans Ja partie qui eft vis-à-yis du golfe; c'ell-là que croiflent les végétaux trouve mais cette qu'on y ; maîfe n'eft pas faite d'une feule pièce : elle eft formée d'une foule de lits ou couches de pierres filicécs lès unes fur les autres, & qui fe recouvrent li ex"èfement, qu'on n'apperçoir entr'eux ni fable ni terre; & ce que fai dit fur la nature & la difpofition des pierres

da Palmarin , s'obferve dans les écueils des deux autres îles dont j'ai parlé. A une petite diftance du golfe vers le couchant, on voft s'élever un rocher affez haut compofé d'une pierre marneufe dans laquelle l'argile eft plus abondante, & qui eft' remarquable parce qu'elle a fur la furface de très-belles empreintes de dendrites ,& parce qu'elle renferme des mar- caftites tefi'ulaires ou cubiques. Le marbre de Porto- Venere eft célèbre en Italie & ailleurs par le beau poli qu'il reçoit, & les triches dorées qtii reifortent fur un fond d'une couleur violette foncée. Quoiqu'on rire ce marbre de deux endroits particuliers de Palmarin , il paroît qu'on peut le trouver dans pluficurs autres, & que le bourg de Porto-Venere eft bâti fur une maffe qui eft formée de ce marbre: il n'eft pas peut-être partout également beau. Le marbre de cette île n'eft point comme ceux qui formenc des montagnes Tome XXIX, Pan. Il, ijSC, JUILLET, Ç 2 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE;

entières , ii n'eft pas au moins comme eux fans mélange ; on le trouve avec une pierre calcaire plus dure que lui, d'une couleur cendrée obftiire , & on ne peut l'en féparer qu'avec beaucoup de peine & de dépenfe. J'ai trouvé plulîeurs crevafles de ces écueils calcaires remplies de ftalac- titesfpathiqueSjen partie fans formes & en partie criftallifées. Les habirans

du pays l'ignorent complettement ; cependant l'éclat qu'il reçoit lorfqu'on le polit, la beauté de fes couleurs, l'union de fes parties, le rendent

précieux pour divers ouvrages , comme j'ai pu le voir en le faifant travailler par un bon ouvrier. Ces pierres fe forment dans tous les lieux

cù les eaux de pluies s'écliappenr ; elles font pleines de matières calcaires

qu'elles enlèvent : elles les dillolvenr , & en fe dépofanc fur les parois des

TOCS, elles forment cesjpaths; il feroit poiïible que quelque principe d'acide vitriolique concouiiit à leur formation.

Il étoit curieux de favoir fi la partie des écueils qui font fous la mer eft

la même que celle qui eft au-delfus ; mais j'ai trouvé qu'elles étoient une continuation de celle-ci.

Malgré mes efforts je n'ai point pu découvrir fi cette chaîne de rochers qui environne le golfe, & qui forme les trois îles, renferme quelque

j'ai tertatée ou cruftacée folîîle ; obfervé la même ftérilité dans les rochers

qui bordent le rivage de la même rivière du levant ; mais la rivière du

ponent , dans l'efpacede foixante-dix milles, depuis Fenal jufqu'à Monaco, offre le phénomène oppofé. Toutes les montagnes qui bordent la mer, &

le , même celles qui s'enfoncent dans continent font remplies de teftacées ;

iion-(eulement on en trouve qui font entiers, mais fi l'on étudie la pierre avec un microlcope, on trouve qu'elle eft toute compofée de débris de

coquilles. On fe fert de cette pierre pour bâtir dans tous les pays , & la

quantité de cette pierre qui eft toute compofée de teftacées eft Ci grande,

que malgré tout ce qu'on peut en avoir enlevé , cet enlèvement ne

paroîr cependant pas plus que fi l'on avoit ôté d'une montagne un grain

de fable ; mais ce qui eft plus étonnant encore, c'eft que ces coquillages

font tous d'une feule & même efpèce ; favoir, un peigne d'une médiocre grandeur, qui eft entier ou réduit en morceaux plus ou moins gros: malgré

mes recherches les plus fcrupuleufes , je n'ai pu découvrir aucun autre coquillage dans cette pierre. Mais comment une feule efpèce de coquillages

a-t-elle pu être raffemblée de manière à former un nombre fi prodigieux que la penfée ne peut fe les repréfenter, fur-tout quand l'on fait que cette efpèce de coquilles eft abfolument inconnue aux pêcheurs du pays & même à ceux de Provence? Ce phénomène me femble unique lors même qu'on le confidère avec tous ceux de ce genre que les Naturaliftes «nt rapportés. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21

Etonnante Fontaine d'eau douce qui jailiu au milieu de ïeaufalée. Recherches Jur fan origine.

Cette fontaine eft à foixante-cinq pieds de diftance de la terre & environ

à un mille de Spézia ; elle s'élève de quelques pouces au-deflus du niveau de la mer, & forme une efpèce de bouton qui a environ vingt pieds de diamètre. Ce bouton eft plein de jets très-diftindts quand la mer eft très-

calme ,& l'eau qui les forme paroît un peu troublée, fur-tout quand il pleur, on peut en juger facilement, L'eau environnante eft très-traiifparente: ces jets ne permettent pas à un petit bateau de s'arrêter au centie de ce

bouton , on eft bientôt rejette à la circonférence. J'ai trouvé le moyen de me fixer à ma volonté au milieu du jet, ce qui m'a fourni le moyen d'examiner foigneufement l'eau du fond &i la furface.

L'eau de la lurtace n'eft pas douce , mais elle eft feulement moins falée que l'eau qui l'environne. La profondeur de la fontaine eft de trente-huit

pieds & demi, Lorfque le plomb eft arrivé dans le voifinage du fond , l'oa

fent trembler la petite corde à laquelle il eft attaché , & comme on n'obferve point ailleurs ce tremblement , il eft clair que l'eau de la fontaine en jaiUiflant avec force contre le plomb & la coide , lui com- muniqué ce mouvement. Si l'eau de la fontaine étoit moins falée à la furface que l'eau de la mec avec laquelle elle fe mêle, il eft naturel de préfumer qu'elle doit être douce au fond^ pour s'en aiïurer il falloir tirer cette eau du fond fans la mêler avec l'eau environnante; mais comment en venir à bout. J'iinagiaai une machine qui remplit parfaitement ce but, & je trouvai l'eau que je tirai très-trouble & fangeufe, mais elle étoit douce. Je dois remarquer encore que cette eau eft très-fraîche en comparaifon de celle de la mer , parce qu'elle vient fous terre, ôc que la machme de laiton dont je me fervis fuc une fois très-froiffée : ce qui ne peut erre produit que par le choc violent deJ'eau qui s'échappoit du fond, & qui lança la machine avec force contre une pierre. Je crois avoir découvert la fource de cette fontaine. On trouve deux torrens fitués près des flancs d'une montagne éloignée de trois milles de Spézia, qui s'uniiTent & qui fe précipitent enfemble dans un gouffre immenfas d'où leurs eaux qui Gravent dans cette retraite les ardeurs de l'été, fortent & fourniflent l'aliment à cette fontaine qui jaillit au travers des eaux de la mer.

Objervations faites dans les carrières des marbres de Carrare.

On ne parvient pas dar"- ces fouferrains fans danger ni peine , & l'on

îrouve peu de guides aflèz couiageux pour y conduue j néanmoins avec 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des covHes pour nous defcendre & du courage pour braver les dangers

c]ui nous environiioienr , nous avons fait ce voyage fouterrain ; il étoit

ils r.écelTaite , car cjiioique quelques écrivains aient parlé de ces carrières,

l'ont fiiit feulemeiit en litrérateiirs & jamais en Natutnlilles, Comme je ici a jiie propofe Ai publier un ouvrage fur ces matières , je nie bornerai rapporter quelques-uns des faits remarquables que j'ai obfervés. Si l'on confidère le pays de Pavie qui commence un peu au-delTus de

Carrare , & qui s'étend jufqu'à fa plus haute fommité,où l'on tire le marbre, on ne rencontre que des matières calcaires qui ne forment qu'une

feule made fans couche rerreufe qui la divife ; on le juge d'abord , car la furface eft abfolumenc découverte. Cette pierre calcaire n'eft pas d'une même qualité dans toute cette mafTe. Une grande partie a l'on grain

grolller , fa couleur cendrée tirant fur le rouge : celle-ci ell; peu propre aux ufages de la fociété: l'autre au contraire eft d'un grain plus ou moins fin, qui peut erre polie jufqu'à recevoir an très-grand éclat. Sa couleur niêaieeft précieufe;c'eft dans cette dernière pierre qu'on trouve les fameux

marbres de Carrare, \e Jlatnaire , le bianc ordinaire & le hardglio , donc !a couleur eft plus ou moins bleue. On comprend que ces différentes efpèces renferment une foule de variétés. Ces divers marbres font quelquefois féparés & quelquefois contigus, de

manière que le ftaruaire ne fe confond pas avec le blanc ordinaire , quoique la couche qui forme le premier foit en contacîl avec celle qui forme le fécond ; mais fouvent auilî ces deux m.arbres ne forment qu'une feule

couche , dans laquelle le premier dégénère peu-à-peu dans le fécond. On obferve quelquefois dans les marbres de Carrare ces mélanges de couleurs

que le prifme peint d'une manière fi vive; ce qui me fait croire , comme je le prouverai, que ces trois efpèces de marbre n'en font réellement qu'une feule qui a nluiîeurs variétés. La pierre grollîère & commune dont j'ai parlé renferme auflî fouvent le beau rparbre, de forte que pour arriver a

une belle veine de ce marbre choifi , il faut faire fauter plulleurs pieds de pierre commune, d'où je me fuis perfuadé que le noyau de tout ce pays eft de marbre.

Quelques auteurs ont cru que les marbres fe reprodnifoienr , & que quelques carrières de Carrare qui avoient été autrefois épui.^ées fe font remplies de nouveau marbre ; & ils prouvent cette idée parce qu'ils , difent qu'on a trouvé des inftrumens employés par les Romains pour l'exploitation de ces carrières , enfermés dans le marbre. Je ne lus pas content d'avoir interrogé fur ce fait les mineurs & toutes les perfonnes de Carrare qui pouvoient en être informées, quoiqu'elles

m'afluralTenc n'avoir jamais rien vu ni ouï dire de pareil ; mais je me fuis réfolu à vifiter les carrières abandonnées depuis un tenis plus ou moins

long. On en trouve un grand nombre , & on reconnoît bientôt les plus anciennes qui ont été exploitées par les Romains ; mais quoiqu'elles aient SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. aj

été oubliées depuis plufieurs llècles , il n'y paroît aucune trace de la reproduction du marbre; on y trouve les petits morceaux des trois efpèces de marbre amoncelés. Je les ai fait remuet pour en examiner quelquc';- n'avoient uns ; j'ai remarqué qu'ils aucune apparence de manère de

marbre qui fe fût reproduite fur eux : on y obferve tous les anoles, toutes les formes que doivent leur avoir donné le marteau des mineurs, de forte que je fuis forcé de conclure que les marbres de Carrare ne fe reproduifenc point comme quelques pierres.

Mais j'ai obfervé dans plufieurs carrières un phénomène propre s expliquer comment on a pu trouver dans la pierre des inflrumens delfinés pour fon exploitation; en fuppofant que le fait foit vrai, plufieurs- carrières pierreufe où l'eau entre font couvertes d'une croûte &<. dure , plus ou moins épaiffe, & dans laquelle on trouve des corps étrangers lorfqu'on Ja rompt comme des éclats de marbre ou de pierre d'une autre qualité. Quand donc

cette croûte commençoit de fe former , s'il y avoit des inftrumens de

mineurs là où elle fe tormoit , il ell facile d'imaginer qu'ils y ont été emprifonnés, mais on apperçnit bientôt que cette croûte n'eft qu'une ftaladite, & n'eft point du marbre. Malgré les recherches les plus exades &: les plus opiniâtres, ja n'ai jamais pu découvrir un feul figne de corps marins dans le marbre de Carrare &

dans la pierre commune qui en eft voifine ; mais j'ai trouvé dans le marbre deux autres corps étrangers fort intéreiïans pour les lithologiftes- Le premier eft une pyrite criftallifée ou une marcalfite qu'on trouve en rompant le ftatuaire l'obferve marbre , on ne pas dans toutes les carrières ; il n'y en a qu'ime feule qui en fournilTe : elle elt à trois milles de Carrare dans un lieu appelé la Ru^dCd. Cette marcafiue ell: un foufre minéralifé

parle fer, d'un jaune clair , faifant feu avec le briquet, rarement à Cik faces , mais pour l'ordinaire elle en a douze ou quatorze, & q\ielquefois trois plus. Les plus grands morceaux font de lignes & un quart : les autres ont befoin de la lentille pour être obfetvés. Entre les plus grands & les plus il a férié petits y une prefqu'infinie de grandeurs différentes , & chacun de ces morceaux petit ou grand eft tellement emboîté dans le fe toujours marbre , qu'il rompt prefque lorfqu'on veut l'arracher. Cette

marcadîre ne fe trouve pas dans les parties folides du marbre , mais là où il fe trouve quelques fenres. Si donc l'on apperçoit une de ces petites fentes , & qu'on y plante un cifeau en faifant effort , le marbre fe partat^e en deux, Se les deux faces font couvertes de ces petits crillaux pyritcux; en obfervant ces faces ouvertes du marbre, on y découvre de petits cteux qui fervoient de logettes aux criftaux , & qui font les places où éroient les criftaiix reftés fur la face oppofée , comme on s'en apperçoit en replaçant les deux faces dans leur premier érat. La conféqiience qu'on en peut tirer, c'eft que les nvires criftallilées préexiftoienr au marbre, que ce marbre a d'abord été fluide ou du moins une pâte fort tendre, 2i OBSERTATIONS SUR LA PHYSIQUE, [.es ptopriéraires de cetre carrièie m'ont aiïuré qu'il y a environ vingt ans qu'on commence à découvrir cetre pyrite ; & comme ce marbre uni ces pyrires eft ai à extrêmement beau , j'en fait travailler quelques morceaux qui font très-remarquables. On trouve encore très-rarement ce minéral dans quelques morceaux du marbre qu'on appelle le bardglio. Le criftal de roche el^ l'autre efpèce de corps étrangers obfervés dans les marbres de Carrare , mais ce qu'il y a de remarquable , c'eft que ces criftaux font ordinairement adliérens à une matrice filiceufe ou quartzeufe ; aullî on les appelle des criikux quartzeux, & il eft très-rare de les trouver fur une baie calcaire ; mais ce qui les rendra encore plus précieux aux

Naturaliftes , c'eft qu'ils font fupérieurs en beauté aux criftaux les plus beaux de Hongrie, d'Allemagne & de Suilfe, qu'on trouve dans le cabinet impérial de Pavie; aulli je me propofe de les décrire avec plus de foin ailleurs: on trouve feulement ces criftaux comme les pyrites dans le marbre blanc ordinaire d'une feule carrière ; il eft extrêmement rare d'en trouver dans les autres carrières. On n'obferve pas ces criftaux à la furface du marbre , mais toujours dans l'intérieur; & il s'y trouve conftammenc placé d'une manière déterminée. Il eft donc clair que les criftaux n'exiftenc pas dans les parties folides , mais feulement dans celles qui font vides, où chaque pièce eft toujours plantée fur la furface de la cavité, & où l'on n'en trouve aucune qui foit détachée ou libre. J'ai appris ces faits, non- feulement des ouvriers, mais par mes propres yeux, ayant fait brifet plufieurs morceaux de ce marbre. J'ai bien vu l'abfurdité de l'opinion àts mineurs qui croyent que ces criftaux font tendres tant qu'ils font enfermés dans le marbre , &: qu'ils s'endurciffent lorfqu'ils font expofés à l'air , mais on ne peut douter que la dureté qu'ils ont quand on les fort de leur prifon , ils l'avoient déjà lorfqu'ils y ont été enfermés j c'eft au moins tout-à-faic conforme aux loix de la criftallifation<

Obfervaùonsfur les Brouillards extraordinaires & les Tempêtes de 178J, obfervés fur les Appenniiis,

Quoique l'obrervation de ce météore n'entr.âr point dans le plan de mon voyage , & quoiqu'elle foit étrangère à mes occupations , je n'ai pu

me difpenfer d'en remarquer les circonftances : le brouillard & les teni-r pètes précédèrent d'un mois mon départ vers la mer. Avant le milieu de juin l'air de la Lombardie étoit fort bruineux, & quoique le brouillard n'éclipsât pas le foleil,il diminuoit beaucoup fon éclat, & le faifoic paroître le matin à fon lever &: le foir à fon coucher comme s'il étoic

couvert de fang ; il fouffloit alors un petit vent d'oueft qui continua pen- dant les jours fuivans: on efTuya pendant ce temsà Pavie & dans les envi^ tons plus d'un orage accompagné de pluies, de tonnerres & de foudre, Sa diredioa SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. ay diredion éroir occidentale. Après l'orage on obfervoit le brouillard conin;e refté trois auparavant, & le 23, étant parti de Pavie pour Reggio , & étant brouillard jours fur un bateau en defcendant Je Pâ , j'obfervai que k couvroic tout le pays cjue je travetfois , Se qu'il rellembloit à celui que j'avois obrervé à Pavie. Le profefleur Toaldo, dans fon Mémoire fur ce fujer, décrit l'étendue de l'orage du 25 juin , & il le montre remplifFant l'efpace de l'une à le l'autre mer ; il fait connoître la quantité prodigieufe de foudres qui fuivirent. Pendant ce jour à Hualtière dans l'Etat de Reggio au bord du l'ait Pô, le ciel fut feulement nébuleux ; maison obfervoit toujours dans un brouillard très-épais dont j'ai parlé. A l'entrée de la nuit, il s'éleva un orage terrible qui dura pendant plufieurs heures. 11 fe termina en une fimple pluie qui dura prefque jufqu'au matin. Je n'ai jamais tant entendu de tonnerres que pendant cette nuit : il me fenibloit qu'ils fe fuccédoient dans des rems égaux ou prefqu'égaux : je voulus en faire l'épreuve , & j'employai le feul moyen que j'avois dans mon lit ik dans m'apperçus que je ne i'obfcurité , je veux parler des pulfations du pouls; je m'étois pas trompé: je comptai cent coups de tonnerre, & entre l'un de l'autre il ne s'écouloir pas moins de dix-neuf pulfations , ni plus de vingt- deux. 11 fembloit que ce fût une machine éledrique qui demandoit pour fe charger un tems déterminé après l'éclat de ces cent tonnerres. Les autres qui fuivirent en très-grand nombre , n'obfetvèrent plus la même

.S: la pluie la proportion pour le tems. Le 27 , le ciel refta nébuleux , de nuit ne diminua point le brouillard. Pendant la fin de ce mois &: la première femaine de juillet , l'air lut également plein de brouillards dans l'Etat de Reggio de dans le Modénois , & il y eut des orages accompagnés de grêle. Le vent du couchant ibuffla conftamment ; mais il étoit plus ou moins fort, & quoiqu'il foufflât avec affez de force , le brouillard ne ceiïa pas, feulement il commença à fe raréfier toujours davantage , & le vent du couchant ceflà de fouffler. Ce brouillard dont une extrémité touchoit la rerre,& qui s'élevoit à une hauteur que l'œil ne pouvoir

mefurer, étoit il fec qu'il n'humedtoit ni les habits, ni les plantes , ni les autres corps terreftres. Il paroilfoit même n'être point compofé de par- ticules aqueufes, comme les brouillards ordinaires. Le profefTeur Toaldo

l'a déjà remarqué, & fi ce brouillard avoit été vaporeux, après un venc

fort Se une pluie abondante il auroit été dilîîpé, comme je l'ai fouvent obfervéà Pavie, où les brouillards font très-épais Si trcs-fréquens. Je crois bien que ce brouillard fingulier étoit chargé de fluide électrique^ & que c'eft à cette propriété qu'il faut attribuer le nombre fingulier de tonnerres qu'on entendit. J'obfervois avec foin tous les orages qui s'élevèrent pendant la durée de ce brouillard. Je le trouvai toujours plus plein de feu que d'eau; car pour l'ordinaire la pluie étoit foible Si les tonnerres Tome XXIX, Pan. Il, ij86. JUILLET. D 2.6 OBSERVATIONS SUR LA PËFSTQUE, rrès-fréquens. Dans cleux occafions plufieurs tonnerres fe firent entendre

& il ne tomba pas une goutte d'eau. J'épiois avec attention la nuée orageufe cjuand elle vint au zénith Si quand elle la quitta , & je vis clairement qu'elle n'étoit pas pleine d'une grande quantité d'eau, car les images orageux qui donnent iiailTance à ces grofles averfes font très-gros ; ils le piélentent conme de grofles tours , au lieu que ceux que je voyois alors écoient fort minces. Une autre différence que je remarquai entre Its orages qui s'élevèrent pendant le règne de ce brouillard & les aurres, c'ert que ceux qu'on obferve com- munément fe forment lotfque le ciel eft ferein ; ils grofîîirent peu-à-peu , s'élargifTent fur l'horifon , verfent un torrent d'eau ou de grêle , & enfuite en fe portant ailleurs ou en fe dillolvant , ils rendent au ciel fa férénité : au contraire, pendant le brouillard dont je parle, un voile nébuleux couvroit une très-grande étendue de pays, & occalîor.noit tantôt dans un jour tantôt dans un autre les orages les plus bruyans & les plus propres à effrayer ; mais quoiqu'ils finifïent , le ciel refte toujours bruineux. Il m'a paru que les tonnerres &: les foudres de cette (aifon avoient encore une fîncjulari'é qui les diftinguoitdes autres. Les premiers ne font pas pour l'ordinaire accompagnés de ce fon aigu & alongé qui les fait reffenibler à un ou à pluiieurs coups de canon ; mais ils reflembioient à la vérité beaucoup plus en graml au fon que produit une canne qui fe bnfe quand on en veut rapprocher les bouts, ou à celui que prodmc un violent coup de bâton fur une table. Ces tonnerres que leur bruic obfcur annonçoit pour être fort élevés , n'étoient pas continués , mais interrompus par de petits efpaces de temSj comme le profefleur Toaldo l'a auflî obfervé. J'ai parlé jufqu'ici du brouillard fec Se des phénomènes qui l'accom- pagnèrent, tels que je les ai obfervés dans les plaines de la Lombardie : je veux parler à prélent de ce brouillard tel que je l'ai vu dans les montagnes qiurd je traverfai les Apennins pour aller à Porto- Venere.

le : alors la moitié Je fis cette courfe 2 J juillet le brouillard éroit moins denfe qu'en juin. Le ciel étoit ferein , à l'exception de quelques orages que le vent d'Afiique amenoit ; le brouillard étoit aulîi épais fur la cîme des montagnes qu'à l«ur pied. Quand je fus engagé dans la chaîne d^s

j'obfervai fur-tout fi le brouillard étoit le même dans les montagnes ,

çorges & les bas-fonds , & je le rrouvois toujours le même. Je voyois fe former fous mes pieds des tas de brouillards vaporeux qui me mouilloient aulfi-rôt que j'y entrois, tandis que l'aurre éroit fort fec, mais les premiers

étoient phis épais que les aurres. Le phénomène le plus graml que )e vis , fut celui qui s'offrit à moi fur la partie la plus élevée de ces montagnes; j'étois à la diftanced'un mille 8^ demi de ce fommet, quand je me trou- vai enveloppé dans une grande quantité de nuages portés par le vent 'd'Afrique. En avançant j'entendis un coup de tonnerre qui me parut ,

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27

trcs-proche ; en montant toujours an-travers des nuages, la pluie me

furprit avee le venc , & je m'apperçus bientôt par les tonnerres cjui rouloient autour de moi & par les écUirs qui s'échappoient de toutes j'étois milieu d'un otage j'encourageri parts , que au ; nson guide enrayé je montai avec plus d'ardeur, & j'atteignis au bout d'une demi-heure le fomniet où je défirois d'arriver. Il s'appelle Cijà, & c'eft le point de partage entre les Etats de Tofcane & ceux de Parme; !a pluie étoic

moins forte , mais le venc étoit plus violent & l'air très-froid ; le thermo- mètre defcendit d'abord à 7 degrés & trois quarts, quoiqu'au pied de

la montagne il tût à 25 degrés au-defflis de o. Je commençois à defcendre, quand je fus arrêté par un phénomène inattendu. Je levai les yeux au-

delTus du chemin vers le midi , & je vis une clarté au travers du nuage orageux qui me parut produite par les rayons du foleil qui Irsppoient la fommiré d'une montagne voifîne plus élevée. En fortantdu chemin, !a Cifa s'élevoit doucement vers ce lieu d'où venoit cette lumière éclatante,

& je me déterminai d'y aller. A mefure que je montai , les nuaees fe difll-

pèrent ; la lumière croifToit, la pluie & le froid diminucient, & en vis le foleil continuant de monter, je ; je tus hors de l'orage, & je le vis rouler fous mes pieds. Je n'efpère pas revoir un fpedacle auffi beau. J'étois fur la crête de la montagne, l'orage au- defTous de moi me paroifioic comme un lac immenfe nageant dans l'air, éclairé par le foleil, Se tourmenté par la tempête: les couches fupérieures des nuages orageux lélléchllfant la lumière, formoienc cette illulîon. Le venc d'Afrique en les foutïlant faifoit rouler nues d'une extrémité à l'autre , &i leurs ligures bifarres reptéfentoient les vagues; mais ces nuages avoient non-feulement ce mouvement progreflîf, ils en avoient encore un autre de rotation qui formoic divers tourbillons. On les voyoit tour-à-tour paroître & difpa- roître, comme dans les eaux courantes des fleuves. La pluie en tombant fur les rochers & les arbres qui les couvroîent, faifoit un bruit confus

fans interruption ; il étoit augmenté par le vent qui fecouoit les branches & par les torrens qui bondilloient & fe précipitoienc au-travers des fentes.

Les tonnerres & les éclairs qui étoientfréquens, fixèrent mon attention : je cherchai fur-tout à découvrir s'il étoit produit pat une étincelle élec-

trique qui s'élance d'un nuage plein d'ékdricité vers un autre qui en eft:

privé, comme les Phyficiens modernes le croyent ; mais je ne pus rien voir de diftirn-T:, parce que cet amas de vapeurs ne fembloit former qu'un

feul nuage ; f.'u!emenc je voyois s'échapper du fein de ces vapeurs une forte étincelle ou fiinple ou divifée en plufreurs rameaux, qui dans un inftunt parcouroit un très-grand efpace: pour l'ordinaire cet efpace n'éroit pas en droite ligne, mais il formoic divers angles ou plutcit des zigzags, ce qui le rendoit femblable aux fortes étincelles d'une bonne machine

éleârique; bientôt atvrès j'entendois le bruit du tonnerre, m.iis il n^toit Tome XXIX, Pari. Il, 1786. JUILLET. D 2 28 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, pas fort. Je fus pendant un quatt-d'heiire l'admirateur en filence de cette

Icùie qui finit d'abord , 6c me rendit la vue de la Cifa &c des lieux voifins.

Je dois ajouter à tout ceci trois obfervations ; i°, pendant l'orage le 2°. vent fut foible dans les parties baffes de la montagne ; tandis que le

il thermomètre éroit à 7 degrés & trois quarts dans le nuage orageux , monta fur la cîme à 12 degrés, quoiqu'il fût à l'ombre; 3°. le brouillard ftc fut toujours le mtme, foie fur cette cîme, fo't dans tous les lieux où il avoit plu. J'obfervai ce même brouillard à Pontremoli & le jour fuivanc

5" à Spezia. Ce golte & celui de Gènes en étoient couverts ; vers le août il s'étoit peu-à-peu, mais entièrement diiîîpé. Pendant mon féjour à Porto-

Venere il reparut deux fois, la pren;ière par un vent d'Afrique, l'autre par un vent de fu:l-eft, mais il dura peu. Voilà les principaux phénomènes relatifs à ce météore extraordinaire donc je me fuis occupé. M. Toaido croit qu'il eft une fuite des tremble- mens déterre éprouvés enCalabre, parce que d'abord après la terrible cataftrophe de ces provinces il fe forma un brouillard très épais qui fut fans doute produit par une quantité confidérable d'exhalàifons qui fe déi^agèrent des entrailles terre qui remplirent l'atmofphère, & que de la , les vents répandirent par-tout : ce qui a rendu cette hyporhèfe probable , c'eft la durée d'un vent propre à nous faire parvenir le brouillard fec en l'enlevant à ces régions défolées , & endiite l'élévation de ce brouillard qui ne touchoitpasla terre, & qui paroifloit précipité d'en-haut dans notre atmofphère. Je connoifFois cette hypothcfe avant de faire mes obfervations: elle nie parut ingénieufe & plaulîble, & elle me paroîc encore à préfent digne fi'attenrion ; mais il me femble que quelqu.-js-unes des circonftances que j'ai obfervées dans ce brouillard, font un peu différentes de celles que M. Toaido a dépeintes. Ainfi, par exemple, dans la Lombardie Autri- chienne & Mûdénoife j'ai obfervé un vent confiant d'ouefl pendant que ie brouillard étoic le plus épais, tandis que M. Toaido l'a trouvé fud-

ouert'. Outre cela , le brouillard n'étoit pas (î élevé qu'à Padoue ; mais je j'ai vu toucher la terre. Si elleétoit aufli épaide fur les cînus de l'Apennin comme dans les précipices les plus profonds. fis Sur les collines de Reegio , dans les premiers jours de juillet , je cette expérience fur ce brouillard tandis qu'il étoit encore tort épais : je fis faire une petite cabane de farment avec une très-petite porte ; elle étoit parfaitement fermée par-tout, à l'exception d'im trou rond que j'avois ménagé en haut pour y introduire un rayon folaire qui alloit frapper le fol de la petite cabane. Mon but étoit de voir fi en me renfermant dans ce lieu je pourrois, en fixant le rayon lorfqu'il rafoic la terre, voir au- lentille. travers le brouillard. Je le vis en effet , & mieux encore avec une

Je diftinguois les particules qui le compofoient ; elles n'étoient point SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. ap

globulaires comme- les vélîciiles que M. de SaufTiire a fi bien décrires mais ellesavoietit i-.ne figure irrégulière, fembiable à celle des exhalaifons terreftres. Je remarquai que ces paiticules, au moins plufieiirs, sélevoienc

fi de terre, de forte que cette obfervation étoit univerfelle , le brouillard

ne feroic pas étranger, mais local : je me garde bien de décider cette queftion. Avant de finir ma lettre, je veux ajouter quelque chofe fur les orales. Quand je me trouvois près de Panie, les jours où il n'y avoir point d'orages étoient rares. Je cherchai plufieurs fois à avoir le fpeiftacle que j'obfervai fur la Cifà, mais inutilement: quand j'arrivois fur la cîme des montagnes, l'orage étoit fini ou pafie ailleurs; mais j'eus occafion d'obferver la formation des orages au milieu delà matinée. Sur les rocs durs &c très-arides, on voyoit paroître de petits amas de vapeurs qui

reffembloient à la tumée : quelquefois ils fembloient toucher la terre & d'autres fois s'élever en l'air. Ces amas de vapeurs .''augmentoient pat

l'addition de nouvelles qui fe produifoient ; leur mouvement très-lent

étoit afcenfionnel ; en montant elles grofiiiloienr, ou bien elles difpa- roiifoient peu-à-peu. Lorfque leur volimie croilFoit, elles s'approchoient & parvenoient à fe toucher,' enfin vers midi elles ne fornioient plus

qu'un nuage fort grand ; alors le nuage formé de tous les autres dominoit la montagnes: les parties dont les figures étoient quarrées fe trouvoient très-blanches, parce qu'elles étoient fortement éclairées par le foieil , tandis que le refte étoit plus ou moins obfcur , fuivant la privation plus la le ou moins grande de lumière ; nuage s'étendoit & devenoit plus

denfe : on y remarquoit des ondulations & des mouvemens de tour-

billon : alors on commençoit à appercevoir les éclairs & le tonnerre. J'ai conftammenr remarqué que lorfque l'orage commençoit , les étincelles éleèlriques étoient très-courtes les tonnerres & très-petits ; mais les étincelles s'alongeoient & les tonnerres devenoient plus bruyans à mefure que l'orage croilToit. Quand une fois il s'étoit accru jufqu'à un certain

il verfoit avec l'eau la point, abondance ou grêle , & il finiffoit pour s'étoit il ces défetts où il formé , ou bien étoit porté ailleurs par les vents. paroifîoit produit la nuée Ce vent par orageufe j car quoique je n'aie poinc trouver fur le l'orage pu me Panie pendant , je me fuis rencontré dans fes

bords : le vent y fouftloit avec force, & il paroiflbit venir du lieu de la nuée orageufe. J'ai obfervé que le vent finiffoit avec la diffolution de la nuée

ou lorfqu'elle s'éloignoit ; mais dans une autre occafion je m'étendrai davantage fur ce fujet, & en cefTant d'être hiftorien je , tâcherai défaire coimoître mes conjedures philofophiques. 30 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, RECHERCHES

Sur l'origine du Nateum ou Alkali minéral natif ;

Par M. le Chevalier L G R G N A :

Traduit de tItalien , par M. Champ Y, de C Académie de Dijon.

l_j'EsPRiT dominant du llccle eft une des caufes principales qui con-

courent à accélérer ou retarder plus dans un temps que dans un autre , l'avancement des fciences &: des arts. La tendance naturelle des hommes à s'imiter réciproquement maintient ce fecret alTèntement, qui fait que

l'étude du plus grand nombre devient peu à peu celle de tous , &C que

chacun , fans s'en appercevoir , fe modèle Ok fe conforme imperceptiole-

ment à l'exemple , à l'opinion & à l'autorité de fon tems ; de là vient

que les études qui languiilent dans un ficelé guerrier , font fuivies avec

ardeur dans un autre confacré au\ lettres , & que l'attention des hommes

changeant continuellement d'objet , fuit les variations lucceflîves des inftitutions & des habitudes dominantes. Faut-il donc s'étonnec

fi d'innombrables objets , auflî utiles qu'agréables , font reliés jufqu'à

nos jours fans être obfetvés , fi dans les temps pailés les connoifTances

humaines n'ont pas fait des progrès auffi rapides que dans le nôtre , &: fi

aujourd'hui des nouveautés nailTent de toutes parts : qui ne voit en cela

l'ouvrage d'un ficelé confacré à l'expérience , à faire des obfervations & des tentatives fur toute forte de matières .? Il eft vrai que tout ce qui a

été fait n'eft pas fans incertitude , que beaucoup de vérités font encore fans fuite qu'an grand nombre de conféquences ne font pas ifolées & ,

affez fondées & que plufieurs obfervations femblent fe contredire ; mais

on n'en doit conclure autre chofe , Ci ce n'efc qu'il nous refte encore

beaucoup ( mais beaucoup ) à faire. Un édifice n'ell pas ordinairement deftiné pour celui qui ne fait que raffembler les matériaux nécellaires à

fa conftruiflion ; la poftérité recueillera un peu plus tard ce fruit de nos aujourd'hui n'eft pas encore mûr &i il doit fuffire aux vivans foins , qui , de jouir du doux preffentiment des éloges qu'on donnera un jour aux hommes bienfaiians dont les noms feront coafervés. Il n'eft cependant

pas fans exemple que dans ce fiècle on ait fait , dans différentes parties de la phyfique , des obfervations capitales & fécondes , &: que prévenant

nos defcendans par une heureufe anticipation , nous en ayons tiré nous- mêmes de grands avantages. Je défire que celles que j'expofe ici foienc de cette claffe SiC qu'elles puilTent fervir à répandre la lumière fur un ,,

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 31 très grand nombre de matières qui font partie de la rerte que nous habi-

tons Si. qui font encore envelo^rr ses d'épaifiss téncbrss.

I.

Notions générales fur le Nacrum , ou talkali bafc du fel commun.

Le nalrum , donc le nom nous vient du mot grec iutocv , eft cet allcali

fixe j bafe du fel commun , autrement alkali minéral ou niuriatique qui s'obtient ieflîve par la des cendres de plantes marine^ derai-fondues ,

agglutinées & en quelque forte fondées , d'où il a reçu le nom àefoude.

Les ufages très-imporrans auxquels ce fel eft employé de nos jours , en

ont fait un objet intéredant , & depais long-tems il cft pour les phyhciens le fujet d'une fuite de recherches. Les anciens le connoilToient conmie

nous , mais ils n'en avoienc pas une idée affez diftinde pour ne pas le confondre avec le nitre èc avec l'alkali végétal qu'on trouve dans les

cendres des plantes terreftres ; les arts n'exigeoient pas comme aujourd'hui qu on employât ces fels ni l'un fût préféré féparément , que à l'autre ; ils lavoient cependant rendre le nainim cauftique avec la chaux, adul*

tcratnr in Egjj to calcc. Dcprehenditur gujlu ; fincerum enim rejolvitur facile, adul'.ej'oium pnngit ( Pline cap. X. , lil>, XXXI]. Ils connoilToient

l'acHon de cet alkali fur la cire , cera punica fit hoc modo j venùlatur fub dio fœpius cera fulva : deinde fervet in aqua marina ex alto petita,

cddito niiro &c, ( Plin. lib. XXXI. , cap. XIl^). J'ajouterai que j'ai

cbfervé le premier , dans un petit ouvrage nnprimé depuis peu à Vérone que cette cire propre la peinture à la médecine décrite par , à & , Pline , ne pouvoir être une cire fimplement blanchie qui n'eût été ni , mifcible aux couleurs de la peinture, ni propre à pénétrer dans les premières voies 6c à s'infinuer dans le corps humain. Comme Pline donne to.ijours in-

différemment le nom de nitre au natruni , démontré tel par fes caractères

rrèsévidens & bien diftinds de ceux du nitre proprement dit , on doit ici prendre pour un natrum , pour un vrai alkali minéral , le nitre em- ployé dans la compofition de la cire punique. Il en reluire néceffairemenc que la cire punique étoit un favon de cire très-propre aux ufages de la peinture la ce & de médecine ; que mes premières expériences , & celles

que d'autres ont faites depuis , prouvent fulïifamment , fans qu'il foie befoin d'en parler ici. Cependant les anciens favoient aufn conipoferdes favons,en combinant direClement un alkali avec une fubftance hmleufe

concrète, ce Prode/1 & fapo ; Gallorum hoc inventum eft riuilandïs ca-

» pillis. Fit ex fel>o & cinere. Oplimus fai;ino & caprino ; duobus tnodis

>. fpiffus & liquidas ^. C Plin. lib. XXFIII. , cap. XII).

I I.

Lti natrum fe préfentoit abondamment & fpontanément en effloref- ,

32 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

cence fur les bords des lacs de la bafTe Egypte , dans la Nubie , dans les

plaines de la Perfe, dans l'Inde , au Tranqtiebar, dans la Syrie , dans

l'Affvrie , dans plulîeurs parties de l'Alie mineure , & les anciens le quelquefois fel rrouvoient quelquefois pur , mêlé de commun. On en

recueille encore aujourd'hui dans ces régions, auprès de Tripoly , aind'

qu'à Hplicfe & à Smyrne. Il y en a dans la Hongrie , dans la Sibérie, fut

les bords de la mer Cafpienne , Se dans plulîeurs antres parties de l'empire

RufTe. Il ne laifle pas aulFi defe nianitefter tous lesjoursçà & là en Europe,

tantôt enveloppé dans des fubflances volcaniques , tantôt en efïlorefcence fur des matières calcaires; enfin il fe trouve fouvent en dilîolution dans les eaux minérales.

Je ne puis dire fi , outre le natrum natif produit fpontanémenr , les anciens ont connu celui que nous retirons des cendres des plantes marines

domeftiques. Il eft vrai que Pline fait mention ( lib. XXXL cap. X) du fel qu'on obtient par la combuflion du chêne, mais ce fel ne peut

être qu'un alkali végétal , tel que celui dont il eft parlé ci-deffus pour le

favon inventé par hs gaulois. La combuflion des plantes marines , à

l'effet d'en retirer le natrum , femble donc être une invention de nos jours qui au plus a été contufément connue des anciens. Ils ne favoient pas

auflî que le fel commun , ce fel précieux , le plus grand des bienfaits dont

la terre & la mer abondent fans mefure , eût pour bafe le natrum com-

biné intimement avec un acide particulier dont il eft faturé ; ils favoient

encore moins qu'on pût rompre cette union , décompofer le fel commun , & par cette voie obtenir le natrum libre. III.

Mais cet alkali fi abondamment répandu dans les difFérens règnes de

la nature , foit libre , foit combiné ; d'où peut-il tirer fon origine & fes

principes; il faut croire que le profond filence de tous les phyficiens fur cette queftion ne provient que de ce qu'ils n'ont pas été à portée d'ob- ferver la génération de ce fel, & de furprendre pour ainfi dire le fecret de la nature. Il y en a qui ont fonpçonné que dans l'origine il appartenoit

au règne végétal ; mais l'expérience &c les laits , comme nous le verrons

dans fa fuite de ce mémoire , ont depuis long-tems convaincu les phyfi- ciens que cet alkali eft totalement étranger aux plantes dont nous le

retirons par la combuflion , & n'a jamais été une de leurs parties efTentielles comme l'alkali végétal. Nous ne fommes donc pas plus avancés dans la connoiffance de l'origine de ce fel qui eft encore aulîî

obfcure que dans les fiècles pafTés , c'eft ce qui m'a déterminé à faire les

cherches que je préfente ici. Lorfqu'en phyficjue nous avons dénoué un

nœud capital , nous voyons fe relâcher tous les fils qui nous embarraf-

foient. La découverte du lieu natal du natrum , nous fait voir en même- tems que la magnéfie a la même fource, & qu'ils différent l'un de l'autre plus SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 33 plus clans rétatfalin que dans leurs fubftances élémentaires. Ces premières connoillances nous mettent fur la voie d'en acquérir d'autres, & nous font

voir fucceflîvement que la magnéfie fe trouve communément avec 1 alkali minéral que l'un & l'autre font conftamment combinés avec le même acide , dans les plantes marines Se dans les fels muriatiques , qu'ils fe logent , qu'ils fe maniFeftent dans les différents lits abandonnés par la mer en tant

de parties de la terre. En pénétrant plus avant , nous nous éclairerons lur la conilirution de la mer jiifqu'à préfent très-obfcure. La formation & ,

l'amas d'une fi grande quantité de fel , dans la mer & fous terre, ne fera

plus un myftère , lorfque nous connoîrrons la fource de fes principes pro- chains. On en peut dire autant de la falure de la mer qui tient radicale-

inent à ce fel , à fa production &: reprodudion ; je pourrai m'occupet ailleurs des caufes particulières de la phofphorefcence de la mer 6c de

plufieurs autres phénomènes ; venons au fait.

I V.

Du Natrum natif.

Il arrive fouventqtie les hommes s'occupent long-tems d'un objet ; fans pouvoir le à jufqu'à heureufe obfervation connoître fond , ce qu'une ,

fouvent due au hafard , déchire le voile qui le couvroit ; c'efl; ce qui m'eft

arrivé & il n'eft pas inutile d'en faire mention, afin qu'on n'attribue pas indiftinftement au hafard ce qui doit l'être à la réflexion.

PafTant en 1782 devant un fouterrein des fortifications de Vérone , f'obfervai dans les flancs de la voûte une brique fi chargée d'eftlorefcence faline, qu'il me prit envie d'en recueillir ; ce que je fis à l'inllanr. J'en mis un peu fur la langue , & j'éprouvai avec furprife , indépendamment de la fraîcheur, une âcreté particulière & un arrière- goût urineux, fi défagréable que je la rejettai fur le champ. Je crus reconnoître diftinctement tous les caradères d'un alkali très-pur ; en effet l'ayant éprouvé plufieurs fois

chez moi (ur des charbons ardens , il ne fit que fe gonfler & bouillir.

J'en fis dilToudre une autre portion dans l'eau ; la diflTolution filtrée Se

évaporée à ficcité , je verfai fur le fel quelques gouttes d'eau pour en faciliter la criftallifation. Ce fel criftallifé paroidoit en écaille fur les bords du vafe , mais dans le milieu les criftaux affedoient une forme prifma- tique quadrangulaire & la tranfparence de l'eau. Expofé à l'air , il changea de couleur, les criftaux devinrent blancs comme la neige, fpongieux , légers , & fe convertirent enfin en une farine très- fine. Je verfai fur une autre portion un peu de vinaigre diftillé , avec lequel il fit une vive eifer- vefcence & fe criftallifa enfuite parfaitement; mais nous reviendrons à fel acéteux. piuivoir ce Je conclus de ces eflais , que j'avois en mon un fel alkali que les premières apparences annonçoient être l'alkali fixe mi- néral , par la faveur , la figure des criflaux , leur efflorefcence , la perte de leur eau de criftallifation , & qu'en fe laiflant attaquer par l'acide Tome XXIX, Part. II, 1786. JUILLET. E 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, végéral , il ne paroifToit pas qu'il fur combiné avec un autre acide , fi ce n'efl avec l'acide niéphirique que l'efFervefcence manifeftoit. Voilà ce qui " efl dû à une obfervauon accidentelle (i^.

V.

Depuis ce moment je n'ai pas perdu de 'vue ce fouterrein ni ceux qui fe trouvent dans les mêmes fortifications. Je trouvois quelquefois de ces efflorefcences qui contenoient du nitre , mais j'en voyois la caiife pro- chaine dans les excrémens d'animaux qui gilToient au pied des murs. Les

émanations volatiles qui s'en élevoient pendant la putréfadlion , le gaz de la putréfadion , fî on peut ainfi l'appeller , en s'éiaborant dans la chaux des enduits, avoi; produit ce litre. Il efl à remarquer que la plus grande partie de ce nitre ttoic de figure rlioniboïdale , ^ avoir pour bafa l'alkali dominant dans ces efflorefcences. Cependant avant de poufTer plus loin mes recherches , je voulus m'afTurer du caradère de cet alkali & le parfaitement. le trouvai connoître Je en abondance , particulièrement dans un fouterrein du château de Saint-Félice , froid , humide, & où on ne pouvoir s'introduire qu'avec une lumière; je le recueillis très-pur , amoncelé au pied des murs qui fouriennent la voûte, fous la forme d'une neige extrêmement blanche. Je pade fous filence les tentatives de pure indication : voici les expériences que j'ai faites fur ce fel , par le moyen des réadifs connus. i". J'ai précipité par ce fel la terre de l'alun & le métal de plufieurs fels métalliques. 2°. Après avoir décanté la liqueur redanre après la précipitation de la je l'aban- terre alumineufe , l'avoir filtrée & concentrée par un teu doux, donnai à la crilfallifation. J'en rerirai un fel en prifmes allongés & flriés , tranfparent , amer qui s'eftleuriiïoir prompremenr en perdant fon eau , & , qu'il me fut facile de reconnoître pour un vrai vitriol de foude ou fel de Glauber. 3°. J'obtins le même fel par la combinaifon immédiate de l'acide vitriolique libre avec cet alkali. Je le combinai enfuite avec les acides niuriatiques & nitreux , & j'en retirai un vrai fel commun & un nitre de foude ou quadrangulaire qui détonnoit avec force & vivacité. 4°. Cet alkali ayant été mêlé avec du fable & fournis pendant quatre heures dans un creufer fermé , à un feu très-vif, le mélange lé tondit & fe vitrifia , & le creufct même en fut attaqué dans toute la furface intérieure.

j". Avec l'huile d'olive j'en fis un bon favon. Comme j'avois ce fel en abondance Si que je pouvois en recueillir à volonté , je r^çpétai plu-

(i) M. Prouft a /-gaiement obfervé du natrum effleuri fiir les murs des caves d'Angerî , & une pierre calcaire de la falpétrlcre. Journal de Phyfique , tome XIII. Note de M. de la Meiherie, SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. jy fieurs fois ces expériences & beaucoup d'autres que je ne rappellerai pas.

En confequence je ne doutai plus que ce ne fût un vrai natriim , l'alkaii bafe du fel commun. Il efl bien à remarquer que je n'y ai jamais apperçu le plus léger indice d'un mélange de iel commun, ni d'aucun autre lel étranger.^ VI.

D'où provient un alkali au(îî pur 3 comment peut-il fe trouver en (î grande quantité fur une colline où le mercure s'élève dans le baromètre

fa hauteur , au bord de la Adriatique à 4 lignes au-defîus de mer , qui en ligne droite en eft éloignée de 60 milles ? Le vif dedr de m'en inftruire me détermina à poulfer mes recherches auffi loin qu'il me feroit pofTible. La préfence de ce phénomène , fa reprodudtion fous mes yeux , tout m'an- nonçoit que la caufe n'en étoit pas éloignée &: qu'elle devoit sûrement fe découvrir à un obfervateur aulTi à portée de le fuivre. Je commençai par examiner la nature du terrein fur lequel la fortereffe eft alTîfe, les matériaux dont fesmurs fontconftruits& le caractère du fol des fouterreins. Je trouvai premièrement que la colline étoit compofée d'argile, mais d'une argile

impure , mêlée de dépouilles & de débris d'animaux marins ; cette terre

& ces débris formoient auflî le fol des fouterreins •, le noyau de la colline

étoit d'une pierre tendre , tufacée , de couleur jaune , mêlée de co-

quilles marines , & les murs ainlî que les voûtes des fouterreins avoient été en grande partie conftruits avec cette efpèce de tuf. Je ne fus nulle- ment furpris de trouver en ce lieu des dépouilles très-reconnoiflfables

d'animaux marins , telles qu'on en rencontre chaque jour en tant d'autres

parties de la terre ; mais je commençai déjà à foupçonner que le nairum n'y avoir pas été produit, mais apporté avec les productions marines qui

s'y trouvoient en Ç\ grande abondance. Je poudai même mes foupçons jufqu'à croire que toute la partie calcaire de cette colline , que celle que l'efFervefcence par les acides me montroit tant dans l'argile que dans les concrétions tufacées, ne provenoient que de la deftruilion des cruftacées dont les dépouilles & les relies s'offroient de toute part à mes yeux. En

quel temps & par queJle révolution s'y étoient-ils amafles i c'eft ce que je

ne chercherai pas à découvrir , mais ce qui peut l'être avec fruit par quelques naturaliftes zélés. VIL

J'obfervai avec grand foin & féparément, le terrein , les coquilles & les tufs. La terre lellîvée à plufieurs fois ne me fournit aucune lumière décifive, n'y ayant trouvé qu'un peu de natrum diiïeminé qui mejlailToit toujours ignorer fan origine. Je le trouvai auHI dans les coquilles pulvé-

Tifées , en plus grande quantité dans la fubflance des tufs coquillers , & particulièrement dans le ciment qui lioit les pierres des murailles fur lefquelles jelevoyois fleurit en abondance. Ayant répété très-artentiveinent les obfervations fur toutes ces matières prifes en divers endroits de la Tome XXIX, Fart, II, 1786. JUILLET. £ 2 3(5 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

colline , elles me fuflîrent pour me confirmer dans l'idée que le natrutn

apparrenoit aux debvis des corps marins -, mais cette route ne put me conduire à la connoiflance entière que je defirois. Comme j'étois per-

fuadé que cet article étoit très-intéreirant pour la phyfique , & que le moment ne pouvoit être plus favorable pour découvrir l'origine de cet

alkali , après fait je revins à étudier refflorefcence avoir ces premiers pas , fpontanée de ce Tel fur les iubflances argilo-calcaires d'où il fortoit immé-

diatement ; je clioifis à cet eli'et les tuts , les briques , les ciniens calcaires & toutes les fubftances fur lefquelles il s'eftleurifToit & fe reproduifoit conftammenr. Je ramaiTois ce fel avec une plume & le laiflbis fe repro-

duire , en l'obfervant attentivement chaque jour. Mais aucun fait ne

il m'en découvroit clairement l'origine , jufqu'au moment où me tomba fous la quelques morceaux d'un tuf particulier mêlé de coquilles marines où je remarquai çà & là de petites parties noires qui me parurent provenir d'une fubftance animale interpofée entre des parties calcaires & d'autres argileufes. En recueillant plus fréquemment des ainfi efflorefcences falines fur ces parties , en les y voyant renaître , pour dire, d'un moment à l'autre, je m'apperçus enfin que ce fel ne fortoit

décidément ni des coquilles pures , ni des concrétions crayeufes , mais

de ces parties diftinftes que je croyois animales. Ce tait m,'érant connu ,

je brifai les tufs pour en extraire ces différentes parties que je féparai , &C

fur lefquelles je continuai mes obfervations ; elles me confirmèrent de

plus en plus que les firnples coquilles ne fournilToienr aucun fel , qu'il

étoit entièrement produit par les parties animales que j'en avois féparées , & où il reparoiflait conftamment & en peu de jours. J'ai donné à plulîeurs

perfonnes des portions de ces fingulières concrétions tufacées i j'en ai

aulli envoyé en France , fur lefquelles le natruni s'eftleurifToit & fe repro-

duifoit fpontanérnent fur les parties animales , changées en pierre ou

s'y incruftées ; elles auroient fuffi fans en terre , qui trouvoient éparfes & doute pour mettre en évidence la génération du fel alkali dont cette colline

abonde , mais nous en verrons d'autres preuves , lorfque nous nous occu- perons à rechercher fa préfence dans les animaux vivans dans la mer. VIII.

ici obfervations faites Avait de palTer outre , je dois rapporter quelques j'ai en foumetrant à l'expérience toutes les fubftances marines dont parlé , obfervations qui me femblent mériter toute l'attention des Phyficiens. Je je les faifois paffer pulvérifois les pierres , je pulvérifois les coquilles , fuccelTivement dans de l'eau froide, tiède & enfin bouillante, afin de

n'y lailTar aucuns fels : voici les réfultats de ces expériences répétées pendant un an prefque fous les jours.

1°. Je n'ai jamais pu non-feulement obtenir le caraiflète , mais même diftinguer aucuns veftiges de fel commun. ,

SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 2". Ali contraire , il n'en eft aucune dans lefquelJes , où en employant les difTolutions d'argent & de mercure, je n'aie découvert manifeftemenc des traces fenfibles & continuelles d'un acide muriatique caché , foie dans la terre des coquilles , foie dans le terrein iiicme où tous ces teftacées étoient diffeminés. l'importance Convaincu de de ces deux faits , je n'ai cefié de répéter , de varier Se d'en vérifier les preuves , pour n'en

pouvoir plus douter ; nous y reviendrons dans un autre lieu. IX.

Voyant donc que toutes les obfervations les plus fcrupuleufes me conduifoient à conclure que le natrum rélidoit en effet dans les animaux marins, que tout celai que j'avois retiré de cette colline & de ces fou- terrains beau bien foit en efflorefcence foit la j & formé , , par leiïive , étoit un produit des êtres marins dont les débris y étoient fi vifible-

fi ment & abondamment répandus ; je formai le projet de diriger mes recherches fur les animaux mêmes que la mer pouvoir me procurer. A cet effet il étoit néceffaire de bien connoîrre , autant qu'il feroir poffible, fi le natrum logé dans la fubftance des animaux marins y étoit ellentiel ou feulement étranger , comme nous l'avons dit de celui des plantes marines ; queflion inféparable du fujet , & qui ne pouvoir mieux s'éclaircir qu'en interrogeant directement la, nature par l'examen de ces êtres vivans avant que leurorganifation ne fût détruite. Je me préparai à ces recherches avec beaucoup de défiance & de précautions, l'une defquelles fut de bien connoître quelques-uns des caraftères diflirflifs du natrum acéceux

( acète de foude ) c'eft-à-dire du natrum combiné avec l'acide du vinaigre diftillé. Les Phyficiens conviendront qu'il eft très-incertain &: dangereux d'employer les acides minéraux pour découvrir un alkali , lorfque dans quelques mélanges on ne cherche pas tant à s'aflurer de fa préfence que de fon état libre ou combiné. Un acide végétal femble plus propre à cet effet, comme incapable de décompofer les fels neutres qui dans ces mélanges auroient une bafe alkaline, & fur lefquels il n'auroit aucune adlion. En effet, l'objet principal étant de féparer l'alkali des fubftances qui l'enveloppent & de l'obtenir entièrement libre, l'acide végétal, comme nous le verrons, y paroît plus propre que tout autre. Par cette raifon , les expériences adoptées par M. Wiegleb pour prouver que l'alkali végétai exifte libre dans les plantes avant leur combuftion , ayant pour bafe l'effet des acides minéraux fur les matières extra<5lives , font très- incertaines. C'eft pourquoi je me fuis d'abord occupé à préparer l'acéte de foude dont j'ai parlé, pour le bien connoître au befoin ; voici les principales que j'ai faites à. ce fujet. 1°. Lorfqu'on verfe du vinaigre diftillé, fuffifamment concentré, fur de l'alkali minéral ciiftallifé , il fe fait fur le champ une vive effervefcence ; 38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mais il faut le verfer peu-à peu & ne pas ajourer de nouvel acide que l'efFervefcence précédente n'ait celTé. 2". La liqueur évaporée à ficciré, au foleil ou par un feu doux pour que le fel ne (é décompofe pas,lî on y ajoute quelques gouttes d'eau diftillée, le fel fe crillallife parfiitemeiu en écailles ou lames très-minces comme la terre foliée. Sa crillallifation très-régulière eft compolée de

petits faifceaux longs , radiés & prefque comme des filamens foyeux , formant de très-belles ramifications. La figure de ces filamens vus à Ja loupe eft prifmatique polièdre, & paioîc compofée de petits prilmes tétraèdres.

3°. l'acète foude eft fraîche , moins La faveur de de , piquante cepen- dant que celle de l'acète de potafTe ou terre foliée de l'alkali végétal; on y dillingue parfaitement & en même-tems la faveur de l'acide & la faveur urineulé du natrum.

4.". Il eft entièrement foluble dans l'efprit-de-vin rectifié.

j". Expofé à l'air kc il ne s'hutnede ni ne tombe en déliquefcence ,

mais il s'effleuric précifément comme le vitriol de foude ou fel de Glauber. 6°. Enfin , en mettant ce fe! fur des charbons ardens , l'acide s'évapore & la vapeur a une odeur fenfiblement empireumatique. En fe fervant du vinaigre diftilié pour découvrir un alkali natif dans une fubftance gélatineufe mêlée de fels niuriatiques & vitrioliques, outre

qu'il n'a point de prife fur ces fels neutres , il eft certain que le fel acéteux qui en rélulte eft enlevé &: difTous par l'efprit-de-vin qui n'attaque pas les

fels neutres ; on obtient par-là féparément le fel acéteux duquel on peut enfuite précipiter facilement l'alkali,

X.

Avant de foumettre les animaux marins à mes expériences , je les dirigeai fur les coquilles des différens teftacées que produit la mer

Adriatique , tels que des huîtres, des glands de mer, des cancres & beaucoup d'autres poiiTons armés qu'il eft inutile de nommer. .T'en

faifois venir de frais de tems en tems pour répéter mes expériences , dans lefquelles je n'avois d'autre but que de reconnoître l'exiftence du nairum ,

quelque part qu'il fe trouvât dans ces animaux marins , fans m'occupet d'une analyfe étrangère à l'objet que j'avois en vue. Je faifois fécher au foleil une partie de ces coquilles & calciner l'autre après les avoir lavées plufieurs fois dans l'eau chaude. Je dirai pour cela ce que les premières me donnèrent. Après les avoir réduites en poudre, je les faifois digérer l'eau dans de très-pure , je fikrcis la leffive & la faifois évaporer à ficcité.

Cependant je ne pus jamais obtenir un rélidu véritablement falin ; non- feulement je n'eus point de fel alkali, mais pas même de fel commun que j'étois fondé à croire qui fe feroit diflbus dans l'eau. Des fubftances SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. jp terreufes refiées fur le filtre, je fis J'ufage fuivanr. Je les faturai d'abord

d'efprit de vinaigre verié par interruption , ce qui y occafionnoic une effervefcence qui croilToit graduellement; je filtrai enfuire la liqueur , je

Ja fis évaporer à ficcité au foleil , & je fis dilToudre dans refpvir-de-vin le fel defléché. Je filtrai, j'évaporai de nouveau à ficcité; enfin, baigi.anc le fel d'un peu d'eau diftillée, je le mis en un lieu frais pour criflallifer. Tel eft le procédé que j'ai conllamnient employé & fur les coquilles & fur les matières extrartives pour retirer , en le nairum ; je ne le répéterai plus, l'ayant une fois indiqué.

La criftaililation dj ce fel fur plus ou moins lente & difficile , fuivant les différens caraélères de la fubllance conftitutive àe% coquilles. Celles des huîtres & de tous les teftacées qui n'avoient point de liaifon intmie

avec l'animal , donnèrent un lel de forme foyeufe femblable à la zéolire qui crillallifoit lentement & difficilement. Au contraire quand la coquille pulvérifée appartenoit aux fquillef ou autres cancres dont l'enveloppe

rendre faifoit prefque partie de fanimal , le fel acéreux fe criftallifjit plus

facilement , & il y en avoit fur les capfules qui affeclioit une figure prifma- rique rhomboïdale. Mais quoique j'exar.iinaife avec attention les caradères

ce fel je ne pus jamais m'afllirer de , qu'il eût décidément les caradères de l'acère de foude. Cependant en lelailTant fur des charbons ardens,touc

l'acide s'élevoit avec une odeur empireumatique , comme fait celui du natrum de l'accte de foude. Mais les fels acéteux faits avec les coquilles

calcinées me donnèrent d'autres réfultats , tontes ne montrèrent qu'un

acète calcaire , n'ayant confervé aucune des apparences falines que j'avois remarquées dans les enveloppes en partie animalifées avant qu'elles eulTent éprouvé l'adion du feu. Leur terre n'étoit fubftantiellement qu'une vraie chaux. X r.

Affuré par plufieurs expériences répétées avec fcrupule que le natrum

ne réfidoif point dans les coquilles des teftacées , avant que de m'occiiper des animaux, & pendant que j'avois abondamment de ces matières

calcinées & dans leur état naturel , je voulus répéter fur elles les recherches que j'avois précédemment faites fur les coquilles an tiques trouvées dans notre

colline , foit pétrifiées , foit dans l'état terreux , dont j'ai parlé au §. VHf.

Mais dans toutes les lixiviations que j'en fis je n'eus, comme dans les

autres , aucune trace fendble de fel commun ; au contraire . comme il

m'étoit arrivé dan^ les anciennes , l'acide muriatique fe manifcda toujours dans leur fubftance, mais plus dans celles rui n'avoient pas été calcinées que dans les autres qui avoienr été rourmenrécs par le feu. Il réfulre de-là qu'on pourroit n'être pas fondé à croire que la te're calcaire appartient aux dépouilles d'animaux marins , & la regarder comme primitive , parce qu'elle ne donne aucun figne d'un acide muriatique latent ( caché ) , 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quoiqu'on puifFe confidérer cet acide comme en éranr inféparable, & il a pu en erre chaiïe par ]e teu , comme j'en ai eu un indice nianifefte. Il fultît cependant que nous ayons des preuves fupérieures à toutes exceptions de l'exiftence d'un acide muriatique latent ( cac'né), où il n'y a aucune trace de Tel commun qui puiffe rendre l'obfervation équivoque ; c'ett ce dont nous ferons mention dans une autre fedlion,

X I I.

Nous voici parvenus à la partie la plus importante de la queftion qui fera pleinement décidée (i nous réuflîirons à découvrir le natnim libre

dans les animaux marins , faifant une partie conftituan.te de leur fubftance, quelles que foient fes fondions dans l'organifation de ces êtres. J'ai dirigé mes expériences fur deux dalles d'animaux marins, fur tes poilTons armés ou teftacées & fur les poilTons proprement dits. Je me

bornerai à décrire la métiiode que j'ai employée fur ces deux efpèces , il

eft elTentiel de la connoîrre pour que cliacun puifTe la répéter , & j'expo- ferai auffi les réfultats définitifs, fans m'afiujettir à une pénible & minu- tieufe defcription de plus de cinquante expériences laites de la même manière en deux ans de tems. Je lavois à plufieurs reprifes l'animal dans l'eau chaude, jufqu'à ce qu'elle ne contradât plus aucune faveur ni une couleur différente de celle

qui lui étoit naturelle. Apres l'avoir fait piler dans un mortier , j'en faifois macérer une partie dans l'eau chaude, à je faifois fécher l'autre au foleil pour la calciner enfuite lentement. 1°. Je faifois paffer la portion macérée en entier par un filtre de toile que je preffois jufqu'à ce que l'eau fe fût chargée de la matière extradive, j'ajoutois fur j'évaporois la diffolu- & de nouvelle eau le filtre. Cela fait , tion à une douce chaleur jufqu'à ficcité je faifois enfiiire digérer la ;

fubftance dans du vinaigre diftillé tiède & concentré ; fobfervai que dès

le commencement il fe faifoit une efFervefcence fenfible. J'évaporois de nouveau à une douce chaleur à ficcité & j'y verfois encore à plufieurs

fois un peu de vinaigre bien chaud. Toute efFervefcence ayant ceflé , je la j'y filtrois enfin liqueur , & l'ayant réduite à ficcité au foleil , verfois quelques gouttes d'eau diftillée en l'abandonnant dans un lieu frais pour criftallifer. crillallifation criftallines, Cette étoit toujours confufe , partie en lames

partie en criftaux tranfparens , épars Se vifiblement prifmatiques. Alors je mettois le tout à digérer dans de l'efprit-de-vin je décantois & répétois , l'opération jufqu'à ce que l'efprit reftât dans fon état naturel. Le réfidu fec mis à part , je faifois évaporer l'efprit-de-vin pour obtenir à le fel

acéreux dont il s'étoit chargé. Telle eft la méthode coudante dont je me fuis fervi dans des expériences

fi effentielles. Le SUR vmST. NATURELLE ET LES ARTS. 41

Le réfukat de rous les elTais faits de cette manière, fut que le fel acé- teux parut toujours &: fans équivoque à bafe de natrum ou alkali minéral, puifque l'acère tantôt en faifant oidallifer ce fel deiïeché , j'avois de ibude avec fes caradcres décrits au §, IX ; tantôt en le décompofant par clialeur j'en le la , retirois un natrum libre bien caradérifé , & en décom- polant par l'acide nitreux , j'avois un beau nitre quadrangulaire que je me plaifois à enflammer fur des charbons pour obtenir l'alkali durci , & pour ainfi dire pétrifié par la deftrudion de l'acide. 2°. l'air libre Quant à l'autre portion fechée au foleil , je la calcinois à jufqu'à ce qu'elle fût réduite en une cendre brunâtre , fans odeur. Je faifois enfuite bouilli(Ja cendre dans l'eau je iiltrois & faifois la lelllve à , ficcité ; le fel delléché , expofé à l'air , s'y effleurifToit en grande partie, je le traitois avec le vinaigre diftilié^ enfuite avec l'efprit-de- vin précifémenc comme je l'ai dit ci-devant. J'obtins toujours , comme dans les eifais

précédens , un natrum libre , qui combiné avec les acides vitriolique , nitreux & muriatique , me donna du vitriol de foude , du nitre quadran- gulaire iS: du fel commun, tous bien caradérifés.

X I ri.

Voilà Texiflence du natrum libre dans les animaux marins bien vérifiée, comme les efflorefcences fponranées , tous les indices & toutes les appa- rences concûuroient à le manifeftir dans les obfervations laites fur les dépouilles d'animaux marins dont nous avons parlé dans les paragraphes précédens.

Mais , comme nous l'avons demandé au §. IX , cet alkali dont l'exif- tence dans les fubftances animales eft hors de doure après tant de preuves, y eft-il effentiel ou accidentel & étranger? on ne peutdéjà.plusfûupçonnet

qu'il ait pu s'y lo^er en état de fel commun , puifqu'indépendamment de ce qu'il feroit ridicule de croire que la calcination des animaux fût

fuffifante pour décompofer ce fel , nous avons toujours trouvé l'ilkali

libre & pur dans les fubilances animales , en n'employant qu'un lîmple acide végétal fans aucune combuftion. Celui que nous avons obtenu à

volonté des animaux pi is vivans dans la mer , doit ôcer tout loupçon que l'alkali minéral qui fe tire des fubftances volcaniques ,& celui même que

nous avons trouvé fi abondamment en elîlorefcence fur les collines de

Vérone , proviennent de la décompofition du fel commun , opérée par le

feu ou par d'autres caufes inconnues ; c'eft pourquoi en fuivant cette

queftion , tout nous porte à croire que le natrum libre appartient origi- nairement S: elTentiellement aux animaux marins, & fait proprement

une partie de leur fubftance. Pour qu'il fijt étranger & accidentel , il faudroit que dans quelques circonftances le même animal pi'it être privé

de cet alkali fans nuire à fon organifation & à fa vie , comme il arrive

aux plantes les plus abondantes en natrum , lorfqii'elles font cultivées loia Tome XXIX, Part. Il, i-]U. JUILLET. F 42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de la nier, ce dont nous parlerons autre part. Nous (avons d'ailleurs libre par l'analyfë que l'eau de la mer ne contient point de natrum , nourrir. Si on veut admettre dont les animaux qui y vivent puifTent fe organifation à leur accroifTemenr, que le fel commun , en fervaiit à leur & cViofe difficile à concevoir en puifle fe décompofer , ce qui efl: une , Téflechidant à l'intime liaifon des parties conflituantes d'un fel neutre expériences d'un natrum libre auflî parfait , la déjouverte due à nos notani- privé d'acide, confiamment parte à l'état de fubrtance animale , ment dans la matière exrradiive, doit le faire regarder comme aulli propre, aufiî elTentiel à cet animal que fon organif^rion même & fon accroifle- ment dans la mer. Cependant je ne fuis jamais pafvenu à en trouver de

traces fenlibles dans le? poifTons d'eau douce , nuds ou- à coquilles. A cet expériences ci-devant décrites effet je fournis en 1783 , aux mêmes , différens poiffons de notre lac de la Garde ,àQX Adigc & d'autres rivières

fi l'exiftence confiante ce fel du territoire de Vérone. Ceft pourquoi , de

fixe'dans les animaux marins vivans , fi celui qu'ils nous donnent par leur di-ftruèlion & la converfion de leur fubftance en terre depuis une longue

fuite d'années, comme il paroît dans les efflorefcences que nous avons re- marquées, ne fuffit à toute rigueur pour décider la queftion, il caradérife certainement le natrum comme naturel & devenu propre à la fubftance pouvions efpérer de découvrir des. êtres marins , & c'eft tout ce que nous dans les ténèbres éternelles qui enveloppent les fecrets de Ja nature. L'exa- men que nous ferons dans"la fedion fuivante de la terre animale y ajoutera quelque lumière. XIV.

Entre les différentes çonnoiffances acquifes par ces expériences , il efl paroît à propos d'en rapporter ici une qui me très-remarquable , c'ell qu'en lavant dans l'efprit-de-vin la matière fécbée pour en retirer l'a- retiré qu'une affez petite cète de foude , je n'ai jamais quantité de fel faifois commun , relativement à la maffe des animaux. Je bouillir la

matière reliante après l'extradion du fel acéteux , dans de l'eau très-pure

qui devoir néceffairement fe charger des fels , ce qui me donnoit deux

objets féparés à obferver : la terre reliante fur le filtre dont'je vais parler, & la lellîve filtrée. Cette opération réitérée m'a fait conclure que ^Opai--

ties de fubftance animale fe réduifoient à 6 parties de cendre , tantôt

plus , tantôt moins. La dixième partie de ces cendres étoit faline , & j'en retirois à peine un tiers de fel commun parfaitement cri/lallifé. En conféquence le fel commun tro\ivé dans les animaux marins que j'ai pu

foumettre à l'expérience , formoit à peine la deux centième partie de

leur mafi^e , ce qui doit paroître peu de chofe dans des animaux qui naiffent, fe nournlTent Si vivent continuellement dans la mer. ,

SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. ^3 X V.

Mais je ne veux pas taire une autre obfervation que j'ai faite fur la

différente quaiitiré d'alkali , obtenu pat la voie sèche ou Ja voie humide Jes dans expériences précédentes ; je n'ai jamais retiré d'une pareille

quantité de flibftance animale , traitée par la macération & Ja comhuf-

tion , la même quantité de riairum. Celle que j'obtenois par la combuffion étoit toujours beaucoup plus petite que celle que je retirois par la macé- ration. Je fuis fondé à croire que l'a^Hon du t^u en détruifoit une partie

& réduifoit l'autre en une terre indilToluble dans l'eau , mais nous verrons par la fuite quel efl décidément l'effet du feu.

X V r.

Cependant la décauverte importante d'un natriim inhe'rent , propre &

fe formant dans la fubftance des animaux qui naiffent , vivent , périlfenc

& fe reproduifent continuellement dans le vafte océan , dévoile bien des fecrets & ouvre la voie à beaucoup d'autres connoifîances qui nous

auroient toujours été cachées , fi je n'avois délié ce nœud capital dont

j'ai parlé au §. III. Telle efl: donc la fource du natrum. de tant de ré^^ions

méridionales que nous avons rappellées , qui écoit connu des anciens,

& qu'on trouve encore en fi grande abondance; voilà donc d'où provient

le natrum des bords de la mer Cafpienne , de la Sibérie , de la Tartarie & de tant d'autres parties du nord. Voilà comme il a pu s'effieurir & fe

reproduire dans les concrétions tufacées , coquillières ; comme il a pu

s'introduire dans les eaux minérales , dans les matières volcaniques , dans les végétaux, comment enfin a-t-il pu fe répandre dans les fubllances des

différens règnes de la nature , dans tous les pays que la mer a couverts, & il n'ell: prefqu'aucune partie de la terre où fes traces ne foient impri-

mées , dans tous les lieux où elle a féjourné ainfi que fes habitans ils , y ont été décompofés, ou par-une putrétaètion naturelle, ou par l'aiflion des feux fouterreins ; par-tout lents dépouilles fe font arrêtées. Faut-il

donc s'étonner (\ le natrum libre qui fait une fi grande partie de la fubllance des animaux marins s'eft manifefté & fe manitelle encore chaque jour indiffindement dans routes les parties du globe. C'eff parhafard au con- qui peur aurfi fe origine traire ( ce rapportera une éloignée) , qu'on

indique quelque lieu où cet alkali s'effleuriffe & abonde , où on ne trouve pas en mê aie- temps des fignes vidbles & maniteffes du féjour récent ou ancien de la mer , & où il ne fe préfente pas des dépouilles d'animaux marins décompofés. De-là vient l'alkali volatil que des phyfîciens ont retiré du natrum ; de-là viennent les terres qui produifent le natrum dans l'Egypte , celles des déferts de la Tartarie qui , fuivant les obfcrvarions

Georgi de imp. ^ de M. ( Mém. C Acad. de PéterJbourg année 1777) , font toujours crayeufes & préfentent des débris de teft^cés. Il n'ell donc Tome XXIX, Part. Il, 1786. JUILLET. F 2 ,

^4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plus nécefTaire de recourir ni à la décompofition fpontanée du fel commun

qui eft inexpliquable (i) , ni à celle de ce fel par l'adion du feu , ni à l'organifation des plantes qui le fucenc pour s'en nourrir , pour rendre raifon de la préfence d'un alkali que peut fournir la décompofuion & déforganifacion des animaux marins, de quelque manière qu'elle arrive. XVII.

Si maintenant on obferve avec plus d'attention les efîlorefcences fali-

loit , nes , quelque part que ce mais principalement dans les pays -

times , efflorefcences que le vulgaire nomme toujours nitreufes comme

celles du nitre , on diftinguera facilement le natrum libre ordinaire qui

efl plus commun qu'on ne l'a cru jufqu'à ce jour , & on ne pourra le

confondre avec le nitre qui par liafard y feioit mêlé , en faifant auffi attention à une faveur urineufe qui n'eft jamais propre aux fels neutres.

La ville de Venife & d'autres lieux fitués fur la mer Adriatique , m'ont fourni pendant les années précédentes de ces efflorefcences falines fpon-

j'en ai faits je tanées , & par les effais fans nombre que , me fuis confirmé dans l'opinion que le natrum peut fe produire par la décompofition des

animaux marins , & naître de leur fubftance. La même chofe doit arriver toutes les fois que les mêmes circonftances fe rencontreront & que

l'alkali ne fe fera pas diflipé Hi. décompofé lui-même, ce qui arrive par des lavages & des dellîcations répétées comme tout le monde fait. XVIII.

Je m'éfois propofé des le commencement de vérifier , s'il m'étoit dans les animaux pofllble , la quantité d'alkali libre contenu marins ,

relativement à leur maffe , S<. j'avois entrepris à cet effet quelques expé-

riences appropriées ; mais voyant que les rélultats varioient infiniment

qu'il me reftoit beaucoup d'incertitude, & que les expériences que je ne pouvois faire que fur un petit nombre d'animaux ne conckiroient rien parties huileufes pour d'autres elpcces , je renonçai à ce projet. Les , gé-

latineufes gommeufes, la terre même qui fait une fi grande partie , de

ces êtres , tout doit fe trouver naturellement en des proportions (\ diffé-

rentes. dans leurs efpèces & leurs genres innombrables , qu'on ne peut compter fur quelques expériences particulières.

1 .

(i) M. de Morveau démontre depuis plufieurs années dans les coursde l'Académie

de Diion , la décompofition des niuriaies de potaffe & de foude par la chaux. Voyez

la colleiflîon des Mémoires de Chimie de M. Schéele , imprimée à Dijon , &c. part, z , page i8. Note du Traducleur.

La fuite au mois prochain. .

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4; MEMOIRE

Pour SERVIR a l'Histoip.e - Naturelle du Figuier; •

Far M. , des Académies de MarfeîUe , de Ljon , &c.

V> N diftingue commiinëment deux forces de figuiers, ceux qu'on multiplie dans les campagnes, & ceux dont les fruits ne lont pas

mangeables. Les premiers font l'objet du foin du cultivateur ; les derniers ne lui offrent que des plantes inutiles. Cette manicre de clafler les figuiers a fans doute des avantages. Mais elle ne doit pas difpenfer le Naturalise d'étudier les fingularités que ces arbres préfentent, & de raffembler les principaux traits qui caradérifent les divers individus de cette famille nombreufe. Tous nos figuiers ont une origine commune, & malgré les différences

qu'ils prf fsntent , on ne doit les regarder que comme des variétés de ces arbres primitifs que l'on reçut de la Grèce & de l'Italie. Le nombre de ces variétés s'eft prcdigieufement accru. Il en paroît tous les ans de nouvelles quinailTent auprès des habitations anciennes^ dans les haies 5c fur les bords

des ru i fléaux.

eft propre Chaque variété de figuier a un port qui lui , que l'habitude

fait aifément reconnoître , mais qu'il eft impoffible de décrire. A la vue des graines que renferment la plupart de nos figues, on admire

l'extrême fécondité mais cet avantage n'eft qu'individuel. Il du figuier ; y

a un grand nombre de variétés qui ne produifent que des feuilles ; d'autres

donnent, à la vérité, du fruir , mais leur ftérilité eft aufii réelle, parce que ces fruits tombent toujours fans parvenir à leur maturité. On voir, enfin, une multitude de figuiers dont les graines feroienr propres à les reproduire, fans que cette deltination foit prefque jamais remplie, parce que les amandes fervent d'aliment à des infeiîles particuliers. La ftrudure de l'intérieur de la plupart des figues eft affez difficile à

faifir , lorfque ces fruits font parvenus à leur maturité. Mais fi on les obferve avant ce tems, on y diftinguera trois fortes de corps. On verra

autour de l'œil & fur toute l'épaiffeur de l'enveloppe , des feuilles trian-

gulaires , légèrement dentelées & fort preffées. On trouvera, au-deffbus de ces feuilles, les fleurs mâles dont la pouffière eft deftinée à la fécondation des graines qui remplilTent le refte du fiuir. On n'imagineroit pas que la découverte des fleurs mâles du figuier iàt

réfervée à des Naturaliftes de nos provinces feptentrionales , & qu'elle ait été faite dans les climats mêmes dont le figuier ne peut pas fupporcer la 46 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

rigueur. La Provence avoit cependant dt-ii produit le célèbre Botanifle

dont elle fe glorifie. Aulîi , on doit peut être lui reprocher d'avoir vu avec trop d'indifférence les fruits de nos figuiers lauvages. En rdfle.nblant les ouvrages de la nature, on ne fauroic êtte trop foigneux. Une forme différente dans la même produdion annonce toujours une merveille

nouvelle. En effet, fi Tournetort eût ouvert cjuelcjuunc de ces figues, les

étamines qui y font étalées auroient frappé fes yeux , & cette oblervation eût peut-être contribué à lui faire adopter, fur la génération des plantes,

les idées qu'il combattit & reietta,& qui font à préfent lî bien établies

& fî généralement reçues. Le même favant en ouvrant les amandes de ces figues y auroit obfervé les infedles qui s'y développent. Il auroit ainfi fuivi dans fon pays i'hiffoire

de la caprification fur laquelle il raffembla des mémoires affez imparfaifs dans le Levant. M. de la Hire a donné le premier dans les Mémoires de l'Académie de 1712,1a defcription des fleurs m.^les du figuier. En rendant juftice les figures qu'il en a données à fa découverte , je ne pui? dillimuler que

font mauvaifes. Au reffe , il étnit peut-être impoflible que fes obfervations fuffent bien exaéles. C'étoit fur des figues cultivées qu'il cherchoit les fleurs mâles. Des corps aufll délicats que les étamines dans des fruits fondans ne pouvoient avoir ni conferver une forme parfaitement décidée.

Les parties effentielles .i la génération étoient comme altérées par leur combinaifon avec des chairs trop fucculentes. J'ai fenti moi-même tout

l'embarras que dut éprouver M. de la Hire , en répétant fes obfervations

fut des figues domefliques ; & je n'ai diftingué la figure à laquelle je les fleurs mâles dans les figues devois m'arrêter , qu'après avoir vu fau- vages. Ces corps foutenus par des pédicules fecs & parfaitement détachés fe préfentent dans leurs différens états fous des formes confiantes qu'il eft impollihle de ne pas faiflr. Fig. I ,planch. I. Si on fe repréfenre une petite tige blanche cylin-

drique de deux lignes de longueur environ , & terminée par un calice de

même fubftance découpé en trois, quatre, cinq , fix parties d'une ligne de

longueur , on aura fidée des fupports des fleurs mâles. Elles forrent du

calice dont je viens de parler portées fur des pédicules féparés , !^ leur nombre peut s'élever jufqu'à fept; mais les fleurs à trois, quatre & à cinq étamines font les plus communes. Ces étamines font d'abord couvertes ^ embraiTées par les feuilles du

calice. Elles forcent enfuite celles-ci de s'érarter , & elles fe montrent fous une forme approchante d'un dL'mi-fphéroïde. La partie convexe

efl divifée fur fa longueur par trois rairiures lymmérriquemenr difpolées; celle du milieu eft plus profonde. Le pédicule répond au milieu de la face applatie. Chaque éramine neparoît être d'abord qu'un corps unique,

mais.» au quelque rems , on voit très-clairenient qu'elle fig' H') bouc de SUR rtJIST. NATURELLE ET LES ARTS. 47 t([ compofée de deux capfules dilliniles dont l'écartenieiu devienc même (.onfuiérable. Fig. ^. La même étaniine eft formée quelquefois de trois capfule?.

Selon M. de la Hire , il y a au centre des pétioles qui foutienneiu les éramines une éminence fenfible qui porte quelquefois des fleurs femelles très-mai2;res. Je n'ai pas faic la même oblervarion, & cet Auteur a pris infailliblement pour le corps qu'il a décrit quelques-pécioles dont l'éra- JTiine avoit difparu, ou avoic éprouvé quelqu'altération qui la faifoit niéconncître.

Les figures que je donne des fleurs mâles du figuier ont été copiées avec beaucoup d'attention & d'exactitude. Si on les compare à celles qui font jointes au Mémoire de M. de la Hire, on trouvera qu'elles ne leur TefTemblenr guère, &c on verra de cette manière que celles-ci font peu fidèles.

Dans les figues domeftiques , les fleurs mâles font cominunément peu nombreufes; elles font, au contraire, extrêmement multipliées dans la plupart des variétés de figues fauvages. Elles rapifTenr quelquefois la

moitié de l'intérieur de ces fruits, & il s'en élève.encore beaucoup parmi les fleurs femelles.

Les fleurs femelles coulent quelquefois , Sr ne fe développent point làns que cela empêche les fleurs mâles de prendre tout leur accroiflemenr. Les fleurs mâles les plus élevées fe font jour quelquefois à travers l'œil, & fe montrent au-dehors. En ouvrant des figues fauvages parvenues à leur maturité & en tes fecouant fur du papier blanc , les fleurs mâles abandonneront une grande quantité de pouiîîère jaunâtre. La maturité de la plupart des figues fauvages etl auflî réelle que celle

des figues cultivées , quoique cet état ne fe manifelle pas entièrement par les nicmes apparences. Elles font peu de réfiftance fous le doigt, le fuc laiteux difparoît; elles prennent l'odeur de ceux de ces fruits qui font bons à manger, mais elles ne font pas fucculentes, & lorfqu'on les porte à la

bouche , on ne leur trouve aucun goût. Les pédicules des fieurs mâles & des fleurs femelles fe defsèchent fans

avoir jamais été fondans , & ils prennent fouvent une couleur rouge afléz foncée. Les graines font difpofées dans les figues fauvages comme dans celles qu'on cultive. Seulement, le pédicule qui les foutient & le patenchime qui les enveloppe prennent moins de volume.

En Provence, comme chaque figuier fauvage eft venu de graine , oa eft afluré qu'il forme une variété diftinde. Ainfi chaque arbre & fes fruits ont une forme particulière. La couleur de ceux-ci eft quelquefois violette,

mais il eft plus ordinaire qu'elle foit jaune ou verte. Les graine* de nos figues fauvages fervent conftamment à nourrit des 48 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, infedes du genre des cinips. Ils font noirs : ils ont une liçne de longueur ; leur bouche eft armée de mâchoires. Leurs antennes font coudées 6c préfentent onze articulations. Ils ont quarte aîles , les inférieures fort courtes & encore plus étroites ; les autres ont une ligne de longueur. Le corcelet tient à la tête &C au ventre par un filet très-fin. Les femelles ont à l'extrémité du ventre entre deux lames un aiguillon très- apparent qui fert à piquer l'endroit où les œufs doivent être dépofés. Cet organe n'exifte pas dans les mâles. La larve de cet infede eft blanche.

Elle fe nourrit de l'amande , & ce qui eft remarquable , c'eft qu'elle fe développe fans y lailTer des excrémens. C'eft dans la diredion du piftil que fe trouve conftamment l'ouverture par laquelle le cinips fort de chaque graine.

Les bourgeons des figuiers fauvages qui fervent à la multiplication des cinips fe couvrent, au printems, de feuilles aux aiHelles defquelles il naît au moins une figue. Ces fruits ne commencent cependant à (e développer qu'au milieu de juin. Ils groflillent & mûrilleiit félon l'ordre de leur nailTance, tant que la- température de l'air le permet. Lorfque l'hiver

dépouille l'arbre de fes feuilles , les figues qui avoient acquis une grofleur un peu fenfible tombent prefque toujours. Les plus petites réfiftenc feules au froid & fe développent au printems fuivant. On les diftingue ailément, parce qu'elles font ifolées fur les tiges fans avoir des feuiUeJ au-deffous d'elles.

Lorfque les figues font aflèt groiïes pour que les fleurs femelles foient bien apparentes, des cinips pénètrent dans l'intérieur par l'œil & vont dépofer fur chaque femencé les germes qui doivent les reproduire. Je me affuré qu'il fuis ne falloir guère plus d'un mois dans cette faifon , pour que les larves des infeifles parvinlTent à leur dernière méraniorphofe. Ces figues mûrilTent fuccellîvement , & avant que toutes celles de la sève précédente foient tombées, des cinips peuvent attaquer ceux de ces fruits qui fe trouvent à l'aifTelledes premières feuilles. Il en mijrit un nombre d'autant plus grand que les variétés de figuiers font plus hâtives, & fur-tout que la première récolte eft moins confidérable.

J'ai ouvert une multitude de figues , lorfque les cinips y alloient dépofer leurs œufs. Je n'ai jamais trouvé alors plus de trois de ces infedes : ce qui paroît prouver qu'ils font fort féconds,

M. le commandeur de Godeheu ( Savans étrangers, tom. II ) a obfervé que les cinips avoient des ennemis qui alloient les attaquer dans l'intérieur même des amandes des figues* Je n'ai pas trouvé les ichneumons dont

parle cet auteur , mais j'ai remarqué plufieurs lois que lorfque les cinips après avoir fubi leur dernière métamorphofe fortoient des figues , des fourmis les attendoient à leur paiTage & les enlevoienr. « Selon M. deTournefort le caprifiguier donne dans trois tems différens

33 orni. Les premiers paroiffent des fmhs nommés fornices f cratirues & 30 dans SUR VmsT. NATURELLE ET LES ARTS. 49 «dans le mois d'aoûr, & ne mùrilTent qu'en novembre. Les féconds » paroilTtnt à la fin de feptenibre. Ils refteni fur l'arbre jufcju'au mois

>3 de mai , î^c renferment les œufs que les mouclierons des fornires y ont » laiiïés en les piquant. Les troifiènies poulTent dans le mois de mai, & font 3J piqués par ïts infeifles que les cratirires ont fournis ». Ces détails peuvent repréfenter avec exadVitude ce qui fe pafTe dans le

Levant ; mais ils ne font pas relatifs à la manière dont fe développent nos

figues , ni aux générations fuccelllves des cinips. En effet , les figues croilfent & niûriflent les unes après les autres fans interruption; & le développement des cinips fuit le même ordre que le développement des figues. Quant auK

il cnituires , eft bien certain qu'en Provence , prefque tous ceux qui pouvoienr renfermer des cinips au commencement de l'hiver tombent dans

cette (aifon , & que ceux de ces fruits qui fe développent au printems ne laiffent pas d'être piqués par des cinips lorfqu'ils font parvenus à une grolfeur convenable. Les cinips peuvent donc vivre ailleurs que dans les figues fauvages.

Il n'ert pas douteux que nos figuiers fauvages ne foient les arbres

connus des Naturalises fous le nom de caprifiguiers , & que les infedes qu'ils renferment ne foient précifémenc ceux qui fervoient autrefois, & fervent encore aujourd'hui dans la Grèce à produire la caprificarion. Cette opération confifte à eniployer les infedes qui ont vécu dans les figues la fauvages , pour hâter maturité des figues domeftiques, & même (ainfi l'a la fur qu'on prétendu ) pour produire. On a confervé cet objet les idées & les pratiques des anciens. Ils plantoienr, en effet , des capri- figuiers du côté des figueries d'où le vent foufîloit plus ordinairement ,' afin que les infectes fe répandiffent plus aifément fur les figues. D'autres fois figues lorfque les on enfiloit des fauvages, cinips étoient près à fortit , & on les fufpendoit aux branches des figuiers ordinaires : c'eft cette féconde pratique qu'on fuit encore dans le Levant. On voit aifément pourquoi les figues fauvages parviennent plutôt à leur maturité. Cet effet eft le même que celui que p éfentent tous les fruits piqués. On conçoit auffi qu'à mefure que la maturité des figues eft plus hâtée, il y a un plus grand nombre de ces fruits qui peuvent parvenir à cet état; mais les cinips font-ils effentiels pour faire mûrir les figues domeftiques qu'on caprifie ? C'eft ce qu'on doit être bien éloigné d'admettre. On a obfervé que plufieurs des figues des caprifiguiers, ainfi qu'un grand nombre de celles qui naiffentfur des arbres qu'on caprifie, tomboient avant d'acquérir toute leur groffeur. On a vu en les ouvrant , , que les graines avoient avorté, & qu'elles nerenfermoient point d'infcèfes , tandis que les figues qui n'avoient pas coulé en étoient remplies. On a conclu alors que fans les cinips toutes les figues couleroient. Mais comment jufti- fier cette affertion î N'avons-nous pas un très-crand nombre de figuiers Tome XXIX, Part. IL, 1786. JUILLET. G fo OBSERyATlONS SUR LA PHYSIQUE, dont la plupart des fruits coulent ordinairement, tandis que ceux Oui parviennent à leur maturité ont des graines que les cinips n'attaquent jarnais? l'aut-il aflîgnet des caufes différentes à des effets femhlables ?

Pourquoi recourir au merveilleux pour expliquer ce qui efl afllijetti à des loix ordinaires £c connues; J ai ouvert des amandes de routes les variétés de figues cultivées que j ai rencontrées en Provence; & je n'y ai jamais trouvé des larves de

cniips , quoique par-tour les fruits des figuiers fauvages en fullent remplis.

Il n'ert peut-être pas difficile de rendre raifon de ce fait. La nature donne aux animaux un inftinâ; d'autant plus sûr , qu'elle leur a refufë plus d'intelligence. Elle allure quelquefois leur exiftence & leur reprodudion par des moyens qui font au-defïus de notre prévoyance &; de notre admiration. Les feuilles qui forment l'œil des figues ont beau

être preflées , le cinips furmonte ces obftacles. Il pénètre dans l'intérieur de ces fruits, Se malgré les ténèbres qui y régnent , il va dépofer fur chacune des femences nailfantes le ver qui doit s'en nourrir. Le fruit & l'infede croilTent en même-tems. Mais, dans les figues fauvages, les p^'dicules qui foutiennent les graines toujours fecs, n'arrêtent jamais les cinips apiès leur méramorphofe. Voilà pourquoi les figues fauvages doivent erre attaquées de préférence. Nos figues cultivées deviennent trcs-fuccu- lentes en niûriffant. Un infede foible fe débarrafferoit-il d'une liqueur mielleufe? Les aîJes qui lui ont été données, ne rendroient-elles pas fa

retraire plus dilficile ? Des Botaniftes célèbres ont avancé que les figues fauvages portoienc feules des fleurs mâles , & que la fécondation des figues domefliques croit opérée par les poufîicres que les cinips y apportoient & dont ils fe cliargeoient en fortant des fruits où ils avoient pris naiffance. Mais ces alTertions ne font pas foutenables. Les figues domeffiques renferment des fleurs mâles qu'on diftingue aifément lorfque les fruits ne font pas parvenus à leur maturité. D'ailleurs, en faifant attention que les fleurs femelles font fécondées de très-bonne heure, que les cinips ne peuvent y vivre qu'autant effet que cet a eu lieu , & qu'enfin les cinips , dans les circoni'hinces les

plus favorables , vivent au moins pendant un mois dans les amandes , on concevra fans peine que les infedtes en fubiffant leur dernière métamor- phofe doivent trouver les fleurs mâles defléchées & dépourvues de pouflicres fécondantes. M. le commandeur de Godeheu dit qu'à Maltbe où on ne cultive que

fept à huit variétés de figuiers domeffiques , la caprification n'a lieu que pour deux feulement , & encore n'eft-elle pas abfolument néceffaire. La ,' première variété de figuier qui produit les figues deftinées à la caprification porte deux fois l'année. Celles qui mûriffent les premières, c'eft-à-dire , a la fin de juin, font meilleures, beaucoup plus grolTes que celles de France , & d'un goût plus exquis; elles parviennent fans aucun fecours r

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. j

à leur maturité. Les fécondes , au contraire, ont befoin d'être coprifiée"; , & ne mûriiïent cjue pieridant tout le mois d'août. Ces dernières figues ToiiC inférieures aux premières par le gonc tic la grofTeur. La féconde variété de fimner dont les fruits fe caprifient, ne produit

(ju'une fois l'an. Les figues font petites , blanchâtres Si fuctées fàus beaucoup de goût. La récolte en eft toujours tort abondante. Les branches font fouvent cachées par la quantité des fruits dont elles font chargées. Si les figues cultivées qu'on caprifie à Malthe ne renferment des cinips que lorfqu'on fufpend à leur voilinage des figues fauvages , on pourroit fe flatter de tromper l'inftincl: de ces infectes. Mais ils piquent ces figues d'eux-mêmes , de l'aveu de M. de Godeheu. On ne les rencontre point dans les figues de la première sève qui font très-fucculentes , & celles où ils vivent approchent beaucoup de l'état des figues fauvages par le peu de fuc qu'elles renferment. Queiqu'ancien que foit l'ufage de fur des figuiers cultivés les foie fruits des figuiers fauvages , je ne puis croire que cette opération nécelfaire. Elle étoit autrefois adoptée en Italie, & elle n'y eft plus pra- tiquée aujourd'hui. Si on difoit que les variétés de figuiers , à qui la capri- fication eft: enêntielle,y ont été détruites , on avanceroit une allertion dénuée de vraifemblance. Les figues dont la maturité eft hâtée par ce

moyen , font d'une qualité médiocre. Elles font donc réfervées pour la

nourriture du peuple qui ne s'apperçoit pas, en les mangeant , des infeéles que les amandes peuvent renfermer.

Il y a des figues, telles que la BarnilTote & la Marfeilloife , qui font très-fucculentes, très-fucrées 6c'd'un goût exquis. Il y a d'autres variétés qui font très-sèches & fans faveur. Ce font-là les qualités extrêmes que les figues peuvent repréfenter. Mais il y a une infinité de variétés inter- médiaires. Il eft aifé de s'en repréfenter qui s'amolliiïent afiez pour être

mangeables , fans être afiez fucculentes pour empêcher les cinips d'y vivre & d'en fortir. Ce font fans doute des variétés pareilles que les cultivateurs élèvent encore aujourd'hui dans le Levant. L'influence des la cinips fe réduit à hâter la maturité des figues; mais , par ce moyen ,

récolte de ces fruits devient plus abondante , & cet effet devient très- précieux.

Selon M. de Tournefort , les figuiers qu'on caprifie donnent dix fois plus de fruits que des arbres de même groffeut fur lefquels les cinips ne fe reproduifent pas. Si cela n'eft pas exagéré, comme les figues fervent dans

les campagnes à la nourriture des beftiaux , &c comme, pour cet ufage, on doit avoir plus d'égard à la quantité qu'à la qualité, je pente qu'il feroit très-avantageux pour la Provence qu'on fît vetur du Levant les variétés

qu'on caprifie. Celui à qui on les devroit , s'alTureroit , à la fois , la recon- noiffance du Cultivateur & celle du Naturalifte. Tome XXIX, Pan. Il, 1786. JUILLET. G 2 ,

j2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dans les livres de Botanique on donne d'abord la defcription du figuier comme convenant à toutes les variétés. On fait enluite une énumération cette lifte plus ou moins longue de celles qu'on cultive ; ôi on termine par le captifiguier qu'on paroît regarder comme une variété unique. Ce n'eft pas-là le tableau de la famille des figuiers. Ou ne peut pis, fans doute, le rendre fidèle, paifque chaque variété forme un individu dillinâ:, & que le nombre de ces variérés elt infini. Mais en confidérant ces arbres du côté de la fiudtification on peut les réduire à quatre clafîes.

J. Figuiers qui ne portent jamais de fruits.

11. Figuiers dont les fruits ne font pas mangeables , & coulent toujours fans qu'on v puifle diilinguer ni fleurs mâles, ni fleurs femelles. lîl. Fit'uiers dont les fruits renferment des fleurs mâles & des fleurs parviennent à leur maturité femelles , & qui , fans être mangeables, & produiferit des graines qui fervent d'aliniens à des cinips. IV. Figuiers dont les fruits font bons à manger. Explication des Figures.

Flq. I. Pédicule foutenant trois éramines.

Fig. 'Z. Capfiiles de chaque étamine féparées. Fig. j. Etamine à trois capfules. Fig. u. Partie inférieure de chaque étamine devenue courbe à mefure qu'elle a perdu fa pouflière & qu'elle s'eft deflféchée.

Oifervations relatives à l'annonce d'un. Traité fur VOlivier , inférée

dans h Journal de Phyfique du mois à''Août IjS^ ; par M. Bernard, des Académies de Mafeille & de Lyon.

Mcflîeurs

Lorfque je lus dans votre Journal l'annonce du Traité fur l'Olivier de les extraits que vous aviez M. Amoreux , je fus furpris de trouver dans

publiés , des imputations trcs-injurieufes dont j'étois l'objet. Je vous

adrelTai mes réclamations ; il eiit été important pour moi que vous les eulliez rendues publiques tout de fuite. Mais j'cfpère que vous ne différerez pas davantage de leur donner une place dans votre Journal. M. Amoreux s'imaginent que l'Académie de Marfeille, en adjugeant le prix,avoit couronné un de fes Membres, & raifonnant d'après cette fauiïe

luppofition , s'cft permis beaucoup d'exprefllons peu mefurées & peu

honnêtes. Il a ofé écrire encore que l'Académie m'avoit permis de le cours parer , d'enrichir , corriger , amplifier mon ouvrage dans de huit ou neuf mois ; ce qui avait été fait avec autant d'art que de défavantage pour les Mémoires des autres concurrens.

Je n'ai jamais ofFenfé M. Amoreux : je refpede fes talens. En m'occu- lui que le défit pant d'un Traité fur l'Olivier , je n'ai pu avoir, comme , SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. jj

<1'c:re -utile. Le prix promis par l',\cac!éniie n'éioic pas proportionné à iiorre travail , & le laLirier qu'elle diftribue n'étoit que la plus foible des récompenfes que nous puOions avoir en vue. Je n'ai été reçu à l'Académie de MarfeiUe que quatre ou cinq moi» après l'adjudication du prix. La qualité d'Allocié, que j'avois lorfque mon Mémoire fut préfenté à cette Compagnie, n'a jamais privé perfonne du droit de concourir. Mon Mémoire fut. remis au Secrétaire long-tems avant celui de M. Amoreux ; & comme il a été imprimé dans l'état où

ilavoit été préfenté , il eft clair que je n'ai pas pu le parer , le corri- ger, Sec. aux dépens des autres ouvrages, L'Académie ne peut pas me refufet

un certificat de ce que j'avance , & je ne crains pas d'être démenti. Ces détails Tuffifent fans doute pour'détruiveaux yeux du Public les imputations de M. Amoreux. Mais il me feroit aifé d'établir plus folidement encore ma juftification , & de prouver qu'il m'eût été abfohiment impoffible de profiter en aucune manière de fon travail. J'invite les perfonnes inrtrijites à comparer nos ouvrages dans le recueil de l'Académie. Elles n'y trou-

veront pas cette multitude de fautes d'irrprtflion que M. Amoreux y annonce; mais elles découvriront dans fon Mémoire un très-grand nombre d'erreurs impardonnables qui ne m'étoient pas échappées.

EXTRAIT D'U N MÉMOIRE

Lu à l'Académie Royale des Sciences,

Contenant la Defcription d'un nouveau genre de Plante y Par M. FOUGEROUX DE BoNDAROY.

jLjA plante que je décris eft originaire de la Louifiane , aucun au'eur

botanifte n'en a, je crois , parlé ; elle mérite cependant d'être multipliée & connue à caufe de la beauté de fa fleur &: de La vivacité de fes couleurs tranchées. Cette plante annuelle peut s'élever aifément dans nos climats où

elle fleurit & frudifie ; elle fe garnit de fleurs qui fe fuccèdent dep'uis ]a mi-juillet jufqu'à la fin d'odobre & au-delà.

Si par la culture on pouvoit l'obtenir double , elle effaceroit la

plante fi multipliée dans les jardins fous le , nom de Reine-Marguerite y & que M. Bernard de Juffieu a procurée par des graines qu'il avoir reçues de la Chine, & qui fait maintenant l'ornement des jardins^Sc des parterres d'automne. Cette plante eft dans la claiïe des compofées de Tournefort, & rentre dans une des divifions de la fyngénéfie de Linné , qu'il a nommée Syngenejia , polygamia , frujlanea. ,

yi OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

Defcripnoti & caraclére de la Fkur.

Calice. Le calice commun efl: formé de deux rangs d'écaillés lon-

, S: gues , pointues non dentelées de couleur verte. Douze environ dans

chaque rang , les unes fe relèvent & entourent la fleur , d'autres fe rabattent fur le pédicule.

CoRûL.... La fleur efl radiée , compofée & à rayon. Dis demi-

fleurons neutres forment le bord ou rayon. Le centre de la fleur efl:

occupé par des fleurons hermaphrodites , fertiles , & des fleurons fe- melles flériles c]ui forment un difque arrondi de 6 àp lignes d'élévation. Les fleurons hermaphrodites & ceux te»nelles ont un calice particulier

couronnant l'ovaire , perfiftant ^ compofé de cinq folioles lancéolées

trcs-aigues , fe terminant par un filet. Ce calice recouvre prefque en-

tièrement la corolle qui efl: un fleuron tubuleux , s'évafant par fon extrémité en entonnoir. Son limbe efl divifé en cinq. (, fig. lO , u

& 12 , pi. IL )

La corolle des fleurons femelles a la même forme , le tube eft feu- lement un peu plus délié. Dans le fleuron hermaphrodite on voit cinq courts filamens qui portent des anthères & fe terminent par deux pointes comme un fufeau. Ces anthères font réunies en un petit cylindre au travers duquel traverfe le (ï^le-Cfig. ly, i6& 17) Pistil. Dans les fleurons hermaphrodites le germe efl turbiné, angu- leux, & repréfente en quelque forte un volant. Le ftyle efl délié & de la longueur de la corolle. Le fligmate eft divifé 6- en deux parties ouvertes & excède un peu la corolle. (Jig. 13 18 ) Dans les fleurons femelles flériles , le germe eft très-petit , on ne voie point de ftyle Se point de ftigmate. Semence. Une feule femence aux fleurs hermaphrodites, & placée

fous la corolle -, elle eft à quatre angles , pointue par fon extrémité

inférieure , obtufe &: applatie par l'autre , furmontée de 5* ou 6 écailles

en filets qui forment l'aigrette, , 20 21 terminées (fig. 19 , , 22 , 23 ) On ne trouve pas la femence dans les fleurs femelles.

Les demi - fleurons qui font à la circonférence , font plus longs qge

le calice commun , & s'étendent en rayons autour de la mafle commune. 6 & pi. Il) L'extrémité de ces demi- fleurons eft dentée {fi". S , 7 , très-profondément , en trois échancrures ( fig. 3. ) Toute la partie de-

- puis l'attache des fleurons jufqu'aux dentelures , eft colorés en dedans des dentelures & en-dehors d'un rouge vif , & depuis la pointe , d'un jaune citron. Ces demi-fleurons tombent. Réceptacle. Le réceptacle commun eft convexe, chargé de poils Se fétacés. 6- 8. toides (fig. ^ ) SUR VEUT. NATURELLE ET LES ARTS. yy Les fleurons hermaphrodites £c femelles font pofés fur ce réceptacle

commun, (fig-^ & 8. ) La fleur ell fourenue par un trcs-Jong péduncule. Plufieurs réunies forment un rameau. On voit par cette defcriprion que ce genre fe rapproche fur-tout par

la difpolîtion de fon calice commun, du /^j^.a'iî'c'i./cii/ de Linné, Oi''t'/(/c-o-

thcca de Vaillant ; mais les femences , au lieu d'être plattes & garnies

d'une membrane à quatre dentelures comme àans les Radteckia , font

futmontées d'écaillés à filets , comme dans les Helianthus de Linné , dont

la plante s'éloigne par la difpohtion de fon calice : ainfi puirqu'elle diftere de l'un & de l'autre de ces genres, nous croyons qu'elle doit en former un particulier. Les feuilles de cette plante font Amples, Celles du bas de la tige font dentelées profondément inégalement longues & , de 5 pouces &

demi, & dans leur plus grande largeur de 14 lignes ; tandis que celles des rameaux qui portent les fleurs, font peu ou point dentelées, & feu-

lement longues de' 1 1 lignes Car lignes Je largeur, (j £• y (fîg. i. ) La plante porte des feuilles de trois différentes formes & crrandeuri, les plus grandes font fur la principale tige & dentelées très-profondé- ment; des (econdes dentelées, mais moins longues, font au-deffL.s de

celles-ci & fur les rameaux ; enfin les plus petites & unies font fur les rameaux qui fupportent les fleurs.

Elles lont épaiffes, un peu velues , & divifées feulement par une

nervure longitudinale, affez relevée en deffous , profonde en dedans. Le péduncule de la feuille entoure la moitié de la tige & y adhère for- tement. Les feuilles féminales font allojigées & prefque point dentelées.

Toute la plante eft pubefcente , fe foutient & croît à la hauteur d'environ un pied & demi ou deux pieds. Chaque rameau & chaque

divifion de rameau eft terminée par un bouton à fleur ; ces boutons fe fucccdent les uns aux autres, de forte que, ainfi que je l'ai dit, cette belle plante eft garnie de fleurs depuis la mi-juillet jufqu'au mois

d'oâobre ou décembre , fi on la met à l'abri des gelées.

La couleur vive J*^ coupée de rouge tk de jaune de ces fleurs de 26 à

28 lignes de diamètre , donne un éclat fingulier à toute la plante. ifig.6&q.) Nous devons cette plante à M. le comte d'Effales, chevalier de S. rapporté Louis , qui en a les graines de la Louifiane. Nous l'avons eue

des femences recueillies en France , & que nous multiplions depuis

,. deux ans. Nous la nommerons: Gaillarda foins alternis lanceolath femiamplexanùbus , , Jloribus terminalibus amplis jubfolitariis purpureo flavis. ( adt. R. par. ) du nom de M. Gaillard de Charentonneau, qui aux devoirs de la Magiftrature ,

$6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

a fii réunir, comme délafîement , la culture des clanres & l'étude de la Botaiii(]ue. Explication des Figures.

Planche féconde.

Fig. I. Le bouton vu de profil avant que les écailles Ce foient féparées. Elles furmontenc le renflement qui fupportera les corolles des fleurs compofées. Fig. z. Ce même bouroii vu dans une autre pofition , & les écailles commençant à prendre une différente direction. Fig. j. Pétale ou demi -fleuron formant le difque de la fleur vu féparémenr. Fig. ^. Le calice commun vu de face Se dépouillé des fleurons &. des demi-fleurons.

Fig. 5. Le calice avec les demi-fleurons du difque qui commencent à fe colorer. Fig, 6. La fleur vue de face.

Fig. J. La fleur vue en deffous avec fon calice. Fig. 8. Monceau de fleurons hermaphrodites & de fleurons femelles. Fig. Q. Forme & figure des grandes feuilles d'en- bas. Fi^.JO. Fleuron hermaphrodite: au bas eft l'ovaire furmonté d'un calice

particulier à cinq découpures profondes , & d'une corolle en

tube élargi à fon ouverture , dans l'intérieur de laquelle on voit cinq étamines qui entourent le ftyle furmonté d'un fligmate terminé par deux pointes. F/j-.jj. Même fleuron dont les divifions du calice particulier font rabattues pour mieux voir fa corolle. Fig, /a. Même fleuron où l'on voit la corolle à cinq divifions, ainfi que les cinq étamines qui environnent le ftyle. Fig. jj. L'ovaire qu'environnent les cinq étamines réunies fur le flyle & le ftigmate divifé en deux. Fig. i^. L'ovaire furmonté de cinq aigrettes, Fig. iS. Etamines réunies. Fig. i6. Etamine feule. Fig. jj, Etamine vue de profil. Fig. j8. L'ovaire avec le ftyle &c fon ftigmate.

F/g. i^. L'ovaire feul ; la femence ou graine.

Fig, zo. Ovaire feul dont l'amande eft enlevée.

Fig. 2.1. L'amande feule. '

Ftg. zz, La femence en maturité , de couleur brune, furmontée de quatre aigrettes rang'ées fur la graine comme les plume^.d'un volant & de couleur blanche. Fig, zj, La graine feule, I^ETTRE SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. S7 LETTRE DE M. BRO LEMAN N,

A M. DE LA METHERIE;

Sur une proJuciion d:s fourneaux à manches de Poullaouen,

M ON s lEUR,

Vous avez donné au Public dans votre Journal du mois de janvier, l'analyfe faite par MM. Haflentrarz & Giroux , de l'Ecole Royale des

Mines , d'une production des fourneaux à manches de Poullaouen en bafTe- Bretagne.

Le réfultat qu'ils en donnent eft très-farisfaifant ; mais en nommant

cette matière faturnite, on a engagé M. Monnet , Infpeiîleur-général des Mines, à faire une réponfe dans le Journal du mois de , par laquelle il prérend que ce nom lui convient point parce la ne , que matière qu'il avoir découverte à Pouilaouen , Se qui par la fuite a été reconnue en

Angleterre , & nommée faturnite par M. KirWan , & après par M. Berg- manH , en Suède, doit avoir des qualités particulières que les martes de plomb n'ont pas.

M. Monnet dit : 1°. Qu'elle eft homogène. 2°. D une fui in très facile, même à la bougie. 3°. Qu'elle eft criftallifée en aiguilles après avoir été fondue. ^*. Qu'elle fe di/îipe à la coupelle avec une promptitude (ingulière. j". Qu'elle ne fe combine avec le plomb qu'autant qu'elle ell miné- talifée par le foufre. 6°. Que dès qu'elle eft privée de ce minéralifateur, on la voit couler à côté comme du beurre. Ceft d'après ces difFérens caradlères que M. Monnet tire fes conclu-

fions ; il dit que c'eft une matière particulière Si homogène , qui n'a aucun rapport avec la marte analyfée par MM. Giroux & HafTenfratz. la place Honoré de de ProfelTeur-pratique de Minéralogie , je croirois manquer à la confiance que le Gouvernement me témoigne, & en même-

tems aux progrès utiles de l'inftitution de l'Ecole Royale des Mines, fi je ae démontrois que la matière nouvelle que M. Monnet prétend avoir

Tome XXIX, Paru 11 , 1786. JUILLST, H j$ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ilécoiiverre, & qu'il donne pour une procludion de la mine de Poullaouen proprement dire, eit un fait aulli peu tonde que non-exiftanr. Le minéral que la mine de Poulluouen a donné depuis qu'elle a été finiple- exploitée, n'a éré qu'une pure & galène à grandes & petites tacettes ; 6i jufqu'à ma nouvelle découverte du filon au midi à centtoifes de diftance

Aqs, anciens travaux , on n'avoit jamais remarqué une mouche de cuivre

mêlé dans ce puilTant filon r c'eft de la blende & de la pyrite ferruc^ineufe qui accompagnent le minéral; fa gangue eft compofée de quarrz.defchifte & d'une pierte lablonneufe grife, qui ferr prefque généralement de bafe dominante dans tous les filons qui produifent une galène abondante en plomb &• peu riche en argent. Ce minéral fc traite au réverbère, où ou charge vingt-deux quintaux A la fois; on emploie feize heures de rems pour le griller & fondre: à cette première fonte, on obtient les fix- ieptièniesde plomb qu'il contient, & l'autre feptième fe trouve divifé dans environ trois cens livres de craffes blanches qu'on retire à la fin de chaque charge. Ces craffes blanches alors retournent aux fourneaux à manches, où on obtient toute leur teneur en plomb fans qu'il en réfulte aucune autre

matière; & les plombs de cette mine font fi purs, qu'à l'affinage ils lirhargent avec la plus grande facilité, & n'oilrent pus la moindre lilhatge noire.

Voilà, Monfieur , un fait avéré par l'expérience, & M. Monnet eft mal

inftruit quand il avance que je ne faurois définir la faturnite; difant que

depuis que je fuis à Poullaouen , on n'y a pas fondu de minéral de cette

mine proprement dite , ou du moins de celui qui contient de cette matière fingulicre.

j'ai Meiïïeu(s les propriétaires de Les comptes que rendus à cette mine , prouvent que depuis 17S1 j'en ai tait tirer & traiter au moins trois millions

pefans; il me fenible que cette quantité a pu fuffire pour faire un effai en règle. Venons maintenant à la matière qui fait l'objet de cette difcuffron. Elle eft une marte de plomb provenant des craffes blanches qui réfultent de la fonte du minéral de la mine d'Helgouet, qui eft d'une nature toute celle Poullaotien par rapport à la richeffe différente de de , en argent & le

cuivre qui accompagne prefque par-tout le minéral : on peut le vérifier fur

1^ lieux , ou par les échantillons qui doivent inceffamment arriver à Paris pour être dépofés au Cabinet national de l'Ecole Royale des , Mines.

La bafe de la matière en queftion , eft la combinaifon de la pyrite cuivreufe avec la mine de plomb. S'il éroit poftlble de féparer parfaite-

ment cette pyrite cuivreufe du minéral d'Helgouet , le traitement de ce

plomb feroit le même : on le travailleroic avec la même facilité que celui

de Poullaouen ; mais ces martes étant alliées avec des parties cui- vreufes, elles exigent, à la connoiffance de tout fondeur, des grillages SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. S9 dix à douze fois répétés , avant d'eu obtenir des produits nets & féparés.

Voilà, Monfieur, ce que j'ai cru devoir vous obferver pour prouver l'origine & le réfultat de cette matière. Il ne me refte plus qu'à répondre aux ditférens caradtères que M. Monnet a donnés à ces mattes, voulant les feire paiïêr pour une matière nouvelle. Il dit: 1°. Que cette matière eft homogène. Je réponds qu'une matière combinée ne peut l'être. 2°. Qu'elle eft très-fufibie, fondant même à la bougie. Rêp. C'eft vrai, & toute matte de ce genre l'eft. 3°. Qu'elle fe criftallife en aiguilles après avoir été fondue. Rép. Sa crirtallifation eft variée à raifon de fa teneur plus ou moins grande de l'un ou l'autre métal.

4°. Qu'elle fe diftîpe promprement à la coupelle. fait Rép. Elle paroît, il eft vrai , fe didîper à la coupelle, mais elle ne que s'y imbiber en partie, lailTant une croûte noirâtre. Pvemettant cette coupelle a'j creufet avec du flux, on en obtient facilement le produit avec très-peu de diminution. j". Qu'elle ne fe combine avec le plomb qu'autant qu'elle eft minéralifée par le foufre.

Rép. C'eft dans cet état qu'elle ne fe combine pas avec le plomb , elle fumage ftmplemenr. *^ 6°. Que dès qu'elle eft privée de ce minéralifateur, elle coule à côté comme du beurre. Rép. C'eft précifément le contraire, car dès qu'elle en eft privée, elle eft parfaitement métal & combinée. je vous Pour que vous puiftiez , Monfieur , en juger par vous-même, fais pafTer une petite boîte renfermant différens échantillons de ces martes; & quand vous en aurez le réfultat, je vous prie de vouloir bien convaincre le Public que MM. HaiTenfrarz & Giroux ont bien analyfé la matière le que M. Monnet a cirée comme nouvelle , & l'inftruire que nom de faturnite ne lui peut convenir qu'après de nouvelles conventions»

Je fuis , &c.

Au Pontpean , le 12 juin 1786.

^B'h

Tome XXIX, Pan. IL, i-j%6. JUILLET. H 2

EXAMEN CHIMIQUE

De la Pierre ollaire , appelée Craie d'Efpagne ^ Jle'atite Bayrentifchen fpeckftein de Bareith , ( ) ;

Par M. W I H G L E B :

Traduit de V Allemand par Madame PiCAKDET, de Dijon, ,

VjhTTE efpèce de pierre a déjà été examinée par M. Margraf , & on avec égale voir dans fes opiifciiles (i) , qu'en ayant traité une once

quantité d'acide vitriolique , il n'en retira qu'un gros de magnéfie & qu'il refta 7 gros de matière infoluble. Mais lorfque je confidérai d'une

part combien cette pierre étoit doitce au toucher , d'autre côté que des pierres de même efpèce avoient donné une proportion bien plus cette con/idérable de magnéfie , je commençai à douter que toute terre eut été réellement extraite dans l'opération de M. Margraf. Pour ce plufieurs fois qu'elle qui eft de cette expérience , l'ai déjà obfervé n'étoit pas en général aufîî sûre que l'on l'avoir imaginé. Dans le

nombre de ces pierres , il y en a dont l'union naturelle des parties

folubles avec les parties infolubles eft fi folide, que les premières ne

peuvent être diiïbutes par une feule diftillation de l'acide vitriolique , ou du moins qu'elles ne le font pas eri totalité. grains cette pierre Pour m'en afTurer , je mis dans une cornue 48O de

réduire en poudre fine , je verfai deffus ^6o grains d'acide vitriolique affoibli de 480 grains d'eau diftillée,&: je diflillai à ficcité. Le réfidu

fîit complettement édulcoré & féché de nouveau. Il n'avoit perdu de

fon poids que yo grains , il étoit encore fort doux & favoneux au

toucher ; je précipitai de la liqueur par le moyen de l'alkali , 5*6 grains de magnéfie mêlée de chaux de fer. C'en étoit aflez pour confirmer ma conjedure.

Alors je mêlai ifSo grains de nouvelle pierre réduite en poudre , avec 720 grains d'alkali fixe très-pur , & je tins ce mélange médio- crement rouge dans un creufet pendant une demi-heure. Après le refroi- diffement je pulvérifai la malle & j'en retirai tout l'alkali par l'eau diftiUée chaude. Il n'y eut dans cette expérience aucune trace de diflo- lution de terre quartzeuze. La poudre ainfi préparée & féchée fut mife

Tome 1 , page 15, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 61 dans une cornue de verre avec 560 grains d'acide vitriolique concentré

& 4.S0 grains d'eau , & la diftiUarion pouiïee à ficciré , le réfidu ayant

été lavé & bien édulcoré dans l'eau chaude , enfuite féché , fe trouva

pefer 280 grains ; il étoit rude au toucher, craquoit fous les dents iz n'étoit autre chofe qu'une belle terre quarrzeufe blanche. précipitai Ayant rafTemblé toutes les lefTives , je les d'abord par la

liqueur prulTique , & j'eus 22 grains de bleu de PrufTe , qui laifsèrent après la calcination 12 -grains de terre martiale. Le lurplus de la liqueur ainfi purifié de fer donna 200 grains d'une belle niagiiérie blanche ,

mais dont le poids , à caufe de l'humidité qu'elle receloit encore , doit être réduit à 188 grains.

Ainfi 4.80 grains de la pierre dont il s'agit (ftéatlte de Ctonftedt ) tiennent 280 grains de quartz. 188 de magnéfie. 12 de terre martiale.

400

(Ce (]ui fait au quintal quart^, de mdgncjie 5'8,3^ de S^,ï6 ^ & 2,5" de terre martiale ),

OBSERVATIONS MINÉRALOGIQUES

Faites dans le Dauphiné , depiiislafourcedela Romanche y jufqu^à la plaine de l'Oifans ^ en Août & Septembie iy85 ;

Far M. Dhellancourt, Ingénieur des Mines.

J_jA Romanche prend fa fource à environ deux lieues du VilIar-d'A- lêne, village qui fe trouve fur la petite route de Grenoble à Briançon. La diredion de cetre rivière à fa fource eft du fud-oueft au nord-eft; mais elle change bientôt & tniirne vers l'eft. Elle n'eft à fon origine que l'écoulement des glaciers iminenfes qui enveloppent prcfque toute la furface élevée des montagnes qui l'environnent. Cette rivière e(t

déjà volumineufe Si rapide au Villar -d'Arène , où elle s'ert creufé un

tir profond dans le fchifte argileux qui eft appuyé fur la bafe de la montagne appeliée la Sure. Montagne de la Sure. Cette montagne s'étend du fud-efl: au

nord-oueft ; elle eft fort élevée ; fa cîme eft toujours couverte de neige. Sa furface eft prefque par-tout aride & très-efcarpée. On n'y rencontre

que rarement quelques brins de fapins qui y végètent languiffaniment ; ,

62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le genre de pierre qui conflitue la maffe cie cetre montagne , eft la roche feuillerée primitive quartz & mica par couches minces alterna- tives , le kneifs des Saxons. Les couches de cette montagne font très-irrégulieres. On a découvert à fa futface plufîeurs filons de cuivre 6 de plomb. FiLON DE Plomb. L'un d'eux qui eft le plus élevé eft un filon de l'elpace tnine de plomb à l'état de galène ; dans de 4 à y toifes que j'ai pu fuivre ce filon à découvert , fa puillance m'a paru varier de 3 à

7 & 8 pouces : la pierre de la gangue ou la matrice du minerais eft le quarrz. Sa diredion fait à-peu-près un angle de 4^° , avec celle de la montagne. Il coupe perpendiculairement les couches du rocher. Quel- ques payfans du Villar-d Arène exploitent ce filon & vont vendre le plomb à Allmont où il eft nécefTaire pour fondre le minerais d'argent, de la mine des Chalanches. Filon de Cuivre et de Plomb. A quelques toifes plus bas, fur la même face de la montagne, et! un autre filon. Celui-ci a une direc- tion parallèle à celle de la montagne. Il s'incline de ij° au fud-eft.

Il fournit de la pyrite cuivreufe, de la chaux de cuivre bleue & verte , & auffi de la mine de plomb à grain d'acier fouvent ftrié. La pierre deminar.te de la gangue m'a paru être le quartz. J'y ai vu du Ipatti pefanr. Filon de Cuivre et d'Arsenic. Des payfans du VilIar-d'Arêne travaillent encore depuis peu à un autre filon qui s'eft trouvé plus bas face la que le dernier , toujours fur la même de montagne; mais dans un endroit moins efcarpé que les précédents. Ce filon paroît aufli autant qu'on en peut juger à-préfent , avoir la même diredion que la montagne & s'incliner de quelques degrés vers le fud-eft. On y trouve de la mine de cuivre jaune, quelquefois chatoyante & approchant pour l'afped de celle que les allemands appellent paon Jchwefel , queue de paon. Ce même filon fournit abondamment une pyrite grife très-chargée d'arfenic.

La pierre de la gangue paroît être auflî le quartz ; on y voit en outre une terre ochrtufe brune. J'ai vu encore en différents endroits de la furface de cette montagne des indications de filons cuivreux ou au moins pyriteux i?c quelques filons tentatives faites par les payfans ; mais les que je viens de décrire m'ont paru feuls jufqu'à-préfent mériter quelqu'attention particulière. Mine de Fer micacée attirable a l'Ajmant. Au pic du bec, l'une des cimes de cette montagne de la Sure , fe trouve une mine de qui agilToient très-fortement fer micacée. J'en ai vu plufieurs morceaux fur le barreau aimanté. Quelques-uns même fe font trouvés avoir deux pôles. Le pic du bec étoit couvert de neige lorfque je fus dans le pays. SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 63

Il pourroît être intérefl'ant fans doute de connoîcre mieux l'intérieur de la montagne de la Sure & d'y tenter queiqu'exploiration phi<; régulière que celles que pratiquent les payfans ; mais de grands obftacles s'oppoferoienc à la réuffite de cet établiilement. D'abord la difetre extrême de bois dans tous ces environs , où les hablransmême ne brûlent que de la fiente de beftiaux defféchée , les efcarpements & les précipices qu'on rencontre à chaque inftanr permettroient difficilement de bire fur cette montagne des chemins praticables même pour des hommes à pied. D'ailleurs ce pays manque de débouchés Se n'a que des communications difficiles &: irès- fouvent interrompues avec les plaines du Dauphiné Se le rcfte du monde. Quelques habitans m'ont dit que pendant l'hiver leurs maifons font enfévelies fouvent jufqu'aux deux tiers de leurs hauteurs par les neiges. Ces malheureux alors manquant de combuflibies, n'ont d'autres reflources pour fe lourtraire au froid qui les teroit périr , que de fe réunir dans les écuries ou les étables avec les beftiaux qu'ils y nourriiïent de fourrages fecs amafiés pendant l'été. La rareté du bois expofe auffi ces habitans

à manquer de pain. Ils récoltent , fur quelques pentes les moins rapides des montagnes , du farrafin & de l'orge , & cette récolte fuffit pour leur provifion ; mais leur embarras eft de cuire la pare qu'ils ont formée avec ces grains : aufTî quand ils ont pu ramafler aflez de bois ou de paille pour chauffer le four bannal du village , ils cuifent alors du pain pour pluûeurs années. J'ai goûté de leur pain cuit de deux ans , il étoit très-coiiipaLT:e & applati à-peu-près comme les bifcuits de mer, on eft obligé de le caflêr avec le marteau 5: de le laiffer tremper dans un Irquide avant de pouvoir le manger.

La rive droite de la Romanciie oppofée à la montagne de la Sure, efl compofée d'un amas de fchiftts argileux qui approchent de l'érat d'ardoife. Ces fchiftes font pénétrés d'une infinité de petites veines cal- caires. Ils recouvrent en grande partie les montagnes graniriques qui bordent la Romanche de ce côté, comme de l'autre, en s'étendant fur une dire

Il paroit qu'il a exifté à cet eirdroit un ballln confidérable dont les eaux ont dépofé fuccedrvement les bancs fchifteux qu'on y trouve. En exaniinant cette partie de terrein avec un peu d'attention , on vfjit bien- tcit que ces dépôts font une fuite nécedaire de la diredion des courans qui avoient lieu. Les eaux qui forment la Romanche viennent du fud- oueft. On apperçoit vers le fud-efl une gorge profonde à l'origine de laquelle ie n'ai pas remonté , mais dont la diredlion fait un angle de 70 à 80° avec la gorge plus large & plus profonde encore dans la- quelle la Romanche commence à couler au pied des glaciers. La réful- tante de ces deux diredions , fuppofant les forces égales, devoir tendre au nord nord-eft; mais les eaux de la Romanche ayant plus de volume, comme on en peut juget par la différente capacité des lits féparés des 6^ OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, deux coiirans , cette rivière a dd coufervet une influence proporticMinée à foti impuilion iuccellîve & dévier les eaux de la diredion nord nord- eft,en les amenant julqu'à lelL La rapidité du courant diminuant à niefure que les parties du flaide divergeoient & s'éloignoient de la

réfultante des deux direAions , les eaux dévoient arriver vers l'eft & ne conCcrver qu'un mouvement circulaire aifez toible pour laifTer dépofer dans cette partie les matières qii'ellfs charioient & y former des ater-

liffemens , ce qui efl; arrivé en effet. Ces dépôts fe font élevés peu-à-peii au point de former eux-mêmes une digue qui refTerre aâuellement les ea-ux de la Romanche dans un canal étroit & très-creux au pied de la montagne de la Sure. C'eft fur une partie de ces anciens dépôts qu'eft fitué le village du Villar-d'Arêne.

A environ 20© toifes d'élévation au-defTus de ce village , vers l'Orient,'

il exifte un lac qui étoit autrefois , dit-on, beaucoup plus confidérable ; les habitans aflurent qu'il décroît d'une manière fenlible. On ne lui voie

cependant aucune ilTue , mais on eft perfuadé dans le pays qu'il s'tfb

formé une efpcce de canal louterrein par leq'uel il va fe dégorger ddiis la Romanche. On croit que ce canal fouterrein paffe vers l'églife du depuis quelques années le terrein s'efl affaillé dans village , parce que

cette partie d'une manière allez marquée , & qu'il y a dans cette même

direiflion , fur le bord du lit de la Romanche , une fource profonde qui fournit beaucoup. Les eaux de ce lac font le produit de l'écoulement des pluies qui tombent fur les faces des montagnes Si des côtés qui l'environnent. Il n'eft entretenu par aucun glacier.

En fuivant le cours de la Romanche , après avoir quitté le Villar- pic fur une d'Arêne , on pafTe le long des bancs de fchifte coupés à hauteur de plus de 40 toifes. Quelques morceaux fufpendus menacent les voyageurs de fe détacher fur-tout dans les tems humides. On arrive

au village de la Grave , fitué fur la rive droite de la Romanche & on fuit des yeux, à la rive gauche, la chaîne de granité qui fe continue depuis la montagne de la Sure. Cette chaîne eft protondément fiilonnée de diftance en diftance par les torrens qui forment ce que les gens vaftes du pays appellent des couloirs ou combes , en tombant des glaciers

qui en couvrent les fommets. En été , lorfqu'un vent chaud vienfaugmen-

ter fubitement la fonte des glaces , ces torrens entraînent des quartiers rochers grodilfent tout-à-coup la Romanche & occafionnent énormes de , fur fes bords des ravages affreux. Le village de la Grave eft encore aftîs fur des bancs de fchifte; mais dont les pentes font plus douces qu'au Villar-d'Arêne. Les terres des environs font cultivées en plus grande partie. Après la Grave on eft obligé de quitter la rive droite de la rivière. On pafTe un pont de bois appuyé fur deux énormes blocs de granité. MiN£ DE Plo!ùB u'Echilose. Entre le village de la Grave & Loche, SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 5y

Loche , fur la rive gauche , fe trouve la mine d'Echilofe qui fournit du plomb à la fonderie d'Allmon. Cette mine eu précifément fous un

glacier , ce qui en rend l'accès rrcs-difficile à caulé des avalanches qui

Ont lieu fréquemmenx. Le très-mauvais cems qu'il fit pendant mon fé- jour dans ce lieu m'empêcha de viluer cette mine.

On croit à la Grave d'après d'anciens papiers qui en font mention j qu'il a filons fur y eu deux cette montagne , qui étoient exploités par des proteftans avant l'édit de Nantes que l'un ces filons contenoic , ^ de de l'or & l'autre du plomb, M. Schrieberg qui a vu cette mine &c qui

a même penfé y périr m'a dit n'y avoir vu qu'un filon de plomb qui eft un des plus beaux de ce canton. Après être defcendu la montagne d'Echilofe, on pafle à Loche, nom qu'on a donné à une efpèce d'auberge qui eft là ifolée. La Romanche continue de couler fuivant la même diretSion du fud-eft au nord-oueft dans une gorge appellée la gorge de Maraval. Elle eft bordée de rochers de granité & delcneifs, très-élevés & arides

qui donnent à ce fite un afpeift des plus fauvages ; la vue s'arrête de tems en tems avec étonnement & admiration fur des cafcades & des chûtes d'eaux , qui , roulant rapidement des fommités plus élevées des mon- tagnes , (e précipitent en napes brillantes aux endroits où le rocher à pic ne laifle plus qu'une furfacc perpendiculaire. fchifteufes Le lit de la Romanche eft jonché de débris des couches , ce qui donne à fes eaux un coup-d'œil noirâtre. Il y a aufll beaucoup de granités roulés. L'un d'eux m'a paru remarquable par fa beauté. 11 eft compofé d'un quartz verdâtre , de petits fchoris noirs&decriftauxde feld- fjsath d'un très-joli rofe. Je crois que ce granité vient des montagnes qui confinent la Savoye derrière la Grave , le Villar-d'Arêne , &c. du moins je l'ai remarqué en plus grande quantité dans les couloirs qui amèneuc les eaux de ce côté.

En avançant dans la gorge de Maraval , je ramaflài une efpèce de kneifs particulière, & dont la nature eft intéreffante. Il eft compoij de couches alternatives affez ferrées de mica noir & de fpath calcaire; je n'avois vu jufques-!à dans cette gorge que le kneifs ordinaire compofé de mica & quartz. Je ne tardai pas à appercevoir la montagne d'oii venoient les pierres qui m'occupoient. Elle étoit auftî élevée que les autres montagnes voifines; fes couches étoient à-peu-près horifontales , & plus rarement ondulées &: tourmentées que celles des autres montagnes de kneifs. La diredion de ces couches & celle de la montagne étoit la même que celle de la gorge. En quittant cette montagne qui avoit attiré mon sttention pendant quelques momens-, je commençai à découvrir le mont de Lans -, il femble d'abord une large maffe qui obftrue la gorge fans laifter d'iffue à la livière ; mais à mefute qu'on approche on découvre avec plus de plaifîr

Tome XXIX y Pan. II, 1786. JUILLET. 1 ,

66 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, les détails de cetre montagne. Un peu avant d'arriver au pied du mont de Lans j on voit encore des amasfchilleux trcs-confidérables cjui fornienc un grand ballln. La Romanche reçoit à cet endroit un torrent par lequel s'écoulent les eaux des faces du mont de Lans oppofées au fud-eft & au fud. Ce torrent vient joindre la Romanche à angle droit. C'eft lui fans doute qui a occadonné les arterrilTemens qui font dans cette partie , & a forcé la Romanche à changer la diredion de fon cours; car elle.-com- mence alors à couler du fud ouefl au nord-eft en entrant dans la gorge trcs-reilerrée , appellée la balme d'Oiis où certe rivière reprend enfuite à-peu près fa direction du fud-tfl: au nord-oueft. La balme d'Oris prend fon nom de la montagne qui occupe la rive droite de la Romanche , où eft le village d'Oris qui s'étend dans la même diredion que cette gorge & la domine en partie. Un-des flancs du mont de Lans occupe la rive gauche. Je vais d'abord parler de la montagne d'Oris 6i revenir enfuite au mont de Lans. La pierre conftituanre de la montagne d'Oris eft en général le kncifs la roche feuilletée à ou mica & quartz couches plus ou moins ferrées , Cjnelquefois le fchorl en roche pénétré de ftéatite. Les couches varient infiniment quant à leur diredion & à leur inclinaifon. Cette montagne eft cultivée & riche dans certains Cantons, fur-tout autour du village d'Oris, mais elle eft frcs-efcarpée dans beaucoup d'autres. Entre le village d'Oris & celui du Frefney eft une efpèce de combe affcz creufe formée par la chute des eaux des cimes fupérieures des rochers. Cetre combe offre beaucoup de fchifte dont les couches font ou trcs-inclinées ou perpen- diculaires. Entre ces couches il s'en eft trouvé de plus noires que les autres & capables de brûler, mais difticiletnenr. Les habitans ont extrait beaucoup de cette matière terreufe, & lui ont donné le nom de charbon de terre. Ils viennent même à bout de la faire brûler , & de s'en fcrvir l'hiver en la mêlant avec du bois. Ce fchifte noir particulier m'a paru exifter principalement dans les endroits où les eaux fe font infiltrées entre les couches perpendiculaires & y ont entraîné diverfes matières Si fur-tout des débris de végétaux que j'y ai encore retrouvés à demi-noirs, pulvérulens & comme dans un état charbonneux; il me fembleque les pyrites qui font aflez communes dans ces montagnes s'étant décompofées

.1 la laveur de rhiiniidité & de l'infiltration continuelle de ces eaux entre ces couches de fchifte, ont pu charger ces mêmes eaux d'une quantité d'acide vitrioliqiie fuflîfante pour charbonner les débris de végétaux qu'elles rencontreroient, & que ces parties charbonneufes étant dépofées & enfuite incorporées dans la couche fchifteulé, ont pu produire cette efpèce de charbon terreux.

La montagne d'Oris offre beaucoup de chofes intérelTantes pour les cabinets de minéralogie. On a trouvé dans différents endroits de la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 balme d'Oris , entre les couches du rocher du fchorl violet rhoniboi'dal, le

même oâacdre ; mais ce dernier eft beaucoup plus rare ; le fchorl vert , en

faifceaux d'aiguilles prifmaticjues , terminés par des pyramides obtulès tétraèdres. Auprès du village d'Hwes on trouve du fer micacé en

fegmens de pnfme hexagone , attirable à l'aimant , enfin l'efpèce de

pierre en macle, d'un blanc laiteux , éclatant & regardé par quelques naruraliftes comme feld-Jpath &: par d'autres comme fchorl blanc. Tous ces difFérens criftaux fe trouvent dans des cavités ou fentes des roches & fouvent dans l'argile entre deux couches d'un rocher en fchorl pénétré de Iléatité. On rencontre aullî quelques criftaux de roche contenant de la ftéatite verte ou blanche , des criftaux de fer micacé , des pyrites ,

du fpath pefant , du fchorl vert ou violet. La montagne d'Oris s'étend jufqu'à la plaine de l'Oifans & la Ro- manciie la fuit en confervant la même direction à quelques petites finuofttés près. Revenons à la defcriprion du mont de Lans qui occupe par une de fes faces la rive gauche de cette rivière & fe termine auffi à la plaine d'Oifans, à la jondion de la Vener.

La vue fe repofe délicieufement fur le côté de cette montagne , oppofé au fud-ert & à la gorge de Maraval. De beaux bois & des terres culti- vées qui fe préfentenc comme en amphithéâtre fur une pente très-étendue, contraftent bien avec les rocs arides & déchirés de la gorge de Maraval.

La pierre conftituante de la montagne à fa bafe , de ce côté, eft un

krteijs à couches aflez grollières , recouvertes de fchiftes en quelques endroits & inclinées vers la gorge de Maraval. Sa direcîlion eft du fud-eft au nord-oueft au tiers à-peu-près de la hauteur de la montagne fur la face oppofée à la gorge de Maraval. On trouve au-delTus des terres

cultivées un beau village qui porte comme la montagne , le nom de

Moni-de-Lans. Après avoir traverfé ce village , en continuant démonter,

on côtoyé un petit ruilTeau dans le lit duquel on remarque des granités roulés. On arrive enfin à une peloufe dont la p?nte eft alTez douce, & on apperçoit alors à fa gauche vers le fud-oueft une cime granitique qui s'élève à une grande hauteur. Cette cime eft recouverte de bancs cal- caires. A droite vers le nord-eft on voit les couches de la montagne s'élever le long du cours de la Romanche. Elles forment alors dans la balme d'Oris de grands efcarpemens à pic. Si on continue fa marche

vers le nord-oueft , on fe trouve dans une vallée affez vafte , à l'extré- mité de laquelle font conftruires une cinquantaine d'habitations. Elles appartiennent à des pâtres qui y demeurent pendant l'été afin d'être plus à portée de veiller aux troupeaux nombreux qui font entretenus

dans les pâturages de cette montagne. Ces pâtres ne pourroient pas y refter l'hiver à caufe de la trop grande quantité de neige qui s'amallè fur ce plateau. Auprès de ce hameau eft une efpèce de marais dans

lequel on extrait de la tourbe ; on ne voit aucuns vertiges d'arbres autour Tome XXIX, Pan. Il, 1786. JUILLET. I 2 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

de ce matais , ni même fur toute cette partie de la montagne. Cependant contient beaucoup de troncs la tombe qu'on extrait de bois de 2 à 3 pouces de diamètre, &c ces bois ne font que pénétrés d'eau. Ils ont confervé leur

couleur. Les payfans que j'ai queftionnés à cet égard n'ont jamais vu de bois furtoiue cette plate forme & n'ont jamais entendu dire qu'il en ait exifté

ni qu'aucun événement les ait ainfi enfouis ; peut-être ces bois étoienr-

ils fur l'une des pentes qui dominent cette vallée au fud oueft ou au nord-eft, & alors ils ont pu être entraînés par des avalanches &c entafTés confufément dans cet endroit. Après avoir traverfé le hameau & cette prairie qu'on a renconttée

avec furprife à cette hauteur , on n'apperçoit plus devant foi que des fommets de montagnes nues & chargées de glaces à leur cime, on a

à fes pieds une gorge trcs-protonde à laquelle on ne voit point d'ifîue •,

fî on veut viifiter cette gorge, on defrend pendant deux heures à travers de grands bancs de fchifte qui occupent le flanc de la montagne vers

le nord nord-efl. Cette partie prend le nom A'Alpe Je VcnoJ'que , à caufe du village de même nom firué au pied de cette lace de montagne

en tournant vers l'eft. Au tond de la gorge coule la Veneo. Cette rivière reçoit les eaux de la montagne même de Venojque & encore toutes celles qui viennent des montagnes au nord-ouell & au nord. Au-deiïus du village de Venofque & fur toute la partie de la mon-

tagne du même nom qui s'étend vers l'eft & le (ud-eft , le fchifte a difparu & on retrouve les couches de knàfs. J'ai remarqué auffi quelques

blocs de granité & quelques morceaux de grès micacé , mais ils paroif- fent y avoir été tranfportés. Les hahitans de Venofque exploitent aulTi dans cette montagne de prétendus filons de charbon de terre. La manière d'être ici de ces filons me femble encore venir à l'appui de ce que j'ai déjà dit plus haut fur leur formation. Ils fe trouvent entre des couches perpendiculaires de kne'ifs. Il y en a plufieurs à peu de diftance les uns des autres. Leurs direâions font parallèles, & ces filons qu'on peut fiiivre depuis le haut de

' la montagne jufqu'à fa bafe paroilTent très-fenfiblement s'être formés dans les filions produits par l'écoulement des eaux entre les couches

perpendiculaires de kneifs. J'ai rapporté quelques morceaux de cts filons , & j'ai trouvé auflî entre \t% couches beaucoup de végétaux en partie pulvérulents & noirs. Ces filons font tous très-étroits. Le plus large que

j'ai vu avoir à peine lO pouces de puifiTance. Ces efpèces de charbonnières avoient été annoncées comme des reiïources très-importantes' pour le pays d'Oifans & qui mériroient qu'on encourageât leur exploiration.il eft heureux fans doute que les habitans de Venofque trouvent là une matière utile à leur chaufage en l'employant avec leur bois ; mais je ne crois pas qu'on puiiïe compter pour la con- fommarion du pays d'Oifans , fur le produit de ces filons qui me ,

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6ç,

celle fembknt , par leur propre nature & par delà montagne dans la-

quelle ils exillent , ne pas promettre une fuite avantageiife. La Veneo qui coule d'abord dU|fud-ouefl: au nord-eH au bas de cette montagne eft torcée à demi-lieue de Venofque de changer de direc- tion par un torrent qui defcend avec impétuofité des montagnes de

glace à l'oueft & au nord , & qui l'oblige à courir du nord-oueft au fud-efl dans une gorge profonde qui porte le nom de gorge de Venolque. Entre les

fommités des montagnes qui bordent cette gorge , il fe trouve au pied

des glaciers , plufieurs lacs ; la plupart font en partie glacés eux-mé-nies; l'un des plus conlîdérables de ces lacs ell appelle le lac Loveuit. H arrive quelquefois lorfqu'une fonte conHUctable de neiges ou de glaces vient groflir tout-à-coup les eaux de ces lacs, que ceux-ci débordent, &:

rompant une partie des digues qui les retenoient , inondent toute la gorge de Venofque & vont porter la dévaftstion jufque duns la plaine d'Oifanis la à la joncftion la Veneo , où gorge de Venofque fe termine de ,

à la Romanche , à l'endroit nommé Lapis , au pied de la face du monc de Lans oppofte au lud fud-eft. La Romanche fort alors de la balme d'Oris où nous l'avons quittée pour faire le tour du mont de Lans. La

face du mont de Lans , au pied de laquelle ces deux rivières fe joignent offre de grandes couches de la roche de fchorl très-compaâe pénétré de ftéarite & coupées à pic, C'eft vers ce côté du mont de Lans, à l'entrée de la balme d'Oris que fe trouve le fchorl blanc demi tranfpa- rent & de forme rhomboïdale applatie , en criftaux fouvent empilés les uns fur les autres. Le père Angélique, récollet, qui a bien voulu m'ac- compagner dans mes courfes de montagnes , m'a dit que c'étoit lui qui avoit fait cette découverte. Ces criftaux fe font trouvés entre deux cou- ches d'un fchorl en roche très-dur & très-ferré ; une argile jaunâtre enveloppe ces criftaux. Ils fe trouvent quelquefois entremêlés fur le même morceau avec des fchorls violets , ou d'autres de même forme, mais encroûtés d'une efpèce d'ochre qui les empêche d'être brillans &C tranfparens,

La Romanche , après avoir reçu la Veneo à l'ifTue de la gorge de Venofque, coule dans la plaine d'Oifans en fuivantunediredtion moyenne du nord-oueft au fud-eft. La plaine d'Oifans a dans cette même diredlion de 5 à 4 lieues de longueur & environ une lieue de largeur. Elle eft cultivée en grande

partie & les terres y font allez fertiles ; mais fouvent le laboureur voie fes moilTons dévaftées & emportées par les débordemens de la Roman-

che , au moment où il étoit près de recueillir. La plaine d'Oifans eft terminée au nord-eft & au fud-oueft par une fuite de montagnes très-élevées & efcarpées contre lefquelles font adolTées fouvent des couches calcaires. Je n'ai pas eu le rems d'obfervet adez ces montagnes peur entreprendre de les décrire. Celle de la Gar- 70 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dette &C celle des Chalanches qui en font partie & qui me font bien connues ont été décrites d'une nianière trcs-intérefTante par M. Scbrei- berq , diredeur des mines de Monfieur , à Allmon.

SUITE DES EXTRAITS DU PORTE - FEUILLE DE L'ABBÉ DICQUEMARE.

Considérations zoologjquss.

V^j'EsT dans le règne animal que la nature déployé fa plus grande magnificence & qu'elle nous invite particulièrement à la contempler. ~ Elle fe dévoile prefque toujours en proportion de la fagaciré avec la- quelle nous l'obfervons , & l'art des expérience l'oblige quelquefois 3 nous faire part de fes fecrets. Ceux auxquels ces moyens ne font pas auffi familiers que l'étude des auteurs , croyant qu'elle fe cache obftiné- ment , cherchent à deviner ce qu'ils auroient pu voir , des méprifes accumulées les font divaguer à l'infini , Se ces écarts trop fréquens de d'un l'imagination , pris prefque toujours pour l'eiTor génie ardent , font ce qui s'oppofe le plus au progrès des fciences naturelles. Si la iimple infpedlion nous a fait plufieurs fois découvrir l'animalité oii nous ne foupçonnions pas même l'exiftence , l'expérience nous éclairera beaucoup plus fur la manière d'être de quantité d'animaux qu'on a dédaignés &c donc la connoiffance peut conduire à celle de la nature.

l'a fait ait Suppofer , comme on , que fon auteur formé des êtres

tout le leur exiftence , ne différenr animés qui , pendant temps de en le rien d'un animal qui dort , c'eft , j'ai lieu de croire , créer dts êtres d'imagination: mais défigner hardiment l'huître comme le prototype de

cette clafTe , c'eft certainement prouver une grande ignorance fur les

animaux de ce genre & fur beaucoup d'autres , ou faire un étrange abus du favoir.

Je ne crains pas de le répéter ! où a-t-on pu prendre l'idée d'un

animal privé de fens ? Ce ne peut être dans l'obfervation , encore moins dans l'expérience. Aucuns des êtres qui m'ont dévoilé l'animalité fous les enveloppes les plus grolîières ne l'ont fait que par les organes exté-

rieurs de leurs fens ; tous ont non-feulement un tronc , un ou plufieurs diftrid:s d'organifation dont la réunion forme le centre des fonctions

vitales, mais ils ont aufli des extrémités & des membres , ne fût-ce que des

lèvres ou quelque chofe d'équivalent , doués d'un fentimenc fin qui fe SUR VHIST. tiATURELLE ET LES ARTS. 71 manifefle d'autant plus que les corps font plus propres à faire impreffion fur tel ou tel de leurs organes , ou que les circonftances font plus ou moins tavorables, Eans l'huître qu'on a ofé nous repréfenter comme privée d'extrémités

& de fens , j'ai vu ( en tentant de belles expériences que je dévoilerai avec de grandes figures ) le diflrid organique de la fenfibilité fe niani- fefter au contraire par des extrémités très-étendues en comparaifon da tronc , terminées par un grand nombre de membres , le tout doué d'une fouplefle dont la plupart des animaux mieux connus font privés. Ce diftrid des fens eft donc dans l'huîrre beaucoup plus apparent que

ceux de la nutrition , de la circulation , de la génération , &c. Elle offre donc à la première infpedion intérieure tout ce qu'on ne lui foupçonnoit pas , elle n'eft donc point , comme on l'a fuppofé , un

animal quelle expreflîon ! borné à demi ,( ) une vie végétale , privé de mouvement , d'adion , de fentiment. Au contraire , elle furprend aTéa- blement le fpedateur par fon adivité , fon adrefTe , fa perfévérance à l'ouvrage. Elle fenihie ne dormir jamais lorfque fa forterefTe eil , pat quelqu'accident, ouverte à l'ennemi ou à l'œil avide de l'obfervareur, &c.

Dans ces circonllances , elle l'éclairé même , lui apprend que roureç les idées qu'on avoir voulu lui inculquer fur les réfultats des différentes orgaiiifdtions animales étoient des idées fa u (Tes , & que la diverfité qui fe trouve dans l'enveloppe extérieure des animaux , leurs extrémités , leurs membres, qui occafionne àti différences notables dans leurs adions, ne doit point faire difparoître cette grande vue générale qui ne fait qu'un tout du règne animal. Voir autrement n'eft-ce pas voir par une vue bornée ; qu'auroient donc dit ceux qui ont fuggéré l'idée de plu- fieurs natures animales, quoique, par une contradidion finCTuljcre , ils ad;iiiflent en mcme-tems une loi de continuité dans toure la nature î qu'auroient- ils penfé , dis-je, s'ils euffent fuivi cette même nature dans les détails de fon grand laboratoire ; c'eft-à-dire , à la mer, où fe fon: les opérations les plus nombreufes i"*; les plus variées r Là je n'ai encore apperçu , ni continuité entre les règnes , m leclion totale dans un même règne. Pcurra-t-on regarder maintenant l'huître comme un végétal éveillé, & les végétaux comme des animaux qui dorment: de pareilles idées ne elles la confuiion auiîî tendent- pas à , prefque diredement que celles qui nous aflîmiloient à l'huître, à l'oignon, à la machine? L'organifation les & adions d'aucun erre animé , quelqu'extraordinaire que lût fa forme , ne m'ont jamais permis de foupçonner qu'il manquât d'organes pour les fondions virales & fur-tout de ceux des fens qui lui font néceffaires , relativement à la place qu'il occupe entre les autres

êtres : mais ils y font fouvent voilés fous des formes & fous des cou- leurs qui ne permettent guère qu'à l'ail exercé de les diftinguer. •

72 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

Obfervons donc , tentons des expériences , c:ir fi notre gnorance fur Ja nature ne provient que d'inattention , quelle fera notre excufe

&qut;I jugement portera la pofté;i é fi elle oblerve mieux?

EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M, C R E L L, A M. DE LA METHERIE,

IVi O N s I E U R ,

M. Iflman a décrit la manière de faire un arbre d'étain. On difTout l'érain dans l'acide marin , on étend la dilTolution de deux à trois parties d'eau diftillée & on y ajoute un petit morceau de zinc qu'il ne faut pas laifTer un quart-d'heure. On le remplace par un tuyau de verre. — M. Hofman a prouvé que le (ne & les criftaux du berberis vulg. lin. contiennentl'acide faccharin combiné avecl'alkali végétal.— M. Sciiéele a démontré que l'alkali eft une partie abfolu ment nécefTaire aupirophore (i).

Je fuis , &c.

( i) On vient d'apprendre la trifle nouvelle de la mort de ce célèbre Chimifte. Note des Redaûeurs.

EXTRAIT D'UNE LETTRE

DE M. L'A B B É F O R T I S , A M. DE LA METHERIE.

JVlONSIEUR,

XL faut qu'il y ait eu bien de l'équivoque pour avoir joint à ma Lettre à M. le Comte de Caflini, imprimée dans votre Journal, mars 1786, le prétendu catalogue des poiiîons fofllles du cabinet de décèle la plus grande ignorance dans la perfonnequi l'a M. Bozza , qui fait J'ofe me flatter que vous voudrez bien en prévenir vos Ledteurs, & les alTurer que je n'y ai aucune part

Je fuis , &c.

Vemli , ce 20 mai 1786. LETTRE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7? LETTRE DE M. B ERTHOU T rAN-BERCHEN,

Secrétaire- Adjoint de la Société des Sciences Phyjîques de Laufanne ', AM. DELAMETHERIE.

JVl O N s I E U R ,

Permettez que je vous adreffe quelques remarques au fujetdes obferva- tions fur le bouquerin qui ont pa: u dans votre Journal du mois de mars 1786, page 225. Le bouquetin a été pendant quelque tems l'objet de mes recherches , & )'ai remis le 28 oiftobre 1785" à la Société des Sciences Phyfiques de Laufanne, une hiftoire-naturelie de cet animal. Je l'ai vu

plulieurs fois vivant, & j'ai pris des informations furies mœurs dans le lieu même où l'on trouve les plus habiles chalfeurs. Comme plulieurs des affertions de l'Auteur font contraires à mes propres obfervations & à des

faits connus de t^us les Z^oolognes, je ne crois pas inutile de faire voit

en quoi je penle qu'il s'eft trompé, & j'ofe me flatter qu'il fera perfuadé que je n'ai d'autre but que le progrès & l'avancement de la fcience. 1°. M. Girtaner avance à tort, ce me femble, qu'il efl le premier qui

diftingue l'efpèce du bouquetin , & lui donne fes caraiftères fpécifiques ; M. Daubenton a décrit les parties extérieures & donné l'anatomie d'un jeune bouquetin (i). M. Pallas a auflî donné une fort bonne defcription

de cet animal dans fes Spicdegia ^oologica (2). Il efl; vrai que fes mœurs

font, jufqu'à préfènt, peu connues , mais nous efpérons que le Mémoire

que nous annonçons , & qui paroîtra dans le fécond volume de ceux de la Société de Laufanne, les fera mieux connoître. 2°. L'Auteur dit que le bouquetin des Alpes diffère efTentiellement des

chèvre fauvages qu'on trouve fur les Pyrénées , les montagnes de la

Grèce & les îles de l'Archipel , avec lefquelles on l'a confondu. Nous remarquerons que l'on trouve duns ces deux derniers endroits & dans l'île la des brebis de Chypre, le mouflon (3), qui efl race fauvage , & que

perfonne ne confond avec le bouquetin : que M. Pallas y foupçonne auflî

l'exiftencede l'ogagre (4), qu'il regarde comme l'origine des chèvres; mais

( i) Buffin , Hld. Nat. &c. tom. XII , page \i6. (z) Fifc. X'I, pa^e 5--.

(?) Buff -n , tom. Xr , Hill. du Mouflon. (4, Spic. Ziol.fifc. Xll.pag. 47 & 48. Tome XXIX, Fart. II, 17S6. JUILLET. K 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

ce foupçon , fondé, en partie, fur ce que Bellon dit que l'on rrouvedans qu'on l'île de Crète deux elpcces de bouquetin , prouve précifément

a diftingué cet animai ; d'ailleurs, l'ogagre n'ed probablemenr qu'une race les eft aufîi dans cette efpèce. Le chamois , qui le trouve dans Pyrénées, diftingué du bouquetin par les Naturallftes. Il ne refte donc plus, en faic de chèvres fauvages dans les montagnes défignées ci-deiïus, que le bou-

quetin lui-même, celui dont il eft queftion dans ces obfervations & qui habite nos Alpes; non-feulement c'ell l'opinion de M. de Buffon & de

M. Pallas, qui dit (l) : Ihices itaqne parïter atque mujimon per omnes tractas aliijjlmonim montium temperaùorem Europam & Afiam uni- propa- verjam pervagantes ( (/e Africa enini nondiim confiât ) fpecieni in. garunt. Notïffimum eft. in. Pjrencis Htlveticifque Alpihus & Cdrpathi jugis lupcrejfe ; mais encore il fuflît de voir ce qu'en dit

Bellon (2), & de comparer la figure qu'il en donne ( toute mauvaife convaincre qu'elle ell ) avec celles que nous avons du bouquetin , pourfe que fon bouquetin de Crète & de Chypre eft le même que celui de nos

Alpes. D'ailleurs , fi cette différence conlille , comme le dit M. G. dans la

forme & l'énorme longueur des cornes du bouquetin des Alpes , elle eft nulle, puifque Bellon a vu & tenu dans l'Ile de Crète des cornes de cet

animal qui avoient quatre coudées, c'eft-àdire , fix pieds, ce qui eft beaucoup plus confidérable qu'aucime de celles des individus que l'on trouve dans nos Alpes; &: ces cornes ont auilî de groffes arrêtes tranfver-

fales. M, G. auroit donc dû , ce me femble, faire connoître, ce qu'il le entend par des bouquetins bâtards , & indiquer leur différence avec bouquetin fuiffe. 3°. En difant que M. de Buffon a confondu le bouquetin & le cha- trouve dans fcn mois , ce n'eft pas s'exprimer exaiftement , puifqu'on

Ouvrage la figure & la defcription de ces animaux , &: qu'il indique

les différences qui fe trouvent entr'eux : mais M. de Buft'on , en fuivant une idée plus ingénieufe & brillante que fondée, a voulu démontrer que

le bouquetin étoit l'origine des boucs domeftiques , tandis que le chamois

étoit celle des chèvres , & que par conféquent ces animaux dévoient être de la même efpèce (3). MM. Guldenftodt (4) & Pallas (y) ont combattu

fon opinion , & nous ajouterons ailleurs quelques raifons qui nous femblenr prouver encore mieux combien elle eft peu fondée. 4°, Ce qui diftingue le chamois de tous les autres animaux n eft pas, comme le penfe l'Auteur, d'avoir des cornes qui fortent en avant, qui

Il fafc. Spic, Zoo! , XII , page 33.

(i) Obferv. de BeOon , feuillet 14 reclo fig. feuillet 14 verfo.

(1,) BnfTon , tom. XII , pag. i 37. hifloria page (4 Schacale , Mém, de Peterfbourg, tom, lo , 449. (î) Spic. Zool. Fafc. XII. ,

SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. yj- font inclinées en dehors & terminées par un crocliet, puifciine le nat^or <5c fur-tout le nanguer , ont les mêmes caradères ; mais ce nui diftinque fes cornes , c'efl: (qu'elles ont le crochet en arrière, tandis que celles du na^'or & du nanguer l'ont en avant. j". Nous avons auffi obfervé que rétagne,ou la femelle du bouquetin , 11 a que deux mamelles , mais nous ne croyons pas que l'on doive regarder cela comme une différence très-eiïentieile entre le bouquetin &: qui le chamois en a quatre , puifque l'on fait que Je nombre des mamelles vajie fouvent dans la même efpêce , comme le rat qui en a dix ou huit, le turct qui en a trois à droite & quirre à gauche, le farigue qui en a cinq ou fept, fans parler des animaux domertiques où le nombre des mamelles varie beaucoup plus.

6°. Il me paroîr plus naturel de croire que les chamoifeurs ne fe fervent pas des peaux de bouquetins, parce qu'elles font rares & parce qu'elles

ne valent rien , & je me fonde fur ce que les chaffeurs en font un très- grand cas, & qu'ils les eftiment autant que celles de boucs. 7°. Il eft vrai que le bouquetin ne produit pas avec le chamois, mais l'Auteur fe trompe en afiurant qu'il ne produit pas avec la chèvre domef- tique. On peur voir à Aigle, dans le pays de Vaud , un bouquetin appri- voifé (appartenant à Vatteville, qui a M. de Gouverneur d'Aigle } produit avec différentes chèvres des petits chevreaux que j'ai vus & décrits. 8°. Les différences qui fe trouvent entre le bouquetin & le bouc ne font pas aufli elfeniielles que l'Auteur le penfe, puifque l'on fait que celles de la tadle & des cornes ne font nullement fpécifiques; les reifemblances entre les femelles font fur-tout très-grandes , aulîî j'efpère démontrer ailleurs que le bouquetin eft l'origine primitive de toutes les différentes races de chèvres. 9°. Nous fommes étonnés que M. G. qui a vu chez Pacard une étagne n ait pas décrit Çe% cornes qui font fort différentes de celles du mâle; nous les avons vues aul]î,& on en trouvera unedefcription dans notre Mémoire. 10°. M. G. en décrivant le caraèlère du bouquetin le dépeint plus vif qu'il ne l'eft véritablement. Il eft, à la vérité, plus grand & plus fort que le chamois, mais il eft plus lent, moins inquiet que lui, & plus facile à furprendre. 11°. En difanr que f unique endroit oiî l'on trouve le bouquetin eft la vallée d'Aoft , l'Auteur fe trompe encore, car il exifte dans d'autres vallées de la Savoie; mais c'eft dans la vallée de Cogne qu'il e(t le plus commun. Il n'eft pas douteux qu'il fe trouve auftî dans les Alpes de la Sibérie, le mont Taurus (i) , &c. & je fuis informé par une lettre particulière qu'on en a fait venir , il y a peu de tems , de fîle de Chypre pour le mufeum du Roi d'Efpagne. Si l'on fait attention que dans tous ces endroits le bouque-

(i) Spic. Zool. f.ifc. XII , paç. 51. Ihex Alpium Sibiricurum. Tome XXIX, Pan. II, ijS6. JUILLET. K 2 76 OBSERrATlONS SUR LA PHYSIQUE,

tin habite les monragnes ies plus froides, les plus âpres & les rochers les

plus efcarpés , on conviendra que cette manière de vivre tft phitôt un

effet de U nature que de la néceilîté , comme le penfe M. G. D'ailleurs,

il ne fe tient fur les rochers que pendant le jour , & il defcend dans les

bois élevés pendant la nuit ; enfin , d'où vient que le chamois, plus chafTé & pourfuivi que le bouquetin, habite cependant des régions moins élevées

que lui î Le bouquetin a fans doute été plus répandu qu'il ne l'eft , mais il nemeparoît pas probable qu'il ait jamais habité les montagnes fubalpines. 12°. Le bouquetin ne vit que d'herbes, fuivant M. G. cett'j aiïertion eft

encore contraire à ce que m'ont alTuré les chafleurs; fuivant eux, il fe

nourrit aulT: de jeunes pouffes des arbres & de lichen , qui comme l'on

fait, eft une nourriture fi fucculente, que l'on doit lui artrihuer la prodi- gieufe grofTeur du bois du rhenne qui en fait fa principale pâture.

Si vous jugez , Monfieur, que ces obfervations puiflent être de quelque je vous prie de vouloir bien inférer ma Letcte dans un de utilité , vos plus prochains Journaux. J'ai l'honneur d'être, &.'c.

le La Na:^ , prés de Luufanne , 4. Mai ljS6,

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

J\j.ACH IN E à battre les Grains ; par M. Rey de Planazu.

Deux hommes fans fe fatiguer font autant d'ouvrage avec cette machine, que foixante-quarre par le procédé ordinaire, dit l'Auteur. Cette machine eft compofée de plufieurs fléaux mus par un cylindre garni d'alluchon. Un homme par le moyen d'une manivelle fait mouvoir le

cylindre , tandis qu'un fécond poulie les gerbes fous les fléaux.

Confiiltation Medico-l.égale fur une accufation d'infanticide ; par

M. Chaussier. a Dijon , chez Louis-Nicolas Frantin, Imprimeur du Roi.

Marie Maire accufée de recelemenr de grofTelTe & d'infanticide, avoir ëté condamnée à mort par un premier Jugement de la Juftice des lieux.

Mais l'affaire portés au Parlement de Dijon , M. ChaulTier a difcuré en favant & en critique éclairé le rapport des premiers experts, & a fait voir quMs avoienc conclu tauffement que Paccufée éroit accouchée depuis elle peu. En conféquence a été renvoyée & mife hors de Cour , par Arrêt.

On ne fauroit faire un plus noble emploi de fes talens que l'a fait M. Chauflier dans cette circonftance. Aulîî n'en pouvoit-il recevoir une SUR L'HIST. NATURELLE ET LES JRTS. 77 plus belle récompenfe, celle d'avoir fauve la vie à une innocenre, Mài.s combien tant d'exemples multipliés doivent-ils rendre circonfpedb ea pareilles occaiîons & les gens de l'arc & les Magiitrats! Prix de l'Académis de Dijon.

' L'Académie des Sciences , Arts & Belles-Lettres de Dijon avoi^ propofé pour fiiJL-t du prix qu'elle devoir diftribuer dans 'fa féance publique du mois d'adiit 178^ , as déterminer , par leu'n propriétés rijpccliviis la diQérence ejjenticlle du phlog'ftiqne avec la matière de la chaleur. Dans le rnois qui a précédé le jour fixé pour l'ouverture du fans faite lui écrit concours , plufieurs auteurs, fe connoîrre, ont pour obtenir un plus long terme & avoir le rems d'achever le travail qu'ils avoient commencé fur ce fujet important ; mais il n'ëcoitpas au pouvoir de cette Compaf^nie de préjudicier au droit acquis à ceux des concurrens qui avoient envoyé leurs Mémoires, elle a donc procédé à leur examen,

î^ elle n'en a trouve aucun qui remplît fes vues : un feul des concurrens a cité le Traité du Feu de M. Schéele ; au fuiplus il n'a fait , ainlî que les autres, aucune mention dts expériences de MM. Black, \Y'ilcke,

Crawford , Lavoilîer , de la Place, Kirwan , 8(:c. &c. &c, c'eft-à-dirç., qu'ils n'ont connu ni les faits, ni les opinions qu'il falloit difctirer

Les Mémoires écrits en françois ou en latin , contenant dans un billet cacheté, le nom de l'Auteur , feront remis ou envoyés franc de port à

M. de Morveau .Chancelier & Secrétaîre-Perpccuel{l) , ou à M. Caillci,

Secrétaire-adjoint , avant le premier avril 1785) , ce terme eft de riç;usur. MM. les Savans étrangers font invirés de prendre les moyens néceffalres pour faire parvenir leurs Ouvrages francs de port, en les adreïïant à quelque correfpondant ou autrement; les paquets qu'ils expédient par la porte fans les affranchir jufqu'à Dijon ne font pas retirés. Le prix fondé par M. le marquis deTerrail Si par Madame de Cruiïbl d'Uzezde Montaufiet fon époufe,à préfent Ducheffe de Caylus, confinera

(i) L'Académie de Dijon vient de petilre (on célèbre Secrétaire M. Maret, qui fecours habitans de accouru au des Saint-Mamers en prpie à une épidémie , siprès arrêté les ravages de cette funede maladie avoir , y a XucCiOmbé; luî;niéniê. IJ à élé '•' l-"-Iu- remplacé par le célèbre M. de Morveau. -•-•' 1 im :,j(i, i;;.j,j 78 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

en deux iiiéJailles d'or chacune en valeur de 300 liv. portant d'un côté l'empreinte des armes & du nom de M. Poufficr, fondateur de i'Acadénie, & de l'autre la dévife de cette Société.

Note envoyée par MM. Struve & ExcHAçiVET pour leur Mémoire,

Journal de Phyjique , Février.

Page 1I7, ligne 11 , au lieu de, nous avons été afTez heureux,'

metle^ : nous avons réullï a.

Page 118, ligne 14. , exempte de goûr , mettes^: ayant un goût un peu acide, qu'elle a perdu après avoir eré lavée.

Page 118 , ligne 21 il retrancher : furpafTant en poids les & 22, faut ^ du fel fedarit employé.

Page 1 18, ligne 23 .au lieu de .-elle n'avoit point de goût , rnetie^: elle

avoit , comme la précédente, un goût un peu acide.

Page 120, lignes 2.1 & 22 , il faut 7etrancher : en aiguilles.

, lieu : n'a point de criftaux. Elle Page 120, lignes 3 j & ^6 au de donne rede graiïe même au bout de pluiieurs niois, inett-;^ : a donné au bout d'une année de très petits crillaux qu'on n'a pu Icparer delà liqueur graile.

Page 121 , ligne 22 , à l'alun , ajoute:^ après : à certaines proportions. Page 121 ligne 33, après le mot, l'eau, ajoute^ : G on ajoute une certaine quantité de ces terres à l'acide. iriJiflolubles lorfqu'ils font faits Page 122, ligne J, après , ajoute^: avec beaucoup de ces terres. retranche^ le mot beaucoup. Page 122, note i , ligne ç , qu'il mette^ : il. Page 123 , ligne 6 , au lieu de , , après le fufion ajoutes;^: de plufieurs terres Page 123 , ligne 9, mot , & pierres, mais il refufe de fe combiner avec le quartz, ainlî qu'avec

toutes fortes de verres ordinaires ; fi on le fait fondre avec ces matières ,

il ne s'y mélange point, mais il forme une maflé adhérente & léparée qu'on peut aifémen: reconnoîrre lorfqu'on le fait fondre avec du verre coloré.

borax : fur-tout lorfqu'on ajoute à ce Pace 126, ligne 7 , après , mette^i verre un peu de terre d'alun ou de terre calcaire.

.• final Page 126, ligne 15' , /•e//-a//4:/^i?^ <:w mofj nous ignorons le terme

où il ne fe fait plus de changement. lieu de : cette Page 126, ligne 18 , retranche^: un peu. Ligne 29 , au

combinaifon peut fervir, mctte^ , cette combinaifon paroît la plus propre à fervir. Addition.

que l'on farure à 1°, Un mélange , corapofé d'acide phofphorique , demi avec de l'alkali fixe végétal & auquel on ajoute une certaine SUR VJUST. NATURELLE ET LES ARTS. 7P le ciLiantiré de feienire oifijun; , donne , lorfqu'on fond à une douce blanc tranfparenr. Ce verre chaleur , une mafTe d'un verre dur , & ,

ainfi que ceux de tous les combinés phofphoriques , eft plus pt-fant que toutes les efpèces de verres ordinaires. Pefé , au ino)^n de la balance d'indiquer hydroftatique , le verre du mélange que nous venons , pèfe liv. pied &: le plus dur criftal fadice ne pèfe environ iSj \ , le cube , liv. le qu'environ 175 j , pied cube.

2". Pour réuflîr à faire ce verre en grand , on introduira le mélange dans une cornue de verre que l'on fera rougir légèrement pendant un certain temps, jufqu'à ce qu'il fe forme une maffe blanche, fpongieufe matière, qui & demi-rranfparente. On caffe la cornue & on prend cette ,

le plus fouvent, fe dérache d'elle-même ; on la fait enlulte fondre dans le précédent un creufet , à un feu de téverbcie , plus violent que j mais on aura foin de ne la mettre que partie par partie, parce que la matière bouilione un moment. Si on néglige cette précaution, une partie de l'acide

phofphorique fe volatilife en s'uniffant à la matière du feu , avant de pouvoir fe combiner à la terre, & l'opération ne réuffit pas.

3°. Ce verre , dont nous venons d'indiquer la compofition , paroîc être un des meilleurs que l'on puiHe employer pour fouder les métaux. Il eft même a.uHi bon que le borax. On peut fe fervir de l'alkali

minéral , tout comme de l'alkali végétal , & on met dé la terre calcaire

ou du gyps au lieu de felenite ofleufe ; ce verre n'eft que peu ou point

dilToluble , en raifcn de la plus ou moins grande quantité de ces terres ;

il eft trèî-fufible , coule bien fur les métaux & ne les corrode pas , tandis

que les verres phofphoriqucs dnTolubles , c'eft-ii-dire qui ne contiennent

que l'alkali &: Tacide phofphorique , ou fort peu de terre , corrodent

les métaux, & il faut beaucoup d'habileté dans l'ouvrier pour les employer.

On obfervera que le mélange que nous avons indiqué , doit toujours être en état de verre quand on voudra l'employer pour fouder. TA BLE

Des Articles contenus dans ch Cahier.

IVl É M O I RE fur les caufes de la fermentation vineufe & fur les moyens de perfeâlonner la qualité des Vins y par M. le Marquis

DE BULLION , page 3 Mémoire de M. WestrUMB ,fur Vacide du Sucre & l'Efprit-de-vin ;

traduit du Journal de Crell , par M. Cavillier , Elève de

VEcole Rojale des Mines , „ 8

Mémoire de M, Klaproth , fur le Sel de Proufl , autrement appelé ,

Bq obser va tio ns sur la P HYSI QVE^&c.

Sil perlî ; traduit du Journal ," , de Ckell , par M. Cavillier di L'Ecole Royale des Mines, il Mémoire fur la manière de déterminer l'élévation d'un fol au dejjus

, du niveau de la mer , conclue des ohfervations de la hauteur du

,- mercure ; par M. Pasumot , 13

féconde Lettre de M. l' Abbé Spallanzani , Profeffeur d'Hifloire-

Nàturelle dans l'Univerfité de Pavie , à M. Charles Bon NET, Membre des plus illuflres Académies de l'Europe, fur divers

objets foffiles ou relatifs à l'Hifloire-naiurelle des Montagnes ; traduite de [Italien Jur l'original imprimé dans les Mémoires

de la Société Italienne , Tome II , par M. S. D. M. 18

Recherches fur l'origine du Natrum ou Alkali minéral natif ; par

le Chevalier ; traduit l'Italien M. Lokgna de , par M. Champï ,

de CAcadémie de Dijon , 50 fervir l Hifloire-nalurelle Figuier Mémoire pour à du ; par M. Bernard ,

des Académies de Marjeille , de Lyon , &c. 4.5'

Extrait d'un Mémoire lu à l' Académie Royale des Sciences , contenant la defription d'un nouveau genre de Plante^ par M, Fougeroux DE Bondarov, yj

Lettre de M. Brolemann , à M. df. la Metherie , fur une produdion des fourneaux à manche de Poullaouen , yy Examen chimique de la Pierre ollaire , appelée Craie d'Efpagne fpecicitein /7û;- Sléctite de Bareith ( Bayrentifchen ) ; M. WiegleB: traduit de i Allemand par Madame Picardet, de Dijon, , 60

Objervaiions minéralogiques faites dans le Dauphiné , depuis la fource

de la Romanche , jufqu'a la plaine de l'Oi/ans , en aoiit &Jeptembre

1786 ; par M. Dhfllancourt, Ingénieur des Mines, 61

de l' Abbé Suite des extraits du Portefeuille Dicqvem\ke , 70

Extrait d'une Lettre de M. Creix , à M. oe la Metherie , 72 Extrait d'une Lettre de M. l'Abbé FoRTiSrtAf. de LA MhTHERiE,ibid.

Lettre de M. Berthout Van-Berchen , Secrétaire-adjoint de la

Société des Sciences Phyfîquesde Laujanne à M. de LA Metherir , 73

Nouvelles Littéraires , 7^ APPROBATION.

'A I lu par ordre de Monfêigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour J , titre : Ohrervàtionsfur la Phyfique ,f"'' l'Hiftoire Naturelle t^- fur IcJ Wus , &r. le CoUeftion par MM. RoziER , MoftGtz jeune & de la Metherie , &C. Lu de

.faits importans qu'il offte 4)É^iodiquemem à (es Lefteurs , mérite l'atteniion des Sa- -vans; enconp-quenf.ç jij-'çflyu^u'o|i,geut enpernieltre. l'impreflîon. A Paris, ce xz " ' " Juillet 17S6. . VÂLMONT DÉ BOMAÇE.

/y

JOURNAL DE PHYSIQUE. jjF Ij !'' I Août lySff. lii DE L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE,

Mémoire lu à une Séance publique de la Faculté

de Médecine^ le i^ Juillet l^S6 i Far M. BHRTHOI.LBT.

V-/N a remarqué depuis long-tems que la lumière exerçoir une aiflion particulière fur les plantes ; on fait que Jorfqu'eiles en font privées , elles prennent un accroiflemenc prompt; mais qu'elles manquent de vigiiear,

& que toutes leurs parties refient blanches ; cet etar, qui eft connu (uus le nom à''éi:oiement , a été l'objet des recherches de piuheurs Phyficiens. M. Ingen-Houz cc M. Prieftley nous ont appris qu'il fe dégagcoic de l'air vital des plantes expofées à la lumière; plufieurs obfervdtions faites

avec beaucoup de foin par M. Sennebier , &: dont j'ai repéré une partie, prouvent que Ci les plantes font privées de la lumière, il ne s'en dégage aucun gaz, & que la chaleur ne peut fuppléer Ih l'imicre.

L'illuftre Schéele , dont la Chimie doit fentir ri autant plus vivement la perte récente, qu'elle a fuivi de fi près celle de Bergman ,avoit remarqué que l'acide nitreux blanc &: dégazé fe coloroit en jaune , fi, après l'avoir mis dans un flacon qui ne doit être plein qu'en pa-tie , on 1 expof ne à

fi la lumière ; mais le flacon qui contient l'acide nirreux ell plein , il ne s'y produit aucun changement. Enfin , la lune cornée expofée à la lumière, noircit très-prorrp'emenr.

Tous ces effets ont été attribués au phlogiflique ; mais les progrès de la Phylîque ayant rendu l'hyp^rhèfe du phlogilUq'ie infuffilanre Se jnurile, ie me fuis prop:)fé de déremiiner par des expériences en quoi conhftoient les effets de la lumière, & en quoi ils d fil'roient de ceux de la chaleur. Les circonifances ne me permettent de préfenrer dans ce

Mémoire qu'une partie des obfervarions que j'ai faites fur cet objet. J'ai expofé à la lumière du folei! de l'acide marin déphlog fliqué dans un flacon qui en écoit rempli exaitemenr, "<; qui communiquoir pat un tube à un appareil pneumato-chimique i bientôt )'ai vu une grande quantité de t'ès-petites 'iiilles qui fe dég-igeoient de tous les côtés de la

• Jiqueur , & da.-,ç l'efpace . quelques jours il s'eft trouvé dans le vailleau Tpme XXIX, Pan. il, 1786, AOUT, L 82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, adapté au tube, une certaine ciuaiuité de fluide élaftique cjui éroit de l'air vital le plus pur : à niefure que cet air fe dé;',iigeoit de la liqueur, elle perdoit fa couleur jaune , Cs: à la fin elle n'avoir plus que l'apparence de

1 cMU. Je l'ai examinée dans cet érat ; elle ne détruifoit plus les couleurs bleues végétales , mais elle les rougilîoir , elle ne confetvoit qu'une très- foible odeur d'acide marin déphlogtRiqué , elle faifoic efFervefcence avec les alkalis ; enfin , l'acide marin déphiogiftiqiié avoit repris toutes les propriétés de l'acide marin ordinaire. J'ai déterminé par ce moyen les proportions d'acide marin , d'air vital & d'eau qui fe trouvent dans l'acidff marin déphlogilliqué, & je crois n'avoir laiiTé aucun doute raifonnable fur la coiTipolîtion de cette liqueur. A côré du flacon dont je viens de parler , j'en avois placé un autre qui etoit rempli de la même liqueur, mais que j'avois couvert de papier noir ; la liqueur de celui-ci n'a éprouvé aucune altération, il ne s'en ed: point dégagé d'air. J'ai expofé un niatras rempli d'acide marin déphlo- giftiqué à la chaleur de l'eau que j'ai conduite peu-à-peu au degré de lébullition , l'acide marin a commencé à un certain degré de chaleur à prendre la forme de gaz, mais les bulles qui s'en dégagèrent & qui étoient reçues au moyen d'un tube adapté au matras, dans un flacon plein d'eau froide , fe réforboient bientôt &c ne laillbient point d'air ^ de forte que c'étoit l'acide marin déphlogiftiqué qui prenoit la forme- gazeufe par l'adion de la chaleur , mais fans éprouver aucune décompo- f![ion5& en effet la liqueur qui reftoit dans le niatras n'avoit point acquis la propriété de faire efl'ervefcence avec les alkalis fixes. Un autre- matras rempli d'acide marin déphlogiftiqué ayant été expofé fur les- eharbons ardens, la plus grande partie de l'acide marin déphlogiftiqué sert pareillement réduite en gaz ; mais il s'eft dégagé en même-tems une petite portion d'air vital , & la liqueur du matras faifoit une légère tffervefcence avec l'alkali fixe. Cette expérience prouve non-feulement que la lumière agit d'une manière différente que la chaleur , mais qu'elle a la propriété de rendre l'élafticité à l'air vital qui eft dans un érat de combinaifon , & que c'eft en cela que confifte fon adion. L'expéfience- i'uivante va confirmer ce réfultat.

J'ai rempli un flacon d'acide nitreux blanc & dé;'a2é,& je l'ai expofé a la lumière du foleil , en le faifant communiquer par un tube avec un appareil pneumato-chimique; il s'en efl: dégagé dans l'efpace deplufieurs jours , une quantité affez confidérable d'air vital , & il a pris une couleur de plus en plus jaune. Or , l'on fait que fi l'on expofé à l'adion delà chaleur, de l'acide nitreux dégazé , il ne s'en échappe que des vapeurs

îin cas la lumière donne l'élafticité à une partie de l'air vital qui entre SVR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 8j

comme principe dans l'acide nitreux , & il fe forme une quantité propor- qui refte tionnelle de gjz nirreux dans la liqueur , parce que la niolcte , autre principe de 1 acide nitreux , devient furabondante ; dans l'autre cas la chaleur tend à dégager le gaz nirreuxj & ne peur donner l'élafticité à l'air vital. L'on voit donc à quelle caufe eft due l'oLTervation de Schéele.

Si l'on met, comme il a fait, de l'acide nitreux dégazé , dans un flacon

qui ne foit pas plein , & qu'on l'expofe à la lumière, il s'en dégage de l'air vital qui ajouré au volume d'air qui étoit contenu au-deflus de

l'acide nirreux, augmente la proportion de l'air vital qui s'y rrouvoit avant

l'expérience; de (orte que cet air l'a ttouve plus déplilogiftiqué , félon le

langage adopté par Schéele : efFe

il en fort beaucoup d air qui étoit dans un état de compreflîon ; mais

lorfque le flacon eft plein d'acide nitreux dégazé, il ne change point de

couleur , parce qu'il ne peut s'en dégager d'air vital.

Si l'on expofe à la lumière de la lune cornée couverte d'eau , fa furfac; noircit promptement, & l'on apperçoit une grande quantité de perices

bulles qui s'en dégagent i ces^tuUes font probablement de l'air vital, parce que celui qui eft combiné dans la chaux d'argent, tient très-peu

a ce méral , de façon qu'il peut en erre dégagé par l'adion de la lumicie.

Cependant l'argent n'eft pas réduit dans l'état métallique, il retient une petite portion d'air vital, parce que conformément à une loi des yfnnirés qui s'obferve généralement, l'adhérence d'un principe augmente àmefure

que fa quantiré diminue : c'ell dans cet érat moyen entre la chaux métallique & le métal, que fe précipitent de leurs diflolutions fur les

fubflances animales , l'or, l'argent & le mercure.

. On a imprimé dans le dernier volume des Mémoires de l'Académie de

Dijon , que M. Angulo avoir obfervé que le phofphore n'avoir point

d'atlion (ur l'acide marin déphlogilliqué; ce qui paroît , au premier coup-

d'œil, contraire à la théorie que j'ai donnée. J'ai vérifié l'obfervarion de

M. Angulo , & j'ai remarqué que la chaleur conmiuniquée par l'eau ou par le bain de fable, dégageoit le gaz de l'acide marin déphlogilliqué

fans qu'il pût être décompofé par le phof|)hore ; mais on n'a qu à mettre un morceau de phofphore dans un flacon rempli d'acide marin déphlo-

j^iftiqué, & l'txpofer à la lumière : bientôr l'on voir le phofphore devenir blanc, & la liqueur perdre fa couleur; elle perd aull] fon odeur, elle

Tougit le papier bleu ; Se li l'on y verfe de l'eau de chaux , il fc précipire

idu phofphate calcaire : par le moyen de cerre circonftance le phofphore

s'eAdonc changé en acide phofphorique , en dépouillanr d'air viral l'acide matin déphlogilliqué.

Je ne difcurerai point à préienr fi la lumière &: la chaleur font dues

à un même principe qui fe trouve dans un état différent , & (ï on peut

expliquer avec Schéele la différence qu'on oblerve dans leurs effets , en fuppofanr que la chaleur eft le principe d- la lumière fixe & combiné lomeXXlX, Pure. II, IjSÔ. AOUT. h 2 r4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE.

la lumière efl: ce niênie principe libre Si avec les corps -, pendant que qui jouit d'uncf élafticité & d'une vélocité extrêmement grandes: je me bornerai à examiner quelques conféqucnces qu'on peut tirer des expé- rien.es précédentes , relativement aux effets que la lumière produit fur l» vét^étation.

J'ai annoncé dans un Mémoire lu à l'Académie des Sciences au mois les plantes privées de la lumière perdoient d'avril de l'année dernière , que leurs couleurs, parce que l'air vital qui provient de la décompofition de lieu de s'exhaler fous la l'eau , s'unit avec leurs parties colorantes , au forme élaftique, comme il le fait à la lumière. La faturation des parties colorantes

étant achevée , l'eau celle de fe décompofer.

il Mais fi les plantes ont toujours été dans l'obfcurité, nes'eftpas même gaz inflammable de l'eau produit des parties colorantes , parce que le doit entrer dans la formation de toutes les parties huileufes, pendant que foti air vital fe combine avec la lumière qui le réduit en fluide élaftique. J.'eau ne paroît donc point fe décompofet fans l'affinité de la lumière, ou

fi d'autres affinités peuvent encore produire fa décompofition , c'eft du iDoins en beaucoup plus petite quantité. Telle efl l'origine de l'ait vital que MM. Ingen-Houfz, Prieftiey & Sennebier ont recueilli des plante»

expofées .1 la lumière, & telle eft la caufe de l'étiolement. Si donc la lumière eft néceiïàire pour que l'eau fe décompofe en quantité cette lumière fera pure plus cet efl^ec fuffifante dans la végétation , plus , la caufe pour laquelle les arbres doit avoir lieu s il me paroît que c'eft-là croiffent mieux lorfqu'ils font dans une expofition libre j& que ce n'eft

point de l'air dont ils ont befoin , comme on l'a cru ; il me femble aufS que c'eft à la pureté de la lumière qu'il faut rappotteïla rapide végé-

tation qu'on obferve fut les montagnes ; car on ne trouve ni dans la

température, ni dans la qualité du fol , ni dans celle de l'air, des caufes de ce phénomène; enfin, il me paroît probable que c'eft à caufe de la' pureté de la lumière ,que les montagnes font plus propres aux arbres

beaucoup de principes huileux , doivent avoir réfincux , qui contenant c'eft la befoin de dècompofer beaucoup plus d'eau , aulli pour mêm» laifon que les plantes qui y croiflent font plus fapides & plus aroma- combuftibles, tiques , & que les plantes étiolées font beaucoup moins ainfi que l'a obfervé M. Sennebier,

Puifque la lumière a une fi grande influence fur la végétation , na pourroit-elle pas en avoir fur quelques fondions animales? N'eft-ce point

à elle que feroient diis plufieurs effets attribués à l'air , à la chaleur ou

, eft-ce de-Ià à d'autres caufes? Peut-être , par exemple que dépendent les inconvéniens qu'on remarque dans l'habitude de fubftituer le fommeil du jour à celui de la nuit. La beauté du jour , la pureté du ciel ne fervent donc pas feulement a

prêter à la nature un charme pour nos yeux , elles concourent encore i la vivifier, La lumière, en favorifant la décompofition de l'eau ^ fait SUR VHIST. NATURELLE ET LES JRTS. 8;

exlialer des planres ]e principe propre à entretenir la vie des animaux ; le principe pendant que le gaz inflammable fert à compofer aromatique , les huiles, les refînes , auxquels elles doivent principalement leurs pro- priérés; & le foleil n'agit pas moins fur toute la nature par la lumière qu'il répand , que par la chaleur qu'il communique. OBSERVATIONS Sur la décomposition et kecgmposition des minéraux

en général ;

Par M. B £ s s o N.

XL fuffit de jetter un éoup-d'œil attentif fur les matières qui entrent dans la compofition du globe, pour reconnoître qu'elles ont été arran- gées & dépofées au moyen des fluides. Les obfervateurs qui confultent la nature en grand , conviennent que ces matières fe divifent &c Ce difTolvent journellement pour former de nouveaux corps , Se que c'eft un cercle perpétuel de décompofitions & de reconipofitions. Les cabi- nets offrent aux curieux & aux amateurs , qui ne font pas à portée de fuivre la nature dans fes laboratoires , des preuves aulli curieufes que multipliées de ces nouveaux produits. Sans entrer ici dans des détails Sc des defcriptions qui ne leur repréfenteroient que très-foiblement ces phénomènes , & ne les convaincroient pas comme la vue & l'examen des objets mêmes , on y renvoie les amateurs ; on citera feulemenc quelques eff'ets généraux.

M. Rome de l'Ifle a très-bien prouvé dans fon excellent ouvrage ; ^ue les cnjlaux doivent leurs jormaùons aux fluides. Quand les circonftances néceiïaires pour fe criflallifer , c'eft-à-dire , pour prendre caradérillique par certain de côtés une forme , un nombre & d'angles déterminés , ne fe font pas rencontrés , ces matières fluides ont fuivi dans leur arrangement leurs propriétés ordinaires , comme de s'écouler, d'envelopper , de couvrir & de pénétrer les corps fur lefquels elles fe dépofent: telles font entr'autres les ftalaclites pierreufes & métalliques, qui ont con(ervé à leur extérieur la forme d'eau durcie, ou de glaçons, mêmes canons cylindriques allongés, & même rondeur aux extrémités. Ces matières ont au(îî pris la forme & l'empreinte des corps fur lefquels elles fe (ont dépofées , ou dans lefquels elles fe font infinuées. Dans le genre filiceux, par exemple, les ftaladites de calcédoine &

, de jafpe les infiltrations capillaires & papiracées des quartz , quand la matière s'eft ramifée au travers de terres affez tenaces pour leur fervir de filtres ; ces dépôts minces , parallèles , qui ont commencé par tapiffer 85 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

la fuperficie des cavités , & ont donné naifTance à la première enveloppe qui tornie Jes géodes d'agare , qui fe font enfuire remplies plus ou

moins de criftaux : Ces nicnies matières quarrzeufes qui , après s'être

dépofées fur des criftaux de fpath fluor , de (path calc'aire ou autres,

en ont pris & confervé exactement les formes & la valeur des angles , les innombrables vénules, veines & filons de quartz qui traverfent des

roches & des minerais de toutes efpèces , ou qui remphirent d'autres ca-

vités qui renferment fouvent des drufes ou amas de criftaux , font autant

d'infiltrations : Des criftaux de quartz enfin , renfermant d'autres criftaux

ne la même efpèce , ou recouverts par des couches très-diftindes où il s eft mêlé des matières hétérqgènes , différemment colorées , recouvertes eniuite par d'autres couches plus homogènes , plus tranlparentes , au travers defquelles on voit ces difiérents travaux fucceftits de filtrarions & de dépôts: Les mêmes criftaux de quartz qui enveloppent des criftaux

de feld-fpaih , de fchoris , des pyrites & des minéraux.

Les feuillets de mica , des fibres très-déliées d'amiante, de l'or & de

Targent capillaires , ne font pas rares dans le quartz , l'agare & le jafpet

On ne dira pas que ces matières flexibles , d'un tiftu fi fin & fi caftant,

fe font infinuées , ou ont pénétré ce* pierres des efpèces les plus dures que nous connoilfions. Nous fommes au contraire forcés d'avouer & de convenir qu'il a fallu que ces matières filiceufes ftiflent dans un état parfait de divilibilité & de fluidité, pour faifir &: envelopper ces diffé-

rents corps , prendre leurs difiïrentes formes , s'infinuer & pénétrer

dans leurs interftices & leurs pores , les pétrifier H être par-tout dans un contacl parfait avec eux, au point de ne former enfemble, pour ainil dire qu'un feul & même corps. ,

On remarque dans les ftalaclires métalliques , les mêmes formes qu'on a décrites pour les ftalaftites filiceufes. Les hématites font cylindri-

ques & mamelonées ; on peut fouvent compter les dift^érenres couches

qui les compofent. Si elles ne font pas par couches , alors les cylindres

font ftriés du centre à la circonférence : l'hématite , quoique variée à

l'infini , doit vifiblement la bizarrerie de ks formes au fluide qui tenoit en diftolution la matière ferrugineufe. Ce fluide fï moule également &

prend la forme des fpaihs cubiques , des criftaux de quarrz & autres ; ces moules font auftî précis, auftl bien prononcés que ceux des matières

filiceufes , mais ils font plus rares. La malachite ou ftaladite ciiivreufea les mêmes formes & les mêmes

mamelons , aufii compofée de couches , dont les premières font en conraèl immédiat avec la roche ou autre mine fiir ler.-]uelles le fluide cuivreux s'eft dépofé. On répète qu'on n'a pas cherché à multiplier ici

les preuves dans ce genre; c'eft pourquoi on ne parle pas des décompo-

fifions & recompofitions multipliées en tous genres des minéraux , dont les exemples ne font pas plus rares que ceux qu'on a cités; on n'a voulu SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 87 indiquer que les efpcces les plus dures. Il n'y a pas de cabinet formé qui n'offre avec quelqu'intellii^ence , ces fortes de preuves & beaucoup d'autres à ceux qui lavent les y voir.

On regarde le granire comme la roche ancienne & primitive , telle qu'elle ell fortie des mains de la nature. Ceft donc dans cette roche qu'il faut chercher les premiers élénicns qui compofent les autres corps pierreux. Pour ne pas nous éloigner de cet objet , conlidérons ce qui fe paffe dans le granire même, on y voit quelquefois des fentes, des

CrévafTes , des filons qui fe font remplis de quartz purs. Les capacités plus étendues de ces filons font ce qu'on nomme tours ou mines de criftaux de roche , parce que c'ell: en effet dans ces fortes de cavités que fe trouve le criftal de roche le plus besu , tant pour la tranfparence que pour la grofleur , & qu'il en tapiffe les parois. Il n'y a perfonne qui au moins n'ait vu quelque grouppe , quelques amas de ces criflaux; on fe difpenfera en conféquence de les décrire : mais tout le monde n'a pas été à portéede voir que dans ces fentes il ya quelquefois des criflaux de feld-fpath & de mica criftallifés & groupés avec les criflaux de roche, & que le fond de ces cavités eff quelquefois rempli d'une pouifière verte fine , douce au toucher qui eft une vraie fteatire , , pulvérulente ,

qui , fe mêlant au Huide qui concourt à former le criflal de roche , trouble fa traiîfparence, y occa(ionne des accidens qu'on a regardés, fans examen , comme des mouffes & des herbes renternîées dans les

criflaux de roche. Cette pouflière n'efl qu'un mica verd , décompofé

par un fluide qui l'a charié 6c dépofé dans ces cavités , ainfî que les élémens propres à former des criflaux de quartz & de felJ-fparh. Ces mines de criflaux fe trouvent le plus communément dans les ruches de

granité qui couronnent les hautes alpes , & ce ne peut êrreque ces granités ayent fournir les propres qui pu matières à remplir les fentes de quartz , tapilTer les cavités plus & à larges des différentes crillallifations qu'on y voit quelquefois , parce quece font ordinaire.nent des crillaux de roche» Mais on ne trouve pas en même proportion le feld-fpath cu'îlalliféj

Si. il eft très-rate, en raifon du criflal de roche, quoique le feld fpath

paroiffe en proportion égale , & fouvent plus grande que celle du quartz dans certains granités. D'après ces faits il femble qu'on puilfe propofer les queftions fuivantes. Le fluide qui dccompofe le quarrz efl il plus abondant dans la natnre

que celui ou; déconipofe le feld-fparh î quel efl ce fluide , cet aoent ? Si c'efl le même, pourquoi a t-il plus d'bftivité fur le quartz , rnatière plus homogène, que (ur le feld-fpath? comment &: pourquoi le mica

fe trouve-t-il en poulTière dans ces cavités des granités ? y efl il paffé

dans l'état de fluidité & de diffolution, comme le quar-z &: le tcld-fpat.l î

pourquoi ne le trouve-t-on pas en mafle ou faifant corps ? des favans ^ui ont le bonheur de tout favoir & la fagacicé de tout expli(juef 8S OBSERVATIONS SUR LA PHYSJQVE,

donneront fans coure qucl'^ue jour des réponfes à ces cjueliions que le

fujer amène naturellemenr. O '. a déjà fait des criftaux de quarrz ou de roche , à ce qu'on dit , differens (avans s'en occupent même encore , on fera de même aiillî des crilîaax de ^el.^-fpath ii de mica. D'après les

réullïtes , la folution de ces problcivies fera peu difficile.

Enfin j tout annonce , tour prouve que les corps les plus durs du

ïègne minéral font journellement défunis , d^compofés & chariés par fluides quels qu'ils fiient ces des , , & que de difFérentes dillbJutions , ,' il va fe former quelquefois au loin de nouveaux dépTjts analogue? dans des lieux appropriés pour les rei-evoir. Il paroît également confiant la matière que de ces nouvelles formations eft fouvent plus pure , plus

élaborée que celles dont elles ont été dilToures , rémoins les criftaux de roche, ceux 'de teKl-fpath & tle mica, qui ne (onr que des recompolitions des matières enlevées aux granires : on ne fait pas mention des autres

criftaux in tous genres, pour ne pas forrir de l'objer préfenr ; ces crillaux ont des tormes plus confiantes , ils font plus rranfparens , ce qui ne peut provenir que de 1 homogénéité de leurs parries conrtituanres.

Un pafTage de l'excellent ouvrage de M. de Sauffure , Voyage dans

rappelle obfervarion j'ai les Alpes , page 5*54 , me une que fai!e,clle trouver ici peut place , puilqu'il eft queflion de la décompolu:on & recompofition des granités.

En 1778 on ouvroit des grandes routes en Limofin ; allant de Cahors

à Limoge , le terrein le plus élevé entre les polies de Douzenat &

Earriolet diftante de quatre lieues , eft tout compofé d'une terre argileufe jaune. Surpris de voir que tout l'encaifîement du nouveau chemin n'étoit compofé que de quarrz , n'en voyanr d'ailleurs nulle part , je cherchai d'où on avoir pu tirer une fi inimenfe quantité de pierres de la même efpcce , qu'on ne trouve pas en roches continues. Je reconnus qu'ils avoient été foigneufement ramaffés dans les champs , & forroient des roches fchifteufes , argileufes & ferrugineufes qui compofent tous ces rerreins , mais font décompofés à la fuperficie au moyen du fer , & palTés à l'état de terre argileufe. Ces quarts y formoient d'abondans filons qui rraverfoient en tout fens ces roches fchifteules. Plus indeP- truiflibles à l'air, le temps & le labour avoient infenfibiement amaffé ces quarrz fur la fuperficie des terreins, d'où ayant éré.tranfporrés fur

le grand chemin , ils procuroient le double avantage de favorifer l'agriculture &: de confolider le chemin dans un mauvais terrein. tout Forcé d'aller lentement fur un chemin couvert de pierres ,

marchant à pied , j'examinois ce qui m'environnoit. Dans difFérens

endroits efcarpés pour drefTet le chemii , on voyoit à découvert la ftrudlure intérieure de la roche fchifteufe, fes difFérens lits & feuillets, & que plus la roche approchoit de la fuperficie, plus elle ércir décompoféç

quartz étoient en place, il & à l'étal de terre : les veines & filons de y y en SUR LHIS-T. NATURELLE ET LES ARTS. 8p en avoit dd toutes dimenfions & dans toutes fortes de direélions.

En avançant je fus bien plus furpris de voir fur la gauche du chemin ,

dans ces roches fchifteiifes argiieufes , des veines ou des filons prefque

perpendiculaires j depuis moins d'un pouce, jufqu'à plus d'une toife de

largeur , remplies & compofées de quartz , de feid-fpath Se de micas fort étoient en plus blancs & fort brillans ; ces fubftances , quoique mélangées ,

, qu'il parties quartzeufes , de grandes maifes c'efl-à-dire , y avoit plus de feld-fpath, & de micas rapprochés à côté les uns des autres, qu'ils ne le font dans le granit ordinaire; il y avoit des micas de la grandeur d'une pièce de vingt-quarre fols & d'un petit écu , i^ les autres efpcces à pro- portion ; c'étoit un vrai granit à grandes parties. Il eft bon d'obfervet que ces filons de granit coupoient 5c traverfoient différens filons de quartz; qu'il étoit vifible que la roche argileufe , tou:e formée avec fes filons de quartz s'éroit fendue , & que fes fentes fe font remplies enfuite de rnatières granitiques. Cette obfervation me parut alTez curieufe & rare pour en faire le dérail, que )e copie de mon journal, & j'en emportai des

échantillons. M. le marquis de Cramayel , en connoifTeur , admira ce piiénomcne comme moi. AI de SaulTure, bon juge dans cette partie, qui a obfervé une chofe prefque pareille dans une roche de corne , regrette que l'exemple qu'il cite fait caché au centre des Alpes dans un lieu Ji peu à pon4e des amateurs de la Lithologie. J'ai cru devoir faire mention de mon obfer- vation , parce qu'elle efl dans un lieu commode, S<. à portée d'c-re vue partons ceux qui paffent fur cette route ; elle concourra avec celle de M. de Sauflure pour démontrer que le granit peut fe décompofer & fe reproduire au moyen d'un fluide qui tranTpcrre les élémens du granit dans des fentes où ils font dépoies Si criftallifent. L'obfervation faite en Limolin eft d'autant plus curieufe, que les filons fe trouvent dans un fchifte argileux , roche bien moins ancienne que le granit , fur une efpèce de plaine ou de plateau labouré; qu'on ne voit pas aux environs des roches de granit ou granitiques qui aient pu fournir les matières premières propres à remplir ces fentes &c ces filons : qu'il doit être arrivé de grands changemens à la fuperfiriede ces terreins, &: fait remonter la pofîibilité de ces infilrrations à des tems qu'on ne peut eflimer. Il faut voir à la page citée & fuivantes , les conféquences que tire de ce phénomène le favanc Naturalifte de Genève.

j'ai Avant d'arriver à Barriolet , encore trouvé fur le chemin une autre efpèce de granit fort belle, cimpofée de quartz gros bleu.ure^ de feld- fpa'h rouge & de beaux micas blanc-argentins , le tout en grandes parties ; de jolies dendrires noires, élégamment deffinées , font parfemées fur le feld-fpath. Dans d'autres granits du même canton, des feaillers fort fins de mica font difpofées en dendrites, en ramificarions , & forrnenc quelquefois des grandes gerbes divergentes & brillantes fort agréables à Tome XXIX, Part, II, i-jSÔ," AOUT. U ,

po OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

l'cril. CtiS granits font également de nouvelle formation ou des recom- pofiticns. On a donc eu raifon de croire & de dire que les granits en grandes maffeSjque ces pics élevés qui fiirniontent le globe, fe font

termes dans le fein même des eaux -, puifque de la décompolition de ces former mêmes granits nous voyons , pour ainfi dire , fous nos yeux s'en de nouveaux. Les fentes qui fe font enfuite remplies, ne font pas rares dans les granirs en grandes malles, ou primui!';. J'ai tenu un état de ces fortes

d'accidens. On les obferve aiillî commodément dans des immenfés

colonnes de granit d'une feule pièce , relies de la magnificence des

anciens Romains , qu'on voit encore à Rome , dans les énormes caves de

la Villa-Medicis , dans différentes flatues de granit oriental ou autres. Ces fentes font remplies quelquefois de quartz pur, ou d'an feld-fparli coloré diiFéremment, & en plus grandes parties que celui répandu d'ailleurs dans le granit. Dans les fphmx qui font au bas de la rampe qui monte au Capitole, ces fentes ont été remplies par des micas.

PRÉCIS HISTORIQUE

D'un coup de foudre tombée fur un Paratonnerre j avec

quelques idées fur l'effet des Paratonnerres y

Par D. Breitinger, Demon/Irareur public en Mathématiques

& Hijloire-Katureile , à Zuric.

JL-iE phénomène, arrivé le 22 avril de cette année 17815, eft une preuve

nouvelle de ruriliré des paratonnerres , dont on doit l'invention à

l'immortel Franklin. Après avoir fait le récit de l'événement , je ferai part de mes idées fur la manière dont le paratonnerre agit. Peut-être je réullîrai à effacer totalement la méfiance de mes compatriotes fur ce fujet, ou du moins de la diminuer.

Ledit jour, entre quatre & cinq heures du foir , la foudre tomba fur

le paratonnerre de mon voifin , dont la niaifon fait exactement face à la mienne. Son paratonnerre confiée en deux pointes de métal féparées l'une de l'autre, mais en communication par des fils de cuivre. Les deux pointes font élevées fur des perches fixées à la partie fupérieure du toît l'une du côté d'eft, l'autre vers l'oueft ; de la dernière pointe part le condudeur de fil de cuivre, va jufqu'à la gouttière qui communique avec un toît inférieur au premier, & de-là il reiïbrt de nouveau pour fe joindre avec un réfervoir d'eau dans la cour. -Près de cette maifon fe trouvent encore deux paratonnerres, l'un fur ma maifon , & l'autre fur une qui eft r

s UR L'HIS T. NA TUR ELLE ET LES AR TS. 5

c!a même côré que celle dont le paratonnerre a été frappé , du côté d'eu, l. 'orage s'avançoit du nord , à peine ou entendoit quelque foible bruit de tonnerre^ néanmoins la foudre tomba avec un fracas confidérable fur la pointe du côté d'eft du paratonnerre de mon voifin. Le feul dégât qu'elle produilît fut de fondre tout au plus trois lignes du fjmmet de cette

pointe, qui efl de ruivre limé à trois faces ; de- là elle fui vit le condu6teur, ielonj; du roît & de la niaifon entière, fans caufer aucun dommaoe. Dans

Ja mdilon , & aux environs, on croyoit fetitir quelqu'odeur comme de foufre ou de poudre à canon.

Mon paratonnerre éloigné tout au plus de foixante pieds de !a pointe frappée par la foudre, donna aulfi des preuves très-diftiniftes qu'une partie

de la matière éledriqiie lui avoir été communiquée: il eft ifolé & conllruic pour fervir aux obfervations. J'y ai combiné un éleètromèrre, un carillon,

un réfervoir d'éleclricité Cou bouteille de Leyde) ; le tout eft réuni dans une lanterne à côté de laquelle font ajuflées deux boules de métal pour former une interruption. A l'approche de l'orage on n'obferva pas feule- ment les apparitions ordinaires, l'écarrement de l'éleârromètre, le fon de mon carillon, lesétincellesentre l'interruption des deux boules-, maisi'éclac

du tonnerre occalionna auffi un I] fort ébranlement dans tout le païa- tonnerre,que!es vibrations de la pointe élevée dans l'atmofphère durèrent fort long-tems. Vilirant tout mon appareil je ne trouvai rien d'endom- magé ni à la pointe ni aurre part, ce qui eft une preuve. que la marièrs

électrique ne lui avoir pas été communiquée par une explofion , mais par

une (impie intulion dans la pointe. Voilà une expérience , la première

qui attelle fi dans notre vilie , évidemment l'utilité des paratonnerres, qu'il paroît impolîïble d'en douter davantage. On ne fauroit contefter des faits aulfi évidens. Pcrfonne ne nous difputera que ce paratonnere a éré d'uiie utilité évidente dans le cas préfent. Mais on demande: la foudre feroit-elle tombée également fur cette maifon , s'il n'y avoit pas eu de pararonnerre qui pijt l'avoir attirée î

Je vais tâcher de répondre .i cette objeârion en peu de mots , & de fixer l'idée qu'on diiir fe former du paratonnerre.

La Queftion principale eft de favoir : Si le paratonnerre attire la. foudre de loin ou non ? Pour y repondre , il faut bien taire attention aux circonftances qui pié cdent le coup de tonnerre. Les eifais d éledlricité nous apprennent que la matière éledlrique ne pal^^' jnmjis d'un corps éleiftruiue dans un corps non-éleiSrique, avant que le dernier ait fubi quelque changement. L'expérience nous démontre que chaque corps

éledrifé eft entouré d'une certaine armofphcre élefliique de même nature que celle du corps qu'elle entoure; cette stmorphère influe lut les corps adiacens & y repoulfe la même matière électrique que celle de cette atmofphère, ^ attire l'élediicité opp >fé "rlà ce corps obtient une Jomi XXIX, Fart. Il, 1786. AOUT. M 3 c,2 0BSERFAT10NS SUR LA PHYSIQUE,

éledricité oppofée , & devient éledrique ipar feparaiion (i). De cette nianicre le paffage du fluide éledrique d'un corps dans l'autre eft rendu

lion-feulement pollîble , mais facile ; car pour lors il s'enfuir une attrajîlion réelle, vu que les corps chargés d'éledricité oppofée agiiler,c comme les pôles inégaux d'un aimant. Si l'on veut maintenant faire l'application de ces expériences à l'éleclri-

cité dans l'air, il elt évident qu'un nuage orageux, pour pouvoir fe décharger par la foudre, eft obligé de fe taire un chemin par fon atmoP-

phcre , laquelle influe immédiatement fur ratmofphère générale, qui étant nnncn-conduclcur ,r\e donnera pas lacilement partage au fluide éledrique. Il faut donc qu'un corps non-éleclrique oucondudteur foit déjà bien près, pour que le nuage puilfe avoir d'influence fur lui. Si le nuage avance

contre la terre, il rencontre des corps de différentes forces conduArices, entre lefquels les métaux, fuivant toutes les expériences, font ceux qui

en pofsèdent le plus grand degré ; par conféquent la matière électrique chûifira par préférence le métal pour fon partage, & par cette raifon on

dit que le métal attire la foudre ; mais on voit d'abord que cette attraiflion ne peut pas fe faire à une grande diflance, qu'elle ne peut avoit lieu que lorfque la pointe du paratonnerre entre déjà dans l'atmofphcre éleiflrique. Nous avons artez d'expériences qui prouvent que le métal n'attire pas

l'éleâricité de bien loin ; nous ne voulons apporter qu'un feul exemple arrivé de même dans notre ville. La foudre tomba fut un petit b.àtiment à la diflance de près de cent pas de deux paratonnerres bien élevés. Si les paratonnerres avoient attiré l'orage, la foudie n'auroit pas manqué de s'y porter, car je ne conçois pas qu'un corps attiré par un autre pui.fTe parvenir à un troilième qui ne lui embarralfe pas feulement le che-

fî min. D'ailleurs , c'eft une expérience conftarée , que le fluide éledrique

s'efl: emparé une fois du métal, qu'il ne le quitte plus , auflî long-tems

qu'il n'y a point d'interruption , & même en ce cas il fait volontiers des

détours très-confîdérables. Ainfi il ne doit plus relier le moindre doute fur la vertu conduârice la plus parfaite du métal. Cominent donc la matière attirée (fuppofîtion faire qu'elle le foit de loin) de la pointe du paratornerre, fera-t-elle amenée à un autre corps où il lui feroic beaucoup plus difficile de parter ?

Le même exemple ci-defliis , confîdéré fous un autre point de vue; prouve encore que le métal n'attire pas de loin la matière élédrique. La

foudre tombée fur la petite maifon voifine du paratonnerre , frappa

premièrement la cheminée , comme la partie la plus élevée , & après cela elle fuivit le canal de fer-blanc formant la gouttière qui defcend

(i) On voit que je fuppole avec Simmen , Krazenftein , Wilke , Bergman;

Karflen , Forffen , Lichtenberg , &c. deux matières éleârlçiues , dont chacune féparéj ment fait l'être poCtjf de Frantlin, ,

SUR VEUT. NATURELLE ET LES ARTS. 53

jiifqu'au pavé. Dans cecas-là la toudre ne pouvoit erre arnrée par le méral

mais e!Je lui Icrvoir feulenient de coiidudltur , ce qui empêcha Qu'elle ne

6^' fî: du mal ; (î le mé'al avoit été prolongé au-dcllu'; de la clienmiee, jlors le condudeur partait n'auroit pas non plus lalllé endommager la cheminée. On objc(fle encore que les paratonnerre": étant élevés au-delTiis de?

édifices, entrent /»iir-/d phitôr dans l'atmofphère du nuage orageux , ou excitent la foudie iScla conduilcnt fur la niailon où làns cela elle ne feroic pas tombée. Malgté que nous pourrions parfaitement accorder la po(îîbilité& même la vraifemblance d'un pareil effet, parce qu'il n'en rélulte pas le moindre

danger , il faut pourtant remarquer qu'une fois le nuage s'étanr abailTé au

point de fouclier le paratonnerre , il fe releveroit tort difficilement. L'abaillement du nuage ell déjà une preuve qu'il cherche à fe mettre en

équilibre avec la terre ou une nuée voiline ; il baillera par conféquent

encore davantage, & ii par hafard le mouvement du nuage dirigé par le

vent liut une direiftion oblique, il faut qu'il fe p.écipite fur la maifon voiline qui fera frappée par la foudre. Puis-je donc par mon para-

tonnerre préferver mon voi/in du coup de tonnerre , jeleterois avec Je

plus grand plaifir ; du moins je fuis perfuadé pattaitement que je ne lui amène pas l'orage par mon condudleur.

Outre cela , il ne faut jamais oublier à ce fujer , de remarquer qu'on

termine les paratonnerres en pointes , parce que l'expérience nous démontre que le fljide éledrique s'infînue beaucoup plus tacilemenc dans les pointes que dans les corps arrondis, & par conféquent que là oii le palfage de cette matière ne fe fait pas trop brufquement ni

en trop grande quantité, l'équilibre fouvent eft rétablie , fans aucune

explofîon , mais par une fimple injedion dans la pointe. Puilfe cette obfervation contribuer à la tranquillité de mes com-

patriotes , & à l'avancement d'une invention aufli belle & auflî bien-

faifante de notre (lècle , & mes vœux &: mon but feront accomplis. En Amérique on la reconnut d'abord pour un don de la Providence. En Europe elle a éprouvé des difficultés & des contradidions pendant

très-long-tems ; mais à préfent , trop juftifiée pat l'expérience, on ne peut (jue la voit bientôt génétalement adoptée.

î^, P4. OBSERJ-^ATIONS SUR LA PHYSIQUE.

APPERÇU OU PRECIS

Touchant le traitement des Bêtes a laine en maladie ;

Par M. C A K L I E R.

>—> E T t F efquifTe a été annoncée à la page 4 1 des Remarques de Louis Llelot, Berger, (Paris, Gucfiier, I78jjlur l'uillrudlion de M. Daubencon pour les Bergers. J entre en matière fans préambule. Les maladies des bêtes i laine fe réJuift-nr aux efpèces fuivanres: \°. la fièvre^ (elle ies accompagne prelque toutes & rarement paroîc feule) la courba'ure. 2° La colique & les tranchées, la diarrhée & la conftipatikP. 3". l.'er'fluie & Tes brandies. 4.°. Le feu ou les maladies inflammatoires, y". La cale & Tes divilions. 6". La pourriture du foie, le 8°. gocrre , l'hydropifie , le tourny. -y". Le claveau. Le boitement, les plaies & les fraisures ; les épidémies font des maladies accidentelles & extraordinaires. Les maladies proprement dites viennent d'humidité ou de chaleur. II efl plus facile de les prévenir que de les guérir.

Je divife cet écrit en quatre parties : la première fur les moyens de prévrnir les maladies ordinaires ; la féconde fur les caufes ; la troificme fur les remèdes ; la quatrième cofitiendra des réflexions par forme de refîmes.

§. I. RÉqiME ou TRAITEMENS PRESERVATIFS.

Le propriét.'iire doit avant tout procurer au Berger les nourritures Se les fecours néceliaires , réformer & facrifier les individus de mauvaifa coMiplexion ou attaqués de quelque vice épidémique.

Je fuppofe un Berger vigilanr, inftruit de fes devoirs , ainfi que de la propriété nu'ritive ou médicinale des herbes cSc des plantes. L'ufage & l'expérience dans chaque loc^l, apprennent à diftinguer les qualités des herbages & des fourrages. Le bon érat du bétail dépend en grande partie de l'obfervation des règles qui fuivent : S'afTurer de ce qu'un troupeau pput porter de nourritures en herbages ou en fourrages ; lui procurer un ou deux repas chaque jour; cette réteiftioa fe nomme ventrée.

Une demi-heure de ventrée le marin ?<. autant le foir dans d» gras herbages, comme les regains, les trèfles, &c, fufiRt, même pendant les SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. p; fur les longs jours ; le refte du tems conduire coteaux , fur les friches ou dans les plaines arides.

Si les pâturages font maigres , on ufe de conipenfdtion.

Ces deux cas fe décompofent de cent façor.s : le point dépend de 'l'expérience.

Même attention par rapport au tems de faire boire , aux rations de fourrages à la bergerie ou dans les parcs domeftiques.

Il ell prudent de fevrer le bétail pendant la nuir , des alimens fucculens

ou (ubftantiels , tels que le foin , les dragées, luzernes, rreH'.-s, &c. alTorties circonftances, L'exercice , les nourritures aux la propreté & la falubrité des étables, l'œil du Berger, tels font les moyens, les agens principaux de confervation & de manutention des troupeaux. .Voici les cas où la tranfgrelTion de ces règles occafionne les maladies,

§. II. Causes des maladies.

1. Un mouton trop pouffé de nourriture en herbages ou en fourrages, gagne !a courbiUure au point de devenir percîu de (es membres.

2. Un troupeau mal nourri à i'étabie , fort affamé. Il trouve dans des

pâturages naturels ou artificiels , de quoi affouvir fa première faim. Il

mange avec avidité & fans choix , les nourritures qu'il rencontre. Ces

repas précipités font ordinairement fuivis de la colique , des tranchées , de la diarrhée ou de la conjUpation,

herbes tendres humides , la fauve la ravenelle le Les & , , coquelicoc , les joncs & en général toutes les fortes d'herbes ou de fourrages qui gonflent ou qui remplillent trop, produifeiit le même effet. 3. L'enflure des vents a les mêmes caufes. Celle de férofités donne Varaignée, efpèce de fluxion à la tête. Elle vient d'un amas d'humeur jaunâtre entre cuir &c chair. 4. Un bétail agité & tournienté par les chiens pendant les chaleurs, une marche ou un exercice forcé fur des terreins montueux, arides ou

fabloneux ; la privation d'eau, des alimens échauffans, acceffoiremenc

ou de leur nature , comme les épis après moilîbn , le lentillon , la \e(^ce,

les provendes où le grain domine trop , les fourrages auxquels on joint

l'ufage du fel , cent autres caufes territoriales analogues à celles-ci & ,

occalionnent des maladies de feu internes & externes , comme le fang

de rate, les maladies de /^ouffzo^ , principalement ïéchaudure ou adhé- les rence de ce vifcère aux côtes , dyj/enteries & Jlux de fang , Sic, l'éréfipcle &: autres incommodités du même genre.

j". L'infuffifance ou la mauvaife qualité des alimens , les vapeurs , l'air concentré Si la mal-propreté des étables trop étroites ou mal diftribuées,

la baie & pouffière des fourrages, la pareffe du Berger , font naître Ja

, le bouquet ou noir mujeau , les pous ; & fort fouvent le chancre Si \e fcorbut. çS 0BSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

6. Les herbes ombragées, humides, aqujriques & fpongieufes , fouillées

àe vafe ou imprégnées de rolée ; les eaux c ni les ou trop douces prifes à contre-tems , immédiatement avant les heures de repos ou la rentrée, foit au parc.foit à l'etable , ou au

Les herbes des guerets, des chaumes après moiiïon , les prairies artifi- cielles de trèfle, vefce, luzerne, fainfoin , &c. livrées à difcrétion , pro- curent une graillé H licjue & humide qui dégénère en confomptioii. 7. Un Berger qui n'eft pas attentif à éviter la rencontre des troupeaux forains qui voyagent & des troupeaux de Bouchers qui ont été achetés aux marchés , expole fon maître aux pertes 6c aux fuites terribles du claveau. 8. Les foins du Berger peuvent anflî prévenir les épidémies particu- lières de gale, de bouquet & d'araignée ; les boîremens , contuîions & fractures , ainiî que les plaies occalionnées par les piqûres , par les morfures des chiens. Le plus grand nombre de ces accidens eft prefquâ toujours le fruit de fa parefle.

La fièvre accompagne ordmairement la plupart de ces maladies , & fur-tout la conftipation. Elle aflede rarement teule les individus. On la prévient donc en écartant les maladies qu'il eft au pouvoir des Bergers d'éviter.

?. I IL Remèdes,

II y a des années où les contre-tems, l'acabit des fourraires, les

intempéries & divers genres d'incidens , mettent toute l'habileté humaine

en déFau'. Ils occafimnent dans les troupeaux les mieux tenus , des maladies qui obligent de reci urir aux trairemens & aux remèdes. Le traitenient des bêrts à laine en maladie fe réduit aux opérations & a l'ulage des ingré liens qii vont être nommés.

1. Courbature. On la dillipe par 1 exercice , les fridions, la diète &: les

eaux blanches , les fuppnluoires & les lavemens.

2. Colique & tranchées , diarrhée & conjlipation, La colique &: les

tranchées cèdent ordinairement à ces expédiens : battre avec les mains les

flancs iS^ le ventre de l'animal ; arrêter avec la main la refpiration & la

rendre par degré : caufer à la bête de petites convulfions en laiflant tomber dans les oreilles quelques gouttes d'eau qui lui font fecouer la tête & l'agitent fortement. Le mal fe pafle auflî en baignant par un tems favorable ou en verfant de l'eau le long du do-,. On obtient le même effet en ferrant les bêres les

unes contre les autres à la faveur d'un mur ou d'un bâtiment ; fuppolîroires

Çc lavemens d'urine humaine, d'huile , de lait ou d'eau beurrée, lorfque les douleurs ne ceffenc pas,

IJ SUR UEIST. NATURELLE ET LES ARTS. 97

Il faut laifTer un libre cours, aux diarrhées ; elles ont leurs périodes comme la plupart des autres dérangemens ; lavemens de vinaigre ou d'oxicrat lorlqu'elies durent trop : fourrages & pâturages fecs , abreuver

moins fouvent fi eUesfont caulées par rhunndité; provende aflortie. Eviter le partage fubit d'un régime à un autre. La conftipation fe guérit en infinuant du beurre dans l'anus de l'animal

pour amollir la fiente ; la tirer enfuite avec le doigt, ce qui le nomme

déjienter : fuppolitoires de favon ; lavemens comm3 aux tranchées. 5. Enflure. Celle de vents fe*traite comme la colique & les tranchées.

Occalonnée pat l'eau ou par un fang diflbus , c'eft hydropifie , goetre ou hidatides. Enflure de la têie ou ara'tgnce. Tenir la bète chaudement: pafTer dans la bouche un lien de genêt qu'on attache par-dclfus la tête, ou un bâillon dufureaupDur la faire faliver: ini:ifions,y ver'èr la liqueur d'un demi-feptier

de vinaigre dans lequel on a délayé une poignée de terre grafTe : quelques

pincées de fel & poivre au défaut de terre gralle : défienter ; lavemens.

•|. Feu, maladies inflammatoires. Internes, à la rate ou au poumon.

Flux de fang. Externes, erefipèle , rougeur à la peau. farinei Herbes & fourrages rafraiL-hilTans , eau blanchie de fon ou de

-, d'orge : baiiis fi le tems elt propre & fi la laine n'cft pas longue

lavement de lait coupé ou d'oxicrat félon les indications : fuppofitoires & défienter s'il y a obftacle: faigner au bout de la queue. Pour les érefipèles. Bouze de vache appliquée en topique lorfque l'érac

de la toifon le permet : liqueur d'une poignée de terre gralle délayée dans

une chopine de vinaigre ; blafer ou humecter avec l'urine de vache dans laquelle on a fait bouillir du genêt. (3indre de beurre roux les boutons après l'éruption.

Les poumons fe déchargent naturellement par la voie des nazeaux , des humeurs qui s'y aniaffenr. On en entretient l'écoulement en débouchant les les conduits : on le facilite ou on l'excite en fouftlant dans narines , un peu de fel pilé. La toux la plus opini.ure n'a des fuites fâcheufes que quand le foie

eil attaqué. Les petits vers qui la provoquent fe forment aux poumons &

montent jufqu'à la bouche par la trachée artère. L'animal les rejette en

toulTant. L'oxicrat eft très-propre à nettoyer les premières voies.

L'échaudure ou adhérence du poumon aux côtes , ell beaucoup plus

dangereufe. La faigiiée ell un foible remède : on a recours avec plus de fuccès aux eaux blanches, aux régimes ratraîchiffans & Lumeclans. Elle peut durer dix-huit mois & deux ans. Après quelques lemaines de fe couvre de traitemens infrudueux , ôi fouvent dès l'origine, le poumon cloches d'eau qui cèdent rarement aux remèdes recherchés & difpendieux,

Aux premiers fvmptômes fâcheux, il faut tuer la bête. Tome XXIX, Fart. Il, 1786. AOUT, N <;8 OBSERVATTONS SUR LA PHYSIQUE,

5". Gale & bouquet. Fous. Chancre & fcorbut. i Gale. Séparer du troupeau les premières bêtes arraqnées. Litière

fraîclîe & propreté des bergeries : tliinigation à'a[fu fœtida. Le meilleur traitement e(l celui de pouiler l'Ininieur au-dehors par de bonnes nourritures. Provende de feigle ou d'orge &c de baie de blé,

faapoudré d'un peu de fleur de fcufre : éviter tout ce qui peut faire rentrer l'humeur. Découvrir les parties de la peau où les boutons paroiflent, appliquer

la bouze de vache : humeâer avec le réïîdu d'une poignée de genêr^ autant de réveil-matin bouillis dans deux pintes d'urine de vache ou de

ro'.ilTi de fumier à confilhnce de gelée , chaiifFé & étendu fur un linge. La gale raillante qui afTefte l'épidernie à quelques places feulement, fe diffipe en grattant ou chiquetant la peau. L'humeur fort: alors on mouille l'endroit avec l'eau ou la (alive de tabac. Ce remède eft toujours caultique,

dangereux en tout autre cas. L'humeur rentre , fe dépole au poumon ,au foie ou à d'autres vifcères: elle dégénère aullî en araignée, bouquet, chancre & fcorbut ou en complication épidémique.

Bouquet. Gale épaifTe qui couvre le deflus du mufeau : même traite-

ment qu'à la gale; amollir les croiJtes par une couche de beurre , les

enlever avec le dos du couteau ; eau ou falive de tabac. Pous. On les détruit en humeûant la peau avec la décoâion d'une demi-livre de côtes de tabac cuites dans deux pintes de vinaigre. Chancre le grain fe frottent & grain , fcorbut. Le chancre & avec l'extrémité d'un bâton garni d'un linge trempé dans une infufion de vinaigre, d'ail & de tioivre: enlever les grams ou cloches mûres, avec une

pièce de fix liards ; blafer la place comme ci-deffus : autre infulîon d'une petite poignée de féconde pelure de iureau 6c d une demi-once de fel dans une pinte de vinaigre. Les puftules remplies de pus, s'écrafent avec un morceau de genièvre & fe blaient avec une infufion d'une poignée de fauge, autant d'hylTope, demi-once de lel dans une chopine de vinaigre. Le fcorbut eft la fuite d'une enflure d'araignée, d'un noir-mufeau ou

de chancre mal guéri : frotter la partie avec l'eau de vitriol , une once dans trois demi- feptiers d'eau. La poudre de vitriol détache ou mange les chairs mortes,

6. Pourriture defoie, hidaiidcs ou cloches £eau , goitre, hydropijîe z tourni. Il n'y a de remède que dans le principe, lorfqu'on commence à apper- cevoir du jaune ou de la lividité dans le contour des yeux & des gencives.

Si la caufe du mal eft l'humidité , il faut nourrir au lec. On tire douce-

ment la laine du ventre vis-à-vis le foie. Si elle quitte , c'eft une preuve que le mal eft fans remède. Point de refTource contre ITiydropifie. Les

hidatides qui en font les avant- coureurs , fe pafTent allez fouvenc en changeant les nourritures* SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. '^9 l'eau On peut ouvrir le goùre par ure incifîon , pour épancher & le nerroyer avec l'urine humaine. L'expédient réuflic rarement. La

fuppuration prolonge les jours de l'animai , mais au détriment de fa fubdance.

Je ne connois qu'un remède contre le tourni , vertige ou avertin ,

lorfqu'ii eft caufé par des vers au cerveau : c'ell de faire tomber quel- ques goûtes d'eau-de-vie dsns chaque oreille. lefquelieî 7. Claveau. On le prévient comme )'di dit. Les bêtes , fur on apperçoit les premiers boutons, doivent être affommées & enfouies la part du berger & dans un trou profond ; éviter tout contacl de des gens qui approchent du troupeau. iVIc ues précautions & remèdes à'ajja que contre la perte. Fumigation de vinaigre , de genièvre ou

dans la b;rger:e , en iaiflant tomber lue fœûda , deux fois le jour gouttes une brique rougie au feu , ou fur le bialier d'un réchaud , des la graine de de vinaigre , des particules à'ajja fœûda , des brins ou de genièvre. Frotter de vinaigre les endroits dégarnis de laine. J'ai vu plu(îeurs troupeaux ainlî préfervés pendant la grande épidémie de

éri^ Lctfaue le mal a pris le defTus , il faut lalfTer agir la nature. J'ai témoin de l'ufage infruftueux des droguer que j'annonce au traite S<: révolution des de quelques autres. 11 faut attendre avec réfignation , la les bas-fonds fc les trois" lunes , fe cantonner bc évtter pardeffus tout gras pâturages. Il y a peu d'épidémies qui fe reffembient. On remarque dans la pourriture plupart , les caraftères d'une gab rentrée qui dégénère en , en le échaudure , en niflée purulente , &c. le grain , le fcorbut , charbon même & les accidens du claveau fe montrent aflez ordinairement dans le cours des épizooties. Je ne connois point d'autres remèdes que celui contre la pelle; le vinaigre avec une infufion d'ail ou de gennane. On en frotte l'intérreur de la bouche & les parties du corps oij paroifTent les fymptômesdu mal. Lave- fumigations provendes fourrages mens de la même liqueur ; ; &

afTortis aux indications. Attendre piur le furplus , la fin de la période.

8. Maladies d"accidens : boitement , plaies & /raclures. Le repos efl le remède du boiremenr qui vient de lallîrude. Les fabots

corrodés , endommagés par les urines , la fiente , la vafe des mirais , Sic.

doivent être détergés & grattés. On les graiiîe de beurre non-lavé , de faindoux, & on les couvre d'un linge l'efpace d'un jour. On biafe les conrullons avec l'eau-de-vie & Is favon battus.

Les petites plaies , comme les piquures , excoriations & morfures , fe giiérilTent ordinairemen: d'elle-mêmes. Pour peu qu'elles commen- ?. cent à caver , on les nettove avec l'eau de fel l'on y verfe quelques

gouttes d'h'ji le très-chaude. Djis tous les autres cas, on en accélère la Tome XXIX. Part. II, i-j36. AOUT. N 2 100 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, giiérifon par des gouttes lait de , du beurre lavé , non-lavé ou roux ; di fain-doux ou de la graifre de bouc.

Le meilleur remède contre la fiipp>uration , eft un mélange devin , de miel &: de fleur de farine de froment.

L'oignon de la plante appelée tue-chien ou eolchfcjue , commune prefque par-tour rlàns les prairies, a la vertu de nettoyer les plaies invé'- térées, du pus & des vers qui -s'y engendrent. On écrafe une portion Ai l'oignon pour l'y appliquer. On le contient par un linge. Les membres démis fe remboîtent comme aux hommes. On ufe d'éclilTes dans les fradiires. Elles font enfuite recouvertes d'un linge tienipé dans le blanc d'ceuf battu.

§. I V. Résumé et .Réflexions.

On voit par ce qui vient d'être dit que la confervation des troupeauif dépend principalement de l'inrtlligence, de la vigilance &: de l'expérience du Berger, du régime & des nourritures alTorties aux circonftances. L'indication & l'application des remèdes font naître plufieurs fortes de réflexions. L'habileté d'un Berger dépend principalement de favoir ufer des alimens ordinaires en provendes , fourrages & pâturages , comme dtr lemèdes en maladie , eu égard à la vertu de chaque forte , humeûante ou rafvaîchillante, échauffante ou propre à rejfuer.

C'eft en effet ce qu'exécutent tous les Bergers intelligens dont j'ai fuivi la conduite & les opérations. Ces propriétés varient & différent comme les climats & les températures. De-là naît la diveilité des noms & des eiffts attribués par les Botanilles.à une même plante , & le danger des reaièdes généraux propofés pour toutes les provinces d'un grand empire. * La pharmacie d'ingrédiens ou niédicamens pour les moutons doit fê réduire aux fortes qui fuivent : tabac, foufre, vitriol , ajfa fœtida , fel &C puivre. "< Blé avoine , feigle & orge en provende , farine ou fon de ces grains pour les eaux blanches , riz & millet où ils croiifent : lentilles & dragées , trèfle, fainfoin & luzerne.

Ail, graine, baie ou bois de genièvre , écorce & fleur de fureau.

Vinaigre & eau-de-vie: vin , cidre & bière rarement.

Lait de vache ou de brebis : beurre lavé, non lavé & roux , Tain-dou« vieux-oing; bouze de vache, eau de rouflî. Urine iiumaine.

Huile d'olive , de cade , de chenevis oa qualités analogues à ces trois fortes : favon , terre graffe , argileufe. La faignée doit être employée feulement dans les cas urgens de ma- ladies inflammatoires , & cela parce que la plupart des maux provienneac SVR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. loi id'indigeftion. La plus falutaire réfide dans l'expédient de tirer du fang foit des incilïons ou en retrunchanr du bout de la queue , par un nœud ,

foit par une excoriation ; ce qui procure fouvent l'effet falutaire du flux hémorroïdal.

Les meilleurs bergers réprouvent toutes les fortes de potions , les gargarifmes exceptés. Ils eftiment que les breuvages propres à foulager

les individus , doivent être donnés en lavemens. L'urine d'un homme

fain & bien conftitué , eft le meilleur des fluides.

Ils excluent l'ufage du vin , de la bière & du cidre. C'efl cependant une faute fréquente de donner du vin à l'animal dont la ùmé commence à foufFrir quelqu'altération. Cette précaution a prefque toujours des

fuites bled ou eft le feul funeftes. Une poignée de d'avoine remède ,

au lieu du vin , de la bière ou du cidre. Toutes ces denrées fe trouvent aux fermes 8c chez les propriétaires de troupeaux. Les bergers peuvent les modifier par des m.atières ufuelles & équivalentes relativement au climat & aux produdions. Ces réflexions excluent naturellement l'ufage des drogues pro- prement dites, La propofition eft fondée fur des raifons bien fimples.

Les médicamens des chirurgiens ou apothicaires de campagne , ont

fouvent perdu leur vertu par leur long féjour dans les boutiques : ils

rengregent le mal. Les dofes d'ailleurs font difficiles à déterminer , eu

égard aux qualités. Le plus grand nombre des fermes t-ft éloigné des bourgades Se des villes. Le maître & le berger ont rarement le rems de fe déplacer. D'ailleurs le traitement par les bonnes drogues eft trop

difpendieux : le prix d'une bête feroit bientôt abforbé par les premières dépenfes d'une cure en règle. Pour peu que les fymptômes annoncent une maladie longue ou

incurable , telle que l'échaudure , la pourriture du foie, l'hydropuie , &c,

une colique ou des tranchées très-aigues , il faut tuer la bête pour en fauver la chair Si la peau. Je ne me fuis étendu ni fur les fymptômes ni fur la définition de

chaque maladie , parce que cet écrit n'eft qu'un apperçu : les nourri-

ciers & les bergers , pour l'ufage defquels il a été compofé , les connoit fent toutes par les termes qui les annoncent. 102 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

NOUVELLE MANIERE DE PRÉPARER LE PHOSPHORE AVEC LES OS;

, Traduit de V Allemand de M. Crell ^ par Madame PiCARDET, de Dijon.

L'A préparation du phofphore , un des produits les plus curieux de

la chirr.ie , a été rendue plus facile & moins difpendieufe par la décou- verte de M. Cîalin. On tait dilloudre dans l'acide nitreuK de la corne

de cerl , calcinée à l'ordinaire ; on précipite de la ditîolution la terre

calcaire par l'acide vitriolique ; la licjueur filtrée, on en iépare l'acide nirreux par la dillillalion aprèfe ; cela , l'acide phofphorique reftanc ,

mêlé avec la poulTIère de charbon , donne le phafphore. J'ai répété

cette expéiience , ainfi que plufieuts autres Chimiftes , & elle a toujours

eu le même fuccès. 'S\. Gahn , M. Poulletier & particulièrement M.

Nicolas , emploient l'acide vitriolique pour dilFoudre les os Ck dégager

l'acide pholphorique (l) , ce que le premier n'approuve pas , niêine

diP.s la dernière méthode , parce que la croate félénireuie empêche

l'adion de i'acidtf vitriolique : on peut cependant atteindre fon but , & M. Wiegleb regarde même ce procédé comme le plus avantageux. Ces procédés ne font cependant pas les feuls pour obtenir le phof-

phore des os i la chimie oiFre plus d'une voie pour remplir le même objet. Je vais en indiquer une qui a auffi fes avantages & qui fournit un nouvel exemple de cette vérité répétée dans les ouvrages des Pbilo- fophes , que chaque pas décide de nouveaux progrès , & qu'une décou-

verte en amène toujours plufieurs autres ; quelle que puitTe être la valeur

de la méthode que je propofe , elle tient immédiatement aux nouvelles découvertes de M. Schéele. J'ai fait connoître comment M. Schéele étoit parvenu à décompofêc

ia mine de fer limoneufe naturelle ( u.'aj[er itj'cn ) , en la failànt bouillit avec Talkali fixe & formant ainfi un phofphate alkalin. Les Chimiftes

avoient été détournés de tenter cette décompofition , parce que le phiogiftique n'enlève pas plus l'acide phofphorique aux alkalis fixes qu'aux

terres mêmes , & que l'acide phofphorique étant le plus fixe au feu ,

ne peut être fép iré de l'alkali par aucun autre , & décompofe même les vitriols alkalins. Cependant M. Schéele a fait cefTer cet obftacle en

(i) Je remarquerai en partant que M. If^eingartner , Apothicaire à Kemnnht , par ce procédé qu'il le vend trois prépare le phofphore en grand , probablement ;

florins du Rhin , Tonce , & fournit très-promptement tout ce qui lui en eft demandé. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 103

apparence fi infurmontahle , en employant les doubles afïînirés & formant d'abord du pliofphate inercuriel par le mélange du nitre nler-

curiel &C du fel neutre dont il a été parlé précédemin-nr. De la même manière, on décompoferoit lephofphare ac loude, appel lé /el ^roujlique, que l'on retire de l'urine en même tems que les autres Tels qui lui lonc propres. Confidérant que le phofphate alkalin peut être décompofé par ce

fel métallique , Se que ce phorphate alkalin fe trouve naturellement

dans l'urine ( comme le fel de M. Proull ), il me vint dans l'idée que d'autres fels métalliques pourroienr exercer la même aâion |e vis ; d'un

coup-d'œil la raifon pour laquelle l'illuftre Margraf , cet obfervateur G.

exadl , ajoutoit du muriate de plomb ou du muriate d'argent à l'urine

léduite en confiftance d'extrait, & aiTuroit que par-là il avoir toujours obtenu plus de phofpliote que lorfqu'il n'cniployoit point de muriate de plomb; quoiqu'il avouât franchement qu'il ne favoit pas comment

cette addition étoit utile. D'après une 'eniblable analogie , l'acide muria-

tique ne devoit-il pas s'unir à l'alkali minéral , & l'aciJe phofphorique au plomb; mais aulTi-tôt que le phlogiflique de la pouOîère de charbon

commençoit d'agir fur ce fel métallique, le plomb fe révivificir , ?*: l'acide s'unifTant en même-rems avec le phlogiflique, s'élevoit à la dilhllarion.

Dans mes précédentes expériences fur l'acide phofphorique des os, il

étoit tout naturel de penfer à en faire un phofphate alkalin , fc enfuite à

il le décompofer ; étoit vraifeniblable que l'on devoit réuflir , leur compofîtion étant analogue à celle de la félénite. Je calcinai en conféquence des os jufqu'à ce que toute la partie

hiiileulé en lût détruite , &: cependant de manière qu'ils fuilcnt encore les noirs. Je pulvérifai , j'en mêlai deux parties avec trois parties d'alkall du tartre. Ce mélange exigea un degré de feu affez conlidérable avant de prendre une fluidité convenable, pourtant toujours un peu epaifTe. Je verfai la malfe noire fondue Se la lailTai repofer vingt- quatre

heures ; environ douze heures après , elle commença à attirer un peu

d'humidité , cependant pas autant , à beaucoup près , qu'une pareille malTe alkaline.

Je fis dilloudre cette matière dans l'eau diftillée iï l'atde de l'ébul-

lition , & je filtrai la liqueur; il refta fur le papier une terre noirâtre

qui fit une vive effervejcenr.e avec les acides , & quand elle fut com-

plettemenr dilTonre , la liqueur n'avoir plus de faveur acide & verdilFoic je firop de violette , au lieu de le rougir ; c'étoit donc une terre calcaire & non une terre animale. - La diflblution de la mafTe alkaline dans l'eau fut encore faturée jufqu'à faire le d'acide nitreux , rougir légèrement papier bleu ; j'y verfai enfuite goutteàgourtede ladifTolution nitreufe mercurietle faturée jufqu'à ce qu'elle n'occafionnât plus de précipité. Ce précipité édulcoté fut ,

i04 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE;

mêlé avec Ja poullîère de charbon & féché ; il palTa d'abord à la

diftillation du mercur-2 coulant , & le feu ayant été aui^mencé , il vint du phoCphore. Il n'y a que la métbode de la réparation par l'acide virriolique qui puiiïè difputer avec celle-ci pour la célérité & l'économie, niais la première ne

donne point de fels pliofphoriques purs , ils font au coutiaire toujours mêlés de beaucoup de parties étrangères. Rouelle (i) avoir déjà remarqué que la matière falnie phofphoriqu» des os ne donnoit pas autant de phof- phore que l'acide phoiphorique retiré du phofphore même, ou que le Tel refiant aprcs la diflillation de l'urine; ce qui pouvoir venir de la félénite qui y étoit encore mêlée. M. de Morveau (3) y a aulli trouvé un peu de gypfe ou de terre calcaire. M. Prouft (j) a prouvé que Tacida

concret , retiré des os par le procédé le plus avanta.;eux , recéloit néan- moins toujours une très-grande quantité de terre calcaire , & de ce qu'il

appelloit lel perlé ; c'eft pourquoi il avertit de ne pas conclure de l'es propriétés, les propriétés du vrai & pur acide pliofphorique.

Toutes les parties étrangères mêlées , font entièrement féparées Se ne peuvent plus nuire lorfqu'on décompofe le phofpliate alkalin par le

nitre mercuriel ; & même , lorfqu'on emploie le dernier par excès

( ce qu'il eft facile d'éviter ) , il ne peut en téfulrer aucun inconvénient,

ioit parce qu'il efl emporté par les lavages , foit parce que l'acide S-: Jg mercure s'élè^'ent également à la diflillation. On peut ajouter quç

l'acide phoiphorique, par fon union avec la terre métallique , cfl divilé en parties très-fubtiles & difpofé par-là à recevoir le phlogillique dans to'.is les points, ce qui ne peut avoir lieu dans la pjlvérifation méchanique du fêl phofphorique , à quelque degré qu'elle (bit portée, parce que , de cette manière , l'acide n'ell jamais réduit à fe^ élémens acides. Pour ce qui regarde l'économie , les os & l'alkali ne font pas forts chers , il n'y a que le nirre mercuriel , mais il n'tll: pas entièrement perdu , puifque j'ai retrouvé le métal dans le récipient. On ne doit donc faire

état que de l'acide nitreux , & même il n'efl pas abfolunient en pure perte , car fi on travailloit en grand, on pourroit encore tirer parti de la liqueur qui furnag'e le précipité mercuriel , & en retirçt le nitre paç J'évaporatioii.

Il efl vrai qu'on eft obligé de préparer foi-mêr.is le nitre mercuriel parce qu'il n'eft pas dans le commerce , S: cela me donna l'idée d'elTayer le niuriate mercuriel corrofit pour cette opération , en y changeant quelques circonfiances : je pris en conféquence la leflîve dont il a été c'eft-à-dire pulvérifés parlé précédemment , ( la diffolution des os ,

(i) Journal de Méd. Oftobre 1777.

Elément Chimie 1 (i) de , &c. tom.. ; , page 17. Phyf! Février page (5) Journ. 17S1 , 145. coulés SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. lOf coulés dans le creufet avec l'alkali après l'avoir ) , & filtrée , je faturai l'alkali avec l'acide muriaticjue /ufcju'à furabondanc , ce que le mélange rougit un peu le papier bleu. J'y verfai pour lors la dilTolution de

muriate inercuriel corrolif , dans l'eau diftillée. Au premier infiant , il

ne parut aucun changement , mais bientôt le mélange fe troubla. Il

devint de plus en plus laiteux & il fe forma un précipité , ce qui arriva

plus promptement , lorfqu'on ht digérer le mélange & évaporer un peu de la liqueur. Le précipité refTcmbloit abfolumenc à celui obtenu pat

le nitre mercuriel ; feulement il ne fe forma pas fi promptement que le dernier. Tout n'eft pas encore épuifé fur la meilleure préparation du pbofpbore

& la moins difpendieufe ; je publierai dans la fuite njes idées fut ce fujet, avec plus de détail.

Remarquas du Tradu ctev r.

Les auteurs des élémens de Chimie , de l'Académie de Dijon , avûient déjà eflayé de déconipofer les os en les pouffant à [a fufioa

avec l'alkali , & iis avoient obfervé , non-feulement que la lelfivetenoic

du pholphate alkalin , mais que la terre reliée fur le filtre faifbit effervej~

centre avec les acides , comme une pute terre calcaire (lome III , p, 120 6- 127 }. Le procédé de M. Crell a été répété à la féinç^ du cours public de l'Académie dernier de Dijon , le ^ Mai ; M. de Morveau ,

en l'annonçant , ht voir que les piiofphates de potaffe Se de foude étoitnt fur le champ décompofés par l'eau de chaux , & qu'ainfi Bergmaa avoir eu raiibn de placer le caice avant les alkalis fixes dans la colonne

des affinités de l'acide phofphorique ; il avertit cependant qu'on ne devoir pas te preller d'en tirer des conféquences contre le procédé de

M. Crell, parce que la dccompofition des os pouvoir fe faire , comme

celle du fpath-fluor, par affinité double , lorfqu'on employoit un alkali faturé d'acide méphitique. En effet quoique M. Crell ne s'explique j pas ce fujet il eft aifé de juger fon alkali n'étoit pas à , que cauiîique ,

puifque dans fon opération , la terre refiée fur le filtre fit effervefcence les acides. C'ell avec donc une condition , & une condition effentielle , à ajouter à fon procédé. Les os calcinés au noir ayant été fondus au creufet avec le méphite de potaffe, la leflive du réfidu fe trouva efFecTrivement tenir du phofphate l'eau la alkalin , puifque de chaux rendit fur le champ laiteufe , quoi- qu'on eût eu la précaution de faturer d'avance tout l'alkali furabondanc par le vinaigre diflillé.

D'un autre côté , la terre reftée fur le filtre , bien édulcorée , fie Jorni XXIX, Fan. II ^i-jU.AOUT, O ,,

J0(5 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

efPeivefcence avec l'acide nitreux ; ce qui démontroit qu'il y avoi: eu décompofitioa S< que la rerre bafe des os avoir repris & confervé l'acide méphitique de l'allcali. Cependanr une autre expéiience prouva que la dé- eonipofition n'avoir pas été complette, car la diflolution nitreufe de cette

terre fût auflî-t '>t troublée par l'addition de l'eau de chaux. Il y relloit donc ds l'acide phofphorique qui n'avoit pu être enlevé par l'eau bouillante

ou pour mieux dire , qui n'avoit été rendu libre que par l'adion de l'acide nitreux.

M. Crell ayant écrit à M. de Morveau , depuis la publication de ce

iTiénioire , que l'on pouvoit déconipofer le phofphate aikalin audî bien

par le vitriol de zinc que par le nitre mercuriel , & plus économique-

ment , l'expérience en fut faire à la féance fuivante fir quatre livres d'os calcinés fondus avec ralkali,& le précipité de phofphate de zinc traité

dans la cornue avec la pouflicre de charbon ; il fe révivifia une très-

grande quantité de zinc qui s'éleva d'abord au col de la cornue , & qui

tomba enfuite en grenailles jufques dans l'eau du récipient ; mais à peine trouva-t-on quelques grains de phofphore. Cela peut faire penfer

que l'acide vitriolique , devenu libre par la réduction du zinc , s'eft oppofé à la combinaifon de l'acide phofphorique avec le phiogiftique,

ou qu'il a pu décompofer le phofphore à mefure qu'il fe formoit ; dans

l'un & l'autre cas , les vitriols métaUiques ne doivent pas être employés

dans cette opération , & pour tirer parti de la méthode de M. Crell il faut revenir nitre mercuriel. On pourroit encore effayer pour la au ,

décompofition de la lelllve , les muriates métalliques , & particulière- le fait ment muriate de plomb , le moins cher de tous , & qye l'on d'avance , par les expériences de Margraf, n'être nuUenienc contraire à la production du phofphore. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 107

NOTIONS PRELIMINAIRES,

Sur quelques ejjais concernant la LeJ/ive de fang & l'acide de la matière colorante j

Par M. WesTRVMB.

JL; A leffive cîu fang efl fans doute le moyen le plus incertain , dont les Cliimiftes peuvent Te fervir pour déterminer la quantité de fer ou de métal quelconque dans les corps qu'ils veulent analyfer ; du moins la leiïîve de fang la plus purifiée n'efl jamais dépouillée de toute partie ferrugineufe. J'ai éprouvé quinze différentes fortes de cette leffive, & j'ai trouvé dans toutes une plus ou moins grande quantité de fer. Aucune n'eft parfaite- ment pure. La quantité de fer va de trois parties jufqu'à 55" fur lOO-

Les différentes cfpcces de leflîvede fang que j'ai éprouvées font les fiiivan- res: la commune , celle de Mucquer , celle de iM. ^e Morveau , celles de

Baume , àt Bergman , Gioanetd , MM. Scopoli , BragnatelU , Scheele ,

MM. Klaproth, Struve , Fourcroy , &: celle que j'ai trouvée moi-même , comme celle qui eft préparée avec falkali volatil. Parmi celles-là, celles de MM. Klaproth, Struve, & la commune, font les plus pures. Je me léferve de publier bientôt comment & par quels moyens \e me fuis alTuré de ce que je viens d'avancer. Suppofons même qu'on parvînt à obtenir une lelîive de fang parfaitement pure , nous ne ferions pas plus avancés. On ne peut déterminer la quantité de fer qu'elle précipite , que par le calcul , ou en faifant attention au poids du précipité ,ou pour plus d'exaditude par la chaux du précipité bleu. D'après Bergman il s'y trouve i fur J -^

(OpuCcul, vol. 2 , de pracipuacis metallicis ) d'après les effais les plus

nouveaux de M. Gmelin (anal. 2, vol. lySy) I fur 4.; & après M. Wiegleb

( ma col.de fes Mémoires chimiq.); & moi (dans mes additions aux anal.

ï p.) toujours I fur 2 parties du précipité coloré. D'ailleurs , calcinant ce

précipité, l'acide de la matière colorante fe mêle fi intimement avec le

fer , qu'il ne peut en être féparé que très-difficilement , &r par cette raifori on ne fauroit déterminer fa vraie quantité de fer précipité.

Cependant on pourroit y parvenir en précipitant avec beaucoup de

précaution une quantité de fer dont le poids fera connu , comme a fait

M. Kirwan ( Elémens de minéralog. ) Si tenant compte de la quantité

de leffive de fang nécefTaire pour cette précipitation , afin de pouvoir calculer après cela dans les expériences fuivantes,

,. XXIX, Part. U, 1785. AOUT. O 2 loS OBSERFATWNS SUR LA PHYSIQUE;

Néanmoins ce mo)en n'eft pas sûr, & peut plus facilement induire en

er eur que l'autre; il faut un tel degré d'exaditude, & des balances iic prids fi juAes, qu'il eft comme impûflîble de réunir l'un & l'autre. L'acide de la leffive de fang que j'ai dit ci-defTus fe combiner intimé-

inint avec les chaux des métaux , eft Vacide phojphorique, Cependanc M. Schéele a démontré dans le fécond volume des plus nouvelles Décou-

vertes , que la matièie colorante de la leffive de fang confifte en un acide, une matière inflammable, & de l'alkali volatil. M. Bergman a accordé à cet acide une place dans fon excellent Mémoire fur les

AffiniUs tTéleS'ion , & lui donne le nom d'un acide particulier ( Acidum Ceruhi Berolinenfis ). Mais ce corps que MM. Schéele & Bergniaii

regardent pour le vrai acide de la lefiive, n'eft pas la même fubftance : c'eil un conipofé d'acide, d'alkali volatil, & de phlogiftique. Si M. Schéele

avoit examiné la chofe un peu davantage , il auroit trouvé ce que M. Sage

a avancé il a , y long-tems & ce que je viens de dire , que l'acide de la JelTîve 6c du précipité produit par elle, ell l'acide phofphorique.

On a trouvé en France & ailleurs , l'idée de M. Sage peu fondée ; mais

j'efpêre la porter jufqu'à l'évidence par les faif; , ce que je dirai par la Uiite. Je ne ferai cependiint paspaioître mes expériences néceiïaires, pour

fe convaincre que tout ce que je vais dire foit plus qu'une fimple hypo- thcfe. Elles oncencore befjin d'être répétées. Néanmoins on jugera d'après la clarté avec laquelle je les décrirai , que ce ne font pas des chofes liafardées. Le Lecteur fenrira la railon lui-même pourquoi je les publie

comme on les voit ici. Du refte je me réferve , pourvu que la Providence me donne de la fanté &: du loifir, de répéter ces expériences & de publier leurs réfultats plus détaillés. Il y a plusieurs moyens pour fe convaincre de l'exiftence de l'acide

phofpliorique dans la matière colorante. Les voici : l". qu'on prépare fans

aucune purification de la leftîve de fang faturée de Macquer , qu'on la faffe évaporer jufqu'à ficcité , qu'on ajoute à 2 onces de cette leiîîve autant

d'acide vitriolique concentré , mais bien pur, & 8 onces d'eau , & qu'on

diftille le tout -, ce qui pafTera à un feu doux , eft l'acide de la leftîve de

fang de M, Schéele , qui n'eft point du tout un acide pur ; c'eft un mélange

d'acide phofphorique, d'alkali volatil .S: de phlogiftique, comme on le prouve en le faifant pafler fur de la chaux cauftique. La mafTe diftillée doit être à-peu près de 6 onces. On leftîve le réfidu qui eft demeuré dans la cornue, & on précipite avec peu d'alkali la dilfolution jaune. On obtient une poudre grife rougeâtre. On diffout celle-là dans l'acide de fel

marin : on fait évaporer jufqu'à ficcité, pour chaffer la quantité fuperflue

de l'acide; on jette le refte dans une grande quantité d'eau. Le fer dilfous dans l'acide du fel fe diffoudra, & le réfidu fera une poudre blanche qui

fe comporte comme le fyderum , une combinaifon de fer 6c d'acide SUR L'HIST. NATURELLE ET LES JRTS. loj» fIiofphorique. La matière verre qui refte encore du rélidu de la diftilJa- lion peur erre diObure de nouveau dans l'acide vitriolique , & on , obtiendra plus an fjdcrum. 2°. Qu'on prenne la nicme quantité de lefTive de Macquer, qu'on la

fade diftiller plufieurs fois avec de l'acide de nitre , jutqu'à ce que toute s'aflure par une la matière colorante Tiit évanouie , ( de quoi on diflolution

de chaux de fer, dans l'acide du fel irarin,inais pas de métal de fer j. 11 ne rifque dans ce cas faut jamais diffiUer cet acide jufqu'à (Iccité , car on , que

tout s'enflamme avec explofion , & que la cornue & le matras foient brifés.

Si le fel efl privé totalement de fon inflammabiiiré , on verfera fa difTolurion dans une dilTolnrion bien foible de virrial de mars, ou de ài\ chaux de fer dans l'acide de fe! , on obtiendra de même Jydcnini viiriol le fécond cas au Heuâtre , pat le de mars. Si dans Jjfdcmm llciic. 3". On verfe fur 2 onces de bleu de Berlin le plus pur, 12 onces d'eau

&: 2 onces d'acide vitriolique , & on fait dillilier 3 onces du plus volatil ; on obtient dans le matras ou récipient l'acide de la kflîve de far-g de

]\î. Schéele. On filtre le léfîdu, & on le précipite par de l'alkali. I.e pré-

cipité eft enfuite difTous dans de l'acide de fel marin ou de vitriol , & au refte on opère comme au N°. i. On obtiendra pareillement du jydemm.

^°. On difblle de l'acide de nitre fur du bleu bien pur , jufqu'à ce que

1,1 couljur foir détruite, (une once de bleu demande 8 onces d'acide nitreux fumant; cet te opérât ion demande encore plus de précaution que la féconde) après cela on jdilîous le réfidu demeuré dans la cornue, dans l'acide de

vitriol , & on ai^it comme au N°. l. On obtient du Jydemm ^O grains fur une once de bleu.

j". On biûle une once de bleu : le réfidu fe redifTout dans un acide. Se & on agit au refte comme au N°. i , on obtient encore du (yderum.

6°, On fond ce jyderum avec de la poufïïère de charbon S<. du borax : on obtient un régule aigre, blanc d'argent,

7°. On fait bouillir la poudre des N''^ i j 2 , 3,4,5", avec de l'alkali

qui s'empare alors de l'acide phofphorique ; on précipite l'alkali avec une diffolution de mercure ou àt plomb. On mêle ces précipités, après les avoir

cdulcorés & fait fécher , avec de la poufTière de charbon , & on les mec

dans la cornue pour procéder à la diftillation ; avec le premier précipité on verra encore le mercure, & avec le fécond on appercevra d'abord le phofphore,ou. du moins quelqu'apparence.

8°. On fature de la chaux caulbque avec de la matière colorante : on diftille fouvent de l'acide nitreux pur fur cette chaux: ce qu'on répète jufqu'à ce qu'elle ait perdu totalement la vertu colorante; on diflôutde

nouveau le léfidu dans de l'acide ; on affoiblit la dilTolucion avec de l'ean : ,

110 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, on précipite le fer & lejyjcrum avec de l'alkali volaril caiiftique de la leffive de fang, & on opère fur ce fluide filtré , comme avec la diffblution de la chaux combinée avec de l'acide phofphonque. On obtiendra del'aciJa phofpliorique, comme l'ont fait voir MVl. Gahn, Crell & \Viegleb;ou on précipite d'abord par la diifolution du mercure dans l'acide nitreux cette dillolution, & on traite ce précipité comme au N°. I. 9°. Ou on précipite quelques onces de dillolution de mercure de l'acide de nitre par une quantité à peine fuffifante de lelfive de Marquer, ( ea prenant trop de cette leflîve le précipité fe diflout de nouveau ) on édulcore le précipité qu'on mêle avec de la pouflîcre de charbon. On met le mélange dans une cornue luttée ; on dephlegme &c diiiille. Le mercure palTe d'abord : après cela on augmente le feu , on voit bientôt le phof- phore s'il -, ou y avoir peu de précipité, on appercevroit du moins des vapeurs phofphoriques dans le récipient. lo". Cette opération réullit mieux en taifant le précipité de mercure , la leflîve N°. p , avec de privée de principe inflammable , N''^ 2 & 9, Celui qui fera lui-même ces expériences fe convaincra de l'exiftence de l'acide phofphorique dans la lefl^îve de fang, dans la matière colorante ?< le bleu de Berhn. Il verra auflî, d'après les elîais des autres & les miens

(Nouv. Découv. vol, 12, pag. 137) que les huiles effentielies , les huiles grafles , les huiles animales, les huiles des plantes, la partie luifante de

la fuie , le vol. 1 1 page fjy charbon , ( Nouv. Découv. , ) principalement quand leur ajoute les derniers, donnent une bonne lellive de fang , on de l'alkali volatil , ou en les brûlant avec du fel de leflîve. Il fera étonné, ainli que moi que l'acide phofphorique fe trouve fi généralement, & il , fera convaincu qu'il joue un rôle plus qu'ordinaire dans les phénomènes phyfiques les plus importans du feu, de la lumière , de l'inflammation &i de la combuflion. SECONDE LETTRE DE M. L\4 B B É FO N T A N A,

A M. I N G E N-H O U 2.

Médecin de Sa Majejlé Impériale,

JMoNS I E UR,

Vous êtes difficile à contenter. Accoutumé comme vous êtes à examiner

Ij) natuie avec ces vues qui vous font proprçs, & qui vous font tanc SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. m d'honneur, vous auriez «léfiré que dans ma première Lettre fur la décom- pofition j'eulTe déterminer les effets de l'eau , cherché à d'une chaleur confiante, & qui eut été celle de l'eau bouillante. Puifque vous le fouhaitez, je le ferai bien volontiers; mais ne vous attendez pas d'avoir à ce degré de chaleur des réfultats bien nouveaux & bien brillans, & qui puiflent fixer l'attention d'un Philofophe comme vous. Il eft comme impofllble d'entretenir le même degré de chaleur dans un tube de métal pofé fur des charbons ardens. 11 eft encore très-difficile d'y parvenir lorfqu'on fe fert d'un bain de fable , comme j'ai lait dans ma prenucre eïpérience. Vous en fenrez afiez la raifon.

J'ai donc été néceffité à avoir recours à l'eau , ou à quelqu'autre fluide capable d'éprouver un plus grand degré de chaleur au degré de l'ébuUi- tion, fi )e voulois employer plus de 8o degrés de chaleur; mais craignant de perdre mon tenis & de v jiis faire perdre le vô^re en me liiant , li je tenois mon tube à une chaleur au-dt.ilus de celle de l'eau bouillante, je me fuis reftreint à rob;et de votre demande. Voiji mon procédé : J'ai tait fonder un petit vafe de laiton, long de quatorze pouces, large de dix , de la hauteur de huit , à la moitié de mon tube de fer , de manière que le tube qui palloir par ce petit vafe y étoii plongé dans l'eau au moins de trois pouces dellus & delTous,

J'appliquai le feu fous ce vale , après m'crre aiïuré que mon appareil ne pouvoir donner aucun palTage à l'air extérieur. L'eau du grand vafe étoif au niveau de celle du tube recourbé du réfrigèrent qui condenluic la vapeur; & ce tube plongeoit plus de fix pouces dans l'eau du graad vafe. A peine la chaleur fe fut-elle communiquée à l'eau du petit vafe, que l'eau s'abaifla au deffous de fon niveau dans le fiphon , 8c continua de defcendre jufqu'à ce que la chaleur étant de 63° , il fortit du tube environ un quart de pouce d'air qui fut reçu dans le récipient.

La Table fuivante marque les degrés de chaleur de l'eau , les intervalles

^e tems , l'air fort! , de la quantité d'eau qu'on laiflbit tomber dans le tube. ,

112 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

Degrés TVmj-. Air Gouttes du Heur. Mil pefant. d'eau. Therm,

63 La quantité d'air lorti de l'appareil

la (eule aâion 68 par de la clialeur , eft environ de deux pouces & demi. 70

74

77

80

80 Voyant qu'en fairant tomber peu

d'eau, il ne fbrtoit point d'air, je me 80 déterminai à en faire palTer un gros à 80 chaque fois , comme on le voit ci-deflous. Je m'apperçus que l'eau qui fortoit 80 correfpondoit à-peu-prcs à l'eau qu! entroit, & pour m'en alTurer, je ne laif- 80 lois palier que (èize gouttes d'eau. En

80 effet il ne fortit plus d'air , mais il fe

tint plus bas qu'à l'ordinaire , dans le 80 tube recourbé.

8p Il fortit peu d'air, mais il étoit très 80 ba5 dans le Itphon recourbé.

80

80

«80

8a

80

80

80 L'air du fip'non étoit toujours au-dciïçus

du faifoit des ofcillations. 80 niveau , &

144 J'ouvris alors le robinet du condcnfa- 144 teur & fis tomber l'eau gouite à goutte,

fans qu'il entrât d'air extérieur ; j'obfer-

144 vai que toute l'eau qui tomboil , paffoii dans le tube & difliUoit comme à l'ordi- 144 naire.

144 Je mêlai du fel à l'eau bouillante , &

la cbaleur monta à 8 I S; 81 degrés, mais 144 les réfultats furent toujours les mêmes, 144 comme on le voit dans la table. De SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 113

De toutes ces expériences faites avec la plus grande exaditude , oa peut conclure que la chaleur étant de 80 , 81 ou 82° , il ne fort pas des tubes une quantité fenfible d'air, lorfqu'on y laiiïc tomber feulement 8 à laifle 10 gouttes d'eau chaque fois , & qu'on ne l'y pas accumuler , quoique l'eau fe trouve au-delfous du niveau dans le fiphon ; mais lorfqu'on fait tomber une plus grande quantité d'eau , de manière qu'elle occupe un plus grand volume que celui de l'eau du fiphon , alors il fort de l'air en raifon de la différence de ces efpaces.

Si on fait paffer par le tube une plus grande quantité d'eau , comme deux gros chaque fois, alors il fort plus ou moins d'air, mais non pas toujours en même quantité, parce qu'il faut que cette eau introduite ait un rapport certain avec celle du fiphon qui baigne dans l'eau du grand vafe,' pour pouvoir chailer l'air. Vous devez donc regarder comme certain qu'en ne faifant pafTer que quelques gouttes d'eau dans le tube, elles ne peuvent chalfer une quantité fenfible d'air , &; qu'en en faifant pafTer beaucoup, elles challeront de l'air en raifon de leur volume. Ainfi il eft sûr qu'à la chaleur de l'eau bouillante on n'obtient que quelques pouces d'air qui eft l'air atmofphé- lique contenu dans les tubes , lequel dans notre expérience n'a été qu'à

d'eau dans le tube ,' 5 pouces ; & après avoir fait pafTer plus de 16 onces on a à-peu-prcs le volume d'eau obtenu p autres pouces d'air , qui efl employé. Regardez encore comme certain que par cette méthode on ne décom- pofera jamais l'eau , & qu'on n'obtiendra point d'air, excepté une très- petite quantité de celui qui efl: contenu dans le tube. On ne réLilIîra pas mieux a décompofer l'eau en fe fervant de vaiffeaux de porcelaine, de cuivre, d'étain , ou de toute autre matière. J'ai répété en dernier lieu l'expérience avec une retorte de porcelaine dont le bec étoit recourbé. A fa partie fupérieure il y avoit un robinet pour y faire tomber de l'eau à volonté. J'ai obfervé maintefois qu'à la chaleur de l'eau bouillante , ou même fupérieure , il ne fort pas une plus grande quantité' d'eau des vafes fort eft toujours celui de porcelaine que des tubes de fer ; que l'air qui

forti qui efl chaffé pat la chaleur ,' des vaiffeaux , qu'après qu'eft tout celui il en fort quelquefois encore une portion par l'adion de l'eau réduite en vapeurs ; mais à l'inftant que finit l'expérience, & que la retorte ceiTed'êtte

échauffée , l'eau y entre avec d'autant plus de force, que la chaleur a été plus grande. Ces expériences faites dans des vafes de porcelaine où il n'y a ni luts ni foudures , font plus faciles & plus sûres que les autres , parce qu'on ne craint aucune communication avec l'air extérieur. L'eau qu'on introduit dans le tube & qu'on ramaffe dans le réfrigèrent, doit nécefîairement chafTer un volume d'air égal au fien. Ainfi une livre d'eau qui eft égale à environ 16 pouces cubiques, chaflèra l6 pouces

" Tome XXIX, Part. Il, 1786. AOUT^ . P, 114 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cubiques d'air. Si on remet dix fuis cette même eau dans le tube en délurant cliaque fois , on recirera l6o pouces cubes d'air , lequel fera tou|ours l'air extérieur. Si ces réfultats auxquels vous vous attendiez, ne nous apprennent rien de nouveau, ce n'eft pas ma faute: vous avez voulu les connoître. Il ne faut pas en accufer la nature, qui n'eft jamais ftérile lorfqu'on la confulte bien, Ce de;;iéde chaleur ne fait rien autre que ce qui fe pade journelle- ment dans nos cuKines. L'eau fe réduit en vapeurs , & les vapeurs en eau.

C'eft-là toute la phyhque du cuifînier , 6i vous feul avez pu me rendre cuilinier pour cette fois. MÉMOIRE SUR UN BALANCIER DE PENDULE A SECONDES}

Par M. G R E N I E R.

iVl. Grenier , Horloger à Rouen , a toujours défiré 8i efpéré de paivenir à donrer aux pendules une juftefTe parfaite ; parmi le grand

nombre de tentatives qui ont été faites , la conftrudion-du balancier

inventé par Jean Ellicot , horloger anglois, doit être diflinguée comme

étant très-bien conçue. Néanmoins l'oubli où elle fenibie tombée , eft un puiffant préjugé contre fa bonté.

M. Grenier en a inventé & elTayé plufieurs nouvelles , fans fuccès fatisfaifants.

Ces travaux & les dépenfes qu'ils ont occafionnées , n'ont pas été

en pure perte ;. ils lui. ont valu des connoiflances , fans lefquelles on ne pourroit atteindre à la pertedion. Ces connoilTances lui révélèrent les vices des conflruclions qu'il avoïc étudiées. Il fe crut afTuré de trouver une conftruftion afTez fimple & excel- lente, en fe rapprochant de celle d'Ellicot. Son plan fut bientôt fait; l'exécution fuivit de près.

Le nouveau balancier étoit prefque fini , lorfque M. G, eut connoif-

fance de l'annonce qui fut faite dans un Journal , d'une pendule donc

la juftefTe étoit atteftée par M. Mayer , aftronome de Manheim , dans

une lettre de ce Savant , imprimée en langue allemande. C'étoic la feule pendule que M. G. eut jamais entendu citer comme parfaite.

Il fie chercher la lettre allemande , dont à force de recherches , long-

temps infrudueufes , il obtint enfin un exemplaire. La lettre fut traduite. Elle apprenoit que M. Chriftian Mayer avoit examiné la marche de cette pendule avec toute l'attention & la fagacité SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. n;

poflîbles. Il donne les réfultars de fes obfervations , dit peu de chofe

de la conftruvi^ion de cette pendule & de fon balancier ; mais ce peu fuffit pour ne pas laiflèr de doute que ce balancier ne foit précifé- ment celui d'Ellicot. M, Mayer , qui n'avoit pas de connoifTance de la

conftrudion d'Ellicot , paioît attribuer l'invention du balancier de fa pendule , à l'horloger qui l'a faite. Le célèbre M. Maskeline s'étoic

bien voulu charger de la faire exécuter ; il avoit choifi pour cet effet M. Arnold , horloger anglois , dont ce choix fait un grand éloge.

L'échappement eft celui de Graham ; les palettes de l'anchre font formées de diamans taillés en table ; les pivots des roues tournent dans des trous percés dans des rubis durs ; ainli l'huile n'eft point employée dirne fournir dans cette pendule , du Souverain , qui veut fon Obferva- toire de Manheim d'inftrumens exquis. Cette pendule eft d'une grande juftefTe. Les obfervations qu'en a

,' faites AL Mayer, depuis le r feptembre 1775) , jufqu'au 10 janvier 1700 prouvent que fa plus grande variation journalière a été d'une féconde,

& que les limites des variations ont été une féconde en retard , &: environ un tiers de féconde en avance; que durant cet intervalle, le thermomètre de Réaumur a varié de ly degrés & i quart. Ces petites variations de la pendule ne paroiiïent pas avoir fuivi proportionnelle- ment celles du thermomètre. La lettre de M. Mayct n'a pas découragé M. G. Il a achevé fon balancier , & l'a adapté à une pendule appartenante à un fa- vant Aftronome , qu'il ne peut nommer ni défigner fans fa per- miflîon. Cet Aftronome a obfervé cette pendule pendant plus de quinze mois. La variation journalière n'a pas paffé huit dixièmes de féconde. Elle a donc été moindre que celle de la pendule de M. Mayer. Cette variation de 0,8 fécondes, deviendra encore moindre , & peut-être la nécefllté été nulle , au moyen d'une corredion dont a récemment reconnue.

, favoir quelles font ces connoifTances fi On délire , fans doute im-- portantes, acquifes par M. G.

Première connoiffance cffent'ielle'. deux M. G. a tait voir à MM. les i^ommillaires qu avoit nommés pour l'examen d'un balancier de pendule de fon inven-

la lentille de ce balancier , rendue immobile à l'épreuve de tion , que l'étuve cefToit de l'être lorfqu'on fufpendoit une barre de fer à deux , ' Tome XXIX, Parc. II, i-]26.AOUT. P^ ii6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE y

]i£;nes de diftance de la verge du balancier , & reprenoic Ton immobi- lité lorfqu'on letiroit cette barre. variant beaucoup cette expérience On pourroit , en répétant & ; apprendre à quelle diftance une pièce de métal cefleroit d'influer fur caufe cet effet. M. G. ne ptur fe la dilatation de fa voifine , & la de conclu de cet effet bien conf- livrer à ces recherches ; il a feulement

feroit bien d'écarter les unes des autres , autant qu'il feroit taté , qu'il métal dont eft compofé le balancier. Il poflible , les diverfes pièces de tient les. roids même de la pendule éloignés du balancier; quelqu'un lui a dit avoir remarqué que l'approche du poids d'un pendule de la verge de fon balancier , akéroit la jufteffe de cette pendule.

Seconde connoiJJ'ance effenùdle.

La féconde connoiffance néceffaire à avoir , eft que pour qu'un ba- il ne fuffit pas le lancier donne la jufteiTe à une pendule , que centre conferve invariablement fa diftance de la lentille foit immobile , & les changemens température. du point de fufpenfion , malgré de M. G. qu'il fait fait cela depuis long-temps ; ce ne que depuis peu eft le moyen de reconnoître de quelle quantité la lentille d'un balancier dot: produire s'élever félon la variation de la température , & de précifé- n'eft pas la même pour des balanciers nient cette élévation , qui différens. Nécejfité de Vépreuve de [étuve.

Il eft indifpenfable de faire fubir au balancier l'épreuve de l'étuve, dans laquelle on tend à rendre le centre de la lentille immobile.

Cette épreuve fert à s'affurer de la jufte proportion de groffeur , entre

les barres de fer & celle de cuivre , de la verge du balancier. lente à fe pénétrer de Plus une barre eft groffe , plus elle eft chaleur; èc à fe dilater.

Dans un balancier , la dilatation du cuivre fert à corriger l'effet de

celle du fer : de-là fuit que ces deux dilatations doivent fe faire bien enfemble.

La dilatation du fer feroit baiffer le centre de la lentille , fi la dilata- tion du cuivre ne le relevoit. Si donc le cuivre eft trop gros pour fe dilater aullî promptement que par le fer , le fer agiffant le premier , la lentille commencera defcendre ;

fi eft faura donc d'abord fi \ts & au contraire , le cuivre trop menu. On

barres de cuivre font trop greffes , trop menues , ou telles qu'elles "doivent être. Conftrudion du balancier.

La fufpenfion à couteau eft connue ; c'eft la meilleure. SUR rmST. NATURELLE Et LES ARTS. 117

A la pièce âe fufpenfion font attachées les barres de fer A A. ( ^. j>ian' che I,fig- I ) Ces barres defcendent parallèlement jufqu'à environ un pouce au-dertous du diamètre horizontal de la lentille.

La barre B efl de cuivre , fon extrémité fupérieure eft un peu arrondie en boule , & ne fait que pofet contre le fond d'une petite cavité, prati- quée au milieu de la tace inférieure de la pièce de fufpenfion Le bouc inférieur de cette barfe eft garni d'une femelle d'acier trempé. Cette femelle eft à Heur du centre de la lentille.

Les leviers CE font d'acier trempé , larges de j* ou 6 lignes , fendus lignes leurs dans toute leur longueur jufqu'à 3 ou 4. de extrémités , comme les jumelles d'un tour. La raifon pour laquelle on fait cette fente de toute la longueur du levier , eft que cela facilite le pafrat^e de la chaleur lors de l'épreuve de l'étuve , & que cela diminue la pefanteur du levier. La largeur de cette tente doit être telle , que les barres de fer puiflènt y palfer librement. En G, font réfervées deux joues , defti- à recevoir les les leviers aux nées goupilles qui attachent barres de fer ,

& fur iefquelles les leviers fe meuvent librement. En C , on réferve un crochet à pointe moulTe , qui porte contre la femelle de la barre de cuivre. En D, eft une autre pointe mouiïe mobile fur les leviers, comme une poupée de tour. La queue de cette poupée traverfe la fente leviers vis des , & y reçoit une de rappel , qui fert à mener la pointe D.

Ces pointes C & D , S: le point G , centre du mouvement des leviers, doivent être fur une même ligne droite , parallèle à la face fupérieure des leviers. Au furplus , on peut faire les leviers différemment. M. G, en a déjà tait d'une autre forme, mais celle-ci eft la plus propre à expli- quer l'effet qu'ils doivent produire. La pièce E F eft d'acier trempé, & forme entre les deux demi-lentilles, un pont perpendiculaire à leurs faces intérieures & à Heur de leur diamètre repli horifontal. Ces pièces E F ont un à angle droit , par lequel on les attache à la demi-lentille poftérieure. C'eft fous ces ponts que les pointes mobiles appuient, portent & foulcvent la lentille.

La lentille eft compofée àc deux plaques de cuivre circulaires, de luiit

ou neuf pouces de diamètre , aflTemblées à-peu-près comme la cage d'un

mouvement , à un pouce au moins de diftance l'une de l'autre. Il eft aifé d'imaginer les moyens de maintenir la barre de cuivre dans le diamètre vertical de la lentille, Si les barres de fer dans le milieu de l'intervalle des deux demi-lentilles.

On voit que l'extrémité C de la barre de cuivre venant .-i s'abaiflèr la dilatation plus bas que'ne s'abaitTeront les points des barres ( par ) G de

fer , elle fera baiffer les pointes C des leviers , & élever les pointes D , & conféquemment la lentille.

Il eft bon que la lentille foie légère; les lentilles lourdes altèrent promptement la fufpenfion & la juftefle de la pendule. Trois livres de iiS OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, pefanteur, pour chaque denii-lentille , fuffir. On les rirera d'une planche de cuivre d'environ une ligne & demie d'épailîeut j on les amincira en bifeau vers leur circonférence. Quelques lignes au-delTus des points G,C, G, fe place une traverfe percée de trois trous , dans lefquels palTent librement les barres delà verge ; elle fert à maintenir Je paraliélifme des barres-, on la fixe aux barres de fer par des vis de preftîon.

Un fixe de même une autre traverfe pareille , à la moiiié de la diflance de la première, à la pièce de fulpenfion. Ces deux traverfes doivent être du même métal que la pièce de fufpenlîon. Le balancier ainfî préparé, fera éprouvé à l'étuve. On obfervera qu'il eft bon que le marbre auquel on fufpend le balaiicier, foit hors ds l'étuve, &: même à quelque diftance , comme d'un pouce ou deux , car le marbre fe dilateroit, s'il fe fentoit de la chaleur de l'étuve. M. Grenier a aulli expérimenté qu'il ne faut interpofer rien entre le brafier qu'on met dans l'étuve, & le balancier dont la lentille doit être plus élevée d'environ deux pieds que le brafier. L'épreuve en eft plus prompte & plus régulière. Le but de cette épreuve eft de reconnoître à quelle diftance des points G doit être la pointe D pour rendre immobile le centre de la lentille , & fi , la barre de cuivre Si les barres de fer font dans le rapport de grolleur convenable. Le centre de la lentille ren;îu immobile à l'épreuve de l'étuve, fi l'on le adapte le balancier à une pendule , elle avancera encore par froid, 8c retardera par le chaud. I.a raifon de ceci, efl que ce n'ell fas le centre de la lentille qu'il faut rendre immobile, mais le centre d'ofcillation.

La longueur d'un pendule fimple, qui bat les fécondes , eft, à Paris . de a pieds 8,(59 lignes. Plus long ou plus court , le balancier ne battroit pas de ligne du point les fécondes. C'eft donc là , à 3 pieds 8 lignes -^ de le d'ofcillation. Si donc le centre de fufpenfion , que doit être centre la lentille ayant été rendu immobile, d'autres parties pefantes du balancier fe trouvent abaiiïees , le centre d'ofcillation fera au(ïî abaiffé , Se la pendule retardera. Le moyen d'y remédier, eft de faire élever la lentille à proportion de l'abaiflement du centre d'ofcillation. Ce feroit un problème difficile à réfoudre par calcul, que de déter- miner cette quantité d'élévation que doit avoir la lentille, mais l'expérience y peut fuppléer. fer On fait que fi la lentille étoit fufpendue à une fimple verge de , une augmentation de chaleur de 30°, au thermomètre de Réaumur , feroit alonger cette barre de la cinquième partie d'une ligne , ou de ;;^de lignes, ce qui produiroit 20 fécondes par jour de retard de la pendule, pat rabaiffement de la lentille de cette même quantité de 0,20 lignes. , ,

SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 119

Confidérant que c'efl ce qui feroit arrivé , fi l'on eût fufpendu la lentille

aux points , aux points G G , mais qu'en la faifant fupporter D déterminés de façon que le bras CG des leviers fait au bras G D , à-peu-prcs comme qu'à le II ell à iS , on la rend immobile-, il ne relie appliquer balancier en cet état à une pendule , & obferver de combien elle retardera par une augmentation quelconque de chaleur. 6° , obferve augmentation de chaleur de Si , par exemple on (1) qu'une fait retarder la pendule de 3" par jour, on en conclura qu'ime augmenta- tion de chaleur de 30° la feroit retarder de Ij"; qu'ainlî il faut faire élever la lentille de -^ de lignes, pour 30° d'augmentation de chaleur, pour compenfer ce retard. puifque les 18 parties qu'on a données au bras du levier G D ont Or , déjà compenfé 20"5il n'y a qu'à alonger ce levier d'environ i j' autres parties, pour compenfer les i y autres fécondes , & la pendule fera réglée.

Cette méthode efl: indifpenfable à fuivre,pûur le premier balancier qu'on conftruira; mais on peut s'épargner le travail des épreuves de l'étuve

conftruira par la fuite. Il & des obfervations , pour les balanciers qu'on fuffira de s'afTujettir à faire rigoureulement toutes les pièces de ces balanciers , des mêmes poids Ik des mêmes dimenlîons que celles du premier.

E X T Pv A I T D'U N MÉMOIRE

Lu à l'Académie des Sciences

Sur la nature & la formation des Fersfpéculaires de Votvic ^ du Puy-dc-Dome j du Mont-d^Or j &'c.

Par M. Delarbre, Docteur en Médecine.

I j E S Naturaliftes qui ont vilité la province d'Auvergne, l'ont reconnue, depuis affez de tems, pour un pays anciennement volcanifé. M. Guettard a donné à ce fujet pinceurs Mémoires. M. Defmarets a réuni fur ce point toutes les preuves dont il eft pofTible d'étayet les affertions en phyfique. Les criftaux de fer fpéculaire étant fitués fur des roches brûlées l'abfence du travail de l'eau étant très-manifefle dans les lieux où je les ai trouvés , il efl donc naturel de penfer qu'ils font des produits des

(0 Ces obfervations font difficiles; il faut les faire par les cioiles, au moyen d'ure fils Icelice lunette à , à un mur , ou au moins pat dfs hauteurs correfoondantes d'.i foleil , très-exaâes & trcs-répctces. 120 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE.

feux fouterrains. Je conçois que ces mêmes feux ont pui volatilifèr le

fer à la manière des fels ammoniacaux, du fou&e,de l'arfenic , du mélange de ces deux derniers, dont il eft réfuité quelquefois de petits

criftaux rouges , connus fous le rubiiie nom de d'arfenic , qu'on fait (e rencontrer, ainfi que les autres fubftances dont je viens de parler, dans la partie fupérieure des crevafTes des cheminées des volcans, Se même dans Iti gerçures des courans épais ou conlidérables de quelques laves. Mais ce n'eft point affez de préfenter une afferrion en liiftoire-naturelle, il faut l'appuyer de preuvci-, & les multiplier aflez pour les porter, s'ileft poflîble, à la démondration complette.

J'ofe alfurer qu'on n'auroir pas befoin de ces preuves , en examinant

fur le lieu même le fer de Volvic , du Puy-de-Dôme 6c du Mont-d'Or} ainfi la nature y efl , pour dire , prife fur le fait.

Une defcription , quelqu'exadle qu'elle foie, ne porte point avec elle cette convidiun dans laquelle l'infpection entraîne; ce n'ert donc qu'en

faifant connoître toutes les ciiconltances accelloires , en infiftant fur la

place, la forme, l'altérarion , les variétés des échantillons, que l'on peut perfuader fur leur nature & fur leur formation. J'ai donc cru devoir décrire avec foin le fer fpéculaire des différens lieux de l'Auvergne, le comparer

avec ceux des autres pays auxquels il a de l'analogie, & fur-tout indiquer fon fite avec aflez de détail & d'exadlitude pour éclairer fur fa nature & fur fa formation.

Les criftaux de fer fpéculaire de Volvic , du Puy-de-Dôme , du Mont- d'Or, font des fegmens d'odaëdre aluminiforme,femb!ablesà ceux qu'on obtiendroir en coupant un de ces oi5taCv!res parallèlement à l'une de fes

faces : j'ai rencontré quelquefois des odaëdres complets implantés fur les lames ou fegmens d'odlaëdre dont je viens de parler. C'eft au Mont-d'Or que la fublimarion du fer paroît s'être opérée plus en grand & plus diftinc-

tement. Quant à la forme des criftaux , on les a connus jufqu'à ce jour (bus

la dénomination infuflïfante de fer fpéculaire , mica de fer ; on les a comparés aux criftaux de fer oftaëdre des ferpentines ou pierres oUaires

de l'île de Corfe , aux mines de fer criftaliifé de l'île d'Elbe; mais les fer différentes minéralifations de ayant beaucoup de propriétés communes ,

comme l'éclat , la fragilité , la couleur , la pefanteur , l'aâion fur le

barreau aimanté, la tranfmilTîon de la commotion éledrique , la non-

diifolubilité à froid dans les acides fans produdion d'air inflammable j doivent être cependant diftinguées les unes des autres , s'il eft prouvé que la nature a deux moyens de faire prendre cet état au fer, tantôt par la

voie humide, tantôt par la voie sèche ; ce dernier cas eft celui des fubli- iTiations de fer criftallifé, qu'il faudra ranger parmi les produits volca- niques.

J'ai été fortifié dans ma manière de voir pat M. Beflbn , dont la colleition minétalogique eft une des plus belles par le choix des morceaux ,

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 121

Se l'une des plus intérefTantes par rapport à ia gradation fuivie des morceaux •d'étude qu'elle préfente aux yeux des connoilFeurs. Ce favanr Naturalifte m'a fourni la comparaifon à faire d'une fublimatian de fer criftalJifé , <5U il a détaché lui-même d'une des dernières coulées de lave du Véliive, avec les mêmes fublimations de ce métal des volcans éteints de l'Au- vergne. Les crillaux de fer du Véfuve font très-petits, trcs-minces, mais leconnoiifables. M. Faujas de Saint- Fond n'a pas balancé de fe ranger

du même avis ; il a cité d'après M. BefTon cette nouveauté, Si j'ai le plaifir de me rencontrer avec ces habiles obfervateurs , dans le rappro- chement que je préfente de l'identité de produdion de dilFérens endroits volcanifés de l'Auvergne. J'ai reconnu que les fers criftallifés du Mont-d'Or, du Puy-de-Dôme, de Volvic, ont une matrice commune. Toutes les laves attirables à

l'aimant, récèlent plus ou moins de fer ; dans les laves pefantes cellulaires ou pleines, dans les bafalts.le fer mélangé par la fufion eft comme ea difTolution très-éteadue avec les matériaux conftituans de la lave (l). On

ne le reconnoît point à l'œil , même avec le fecours de la loupe, mais il devient vifible dans la plupart des laves poreufes ; dans celle de Volvic, par exemple, chaque férié cellulaire a fait office ou de cornue ou de vaiiïeau fublimatoire , au moyen defquels a pu s'opérer la criftallilation du fer. C'eft fur-tout dans les cheminées occafionnées par les retraits ou gerçures des grands courans des laves cellulaires ponceufes (2)^ que s'eft

(i) Cette combinaifon de fer étendu parle feu avec les matériaux des laves, me paroît être une forte de minerai de fer. Ne pourroit-on pas attribuer à la préfence de

C» même fer , la pefanteur , la couleur , la foli dite , la qualité ionore des laves noires peHintes , compaftes , en tables ou en prifmes bafdltiques. Je n'ai point encore trouvé le fer fublimé dans les retraites & l'intérieur des laves pefantes , dont quelques-unes font cependant cellulaires. Je juge que les proportions s'étant trouvées convenables entre le fer & les matériaux de ces mêmes laves , il a pu en rcfulter un alliage de terre & de métal difpofé par fon degré de calcination à produire une efpèce de matte de fer que j"ai ci-deffus appellce forte de minerai. crois que la quantité de fer qui entre dans la compofition de ces laves Je , provient princip2lement de la fonte des fchorls en malle ou pierre de corne . ain/î que l'a obfervé M. de Sauffure, page iii de fes Voyages dans les Alpes, tome premier, 5 l'article Digrefflon fur la matière première lUs lav:s. Je remarque que les (clioris régulièrement criflallifés femblent avoir ré/ifié davantage à la fulîon ; ce qui paroît dépendre de leur compolîtion & crirtallifation plus pure, plus quartzeute.

(2.) J'appelle laves cellulaire! ponceuiës celles qui me paroiiïênt tenir plus ou moins caraftcre de fufion, des qualités particulières à la crois du & ponce ; je les être le réfultat de la fulîon des granits , contenant beaucoup de feld-fpath &peu ou prefque je renvoie l'article point de fchorls ; à Mont-d'Or des détails à ce fujet J'ajoute ici cellulaires légères à ce qui concerne les laves , que la ftniéiure , la couleur , la fria- bilité , la légèreté de la pierre ou lave de Volvic m'ont décidé .i !a confidérer comme étant dans l'état moyen entre les laves pefantes, poreufes, compaftes,& celles que je j'appelle légères , cellulaires & ponceufes; & comprends qu'en raifon de ce que Tome XXIX, Part. II, 17S6. AOUT. Q 122 OBSERFJTIONS SUR LA PHYSIQUE.

faite diftindemenr la fublimation du fer fut les parois des laves ; de jnanière qu'on voit fur les lieux Se au moyen des échantillons que j'ai

portés à l'Académie, une gradation d'effet de cette même fublimation , depuis le lieu où elle eft criftallifée régulièrement, jufqu'auierme où l'on ne diftingue plus que des impredîons fuligineufes de fuie métallique.

Pour me faire une forte de théorie de cette fublimation , je conçois que Je fer a été mêlé uniformément dans la lave encore contenue dans fes fourneaux, que ce qui s'exhaloic alors de vapeurs ou fuies métalliques, fe dépofoit dans les foufflures des fcories amoncelées formant le

crater (i) ; mais la lave, celle de Volvic que je prends encore pour

exemple , venant à s'écouler des foyers du volcan dans un vallon où elle s'elf accumulée de la hauteur de trente, quarante, cinquante pieds, s'ell entretenue quelque tems en fufion fous la croûte qu'on fait fe former à la fuperficie des coulées de lave; puis elle a pris des retraits approchans de ceux des bafalts,mais encore- plus irréguliers & trcs en grand. C'efl de ce moment où la lave s'eft confolidée en mafles partielles qui ont continué d'être long-tems incandefcentes, que toutes les cellules

de cette lave encore pâteufe , font devenues autant de laboratoires où le fer contenu dans cette même lave a été comme par une efpèce de

reffuage , fournis à l'adion fecondaire du feu. Le réfroidiiïement lent a

favorifé fa criftallifation ; la communication des porofîrés de la lave, a fdciliré le tranfport plus conlidérable des mêmes fublimations de fer dans les fentes ou cheminées auxquelles aboutifToient le plus grand nombre des foupiraux profonds Se ramifiés qui fe communiquent. La continuité de la chaleur des émanations acides ont plus ou moins altéré la furface de ces mêmes cheminées, fur-tout dans la partie fupérieure des retraits delà lave formant la couverture, au point qu'elle efl devenue plus blanche,

plus légère , plus friable, dépourvue du fer qui étoit peut-être la caufe de

fon liant, de fa folidité ; elle eff rapprochée de l'état des laves ou roches

volcaniques du Puy-de-Dôme & du Mont-d'Or : elle n'elt plus qu'acci- dentellement revêtue de fublimation de fer. J'aichoifî trois variétés &c accidens de ces fublimations à différentes

fâ compofition tient de l'une & de l'autre, il a pu arriver que le fer y foit contenu-

partie dans l'état de niatie de fer , & partie fublimé tant dans l'intérieur qu'en l'extérieur de cette même lave; de manière que j'afïigne toujours le fite des fers <;rirtallirés ponceufes. par fublimation , dans les feules laves cellulaires (i) J'ai trouvé des criflaux de fer ifolés ou grouppés dans l'intérieur des fcories

cellulaires ponceufes, faifant partie du revers du grand crater du Puy-de-Pariore , appelé vulgairement !e grand Nid de la Poule, à la droite du Puy-de-Dôme, en la continuité ailapt par Clerraont. Ces fcories font décolorées , friables en raifon de oe la chaleur & des exhalailons acides auxquelles elles ont été expofées. M. Sage nous apprend qu'on peut .i volonté altérer, décolorer les laves, les dépouiller tle lfLit(.%^ ^U. mpyen de l'acide marin. ,

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 123

hauteurs ; elles viennent toutes à l'appui de ce que j'ai dit plus haut ; l'un de ces morceaux m'a paru mériter une defcription particulière. C'eft un

éclat prisa la profondeur d'environ quinze pieds , dans l'un des retraits' de la lave de Volvic: en plaçant ce morceau dans fa pofition naturelle, on' voit qu'il eft revêtu par bas de fublimation de fer criftallifé , qu'au-delTus

à-peu-près au milieu , il s'eft formé une obftruiflion d'une ligne Se demie ou deux lignes d'épaiflTeur du même fer irrégulièrement criftallifé , &C comme fondu pour fouder l'un à l'autre les deux parois de la fente ; il n'y a plus eu de paifage qu'à de légères & fuperfîcielles fuliginofîtés métal- liques, dont les imprelîîons ont irifé la plus grande partie du furplus de la pierre. Une fuite de cet accident très-remarquable encore, c'eft qu'en partant du point où s'eft faite i'obftruâion métallique , on voit par la tranche de la pierre qu'elle eft altérée en raifon du coup de feu qui eft devenu réver- béré , oc s'eft reporté avec plus d'adivité fur la furface inférieure de cet

éclat : on diftingue dans fon épaifleur la nuance différente de la lave devenue dans cet endroit blanchâtre, friable, & terminée par une zone ou ligne de démarcation , des fuliginofîtés métalliques que le feu a chafTées de plus en plus avant dans l'intérieur de la pierre : obfervation qui doit commencer du point de l'obftrudion qui fe trouve être zéro pour la pénétration de la chaux métallique qui ttouvoit une ilTue dans la partie Cipérieure au point d'engorgement.

Au Pity-de-D6me.

C'eft prefqu'au fommet de la montagne que font fîtuées de même dans les retraits d'une roche volcanique, des fublimations de fer en criftaux un peu plus épais que ceux de Volvic ; leur point d'appui m'a paru être une lave ponceufe frircée (i). Lors du retrait du froiilement de ces roches

(i) J'avoue q'j'i' efl difficile de prononcer: je m'étaye de plufieurs obtervations. fen admettant avec M. Defmarets l'exifîence de lave au fommçt du Puy-de-Dôme,

il eft il domine de beaucoup au-defTus des craters au milieu def^uels prefqu'itôlé ; mais n'y a-t-il point eu de crater à fon (ommet ? Le tems n'en a-t-il point effacé les

marques diffinftes ? Ce qui doit déterminer à regarder comme une lave la roche friable légère du Puy-de-Dôme, c'et? que dans la plupart de fes fraftures on riiftingue dans la pâte le mélange de très-peu de fchorl & de mica & la demi- fufîon des feld - fpaths que je foupconne être précifément les matériaux principaux la comparaifon à faire de celles des laves vitriformes ponceufes ; je voudrois avoir dont M. Dolomieu donne la defcription fous la dénomination de courans de ponce

folide , dans fon Voyage des iles de Lipari. Je crois avoir ralTemblé des produits le analogues , dans la coUeftion que j'ai faite des paffages des altérations par feu, de la roche du Puy-de-Dôme, depuis fon état ordinaire de lave blanchâtre, poreufè, pafTablement confinante, jufqu'en celui de fritte légère & friable tout- à -fait rapproché du caraftère de la ponce. d'un Mémoire qu'il a en M. Defmarets , page 6z6 donné à l'Académie 1773 ,

Tome XXIX y Part, II, 178(5. AOUT. Q a 124' OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, -

volcaniques à travers lefquelles s'exhaloit le fer, plnfieurs fragmens de la même roche fe font engagés dans la t'ente , j'ai remarqué que c'efl alors par leur furface inférieure qu'ils ont été revêtus ; je n'ai vu dans la fraifture

ûe cette roche que peu ou prefque point de fer : celle qui n'ell pas très- voifine des cheminées fur les parois defquelles s'eft dépofé ce métal

fublimé 5 m'a paru ne contenir de fer dans aucun des deux états dont j'ai

parlé , favoir, de matte de fer ou de fer criftallifé ; auflî ne fait-elle agir le barreau aimanté, que lorfqu'elle eft revêtue ou pénétrée de ce métal. Pludeurs de ces morceaux attirent par un bout Se repouffent pat l'autre le même pôle du barreau. J'ai donné dans mon Mémoire le détail hiflorique de ma découverte des fers fpéculaircs du Puy-de-Dôme, J'ai cité parmi les amateurs

d'H.ftoire-Naturelle de ma province , ceux auxquels j'ai en partie 1 obligation de mon éducation & de mon goût pour cette fcience, mon

pareiJt,M. Delarbre , Curé delà Cathédrale de Clermont, (Profedeur de Botanique au Jardin Royal des Plantes, dont mes com-patriores lur

doivent l'crabliffement : il l'a follicité & obtenu des foins du zèle éclairé de M. de Chazerat, Intendant de la province d'Auvergne). M. Mouffier, Apothicaire de la même ville, dillingué par Tes con- noiffances pratiques de Chimie, fait aufli fes délicesde l'étude de l'Hiftoire- Naturelle.

Au Mont- d'Or il m'a fallu à plulîsurs reprifes furmonter des difficultés

incroyables pour n>e procurer fur leur gangiip des fers fpéculaires. M. Itf

Marquis de Laizer , M. Beffon & moi , nous nous fommes gliffés tour-à- tour dans l'une des déchirures de la partie fupérieure des roches volca- niques d'où fe précipite une cafcade qui a donné fon nom au ravin

qu'elle a formé ; c'ell dans cette déchirure que nous avons obfervé que l'écartement ou retrait des roches volcaniques s'eft rempli d'un détritus

volcanique très-fin , devenu une forte de tripoli jaunâtre; c'eft dans cette

efpèce de filon de tranfport , dû à des alluvions anciennes, que fe trouvent être entaflées & hrifées pêle mêle, puis liées avec la terre que j'appelle limon volcanique, la quantité delames de fer que les dégradations récentes

des eaux pluviales , des fontes de neige , l'alternative fur-tout de la gelée & du dégeL déblaient & entraînent aifément. Ces fers ne font point-là dans leur terre matrice, puifqu'ilsfont la plus, grande partie brifés; à l'aide de nos marteaux & cifeauxnous ne pûmes arra-

fur les différentes efpèces de bafalt, dit que certains granits qui ont hé expofés à une chaleur foible, laiffent voir à côté des points quartzeux , le feld-fpath à peine recon-

noîffable il efl ; terni , exfolié, friable , & dans un état voifin de la ponce. Ce paflage eft l'une des preuves d'antériorité de la plupart des obfervations de ce favani (ùr celles dé MM. Dolomieu , Faujas de Saint-F»nd & plufieurs autres Naturalifles célèbres.. SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 12^ clier que de pttits éclats de la*rochejfur les parois de laquelie nous avons reconnu, apiès lavoir uien nettoj^é du liruon vokanique, des (ublima-

tions de ter cornp;irahles à celSe'i du Puy-de-Dôme, excepté qu'elles font

plus epaii'les: elles (c fciu faites dt niêiiie dans les retraits, cheniinées on l'oupiraux de la lave granireuje p jnceule ce la cafcade (l). Ma curiofité n étant qu'en partie làtisfaite, je retournai la failon ("uivance au Mont- d'Or avec Dulin Médecii.e cette M. , (Dodeut en ) (^Ji. Mum fois.d'une

(i) la parce 'jue les n.stc.Iaux J'appelle lave de la cafcad?, graniteufe poncenfe ,

des granits font encore trcs-reconnoifiabies principaltiiicm irf ji'.ani.tc des tcid- y , ipaths à dcnii-vitrifiés ; le fcliorl pareil avoir été le moins abondant , le quarti & le

mica s'cire frittes , avoir à l'aide du feu une lave qUi r^ préfertt encore le , , produit

granit fi bien, que c'eft à s'y tromper au premier coup-d'oeil , dans le cas où la

lave devenue ils compafte a lié & enveloppé les feld-fpaths , précilément comme le Tont par une pâte de jafpe de diftérente couleur dans les vrais porphires. M. Dolo- nileu la qu'il lave qui traverfé , dans defcription a donnée d'une coulée de a Catane , dit qu'ils que les matétiaux des granits y font trcs-apparens , ont éprouvé une fulion Jellemeni particulière qu'il faut qu'ils ont dû gllTer les uns fur les s'expliquer , autres fans fe mêler & le confondre. Je crois pouvoir faire la féconde application des defcriptions de ce favant Naturalifle dans la comparai'cn que je préftnte de la coulée de lave de la cafcade du Mont-d'Or. Cette énorme niaiïe de cent pieds d'épailfeur n les la bafe qui s'éboule pic , parce que eaux en pourrifTent dans beau- coup d'endroits porte à faux lut un lit de cendres & de déjeélions volcaniques, que ces mêmes eaux qui filtrent des crevaffes fupérieures des laves , détruifent encore avec plus de facilité. Ceft dans cette couche qu'on trouve des criflaux de feld-fpatli bien conlêrvés, quant à la forme ; ils font prefque toujours maclés; ils font très-légers & très-fragiles à raifon de leur état fritte. La coulée de lave dont je viens de parler couronne le fommet de la haute vallée d'où Ce précipite la cafcade , elle fe prolonge avec d'autres montagnes partielles vers le point le plus élevé du Mont d'Or, d'cù lont defcenducs vraifemblablement plufieurs coulées de lave ; les fragmens des roches que j'„i pris au fommet du puy de Sancy m'ont paru avoir le même carafière viiriforrae ponceux de la lave de la cafcade.

efl tellement ont les Le Mont-d'Or ruiné , que fes déchiremens été nommés enfers,

VU lerr difpofition effrayante ; le fiie des craiers ert difficile à reconnoltre, mais on n'en a pas E^eloin pour juger que c'efi de leur effort réuni qu'il eft rélulté l'eniafTement & les débris tour à-tour de ces cololfes volcaniques produits des mouvemens convulfifs ce la terre ; cette contrée dans les lieux où elle r'ell ombragée que par les forets trilles defapins, où le bœuf mugit comme le tonnerre, où la corneille croaflë, où le hibou femble fans ceffe appeler la nuit, l'oiieau de proie être toujours prêt à donner la mort ; cette contrée , dis-je , femble encore en deuil.

(i) M. Dulin , mon refpeftable ami, quoique d'un certain âge , & fnjet aux maux de têle, a voulu fe foumettre à l'elTai , il s'efl reconnu dans l'air élaftique avoir plus de relTort lui-même ; il vint à bout de gravir la montagne dans un endroit prefqne

avoir fait fe'^ preuves qu'il ei> inacceffible ; après de courage , nrus dcrnc laiin fa defcription de fon vovage , le réfumé de Tes judicieufes obfervaiions , lorfque' parvenu furie fommet des monts, il a oublié fes fatigues pour jeter un coup-d'œiî rapide autour de lui ^ & voir au loin la terre s'anondic fous l'horifôn ; tel eli le ttÔBe i

126 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE corde nouée &: des outils que j'avois cru nécefTaires à ma nouvelle exploi- tation : à l'aide d'un levier je vins à bout de dégager les roches qui couvroient en partie la minière des fers, je me procurai deux beaux grouppes de criftaux en grandes lames adhérentes à leur gangue ; je vis encore plus diftinclement cette fois, la cheminée où s'étoit faite cette belle fublimation ; je diftinguai profondément dsns un endroit qui ne s'étoit pas rempli des dépôts amenés par les eaux , d'autres grouppes de fer fpéculaire. Je travaillai vainement jufqu'à la fin du jour à faire

éclater les bords de la roche pour parvenir à les extraire; j'y perdis aulTi ma peine le jour fuivant : enfin, je projettai d'en venir à bout au moyen de la poudre à canon. Cette dernière opération ayant été jugée impra- ticable par les gens du pays à qui je la propofai , fut remife jufqu'au joue où j'eus l'occafion d'accompagner M. BefTon au Mont-d'Or ; je lui fis part de la réfolution que j'avois prife d'aller faire jouer la nlinedansla roche aux fers fpéculaires ; il applaudit à mon zèle, il me reconnue intrépide comme M. de SaufTure qui gravit les Alpes avec des crochets de fon invention.

Il m'a fallu guider un mineur prefque malgré lui dans la déchirure des rochîs de la cafcade;la mine étant chargée, le mineur ayant déjà couru les rifques de f.' précipiter, fe mit à calculer les précautions & le tems qu'il lui taudroic employer à s'éloigner; ii ne put fe réfoudre à mettre le feu à , la mine. Mes intérêts étant tous différens des fiens 'prenant fur moi d'être intrépide ou téméraire, j'ai troublé le repos de ces laves antiques

éteintes depuis tant de fiècles, j'ai .î pluueurs reprifes fait fauter en éclat partie de cette roche: je n'ai point vu qu'elle tût pénétrée de fer, C\ ce n'efl dans le voilînage de la cheminée dont je cherchois à aggrandit l'ouverture ; plulîeurs fragmens de la même roche s'étant trouvés engagés au moment du retrait de la lave, accident que j'ai déjà dit être arrivé au Puy-de-Dôme, ils ont été revêtus de iublimations de fer qui fe font dépofées de même en raifon du coup de feu & des points d'appui qui ont favorifé fa criflallifation , depuis le cas où elleeft régulière jufqu'à l'état celui où elle a pa'fé par degrés à de fuie mitallique , qui n'a fait qu'enfumer les parois de la cheminée: dans les endroits où la chaleur a agi avec plus d'adivité , où il s'exhaloit des vapeurs acides , la lave s'eft décolorée, eft devenue friable & légère. Les plus grandes lames ou criflallifations de fer que j'ai trouvées, ont un pouce èc demi de largeur fur un peu plus de dimenhon en longueur ; leur plus grande épailTeur ell: d'une ligne & demie, deux lignes ; les faces de

figuré du Créateur, Ce dit alors le Philosophe afiis fur un point du globe ; le voilà

dans l'efpace bientôt la tcte lui , prefque ; mais tourne h grande lumière l'ofTut^ue , il aime à redefcendte dans fon airaofghèra. SUR vmsr. naturelle et les Jrts. 127 tes lames bien nettoyées paroilTent à la vue fimple être très-unies , mais au moyen de la loupe on diftingue des ftries , des décroiffances contour- nées i]ui décèlent la juxta-polîtion de plus petites lames. J'ai fait voir à l'Académie, les deux variétés de criftallifations en grandes lames Se en petits odaëdres déterminés, grouppes fur un mcnie éclat de la roche ou

Jave graniteufe ponceufe , qui leur fert de gangue ou de point d'appui; ce même échantillon eft celui dont les propriétés magnétiques font les plus fortes. Je conclus de la difpofîtion uniforme de ces différentes fublimations de criflaux de fer fpéculaires toujours obfervés fur les parois des retraits des laves cellulaires ponceufes, qu'elles ne peuvent être que l'ouvrage du feu. Les criliallifations fpathiques calcaires faites par l'eau, fe trouvent être léléguées dans les poroiués des laves que je crois avoir été fous-marines,

elles occupent une région bien inférieure à la hauteur oij fe trouvent les fers fublimés. Eh! quel concours de circonftances ne faudroit-il pas imaginer pour concevoir que l'eau ait pu dans difFérens lieux dépofer des criftallifations métalliques adhérentes fuperficiellement à des points d'appui qu'on ne fauroit regarder comme une vraie gangue, di cela fans jamais déterminer un filon.

M. Rome de Lille, à qui j'ai communiqué ma defcripcion, à bien voulu me confier un Mémoire qu'il vient de donner à l'Académie des Sciences de Mayence fur les rapports qui paroifTent exirter entre les

criftaux d'érain & les criflaux de fer oiftaëdre ; ma defcription des fublimations de fer qu'il a en partie annoncée, fe trouve comprifedans

la coUedion de faits qu'il a recueillis , & qu'il m'a permis de citer : né

pouvant renvoyer au Mémoire de M. de Lille , qui n'efl point encore imprimé, j'ai pris le parti de rranfcrire ici ce qui a rapport à mon objet.

M. de la Tourette , Secrétaire perpétuel de l'Académie de Lyon , à envoyé à M. de Lille de petits criftaux de fer oflaëdre très-réguliers,

folitaires ou grouppés ; ils fe font formés par fublimation dans le grillage pyrites fonderies d'une grande mafle de aux de Saint-Bel , près de Lyon ;

ces crirtaux , dont les plus gros n'excèdent pas une ligne de diamètre, (ont

noir.îtres , fragiles , attirables à l'aimant. traitant fer M. le Duc d'Ayen , en le avec l'acide marin , a produit dé

petits criftaux de ter atiirable,qui , examinés au microfcope , dit Macquer dans fon Dicbonnaire de Chimie, fe montroient comme autant de petits corps réguliers fort opaques, figurés la plupart très-exa(5lement comme

des tranches plattes de prilmes hexagonaux ; ces criftaux de fer , ajoute

le même Chtmifte , dont les faces ont la couleur Se le brillant de l'acier

le mieux poli , ne paroiffent point être dans l'état falin : c'eft le fer n-ême qui apparemment s'eft fublimé de la fût te par l'aûion du feu & des dérnitieî portions de l'acide marin. ,

128 OBSERFATWNS SUR LA-^HYSIQUE

M. Faujas de Saint-Fond , page 232 dans fa Minéralogie des volcans, parle du fer fubiimé en criftaux noirâtres oiflaëdres bien JilHnds dans àtis, Icories qui proviennent des rafineries d'acier de Rive en Daupliiné. M. Paflinge, amareur d'Hiftoire-Nacurelle, de Rouane, a obfervé une femblable criftallifition de fer dans les gerçures d'un grand cteufet de verrerie cjui avoir éprouvé l'aiftion d'un teu long & foutenu. M. Pelletier a obtenu de femblables criftaux en traitant de la limaille de fer avec du fel ammoniac.

Enfin , les expériences de MM. , Lavoifier, la Folie, Meyer de

Stelin , Sage, Maret , &c. coïncident toutes & prouvent que par des moyens chimiques on peut à volonté fubliiuet à l'aide du feu le fet dans ce commencement de calcination, ou l'obtenir en poudre noire

abfolument de la même nature par la voie humide ; les battirures de fer fe trouvent être dans un état à-peu-près femblablxîà celui de l'ïthiops

martial précipité par l'eau ; ce dtrnier fe diflbut avec un peu plus de facilité dans les acides.

L'efpèce de fer connu fous le nom de fer micacé e'/fenman , me paroît être auffi dans un état de combinaifon femblable. Il en eft de

même du fer de l'île d'Elbe , à cela près d'un tant foit peu de foufre que M. Pelletier m'a affuré y avoir décelé. M. Lavoifier ayant expofé à l'aiflion de l'eau en vapeurs dans un canon de fufil bien rouge des lames de fer, elles font devenues noires, brillantes, fpéculaires, caflantes, criftallines ; dans cet état les lames métalliques réduites en poudre donnent un véritable a:thiops qui fe diffout fans efFervefcence dans les acides ; elles paroilfent donc être comme les fers fpéculaires criftallifés par le feu des volcans, une chaux de fer qui n'a encore abforbé que la plus pettte quantité poflîble de bafe de l'air. Cette théorie fur l'état du fer noir, due à M. Lavoifier, diffère de celle de M. Sage, en ce que cet autre habile Chimide regarde comme un acide particulier qu'il fous le d'acide igné - , dé(îgne nom phlogiftique , le principe que M. Lavoifier appelle bafe de l'air ou oxygine. On ne fauroit fe défendre de comparer des faits auflî analogues.

Chacune de ces obfervations s'éclaire mutuellement , explique en petit l'opération de la nature que je viens d'obferver plus en grand, dans la defcription que j'ai donnée de la manière d'être des fers fpéculaires criftallifés des anciens volcans éteints de l'Auvergne.

Extrait d'un fnpplément au même Mémoire.

M. Pelletier vient d'ajourer plus récemment au nombre des faits chimiques, une fublimation de fer qu'il a obtenue en traitant de la limaille de fer avec du fubiimé corrofit. lia encore produit d'autres fublimations de fer criftallifé.en appliquant un bon coup de feu à un mélange de fel marin bi de vitriol de mars : il eft SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 125» ert refté au fond des vaifleaux une maffe fondue d'une pièce, une fcorie faline n'attirant point fenlîblemenr l'humidité de l'air; elle eft revêtue fur toute fa furface de fer criftallifé, elle en contient dans toutes ks foufflures intérieures. M. Pelletier ayant caiïe ce morceau pour que nous puillîons l'examiner plus à l'aife , m'a fait le plailîr de m'offrit la moitié de cette précieufe production de l'art ; après l'avoir admirée, j'ai cherché à la rapprocher lur tous les points de vue, des fublimations de fec opérées par la nature dans les fcories volcaniques.

J'ai découvert que le fer fublimé dans la fcorie laline , attire auflî d'un côté Se repoulfe de l'autre le même pôle du barreau aimanté : voilà donc de l'aimant créé par l'art du Chimifte. Cet apperçu abfolument neuf mérite d'être fuivi , & peut conduire à l'éclaircilîement de la théorie du magnérifme , qui paroît être dans ce cas-ci une modification pure & fimple de la matière de la chaleur à laquelle il femble qu'on doit attribuer la puilTance, la qualité, ou diredion du fluide magnétique communiqué à travers la cornue, au fer révivifié de la fcorie faline dont j'ai parlé. En attendant que je puiife répéter cette expérience, j'ai tâché dans mon Mémoire de réduire ce fait (qui m'a d'abord paru un phénomène ) à des données phyfiaues au moyen defquelles on a expliqué jufqu'ici la qualité magnétique des fers qui fe trouvent être accidentel- lement aimantés par l'éledriciré, le frottement , le choc réitéré, &c. Je me fuis, dans le même Mémoire, réfervé de m'expliquer plus particu- lièrement fur la théorie que )'ai conçue du magnérifme des fublimations de fer par le feu. D'après, dis-je, de nouvelles expériences, je me propofe de concourir avec des Phyficiens & des Chimiftes d'un mérite reconnu , pour edayer de répandre du jour fur ce point important de Phyfiquejde Chimie & d'Hilloire-Naturelle, MÉMOIRE

Sur une nouvelle Machine à ékârifer ^ qu'on peut regarder

comme une véritable Pompe à feu éledrique : cette Machine étant conjiruite de manière que fon effet confific

uniquement à tirer Le fluide eledrique des corps ^ & à les

.éleàrifer par-là négativement , ou par raréfa^Sion ;

Far M. LE Roy.

tl 'AI déjà expofé tant de fois à l'Académie , la théorie des deux éledri-

cités pofitive & négative , ou par condenfation Si par rarcfaâion ; j'ai

fait voir en tant d'occafions , avec quel fuccès elles tendent compte de^î Tome XXIX, Part. Il, ilU. AOUT. R 130 OBSERVATIONS SVR LA PHYSIQUE, principaux phénomènes éledriques , que je crois qu'il feroit abfolument l'uperflu de revenir fur cette matière: je me contenterai feulement de faire

qu'il a près j'ai dit remarquer à la Compagnie , y déjà de trente ans que

fait (î l'on avoir commencé par faire de l'éleclricité £: voir que pofidve ,

ou de celle que donnent les machines ordinaires , c'étoit par un pur tffec du hafard, & qu'on auroit pu également produire d'abord âel'éleâricicé

négative , fi , tout reftant d'ailleurs de même, on avoir ifoléle couffin , au

Jieu d'ifoler le condideur; ou qu'on eût comme Oito Gtierick , fait de l'éledriciré en frottant des globes de foutre: j'ajourai à cette obferva-

tion , que ce qu'on avoir prétendu en avarçant que les phénomènes de XéUclr, cité négative ne tenoient qu'à une éledricité plus foible, étoit non feulement fans aucun londement, mais encore abfolument contraire

aux phénomènes. En effet, je fis voir alors, ainfi que je l'ai fouvenc montré depuis, que cette éledricité étoit rour auffi forte que l'autre,

c'c(l-à-dire les étincelles des éledfrifés , font , que corps riégativewent tout aufîî vives & partent d'une audî grande diflance que celles des coi ps é\e£tx\Çés poflt'n'etneat. Cependant, comme les machines avec lelquelies

j'avois fait ces expériences , n'avoient pas été difpofées pour faire de

VeleQiicité négative uniquement j'ai penfé depuis, qu'il Itroit utile & , inrérelfant d'en conllruire une de façon qu'elle ne produisît que de cette efpèce d'éltdrité, comme les machines ordinaires ne donnent que de

YcUdricité pojuive ; j'ai cru que par-là on pourroit en rendre les effets plus confiderables , & en faire plufieurs applications utiles qu'on ne

connoiffoif pas encore , fur-tout par rapport à l'éledricité médicale. Cela

, me paroilloit d'autai.t plus néceffaire , que routes les machines ou du

moins celles qui étoient venues à ma connoiffance , & avec lefquelles on avoit prétendu faire de VéleSricité négative pour éledrifer des malades,

étoient, il faut le dire, trop mal conftruites, pour en donner qui eût quelque degré de force, & qui fîit propre par-là à nous faire connoîrre ce qu'on pouvoit attendie de cette éledlricité appliquée au corps humain. Une autre raifon importante me déterminoit encore en faveur de la

machine je médirois , c'eft qu'il devoir avoir la narure de que ne y , par

fon effet , aucune élecîlricité de perdue pour le conducteur ; au lieu que

ordinaires il dans les machines y en a toujours , parce que ce conduéleur ne reçoit pas toute celle que le corps frotté enlève aux couffins; mais ceci demande une explication. Lorfqu'on éledlrife à la manière ordinaire, foit avec un globe, comme

on le faifoit autrefois , foit avec un cylindre, comme les Anglois le font

aujourd'hui , foit enfin avec un plateau , comme nous le pratiquons

, aduellement il faut , quand cette opération fe (ait avec le globe ou le cylindre, qu'ils aient fait l'un & l'autre une deirii- révolution, ou à-peu-

jjtès., pour, que la partie du verre frottée par le coufîîn ou par la perfonne qui en fait la fonûion, arrive au condudleur & lui communique l'éleâri- SUR L'HÎST. NATURELLE ET LES ARTS. 131 cité dont elle eft chargée : or , fi ce globe ou ce cylindre eft d'un certain

il diamètre, ou le meut avec trop de lenteur, arrivera , pour peu que l'air ne foit pas bien fec , que la partie frottée de leur circonférence perdra une certaine quantité de fon fluide électrique , avant qu'elle foit parvenue au condudeur, & par conféquent que ce fera autant de moins qu'il en

fi recevra; cela eft évident , qu'il eft prelqu'inurile de s'arrêter à la prouver: cependant je ne puis m'empêcher d'ajouter , pour montrer la certitude de cet effet , que dès que l'air efl un peu humide , on ne peut faire avec ma machine (i) aux éleâricités/>o/z;ii^e & négative, l'exrindlion

de ces deux éledlricirés l'une pat l'autre ; car le plateau ayant perdu, avant d'arriver au condufteiir de Véieclricué pojiciue , par cette humidité de l'air , une partie du fluide éleârique qu'il avoir pompé de celui de

]l éleclric'ué négative ( au moyen des coulTîns) , il fe trouve par-là ^ que ce pdateau ne pouvant en communiquer autant au premier, qu'il en a enlevé au fécond , l'équilibre ne peut être rétabli entre ces deux con- ducteurs , & par conféquent qu'on ne peut produire l'extindfion des deux éledlricités dont je viens déparier: c'elf ce que je ferai voir à l'Académie dans fur fi un moment, cette machine, le tems eft favorable ; j'y ai fait faire une petite addition (2) par laquelle on prévient facilement cet effet qui empêche la démonftration de ce phénomène. Au refte, dans toutes les machines ordinaires , à globe & à cylindre, avec lefquelles on fait de

YeUdricité pofitive , l'inconvénient dont je viens de parler eft fans lemède ; & plus ces globes & ces cylindres font grands plus cet incon- , vénient augmente. Et Ci les grandes machines ou celles qui ont de grands globes ou de grands cylindres, n'ont pas toujours des effets qui répondent

à leurs dimenfions, c'eft en grande partie par cette railbn ; car s'ils ne fe meuvent pas tort vite, ce qui eft le cas de tous ceux qu'on tourne à la

main , les parties frottées perdent de leur éledricité d'une manière alTez

(i) Cette machine à éleftriler que j'ai Imaginée en 1771 , & dont je lus la

defcription à la rentrée de Pâques de l'année 1771 , eft décrite dans le volume de

nos Alémoires de cette année ; l'ancienneté de cette date fait que je ne puis m'em-

pêcher d'obferver ici qu'il vient de paroitre une machine de M. Nairne , habile artirte

de Londres, propre à produire de même les deux éleftricités , & qui eft conftruite en

général de la même manière ; elle n'en diffère réellement qu'en ce qu'elle a un

cylindre , au lieu de plateau qui eft dans la mienne : il me parolt en conféquence qu'on à cette machine le nom de machine à de Nairne a eu tort de donner éU&rifer M. ,

puifque , comme on vient de le voir , cette machine eft toute (èmblabk à celle que

j'ai Imaginée , fait exécuter , & rendue publique plus de dix ans auparavant. (1) Cette addition confiftolt dans un fil de laiton qui s'attachoit fur le condufteuc qui s'avançant clrculalrement des couflins de Vélecirïciié pofitive , & du côté ,

alloit prendre l'éledriclté du plateau , avant qu'il eût fait (à déml-révolution , & lorfqu'il avolt feulement décrit un arc où je n'avois pas à craindre qu'il eût déjà perdu une partie du fluide éleârlque dont II s'étolt chargé dans le frottement des couftîns. Jo me XXIX, Part. II, i-jU, AOUT, R 2 ,32 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, fenfible avant d'arriver aux condiideurs: il y a plus, c'eft quefouventil eft plufieurs cas ou pour impoflîble de remédier à ce défaut , parce que dans certaines efpèces de verre, quand on les fait tourner avec trop de qu'ils s'échaufFent trop. vain vîtefTe, leur éleûricité diminue , parce En croiroit-on remédier à l'inconvénient dont il eft queflion , en faifant

il approcher davan:age le condudleur du couffin , parce que dans ce cas

perdroit de fon éledriciré par fa trop grande proximité de ce couffin , ainlî que je l'ai prouvé dans mon Mémoire de 17J3. Dans les machines à

plateau, difpofées à la manière ordinaire , une partie de cet inconvénient n'exifte pas, parce que dans ces machines la partie frottée du plateau, ne

fait qu'un quart de révolution avant d'arriver au conduûeur; mais aulîl on retrouve ici ce qui arrive aux condudeurs.des globes ou des cylindres, qu'on approche trop près des couffins, il y a de l'électricité qui fe perd

par leur voifinage (l). Or , la machine à plateau que j'ai l'honneur de par fa préfentet à l'Académie, & qui eft fous fes yeux , eft, conftrudion ,

entièrement exempte de cet inconvénient des machines à globe , à cylindre, &c. car au premier inftant où le frottement commence, à ce premier inftant réle(fi:ricité commence auffi, ou fe manifefte dans le petit que foit l'arc qu'on fait conduûeur , c'eft-à-dire , que quelque par-

plateau il fuffit pour que les couffins & le condudeur qui courir au ,

communique bien exadement avec eux, foient éledrifés : par-là il eft évident que l'humidité de l'air ne peut fe faire fentir dans cette machine qu'autant que cette humidité peut avoir adion fur le verre pour le rendre

moins fufceptible d'électricité , ou fur le condudleur pour la lui dérober rien qui lui foit plus promptement ; or , en cela elle n'éprouve patticu- les autres. Mais il faut en venir lier , & que n'éprouvent toutes à la defcription de cette machine que )'ai imaginée il y a déjà plufieurs années, mais qui n'a été faite que l'année paflee pour le Cabinet de Phylîque du Roi à PafTy. Elle eft compofée d'une roue de près de cinq pieds de diamètre qui

fait tourner une poulie de fx pouces de rayon ou à-peu~piès , qui eft

montée fur le même arbre que le plateau , & qui en eft alfez éloignée

pour ne lui dérober que le moins d eledricité poffibie ; ce plateau a

trois pieds de diamètre , il eft porté , ou plutôt fon arbre eft foutenu par des colonnes de verre auxquelles font acolées deux autres colonnes en arc-boutans, afin de leur donner plus de force pour réfiftet aux ébran- Jemens caufésparla rotation du plateau. Les couffins deftinés à le frotter,.

(i) Je dois obferver cependant , relativement à ce que je viens d.j^ilire, que la

ijii coi ' .'n méthode s'eft introduite , de mettre un taffetas cire qui part du 5;'i'éten4 à une certaine diftance fur le (ûr le prévient uifi _^!!tie plateau ou cylindre , de la perte du Huide éleârique dont je viens de parler; mais cet inconvénient n'en efl pas; moins un inhvreni à c«£te raanièce de produire rt'Jsflticiité jofitive avec le verre. ,

SUR VHIST. NJTUkEllE ET LES ARTS. 133 font placés à l'extrémité de Ton diamètre horifonral , &: à l'oppofîte de !a

loiie qui le fait tourner ; ces coaûîns font portés par une forte colonne de autour leur verre , afin qu'ils foient bien ifolés ; ils font mobiles de centre

lî cela fe peut dire, afin qu'on piiilFe les changer de polîtion par rapport au fens dans lequel le plateau tourne, & par-là redonner une nouvelle a été un certain tems force à l'életîtricité , quand la machine en adion , ainfi que je l'ai fuffifamnient expliqué dans mon Mémoire de 1772.

L'inftant où la partie frottée du plateau fort de deflbus les coulUns , étanc

l'inftant le plus critique, l\ cela fe peut dire , ou le plus eilentiel pour qu'elle foie éleiflrifée avec le plus d'avantage, ou qu'elle en forte le plus

chargée qu'il eft poffible d'éleflricité , &i l'adion du plateau tendant

toujours à les faire bâiller , il y a au bord fupérieur de chaque couffin deux dans vis , pour qu'en les ferrant on les fafle bien appuyer cette partie

fur ce plateau. De l'autre côté des couffins, & fur le même diamètre , on voit une pièce en forme de griffe qui s'avance horifontalement en

embraffant les deux faces du plateau , mais fans les toucher ; cette pièce

porte des fils de laiton , on en verra l'ufage dans un moment; elle efl

foutenue par une colonne de verre , qui n'eft-là uniquement que pour le cas oiJ on voudroit faire de ïélecîrichépofitive ; mais comme la machine ne peut donner la plus grande éleciriché négative, qu'en faifant celTer

, il a cuivre griffe cet ifolement y une chaîne de qu'on attache à la , pour tranfmettre incelTamment au plancher tours l'éledricité qu'apporte le

plateau ; afin de rendre même cet effet plus affuré , la chaîne eft chargée

en-bas d'un petit poids ; il eft prefqu'inutile d'ajouter que pour empêcher

que cette machine ne perde de l'éleâricité , la corde qui la fait mouvoir eft de foie, & que tout ce qui eft en verre eft recouvert de cire d'Efpagne.

J'ai fait tourner le plateau au moyen d'une roue , parce que j'ai

conftamment remarqué que quand on les fait tourner r î • :^n'T, non-

feulement on ne leur communique pas affez de vîteds , mi.'i encoi--" qu'on ne peut jamais les faire mouvoir auffî également ou jvforméme-.-V

•" que quand on les fait tourner par une grande roue : je me i; fervi d'un plateau, mais c'eft parce que je n'ai pu avoir de cylindre bien fai^ d'un diamètre allez confîdérable, car je l'aurois certainement prrféré, r\^n nsT

parce que les Anglois fe fervent de cylindre aujourd'hui , ir.?is par-» c Vj

cette forme eft fans contredit la meilleure de toutes ; on en fentira la laifon dans un moment. Toutes les expériences nous ont ôppris que oour

tirer d'un certain verre donné , le maximum d'élecftriri-é qu'il peut

fournir , il faut qu'il tourne ou qu'il foit frotté avec une certaine vîtefte :

il eft évident que dans les globes s'-l or , & dans les plateaux , y a une partie qui fe meuve avec la vîteffe néceffaire pour qu'elle do;;. )? le plus

pofflble, il n'y aura d'éledricité que celle-là , par la forme de cj globes jouira & de ces plateaux , qui de cet avantage ; au lieu que dans les ,

134 OBSERTATIONS SUR LA PHYSIQUE, cylindres, fi une fois vous avez rrouvé la vîcefTe propre aux verres dont ils fonc formés , vous êtes sûr que cette -vîtelfe conviendra à toutes les parties qui feront frottées , puifqu'elles feront toutes à la mêiiie diftance de l'axe; mais en voilà aflez fur la conftrudion de cette machine, il faut maintenant en expliquer l'effet : on le concevra fans peine.

La roue faifanc tourner le plateau au moyen de la poulie , les coudîns qui le frottent i'élefttifent; mais ils ne peuvent le faite qu'en lui f'our- niflànc une partie du fluide éledtique qu'ils contiennent, ils en perdent

donc à chaque inllant ; or, puifqu'ils en perdent , ils en ont donc moins

qu'ils n'en avoient auparavant , ou celle qui leur rei^e elf donc plus raré-

fiée , ils feront donc éledrifés par raréjaclion ou négativement ; mais les

parties du plateau revenant après une révolution , rapporteroient aux couffins l'électricité donc elles avoient été chargées précédemment

excepté celle qu'elles pourroienc avoir perdue en traverfant l'air , comme

je l'ai obfervé plus haut; or, en rendant par-là aux coullîns à-peu-près ce qu'elles leur avoient enlevé, ils fe retrouveroient prefque comme s'ils n'avoient pas été éledtrifés. La griffe dont j'ai parlé, fert à prévenir cet communiquant avec le plancher, au moyen de la chaîne effet , parce que & du petit poids , &c. elle enlève inceflammenc aux parties du plateau

qui arrivent à elle en tournant , le fluide éledtique donc elles étoient chargées; par-là elles reviennent aux couilîns, toujours dépouillées de

celui qu'elles leur avoient enlevé , &c par-là font propres à leur en

enlever de nouveau , & de cette manière les couffins étanc fortement

éleèlrifés négativement ou par raréjaclion , fonc pai-là dans le cas de tirer ou de pomper le fluide éleiîlrique du condudeur ou de tous les

corps qui en approchent ; ainfi cette machine e(l par-là , comme je l'ai avancé, une véritable pompe à feu électrique • Si il réfulce évidemment inflaiu fait mouvoir Je plateau de fa confttudtion , qu'au premier où on , à ce premier inflanc, ainlî que je l'ai die, les couflîns deviennent éleiSriques; d'où il fuit que le conduâeur avec lequel ils communiquent,

efl éledrifé de même fur le champ & fans qu'il y air la moindre

électricité de perdue , comme cela arrive nécelfai rement dans les

machines ordinaires: or j il efl important d'obfervec que ceci prouve

non-feulemenc ce que j'ai avancé , en difanc que \'éleclriàcé négative

n'eff pas plus foible que l'éleâricité pofitive , mais encore qu'elle doit être plus forte par la manière donc on l'obtient avec le verre, puifque

dans l'opération qui la produit , il n'y en a pas de perdue. L'Académie va voir quel efl le degré de force de cetre machine, j'en

étoit , étincelles de plus ai obtenu fouvent , quand le cems favorable des fes environs de fix pouces de long , quoique le centre du plateau & ne fuient pas garnis de cire d'Efpagne, pour empêcher le fluide éledriquede fe porter de l'arbre vers les couflîns, & que je n'aie pas encore employé piufieurs autres petits moyens propres à en augmenter les effets. SUR UHIST. NATURELLE ET LES ARIS. 13;. Je pourrois ajouter beaucoup de chofes fur cette nouvelle machine, & fur la nécclfué d'adopter généralement cette difpofitjon pour faire de qu'il n'y a l'éledricité , parce en &: ne peut jamais y en avoir de perdue: mais je crois en avoir afiez dit pour taire fentir les avantages de (a 1°. conftru(fHon , & l'utilité dont elle peut être, pour éledlrifer des malades négativement, ce qui n'a pas encore été fait, ainfi que je l'ai

obfervé , avec une éledricité alTez forte ; OP. pour faire mieux connoîrre les phénomènes des corps qui n'acquièrent J'éledtricité que par la diminution du fluide éledriqiie qu'ils contenoient.

Explication de ta Planche IP%

Cette l'ianche repréfente toute la. machine vue en perfpedlive,

P P eft Je plateau de verre.

C C font les coullîns avec leur refiort,

CD eft le condudeiir,

G G la griffe qui fert à enlever conftamment au plateau le

fluide électrique qui I a pompé des couflins ; elle eft armée de légers iîls de laiton qui repofent ou flottent fut ce plateau, pour le toucher dans un grand nombre de points.

c k eft la chaîne métallique qui y eft attachée pour faire ceffer l'ifolement produit par la colonne ou le fuppor: de verre /.

SyS^S,S,S,S,S, font les fupports de verre.

R R , grande roue qui , au moyen de la corde , fait tourner le plateau.

MM, manivelles fervant à faire tourner la roue &" placées fur fon

arbre, non à l'oppofîte l'une de l'autre , comme cela fe pratique fouvenr,mais de manière qu'elles forment entr'elles un angle droit.

r r, poulie fur laquelle pafTe la corde, & qui eft montée fur le

même arbre que le plateau •, elle eft cenfée vue à travers ce plateau.

L L , levier ou mécanique qui fert à tenir la corde toujours

tendue au même degré : cet efl^et s'opère au moyen du

poids /'/C), qui , entraînant le levier en en-bas , fait que le large rouleau qu'il porte, appuie de même conllam- ment fur la corde qui palTe au-deffous, & par-là la tend

toujours de la même façon ; C\ elle fe relâche en augmen- tant Je poids, on reproduit encore la même tenfion. *35 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE;

LETTRE DE M. GIRTANNER,

DoSeur en Médecine , A M. DE LA METHERIE:

Sur le B o u (^u e t i n,

JVloNSIEUR,

M. Van-B

à ce qu'il dit , le lieu où le bouquetin eft le plus abondant dan'! les Ajpes;

c'eft la vallée de Cogne. Le bouquetin n'clt abondant nulle parr daris les Alpes, comme je crois l'avoir prouvé, & comme on peut (e convaincre

en tailant le voyage de toute la chaîne de ces montagnes. Si j'ai dit q'je

c'eft la vallée d'Aoft qui eft l'unique endroit où il fe trouve, & que je

n'ai pas nommé la vallée de Cogne , ç'eft que je me fms fié en cela fur le

témoignage unanimç de tous les chafTeurs , dont aucun ne m'a nommé

la vallée de Cogne , qui d'ailleurs vraifemblablement ne fait qu'une petite partie de la grande vallée d Aofl; mais quelle que Ibit de ces deux vallées

qu'habite le bouquetin , tous les faits que fai mis fous les yeux des Ledcurs de votre Journal ne font pas mcins vrais. Selon Pallas, conti-

nue VI, Van-Berchen , le bouquetin fe trouve aulTi en Sibérie au mont

Taurus. Voilà une objedlion à laquelle je ne meferois pas attendu, après

ni'être donné tant de peine à diftinguer l'efpèce de bouquetin que j'ai

décrit de routes celles avec lefquelles on l'a confondue jufqu'à préfent.

M. Van-Berchen , en comparant la defcription de Pallas avec la mienne, & fur-tout en comparant la figure des cornes du bouquetin afiatique avec

la figure des cornes du bouquetin européen que j'ai donnée, auroit trouvé , combien la différence eft grande entre les deux efpèces. Les cornes du

bouquetin afiatique ( qui fe trouve en Sibérie , fur les montagnes des îles

de l'Archipel & de la Grèce ) reiïembleit beaucoup à celles du bouc

onlinaire. Elles font arrondies , applaties & ont les afpérirés très-irrégu-

lières , pendant que celles du bouquetin des Alpes ont deux arrêtes longitudinales & plufieurs arrêtes tranfverfales fur la face antérieure, formée par ces deux aiiêces longitudinales. Ces anèces longitudinales diftinguent

les SUR L'HTST. NATURELLE ET LES ARTS. 157 les cornes du bouquetiii des cornes de tous les autres animaux connus. Oa peut voir les cornes de ces deux efpcces d'animaux dans le cabinet d'Hiftoire-Naturelle delà bibliothètjue de Sainte-Geneviève à Paris, où M, l'Abbé Alongez, de l'Académie des Infcriprions, & Garde du cabinet de l'Abbaye de Sainte-Geneviève, a eu la complaifance de me permettre de

les examiner Si de les comparer entr'elles , planche i , fig. z. J'ai trouvé

aulîi ici , au Mufeuin Britanicum , les cornes des deux elpèces de bouque-

tin , & en les examinant avec foin je me fuis convaincu de nouveau que le bouquetin afiatique diffère de l'européen autant &: peut-être plus que le bouc ordinaire diffère du chamois. M. Van-Berchen dit qu'il eft informé

par une Lettre particulière , qu'on a fait venir de l'île de Chypre des bou- quetins pour le Roi d'Efpagne. Je pourrois me difpenfer de répondre à cette objeiftion, parce qu'un tait raconté d'une manière auHî vaque n'eft d'aucun poids enHilioire-Naturelle; mais comme la vérité une fois décou-

verte fe confirme de plus en plus , je trouve dans cette objection de M. Van- Lerchen une des preuves les plus fortes que le bouquetin alîatique eft entièrement différent de celui de l'Europe. Il y a ici au Mafetim Biitatiicum une paire de cornes de bouquetin venue de fiie de Chypre qui reffemblent parfaitement aux cornes du bouquetin de Sibérie, décrites par I\l.Pallas,& différent très-eflentiellement descornes du bouquetin des

Alpes , en ce qu'elles n'ont ni les arrêtes longitudinales .ni les arrêtes tranfverfales. Le bouquetin de l'île de Chypre n'efl: donc pas de la même efpêce que celui que j'ai décrit , & par conféquent les objedions même de IVL Van-Berchen ne font que confirmer ce que j'ai dit du bouquetin. Je fouhaiterois que tous ceux qui ont des doutes fur l'exaêlitude de mesobfervations, me lescommuniquaifentparla voie de votre Journal; car , n'ayant point d'autre intérêt que celui de la vérité, je ferai le premier;

à avouer publiquement que je me fuis trompé , aulli-tôt que j'en ferjj convaincu.

J'ai l'honneur d'être, &c.

Londres, iS Juillet 178C?.

Tome XXLX,Pari. Il, i-jîô. AOUT, ^38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LETTRE DE M. BERTHOLLET,

'A M. DE LA M E T H E R I E; Sur la décomposition de l'Eau,

Jvl G N s lEUR,

J'ai l'honneur de vous acîrefTer quelques obfervations au fujet des réflexions que vous avez inférées dans votre Journal de juin dernier, page 442. 1°. Le gaz inflammable que IVIM. Lavoifler & Meufnler ont retiré-

pefoit onze f^ois moins que l'air a:mofphérique : donc il étoit très-pur ,, donc l'air atmofphérique n'avoir point pénétré par le tube de fer, quelles que puifTent être les expériences de M. l'Abbé Fontana.

2 . 11 s'eft trouvé dans les produits un petit déficit, qui , à part les petites incertitudes de poids, qu'd eft impoflîble d'éviter, ne pouvoir être dii qu'à du gaz inflammable, Se à de l'eau en vapeur: les variations dans les réfultats qui pouvoient dépendre de la quantité de l'une de ces deux

lubllances , ou de leurs différentes proportions , ont été calculées avec

riî^ueur , de façon que les modifications du réfultat général cjui peuvent

dépendre de cet accident , ont été déterminées , fans laifl^er aucun doute à ceux qui ont fuivi cette expérience avec foin. 3°. L'air vital qu'on retire du précipité rouge contient toujours une- portion le de mofete , ainfi que le remarque M. Adet , parce que préci- pité rouge retient portion une d'acide nitreux , qui fe décompofe , & que la mofete entre pour plus d'un cinquième dans la compofition de cet

acide , comme il a été bien prouvé. Il n'y a donc pas befoin d'avoir lecours à introduiîVion d'air qui d'ailleurs une atmofphérique , n'a pU' avoir lieu, comme les produits de l'expérience le démontrent.

- 4°. M. Lavoifier s'efi aflijré que fi l'on tenoit long-tems de la limaille'

de ter dans de l'eau diftillée , il s'en dégageoit du gaz inflammable. Il n'a pas lait bouillir cette eau, parce qu'il favoit que la très-petite quantité d'air qui fe trouve dans l'eau diftillée, ne peut qu'être contraire au dégagement le fer ne pourroic du gaz inflammable. D'ailleurs , quand décompofer l'eau fans le fecours de la chaleur, ou de quelqu'autre affinité'

il auxiliaire , n'en réfulteroit rien contre la théorie que vous rejetez. j". M. l'Abbé fur l'air nitreux Fontana a prouvé , ( Recherch. phyfiq. ), quek'iiju'on racle du gaz nitreux & de l'air vital fur du mercure fec „ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 159 1m dlminuûon ou Vdljorpiion de taïr ejl très-petite ou nulle. M. Prieftley

& M. Kirwan ont tait Ja même oblervarion, ( Kiiwaii's rer ark, on

M. Cavendish's exp^riments on air ) u; _//;/>, M. Monge qui a fait cette expérience depuis long-tems & fur des quantités CJiifidérables, a obfervé qu'il ne fe dépofoit qu'une très-petite quantité de liqueur, 5; que lorfque le nêJange éroit tait dans de jufles proportions, il prenoit une rougeur per- manente, mais qu'il petdoit cette couleur dès qu'on ajoutoit une partie furabondante d'air vital ou de gaz nitreux. 6°. Lorfqu'on rccompofe l'acide nitreux par le mélange de l'air vital Si

7". Ces Meffietirs dont vous combattez l'opinion , ont été conduits a admettre du clidrbon dans quelques fubftances métalliques tout limple- ment en raifonnant de certe manière : Il eft prouvé par les expériences de

M. Lavnilier ( Mém. de l'Acad. 178 1 ) , que l'air fixe eft dû à la combi- naifon du charbon a. ec l'air vital privé d'une partie du principe de la lumière. Donc toutes les fois qu'on retire de l'air fixe par la conibinaifoa de l'air viral , il faut admettre du charbon dans la fubftance qui a fervi à certe produLlion. Donc ceux des njétaux qui en fe combinant avec l'ait l'air fixe vital forment de , contiennent du charbon ; & efFeitivement l'on a retiré par d'autres m.^yens du charbon de ces métaux. Ces MeJJîeurs difent encore : L'acide pholph crique ell ilécompofé par le charbon , &C le phofphore ne produir pas de gaz inflammable avec l'eau -, donc le phofphore a moins d'affinité avec l'air vitdl que le charbon & les autres fubrtances qui peuvent décompufer l'eau ; mais fi on le fait bouillir avec

coup d'affinité avec elle, elle pourra s'oppofer à fa décompofition : ainll

la chaux pourra empêcher le fer d'opérer cette décompofition. Enfin , i/j penfent que l'eau ne détonne pas à l'état d'incandefcence , par la même laifon que l'acide vitriolique n'eft plus combuftible.

J'ai l'honneur d'être , &c,

17 Juillet 1785.

'T^me XXIX, Tan. II, i-]U. AOUT. $ a 140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

RÉFLEXIONS

Sur la Lettre précédente de M. B E R T H o l l e T , au fuj'e^

de la décompofition de l'Eau ;

Par M. n E LA M £ T H £ R I E,

lYi O N s I E u K ;

Je n'infïfterai point davantage fur la dernière expérience de MM. La»--

voiher & Meufnier f

fe'; détails; mais vous conviendrez que pour déduire une conléquence

telle que celle de la décompolition de l'eau , on ne lailroit s'appuyer fut

une opération dans laquelle l,es vaifleaux ont été bnfés, où par conféquent il y a eu des pertes, & où on convient que les fubftances employées,

favoir, l'air retiré du prccipiu , n'étoit point pur; car vous voyez , Mon-

fîéur , que dans ce moment on eft bien difficile, & avec raifon, fur les exp£:riences. Les différentes opinions qui pai'tagent aujourd'hui les

Pliyliciens ont engagé aux recherches les plus exailes , & on voit fans celle en contradidion celles des Savans les plus diftingués.

1°. On avoit toujours vu, par exemple , de l'air fixe ou acide dans le réfidu de la combinaifon de l'air nitreux & de l'air pur. MM. Kirwan &C à Cavendish difent le contraire. Quel parti prendre? recourir l'expérience ;

mais peur-on fe flatter d'avoir de meilleurs yeux que de tels obfervateurs î Je conviens qu'ayant répété cette expérience avec tout le foin polfrbie,

ayant lavé ces airs dans l'eau de chaux , &c. ils m'ont néanmoins roujours fourni de l'air fixe après leur combinaifon. 2.°, Il eft hors de doute que l'acide nitreux eft formé d'air nitreux Se acide, quoique pouvant être réduit à l'état d'air pur , que cet ai;riforme , ne fe foutient jamais en état de vapeur permanente, & qu'il fe condenfe en

liqueur. L'expérience de M.Fontana, dont vous parlez, ik' qui fe trouve (page 235") tientidescirconftances parriculicresraullîj ajoute-t-il (pag. 156 & 237) " ayant rempli d'air nitreux un flacon plein de mercure chaud 5c

y> les très-fec , j'ai trouvé que parois intérieures du flacon fe couvroienr de 3) petites gouttes ou d'une vapeur humide dès que favois expofé le flacoit s h la glace Si on unit dans un tube plein de mercure l'air nitreux

» avec l'air commun , on obferve que pendant l'efFervefcence une vapeur

?» humide ou un nombre infini de petites gouttes d'eau fe jettent contre SUR VHlsr. NATURELLE ET LES JRTS. iH

W les parois intérieures du tube 11 y a donc naturellement de l'eau * dans Tair nitrtux & dans l'acide nitreux ".

Cette expérience m'a donné conftamment le nicme réfultat ; mais l'acide qui s'ell formé a attaqué le mercure: il s'eil produit de nouvel air nitreux qui n'a point été abforbé , parce qu'il n'y avoit point ailtz

d'air pur ; mais qui l'ell: G on introduit de nouvel air pur. C'eft pour évitci; cette avîUon de l'acide fur le mercure, que d:^:is mon expérience

(Jour. Phyfiq. j'ai fait le l'air pur l'air Janv. lyby ) ms^ange de & de nitreux dans un grand ballon bien iec, Ainfi la conclLifion que j'en ai tirée fubllfte dans toute fa force. 3°. Si l'eau diftillée dépouillée de tout air par l'ébullirion ou d'aif

fixe par la chaux , Se mclée avec le fer ne donne plus d'air inflammable , ce n'cft donc point par l'intermède de l'eau elle-même que fe dégage cec

air ; car elle n'a pas changé de nature. Elle eft toujours eau. Le dégage- ment de l'air inflanmiable dans ce cas eft donc dû à quelqu'autte fubUance

dilFoute dans l'eau, à l'air fixe qu'elle contient.

ce même air l'attire & brûle avec lui: Donc le, phofphore a plus le le d'afflnhé avec Vair pur , que nen a fer. Cependant phofphore mis

dans l'eau ne la décompcle point pour s'emparer de fon air pur , & iï n'y a point de dégagement d'air inflammable. L'alkalr cauftique, la

chaux , &c. ajoutés à cette même eau , même à froid , il y a dégagement d'air inflammable , 5< on a des fels phofphoriques. Il y a donc eu de

l'acide phoipliorique dégagé & combiné avec l'alkali , &c. Ce même

alkali mis dans l'eau pure, il n'y a point de dégagement d'air inflam- rnable. Il paroîc donc que dans le premier cas ce font l'alkali & le phofphore qui ont réagi l'un fur l'autre. L'alkali ayant plus d'afRnité

avec l'acide phofphorique que n'en a l'air inflammable, celui-ci devient: libre. II ne vient donc point de l'eau, & cette expérience ne fauroic prouver la décomposition de l'eau. y". On fait que la combuftion du charbon eft accompagnée d'une grande quantité d'air fixe ou acide. On ne peut en conclure que cec aie contient du charbon & de l'air pur, privé de fa chaleur fpécifique ou de la

lumière , comme vous vous exprimez , c'eft-à-dire , le principe oxygir.e ; mais feulement que dans cette combuftion le charbon en fe décompofanc

laifTe dégager un principe, qui uni à l'air pur forme de l'air acide ; car autrement il faudra reconnoître du charbon par-tout où il y a production

d'air acide, par exemple , dans le fer, le zinc , dans les chaux métalliques, dans la poitrine des animaux, &:c. Examinons d'ailleurs la nature du charbon. Il eft le réfidu d'une combuftion imparfaite (qui peut fe faire dans

des vailleaux clos ) des matières animales & végétales. C'eft même ordi-

nairement de ce dernier dont il s'agit, Or , celui ci contient , i". de la 142 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

terre calcaire, 2.". de la magnéfie 5° fer 4°. roujours , du , fouven'' ou de l'or 7°. de la 6°. l'a^kali fixe 7°. difFé- , mans^anèfe , fuivant Scliéele, de ,

rens fels neutres. Enfin, on en rerire encore de l'eau, ;;e l'air acide , iSr del'ait inflammable. Telles font s-peu-près les fubftancesqueles Cliiniiftes ont reconnues jufqu'ici dans le charbon.

Mais dans l'opinion nouvelle la fubftance chavbonneufe efl entièrement

différente. On la confidcre comme dépouillée de terres , de méraux , de

fels,&c. L'eau lui eft même accidentelle , ainfi que l'air aride. L'air inflammable qu'on en retire vient de la décompoljrion de l'eau ; & le

charbon dépouillé de tous ces produits, il tefte encore une fubllance, dit-on, & qu'on appelle fubflance charbonneufe. Que fera donc cette

fubflance charbonneufe î Elle eft un produit de la végétation, Ainfi elle ne fauroit être regardée comme un être fimpie, mais comme une combinaifon de difféiens prin-

cipes formée par les forces vitales. Il fetoit bien lingulier que danslî}

combuftion , cette combinaifon s'unîc en entier avec l'air pur, qu'elle rélidât à l'action du feu, & qu'elle ne tût point détruite, ainfi que le font tous les autres produits du règne organique. C'eft ce qui n'ell pas

vraifemblable , & qui ne peut être admis que fur des preuves incon- teftables. Il me paroît donc plus probable , je dirois prefque il me paroîc certain fa fe phyfiquement , que le charbon dans combuftion décom- pofe, & qu'il s'en dégage, i". de l'air acide, 2°. de l'air inflammable,

qui en brûlant avec une portion d'air pur , fournit 3°. de l'eau; 4°. qu'il

y a produdion du principe de la chaleur , lequel en s'unifiTant avec une y", partie d'air pur, forme une nouvelle portion d'air acide ; que toutes les autres fubftances que nous avons vu faire partie du charboii font également dégagées.

Enfin , l'air fixe étant un véritable acide, doit contenir le principe de

la chaleur compte tous les autres acides ; & c'eit ce principe de la chaleur ou cauflicum qu'on doit regarder comme le véritable principe acidifiant,

le véritable oxj'gine , celui qui donne aux acidïs leur énergie , leur

aolivité , parce que ce cditjlicuni n'eft que la matière du feu combinée.

Ce fera cette même matière du feu combinée ( vraifemblablement avec l'air pur qui fe trou .'era les calcaires les métalliques ) dans chaux , chaux , les acides, la poitrine des animaux, &c. & non point la fubftance

charbonneufe qui , prife dans l'acception où on la prend , doit être regardée comme une fuppofition.

Telles font les réflexions que j'ai l'honneur de vous communiquer. Je ne recherche que la vérité ainfi que vous. Peut-être toutes ces dilcuflîons parviendront-elles à nous la faire entrevoir dans ces rnaticr-« diffîcileso

J'ai l'honneur d'être, &c. SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 143

NOUVELLES EXPÉRIENCES SUR L'ACIDE SPATHIQUE- Par M. Sch^ele:

'Tradiiu iVÎ. i , ci de VAllemand , par G k T A N N E R Duaeur Mldecuie.

iVl. AcHARDadécrit , dans le Journal de M. Creil del'anne'e 1785", fes obfervations fur le mélange de difFerenres terres avec l'alkali fi>.e végétal expofé au feu. Je fuis bien éloigné de vouloir critiquer Je travail audî d'un homme célèbre ; cependant je ne faurois m'empêcher y pour

l'amour de la vérité , de publier mes propres obfervations fur le même

' fujet , quoique contraires aux Tiennes. Je n'examinerai des expériences de

I\I. Achard que celles qui regardent le fpath fiuor , parce que j'ai fait depuis long-tems beaucoup de recherches fur ce genre de pierre, Se que d'ailleurs je me vois obligé de me défendre, M. Achard m'ayant attaqué publiquement dans un Mémoire qu'il a fait inférer dans le Journal de

rhylique (l). Dans ce Mémoire il avance contre moi les propofîtions

fuivantes :

ï°. tt Les acides dégagent du fpath fluor une terre particulière qu'ils D volatilifent. 2°. " Cette terre volatilifée fe fépare des acides en les faturant par 3> l'alkali fixe végétal. Cette même terre bien lavée & féchéeeft la terre » volatile du fpath fluor. Lorfque l'on s'eft fervi d'acide vitriolique pour la

33 précipitation , on obtient , après avoir filtré la lefllve , un tartre vitriolé,

33 & dans d'autres cas, d'autres fels , difFérens félon l'acide dont on s'eft y> fervi pour la précipitation.

;3°. 33 Cette terre fpathique n'a rien de falin; car elle n'a point de >3 goût & n'eft point difloluMe dans l'eau. 4°. » Expofée au feu elle fe fond & forme une malTe allez relTemblante

=3 à la porcelaine.

y". x> Elle ne fait point effervefcence avec les acides ni ne s'unit aux 33 alkalis; elle eft donc de nature alkaline. Elle n'attaque point les métaux

» au feu, excepté le ter ; nouvelle preuve qu'elle eft de nature alkaline. Elle

30 n'eft donc pas un acide , comme je l'ai avancé (à ce que dit M. Achard )v 33 II trouve la fource de mon erreur en ce que je n'ai pas examiné avec"

30 alTez d'attention le produit de la diliillaticn =3.

(i; Journal de Phylîijue, vol. XXIII , mois de JulUei, ,

ij4 OBSERI'JTIONS SDR LA PHYSIQUE,

Examinons en détail ces obfervations de M. Achatd contraires à toutes' mes expériences.

Les acides, dit-il , dégagent du fpaik fluor une terre parûcuUèrs (ju'ds volddllfent. Si M. Achard connoir les belles expériences de

M. Meyer , il eft impoflîble qu'il puiiïè douter encore de l'exiftence d'ua acide particulier dans le fpath fluor, fans le moindre mclanee de terre.

lis Cependant pour me convaincre entièrement de cette vérité , je

l'expérience fuivante : je pilai dans un mortier de métal du fpath fluor très-pur , je mis la poudre dans une cornue d'étain , & j'y verfai de l'acide vitriolique. J'y appliquai alors un récipient, dont j'avois enduit auparavant toute la furface intérieure avec une couche de cire blanche

en le chauffant. Dans ce récipient: je verfai un peu d'eau diftillée.

Alors je mis la cornue dans le bain de fable, 6ren diflillant je fis bien

attention que la cire ne fe fondît point pendant l'opération , & que l'acide ne put pas attaquer le verre. Après avoir continué la diftillation pendant une heure entière , je trouvai l'eau dans le récipient

très-acide & fumante , mais fans la moindre pellicule quarrzeufe. Je

faturai une partie de cet acide avec du fel de tartre, & il ne fe précipita point de terre. Il ne s'en précipitoit point non plus avec l'alkaii volatil. Je conclus donc de ces expériences , que l'exifl:ence de l'acide fparhique

fans le moindre mélange de terre efl: prouvée. Je donnerai par la fuite à l'acide fpathique préparé de cette inanicre le nom à'acidefpathique pur. Peu de tems après je répétai la même expérience, avec cette différence feulement, que j'ajoutai au mélange de fpath fluor & d'acide vitriolique un peu de criftal de roche en poudre. Après une heure de diftillation je trouvai l'eau qui étoit dans le récipient tout-à-tait épaiflie par le quartz qui avoit paflé dans la diftillstion. Je filtrai cet acide, & après l'avoir

future de fel de tartre, il prit la conllllance d'une gelée. Pourroit-on demander une expérience plus convaincante pour prouver que la terre n'ell qu'accidentelle dans l'acide fpathique ordinaire , & qu'elle n'eft due qu'à la terre quartzeufe contenue dans la cornue de verre.

On peut féparcr de nouveau cette terre , continue M. Achard ,par le moyen de Valkalï fixe végétal , & l'on obtient un tartre vitriolé lorjqu'on sefl fervi d'acide vitriolique pour la d'iflillation. C'eft donc dans des vaiffeaux de verre que M. Achard adillillé fon acide fpathique. Je préparai une certaine quantité de cette terre fpathique volatile fainfi qu'il l'appelle ). Je la lavai avec beaucoup d'eau. Je faturai alors l'acide de fel de tartre & je l'évaporai. Selon M. Achard j'aurois dû obtenir un &' tartre vitriolé , mais j'obtins uli fel tout-à-fait différent; certainement ne trouvera pas la fi l'on n'a pas pris trop d'acide vitriolique, on , moindre particule de cet acide dans le récipient, &: par conféquent l'on n'obtiendra point de tartre vitriolé. J'ai dégagé l'acide fpathique du fpath fluor par le moyen de l'acide phofphorique & de l'acide arfenical , & en reftifiat^C SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 145-

redifiant mon acide fpachique je n'ai jamais pu découvrir la moindre particule d'aucun acide étranger. Je décrirai même plus bas une métliode

<]ue j^ai trouvée dernicrement , pour obtenir l'acide fparhique fans fe fervir d'aucun autre acide poui le dégager, La quantité de fel que j'obtins aprc; avoir faturé l'acide fparhique , étoit très-petite, car de cinq gros &• derni de fel de tartre je n'obtins qu'un gros de fel ; lorfqu'au contraire je fàturois l'acide & que je précipitois la terre avec de l'acide volatil, j'obtins de la même quantité d'acide près d'une demi-once de fel. Le fel

reutre obtenu par le moyen de l'allcali fixe , ne criftallifoit point , mais

le dillolvoit à l'air 5 ce n'étoit donc pas un tartre vitriolé. Le poids de ta terre précipitée obtenue par ces deux difFérens procédés difFéroit auflî trèsfenfibJpment. La terre précipitée par l'alkali fixe pèfe plus que le double de celle précipitée par l'alkali volatil. Les deux précipités reflemblent à une gelée; maisaprès lesavoir fait fécher, la terre précipitée

par l'alkali fixe efl: beaucoup plus blanche que l'autre. Les deux précipités ditferent donc effentiellement entr'eux.

La terK fpatkique volatile , continue M. Achard (en parlant de celle

qui a été précipitée par l'alkali fixe) n'a rien de falin , & ejl infoluhle dans Veau. Ici il n'a certainement pas bien examiné les circonflances. Je pris une demi-once de la terre fparhique de M. Achard, que j'avois aupa-

1 avant bien iavée avec beaucoup d'eau , je la mêlois avec dix onces d'eau cjiie je fis bouillir pendant un quart-d'heure. Alors je filtroisl'eau qui avoit im goi'it acide & rougilToit la teinture de tournefol, ce qui me furprit d'autant plus que j'avois pris une plus grande quantité d'alkali pour la précipitation qu'il n'en falloir pour farurer l'acide. Je verfois de nouveau flix onces d'eau fur la terre qui étoit redée, & je fis bouillir l'eau pen- dant un quart-d'heure; cette eau étoit acide comme l'autre. Je répétois la mèrne opération encore trois fois , ^; l'e^u que j'obtins dans la dernière érr>it auflî acide que celle de la première. Après avoir été féché ce qui

reftoit ne pefoir plus qu'un gros & demi , & avoit encore en tout les mê îies propriétés qu'il avoit avant qtie d'avoir été bouilli avec l'eau. Certe terre a donc des particules falines. L'eau acide en fe réfroidilfanc

avoir dépofé une partie de la terre dUToute , & en l'évaporant enric'ement j'obtins le refte. La poudre bien féchée pefoir uneden:i-once. Cette terre,

©u pUitôt ce fel , diffère de celui qu'on obtient par le moyen de l'alkali

voUcil , en re qu'après avoir été féchée, elle ell fous la forme d'une poudre tait Manche , pendant que l'autre toujours une maffe & a toutes les pro- priétés de la terre quartzeufe,

Exf'ofée au feu , dit M. Achard , elle fe fond & forme une maffe afe^ rejjemblante à la porcelaine. Il eft vrai qu'au commencement elle forme une miffe telle que M.. Achard a décrit, mais en continuanç l'opération cette malTe perd fa blancheur ?i fe change en un verre

tra^ï^parenr. Ce verre eft a'kalin , a' ire l'e^u de l'atmofphère , fait ung Tonii XXIX, Pan. Il , 1786. AOUT, X ,

1^6 OBSERrJTIONS SUR LA PRYSIQIIE, gelée avdc les acides v&c. L'acide fpathiqtie adliérenreft donc probable- ment la caufe de Ja couleur blanche de cette nialFe, &: la couleur fe perd audî-tôt qu'on chaile le relie de l'acide pat un degré de feu plus fort. Elle ne fait point efflirvej'cence avec les acides, ni ne s\mit aux

clkalis i elle ejl donc une terre alkaline. Cette terre ne peut pas faite efFervefcencè avec les acides, parce qu'elle eft elle-même de nature acide,

comrne je viens de le prouver. M. Achard a fait fondre une partie de cette

terre ;a.vec quatre parties d'alkali fixe végétal. En repérant l'expérience

j'ai obtenu un télultat entièrement différent de celui qu'il décrit (i).

Setoi,t-ce parce qu '1 s'eft fervi d'un creufec de fer ? Mais ce qui efl pour moi un phénomène abfolument inconcevable, c'eft le bleu de Prufle qui s'efl dépofé dans les lelTives alkalines toutes les fois qu'il a fondu les

rerres avec de l'alkàli ; car tout le monde fait que la leffive alkaline ûte Ja couleur au bleu d|e Prufle. Je reviens de cette digreffion. La rçrre de M. Achard fait eflervefcence avec les alkalis, & pat conféquent elle ne peut pas être de nature alkaline. Lorfqu'on en jerte un peu dans une rqUition d'alkali fixe non caullique, elle tombe d'abord au tord

du vafe, mais peu après il fe forme une écume très-vilible, & la terre fe change en une efpcce dégelée. En fai Tant chauffer le mélange tout fedilfout mais en réfroidiflant, la gelée fe fépare de nouveau, & en lavant ctm gelée avec de l'eau chaude on trouve que ce n'eft qu'une terre quartzeule ircs-pure. En mêlant de cette terre préparée par l'alkàli fixe avec de i'alkali volatil non câuflique, il y a une effetvelcence, mais la terre ne

jfe dilTout pas comme l'autre en la faifant chauffer ; car on fait que la terre quartzeufe nefe diflbut pas dans l'alkàli volatil. Si l'on mêle cène terre avec de l'eau de chaux, elle fépare la terre calcaire de l'eau , & tombe en même-tems au fond du vafe fous la forme d'une poudre blanchâtre ; de forte que l'eau refte toute pure, & le précipité eft compofé d'alkali, de terre calcaire , d'acide fpathique & de quartz. Ce précipité eft infoluble

dans l'eau , fe diffout dans les acides en formant une gelée , dégage l'alkàli

volatil du fel ammoniac par la voie sèche , & fait un périt grain blan- châtre lorfqu'il eft fondu au chalumeau. Lorfque l'on diftille la terre de

M. Achard avec de l'acide nitreux , l'acide fpathique fe dégage , & ce qui

refte dans la cornue fe fond très-facilement au feu , & fe diflbut en partie d'ans l'eau. On obtient de cette folution en l'évaporant un nitre prifma- tique , & ce qui eft refté au fond eft de la terre quarrzeufe. Je rends compte de toutes ces expériences pour démontrer la vraie nature de cette terre, que M. Achard regarde comme une terre particulière. L'affinité de la terre quartzeufe dilToute danS l'acide fpathique avec l'alkàli fixe eft très- grande. En mêlant une folution de fel de Glauber avec l'acide fpathique

, page 14.6» Journal chiraîç^ue de M. Crell armée J78 , , ,^j. j ,

SUR rmST. NATURELLE ET lE^ ARTS. 147 (obtenu par le procédé ordinaire dans des vailTc-aux de verre) la rerre de Al. Achard le fépare au moment niê/iie. Alors en filtrant le mêlante & en' diftillanr Ja liqueur, l'acide vitriolique palîe dans lé réripient. La même affiijté fe montre lorfqu'on mêle l'acide (pathique ordinaire avec du tartre' vitriolé, du nitre ou du (el commun. le elle n'attaque Excepté jir point les métaux au feu , ce qui prouve encore quelle efl une terre atkaline. M. Achard décrit dans le même cahier du Journal de Phylîqiie (i; Tes expériences far Je fel fédatif les métaux. fel qui très-certainement efl & Ce , un acide, tout comme (3 rerre Ipathique, n'attaque aucun métal, excepté le ter ; perfanne ne croira,

pour cette raifon , que le fel fédatif «Il de nature alkalrne. Enfin Achard affure que n aï pris cette terre , M. , je pour un acide , que parce que je n'ai pas bien examiné le produit de la diflillation. Je

n'ai jamais dit, dans aucun de mes écrits, que ce fel , compofé de terre d'acide fpathique quartzeufe , & d'alkali fixe , étoit un acide , 8i

i\I. Bergman , comme moi , met la terre précipitée de l'acide fpathique

par l'alkali fixe , dans la cJaiîè des fels neutres compofes , avec excès d'acide.

Je vais décrire maintenant la méthode que j'ai trotivée pour obtenir l'acide fpathique fans fe fervir d'aucun autre acide. Je fis tondre dans un ceufec deux onces de fpath fluor en poudre avec quatre onces de fel de tartre. Après que la maiïe hit refroidie, je la pilois & je lavois la poudre dans une quantité d'eau affez grande pour en tirer tout l'alkali; alors je féparois la poudre qui reftoit au tond fans fe diifoudee. Cette

poudre , une des parties conftiruantes du fpath fluor, fe dilTout dans les acides avec effervefcence & forme une lélénite avec l'acide vitriolique. J'expofois la leliive au feu & je fis évaporer l'eau entièrement. Je verfois de l'acide vitriolique fur une partie de Ja poudre alkaline que j'obtins parce procédé, & je diftillois le mélange, après avoir mis un peu d'eau dans Je récipient. Cette eau fe couvrit d'une pellicule, avant même que la cornue fût bien chauffée. Je ne pouvuis donc plus douter que l'acide fpathique ne fe iixx joint à l'alkali. Quand mêine M. Achard, félon Ç^i

principes , voudroit expliquer ce^re expérience , en fuppofant que l'alkali

s'eft combiné avec la terre volatile du fpath fluor , il ne peut pas nier au

moins que fa terre eft de nature acide , parce que l'alkali la dégas^e de la terre calcaire. Je fis difToiidre le refle de la poudre alkaline dans de l'eau & j'y ajoutois de facide vitriolique très-pur pour faturer l'excès de l'alkali. Je fis chauffer une partie de cette folution pour en chafler tout l'acide aérien, & alors je Ja verfois dans de l'eau df chaux ; j'obtins un pré- cipité blanc qui étoit un fpath fJuor régénéré. Je fis dilloudre de la chaus

(1) Journal de Phyfique . . • .

Tomt XXIX, Part. LI , 1786. AOUT. T a »48 OBSERrATÎÙNS SUR LA PtirSIQUE, de plomb dans ilu vinaigre, & je continuai de verfer de cette folutlo» dans la it;nîve laturée d'acvde tiirreiix jufqu'à ce c]u'il ne s'en précipitât plus rien. Par ce moyen je dé^ageois l'acide fparhique de l'alkdli, pour le combiner avec Ja chaux de jiloiiib. Je lavois le précipité avec de l'eau froide, j^ le fis féclier, & alors j'en pris une partie (iir laquelle je verfo:-;

quelques gouttes d'acide vittiùlit^tie i les vapeurs de l'acide rpathiquefe dégagèrent aullî-tôr. Mais peut-être la terre fpathique volatile fe com-

bine-t-elle dans ce procède avec l'acide vitriolique' , & change cet acide ,. tics-fixe d'ailleurs, en air acide. M. Prieftley femble le foupçonner. Pouc

m'aiTuret de la vérité, )'ai tâché de féparer l'acide delà chaux de plomb

par la chaleur feule. .T'ai mis, pour cet effet, un peu de ce Tel dans une

petite cornue à liquclle j'ai adopté un récipient avec de l'eau. Le Tel fe

fondit , mais je ne pus pas obferver la moindre marque d'acide. le tond de la cornue fut entièrement dilTous, de forte que tout couloit dans le

féi' ; la chaleur feule ne fépare donc point cet acide de la chaux de plomb. Je mêlois ce qui me reftoit de ma chaux de plomb combinée avec facide. fpatliique, avec autant de poudre de charbon ,.& je djllillois le mélange. ÂuiTî-tôt que la chaux de plomb commença à prendre fa forme métal- lique, le col de la cornue fut couvert d'un fublimé blanc, &i ia pellicule commençoit à fe former fur l'eau que j'avois mife dans le récipient, le fublimé étoit acide, parce que la terre quartzeufe eft mêlée d'acide

fpathique y & Peau acide dans le récipient dépofoit la terre quartzeufe^

auffi-tôt que j'y fis tomber quelques gouttes d'alkali volatil.

Je regarde cette expérience comme décifive , & je crois que les protK)- Ctions fuivanres, tontes fondées Cjr des obfervations très-exades,.ne font plus fujettes à aucun doute» 1°. Le fpath fluor eft compofe de terra calcaire & dfun acide particulier,

2". Les acides vitrJolîqTje, nitteux, marin , arfenical & phofphoriquft

ont une affinité plus grande avec la terre calcaire , & dégagent par cect& raifon l'acide fpathique.

3". Si cet acide en fe dégageant renconri'e la terre quartzeufe, il fèr

combine avec elle , & paiïe. avec elle dans le récipient fous la forme d'air. 4.°. L'afHnité de J'acide fpathique avec la terre quartzeufe diminue

fenfiblement fi cet acide trouve de l'eau dans le récipient ; il perd alorj

fon élafticHté , & dépofe une partie de la terre fur la furface de l'eau. 5:°. Si l'on fe fert d'une cornue d'étain pour la dilbllation, & qu'on

enduife la furface intérieure du récipient de cire , on obrient un aci-le

fpathique très-pur , & lorfqu'on ajoute du quartz au mêJange l'acide le-

volarilife , & le fait pafler dans le récipient. 6°. C)n peut dégager auiïi l'acide du fpath fliior en faifànt fondre un-

mélange de fpath fluor en poudre avec -de l'alkali fixe non cau(lique| la- StR rVJST. NATURELLE ET LES ARTS. i^p

terre calcaire fe combine avec l'acide aérien & l'aïkali avec l'acicie fparhicjue. Si l'on, fair palTer cer acide de l'alkali à la chaux de plomb , &c réduife la avec ia poudre qu'on chaux de de charbon dans une cornue , l'acide fparhique palTe dans le récipient,

7°. L'acide fpachique verfé dans de l'eaii de chaux forme un fpa-Ii

fl:!:jr régénéré; faruré d'alkali fixe végétal il forme un fel neutre qui attire fortement l'humidité de l'atmolphère. S". En précipitant l'acide fpathique ordinaire, diftillé dans des vaiïïeaux de verre, par l'alkali volatil, il fe forme une gelée, & l'on obtient une terre quartzeufe très-pure. C'eft cette même terre qui forme aulTi le fublinié dans le col de la cornue & dans le récipient. ^°. Lorfqiie-I'on farure au contraire l'acide fparhique avec d'.'Fakali •fixe, l'on obtient un précipité qui après avoir été féché, eft blanc. 10°. précipité pèfe Ce le double du précipité (8) , & eft un fel neutre avec excès d'acide-, par conféquent dilToluble dans l'eau, quoique diffi-

cilement; il eft compofé de quartz, d'alkali fixe & d'acide fpathique. Il ièfond crcs-aifément, & en continuant l'opération l'on obtient un verra alkalin.

Il eft donc prouvé maintenant ( en comparant ce que je viens de dire avec ce que j'ai dit dans les Mémoires de l'Académie de Srockolm en l'acide 1771 ) que fpathique eft un acide minéral particulier & differenc de tout autre acide connu. L'hypothèfe de quelques Chimiftes, qu'il n'efl peut-être qu'une modification de l'acide vitrioljque ou marin, n'eft pas fondée, parce que jufqu'à préfent nous ne connoiftons pas les moyenj pour changer ces acides en acide fpathique. Ce feroit certainement une

découverte des plus intéreffantes , mais que vraifemblablement nous attendrons en vain encore bien long-tems.

EXTR AI T. D'UNE LETTRE

Ecrite par M. Deschamps,

A M. L'A B B É R O Z I E R.

JVl o N s r E u R ;

Comme rien n'eft indiffèrent au Philofophe, au Naturaiifte, per- mettez-moi de vous faire connoître un fait qui me paroîtroit iinpofljble „

Il je n'en avois été le témoin oculaire:

Le pretnier mai je fis mettre les fcellés dans une maifon de carrrpapnee baflec à fept lieues de Lyon ; par mégatde on ferma une petite chienne ( 'i;o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, bâtard ) dans un cabinet place dans l'intérieur du bâtiment : elle y èfl refiée jufqu'au 8 juin, trente-neut jours, (ans cju'on ait pu lui donnée aucuns aliniens. Le 8 juin elle a été trouvée vivante: on lui préfenta d'abord une écuellée de lait, une heure après une féconde, qui turenc altées avec voracité, trois heures après une (oupe, tant tut (i bien procédé que le lendemain la chienne crut devoir (e veugec de fa captivité contre un chien de la grange. Elle fe porte ttès-buui,

J'ai l'honneur d'être , &c. iC: EXTRAIT D'UN VOYAGE AU PIC DE TE NE R I F;

Par MM. de Lamanon & MoNGEz,/e o.^ Août 1785":

Et de quelques Expériences chimiques faites fur le haut

de ce Pic , avec la dcfcripzion de nouvelles variétés de Schorls volcaniques.

l__i E cratère du Pic eft une vraie foufrière qui a la plus grande analogie avec celles d'Italie; il a environ cinquante roifes'de longueur fur quarante de large, & s'élève rapidement de l'ouell à l'eft. Sur les bords du cratère, & fur-rout vers la partie la plus balfe, (ont plulîeurs foupiraux ou cheminées , d'où s'exha!ent des vapeurs aqueufes & acides fulhireufes, dont la chaleur fic'monrer le thermomètre de p degrés jufqu'à 54.. L'intérieur du cratère eft couvert d'une argile jaune , rouge èc blanche, & de blocs de laves décompofées en partie. Sous ces blocs

•on rr'"iuve des crift.iux de foutre fuperbes ; ce font de-: criflaux de la tbrmo od: lè'dre rho/nboïdjle, don: quelques-uns ont près d'un pouce de hau- teur; je crois que ce font les plus beaux crillaux de foutre volcanique que l'on ait encore trouvés. L'eau qui s'exhaloit des foupiraux étoif parfaitement pure & nullement acide, comme je m'en fuis afliué au goût & par quelques expériences. L'élévation du P:c au-defTus du niveau de la mer de près de dix-neuf cens toifes m'engagea à y faire plufieurs expériences de chimie, pour les comparer avec ce qui fe paffe dans nos laboratoires. J'en donne ici fimplement Igs réfultats , les détails feroient trop longs pour une

' Lettre. , La voktilifarîon des liqueurs & le réfroidifTetnent qu'elle produit furent frcs-confi.lérables. Une demi-minute fuffit pourla volatilifation d'une affez forte dof; d'étiier. SUR niIST. NATURELLE ET LES ^RTS. i;i

fur les métaux , les terres les alicalis , tljc le;ite L'aiftion des acides & , & les bulles qui s'échappoi^nt durant l'etfervefcence étoient beaucoup plus grolfes qu'à l'ordinaire. La produdion des vitriols offrit des phé- nomènes finguliers. Celui de ter prit tout-d'un-coup une belle couleur violette , & celui de cuivre fe précipita fubitement d'une couleur bleue très- vive.

J'examinai l'humidité de l'air au moyen de l'hygromètre , de

l'alkali put & de l'acide vitriolique , Se j'en conclus qu'hors la direcflion

des vapeurs aqueufes , l'air étoit très-fec ; car au bout de trois heures ni l'acide virriolique n'avoit prefgue pas changé de couleur de pefanteur ;

l'alkali fixe étoit relié i'ec , excepté vers les bords de la capfule , où il SaufTure marquoit degrés étoit un peu humide , & l'hygromètre de 6^ , autant que le vent impétueux que nous éprouvions pût nous permettre de le juger. L'odeur & la force des liqueurs nous parurent n'avoir prefque

lien perdu à cette hauteur , ce qui contredit toutes les merveilles que Ton

avoit racontées jufqu'à préfent. L'alkali volatil , l'éther, l'tlprir-de-vin , avoient la même force; la liqueur fumante de Boy le eft la feule qui eut perdu très-fenfiblement de fon énergie. Son évaporatioa n'en fut pas moins tics- prompte, & en trente fécondes une certaine quantité que l'avois verfée

dans une capfule fut toute volatilifee ; il n'y tefta plus que du foufte qui rougiiïbit les bords & le fond. En verfant dans cette liqueur de l'acide

virriolique , elle détonna avec beaucoup d'ene«jie,& les vapeurs qui s'élevèrent avoient un degré de chaleur très-fenfible.

J'effayai de former de l'alkali volatil en décompofant le fel ammoniac avec de l'alkali fixe; mais la produdion fut lente & peu

fenfible , tandis qu'au niveau de la mer cette produâion par la même dofe me parut prompte & très-abondante.

. . . . , .Curieux de connoÎTe la nature de? vapeurs qui s'exhalenr à travers le cratère, & s'il y en avoit d'air inflammable, d'air fixe Sc

d'acide marin , je fis les expériences fuivantes : )'expofai au bord d'un foupirail, dans une capfule, de la diffolution nitreufe d'argent; elle y lefta plus d'une heure au milieu des vapeurs qui s'exhaloient continuel- lement, fans altération fenfîble; ce qui annonce bien qu'il ne s'exhalcit aucune vapeur d'acide marin. J'y vetlois alors quelques gouttes d'acide marin, il y eut furie champ précipiration d'argent corné; mais au lieu d'être blanc comme à l'ordinaire , il fut d'un beau violet noir, qui devine bientôt gris Si fous forme de petus criftaux écailieux, fenlibles à l'œil & encore plus à la loupe, tels que M. Sage les a ohfervés. (Voy. Mi/t. docim.) Je crois avoir droit d'attribuer aux vapeurs d'dir inflammable l'alférationi

de la couleur, d'apiès quelques expériences que j'ai faites fur la précipi- tation de l'argent corné dans l'air inflammable. De l'eau de chaux expofée pendant trois heures fut le bord du cratère & dans le voilînage d'ua ,

ip OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, foupiiail, ne fe couvrit d'aucune pellicule calcaire; à peine y appei^ cvoît-

on quelques filets , ce qui prouve, je crois, que non-feukmenc il ne s'exhale point fie vapeurs d'air fixe par le cratère, mais encore que l'ait

stmolphérique qui repofe deflus en contient infiniment peu , 6i que les vapeurs inflammables & acides fulfureufes font les feules conlidérables &c lerfibles.

. L'éleclricité atmofpliérique ..... éroit affez confidérable , puifque J'éleftroniêrre de M. de Sauffure tenu à la main à la hauteur d'environ cinq pieds, indiquoit trois degrés, tandis qu'à terre il n'en marquoit qu'un iii demi. Cette éleûricité éroit pofitive...... La violence du vent m'empêcha de faire fur le cratcre même' l'expérience de l'eau bouillante; mais redefcerdus à la fontaine glacée, elle fe foutint bouillante , le thermomètre plongé dedans indiquant 71 degrés de Réaumur ; le mercure dans le baromètre étoic à cet endroit à 15» pouces une ligne. J'ai trouvé variétés fchoris de nouvelles de volcaniques , enrr'autres , N". i. une macle triple qui appartient à la claffe des prifmes oclacdres inéquilatéraux, N°. 2.Schorl noir en prifmes otSaëdres inéquilatéraux terminés par des fommets rriëdres'oppofés , dont les plans font deux jjrands eptaëdres irréguliers & un petit fcalène produit par la troncature de l'angle fupérieur. N°. 3. — Prifmes -hexaèdres comprimés, deux faces plus larges oppofées , terminés d'une part par une pyramide tétraèdre obrufe à plans trapézoïdaux par pyramide hexaèdre compofée de fix , & de l'autre , une plans trapézoïdaux, dont deux rrès-petits font des bizeaux formes fur les arrêtes des deux côtés fupérieurs du large hexagone du prifnie.

N". <^. — Terminé d'une part comme le fommet du criilal précédent & de l'autre, par une pyramide diëdre,dont toutes les arrêtes font jabarcues en bifeaoï.

N". 5". — Terminé d'une part par un fommet tétraëdre, ^' de l'autre, par un eptacdre compofé d'un pentagone irrégulier au centre de cinq trapézoïdes fur fes côtés , plus un fixième fur un de fes angles.

N°. 6. — Terminé d'une part par un fnmmet pentaëdre , compofé

(le quatre pentagones ic d'un rhombe au milieu ; c'eft l'angle formé par

la réunion des quatre trapézoïdes qui fe trouve tronqué ;& de l'autre ,

par un fommet penreëdre , qui ne diffère du premier , que parce qu'il fe trouve une troncature, triangulaire fur l'arrère des deux trapézoïdes.

N°. 7, Schorl poir à prifme hexaëdre , terminé d'une part par un

fommet eptaëdre compofé de deux hexagones irrtguliers , de deux pen-

tagones irréguliers & de trois trapézoïdes ; ce font les deux faces dièdres

tronquées fur fix côtés & fur l'arrête du milieu ; de l'autre part, par un grands tra^ Jbmmet tétraëdre , dont les troncatures forment, l°. deux pézoïdes SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 15-5

pézoYdes & un rhomboi'Je , cjui n'u^i que la rroncarure d'un arrcre d'un trapézoi'Je; 2°. deux petits trapézoïdes réguliers Sicntre les grands & lej trapézoïdes trois troncarures, la première hexagone, la féconde penta- gone & la troifième fcalène. La féconde eft la troncature de l'angle du fommerqui feroit un rhombe fans la troncature hexagone qui lui donne un quarré de plus.

Nocë au Mémoire de M. Grenier, page ii^^de ce Journal,

n a ét^ reconnu par expérience , qu'il fuffit que les barres de fer & celles de cuivre

fôient d'égale grolTeur , c'eft- a-dire païïces à la même fi'ière , , pour que leurs

dilatations foieni fimultanées : cela dilpenfe des épreuves de l'étuve.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

J.yout^EAUX Mémoires de VAcadémie de Dijon pour la partie des Sciences & Arts ; premierfémejlre , 1785". A Dijon, chez Cauife,

Imprimeur-Libraire de l'Académie des Sciences , Place Saint-Etienne ; &à Paris, chez Didot le jeune & Barrois le jeune, quai des Auguftins.

Ce volume contient , 1°. la féconde partie du Mémoire fur l'épaifTeut que l'on doit donner aux murs de foutennement pour réfifter à la poulTée des terres ; par M. Gauthey. 2°. Effài fur la queftion de favoir comment s'opère naturellement I3 diflolution du quartz ; par M. de Morvtau. 3°. Addition au Mémoire précédent; par le même. Ce Chimifle a mis dans un flacon de l'eau chargée de gaz acide méphitique , neuf fragmens de criftal de roche & un lingot de fer , de cinq pouces de longueur , de trois lignes & demie de toute face. Le flacon bien bouché fut renverfé & ouvert au bout de neuf mois. Les fragmens de criftal avoieiit perdu quelque cholè deleur poids. Le lingot de fer av.iit été fenlîblement attaqué, & à un de fes angles on apperçuf un petit point vitreux qui paroît formé

6. Oblèrvation fur une dent foflîle trouvée à Trévoux ; par le même.

Tome XXIX, Part. 11y 1786. AOUT. .V «y4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

Cette der t paroît de la même nature que celles trouvées fut les bords de rOhio & de la rivière {le Popayan dans l'Amérique. 7°. Réflexion fur les effets des commotions éledriques-, pat M.Carmoy. 8°. Mémoire fur la folle Avoine; par M. Baron.

j)". Mémoire dans lequel on examine fi la mine d'antimoine, les les artliiops antimoniaux & mercuriels pris intérieurement , peuvent être dangereux pat leur décompofirion dans les premières voies; par M. Maret,

10°. Mémoire fur l'ufage d'enfevelir les morts ; par M. Durande. Cet Académicien démontre par beaucoup de faits combien eft dangereufe la méthode ufitée d'enfevelir trop tôt.

11°. Hiftoire météorologique, nozolip.ique & économique de 172^ : première partie ; par MM. Maret & Picardet-Prieur, l2°.i^i'(loire zoologique botanique, &c. par M. Picardet-Prieur.

M. d'Arceau , ConfeiUer au Parlement de Dijon, a donné à M. de

Morveau des pierres criftallifées en prifmes hexagones ^ d'un blanc jaunâtre, opaqueSjde trois à quatre lignes d'épaiffeur , fans pyramides ou tronquées net, trouvées dans la Bourgogne, entre Serrigny ôi Cham- pouflaud. Ces criftaux font plus durs &C plus réfraiîïaires que le feld- fpath. La plupart des Naturaliftes qui les ont vus les regardent à caufe de leur criftallifation comme étant de la vraie nature des éméraudes da Pérou. M. de Morveau fe propofe d'en faite l'analyfe à la manière de MM. Bergman Se Achard.

Manuel ou Vocabulaire des Moulins à Pot , erné de quatre figures ert

taille-douce: prix, '^6 Jols broché. A Amflerdam , & fe trouve à

Paris, chez Lejay , Libraire, rue Neuve des Petits-Champs , près celle de Richelieu.

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Médecine de la Faculté de Montpellier , de la Société Royale des.

Sciences , Arts & Belles-Lettres de Clermont-Ferrand, Ignoto motu, ignotâ pariter & naturâ. Arijlou

A Londres , & fe trouve à Paris , chez Jombert jeune. Libraire ; iSc â

Lyon , chez Grabit , Libraire, rue Mercière»

Cet Ouvrage mérite l'attention du Letteur.

IS'Art de tenir les Livres en parties doubles , ou la Science de fuir» Ecriture de toutes les Négociations de Banque ou de Commerce :

Ovrage divifé en deux parties , dont la première contient un Traité raifonné qui enfeigne la manière de tenir l:s Ecritures avec ordre. La féconde contient le Calcul des fraâio'is rendu facile & à la

portée de tout le monde , & enfin une InfruSion fur la méthode d» SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS, i;;

faire les Ecritures concernant l'Econ

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DiJJertation le Cachou Carhre d'où on le tire & fur , fur fur fes proprie'tésfour la Médecine &/>ourlaTeinture,Mimo(3.catechu. Linné,

Differtation fur un nouveau genre de plante qui a fleuri dans les jardins

de Trianon , qui approche beaucoup du Rudbeck , Breteuillia Tria- nepJàs, Buch'o^.

Dijfertation fur le Guflave-Augufle ,un des plus beaux arbres qui

exifienc , Guftavia Augufta, Linné.

le Dijfcrtation fur Fraifier , fes différentes races , fa culture , fes propriétés & préparations -alimentaires & médicinales.

Le Faune François , ou Traité h?florique de tous les Animaux qui habitent la Fraace,

DiJJertationfur laBandure , Plante des plus rares & des plus curieufes: l'eau, un des miracles de la nature , qui diJliUe continuellement de dans un réfervoir placé à l'extrémité de fes feuilles ,pour appaifer la foif des vojyageurs.

Tous ces Ouvrages font de M. Buch'oz , don: on connoît le zèle 3c l'adivité.

Vart de prolonger la vie & de conferver la fanté , ou Traité d'Hygiène ;

par M. Pressa VIN, Gradué de tVnivcrfité de Paris , Membre du

Collège de Chirurgie de Lyon , & ancien Dîmonjîrateur en matière

Medijo-Chirurgicale. A Lyon , chez J. S. Grabic , Libraire , rue //2-8°. Mercière; & à Paris, chez Cucher, rue & hôtel Serpente , un vol

M. Predavin eft déjà connu par plufieurs Ouvrages eftimés. Celui-ci re peut iju'ajouter à fa réputation,

Obfervations pratiques fur les Bêtes à laine dans la Province du, Tome XXIX, Part. Il, i-jU.AOUT. Y « ,

i;(î OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

le Chex'aLier Berry ; par M de LA Merville , Adjoint de l'adml- ni/haùoii proviiic'ude du Berry.

hic Lihor,hinc

, heureux Bergers , veille/, à leurs befôins O vous , Leur loifon & leur lait vous paîront de vos foins. tmducI.patM. l'Abbéde Lille,

A Paris, chez Buiiïbn, Libraire, hôtel de Mefgrigni, rue des Poitevins » N°. 1^. un vol. irt-8°.

La France qui , fi elle vouloit , cueilleroit des (oies, des chanvres &C des

lins plus cju'il ne lui en faudroit pour fa confommation , pourroit encore avoir des plus belles laines, fi on y donnoic les foins néceffaires. Ces lichefTes territoriales feront toujours les vraies auxquelles une adminiftration fage s'attachera par préférence. La richeiîe de l'Angleterre confifte plutôt dans fes laines que dans fes vailTeaux. C'eft donc un véritable fervice qit» lend à fa Patrie M. de là Merville d'éclairer fur un objet aulfi important. Il ne confeille pas de parquer les moutons toute Tannée. Cependant cette

méthode fi ancienne , confirmée en France par les expériences de

M. Daubenton , paroît réunir de grands avantages»

&- Elémens de Chimie doclmajllque à tufage des Orfèvres , EJJayeurs

Affineurs , ou Théorie chimique de toutes les opérations ufitées dans

rOrfévrerle . Fart des Effais & l'Affinage , pour canjlater le titre de

ÏOr & de V Argent , & purifier ces deux Métaux de l'alliage des

autres fubjlances métalliques , avec uw Abrégé des principales propriétés qui caraSérifent les matières métalliques en général ^

une Explication, des principaux termes de l'Art , & un Précis fur ÏHifiolre- naturelle de toutes les fubjlances qui font employées dans^

toutes ces dlverfes opérations } par M. de Ribaucourt , Maître Paris en Pharmacie A , chez Buiflon , Libraire,, rue des. Poitevinb j,

Mefgrigni , ï hôtel de N°. J , un voL in-i".

L'Auteur, dans cet Ouvrage intérefîànc, a cherché à porter lesIumièrfiS

de la Chimie dans la théorie de l'art de l'affinage , des^ effais , 8^c. Les Arts gagnent beaucoup lorfqu'on en éclaire la pratique par la théorie, & les Sciences elles-mêmes ne peuvent que retiret un grand profit d'une foule d'expériences que leur offrent fans ceffe les Arts.

Examen fait par ordre de M. le Maréchal DE Castrie, Mlnljlre &

Secrétaire d'Etat de la Marine , de deux Cartes de la Mer Baltique préfentées par M. le Clerc, ou Expofitlon des erreurs, en. tous genres qui ont été reconnues dans deux Cartes marines gravées fans nom- £Autrur • la première ayant pour titre: Carte réduite de la nier

Baltique , rjSj" , avic un plan particulier du Suud fur une échsile SUR LHÎST. NATURELLE ET LES ARTS. i;7

double ; un pLt du port de Dani^ick , & un plan de la ville de Gothenbourg ,en deuxfeudles réunies, Ldjeconde ayant pour ticre : Carre du golte FmLnde, ijS^ pareillement en hydrographique df ,

deux feuilles réunies. A Paris , de l'Imprimerie Royale.

u Nous fommes perfuadés jdifent lei Comniiffsires qui ont examiné ces Carres, 3> que M. le Clerc eft trop jaloux de la réputation qu'il s'eft

» acquife dans une autre carrière , qu'il ell trop bon citoyen , trop ami de » l'humanité pour, qu'éclairé fur les erreurs de tous genres dont ces Cartes

» font infecT:ées, il ne s'empreiïe pas de les condamner à l'oubli. On peuc

3> publier des Cartes géographiques imparfaites fans compromettre la vie

» des hommes ; mais publier des Cartes matines défedueufes , c'cil tendre a» des pièges fur un grand chemin ». Nouvelle manière de couvrir les Batimens.

Le (îeut de la Rue, demeurant à Alençon , vient de compofer une nouvelle forme de tuiles pour couvrir les bâtimens à l'Italienne, prefqu'auilî à plat que des terraOes. Cette tuile s'applique fur lesplanchersen charpente fans qu'il foitbefoin

Je Voûte , & forme entrevoux par delTous. Elle fe pofe à fec> û l'on veut, làns mortier ni plâtre. La première épreuve de cette tuile a été faire par le lîeur de la Rue, en préfence de M. l'Intendant de la Généralité d'Alençon ,le24 juin dernier, & elle conflate que l'eau lancée à contre-tuile par une pompe à incendie- n'a pu pénétrer ces tuiles jointes enfembîe fans l'aide d'aucun mortier. Une fiitonde expérience a été faire en préfence des Maire & Echevins de la

ville d'Alençon & autres petfonnes : elle conftate également , fiiivant l'atteftation qui en a été donnée audit fiear dé la Rue, que l'eau jetée n

force de bras à l'encontre dé cette tuile , & l'eau feringuée dans les joint* r'a pu pénétrer au travers de cette couverture. Enfin, l'inventeur a répété

cette expérience en préfence de l'Ingénieur d'.i Roi en Chef des Ponts &:

Chauffées de la Généralité d'Alençon , dont l'atteftation prouve également l'impénétrabilité de cette couverture à l'eau^

Poids de cette Couverture

Pour rendre un compte fenfîble de la pefanreur de cette couverture, ora a pris deux ruiles de cette nouvelle iorme, & deux autres fabriquées dans ïe pays f tuile du petit moule ), on a eu foin de prendre une des plus fortes- & une des plus légères de cKaque efpè;e afin d'en faire un poids réduir.

'- Les nouvelles tuiles, d'un pied de longueur fur 7 pouces de large , ont donné un poids de 4 îh 8 onces.^ Les tuiles du pays de 10 pouces \ de long fur 6 pouces «Je laroe ont donné un poids d« ...»» ^ tfe 5 aacî5- i;S OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

Le tout attefté par l'homme prépofé au poids du Roi de ladite vilîe d'Alençon.

Chaque tuile de la nouvelle forme pèfe donc une once de plus que ce'.le

au petit moule fabriquée dans le pays ; mais cet excédent de poids difpaioic par le calcul fuivant. Il entrera par toife quarrée de cette nouvelle couverture cent quatre-

vingt-trois tuiles, qui donneront enfen\ble un poids de . 411 tb 5 Il faut deux cens quatre-vingt-huit tuiles du petit moule par toife quarrée de couverture ordinaire, ce qui donne un poids de 630 Vô Il réfulre donc la couverture lieur que du de la Rue fera , par toife quarrée, plus légère celle pays , . . que du de 218 tfe ;

Economie que produit cette Couverture.

D'après le calcul le plus économique , &: en fuivant les prix du pays, un

comble à deux égouts fans croupe , couvert en tuiles, de foixante-quatre pieds &: trente-un pieds hors-œuvre, les fermes efpacées de douze pieds, terminé par deux pignons, reviendroit à la fommedeiSSjliv. non-compris la plus valeur des hauteurs des quilles des cheminées que l'on poutroit diftribuer dans cette longueur.

Suivant le procédé du (îeur de la Rue , la fûperficie de ce bâtiment couvert ne coûteroit qu'une fomme de ^JO livres.

D'après cet apperçu , il efl facile de juger du bénéfice que l'on feroit fi le

comble étoit compofé de (Ix fermes elpacées de neut pieds, comme il eft d'ufage de faire dans les bonnes conftrudions. Si l'on y ajoure des

croupes , des quilles de cheminées ifolées , fi l'on couvre en ardoife ,,& qu'on enfaîte en plomb, on trouvera bientôt une économie de cinq Tixicmes & même plus fur le montant de la dépenfe. Mais quelle épargne ne feroit-on pas fur les bâtimens doubles qui entraînent une charpente difpendieufe, dont le coût s'augmente par la nécelTité d'y employer du plomb & du gros fer- Dans la couverture

propofée, on éviceroit ces doubles combles , vu que l'on pourroit faire des dans-œuvres jufquà cent quatre-vingt-douze pieds en deux feuls rampans qui n'auroient encore au poinçon ou à l'enfaîtage qug dix à onze pieds de hauteur.

Utilité de cette Couverture.

' L'utilité de cette couverture eft prife, 1°. de l'économie qui en réfulfe;

2*". cette nouvelle forme aëre davantage les bâtimens ; 3°. elle met à l'abri

de la communication des incendies des bâtimens voifins , & procure l'avantage d'éteindre avec la plus grande facilité le feu des cheminées, vu

qu'elles ne s'élèvent qu'à trois pieds au-defTus de ces planchers j ^°. elle met à l'abri de la chute des tuiles en grand vent. ,

SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. iS9

Agrément de la nouvelle forme de celte Couverture.

On fe procure par cette méthode des promenoirs fans plomb le long des murs de face, lefquels on peut dicorer de différentes manières; & l'oh conviendra fans peine que le coiip-d'œil d'une rue donc les bâtimens feroienc »;n(î couverts, ofFriroit l'arped le plus rianr. Les perfonnes qui délireront avoir des dà;iils particuliers fur cette

efpcce de couverture , fur la difpofition des planchers, depuis un bâtiment

de douze pieds jufqu'aux plus grands hors-d'œuvres , fur It^ différentes

conftructions des égouts , & palTages des cheminées au travers defdits combles, fur la dépenfe & le placement, pourront s'adrelîer au fieur de la Rue , Archirede à Alençon , qui enverra des modèles G on les lui demande. On affranchira les lettres,

Mifs Herfchel , fùeur du célèbre Aftronome de ce nom , a découvert le premier août une petite comète entre la chevelure de Bérénice & Ja dernière partie de la grande ourfe , à- 17^ degrés d'afcenlîon droite èc 31 degrés de déclinailon boréale. TABLE

Des Articles contenus dans ce Cahier;

D E iinflwnce de la Lumière , Mémoire lu à une Séance publique de

la Faculté de Médecine , le juillet 1^ 1786 ; par M. Berthollet , page 81 Gbfervations fur la dccompqfition & recVmpoftion des Minéraux en général; par M. Besson , 8c Precii hijlorique d\in. coup de tombée foudre fur un Paratonnerre , avec quelques idées fur l'effet des Paratonnerres ; par D. Bkei-

TiNGER , Démonflrateur public en. Mathématiques & Hijloire-

Naturelle , à Zuric ^3, \Apperfu ou précis touchant le traitement des Bctes à laine en

maladie ; par M. Caklier , ça. préparer le Nouvelle manière de Phofphore avec les os , traduit de l'Allemand, de M,Q&ell par Madame , Picardet , d^ Dijon ,, 1O2. Notions préliminairesfur quelques effais concernant la Leiïive dufang-^ & L'acide de la matière colorante ; par M. WiSTRUMB^^ xay , ,

i6o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQ UE, &c.

Lettre de M. C Abbé Fontana à M. Ingen-Houz . MiJechi de Sa

Majcflé Impériale , 1 1 Mémoire un. Jiir Balancier de Pendule à fécondes ; par M. Gkeni" R ,

Extraie d'un Mémoire lit à l'Académie des Sciences la nature , fitr ,

& la formation des Fers fpéculaires de Volvic , du Piiy-de-Dôme

du Mont d'Or , &c, par M. DhLARURE, Docteur en Médecine, Iip une nouvelle Mémoire fur Machine à éleânfer , quon peut regarder comme une véritable Pompe à feu éleftrique: cette Machine étant

conjîruite de manière que Jon effet conftjle uniquement à tirer le fluide

électrique des corps ,& à les éleélrifer par-là négativement , ou par

; raréfaiiion par M. le Roy , I29 Lettre de M, Girtaner, Docteur en Médecine, à M. DE LA le Metuerie , fir Bouquetin , 136

Lettre de M. Berthollet , à M. de LA Metherie , fur la

décomppjiiion de l'eau , 138

Réflexion fur la Lettre précédente de M. BertholLET , au fujet de

la décompofition de CEau; par M. de la Metherie . 140

Nouvelles Expériences fur l'Acide Jpathique ; par M. ScHÉLE; traduit

de l'Allemand , par M. Girtanek , Docteur en Médecine , 143

Extrait d'une Lettre écrite par M. Deschamps , à M. L'Abbé Rozier, 149 Extrait d'un Voyage au Pic du Tenerif; par MM. de Lamanon

é" MoNGEZ , le 2\ Août lySy .• & de quelques Expériences chimiques faites fur le haut de ce Pic, c^vec lu defcription de

nouvelles variétés de Schorls volcaniques y lyo Nouvelles Littérciires IJJ

APPROBATION.

J'AI lu, -par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour

titre : Ohfervations fur la Phyfique ,fur L'Hijloire Naturelle & fur les Arts , &c. le jeune IVIetheriz &c. Colleftion de par MM. RoziER , Mongez & de la , La

faits importans qu'il offre périodiquement à (es Ledeurs , mérite l'attention des Sa-»

en qu'on peut en permettre l'impreffion. A Paris , ce »» vans ; conféquence , j'eftioie Aoiît 17S6. VALMONT DE BOMARE,

^ 3i°/P • j|^.0' 4J^ II JOURNAL DE PHYSIQUE.

S E P T E ;,i B R E lySG.

SUITE DES RECHERCHES SUR L'ORIGINE DE L'ALKALI MINÉRAL NATIF,

Par M. Lorgna:

Traduit de Vltalien par M. C H A M P Y (l). ,

X I X.

De la Magnifie.

A-/ A magnéfie a tant c^e caradcres particuliers & qui lui font propres, que ce n'eft pas fans fondement qu'elle efl dillinguée de toutes les autres teires; elle fut connue dès le commencement .de ce (lècle, mais plas fes fut par Tes ufages en niidecine , que par propriérés particulières ; ce ne que vers le milieu de ce même fiècle qu'on put en avoir des notions plus

claires : l'examen qu'en a fait M. Black n'ayar;: paru qu'en i']^^ , & celui MargrafF en plufieurs autres Chi;iiilles ont écrit fur cette de AL 17J9 , (1 matière ; elle a fur-tout été rraitée favamnienr par M. Bergman , que îe me crois difpenfé de parler d'un objet dont tout Phyficien eft déformais pleinement iniiruit. J'expoferai feulement ici ce que mes recherches précédentes fur le narrum m'ont donné lieu de^penfer & de tenter con- cernant l'origii - jufqu'à préfent inconiiue de cette terre. Si nous devons confulter l'expéiience & nous arrêter ,i ce qu'elle enleigne, il p^roît que tle même que le narrum, cette terre lait une partie elTentielle de la fubftance des animaux marins, & qu'elle doit êti- dilîinguée des autres

terres calcaires & alumineufes : diftindion admife par les ceiè'res

MargrafF & Bergman , qui dans leurs Ouvrages l'ont appuyée de raifons

trcs-puiiïantes; ce demi ; -/eut même que cette rerre foir placée au. nombre des fubjlances primitives jufiju'à ce quon ait découvert Jim

(0 Voyez le Cahier du nio'^ de Juillet, page 50. Tome XXIX, Part, II, 1786. SEPTEMBRE, X ,

1,^.1 3SEPi VA TIO NS SUR LA PHYSIQUE »ut laquelle on/-nc f ce que nous verrons ci-aprùs pourra répandre q-.clc.uej lùirîicres. X X.

En lifant !e Mémoire oc M. Georgi , ci-devant cité je remarquai , au §. V,que l'alkdli du tartre précipiroit du natrum impur de Rullle une quantité de magnifie plus grann'c que celle qu'on retire de l'eau- mère du fel commun. Je foupçonnai dès- lors que la magnélie précipitée de l'eau-nicredu fel par un alkali fixe ou voJ.atil, pouvoit avoir lamêmeorigine

que le natrum , & le rncme ufage dans J'oî:;^anifatibn dés animaux marins. Je m'aiFcrmis dans cette idée en confidéraiit qu'un grand nombre dé caraiflères propres en même-tems au natrum & à la magnéfie, rapprochoit tellement ces fubfla qu'elles cntr'elles deux n ces , paroiiroienf ne différer que dans leur manière d'être comme fei.

En effet , 1°. le vitrio! de foude ou fel de Glauber exige J j" parties de

fonde fur 27 d'acide vitriolique , & le vitriol de magnéfie 15" pjtrties de

magnéfie fur 26 5 d'acide vitriolique. ( Bergman , Opiifc. toi;:, 1 , - page 148 15-0. )

2°. Pour diiïbudre quantité égale de ces deux fels il faut à-peu-près la même quantité d'eau bouillante; le vitriol de foude en exige ^ de fon

poids , & celui de magnélie près de '^. 5". Le vrrriol de foude &: celui de magnéfie prennent à-peu-près la

même quantité d'eau pour leur criflallifation , & les figures des criftaux re différent pas fenfiblement entr'eux.

4°. Ces deux fels criftallifent par réfroidiiïement , tous deux ont une

faveur fraîctie & un arrière-goût amer , tous deux expofés à l'air lec

perdent leur eau de criflallifation , leur ttanfparence, & fe réduifent en une farine très-blanche.

Ces rapports , & d'autres que fe pafTe fous filence, ne me parurent pas totalement accidentels, quelques légères modifications du principe de ces fublfances, en le fuppofant commun, pouvant donner lieu aux différences qui paroifTent dillinguer le natrum de la magnéfie, en éloignant peut-être celle-ci plus que l'autre de l'état de fel alkalin. XXI.

Mais ne voulant pas m'en tenir aux apparences, je revins à l'expérience, en profitant de l'occafion que j'avois de traiter beaucoup de fubf^ances animales pour les obfervations précédentes. Voici quel fur mon premier

efTai : ayant pris la matière animale d'un grand nombre d'huîtres fraîches,

je la fis piler dans un mortier, & macérer dans l'eau pendant trois jour? , fur une portion je fis enfuire évaporer & fécher l'extrait au foleil , & de la matière la laifTant en digefiioii sèche , je verfai de l'acide vitriolique en

fur un feu modéré. Cette dilIcJution évaporée de nouveau , la matière SUR L'HTST. NATURELLE ET LES ARTS. 163 sèche f;\T difl. ute dans le 1 tau , fiitiee & euluue réduite à un certam degré (-e concentration.

Trois didolutions d'alkali végétal , d'iilkali volatil & de chaux vive ayant été préparées iucccliiveinent, filtiues & concenrrétj fépaiément ,'je verfui dans chacune une quantité égale de cette dillolution du fel vitrio- liijue ; les trois dilli-'lurioni donr.crdnt un précipité abondant. Ayant décané les liqueurs, j'edulcorai les précipités peu-à-peu avec de l'eau très- pure pour les purger de tout mélange de fels neutres Se je , , trouvai dans tous une terre très-fine, légère, blanche i^ infipide. Je choifis la portion qui avoir été précipitée par l'alkàli volatil , )'eh combinai une partie avec l'acide vitriolique, & par les procédés connus l'obtins un tel amer qui fe diirolvoit dans un peu moins defon poids d'eau bouillante, &: s'effleuriiîoic à l'air, comme le vitriol de magnélie. XXII,

Sur l'autre fec verfai l'acide muria- portion d'extrait animal , je de tique, & la combinaifon éranr achevée, je fis fuccelTîvement fécher & diffoudre, J.ins l'eau le fel qui en provint, filtrer & évaporer à un Certain point la lellîve faline; &, comme dans l'expérience précédente, je verl'ai de cette lelîîve dans les trois diffolutions alkalines ci -devant décrites choifi celui , j'en obtins des précipités terreux abondans. Ayant fait par l'alkàli volatil, j'en combinai une portion avec l'acide vitrio- lique , qui me donna un fel amer fembable en tout au précédent &: avec les mêmes caraiftcres du vitriol de magndîj. XXIII.

Avant confervé la terre qui me reftoitde l'expérience précédente, ainfi que les précipités par la chaux & par l'alkàli végétal, comme objets de fel comparailon, je précijiitai d'une livre d'eau mère de commun , par l'alkàli volatil , une demi-once de magnefie. J'en combinai une partie avec l'acide vitriolique ,'& je confervai l'autre pour d'autres effais. Le vitriol de magnélie que j'en obtins fur femblable à celui des opérations des §§. XXI iS: XXII je le trouvai de même nature & avec les mêmes , caradlères dans toutes les épreuves que l'en fis. Je m'occupai enfui^e à comparer la terre animale obtenue par les précipitations précédentes avec celle de la lellîve du fel commun : dans tous les effais que j'en fis avec fiin je ne pus appetcevoir aucune diffé- rence ; or , fi la terre précipitée du fel commun eft une vraie magnefie, ne doit-on pas regarder comme telle celle que j'ai retirée des fubftances animales par les procédés ci devant décrits? Ellesavoient même ténuité , même blancheur , pareille légèreté Si inhpi'hté: toutes deux fortement calciiiées n'éroient pas caufli-iues , ne fe dilTolvoient pas dans l'eau, n'y occafiunnoienr aucine chaleur , ^'^sT éroien- attaquées par les acides fans

Tome XXIX, Paie. Il, i-]d6. SEPTEMBRE. ' X 2 i6i OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, efFervefceni e; l'une & l'aune produilirent dans la diffolution de nifre d'argent un ^tccipiré noir, & un précipité rouge dans celle du nuiriate mercuriel corrolît. L'une & l'autre mêlées en quantité égale avec la terre vitnfiable, & foumifes à un grand teu dans des creufets féparés , ne donnèrent aucun ligne de fudon. Toutes deux enfin mêlées avec la terre d'alun & expofées léparément au feu, ne firent que s'y durcir. D'après ces preuves, laillant à part quelques autres effais, je crus pouvoir conclure avec tondement que les terres retirées des animaux marins par les procédés ci-delTus étoient décidément les mêmes que celle précipitée de l'eau-mèra du fel commun. XXIV.

Après ces premiers pas, je fis quelques expe'tîences fur la matière animale calcinée dont j'avois mis à part plus de fix onces renfermées dans un vafe bien clos pour qu'elle ne pût attirer le gaz acide méphitique. Je fis diiToudre deux onces de ces cendres dans l'eau bouillante , & la diifo-

lution étant filtrée , je pris pour mes eiïais Ja terre indlfToluble dans l'eau leflée fur le filtre. Cette terre ne fit aucune effervefceuce fenfible avec l'acide vitriolique, mais bien avec l'acide nitreux fumant; combinée avec

cet acide elle devint gélatineufe , & traitée convenablement, elle donna

des criflaux ; mais bientôt ce fel s'humeda & tomba en déliquefcence»

Je me bornai enfuite à faire ufage de l'acide vitriolique , & je reconnus,

que la combin.iifon étant affez lente, il étoit néceiïaire de verfer l'acide à différentes fois, d'agiter le mélange avec unefpatule de verre, & à la fin ne le dépouiller de l'acide fufabondant avec de bon efprit-de-vin

très-chaud. Cela fait je jetai cetre terre fur un filtre fur lequel je verfai peu-à-peu de l'eau très-chaude, en continuant ainlî jufqu'à ce qu'elle en

fortît infipide. Ayant n>is à part la première eau qui étoit amère je , la fis évaporer & crillallifer j'obtins du vitriol de magnéfie aufll parfait ,

que les précédens. La matière reftée fur le filtre étoit infipide , & ne fe-

diffolvoit pas dans Teau ; cependant l'ayan'- mife dans une capfule de- porcelaine avec quelques gouttes d'eau diftillée, & l'ayant abandonnée à-

la criftcillifation fpontanée , je reconnus quelque tems après qu'il s'y étoic formé de la félénite bien caradérifée. Je pris du vitriol de magnéfie ci-de(Tus qui déjà s'éroit effienn"", & je le

d'eau bouillante : j'en concentrai la dilfolurion fis diffcudre dans un peu ,

je verfai un peu d'eau de chaux dans une portion de cetre diiTolurion ,,

il s'y forma un précipité abondant. En verfanc dans la portion reftanre un. peu d'alkali volatil, le précipité fut audî coniïdérable. La terre de ces précipités comparée avec la magnéfie qu'on retire de l'eau-mèrs du fel

commun , avoit exactement les mêmes caractères^ 1

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 16; XXV.

Voilà donc trois fubrtances diftindtes , dont la préfence dans les animaux marins e(l prouvée ; favoir , le natrum ou aikali minéral , la magnéfie & la terre calcaire : article très-important 5: digne de l'arcention des Pliyficiens. Il eft à propos d'ajouter ici que ces réfultats donnent toujours plus de force à notre première opinion fi r l'exiftence elfentielle & non-accidentelle du natrum dans les fubftances animales. On doit maintenant porter le même jugement fut la magnélie , autrement 1 terre calcaire leur feroit aulîî étrangère, & en ôtanc fuccedivement ainft aux animaux une fubftance après l'autre, comme ne leur étant pas

effentielle , que feroit enfin l'animal 3 II paroît donc que c'eil dans les êtres vivans dans la mer que réfide le grand réfervoir & du natrum 5i de la magnéfie , fans parler de la terre calcaire dont perfonne n'a jamais douté. XXVI.

Mais nous allons voir ici un autre phénomène très-important. J'ai dit, §. XX que les caradcres du natrum & de la magnéfie montroient , tant de rapports que je foupçonnois qu'ils difFéroient moins dans leur fubftance elTentielle qu'en ce que l'état falin étoft plus décidé dans l'un que dans l'autre. Voici comment je m'y fuis pris pour le vérifier.

1°. Je combinai avec l'acide vitriolique quatre gros de natrum ( alkalî minéral) criftallifé très-pur , & ayant bien lavé le fel de Glauber ou vitriol de foude avec fefprit-de-vin pour enlever tout acide fiirabondanr, je le fis difToudre dans l'eau ; cette dilfolution ayant été filtrée & con- centrée, i'y verfai deux gros d'alkali volatil, & j'obfervai avec plaifir qu'il fe faifoit un précipité abondant; je décantai la liqueur , je lavai plufieurs fois le précipité avec de l'eau très-pure, & je trouvai rroiç fcrupules quinze grains d'une vraie magnéfie qui accompagnoit raikaii minéral, & qui étant unie à l'acide vitriolique avoir pu, comme on le voit, en être féparée par un aikali. Ce fait prouve la vérité de l'obfervatian de M. Georgi fur le natrum natif de Ruflie, dont j'ai fait mention ,§. XX. Je m'occupai enfuite de quelques expériences de conTparaifon. Tout Je monde fair que par des diffolutions Si dellîcations répétées les slkalis- fixes fe dénaturent & fe convertiffent en quelque façon en terre. Je me propofai

j66 OBSERrJTrONS sur LA PHYSIQUE. linion encore évaporée à ficciré. Je repérai .ette opération fuccenivement ja(l|ii'à lis fois, Aptes cera je combinat ci;: aikaii , comme je l'a-zoïs tait prccede'iimenc avec l'aciJe vitrioliqiîe , je lavai le vitri-ol de foude avec de l'elprit de-vin je le fis dilloudre dans l'eau. La diiloliiricin filtrée & , concenrtée, j'y verlai deux gros du mcnie alkali volatil,^ aprcs.avoit

-.té fois iS; féclié la terre pré. Ipirée je la trouvai du déca , lavé plulîeurs , poids de près de lix icrupuL'S. Je voulus m'alkirer de la nature de cette

rerre ; à cet effet je la combinai avec l'acide vitrioli.pe > &c j'en ob;ins un vrai vir.'iol de niagnélie qui s'cffleurilloit à l'air, & fe dillolvoit en entier dans une petite quantité d'eau bouillante.

3°. N'étant pas encore fatisfiiit de cette épreuve ^ je crus, pour plus de sûreté, dv'voir répéter mes expériences ; en conléquence [e fis dilToudre

dans l'eau quatre autres gros du même narrum , cette itiliolution , comme

la première, fut filtrée deux fois pour enlever toutes parties teneuies , & qui éroit verre évaporée dans le mcme vailTeau , de i la matière féchée ,

je la faifois dilTîjudre dans de nouvelle eau ; &: je répétai cette opération

avec patience jnfqu'à huit fois. Il ell à remarquer qu'a,ircs la (îxième fois la fubftance alkaline fe dilTolvoir avec peine & nageoic dans l'eau en floccons rels que ceux que la nei;^e forme dans l'air; je combinai avec

l'acide vitriolique la maiicre reltante après la huitième dellîcation : je

lavai avec l'efprir-de-vin le Tel qui en provins , &: l'ayant fait dilToudre

dans de l'eau difliliée, j'y verfii , comme ci-devsnt , deux gros d'alkali

volatil : la terre qui fe précipita promptement , ayant été lavée & léchée, pefa près de fept fcrupules: elle éroit légère, inlipide, & par fon union à l'acide vitriolique, elle donna encore un fel amer, un vrai vitriol de majinéfie. X X V II.

On doit fans doute erre réfervé dans les indudlions qu'on tire de quelques expériences particulières: mais il ed: des faits d'une telle nature que les conféquences auxquelles ils donnent lieu font au-delîus de toutes

exceptions. Il nous fenible donc que d'après ce que nous venons de voir ,

il peut être permis d'avancer que de même que le natrum ou alkali

mitiéral , la magnélie efl une partie conftituante de la iubftance des animaux marins, que l'un & l'autre contiennent une même terre principe,

Si qu'elles ne difTerent entr'elles que dans l'a condition de fcl alkalin ; l'un & l'autre peuvent fe tirer direilfement des erres orgat.ilés qui vivent dans la mer, fans aucune adion du feu auquel on vouloir les attribuer;

enfin , on peur regarder la magnélie comme renant le milieu enrre la terre pure & l'alkali marin. De-là viennent & les propriétés communes don:

nous avons fait mention an §, XX , & la découverte du beau phénomène

obfervé pir M. Bergman , & rapporté au troifième volume des nouveaux Adesdela Société Royale d'Upfal {pages 128 & I2p ), où cet illuftre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ^RTS. 167

Aureur recoiinotr que la niagnéfie fe combine avec le foufre, & forme un hépar. Voilà donc pour.^uoi la niagnéfie fe trouve rarement féparée

du natrum ou alkili minéral natif ; comment elle s'eft mclée à tant de niatières dans les eiirrailles de la terre où la mer a féjourné avec fes

habirans , dans les argiles, les ftéatites, rafbcfte , les fchiftes , dans les ampelites fchorls , quelques fpaths, les , &c. Voilà pourquoi elle abonde dans les Fontaines falées,où elle ell combinée avec Tacide muriatique;

pourquoi elle fe trouve combinée en fi grande quantité dans le vafte

océan dont elle rend l'eau d'une amertume fi rebutante; pourquoi elle

adhère fi fortement au fel commun; pourquoi elle fe trouve difleminée en par'ies très-fines dans les pierres calcaires qui ont été couvertes par

les eaux de la mer. Enfin , voilà comment l'acide vitriolique [)roduit par l'efflorefcence des matières pyriteufes; en fe combinant avec les terres calcaires, forme la féiénire, &: avec la magnéfie qu'elles contiennent le

fel amer , le vitriol de magnéfie, que nous trouvons tanrôr dans les fources

fouterraines, tantôt en beaux fels tofllles , tel que celui découvert de nos

jours dans la Garnie Vénitienne par M. Tavelli , dont j'ai envoyé' récem-

'ment à l'ilkiftre Lavoiher de Paris un elTai qui m'avoit été procuré par

M. Arduini , illuftre & favant Naturalise de cette Société. Cependant il

ne faut pas fe prefTer de conclure, ce dont je fuis très-éir.igné , que toute la magnéfie provient de la deftrudlion des animaux marins ou

de la décompofirion du muriate de magnéfie, comme s'il répugnoifd'en trouver dans la nature qui ne foit pas entré dans l'économie animale ou daiîs la compofirion des fels marins, une telle opinion feroit prématurée & mal- fondée.

X X V I r I.

Du Sd commun & de la Salure de la Mer.

Si ce fiècle étoit celui des fyfiêmes , ce qui n'eft pas, lês vétitc's luinineufes que nous avons eu le bonheur de découvrir pourroient fervir de bafés ?< de principes à plus d'une théorie; mais toutes les conjectures des hommes ne fervent pas à l'av-jncenient réel de la fcience, & elles en retardent plutôt les progrès; |e n'ai en vue que t'avantage de la Phyfiqne en expofanr ici quelques conféquences immédiates qui m'ont paru fondées. Si

je me permets d'y ajouter quelques réflexions , |e n'aura' d'autre but que la nouvel horiion j'ai de découvrir aux autres vue du que apperçu , & par-i.i de donner pent-êrre lieu à de nouvelles découvertes. C'rft un phénomène digne d'être obfervé que ces vertiges de vrai acide qui le muriatique que nous .nommons latent , troin'ent dans tous les

corps marins fans aucune trace de fel commun , acide qui s'y manifefle encore ap es tant de fiècles qu'ils font pétrifiés ou convertis en terre.

D'où peut venir cet acide f Si on veut qu'il foie le produit du fe! commun i6S OBSERVATIONS SUR LA PHTSigUE,

décompofé Cpontanémeiu en tant d'années , décompofition que je ne

Duis arinierrre fans connoîne les inrermcdes qui peuvent l'avoir opérée , pourquoi fe trouve-t-il dans les coquilles tirées traîchement de la nier où cependant il n'^ a aucun indice de iel commun, §§, VlII- XI , ni aucune apparence de fa décompofition ? L'eau de la mer ne préfente aucune trace d'acide muriatique libre, il y eft toujours combiné avec le natvuni ou alkali minéral , avec la magnéiie & avec la terre calcaire.

Cet acide elt-il donc narit & propre aux coquilles î ou s'écoule-c-il de l'animal comme un fuc nourriirant delliné à leur porter le principe de leur vie , de leur accroillement & de leur configuration ?• Si nous obler- vons que leur vie celfe avec celle de l'animal , qu'après lui la coquille n'efl: plus qu'une fiaiple mafTe de terre calcaire figurée dans laquelle on d'étranger acide uni., ne trouve rien que cet , qui y eft intimement nous reroiit portés à croire, non-feulement qu'il eft provenu de l'animal, mais encore que pendant fa vie il fervir à porter, à répandre Si à maintenir le principe aélit &: vivifiant. Il paroît donc certain qi:e l'acide muriatique rifide dans les aiiimaux. Mais li nous n'admettons pas la décompofition continuelle des Tels enlevés à la mer par les animaux qui y vivent Se s'y nourriifenc , décompofition toujours myflérieulé , nous ferons forcés de ranger originairement cet acide dans la clafTe des acides natifs comme lui. Cet acide des animaux marins préfente un- très - beau fujet de recherches abfolumenc neuves qui, autant qu'aucun autre , méritera toujours d'occuper l'attention des Phyliciens. Il eft vrai que fi les fels diflous dans l'eau oii vivent ces êtres organilés entrent dans leur ejfence, les muriates calcaires & de magnéfie peuvent céder & y dépofer tout on partie de leur acide en fe déconipofant de quelque manière que ce foit; mais la décompofition du fel à bafe d'alkali fixe,quieftle plus abondant, ne peut s'admettre h légèrement par ceux cjui connoiflent bien fe« earaiiières Si l'intime liai-Ton de fes principes, XXIX.

Si on confidèreici avec attention l'acide dont M. Bergman , enfuite ^1. de Morveau {Opuj'.chim. tom. I ,p^!gel), & fucceflîvement d'autres illullres Phyficiens ont reconnu la préfeuce dans les terres calcaires, on verra qu'il eft le même dont nous avons parlé, & que j'di trouvé direiftément dans les animaux marins vivans. Il y a donc tout lieu de croire que les craies & en général toutes les terres calcaires qui contiennent cet efprit acide latent , ne font que des dépouilles d'animaux marins faudroit-il penfer -d'une terre décompofés & changés en terre ; mais que

calcaire qui feroit dépourvue de cet acide 3 ou qu'elle peut en avoir été

dépouillée par quelque intermède puisant, tel que le feu , §. XI . ou

il doit qu'elle peut n'avoir jamais fait partie de ces animaux. En effet , ne répugner en aucune manière de croire qu'il fe trouve dans la nature une terre SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 169

terre première, ic pour ainfi dire vierge ^ qui .)im.'A n'tft'entréé , non-

feulement dans l'animalilaticn des êtres mjiin. , mais même dans l'économie d'aucun autre corps organilé, XXX.

Cependant laifTant à part ces queftions, & nous tenant aux faits, nous reconnoiflbns un acide muriatiquc répandu dans les animaux de la mer,

de ia préfence duquel il n"el} pjs permis de douter, indépendamment de celui qui efl coinhmé dans les fels neutres & moyens qui y font

difTous , Si fe trouveiir aulîî dilTéminés en petite quantité dans ces mêmes

fcliftances organiques, §. XIV. Nous favons en outre que dans l'immenfe

quantité de ces erres vivans , & particulièrement dans leur fubftance animale, fe trouv'ent natifs le natrum ou alkali minéral, la mac;né(îe ainlî que la rerre calcaire, terre privilégiée, & que la nature a deftinée par excellence à être mêlée par-tout & dans tous fes règnes. Il eft auili très- certain que tout être qui vit doit mourir Si donner lieu à d'autres de

naître & fe reproduire fucceffivement ; de-là cette perpétuelle révolution d'animaux vivans dans l'océan où ils naillent, périflent & fe reproduifenc continuellement. Cependant après la décompofition de ces corps les

principes dont ils étoient compofés reftent néceiïairement en liberté & en état d'entrer dans de nouvelles combinaifons. Ces faits que maintenant

on ne peut nier , nous approchent tellement du laboratoire de la nature , que nous pouvons connoître d'où proviennent la produiftion & la repro- di'clion perpétuelle de tous les fels dont abonde la mer, qui en aban- donnant la terre les a laifTés épars & enfevelis dans fes entrailles où leurs principes fe trouvent mis en liberté par la décompofition des animaux marins. En effet , l'analyfe que l'iiluftre Bergman a faite de l'eau de la mer prife à foixante Tjrafles de profondeur, à la hauteur des îles

Canaries , & à une grande didance des côtes , confirment admirablement cette conféquence, & fdit voir que la mer a en propre un certain fonds de fels diftinds de ceux qui peuvent lui être apportés d'ailleurs, & que ces fels apparrenans à ia mer ont l'aciJe muriatique pour principe acide. très 0^',v/ô ip-}), que Cs Phyhcien cxaél a trouvé ( tom. l , page chaque ka.ine fuédoife de cette eau , qui répond à un peaplus de 131 pouces

cubes de Paris, contient :

Sel commun ou inuriate de fonde . . .'i . . . 2 oncef 435 grains Muiiate de magnéfie » O 380 Sélénite O 45^

D'où il réfjlte que les çrincipei falihs de la mer les plus abondans ti qui lui font propres ,cfonp ks deux felï muriatiqués à bafe de natrum & de magnéfie ,tc'e!l:-r.-clirej «ne- eombinaifbn -de l'acide muriatique avec

Tome XXIX, Fan. H, 178 5. SEPTEMBRE. Y ,470 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, ces mêmes ru'ftjnces alkalines dont nous avons démontré l'exiftence dans les animaux matins. XXXI.

Si la mer contient en elle-même & dans fes nombreux liabitans leJ principes des fcis qui lui font propres, la falure confiante & perpétuelle qui rélulte de ce fonds inépuifable celFe d'être un myftcre. Cette pro-

priété caradérifiique de l'eau de mer a toujours embarralTé les Phy(îciens ;

il en eft qui croient qu'elle augmente continuellement , 8c que par des

eflais faits en difFérens tems , on pourroit connoître l'âge du monde

( , Tmnf. Philof. ann. lyij" ). Quelques-uns penfent qu'il exifte dans le fond de la mer des mines de fel qui fe diffolvant uniformément

renouvelle fa falure : d'autres croient qu'elle eft entretenue par des fource»

ialées qui viennent des terres ; d'autres enfin attribuent à d'autres caufes

ce phénomène admirable. Quoi qu'il en foit de ces opinions , ce feroit faits perdre fon tems que de les combattre maintenant , puifque par des nous fommes arrivés au point de connoître que l'océan renferme dans fon fein les mêmes fubftances qui entrent dans la compofition des fels

niuriatiques , & que ces fels, pouvant s'y reproduire perpétuellement fans

aucun fecours étranger , maintiennent par eux-mêmes la falure de fes eaux. Cependant c'eft fans fondement qu'on avance que la falure de la mer eft uniforme dans toute fa maffe, avec la feule différence d'une plus grande imtenfité dans les parties méridionales que dans celles du fepten-

trion ; on n'a pas plus de raifon de croire qu'elle augmente régulicremenr, ^ que par-là on puiil'e connoître l'âge du monde. Cette uniformité n'a pas lieu, puifque les obfervations prouvent que lOO livres de cette eau ne contiennent prefque jamais 4. livres de fel, &que pouvant en dilToudre jufqu'à 25" livres, il eft évident qu'elle auroit pu en prendre davantage &C dans des proportions variables à l'infini. Laiflant encore à part les lels propres à la mer dont la quantité ne peut jamais être confiante, elle reçoit tant d'eaux chargées des fels qu'elles diffolvent fur la furface & dans l'intérieur des terres, tant de différentes fubftances font englou-

ties dans le vafte baftîn qui la contient , qu'on ne peut jamais prélumet que ces fels fe trouvent répandus également dans toutes fes parties. Mai»

fi la raifon n'admet pas une telle uniformité , l'expérience la rejette auftî» Voyons l'analyfe faite par l'illuftre Lavoifier {Mém.deVAcad. desScienc,

pour l'jjz )• Dans 40 livres d'eau prifes fur les côtes de Dieppe à quatre lieues en mer, il a trouvé:

- Terre calcaire . . o once 4 gros 36 grains Sel commun ou muriate â« Coude S 6 32 Vitriol de foude &c vitriol de magnéfie . . o 4 26 Muriate de magnéfie I O o

Muiiate calcaire mêlé au muriate vie magnéfie Ji _j; jo SUR VHTST. NATURELLE ET LES '^ARTS. 171 Quelle àifférence entre ces réfutrats &r ceux de l'aiialvlè précédenre! Si on répétoit ces expériences avec foin en divers Jieux & diverfes profondeurs de la mer, je crois cju'on rrouveroit toujours difFérens

produits & en diverfes proportions. Il e(l poflîble que la falute de Isi

mer augmente dans quelqu'une de fes parties , fuivanr l'opinion de M. Halley, & que cette augmentation foit régulière; mais aulfi elle éprouve dans d'autres parties une diminution également régulière. Il fera donc toujours vrai que dans tous les cas ces gradations manquent de principes , & que l'accroilTement , la diminution & cette régularité donc- nous convenons étant accidentellss, partielles & dépendantes de cir- conrtances particulières , ne peuvent jamais avoir aucun rapport avec le cours uniforme & naturel de l'âge du monde» XXXII.

Il doit nogs fuffire d'être parvenu à nous aiïiirer qu'il exifte dans la mer même une fource mtime & intérieure de fa falure, indépendante fuffit du concours de tous fels étrangers , qui pour conferver le fonds permanent des fels niuriatiques natifs , mais qui eft fufceptible de variations dans difFérens lieux de l'océan. En effet , la niaiTe des animaux qui naiffent, périlient & fe renouvellent continuellenienr , doit autant qu'aucune autre ptodudion de la nature, varier dansdifférens climats, vu toutes les révolutions qu'éprouve chaque jour cetimmenfe réfervoir d'eaux qui occupe une fi grande partie du globe que nous habitons. Il n'eft plus permis de douter que le nirre ne s'engendre fur la furface de la terre pendant la décompodtion des êtres organifés , dont les principes pro- chains, c'eft-à-dire, l'acide nitreux & la bafe alkaline, fe font préparés & élaborés fucceffivement par la fermentation des matières préexiftantes dans ces êtres; ainfi il n'eft pas étonnant que le fel commun fe forme par la décompofition des animauv matins : fes principes prochains que nous avons- reconnus comme parties conftituantes matérielles de leurs fubïlances , fe préparent & s'élaborent par leur décompolîtion , comme il arrive aux principes du nitre pendant la fernientation putride; mais il nous refte encore beaucoup à faire avant d'établir par des fairs certains les moyens qu'emploie la nature, moyens qui jufqu'à préfent n'avoient pas même été foupçonnés, & dont nous n'avons encore que les ptemie« appperçus.

La fuite au mois prochain.

Tome XXIX, Pan. II, ij36. SEPTEMBRE. Y c ,

•172 OBSERVATIONS SUR LA VHYSIQDE.

DESCRIPTION DU GAZIFÈRE, o u NOUVEL APPAREIL faire du Gaz inflammable Pour ^ pur et entièrement

DÉGAGÉ d'air ATMOSPHÉRIQUE ;

Var M. B o U L A R VyArchueâe , Voyer-Infpecieur de Lyon.

\J E PUIS que la Phyfiqueexpérimehrales'eftenrictiie par des expériences

auffi luLles qu'étonnantes & in jénieufes , far les différentes efpèces de gaz «qu'elle a extraites des corps, on a déliré de fe procurer des gaz qui fuil'ent

abfolument purs , autant pour la que précifion des expériences , pour la folidité Àts fyllêmes formés fur la nature & propriétés des différens gaz. Pour en obtenir, on a donné pour moyen le foin de laiiTer perdre le gaz qui fe dégageau commencement de l'effervefcence, parce qu'il fe charge de l'air athmofphérique contenu dans le vaiffeau. La feule expofition de cette méthode fuffit pour démontrer combien

elle eft inexacSe , n'y ayant point de moyen pour reconnoître le moment où l'air atmofphérique eft entièrement di/îîpé, Audi n'eft-on point d'accord fur la vraie pefanteur fpécifîque des j^az retirés d'une même fubftance. Celui qu'on rire du zinc efî eftimé différemment par divers

Auteurs : M. CavendisH le croit dans le rapport avec l'air commun

a-peu-pres comme 1 : 12 M. Fontana MM. Prieftley & Kirwan ...... II M. Faiijas ...... Ces différentes eftimations viennent fans doute de ce queFair atmof^ pliérique n'écoit pas entièrement dégagé des vaiffeaux d'où l'on tiroic le gaz inflammable.

Ayant à remplir ins ballons de gaz inflammable, j'ai voulu le retiret

pur , afin qu'il fiJt plus léger, & que n'étant point mêJé avec de l'air at-

mofphérique, il ne fût fujet ni à détonner ni à s'enflammer. La pureté lui procure ces deux avantages qui font inappréciables pour les ballons. Pour que le gaz inflammable ne puifTe fe mêler avec l'air atmofphé-

rique contenu dans le vafe , il faut en expulfer ce dernier , ce qui peur fe

faire en remplilfant entièrement le vafe d'eau & d'acide ; mais en en ufant

ainû j l'effervefcence feroit bientôt paffer l'eau , l'acide , & même le fe* ^ —

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 173

par le fiphon , Se alors tout feroit gâté & perdu. Cet inconvénient m'a jiaru trop grand, pour i]ue je ne chertliafie pas à le détruire; ce que je crois avoir fait par le moyen ou appareil donc je vais rendre compte, Description du Gazifère.

A une bouteille de verre A, dont le col efl fort & droit, on lute(i) une garniture en cuivre B ayant un rebord en C, A cette garniture s'adapte a vis une efpèce de couvercle D , dont le rebord vient porter fur celui de la partie inférieure ; entre ces deux rebords on place un difque ou couronne en cuir E. Le couvercle D efl: furmonté dV.n tuyau F de deux à trois pouces de hauteur, aufli de cuivre & faifant partie du couvercle.

Ce tuyau F efl afîez gros pour recevoir trois tubes de verre G H I qui , font folidement lûtes ; le premier G defcend julqu'aux deux tiers de la bouteille, & cft recoudé à environ trois pouces au-deflus du tuyau de cuivre F. Le fécond H formé en entonnoir à fa partie fupérieure, & fur- montant le premier de quelques pouces, defcend enluite à environ un pouce près du fond de la bouteille. Le troidènie I , prenant nailTance .i la partie fupérieure du couvercle, efl bientôt recoudé dans une entaille faire exprès au tuyau de cuivre F, pour donner plus de foliditéà ce tube I, & l'empêcher de tourner. Ce dernier eft prolongé horifontalemenr de quelques pouces ; fon extrémité efl garnie de filafïe pour recevoir le tubeK aufî] de verre , lequel diminue de grofleur pour s'unir au fiphon M , au moyen d'un tube ou manchon L de gomme élaftique fortement attaché fur les deux tubes par deux ficelles. appareil ha fig. z repréfente un moins difpendieux : à la garniture en cuivre ci-devant décrite , on a fubflitué un bouchon de bois percé à jour longitudinalement pour recevoir les trois tubes lûtes comme deilus. Ce bouchon fera garni de flalFe pour boucher très-exactement la bouteille. Il faut que le col de la boureille foit évafé pour que l'on puiffe y mettre premièrement un bourlet de cire molle , enfuite de l'eau pour entretenir la cire fraîche, & s'appercevoir fi l'air s'échappe entre le bouchon ik. le col. On peut, fur le même principe, conftruire un tonneau pour faire de l'air en grande quantité , fig. j. Usage de z' Appareil.

On ôte le bouchon D , & l'on verfe dans la bouteille de la limaille ou des copeaux de fer , ou (oure a;itre matière qu on a deffein d'employer; après quoi on la rebouche, ayair foin de l'incliner conlidérablenientpour que la matière qu'on y aura mife n'empêche pas aux tubes d'y entrer. Or»

M — — P

(1) Ce lut efl compofé de glaire d'œuf, & de chau.x vive en pondre. 174 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

place le vafe près de la cuve où l'on veut recevoir l'air , & en difpofèr ; cela fait on verfe de l'eau par l'enronnoir du tube H, quand Je vaiiTeau ed plein , l'eau fort par le tube M, que l'on ferme avec un petit bouchon N.

Alors l'eau monte & fort par le tube G , &C arrive à la même hauteur dans le tube H. Par ce moyen l'on eft sûr que l'air atmofphérique eft entièrement remplacé par l'eau, foit dans le vafe,foit dans les tubes.

On verfe l'acide virriolique par le tube H, il fe précipite au fond de la bouteille, & fait fortir par le tuyau G, autant d'eau qu'il eft néceffaire pour que l'équilibre foit rétabli. Effet.

L'efFervefcence dégagera le gaz inflammable qui montera de fuite au fommet de la bouteille, & contre le bouchon. Ce gaz comprimera l'eau, & la fera jaillir par le tube G. Quand la partie fupérieure du vafe fera dégagée de l'eau qu'elle contenoit, & que le tube G ne trempera plus dans l'eau que d'environ cinq à fix lignes, on débouchera l'extrémité du (iphon M , & on employera le oaz ainfi qu'on en aura befoin. Jufqu'à ce moment on ne verfera l'acide vitriolique qu'en petite quantité

&: prefque goutte à goutte, pour épargner l'acide qui fe mêle avec l'eau ,

& dont une partie fort par le tube G , fans avoir produit tout fon effet. On pourra enfuite précipiter l'efiFetvefcence en verfant plus promptemenc l'acide.

Lorfque les matières mifes en efFervefcence ne donneront plus de gaz; &: que l'on voudra fe fervir de celui qui fera refté dans la capacité fupérieure du vaifTeau , on verfera de l'eau par l'entonnoir du tube H,

Cette eau par fon volume preffera le gaz & Je tera fortir en entier ; & fi le vaiileau eft infuffifant pour produire en une fois la quantité de gaz dont on aura befcin , on recommencera le procédé autant de fois qu'il fera néceflaire, 8i de la même manière qu'il vient d'être indiqué ; ce qui fe fera avec un fuccès égal , & fans que J'air atmofphérique puiffe s'y introduire. On aura foin de faire pafTer ce gaz au travers de l'eau de chaux,' comme à l'ordinaire , pour le purger de l'air fixe qu'il pourroic contenir.

Quoique je n'aie parlé que du gaz inflammable , cet appareil peuc fervir à faire toutes fortes de gaz. Lorfqu'on y fera du gaz acide méphitique , ce gaz aura pJus de poids , parce qu'il fera moins mêlé d'air commun. Conclusion.

Le gaz ainfi dégagé eft très-pur & inflammable. J'en ai rempli le piftolet de Volta , & je n'ai pu Je faire détonner, quoique j'y aie fait paffer du fluide éleclrique avec abondance. SUR VEIST. NATURELLE ET LES ARTS. ij;

-1 EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR L'ANALYSE DE L'ALKALI VOLATIL,

à VAcadémie des Sciences le Lu il Juin 178/ ; Far MBekthollet.

JVIessieurs Prieftley & Van-Marum ont réduit le garz. alkalin en gaz inflammable par le moyen de l'éledricité; d'un autre côté M:V1. Scbéeie & Bergman ont obfervé que l'alkali volatil étoir décompofé par la chaux

d'or , celle de mercure & de manganèfe, & ils en ont retiré par le moyen

de celte décompofition un air pblogiftiqué, fans déterminer s'il éroic

(împlement dégagé de l'alkali volatil , ou bien s'il étoic un produit de fa

décompofition ; mais ils penfent cjue toutes les fois qu'un corps attire le phlogilHque, qui elî une des parties conftituantes de l'alkali volatil, on obtient cette efpèce de gaz. M. Kirwan dit pareillement dans Ces notes fur le Traité l'Air la de & du Feu , de Schéele , que chaux d'or enlève le

phlogiftique à l'alkali volatil , & quilJe formeJubitement unefone d'air

qui en vertu de ces propriétés découvertes par Schéele , ejl un air phlogijliqué.

J'ai tâché de déterminer avec plus d'exadiitude les principes de l'alkali

volatil , & de répandre du jour fur plufieurs opérations de la nature dans lelquelles cet alkalife forme ou fe détruit, 1°. Je mefuisaiïuréque lorfqu'on diftilloit du nitre ammoniacal, une portion de ce fel étoir décompofée,

que la partie alkaline en étoit détruire , & qu'il fe formoit de l'eau. Il s'efl: décompofé dans l'expérience dont je donne \t% détails dans mon Mémoire, une once deux gros quarante grains de nirre ammoniacal, fc il en ell réfulté trois gros foixanre-cinq grains d'eau, j'en ai conclu que le s^az inflammable de i'eau e/1 une partie confiituante de l'alkali volatil; & comme les expériences importantes qu'on a faites fur la for- mation de l'eau ont prouvé qu'elle étoir compofée d'environ fix partieî

en poids d'air viral & d'une partie de gaz inflammable, il faut que l'alkali volaril ait donné dans l'expérience environ quarante grains de gaz inflam-

mable , pour fermer l'eau avec une portion de l'air vital de l'acide nirreux. 2°. LotfquVn verfe de l'alkali volatil cauftique fur l'acide marfs

déphlogiftiuiué , il fe fait une efFsrvefcence qui eft due à un dégagement

de mofere, l'alkali volatil ell décompofé, & l'acidemarin eft ramenéà fori-

état naïutel ; l'air vital qui s'y trouyoit combiné s'ell donc uni avec le 17(5 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, gaz inflamiiiable de l'alkaii volatil pour former de l'eau comme cfanï l'expérierlce précédente; le principe aëriforme qui s'eft dégagé, n'a rien

pu recevoir de l'acide marin dephlogillicjué ; il exilloit donc dan- l'alkaii volatil, & il s'en dégage routes les fois que le gaz inflanim blede l'alkaii volatil lui eft euleve par une affioite fupérieure. Je me fuis aiTuré quj ce principe étoit delà motere, non-feulamsnt par les qualités nég^tivijs par

lefquelles on la reconnoîr , mais encore par l'épreuve de l'éledricité, conformément aux belles expériences que M. Cavendish a faites fur la production de l'acide nitreux. C'eft cette décompofition de l'alkaii volatil que j'ai indiquée dans mon Mémoire lu au mois d'avril de l'année dernicre( Voy. Journ. de Pbydq. Mai lySjjpage 32{): elle explique quelques obfetvations de M. Schéele. 3°. Ilfuivoitdes expériences précédentes que lorfque l'alkaii volatil

révivifie une chaux métallique , fon gaz inflammable fe combine avec' l'air vital de cette chaux & forme de l'eau. On doit donc trouver de l'eau dans cette réviviikation , & il doit s'en dégager la niofete de

l'alkaii volatil ; c'efl; ce que j'ai conftaté en revivifiant dans un tube de verre delà chaux de cuivre, que j'avois combinée avec l'alkaii volatil,

&: que j'avois taitfécher j'ai de-1:; ce que avec foin ; déduit MM. Bergman & Schéele avoient laiiïe à éciaircir fur la théorie de l'or fulminant, dans lequel l'or fe trouve combiné avec de l'air vital & avec de l'alkaii volatil. A un certain degré de chaleur l'air viral fe combine plus intime-

ment avec le gaz inflammable de l'alkaii volatil pour former de l'eau ,

& la moteta de l'alkaii volatil eft dégagée : c'ell-là l'origine de cette efpèce A'air pklogifliqué que MM. Bergman &c Schéele ont retiré de

cette opération ; mais j'attribue principalement les effets de la détonnation de l'or fulminant à l'eau qui vient de fe former, & qui eft fuhitement

. mife en expanfion par la chaleur qui fe dégage en mème-tems ; car

l'air viral qui efl: dans la uni par affinité; chaux d'or , y étant une foible doit avoir retenu une partie du principe de la lumière , qui lui donne

l'élafiicité dans fon état naturel, Se il doit l'abandonner dès qu'il forme une combinaifon plus intime. iÇ, Je m'étois fervi A

déterminer , par la quantité d'eau qui a dû fe former dans la détonnation, les rapports du gaz inflammable à la mofete dans l'alkaii volatil. C'efl par ce moyen d'approximation que j'avois cru reconnoîrre que l'alkaii volatil contient les deux tiers Je gaz inBamniable en vo!un:e (Journ. de fuis fervi Phydq. Avril 17S6, pag. 273 ) ; mais depuis lors je me d'un

moyen plus direcl &: plus exact : j'ai décompofé l'alkaii ^'oiatil par le

moyen de l'étincelle éleiSrique ; 1,7 ponco cube de gaz alksiin a donné l'alkaii 3,3 pouce cube de gaz réfultanc de la décompofition de volatil ; cette quantité, que j'ai déterminée avec tout le foin polfible & en employant SUR L'HIST. NATURELLE ET LES "ARTS. 177 employant les corredions nécefTaires, eft à-peu-prcs du tiers plus petite

<5ue celle qu'a donnée M. Piieftley , & elle e(t un peu plus grande que celle de M. Van-Marum. J'ai tait détonner quatte mefures de ce gaz avec une quantité furabondante d'air vital dans l'eudiomètre de M. Volta , & il eft réfulté de cette expérience que ce gaz contenoit 2,9 de gaz inBam- niable Je l'eau , & I,I de mofete; je me fuis fervi dans cette évaluation des proportions de gaz inflammable & d'air vital qui entrent dans la compofition de l'eau , telles qu'elles font établies dans le Mémoire de

7vl. Monge ( Mém. de l'Acad. 1785" , page 78), c'eft-à-dire , de i-jj" mefures de gaz inflammable contre 74. d'air vital. Si l'on fuppofe que le poids de la mofete foit au poids du gaz inflammable : : Il : i , le poids de la mofete contenue dans l'alkali volatil doit être à celui du gaz inflammable : : 121 : 29.

J'ai déterminé dans un autre Mémoire l'origine de l'alkali volatil , & d'où "vient que certaines fubftances font propres à la fermentation fpiri- fueufe, pendant que d'autres produifent de l'alkali volatil, foie pat l'aftion de la chaleur, foit par la putréfaâion. M. Prieftley a conclu de plufieurs expériences qui font répandues dans fes Ouvrages, fur la fin d'un volume qui vient de paroître , que l'alkali volatil étoit compofé de gaz inflammable & d'air phlogiftiqué ou mofete ,' quoique les théories adoptées dans ce même volume, paroiffent éloigner de cette conféquence fimple"; peut-être cet illuftre Phyficien auroit-il pu citer mon analyfe que j'avois annoncée dans le Mémoire imprimé dans ie Journal de Phylîque au mois de mai de l'année dernière, & que j'avois communiquée plus particulièrement à des Savans de la Société Iloyale, même avant d'avoir lu mon Mémoire à l'Académie des Sciences le II juin 178^.

EXTRAIT D'UNE DISSERTATION Sur le Feu naturel de Pietra-Mala;

Par le Comte G. DE Razoumowsky, Correfpondant de

[Académie Royale des Sciences de Turin , AJJocié Etranger Libre de la Société Agraire de la même faille ; des Sociétés

Thyfico-Médicale & Phyfique de Baie & de Zuric , & de celle des Sciences Phjyfiques de Laufanne.

V_j'EsT à deux milles d'Italie des FiUcayes , troificme ftation de porte entre Bologne & Florence , à un mille de l'auberge de Pietra- M'ila, & à une trentaine de railles environ de Bilof^ne, que fe trouve Tome XXIX, Pan. Il, i-jSÔ. SEPTEMBRE. / Z jyS OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

(ingulier feu ici fort le de Pietra-MaU , nommé improprement volcan ^ puifque l'on n'y voit rien qui reffemble à im volcan proprement dit,

Depuis le grand chemin , il faut prefque toujours dcfcendre pour arriver

à l'endroit où il brûle continuellement Si naturellement , fans aucun aliftient fenfible & grolîîer; il fe trouve-là , dans un champ peu fpacieux, dans un fond environné de montagnes de tous côrés , & qui, comme tfcus les lieux fitués &: enceints de cette manière ,.eft humide Se un peu- rtiarécageux en divers endroits.

Toute la partie de ce champ , qui environne le circuit qui renferme le foyer de cet embrafemcnt nacurcl, efl recouverte d'une verdure qui forme- un excellent pâturage, où l'on mène paître les moutons des environs; maison n'obferve pas un feul brin d'herbe fur toute la fuperiicie du fol

que s'eft approprié le teu , mais feulement de grands amas de pierres ,.

fragmens des rochers avoifinans , & fur lefquels nous fixerons plus loin l'attention dvi led>?ur.

Le terrein bnlld , comme tout le fol adjacent dont nous venons de

, faire mention, n'efi: qu'une terre de marais noire , qui fourniroit fans doute à l'analyfe chimique à-peu-près les mêmes principes que toutes les- terres de ce genre (i). La flamme naturelle de Pietra-Mala occupoit lorfque nous la vîmes,

fc occupe communément un efpace peu confidérable , &qui peut avoir

un pied , un pied & demi tout au plus de circonférence ; mais f'efpaca

qu'elle embrafe quelquefois , fur-tout lors des changemens de rems ,

lorfque le tems eft à la pluie ou à l'orage, eft bien plus confidérable , ?C forme un circuit de plus de quatre-vingts pieds, que nous avons niéfuréç

nous-mêmes. L'infpedion attentive , les vefliges Se les traces des eiFets du font par-tout les petit efpace feu , qui y mêmes que dans le occupé aduel- a la lement par le feu , prouvent qu'il y eu un tems où flamme a fejourn&

conftamment fur tout ce terrein brûlé , Si l'a embrafé pendant un certain

rems fans difcontinuer , comme elle le fait à l'égard du petit morceau du. fol qu'elle occupe encore préfènremenr.

De l'obfervation que nous venons de rapporter, il nous paroîr naturel.

(i) M. le Baron

la note de la page 481 de fa traduiSion des Lettres de M. Fcrher. ) M. Volta a obtenu les principes fuivans de la dillillation d'une terre d'un autre terrein ardent femblable 1°. l'odeur l'acide à celui de Pietra-Mala ; un phlegme limpide , qui avoit de marin ;

1°. une eau ou phlegme pareil , avec une foible odeur d'empyreume ; ni l'un ni l'autre de ces produits n'ttoient efTèrvercens avec les acides; 5°. un phlegme jaunâtre, d'une odeur empyreumatique plus forte que le précédent, effèrvefcent avec les acides;

4°, un efprit volatil fluor empyreumatique plus effervefcent encore avec les acides : ,

\e ciiput mortuum de la diflillation étoit une terre noire, brûlée , foluble en partie dans l'eau forte. tom, page ^04. ( Memorie delU SocUt

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. i7f

&.' l'aliment la même nécelFaire de conclure , que de flamme naturelle de Pietra-Mala s'épuife & diminiie coiuiiiuellemenc & peu-à-peu, & que le

feu hngulier qui fair l'objet de cette DilTertation , tend lui-même à dilparoîne Se à s'éteindre peut-être entièrement à la longue (i). La clialeur que ceterrein brûlé conferve encore, dmiinue fenfiblement à nielure qu'il s'éloigne de la flamme.

Le fol du tond & au-delTus duquel s'élève le feu de Pietra-Mala , ell

une efpèce de terrein tourbeux , une vraie terre de marais; c'eû-à-dire,

une efpèce de terre végétale , compofée d'argile , combinée avec des prin- cipes huileux ou phlogiftiques, falins, Si martiaux, par conféquent un compofé très-fufceptible d'éprouver une altération plus ou moins grande

de la part du feu ; cependant ce fol en a éprouvé très-peu, & l'on efl: fort

étonné de voir , lorfqu'on en détache un morceau , qu'il n'a fouffert qu'ua léger durciffement, & que fes parties fe font feulement un peu pelotonnées

& grummelées ; on voir même avec furprife à la partie inférieure de cette croû;e,que les petits fragmens de végétaux qu'elle renferme fouvent encore, rv'ont éprouvé d'autre changement que celui qui s'obferve dans toute fubllance végétale enfouie pendant long-tems dans les fonds marécageux ou tourbeux.

Cet eiFet fi peu marqué du feu fur ce fol embrafé , eft d'autant plus n'a frappant , que nous allons voir qu'il pas épargné de même des corps

plus durs , plus denfes & plus réfradaires pat leur nature que cette terre.

Nous ne croyons devoir attribuer cette différence fi fingulière & fi peu préfumable, qu'à ce que le feu agit plus immédiatement furies pierres

que fur le fol , qui eft entièrement recouvert & comme enfeveli par .Celles- ci. Tous les fragmens des pierres qui recouvrent ce teriein brûlé, font des

dcl ris des rochers de cette partie des Appenins ; ce terrein avec le fol aiiprent forme un thiinp enceint & environné de toutes parts par des icchcrs qui forment des fommités élevées d'eiiviron vingt à trente toi fes

au-delfus du niveau de celui-ci , efcarpés fur une partie de leur haurcur & recouverts par leurs propres éboulemens Se un peu de verdure vers leurs iafes, & compofés : 1°. De couches d'une pierre marneufe ou calcaire blanche ou

encore fans doute le cas d'un aun-e terrein ardent volfîn de celui dont ( i) Tel efl la eft déjà preCqu'éteinte. a Er. remontant un peu noui parlons , & où Haniiiie la on x> montagne & fur la raênie pente ( dit M. Fcrher') , voit un autre foyer de » pétrole brûlant, nl'Js grand & plus étendu que le précédent; mais les flammes peine de joue ». Litirei la mine'ralog, « en lont fi ù'ibl'.s , qu'on les voit à ( fur di Jf^ttilii ,;-'ûgc ^--i.) IpmeXXIX, Paru U, î-jS6. SEPTEMBRE. Z 2 ,

iSo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

à la vérité blanchâtre , qui fe calcine & donne de la bonne chaus

blanche , mais qui laiffe toujours un réfidu argileux , non-calcinable, qui rougit au feu. Ces produits de Fart, la nature les obtient abfoliiment fenibiables^ quoique plus lentement & en moindre abondance; nous en avons vu au milieu de la flamme, & nous en avons retiré plulîeurs fragmens de cette efpcce, qui en partie s'étoient réduits en une vraie chaux parfai- tement blanche j& eti partie avoient pris la couleur de l'ochre rouge & falilToient même les doigts. D'autres morceaux montrent des traces encore plus évidentes Si plus marquées de l'adion du feu; ils offrent des parties vitreufes en plufieurs endroits-, leur maiTeeft noire, elle eft prefque par-tout remplie de bour- foufïlures & de porofités; quelques-uns de ces morceaux ont une analogie trcs- marquée avec les laves des volcans, par leur adion fur l'aiguille aimantée qu'ils font mouvoir d'une manière très-fenfible. 2°. Ces couches marneufes & calcaires font entrecoupées de lits d'un

micacé gris ou coloré en rouge ou en brun , argileux ou plus oiv grès , ff^allerius , mais qui ne fe rompt point erv moins calcaire ( Quadntm de cubes) qui rougit ou noircit au feu. Les tragmens de ce grès que nous avons retirés de la flamme de Pietra-Mala, montrent des vertiges d'altérations moins confidérables que les pierres dont nous venons de faire mention fous le numéro précédent-, mais qu'on ne peut pas plus mécoiinoître. Quelques-uns fe font aggluti-

nés & ont éprouvé un léger degré de fufion ; d'autres font couverts d'un enduit vitreux. 5°. La partie inférieure de ces rochers, prefqu'au même niveau que !e- efl formée de gros bancs des mêmes pierres marneufes & terrein brûlé , quelquefois grèfeufes dont on vient de faire mention , qui dégénèrent en lamelles fort minces, plus ou moins horifontales, ou inclinées vers le

fud , ou même verticales.

4.°. Dans des ravins creufés par les eaux , on voit des bancs qui fervent

de bafes à toutes les couches précédentes , épais d'environ deux pouces & quelquefois fe divifant en lamelles fort minces, d'une pierre marneufe, quelque- compade, verte , traverfée déveines de fpath calcaire blanc , & fois audr tellement mêlée de grains fparhiques & quartzeux, qu'elle forme une efpèce de grès. Les furfaces par lefquelles ces bancs fe touchent & s'appuient, font fort fouvent graffes , ondueufes & tortueufes comme celles de la ftéatite. Cette pierre eft rendre & fragile dans le roc, & fe régulières durcit à l'air ; elle eft remplie de fentes & de fêlures , qui fouvent donnent à fes feuillets la forme d'un amas de cubes

entafles les uns fur les autres , & fa fradure eft ordinairement angu- leufe. ^es pierres éprouvent de la part du feu de Pietra-Mala à-peu-près les ,

SVRVHIST. NATURELLE ET LES ARTS. iSt

ïnemes altérations que celles dont nous avons fait mention fous le N". I. Il efl: digne de remarque , qu'il n'y a que ces dernières qui acquièrent dans cette flamme naturelle la propriété d'agir fur l'aiguille aimantée , preuve que le principe martial que toutes ces efpèces contiennent elt plus abondant dans celles-ci que dans les autres ; mais toutes , fans exception , font devenues plus dures & plus pefantes que dans leur état naturel , ce qu ii faut attribuer au principe argileux donc toutes participent plus ou moins.

D après les fairs & les obfervarions que nous venons de rapporter , on fer* fans doute porté à croire que le feu de Pietra-Mala agit fur les corps fournis

a fon adion , avec la même violence & la même adiviié que celui de nos fourneaux ou de nos laboratoires.- Il cft cependant certain que, non-feulement cette adivité n'eft pas au(îî grande, mais que même le degré de chaleur que rranfmet cette flamme naturelle aux corps y eft à-peu-près de moitié moindre que celle

communiquée par un des plus foibles de nos feux artificiels , tel qu'un feu de cheminée ordinaire , puifqu'il eft confiant par nombre d'expériences que nous avons été à même de réitérer mainte & mainte fois Se en diverfes occafions , que des fra^mens de pierres à-peu-près de même nature

& même grolTeur que ceux qui fe trouvent à Pietra-Mala , expofés feule-'

ment pendant plufieurs heures au foyer de notre cheminée , exigent pour leur parfait rétroidiiïèmenc environ le double du rems néceiïaire an réfroidiflement des fragmens pierreux retirés de notre flamme na- turelle (i). Ilréfultedonc des obfervarions Ji des conféquences rapportées ci-defTus,

que quoique le feu de Pietra-Mala & le lieu où il brûle, ne portent:

qu'improprement le nom de volcan , puifque l'on ne voit ici ni cratère ni vraies laves, ni véritables irruptions volcaniques, cette flamme produit cependant à la longue les mêmes effets que le feu des volcans fur les

fiibftances foumifes à fon adion ; il s'enfuit donc encore , à ce qu'il nous

femble , que le feu des volcans n'a pas befoin d'être auffi adif & aufli des violent que l'ont cru quelques Auteurs , pour produire effets aufli puiffans que ceux qu'ils produifent, ôc qu'il n'agit de même que lente-

ment , & pour ainfi dire gradativement ; de forte que l'on peut même- ,

adueliemént pofer en principe , qu'un feu pas affez violent pour faire rougir les pierres , mais long-tems continué, peut produire à la longue

tous les effets connus de la calcination , fulîon , &c. Il eft diflîcile même de douter maintenant qu'il y ait d'autre difTérence

réelle entre le feu de Pietra-Mala & les feux volcaniques ou fouterrains ,

(t) Les flammes font très-vives , fort volatiles, donnent peu de chaleur , dit M. le-

?aton de Diettick, page ^19 , note [i) de fa traduftion. i82 OBSERVATIONS SUR LA PHVSIQ-VE,

qu'en ce que le premier, brûlant dans un air libre & ouvert de rou

côtés , eft plus divifé , a moins de chaleur , & eft par conféquent nioin.;

puilTant que ces derniers , qui , renfermés à une grande profondeur dans

î'épailTeur des couches terreftres , font plus condenfés , & font doués d'une qui fans eft l'agent tranquille, chaleur excedîve , doute mais prin- cipal des plus grands & des plus étonnans phénomènes volca- niques.

Cette propofition nous paroît amenée jufqu'à l'évidence , par la comparaifon des phénomènes volcaniques , rapportés par plufieurs bons obfervateurs , & ceux que nous venons de faire connoître.

I.'efpace, fouvent très - confidérable , de tems qui s'écoule d'une irruption à une autre, & pendant lequel on ne peut fuppofl'r que le feu

foutervain foit dans une inadion parfaite , & la chaleur que les courans

de laves confervent fouvent pendant plulieurs années , tout concourt à mettre cette hypothèfe prefqu'au rang des vérités phyHques les mieux établies.

Quant aux niaricres primitives des laves , on ne peut fe refufer non plus à penfer qu'elles ont une grande analogie avec les matières pier-

reul'es, travaillées & élaborées par notre feu de Pietra-Mala , & l'on ne

peut guère douter d'après les faits rapportés ci-dedus , que plulieurs de celles-ci feroient devenues de vraies laves, qui auroient eu une reffem-

blance parfaite avec les produits des volcans , li elles avoient éprouvé ua

plus grand degré de cuiiTon ; il y a auffi iiey de préfumer que la couleuB lObfcure & foncée de la plupart des laves, le développement du principe martial qui leur donne la faculté d'agir fur l'aiguille aimantée, & qui étoit déjà contenu dans les fubftances auxquelles elles doivent leur origine, ne font dûs originairement qu'au phlogiftique ou au principe

Inflammable des fubftances végétales ou animales , décompofées & unies aux pierres ou aux rer.es,fur lequel le feu agilljit , tout comme les mêmes c-fF-TS f ot évide:"nment dûs dans le feu de Pietra-Mcda , au phlot;iftique dégagé par la chaleur, du humus , au-dellus dtiqu^l celui-ci brâie , & combiné peu-à-peu avec ce principe martial des Iragmens pierreux, avec lefquels il fe trouve en contHift à mefure qu'il fe idégage.

Il nous reffe prtfenrement à jeter un coup-d'oeil fur la nature du feu tle Pietra-Mala, & à examiner les caules qui l'ont produit & qui l'entretiennent. Plufieurs Auteurs ont avancé diverfes opinions fur les caufes & la nature du feu de Pietra-Mala, & M. de Vnlta les a recueillies & ranportées avec beaucoup de foin dans les Mémoires cités au com- mencement de cet écrit. Nous confi léreroBS les objets dont nous avons à nous occuper danj

^et article , fous dcu-x points ou chefs d'obfervations : dans le premier. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 183 ftous dirons un de la nature du feu de Pietra-Mala fous mot ; le fecor.d , nous rechercherons les vraies caufes de ce phénomène. L'importante découverte des gaz ou fubftances aérifornies, a jeté un jour les l'ignition coiibuftion grand fur phénomènes de , & en général , & fur les phénomènes du genre de celui qui fait l'obiet de ce Mémoire en particulier. Quand les expériences les plus ingénieiifes ne proiiveroient pas que cette flamme naturelle eft due à de Tair inHanuiiable en combullion , la- fimple infpedion attentive & l'obfervation de celle-ci , futïiroient pour faire foupçonner celui-ci , par l'analogie que l'on remarque dans la manière de brijler de cette flamme avec celle de l'air inflammable des marais ( Voyez les Lettresfur iaïr inflamtnable des Miirais , di M. de P'ûlta, traduites en franfois ), &C pat une obfervation très-intéredante,.

que nous avons faite, ôc qu'il convient de rapporter ici. Comme il règne prefque toujours un vent plus ou moins tott d-ans le vallon civ

brûle le feu de Pietra-Mala (i) , (î l'on fe met derrière la flamme du côté oppofé à celui contre lequel fouffle ce vent^ on voit avec furprife

s'élever très-haut , au-deilus de celle-ci , comme une vapeur légère,

aériforme, très-tranfparente , & qui n'eft reconnoifTable que par le

mouvement de vacillation qu'elle fait éprouver aux rayons vifuels , de

manière qu'il femble que les montagnes que l'ort voir au travers , danfenf

& s'agitent du bas en haut ; & cette efpèce de vapeur n'ell fans doute que l'air inflammable qui fe dégage continuellement du foyer de l'embrafe- ment, agité par le vent & l'aâe même de la combullion (2). Une autre'

d'air l'un agite (i) Nous avons obfèrvc deux fortes de vents ou oourans ; , qui toute

la malTe de ratmcifphèra fufpendu au-deffiis de ce vallon , eft très-fenfible ; l'at'tre ,. ne Ce fait remarquer que par Ton aftion fur la flamme; on voit fouveni celle-ci le-

jeter toute entière , tantôt d'un côté , tantôt d'un autre , & cela avec tant de rapidité , qu'en moins de quelques minutes, les difffrentes direflions fur lefquelles elle fe porte

ont parcouru toute la circonférence décrite par les divers rhumbs de la boudole ; alors

fî l'on fe trouve devant le jet de la flamme & à une petite difl?.nce de celle-ci , S: que

, efpèce de vent (î l'on fe baifle un moment on font au vifage t;ne chaud , qu'il fuffo-

queroit lî otr le refpiroit pendant quelques inflans. Il y a apparence que ce /îngulier que phénomène , qui n'a point encore été obfêrvé , nous faclùons , provient de quelques petits courans d'air qui s'échappent de terre dans le voi/mage même de la

flamme. Comrpe tous les points de la circonférence du foyer aftuel de celle-ci , ne

font pas abiclument à une égale diîlance les uns des autreî , il en doit réfulier auflT des dilatations inégales des couches inférieures de l'atmofphere Ifs plus vciîînes de flamme qui doivent foiliciter des courans des colonnes de l'air plus denfes cette , qui touchent celles- ci, qui s'échauffent confidérablement en pafTant au travers du feu. (2) L'on pourroit peut-étte reconnoitre le terme extrême d'élévation fenfd'U

de cette vapeur au-de(fus de la flamme , au moyen d'un petit ballon de papier de

foie ; nous difons, /« terme de fon élévation fenfible, parce qu'il efl fans doute une ,

i84 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

obfervation vient encore à l'appui de celle-ci ; c'eft l'odeur qui s'exhale

de ce toyer embrafé , qui eft exadement celle de l'air inflammable (i), & que l'on avoïc déjà comparée avant nous, & avant que l'on connût la

théorie des gaz , à celle qui fe dégage d'une dilTolution de fer par l'acide vitriolique (2).

Mais à ces obfervations , qui feules fuffiroient pour indiquer la vérité, fe joignent les expériences les plus confirmatives & les plus convain- cantes de M. f^olta;en 17S0, foupçonnant que ces flammes étoient

entretenues par de i'air inflammable , il jetta fur le terrain des pailles &C

d'autres corps légers , qui furent foulevés & agités comme par un fouffle léger. Pour lors il fit creufer un peu la terre dans le lieu même d'oii (ortoit la flamme, & ayant fait venir de l'eau dans ce petit folTé, la flamme

difparut , mais il vit fortit du fond de l'eau des petites bulles d'air. Il

agita pour lors la vafe avec un b:îton,il s'en dégagea afl"ez d'air pour qu'il pût le recueillir. à la manière ordinaire, & l'ayant éprouvé à fon auberge, il reconnut que c'étoit de l'air inflammable femblable à celui des marais. Dans un fécond Mémoire de M. A'o/^d fur le même objet, qui fe trouve le dans même volume de l'Ouvrage ciré, cet Auteur dit , que la flamme

de ce terrein ardent paroît bleue ou azurée la nuit , mais qu'elle lui fembla étoit rougeâtre quand il la vit , & il en donne pour raifon , que cet eff^t produit par l'éclat de la lumière du foleil qui donnoit deffus. Lorlque

nous obfervâmes cette flamme , elle avoit la couleur jaune de la flamme ordinaire d'un brafier,mais plus vive &c plus claire (jj. Cependant,

comme c'étoit environ entre les neuf & dix heures du matin , l'on com- prend que le foleil étant encore tort éloigné du point le plus élevé de fa révolution diurne, fon influence étoit encore prefque nulle dans ce moment, dans des lieux auflî enfoncés que celui où fe trouve ce feu

naturel ; on n'attribuera pas fans doute non plus cette couleur à la fimple influence du jour, car tous ceux qui ont enflammé de l'air inflammable ^n quantité alTez conlîdérable pendant le jour,favent bien que cet ait .confetve fa couleur bleue ou azurée tout comme la nuitjavec la feule

hauteur où cet air raréfié fe mêle réellement à l'air atmofphérique , qu'on ne pourroit le reconnoltre par l'expérience du ballon aéroflatique. obligé'; d'avouer ne point manquer à la fcrupuleufë (i) Nous (ommes , pour exaftitudeque nous nous fommes toujours prefcrite, que nous n'avons pu juger par nous-

mêmes de cette odeur, étant prefqu'entièrement privés du fensde l'odorat ; mais nous

avons un témoignage non fufpeft de notre alTertion , dans la perfonne d'un villageois

qui , fans connoiffances fimple & ingénu , notre domeftique , qui nous accompagnoit ,

étoit auiïî fans fyflêmes , & n'avoit à cet égard d'autre expérience pardevers lui, que

d'avoir vu faire de l'air inflammable , & de l'avoir fenti. comparaifon, (l) m. du Manigni, cité par IVl. Guettard , avoit fait cette celles (5) « Ces flammes font très-fubtiles , claires & d'un jaune hlanc , comme

u d'une huile enflammée », dit M. Ferben, heures fur l'Italie , page 411.

diiFïrence ; ,

SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. i8y •âifférence, peur-êrre , qu'elle elt un peu plus marquée &a un peu plus •d mrcnfité Ja nuit que le j mr. Quelle ert donc la vraie caufe de cette couleur de la flamme jaune &

TCugcâirc de qui n'eA is , nous le Pietia-Mala , p comme venons de dire

celle que produit l'air inflammaWe pur? Cette caufe eft , on n'en peut

•douter , la même qui colore nos teux artificiels , tels que la flamme dune

chandelle ou d'une bout^ie, celle du bois , &c. Cette couleur eft le produit de la combinaifon de l'air inflammable & des matières huileufes & phlo- giihques, que la chaleur dégage des corps en combuftion ; cette airertion elt confirmée d'une manière évidente par l'obfervation que nous avons faite, &-' qu'ont faite avant nous M. VoJta 6c tous ceux qui ont vifité le

feu de Pietra-Mala , de la fuie qui enveloppe toutes les pierres qui recouvrent tout ce terrein bmlé.

Si l'on fe rappelle ce que nous avons dit plus haut fur la nature du fol' de ce terrein , on n'aura pas de peine à concevoir ici la produdlion de

cette luie & l'altération de U couleur de la flamme par elle; il efl donc poflîble ait que la flamme de Pietra-Mala , pendant la nuit , une teinte légtrenïent bleuâtre; mais nous ne pouvons nous empêcher de croire qu'un obfervaieur vigilant &: attentif n'y verra jamais de bleu pur & clair, parce que cette couleur n'appartient qu'à la flamme de l'aie inflammable le plus pur, ce qui, nous le répétons j n'a point Se ne peuc avoir lieu ici. Nous venons de voir que la nature du feu de Pietra-Mala efl aujourd'hui très-bien connue & démontrée par des expériences Si des faits incon- te/tables ; mais il n'en eft pas de même de la caufe première de l'ignitioa de ce terrem ardent. Tout ce que l'on a dit là-de(tus jufqu'à préfent fe réduit à de (impies conjeftures ; nous ne prétendons pas ici lever toutes Jes difficultés, & décider la queftion; ce feroit une entreprife que nous regardons encore comme impoflible , & qui refiera peut-êrre touj'iurs telle: notre but eft d.">nc uniquement de dilcuter les opinions des Auteurs

•fur cet objet, & de tâcher de faire quelques pas de plus vers la vérité ; analogies nous en nous guidant fur les lois connues des , qui paroilfent

le £eul fil propre à nous tirer de l'obfcuriré & du labyrinthe , dans les -faits incertains & douteux & dans les myftères cachés de la nature.

11 fcmble que M. le Baron ile Dietnch , dans fa traduiftion des Lettres

de ^\.Fi-rber , e1 porté i artribuer cet cffe' à '"embrafemenr de quelque matière bitumineufe, lorfqu'il dit qu'il croit ni'c les eaux de Pietra-Mala font bi'umineufes, /;«^e 42, note (ej. M. de Volia dit que l'air inflam- mable qui entretient le feu de Pietra-Mala, pourroit bien lui erre fourni

par quelque mine de charbtm : mais il penche encore plus volontiers à

croire , que le terrein ardent de Pierra-M ila étoit autrefois un nierais enfevel' accidenr^'lement par la fuite des tenis fous les pierrailles qai lecouvrcRr ce terrein iome XXIX, Part. Il, 1786. SEPTEMBRE. A a iS6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ceite opinion de M. flotta, route naturelle qu'elle paroît^eft démentie marais par les faits i^ l'obllrvation ; li ce rerrein avoit été autrefois un plus enfeveli par la june des tenu , il tll cldir c)U il devoit ctre beaucoup a bas que le niveau aduel de fou fol , & celui-ci ne devroit prélenter (uppole l'œil que les matières qui ont contribué à l'exhauiîer , que l'on être ici les pierrailles & les débris détachés des montagnes. Mais nous que des avons fait voir plus hauc , que ces débris pierreux ne forment amas fuperficiels , Si la moindre partie de ce fol , dont le fond , comme

nous l'avons dit , eft une terre de marais de même nature que tout le loi adjacent, recouvert de verdure & au même niveau que lui. Ainli donc , jadis loin que l'on paille inférer , que lous le terrein adluel ait exifté un

marais enfeveli par les ébouiemens des rochers , il nous paroît ail contraire évident, que ce terrein lui-même n'étoit qu'un marais, ou

plutôt un marécage peu fpacieux , delTéché par la chaleur du teu de Pietra-Mala.

Il refte donc toujours à favoir quelle a été la caufe véritable Se

primitive de l'enibrafement des vapeurs de ce marais , qui afluiemenc n'a pu fournir feul & auffi long-tems à cette inflammation. Jl y a plus,

c'eft que l'expérience nous prouve ( Se perfonne ne le fait mieux que

M. ^ olca, c^ai , daiis les Lettres fur l'air inflammable des marais , a

fourni nombre de faits en confirmation de cette vérité ) , que l'ait inflammable des lieux qui en font le plus richement pourvus, & defqueU

il lé dégage le plus abondamment, ne fauroit s'enllanmier fans un fecours étranger, & ne brûle que quelques inftans, parce qu'il ne fe dégage dans ces endroits des matières putrelcibles qui le produifenc, qu'en petite quantité à la fois.

Il faut donc chercher la caufe de la produdion de la flamme naturelle de Pietra-Mala, dans les Itibftances (ufceptibles de s'enflammer naturelle-

ment & d'elles-mêmes par ïaâe fimple de la décompofîtion ; (elon ce

principe , l'autre conjedure de M. f-^olta , que nous avons rapportée ci-deltus. Si qui attribue Je phénomène en queftion à la décompohtion

de quelque mine de charbon , feroit mieux fondée, fi l'on trouvoit ici

des mines de ce bitume ; non-feulement nous n'en avons trouvé aucun vertige, mais nous ne croyons pas même qu on en trouve le moindre (du moins en quantité affez confidérable pour produire une inflammation

continuée ) dans toute cette partie des Appenins compnlé entre Bologne

& Florence; il faut donc recourir à des caufes encore plus vrailemblables par l'accord des effets Si des obfervations.

Il fe trouve un grand nombre de matières, ou plutôt de mélanges fufceptibles de détonner ou de s'enflammer par elles-mêmes Se fans aucun fecours étranger; telle eft cette (îngulière détonnation du nitre

cuivreux avec l'étain , obfervée Si décrite par M. Higgins { TranfaS. I le philofophiq. vol, 413 , part. j art, 16; ; phénomène du volcan ' SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. 187

artificiel , découvert par Lcmen ( Mini, de P Aciui Roy. des Scienc.

-^n ra ann. 1700 ) ; l'inflammation fi connue du ton ce! e des herbes avec des matières graiïes {Journ. de Phyj. tom. XX. pan. Il, Juillet

Novembre , &c. 1772 , page 5 , & 1784 ) Nous n avons choid que les exemples qui paroifTent les plus appro- puilque les (ubliances falines priés au cas donc nous nous occupons , & métalliques & les fels compotes qui peuvent refilrer de leurs décompo- les entrailles fitions & nouvelles combinailons , peuvent fe trouver dans de la terre; mais il paroît qu'il ii'exifte rien de pareil ici. Les matières végétales pourroienr peut être aullî fe trouver mélangées avec des

matières graiïes ou huilcules , fiit dans la terre > foit à fa fuperSciei

mais (î elles exiftent à Pietra-Mala , il paroît qu'elles n'y font ni aiïez

abondantes pour ère fenlîbles , ni aifez humedées pour s'échaufter , & par conféquent pour s'enflammer (i). Si l'on lé rappelle donc que nous avons démontré ci-devant que tous

les rochers & les pierres de ces cantons contiennent du fer, fi l'on réfléchie

que le fer pur eft rarement abondant dans les rochers de cette nature , &

ù trouve plus communément uni aux matières pyriteufes , fi l'on fait que la décompofition des pytites martiales produit non-feulement de la chaleur, mais ime inflammation réelle, peut-être ne répugnera-t-on pas

a. penPr, comme nous le faifons, quec'elT: à la déjompofiti n des pyrites fiilfureufes, répandues en très-pentes particules dans les couches de ces qu'efl; dû rochers qui , comme on l'a vu , s'étendent fous le fol ardent le , ,

dégagement lent , mais continuel de l'air inflammable, & fon inflam- mation au moyen de l'humidité nécelTaire à la décompofition des pyrites, qui peut pénétrer de l'extérieur à l'intérieur par quelques fenres dans la terre, ou être fans celle entretenue par un ruilleau que l'on obferve aux envirorts de ce terrein ardent dans un rdvin dont le niveau eft au-de(Tous, fie celui de ce terrein, La vapeur inflimmable qui fe dégage de ces

)1 tourbeux rochers , ell obligée de s'ouvrir un paflage au travers du f de ce terrein ,& y accjuiert fans doute les propriétés de l'air inflammable des marais impur ou mêlé de parties fuligmeufes & phlogiftiques, ainfi que nous l'avons prouvé ci-deffus. Cette conjecture que nous ne prétendons donner que pour ce q'i'elle efl, nous paroît d'autant plus vraifemblable, quec'eft principalement dans la partie intérieure de ces rochers & fur-rour dans les couches t|Ui apperçoit redortent du fol au même niveau que le terrein ardent , que l'on le plus évidemment, les traces de la d.'compofition du fer, ceiles-ci

(il L'agent de tojtes les inflamaiations naturelles connues 'uf^u'à prêtent e(l point de ; oirtant 011 il l'ex'la'a J'humidité ; par-ant où cel o-ci m;nq'iera ou narion conibin.'.if"n fulceniible , de décoinpofition par rhiimiiité , l'inllim nacureUa

Si fpontanée ne fanroit avo'r l>u. Tome XXIX, Pan. Il, 17S6. SEPTEMBRE, Aa 2 i88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le fer étant pour l'ordinarre d'un jaiire ou d'un rouge d'ochre maniai ; pur dans les matières rerreufes ou pierreufes auxquelles il ell uni, les pénèrre & les colore routes plus ou moins également & uniformément; martial fe montre abondamment dans route la ici , quoique le principe

rialle de ces couches , c'eft inégalement , & il efl des parties ( qui font qui paroiffent point en contenir; c'eft airfi que j'si rares à la vérité ) , ne ci-divant, dont le principe martial qui vu une couche de grès , décrite pierre fous la forme d'une zone concen- la coloîoit , s'ofFroit dans la tandis partie qu'elle trique d'un jaune brun , fort épailTe, que la enceignoit étoit grife & ne paroiiïbit point martiale. l'évidence il Pour que notre conjeâure acquière le degré de , auroit fallu trouver dans les rochers dont nous parlons, des particules pyriteufes pas faire non encore décompofées ; mais nous n'avons eu le tems de les recherches nécelTaires fur les lieux (i).

(i) Depvi!<; que ceci a été écrit, nous avons reçu une Lettre de ^\. Bertrand ,^\\né-

Talogill-' ertimable, qui confirme notre opinion , & dans laquelle M. B. s'exprime delà Septembre aulfi manière fuivante : « D'ans les premiers jours de 1767 , l'ai examiné foir. feu étoit plus apparent S; »> le feu de Pietra-Mala , vers les (îx heures du Le

» occupoit une plus grande étendue que celle que vous difigne?. ; le tems étoit dit que quand le tems avoit été n couvert , & il avoit plu dans h matinée. On me loin la nuit. Sans avoir » humide, la flamme étoit plus apparente de dans , comme lieu j'apperçus très bien l'odeur force » vous , Monfieur, examiné les environs du , » de la vapeur qui s'élevoit. J'attribuai , comme vous auffi , cette inflammation à la » décompofition de? pyrites par l'eau Et ce qui me fit naître fur le champ cette m'offrit à acheter des pyrites globuleufes des » idée , c'eft qu'un habitant des lieux &

marcaflites cubiques qu'il me dit avoir trouvées dans un ravin peu éloigné , on » ,

• coule un petit ruilTeau dans }es tems de pluie , » &c.- SOT^ mis T. NA TUREL LE ET LES ARTS. i fj

O'BSERVATIONS

Faites a Laon d'heure en heure fur la EouJJole de variation

de AI. Coulomb , de l'Académie Royale des Sciences j pendant les années & fur celle de decllnaifon de Brander , J784 & I78J y

Par le P. C O T T E , Prêtre de l'Oratoire , Correfpondant de FAcadémie

Royale des Sciences , &c.

BouJJole de variation de M. G Ou L MB.

J^ 'Académie Royale des Sciences propofa pour fujer du priif

qu'elle devoir donner en i']']') , cette quelHon : Quelle ejl la meilleure

eonjlrudiori des boujjol-es de declinaijbti , & quelles font les loix de la variation diurne de laiguille aimantée ? Ce prix ne fur diftribué qu'en

1777, & il fut pairagé entte M. Van-Swinden , alors PrufeiTeur de' Philofophie à Francker en Frife ,& aujourd'hui ProtelFeur de Pliyiîque, de Maihématiques & d'Aftrononiie à Anifterdam ,.& M. Coulomb y Capitaine au Corps Royal du Génie, & aifluellement de l'Académie' Royale des Sciences. Le iMénioire de M. f^an-Sivinden occupe le' Tome f^lll des Sauans Etrangers prefqu'eu entier. Celui de M. Coulomb' fe rrouve dans le Tome lX,pagei6j. L'Académie a fait eonftruire plufieurs boufToIes d après les principes

de M.- Coulomb ,^ tWe m'en a confié une en 1783-, je l'ai établie fur une pierre de tailleaurez-de-chauflee. L'aiguille a dix-huit pouces de longueur:

j'ai fixé à (tin extrémité utie petite aiguille tiès-fiiie qui excède cette' longueur d'un pouct. Si plus grande largeur eft de C\K lignes trois quarts. Se la moindre largeur de deux lignes un quart: elle a une ligne d'épailfeuï,. & elle pèfe avec Ton lelle de cuivre quatre onces deux gros onze grains.-

J'ai vérifié avec de la limaille de fer qu'elle n'a que deux pôles , dont le

centre eft à onze pouces fi-< lisnes du pôle boréal, & fon centre de gravité eft à douze pouces huit lignes trois quarts du même pôle: ainfi' ces deux centres d fferent d'un p:Hice deux lignes trois quarts. Le point de fulpenfion eft à quatorze pouces du pôle boréal. La (oie qui fufpend'

l'aiguille a dix huit pouces de longueur : elle eft tirée d'un écheveau de

foie te. le que les vers la donnent : les fils n'en font point tors , ils font feulemei t réunis avec de la gomme, ôc frottés avec du fuif, pour que l'humidité ne s'y attache pas %ç.o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

Je ne dois pas di1î;nuler que la grarxii niohiliré Je cerre aiguille eft caufe qu'elle a de la peine .i le fixer. Sj fenfibilrré cil telle qu'elle ell prefque toujours en mouvemenr, malgré les précaurions que j'ai prifes pour intercepter le pullage de l'air. Les aiguilles de M.

j'ai aullî M. de Caffini a remarqué, & remarqué , que l'approche de l'obfervateur même dépouillé de route efpcce d'ulterilile de fer , agite l'aiguille, de manière qu'il faut laire i'oblervation le plus promptemenc qu'il eft poiîible. Ne pourroit-on pas attribuer cet effet , & en général les inouvemens fréquens d'ofcillanon que l'obferve ^f lit à la dilatation de l'air occafiiMinée par l'atmofplière du corps de l'obfervateur , foit aux variations de la Température , foit enfin aux changemens qui furviennent dans le poids de l'air, & qui produifent alors fur l'aiguille le même effet que l'on remarque dans le baromcrre , où l'air agit fur la malTe de mercure enfermé dans la cuvette, même lorfqu'tUe eft fermée avec de la peau, du bois ou du métal ?

Quoi qu'il en foit , cette grande fenfibilité fait qu'il eft trc-';-difficile de faiCr la vraie direction de l'aiguille. Comme je l'obferve prefqu'à chaque heure du jour, lorf.iue je h trouve ainlî en mouvemenr, j'écris dans mna alTigner alors vérirable direction, journal , <3^«ee , & ne pouvant fa ces obfervations ne peuvent entrer comme éléinens dans les réfulrars.

J'ai placé mon aiguille dans le mois d'août 1783 , (ï' après l'avoir laiiïe repofer peiulant phiheurs jours, j'ai déterminé .1 y" 12'ouL'ft le zéro A'on je pars pour mes obfervations. M. de Calfini les a annoncées dans (oa Mémoire fur les Mouvemens diurnes de L\iigutlle aimantée, publié en

, page Je pourrois Ï784 dans le Journ. de Pkyfique tome XXIl^ , 2J7. préféiiter ici les réfulrats de chique mois d'obfervarions depuis le mois

jufqu'au mois décembre lySj ; mais pour abréger , je ne d'août 178:5 , de donnerai que les réfulrats des années 1784 & 1785', avec le réfultat général de routes les obfervations pour chaque heure. On verra donc , j°. la variation moyenne conclue du nombre des obfervations fares à 1°. chaque heure ; le nombre de ces obfervations ; 3°. le nombre de fois que l'aiguille a été agitée à chaque heure. SUR VEJST. NATURELLE ET LES ^îRTS. ifji

Heures 1784. Rcfultat général. du Varuii. lAX des'N". des l^'ariat. liV". des N'. des Variât. | A^". des AT», de. Jour. moyenn. Obferv. agitât •iioyenn. Oiferv,' agitât. moyenn,' Ohferv agitât. matin.

V. 1.17.4S I6l. t. 4^.24, 151

VI. 1. 1^.50 33- IJi. '•41-3Î 185

VII. i.ji.îi 160. 101. 1. 15.18 488 «7.

VIII. 1.36.47. 175. 1.14.55 419 I41.

IX. 17.4. 1.11.50 54«

X. '•57.34 '55- lié. 1. 17.44' 194 75-

XI. t.47.io 177. 171. 1.40.10. 394 «5.

XII. '•57 151. 179. • 57. o 4:1

ftir.

I- '-. o. 7, 109, i,5'-5' 177

II. 1.5e. 9 103. 1.53.33 379

III. ^^ O.jp 9-- 55^ 1.48.31 176

IV. t.ji.io 10^. 66. 1.41.17 lOf

V. 140. S6. r.i?.riÇ, 171 41-

VI. 1.J1.51 i6r. 114. i.ié. 4 !I9 70.

VII. 1.3(5. o 161. loS. 1.14.45 517

VIII. 1.34. ; 194. I.Î5.1D 470 114.

IX. 1-41.59 197. 176. 1.13.34 417 loS.

X. I 57.54 130. ??• I.ll. 3, '3' 39-

Reluit.

157. 46. c. 31,56. jour. 699%.

Plus gr. variât. 4' 15'. le 1 Ncv. 4°. xo'. le II M.irs 4°. 24'. le 1 Nov. 1784 à XII h. à V h. matin. à XII h,

î°, Moindre varint. . 14'. le n Nov. o. 4'. le 1 1 Aoi'it, 1°. î4'.leT5 Nov. 17S4

5' à VI h. . avec Aur. Eor, à X II. foir. à VI 11. 5'. avec Aur. B. r. r9i OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

On voit c](ie mal;^ré les fréquentes agitations de laimiilie j elle a en :Un mouvement liiutne périodique qui diffère peu de celui qui rélulte du grand nombre d'oblervations iaites les années précédentes par M. Fan^

Swindcn &c par moi , & dont les réfultats fe trouvent dans le Mémoira

de ce Savant, cité plus haut , &: dans le tome III de fon Recueil de Mém. L'analogie de fEledricité & du Magnétijme publié en 1784.. En fur ,

'effet , la variation occidentale va toujours en augmentant depuis fepc

heures du matin jufqu'à une heure du foir , Se en diminant depuis une heure du ioir jufqn'à dix heures du foir. J'en excepte quelques anomalies tqni ont eu lieu à cinq & fix heures du foir. Je continue ces obfervations, «lonc je rendrai compte au commencement de l'année prochaine.

Boujfole de déciinaifoti de Brander.

J'ai prié un de mes amis (M. de Cambrounc) ,àt fuivre trois fois la é'é .par jour boulTole de Brander , qui m'a donnée par S. A. S. E.

J'Eleifteur Palatin. L'aiguille a fept pouces de longeu-r , eUe pcfe trois gros, & elle e(t garnie d'un nonnius ; elle efl placée à demeure fur une tonne méridienne horifontale. Voici les réfultaw de toutes les obfervationî fytps avec cette aiguille.

Mois SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 191 194 OBSERF^.^'TIONS SUR LA PHYSIQUE,

RÉFLEXIONS

Sur l'effet des commotions électeiques relativement

au genre - humain ;

Par M. C A R M o r.

kJN regarde comme dangereiîfes les commotions , & particulicre-

nient celles qui pafTent par le cerveau ; on cite plus d'un exemple de ceux qu'on dit en avoir été la vidime. On ne peut nier qu'il

n'y ait du danger , & que cette façon d'éieitrifer ne demande de

la prudence ; mais faut-il admettre tous les malheurs dont on l'accufe ?

eft-elle bien caufe de toutes les morts qu'on lui reproche ? ne voit-on

pas tous les jours des perfonnes frappées d'apoplexie foudroyante , &:

de fyncopes mortelles ? ces accidens ne peuvent-ils pas arriver au

moment de l'éledrifation fans en dépendre ? J'ai vu une femme

que i'éleârifois par bain , éprouver une foiblefTe , qui m'effraya d'au- tant plus que j'ignorois qu'elle y fût fujette. Si elle fût morte dans ce moment, n'en auroit-on pas accufé l'éledricité ? Ce n'eft pas que je prétende que les commotions ne puifTenr faire

du mal , l'élednfation même par bain n'eft point indifférente. J'ai

vu un foldat du régiment de Beaujolois , qui avoir eu une forte contu-

fion à la cuifTe , fouiFrir , dans le moment de l'opération éleûrique , un accroiflement de douleur intolérable. L'étincelle commouvante eft en état de tuer. Les expériences qu'on

en fait tous les jours fur les animaux , le démontrent ; mais elles

il prouvent en même-tems que , pour donner la mort , faut que les

chocs foient très-violens , & tels qu'un médecin (âge ne les donnât

jamais , fur-tout en les dirigeant à travers la tête principalement. L'appareil dont je me fers eft petit. Le plateau à quinze pouces de

diamètre , & le bocal d'un verre épais & verr , a un pied de hau-

teur fur quatre pouces de large , garni intérieurement & extérieure-

ment d'une lame d'étain , à la manière «ccoutumée.

L'éleclroniètre de M. Lane me fert pour mefurer la charge : il

eft vrai cependant que cet inftrument ei\ peu exacft , quand l'élccîtri-

ciré eft foible Se que le bocal fe charge lentement ; le bouton de

réitdlromèrre ne tire point à des diftances un peu notables , ou au

moins très-difficilement , l'étincelle du condufteur , & néanmoins le

bocal fe charge plus ou moins ; en forte qu'au rapport de l'inftru- SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. !<;; ment , on ju^eroit l'étincelle fulminante au-defTous de la charge défi- rée , tandis qu'elle fe trouve quelquefois fore au-deiïus. Il faut exciter la déronnation au moment inêaie Jue l'étincelle part du conducteur à l'éleiflromètre , fans quoi ce der;;!er continue de tirer fans empeLher le bocal d'accrokre (a charge.

Les hirondt-lies à travers la tête defquelles \'a\ tait pafTer la com- motion au degré d'une ligne, à la n)c'fure de 1 t'eélroinètre dc.iz je viens de parler , n'ont eu aucun mal. La charge à trois , quatre & cinq lignes les a tuées lur le champ , ou elles ont langui pendant quelques heures , & font mortes. J'en ai cependant vu une qui eut fix commotions à cinq lignes fans éprouver d'accident ; je lui donnai la liberté , elle s'envola , & je la reconnus dix jours après , a un ruban qiie lui avois attaché au pied. Des pigeoiis de ftirce égale n'ont pas également fupporté les mê- mes chocs ; les uns ont été tués d'une charge que d'autres ont très- bien foutenue. J'ai donné à un vieux chapon cent vingt commotions en onze féances , l'éledromètre étant à dix & onze lignes : les trois ou quatre premières le renversèrent , il entra en convulfion , fa refpiration devint falive fréquente , fibileufe ; le bec refta ouvert , ?c il en fortit one

écumeufe ; il fe remit cependant en aifez peu de tems ; mais quand il put fe foutenir , il parut être aifedé de la plus grande trayeur , il marcha à reculons , la tête haute , le col renverfé en arrière , ôc voulant éviter objet qu'il craignoit quoiqu'il n'eût rien comme un , devant lui qui pût lui infpirer de l'effroi. J'ai obfervé ces apparences de frayeur dans plufieurs des oifeauic que j'ai éledrifés par commotion. Le chapon dont je vieis de parier , fembloit très-bien connoîrre que c'éroit par le moyen de l'excirateut qu'il recevoir le choc éledhique ; toutes les fois qu'on lui préfen- toit cet inftrument , il lui lançoit de vigoureux coups de bec , ce qu'il ne faifoit pas quand on lui offroit la main ou toute autre chofe. j'avois Pour donner la commotion d'une façon plus énergique , dé- plumé la tête fur laquelle j'appuyois une des branches de l'excitateur , dont l'autre qui touchoit au conducleur apportoit l'étincelle fulminan- pat le bec qui te , qui , paflant tout à travers le cerveau , fortoit étoit en communication avec la furface externe du bocal. Ce chapon a fupporté inégalement la même force & le même chocs nombre de commotions. Dans la dernière féance , quatre le renversèrent , il entra en convulfion , il fut aux abois après en avoir reçu une douzaine , à peine lui reftoit-il quelques mouvemens dans la refpiration qui ne fe faifoit que de tems en tems &: par foubre-

fauts. Après un quart-d'heure il fe remit un peu , il put fe relever ;

Tome XXIX , Part. Il, 1-786. SEPTEMBRE. B b 2 ip(î OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

mais il toniboir c]uanci il vouloit marcher , la refpiration étoit très-

fréquente , & fe failbit avec un grand fifflement. Le bec étoit très-

ouvert , & il en découloit beaucoup de faiive. Je lui donnai dans cet état trente-cinq commotions , de la même force & trcs-rappro-

chées , non-feulement il ne fut point renverfé ; mais il fe foutenoit

mieux c]u'auparavant ; il crioit beaucoup chaque fois qu'il recevoit le

choc , & aucun des accidens qu'il avoir éprouvés en commençant la

fé^nce n'eut lieu. Quand on lui donnoit la liberté , il fe fauvoit d'un pas ferme & précipité. La tête étoit fort enfiée , ainfi que le deffoiis la de gorge. La peau étoit rouge , meurtrie , noirâtre dans plufieurs endroits.

J'ai cbfervé , non-feulemenr fur ce chapon , mais encore fur

prtfque tous les oifeaux que j'ai founiis aux commotions , une chofé

qui mérite d'être notée. A la première commotion il fe vuidoit , Jes excrémens étoient de confîllance ordinaire ; à la fuite des autres chocs ils , devenoient moins liés , & finifloient par être tout-à-fait liquides. Il ne m'a pas paru qu'il arriv.u rien de pareil au corps humain,

L'eflét dont je viens de parler , n'eft jamais plus fenfible que dans les premières féances éledriques ; car les animaux , en s'y accoutu-

mant , fe vuident plus rarement , S: les matières font à-peu-prcs naturelles.

La refjsiration .\ fuite des commotions , quoique fréquente la ,

n eft cependant pas toujours ffertoreufe ; il m'a paru qu'elle n'étoic telle que lorfque la gorge étoit enflée. Un jeune pigeon fuyard reçut foixante-fîx commotions en quatre

féances , dans un feul jour , l'éleûromètre marquant deux lignes ; il n'en réfulta aucun effet fenfible. Douze autres à trois lignes ont rendu la refpiration un peu de fuite à plus fréquente ; quatre tout ,

quatre lignes , ont augmenté la gêne ; le bec s'eft rempli de faiive ; la refpiration eft devenue (îbileufe ; le cœur palpitoit ; les plumes fe

font reflerrées ; le deffous de la gorge étoit très- tuméfié , &c toute la

tête enflée , & particulièrement l'endroit où appuyoit l'excitateur. Le

lendemain , dix-huit commotions , à trois lignes & demie , très-rap-

prochées Jes unes des autres , n'ont produit rien de remarquable. Six

autres tout de fuite , l'éiedromètre à cinq lignes , n'iuit point ren-

verfé le pigeon ; mais il étoit moins ferme fur fes jambes ; fa refpi-

ration eft devenue très-laborieufe ; une feptième l'a culbuté , mais lin inftanr après il s'eft relevé. Le lendemain l'éleèlromètre à fîx

lignes , trois commotions ont renverfé le pigeon ; trois autres , après qu'il a été remis des dernières , l'ont prefque afphixié ; tandis que , le lendemain trois , l'éleiffromètre étant à 7 lignes , commotions

n'ont produit que de la ftupeur. Six autres , dirigées de la tête aux SUR L'HISr. NATURELLE ET LES ART^. 197

pieds , n'ont eu aucun efFec , ainfi que douze que l'oifeau avoit reçues la veiJle , l'éledroniètre ccant feulement à fix lignes.

Ce pigeon , comme on le voit , fembloit être parvenu par degrés

a fupporrer de plus vives commotions ; en commençant , il efTuyoit

des accidens graves à trois & quatre lignes , & à la fin il en lup-

poira de fept , fans être notablement incommodé.

J ai recommencé l'énreuve fur un autre de plus grofTe efpèce ( un patu ) ; deux commotions , l'éleétromètre étant à 7 lignes , l'onc

renverfé ; il eft entré en convuHîon , & a éprouvé tous les accidens qu'ont eu les autres. A la féconde féance , qui n'eut lieu qu'un mois après , quatre commotions , l'éleiflroniètre étant à 8 lignes , ont été fans effet , mais la cinquième les a routes rappellées ; la refpirarion fur-tout éfoit de très-gênée, &: accompa^^née beaucoup de lifflemens ; la lête étoit fort enflée , & particulièrement le delfous de la

Huit jours après , l'éieiflromètre étant toujours .i 8 lignes , une feule commotion renverfa le pigeon , il entra en convuKion , mais il fe remit un inftant après ; il en reçut alors deux autres à dix li-

gnes ; la première fut fans eiFet , mais la féconde en eut beaucoup , la refpiration fut on ne peut pas plus laborieufe , le fiftlement écoit pro- digieux , le deflous de la gorge fort enflé. Cinq autres de la tête aux pieds ont été bien moins fenfibles que celles qui ont palTé uniquement par la tête.

Le lendemain , le même pigeon reçut trois commotions à dix lignes ; il n'en réfulta rien de remarquable. Nul effet de deux autres à onze lignes qui ont, comme les premières, traverfé la tête. , Une fixième à douze lignes produifit de la difl-kulté à refpirer , & du flfTle- ment ; une feptièn;e ajouta de la flupeur; une huitième .à treize lignes l'étourdit encore plus ; mais , mis en liberté , il fe fauva & alla fe donner la tête contre le mur. Une neuvième au même degré eut Je même effet. Une dixième à quatorze lignes n'en eut pas. Une on- zième enfin ne fut fuivie que de liftlemens , &: de quelques mouve- mens convulfifs qui durèrent peu. Toutes ces commotions turent très- & d'intervalle rapprochées , n'avoient que ce qu'il en falloir pour charger le bocal , qui l'étoit promptement , parce que l'éledricité étoit bonne.

Le jour fuivant le pigeon fe portoit parfaitement bien ; remis à l'épreuve , il la fupporta moins que la veiiie. La première , à fept convulflfs lignes , lui donna quelques mouvemens de peu de durée ; quatre autres ne produifîrent rien , ainli que d^ux à dix lignes ; une lu vie troificme , à ce dernier ternie , fut de mouvemens convulfifs ; une quatrième rendit Ja refpiration flertoreufc; l'oileau mis en liberté ,

ipS ÙBSERrjTIONS SUR LA PHYSIQUE,

alloic fe Honiiet la tête contre Je mur. Une dernière ne procîiiific que de la flupear & de la gêne dans la relpiration.

Six jours après , deux commotions à douze lignes ont été fans

effet j une troidème a caufé des érourdinemens & des moui'enîens

-, a le effet convulfifs une quarricme produit même ; une cincjuième ,

à I j" lignes , n'a Tait naître aucun accident : enfuite quelques commo-

tions données de l.s têre aax jieJs , ont plus agité & caufé de plus

grands accidens que celles qui ont parte uniquement par la tête ; ce

qui contrarie non-feuiei-.irnt leî expériences rapportées plus hajt , mais encore beaucoup d'autJLS que j'ai omifes.

Quelques jours aprc-v , dans une dernière féance , le même pigeon

ne put fupporter une coniniorion au terme de fept lignes ; il éprouva tous les accidens ordinaires qu'il avoit elTuyés les jours précédens malgré que la charge fûi très-au-delTous de celle qu'il avoic plufieiirs fois fuDporrée impunémer.r. l'étincelle eft forte En paiïant du fomm^t de la têre au bec , ,

blanche & bruyante ; celle au contraire qui palTe de la têre à la poi-

trine , au ventre, pour loirir par les pieds , eft petite , rouge , 6c fait peu de bruit. Les animaux paroifTent moins afFeclés des chocs électriques en pro- portion de leur grandeur, de leur force & de leur âge. J'ai donné à un vieux lapin de nès-fortes commotions qui ne lui firent aucune forte d'iniprelTîon fenfible. Un jeune canard ayant néan-

moins atteint route fa groffeur , fut renverfé , convulfé , &c. d'une

feule commotion de dix lignes ; tanlis qu'un individu de la même

efpèce , mais vieux , en reçut vingt tout de fuite , de onze , douze ,

treize quatorze quinze , & les trois dernières de feize lignes , & &

demie , fans la plus légère altération ; l'animal refta feulement pen-

dant vingt- quatre heures fans manger ; il paroilToic effrayé , & fe cachoir. Les commotions opèrent des effets bien difFérens dans les mêmes animaux. Tels ont été renverfés par une étincelle fulminante d'une avoient fupporré de bien force médiocre , qui en auparavant plus vives : néanmoins les premières , toutes chofes égales d'ailleurs , font communément plus fenfibies , & aff^eilent davantage les animaux à qui on les adminiftre. J'avois cru d'après cela que l'ufage pouvoit accoutumer les animaux

à eu recevoir impunément de beaucoup plus fortes ; mais la fuite jufqu'à certain point m'a prouvé que cette règle , qui eft vraie un , eft reftreinte dans des bornes étroites , foit que l'inftrument qui fert de mefure à \a force du choc , induife en erreur , foit que la difpofition actuelle du fujec ne foit pas toujours la même ; ,

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES .4RTS. 159

ou enfin , &c principalc'mciu , foit que le pafTage de l'étincelle fulmi-

nante par reis endroits du Cerveau plutôt que tels autres , foit caufe des variations qu'on obferve à chaque inflanr. Qu'il y ait dans le cerveau certaines parties plus fenfibles & plus

fufceptibles d'impredion que d'autres , cela tW indubitable. J'ai enfoncé dans la tête d un chardonneret une aiguille dans trois endroits diffé-

rens , l'oifeau ne donna aucune marque de fenlîbilité. J'ai percé une

quatrième fois avec la même aiguille , dans un autre endroit , à l'inflant

le chardonneret fit un cri , baida la tête jufqu'à terre , S: la tourna de

côté. Il garda cette (ituation lulqu'au furlendemain qu'il mourut. Je fis l'ouverture de fa tête j'y reconnus les quatre trous l'aiguille , que y avoir faits ils ; pénétroient tous jufqu'à la baie du ciâne , & contenoienc un peu de fang noir & caillé. 11 efl croire l'étincelle à que fulminante , quoique forte , eût paffé

tout auflî impunément par les trois premiers endroits , &c que par le quatrième elle eût fait naître des accidens.

Il feroit bien inrérefTant de connoîrre les diverfes parties de la tête

qui pourroient , fans danger , recevoir l'étincelle fulminante. Il efl vrai néanmoins qu'on ne feroit point encore en fureré quand même on fertîit à les parvenu bien déterminer dans l'homme , puifqu'on ne peut pas être maître de faire palier les commotions dé- rerminément & précifément dans le lieu où l'on defireroit les diriger.

J'ai éprouvé fi je parviendrois à percer un carton par le moyen d'un choc électrique à l'endroit fixe où j'appiiyois la pointe d'un compas qui me fervoit d'excitateur. Cette étincelle ne fuivoit pas roujours la pointe

fixée dans le carton , elle fe portoit fouvent aux côtés , & perçoit le carton aflez loin de la branche du compas.

La mort que donne fi aifé.ment aux petits oifeaux le choc éleârique

en paffant par leur tête , arrive également & même plus invariable- fubtil lorfqu'il ment , quoique cela foit moins a lieu à travers le bas- ventre. Un chardonneret ne put foutenir cinq commotions à cinq

lignes. Un autre qui en reçut même nombre i5c de même force à travers

le bas-ventre , furvécut à peine un demi-quart d'heure ; dès la prenuère,

il fut fans mouvement , fes jambes s'étendirent , devinrent roidcs &

inflexibles , la refpiration fut extrêmement fréquente , & le bec trcs-

ouverr. Une feule commotion à travers le ventre d'un troificnie , &

au même degré , produifit le même effet , néanmoins il (urvécuc

jufqu'au furlendemain ; tandis qu'un quatrième reçut , dans le même

tems fc à la même charge , une commotion à travers It cerveau , il

en fut afphixié , mais peu à peu il fe remit & fe rétablir parfaitement.

D'autres petits oifeaux ont audî reçu , les uns des comniorions à Tra-

vers le ventre , & d'autres pat la tête , en même ngmbre 6i même ,

ico OBSER rj TIONS SUR LA PU YSIQ UE , iorce ; les premiers font tous morts , lorfque Jes commotions ont été' au nombre de trois , tandis qne les féconds revenoient peu à peu à la vie.

Le pigeon patu dont il a été qucllion ci-devant , ainfi qu'un jeune canard, ont eu également, à i'occafion des commotions qui pafloienc par le ventre , des atteintes de cette roideur is: de cette inflexibilité des jambes, mais à un degré léger, & qui fe diOipoit bientôt, tandis que de très-petits poulets bien au-deiïbus en force & engroffeur, n'en

éprouvèrent abfolument rien , quoique les mêmes fufTent très-afFedés des commotions à travers la tête. La relpiration a été conflamment très-altérée, & efl devenue fufFo- quante toutes les fois que j'ai répété l'épreuve & fut paiTer les commo- tions pat le bas-ventre; les jambes fe font pareillement roidies, tandis que rien de femblable n'eft arrivé quand je les ai hit paffer par la poitri- quoique néanmoins elles aient tué tout de même. Je n'ai obfervé ne , dans ce dernier cas , nulle roideur , nul mouvement convulhf dans les membres , la refpiratioh étcit rare , & ne revenoit que par foubrei'auts. J'ai dilléqiié la plupart des animaux que j'ai tues par l'éleclricité.

Le chapon à qui j'ai donné tant &: de li torres commotions , avoit l'exté- rieur de la tête, & particulièrement l'endroit où avoit appuyé l'excita- teur , très-enflé , meurtri & noirâtre ; les deux yeux épient crevés & les humeurs écoulées. Je fis une incilion à la peau , il en fortit une eau

fi fanguinolente ; l'os étoit parfaitement entier , mais dur , que je ne pus l'enlever fans endommager la fiibftance du cerveau. Ce que je n'ai pas l'obferver dans pUifieurs vu dans le chapon , j'ai eu occafion de oifeaux j & notamment dans déjeunes pigeons, chez des hirondelles, &c. il en

étoit de l'extérieur de leurs têtes comme de celle du chapon , il y avoit

des échimofes , des extravafations dans le jifTu cellulaire ; mais l'intérieur de la tête n'avoir aucun mal, on n'appercevoic ni déchirure, ni change-

ment de couleur ; les vaiffeaux n'étoient gorgés nulle part , il n'y avoit les dans l'état naturel aucune extravafation ; os étoient pareillement ; je ne les ai cependant pas toujours trouvés tels. J'ai vu une fradure dans un

pigeon que deuxcommotiorrs avoient tué , & dans un jeune poulet &C une hirondelle. Après avoir enlevé la peau de la tête, on appercc/oit un point rouge qui alloit en s'élargiflant dans l'intérieur de l'os, mais n'ea

outrepalloit pas la table intetne ; tout, excepté cela , étoit dans l'état

j'ai naturel. Cette intégrité de l'intérieur du cerveau , que conllamment trouvée dans tous les animaux tués par le choc électrique, le rapporte foudroyées. à ce qu'apprennent les difl^edions des perfonnes Morgagni , & d'autres ne font mention que de défordres extérieurs. Cependant comment concevoir que l'étincelle commouvante produife

à l'extérieur des corps animés , des déchirures, &c, & que fon effet

méchanique fe bornelà , tandis que cette même étincelle , en palTant à. travers un carton , agit non-feulement fur les furfaces qu'elle brûle & déchire SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 20r déchire, mais encore le perce de part en part. Il faut donc que cette

étincelle trouve dans l'érendue des pores des corps animés , dans la fouplelfe Se dans l'exrenlîbilité de leurs parties, atTez de facilité pour les traverler <]u'elle opère dans le carton &: dans , fans y caufer les effets , les corps qui ne peuvent pas prêter Se s'étendre. Plus les fibres animales font lottes <5i plus l'effet éledrique fur la peau eft confidérable. ferrées , grand Un homme adulte , d'une forte conftitution , à qui j'ai donné par ou nombre de commotions , éroit meurtri , brûlé dans les endroirs du entroit & (ortoit l'étincelle commouvanre , tandis que des perfonnes fexe, foibles & dont les fibres étoient lâches, n'avoienc que quelques rougeurs , de l'enflure , des boutons aux mêmes endroits. Les différentes di!re(ftions des animaux tués par la commotion de la été l'effet, force de celle dont j'ai parlé , démontrent que la mort qui en a n'éroit due , ni aux déchirures , ni aux brûlures , ou autres caufes mé- chaniques. Comment d'ailleurs concevroit-on que ceux des anima ix a qui j'ai donné de fi vives commotions, & dont Us ont été fi fort affec- tés , euffent pu fe rétablir fi promptement , fi à chaque fois l'étincelle

eût fait un trou dans le cerveau î J'ai éledrifé une fille dont j'ai fait

le commencement de l'hifioire dans mon premier mémoire fur i éleftri- mille cité- médicale ; je lui ai donné en lix-mois plus de quarante mais commotions ; elles ne traverfoient pas le cerveau à la vérité , poitrine elles paffoient à travers les vertèbres du col , traverfoient la , & fbrroient par l'hypocopdre gauche. D'autres fois elles entroient pat

l'hvpocondre droit pour aller àl'oppofé , & confequemment elles paf- foient à travers le foie. Comment fe pourroit-il que cette fille eut reçu

une fi grande multitude de plaies , toutes à travers des parties de la

plus grande importance ? fi chaque commotion eût fait un trou & la plus légère déchirure, comment n'auroit-elle pas été criblée, anéantie,

loin d'en avoir retiré un foulagement étonnant ? Les fecoufles éleclri- ques étoient ordinairement & au moins de trois lignes à la mefure de réieilromèrre. 11 eft donc bien à préfumec que les commotions bor-

nant leur effet méchanique aux furfaces ou peu au-delà , la mort ou

les accidens qu'elles caufent , font dus à la matière électrique agilfante

dans ce cas à la manière des gaz méphitiques qui interceptent , détruifent plus ou moins promptement les fonèllons vitales. Plufieuts fubftances délétères ne deviennent préjudiciables an corps humain que par leur abondance ou le défaut d'habitude d'en ufer. Combien y en

a-t-il qui fournilTent à la médecine les plus puilTans fecours , loifqu'oti

ne les emploie pas à de trop fortes d'-vfes , &c que l'ufage a accoutumé le corps Si l'a rendu capable d'en fupporrer de plus confidérables. Il en

ell de même de l'éledricité. Portée trcp haut ou trop précipitamment,

elle peut donner la mort : adminiffrée avec précaution , & à un degré TomeXXIX, Pan. Il, 1786. SEPTEMBRE. Ce 202 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE.

convenable , elle ojè.e des cures que tout autre moyen n'avoit pu obtenir.

Si la force doit erre réglée avec fagefTe , il ne feroit pas moins urile de déterminer les vilccres & le lieu particulier où l'on ptut le

plus fûrement & fans crainte d'accidens , adniiniftrer les chors électri-

partie peu ou point effentielle à la vie , qui réfervant pour elle tout

Je danger de la commotion , ne lailTeroit pas de tranfniettre aux parties

néceffaires , aux tondtions vitales , &c. ces influences falutaires & cura-

tives ; Je n'ai garde de répondre affirmativement. Un fait unique prouve

peu en médecine ; ccptndant je crois que celui que |e vais rapporter

efl: de nature à être diftingné, & a favorifer la conjefture que je mets

en avant. Le fait dont il s'agit efl tiré de l'obferva'tion dont fai donné

l'annonce dans le mémoire que j'ai eu l'Iionneur de préfenrer à l'Aca- démie de Dijon fur l'élecTiricité médicale. Je vais la reprendre & en donner la fuite.

Etiennette Liver , de la paroifle de Ligny en Mâconnois , âgée de

20 à 22 ans , à la fuite d'une fièvre intermittente qu'elle a eue pen- dant II ou 12 mois , éprouvoit depuis 4 ans des borborygmes, dont 1 ordre & le retour périodique étoient auffi étonnans qu'ils caufoient

de fouffrances à la malade. Le bruit qu'ils produifoienr , s'entendoit

quelquefois de cinquante pas ; il partoit de l'hypocondre gauche , fe

portoit rranfverfalemenr à l'autre , retournoit de ce dernier au premier avec la plus grande régularité & la plus exade précifion. Ce bruit , toujours accompagné du gonflement & de l'affaiflement fucceffif du bas -ventre, n'étoit pas perpétuellement uniforme; le fiux revenoitde

tems en bouffée il étoit plus fort brufque que le reflux; temspar ; , plus cet

état 11 avoit aucune correfpondance avec le jeu cte la refpiration ; il

parcouroit ces tems & fuivtiit fa marche indifféremment , foit que la

malade infpirât , ou qu'elle expir.îr, ou retînt fa refpiration. Le public

étoit perluadé , d'après une affez forte reffemblance au grognement que

ce bruit imitoit , que la fille dont il s'agit avoit un cochon dans le ventre.

On pouvoit s'afTurer par la vue & le raift que la fcène fe paffoit ,

dans le colon ; on voyoit le gonflement fucceflît de cette partie ;

l'air étoit vidblemenr chaffé de gauche à droite , & de cette dernière

partie à l'autre par un mouvement non interrompu , depuis les huit heures du matin jufqu'au foir. L'accès s'annonçoit par un trouble au

cerveau , ^ finilToit par un fourmillement au bout des- doigts ; uiz relâchement fuivoit alors, les vents circonfcrirs s'étendoient & occupoient tout le trajet inteftinal , fans que toutefois la malade en rendît ni uar SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. 205

le haut ni par le bas. Taru que l'ac^'ès tliroic , elle ne pouvoir ni

s adëoir , ni fe coucher ; elle étoit debout , appuyée fur un bâton , &

le corps penché en avant ; fon ventre gros en tout tems , étoit prodi- gieux pendant le paroxilme.

Les foufFrances dans le ventre , & en particulier dans la partie dé-

fignée , les reins, la tête, les extrémités tant fupérieures qu'intérieures,

étoient énormes. Les bruits dont il s'agit étant finis, la malade pouvoir s'afleiiir Se fe coucher , il ne lui reloit plus de douleur , excepté une courbature, & une fatigue bien confetpente à l'excès & à la longueur de fes fouftrances. .s.. Depuis quatre ans ces accidens ferrenouvelloient conftamment tous les jours après le lever du foleil pour finir à fon coudier. Je n'ai ce-

pas fijivi correfpondance n'ai la pendant cette iîngulière ; je vu malade

qu'à la fin de Décembre 17S3 , pendant le mois de Janvier. Ce rap-

port étoit alTez exaift, mais l'éiedrifation qui furvint , troubla bientôt cet ordre ; je n'ai cependant aucune raifon de douter de la vérité du

fait , il m'a été généralement confirmé pdr les perfonnes qui ont fuivi la malade.

La régularité des accès , la fièvre intermittente qui les avoit précédés , me firent foupçonner 'qu'ils pourroient être dus à un levain tébril je ;

trairai le mal en conféquence , mais fans aucun fuccès, quoique j'euflè employé plus de quatre onces de quina en douze jours. Je me retournai

du côté des aniifpafmodiques , & en particulier de l'opium. J'obtins

psr ce ddrnier moyen une interruption de vingt-quatre heures ; mais

, tant défaillances je n'ofai elle fut fupplée par tant d'angoifles du , que pas retourner davantage à ce moyen. Je me déterminai pour lors à employer l'éledlricité par bain &c enfuite par étincelle. Je plaçai la malade fur un ifoloire , une chaîne attachée à un condudeur defcendoic

à quelques lignes de la (ête , il en partoit continuellement des étin- celles. Aux pieds de la malade étoit une tige de fer pointue qui com- muniquoit au plancher', & établiifoit un courant plus rapide d'éiedricité, ce qui fe mawifeftoit aifénient par la fréquence des étincelles comparées

à leur rareté lorfqu'on ôtoit la tige , ou qu'on la préfentoit par fon bouc arrondi. L'éledrifation commença le 5 Février 1784.. Après quelques minutes, les bruits fe ralentirent .?: ceflèrent pendant demi-heure ; ils revinrent après pour ceTer de nouveau , mais moins long-tems , & feulement pendant une ou deux minutes. Mais fans entrer dans le journal de cette longue opération , je dirai en général que chaque jour , jufqu'à la fin d'Avril 1784., les bruits ne revenoient plus que vers les lîx ou feur heures du fuir ; j'ai éprouvé de jour en jour une diminution graduelle; j'obtenois plus promptcnient la ceffation des accidens , & leur inteTuption devenoit de plus en plus longue ;. en forte que la Tome XXIX, Pan. II, 1786. SEPTEMBRE. C c a 204 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

à neuf avoir à peine malade , au lieu de foutFiir pendant huit heures , fon accès l'efpace de deux. La durée de l'élcdrifation étoit de cinq a

fix heures par jour. Je fubftituai en mai les commotions à réUdtrirati'/ti par bain &c par étincelle. J'obtins alors l'effet defiré bien plus promp-

tement; il falloir néanmoins quinze commotions dans ces premiers fin du tems , mais par degré un moindre nombre fuffic , & à la même

feule quelque légère qu'elle fût , faifoir cefTer à l'inllanc mois , une , qu'ils ceiïbien: tous les accidens ; il arrivoir même allez fréquemment la malade fut pareillement après quelques tours de roue , pourvu que fans Cju'il en communication avec la futf^^Cl extérieure du bocal , &

fût befoin de donner aucune commotion. L'étincelle commouvante , dit pafToit des vertèbres du col à l'hypocondre comme je l'ai déjà , éprouver fi la celTation des bruits pourroit s'obtenir gauche ; je voulus

.'e fiége j'arrangeai en ne faifant point pafler le choc à travers du mal ; en conféquence l'appareil pour que la main gauche la reçût toute feule :

11 la la cefTation fut toute aulTî prompte , & toute audi entière que fecouffe éleiftrique eût parcouru la chaîne ordinaire. Je répétai l'expé- Après affuré par de nom- rience , & le réfultat fut le même. m'être , fait étoit conSant l'elTayai s'il auroit lieu er> breufes épreuves , que le , dirirjeant l'étincelle par d'autres parties. Il fallut deux commotions au foit au pied ou lieu d'une , lorfque je donnai le choc du côté droit , à la main. Le pied gauche n'étoit pas même auffi favorable que la feule commotion fufîit car la main du même côté , quoiqu'une ;

celTation des borborygmes n'étoit point aulli fubite , on entendoit la encore un inftant après un léger murmure ; au lieu que , donné à la main , les mouvemens en queftion ne duroient pas au-delà de com- motion même. L'étincelle tirée du plateau métallique de l'éledrophore opéroit de

bruits mais il falloir l'obtenir en tiret même la ceflation des ; , pour , une quinzaine. le réfultat Ces expériences ont été fi fouvent réitérées , & fi crois pas qu'il pi'.fl,; reflet la moindre équivoque. uniforme , que je ne Comme dans ces derniers tems les scridens ne revenoient point tous j'en avois cependant befoin pour confiater les faits les jours , & que n'éle(5tti(ois la malade que dans le tems dont je viens de patlet , je qu'il falloit les faire ceiler. La guérifon des accès , & qu'autant en pour de la makde peut en avoir été retardée; mais le phénomène étoir trop

întérefTant pour ne pas l'approfondir -, après quoi je me fuis borné à ne donner pat la fuite qu'à la main gauche les commotions que je multi- pliois alors.

D'après ce que je "iens de rapporter , il n'eft point parfaitement in- différent de faire palier par une partie quelconque l'étincelle fulminante, p.ré- puifque dans le cas donc il s'agit , le côte gauche 6i la main de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2-)$ férence opéroienc plus vite ou plus compietrement la cefTation des bruits convuliifs ; mais il n'en eft pas moins vrai cependant qu'on l'obrenoit pafler ce:tainenient , quclqu'aurre part qu'on fît laconimotion.il n'eft doncpas indirpciilabiementiiéceflairequ'elle tiaverfelefiégeracmedu mal. Si ce phénomène n'eft point du à quelques circonftances particulières , il ne f'eroit donc pas ablolument néceffaire de comniouvoir, par exem-

ple , le cerveau , lorfque le mal réfide dans ce vifcère. On (eroit donc délivré des dangers ou au moins des inquiétudes que donne l'opération lorfqu'on la dirige dans cette partie ; on pourroit fans conféqnence appliquer à toutes les maladies l'ékiîlricité ; on ne rifqueroit jamais que Ces peines & le dégoût de ne pas réuftir aufli fouvenc qu'on défi- reroir. A force de multiplier des recherches, peut-être feroit-on d'utiles découvertes : qui fait lî par la fuite on ne feroit pas avantageufemenc dédommagé d'avoir marché quelque tems à tâtons , & fi à, la fin on ne découvriroit pas une rcure éclairée. Les nerfs font les relTors qui font mouvoir la machine humaine ; un grand nombre de maladies dépendent de leur dérangement ; la dépravation des humeurs qu'on accufe fi fouvent, tient peut-être un rang bien inférieur.

Tous les jours on voit le fang vicié notablement , fans qu'il en réfulte de grands accidens. Croira-t-on que dans le fcorbut , les

écrouelles , Sec. le fang ne foit pas éloigné de fa qualité naturelle ? Cependant il n'arrive fouvent que quelques fymptômes locaux. La fuppuration intérieure altère certainement la mafle des humeurs, & à peine s'enfuit-il une petite fièvre lente, tandis qu'une légère piquure de nerf jette dans l'état le plus foufFrant Se le plus dangereux. Les obfervations médicales prouvent que l'éledriciré agit puiffam- ment fur les nerfs : fes plus grands fuccès font dans leurs maladies , les paralylies , les thumatifmes , les ccnvulfiors , la folie, font fou- mifes à fon empire ; qui fait fi l'hydrophcbie ne feroit peint aulTî de fon reflort. Si quelques malheureufes vidlimes de ce fléau indonuable s'of-

ftoient à moi , je ne manquerois pas d'employer l'éleiffricité ; je ne né- gligerois point le traitement propliiladiquc reçu , mais j'uferois dans Je paroxifme de ce nouveau moyen. Je préférerois les commotions à toute façon d'éltiflrifer n'épargnerois aucune partie autre ; je , quoique l'ob- fervs'^on que j'ai rapportée plus haut , prouve que le choc éledrique ait fon efiet , quelque part qu'on l'adminiftre; on a vu en même rems qu'il

éroit , ou plus prompt , ou plus complet, en paffant par certaines par-

le éfent , n'en ties déterminées. Dans cas pi en négligeant aucune , peut-

être tii trcuveroit-on une favorable. Au refte , quel qu'en fût le fuccès, pourroi'-on être blâmé de chercher un remède qui de tout temps a fait le vœu de la médecine, &c Qu'en defire encoie.

Mais pour revenir à mon objet , comment fe peutil que la commo- tion donnée à la main gauche opère auffi fubicement , auflî coniplette- --o5 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

ment la ceflacion des accidens , que C\ elle palToit à rravers le fiéi^e même du mal ? eft-ce que rétincelle conimouvaiue fair le même effet en touchant une portion de nerfs , que fi elle en parcouroit tout le

fyrtênie , femblable à une étincelle feu de ordinaire , qui , appliquée fut un feul point, allume une traînée entière de poudre? fe faire Comment peut-il que lerincelle foudroyante , fi elle pafTe toute entière & par le chemin le plus court fe , pour rendre à la furface du bocal éledrifée négniivement . opère dans la circonllance la ceifation des bruits en queftion , puifque, dans cette fuppofition , elle ne peur point en attein- dre la caufe. Au refte , cette double affertion paroît être évidemment fauffe la ; matière commouvante ne pafle , ni toute entière , ni par le chemin le plus court , pour fe rendre à la furface éledrifée négati- \ement. Si on fe fert d'un excitateur armé d'un bâton de cire d'Efpagne , p:r le moyen duquel on le tient ifolé , pour opérer la détonnanon du tableau

magique , ce même excitateur conferveia , après la décharge , une afl'ez forte dofe d'éiedricité reconnue pofitive. Toute la matière qui fort dune furface ne fe porte donc pas à l'autre, puifqu'il en relie dans

l'excitateur qui efl: un corps intermédiaire. Elle ne paffe pas mieux par le chemin le plus court. Q.i'on réunifTe dans un point l'extrémité de plulieurs chaînes de commun métal , pareilles en groiïiur , mais inégales en longueur ; que l'autre extrémité de ces différentes chaînes aille communiquet à la furtace externe du bocal; .... qu'on applique- une des brapches de l'excitateur (ur le point commun de réunion , & l'autre fur le condudeur, pour opérer la décharge du bocal en queilion , on verra l'étincelle fulminante fe dillribuer dans toutes les chaînes , en proportion inverfe ( à la vérité ) de leur longueur; la plus courte en a la plus groffe portion , pourvu néanmoins qu'elle n'ait point de folution de continuité , auquel cas elle ne reçoit rien.

D'après ces faits , il efl donc naturel de croire que l'étincelle com- imuvante , en paffant feulement à travers la main gauche de la malade dont il a été queftion , s'eft diftribuée dans tout fon corps, d'pprès la pro- portion afiîgnée. En entrant dans le corps , elle commence à diverger &: fe diflribuer proportionnellement & relativement aux parties plus ou moins différentes, & plus ou moins éloignées du chemin direèi; après quoi cette même matière ainfi divifée , converge de nouveau au poinc de fa fortie ; auflî l'effort , l'aclion qu'elle exerce , doit cnc bien plus fur-tout à celui de fenfible dans ces deux points de réunion , & l'entrée ; car la quantité de matière eft plus grande à ce point qu'à celui de la fortie , à raifon de la portion qui refte dans le corps , & qui ne retourne pas .1 la furface éleârifée négativement, ainfi que l'expérience rapportée ci-deffus le prouve. Il n'eft donc pas étonnant que ce foit à l'entrée Se à la fortie qu'on obferve principalement des effets manifeftes d'une SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 207 caufe vraiment méchaniijue. C'eft-là que la matière élecftrique produit en jeu les parties ignées, qui conjoin- une vive fecoufTe , qu'elle met ,

tement avec le concours de l'air &i peut-être d'autres agens , opère les phénomènes ordinaires. Mais comment peut-on concevoir que la ma- refier dans le corps à la fuite d'une commo- tière éledrique , qui peut

fi tion , foit capable de produire de grands accidons , tandis que l'on fait que l'éleCtrifation par bain introduit dans le corps une bien plus grande quantité .de matière fans danger?

Les différentes parties de notre corps s'éiedrifent fans doute ; mais fait-on jufqu'à quel point & comment ? Peut-être que telles ne peuvent en cire furthargées que par un choc brufque , ainfi que le fait la com- motion. On a beau éledtifer de l'efprit-de-vin , il ne s'enflamme que par une étincelle.

Quoi qu'il en foit , & de quelque façon que la chofe s'opère , il n'en eft pas moins certain que les dilfeclions anitomiques n'annonçant aucun dérangement intérieur, il cft nécelfaire d'accuferla matière même éleiflrique qui agit en afphixiant à la manière des gaz méphi- tiques.

La maladie dont je viens de faire le récit , n'eft pas encore terminée , quoique les accidens n'aient plus rien de comparable à ce qu'ils étoient anciennement, ioit pour l'ordre, la durée & l'intenfité : ils ne laillenc revenir pas cependant de de rems en rems ; il y a quelquefois huit, dix , douze jours d'intervalie entr'cux. Leur durée, qiiand même on n'élec- trileroit pas, ne fe pioh'nge ordinairement point au-delà d'un quart- d heure , & fouvent n)oins. L'approche des règles, leur tems & leur fin , font communément plus orageux , quoiqu'infinimenr plus modérés qu'avant l'opération éledtiique. Les douleurs qui ont coutume de les accompagner , ceffent également par les chocs éleêlriques. L'évacuation dont il s'agit efl allez irrégulièie & modique. La malade a le genre ner-

fibres (1 veux très-fenfible , Se les irritables , que les caufes les plus légères les excitent. L'n verre de vin rappelle les bruits dont il s'agit. .T'ai fait cette épreuve à delTein de rendre témoins de l'empire élcèhique fur cette malade, les perfonnes qui ne l'a.'oient pas vu. Le foulagement qu'on eft en état de donner fur le excufe ccs fortes champ , d'exoériences , éc confirme la vérité de l'expofé.

La cure enfin fera-t-elle radicale? Le tems l'apprendra ; jufqu'à prélènt on s'eft abfteiiu d'afîocier aucune autre elpèce de moyen à léltrclricité. ietté Le concours auroit des nuages , & il étoit trop inrércffant d écablir fans difficulté ce que pouvoir l'éledririté. Elle a trop fait dans cette circorflarce pour ^e pas efpérer plus encore. Peut-être auroir-on pu abiéger la longueur du traitement en employant quelques autres remèdes fublîdiaires ; mais j'avoue que j'aime à efpé- ler que l'eledricité triomphera fcule & fans fecouis étranger. Il eiï Ci peu ,

2o8 OBSERrATWNS SUR LA PHYSIQUE, d'ob'ervarions fur Icfqiielles le fcepncilme ne foit en érat d'objeder deS diffi.iilrés , tiu'on ne (auroit mertre dans un trop grand jour Jes faits qui conftarenr fans réplique la vérité qu'on veut prouver. J .i pris un loin parricilier de rendre public le fucccs de l'opération

életlrique fur la fille il dont vient d'être quellion. Un Médecin , voué par fon état au bien de l'hunidnité , eft au-delTus du (oupçon de mauvaife foi , mais il n'efl: pas à l'abri de l'illufion. Le pyrrhonifnie auroit pu former cette dernière accufation , fi la multitude de perfonnes éclairées qui ont été témoins de tout ce que j'en ai rapporté , lui laiifoienc ce fubterTu^e.

S'il ell la utile à médecine de publier les fuccès heureux , il ne l'eft pas moins de faire parc des accideiis qui peuvent arriver dans l'adminif- tration des remèdes qu'on emploie : aufîi n'ai-|e garde de taire celui qua eu la malade en queftion , depuis que j'ai écrit ce qu'on en vient de lire. Le 2 odobre 1784, l'éledricité étant à un très-haur degré , l'éleiîlro- niètre marquant feize lignes & demie , la malade fut éledrifée en mon abfence ; on avoir oublié de remettre l'éledromèrre au terme accoutumé on charge le bocal complètement , & la détonation fut fi forte que la , main travers à laquelle elle pafl'a , peidit tour-à-coup le fentiment : cet état a duré plufieurs jours , il s'eft difiîpé par degré , Si. après une quinzaine il n'en étoit plus queftion.

Que feroit-il fi arrivé la commotion eût pafTé à travers les vifcères ,

& particulièrement par la tête ? il eft à croire qu'elle eût fait bien des ravages. Cet événement, capable de fournir des traits aux adverfaires

de l'éleèlricité , ne prouve cependant rien autre chofe , finon qu'on ne fauroit apporter trop de prudence dans l'adminiftration d'un moyen

également capable de faire le bien , &c de produire le plus grand des malheurs, l.'éledricité n'eft pas la feule à fournir à la médecine des armes

utiles & meurtrières : la plupart des moyens dont fe fert l'art de guérir,

font de ce genre; ils éprouvent des fuccès divers , félon que la témérité ou la fagelTe les emploient. Il refaite de tout ce que j'ai expofé dans ce mémoire , qu'il faut de

fortes commotions pour tuer même des oifeaux de médiocre groffeur ,

& cependant que , malgré l'analogie & plufieurs expériences direûes ,

il feroit téméraire d'établir la règle d'en donner de pareilles , quand même on les borneroit aux membres, à plus forte raifon s'il s'agit de les donner à la tête. Que les commotions altèrent ordinairement la fondion de la- ref- piration.

Que les commotions font en état de donner la mort , non-feule-

ment en pafTant par le cerveau , mais encore à travers la poitrine &: le bas-ventre. Qu'il SUR L'HIST. NATURELLE- ET LES ARTS. lo^

Qu'il eft difficile juffe la force Ja d'affigner au de commotion , palIë

laquelle le choc feroit dangereux , lorfqu'on le dirige à travers la tête 6ç les autres vifccres. J'en ai donné fans accident au terme de trois lignes;

il efl: vrai que ça toujours été par ïnégarde. Je ne voudrois pas me per- mettre d'en donner au cerveau au-delà d'une demi-ligne , j aimerois pileux

les raultiplier que d'en porter trop haut le degré ; ia prudence feroit même encore nécefTaire dans ce dernier cas. J'ar vu réfulterrdes douleurs de tête, des bourdonnemens & des tintemens d'oreilles, à l'occalion de fimples étincelles trcs-multipliées que l'on tiioit delà tête.

Que la façon la plus puiiTànte d'éledrifer ell par commotion.

Qu'il n'eft pas néceiïàire ( au moins toujours ), de ,comprendre la partie malade dans la chaîne de com'muriicatron pour etl obtenir la

guérifon. , , / ,. Que l'étincelle fulminante n'eft point bornée aux feules parties comprifes la dans chaîne la plus" courte de communication ; que cette même étiti-

celle fe didribue, quoiqu'inégalement , à toutes les parties'du corps qui font différentes.

Qu'on jugeroit mal de l'effet intérieur des chocs éledriques par ceux

qui fe manileftent aux furfaces , &: qu'il efl probable que la matière com- niouvante agit à la manière des gaz méphitiques. Il feroit à délirer qu'on pût trouver un' moyen .propre à. énetvei^ ou

enlever la matière éledrique trop abondante , ou, poulfég avec trop de mouvement dans certaines parties qu'elles furchargent par ce moyen. J'ai

employé à cet effet l'alkali volatil , il ne m'a pas paru avoir beaucoup d'effet. J'ai efïayé l'eau comme bon conducteur & capable de foutirerla

matière où elle efl accumulée ( dans plufieurs circonftances la reftitutioii

de l'équilibre ne fe fait pas tout-d'un-coup) ; il m'a paru que desc,anards

que des chocs avoient jettes dans de forces convullions , fe. font rétablis plus vite lorfque je les ai jettes dans une cuve d'eau. Le\ feu ranima fur le champ des hannetons que j'avois afphixiés entièrement par une com-

motion éledrique; il eft vrai que ce foulagement ne fut pas de durée ;

ils périrent tous peu après , malgré que je contiriuaffe le mêoie rjioyen.

La flamme pourroit être plus utile ; elle foutire le moyen éleiftrique de

bien plus loin que des charbons ardens. Une fimple petite bougi^ ,, l'é- lectromètre marquant neuf lignes , tranfmit félei-^ricité à une tige de fer ifolée à quatre pieds de diftance du conduiîleur; tandis qu'un réchaud,

aulli ifolé & plein de charbon* embrafés , ne le fait qu'à deux pieds ôc demi , & fans aucun intennède , l'éledricité ne peut s'y porter qu'à un

' pied trois pouces de diftance. ' ;i. - Quoiqu'il m'ait femblé que ces divers moyens h'aienî pas été inutiles'à plufieurs oifeaux que j'avois afphixiés, je n'oferois cependant donner ces fairs comme prouvant quelque chofe. Ces expériences doivent être plus

To.Tte XXIX, Part, II y ij26. SEPTEMBRE. Dd ,

iro OBSËRrJTIÔns'SUR LA PHYSIQUE poitr ofer ailurer que l'apparence du foula- repérées que je ne' l'ai fair , en outre

LETTRE

I E, , M E T H E R . A M. DE LA

, Auteur du Journal de Pkyfique ; ^ Doàcur en Médecine

T'iif M. HasseNFRATZ, Profejfenr de Phjfique de l'Ecole Royale des Mines.

JVl o N S I E U R ,

Je m'emprefTe de remplir la promeflè que je vous ai faire en partant que Rlonge de Paris , de vous envoyer l'extrait du Mémoire MM. ,

Vandermonde & Berthollet ont lu à l'Académie Royale des Sciences , fer coulé, fer en avril 1786 , fur les quatre états métalliques du du les nombreufes expérience* forcé , d'acier & d'acier trop cémenté. Malgré de "MM. Reaumur, Rinmann & Bergmann fur ces objets, la caufe de

ces quatre états étoit encore hypothétique ; on ne fabriquoit ce métal qu'en fuivant une routine fouvent éloignée de remplir ie but que Ton fe propofoit. Les Chimiftës François viennent enfin de déterminer ce travail. Ce feroit donc faire un tort réel aux Savans étrangers qui lifent

votre Ouvrage , que de tarder plus long-tems à le leur communiquer.

.. ji jf iv>q •Jiu 1 3: . J'ai l'honneur d'être , &c/ .' .

Extrait du Mémoire de MM. Mo'nge , Vandermonde, & Berthollet , de rAcadémie Royale des Sciences : fur la Fonte , le Fer & l'Acier.

2°. Le fer peut être divifé en fix états: 1°. fer coulé, fer forgé dudiJ, 6°. 3°. fer forgé cafTan t à froid, 4.°. fer forgé caiîant à chaud, j". acier, & acier trop cémenté. De ccsfix états les Académiciens françois n'examinent que cémenté les le fer coulé, le fer forgé dutîtil , l'acier & l'acier trop ; deux

autres états-, le fer forgé caffant à froid , eft le réfultat du mélange d'un fel phofphorique martial^ apperçu par M. Bergmann , déterminé par M. Mey er. SUR VEIST. NATURELLE ET LES ARTS. 211 &le ferforgécafTantà chaud, refiera indéterminé, jufcju'à ce que quelques Chimifles ou MétalUirj^iftes puiiïent en découvrir la caufe.

Le Mémoire de MM. Mon$;e, Vandermonde & Berthollet , eft divifé en cinq parties; la première, développe les opérations que l'on tait fubir au fer, ou le travail du fer confidéré fous Ces trois rapports; la féconde, préfente un extrait des recherches des Chmiilles Si Métallurgiftes qui les

ont précédés ; la troifîcnie, eft un expofé de leurs propres recherches ; la

quatrième , une explication des opérations par Icfqiielles on donne au ter fes différens états métalliques; & la cinquième a pour objet le char-

bon confidéré dans fon état de combinaifon avec le fer, 5c l'état où il eft au fortir de cerre combinaifon. La première opération que l'on fait fubir au fer,e(l la fonte de (a

mine ; la (econde, l'affinage du fer coulé; Scia troiiième , la.cémentation du fer forgé.

Il eft inutile d'entrer ici djns le détail des opérations que l'on fait fubir a la mine pour la convertir en fer coulé. Les perfonnes qui délireront connoilfances prendre des fur ces manipulations , peuvent confulter les Ouvrages de MM. Swedemborg, Rinmann, Jars & Duhamel, & la partie des forges, par MM.de Courtivron & Bouchu, dans l'immenfe coUedion des Arts & Métiers, publiée par l'Académie Royale des Sciences. Nous obferverons feulement avec MM. M. V. & B. que, quelle que foit la mine employée, on obtient trois efpèces de fer coulé: l°. blanc, 2°. gris, & 5°. noir ; que la fonte blanche eft plus cafTante & plus fragile qile les

autres; la grife efl plus flexible que la précédente , & fe laiffe plus facilement entamer, & la noire eft compofée de molécules moins adhé- rentes Si qui s'émiettent avec plus de facilité. Si dans la fujion de la

mine on emploie le moins de charbon quil efl pojjlble , la fonte ejî blanche ; elle devient grife lorfijue dans la charge du fourneau on a fuffifamnient augmenté les dofes de charbon ; enfin , elle efl noire lorjquon force Vemploi de ce combuflible. Ainfi le charbon efl la feule caufe de la couleur que prefente la cnffiire de la fonte, & il contribue pour beaucoup à la du3ilité imparfaite dont elle jouit & à la facilité plus ou moins grande avec laquelle elle fe laiffe entamer. Ces trois caradlères principaux du fer coulé, n'ont aucun rapport avec l'état du fer forgé qui en réfulte.

Le ter forgé dudil peur, s'il n'a pas le défaut d'être cafTanr à chaud

ou à froid , être rendu plus doux, plus malléable en raifon du nombre de

chaudes qu il a efTuyées & du nombre de fois qu'il a été forgé ik replié fur lui-même. Tous les Métalhirgiftes favent que, pour amener le fer coulé

à l'état de fer forgé, il faut lui faire fubir une ou plufîeurs fufions, félon la qualité du fer coulé, & la routine que l'on fuit dans chaque forge, enfuite lui laiffer prendre un .état pâteux à la dernière falîon,ôi le Tome XXIX, Part. Il, 17S6. SEPTEMBRE. Dd 2 ,

2^2^ ùéSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE.

por:«r iRiivle marteau pour l'écenclre, & pour en exprimer Ja fonte trop lit]!iiJe & les Tcories mélangées dans la niaire. '

Toutes les fois que l'on refond , dans des fourneaux de réverbère,

delàfonie qui d\ibord écoit grrfe , non-feulement elle devient blanche /fiais encore elle approche davantage de la nature du fer forgé.

L'acier fe dwife en acier poule, acier forgé , acier trop cémerité , acier fSno'u & acier naturel. Pour obtenir de l'acier du fer forgé, on le Gratifie dans des fourneaux avec difFérens mélanges dont le charbon eft la baCe. On ternie le tout, & l'on fait fubir à l'enfemble une chaleur plus ou moins fjrte. Les barres de fer pçiroiiTent, en fortant du fourneau, avoir changé de nature; leur furface eft remplie de bulles; elles ont augmenté de poids, & leurs

propriétés font changées : c'ell de l'acier poule. Les barres cémentées, rougies & pafTées fous le marteau, forment l'acier forgé ; lorfqu'elles ont refié trop long-tems dsns le cément, qu'elles y

ont efïïiyé une grande chaleur , on a de l'acier intraitable, qui ne peut plus

fe forger, qui s'émierte fous le marteau : c'eft de Tacier trop cémenté. La trempe, cette opération par laquelle on donne à l'acier difFérens degrés de dureté, ne chans^e rien à fa nature, feulement elle fait varier rarrangemenc des molécules.

Enfin , l'acier chauffé à plufîeurs fois, forgé & replié fur lui-même, perd

peu-à-peu de fes caratflères, il redevient 1er dudil. Je me fuis affuré qu'en e^pofant une barre d'acier dans un fourneau de réverbère pendant un «Certain tems (tems qui dépend de la nature de l'acier Si de la chaleur du

fourneau), l'acier avoit perdu tous fes caradlères , & ce qui me reftoit éroit un fer rrès-doux & très-malléable.

Là fragilité & la dureté de l'acier , cette ductilité , cette malléabilité &

ce caradère ferreux qu'il acquierr en le chauffant ; enfin , fa fufibilité plus

ou moins grande en raifon de fon degré de .cémentation , font autant de caradcres qui paroillent rapprocher l'acier de la tonte; mais nous verrons

par la fuite , d'après les expériences des Académiciens fiancois , la différence entre ces deux états. De tous les Ghimiftes & Métâllurgiffes qui ont cherché à établir la diflindirsn entre le fer coulé, le fer forgé & l'acier, il en eft peu qui aient fait des expériences auffi nombreufes , audi diredles, & qui aient plus approché de la vérité que MM. Reaumur & Bergmann. Ces favans ont fuivi deux manières abfolument différentes pour parvenir au même ré fui ta t. M. de Reaumur a cherché quelle éroit la manière de cémenter le fer forgé , d'adoucir le fer fondu , & quelles matières étoienr propres à cha- cune de ces opérations. Ces expériences lui firent connoître que les (nie, la charbons de bois de terre & de favates brûlées , la corne & la fiente de pigeon étoient les feules matières qui puifTent cémenter fans SUR VHIST. NATURELLE ET LES ^RTS. 213 addition. Que toute autre matière ajourée étoit inutile ou nuilible , excepté effets il les Tels matin & ammoniac , dont il crut appercevoir de bons ; avoit remarqué en outre l'aLigmentation de poids de l'acier cémenté S<

les bulles qui fe forment à la lurtace , cjui probablement Cauroil conduic à [a dccouvene des compoji'.ions du fer dans Jes d/ffsrcns états ,fi alors la théorie des efferuejcen.es avait été connue. Mais ces réfultats le

portèrent à conclure que , LE cément transmuttoit les slls et

LES SOUFRES AU MÉTAL POUR LE CHANGER EN ACIER : conclufion peut-être déjà très-belle pour /on tems , mais trop vague aujourd'hui.

Il reconnut aufll que l'argile, la chaux vive ou éteinte, la craie , le

verre pilé Si la poudre d os rendoient l'acier doux , malléable & le rame-

noient à l'état de fer forgé ; d'où il conclut que , ces substances KÉABSORBOIENT LES SELS ET LES SOUFRES DONT l'ACIER ÉXOIT PÉNÉTRÉ. Tous les rapprochemens de l'acier à la fonte, la propriété delà fonte de s'adoucir dans les matières qui font paiïer l'acier cémenté à l'état de

fi fer l^rgé, & fur-tout cette obfervation capitale que , l'on plonge une barre de fer for'gé dans un bain de fonte grife, elle fe convertit andî-tôt

en acier , le porta à cette dernière conclufion que , l'acier est un état

intermédiaire entre le fer et la foxte , et que la fonte n'£st qu'un acier trop Cémenté. M.Bergmann a cherché à découvrir la différence entre le fer coulé, le fet Il forgé & l'acier , d'après la nature & les proportions de leurs compofans. a

•, analyfé ces trois différens fers par les acides vitriolique , marin & nitreux

les deux ptemiers lui ont donné des réfultats analogues , le dernier paroît ne pouvoir rien établir de confiant, ce qui tient à la nature de l'acide nitreux qui n'étoit pas encore affez connue, lorfque ce célèbre Chimifle a fait fes expériences. Le Profelleur d'Upfal a cherché enfin à découvrir les rapports de phlogiftique d'après les quantités d'argent difloutes dans l'acide vitrio- lique, précipité par différens fers; mais n'ayant fait que quatre expériences,

il n'a pas connu les variations qu'une plus grande fuite lui aiiroic préfentée5. M. Bergmann a déterminé dans fes analyfes, 1°. les proportions d'air inflammable, 2°. de plombagine, 3°. de manganèfe ,4-°- de terre liliceufe, 5-°. de fer pur, & 6^. de chaleur. Comme les quantités de chaleur qui réfultent de ces expériences dépendent de la dureté des fers iS; des aciers, & que la trempe, fans rien changer à leur nature, tait varier la dureté,

il s'enfuit que l'on ne peut rien conclure des quantités de chaleur. Les proportions d'air inflammable ont été dérerminées en mefure par réfultats le favant Suédois , & les autres matières au poids. Ses moyens font: 21^ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ,

SURTHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21;

Extrait des recherches de MM. Monge , Vandermonde & BerthoUa.

Les expériences de M. Bergmann étaWiffent les rapports de l'air

inflamiTidble obtenus dans les trois états du fer ; ter coulé , acier & fet forgé : : 4.0 : 48 : JO, c'elt-à-dire, que la fonte a produit 7^ moins que le

fer coulé & l'acier j^. Mais ces réfultats ayant été obtenus lans avoir égai J aux variations de latjnofplicre, MM. M. V. & B.ont cru devoir les jépéter. Les proportions moyennes d'air inflammable réfultant de la dillolution des fers coulés , acier & fer forgé , des forges de Guerigny dans de l'acide

vitriolique étendu d eau , obtenus par les Chimiltes françois , & réduits

à une même température & une même preiïion, étoit:: 5*4 : V-t : 76 inflammable le ter c'elf-à-dire , que la fonte a produit |^ d'air moins que

forgé , & l'acier ^. Une autre expérience a établi la différence de l'acier

au ter de Suède ^,. Il fuit des expériences des trois favans AcadémicieiiS que leur acier a proportionnellement produit plus d'air inflammable, &:

leur fonte moins que les deux mêmes efpcces de ter , analyfées par M. Bergmann. Les nouvelles expériences fur la caicination des métaux, celles de la

décompofition & recompohtion de l'eau , nous ayant appris que l'air inflammable qui fe dégage des didoliitions métalliques n'eft pas partie conftituante des métaux, & qu'il eft touiours le réfultac de la décom-

pofition de l'eau ; les conféquences que M. Bergmann a tirées de fes

expériences , doivent être énoncées en d'autres termes. En effet , en fe diifolvant, les métaux éprouvent un commencement de caicination occa- fionnée par'la bafe de l'air déphlogiftiqué qui leur fert d'intermède. Cet air

eft toujours enlevé des matières avec lefquellesilale moins d'affinité ; ainfi,

lorfque l'en mêle de l'acide nitreux avec les autres acides minéraux , ou qu'il eft employé comme dilfolvant, l'air déphlogiftiqué eft pris de l'acide nitreux, & l'air nitreux qui lui étoit uni fe dégage: quand au contraire on fe fert de l'eau pour ce mélange, l'air déphlogiftiqué eft pris de ce

liquide, & l'air inflammable qui y étoit intimement lié fe déeage : il fe qu'il a plus d'eau dégage d'autant plus abondamment, y de décompofée ,

ëi qu'il s'unit plus d'air déphlogiftiqué au métal. Ainfi, comme il fe dégage moins d'air inflammable de la dillolution de l'acier que-decelle

du fer forgé , S: moins encore du fer coulé que de l'acier , on croiroit que le fer forgé s'empare déplus d'air déphlogiftiqué que l'acier, & l'acier plus que le ter couié: d'où l'on feroit porté à conclure que l'acier con- tiendroit déjà plus d'air déphlogiftiqué que le ter forgé, & le fercouléque l'acier.

Si l'acier contenoit plus d'air déphlogiftiqué que le fer forgé, il faudroic que l'opération de la cémentation ajoutât de nouvel air déphlogiftiqué au fer: mais d'apiès les expériences de M. de Reaumur, le charbon feul 2ï6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fuffii: pour cémenter le fer torgé, S>c le charbon a plus d'affinité avec l'air déplilogifliqué que le fer. Cependant afin qu'il ne leftàt aucun doute fur

ce qu'il ne s'unit pas d'air déphlogiftiqué aj ter pendant la cémentation , MM. M. V. & B. cémentcrent piufieurs morceaux de fer forgé des forges de Giierigny , avec de la pouflicre de charbon dims difPérens érats. Ils employèrent du charbon fortement calciné & parfaitement dégazé, qui conféquemment ne contenoit plus d'eau, ils mirent en comparaifon du môme fer avec du charbon ordinaire , du charbon humide & du charbon imbibé d'alkali fixe. Ils eurent conftamment les mômes réfultats ; toujours le fer éroit d'autant plus cémenté ; il avoit d'autant plus augmenté de poids, qu'il avoit fubi une plus grande chaleur avec le cément : d'où il luit de cette opération , que dans la tranfmutation du ter en acier , il n'y a aucune matière qui puille produire de l'air déphlogifliqué à l'acier; donc l'es propriétés en (ont indépendantes. Après s'être aflurés que l'opération de la cémentation n'ajoutoit pas de nouvel air déphlogiftiqué, ils cherchèrent fi les bulles que l'on apperçoit à la lurface de l'acier poule , ne venoienc pas d'un dégagement d'air fixe produit par l'union de la matière char- bonneufe avec l'air déplilogilliqué que Je fer pouvoir encore contenir.

Pour cela, ils cémentèrent à la fois dans le même creufet un morceau de fer de Suède & trois morceaux de tôle du même pays ; ces morceaux

- de tôle étoient repliés fur eux mêmes , de manière que les furfaces calcinées étoient en -dedans; donc elles dévoient contenir plus d'air déphlogifliqué que le fer.

Efpeces de barreaux. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 217

L'augmentation de poids du ter en fe cémentant dans la poudîère de

charbon , la piopriéti exclufive de cémenter que pofsède le charbon ou les matières qui en contiennent, la décompofition de l'acier en le forgeant

à plulîenrs fois, les étincelles que lance l'acier rougi , la couleur que

l'acier prend en le recuifant après l'avoir poli , cette tache noire que M. Rmmann a obfervé que les acides laifloient fur l'acier; enfin, la

, plombagine de M. Bergmann qui comme nous le verrons plus loin , n'eft qu'un mélange de charbon & de fer ; tous ces objets difcutés avec foin prouvent que la cémentation eft une opération par laquelle le charbon pénètre & s'unit avec le fer , ainli que l'acier ne diffère du fet que parce qu'il contient plus de charbon. Mais pourquoi obtient-on ^ d'air inflammable de moins par la difTo- lution de l'acier dans l'acide vitriolique étendu d'eau , que par la difFo- lution du fer forgé, fur-tout lorfque la cémentation ne combine que 77J de matière étrangère, & que les bulles de l'acier poule prouvent que l'acier contient moins d'air déphlogiftiqué que le fer. Ces Chimilles onc d'abord obfervé que, quelle que foit la manière dont on faffe dilToudre l'acier dans l'acide vitriolique, il y a toujours plus de plombagine appa- rente au milieu qu'à la fin de la dilfolution , & que même elle difparoîc entièrement lorfque la difTolurion fe fait à un degré de chaleur médiocre. Comme la plombagine ne fe dilTouc point dans l'acide vitriolique, elle ne peut difparoître qu'en s'unilfant avec l'air inflammable. EfFedivement

M. Monge a obfervé dans fa belle expérience de la compofition de l'eau , que l'air inflammable retiré de l'acier produifoit de l'air fixe dans fa com- buflion avec l'air déphiogiftiqué, ce que M. de la Merherie avoir aullî obfervé, & M.Berthollet s'eft alfuré d'ailleurs que l'air inflammable en diffolvani du charbon , fe contraûoit fur lui-même beaucoup plus même que l'air dé- phlogilHqué. On voit encore bien clairement le réfultat d'une pareille con- traiffion , lorfqu'on défunit parle moyen de l'étincelle éleiflrique l'air in- flammable & la mofere qui forme le gaz alkalin , & dont le volume double prefque par la décompofition ; & ceci explique pourquoi l'air inflammable

, l'on retire de l'extindion du fer dans l'eau pur Celui , par exemple , qua eft plus léger que celui que l'on retire de la diffolution de l'acier.

Il fuit de ctci que l'acier eft du fer torgé uni au charbon , bc l'aciec trop cémenté du fer forgé uni à une plus grande quantité de charbon. Une obfervation fimple fit diftinguer aux favans François la différence de la fonte à l'acier. Le fer coulé contient du charbon comme l'acier, puifqu'il lance des étincelles en le chauffant, que l'acide y laiffe une tache noire, que par fon analyfe on obtient de la plombagine , & que fon air infiammable produit de l'air fixe : mais la fonte feule dans un creufec bien fermé paffe à l'érat de fer , tandis que l'acier n'y change pas de nature.

Il faut donc que la fonte ait , indépendamment du charbon , une autre matière qui puifTe s'unir avec lui pour l'en dégager, & cette matière eft Tome XXIX, Part. Il, 178(5. SEPTEMBRE, Ee 2i8 OBSERrATlONS SUR LA PHYSIQUE, de l'air (iéphlogiftiqué. De-là la grande différence de ^ d'air inflammable produit par la dillblution du fer coulé dans l'acide vitriolique étendu d'eau, à celui de la difTolution du fer.

Il fuit de ces expériences que le fer forgé ductii efl l'état le plus fimple

de ce métal ; que cependant il fe trouve encore mélangé d'une rrès-petire

quantité d'air déphlogifliqué & de charbon , que l'on peut difficilement lut ôter entièrement en le forgeant; que l'acier eft le ter forgé mélangé de

charbon & dégagé d'une portion de l'air déphlogidiqué qu'il tetenoit ; que l'acier trop cémenté e(l le fer forgé mélangé d'une trop grande

quantité de charbon , ce qui le rend intraitable : & qu'enfin la fonte efl: un mélange de ter, de charbon ^ d'air déphlogiftiqué. Il tiV inutile de faire mention ici de la mangancfe & de la terre (ilicée trouvée par M. B.rgmann. Puifque ces deux matières paroilTent n'établir aucune différence dans les quatre efpèces de fer, ils appliquent enfemble ces réfultars à l'explication des opérations par lefquelles on donne au fer fes difFérens états métalliques. Les mines de fer font en général des mélanges de fer, d'air déphio- gifliqué & de différentes matières étrangères. Fondre ces mines, c'crt les

débdrraffer de ces mélanges i pour opérer cetre fépararion on les jette dans des hauts fourneaux avec différentes proportions de charbon. Elles s'cclidutfenr enfemble jufqu'à ce qu'elles foienr arrivées à la voûte; là le

mêl-nge fe détache, tombe, éprouve un violent coup de feu , entre en

fufion 1^' fe précipite dans le bain. Dans cette tufion inllantanée, le charoon qui a quelqu'aftînité avec le fer & avec la bafe de l'air déphlo- giftiqiié, s'unit avec ces deux matières, fe dégage avec la dernière fous

l'état d'air fixe , & fe mélange dans le bain avec le fer. Les matières étrangères qui diftinguenr la mine, s'en féparent, & fondues elles fur- nagent le bain métallique. Suivant les quantités proportionnelles de fer,,

d'air déphlogiftiqué , de matières étrangères dans les mines de charbon

qu'on emploie j d'air lancé par le foufflet, on peut obtenir trois réfultats

de fontes différentes: i°. fonte blanche , qui contient ttès-peu de char- 2°. bon ; fonte grife qui en contient davantage ; & 3°. fonte noire qui en contient encore plus. De-là la différence des fontes que l'on peut varier

en employant plus ou moins de charbon , & en faifant aller les foufflets plus ou n-cins vite. Ces trois efpèces de fontes peuvent encore varier en

raifon de l'air déphlogiftiqué qu'elles contiennent ; mais ces caractères font difficiles à reconnoître à la vue, lorfque la mine en fe fondant a fon la fonte laiffé décager peu de air déphlogiftiqué , que en contient encore beaucoup dans Ion bain, tV qu'il y a affez de charbon pour s'unit

avec lui ; on court le danger, en lui donnant trop de chaleur , que lait

dép'hl'igiftiqué ?<. le charbon n'abandonnent le fer , ne forment enfemble de l'air fixe, qui, fe dégageant impétueufement, bouche la tuyère, que la -raffine d'atiêter le feu. fonce fe , pafle à l'état pâteux , & oblige SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. aip

Ces cîangers pour ies hauts fourneaux n'exiilent pas dans les endroits

où l'on fond & rai'Hne le fer à la tois , ainfi c]ue l'on faifoii autrefois dans les petits fourneaux deStyrie, tel (^u'on le pratique encore dans quelques parties de la Hongrie, dans le Comté de Foix,&c. La mine étant fondue, on donne un grand coup de feu, elle s'épure, on fort la loupe, on la pafTe

fous le marteau , on la forge &c on obti.'Ut du fer ou de l'acier en raifon de la conduite du feu, delà quantité d'air lancé par la tuyère & de la quantité de charbon employé.

Dans beaucoup de forges, & particulièrement en France , on coule la

fonte des hauts fourneaux en barres de quinze cens , dix-huit cens, deux mille livres, & même plus, & les coulées fe font toutes les dix, douze

heures: dans d'autres on coule toutes les trois , quatre heures,^ les

coulées ne font que de trois , quatre , cinq quintaux.^ Ces fontes différent peu iftulemsnt il me paroît y avoir plus de bénéfice dans la confommation

du charbon par le dernier procé-'é.que par le premier. Enfin , il eft d'autres endroits où l'on coule la fonte en blettes, c'eft-à-dire, en plaques

très-minces , ce qui eft infiniment plus avantageux pour le raffinage, & économife prefque la moitié du charbon. Quelle que foit la fonte que l'on emploie au raffinage, on a pour but

de lui faire dégager l'air déphlogiftiqué qu'elle retient , &: tout fon

charbon fi l'on veut obtenir du fer doux , ou feulement une portion de

fon charbon Ci l'on veut avoir de l'acier pour réfultat. La fonte , avant

d'être raffinée , fe rencontre dans trois états , i°. contenir beaucoup 2°. de charbon &C peu d'air déphlogiftiqué ; ayant une proportion de fes matières propres à s'unir & fe dégager mutuelle .nent, & 3°. beaucoup

d'air déphlogifliqué & peu de charbon. Pour en obtenir du fer ; dans le premier cas /on remue la fonte à mefure qu'elle coule, on la paffe devant la bufe afin que le vent du foufflet enlève tout ce qui pourroit s'y être

mêlé ; la fonte rafinée , on porte la loupe fous le marteau, & les coups qu'elle reçoit finifient d'exprimer le fer qui efl trop à l'état de fonte ,

ou trop à l'état d'acier. Dans le fécond cas , on fond la gueufe à plu-

fîeurs fois, on la laiiTe épurer dans le bain ; l'air déphlogiftiqué s'unit

au charbon , fe dégage par efFervefcence , & la fonte raffinée fe porté

de même fous le marteau ; enfin dans le troifième , on laifTe furnaget très-peu de fcories fur le bain on fait aller ies foufïlets , moins vîre , Se on mélange beaucoup de charbon avec le métal. La fonte s'épure &C fe porte fous le marteau. 11 efl des forges , dans le Bourbonnois , le l'on Berry , où cémente cette efpèce de fonte; c'eft-à-dire , qu'après l'avoir refondue coulée en plaque , on la ftiatifie avec du charbon & , & on la refond enfuite. l'acier fait fubir la Pour avoir de naturel , on à première fonte , l'opération que l'on fait fubir à la féconde pour avoir du fer. Si ce-

pendant elle efl trop charbonneufe , on la fait pafler par partie devant Tome XXIX, Pan. Il, 1786. SEPTEMBRE. Ee 2 220 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la tuyère , & l'on fait fubir à la féconde l'opération de la troifième/ fonte La chatbonneufe en blette , fe travaille bien plus facilement & d'une manière bien plus propre à éclaircir la théorie. Pour en obtenir du fer , on ^ait fubir aux blettes un long grillage , où l'on a foin de renouveller l'air par deux foufflers ; dans cet état , lorfque le charbon

eft dilTîpé , on les porte à l'affinerie, où elles entrent aulli-tôt dans un état pâteux & font portées fous le marteau. Pour avoir de l'acier , on lait les tondre fans avoir effliyé de grillage , & on les préferve du contaifl de l'air la pendant fufîon , par une couche de laitier très-épai(Te,

de manière qu'elles confervent tout le charbon en excès ; ainfi , la nature du fer plus ou moins aciéreux , obtenu k l'affinerie , dépend de deux chofes , de la qualité de la fonte , & du procédé. Il refte peu de chofe à dire fur la cémentation que M. de Reaumur a trop bien décrite & que l'on peut toujours confulrer. La feule efpèce d'a- cier, dont M. Keaumur a peu parlé, efl l'acier trop cémenté. Ce métal paroîc fingulicrement approcher de l'acier fondu des anglois ; mais il refte encore quelques expériences à faire avant de prononcer.

Il fuit de tout ce que nous avons dit , l°. que la fonte ou le fer

coulé, eft un mélange de fer , charbon , & de la bafe de l'air déphlo-

giftiqué ; 2°. que les fontes font blanches, grifes ou noires en raifon

de la quantité de charbon qui s'y trouve mélangé ; 3". que l'acier de

cémentation n'eft qu'un mélange de fer & de charbon ;

trop cémenté n'tft qu'un fer où il y a plus de charbon ; & y", que le

fer parfaitement doux , feroit un régule dans le plus grand état de pu-

reté , mais qu'il fe rencontre toujours , dans le cojiimerce , mélangé d'un peu de charbon Se de la bafe de l'air déphlogiftiqué.

Du charbon confédéré dans fort état de comblna'ifon avec le fer & dans Vétat où il eji au fortir de cette combinaifon.

Les expériences que nous avons citées fur la cémentation , l'analyfe

de la fonte & de l'acier , tour prouve que le charbon fe mêle avec le ter

en différentes proportions ; ces proportions dépendent des températures ,

& varient dans le travail du fer , depuis le fer forgé jufqu'à l'acier trop cémenté.

Cependant routes les expériences de M. Bergmann , fur le réfidu noir

de la fonte & de l'acier , prouvent que c'eft de la plombagine. Les

expériences que MM. Schéele , B-^rgmann , Hyelm & Pelletier ont

faites fur la plombagine , 1°. le réfidu de chaux martiale ap'ès la calci-

nation fous la moufle ; 2°. le fédiment ferrugineux après la déronation la avec le nitre ; 3°. les fleurs martiales obtenues dans fublmation

avec le fel ammoniac ; ^°. le bleu de Pniffe par le mélange de l'acide

marin digéré fur la plombagine avec la liqueur prudîque , & y . l'air inflammable que cette fubftance dégagé par cette digeftion , prouvent SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 221

1°. contient du fer. Les autres expériences , ]a litarge Si l'acide arfénical

révivifiés avec la plombagine en produifant de l'air fixe ; 2°. le foufre

formé par fa combinaifon avec l'acide vitriolique ; 3°. le gaz acide

fiilfureux avec le tnême acide vitriolique ;

niacal , prouvent qu'elle contient du charbon. Cependant les auteurs de ces expériences ont non-feulement regardé le fer comme une chofe accidentelle; MM. Schéele &; Ikrgmann avoient

regardé l'air fixe qu'on en obtient dans plufieurs expériences , comme

entrant dans fa compofition , mais MM. M. V. & B. prouvent que

la plombagine efl une combinaifon de fer & de charbon , S-: qu'elle ne produit de l'air fixe qu'.i la manière du charbon (i) qui fe forme dans les difiFérentes opérations; je regrette de ne pouvoir extraire ce

paffage , qu'il faut ablolument lire dans l'ouvrage , &: je me conten- terai de décrire cette nouvelle expérience.

Ils ont fondu de la plombagine dans l'air déphlogiftiqué au foyer

d'une lentille, ils ont eu pour réfultat , de l'air fixe & quelques petits régules qui n'étoienr pas attirables à l'aimant, mais qui diffous dans l'acide mar.n lui ont aba.idonné une grande quantité de fer & ont laifTé un fédiment noir femhlable à celui que UifTent la fonte & l'acier dans les mêmes circonlfances.

Il paroîr que le ter n'eft pas le feul métal qui contienne du charbon ; M. Berthollcr avoit déjà remarqué que la détonation du zinc rend les alkalis effervêfcents.

M. de LalTone avoir obtenu de l'air inflammable avec de l'alkali qui devient cfFervelcent )'avois la cauftique ; obtenu de plombjgine &

de l'air inflaminaMe charbonneux , en diffolvant du zinc dans de l'a-

cide vitriolique étendu d'eau ; enfin ces meffieurs ont obtenu de la

plombagine , d'une diflolution de zinc dans l'alkali volatil , c'eft-à-dire,

un mélange de fer & de charbon ; il ne s'agir plus maintenant que de déterminer Jï le charbon peut je dlffoudre dans le ^inc & dans quel-

qu autres métaux fans Cuuermède du fer , ou bien s'il faut qu'il jbu uni au fer & fous forme de plombagine pour Je combiner avec ces fubflances. Dans le premkr cas , // efl probable qu'en fortanl de chaque

combinaifon , ce charbon entraînerait une certaine portion du métal , qui conflitue-oit autant de plombagines ce différentes , qu'il y aurait de

métaux avec Ufquels il pourrait fe combiner y mais c'efl à l'expérience à vérifier cette con'jeâure.

(t) Le mois prochain, nous donnerons les preuves de cette aiïenion. 2.22 OnSERTJTIONS SUR LA PHYSIQUE,

RÉFLEXIONS"

Sur la SuhJIance charbonneufe & le Phlogi/Iique ; Par M. DE LA Metherie.

JLjES favans Phyficien-; & Chimiftes dont nou^ venons de voir Je travail, font nécellités d'admettre le charbon dans la fonte, le fer & l'acier parce qu'on en retire roujouis de l'air fixe ou acide , & que dans , la tliéorie qu'ils ont embraffée, l'air acide réfulte delà combinaifon de l'ait pur & de la fubflance charbonneufe. Par la même raifon ils concluent que aie la plombagine contient du charbon , parce qu'elle donne toujours un inflammable mêlé d'air acide. Ils font aufîî forcés de reconnoîcre le charbon dans le zinc, comme je l'ai dit dans ma réponfe à l\î. Adef,

(Journal de Phyfique , 1786, mois de juin, page 446 ) puifque AU de Laffone a fait voir il y a long - tems que l'air inflammable que l'on retire du zinc contient de l'air acide. M. Berthollet a eu les mêmes réiultats. Je crois qu'on peut prouver que dans ces mêmes principes la plupart des fuhftances métalliques doivent contenir du charbon, & je me fervirai àis mêmes expériences, I. J'ai projeté de la limaille d'étain très-put & du nitre dans un creufer bien chauifé. Il y a eu une vive détonation , comme l'on fait: l'étain a été réduit en chaux, & le nirte alkalifé. J'ai verfé fur une portion de ce réfidu de l'acide marin qui a excité de l'efFervefcence , & , l'air qui s'eft dégagé, reçu dans l'eau de chaux, l'a précipitée. L'acide vitriolique verfé fur une autre portion de ce léddu, produit une efFer- vefcence encore plus vive, parce qu'il dégage une portion d'acide nitreux , & d'air nitreux. Ce même réfidu mis dans l'eau de chaux, y occafionne également un précipité tort abondant. II eft vrai que de l'eau diftillée dans laquelle j'ai jeté une portion de la même fubflance ell devenue un peu laiteufe. Une portion de la chaux d'étain s'y ttouve fufpendue , parce qu'elle adhéroit à l'alkali qui eft diiTous ; mais ce précipité eft facile à diftinguer de celui qui eft produit dans l'eau de chaux. il. Un mélange de limaille de plomb & de nitre projeté dans un creufet chauffé, a détoné foiblemenr. J'ai eu une chaux de plomb d'un très-beau jaune. De l'acide marin verfé fur ce réfidu en a dégagé avec effervefcence un air qui a précipité légèrement l'eau de chaux. On fait d'ailleurs que \s minium &c les autres chaux de plomb contiennent beaucoup d'air acide. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 223

III. J'ai projeté avec les niêines précautions de la limaille de cuivre dans un creufet. La détonation n'a pas été fenfible. Cependant la furtace de la limaille a été réduire en une chaux noirâ:re , & lous cette croi'ite on retrouvoit le cuivre avec fa couleur naturelle. Les acides verfés fur le réildu ont produit une effervefcence ; mais il ne s'eft dét^agé que de l'acide nitreux , de l'air nirreux & peu d'air acide ; au moins l'eau de chaux n'a pas été lendblement altérée. IV. La détonation du bifmuth eft foible. Il eft réduit en une chaux jaune. J'ai trouvé au fond du creufet une portion du bifamth tondue & criftallifée. De l'acitle marin verfé fur le réildu dépouillé de toutes les parties métalliques font pas calcinées produit une effervefcence qui ne , y alTez vive. Cependant l'eau de chaux en eft peu altérée.

V. La détonation de l'antimoine a été allez vive , & il a été réduit en chaux blanche. De l'acide marin verfé fur le réfidu n'a produit qu'une légère effervefcence; & l'eau de chaux n'en paroît pas altérée fenfible- menr. VI. Le régule d'arfenic a détoné avec une belle flamme blanche accompagnée d'une fumée abondante. La maticre s'efl beaucoup bour- foufflée, & eil devenue d'un beau blanc. L'acide marin verfé (ur le rélidu, il y a eu effervefcence accompagnée de beaucoup de chaleur. L'air dégagé n'a pas caufé un précipité fenfible dans l'eau de chaux. Mais ayant fait détoner la chaux blanche d'arfenic avec le nitre, Se ayant fait paffer l'air qui s'eft dégagé dans l'eau de chaux, il y a eu un précipité abondant. VII. La détonation du cobalt avec le nitre eft foible. Le mêUnge s'ell beaucoup bourfouffle & a pris une couleur noirâtre. Comme le

fais fî c'ert lui cobalt contient le plus fouvent de 1-arfenic , je ne qui a caufé ce bourfoufflement. L'acide marin verfé fur ce réildu en a dégagé un air qui a précipité l'eau de chaux.

VIII. Le mercure ne détone pas avec le nitre , parce qu'il ne peut fupporrer la chaleur néceffaire fans être réduit en vapeurs; mais on fait que l'air pur qu'on retire des chaux de mercure , par exemple , du précipité louge, contient une portion d'air fixe , & trouble l'eau de chaux. IX. La chaux d'argent contient auflî de l'air acide. J'ai mis dans une cornue de verre lutée de la dilTolurion d'argent dans l'acide nitreux, & l'ai placée dans un fourneau. Lorfque l'acide a été évaporé, j'ai reçu dans l'eau de chaux l'air qui s'eft dégagé. C'étoit de l'air pur , mêlé d'air acide ; car l'eau de chaux a été croublée. La cornue

Il avoit même d'adhérent au cafTée , j'ai trouvé l'argent revivifié. y en haie fera de !a cornue ; mais je n'ofe croire qu'il ait été fublimé. Ce une pc>rtiori qu'aura laiffé dépofer l'acide qui , en agitant la cornue , en aura touché cette partie.

Nous, pouvons réfumer de ces expériences que le fer, le zinc , l'étain. 22t OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

le plomb , le cobalr , donnent dans leur combuftion un air qui précipite l'eau de ciiaux d'une manière non-équivoque. Ce précipiré eft moins

fenfibleavec le cuivre , l'antimoine & le biimutli. Quant àl'arfeniCjje

n'en ai point obfL'rvé , niais il ell très-abondant dans la détonation de l'a

chaux. Ainlî dans la détonation des fubftances métalliques par le nitre , une

portion de l'alkali fe trouve aérée ou combinée avec l'air acide , & l'autre à l'état de caullicité. Or, dans la nouvelle théorie cet air acide n'a pu être produit que par le charbon contenu dans la liibftance métallique,

& l'air pur qui fe dégage du nitre. Aind il Faut donc que ces favans

leconnoiflent le charbon , non-feulemeut , i°, dans le ter, la fonte &

l'acier , 2°. dans le zinc, mais 3°. dans rétain,^.". dans le plomb, y°. dans le mercure, 6°. dans l'argent, 7°. dans le cobalt, 8°. dans la chaux d'arfenic.

Ils ne fauroient non plus guère le nier dans le cuivre, dans l'antimoine, dans

le bifmuth , & fans doute dans toutes les autres fubflances métalliques.

Or , le charbon eft une fubftance inflammable. Ainfi voilà enfin avouée l'exiftence d'une matière inflammable dans les métaux. On ne peut pas la dire que ce foit la plombagine , puifque, fuivant ces Savans , plom- bagine contient du fer, & que le fer ne fe trouve point dans l'étain, le

plomb , &c. & d'ailleurs, quand ce feroit la plombagine, ils conviennent que la plombagine contient du charbon.

Cette fubftance inflammable fera \t pklogijlon , que ces mêmes Savans feront obligés de reconnoître encore dans toutes les fubftances animales

& végétales, dans l'alkali phlogifl;iqué , &c. puifque l'air infla.Timable que l'on en retire contient toujours de l'air acide. Ainfi, fuivant eux, le charbon , [AJub/lance charbonneufe o\i phlogijlon , fe trouvera, l". dans la plupart des fubftances métalliques , 2". dans les fubftances végétales , 3°. dans les fubftances animales, ^°. dans l'air inflammable, puifque dans fa combinaifon il donne toujours de l'air acide, j". dans l'alkali 6°. phlogiftiqué , dans la plombagine , &c. &c. Ce font toutes les fubftances où on reconnoît ordinairement le phlogifton. Il n'y aura donc que le foufre & le phofphore, où dans leurs principes, on ne puifTe pas encore prouver l'exiftence de la fubflance charbonneufe ^ mais il ne me nier l'exiftence air d'après paroît guère qu'ils y puiffent d'un inflammable, ce que j'ai dit dans les Cahiers précédons : ils pourroienr dire que cet air vient d'une décompolition antérieure de l'eau. Ils admettent bien ce l'ait inflammable dans \t:s huiles , dans les léfines j.«S>c.

Ils reviennent donc zvi phlogijlon d'une autre manière. Dans leur tiiéorie \^ phlogijlon fera là j'ubjlance charbonneufe, &: le charbon ordinaire fera compofé de cette fubftance particulière, plus de terres, de métaux, de fels, &c. &c. Il refte maintenant à ces Savans à nous taire connoître ce qu'ils entendent par ïijuhjlance charbonneufe contenue dans le charbon ordinaire, mais qui n'eft point le charbon; car jufqu'ici ils n en ont fes donné aucune idée. Ils rejettent le phlogiftiqué , parce que partifans n'en SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. 22;

n'en ont point donné de notions claices. Ne peut-on pas leur faire le même reproche au fujet de la fubftance chatbonneufe ? & n'eft-ce pas fubftituer à une fubftance peu connue une autre qui ne l'eft pas davantage?

Sthal , il eft vrai , ne s'étoit point expliqué fur la nature de fon phlo- gifton^ qu'il reconnoît feulement comme le principe de l'inflammabilité;

& en cela il a été fuivi par le plus grand nombre des Chimiftes. Quant à

moi , il me paroît que les propriétés connues de l'air inflammable fatis- font à tout ce que les phénomènes nous font voir du principe de l'inflam- mabiliré ou phtoglflon.

L'air fixe obtenu dans la détonation des métaux , provient de la

combuftion de leur air inflammable , comme celui qui eft produit dans la combuftion de l'air iriflaramable des fabftances animales & végétales.

On m'a objedé que les méraux étant calcinés dans un laboratoire , il n'étoir pas furprenanr que quelques portions de charbon ne fe combi- naffenr avec la chaux mé'^dllique. Mais la calcinaMon opérée avec un verre ardent dans des vaifTedux termes , & fur un bain de mercure , il y a égiilemenr pri)duction d'air tîxe, comme s'en eft aiïuré M. Lavoifier à l'égard du plomb (dins l'es Opufcnlis, page api ). Ici il n'y a pu avoic inrroduftion de manère charbonneufe, ni de charbon. Il V a cependant une obfervation elTenrielle à faire fur l'air fixe ou acide qu'on retire des fuhllaiices métalliques , des matières animales & végétale- , de l'alkali phto^ilt! jué . de la plombagine, &c. Dans la théorie nouvelle la (ubiîance charbonneufe brûlant avec de l'air pur, donne de l'air acide , en forte que cet air eft le produit de la combuftion du charbon & de l'air pur. Mais dans toutes les opérations dont nous venons de parler, nous avons de l'air acide fans qu'il y ait de combuftion. En diftillant, par exemple, dans des vailfeaux clos les matières animales

& végétales , l'alkali phlogiftiqué , la plombagine , le fer , le zinc , &c. on a de l'air inflammable mêlé d'air acide: & cependant il n'y a point eu accès de l'air pur, par conféquent il n'a pu y avoir combuftion de la fubftance charbonneufe. W paroîtroit donc que cet ait fixe n'a pas été produit dans l'opération , & exiftoit auparavant.

•i.

Tomt XXIX y Part. H , 178^. SEP TEMBRE. F f .

226 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; LETTRE DE M. G A RA N G E T. A M. DE LA METHERIE, Sur le Goniomètre.

iVl ONSIEUR,

J'ai donné, au mois de mars 1783 , dans le Journal de Phytîque, que- vous favez rendre aujourd'hui fi intérelTantjla defcription d'un inftrumenc devenu nécelFaire pour mefurer les angles dans les criftaux des différentes fubftances. J'ai appris depuis avec plaifir , que des Lapidaires même étrangers, l'avoient adopté pour la taille des pierres précieufes , & déter- miner géométriquement les facettes nécellaires le pour en tirer tout jeu , &: le brillant dont elles font fufceptibles ; mais dans l'ulage journalier que j'en ai fait, j'y ai découvert un detaut ellentiel fois, , qui , bien des a arrêté m dans mes opérations , & m'a porté à chercher tous les moyens

d'y remédier. En effet, il étf^ic très-aife de mefurer les criftaux folitaires, même ceux qui étant grouppés fe trouvoient ou aflez élevés au-dellus des autres, ou allez ifolés : mais cetre mefure devenoir imponîble, toutes les fois que le grouppe étoit large ou applati , ou que les criflaux peu faillans étoient ferrés les uns contre les autres: alors, le demi-cercle gradué de l'iurtrumenc empêchoit par fon étendue l'introdutlion des pointes du Goniomètre , & ne laiiïbit que le regret de ne pouvoir s'en fervir. Je viens de corriger cette imperfedion parole fecours de M. Ferat jeune arrifte très-adroit & très-intelligent, le même qui s'éroit appliqué feul à l'exécution de cet inftrumenr , chez M. Vinçard , fous le nom de qui il fe vendoit. Il avoit dé)à ajouté à l'ancien (i) une (econde barerre pour fourenir le demi-cercle vers le quarante-cinquième deyré : il a rendu la première mobile fur le centre , & eft parvenu à brifer ce demi cercle au quatre-vingt-dixième degré, par le moyen d'une charnière, de forte qu'une moitié fe replie fur l'autre , & laide les pointes du goniomètr^ abfolument ifolées. Comme il eft effenriel cependant de conferver à la partie pliante lorfqu'elle , eft étendue , la jurteife & la folidité nécellaires pour éviter les erreurs dans le rapport des angles , il a ajouté , vers le

(0 Vo)e£ la figure au Journal cité. SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 227

cent quarante-cinquième degré, une vis à tête molettée dans la tige de laquelle engraine une échancrure pratiquée au haut de la barette mobile,

de maniùe qu'en ferrant cette vis , la barette fe trouve fixée , ôi fupporte cette portion de cercle.

Cette corredion indifpenfable pour mefurer les criftaux grouppés , eft inurile aux Lapidaires, qui pourront économifer près de moitié fur

l'achat de l'inftrument.en fe fervant de l'ancien , dont le prix, en cuivre, eft de 2.1 liv. & de 36 liv. en argent. Quant au nouveau qui eft beaucoup plus compliqué, cet artifle l'a fixé à 36 liv. en cuivre, &: à y^ liv. en argent.

J'ai l'honneur d'être , &c.

ANALYSE DU CARTON-PIERRE; Par M. d'Antic DE Servin.

1. L y a déjà quelque tems que les Journaux annoncèrent la découverte

du canon-plerrc ou carton-lythophïte , du Dodeur Faxe , Médecin de l'Amirauté de Carlfcrona, en Suède, qui jouit de la double propriété de ne briller que très-difficilement, & d'être parfaitement indilTaluble dans

qui , au contraire augmente fa dureté. précieux que l'eau , , Les avantages cette découverte prometroit, les nombreufes expériences auxquelles on

l'avoit fournis en Suède , me rendirent curieux de connoître plus particu- lièrement cette (îngulière production de l'art. J'ai profité de la bien-

veillance de quelques compatriotes du Dodeur Faxe , avec lefquels je

fuis lié d'amitié , pour avoir les renfeignemens néceiTaires & me procurer des échantillons de ce carton que j'ai foumis à l'analyfe (i). Comme cet objet peut intéreffer les perfonnes qui défireroient s'occuper de la

fabricarion du carton-pierre en France , & leur éviter des tâtonnemens je dérails fur & des dépenfes inutiles , crois devoir entrer dans quelques fes propriétés, qui ont été trop laconiquement racontées dans les divers Journaux. Le Dodeur Faxe annonça à l'Académie Royale des Sciences de la Stockolm , le 3 1 juillet 1785", qu'il avoit fait découverte d'une efpèce de

(i) Je l'ai faite dans le laboratoire & fous les yeux d'un Chimirte diftingué de la

Capitale , au zèle & à l'amitié duquel je dois beaucoup , & en préfence de M. le Baron rie Servicres, qui s'interelTe beaucoup à tout ce qui a rapport aux arts utiles, & qui cultive les fciences avec fiiccès. Tomt XXIX, Pan. II, 178(5. SEPTEMBRE. F f 2 1 228 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, papier qui ne brûloir point au feu , & durciffoic fous l'eau ; qu'il le croyoit propre , l". à couvrir les maifons , étant léger , foiide & ne s'alrérant point à l'air ; 2". pour les doubler intérieurement & extérieure- 3". ment pour les garantir du feu & de l'humidité ; pour affujettir le la plâtre aux plafonds ; 4°. pour orner les maifons, ce carton ayant Sc facilité de fe mouler ; y", pnur conferver la poudre dans les arfenaux 6°. dans la fainte-barbe des vaifleaux . pour doubler les navires & bois de conftruction dans les ports, pour les détendre de la piquûre de

Le premier , figné de M. Nordensk'>ld , Chevalier îv Lieutenant- porte plusieurs feuilles de ce papier ont féjourné deux Colond , que re altérées elles mois dans l'eau , & que , fans s'y ê , y ont durci ; qu'elles fe font également durcies dans des difloluticns de vitriol de cuivre ou de fer. 11 porte que des feuilles de ce papier goudronné ou

, pafTé l'hiver expofées aux injures du peint ont une partie de , tems ,

& ont été fufpendues dans un puits , fans avoir éprouvé aucune alté- ration ; ce cernficar porte en outre que la chaux s'unit très-bien au carton-pierre &c qu'il fe charbonne lentement au feu fans donner de flamme.

Le fécond , de M. Frédéric Brafth , apothicaire de l'Amirauté , porte que le papier-pierre ne fe diffout , ni dans l'eau bouillante où il en a tenu pendant huit heures, ni dans les aikalis, ni dans différentes fau- lorfqu'il mures ; qu'il ne s'altère point à l'air, fur -tour eft peint ou de vitriol bouilli l'huile il trempé dans des diffolutions ; que , dans , devient fi ployant qu'on peut le rouler.

Le troilième , de MM. Nordenskold & Sredingn , Lieutenans-géné-

qu'ayant fait conftruire une maifonnetre en planches , l'dyant raux , porte revêtue intérieurement & extérieurement de deux feuilles de/'i2/'ier-/'/e/'re, partie collées partie clouées , l'ayant remplie de copeaux fecs & élevés , - autour & par deffus un bûcher de bois blanc , auquel on mit le feu ; le papier fe charbonna & le bois n'éprouva aucun dommage.

Le quatrième , efl de MM. Cofwa , capitaine du génie, ^ Lidflrom, Lieutenant du génie. ïl porte qu'on en a revêtu au mois de juin 1785", une maif^in de plaifance à Carlfcrona , & qu'au mois d'ocS'obre ils l'avoient examinée fans qu'ils eufTent pu s'appercevoir que, ni le roîr, ni les plaques qui revêrifloient les muis , euflènt éprouvé aucuns dommages.

Le cinquième , de M> Cofira, conAate ^ue des feuilles de ce papier ^ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 229 clouées & expolées pendant fix femaines à la ciiûte des eaux de la digue de Liskebi , n'onc éprouvé aucune difTolution.

Hnfin M. Lilza , capitaine de vailleaux de roi , certifie qu il a fait attacher , à chacun des flancs extérieurs du fond de cale de ion navire , pluheurs feuilles de ce papier , & qu'après quatre voyages de chacun

quatre mois , il les avoir Trouvées durcies & poinc endommagées. La commiiïîon nommée par la claile chimique de l'Académie, qui a examiné les feuilles de papier-pierre qui lui avoient été remifes à cet effdt , en a rendii le conpreleplus favorable, & a confirmé l'authen- ticité des Certificats qu'on vient de lire. L'Académie , pour en témoigner

au dodteur Fixe fa fansfaiflion , lui a accordé une fomnie d'argent à titre ces d'encouragement , pour former premiers établifTemens.

Les frais d'apprêt pour une feuille de ce carton , d'une aune quarrée,

qui eft de deux pieds, revient , luivant le dodleur f axe , à quatre ou fix fols de notre monnoie.

Suivant ce que j'ai lu dans an journal économique quiparoît àStockolm tous les mois , il lemble que ce carton fuMt diverfes préparations ; que celui qui eft battu ne lailTe point filtrer l'eau, puifque M. de Nordenlkold en a confervé , dans des cilyndres raits de ce carton , pendant plus de

&.' trois femaines , que celui qai n'a pas fubi cette préparation , brûle plus difficilement. Il paroît que celui fur lequel j'ai opéré n'avoir pas

été battu , car il a laillé filtrer l'eau comine on va le voir.

Analyfe du Carton-pierre.

Les échantillons de carton-pierre que je me fuis procurés , font de différentes couleurs & épaifleurs pour plus de clarté je les désignerai ; , par leur couleur : le premier eft rouge-brun , le fécond jaune , le troi- /lème blanc. Ces trois efpèces de carton fe laiflent difficilement entamer par

l'ongle , fe cafîent pluiôt qu'ils ne fe déchirent , fe laiffent pénétrer pat

l'eau s j'en ai tenu dans l'eau , mais ne y diiTolvent pas ; bouillante ,

pendant plus de trois heures , fans qu'ils s'y foient détrempés.

Expériences Jur le Carton-pierre rouge-brun.

Tous les acides ont fur ce carton une aiflion marquée , & particu-

lièrement l'acide nitreux qui réagir lur lui avec effervefcence , îk en

détruit l'aggréga'ion ; la liqueur filtrée après une légère ébuUition , or»

obtient une dilTolurion de nitre calcaire , chargée d un peu de ter. J'ai

nég'igé le réfidu infoluble , les expériences ultérieures m'ayant fait fuffilamment coniu îrre fa nature. J'ai de même traité cert grains de ce carton avec l'alkali canftique,

il a piirs une forme gélatineufe. J'ai étendu la dilloiution d'eau diftillée , 350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

& l'ayant filrrée j'y ai verfé iip acide qui a déconipofé la liqueur , & a tait futnager l'huile.

J ai mis dans un creufet cenf grains du nicme carton , chaufFé au

t'.'u de forge, il a pris feu & brûlé avec flamme. J'ai continué la

calcination & j'ai obtenu un réfïdu d'un gris fale , du poids de cin- quante-fix grains. J'en ai trituré une partie dans un mortier de marbre

avec le fel ammoniac , il s'eft dégagé de l'alkali volatil. L'autre partie

a été traitée avec l'acide marin , & l'alkaliphlogiftiqué y a otcafionné un précipité bleu très-abondant.

J'ai fournis à la diftillation , dans une cornue de verre , fept gros

douze grains de canon-pierre. Pendant la diftillation il s'eît dégagé

beaucoup de gaz inflammable & d'acide craieux , il a paflé dans le

ballon une huile épaiflfe , tétide , & de l'alkali volatil ; ces deux produits

pefoient cent deux grains. La matière charbonneufe , rertante dans la cornue, ne pefoit plus que quatre gros cinquante grains; en réuniiTanc

ces deux produits , on ne retrouve que quatre cens quarante grains ,

tandis que j'ai employé fept gros douze grains , ou cinq cens feize grains.

I-a perte eft donc de foixante-feize grains , & elle doit erre attribuée à l'acide crayeux, au gaz inflammable & à la légère portion d huile qui s'eft attachée au col de la cornue. J'ai calciné la matière charbonneufe,

du poids de quatre gros cinquante grains , ou trois cens quarante-huit

j'ai grife grains , fur un têt à rôtir , & obtenu une cendre , pefant deux

cens quarante grains. Dans cette féconde opération , on trouve qu'il s'eft détruit cent foixante-huit grains ; cette perte eft fans doute occafionnée pat

une portion d'huile non décompofée pendant la diftillation , & par les matières végétales qui fervent à la fabrication de ce papier-carton.

Lorfqu'on traite ce réfidu avec les acides nitreux ou marin , il ne s'en diflîout que la troilîème partie ; ce qui refte infoluble eft un fable ferrugineux '; c'eft ce fable calcaire ferrugineux qui donne à ce carton fa couleur rouge-brune.

Il réfulte de ces expériences que le carton rouge-brun du docteur

1°, avec terre martiale , environ deux parties ; huile Faxe , eft préparé empâtée avec deux parties de matière végétale, animale , une partie (I) , préparée pour le carton ordinaire. jaunes J'ai fournis aux mêmes expériences les cartons blancs & , & la terre qui dans tous les j'ai obfervé qu'ils ne diflïroienr que par ,

terre calcaire blanche. Traité à la diftillation , il m'a deux , eft une donné de même pour produit de l'huile fétide & de l'alkali volatil. Le laifllë cendre blanche réfidu charbonneux ayant été calciné , a une ,

prépare en grande quantité dans (i) Il paroit que c'eft de l'huile de harengs qu'on doit être à bas prix. le port de Carlfcrona , & qui conféquemn\ent y SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 231

foluble prefqu'en totalité dans l'acide nitreux. J'ai pris une partie de cetre

dillolution , Si l'acide vitriolique y a occafionné un précipité abondant de félenite, j'ai traité l'autre avec l'alkali phlogiftiqué qui y a occauonné un léger précipité bleu. Le carton jaune m'a paru n'cire autre chofe que

le carton blanc bouilli dans une diifolution de vitriol de fer : car ea le coupant, quoiqu'il foit le plus mince, on apperçoit un trait blanc

qui le partage dans fon épailTeur , dans les endroits où cette difTolution n'a pu pénétrer. Je n'infifterai point davantage fur toutes les autres expériences auxquelles j'ai fournis ces /trois efpcces de carton , celles-ci m'ayant paru fulïifantes pour mettre fur la voie ceux qui defireroieiit en

préparer , &c pour éclairer les phydciens fur fa nature. j'avertirai Je n'ajouterai rien à ces détails , feulement les petfonnes qui voudront s'occuper ds cette importante matière , de cliercher à donner à leur carton plus de ténacité que n'en a celui de Suède, qui

cependant a une certaine folidiré. On y parviendra facilement en va- riant les dofes de la bafe terreufe qu'on y introduit. Je crois qu'il feroir plus avantageux d'en faire un carton de collage qu'un carton de moulage, il jouiroit par-là de cette étonnante ténacité qui fait le grand mérite de' ces efpèces de carton & de tous les avantages de celui de Suède ; cetre main-d'œuvre ne feroir ni longue ni difpendieufe dans un établilTement en grand , & on fe procureroir par ce moyen ^ des couvertures folides ,. légères , durables, & qui ne lurchargeroient point les bàtimens par leur poids énorme , comme le font les toitures actuelles.

OBSERVATION DE M. SCHEELE,

Sur l'Air qui fi dt^'gage de l'Acide nitreux expofé au foleil^

J 'A I pris un fl

nitreux blanc & concentré ; |e l'ai renverfé dans un verre à confiture, dans lequel (e trouve aullî de l'acide nitreux concentré. Le verre de confi- ture doir être conftiuit de manière que le fiacon bouche prefque fon ouverture pour empêcher la grande évaporation de l'acide. Si l'on evpofe

cet appareil au foleil , on verra tous les jours s'abaifler un peu l'acide con- tenu dans le flacon-, Si après quelques femaines , le flacon fe trouvera parfaitement vide; l'air qui s'eff produit efl: de l'air vital bien pur, & L'acide nitreux eft devenu rouge par le phlogifton du foleil. Je crois-

très-fort que la lumière clf compofée en partie d'air vital & de phlogifton ,, ai-ifi que la chaleur ne conlilte qu'en une petite partie du principe; Inflammable. ,

2S2 OBSERP'ATIONS SUR LA PHYSIQUE;

^^=^="=^ ^^^ - > ^=== ;4. NOUVELLES LITTÉRAIRES.

O y/l CE dans les r Alpes , pricédé d'un Effai fur VEïjloirt-

NatureUe des environs de Genève i pur Horace- Bénédict de

Saussuke , ProfeJJeur Emértte de Ph'.lofophie , des Académies Royales des Sciences de Stockolnt & de Lyon, de la Société Royale

de Médecine de Paris , de CAcadémie de VInJluut des Sciences de

Bologne , des Académies Royales des Sciences & Belles-Lettres de

Ndples & de Dijon , de l' 'icadémie Electorale de Manheim , de la 6* Société Patriotique de Milan , de celle des Antiquaires de Caffel ,

des Curieux de la Nature de Berlin : tome II, in-^.", & lll , If^. in-8". A Genève, chez Barde, Manget & compagnie ;& à Paris,

chez "Buillon , hôrel de Melgngny , rue des Poirevins. Prix de \'in-i^. liv. (ois 12 10 brpch & 14. Jiv. par la porte ; & l'in-S". prix, 8 liv, 10 fois & 9 liv. 10 fois par la porte.

« Le defir de rendre cet ouvrage moins imparfait, a rerardé la pu- 3j blicanon de ce volume », dit M. de Sauiïure, bien différent d un grand nombre de voyageurs qui font de gros volumes fur des pays qu'ils ont traverfés en chaife de porte. Notre célèbre auteur n'a rien voulu dire qu'il ne l'ait vu & levu plufieurs fois Cependant on fait qu^il a dédommagé le public de la privation que lui caufoit le retard la de de publication ce voyage , par celle de fon excellent traité fur l'hygrométrie. Ce volume contient les voyages de l'Auteur fur les plus hautes montagnes des Alpes ; favoir : le Mont-blanc , élevé de 2426 toifes au-deffus de la mer, & toutes les montagnes adjacentes qui font aurtl d'une très-grande élévation. Les defcriptions qu'il donne de toutes ces

contrées , font très-exades , & je les ai lues avec d'autant plus de plaifîr,

que j'ai parcouru une partie des mêmes pays. M. de SaulTure partant d'abord du prieuré de la vallée de Chamouni eft allé au Montauvert , pour pouvoir gagner enfuite les aiguilles , c'eft-à-dire de hautes pics qui bordent cette vallée au fud-eft & vont

finir au Mont-blanc. On fuit l'Auteur à travers ces mers de glaces , les

précipices , les débris de rochers , & on partage fes dangers avec le plus

grand intérêt. « Il faut confidérer , dit-il , que les montagnes qui

53 bordent , au fud-eft , la vallée de Chamouni , font compofées de

3j deux parties diftindles. L'une, eft le malîîf non-interrompu qui s'é- vallée laquelle eft élevée » lève jufqu'à 7 à 800 toifes au-deflus de la , ( au-deûus SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 233 •> au-delFus de iner toifes I-'aurre h , de J2^ ). , les pyramides o i j aiguilles dérachées qui dominent ce niailif. La niaiie intérieure eft

» compofée de roches Feuilletées de difFérens genre»; , mais le plus n fouvent quattzeufes & micacées. Ces roches font difpofées par cou- » ches très-régulières, qui courent, comme la vallée, du nord-cft au » fiid-oueft. Elles font peu inclinées vers le bas de la montagne; mais » elles fe relèvent graduellement contre les vallées |ufqu'au haut, où » elles font verticales. Ces mêmes couches s'approchent de la nature 3> du granit, à nitffure qu'elles s'approchent du haut de la monra'^ne ; " la elles deviennent des granités veinés ou même des granités en

» maffe. Les pyramides qui dominent ce mafTît , fmt de granit en " niarr:-. Elles lont flanquées & mcine compofees extérieurement de feuillets » pyramidaux , qui font fubdivifés en couches parallèles au »• plan même des feniUets ». Plus bas dans la vallée , on retrouve des maffès calcaires .!

C'-'rainenicnt , dit il , ces poudingues n'ont pu être formés dans cette pofition perpendiculaire. Il croit également que certaines filTutes qu'on voit tféqiicmment couper à angle droit ces couches verticales, ont été p;i 'litiven^ent elles-mêmes veiticaies, & ne fe trouvent aujourd'hui horifontales .pie par la même caule qui a rendu les couches verticales. M. de baiillure, de retour à Cham uni ,a cherché à voir les bafes du

Mont-Blanc d'un autre côté. Il pénéfra dans l'allée blanche du côté de

Coutmayeur , dcfcendit dais la vallée d'Aofte julqu'à Cavaglia , & revint par le Saint-Bernard. N us regrettons de ne pouvoir le fuivre dans toutes fes courfes. Par-tout il décrit les objets qui fe préfentent à fa vue.

Il s'arrache fur-tout h la partie minéralogique , & cherche à taire connoître toutes le^ efpèces de pierres qulrenconrre. Du côté du glacier de Mitage il a trouvé beaucoup de pierres vertes qui (ont, dit il , des pierres de corne,

non pas pure"! , mais mélangées de Ipath calcaire , Si il fait à cet égard une excellente obfervation. La natireofTre rarement des fubltances homogènes dans ces hautes montagnes. Le Naturalifle qui fait un cabinet dans les villes, cherche des morceaux bien caradénlés ; mais ils n'exiftent point dans les Alpes. Tout y cft mélangé. Une grande partie de ces montagnes

eft de nature fchifteiife ; mais ce fchifte contient beaucoup de quartz Si de mica. AulFi fouvent ne donne-t-il point de nom aux pierres qu'il décrit. M. de SaufTure a vu auprès de C->urmayeur de ces fchiftes micacés

quarrzeux (ou ijneis des Saxons) , fup-rpofés fi' des ichiftes argileux. Tome XXIX, Part. Il, i-]^6. SEPTEMBRE. Cg 2Si OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, a Voilà donc, dit-il, des couches déroches regardées comme primitives, 55 qui repofent fur un genre de pierre unanimement regardé comme 35 fecondaire. Ces dénominations de primitives & de fecondaires font-elles

» fautives , ou bien cette fuperpofition monftrueufe des roches primitives

« fur les fecondaires feroit-elle l'effet d'un bouleverfement ? c'eft ce que

» je n'oferois point encore décider 5>. Il a trouvé aux environs de Saint-Maurice le pefro-filex en grande maffe d'un côté de la vallée, & de l'autre côté le feld-fpath elï très- abondant. 11 dit à cet égard : a Je regarde le petro-filex & le feld-fpath 55 de la même nature. Leur dureré ell à très-peu-près la même, leur » denfité la même, leur fufibilité la même. L'analyfe chimique démontre 93 dans l'un & dans l'autre les mêmes principes, la terre filiceufe, la terre 3» argileufe & le fer, & à-peu-près dans les mêmes proportions 5», M, de Sauiïiire fait par-tout rendre fa marche inrérefîante & variée pat des obfervations intéreffantes. Par exemple , les habitans des régions

élevées , où. les neiges fondant très-tard , & retombant de bonne heure ne denneroient pas le tems aux récoltes de mûrir , ont l'adrelTe d'accélérer la fonte des neiges de plus de trois femaines. Leur moyen eft bien fimpiei

Ils avoient cbfervé que la neige fondoit plutôt fur les terreins noirs : leurs femmes ramaffenr beaucoup de cette terre, & la sèment fur les terreins couverts de neige qu'ils veulent enfenicncer, ce que l'on appelle dans le pays terrajfer. L'oblérvation a conduit aux mêmes réfultats le célèbre Franklin fur d'étoffes , qui en plaçant de la neige des morceaux différemment colorés , a vu la neij^e le fondre plus ou moins vire (ous ces morceaux , fuivant qu'ils abforboient plus ou moins de lumière. M, de SaulTure elfaya au mois de feptembre ivSy, accompagné de MM. Bourrir père & fils, de monter fur le Mont-Blanc du côté de l'aiguille du Goûté; mais ils ne purent arrver qu'à environ dix-neuf cens toiles de hauteur au-deflus du niveau de la mer. Nous avons annoncé que l'année précédente M. Bourrit ayant fait la même tentative, deux de fes guides gravirent prefqu'au fommet. œ Pendanr une heure que nouspafsâmes » à la haureur de dix-neut cens roifes, dit M. de Sauffure, le foleil nous » incommodnif au point de nous paroître infupportable .... Cependant

35 ces rayons infupportabl«s à nos corps ne faifiient fur la boule du

» thermomètre qu'un effet équivalent à 2 degré*: j. Cet inflrument mar-

» quoit à l'ombre 2, y & au foleil ^..y. Les guides, payfans vi'^oureux 35 qui fi'pportent facilement le foleil dans la plaine, en étoient é.;alement

35 incommodés à cetre hauteur. . . .On ne peut pas dire que ce luit la

30 réverbération des neiges i car nous étions fur une arrère parf.iirement

33 aérée j>. M. de SaufTure elTaie d'expliquer ce fingulier phénomène par la raréfaction de l'air.

On croit communé-nenr que l'a'r des h-iutes montagnes eft phis pur que celui, de la plaine. M, de SaulTute étant fur le mole à la hàuteux SPR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23;

d'environ fept cens toifes, remplir des ballons d'air; cet air, elTayé à Genève par M. Senebier,fur trouvé moins pur que celui de la ville; ce qui confirme les obfervations de M. de Volta. L'air pur ou viral contenu dans l'atmofphère étant plus pefant que l'air phlogiftiqué & l'air inflammable, doit fe trouver en plus grande quantité que ceux-ci dans la portion inférieure de l'atmofphère. On doit fe rappeller que M. Fontana ayant

effayé l'air de Paris auprès de l'Hôtel-Dieu , l'a trouré à-peu-ptès aulîî pur que celui des campagnes voifines. M. de Sauflure fait par-tout obferver l'altération continuelle des mon- tagnes. Les hauts pics font fans cefle dégradés par les frimars, & leurs débris entraînés dans les vallées. On retrouve rRcme ces débris à de très- grandes hauteurs. M. de Sauflure a vu des cailloux roulés à la cîme d'une montagne élevée de treize cens quatre-vingt-feize toifes, qu'il a appellée

Cime des Fours. « Je me croyois au bord de notre lac , & je me repré- 3> fentois alors, dit-il, avec une extrême vivacité, les eaux rempliffanC » toutes ces profondeurs & venant battre & arrondir à mes pieds ces » cailloux fur lefquels je marchois, tandis que les hautes aiguilles

» formoient feules des îles au-delTus de cette mer immenfe .... Et

ailleurs il ajoute:» Cette confidération fe réunir avec plufieurs autres

» j'ai fi les montagnes , les pour prouver ce que déjà infinué ailleurs , que 3> primitives fur-tout, paroiiïènt être d'une antiquité qui effraie l'iinagi-

n nation , l'état aduel de la furface de notre terre , fa population , fa

» culture , font en comparaifon d'une date prefque nouvelle ". M. de Sauflure a fait des obfervations très-curieufes fur l'éledricitéde

l'atmofphère. Il l'a prefque toujours trouvée plus confidérable fur les

montagnes que dans la plaine, a Elle ert en général , dit-il , plus forte dans

» les lieux les plus élevés & les plus ifolés , nulle dans les maifons , fous « les arbres, dans les rues, dans les cours, & en général dans les lieux >> renfermés de toutes parts. Elle eft cependant fenfible même dans les » villes, au milieu des grandes places, & principalemenr fur les ponts, » où je l'ai trouvée plus forte qu'en rafe campagne jj. Dans les tems d orage ou couverts elle ell très-irrégulière ; mais dans les tems fereins elle paroît fuivre quelques règles. « Elle eft fujette comme la mer à un flux &: reflux » qui la fait croître & décroître deux fois dans l'efpace de vingt-quatre » heures. Les niomens de fa plus grande force fuivent de quelques heures y< le lever du foleil & fon coucher, & ceux de fa plus grande foibleflîe

» font ceux qui précèdent le lever & le coucher de cet aftre. . . . Quant

3» à la qualité de cette éledricité , elle eft invariablement pofitive , tant en

3j hiver qu'en été , de jour, de nuit , au foleil , à la rofée , toutes les fois

53 qu'il n'y a point de nuages dans le ciel. Il paroît donc impoflible de ne X pas croire avec M. de Volta que l'éledricité atmofphérique eft eflèn- que des » tiellement pofitive , ?c que celle que l'on voit négative ne vient » nuées qui ayant été expofées à la preflîon du fluide élefttique contenu

Tome XXIX , Pan. U, 1786. SEP TEMBRE. G g î 2^6 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

3j dans le haut de ratmofplicre ou des nuages plus élevés , ont déchargé

*> une partie de leur fluide contre la terre , ou contre d'autres nuages , ô£ y> font demeures ainfi éleûrifés en moitié r>. Cette éiedricité de l'aiï ferein eft plus forte en hiver qu'en été. L'Auteur a enfuire fait des expériences fur l'éledricité de l'eau ré- duite en vapeurs. Il ifole le corps qu'il met en expérience en le

plaçant fur un fupport de brique qui lui-mcnie J'eft fur un vailTeau de

verre , & il fait communiquer ce corps par un fil de ter avec fon éledro-

mètre. Il a obTervé : 1°. Que l'eau qu'on fait bouillir dans une cafeticre ifolée donne une éleiîîricité négative, comme l'avoic vu M. de Voira. 2°. Que de l'eau jetée dans un creufet de fer rouge donne une

éledricité pofitive ; cependant lorfque le fer ell d'un rouge vif, l'éledricité ell nulle. 3°. Dans un creufet de cuivre l'éledricité a toujours été polîtive.

7°. De l'éther employé au lieu d'efprit-de-vin , a donné les mêmes ïéfultats.

8°. De l'eau réduite en vapeurs fans ébullition , ne donne point d'éledricité. 9°. La combuftion de difFérens corps n'a point donné d'éledricité. De tous ces faits M. deSaufïïire n'ofe rien conclure d'alfirmatif. « Il me » femble pourtant, dit-il, que puifque la porcelaine a toujours donné une

35 éledricité négative, que l'argent l'a prefque toujours donné telle, tandis

53 que le fer & le cuivre l'ont donnée beaucoup plus fouvent pofitive , on » pourroit en conclure que l'éledricité eft pofitive avec les corps capables

35 de décompofer l'eau, ou de fe décompofer eux-mêmes par leur contad 33 avec elle(l), & négative avec ceux qui ne caufent ni ne fouifrent 33 aucune altération. Je ferois donc porté à regarder le fluide éledrique 33 comme le réfultat de l'union de l'élément du feu avec quelqu'autre 33 principe qui ne nous eft pas encore connu. Ce feroit un fluide analogue

33 à l'ait inflammable, mais beaucoup plus fubtil 33. Cependant les vapeurs qui s'élèvent pour former les nuages, n ont point éprouvé la chaleur de l'ébullition , & les nuages font éledriques. Ce

(i) M. de SaulTure ed encore indécis à cet égard. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2,7 qui fait foupçonner à M. de SaufTure que les vapeurs conduifenc toujours

l'électricité de la terre dans l'atmolphère , quoique fes expériences femblent répandre de l'incertitude (ur ce fyftênie. N'ayant pas encore eu occalion de faire connoîrre à nos Leifteurs l'éledromètre de M. de Sauilure nous allons en donner la defcription , , Planche II.

B C efl; une cloche de verre de deux à trois pouces de diamètre , percée à fon fommetpour lailTer paiïer une tige de métal D,qui eft terminée par

un crochet A , &: portant deux fils déliés d'argent Fg, Eg, auxquels font

attachées des petites boules de moelle de fureau , dont la divergence indique l'électricité. I.e fond BC eft de métal cimenté aux bords de la cloche, & h/i/thCom des feuilles d'étain appliquées au-dehcH-s &au-dedans de la cloche pour fervir à la dépouiller d'éledricité qui lui demeure quelquefois adhérente après les expériences. On mefure la quantité de divergence des petites boules par les divifions qui font fur la plaque de

métal. R eft une boucle entr'ouverte à laquelle eft attaché un fil de métal qui tient à la balle métallique M. Cette balle lancée en l'air à la diftance de cinquante à foixante pieds,

fe charge de l'éleâricité de l'atmofphcre qu'elle communique à l'éledro •

mètre qu'on tient à la main , la boucle s'en détache, & l'éleclromctre fe

trouvant ifolé , indique quelle eft l'éleélricité de l'armofphère. On peut fubftituerau crochet A un petit condudeur ou verge métallique de deux pieds de longueur ,& ce condudeur donne le plus fouvent des marques d'éleiftricité, en élevant l'éledromètre feulement de quelques pieds au-delTus de terre. M. de SaufTure le tient élevé de cinq pieds. Dans les tems de pluie on couvre l'appareil d'une feuille métallique faite en forme de parapluie F 11.

Ce que nous venons de dire fait afTez voir combien cet Ouvrage eft digne de la réputation de fon célèbre Auteur. Il a été accompagné dans une grande partie de fes voyages par MM. Trembley & Pidet, Savans fes cHftingués , qui l'ont fécondé dans tsavaux, fur-tout pour la mefure de la hauteur des montagnes. Ce volume eft terminé par un Mémoire fur cet objet par M. Trembley (l).

Memoria fopra il Bolide , &c. ou Mémoire fur le Globe enflammé du les Globes II Septembre ifS^^ , & fur de feu en général ; pur M. /'^WêAntonemaria Vassali, ProfeJJeur de Fhïlofophie au

(1) M. Piâet, favant ProfefTeur de Philofophie à Genève, vient d'écrire que

qui à Chamouni , efl enfin M. Paccjrd , Dafteur en Médecine , demeure parvenu

au haut du Mont-Blanc , le 8 Août dernier, accompagné de Jacques Balrtia. On les a fuivis avec des lunettes , & on les a vu plantera ce fommet un bâton avec un mouchoir. 238 OBSERVATIONS SUR LA PHVSIQVE,

Collège de Tonone , Mcmltre de la Société Agraire de Turin, A"

Turin , de l'Imprimerie Royale.

L'Aureur de cette favante DifTertation regarde ces météores comme des effets de l'éleiflricicé.

De VEleclricité du corps humain dans téiat de fanté & de maladie : Ouvrage couronné par l'Académie de Lyon, dans lequel on traite de rEleâricité de l'atmofphère , de fon influence & de fes effets fur

l'économie animale , des vertus médicales de C Electricité , des découvertes modernes, des différentes méthodes d'éledrifation & , avec un grand nombre de Figures en taille-douce ; par M, l'Abbé

Berthollon , Profeffeur de Phyfique expérimentale des Etats-

Généraux du Languedoc , des Académies Royales des Sciences dt

Montpellier , de Lyon Bordeaux , Dijon , Béliers , , Marfeille ,

Nifmes , Rouen , Touloufe , V^alence , Madrid , Rome , Heffe-

Hombourg , Laufanne ,&c, i vol. in-S". A Paris, chez Didot le

jeune, quai des Auguftins j & à I.yon , chez Bernufet, rue Mercière, 1786.

Cet Ouvrage eft connu avantageufement en Phyfique , & les Savans en ont porté leur jugement. Nous dirons donc feulement que l'Auteur dans

cette fecon.ie édition a donné beaucoup plus d'étendue à fes idées. Il confi- dcre d'abord l'éledriciré du corps humain dans l'état de lanté. Il fait voir l'influence qu'a fur lui l'éledricité de l'atmofphère, & que cette électricité

étant tantôt forte, tantôt foible , tantôt pofitive , tantôt négative, fes effets doivent également varier. Il paffe à l'état de maladie du corps, & en fuivant la diftriburion nofologique du célèbre Sauvages , il indique les effets que produit l'éledîricité dans chaque claffe de maladies. Il parle de routes les différentes manières d'éledrifer les malades , ce qui lui donne lieu de faire connoître toutes les méthodes, tous les procédés qu'on a employés , & les expériences faites par la plupart des Phyficiens. L'Auteur développe enfuite quelques vues nouvelles qu'il a fur le fluide éledrique. te Une fuite d'expériences curieufes que je publierai , dit-il , dans une j) autre occafion , m'a appris qu'il y avoir une électricité latente ^Qommt

« il y a un feu fixe, un feu principe, une chaleur latente , qu'il faut " diftinguer du feu dans un état de liberté, état dans lequel il produit >> des effets fenfibles. La lumière , le feu , l'air fixe , &c. fe combinent avec

» les corps , ou font dans un état de liberté ; de même le feu éledrique

33 eft dans les corps en un état de fixité ^ de compofition intime qui ne lui

3j permet pas de fe manifefter au-dehors, ce qui n'arrive que lorfque , a fortant de l'état de combinaifon, il recouvre fa liberté & paroît fous

3» fes apparences ordinaires ». Nous renvoyons à l'Ouvrage même , pour vcàr tout ce qu'il contient d'intérellant. ,

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 239 Mémoire & InflruUion fur la culture, Vufage & les avantages de la

racine de Dijette , iii-8°. Prix , 2.^ fols , franc de port par la pofle.

A Paris , chez BuifTon , rue des Poitevins , hôcel de Mefgrigny,

L'Aureiir de cette Brochure, M. l'Abbé de Commereil , dit qu'en Lorraine cette racine eft d'un grand ufage, qu'elle vient d'une grolleur plus prodigieufe , y en ayant qui pèfe de dix à douze livres : on en

nourrit les beftiaux , ainfi qu'on le fait en Breiïe & ailleurs avec les racines de raves; ce qui en rend la culture précicufe. La plante eft du genre des

bettes-raves: on en rrouve de la graine chez M. de la Planche , Apothicaire, rue du Roule, à Paris.

DifTertario Botanica,&:c. c\(l-à-dire, Dijfertation Botanique, contenant la difpofiiion générique des Plantes de Jena , rangées félon Linné &

les familles naturelles ; par M. Augusie-Jean-Giorges-Charles

Batsch de Jena , Docleur en Philofophie & en Médecine. A Jena chez Hellerian ; & à Strafbourg, chez Koenig , 1786, in-^ , de 6; pages.

Nous avons déjà de M- Batfch deux importans Ouvrages nouveaux fut

les champignons. La Dillerration qui fait le fujer de cette notice , offre une explication fort claire du fyftênie fexuel du Chevalier de Linné, & donne une clef artificielle pour apprendre A connoîrre les ordres & familles naturelles des plantes, par le moyen des (leurs. Neuf clalTes fuflifenc pour la difpofîtion de la méthode de M. Barfch. Les quatre premières renferment les fleurs régulières qui font les rofacées, , ordiiairemenr à cinq pétales ; les crucifères à quatre pétales; les tripétales &: les lihacées , qui ont (î.ï pérales, ou bien la corolle eft fendue en fix. Les cinq autres claffes con- riennenr les fleurs irregulières (avoir les ; , grimadères, (,'//7^i'/7/É'j ) les nionopérales, les compol'ées , les incomplettes & les cryprogames. Quant aux familles naturelles de M. Batfch , elles font au nombre de foixante- dix-fept.

TA BLE Dés Articles contenus dans ce Cahier.

des Recherches Porigine l' Alkali ^UlTE fur de minéral natifi

par M. LoKGNA , traduit de Chalien , par M. Chamhy, page 161

'Defcription du Gai^tfere , ou nouvel appareil pour faire du Gaz

inflammable pur & entièrement dzgagi d'air atmolphérlque ; par ArchiieUe M. BouLAKD , , l^ùjer-Injped.eur de Lyon , 172 , ,

210 OBSERl^ATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c.

Extrait (Tua I^'un.oin: Jur l'anrJjjC de VAlkalivolat'tL : lu à l /icadémie S:'iinces Le il par dis Juin i~l'o^\ M. Bkkthoi.lbt , 175'

Extrait d'une DtJJertation fur le fiu naturel de Pietra-Mala ; par le Comte ij. Uc i-lnZ.>UMvJWSKY, Correjpondant de l' Académie Royale

des Sciences de Turin , Ajjacié E:ratiger Libre de la Société Agraire de la même Ville ^ des Sjcté:éi Pliyfico- Médicale & Phyfique de 6" Bàle ù de Zuric , de celle des Sciences Phj'Jiques de Laujaiuiè ,

Ohfetvations fanes à Laon d'heure en heure fur la Bnufjole de

variatioji de M. CoULOME , de C Académie Royale des Sciences , & fur celle de d^cUnaifon de liu^.MDEK, pendant les années 178^ &

1785'; par le P. CoTrt, Prêtre de C Oratoire , Conejpondant de V Académie Royale des Sciences, &c. 189 Réfexions fur Teffci des commotions éleciriques relativement au genre-

kumaii ; par M. Cakmoi , iç^ Lettre à M. DE la MfciH.BiE, DoSeur en Médecine, Auteur du

Journal de P/tjyfique ; par 'M. H\sShNFKAiZ , Profejfeur de Alines Phyfique de l'tcole Royale des , aïO

Extrait d un Mémoire de MM. Vandermonde , Mange & Bertkollet ihid. Jur la fonte , le fer & L acier ,

Réflexions Jur la Sabjîance charbonnmfe & le Phlogijlique ; par M. de

LA MeTHFME , 222

Lettre de M. CaRANGEOT à M. DE LA MtTHEEIE , fur le

Goniomètre , 226 DE Ana'.yfe du Carton- Pierre ; par M. n'AsitC Servin , 227 Obfervation de M ScHÈELEjur lair qui Je dégage de l'acide nitreux

; expofé au joleil , 2 I Nouvelles Littéraires 232

APPROBATION.

J'AI lu par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour , l'Hifloire Naturelle les 6-c. titre : Ohlervations fur la Phyfique , fur & fur Ans , le La Colle.tion de par MM. RoziER , MoNOEZ jeun^ & de la Metherie , &c.

fiits importans qu'il offre périodiquement à 'es Leâeurs , mcriie l'atten-ion des Sa-

en j'eftime qu'on peut en permettre l'impreffion. A Paris , ce i6 vans ; conféquence , Août 1786. VALIVIONT DE BOMARE.

JOUP.NAL DE PHYSIQUE.

Octobre lySô".

frn&V MEMOIRE SUR LE ROUISSAGE DU CHANVRE;

Par M. Prozet, Maître en Pharmacie , Intendait du Jardin

des Plantes , de la Société Royale de Phyfique,£liifloire-Nalurelle & des Arts d'Orléans.

JLjA théorie des procédés mis en ufage dans les diflerens arts , fuppofa nécefTairement Ja connoifTance des principes conftituans des corps qui y font fournis & des agens que l'on y emploie. Pour pouvoir bien difcernet

ce qui fe pafle dans le rouilFage du chanvre, il eft donc nécelFaire de dirtinguer la nature de la fubftance qui unit entr 'elles hs fibres corticales de ce végétai.

Une routine aveugle a toujours conduit cette opération ; & ce qui prouve combien l'art eft encore peu avancé à cet égard , c'eft que l'on ne trouve dans les Auteurs qui ont traité du chanvre, aucune définition exacte du rouiflage. Le plus grand nombre ne le regarde que comme un finiple moyen de tacilicer la féparation de l'écorce de deflus la partie ligneufe: nul n'exprime l'efpèce d'altération qui opère cet effet. Cette obfervation n'a point échappé à la fagacité de M. Marcandier:

auili dans fon excellent Traité du Chanvre , pags yS , définit -il le rouiflage, une diffoliition proportionnée de certaine quantité de la gomme quille toutes les fibres du chanvre entr elles ,& de celles qui les attachent

à la paille. Mais il eft aifé de fentir que le rouillage n'eft point feulement

une (împle diffolution , ou fi l'on veut, une pure extradion de la partie celui vV gommeufe du chanvre , puifque dans que l'on pratique à fec en plein air, la féparation des fibres corticales a également lieu, quoique cependant il n'y ait aucune extradion de la partie gommeufe. qu'il M. l'Abbé Kozier , que fes lumières en phylîque & les fervices a rendus aux fciences rendront à jamais célèbre, en admettant l'exiftence & la diffolution d'une fubftance gommeufe produite par l'eau de la

végétation , attribue la féparation de l'écorce de la chenevotte à la fermentation de la partie mucilagineufe qui détruit Vadhéfion & la

Tome XXIX , Part. 11, i-]S6. OCTOBRE. H h ,

242 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cohiirciue du gluten (I). Cette altération , ou pour mieux dire, cette dcdruc'lion des parties de la gomme que les coniioiirances cliimiques de

l'ai le M. l'Abbé Rozier lui ont tait préfiimer , je démontrée. Mais gluten du chanvre n'eft-il réellement qu'une fubllance gommeufe ? Il me femble que la pouilîère qui s'élève pendant le battage du chanvre, & qui incom- mode fi fort les ouvriers, auroit dû convaincre il y a long-tems du contraire ; mais la théorie du rouiiïage eft enticrement inconnue. Pour la traiter d'une manière plus compktte, Je diviferai mon Mémoire en difFérens paragraphes. Première Question.

Quelle ejl la vraie théorie du rouijfage du Chanvre ?

Une théorie ne peut erre lumineufe qu'autant qu'elle eft appuyée tîe? expériences claires & précifes. Je tâcherai donc d'établir la nature de la matière qui unit les fibres de l'écorce du chanvre, avant de propofer mon fentiment fur ce qui fe paffe dans le rouifTage de ce végétal. Le gluten du chanvre n'eft point une pure gomme; l'eau dans ce cas, feroit fuffifante pour l'enlever eiitièremenr. Un (impie lavage dans une eau

courante , fans aucune macération préalaiile , l'extrairoir facilement, fur-tout, fi pour aider l'aétion diffolvante d'un fluide, on fouloit le chanvre avec les pieds. Le rouiffage .i l'air dans les cantons où les ruilTeaux & les feroit alors étangs manquent , une opération ridicule , puifqu'il fufhroic d'avoir un puits & d'en tirer l'eau qui diffoudroit promptement la partie gommeufe. On ne peut douter que ces moyens n'ayent été tentés , & leuc jnfufHfance en aura prouvé l'inutilité. Cette matière glutineufe n'eft pas non plus une réfine; l'efprit-de-virt qui difTout les réfines n'opère point la féparation des fibres de l'écorce du ch invre. Afin donc de pouvoir prononcer fur ce qui fe pafle dans le rouifi"age j'ai commencé par faire les expériences fuivantes.

Première expérience.

J'ai fait bouillir trois onces d'écorce de chanvre non roui dans de l'eair diftillée; j'ai pafTé la liqueur par un linge, & j'ai réitéré les décoiftions jufqu'à ce que le chanvre ne communiquât plus aucune couleur à l'eau. J'ai toutes réuni as décochions , je les ai évaporées au bain-marie jufqu'à ficcité , & par ce moyen j'ai obtenu un extrait brun qui pefoit trois gros ; l'ayant mis dans un flacon criflal de , j'ai verfé dcfTus une once d'éthec virriolique, dans l'infiant il s'eft légèrement coloré en jaune, i?c la couleur a été plus intenfe au bouc de quelques jours.

(i) Voyelle Dictionnaire d'Agriculture, coin. page 8. UI , ,

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 24.3

Seconde Expérience,

Le clianvre qui avoit fervi à cette décodlion étant fec , a été aulTi mis flans de l'éther vitriolicjue pendant quelques jours, 6c lui a fourni une légère teinture jaune. La diflolubiiité dans l'eau de la matière contenue dans Técorce du

chanvre, prouve fans doute fa nature gommeule ; mais auiïi la teinture fournie à l'éther vitriolique dénote l'exiilence d'une partie réllneufe.

Troijième Expérience.

Voulant déterminer dans quelle proportion la réfine s'y trouvoit avec

la partie gommeufe , j'ai mis dans un matras deux onces d'écorce de chanvre; j'ai verfé dellus une fulTirante quantité d'efprit-de-vin bien

redtifié, pour que le chanvre fiit entièrement couvert; j'ai fait digérer le

tout à une douce chaleur pendant vingt-quatre heures, l'efprit-de-vin s'eft

légèrement j'ai procédé comme dans l'expérience , coloré ; première c'eft-

à-dire , que j'ai féparé l'efprit-de-vin coloré &c que j'en ai verfé de nouveau fur le chanvre jufqu'à ce qu'il n'en air extrait aucune teinture.

Alors ayant réuni & filtré routes ces teintures, j'ai retiré tout refprit-de-vin parla diftillation dans un alambic de verre, & j'ai trouvé au fond de la

cucurbite une réfine qui avoit une odeur de chanvre \\ forte qu'elle en

étoit nauféabonde ; elle pefoir quarante-huit grains. Cette réfine fe dilTouc très-bien dans l'éther vitriolique & lui communique une très-belle couleur jaune. Quatrième Expérience.

Le chanvre dont j'avois extrait la réfine par l'efpric-de-vin ayant été fournis à différentes décodions dans l'eau diftillée, comme dans l'expé- rience première, a fourni par l'évaporation au bain-marie quatre-vingt-fix' grains d'extrait gommeux de & de couleur brune. J'ai verfé fur cet extraie

de l'éther vitriolique , & il s'eft légèrement coloré en jaune : preuve

certaine que l'efprit-de-vin n'avoit pas extrait toute la réfine , foit que les parties gommeufes & les parties réfineufes adhèrent trop fortement les unes aux autres, foit que lorfrju'une portion de la réfine eft extraite, les

parties gommeufes , devenant furabondantes , couvrent le peu de réfine qui refte & empêchent fon contact avec le fluide dilTolvant.

J'obferverai , relativement à ces expériences, que les ayant répétées

différentes fois, j'ai toujours retiré les mêmes produits, fi ce n'eft cependant que les quantités relatives de la gomme &i delà réfine ont varié fuivanc que le chanvre étoit plus ou moins bien nourri. En effet ,1e climat, le lerrein &: les intempéries des faifons influent fur la cor.ftituticn de ce végétal, comme fur celle de routes les plantes. Au refle, je ne rapporte

ici que les expériences qui m'ont fourni un produit moyen ; d'ailleurs Tome XXIX, Part. H, i-]26. OCTOBRE. Hh 3 0,^4 OBSERVATIONS SUR LA PEYSIQ.UE ,

il me fuffir de pouvoir bien décerniiner par l'expérience la nature des fucs

contenus dans les fibres du chanvre; or, il ma paroit démontré , d'aprts J'analyfe c]iie je piéfente, cjue la matière qu'elle renferme ell une vraie gomme rùiJv.c. D'après cette connoiiïance & celle que nous avons déjà des altérations dont la réime eft fufceptifcrte qu'il ell très-aifé gomme , je penfe d'expli-

quer ce cpi fe palTe dans le rouiflage du chanvre. En effet , l'eau dans laquelle on le met macérer doit d'aSord s'introduire dans les vaifleaux

qui contiennent la gomme réhne, ou entre les fibres qu'elle unit ; alors la partie gommeufe délayée prend le mouvement de fermentation qui lui e(t

propre. Ce mouvement inteftin l'atténue & le déconipofe ; la fibre qu'elle luiifroit doit donc être rendue libre, &, pour ainfi dire, à elle-même ; on peut donc la féparer d'une autre fibre; mais la refîne, qui unie au corps muqueux forme la fubdance gommo-rélineufe du chanvre, n'étant

pas fufceptible du même mouvement fermentatif , refte intacte , & ell dépofée fur ces fibres qu'elle colore & auxquelles elle adhère foitemenr. Pour fe convaincre que les chofès fe paflent ainfi que je viens de le dire, on n'a qu'à fe tranfporter dans un lieu où on a mis rouir da chanvre; on verra que peu de jours après qu'il aura été entaflé dans l'eau,

il s'en élève une infinité de bulles d'air qui crèvent à fa furface. Ces bulles

s'augmentent de plus en plus & entraînent avec elles , foit quelques

parties réfineufes , foit de la vafe du fond qui forment à la furface da , l'eau une pellicule allez épaifTe. Or, on ne peut douter que ces bulles ne foient des émanations gazcufes qui fe dégagent du chanvre parle mouve-

ment inteftin qui aeite les parties dont il efl: compofé. Afin de ne lailTer fubfirter aucun doute fur une théorie auflî intérelTànte,

& dont l'éviden-ce ni'étoit démontrée par une obfeivation confiante, j'ai fait l'expérience fuivante.

Cinquième Expérience.

J'ai coupé des brins de chanvre non rouis par petits morceaux ; j'en ;i fait entrer le plus polîible dans une bouteille de quatre pintes. Je l'ai remplie enfuite entièrement d'eau dillillée , j'y ai mis un bouchon de liège auquel j'avois ajullé un tube de verre communiquant fous une cloche pleine d'eau & placée fur la tablette de la cuve de l'appareil hydro- pneumatique; au bout de quelques. jours, l'abforption de l'eau contenue dans la bouteille , fut d'un douzième, elle fe colora enfuite , & .à mefure que l'intenfité de la couleur augmentoit , la liqueur fe gonfîoir & reprenoic tout l'efpace que l'abforption lui avoit fait perdre ; lorfque l'intumefcence fut à fon comble, une écume gris.ître & épaifTe couvroit la furface da l'eau ; un nombre infini de bulles d'air partoient continuellement du fond & crevoient à cette furface. lout ce mouvement qui dura pludeurs jours , ne pouvoic être fafts doute que l'tciî'gc de la fermentation , 60 je SUn. VUIST. NATURELLE ET LES ARTS. 24J ni'atteii.lûis à voir palTer Ij iiuide élaftiqiie qui fe produifoit dans la

cloche fous laquelle éroit plongée l'extrémité du fîphou ; mais mon

attente fut vaine : réfléchiffant alors fur circonftanre cette , je conçus que la quantité de l'eau que j'avois employée étant très-con(uiérable relativc-- ment à celle du chanvre, la plus grande portion de ce Haide «voit été la dilTolucion la furabondante à de partie gommeufe , & qu'alors cette eau excédente fe combinoit, ou, pour mieux dire,diirolvoit le qazà mefure

qu'il fe produifoit. L'expérience confirma nies conjeclures ; car lorfque le mouvement fermentatil fut cédé & que la liqueur eut baiflë de l'eTpace qu'elle avoit perdu avant qu'il conmiençàt, je débouchai la bouteille, 6c

en ayant retiré la liqueur, j'en remplis une cornue que je mis dans un bain de fable, 5c dont le bec recourbé fut placé fous la cloche de l'appareil

hydro-pneumatique ; ayant enfuite c'aai;fFé le bain de fable, il pallà dans la cloche une grande quantité de fluide élaflique. enfuite la J'examinai nature du gaz que j'avois obtenu , & je vis qu'il Tougiiïoit légèrement la teinture de tournefo! , qu'il rendoit l'eau de chaux laireufe & qu'il la précipitoit qu'il n'étoit point propre à la ; combuftion puifqu'il éteignoit une bougie allurrée qu'on plongeoir , y ; en un mot, c'étoit du gaz acide, craïeux ou air fixe.

Or, d'après cette expérience , il eft clair que la diminution du fluide n'a éré que l'effet de l'abforption qu'en ont faite la gomme & Ics fibres

conicales & ligneufes du chanvre, & que l'intumefcence, qui a fuivi , ne peut avoir été produite, ainli que le gaz, par le mouvement inreftin de fermentation qui s'eft excité dans les parties conftituantes de la gomme. Quant à ce que j'ai dit que la réilne du chanvre n'étant point falceptibie du mouvement fermenratil, avoit été prefqu'entièrement dépofée fur les

fibres de ce végétal , l'expérience efl: encore venue à l'appui de cette aiîertion. Sixième Expérience.

En effet, ayant fait évaporer jufqu'à ficcité la liqueur de l'expérience précédente & qui provenoir du rouiliage du chanvre, elle m'a fourni wn extrait brun & d'une odeur putride très-défagreable. Cet extrait mis dans \m flacon dans lequel étoit de l'éther vitrialique, lui a communiqué trèî- peu de couleur: preuve certaine de la très-petite quantité de réfine qu'il coiuenok. Septième Expérience,

D'ailleurs ayant mis digérer du chanvre roui dans de i'efprit-de-vin , j'ai obtenu une teinture qui verfée dans l'eau en troubloic la tranfparence iS: la rendoit laiteufe , & par l'évaporation de I'efprit-de-vin j'en ai retiré une réfine femblôble en tout à celle de l'txpérience rroiiième; c'eft ime portion de cette réfine qui mêlée & répandue dans l'air avec la pou.'lière qui provient à'd détritus de i'épiderme , eft portée avec cet élément dans les ,

245 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vé:"cii!es pvilmonaires par la trachée-artère , où elle excite ces opprefllons fullocaroires , ces toux convuKives , en un mot, tous les acciciens tâcheus qu'éprouvent les ouvriers occupés à teiller le chanvre. Mais la chlFolution & l'altération delà partie gommeufe ne font pas les feules conditions néceflaires pour opérer la féparation entière des fibres du chanvre, il faut encore que le tilîu cellulaire foit détruit. En eifet, on fait que les couches corticales des végétaux ne font formées que par des faifceaux de fibres longitudinales , qui dans leur entrelacement lailîent des cavités ou efpèces d'aréoles qui font affez larges du côté de l'épiderine & fort étroites du côté du bois ; que ces aréoles font remplies par les utricules qui conftiruent vraiment le tiffu cellulaire, dont la con- tinuité depuis le bois jufqu'.i l'épiderme joint & unit enfemble toutes les couches corticales. Ces utricules ne font qu'une expanllon des véfi-

fe prolongent rayons centre cules médullaires , qui par des divergens,du &' à la circonférence , doivent erre regardés comme l'organe digeftit des végétaux : c'efl dans ces petites véficules que le principe vitalde la plante élabore, ou, pour mieux dire, combine à fa manièie, l'eau que les vaifTeaux lymphatiques reçoivent de la terre, par le moyen des pores abforbans des racines, avec l'air & la matière inflammable que les trachées pompent dans l'atmofphère; c'etl-là que la sève fe tranfmue en un fuc propre, qui porté enfuite dans toutes les parries du végétal , p:it la voie des vailleaux propres, lui donne le goût , l'odeur , & en un mot, les différentes propriétés qui diflinguent toutes les plantes les unes (ies autres. Puifque la réunion des couches s'opère par la preffion qu'exercent fur elles les véhcules du tiffu cellulaire, l'exrraC^ion iiniple ou la defttudioa des fucsque ces utricules contiennent, u'opéreroit point l'entière fépa- ration des fibres, fi en même-tems on ne détruifoit le tiflu fin des vaifleaux qui conftituent la membrane mince de ces efpèces de facs ou veilles. Or le mouvement fermentatif qui s'excite & commence dans le tifîu cellulaire, efl feul propre à produire cet effet; car par l'expanfion du fluide élaftique qui fe produit & fe dégage, il doit diflendre & dilacérer entièrement les véficules : par conféquent chaque couche ou faifceau de fibres longitudi- nales eft dégagé des entraves, ou. Ci l'on veut, du point d'attache du lieu qui l'uniffoit à une autre couche ou faifceau de fibres. Ainfi dans le rouifl'age , non-feulement la partie gommeufe ell extraite & altérée , mais encore les véficules du tilTu cellulaire font détruites par l'expanfion qui s'excite dans le mouvement fermentatif qui opère la deftruclion des parties mucides. SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARLS. 2^7 Seconde Question.

Quels font les moyens de perfeClionner la pratique .iu rou/fflioe, fou que Copération Je jajj'e à L'eau ,foït quelle Je fajje en ptein air ?

D'après les connoilTances que raualyfe nous a foiirniss fur la nature des

parties conftiruantes du chanvre , il eft clair que l'on peut en perfedionner

Id pratique par l'emploi d'un agent qui , en détruifant le corps muqueux &C fins les réfeaux du tifTu cellulaire . puilTe encore extraire la réiine du

chanvre. Ce moyen , pour être mis en pratique, doit erre économique Se facile, & on ne peut remplir ces deux objets qu'^n ajourant à l'eau qui eft le fsul diffûlvant da la gomme, ce qui lui manqje pour ao:r fur la réilne. Il ed: étonnant que l'on ait méconnu, pour ainfi dire, ou du moins négligé de joindre à l'eau dans laquelle on fait rouit le chanvre , cefupplément que l'on emploie enfuii;e pour blanchir, foit le fil, (oit la

toile que l'on en prépare. En effet , il pft tout naturel de penfer que l'ufage

de l'alkali fixe dans le rouiflage procureroit un avantage ré=l. Il agit fur la la réiine en décompofant , ou en fe combinant avec elle ; il forme une fuvon efpcce de qui devient foluble dans l'eau , & par conféquent il peut fcrvir à en enlever cette partie tenace, qui en adhérant fortement au chanvre, le falit & le colore.

L'expérience vient ici à l'appui de ce que j'avance : M. Home (r) ayant rouir égale quantité de lin, dans trois mis efpèces d'eau différence , de l'eau dure , de l'eau adoucie avec de l'alkali , & de l'eau douce, trouva au

bout de fix jours que l'eau dure & l'eau douce étoient pâles , mais l'eau dute qu'il avoit adoucie étoit d'une couleur vive; il n'y eut qMO le lin de l'eau adoucie dont l'écorce lut huileufe au toucher. Il fit fécher une pattie de chaque paquet; celui que l'on avoit titéde l'eau adoucie étoic d'une couleur plus vive que les deux autres & paroilToit un peu trop roui ; celui de l'eau douce ne l'étoit pas fuaifamment, & ne le fut que ttois jours après ; enfin, celui de l'eau dure fe rrouvoit dans Je même état où oti l'avoir mis: il fallut plus de fept jours encore pour que le rouiiïaïre de ce dernier fût parfait, & Je Jin qui en provint n'eut jamais Je moelleux des deux autres paquets. Home n'ayant fait fes expériences que fur le lin je les M. , ai répétées

à diverfes reptiles fur Je chanvre , c'^J toujours avec le même fuccès , avec cette feule différence, que le chanvre étoit roui en bien moins de

tems oue M. Home ne l'indique pour fon lin : foit que cela provienne de la différente nature des deux fubftances , foit que la température Ai la faifon dans laquelle j'ai tait mes expériences fût plus chauds que celle

des Toiles page (1) EiTal fur le blanchiment , 368. 2^S OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans laijuelle ce favant Anglois a fait les hennés. L'alkali fixe accélère donc le rouilTaj^e, & en dillolvant la rélîne , il rend le chanvre & plus dou)f & plus fin. On ne doir point douter c]ue la divifion extrême dans laquelle fe tronve la partie réfineiile par fon union avec la goinme , ne ("oit la caufe de cette prompte diilolution. Un pourroit encore augmenter cette aftion en rendant l'alkali fixe cauiliL]ue par le moyen de la thaux vive.

Huitième Expérience,

J'ai 'rempli de brins de chanvre un grand bocal de verre, de manière brins étoieat très-prefTe's verfe pintes d'eau que les y ; j'ai delFus deux dillillée, dans lefquelles j'avois fait dilToudre un gros de pierre à cautère , l'eau recouvroit bien le chanvre. Dès le même jour ce fluide a été coloré, le lendemain la couleur étoit plus vive, le troifiènie jour elle fut d'un jaune-brun , le chanvre paroilloit alors afTez roui; le quatrième jour je verfai l'eau je le lav'ai bien dans de l'eau pure, je !e fis ficher; & ayant , la le qui n'en féparé chenevotte , je mis chanvre dans de l'efprit-de-vin , fut point coloré -, preuve certaine que la réfine avoir été enlevée par

J'alkali cauftique en même tems que la gomme iSc le liflu cellulaire avoient été détruits. J'obferverai cependant qu'ayant une fois employé pour cette expérience un chanvre très-gros & dont l'écorce étoit verte, parce qu'il avoir été cueilli avant fa parfaite maturité , l'efprit-de-vin en tira après le rouiffage une teinture très-verte; mais cette teinture verfée dans de l'eau n'en altéra point la tranfparence & s'y mêloir parfaitement. Je fis évaporer l'efprit-de-vin , & le réfidu fe trouva entièrement foluble dans l'eau, & la colora en verd. La réfine du chanvre, & fur-tout celle qui conftitue la partie colorante verte des végétaux, eft donc altérée & rendue à l'état favonneux par l'alkali cauf'ique. le aufiî La méthode du Prince de Saint-Sevère , pour rendre chanvre beau & aullî fin que celui de Perfe (i), ell encore un furcroît de preuves pour l'utiliré de l'emploi de l'alkali cauftique dans le rouilTage. Cette méthode qui confifte à faire macérer le chanvre roui dans une lelTive de foude rendue cauftique par la chaux, démontre d'une manière évidente

que Cl la téfine n'eft pas le plus puiiïant moyen que la nature ait employé pour unir les fibres corticales du chanvre , elle met cependant un ohftacie

à leur entière féparation , lorfqu'elle a été dépofée lut elles. Je fens bien que l'on oppofera contre le moyen que je propofe.Ia dilïculré de faire macérer une grande quantité de chanvre, & fur-tout l'uiipodibité de le pratiquer dans une eau courante ; mais qui eft-ce qui

(i) Journal de Pliyfique, introj. toiu. H , p?.ge 5S+. empêcheroic SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. 2^0 empêcherait de fairs des folles ou routoirs (i; dans Iciqjeiles on con- duiroic l'eau que l'on rendroit alkdline, par le moyen d'une lefïîve da cendres & de chaux vive ; une grande cuve de bois pourroit é 'alemeiit fervir à cet ufage : d'ailljurs, le peu de tems qu'd faudroit lailTcr macérer le chanvre pour le rouir, feroit une facilité pour y en foamettre une plus grande quantité dans le même efpace de tems que l'on emploie par la méthode ordinaire. Ce chanvre ainfi macéré pourroit être porté tout de fuite, ou au bout de quelques jours, dans une eau propre ou courante pour y être lavé & par -là entraîner toutes les matières qui auroient palfé à l'état favonnjux. Outre l'avantage du moindre emploi du tems S< de la qualité fupérjeure du chanvre, on auroit encore celui de pouvoir pratiquée cette méthode dans les endroits dénués d'eau, celle des puits rem|iIaceroit avec la même efficacité l'eau des ruifléaux. Dans le cas où la facilité d'une eau courante difTuaderoit de la conftrudtion d'un rouroir,on pourroit pouc accélérer le roullFage tremper chaque paquet de chanvre dans une eau

chargée d'une dofe plus forte daikali cauftique , mettre le chanvre en t33 pendant un ou deux jours, & enfuite le porter à l'eau pour achevée de le rouir. Cet entalFement donneroit le tems à l'eau alkalifée de pénétrer i'écorce du chanvre Se d'en altérer le tiiïu des véficui->s 5c U gomme réfine, au point de détruire l'un Se l'autre, en les rendant entière- ment foluhles dans l'eau. On m'ohjeAera fans doute encore la dépenfe énorme qu'entraîne- roit une grande <]uanrité de chanvre; mais outre que les frais feroient bien compenfés par l'économie fur le tems, 5: plus encore par le ])rix du chanvre qui (eroit d'une qualité fupérieure, il eft ail'é de démontrer que cette dépenfe feroit en elk-mê;ne très-peu de . En cff^c , l'expé- rience huitième prouve qu'il faut très-peu d'alkili pour rendre l'eau trèî- propre à remplir l'objet que l'on fe propofe. Une livre de potaiTe & une livre de diaux feroient fulfifanres pour un poinçon d'eau qui contient deux cens pintes ; on pourroit encore économifer en fe fervanr des cendres qui proviennent du chauffage. Six livres de cendres calcinées, ou, comme on dit, bien cuites, & une livre ou une livre & demie de chaux vive, donneroient à un poinçon d'eau qui les lelîlveroit la faculté de produire l'effet déliré. D'ailleurs, fi cette mince dipenfe étoir encore un obftacle, on auroit la facilité pour plus grande économie de garder

(i) Je ne dccri-ai point 11 forme que doivent avoir ce= routoirs, ni la manière de coiiilruire. On fent qu'elles doivent varier fuivant le; lieux ou les pays puilqu'il Iês , en exiileoù il f?roit impoffible d; les conflruire en pierres, par l:\ rareté des m.itériau>:: au relie , ui'.e fofTe quarrée liien propre , bien b.ittue, & glaifée pour qu'elle ne perde pas l'eau , eft feule fuffifante, S: n'exige pas une forte dipenfe. JevouJroiî feulement ou'elle fut un peu en pente ver; une de fes extrimitis , afin de donner l'écoulement à l'eau & faciliter fon renouvellement lorfqu'il feroit nécelTairet Tome XXIX, Pan. Il, 17S6. OCIOBRE, îi 2;o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

les kilîves des difFirens blanchillages qui fe feroient dans l'année, en les évapo'-ant & les rapprochant alîn que leur volume ne devînt pas

embarralTanr. Alors il n'y auroit qu'à les verfer fur de la chaux vive eu quantité fudifante pour que, non-feulement elle dépouiliSc l'alkali da l'acide crayeux ou air fixe, mais encore qu'elle détruisît les matières

mucides &: graflès aont il feroit furcbargé parle blaiichiirage du linge; au refte, pour achever de détruire toutes les objedlions & ne laiiler rien à défiver fur les avantages qui doivent réfulter de cette méthode de rouie le chanvre, j'ajouterai que M, le Prince de Saint-Sevère ayant calculé la dépcnfe avec le produit du chanvre préparé à fa manière, a trouvé un bénéfice de cinquante pour cent. TROISIÈME Question,

Quels font les cas où le rou'tffage à Vair ou à Veau efl préférahle à VauLre,

LerouifTageà l'air ne peut dans aucun autre cas que celui d'impoflîbilité, erre préféré au rouilfage à l'eau. En effet, l'humidité que l'a'r ou la rolée fournilTeiit, agit lentement fir la partie gomnieufe du chanvre; par con- féquent elle ne peut être délayée adez promptement & fufiîfamment pour

recevoir le mouvement fermentatif qui doit la détruire , ainfi que le réfeau vélkulairequi la contient. Ce mouvement ne peut y être que lent, alternatif & partiel, peut-être même qu'il ne s'y établit jam,i!3,& que la deftruélion de cette gomme nt'à. que l'effet des dilfolutions & des dflliccations fuc- cedfives qu'elle éprouve. Cette alrernative d'himiidité & de léchereiïeme ]îaroît un moyen infufiîiànt pour détruire entièrement le corps muqueux.

Une partie doit êtte mile à couvert par la réunion des parties réfineufes j

d'ailleurs , ces- dernières doivent s'amonceler par la d e Iruiftion lente &

partielle de la gomme ; d'où il fuit que les fibres corticales doivent con-

i'erver entr'elles une certaine adhérence , ce qui eft prouvé par l'expérience qui démontre que dans le rouillage à l'air on n'obtient jamais un chanvre audî beau & audi aifé à blanchir que par le rouidage à l'eau. Si l'on veut donner à ce chanvre les qualités qu'il auroit acquifes par le

Touilfage à l'eau , il eil indilpenfible alors d'avoir recours .î l'excellente pratique que M. Marcandier a indiquée pour pertcètionner le chanvre

roui (i) , on le rendroit encore plus parfait fi la macération qu'il prefcric

fe faifoit dans une eau alkalifée, fuivant la nréthode que j'ai propnfée.

iVlais dans le rouiflage à l'eau , que je préfère , il faut encore diftmguet celui qui fe lait dans les eaux courantes, de celui qui a lieu dans cèdes qui

font flagnames. Il eft certain que dans ces deiniè/es la chaleur qui s'excite

(i) V"oyei !e TrMé du Chanvre psg. po S: fuiy. , SUR VBIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2;i

dans le tas par la fermenration de Ja parcie gommeufe, peur altérer la coTiftinitioii des fibres corticales elles-nicnies. On fait en effet que les véqéraux ne font en entier qu'une maricre mucide qui a acqi;is plus ou moins de dureté ou de féchcj-elTe. D'ailleurs, comme je l'ai déjà obfervé, la partie réfineufe non altérée relie unie au chanvre. Dans le rouifljge à l'eau courante tout fe paffe différemment ; la fermentation efl moins véliémenK, parce qu'à mefure qu'elle s'excire par la dilTolution de la

"omme , une nouvelle eau qui afflue fans cefTe, entraîne nécefiairemi-nc toute; les parties muqueufes altérées ou détruites, certe lotion fuccédant rapidement, pour ainfi dire inftantanémer.t au mouvement fermenratif qui s'altcre, une portion de la réfine eft entraînéeà raifon defon extrême divilion & de fon union avec la gomme. Le chanvre roui dans une eait courante aura donc l'avantage fur celui qui eft roui dans une eau

ftagnante , d'être plus blanc , plus beau , & d'autant plus fort que (a fibres n'ont point été endommagées par la chaleur que le rafTement Se

la fermenration excitent dans une eau llagnanre , cetto chaleur re pouvant exifler dans un chanvre qu'une eau courante délave & rafraîchit

fans ceiTe. Il eft vrai que cette chaleur accélère le rouiflage ; mais les avantages qui rélultent de celui qui fe fdit dans une eau courante, doivent bien compenfer la perte de tems que l'on y éprouve. J'en conçois tellement l'utilité, que je voudrois même, dans la méthode que ou trois jours dans l'eau j'ai propofée , qu'après deux de macération

alkalifée , on changeât l'eau s'il étoit poflîble. Le chanvre que l'on obtiendroit feroit de la plus grande blancheur.

Il y a encore un défavantage très-grand à roinr le chanvre dans le> eaux

ftagnanres, elles font ordinairement trcs-bouriieufes ; or , le mouvement

• fermenrarif qui s'excite dans le chanvre produiQint de la chaleur , il s'enfuit un dégagement très-grand de l'air inflammable contenu dans

cette vafe. Les bulles de cet air j en s'élevant du fond à la furface,

entraînent nécefTairement les parties les plus légères de la bourbe , qui , long-rems fufpendues dans l'eau fe dépofent enfin fur le chanvre «.k le la j'habite lequel le falilfent ; je connois un canton de province que dans

chanvre eft prefque noir , parce que les payfans le font rouir dans un

ruiflëau trcs-vafeux , & dont les eaux n'ont point de mouvement. Va particulier a cependant trouvé le moyen de parer à cet inconvénient, en

commençant par faire un très-bon lit de paille fur lequel il place fon chanvre & qu'il entre-mêle couche fur couche avec de la paille. Par ce

procédé rrès-fimple, il eft parvenu à a'^^r du chanvre blanc; il eft vifible

qu'en multipliant les furfaces, il a paré à l'accumulation de la valè fut fon chanvre, peut-être même auflî une partie de la refîne du chanvre lui-même s'eft-elle portée fur la paille.

Tome XXIX, Pan. U , 1786. OCTOBRE. li 2 2;2 OBSËRTATIONS SUR LA PHYSIQUE. Quatrième Question.

} atirou-ll quelque maniirc de préi'enlr Vodeur défagréable & les effets nuijil'les du loiiijjage à Veau ?

L'ndeur qu'exhale le chanvre qui rouit pravienc des gaz acides crayeux & infldiniiiabies qui fe dégagent de toute matière végétale ou animale en

fermentation ; d'où il (Lit qu'il eft impofllble d'empcciier ces émanations, des que l'on loumettra une certaine quantité de chanvre au rouifTage dans des eaux Gagnantes; les \apeurs qui s'élèvent de la vafe de ces eaux ne peuvent que fe multiplier toutes les (ois que l'on y portera de nouveaux germes de putréfadion. On peut à la vérité les diminuer en ayant bien foin d'effeuiller le chanvre, mais on ne peut les corriger.

Le meilleur moyen d'éviter ce'; exhalaifons , feroit de faire rouir le

chanvre dans l'eau aiguifée par l'alkali cauflique , ainh que je l'ai indiqué. La diilolution prompte de la fubfl-tnce gommo-refineuCedu chanvre,

qu'elle opéreroit , eft ians contredit le plus sûr préfervatif. D'ailleurs, l'alkali comme anti-fceptique oppofe un obflacle infurmontable à la

fermentation j'ai ; eu la preuve de ce que j'avance ici dans mon expé- rience huitième; quelqu'attention j'aie apportée à ce qui s'y paffoi; je que , n ai vu aucun mouvement dans la liqueur; la dilTolution s'eft faite fass

dégagement d'aucjn fluide élaftique , & l'eau du rouifTage qui a été

très-prornpt , nexhaloic aucune mauvaife odmir. Le rouilTage à l'eau courante, me paroît encore un moyen in''aillib!e contre les inconvéniens que l'on cherche à prévenir. La fubflance gom-

meufe entraûiée dans l'inflant rriême qu'elle s'altère, ne peut pafTer à la putréfaiflion & fournir par fa décompolition entière des miafmes putrides qui infedlent l'acmofphère. Conclusion.

L'expérience étant le feul guide.que j'ai fuivi,]'e penfe avoir démontré pa; elle, 1°. que. le rouifTage n'ell autie chofe qu'une opérarion par laquelle on détruit l'adhéfion des fibres corticales enrr'elles, en fe fervanc

de 1 eau pour exciter dans la gomme un mouvement fermentatit qiii la

décomprfe , tandis que l'expaiifîon qui en eft TelFet déchire & détruit les véficules du tiflu cellulaire, dans leTquelles certe gomme eft contenue. 2°. Que le chanvre conter.antjjne matière réfineufe intimement unie

à, la partie gonimeufe , le meill^w moyen d'en perfedionner le rouifTage feroit d'aiguifer l'adlion de l'eau par celle de l'alkali cauftique , qui lemplifTant toutes les conditions nécefTaires au rouifTage procureroic

encore un plus grand avantage par la dilTolution entière de la réfine , !k par une fuite nécelTaire plus "de bkncheur & de finelTe au chanvre. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 25-3

5°. Que dans (a pratique ordinaire le rouiffage à l'eau courante eft préférable à celui qui fe pratique à l'ait ou dans une eau flagnante, parce qu't'ii réuniiïant tous les avantages des deux autres, il n'eft fujet à aucun de leurs mcoiivéniens.

<^°. Enfin, que l'emploi de l'eau aiguifée par l'ylkali cauflique, joint encore aux avantages que j'ai fait cor.noître celui de prévenir l'odeur déragréablej& les effets nuiiibles du rouillage à l'eau pure & (tagnante. MEMOIRE

SUR L'A C I D E 1' H O S P H O R I Q U E.

Confidàc comme partie compofante du Bleu de Berlin ;

Par M. \f' E s T R u M B.

VjRArGNANT qu'on eût de la peine à répéter mes expériences pont obtenir \e fiderum du bleu de Pruife, je me fuis cru obligé d'indiquer les moyens les plus l]mple«. (1) Gn verfe fur une once de bleu de Prufltf que l'on a préparé fv)i-mcme , quatre onces d'huile de vitriol

rertifiée. Au moment d'attcucliement de ces deux corps, il s'excite un bouilloniiement très-conlidérable accompagné de chaleur & d'un nuar'e extraordin.ii'e de vapeurs, dont l'odeur eft fort défagréable. Le bleu

devient gris à fa furface : verfant enfuite de l'ea'i fut ce mêlante, la tout devient d'un bleu fupevbe. On expole le vailieau fur une coupelle de fable, pour chaffet l'acide vitriolique fuperflu par un feu crradué. Pendant ce tems on remue la matière avec un tuyau de verre , pour la bleu foit touché dais toutes (es parties par l'acide que vitriolique , & qu'il foir déphlogiftiqué. L'acide s'en (épare en partie Rius forme d'acidd

vitriolique pur , en partie fous forriie d'acide fullureuv; le bleu prend celle d'abord une couleur noitâire , puis d'un gris-blanc, & à ia Ç\a

déviant entièrement blanc; on verfe un peu d'tnu diltilleè deilus ,?>: toiic fe diiïbu- , excepté un peu de poudre grisâtre; on filtre la difJblution '

q.'i eft bien brune, & on la verfe dans dix à quinze chopines d'eau diftillée-,

il fe précipite pour lors du fiJcrum bien bea i & bien blanc. J'ai intiiqué ailleurs la manière de retirer l'icide phofphorique .du (Idcrum, nie fuis fervi une fois du bleu de PrulTe de préparé Je M. Schéele ,

avec le fel alkalin , le charbon de bois, le fel ammoniac & le vitriol de rpars. Ce qui m'apprit qu'il faut maintenant aufli chercher ncut-crie l'acide phofphorique dans le charbon & le fel aikali. Outre cela nous voyons ici que le bleu de Biiiin attiiiciel ne dillcre pas du naturel, en te ayt. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

que le premier çoinieiu facide pholphorique , & le dernier l'acide de

bleu de PruiFe, comme M. Scliéele le dit quelque part , mais parce que de artificiel ell plilo',;ili:on le bleu Berlin plus riche en , & par-là plus indifToluhie que le naturel. (2) On brûle une once d;; bleu de Berlin bien

pur dans un creufet neuf ; il s'en dégage une très-grande quantité de fsl

alkali volatil : lorfque la couleur bleue eft difparue & que la chaux efl

devenue entièrement rouge , on ôce le creufet, la chaux pefera pour lors une demi-once. On la jette dans un mélange de deux dragmes d'huile de

vitriol bien forte , & d'une demi-once d'eau diftillée ; tout fe difloudra en une liqueur brunâtre, laquelle filtrée, fc verfée dans une grande maffe d'eau diftillée, laifîera précipiter le JiJcrum. Si dans l'un ou l'autre

procédé \t fiJcrum ne fe féparoit pas tout-.î fait , on peut ajourer un peu d'alkali minéral aéré juftr.i'à ce'qu'il paroifTe une chaux jaunâtre.

Du zinc & du fer précipitent aufli le fidenim , mais le premier fous forme d'une chaux blanc-jaunâtre, & le fécond comme une chaux rouge, où font formés des feuillets noirs qui font prefque métalliques', l.e phlo-

giftique qui fe fépare des métaux , monte en forme de très-petites globules

d'air .1 travers la liqueur. J'ai dit que l'acide du bleu de Berlin de M. Schéele contient de

l'acide phofphorique , de l'alkali volatil & du phlogifton ; de plus j'ai dit que l'on peut s'en aflurer en ledillillant fur la chaux eauflique ou fur de l'alkali cauflique bien pur. Du refte on peut donner par cet acide trois à quatre différentes couleurs au fer. (i) C)n mêle avec quelques onces

de cet acide 5 la diffolutinn de vitriol de mars bien pur, le mélange devient

brun, fans aucune précipitation ; l'alkali végîral en précipite le fer coloré en bleu. (2) On ajoute au même aride, la diiïolution de la chaux de fer

par l'acide iiitreux , le mélange devient "moins brun ; l'alkali volatil cauftique précipite le fer coloré en verd. (^) Si l'on ajoute au mélange

( 1 & 2) quelques onces d'acide nitreux pur, le mélange devient rouge de

fang , & le fer fe précipite par les deux alkalis , en verd. (^) Expofe-t-on

le mélaige ("5) au foleil, il devient tout-à-fair blanc, & le fer fera précipité

par l'alkali fixe , fous la couleur brune, (y) Si l'on expofe ce mélange dans la une coupelle de lahie , & qu'on chaffe par chaleur l'acide nirreux , & avec lui en partie le phlogiftique, le ter peut être précipité par l'alkali végétal fous couleur blanc-jaunâtre. De tous ces précipités on retire le Jiderum. On mêle (Ix à huit onces de l'acide de bleu de Berlin de M. Schéele

avec demi-once d'alkali minéral & quatre onces d'acide nitreux ; on fait

évaporer par l'ébullition l'acide & le phlogiflique , on précipite par du mercure diffous dans l'acide nitreux, on lave le précipité, on le sèche,

on le nicie avec de la poulTière de charbon , & on le dillille , .& l'on aura la meilleure preuve de ce que j'ai avancé , que le bleu df Berlin contient de racide phofphorique. ,

SUR VEIST. NATURELLE ET LES ARTS. ay;

Il eft très-extraordinaire, que l'acicie phofphoric^Ud , d'aille.irs très- fixe, fe vola-ilife dans la combin^ifon avec du fel alkali volatil Se du

Dhloî;i(lon. Je pouvois encore ajouter quelques teniarques , mais je les réfcrve pour un Mémoire plus confidérabJe. Du rcfte , je CHiliaiterois que l'on fît plus d'attention à un acide aulll généralement répandu -, car je fuis sûr qi:e beaucoup de prétentions, beuucoupde nouveaux acides, beaucoup

de l'.ouveaux métaux difj.'apcîtront , h. nous fommes une lois à même de

pouvoir déconiDofer toi;; ces nouveaux corps. Et fi ce n'étoit pas trop

Iiardi, je dirois ici que l'on peut tirer l'acide phofphoiique du charbon végétal pat là combuftion avec de l'alkali.

DE LA TERRE DE LA RHUBARBE,

Qui se rencontre dans plusieurs Végétaux;

Pur C. V, SCHÉE LE.

tl 'A [ prouvé danç les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences cor.tittiic du premier trinieftre de l'année paillée , que la racine de rhubarbe toujours un fel infoluble dans l'eau, que j'ai appelé [erre de rhubarbe. & oui eft une combinaifon de l'acide oxalin & de la chaux. J'ex'aniinai enfuite plulîeurs racines ofTÎcina!es-&: différentes écorces , & je trouvai que quelques-unes d'elles contiennent la même- efpèce de terre. Mais comme la plus "rande partre n'en tiennent pas en fi grande quantité que la rhubarbe, je me fuis fervi d'une autre méthode paur en féparer la terre. l'acide Je les coupe 5c les écrafe chacune féparélnent ; je verfe delfos de filtre marin étendu d'eau , & je ItS iaille quelques hennés en digellion. Je la dillblution & la larure d'alkali volatil cauilique. Si le végétal tient de cette terre,- elle eft dilfoute par l'acide &C. précipitée par l'alkali. Les racines & les écor'ces fous-mentionnées font celles qile j'ai traitées de cette manière: celles qui (ont précédées delà marque -J-, contiennenc de la terre de rhubarbe, les autres n'eu contiennent pas.

Racines, De çuimauve , -)- d'or.canette , d'angelique , d'anthore ,

-4-d'ache, d'arum, d'aiiftoloche ronde, de cabaret, de bardanne , àt '^^ la la grande biftorte d'Angleterre , du rofeau arc natique, -+- cavline , chicorée de la benoite , de la grande chelidoine , de la fquine , de la , de cinoglolfe, Iq c;r3nde tonfoude, du contrayerva , -i- du cufcumi , du d'aulnée, de fouchet long & rond ,-1- de dicbme blanc , de doronique, gentianne blanche d'éfule , de fougèie , -H de fenouil , de galnnga , de , d'ellébore noir, -t- de i>,entianne rouge , de gramen , d'ellébore blanc , patience 4- d'aiclepias, dejalap , d'inipératoire , d'ipécjcuhana , H- de ,

2y6 OBSERTATIONS SUR LA PHYSIQUE,

i -4- rhabnba faiivarre , de livêche, M- de régi (Te , de mandragore, di

, Hanche ou mechoacan -{-d'arrête-bœuf épineux , d hcibeaux reigneux , -+• d'ids de de perfil , de pinprenelle, de pivoine j de polypode , de Florence , -J- d'iris du pays , de pirêtre , -h de rhubarbe de Suède,

, Icilie, de bois de Uhcde,-4-de f.iponnaire , de falfepareiile -h de vipérine -4- l'u fcorçonaire , de la grande i'crophulaire , de poligala , de , la ton-.ienMlle du tullilago fceau de Salonion , du pilTenlic , H- de , , -i- de la valériane, delà vidorial, de la reine des prés,-Hde la zeduaire » •+- du gingembre.

Ecorces. -\~ De berberis,-f- de la cafTe , -H de la canelle blanche, la -+- de la cannelle •+ de la cafcarille , 4- du gérofie , -f- de fquine , -+- -\- frangula du frefne -+- de ordinaire , de culiiai'a , du , -f- , caflia chêne de faule -(- de fureau, çrenade , de <;arou , -H de , -f-de , ,

-+- gayac de falTafras , d'ormeau. ^ de 'fimarouba , de , -f- Objervaiion. L'écorce de gayac & celle de frefne contiennent à leur furface de la chaux farurée d'air fixe, de manière qu'elle fait efFervefcence lorfqu'on la traite avec les acides.

LETTRE

t D E M. D O D U N ,

Jnfpecleur des Ponts & Chauffées de la Province de Languedoc , au

Dépanement de Caflelnaudary ;

A M. D E LA M £ T H E R I E.

s I E u R Mo N ,

•. . . . 1 . Si après l'obrervarion fuivie & répétée dont je vais vouS'

rapporter les faits, .il ed encore des Naturalises alfcz incrédules pour

reilifer de voir avec le favanc ProfefTeur de Genève dans le granit une locbe compofée de diffiirens crillaux aglurinés.par la feule attraction de leur molécule, qu'ils viennent obferver le fommet de la montagne

Noire: c'efl-Ià que je leur ferai toucher les roches primitives & agrégées ferai pafier par des gradations dont la criftallifation tft (î diflinde ; je les prefqu'iiifenfibles des granits de formation première à des granits fecon- daires en raifon inverfe des hauteurs & des dirtances; je leur montrerai dans ces roches mélangées à grandes parties qui fornient le fommet, les quartz crillallifés d'une m:inière à être toujours reconnus unis aux

5c fi jufqu'à préfent on ne triftaux de feld-fpath , de fchori & de mica ; les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. syy les a point apperçus, c'eft que fans cloute on les a cherchés dans des granits de formation fecondaire. J'appelie ainfi Jes roches agrégées conipofées des mêmes parties intégrantes en petits grains, qui doivent leur nailfance à des granits plus élevés , dont les eaux en charriant les fables auront atténué les parties , de conféquemment brifé les formes premières. Il eft donc très-difficile de diftinguer dans ces débris des premiers granits des caradères nets d'une vraie criftallifarion : nous ofons cependant avancer qu'avec de l'attention , la loupe à la main , ôc les différentes figures des criftaux de quartz bien préfentes , on auroit fouvent alfez reconnu les diverfes fedions pour pouvoir prononcer fut leur forme; l'on auroit ainlî vu qu'une grande partie des quartz donc

(ont compofés les granits avoient appartenu à des criftaux réguliers , ou du moins dont la figure criftalline eft évidente. Les granits qui forment le fommet de la montagne Noire, font

compofés de quartz , de teld-fpath , de mica , & de fchorl noir prifma- tique,le plus fouvent à grandes maffes. On peut nommer ainfi des roches

agrégées dont les criftaux de feld-fpath d'un beau blanc de lait , ont jufqu a quatre, cinq & (îx pouces de longueur, trois à quatre de largeur, un pouce & demi d'épaifleur. Nos quartz avec lefquels ils font fouvent à égales parties, font vitreux, tantôt d'un gris bleuâtre, tantôt rougeâtres, quelquefois colorés par la chaux de fer. Si on obferve avec attenticn la fubftance quartzeuze des criftaux que ces maffes renferment fous diffé-

rentes groffeurs , on la trouvera de la même homogénéité que la gangue : &c alors on reconnoîrra aifément que lorfque le calme des élémens permit l'union des parties intégrantes , il dut fe former des crifta'ix dont la fubftance dut être la même. J'ai rencontré ces criftaux fous différentes figures, mais le plus fouvent à une feule pyramide, la féconde étant ordinairement engagée ; quelquefois auflî le prifme intermédiaire efl: fenfible; mais en général les uns & les autres font très remarquables, en ce qu'ils font chargés de ftries horifontaies fous la forme de petits trapèzes linéaires qui les embraffent jufqu'au fommet. Ces ftries font l'ouvrage du feld-fpath dans lequel ces criftau^ font toujours enchàffés

& avec lefquels ils ne font qu'un même corps. Il n'y a ici aucune cavité, aucune géode, qui puiflent faire foupçonner que ces criftaux quartzeux

aient pu fe former à la manière des ftaiadires; tous les granits en font

farcis , les criftaux de feld - fpath en contiennent foi;vent des petits. La date de leur formation doit remonter à l'époque où un fluide immenfe tenoit en diffolution les différens principes falins qui ont dû former le granit: les molécules lamelleufes du feld-fpath vinrent

criftaliifer enfuite , Se s'appliquant fur les criftaur de quartz dont la

çonfiftance étoit encore très-tendre , fe mouler fur le criftai quartzeux,

recevoir ni la fois l'empreinte de fes molécules fimilaires c\' lui donner fon effigie. J'ai dans mon cabinet un échantillon de granit fur lequel oa Tome XXIX, Pan. Il, 1786. OCTOBRE, Kk 2;8 OBSERr.^TIONS SUR LA PHYSIQUE, voit les criftaux de quartz. J'en ai dedîné un hors de fa gangue; on y remarque les ftries qui le ceignent de la bafe au fommet ; ces (tries font l'effet de gradins dont les arrêtes feroient adoucies ; on voit le moule creux ou l'empreinte que le feld-fpath a reçue, fur lequel le plus léger trait eft fendble. Je trouve fouvent ces criftaux grouppés, fouvent aulli ifolés dans leur matrice , Si ne compofant jamais qu'un même corps avec la crillalli- lation du relie de la malfe , femblable en cela aux porphires avec lefquels fans doute on ne les aiïîmilera point : on peut en général les dégager de leur moule de feld-fpatb, ou par le choc, ou par un feu gradué; ce dernier

moyen efl le plus sîir , quoi(]u'il ne réulTllFe pas toujours. J'ai des mor» ceaux où on diftingue un crifhl de felJ-fpath brifé, des criftaux de fchorl noir prifmatiques , les uns brifés , les autres entiers ; enfin , le mica blanc criftallifé en feuillets rhoinboïdaux réguliers (l). Dans ces tems de mort où les eaux couvroient toute la terre, Se où les premiers élémens de notre globe étoienç balottés l'un fur l'autre & boule- verfés avec fureur Si violence , il fallut fans doute bien du tems à la nature pour arriver aux premières formes. Ce ne fut peut-être que lorfque le s'opéra calme vint infenfîblement fuccéder à l'orage affreux , que la criflallifation. Deux caufes me femblent être les raifons qui font qu'on ne trouve point le granit généralement criftallifé dans toutes fes parties. La première, c'eft que la fuperficie du fluide dont la criftallifation fut la dernière , comme étant le jouet des élémens furieux, nia pu jouir d'un repos adez tranquille pour laiffer prendre aux difFérens fels dont elle

étoit farurée la forme qui leur étoit particulière , Si conféquemment que forcés de fe réunir en vertu des loix réciproques de leur affinité , toujours troublés dans leur opération , ils n'ont pu créer que des mafles irrégulières.

La féconde caufe , c'eft que dans ces tems d'horreur, origine de la nature vivante, ces criftaux ou réguliers ou informes, ayant éprouvé de nouveau par des révolutions fucceftîves des chocs , des ébranlemens dont on auroic

peine à fe faire une idée , ont été attaqués, fapés,& leurs débris balayés au loin , & fouvent remaniés par les eaux , ont formé de nouvelles roches agrégées qui, comme on voit, ne peuvent plus offrir , ou très-rarement, dans les granits fecondaires à petires parties , leur première figure dans la fubftance quartzeufe dont les criftaux étoient peut-être très-gros, & donc nous ne voyons plus que les débris; j'opine d'autant plus fur cette opinion, que les criftaux du quartz font entièrement de la même homogénéité que

(r) Il n'efl pa<; rare de trouver dans desrTia(re<; de granit le feld-fpath criflallilèavec le quartz ou crifîal de roche & le mica. J'en ai (ouvent trouvé dans nos montagnes du

Beauieolois & du M.iconois. J'en ai même quelques morceaux; & il n'efl p'.us Je Naturalises aujourd'hui qui doutent que le granit n'ait criftallifé dans le fein du eau.>c. ]S'ote Je M, de la Metherk. SUR L'HTST. NATURELLE ET LES ARTS. 2)!> la gangue q'Jarrztfufe. C'eftun quarrz demi-diaphane d'une calTure vitreufe, gras & oniitueux au toucher, donc la crillallilation , dans la lubflance quartzeule ou dans le teld-fpath , n'ell jamais bien régulière ; les formes en font toujours altérées , i'opéraiion criftalline femble avoir été gênée par le flux des niaiicres Iretérogdnes environnantes : au lieu que les molécules du feld-lpath , du mica & du fchotl étant plus alongées , moins volumineufes, moins denfes, moins caiFantes, & conléquemment moins expofees à la violence des élémens, durent fe conferver plus long-tems, & Ce reproduire avec bien plus de t'aciliré C^ beaucoup plus (ouvïn^lous leur première forme criltallme. Chacine d'elles s'arrangea félon fa pelanteuc fpécihque. Mais craignons qu'on ne nous acculé de vouloir donner trop de poids à un fentiment peut-être trop prématuré, en inlîllant davantage fur nos moyens ; attendons que les Nituralilles aient vérifié par-tout la vérité de cetteobfervatioii pour prononcer (ur le (yftême. Didnis (eulemeiit qu'il ne nous paroîr y avoir aucune raifon de croire que nos granits foient plus privilégiés que ceux des autres lieux , i?c que nous penfons qu'on trouvera les mêmes effets dans tous les granits de premicre formation agrégés à grandes parties, .*<<: que ce feroit avec peine qu'on ne les cherche- roit que dans les fecondaires qui ne font que les détritus des premiers réunis par le premier agei t de la nature , Teau , Ik aglurinés par la feule attradtion de leurs molécules. En général, les granits de féconde formation nous paroidenr être aux primitifs ce que les roches mixtes compofées de grandes parties font aux pierres compofées de leur table dont les eaux en les charriant fe font faturées des mêmes fels qu'elles y onr dépofés, 6J ea ont ainfi roriné le gluten qui les a réuni;. La nature employant par tout

les mêmes moyens , c'efl dans les effets qu'elle opère (ous nos yeux, que nous pouvons découvrir ceux qu'elle a mis en ulage dans ces rems éloignés

oîi nos idées fe noient. Je finirai cette Lettre, qui eft peut-être déjà trop longue, en vous faifanc part, Monlicur, d'une nouvelle criltallifafion du teld-fpa'h que j'ai trouvé parmi nos granits, & dont Al. Rome de Lille n'a point parlé. Le morceau repréfenté,_/7^. J ^planch. J, eft le feul qui me foit tombé fous la main allez

confervé; mais |e prélume en rencontrer d'autres, puifque |'ai trouvé plufieurs fragmensde la même variété; & je le déiîre d'aurant plus, que l'échantillon dont je vous offre le dellîn eft brifé au point de ne pouvoir prononcer avec alfurance fur fa figure. Je conjecture cependant que c'eft un prifme exaëlre de feld-fpath engagé dans la moitié de fon épaifleur. Sa couleur eft d'un beau blanc de lait, aind que le font généralement toutes nos roches de ce genre. Sa plus grande longueur eft .de deux

pouces & deuii , & fa largeur d'un pouce & demi , & fon épailTeur de cinq

lignes ; il eft dcffiné comme nature , 6c l'échantillon du granit l'eft aulli fous les mêmes proportions. Toutes les faces du prifme font adoucies & Tome XXIX, Part. Il, 1786. OCTOBRE. Kk 2 25o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

il linéaires, taillées en bifeaii : far chacune d'elles y a nombre de trapèzes d'inégales largeurs, msif toujours parallèles à chacune des faces. Ces trapèzes fe furmontent réciproquement , & forment des efpècesde gradins qui, en divifanr un peu les arrêtes du prifnie , augmentent en largeur en approchant du defl'us. Cette criftallilation me paroît tenir de près à la première variété de la première efpèce de M. Rome de Lifle, { Cviftallog.

dont les trapèzes linéaires répètent ici la figure ; mais roni. H , pag. 4.61 ) elles en diffeient en ce que ces mêmes trapèzes linéaires en font un criftal charmant , où l'art paroît au premier conp-d'œil avoir eu plus de part que délicatelîé. Peut- la nature , & dont le dellin a de la peine à bien rendre la crre bien n'eft-ce qu'une modification intermédiaire de la première tdpèce de M. de Lifle. On trouve au relte ici toutes les variétés dont ce très- favant Naturalifte fait mention. J'en ai rarement rencontré de foUtaires bien confervés; ils adhèrent toujours à leur gangue. Je dois ceux que je pofsède aux moyens que j'emploie pour les dégager des quartz avec feld-fpatb Jefquels ils font unis ; & je me fuis ainfi procuré des crirtaux de depuis un pouce jufqu'à cinq & fix pouces de longueur. Nos roches pri- nos mitives contiennent auiïi du fchorl fous forme prifmatique noir ;

(Iriés il en a de micas y font criftallifés en feuillets exagones fouvent ; y criftaux blancs , de roux & de noirs: j'en ai qui ont reçu l'empreinte des de quartz, comme le feld-fpath déligné ci-devant» &C qui lui a égaiemenc appofé le fceau de fes molécules lamelleufes; mais plus fouvent j'ai trouvé nos micas criftallifés en feuillets ma (Tés rhomboïdaux de la forme la plus régulière. M. de Lille ne dit rien de cette dernière figure du mica: elle me paroît être cependant la primitive comme étant la plus fimple, &C l'exaoone n'en eft peut-être qu'un dérivé qui doit fa forme à la troncature- des angles aigus du lofange , & alors cette figure feroit ou accidentelle ou une variété de la forme rhomboïdale.

J'ai l'honneur d'être , &c.

A Cajîclnaudarj , ce 14 Juillet l'jSô. SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2.C1

EXPÉRIENCES SUR LA CONVERSION DE L'EAU EN AIR;

Traduites de VAllemand de M. Westrumb, par Madame PiCAEDET (I).

A L réfulre des obfervarions de; plus grands Pliyfîciens que l'air le plus pur n'ert l'eau que de intimement unie au feu fpéciffque , èi qui par certe union participe de routes les propriétés qui diftinguent l'air des autres fluides. Je conçus il y a quelque tems cette idée, d'après les expériences des autres & les miennes propres, & j'elFayai de convertir l'eau en air. J'ai iuivi pour cela le procédé employé par M. Prieflley pour chanr^er l'acide nitreux en air vital, & l'efjrit-de-vin en gazinflummalile, efpéranc que la vapeur ds l'eau fe changeroir en air vital en pafTant par un lonc tuyau déterre incandefcent. L'opération réullît très-bien ; car , quoiqu'il s'échappât une alTez grande quantité de vapeurs aqueufes à travers le lue

&: dans un endroit du tuyau qui n'étoit pas rouge, cependant j'obtins , de deux onces d'eau pure, une quantité d'air qui furpaîToit au moins liuic fois le volume de l'eau; mais contre mon attente, ce n'étoit ni de l'ait vital , ni du gaz inflammable , ni du gaz acide méphitique , mais de l'air nuifible. Au ccnimencenient je ne pouvois me rendre raifon de cet ctFet ; mais ayant confiJéié que la craie & l'argile phlogiftiquent toujours l'air

]e plus pur , & que le lut qui réunifToit le tuyau à la cornue , & ce ruyau lui-même par lequel je forçois les vapeurs de palTer, étoient compofés de ces deux corps , il ne me tut pas difficile d'en trouver l'explication. Quoique le réfultat de l'expérience n'ait pas été comme je l'attendois, 1°. elle prouve néanmoins, à ce que je crois , que l'eau en s'unifTantau feu fpécihque, peut tort bien être convertie en air; 2°. que l'air entraîne toujours avec lui quelque chofe des vaiffeaux & des fubflances dont on le fépare,d'oii proviennent les différentes propriétés qui diftinguenr les diverfes efpèces d'air; 3°. cela indique aullî la railbn pour laquelle M. Lavoifier obtint du gaz inflammable lorfqu'il fit pafTèr la vapeur aqueufe par un tuyau de ter incandefcent. Ce gaz venoit du tuyau de fer calciné , & étoit produit en partie par l'incandefcence du tuyau , en narrie par l'air formé de l'eau , en fuppofant que l'eau puiffe fe changer en air. Car je ne'puis abfolument penfer que les parties confticuantes de l'eau

part, ^1) Crell, Chemljche annaUn , 1785 , u. 5^2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; fuient le gaz inflammable & l'air viral. Je crois au contraire que le feu fpécifique qui moJifioit l'eau en air piir,e(l employé dans la combuftion i\ un mélange d'air pur & de gaz inflaniniahle, à la léparation & décom- pofîtion des parties conftiruantes qui avec l'air viiai formoienr le gaz inflammable ; enfin, que le feu fpécifique fe perd avec eux à travers les

des vaifleaux, la pores comme matière de chaleur ( queLiu'idée que l'on veuille prendre de ce fluide) & qu'ainli l'eau rcfte dc^j^ée des deux elpeces d air.

Il me parur que le fluide aériforme produit par l'eau étoit au fjrplus permanent ; il traverfa l'eau : s'il n'avoir pas été permanent , il fe feroic condenfé en gouttes , pjiifque je fis l'expérience au plus grand froid , & je n'aurois point obtenu de fluide élaftique , du moii-s fur la fin de l'opération , ni même dès que les vaiffeaux ont été certainement vides d'air. Je fais bien que M. Prieftley a fait en préfence de M. Kii''Win une expérience qui prouve que l'air oui environne le vaifTeau peur pafTer pat fes pores lorfqu'lls font ddatés pat la chaleur , ik je foupçmnai que l'ait

que je regardois comme produit par l'eau , pouvoit être entre de la même manière dans ma cornue de verre. Cependant je crois devait publier cette expérience, parce que l'on ne voit pas dans le Mémoire de

M. Kir-wan fi M, Prieftley a employé dans la fieniie une cornue de verre. J'aurois volontiers répété cette expérience, enemployanc des vaiffeaux plongés dans le mercure; mais ma lltuarion ne m'a permis que rarement l'ufage de cet appareil. J'invire les Phyficiens qui en font en polfelllon

à la répéter , s'ils jugent qu'elle mérite attention. Je confeille encore de faire paffer la vapeur aqueufe par un tuyau fait d'un rriétal parfait, parce qu'il altéretoit moins l'air.

DE LA PRODUCTION DU GAZ INFLAMMABLE

PAR L.\ VAP£Ua DE l'EaU ET LE FeR , ET DES DOUTES ÉLEVÉS

A CE SUJET ;

Traduit de VAllemand de M, Klaproth-(i) , par Madame Picardet de Dijon.

JLjE Journal de Phyfique de M. Rozier (2) a publié un extrait des remarques de MM. Giorgi & Cioni , Médecins à Florence, fur ce que MM. Lavoifier & Meufnier ont appelle ïanaljfe de Ceaii. Les premiers

(i) r.rell , Chemifche annal. ii%6 , pan, }. {%) Juillet 17SÎ. ,

SUR VHIST. NATURELLE ET LES JRTS. 253 nient qu'il y ait produdion de gaz inflammable lorfqu'on fait pafTer la vapeur de l'eau par un tuyau de fer incandefcent , & fe propofent de publier fur ce fujec un Ouvrage, parce qu'ils prétendent n'avoir jamais obtenu qu'une efpèce de Huide aéjifornie qui n'étoit pas inflammable, mais un air moyen e.itre l'air cominun & l'air vital ; mais ces Phylicicns n'ont sûrement pas bien opéré, car j'ai vérifié, ainfî que bien d'autres, par mes propres effais , l'exaditude de l'expérience de M. Lavoifier quoique je fois bien éloigné d'adopter la théorie, & de croire qu'il y ait déconipolition de l'eau. Il y a long rems que j'ai regardé le gaz inflam- mable , qui fe forme ici , de la même n'.anière que tout autre , comme de pur phlogiflique uni par l'intermède de la chaleur à la vapeur de l'eau dans un état d'expanlîon extraordinaire. Maintenant, fi on fait paflèr de l'eau par un tuyau de fer incandefcent ou par un tuyau de verre ou d'argile, rempli de lames de fer rougies ou de charbons ardens, alors la vapeur de l'eau échauffée fe raréfie avec le phlogillique que l'incandefcence difpofa

à fe dégager du fer , des charbons , Sic. & en forme une efpèce d'air permanent , qui efl le gaz inflammable ; au contraire la vapeur aqueufe pure échauffée perd la raréfaction aériforme auflî-tôt qu'un corps froid lui reprend les parties de feu. Alais Ci la vapeur aqueufe efl pareillement faturée par de pures parties de feu , ce qui arrive quand on fait pafîer l'eau par un corps incandefcent de qui elle ne peut recevoir du

phlogiftique , alors il ne fe forme pas de gaz inflammable , mais une efpèce moyenne d'air vital. MM. Giorgi & Cioni ont manqué en ce qu'ils

n'ont pas fait rougir exai^ter.ient leur tuyau ; conféquemment le phlo- gillique n'a pu fe dégager en alTcz grande quantité , ^^ cela dévoie d'autant plus arriver , qu'ils n'ont fait paffer la vapeur de l'eau que pat un tuyau de verre ou d'argile échauffé.

Dans mes expériences , pour mettre enfemble l'eau & le gaz inflam- mable du phlogiflique je fuis fervi d'un canon fufil ordinaire je , me de , mis dans le milieu une poignée de petits clous, & je les arrêtai des deux

côtés par des paquets de fils de fer. Dans le gros bout du canon je hittai

le col d'une petite cornue de verre qui contenoit quelques onces d'eau ,

que je fis enfuite chauffer jufqu'à ébullition fur un bain de fable; je fixai à l'autre bout un tuyau de verre recouibé à la manière ordinaire, delliné à porter l'air dans un récipient rempli d'eau. Le canon fut placé horifon-

talement dans un fourneau qui tiroit bien , au milieu des charbons.

Chaque once d'eau me donna un quart de bouteille ( quart flafche ) & plus de très-bon air inflammable qui trois mois après fe trouva encore

aulîi bon que le premier jour. 11 efl remarquable que les clous , les

paquets de hl de fer , ne paroilfoient pas rouilles après l'opération , mais feulement couverts d'une croûte métallique écailleufe qui vue àJa Joupe reflembloit beaucoup à ce que l'on nomme tiiemnaa. ^

254 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE

MÉMOIRE CHIMIQUE ET ÉCONOMIQUE

Sur les principes & la génération du Salpccre. Ouvrage qui a remporte le Prix Royal au jugenienf

de l'Académie des Sciences ;

far M. Thouvenel, Docleur en Médecine, AJfoclé Regnicole de la Société Royjle de Médecine, & M. Thouvenel, CommiJJairc des Poudre & Salpêtre au Département de Nancy.

Ex TRAIT,

JVl. TuRGOT.ce Minifîre éclairé 5c honnête, qui méconnoiiïbîc l'intércr perlonnel, & dont toutes les vues tendoient au bien public, frappé de la gêne qu'entrainoient la recherche, la fouille & l'extraâion du falpêtre chez les particuliers, propofa en 1775", un prix extraordinaire

fur la formation du nitre & 1 erabliflement des nitricres. L'Académie Royale des Sciences qui en fut chargée, reçut trente-huit Mémoires fur ce fujet inréreffant; mais aucun ne lui parut fatisUifant. En conféquence

le prix qui devoit être diflribué à la Séance publique de Pâques X778 , fut renvoyé à celle de la Saint-Martin 1782. Elle reçut dans cet intervalle vin£;r-huit Mémoires. Celui de MM. Thouvenel fut couronné. Elle adjut^ea enfuite comme fécond prix une fomme de 120O liv. à chacuri

des Auteurs de deux autres Mémoires ; l'un ell: de M. Lorgna , le fécond

efl: de M. Chevrand, Infpei!^eur des Poudres en Franche-Comté & de

M. Gavinet, Conimillaire des poudres à Befançon. Enfin , deux autres Mémoires dont l'un eft de M. de Beunie, Médecin à Anvers, & l'autre de

M. le Comte ThomaHln de Saint-Omer , ont mérité des acccjjit. L'Aca- démie a encore fait des mentions honorables des Mémoires de M. Foreftiet

de Véreux , de M. Rome, & de plufieurs autres (l). Tous ces Mémoiies jettent un ;;rand jour fur la formation du falpctre, quoiqu'ils lailTenr encore beaucoup à defirer. Je vais tâcher de faire con-

noître ce qu'ils contiennent de plus intéreflant , fur-tout celui de MM. Thouvenel. qu'on retiroit terres un fimpie L'expérience avoit appris de certaines , par

lavage, une grande quantité de difFérens fels , fur-tout des fels nitteux &C

(i) L'Académie a fait imprimer une partie de ces Mémoires , & donné «ne analytê ^e tous les autres, piarin, SZm VHTST. NATURELLE ET LES 'ARTS. z6j

marin. Ces rerres bien épuinjî;? de tous leis, expofee; de nouveau à l'air,

k retroiivoiint après un cerrain tems imprégnées des mêmes fels, II

s'agilToit de favoir ce qui fe pallbit dans cette opérariou. Cecciier , Srhal & toute lear école admetroient un acide univerfel, l'acide vitrioiioue, qu'ils croyoieat lépdiid'.i da;is l'air, & ils penfoient cjiie cet acide pouvuir fe convertir en tons les autres. Mais, l". on a prouvé que l'acide vitriolique n'eMlle pas ordinairement dans ratmofphère. Des linqe's imbibés de lelllve

l'air alkdlme & expolés à , n'ont donné enfuira qu'un alkali aéré, & point de tartre vitriolé. Ce qui prouve que l'acide vitriolique, ni les autres acides, excepté peut-êrré l'air acide, n'exiftent dans l'atmorplière. Cependant un des C(jncurrens a prétendu qu'il exiftoit du nitre dans

l'air , parce qu'il en a trouvé fouvent fjr les tuiles à la partie du crochet. Mais ce nitre peut avoir été formé en place, obfervent Meflîeurs les CommilTaires (l).

Secondement, M.VT. Thouvettel , Lorç^na , Chevranr, Gavinet,de

Beunie & la plupart des concurrens , ont eflayé Ci en arrofant avec des Tels vitrioliques des terres qui fe nitrifient, on obtiendroit une plus «rande

ils quantité de nitre & de Tel marin i & ont trouvé que non-feulement on

n'en obtenoit pas davantage , mais fouvent on en obtenoit moins. La même expérience faite avec l'acide marin n'a pas eu plus de fuccès. Ainfi cette prétendue tranfmutation des fels les uns dans les autres ne paroît nullement établie.

Une autre hypothèfe attribue exclufivement à la végétation la formation de l'acide nirreux, & la production des lels nitreux au pur développement qu'amène la décompofirion putréfadlive des végétaux & des animaux. On a cherché à s'en aflurer par l'expérience. Nous avons vu , difenc

MM. Thouvenel , qu'une plante élevée dans un te^rein imprégné de tel ou tel fel, n'en foumiiloit point dans fon analyfe, tandis qu'une autre plante venue fur une autre terre exempte de fels en donnoit de plufieurs efpèces. Mcffieurs les RégifTeurs des poudres, MM. Nadal, Gomand &: autres, ont fait la même expérience , & d.fc-nt avoir eu d'autres réfultats.

Ils ont femé des plantes qui donnent beaucoup de nitre , telles que le tournefol en pleine terre, Si fis autres dans des pots. Trois de ces derniers ont été arrofés avec une eau légèrement nitreufe , & les autres avec l'eau de fontaine. Ces derniers n'ont point donné de nitre , & les autres en ont donné ; mais ceux arrofés d'eau nitreufe une plus grande quantité: d'où ils ont conclu que le nitre qui fe trouve dans les plantes ne s'y forme point, mais y eft porté avec la sève.

(i) Cependant on ne fiuroit guère douter qu'il ne le forme dans certaines rirconflances des fels nitreux & marin dans l'air. M. Margraf aysnt ramaffe avec beaucoup de 'o;n de l'eau de pluie , en retira des fels nitreux & marins terreux. Noie di AI. de la Meiherie. Tome XXIX, Pan. Il, 1786. OCTOBRE, L 1 i66 OBSERf^ATWNS SUR LA PHYSIQUE, Quoi qu'il eu foit de cïs expéiiences contradidoires, on ne peut pas sVinpccher de reconnoîtve que la plus grande partie des fels qu'on rerire

des nitrières ne foit de nouvelle formation. Il s'agiffoit de favoir quels font Jes agens qu'emploie la nature dans cette produdion nouvelle. C'eft fur quoi le Mémoire de MM-Thouvenel a répandu de grandes lumières. Ils pris, la terra calcaire, ont i". la magnéiie , la terre alumineufe j bien pures & bien lavées, 2". Ces mêmes terres foumifes à l'adion du feu & calcinées. 3°. Les deux alkalis fixes, cauftiques & non cauftiques, 4.°. Ces mêmes alkalis phlogifliqués. ^°. Divers foies de foufre alkalin & terreux. 6°. La terre anirnale calculenfe & olTeufe.

7". Différens fels neutres, vitiioliques, marins, acéteux , tartareux Si

phofplioriques , à bafes alkalines, terreufes & métalliques. Toutes ces fubftances ont été expofées avec les précautions convenables pour la ni'.rification. Celles des N'^^ n'ont donné aucun 3 , 4 , y & 7, vertige de falpêtre, ce qui confirme l'immutabilité de toutes ces fubftances felines. La chaux vive n'a fourni de l'acide nitreux que dans quelques expé- riences, & en très-petire quantité. N'auroit-elle pas befoin pour redevenir

propre à la nitrihcation de repaiïer à fon premier état de terre calcaire i ce qu'elle fait jufqu'à un certain point avec le tems? La terre fedliztienne ou magnéfie & la terre alumineufe ont encore donné plus rarement de l'acide nitreux que les précédentes. Ce produit a été encore moindre loriqu'elles ont été calcinées. Les épreuves où elles en ont le plus donné, c'eft lorfqu'elles fe font couvertes de moififlure. Cette efpèce de végétation née de la putréfadion efl devenue alors, ainfi

que cette dernière , une caufe génératrice de l'acide nitreux. La véritable cra'e ou la terre calcaire pureeft cellequi a le plus conftam- ment réudî pour la formation de l'acide nitreux. Le nitre s'y forme, (bit

en plein air, mais plus encore dans les lieux couverts & habités , où l'aie extérieur ell à-peu-prcs (lagnant.

Enfin , la terre animale retirée des os fe nitrifie difficilement. Mais une chofe digne de remarque dans la comparaifon des trois efpèces de nitre tetteux provenant de nos expériences ,difent MM. Thou-

venel , c'eft que ceux qui ont pour bafe les trois terres non calcinées éprouvent fur les charbons ardens une demi-deflagrarion ou plutôt une forte de fcintillation plus ou moins marquée, laquelle n'a pas lieu avec ceux à bafes terreufes calcinées, La calcination opère donc fur ces terres un changement qui paroîtroit \ts éloigner de la nature alkaline, & les reiul nwins propres à la nitrification. efpèces de terres Ce qu'il y a de certain , c'eft que quoiLiue les quatre dé.'îgnées fembltnt fufceptibles de fe prêter à la génération des deux SUR L'EIST. NATURELLE ET LES ARTS. ^^.S-j

parties coiiRitiianres du falpêtre, l'acide nicreux & l'alkali, cejiendanr la

terre animale paroît plus propre à la formarion de l'alkali , & la terre calcaire pure à celle de l'acide. Peiit-êrre cela vienr-ildece que celle-là

contient plus d'jcide phofphorique , &: celle-ci plus d'acide gazeux. La manière la plus ordinaire dont les Auteurs emploient ces différentes

fubrtances qu'ils cherchent à nitrifier , eft de les mettre dans de cjramis

vafes de grès ou de verre avec de i'eau & fans eau , de mettre dans d'autres vafes à côté les matières en putréfadion, & de conduire par des tuyaux de communication les vapeurs de ces féconds vafes dans les premiers. La nitrificarion fe commence ^: s'achève durant la décompofitioii fpontanée putrétadive des lubflances animales & végétales, & (on double produit réfulte, comme dans la végétation, de tous les matériaux défunis de ces fubrtances, lefquels fe recombinent de nouveau entt'eux &: avec des matières terreufes appropriées. Il paroît que l'acide nitreux fe forme le premier, en fe combinant à mefure avec une bafe terreufe, & que ce n'eft qu'au dernier tems de la décompofition putréfadive que s'engendre l'alkali deftiné enfuite à précipiter le nitre terreux. De même que dans

toute putréfadtion il y a une première époque d'accefcence & une autre d'alkalefcencejdemêmeaulll dans la décompofition radicale des fubflances putrefcibles, il y a une époque pour la formation de l'acide nitreux, & une autre pour celle de fa bafe alkaline. L'acide nitreux n'ell: pas le feul acide qui réfulte de la décompofition des corps organiques. Il s'y engendre aulfi de l'acide marin. Par-tout oij il fe forme du falpêtre on y trouve aulll du fel marin en des proportions bien différeiues. Mais il n'efl pas vrai que par-tout où il fe forme du fel marin il s'y engendre auffi du nitre. L'acide marin paroît (e former plus volontiers dans la terre iedhtzienne, quoiqu'il s'en forme aulli dans la terre calcaire, & l'acide nitreux fe produit plus volontiers dans la terre calcaire. Enfin , dans chacune de ces trois terres expofées K>ng-tems à l'air putride, & notamment fur la fin de la purréîadion dans des vailfeaux où il n'entroit d'air atmofphérique que celui qu'on y introduifo t de rems en tems , on y a aufiî rencontré quelques vertiges d'acide vitriolii^ue. Ainlî les trois acides minéraux fe trouvent formés dans cette opération de la nature.

Toutes les époques de la putréfaiflion ne donnent pas également un air propre à la nitrificarion , & l'époque favorable n'eft pas la même pour toutes les fubrtances putrefcibles, Il paroît que les matières animales parenchimateufes valent mieux dans les commencemens , & les matières excrémenteufes , fur-tout l'urine, dans les derniers tems de la putréh.<îtion.

Le fang ert de toutes celle qui fournit le plus abondamment &; le plus long-iems. Ces difl^érences ne tiennent-elles pas principalement à la quantité d'air inflammable ou d'air phlogirtiqué ou d'air fixe que donnent fes matiètes ? Car il ert bien certain , d'après les expériences & d'après

Tome XXIX, Pan. Il y 1786. OCTOBB^E. Li 2 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; l'obfervation de ce qui le palTe en grand dans les nitrières narurelles Si artificielles, que c'cft l'air, comme tel , foit dégagé des corps putrefcibles, foie pris de la malle arniofpliérique , mais toujours imprégné d'un principe igné fpécifique qui fert à la confedion de l'acide nitreux. Quoiqu'il ne puille relier aucun doute fur ce fait, cependant pour le mettre dans tout fon jour , pour en connoître toutes les circonftances, enfin, pour favoir plus particulièrement quelles font les efpèces d'air les plus propres à la nitrification , nous avons cherché , difent MM. TIiou- venel , à confirmer les réfultats de nos expériences faites en petit ou dans des appareils de vailTeaux fermés , par d'autres épreuves comparatives difpolées dans des mafTes d'air beaucoup plus confidérables , & ftnfî- blement différentes les unes des autres.

Nous avons donc expofé nos fubftances abforbantes pre'parées : 1°. A l'air atmofphérique des plaines cultivées, & à celui des lieux très- élevés, incultes & inhabités.

2°. A l'air des profondes excavations faites dans les mines , à celui de fimples fofTes fuperficielles pratiquées dans les terres végétales, &: recou- vertes, ainfi que dans les terreins marécageux.

3°. A l'air des étables , des caves , des latrines , des cnchots , des hôpitaux.

4.". Enfin, à l'air des cuves en fermentation vineufe, & à celui des foyers fans ceffe allumés avec du charbon. Dans toutes ces expériences qui ont duré fept a huit mois à chaque reprife, étant abrités du foleil , de la pluie , des filtrations, nous avons obtenu des réfulta's fort différens. La nitrification a été plus marquée dans l'air des plaines , à la furface de la terre , que fur les endroits élevés. les fortes terres Elle a fait encore de plus grands progrès daus de végétales ; mais elle n'a nulle part été plus iénlîble & plus abondante que dan les lieux où l'air peu renouvelle, eft fans cefTe imprégné d'exhalaifons ani- males , &c notamment dans les étables, les latrines , les cachots, &c. Par- tout ailleurs nous n'avons pas, ou pr.fiue pas, retiré de vertiges de nirre ; c'ell-à-dire , dans les excavations des mines , dans les fofTes des marais, dans les caves très-profondes , exemptes de toutes filtrations &

émanations corruptives , dans les fouterrains des fortifications , & enfin dans l'atmofphcre des cuves à bière fermentante, & dans celle des foyers à charbons toujours brûlans.

Il eil donc bien démontré par toutes ces expériences que l'air atmof^ phérique & l'air émané des corps putrefcibles, ont tout ce qu'il faut pour iervir à la nitrification , pourvu qu'ils trouvent des matières capables d'en abforber les matériaux , & des circonftances propres à en favorifer k conibinaifon. L'acide nitreux , ni l'acide marin ne fe forment pas dans d'air l'atmofphcre , & par telle ou telle coijftiiution indépendamment de la préfence de telle ou telle matière abforbante, En effet, dans contes not ,

SUR VEUT. NATURELLE ET LES ARTS. 269 épreuves les matières alkalines n'ont jamais été faturées que d'acide aéré

plus ou moins chargé du principe inflammable ; au lieu que les vraies matières terreufes l'ont été d'acides nitreux & marins en plus ou moins

griinde quantité. Une autre preuve encore de cette afTertion , c'eft que ce» deux acides volatils, lors niême qu'ils font lancés dans rannofphèfe, n'y relient pas en nature d'acides ; puifque dans un laboratoire où nous avions (buvent tenu en évaporation l'un & l'autre acide pendant trois ou quatre nicis, ces abforbans alkalins & terreux qui n'étoient placés qu'à douze ou

quinze pieds du foyer de Tévaporarion , tant fur le pavé qu'au plafond de

ce:re pièce ne s'en font pas trouvés fenfiblement imprégnés. Il faut donc

que ces acides difparoifTent dans l'air , foit en fe détruifant , comme tous les corps fubtils portés à une extrême divifion, foit en fe combinant de neuveau ou avec la terre toujours exiftante & peut-être engendrée dans

l'atmofphère, ou bien avec la matière du feu , celle delà lumière, &c. On lie peut cependant pas douter qu'il ne fe forme de l'acide nitreux dans

l'armofphcre , particulièrement dans les couches inférieures, qui font toujours plus chargées des émanations réfultantes de la décompofitioii des corps de la furtace de la terre & dans lefquelles fe trouvent auflî plus abondamment les matériaux inflammables & terreux propres à la nitri- fication.

Une obfervation eiTentieile, efl qu'il ne faut point que l'air de l'atmofphère foit apporté avec rapidité. Il vaut mieux qu'il foir à-pcu-près la ftagnant , pour que combinailon ait le tems de fe faire. Une douce

chaleur eft audî nécefPaire ; car le troid nuit .à la nitrilîcation , fans doute en arrcrant la putréfaction. Pour qu'il ne reliât aucun doute fur les réfuitats des opérations que Ton vient de voir, pour prouver de plus en plus que l'air méphitique dégagé des corps par la putréfacflion & l'air atmofphérique imprégné de "ce gaz putride ou altéré par fon union avec le principe inflammable

réfulrant des corps pourrillans , font à l'exclulion de tout autre air méphitique ou dégénéré propres à la génération des fels nitreux, pour

conftarer qi:e ceux-ci font réellement des produits nouveaux j qu'ils ne

preexiftent pas, non plus que leurs matériaux immédiats , dans les fubf-

tances employées .i leur confeâion , &; que les abforbans terreux, chacuri

fuivant leur degré d'aptitude , fournifTent, ainfi que les airs indiqués , leur

contiiigent à cette confeclion , on a cru encore devoir ajouter les expériences fuivantes. Dans des appareils de ballons enfilés jufqu'au nombre de cinq à fix

on a introduit les divers abforbans terreux & alknlins ci-deiuis , chacun dans un ballon fcparé. On a adapté ces files de ballons à de grandes

cornues tubulées contenant des matières ou en putréfaction , ou en difli!-

iation , ou en effervefcence. On a eu foin de lutter parfairement ces appareils, & pour que i'air pût circuler Tui toutes les matières abforbarites 270 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, on a ac'apté à une des tubukires du dernier ballon un tube d'? verre recourbé & plongé dans une jarre toujours pleine d'eau. On a d'autres fois employé des ballons à trois ou c]uatre tubulures & uurjiic de cornues afin d'introduire ou à la fuis ou fucceÛivement pluliturs cf n'ces d'air jn:s de dlfférens corps. On a mis en etfervefcence avec l'acide vitrioliqu'e la craie & la limailla de fer. On a dillillé pour fubllances minérales de la mine de ter fpaiJuque, du marbre & de la houille dé|.i préparée; pour fubrtarices animales du fanq & de la corne de ceii; pour fubllances véirérales, du tartre, du bled ik du charbon de bois, (^n a pris pour mélange de puri;éfaLlion éminente

& éminemment aéré, celui de Tang , d'urine, de viande hachée èc de farine. On a confervé ces appareils ainfi difpoies autant de tenis qu'on l'a jugé convenable ( depuis trois jufqu'à fept mois ) en ajoutant par intervalles aux mélanges effervefi ens ; en donnant aulli par intervalles des coups da feu aux matières en diftillation ; enfin ,en aidant par une chaleur habituelle le dégagement d'air dans les matières en putrefadion. Ces derniers iéuls à l'exainen ont donné des produits nitreux. La terre calcaire pure n'a jamais manqué d'en donner depuis deux jufqu'à cinq

grains par once. La magnéiïe ne s'eft nitrifiée que quelquefois , & plus foiblement que la craie. Les autres terres qui dans plufieurs des épreuves la nitrification précédentes ont jnontré quelqu'aptitude à , y ont été réfradaires dans celle-ci. Les alkalis ne fe font point non plus nitrifiés, mais feulement aérés. Il n'y a donc que l'air méphitique putride qui foit propre à la nitri- fication. Il nous refte à découvrir quelle efl celle de les parties confti-

tuantes qui fournit h. cette opération ; car il contient de l'air fixe, de

l'air phlogiftiqué ,de l'air inflammable, & une portion d'air peu diffé-

rente de l'air atmofphérique : on a fait l'expérience fuivante. Avant d'introduire cet air méphitique putride dans les ballons on l'a

fait palier à travers, i*^. de l'eau de chaux, 2°. de l'alkali cauflique. Se 5°, de l'eau difliUée. Dans les deux premiers cas il n'y a pas eu un vertige de fel nitreux après un tems fuffifant de putréfacftion. Dans le troificme les cas il y en a eu un peu , mais moins que dans épreuves avec l'ait méphitique non fiUré par le moyen de l'eau. expériences l'air fixe efl nécelTaire Il paroît donc, d'après ces , que à la génération du nitre: qu'elle a conftamment lieu lorfque l'adion ùilTolvante de cet acide s'exerce fur certains abforbans terreux. Mais on ne peut encore en conclure que l'autre portion d'air altéré & rendu méphitique,

inflammable , ou phlogiftiqué , ne contribue audi pour quelque cholè à cette génération nitreufe.

Il s'agilToit encore de favoir fi l'accès de l'air extérieur éroir nécefTaire à la nitrification. Pour cela on a fait les expériences fuivantes. On a pris des cruches de grès à larges ouvertures Si de grands bocaux SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 271 de verre qu'on a remplis de niaricres en pleine purrefcence. Otl les a couverts de chapiteaux les uns lûtes, les autres non lûtes. On a ta!: communic]ucr ces vaiffeaiix par le moyen de tubes de verre dans des flacons coitensnt de la craie, & des leirives alkalines avec les précau- tions ordinaires. Il n'y avoit de différence que l'accès de l'air extérieur

qui n'étoir pas totalement iiuercepré dans les uns , puifqiie le chapiteau n'étoit pas luté, & que dans les autres il i'étoit entièrement. Ces derniers n'ont donné qu'une très-petite quantité de nitrc, quelques-uns même n'en ont point donné, tandis que ceux cù l'accès de l'air n'étoit point

intercepté , en ont donné beaucoup. MM. Chevrand & Gavinec ont mis également dans des ballons bien fermés des matières putrefcentes avec de la craie, & n'ont point eu de nitre.

L'air inflammable neparoît pas moins néceflàire à la formation du nirre que 1 air atmofphérique. C'ert ce que prouvent des expériences faites avec beaucoup de foin par M. Lorgna. Il a pris de la terre des marais qu'il a divifée en trois parties : la première , il l'a expofée à l'air avec les précau- tions ordinaires, & il en a obtenu du nitre. Il a fait fubir une chaleur de quarante degrés à la féconde, 6i en a retiré beaucoup d'air inflammable.

Quand elle ne lui en a plus donné, il l'a expofée comme la féconde; mais elle ne lui a point fourni de nitre. Il leflîva la troifième partie pour s'affurer que cette terre dans fon état naturel ne contenoit point de nitre. Ces expériences ne paroifTent lailfer aucun doute que l'air inflammable ne foit néceifaire à la nitritication. On avoir cru jufqu'ici que le nitre cubique ou à bafe de natron ne pouvoir pas fervir à faire de la poudre à canon.; mais M. Lorgna s'ell: afliiré du contraire: il a fait avec ce nitre de la poudre, qui , éprouvée, eft aulîi bonne que celle faite avec le nitre ordinaire. MM. Thouvenel pafTei.t enfuite à l'établifTement des nitrières. Sans défapprouver les moyens ufités, ils en propofent de nouveaux. Ils ont fait conftruire une nttrière- bergerie ; c'ell -à-dire, que fous un hangard de cent pieds de long fur fci.vante de Inrge , ils ont fait mettre un pied & derrri de terre végétale , ayant eu foin de placer par-deflous de la glaife battue pour réfifler aux fiîtrations : le terrein a été divifé en deux par un petit mur. Dans une moitié ils ont fait parquer trois ou quatre cens moutons pendant quatre rhois, ont fait retourner la terre, qu'on a rechargée de neuf pouces de nouvelle terre. Quatre mois après la terre a encore été refourRée & chargée de neuf autres pouces. Au bout de l'année on a fait paffer les moutons dans l'autre moitié, qui a été traitée de même. L'aunée révolue on les a fait pafler dans un troilîcme enclos. Les terres du premier enclos ont été remuées & arrofées tous les quinze jours pendant deux mois. Ces terres enfuite ieillvéts à la manière ordinaire ont donné beaucoup de nitre. ,

272 OBSERrATlONS SUR LA PHYSIQUE, M>NT. Thouvenel difenc qu'on \pow:Q\z i&ne àei n'itriérescavaUries c'eft-.'.-dire , metrre dans des endos avec \tis mêmes précautions les chevaux de la cavalerie.

Medîeiirs les CommilHiires ont trouvé que les engta's fornis par !es beftiaux font trop précieux relativement à la culture, pour que ces ni ncrcs- bergeries & cavaleries puiffeut avoir lieu. RÉFLEXIONS DE M. DE LA METHERIE.

IN ous allons léfutner en peu de mots les conféquences qu'on peut tirer de toutes les expériences que nous venons de rapporter. I. La converfion de l'acide vitriolique en acide nitreux & marin, non

plus que celle de l'acide marin en acide nitreux , n'a point lieu.

II. Dans les nitrièies il fe produit , i°. de l'acide nitreux, 2°. del'acide marin 3°. même de l'acide vitriolique 4". , , de l'alkali végétal , j°. du ratron.

III. Les alkalis foit caurtiques, foit aérés, phlogiftiqués ou non phiogiftiqiiés les , hépars , les difterens fels neutres à bafe alkaline ou

métallique , ne peuvent pas fervir de hafe à la nitrification.

IV. La terre calcaire, telle que la craie, la terre végétale, &c. efl la meilleure bafe pour la nitrification. La magnéfie & la terre alumineufe

n'ont donné que très-rarement du nitre , ce qui peut faire douter qu'elles foient propres pour les nirrières; d'où MM. Thouvenel ont cru pouvoir conclure que Ja craie eu quelques-uns de fes principes encrent comme principe conftiruant de l'acide nitreux.

V. Cette même terre calcaire calcinée, ou à l'état de chaux vive, la ir agnelle & la terre alumineufe également calcinées , ne font plus propres à la nitrification.

feul VI. Le air putride paroîr propre à la nitrification ; car on n'obtient point de nitre en introduifant avec les précautions ordinaires dans des appareils convenables, 1°. de l'air fixe ou acide dégagé de la craie par 2°. l'acide vitriolique , de l'air inflammable dégagé du fer par l'acide vitriolique, 3°. l'air de dégagé par le feu , du maibre , de la mine de fec la fpathique , de houille déjà préparée , du fang , de la corne de cerf, du tartre , du bled , & du charbon de bois.

VII. Cet ait putride lavé dans l'eau de chaux & dans les alkalis cauftiques , cefle d être propre à la nitrification : lavé feulement dans l'eau diftilléc.il n'y contribue plus que trcs-peu; ce qui paroîtroit faire croire que l'air acide eft néceffaire à cette opération. Ceft aulîî l'op.nioa de M. Cornette.

VIII. L'aif acide ou fixe feul n'eft pas propre àlacitrification, puifque SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 273 Je l'air qui le dégage d'une cuve de bière, ou du charbon en coiiibuftion,. ne peur (ervir à produire du nitre.

IX. L'air de l'atinorphcre eft néceffaire à la nitrificarion ; car dans des vafes tîc remplis d'air putride faus communication avec l'air extérieur , il n'y a point eu de nirrification. X. L'air armolphérique pur ne opérer la nirrification peut , puifque

dans des lieux élevés, où l'air eft le plus pur , la nirrification e(l prelque nulle. Celle qui s'opère dans les craies, comme l'a obfervé M. le Duc de la Rochefoucauld à la Rocheguion , eft donc due à une petite portion d'air putride contenue dans les parties baiîcs de ratmofphère : & ce qui le confirme , c'clt que ce l'avant a obfervé en même-rems que la nitrifica- rion éroitplus abondante dans les lieux voifins des habitations des hommes ou des animaux.

XI. La nitrification ne peut avoir lieu fans le concours de l'air iiiflafiimable , fuivanr les expériences de M. Lorgna. X 1 1. Cet air putride &i l'air atmofphérique contiennent beaucoup d'aic phlogilliqué.

Voici différentes données du grand problême , réfolues par le beau travail de MAL Thouvenel , Lorgna & des autres concurrer.s ; mais il en relie encore qui ne le font pas. L'air putride eflcompofé, 1°, d'air acide ou fixe, 2°. d'air inflammable,

3°. d'air phlogilliqué 4.°. il trouve , s'y toujours une portion d'air à-peu- ptès aulli pur que l'air atmofphérique. Il s'agit de favoir , 1°. fî tous ces airs entrent dans la production de ces ftis , qu s'il n'y en entre qu'une 2°. partie ; s'il y entre d'autres principes. 11 faut éclaircir ces quedions par nos autres connoilfances acquifes.

L'acide nitreux eft compofé à-peu-près d'une partie d'air pur îk. de deux d'air nitreux. Cet air pur ne fe trouvant qu'en très-petite quantité dans l'air putride, eft fourni par l'air atmofphérique, Mais quelle eft la nature de l'air nitreux î & qu'eft-ce qui en fournit les principes î Plufîeurs Chimiftes regardent l'ait nitreux- comme l'acide nitreux furchargé de phiogiftique- M.Cavendish ayant produit de l'acide nitreuxen faifant pafTer l'étincelle éledtique dans un mélange de fept parties d'air pur Se de trois parties

d'air impur ou phlogilliqué , regarde l'acide nitreux comnii compofé feulement d'air pur ^ d'air impur ou phiogiftique.

J'ai dit r Journal de Pbyfique, janvier 1782, page 19) d'après un grand nombre d'expériences qui prouvent qu'on ne rerire de l'air nitreux ' que des corps qui donnent de l'ait inflammable , tels que les métaux , le charbor^, les huiles, le fucre , &c. que l'air nitreux n'ctoit quz Cair injlammabli modifié par l'air pur ou diphLigiJliqué ; que cet air inflammable était fourni dans Us nitrières par l'air putride q'ii en contient toujours. . . . Que mes expériences /wuvoicnt concourir aux Tome XXIX, Part, 11,1^26. OCTOBRE. Al m 274 OBSEKrATIONS SUR LA PHYSIQUE, vues du Gouvernemnu fur la formation de l'acide nicreux &

l'établijjcment des nilrières ; qii''il Jlifpfoit de produire l'air inflammable ,

ce que fait la j'iiiréfaciion des matières animales & végétales , & de favorijer dans ces nitrièrcs la circulation de Pair commun poury porter Vair dérklogijîiqué.

Toutes les expériences de Meflieurs les conciirrens , fur-tout celles de M. Lorgna, qui n'a pu obtenir de nirre d'un terrein marécageux épuiféd'ait

inflammable & expofé à l'air arniofphérique , tandis qu'un pareil terrein

contenant de l'air inflammable & dans les mêmes circon(lances , avoit

donné beaucoup de nitre , ne paroilTenr-eiles pas confirmer ma théorie ?

D'ailleurs , fi l'acide nitreux étoir formé feulement d'air pur & d'air phlo-

girtiqué , l'air atmofpliérique, qui eft compofé de ces deux airs , fuffiroit feul pour fa produftion. Or, nous avons vu le contraire. Il faut de l'air inflammable qui fe retrouve dans l'air putride: & cet air inflammable dans

I expérience de M. Cavetidish eft fourni par le fluide éledrique, que je regarde comme une efpèce d'air inflammable. Secondement, l'eau paroît encore effentielle à l'acide nitreux: car il

n'ell jamais que fous forme liquide; & s'il fe trouve quelquefois à l'état

aériforme, il fe réfout en liqueur dès que la chaleur l'abandonne.

Troificmement , contient-il un principe terreux , comme MM. Thou-

venel femblent foupçonner que la craie peut lui fournir quelque chofe ? II paroît que la craie fert feulement de bafe pour favorifer la combinaifon des difFérens principes qui entrent dans la compofition de cet acide,

comme je l'ai dit ailleurs.

Enfin , il me femble que le principe de la chaleur fe retrouve dans cet acide, comme dans tous les autres. Il fe dégage des matières en putré-

fadion , & entre dans la nouvelle combinaiion.

Mais l'air acide, qui fe trouve dans l'air putride, fe combine-t-il , &

devient-il un des principes conflituans de l'acide nitreux ? C'eft ce que paroîtroient prouver les expériences de MM. Thouvenel. On fait auflt qu'en mêlant l'air nitreux & l'air pur pour taire l'acide nitreux, on a une petite portion d'air acide précipitant l'eau de chaux. En diftillant le nitre

dans une cornue de grès , j'ai obtenu, l". une petite portion de nirre 2°. fublimée ; i! a ps-îTé une hqueur ; 3". enfin , beaucoup d'air qui ttoit de l'air pur mêlé d'air phlogiftiqué &<. d'air acide ou fixe. M. Pontana a aufll obtenu de l'air fixe, ainfi que M. Berthollet. Ces expériences ne feroient point contraires à celle de M. Cavendish;

car il paroît affez confiant par celles de M. Prieftley & d'un grand

nombre de Phyficiens , que l'étircelle éle(îlrique tirée dans l'air armof-

phérique produit de l'air acide. Or, cet air acide , en continuant l'élecîlri-

cité , fe combine avec le fluide électrique ou air inflammable , & change

de nature. Il peur donc fe faire, dans la bt-lle expérience de M.Cavendish,

élaftjque, l'air que l'air acide fe combine également avec le fluide pur , SUR VHTST. NATURELLE ET LES ARTS. ajf

J'air phlogifiqué, l'eau & le principe ds chaleur', pour former l'acidu nicreux. C'eft à des expériences ultérieures à décider cette quertiori.

L'acule marifi eft auflî produit en grande quantité dans les iiiftières. Son analyfe ell: moins avancée que celle de l'acide nitreux. Ainfî nous fommes encore moins à même d expliquer ce qui le pafie dans fa tornia- rion. Cependant nous pouvons prefqu'aiTurer qu'il contient ég,

Nos connoillances font encore plus bornées fur la nature des allcalis que fut" celle des acides, & nous ne pouvons entrevoir la marche de la nature dans leur formation. NousfavonNparlesobfervationsdeMM, Proult & [,orgna que l'aïkali minéral fe reproduit fans ceile dans certaines pierres coquillières. Ce doit erre fans doute par le même procédé que dans les nitrières. Mais il faut attendre que l'analyfe nous ait donné des notions plus approfondies de ces fubftances.

EXTRAIT D'UN MÉMOIRE

Lu à l'Académie des Sciences de Paris, le 2 Septembre 1785;

Sur l'effet des étincelles éleàrlques excitées dans l'air fixe ;

Par M. M o N G E , de la meme Académie.

XliN excitant une fuite d'étincelles électriques dans de l'air fixe, M. Prieftiey 8Vcjr obfervé, i°. que par cette opération, le fluide élaftique augmente Ou trentième , &' même quelquefois du vingtième de fon volume; 2°. que l'rir fixe ainfi dilaté, femble avoir changé de nature, du moins en partie, puifqu'il n'efl plus fufceptible de fe combiner entièrement avec l'eau, & qu'en le lailTant féjourner fur ce liquide, le quart du Tome XXIX, Pan. U, 1786. OCTOBRE. Mm 2 2i3 O BSE R VA TIONS SUR LA PlirSIQ UE , élaliique réfifte 5". fluide à l'abCorption ; que le refidu ne rurile pas avec

l'air nirreiix , Si pat conféquenr qu'il n'eft pas de l'air déphlo^iiiiqué. M. Van-Marum avoir eu à-peu près les munies réfultars en faifant IV'pérarion plus en grand avec la machine qu'il a fait exécurer au Mul'ée de Teyier. Il eft important de repérer les expériences des deux Phvriciens que nous venons de cirer; d'abord pour déterminer la nature du Huide élarti-

que qui fe trouve dans l'air fixe , lorfque le dernier fluide a été di- laté par l'étincelle éledrique, & qu'il refufe de fe combiner avec l'eau, & enfuite pour découvrir, s'il étoit polTlble quelle e(ï l'eTpèce d'al- , tération que l'air fixe éprouve par cette opération. Dans cette vue, nous avons fait un grand nombre d'expériences avec le Préfidcnt M. de Saron ,

& plufieurs de mes Confrères ; nous allons rapporter les principales, SC nous expoferons enfiiite notre opinion fur l'effet que l'étincelle électrique produit dans l'air fixe.

Dans la fuite d'expériences que nous avons faites , nous avons opéré fur de l'air fixe obtenu par diflérens procédés; mais celui qui a fervi à l'expérience que nous allons rapporter, avoit été recueilli lur l'appareil

au mercure, Si il avoit été dégaçé du marbre par l'acide virriolique

alfoibli ; Si pour que ce fluii!e ne fût pas altéré par quelques portions d'air atniofphérioue, nous avions rempli d'acide le tnatras dans lequel

devoir fe faire l'efFervefcence , avant que d'y jetter les morceaux de

marbre ; aulTî cet air fixe étoit tiès-pur, & il étoit entièrement abfotbé

par l'alkali cauftique, & il ne laifloir aucun réfîdu fenfible. Nous avons diftribuéde ce fluide dans huit bocaux de cHiq lignes de

diamètre , \' renverfé'^ (urdu mercure dans des cuvettes fépaiées. Nous avions placé dans l'intérieur de chaque bocal, & dans l'elpace que devoir occuper l'air fixe, un excitateur de fer, au moyen duquel nous

pouvions produire des étincelles dans le gaz , & tous les excitateurs

communiqnoienr entr'eux , de manière qu'on excitoir en mêriie-rems des étincelles clans tous les bocaux. La hauteur & l'cfpace que l'air fixe

occupoit dans chaque bocal , étoit à-peu-près de quatre pouces oa de quatre pouces & demi, & la foninie de ces efpaces -formoit une colonne cylindrique d'environ trente-quarre pouces de longueur. En produifant des étincelles multipliées, nous n'avons pas tardé à

nous appercevoir que le volume de l'dir fixe augmentoit d'une manière fenfible; mais dans les interruptions que nous avons été obligés de mettre à cette opération, qui efl très longue, & qui ne peur pas être achevée dans une féance, nous avons eu occafion de remarquer que l'accroifTemenr du volume de l'air fixe ne fe faifoir pas (ubitemenr, &

que cet accroifTement continuoit encore Ci;s progrès, long-tems après que nous avions inrerrompu la produèlion des étincelles; enfin nous n'avons celle d'éledrifer qu'après avoir bien reconnu que i'éledricité SUR VFAST. NATURELLE ET LES ARTS. 277 ne prndtiifou plus aucun chanjîement ; alors le volume He l'air fixeétoic inégalement argmenté dans les difFérens bocaux, & fon augmenration totale étoit à-peu-prcs du vingt-quatrième de fon volume primitif.

Nous avons encore remarqué dans cette opération , 1°. que la fur- face du mercure dans Tintérieur de chaque bocal , fe couvroir d'une pou- dre noire, qui s'arrachoit au verre & qui le noircifloit près du mercure ;

2°. que les excitareurs de fer, placés dans l'air fixe ,• fe calcinoienr au point que dans la plupart des bocaux il s'éroit formé de la chaux martiale qui étoir tombée fur le mercure; du moins nous avons pris peur de la chaux de fer, une poudre couleur d'ocre, dont une partie adhéroit aux excitateurs, à l'endroit où l'étincelle étoit excitée. Le ga?. qui avoit été dilaté par l'opération précédente, a été mis en contadl avec de l'a'kali cauftique qui en a abforbé rapidement une partie, mais qui en a laiiTé une colonne de quatorze pouces, fur laquelle il n'a- voit plus d'aclion ; en forte que le rapport du volume de l'air ^fixe di- laté à celui du fluide qui n'étoit pas capable de fe combiner avec l'alkali cauftique é:oit à -près celui de à ou , -peu 21 , J, 14, de 332.

En expofanr fur du foie de fcufre , un produit analogue que nous avions obtenu de quelques expériences antérieures, rous nous étions

adurés que ce réfidu n'etoit pas de l'ùir déphlogiftiqué , ce qui s'dccordoic avec les réfultats de M. Priel^ley ; nous avons cru néreffaire de re-

11 étoit chercher d'abord ce réfidu de la mofete atmofphérique ; pour cela nous l'avons mêlé avec de l'air déphlogiftiqué, dans le rapport de

l'dvons mis (iir du mercure dans trois bocaux ren- 3 à 7 , & nous verfés & garnis dans l'intérieur d'excitateurs, afin de reconnoître fi par le moyen de l'étincelle éleftriqiie , ce mélange produiroit de l'acide ni- treiix : ce qui devoir arriver, fi le réddu étoit de la mofete, comme Al. Cavendish l'avoir découvert peu auparavant. Nous omettons plufieurs précautions que nous avons cru dans le 'ems

devoir prendre, .?>: que par la luire nous avons reconnues inuiiles ; par exem- ple nous avions introduit dans chaque bocal fur le mercure, quelques gouttes d'aîkali cauftique pour abforber l'acide, à mefure qu'il fe for- la meroir ; t**^ dans la crainte que cet acide , en a-taquant fubfl-ance métallique des excitateurs, n'échappât'à nos recherches, nous avions fait

faire les inftrumens avec des fils d'or.

Dès la première étincelle, il s'eft fait dans le premier tube une

explofion femblable à celle qui auroit eu lieu dans un mélange d'air

inflammable & d'air déphlogiftiqué ; & le volume du mélange qu!

étoir auparavant dans ce boc^l de ^jj'^ pouces , a été réduit par-là à 2.2.. pouces. En excitant ^le^ étincelles dans les' autres bocaux, nous avons produit de femblables explolions , mais les vafes fe font brifcs par la violence des détonnations, & le fluide élaftique s'étanc ,

27S OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

échappé, nous n'avons pu juger ds la diminution cjue Ion volume a dû éprouver.

Il réfulce de cetre expérience, i°. qu'en excitant des étincelles nuiltipiiées dans l'air fixe dépouillé de tout gaz étranger, on augmen- 2". te Ion volume ; que cette augmentation graduelle fait encore des progiès, lors même que l'on lulpend pour quelque tenis l'éledlrifa- 3". qu'elle celle enfin quoiqu'on continue d'exciter tion ; complètement , des étincelles, & qu'alors elle ell à-peu-prcs du -^^ du volume primititdu fluide élallique; ^j.". que pendant cette opération l'excitateur de ferle calcine , & qu'il le répand fur le mercure une poudre noire qui ter- nit fa furface & qui s'attache au verre; J°. que l'air fixe dilaté pat les étincelles ell un mélange de deux fluides , dont l'un efl mifcible avec l'eau &C avec les alkalis cauffiques , & dont l'autre refufe de fe combiner avec ces fubftances , & que le rapport des volumes des deux 6°. fluides qui compofent ce mélange , eft à-peu-près de 332; enfin que celui de ces fluides qui ne le combnie pas avec l'eau efl un air

qui l'air l'é- inflammable , détonne avec dephlogirtiqué , au moyen de tincelle éleéfrique.

Aéluellenient, pour rendre raifon de ces phénomènes , nous remar- querons que l'air fixe , celui même que l'on obtient de la terre cal- caire par la calcination , tient de l'eau en dilfûlution & qu'il efl fa- turé de ce liquide; car, dans le dernier cas, il eft chargé d'une par- tie de l'eau qui entre dans la conipofition de la terre calcaire, 6c qui eft dégagée de fa combinaifon par la violence du feu ; c'tfl à une portion de cette eau , tenue d'abord en dllfolution par l'air fixe incandelcent & abandonnée enfuite en vertu du refroidillement, qu'il faut attribuer la forme de petits nuages que prennent les bulles d'air fixe, lorfqu'elles fortent de la cornue, pour fe répandre dans le bocal qui les reçoit;

&C ces nuages qui font le produit d'une véritable précipitation , prou» vent que l'air fixe relie faturé d'eau.

Or l'eau ne peut pas fe dilfoudre dans le fluide élaftique , fans aug- menter leurs volumes ; parce qu'alors elle quitte l'état liquide , & qu'elle prend une denlité qui appproche davantage de celle du fluide dilTolvanr. M. de SaulTure a prouvé que cela a lieu lorfque l'eau fe diffout dans l'air atmcfphérique ; 5c il efl inconteflable que la même chofe doit arriver lorfque l'eau fe diffout dans l'air fixe. Seulement à quantités

égales d'eau diffoute dans ces deux fluides , l'augmentation produite dans le volume de l'air fixe doit être moindre , parce que la denfité de ce dernier gaz eft plus grande que celle de l'air armofphérique; mais la quantité d'eau néceffaire à la faturation de l'air fixe , eft beaucoup plus grande que celle que l'air atmofpherique peut dilfoudre dans les mêmes circonftances; & jufqu'à ce qu'on ait fait fur cet objet des expé- Ainli liences préçifes , on peut croire qu'il y a au moins çompenfation, SUR LIUST. NATURELLE ET LES ri RTS. 279

le volume de l'air fixe n'eft pas entièrement rempli par la fubftance

même de ce fluide , & une portion allez conlidérable de ce volume doir être regardée comme occupée par l'eau que l'air fixe tient en difTolu-

tion (î ; en forte que par quelque moyen on le privoit de cette eau ,

fans attaquer fa fubftance , on diniinueroit fon volume d'une manière fenlîble.

Lors donc que l'on produit des étincelles éledriques dans l'air fixe,

au moyen d'un excitateur de fer , ces étincelles difpofent le métal à la calcination; & parce qu'il n'y a pas d'air déphlogiftiqué libre qui puilfe

concourir à cette opération , le métal décompofe Veau que l'air fixe

fient en diffolution , il s'empare de la bafe de l'air dephlogirtiqué, 6c

il l'air abandonne inflammable , qui , reprenant l'état éiaftique, occupe un volume plus grand que n'étoit celui de l'eau avant fa recompoli-

tion , même conddérée dans fon état de dilTolurion. La calcination du métal produit donc ici deux effets qui (ont oppofés & dont on n'apper- çoit que la différence; 1°. en privant d'eau l'air fixe, elle diminue le

volume de ce gaz-, 2°. en reftituant de l'air inflammable dont l'expan- fîon eft plus confidérable, "elle augmente le volume du fluide éiaftique d'une plus grande quantité, & c'eft cet excès feul que l'on apperçoir. Ainfi à mefure que l'on excite de nouvelles étincelles & que l'on con- tinue de tavorifer la calcination de l'excitateur, l'augmentation du vo-

lume du fluide éiaftique fait de nouveaux progrès, jufqu'à ce que l'air fixe fût entièrement dépouillé de l'eau qu'il tient en diffolution, ou du moins de celle qu'il peut abandonner à l'adion du métal; alors

Cette augmentation ceft^e , & le fluide éiaftique eft un mélange d'air

fixe privé d'eau ,(& dont le volume eft diminué ) & d'air infltmmable. Si l'on expofe ce mélange fur de l'alkali cauftique, l'air fixe eft ab- foibé, & ce qui refte eft de l'air inflammable, altéré par quelques lé- j;creç portions d'air fixe qu'il fouftrait lui-même à l'aèfion de l'alkali.

Enfin il l'on fait détonner ce gaz inflammable avec une dofe conve-

nable d'air déphlogiftiqué , le produit de l'iiiflammarion n'eft que de l'eau,

& il ne fe trouve d'autre réfidu que la petite portion d'air fixe que l'air inflammable avoir retenue. En effet dans le bocal où nous avons mis le mélange d'air inflam-

mable & d'air déphlogiftiqué pour opérer la détonnation , le volume

total de ce mélange avant l'explofion , étoit de Jjjy pouces; les deux fluides avoient été mêlés dans le rapport de 3 à 7; ainli le volume occupé par l'air déphlogiftiqué étoit de 2,48 pouc. Celui de l'air inflammable étoi: de 1,07 pouc.

Total 3,J5' pouc. L'air inflammable a dû confommer à-peu-prcs la moitié de fon volume d'ait déphlogiftiqué, c'eft-à-dire,à-pe«-près 0,J3 pouc. ,

250 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

Ainii l'explofion a dû coiilomnicr 1,6 pouces de (luide élaftique; & rctranchanc ceite fon)ine du volume [-n iiirih, le volume du relidtt

ccre djiis notre hypotlière , dv; I pouces , nous avons trou- a dû , , p^ & vé c]ue le rélîdu etoit réellement de 2,1 pouces ; ce qui s'accorde piefquc parlaitement avec le lefultat du calcul; fur-tout lî l'on re- niarque que les iiielures .actuelles 'n'ont pas pu être prifes avec une exaibtude rigouieuie , & qu'il a dû relter dans J'air inflammable une petite quantité d'air fixe, ce qui doit aug.nenter nos refuirats par deux caufes, 1°. parce qu'il y avoir moins d'air inflammable que d'air nous ne l'avons fuppofé , & qu'il y avolt moins confommé pat l'explofion; 2°. parce que le rélidu elt augmenté par l'air fixe.

Pour fimplifier l'cxpofi de notre hypothèfe , nous n'ayons attribué jufqu'ici la dilatation de l'ait fixe, par l'étincelle élcdlrique, qu'à Ja calcination du ir.ctal fcul de l'excitateur ; mais lorfqu on fait cette opération fur du mercure , le même phénomène a encore lieu, lors même que l'excitateur n'elt pas fufceptible de fe calciner; c'eft ce que M. le Préfideat de Saron a vérifié, en répétant l'expérien.e dont il

%apt avec des excitateurs de platine. Or il laut remarquer que le mer- cure a, comme l'eau, la faculté de fe dilfoudre dans les fluides élal-

tiques; il s'en dilTout donc dans l'air fixe une portion qui augmente le volume du fluide élaftique , la partie de ce mercure dilFou-) qui le trouve dans le voillnage de l'étincelle fe calcine, & c'el} Te rél'ultac 4e cette calcination qui forme la poudre noire que l'on apperçoic fui Ja fut face du mercure, dans l'intérieur du bocal où fe fait l"oj)ération. A mefure que par-là l'air fixe fe dépouille & du mercure & de l'eau

qu'il tient eh dilTolution , il devitnt en état de dilfoudre du nouveau fon mercure ; cette difl'ûlutiûn potlérieure augmente encore volume , fe faire fubitement qui eft la & c'eit cette dilfolution qui ne peut pas , caufe du progics que fuit la dilatation du fluide elallique, quelque-tems après que l'on a fufpendu l'ékdtrifation. On voit donc que l'on peut rendre raifon de la dilatation que l'é- tincelle éleûrique produit dans le volume de l'air fixe, fans fuppofer l'on explique que ce fluide foit altéré dans fa compofition ; & d'une manière raifonnable toutes les circonllances de ce phénomène, en fup- l'exci- pofant qu'il téfulte de la calcination , de la fubftance même de tateur & du mercure tenu en dilfolution dans l'air fixe, & en attri- buant cette calcination à la décompofirion de l'eau dilîoute dans le même fluide élaftique; ce qui n'a rien de contraire aux connoiffances qua noi4s avons ùdtuellgiuent en Chimie.

'^s

SUITE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 281

SUITE DE L'EXTRAIT DU MÉMOIRE DE MM. VANDERMONDE, MONGE ET BERTHOLLET.

Sur la Fonce ^ le Fer ^ l'Jcier & la Plombagine j

Par M. H A s s E N F R A T Z.

Du Charbon confidéré dans fon état de combinaifon avec le Fer , & dans Vciac où il ejl au fonïr de cette combinaifon.

J-^OUS avons vu, difent ces favans Académiciens, que le char- la bon a faculté de fe coinbinet avec le fer ( i ) , & que le réfultat de cette combinaifon doit être regardé comme une véritable diiTolu-

tion , parce que ces deux fubftances fe diftribuent unitormément dans

l'intérieur de la niade , mali^ré la différence de leur pelanteur fpéci-

fique , ce qui eft le propre des diflolutions, & parce que la tonte & tufîon l'acier en tranlmettcnr du charbon au fer doux qu'on y plonge. Cette affinité du charbon avec le fer eft évidemment variable fuivanc

les températures ; car i". par les températures ordinaires , ces deux

matières n'exercent aucune adion l'une fur l'autre , & il faut qu'elles foient chauffées toutes deux jufqu'à un certain point, pour que la dif- folution puifTe avoir lieu. 2°. A mefure que l'on élève davarlta'^e la température, la dilfoluîion devient d'autant plus abondante, ce qui l'excès charbon le fer la eft prouvé par de que prend , quand chaleur

eft pouflée trop loin dans la cémentation , & par celui que prend la fonte dans les hauts fourneaux lorfqu'en employant trop de charboa dans la charge, on excite une trop haute température dans les four-

neaux. Ainfi le fer eft fufceptible d'être faturé de charbon , & la qiantité de cette dernière fubltance nécelToire à la faturatîon varie félon la température.

Il fuit delà, que fi la f.inte & l'acier fondu font faturés de matière charbonneufe par une température beaucoup plus haute que celle qui

eft nécelfaire à la fufion , & qu'on les laifle refroidir , le métal , à caufe de la diminution de l'affinité, doit devenir fuperfaturé & abandon- ner du' charbon , c'cft -à-dire fe troubler. Mais l'état du mélange doit être différent félon le régime du réfroidilTenienr.

(0 En traitant de la ccmentation. Tome XXIX, Pan. U, i-jSÔ. OCTOBRE. Nn 282 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

S\ ce réfroidiiïemenr eft condaic d'une manière très-lente, le mé- tal doit s'épurer par une elpèce de précipitation, & le charbon aban- donné, doit s'élever à la lurtace. C'eft à cette dépuration comme nous

allons le voir dan^ un moment, qu'il faut attribuer la plombagine que

l'on trouve à la furlace de la fonte gnlecoulée en grolTe malle , & celle qui tapilTe ordinairement les cuillers avec leiquelles on jerte cette matière en

moule. Mais fî le refroidiffement eft fubit, ce qui arrive le plus ordinai- rement, le charbon abandonné eft furpris dans le méral avant qu'il aie

pu s'en dégager, & il fe trouve dilTéminé dans l'intérieur & non com- biné.

Or les affinités de deux fubftances étant toujours réciproques , & le fer ayant la faculté de dilToudre du charbon, le charbon doit être re-

gardé comme capable à fon tour , de retenir du fer ; de plus routes les fois qu'une précipitation fefait fans intermède, la fubftance abandonnée

fft toujours farurée du difîolvant ; c'elf ainfi que l'air abandonné pat L'eau en vertu d'une élévation de température ou d'une diminution de

preffion , ell toujours faruré d'eau ; donc le charbon qui avoir été te- nu en diflohition dans du fer coulé & qui a été abandonné en verru

d'un refroidilFement , doit être faruré de fer. Ce ii'eft pas du charbon pur, c'eft de la plombagine, c'eft-à-dire la même fubftance que celle dont on fdit les crayons d'Angleterre. En effet toutes les expériences que M. Bergmann a faites fur le té-

fidu noir des dilTolutions de la fonte & de l'acier dans les acides , prouvent que le réfidu eft la même matière que la plombagine, & toutes celles que MM. Schèele, Hielm & Pelletier ont faites fur la chat- plombagine , prouvent que cette fubftance n'eft autre chofe que du bon combiné avec une certaine portion de fer. Nous nous contenterons de rapporter les principales. 1°. La plombagine fft inaltérable au plus grand feu dans les vaifTeaux clos; & lorfqu'on la calcine fous la moufle, elle perd les ^ de fon poids, & le réfidu eft une chaux martiale. 2°. Lorfqu'on la tait détonner avec le nitre.elle produit de l'air fixe & elle donneiin fédiment ferrugineux. 3°. Lorfqu'on la diftille avec du fel ammoniac, ce fel fe fublime en

fleurs martiales , c'eft-.i-dire , en fleurs de fel ammoniac chargé de

fer. 4°. Nous avons fait digérer de l'acide marin très-pur fur de la

plombagine, pendant la digeftion il s'eft dégagé un peu d'air inflam-

mable. Il s'eft dilfous les -^ de la matière employée , & la partie dif- foute, éroit du fer que nous avons précipité en bleu de PrufTe avec l'eau de chaux piuftienne préparée à la manière de M. de Fourcroy. L'air inflammable qu'on oluient dans cette opération eft produit par la dilfoluiion du fer dans l'acide. SUR L 'HIS T. NA TUREL LE ET LES ARTS. 285

Toutes ces expériences prouvent que la plombagine contient du fer ; les fuivantes prouvent qu'elle contient du charbon. i". Elle revivifie la litharge & l'acide arfenical, & dans ces deux opérations, il y a de l'air fixe produit.

2°. Diftillée avec des Tels vitrioliques , elle produit dufoufre. 3°. Avec l'acide phofphorique, elle donne du phofphore.

4.°. Avec les alkalis caulliques humides , elle les rend effervefcens,

J°. Enfin , avec le nirre ammoniacal , elle décompofe l'acide , & en- fuire l'alkali volatil dégagé fait efïervefcence avec les acides.

Nous avons répété & vérifié le plus grand nombre de ces expériences , & nous en avons tait une autre donc nous croyons devoir rendre compte. Nous avons placé de la plombagine en poudre fur une petite foucoupe dans de l'air déphlogifli que contenu fur un appareil dePriefHey,parun bocal

de verre renverfé , iSc nous l'avons expofee à la lentille de Tcliirnauls,

qui appartient à l'Académie. La plombagine s'y brûloir très-lenrement , & lacombuftion donnoit lieu à de petites déflagrations qui difperfoient une partie de la matière. Sur. la fin de l'expérienc, & lorfque le fluide élaftique contenu dans le bocal étoit devenu beaucoup moins propre

à entretenir la combuftion , la plombagine fe convertidoit à la fur- face en petits globules qui étoient dans une véritable fufion; en incli-

, failîons qu'ils nant la foucoupe nous joindre deux de ces globules , qui dès

Te touchoient , fe réunilFoient comme auroient fait deux pareilles mafles de mercure. Nous fommes parvL-nus de cette manière à former des globules qui avoient plus d'une ligne de diamètre. Enfin nous avons

ce'Jé l'opération lorfque la combuftion a refufé de continuer , faute d'air déphlogiftiqué. Huit jours après, nous avons trouvé que les j du

fluide avoient été abfîrbés par l'eau de l'appareil , c'étoit de l'air fixe qui ré-

la laj fultoit de combuftion de la partie charbonneufe de plombagine ; l'autre iîxième étoit inflammable comme le gaz qui fe dégage lorfqu'on diftille du charbon humide, occalîonné fur la fin par la combuftion du fer & du charbon lorfque l'air déphlogiftiqué étoit épuifé ou qu'il n'é- roit plus en aflez grande quantité pour entretenir cette opération. Quant

aux globules , nous avons trouvé qu'ils étoient beaucoup plus durs que la plombagine-, leurs furfaces étoient vitreufes; ils ne lailToient point de traces fut le papier; ils n'étoient pas attitables à l'aimant. Par la di'^eftion dans l'acide marin ils ont abandonné une grande quantité

de fer , 5: ils ont laiffé un fediment noir , femblable à celui que laiffenc la fonte & l'acier dans les mêmes circonftances. Ces globules n'étoient donc que le réfidu ferrugineux, qui avoir été calciné, puis vitrifié par la chaleur du foyer, & qui avoit retenu une portion de la plombagi- ne non brûlée avec laquelle il avoir été en contait. 11 réfuire donc de toute ces expériences que ce n'eft pas par acci- Tome XXIX, Pan. II, 1786. OCTOBRE. N n 2 2S4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, deiu ct,iiiJiie l'ont cm ijnelLjues Auteurs, que la p oii:b g ne dont on fait les crayons d'Angleterre , contient peu-à-peu -p; de ter, & que faris ce métal Ja plombagine ne l'ercit autre choie que de la matière cliar- bonneufe pure. On doit donc regarder cette fubftance comme di^ charbon fdturé de ter.

D'ailleurs il ert certain que le fer abforbe du charbon dans le haut fourneau pour produire la fonte, & dans la caifTe de cémenration pour

produire de l'acier. 11 eft certain que la fonte grife , en fe réfroidilTanr , abandonne une fubflance qui a abfolument tous les caradcres de la plombagine, & à laquelle il ne manque que d être adhérente pour fai-

re des crayons. Cette fubflance a la couleur de la plom'nai;ir,e , elle eft douce au toucher, elle laide des-taches furie papier, & dans l'a- nalyfe, elle ne donne d'autres produits que du fer & du charbon. Nous croyons être en état de conclure, 1°. que la plombagine efl une fubflance que nous pouvons compofer & qui fe compofe en tfle: tous les jours dans les hauts fourneaux où l'on coule de la fonte gnfe,

vient nager à la furface du métal en fufîon , lotfque ce métal en fe

refroidifTant , abandonne l'excès de charbon qu'il tenoit en difTokuion. Dans cette elpcre dépuration, le charbon entraîne tout le ter qu'il

peur retenir à (on tour , & la plombagine eft formée. 2°. Q\.\t dans la fonte & 1 acier refroidis, il y a du charbon com- biné, mais qu'il y en a aufli une grande quantité qui étant abandonnée

par le refroidiPémenr efl diffeminée dans la maffe , &i non combinée. Ce n'eft pas du charbon pur, c'eft de la plombagine à laquelle la prompti- tude du refroidiflement & l'état pâteux du métal n'a pas |iermis de fe

ralfenibler à la (urface. I^a tache noiie que l'acide nitreux lailîe (ur l'acier

tS: la fonte, félon i'obfervation de Rinman, eft due à la plombagine que l'acide met à découvert en difïolvant le métal. Ainfi la fonte gnfe & l'acier, fur-tour celui qui eft trop cémenté, ne peuvent pas être regardés comme des fubftanres homogènes. Ils font l'un èi l'autre le réfultat de diffoiutions qui fe font troublées par

un premier réfioidiffenienr , & qui fe font durcies enfuite par un réfroi- dilTement plus grand. L'adhérence qu'ont l'un pour l'autre le fer & le chaibnn qtn" en- ,

trent dans la con^pofition de la plombagine, empêche que ce'te fubf-

rance ne foir aufli couibuftible que le charbon ; libre de toutes com-

binaifons, elle exige une plus haute ten-'pérature pour brûler, & il faut pour la faire détonner, une plus grande quantiié de nitre que pour

un pareil poids de charbon ; non comine le penfe M. Srhéele , que la plonibigine contienne plus de phlogiftique que le charbon; mais parce que la combiiftion de cetre fubftance étant trcs-difh'ciie, les par'ies qui, dans la détonnation ne font pas placées dans des circonfta"ces très- favoiables, ne fe brûlent point. Âufll d'après I'obfervation de M. Schéele SVK VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 285-

lui-même, le fiuiJc; élallique ciégagé par la déronnalion de là plom-

bagine, n'eft pas de l'air fixe pur, il contient encore une grande ouan- tité d'air déphlogiftiqué qui n'a pas été employé.

OBSERVATIONS

Sur le Bouquetin des juives de Savoie \ &• fur celui

de Sibérie y

Par M. B E R T H O U D V A N - B E R C H E M.

t/ E ne connois le bouquetin de Sibérie, que par la dePcrip-ion

qu'en a Pallas :^col. mais j'ai donnée M. {Jp. flifc. XL p. 5z) ; vu pliideurj cornes du bouquetin des Alpes de Savoie, & )'a! examiné plu- iieurs lois un bouquetin vivant, qui fe trouve à Aigle, chez M. le Gouverneur de Yatteville. En comparant la defcription de M. Pallas avec celle que M. Daubeinon a donnée du bouquetin européen (i) &rm-

dividu que j'ai vu, il me paroît que la différence la plus apparente,

git dans les cornes. M. l'allas décrit ( /. c. p. 5^ ) ainfi les cornes du bouquerin de Sibérie. Cornua grifeo-n'igricantia , baji œqiuil'aer

triincaia , reirorjum falcata , irqualiter Jivergejua , extremo apice

paululum inirorfum decUnato , comprejjli , inag:s juhius j dorfo craj- fiore y phin'v.ijculo , nodis iranjverjis prornincniijjlmis , convexis quafi

aniculata, cccterum obfolete rugofa , longitudïniûnerflriata ; latere exte-

rhire planiora , extrem'itate coinprcjjlora , locvioraque. Les cornes da notre bouquetin leur relFemblent beaucoup. Elles fonl auflî courbées en bas & un peu recourbées en dedans, elles ont des (Iries longitudi-

nales, le côté extérieur pl.ine , l'extrémité unie, la couleur noirâtre-, elles font plus compri.-^-.ées deilous & ont une face antérieure, mais cette face eù. plus applatie & plus diftindle danî notre bouquerin que dans celui de Sibérie, & elle eft marquée par deux arrêtes longitudinales dont l'interieute eft beaucoup plus luilible que l'extérieure. On trou- ve dans les cornes de ces deux animaux des noeuds tranfverfaux &pro-

éminens , mais dans celui des Aires ces nctuds font étendus en forme d'arrêres tranfverfales, & la partie qui fe termine à l'arrête longitudinale interne y forme un tubercule faillant. On voit donc que ce font dans

les arrêtes longitudmales , rappiatilTement de la face antérieure & la forme

Nat. tom. Xil,pnge i(6. 23(5 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

des arrêtes confiftent les tranfverfales , que principales ciiôérences qui fe trouvent eiirre les cornes de ces animaux. Mais on fair qu'il n'y a pas cie carasitères plus variables que ceux des cornes dans les animaux fau-

vages comme dans les domeiliques. Non-feulement ils varient dans les

individus de la même efpèce , mais encore dans le même individu à

différent âge. Par exemple , dans les cornes de bouquetin décrit pat

M. Daubenton ( T. XII, [>. iGS) les tubercules éroient très-petits fur la partie inférieure des cornes, & beaucoup plus ^rps fur le rel^e de leur étendue, tandis que dans le bouquetin d'Aigle ces tubercules étoient plus gros fur la partie inférieure. Déplus ce bouquetin d'Aigle, donc

j'ai (uivi l'accroiflement , n'avoir pas à l'âge de deux ans l'arrête lon- gitudinale extérieure, fenfible, & les arrêtes tranfverfales n'étoient que

des nœuds proéminens ; ce n'eft qu'à l'âge de trois ans que les carac- tères qui dillinguent ces cornes, font devenus apparens. Ces arrêtes longitudinales, qui ne dépendent peut-être que de l'applarilîémenc plus ou moins grand de la face fupérieure , & les autres différences que l'âge de l'animal tait varier , ne forment donc pas des caraflères fpécifîques. Le climat &: la nourriture font les caufes qui influent le

plus fur les cornes des animaux : ainli il n'eft pas étonnant qu'il y ait quelques différences entre les cornes du bouquetin de nos Alpes & celles du bouquetin de Sibérie. Je crois donc, puifque leurs diffé-

rences font des caracT:ères variables , & que d'ailleurs leuf manière de vivre & le relie de leur figure ont le plus grand rapport qu'on doit , les regarder comme de la même efpèce. Et ce qui confirme encore

mon opinion , c'eft que M. Pallas , bon juge en cette matière, ne fépare pas ces animaux.

La defcription de la corne repréfentée pL i, fig. x du Journal de

Phylîque pour le mois d'Août de cette année, eft fi peu déraillée qu'il

efl dilTicile de juger à quel animal elle appartient. Mais en la compa- rant avec les cornes du bouquetin de Sibérie, repréfentées (pL 5 , fig. /f, :!^ool, Se n-prélentées dans Jp. fafc. II ) celles du caj'ra agagres la planche trouvera lemble .qu'elles ont plus de même ,fig- 2., on , ce me

rapport avec celles de l'œgagre qu'avec celles du bouquetin , ce qui me feroit penfer que c'efi en effet une corne d'œgagre, d'autant qu'il eft dit dans le Journal, qu'elle a beaucoup de rapport à celles du bouc. Or l'on fait que la plupart des Naturaliftes regardent adluellement

l'œgagre comme l'origine fauvage des chèvres domelliques , & quefet cernes reflemblent à celles du bouc.

Il eft dit dans la lettre fur le bouquetin (Journal d'Août , pag. 156) que tous les faits annoncés par fon Auteur au lujet de cet animal

font vrais. Mais un de ces faits eft , que le bouquetin ne produit pas avec la chèvre; or j'ai dit & je dois le répéter ici, que j'ai vu des métis provenants de l'union du bouquetin d'Aigle avec plufîeurs che- ,

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 287 vres, & je puis «ppeler en rénioioiiage de la vériré de ce fdU M. le Gouverneur de VatreviUe &: tous les habitans du hourg d'Aigle Cj'ui ont vu &c font à même de voir tous les jours ces métis.

ÉPREUVES RELATIVES A L'ADHÉSIONj

Par M. M

Article premier.

V^N a fufpendu en équilibre à un trébucher une bouteille cylindrique de 21 lignes 'de diamètre dans la partie inférieure , & terminée en haut par un allez long col de 2 lignes & demie de diamètre, clos avec un bouchon de cirt molle. I-e fond de certe bouteille avoir été enlevé en l'ufantsvec du fablon.

L'épailFeur de la tranche de fjn conrour intérieur, à découvert , n'éroic que de demi-ligne. Elle pefoit ainli bouchée gros grains. 4 j & 14 -^ Au- deffous étoir placé une cuvette , donr le bord lupérieur éroit plus élevé que le bord inférieur de la bouteille. On y verta de l'eau jufqu'à ce qu'elle atteignît précifément le bord de la bouteille , donr on furchargea enfuite Je contrepoids jufqu'à ce que fon adhéfion à la fiirfdce de l'eau fût fur- montée. Il y fut employé en tour 16^'- grains. Le dernier demi-grain détacha la bouteille de la mafîe d'eau.

"Une féconde expérience fut faire avec la nxcme bouteille , dont le bouchon de cire avoit été ôté & appliqué aux parois cxrérieiyes de la

bouteille , afin qu'elle ne cefsàt pas de pefer autant que d.ins la première expérience. Dans celle-ci 42 ^grains fuffirenr pour l'tr.lever de delTus la furlace de l'eau. La différence des réliflances à la fépaiaiion d'avec l'eau

'-. dan' ces deux expériences fut de 120 -j grains = 163 — 42 L'inrenlité de l'attraction qu'on fuppoferoit y avoir intiué feroit Is dans les les plans ricme deux , parce que de contacl: y font les mêmes

& par cette raifon il a dû en erre de même par rapport à l'aclion de l'affinité. Il n'y a que l'aftion de la prefîion de l'arniofphcre qui ait pu

varier dans ces circonftances ; & on en découvre les rapporrs dans l'une & l'autre, qui doit ê're en raifon des éendues des furfaces contigues & égales qui y font en prife à cette preiiîon verticale.

L'égalité d'intenfîté de l'aélion , (bit de l'attraélion , foit de l'ôffinité

dans chaciir.e des deux expériences , aurorife aflez à metrre fur le compte de la prelTion atmofphérique là difTéreiice des réfultats. A l'égard de Ja ,,

«"8 OBSERTATIONS SUR LA PHFSIQUE. boiireille clofe, la prelTion verticale de l'armorphère s'exerce fur toute l'éten/iue de l'aire horifonrale qu'eiiibrairent la furface de la malTe d'eau

enclavée, & la coupe des parois de la bouteille , qui la terminent, dans le plan qui corrèfpond au niveau de l'eau contenue dans la cuvette. A l'égard de la bouteille non boucliée au haut, la preilion verticale de ratmorphère ne peut s'exercer efficacement que fur l'épaifleur de la tranche circulaire des parois verticales, qui fe trouve feule en contaâ avec la fil face de la mafTe d'eiu.

Ainfi dans les deux circonflances , le rapport des prelTions atniofphé-

riques doit être celui de 530 ^ lignes quarrées ( aire de l'efpace embralfé par la furface extérieure du bas de la bouteille fur la niafTe d'eau ) à quartérs dé" Ces parois verticales puifqiie la 53 lignes C aire la coupe de ) ,

être lignes : : : : lignes circonférence extérieure doit de 66 , 7 22 21 66

qui, fur une éoaiireur d'une demi-li;;ne , ne donnent que 33 lit>^nes

quarrées; enfin lignes de circonléience , mulripliées par lignes, , 66 y j quart du diamètre, donnent pour l'aire du bas de la bouteille (l'épailîeut

de fes parois y comprife ), 34.6 | lignes quarrées.

Etendue de l'aire complerte de la bouteille occupée fur la furface de

l'eau 34-6 j Etendue de celle relative à la coupe de fes parois verticales ^^

Différence 313

Rapport des deux étendues, 346 } à 33.

Et ce rapport 346 7 à 33 ell dès-lors celui des preiïions verticales de l'atmofphère fur la bouteille dans les deux cas fpécifiés. 11 eft bien différent de celui 163 {h 42 des forces néceflJires pour détacher de l'eau la bouteille dans ces deux mêmes cas, parce que l'inrenfité de l'action de

l'artradian ou affinité qui y intervient, y efl: égaledar.s les deux cas, étant toujours uniquement relative à l'aire de la tranche horifonrale de (es

parois verticales appliquée fur la furface de l'eau , & que les forces

employées ont à furmonrer en mênie-tems & la preilion de 1 atmofphcre & cette affinité ou attraclion. Au refte, il exi'le un nir>yen de démêler à quel point l'une & l'autre

de ces caufes , la preffion de l'air & l'af-Hiiicé ou attraélion , concourent chacune de leur part & interviennent dans les phénomènes dont il eft ici queftion.

L'expérience nous a fait reconnoître les valeurs des rélîftances que , dans ces diverfes circonftances, la bouteille oppofe à fe laiiTer détacher

de l'eau fur laquelle elle efl appliquée; il ne s'agir plus que d'apprécier les valeurs réelles 5i refpeétives de l'dCtwn de l'affinité & des prclfions

de l'air qui ont dû s'exercer dans ces mènes circonftances, & qui , déduites des intenfités des rélîftances refpedives à la féparation d'avec le fluide SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 25p

naine, donneront les expreffions des influences de l'autre caufe ou adioii qui s'y combine.

Selon les réfultats de nos expériences , le rapport des réfiftances onpofées par la bouteille ciofe & par la bouteille ouverte au baiir , eft celui de

KÎJ à

des épreuves faites à cet égard par M. B . . . . être conflaniment le même,

foit que le goulot de la bouteille fût totalement ouvert , foit qu'il ne le fût qu'à clos demi , ou que avec un bouchon de cire , percé enfuite avec une épingle, la communication de l'air intérieur avec celui de l'atmol-

phere ne pût avoir lieu que par un pafTage très-retrécis ; ce qui indique que la prelTîon de l'atmolphère fur la bouteille ouverte eft évidemment rnefurée par la feule étendue de la coupe ou épaiiTeur de fss parois

verticales au niveau de l'eau , & que le reliant de la voûte de verre fupé- rieure & le bouchon percé n'elTuitnt ici de fa part aucune preflion qui devienne fenfible.

L'étendue de la furface horifontale ou coupe de fes parois verticales, eft

de 53 lignes qirarrées , tandis que l'étendue horifontale de l'aire de la bouteille clofe toute en prife à la prelTion de l'atmofphère eft de 346 ^ lignes quarrées, comme il a été dit ci-devant. Or , ce rapport de 33 à

346 \ ell: bien différent de celui des réfîftances à la féparation qui eft de 163 grains à 42; & cela conftate que la preflîon atmofphérique ne contribue pas feule à la réliftance oppofée à la féparation d'avec l'eau , &C qu'une autre caufe doit y concourir , foit l'allinicé , foit l'attravftion , fo;t toutes les deux enfemble. l'our déterminer i'inrenfué de l'adion de cette caufe fecondaire dans les deux circonftances précédentes, il y avoir à conlidérer que les forces,

employées , ont eu à vaincre la prellîon l'arni qui y ont été de ifphère , qui dans ces deux circonftances de la bouteille clofe & de la bou'eille 01. verre en-haut, eft dans la raifon de 346 \ à 33, & en même-iems de \-Avts

Taclion de l'affinité ou attradion , qui eft la même dans l'une que dans l'autre de ces circonftances , puifqu'elle s'y exerce également entre la tranche du contour inférieur de la même bouteille, & la mafle d'eau fur laquelle elle eft appliquée. L.e rapport combiné de la prefiîon de ratmofp'.icre avec l'adion de l'attraiflion ou affinité, doit nécelTairement être égal aux rapports des contre- poids refpeiîlifs 163 & 42 grains employés dans les deux circonftances de alors notre expérience; l'équilibre ayant eu lieu^ dans toutes les deux , la moindre addition à l'un des contrepoids devoit détacher la bouteille d'avec la m aile d'eau. faifant Or, il étoit facile, en aux deux terme^; 34(5 { Sz 53 f qui expriment le rapport des réfiftances oppofees de la part de la preffion atmofphérique) des additions confécutis-es de petits nombres toujours

é"aux de part & d'autre , de parvenir à fe procurer un nouveau rapport °Tûme XXIX, Part. U, 17S6. OCTOBRE. Oo 250 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

égal à celui de 163 à 42. qui a été celui Ats réliftaiices à la réparation de la bouteille d'avec la maffe d'eau i & en effet par ce finiple procédé , j'ai trouvé qu'en ajoutant le même nombre 76 au.-: deux termes 346 '- Se du rapport réfillances la 33 des de part des prelllons de l'atmofphcre , oa avoit les deux ternit-? 422 ^ Si 109 d'un rapport qui diffère extrêmement peu de celui de 163 à 42 qui eft celui des rélillances à la réparation. Or 163 X lop = 17767 -^ l j,ff- .„^„

On peut fe rapprocher encore plus par la même voie d'une exadlitude complette.

Ce rombre 76 efl: l'exprefîîon de l'aftion de l'affinité ou artraflion dans chacune des deux circonftances de l'épreuve qui vient d'être détaillée, comme ceux 163 & 42 font les e.xpreffions des réfiftances oppofées à la réparation dans ces circonfiances refpectives, 5c ceux 346,' & 3; les expreffions des preffions'de l'atmolphcre auflî bien que des étendues des furfaces de la bouteille fucreffivement en prife à fa prellîon, & enfin ceux lO^) & 4-2 7 les expreffions des rédftances completres exercées de la part de Tadion co/ubinéc de la prellîon de rarmofphère conjointement avec Tadion de l'affinité ou attradion.

163 : 42 : : 422 ,-: 109.

L'affiniré ou l'attradion ePt ici le fupplément à la preffion de l'atmorphère pour former la réhllance totale , Se touc y eft diilingué Se apprécié.

La fane au mois prochain.

Faute ejfentielle à corriger dans un Mémoire fur [ Adhéjîon , Journ.

de Phjjiq. Février 1782 , Tome XIX.

On trouve, au bas de la pai^e 147, le commencement d'une note qui eft bien diflinde du texte du Mémoire par le caradère des lettres en)ployées pour la note qui eft^n caradtère bien plus menu que celui employé pour le texte. Mais à la page fuivante 148, où fe trouve la fuite de la même note au- dflîous du texte, on a empkiyé également de gros caraiflères & pour la

note & pour le texte ; en mêuie-tems l'Imprimeur a oublié de placer une

barre noire entre le texte & la note, comme à la page 147 , de manière qu'il eft impoffible au Ledeur de ne les confondre pis enfemble.

Le texte du Mémoire finit à la ligne 2^ de cette page par les mots : circonférence extérieure de la bouteille. Le reftant de la note, qui contient encore 14 lignes, commence par ces mots; & dans cet article-ci, ccc. , ,

SUR L'EIST. NATURELLE ET LES JRTS. 291

EXTRAIT

DES REGISTRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES :

Du y AoiU 1785.

J.V1. BésiLEj Prcrre de l'Oraroire, ayant envoyé l'année pafTée à l'Acadéniie la relation de la marche & des effets du tonnerre dans la

Collégiale de Riorn en Auvergne, fur laquelle il ctoit tombé pendant violent un orage, la Compagnie nous nomma , M. l'Abbé BolTut& moi, pour Texaminer.

Le 10 de Mai lySj , dans l'après-midi , un ouragan effrayant, qui

venoit du fud , parut au-delFus de la ville de Riom. Il éttàt accoinpagné de

coups de tonnerre très-fréquens, qui , répétés par les échos des environs

produifoient ces rouleme;is que les provinces voifines appellent le tambour d Auvergne : ce font les termes de la relation que nous avons vou!:i

conlerver. Mais vers les Cw heures & demie du foir , on entei.dit un coup

beaucoup plus fort que les autres ; des perfonnes du voilînage alTurcrenc toutes de la manière la plus pofitive qu'elles avolent vu la foudre fortir

d'un nuage & s'élancer fur le coq du clocher. D'un autre côté , d'autres perfonnes qui étoient dans l'églife au même inftant, aflurèrent également avoir vu très-diflindement l'explofion derrière de la foudre dans la nef,

qui fe fit fans fracas , & comme celle d'une fufée qui finit de fe confumer. b fig. Il, planch, I.

Ces deux points extrêmes étant reconnus , l'objet eiïèntiel de la relation eft de bien déterminer aduellemenc comment la matière fulmi- nante a parcouru l'efpace intermédiaire, qui e(l de près de cinq cens pieds, & comment elle eft arrivée jufqu'au-delà du milieu de la nef. Comin»-

il efl: néceffaire, parvenir, pour y de donner auparavant une idée de la conflrudlion 11 traits du clocher, flg. , planch. i , ( Us b b marquent le ptijjage la qui eft en pierres, {ts de foudre ) & de parties intérieures

ainii que de celles de l'églife , M. Béfile a rempli cet objet par fa relation & pat fes dedins. Voye^ planch. j. coq la croix furmonrent le Le , , la boule, qui clocher , font de métal ;

ainll la foudre érant tombée deffus , il ne peut y avoir de doute qu'elle les

aura traverfés : mais la tige de fer qui tient à la boule étant maftiquée dans les pierres du clocher avec des fubftances d'ufage dans le pays, & qui ne rranfmettent pas facilement le fluide éleiflriqiie ou la matière fulmi- nante, & les pierres étant de même mauvais conduifleurs df cette mstièt:', il y a tout à croire , comme le dit l'Auteur , que trouvant-là un obftacle Tome XXIX, Pan. Il, lyS-S. OCTOBRE, Oo 2 2.^2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

à fon pafTage , elle a fait une explofion & s'cft jetée en-dehors. Cela efl; d'autant plus vraifemblable, que les pierres du clocher ont été éclatées dans cet endroit. De-l.i , elle s'ell répandue en l'air , en formant une forte de zig-zaj; en defcen^anr & fe reportant fur le clocher. Cette route réiulte de l'apparence qu'il a préfentée ii l'inftant de l'éclair; car il a paru a plulleurs perfonncs être tout en feu dans cette partie. Les pierres

éclatées aii-defTous, celles de l'angle ou face du clocher, qui eft ortogone, Se qui ont été écornées, toujours«en defcendanr, annoncent aifez que la foudre a fuivi cette diredion. Jl eft à remarquer qu'une de ces pierres

éclatées , dont nous avons parlé , l'a été dans fa longueur , étant placée de champ, & que quoiqu'il y ei'itde l'autre côté dans le dedans du clocher lin crampon de (er , il femhle que la foudre n'a peint lauté à ce crampon pour palier dans l'iiuérieur, & a continué fa route en-dehors jufqu'aux environs de dix pieds au-deflous ; car elle y eft marquée par les pierres qui ont été écornées , comme nous l'avons dit. Pailé cet endroit , on ne trouve aucune marque ni imprelîion de la foudre ; mais on y trouve deux pierres oii le mortier manque , & qui font féparées par une diftance de trois lignes. M. Béfile con:ei5ture que c'eft par cet endroit que la foudre a pénétré dans l'intérieur du clocher. Ce qu'il )^a de certain, c'eft que vingt-fix pieds (^: plus bas , ou î-peu-ptcs ., du même côté , il y a dans ce clocher une elpèce de^porniche ou d'avance , dont on a trouvé les pierres fautées & les débris fur le plancher au-deilous. Or, il réfulte de-là , félon l'Auteur , que la foudre a certainement defcendu de ce côté; &: ce qui paroît juftifier fa corijedure, c'eft que toutes les pierres, qui dans cette partie forment le clocher, foi»t retenues enfemble par des crampons de fer qui ne fe touchent pas, à la vérité, immédiatement, mais qui ne font pas afftz diftans pour n'avoir pas pu fervir de condudeuis jufqu'à la corniche dont les pierres- font faurécs. Mais arrivé-là, on ne trouve de point ce jufqu'au béfroi , qui eft à Poixante-dix pieds au-deiîous bu à-peu-

près, aucune trace ou veftige de la foudre , ni aucunes parties métalliques qui aient pu fervir .î la tranfmettre. Cependant il eft confiant qu'elle eft entrée par le haut de ce béfroi , ce qui donne lieu de croire qu'elle aura

paffé fuccefllvement par les trapes qui font aux differens planchers , en filant le long des échelles, ou en defcendant ?; fautant diagonr.lemenc d'une de ces trnpes à l'autre, les planchers n'étant endoninia^és en

aucune façon. Cette route paroît d'autant plus ceitaine , que félon la pohtion rfcfpeiftive des trapes, la foudre a dû paflcr d'un côté du clocher su côté oppofé ; & c'eft précifement ce qui eft arrivé relativement à l'endroit par où elle eft entrée d.ans le béfroi. Nous venons de dire qu'il croit confiant que la foudre ér'^ir entrée par le haut du béfroi , c'eft ce qui fuit de la déclaration d'un jeune- homme qui par hafard s'y trouvoit dans ce moment-là. Il a afluré pofitivenient qu'il l'avoi: vue pafi'er par cet endroit , defcendre le long SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. z^

'd'une des cloches & enfuite faire un zig-zag , aprè.<; lequel il l'avoir perilue de vue. Il ell difficile de fe perftiadïr qu'il l'ait vue defcendre Iftiong de

cette cloche, les métaux tranfniettunt immédiatement, fjr-tout "$ftai;c! ils ont un pareil volume, la matière éledlrique ou fulminaïue. Mais l'inftant

de fon entrée dans cette cloche & celui de fa fortie auront été fi prcî l'un de l'autre, qu'il aura cru voir la foudre pafler le long de la cloche, Quoi

qu'il en (oit, il lenible que loifqu'elle dilparut aux yeux de ce jeune- homme, elle fe jeta fur une coide,qLii étoit alors mouillée à caufe de la pluie qui fouetroit par les hautes fenrtres de cette partie du clocher. Cette corde defcendoit dans un endroit fitué au-delTous appelé la grotte y où il y avoir deux hommes. Ce qu'il y a de sûr , c'eft que la fondre fie éclater un carreau qui fe trouvoit imrnédiarement au-deflous à une diftance de dix-huit lignes, & que de-U s'étant jeté fur le talon gauche d'un des hommes a, dont on vient de parler, & qui dans ce moment-là éroit accoudé" fur l'appui d'une fenêtre donnant dans le chœur del'églife,

par laquelle il regardoit , elle a pallé tout an travers & de fon corps , & e(l fortie par fa tcre & l'a tué roide. Les marques qu'elle a Idifl'ées iiir le corps de cet homme fonttrcs-fingulières; mais pour ne pas interrompre

la defcription de la route qu'elle a fuivie , nous mettrons à en parier après. La foudre étant fortie par fa tcre au coin de l'oreille gauche, paflà

dedà dans le chœur , alla endommager la corniche de l'entablement des

colonnes , fe jeta fur une baluilrade en fer , & palTa de-là à celle du chœur. remarque encore que dans» cette M. Bélïle route de la foudre , on

ne trouve point de parties métalliques , ou propres à attirer 6d tranfmcttre la matière fulminante; mais fouvent il fuftit de la plus petite parcelle d& ou électrif^ble par communication métal, de fubftance , pour déterminer fa diredion. On en voie la preuve dans la fuite de la route de la foudre ; car étant fortie de la porte de la balnilrade du chœur qui étoir ouverte, elle ie répandit dans la nef& traçi difFérens contours en fuivant des gouttes d'eau dilféminées furie pave de l'églife, Z< dont on l'avoit arrofé quelque tems auparavant. Enfin, elle fe dilïïpa-, connue nous l'avons dit

au commencement de ce rapport , d'après des témoin's oculaires, fans faire aucun fracas Ik d'autre effet que celui d'une explolion de fufée qui finit/'. Cette manière don tel le a terminé fes effets elf vrai ment remarquable: dans lagrotte elle avoir encore allez de force pour faire éclater un carreau pourfoudrover un homme & le tuer fut le champ. Cependant dans le traiec de-là jufqu'en-bas dans la nef, elle la perd tellement qu'elle fe dilliue en queloue façon fans aucune e.\plofion,au moins fans une explofion cnn- fidérable. Cette oblervation paroît avoir beaucoup de rapports avec. la foudre eut fa d'autres où i^emble que perdu route foice , Sç fi on avoir foin de lesaj^ieillir, on acquerroit des connoiffances fur la marche de ce météore, doi>t nous avous grand befoin pour expliquer nombre de ,

2pi OBSERTATIONS SUR LA PHYSIQUE, phénomènes donc nous ne favons pas encore rendre lailon. iVluis il faiic revenir aux marc|Lies (îngnlières qu'elle a faites f.jr le corps de l'honime

: voit foudrQ|».dans la grorre on les dans U planche II , i|iii en donne une idée alFez imparfaite. Elles font véritablenient , on ne peut pas plus extraordinaires. Il paroît que dans fon pallage ayant Forcé le fang dans tous les vaufeaux de la peau , elle a rendu fenlîble au -dehors toutes les ramifications de ces vailîeaux ; tout extraordinaire que ce fait paroiiFe , il n'eft pas nouveau. Le P. Beccana en rapporte un du même genre. M. Franklin a plufieurs fois répété à l'un de nous, M. Leroy, qu'un homme, il y a environ quarante ans , fe tenant fur le, pas d'une porte dans un ora;a;e , vit la foudre tomber fur un arbre vis-à-vis de lui

& que par une efpcce d« prodige , on vit enfiute la contre-épreuve de cet arbre lur la poitrine de cet homme. M. Franklin ajoutoit que cela Jvoic fait bruit le grand dans tems en Amérique. AL Béîile ne balance pas , avec jufte raifon , à attribuer cet effet à la caulé à laquelle nous l'avons rappotté, d'après lui , c'efl -à-dire , à l'irruption du fang dans les vaifleaux de la peau , & tpii dans cet inftant forme un eftèt tout femblable à celui d'une injeiflion. Aux endroits où la foudre e(l entrée au talon & eft fortie par l'oreille, on voyoir quelques petits boutons afTez femblables à ceux d'un éréfipèle. M. Bélile oblerve judicieufement que la foudre étant tombée cinq fois fur ce clocher dans l'intervalle de quatre-vingts ans, ce feroit le cas de J'armer d'un paratonnerre. Ce parti nous paroît conforme aux connoif- fances acquifes dans ce fîècle, & nous croyons qu'il feroit très-intérelfant de fuivre fes vues à cet égard. Il réfulre de tout ce que nous venons d'expofer, que la relation de M. Béfile, de la marche de la foudre dans l'églife collégiale de B.iom ,ell très-intérefîante & très-curieufe , & que îe tait particulier de l'homme qu'elle tua dans fin paifage eft vraiment remarquable , & nous croyons en conféquence qu'elle mérite d'être imprimée dans le Recueil des Savans Etrançjers, enfaifant graver en même-tems lesdedlns qui fervent adonner l'intelligence de la route que la matière fulminante a fuivie dans ce coup de tonnerre (l). Fait dans l'Académie des Sciences, ce y août ijSô. Signé, BossuT &c Leroy.

Je cerùfie le préfeni extrait conforme à fon original & au jugement de

V Académie. A Paris , ce ï6 août 1786. Signé, le Marquis de Condorcet.

(i) Nous ne faifons graver ici que deux Planches, m.iis il s'en tfMve (ix dans la relation de M. ^clîle. f^ SUR LHJST. NATURELLE ET LES ARTS. aç^j

SECONDE SUITE DES RECHERCHES

SUR L' A L K A L I MINÉRAL NATIF;

Far M. L K G N A :

Traduites par M. C H A M P Y (l).

XXXIII.

De la lumière noâurne de la Mer.

V#N croyoir précédemment que la fiveur amère & dégoiî^ante de l'esu de nier étoit néceflair^nienc due à la* grande quantité de bitume^ tlle contenoit & qu'on regardoit comme en étant inl'éparable; pourquoi donc les analyfes de cette eau ci-devant rapportées ne préfentent-elies aucuns fignes de cette fublhnce : L'examen .particulier qu'en a fait l'illufire Mac- quer.nelui en a offert aucun indice. L'eau même du lac falé afphalti- que ou mer morfe, quoiqu'elle dur erre plus bitumineufe qu'aucune autre, n'a donné aucune trace de bitume h. MiVI. Lavoifier , Sage ôi Macquer qui en ont fdit l'analyfe. Il n'eft pas douteux qu'mdépendam- nient du vitriol de foude Se du vitriol de magnélle que la mer peut recevoir des terres qui l'environnent, quand môme Çei eaux ne contien-

droient que les fels natifs qui leur font propres , elles feroient toujours

défagréablement amcres : le muriate de magnélie qui s'y trouve étant trcs-amer par fa nature, fuffiroit jiour leur communiquer cette faveur,

fans qu'il fût nécelfaire de recourir à aucun principe bitumineux ; mais outre fon amertume, l'eau de la mer a une faveur nauféabonde& mucide, qui jointe à fa couleur nébuieufe & à une certaine ondunlué qui l'accompagne, a peut-être donné lieu de lui attribuer un caractère bitii-

mineux. Il eft facile de juger que cette faveur vient des matières extradivos

des animaux qui y péviHent continuellement , auxquelles il me lemble qu'on doit aulïl attribuer les apparences dont nous venons de parler. En

effet, fi on fait dilToudre tous les fels obtenus par une analyft; exacte , de cent livres d'eau de mer, dans cent livres d'eau diftillée, cette eau pro-

duire par la fynthèfe, n'aura jamais la faveur , la couleur & l'oniftuofiié qu'avoit la première. En confidérant que ces caractères font inféparables

cahier juiikt, page le caliIer de page ifii. (i) Voyez le de 30 , feptembre , ,

&$6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

lie l'eau de la mer, qu'ils ne différei.r que du plus au moins , & ne font pas parriculiefs à fa furtace, on en cite cetre première conféquence, que ces matières animales font nécefFairemenc répan. lues dans toute !a malfe

de fes eaux , & ne fé trouvent pas ieulement à la fuperficie. M.iis comment s'y font -elles dilTéminées? Comment font-elles devenues mifcibles èc dilTolubles dans l'eau. Cette quedion fuffifamnienc difcutée &

bien réfolue , doit nous ouvrir le clieiiiin pour découvrir les caufes de - plufieurs phénomènes très importans ; je m'y préparerai par une expérience appropriée.

Au mois ai mal 178^ , ayant fait piler une certaine quantité d'animaux teflacés fraîchement tirés de leurs coquilles, j'en lailFai une partie fe punéher à l'air libre-, pour une obfetvation dont je parlerai en fon lieu,

' & je mis l'autre dans un grand vafe de verre ave" de l'eau douce que je remplaçai à mefure qu'elle s'évaporoir. Après quelque tems, il fe forma il fur cette dernière une croûte blanche à la fuperlîcie , dont peu après

fortit un? grande quantité de vers ; ils difparurent enfuite, & peuà-peu la matière le précipita au fond. L'eau refta toujours jaunâtre & niucilagi- neuf#|f'& quand apiès avoir remis de l'eau pour remplacer celle évaporée, i'acitois la matière, la fubRance gélarineufe fe diilojvoit, & toute l'eau du vafe en reftoit conftamment chargée. Onze mois après, je décantai dans un verre le poids d'une dragme'de cet extrait, & l'ayant érendu de

diftillée j'y fis diffoudre une once de fel commun brut, deux livres d'eau , & tel qu'il provient de l'évaporation de l'eau de la mer dans les falines d'Iftrie. Je couvris le vafe & laiifai ce mélange en repos pendant fix jours, filtrée fois après lefqucls je décantai la liqueur avec foin , & l'ayant deux

je la mis dans une carafFe où je la çonfervai jufqu'au mois de feptembra fa faveur 1785', fans qu'il s'y fît aucun précipité. Sa couleur fombre , faiée,amcre & nauféabonde rapprochoient tellement cette eau de mer qu'on ne pouvoit attificielle de celle de Venife que je m'étois procurée , les diftinguer l'une de l'autre. Dans le nicme tems je fis diffoudre dans d'Iftrie deux livres d'eau diftillée une once de ce fel commun , ce qui excède un peu la quantité contenue dans deux Ivres d'eau de mer natu- diffolu'ion. Cette eau falée artificielle n'avoit ni relle , & je filtrai A3 l'apparence, ni le, goût de l'eau de mer, ni de celle dont je viens de parler, qui, outre la même dofe de fel, ne contenoit qu'une petite quantité d'extrait animal. On efl donc fondé à croire que les parties graffes &c liuileufes des animaux qui pétillent tous les jours dans la mer, fe com- binent par L'agitation continuelle de fes eaux avec les fels qui lui font le démontre propres & ceux qui y font difféminés. Ce compofé , comme l'expérience, devient nuifible à l'eau en prenant un caradère favoneux, d'autant mieux décidé & plus foluble, que l'agitation des matières falines gi animales a été plus longue & leur mélange plus intime. Les fels effoniiçls des animaux fem'blenc déjà difpofés par eux-mêmes à fe combiner SUR rmST. NATURELLE ET LES ^RTS. 297

combiner avec l'eau , dans leur état naturel ; des p nies huileufes

inrimenient unies à des parties fâiines , entrent, pour ainfi dire, nécefTai- rement d^ns leur compolîtion ;de manière qu'on peut les regarder comme des favons natifs naturellement folubles (iaiis l'eau de la mer fans aucune agitation étrangère. J'employai à une autre expérience la matière animale qui me reftoit, & que j'avois confervée dans un vafe de verre; fy verfai de l'eau diftillée, & pendant plufieurs jours, j'agitai ëc je mêlai cinq à fis fois par jour la liqueur & la fubftance gélatineufe. Cette agitation long- rems contmuée, combina la matière gralTe avec les fels, de manière que j'obtins une nouvelle liqueur favoneufe propre à faire une eau de mer artificielle. Je fus par-là pleinement convaincu que la mer par fon

mouvement continuel , ou même par fon flux & reflux périodique, indé- pendamment d'une agitation plus violente , fe chargeoit d'une luffifanre

quantité de la fubllance gélatineufe des animaux qui y périfTent , de inanière qu'elle devient foluble & mifcible à l'eau dans l'état favoneux. XXXIV.

Mais pour m'éclairer de plus en plus fur cette caufe de la dilTolution ides fis parties grades des animaux dans la mafTe de l'eau de la mer , je cette nouvelle expérience: me trouvant à Venife, je pris un peu d'eau de mer dans un de fes canaux que je fis évaporer fur le feu, dans un poc

fût fis vernis , jufqu'à ce qu'elle réduire au quart ; enfuite j'y difloudre peu-à-peu de l'a kali minéral précédemment rendu cauftique par un peu

de chaux ; j'agirai ce mélange continuellement avec une fpatule, jufqu'à ce que la plus grande partie de l'eau fiît évaporée, Si qu'il eiît pris la confiftance d'un baume de couleur brune. Je reconnus facilement &

avec grand plaifir , que ce compofé étoit orièlueux , favoneux & parfai- tement foluble dans l'eau ;il n'auroit pas eu ces propriétés, fi l'eau de mer n'avoit pas tenu en diflolution une matière huileufe à laquelle i'alkali s'éroit uni , & cette matière par fa nature n'auroit pu devenir mifcible à l'eau , fi précédemment par fon union avec quelques fels, elle n'avoic pris au moins imparfaitement un caractère favoneux. Je conviens qu'il eft difficile que la mer en général tienne en dilTolution autant de matières animales que l'eau des canaux de Venife, ville grande & très-peuplée ; mais cela ne varie que du plus au moins , le réfultat eft le même , & ne peut être révoqué en doute. Voilà donc encore une preuve certaine, qu'après la décompofition journalière & perpétuelle des animaux marins, il refte un compofé animal nécefTairement favoneux , qui , diflbus dans l'eau de mer , la diftingue d'une eau fimple qui ne contiendroit que des fels neutres ou moyens. XXXV.

Cela étant ainfi , il n'efl; plus fi difficile d'indiquer l'origine & la raifoH Tome XXIX, Pan. Il, 1786. OCTOBRE. Pp 2p8 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l'inflammation naturelle de la mer, l'un des phénomènes les plus admirables de la nature. Les Phyficiens ne font point d'accord fur la caufe ; les uns , l'attribuent à une matière phofphorique répandue dans

Ja mer , d'autres, à la matière éledrique, & le plus grand nombre à des animalcules phofplioriques. L'importance de cette matière fembieroic exiger une difcuflion approfondie des opinions de ces favans refpeâables à tous égards; mais j'expoferai tout de fuite ce que je penfe, d'après mes expériences ci-devant décrites; je me laifferai guider par l'obfervation èc perfuadé la peine qu'on prend à détruire eft la raifon , que mieux employée à bâtir de nouveau fur des fondemens folides. L'impatience des hommes les porte à rechercher la caufe de plusieurs phénomènes de la nature qui ne font pas encore bien connus; avant que les circonftances de cette phofphorefcence de la mer euffent étéexaniinées .avant que fou intenfité & fes caractères dans divers lieux , à fa furface , à différentes profondeurs , fulTent connus , la plupart avoient adopté le fyftême des petits animaux marins phofphoriques. En effet, après avoir été décou- verts , la première fois que je fâche , dans les lagunes de Venife par

ils M. Vïamllï , qui les obferva avec foin , ont été retrouvés par d'autres & dans d'autres mers, comme on peut le voir dans la Relation du fécond voyage de M. Forjler avec M. Cook; plufîeurs efpèces inconnues ont été dernièrement découvertes dans la merde Gênes par l'ingénieux Natura- lille M. Spallan^ani fi) , de manière qu'on ne peut plus douter de leur exiftence,ni de leur propriété phofphorique. Mais cette lumière phofpho- rique n'eft pas la feule qu'on remarque fur la mer, & ne doit pas être confondue avec cette lumière vive & fcintillante qu'elle tranfmet trcs- fouvent pendant la nuit en diverfes circonftances; plufîeurs Auteurs en ont donné récemment des defcriptions exades , entre lefquelles eft la favante obfervation faite en 178 1 , par M. le Comte de Ras^oumowski fur la phofphorefcence de la mer Baltique (2).

M. Canw/z , obfervateur Anglois , ayant mis quelques poifTons dans l'eau de nier, obferva que lorfqu'ils commencèrent à fe corrompre , la furface de l'eau prit une certaine lueur qu'elle n'avoit pas auparavant. En s'appuyant fur cette obfervation & fur la propriété qu'ont plufîeurs fubliances organifées de devenir phofphoriques par la putcéfadion, il n'héfita pas d'attribuer la lumière phofphorique de la mer à celle qui s'y introduit par la décompofition du nombre prodigieux d'ar.imaux qui y périflenr. Cette opinion étant différente des autres , ainfi que celle de

M. Forfler, qui, dans certain cas , attribue la phofphorefcence de la mer

(i) Mcm. de la Société Italienne, toiri. II part. z. Journ. de Phyfiq. , Vjyc-[ tome XXVIII, page 188.

(i) journ. de Phyfiq. tome XXIV , page 56. SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 299

a l'scide phofphorique des animaux putréfiés j'ai cru mêmes , devoir faire une mention particulière de l'une & de l'autre, pour qu'elles ne fuflent pas confondues avec celles que j'expoferai ci-après. Il eft certain que dans le commencement, les animaux qui périfTent dans la mer, fe gonflent & s'élèvent à fa furface, c'eft le moment de leur phofphorefcence ; on a obfervé depuis long -tems , que les autres fubftances éprouvoient le même effet dans les premiers niouvemens d'une fermentation qui s'y excite & précède le dernier degré de la putréfaction; qu'après cela leurs parties fe raniollilfoient & perdant peu-à-peu leur cohé- fion fe défuniffoient enfin, l.a phofphorefcence de la mer dans cette circonftance, attribuée par M. Canton à la lumière que répandent fes animaux , n'a donc lieu qu'à la furface & dépend du premier degré de la fermentation putride qui peut s'y opérer. Cela bien entendu , oa conviendra dans l'hypothèfe même de M. Canton , que la fubrtance animale entièrement dilloute fe répand dans toute la mafle des eaux de la mer, depuis fa fuperficie julques au fond, ce qui (uppofe que ces animaux entrent dans de nouvelles combinaifons pour devenir foluhles dans l'eau, comme il eft bien connu à tous Phyficiens. XXXVI.

Cette phofphorefcence ayant difïérens degrés y la lumière que la mer préfente en diverfescirconftances étant dénature différente & accom- pagnée de divers caraètères , je crois qu'on peut diftinguer elTentielle- ment les unes des autres ces diverfes lueures phofphoriques, qui pen- dant la nuit paroifTent fur la mer. C'eft pourquoi diverfes caufes phof- phorefcentes , celles des animalcules , celle de M. Canton & autres femblables , peuvent avoir lieu en difFérens cas , & les faits ne per- mettent pas de leur donner la même origine. Il fe peut auftî qu'elles foient dues à une grande quantité de molufques ou d'autres prcdudions marines, qui quelquefois couvrent tout-d'un-coup la mer d'une fubftance mucilagineufe pleine d'êtres vivans; il en eft fait mention dans le troi- fième voyage de Cook fur la mer pacifique ( i ) , ainfi que dans le fécond voyage de M. Forfter ci-devant cité. Mais il faut bien diftin- la guer, comme l'obferve le même M. Forfter, la lueur de mer tranquille , des efpèces de flammes qu'elle donne lorfqu'elle eft agitée par de vio- lentes fecouffes ; celle-ci ne paroît pas avoir la même origine que l'autre. Pour ne les pas confondre , il eft effentiel d'obferver dans quel efpace & à quelle profondeur de la mer s'étendent ces dernières, & quelle iiitenfîté de lumière elles tranlmetrent.. Il faut fur tout s'ap- pliquer à faifir diftindlement le phénomène qui les accompagne &

(i"* IVdit. françoï'e. Tome V, liv. j , chap. 15 de Tomt XXIX, Piirt. II, 1786. OCTOBRE. Pp z 300 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

qui montre une matière inhérente, non à la feule furface de la mer

ou peu au-deflous , mais à toute fa maiïè, qui brufquement & forte- ment frappée - répand au dehors , non une foibie lumière, mais une efpèce de flamme ou efprit de feu mis en liberté. Cette inflammation fe manitefte particulièrement de nuit dans les grandes ondulations de la mer, quand les flots fe brifent, plus fouvent encore fes lames s'enflam-

ment &: jettent du feu en fe choquant pour remplir le vuide des filions profonds que forment les vaiffeaux dans leur courfe. Quelquefois dans les grandes tempêtes on voit les flots former par leur choc comme des ruifleaux de feu, & l'écume qui eft alors très-abondante,, paroît tota- lement enflammée. M. Spallanzani en parlant de cette inflammation . la regarde comme une propriété inféparable de l'eau de la mer. Nous verrons ci-après que cette idée approche de la vérité ; mais j'avoue que

je n'ai encore que des conje'dures fur l'origine d'un fi grand phénomè-

ne. Je defirslque les expériences qu'il fe propofe, confirment ce que j'a- vance ici fur cet objet. XXXVII.

Cependant laifl^ant à part les phofphorefcences accidentelles & parti- culières qui dépendent tantôt d'un amas de petits atiimaux nodihjques, tantôt des molufques ou d'autres caufes adoptées par les Phyficiens , nous nous occuperons particulièrement de celle qui eO: due à un prin- cipe plus caché. On ne peut nier que généralement tout ce qui vit dans la mer y périt & s'y décompofe. La quantité d'êtres organifés qui s'y produifent, & fe détruifent, & fe reproduifenc pour périr de nouveau fiar une fuite de cette circulation continuelle que nous admirons dans es autres clafles des végétaux & des animaux de notre globe , dépofe en mourant dans l'océan & lui reftitue dans un état de divifion, une partie des principes de leur organifation ; l'autre partie en reçoit une nouvelle qui les rend à la vie. Un autre fait qu'on ne peut nier, c'efl: que l'océan eft un vafle dépôt de principes femblables, les uns en adivité combinés dans l'organifation des êtres vivans, les autres oififç, tels qu'on les reconnoît fur la terre & dans l'atmofphère qui nous environne, pour peu qu'on y réflechifle. Et en effet, les expérien- ces nous que avons rapportées aux §§.33 & 34 , en démontrant avec évidence que les principes gélatineux des animaux deviennent avec le tems dans l'eau un compofé favoneux , découvrent clairement le caraâère que prennent ces dit principes , que nous avons être oififs dans l'océan , & qui cependant ne le font pas, comme nous le verrons. Des parties conftituantes des animaux marins fe trouvant défunies, celles purement cerreufes, qui ne font combinées avec aucun autre principe, fe précipitent néceifairement au tond; les autres, falines ou huileufes^ fe diiïolvenc de nouveau dans l'eau de 1« mer , & s'y maintiennent ^ SVR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 501- non par une voie purement mécanique, mais bien par l'intermùde des principes falins qui les rendent mifcibles à l'eau. C'eft ainfi que les huiles qui ne font pas proprement combinées avec d'autres principes animaux qui font fous forme de graifle , que ceux généralement enve- loppés dans les fubftances gélatineufes , ainfi que beaucoup d'autres, trouvant de tous côtés des principes falins qui ont action fur eux , fe combinent tôt ou tard avec eux , forment des compofés favoneux & deviennent par ce moyen parfaitement folubJi-'S dans l'eau. En ad- mettant, comme on ne peut s'en difpenfer, que ces fubftances favo- neufes fe forment nécelTai rement dans la mer, après la deftruclion des corps les nous organifés qui y périlfent & s'y décompofent tous jours, concevrons facilement la production de cette écume fi abondante dans la mer agitée, & l'origine de cette faveur defagréable & naijféabonde qui l'accompagne, non-feulement à û fuperficie , mais dans toute lamaffe de fes eaux. Tout cela difparoît dans les analyfes dont les produits n'offrent que des fels ; cependant il n'eft pas moins vrai que ce carac- tère lavoneux eft une propriété diftindive de l'eau de la mer; de-là vient cette apparence biruniineufe que ' 'ir amertume lait attribuer à ces eaux. Que font les bitumes; des compofés d'une fubftance huileu- fes & d'une matière faline. Leur propriété caraélériftique eft de com- mencer le tems devient bitume. par une matière favoneufe , qui avec

Ainfi ces bitumes ne foni , à mon avis, que desfavons vieillis; ce prin- cipe , ce germe, fi on peut ainfi l'appeler, exifte dans toutes les eaux de la mer où vivent les animaux, éprouvent par la fuite des tems une certaine préparation bitumineufe qui n'eft encore qu'ébauchée; auffi je fuis partie bitumes foftî- ne pas éloigné de croire , qu'une grande des les rfire particulièrement fon origine des dépôts des fubftances organi- ques faits par la mer & qui à la longue font devenus bitumeux. On pourroit même le prouver par plufieurs faits, fi cela ne nous écartoit pas de notre fujet ( i }. XXXVIII.

Mais , fi comme on n'en peut douter, cette fubftance favoneufe des animaux doit être inconteftablement inhérente dans route la mafTe des eaux de la mer; fi une fi grande partie des êtres vivans dans l'océan , fe réfout & finit par augmenter tous les jours la matière en diUolution , comment, après tant de fiècles,& la décompohtion d'une quantité fi immenfe d'animaux qui y font péris néceffairement , ne s'eft-il point encore faturé ? comment eft-il encore fi loin de l'être ? cette queftion

fi) La préfence bien démontrée de l'alkali volatil dans le chnrbon de pierre, a déjà fait adopter cette opinion à plulîeurs Namralifles. Noce du Traducleur. i

302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE qu'on peut faire avec raifon , feroit difficile à réfoudre fi on n'avoît pas recours à cette économie admirable avec laquelle la nature pour- voit à la fubfiftance de tous les êtres qui ont befoin d'une nourriture Se d'un aliment conti;iuels. Cependant, occupons-nous à confidérer atten- tivement ce qui fe paflè fous nos yeux. En même-tems que tant d'a- nimaux & de végétaux, périlTent & fe détruifent fur la terre que nous habitons, d'autres êtres renaiffent, fe nourriffent & rentrent dans le cercle delà vie. Les dépouilles, les principes défunis de ceux qui font détruits forment les enveloppes, les principes agrégés & conflitutifs des

êtres vivans ; cette circulation admirable difpenfe de nouvelles créations , & emploie fous différentes formes à la confervation des êtres, la quantité déterminée de matière qui conllitue le fyllcme terreftre.

Tel eft l'art caché qui maintient un cerrain équilibre dans l'océan , en employant les êtres détruits, pour la nourriture & l'accroiffement de ceux qui renailTent; de manière que leur fubftjnce n'eft point oifive , ne peut s'accroître à un certain point , & rentre fucceflivernent dans le cercle de celles qui font employées & néceffaires s la conftirution vitale des autres

êtres. Ainfi la quelhon fe trouve réfolue , & on peut comprendre pourquoi la mer eft fi loin d'être faturée par les dépouilles de fes habitans détruits, & comment les fubftances huileufes combinées qu'elle tient en dilTolution ne s'y trouvent pas avec excès, XXXIX.

Nous fommes parvenus au point de pouvoir découvrir d'une manière qui me paroît très-claire les caufes de l'inflammation de la mer dans certaines circpn fiances. Des que nous fommes convaincus par la raifon & par les faits de la préfence de ces fubftances diffoutes , répandues & inhérentes dans toute la maiïè des eaux de la mer , dès que nous ne pouvons douter qu'elles contiennent un feu très-abondant & qui leur eft propre & naturel , la lumière que répand la mer violemment agitée , provient nécelTairement de ce feu combiné mis en ai5lion & en liberté.

il les C'eft pourquoi fe manifefte d'autant plus vivement , que parties huileufes où il réfide font plus fortement battues & qu'elles éprouvent un plus grand frottement ; alors la maffe des eaux éprouve fans Joute un mouvement inteftin réfultant des ofcillations & vibrations de toutes fes parties, & d'autant plus fort que la percuffion a été plus vive. Elle eft jiécefiairement fuivie d'une chaleur qui doit avoir lieu dans l'eau comme dans tout autre corps folide dans les mêmes circonftances. En effet , M. Phips trouva que le mercure d'un thermomètre qui peu auparavant dans la mer tranquille étoit à yo degrés , monta à 62, degrés lotfqu'elle fut agitée & orageufe. Au refte , il n'éroit pas befoin de vérifier ce qiii chaque jour eft pleinement confirmé par les faits en raifon de l'intenfité de cette chaleur, de la dilatation fuccefllve de cette fubftance favoneufe SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 303 inhérente à l'eau de mer ; le feu qu'elle renferme s'échappe, rompr Tes

liens, devient plus ou moins libre, plus ou moins aiftif , &: Ce nianifefte au-dehors de l'eau. L'air viral que lui touinit l'eau même , celui qui fait partie de l'atmofphère qui l'environne, font enlevés & mis en action dans le moment de l'éclair parle principe inflammable des corps qui le contiennent. Que les Phyficiens attribuent ou non la lumière de toutes les

fubftances phofphoriques à la combudion lente iSi aufll foible qu'on

voudra d'une certaine quantité du phlogiftique qui y eft contenu , la lumière de la mer ne doit pas moins erre dillinguée de celle des corps phofphoriques où le principe inflammable peut être étranger. Ainfi les fubftances auxquelles nous attribuons le feu qui le manitéfte fur la mer, font des matières réellen)ent combuflibles & inflammables, où la matière feu du entre comme principe conftituant; de-là vient qu'étant porté ,

comme nous l'avons dit , par la percullîon à un degré de chaleur qui

va jufqu'à l'incandefcence , elles produifent tous les phénomènes du feu

en aétion , comme font les fubftances combuflibles. Nous voyons fe vérifier ici ce qui arrive de toutes parts aux fubffances végétales &: animales décompofées, dans les débris defquelles le feu refle caché; mis

enfuite en liberté , il brille en s'échappant de différentes manières , des

fumiers, des cimetières, des cloaques , & une légère agitation fuffit pour

le dégager fous forme de gaz inflammable des marais, des foffés , des

eaux Ifagnanres , comme l'a G bien reconnu & rapporté le célèbre

Alexandre T-^olta. Le feu qui fort de la mer eft de même nature ,

provient des mêmes caufes , & a la même origine que celui des fubftances

organicjues décompofées, inhérentes , & répandues par-tout, &: princi- palement de celles qui le cachent fous un état huileux. De cette manière, cette qualité propre à la mer qui la rend lumineufe pendant la nuit, différente de celle qu'elle doit aux autres caufes accidentelles rapportées

par les Phyficiens, ne s'étend pas feulement à fa futface , mais dans toute

fa profondeur , & eft inféparable de fes eaux. On doit entendre comment

& dans quel fens , une telle lumière fe nomme phofphorique , attendu qu'elle provient de la vraie combuftion d'une certaine quantité de phlo- giftique contenu dans les matières organiques. La quantité des matières

dilfoutes dépendant de celle des corps organifés qui fe décnnipofent , doit être plus grande dans quelques parties delà mer que dans d'autres, fuivant qu'elle eft plus ou moins peuplée de ces êtres ;ainlî la quantité de feu

propre à fe mettre en liberté , doit être plus abondante dans certaines

parties de l'océan. Mais fon adion , & par conféquent l'inflammation

de la mer dépendra auflî , à quantité égale, du degré convenable d'atté-

nuation de la matière , de la vibration ou ofcillation plus ou moins

forte qui lui fera imprimée par la percuflion ; ainli la fenfation plus ou

moins forte qu'en diverfes circonftances elle fait fous nos yeux , dépend ,

403 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE;

des faifons, de la température , de l'humidité ou de la fécherefTe de

l'acmofphère , des vents qui (ouffleiu, & d'autres pareilles circonftances accidentelles. Telles font les caufes des variations auxquelles ce beau phénomène eft afilijetriide-là vient que dans quelques occalions iln'e(lpasl"enlible,& que

dans beaucoup d'autres il fe fon intenfité montre dans de grands efpaces , que varie dans diiférentes mers & dans divers lieux de la même mer. Je ne

dois pas omettre une confidération qui me paroît importante , c'eft que

J50ur que ces inflammations aient lieu, il eft indifpenfable que ces ILibftances organiques difToutes dans l'eau de mer, qui contiennent le

principe inflammable , foient parvenues au dernier degré de putréfaction de manière que comme celles des marais & autres amas putréfiés, elleii

foient difpolëes à donner ilTue à un gaz inflammable & au feu libre , après

l'incandefcence canfée par la collifion & l'agitation plus vive (l) : cette condition eft tellement nécelTaire, que fans elle le concours de toutes les

autres circonftances favorables à la produâiion d'un tel phénomène deviendroit inutile; c'eft ce qui arrive tous les jours dans les expériences qui fe font fur les matières animales Si végé'ales , qui ne produifent de gaz inflammable qu'autant qu'elles ort été décompofées, ou par la nature, ou par le fecours de quelqu'intermède étranger.

(i) Il fera toujours très-difficile de concevoir que ce gaz infl?mmable puiflë

s'allumer l'agitation foit , prcfemement par , quelle qu'elle d'un fluide; on conroit une fubflance la propriété fpontancment dès qu'elle eu en , qui par de s'enflammer

l'air : c'ert le Contad avec , pourroit fuppléer ce qui manque à cette explicat.on gaz phofphorique qui a été démontré cette année au cours public de l'Aca ^éniie de Dijon, d'aprc'; les expériences de M. Gengembre. L'alkali volatil qui fe dégage R abondamment pendant la putréfaftion de<; animaux marins , fournirolt nanirellemtnt la bafe nécelFaire à la produâion de ce gaz. , c'efl-à-dire , d'un bcpar phofphorique ammoniacal , aériforme. Il eft encore très probable que les feux légers des cimetières n'ont pas d'autre origine. Noie du TraduSieur (i).

(i) J'ai déjà eu la même idt-e. Voyc^ ma note à la fuite du Mémoire de M. Gengembre, Journ» de Phyrtque , 1785 , cahier d'oftobre , page 2!i, Note de M. de la Metherie.

( La quatrième & dernière partie pour le Journal prochain.

LETTRE ,

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 30; LETTRE DE M. HASSENFRATZ,

Sous - InJpeSeur des Mines de France , Profijfeur de Phyjlque de L'Ecole Royale dès Mines A M. DE LA METHERIE,

Sdr la calcination des métaux dans l'air pur, ET LA DÉCOMPOSITION D£ l'eAU.

JVl onsieor;

Ce n'ert; pas pour reprendre la difcuflîon fur la décompofition &

l'eau j'ai écrire. crois certe recompofition de , que l'honneur de vous Je queftion trop bien terminée par les Savans qui l'ont traitée, pour qu'il foit néceiïaire d'y revenir. Cette Lettre a peut objet quelques expériences que j'ai eu l'honneur de lire à l'Académie Royale des Sciences dans les mois de juin ou juillet de 1785": expériences qui paroiffent contredire un fait que vous avancez dans votre réponfe à la Lettre de M. Berthollet.

Le fer, dites- vous , expofé à l'air pur n'eft point attaqué. Voici mes expériences : j'ai fufpendu des lames de zinc , de fer , de cuivre , de plomb. Hic. dans des vafes pleins d'air déphlogiftiqué bien pur. J'ai bouché bien hermétiquement ces vafes, & je les ai abandonnés dans un coin de mon laboratoire , afin qu'ils y lubiiTent toutes les variations de tempéra- ture. Au bout d'un affez long tems , tems dont je n'ai pas tenu compte, les furfaces de mes lames métalliques avoient perdu leur éclat, elles s'éroient calcinées. Ce que ces expériences préfentent de particulier , c'eft qu'au lieu de fuivre les loix d'affinité de calcination indiquées par Bergmann , zinc, manganèfe, fer, plomb, étain , cuivre, mercure, argent, &c. j'ai remarqué que l'air déphlogiftiqué feul calcinoit plus ou moins vite les métaux dans

Tordre qui fuit : zinc, fer, cuivre, plomb , mercure, étain, argent, &c. Ces différences viennent de ce que l'air déphlogiftiqué agit feul dans ces expériences, au lieu que dans celles de Bergmann, les précipitations métalliques, le précipitant a deux affinités à détruire, celle de l'air déphlogiftiqué, & celle du diiïojvant.

Dans les expériences que M. le Préfident de Saron , & plufieurs autres Membres de l'Académie, ont faites pour reconnoître l'effet de l'étincelle

éle

3o6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; excitateurs de fer dans de l'air déphlogiftiqué, & on a toujours obfervé que le fer fe calcinoit d'une manière très-fenfibie ; l'air déphlogiftiqué

et oit diminué , & il y avoit une quantité notable de chaux de fer produite.

J'ai l'honneur d'être , dcc. RÉPONSE

A LA LETTRE PRÉCÉDENTE DE M. HASSENFRATZ ;

Par M. DE LA Metherie.

JVl ONSIEUR,

L'air que vous avez employé dans vos expériences, certainement n'étoît poinc pur. C'eft ce qu'une fimple réflexion vous prouvera facilement. L'air atmofphérique contient une afiéz grande quantité d'air pur. Or

vous favez que chez les bijoutiers & autres négocians , en mettant tous

leurs ouvrages d'or, d'argent , d'acier, de cuivre, de fimilor , &c. fous

des vafes pleins d'air atmofphérique bien fec , ces ouvrages ne s'altèrent

point. Ainli cette preuve eft décifive ; & je n'aurai pas befoin de vous en apporter d'autres. Je puis néanmoins vous citer une autorité refpedable, M. Prieftiey (Expériences Phyfiques, tradudion françoife, tome , 3,

page 190 ) , ayant tenu renfermés par le mercure des clous de fer dans une fiole remplie d'air déphlogiftiqué, depuis le 13 avril 1778 jufqu'au 20 juillet 1780, trouva que les clous étaient très-nets & fans rouille. Quoique je tuiTe convaincu de l'exaditude de cette expérience, j'ai cependant voulu la répéter. J'ai tenu de l'acier poli pendant quelques

jours dans de l'air pur retiré du précipité rouge , renfermé par le mercure

il ne s'eft point rouillé. J'avois bien lavé mon air dans l'eau de chaux.

Au refte, quand mcme votre expérience fetoit vraie , elle n'affoibliroir

point ce que j'ai voulu prouver. Le phofphore , ai-je dit , brûle aufli tôt

qu'il eft expofé à l'air atmofphérique , & le fs;r ne s'y altère point. Donc le phofphore a plus d'affinité avec l'air pur contenu dans l'air atmofphé- lique, que n'en a le ter. Donc le phofphore devroit plutôt décompofet feroit fer. l'eau , que ne le le Cependant le phofphore étant dans l'eau, il n'y a point de décompofition. Donc l'eau- n'eft également pas déconipofée fer l'jir inflammable par le ; & qu'on obtient du fèr expofé dans l'eau ,

ne vient pas de cette eau -, &c. t^'c.

Vous favez que j'ai prouvé que la limaille d'acier mife dans l'eau de chaux ou dans de l'eau diftiliée & dépouillée par une longue ébuUition

de la plus grande partie de l'air qu'elle contient ordinairement , ne laille SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 point dégager d'air inflammable, quoiqu'elle en donn^ lorfqu'el'e ell dans l'eau ordinaire ; d'où j'ai conclu que cet air ne pouvoir 'venir de la décompofition de l'eau. J'ai voulu ellayer ce que produiroir cecte même

eau de chaux , ainfi que l'eau diftiUée & qui auroit bouilli long-tems , en les faifant palFer par un tuyau de ter incandcfcent.

J'ai préparé rrois canons de fer très - propres , & dans lefquels j'ai

introduit du fil de ter tourné en fpirale. Ce fil de ter avoir j ligne de diamètre. Chaque canon placé dans un fourneau dont on animoir le fey

par un gros fouttlet, j'ai tait palier (avec l'appareil ordinaire) dans l'un

de l'eau diftillée depuis quelque tems , dans l'autre de l'eau de chaux, Sc clans le troidème de l'eau diftillée qui bouilloic depuis long-tems. Se qu'on introduifoit aintî toute bouillante. Dans les trois cas l'expérience

a eu le même fucccs, &: il s'eft dégagé une grande quantité d'aic inflammable.

Cet air brûloit avec une flamme bleue tirant un peu fur le rouge , & il détonoit. J'en ai tait paiTer à travers l'eau de chaux qui a toujours été troublée. Mais celui retiré par le moyen de l'eau de chaux occafionnoit un précipité beaucoup plus abondant, que celui obtenu par les deux autres procédés. En brûlant ces airs fur l'eau de chaux, ce précipité écoit beaucoup plus confidérable.

J'ai introduit plufieurs pintes de ces airs dans des veffies , garnies de robinets auxquels étoient ajultés de longs tubes, Si j'ai fait brûler ces airs

dans un grand ballon bien fec : le ballon a été rempli d'humidité ; de l'eau de chaux que j'y ai tait patTer a été précipitée. Toutes ces expériences ne permettent pas de douter, i". que ces airs ne contintTent une très-petite portion d'air fixe, laquelle étoit plus abondante dans celui obtenu par le moyen de l'eau de chaux: cet air fixe peut venir 2°, de la plombagine contenue dans le fer ; qu'il n'y ait encore une plus grande quantité d'air fixe produite après la combuftion.

déluté j'ai retiré le fil de fer, qui étoit cafTant comme du L'appareil , plus tiers. les verre , & dont le diamètre avoit augmenté de d'un Dans endroits oii les fils fe croifoient, ils étoient adhérfns. Le canon fcié, j'ai vu qu'une partie du fil de fer y étoit adhérente. Le fil de fer examiné à la loupe & au microfcope paroît fondu : ce que prouve fon adhérence. Sa furface eft grenue, & préfente différentes facettes. La portion du canon fcié tait mieux voir ces criftaux. On y apperçoit des facettes triangulaires & de petites pyramides , ce qui doit faire préfumer que ce font des portions d'octdcdres femblables aux

criftaux de fer odtaedre qu'on rencontre dans les fchiftes & ailleurs , d'autant plus que ce fer a toutes les qualités de ce fer odaëdre, enfin eft dans un véritable état d'éthiops. Il 'eft artirable à l'aimant. Il ne fe diffout prefque pas dans les acides. J'en ai mis dans lest fous '"'^imc à air, laquelle il reprend dès qu''I ctile rl'être com'.-iiié. Ainfi le phlogiftique fera donc la baie de l'air infl«/'imable, fi on aime mieux s'exprimer ainfi.

J'ai l'hunneur d'Ccre , Sic, LETTRE DE M. DE M O R F E A U, AM. BERTHOLLET.

Sur la théorie de la converfion du Fer en Acier ù fur la Flombagine,

M ONSIEUK,

Je viens délire dans le Journal de Phylîque du mois dernier l'extrait des expériences que vous avez faites avec MM. Monge & Vandermonde pour diflïrens la déterminer \ts états de fonte , du fer & de l'acier ; j'y ai bien retiouvé cette méthode analytique, claire & sûre qui caradiérife vos produdlions, ainfi que celles de vos illuftres confrères. J'étois fur-tout empr.fié de connoître l'opinion que vous aviez adoptée fur les principes

conftitutifs de 1 acier ; ayant été obligé de prendre mon parti fur cette théorie, lors de la rédaftion de mon article Acier dans le Dicftionnaire

de Chimie de l'Encyclopédie méthodique , & ne me diflîmulant pas qu'elle préfentoit une des queftions les plus ijn portantes dans l'état aduel

de nos connoiflànces , je me félicite bien fincèrement, Monfieur, de ,

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. jcp voir que nous fommes bien peu éloignés, ou pour mieux dire, d'accord fut les points efTentiels. Vous pouvez déjà en juger par un Mémoire que l'Académie de Dijon vient de publier dans fon recueil {Jecondjcme/ïra lyS^ page quoiqu'il ne contienne que la partie des expériences fur , ^6), la fonte, mais vous en jugerez encore mieux par la phrafé fuivante qui termine mon arricle.

ce l'acier Concluons donc que , de quelque manière qu'il foit formé ,

» n'eft s approche de la nature fer dudile que du fet qu; du , parce que la

» terre martiale y ;ft pius exer-ipte Je parties hétérogènes , & finon plus » pai'faitemenr, du moins r lus co-nplètement mécallilé que dans la tonte, » s'en éloigne parct qu'il admer dans fa compofition qui . une quantité 3° fenfibk' de plombagine; que i'acier s'approche de la fonte, même

5> encore olus que du ier duftile , à caufe de la préfence de ce foufre » mephitiqiîc qu'il ne diffère guère de la fonte grife qu'en ; , ce que ce

" foutre efl beaucoup plus abondant dans celle-ci ; qu'il s'éloigne » davantage de la fonte blanche, parce que celle-là recèle des parties » rerreufes, non métallifées ou même étrangères, qui peuvent en être » féparées par une iéconde fuhon tranquille, en vaiffeaux clos & fans

» addition ; que le paffage de la fonte à l'état d'acier , fe fait ainfi , dans 5> tous cas l'excès les , par dépuration du fer & fouftradion de de plom- =0 bassine ; que la converfion du fer en acier s'opère principalement parce "qu'il s'y forme ou qu'il reçoit une quantité fenfible de plombagine; » que la chaleur n'influe d'abord dans ces changemens qu'en produifanc 33 & entretenant la fluidité, fans laquelle il ne fe fait point de combinai- 33 fons; que la compofition qui conftirue l'acier, peut très-bien, par fon 30 affinité propre, fixer une plus grande quantité de la matière de la 33 chaleur; en un mot, que les propriétés générales de4'acier dépendent

30 d'une jufte dofe de ces principes , comme les différentes qualités des » aciers dépendent des accidens qui en varient les proportions ». (Pû^e4;o).

Vous voyez, Monfieur , que j'attribue à \z plombagine ce que vousattri- buezau charbon ; mais il eftpréfentement avoué que ces fubftances font /înon identiques, du moins congénères; vous remarquerez probablement que j'admets la poffibilité que la plombagine /è /îjrrae daps le fer qui

palTe à l'état d'acier : ce n'eft pas feulement par la difficulté de concevoir que cette matière toute formée puiffe pénétrer jufque: dans l'intérieur des

barres de fer , mais parce que je r'ai trouvé d'autre moyen d'expliquer plufieurs expériences du célèbre Rinman qui prouvent que le fer enfermé

dans un creufec bien luté , foit feul , foit dans des cémens inerts ou maigres, fe convertit en acier, quand le creufer eft environné de char-

bon; ce qui n'arrive pas quand le fer eft enfermé dans du verre , quoi- qu'également environné de pouffière de cLaibon. J'ai regret que vos belles expérieHces ne m'aient pas été connues à 310 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

rems pour en profirer avant l'imprefîîon de cet article ; mais je retrouverai

roccaliou d'en faire ufa^e à l'article Fer , & pour lors j'aurai probable- niepc votre Mémoire même au lieu de l'extrait. Dans le même tems que vous vous occupiez de cette maticre.M. Prieftley avoir pris de fon côté

pour lujet , de fes recherches des phénomènes qui y touchent de près , tels le la que charbon des métaux, c/iareort/ qf metais , fonte cémen-

tée, annealed , &c. Le jvolume où il les a publiées m'elt arrivé au

moment que je corrigeois l'épreuve du dernier paragraphe , & )'ai eu la fatistadion de pouvoir recueillir encore quelques-unes des preuves qu'il

ni'offroic que la plombagine pouvoir s'allier aux meraux , & qu'elle exifloir dans la fonte & dans l'acier: voici la note que j'ai ajoutée. a En examinant comparativement, foit avant, foit après la cémenta- Mtion, les clous ou chevilles de fer crud que l'on cémente à Bir-

3) mingham , dans le charbon , pour leur donner une forte de dudi- » li té, & qui portent alors le nom de clous de fer crudengraifTé {annealed), y> ce grand Phy/icien a obfervé que looo grains de ce fer crud

33 ainfi perfeiflionné , laiiïbient après leur diffolution dans l'acide vi-

3> triolique délayé, 68 , 75" grains de poudre noire infoluble; que la

» dilloiution fe taifant très-lentement, il fe fépare des paillettes noi- » res qui confervent la forme des morceaux {favais également vu & ^y décrit ce phénomène) ; que l'acier en général donne beaucoup plus » de réiîdu noir que le fer, ce qui pourroit le faire nommer yè^ mal- » léable engraijjé ; que ce réfidu noir n'eft pas foluble dans l'acide

" muriatique ; que fi on expofe au foyer de la lentille 10 grains an-

33 glois de ce réiîdu ( 8 , Ilg grains de France ) , ils tournifTent

33 I pouce cubique franfois de gaz méphitique , & 12 , de -J-^ 88p 33 gas inflammable détonnant, quoiqu'il fe diflîpe une grande partie

33 de cette pouffière légère; que ce réfidu s'eft réduit à -^^ de fon poids, «p lorfqu'il a été fondu par la lentille à l'air libre, & qu'il reiTembloit

33 alors à une fcorie ; en un mor qu'il fe comporte comme la plomba-

:» gine , Si fe réfouc , comme elle, prefqu'entièrement en gas acide mé-

jj phitique & en gas inflammable.

33 prenant le terme de fes expériences, voit En moyen on que p8 , 3i 38 trrains français de fer crud, avant la cémentation, donnent 1^5" 30 pouces cubiques trançois de gaz inflammable; que pareille quantité

33 ter crud cémenté en donne pouces cubiques; qu'une du même 169 j

33 pareille quantité d'acier , en donne ijy pouces cubiques, & que ^97 >^S g'âins du fer dont l'un des aciers avoir été préparé, en ont 33 fourni Ijy {. 33 C'eft l'opinion de ceux qui fabriquent l'acier (dit encote M. Prieftley),

» que le fer ne diminue, ni n'augmente de poids dans l'opération , &c

33 ceux qui cémentent la fonte, alTurent qu'elle perd beaucoup; mais

s» fes propres obfervations font plus conformes à celles que j'ai rap- SUR UHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 511

: il grains » portées fur ce fujet a vu 72 de fer , prendre à la « cémentation une augmentation de 3 grains , elle a été de 6 pour » 1440 de fonte. 33 Quelques réfultats des expériences de M. Prieftley, femblent indi- 3> c]uer que le 1er crud auquel on fait fubir cette cémentation à Bir-

33 mingham, eft de la nature des fontes qu'on appelle blanches , ou du 33 moins d'un gris clair; car les lontes d'un gris noir ont par elles- 33 mêmes la propriété de fe laifler limer, forer, & même refouler à 33 un certain point; elles fourniflent aulH une bien plus grande quan- » tité de plombagine; elles ne feroient donc fufceptibles ni de la même

S3 amélioration , ni d'une égale augmentation de poids 3j, (^Nou de la page ^^5.) Les oblérvations de M. Prieftley fur ce qu'il appelle chareoal vous

confirmeront , Monfieur, dans l'idée qui termine votre Mémoire, que

plufieurs métaux peuvent avoir leur plombagine ; car ce charbon qu'il tire des métaux en failant jiaflér deffus de l'efprit-de-vin lorfqu'ils font

rouges , a toujours une bafe métallique qu'il eftime en taire le vingtième ;

il l'a obtenu en quantité du cuivre , il en a recueilli du plomb, même de

l'argent ; on n'eft pas étonné que l'or ne lui en ait point donné , mais le

fer lui-même en a très-peu fourni , ce qui paroît tenir à une autre caufe. Il ert remarquable que ce charbon fe fond fjns s'enflanmier par le foyer de la lentille à l'air libre, te qui a lieu pour celui delà fonte, comme pour celui du cuivre; ceci (emble établir une différence entre le charbon de bois &i ce charbon métallique, qui rapproche ce dernier de la vraie

plombagine , & qui peut procéder uniquement de la différence de la bafe. Au refte, le charbon lui-même .prend auflî le caradère de plombagine, lorfqu'il eft fortement chauffé en vaifleau fermé, le charbon minéral

devient même à la fin tout-à-tait incombuftible , comme celui dont j'ai fait mention dans mes obfervationsy«r les proprielês de quelques madères

patfées à Pétai de plombagine , inférées dans le recueil de rAca;'émie de

Dijon {premier femejîre , 1783 ) où j'ai fait mention d'une vraie plomba-

gine retirée de l'alliage de M. d'Arcet ; tous les charbons qui fe refufent à l'incinération ne me paroiffent encore différer de la plombagine ordi naire que par la bafe. Tout cela ne prouveroit-il pas que le charbon de bois lui-même ne

peut s'unit au métal qu'après qu'il eft devenu plombagine , ou pour mieux dire, qu'il n'y a que les principes gazeux du charbon qui, entrant dans cette combinaifon nouvelle, forment la plombagine? D'autre part les expériences de M. de la Metherie nous ramenant à confidérer feulement dans les métaux le gaz inflammable comme remplaçant abfolunient le phlogiftique de Stahl^, on eft forcé d'avouer que, malgré tant de belles

découvertes, il nous manque encore un petit chaînon pour en relier défi-

nitivement toutes les coiiféquences \ mais des recherches lî perfévérantes. 3Ï2 OBSERVATIONS SVR LA PHYSIQUEi dirigées avec tant de fagacité , nous promettent que nous ne tarderons pas à l'obtenir.

J'ai l'honneur d'être , S:c. A Dijon, ce 7 Ociobre ljZ6.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

HtLÉMJENS dHïfloire-Naturelle & de Chimie. Seconde édition des

Leçons élémentaires Jiir ces deux Sciences , publiées en 1782 , par

M. DE FoURCROY , Doâeur en Médecine de la Faculté de Paris ,

de VAcadémie Royale des Sciences , de la Société Rcyale de

Médecine , de la Société Royale d' AgncuUnre , Frofsjfeur de Chimie

au Jardin du Roi & à L'Ecole Royaie Vétérinaire , Cenfeur

Royal , &c. A Paris , chez Cuchet , Libraire , rue & hôtel Serpente, 4 vol. in 8°.

a Ce n'eft pas feulement par le nombre des volumes & par une

» répartition plus égale des maricres , die l'Auteur , que cette féconde 3) édition difFtre de la première. Le changement total d'un grand nombre ^ d'articles^ des additions multipliées à ceux dont on a laiilé lubfifter le

» fond , &r des détails beaucoup plus étendus fur plufieurs objets, en 33 font un Ouvrage abfolument différent 55. Ne pouvant faire connoître tout ce que cet Ouvrage renferme d'intéreffant , nous allons nous contenter de préfenrer le tableau qu'il contient de la divifion méthodique ou de la claflîfication des fluides élaftiques permanens.

Première claiïe. Fluides élaftiques qui fervent à la combujlion & à la rejpiraiion,

r° efpcce. Aie vital. ir Air armofphérique.

Seconde claffe. Fluides élafliques qui ne peuvent fervir ni à la combujlion ni à la refpiration , & qui tiont point de caraclères falins, III«efpèce. Mofete. IV° Gaz nitreujf.

V Gaz muriatiqueaéré , ou gaz acide marin déphlogiftiqué. Troilîcme claffe. Fluides élafliques qui ne peuvent fervir ni à la combuflion ni à la rejpiration , & qui font de nature faline.

Vr efpèce. Gaz acide craieux ou air fixe. VII* Vll'efpcce Gaz acide fulfureux, VHP Gaz acide fluoncjue ou gaz fpathique. IX° Gaz acide muriatique. X' Gaz alkalin. Quatrième clafTe. Fluides élajliques qui ne peuvent fervir ni à U

combuflion ni à la -refpiration , & qui Jont inflammables,

Xl^ efpèce. Gaz inflammable aqueux ou gaz inflammable pur, XII° Gaz hépatique. XIII° Gaz phorphorique. XIV' Gaz inflammable mofétifé. XV" Gaz inflammable craieux. XVI' Gaz inflammable charbonneux.

. L'Auteur appelle gaz inflammable motétife' , l'ait inflammable quî conTient de la mofere ou air phlogiltiqué; gaz inflammable craieux celui qui contient de l'acide craieux ou air fixe; &C gaz inflammable chat-; bonneux celui qui contient du charbon.

Recherches Jiir les moyens de prévenir la petite V^érole naturelle , & Procédés d'une Société établie à Chefler pour cet objet & pour rendre

ïInoculation générale ; traduite de V Anglais de M. Hayg akth , D. M.

par M. DE LA KoCHE , Médecin de Monfeigncur le Duc d'Orléans & du Régiment des Gardes-Suiffcs, Membre du Collège des Médecins

de Genève , & de la Société Roj/a'e de Médecine d'Edimbourg, A Poitevins, Paris, chez Buiiïbn, Libraire, rue des hôtel de Msfgrigny , un vol, in-S°, Prix, 2 liv. lO fols broché & 2 liv. i J fols franc de porc par la porte.

Cet Ouvrage art intéreflànt pat le texte S( par les notes favantes du Ttadudeur.

Galerie Hijlorique Univerfelle ; par M. de P. Cinquième Uvraifon.

culture Differtaiion fur V Abricotier ^ fes différentes efpéces,fa & fes

propriétés pour la Médecine, les alimens & les arts ; par M,B\;CHOZ.

Prix , 6 liv. !;.•:

Xi/?e chronologique des Ouvrages publiés par M.Bvc^bz.

Noue ne pouvons qu'annoncer le nornbre des volumes qui confident ;

in in-^"'. , in-S". 1 , inriS'. Tiwal vol. en fol. y^, 7 ^6 , in 12. 29 14. 260

Recherches fur la Vie & les Ouvrages de Pierre Richrk de Bellfval, Fonlateur du Jardin botanique donné par Hinki IV

la Faculté Médecine Miimpell'er , en pour fervir à de de 1^^^ , à

Tome XXIX, Fart. Il, 1786. OCTOBRE. . Kr 314 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

l'HiJloire de cette Faculté, & à celle de la Botanique , avec cette épigraphe :

Erexit monumentum xre perennius.

in-S". Brochure de 1% pages , caraUère cicéro , & 8 pages £ Avertïffe-

ment , 1785. A Avignon ; &i fe trouve à Monrpellier, chez Bafcou, Libraire. Prix, r liv. 10 fols.

Société' Royale de Médecine.

La Société Royale de Médecine a tenu, le ap août 1786, fa féance publique au F. ouvre, dans l'ordre fuivant.

Le Secrétaire-Perpétuel a dit :

La Société Royale de Médecine avoit annoncé dans un Programme , publié le 26 août qu'elle diftribueroic des (éances de 1785 , dans une l'année 1786 , des prix de différente valeur au^ Auteurs des meilleurs Alémoires qui lui auroient été envoyés fur la defcription & le traitement

âes maladies épidémiques, & fur la conftitution médicale des faifons ; la fomnie deftinée à ce concours eft de 2400 liv. Elle a été diftribuée en prix de différens ordres. Ceux du premier ordre font au nombre de fix , & la valeur de chacun de ces prix efl une médaille d'or de 2OO liv. Ceux du fécond ordre font en même nombre, &c leur valeur efl; une médaille d or de 100 liv. Les prix du troifième ordre font au nombre de douze , & ils confirtent en une médaille d'or , ayant la même (orme que le jeton d'argent que l'on diftribue dans les féances ordinaires de la Société Royale de Médecine.

En adjugeant ces prix , la Compagnie a eu fpécialement en vue le mérite &: le nombre des Mémoires & des Obfervations envoyés par chacun de ceux qui coopèrent à fes travaux -, elle a auflî eu égard , comme elle l'avoir annoncé, au zèle & à l'exaftitude de la correfpondance.

Les premiers prix , confiftant chacun en une médaille d'ot de la valeur de 200 liv. ont été adjugés à

MM, Dufour , Dodeur en Médecine, & AfTocié Régnicole, à Noyon. Bouffey, Dodleur en Médecine, Aflocié Régnicole, à Argentan,

Baraillon , Dodeur en Médecine, Médecin en chef des épidémies de

la Généralité de Moulins , & AlTocié Régnicole de la Société.

Gallot , Dodeur en Médecine, employé pour le traitement des

épidémies ^ & AfTocié Régnicole de la Société, à Saint-Maurice-

le- Girard , en Bas-Poitou.

Gaftellier , Dodeur en Médecine , employé pour le traitement des épidémies, AfTocié Régnicole, à Montargis.

Le Pecq de la Clôture , Dodeut en Médecine, Médecin en chef des épidémies, AfTocié Régnicole, à Rouen. ,

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 31; Les iix médailles d'or, de la valeur de 100 liv. ont été diftribuées à

MM. Razouz , Dodeur en Médecine, & Aiïocié Régnicole, à Nifmes.

Bridault, Dodleur en Médecine , à la Rochelle.

Baumes , Dodeur en Médecine, & Afl'ocié Régnicole, à Nifmes.

Companyo , Doâreur en Médecine , & Correfpondant , à Cérec en Roudîllon. Bouefnel, Do<îteur en Médecine, & Correfpondant, à Avalon.

Bagot , Do(5teur en Médecine, & Aflocié Régnicole, àSaint-Brieux, en Bretagne.

Les prix, de la valeur d'un jeton d'or , ont été décernés à

MM.de la Mazière.Profedeur en Médecine, & Correfpondant , à Poitiers.

Dufau, Dodteur en Médecine , & AlTocié Régnicole , à Dax.

Poma , Dodeur en Médecine, Correfpondant de la Société, à

Saint-Diez , en Lorraine.

Pujol , Dodenr en Médecine, & Correfpondant, à Caftres. Souquer, Dodeut en Médecine, ic Correfpondant, à Boulogne-fuc- Mer. Bougourd, Doéteur en Médecine, & Correfpondant, à Saint-Malo, Keller, Dodeur en Médecine, & Correfpondant, à Haguenau.

Cofta de Seradel , Dodeur en Médecine , &c Correfpondant , à Perpignan. Ayrault, Dodeur en Médecine, & Correfpondant, à Mirebeau en Poitou. Balme, Dodeur en Médecine, au Puy-en-Velay.

Goguelin , Dodeur en Médecine, & Correfpondant, à Moncon-

tour , en Bretagne.

Guyeran , Dodeur en Médecine , & Correfpondant , à Lont-le- Saunier.

La Société regrette de n'avoir pas un nombre plus confidérable de prix à dirtribuer, tant eft grand le zèle de ceux qui la fécondent dans fes recherches.

Le traitement & la defcription des maladies éprdémiques , & Pbiftoire delà conllitutron médicale de chaque année, étant le but principal de

notre inftitution , & l'objet dont nous nous fommes le plus conftamment occupés, nous invitons les gens de farta nous informer des différentes

épidémies ou épizoories régnantes , & à nous envoyer des obfervations fut la conftiturion médicale des faifons, La Société continuera de dirtribuer des prix d'encouragement aux Auteurs des meilleurs Mémoires ou obfer- vations qui lui feront envoyés fur ces différens fujets, d mr la connoifTance par les lui e(t fpécialemenr attribuée par l'Arrêt du Confeil de III6 , Lettres-patentes de 1778, & par un nouvel Arrct:du Confeil de 1786.

Tome XXIX, Pan, II, 1786. OCTOBRE, R r 2 3i5 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

La Société invire aufli les Méilecins, les Chirurgiens, & en général les Phylîciens à lui adre.'Ier des Mémoires fur la topographie médicale dej lieux qu'ils habirenr. Les intentions du Roi , notifiées à la Société Royale de Médecine , dans une Lettre en date du i,^ feptembre 178^ , font , que la Société Royale fuive avec la plus grande adivité des recherches déjà rrts-avancées , de la rédaction defc|uelles il réfulrera un Traité fut la topographie médicale du Royaume. La Compat^nie dilhibuera des prix aux Auteurs des meilleurs Mémoires envoyés (ur cette matière.

La Société avoit propofé dans fa féance tenue au Louvre le 1 1 mars fujet 1785 , pour du prix de la valeur de 600 liv. fondé par le Roi , la queftion fuivanfe:

Déterminer quels font les rapports qui exijient entre tétat du foie les & maladies de La peau ; dans quels cas les vices de la bile , qui accompagnent ces maladies , en font la caufe ou l'effet ; indiquer en. mane-tems- les. fignes propres à faire 'connaître Vinfluence des uns fur les autres, & lé traitement particulier que cette influence exige.

Ce prix devoit être décerné dans la féance publique que la Société Royale de Médecine a tenue au Louvre le 31 août 1784.; mais aucun

des Mémoires envoyés alors n'ayant rempli les vues , elle tut forcée d'en ciiiFérer la diftributin.

Pjrmi les Mt. "noires que la Société a reçus depuis ce tems , elle en a

diilingué deux, entre les Auteurs defv^uels elle a partagé le prix , comme

il fuit : Elle a décerné, 1°. une médaille d'or de la valeur de 400 liv. à

M. Pujol, Docteur en Médecine, & Correfpondant de la Société , à Caftres. 2°. Une médaille d'or de !a valeur de 200 liv. à M. Ramel le fils ,

Dodteur en Médecine , & Correfpondant de la Société, à Aubagne. L'acccffit a été accordé, avec une médaille d'or de la valeur de lOO liv.

à M. Bouté, Médecin , & Aifocié Régnicole, à Coutances. La Société avoir ptopolé dans fa féance publique du ly février 1785",

pour fujet du prix de 60© liv. fondé par le Roi , la queftion fuivante : Déterjnmer par l'ejçnmen comparé des propriétés phyjiques &

chimiques la nature des Laits defemme , de vache , de chèvre . d'ânefe-, de brebis & de j^tnent..

Ce prix devoit être décerné dans la féance que la Société Royale tient

aujourd'hui ; mais aucun des Mémoires envoyés au concoure n'ayant rempli

fes vues, elle efl: forcée d'en différer la diftriburion. { .,1 • En conféquence.elle propofe de nouveau la même queflion pour fujet

d'un prix double v c'eft-à-dire , de la valeur de 12OO liv. qui fera diftribué

dans la féance publique du Carême 1788. .1 , , i ,

, La Société déclare qu'elle n'exige point que le même AuteurluI envoie SUR L'HIST. NATURELLE ET LES JRTS. 317

l'analyfe de tous les laits ci-deiTus énoncés , mais elle demande que le laie de femme ne foir pas oublié. Les Mémoires deftinésàce concours feront remis avant le premier janvier ce terme eft de rigueur. Ils 178S ; feront adreffés francs déport , à M. Vicq-d'Azyr , Secrétaire perpétuel de la Société , & feul chargé de Petits-Augujîins fa correfpondance , rue des , N", 2 , avec des billets

cachetés , contenant le nom de CAuteur , & la même épigraphe que le Mémoire,

Ordre des lecliires qui ont étéfaites dans laféance publique de la Société

Royale de Médecine , tenue au Louvre le 2ç août ijSô.

Après la ledure de la diflributioii & annonce des prix faite par le

Secrétaire J M. Doublet a lu un Mémoire fur la fièvre puerpérale. '' M. Vicq-d'Azyr a fait la leiflure des éloges de MM. Bonami , Dnyen

"de la Faculté de Médecine de Nantes, Hecquet , Doyen du Collège de

Médecine d'Abbeviile, Marrigues , Chirurgien en chef de l'Infirmerie

Royale de Verfailltrs,& L'Obftein , Profeffeur d'Anatomie& de Chirurgie dans la Faculté de Médecine deStrafbourg, Affociés Se Correfpondans de la Société. M. Halle a lu un Mémoire fur la fièvre fecondaire de la petite vérole. M. de Fourcroy a lu un Mémoire fur le fel marin calcaire, & fur (on ufage en Médecire.

La féance a été terminée par la leiflure que M. Vicq-d'Azyr a faite de

Léloge de feu M. Wateler , AfTocié libre de la Société.

Programme de la Société Hollandoife des Sciences , établie à Haerlem , Li.i '1 pour l'année 1786.

La Sodiété s'étant affemblée le 22 Mai de cette année, commença fes délibérations fur les divers Mémoires reçus en réponfe aux queftions fuivantes: Quelles font les véritables différentes efpcces de fluides aériens, aux"

quels on a donné le nom ^i'airfixe, air déphlogiftiqué , air inflammable,

air nitreux , air acide , air alkalin, &c, L'Académie en faifant une men-

tion honorable de deux Mémoires très-bien écrits , qu'elle avoir reçus Tannée dernière, défira que les Auteurs y fiffent des améliorations. En efFet il eft parvenu depuis à la Société un nouveau Mémoire, de l'Au-

teur de cette devife : Quam pulcrum efl , in principiis & origine re- runi defixiffe oculos & nobile mentis acumen ; pervolat hue fapiens.

Ce Mémoire étant marqué d'une L, on en fit l'examen , conformé-

ment à la réfolution des 22 Mai 1780 , & 21 Mai 17?-}.; & il fut

jugé digne d'être couronné. A l'ouverture du billet on vit • qne les

Auteurs écoienc MîVl. h, Paecs van Tiooftwir , Membre de la Société 3i8 OESERFATWNS SUR LA PHYSIQUE; Hollando'ije , de celles de Rotterdam & d'Uirccht ; & J. Rutlolph Dcimanj, Doâeiir en Médecine , des Académies de Haarlem , de Flejjîngue , d'Uireckc, &c. tous deux réfidens à Amftirdam Comme

Je prix dévoie être d'une double médaille d'or , on décida qu'il fe- roir parragé, & qu'on donneroit à chacun, une fimple médaille £or. Sur la folution demandée relativement à la théorie du Docleur

Cra'oe'ford ( I ), fur le feu & la chaleur , l'Académie n'a reçu aucuns Mémoires afTez fatisfaifans, & propofe de nouveau cette queftion de la manière fuivante:

Jufquà quel point peut-on déduire une théorie fur la nature du feu & fur la cauje de la chaleur , après les expériences bien confla- tées bien & décifives , qtion afaitesjufqu'à préfent ; & quefl-ce qiion doit encore remarquer comme indécis à cejujet?

La Société defire , que celui qui veut afprrer au prix, repère les expériences les autres que ont faites en faveur de la théorie , qu'il cher- che à vérifier, au cas que ces expériences alléguées ne foient pas allez conftatées par des elTais réitérés.

A l'égard de la queftion fur le Condenfateur de M. Voira , l'Aca-

démie a couronné le Mémoire de M. Jacob van Breda , DoSeur en

Médecine , Confeiller & Echevin régent à Delft, &c. ayant pour devi-

fe : Multum adhuc reflat operis , multumque rejîabit, nec uUi nato pofl mille fecula prcccludetur occafio aliquid adhuc adjiciendi. Lia réponfe à la queftion, tendant à déterminer la vitefft des eaux des rivières, ayant pleinement rempli les défirs de l'Académie, elle

ouvrit le billet qui i'accompa^noit ayant pour devife : De curju rapido montibus altis in de , dant Jonitum fpumoji amnes & œquora currunt , quifque fuum populatus iter, Virgilius. En conféquence de la réfolution prife les 22 Mai 1780, & 21 Mai 1784, pour les Mémoires marqués d'une L, la Médaille d'or a été décernée à l'Auteur de ce Mémoire,

M. Chrétien Brunings , Infpecleur général des rivières de Hollande & de Jf^eJIfrieflande, &c, &c. Le concours pour la queftion fuivante fera ouvert jufqu'au premier Novembre 1787. Comment les Plantes prennent-elles leur nourriture ? QiCeft-ce qui leur ejî à cet égard favorable ou nuifble? Et quelle direUion peut- on tirer de ce qui ejl connu à cet égard tant par rapport à l'agri- culture en particulier , que par rapport à la culture des plantes en général ?

(i) Voyez Expérimente and ohfeivations on animal haut and the inflammation la nouvelle théorie of combuflible hodies by A. Crawford , Lond. 1779- Ejfai fur du Feu élémentaire ; par J. H. de Magellan , Lond 1780. An Examirtation of Dr. Crawfotds Theory by William Morgan, London 1781. ,

SUR UHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 315

Prix propofc par la Société Royale d'Agriculture de Laon , pour

l'année i-]^-] , dans Ja fcance publique du 22 Août 1785.

La Société, pour répondre aux vues de M. le Duc de Charoft , qui lui a offert de faire les fonds d'un prix de 600 liv. fur le delTéche- ment des marais du Laonois , propofe les deux queftions fuivantes pour le fujet du prix qu'elle diftribuera dans fa féance publique du mois d'Août 1787. 1°. Quels font les avantages qui réfuheroient du defféckement des Marais du Laonois ? 2.°. Quels font les grains, les plantes & les arbres les plus propres à être cultivés dans les terreins qui feront defféchés ?

La Société défire que, dans la réponfe à la féconde queflion , on s'appuie fur des expériences faites , ou par les Auteurs , ou pat d'autres perfonnes que l'on citera , dans des terrtins ci-devant deifé- chés. Les favants & les cultivateurs font invités à concourir à ce prix, même les affociés non-réfidens à Laon. Les feuls membres & aiïociés réfidens en font exclus. Les Ouvrages deftinés pour le Concours feront adreffes à Laon, francs de port , au fecrétaire perpétuu'l de la Société; & fi c'eft par la porte, avec une double enveloppe, à l'adrefle de M, l'Intendant de la Géné- ralité de SoilTonSj à Soiilens.

TA BLE Des Articles contenus dans ce Cahier.

iVlÉ MOIRE fur le rouiffage du Chanvre i par M. Prozet,

Maître en Pharmacie , Intendant du Jardin des Plantes , de la Société Royale de Phjyfique , d'Hflaire-Naturelle & des Arts d'Orléans , P^gs 241

Mémoire fur VAcide phofphorique , confidéré comme, partie compofante bleu du de Berlin ; par M. WesTKUMB , 2/5 De la terre de la Rhubarbe qui fe rencontre dans plufieurs végétaux ; par C. V. SCHÉELE , 2^^

Lettre de M. Dodun , Infpeâeur des Ponts & Chauffées de la

Province de Languedoc , au Département de Caflelnaudarjy , à UE M. LA MeTHERIE , 2J<Î Expériencesfur la converfion de VEau en Air , traduites de CAllemand

de M. Westrumb, par Madame Picardet , 261 S20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQ UE, &c: De la produâion du Ga^ inflammable par la vapeur de l'Eau & le Fer,& des doutes élevés à ce jujet ; traduit de VAllemand de

M. i^LhVROTH , par Madame PiCABDET de Dijon, 262 Mémoire chimique & économique fur les principes & la génération du Salpêtre. Ouvrage qui a remporté le Prix Royal au jugement de

rAcadémie des Sciences ; par M. Thouvenel , Docteur en Médecine Regnicole de la , Ajfocié Société Royale de Médecine ,

& M. Thouvenel , Commiffaire des Poudre & Salpêtre au

Département de Nancy , 26.^ Réflexions de M. de la Metherie , 272 Extrait d'un Mémoire lu à PAcadémie des Sciences de Paris, le 2

feptembre l~ji6 , fur leffet des étincelles électriques excitées dans l'air fixe; par M. Mongf. de la même , Académie , 21^

Suite de l'extrait du Mémoire de MM. Vandekmonde , MoNGE 6* le Berthollet ,fur la Fonte , Fer, l'Acier & la Plombagine ;

par M. Hassenfratz , 281 Obfervations fur le Bouquetin des Alpes de Savoie, & fur celui de Sibérie ; par M. Berihoud Van -Bf.rchem , 285*

Epreuves relatives à l'adbéfion j par M . . . . 287 Extrait des Regijlres de C Académie Royale des Sciences , du J août 178(5, 291

Seconde fuite des recherches fur [ Alkali minéral natif; par M. Lorgna,

traduites par M. Champy , 2^^

Lettre de M, H\';sEK'e&\Tz , Sous-Infpectjur des M'nes de France,

Profeffeur de Phyfique de VEcole Royale des M'nes , à M. DE LA

Metherie yùr la calcination des Métaux dans l' Air pur , & la ,

décompofition de VEau , 503*

Réponfe à la Lettre précédente de M. HassenfrATZ ; par M. DE LA

Metherie , 3o5

Lettre de M. de Morveau, à M. BekthOLLET , fur la théorie de la

coiiverp.on du Fer en Acier, & fur la Plombagine , 508

Nouvelles Littéraires , 512

APPROBATION.

lu ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour J'AI , par

l'Hifîoire Naturelle les , &c. titre : Ohfervallonsfur la Phyfique ,fw & fur Ans

L- hune & ds la Metherie , &.:. La Collei^Hon de par MM. RoztEK , MoncEZ faiis Impcirtans qu'il offre p-^riodiquement à lés Lefteurs , mérite raitemion des Sa-

permettre l'impreffion. Paris , ce vans ; en conlequence j'etUnie qu'on peut en A 14 , Oaobre 1786. VALMONT DE BOMARE. J'/..

ûcfoi>re irSà\

F/..

C '^C/ûére 17S6 >

^(yi»J.a=-a=yw_, e^=rti'y^jjjj=aa=»itts-a=»tjé^^ 4 JOURNAL DE PHYSIQUE. Novembre iy8S, l RECHERCHES

Sur les Sauterelles et sur les moyens de les détruirb ;

Par Af. B R A ON , Confeiller en la Cour des Comptes , Aides & Finances de Montpellier , des Académies de Dijon, Toulouje , Ni/mes , &c.

Homo fum ; humani nihil à me alienum puto. Terenc. Comœd.

xliTRE nourri & vcru , voilà l'unique nécefTaire de l'homme. Tou- les tes richefles, de quelque nature qu'elles puifTent être, ne font rien ,

& fe réduifent à rien , fi l'on en excepte les dons de la terre ; ce font eux qui en fe reproduifant affiirent à un état àei revenus fixes ; ce font eux qui fatisfont les befoins phyfiques auxquels les hommes font aflujettis, & ceux que la commodité a inventés. Mais pourquoi faut-il que cts dons de la terre foient en proie à mille ennemis deftrudeurs ? pourquoi faut-il que l'homme fe voie pri- vé par des infedes du fruit de fes labeur^. La fauterelle eft un des plus à craindre pour lui. On a vu ce petit animai ravager des provin- ces entières.

§. I.

A peine les fauterelles commencent-elles de naître , qu'elles fon- gent à fe reproduire. Ces infedes, foit qu'un inftind naturel, foit que reffetvefcence des efprits animaux & de leurs humeurs les y forcent, fe cherchent dès le moment qu'ils peuvent fe (èrvir de leurs ailes. Le mâle accroche avec les dents la femelle pardeffus le cou la tenant afTujettie avec fes deux pattes de devant, il pafle fa queue fous (on ventre, & il introduit fa verge faite en forme de faux dans le va- gin ( I ).

les (l) Ces inftftes (ont fi fortement joints dans l'accouplement , que prenant ave« la main, ils ne (è féparent point. Ils reftent ainfi dans la même fituation plufieurs

C\ les qu'ils iieutes , les jours & les nuits entières ; vous tentez de féparer , vous fentez

JtmeXXIX, Part, Il y 1786. NOFEMBRE, Sf 322 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

Les aiifs ainfT fécondes , la femelle n'attend point qu'ils aient ac- quis leur de^ré de maturité. Sur la fin de l'été, ou dès le commen- cement de l'automne, elle fait un trou dans la terre & les y dépofe;

ce lies qui ont des queues, ou pour mieux dire , des appendices à la queue, s'en fervent comme d'une tarricre pour préparer la demeure de leur progéniture; celles qui n'ont point d'appendices à la queue font en- trer rextrémiré Je leur ventre dans la terre, & parviennent au même but.

Certe opération demande un terrein léger, fablonneux ; aulîî ell-ce celui

qu'elles choifilfent de préférence ; elles fuient la plaine, les terres hu- mides, compades, celles qui font cultivées.

" Quand bien-mcnie, dit un Auteur E('pagnol( i), il tomberoit des 9> millions de fauterelles fur un champ cultivé, on ne doit pas ap- ^ préhender qu'aucune y dépofe fts œuts; 5^ s'il y a dans cet endroit

j) un morceau de terre inculte, fi périt qu'il foit, elles iront toutes les

» y dépofet ". Cette préférence fi nécelfaire pour la confervation de

l'cipèce , elt indiquée 3 la fauterclle par l'odorar. L'ouvrage de la propagation de cos infirtes dure rarement plus de fix oufept femaines. Lorfqu'il eft fiai & que les femelles ont dépofe leurs

œufs , les fauterelles des deux fexes s'accrochent les unes aux autres , ou contre les rameaux des arbres qui font A leur bienféance, ou mê- me fur la terre qu'elles jonchent par milliers. Là elles relient immo- biles Se comme derni-mortes, & elles périlfent au bout de quelque tenis

epuifées , delTéchées par le manque de nourriture, ou par une efpèce de confomption qui les attaque. Le froid achève enfin de détruire ce que la maladie avoir épargné. On trouve leurs œufs renfermés dans des efpèces de poches ou de facs, formés par une membrane tiffue de pe- tits filets blancs argentins, qui font fans-doute une continuation des aràres & des veines de l'ovaire (2). La foffe où ils ont été depofe's e'I capable tout au plus di recevoir le petit doigt, ils y reftent en-

font réhrtance , & ce ne peut être qu'avec effort que vous en venez 3 bout. Dans ce

il moment dccoule , (oit du vagin , lôit de? partie; génitales du mâle . une petite goutte

blanche comme du lait, c'eft leur \Taie liqueur fpetnfati^ue ; pour lors le mâle ne

peut point renfermer d-ttls fa gaiwe Ton ai^blllon , ri la femelle reOerrer Its cuilfes

écartées , S: il t^ut attendre que l'agitation l'if relferve-fcenee des h-inieurs foit calmée. Cette liqueur Ipermatique ne produit point fans doute, d'autre effet qued'érhauffer, d'emprégnerde fon «(prit prolifique les œufs contenus dans l'ovaire, & de les rendre '" ' f^cond's. ; ,.. (!) Bo'Wl*'. 'i " >' "•'. • ••

(i) Sw-amiiierdafti s^priftte »!h/î (ur ce fu'êt : Je confervê dasoeuft de fiiuterelle qui (ont oblortgs. S: une ovaire entière parfemce defilamens d'un blanc argenté, qui

(ont fans doute des ramifications de la trachée-artère , & entre lefquels paroifTent des

vaî(le"aux fanguins , vemeux & artcrîeU. Les œufs ont prefque li confîflance de la

corne , la couleur en eil brune ; mais leurs premières ébauches , dont i'ai auflî 'dis

échantillons , (i)rt blanches & jaunes, & leur enveloppe eft très^déliée, Blblia mteiira, page. rj). SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ART3. 523 fouis pendant tout l'hiver , & n'éclofent que lorfque la chaleur du ptiii- tenis a échauffé la terre. Pour lors il en naît des vers qui ne font pas

plus gros qu'une puce .d'abord blanchâtres, puis noirâtres , enfuite rouf- fâtres. Ils fubilTent plufieurs autres métaniorphofes ( i ), & deviennent cfiacun animal parfait de fon efpcce. Recherchons les caufes qui fâ- vorifeut leur reproduction ; j'en reconnois trois : la chaleur, la fécheredè du climat & le terrein léger & fablonneux. 1°. La chaleur contribue à la produdion des fauterelles. Perfonne n'ignore les effets de la chaleur lur les œufs fécondés , & combien elle eft néceffaire pour taire éclore l'animal qui y eft contenu. Nous n'a- vons pu fuivre dans \èi œ^xii dïs fauterelies ce développement occa- sionné pat la chaleur; mais nous fommes intimement perfuadés que ce qui arrive aux œufs de tous les animaux ovipares arrive dans ceux- ci , & que la même caufe produit en eux le même effet. Ce qui eft confirmé parce que rapporte l'Auteur Efpagnol que nous avons déjà ci- té. Il affure que le tems d'éclore varie félon la chaleur de l'endroit ou fe trouvent les œufs. En général ceux qui font dans un pays haut ^ Wiontagneux tardent plus que ceux qui font en plaine, te J'en ai vu, J3 dit-il, à Almetia fauter des millions au mois de Février, parce que

» cet endroit eft fi précoce, que les petits pois y étoient prefque paffés à » cette époque. 3J Dans la Sierra-Nevacda ils fortoient de leur nid en Avril, & j'ai " obfervé dans la Manche qu'ils n'étoient pas tous édos au commen-

aujourd'hui fur les métamorpho(ès des fauterelies (i) 11 n'y a plus aucun doute ; fous la qui pafTe enfuite c'efl le même animal qui fort de l'œuf forme d'un ver , dans Il l'état de nymphe , S: qui eft connu (ôus le nom de nymphe-ver. fubit enfin une troificme métamorphofë , en quittant fa peau , & devenant un animal parf.iit de fon efpéce , m.ile ou femelle , en état de produire fon ferablable . par les œufs fécondés que dépofe la feinelle. Les fauterelies ne reftent dans l'état de nymphe que vingt-quatre ouvingt-cin^ jours, plus ou moins , (uivant que la faifon leur eft plus ou moins favorable. Pour, lors ayant acquis tout fon accroiiïement, cet animal cefle pendant quelques jours de manger, cherchant un endroit commode & propre à le favorilèr dans fon ch mgemert d'état. C'eft ordinairement une épine , un chardon , ou un builTan qu'il choifi'. Il s'y fon cou jufqu'à ce que la peau fe crève au- accroche , il agite & gonfle fa tête & , fans quelque deffiis du cou ; la tête fort la première par cette ouverture, non d!fficu!té, enfuite la nymphe faifant toujours de nouveaux efforts , & fe gonflant de plus en plus laifFant fa fort toute entière, avec fes C\x jambes, & fes quatre ailes , en dépouille à

auquel elle fe tenoit attachée , & qui lui a (êrvi de point fi.te. l'épine , ou au buHTon La fauterelle après un pareil travail tombe par terre épuifée de fatiguas & des etforis qu'elle a été obligée de faire. Elle fè remet en prenant un peu de repos ; fes ailes alors fe déploient dans toute leur étendue: elles furpalTent la longueur it fes jambes poflcrieures; peu de tems après elle les effaie en fe loutenant en l'air, & elle com- mence à voler. Le corps de cet infciîte ell dans le tems de cette tranfmutation mal 4omme de la cire. Tome XXIX, Pan. 11, 1786. NOVEMBRE. ^ S fa 524 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

>3 cernent de Mai , où on ne trouvoit pas encore de petits pois aa '> marché de San Elémente ». La fauterelle eft donc un thermomè- tre vivant qui indique la chaleur refpedive des différents endroits oii elle fe trouve; c'eft de leur différente température que dépend la diffé- rence du tems oiJ l'on voit éclore les fauterelles. C'eft de leur diffé- rente température que dépend leur plus ou moins grande quantité. Si la chaleur eli: convenable & au point qui leur ell néceflaire , tous les œufs de ces infedes éclorront. Si la chaleur eft peu confidérable, &: qu'elle vienne à leur manquer, l'infeifle renfermé dans l'œuf ne pour- ra point éclore , & on fe verra délivré de cet animal vorace & def- rrudteur. 2°. J'ai dit en fécond lieu que la fécherelTe facilitoit la produc- tion des faurerelies. Cet inieLle dépofe fes œufs dans la terre; on les trouve renfermés dans un fac, & ce fac eft enduit d'une mucofité blanche & écumeufe. On comprend combien il eft effentiel pour eux que le tems foif fec. Si la faifon vient à être pluvieufe , la terre matri- ce de ces œufs fe détrempe , le fac dans lequel ils font contenus fê limiolit, la glu ou la vifcofité qui les entoure fe détache, le fac & les œufs tombent en pourriture, & la génération future eft totalement per- dire la fécherelfe étoit due ; j'ai donc eu raifon de que extiêniement f<(Vorable à la propagation des fauterelles. C'tft le fentiment de tous les Naturaliftes ( 1 )^ Swammerdam allure que l'humidiré du tems leur eft beaucoup moins favorable que la fécherelfe , fur-tout lorfque celle- ci eft accompagnée d'une forte chaleur ( 2 ). Si nous parcourons les annales de l'hiftoire, nous verrons que l'E- {^vpre, la Syrie, Méfopotamie, la Judée, le Portugal, l'Efpagne, l'I- talie, la France, en un mot les contrées méridionales qui réunilTenc la chaleur & la fécherefTe du climat , ont été le plus fouvent le théâtre des incurfions de ces infedes; s'ils ont quelquefois exeï- les cé leurs ravages dans les pays du nord , climats froids , on peirt croire que les fauterelles dont on s'eft plaint avoient pris nailfancedu fôté du midi & qu'à l'aide du vent elles avoient été tranfportées de leur pays natal dans ces climats qui leur font totalement étrangers. Une pareille émigration n'eft pas furprenante; xar s'il faut croire les

(i) Locuftas non lam humidiori quàm fiCLiorl cemporis conjliiutione generari calor immodUns conjunxeric. Mcminére autumo , maxime fi jefe hem hiflorici nefandce ficcitatU per annos fere quinque quàm locuflarum ingens exercitus efl fecutus anno 1 1 5 5 . Hanc graphke in fuis obfervaùonibus pinxii F. Vuleriola^ ÛlylT. Aldov. page 419. (i) Paulus Diaconus refert circa decimum annum Mauritii Imperatoris maximam fuijj'e à januario ufque ad feptemhrem , ficciiatem ; hancque in- multitudinem quœ aiidiiam locuflarimi effe fuhfeciitam , ajfumptis Hennio longe Uiteque fcgitibus gravijfimam Jtalia intulere famcm. Uiyfl". Aldov. page 4xov SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARLS. 32;

Auteurs, ces animaux franchisent dans certaines occafions les édifices les plus élevés, les montagnes les plus hautes; rien ne les arrête, ils traverfent les rivières, les Heuves, & même certains bras de mer. S'il falloir explii]uer comment ces infccles peuvent s'élever à des hau- teurs fi confidérables , nous obferverions avec Swammerdam , c]ue les fauterelles s'élc;ent par leur faut à une hauteur deux cent fois plus grande que la hauteur de leurs corps , & nous reçnarquerions avec M; de Barthcs que dans les pattes des fauterelles qui produifent le faut, les cuilTes font articulées vers le milieu du c^rps , dont elles Ibutiennent le centre de gravité ; & les jambes font comme des pieux fort élevés , entre Jefquels l'infede fufpendu eft d'abord le corps de balancé , pour être jette avec plus de force par l'adlion des mufcles extenfeurs. fois Une que les fauterelles font élevées à une certaine hauteur , elles étendent leurs aîles & fe laiffent aller au gré dj vent. Sont-elles ra- rnaffées plulîeurs enfemble, elles ont encore plus d'avanrage, parce qu'en fe ferrant les unes contre les autres , leurs aîles fe touchent & forment comme une voile que le vent gonfle & qui fait mouvoir toute la troupe. Ces infedes en volant , font tellement ferrés les uns contre les autres que lorfqu'ils pafTent devant le foleil , ils obfcurCifTenc cet artre, interceptent fes rayons lumineux^ forment une éclipfe & plon- gent piefque le point de la terre on donne leur ombre dans d'épaiffei ténèbres ( I ).

5°. J'ai indiqué une troifième caufe qui contribuoit à ta production fauterelles; les terreins fecs légers fablonneux. des , & Ces terrains font ,

fuivant moi , ceux qu'elles fréquentent le plus, ceux enfin où leur efpèce fe perpétue.

lettons un coup-d'œil fut ce que j'ai dit relativement à la généra- tion de ces infedes. Le morrent de ia ponte arrivé, la femelle creufe un trou dans la rerre ?i y dépofe fes œufs. Si le terrein où elle aura

logé fa progéniture, efl: dur, compade, la fauterelle , fur-tout celle

qui n'a point de tarricre ( 2 ) , n'aura point pu pondre fes crufs bien avant dans la rerre; elle les aura dépofés prefqu'à fa fuperfîcie, & les

ciieaux , Se les injures de l'air , en détruiront une grande quantité. Sage effet, dit M. Lyonnet, de la divine providence, qui empêche

(i) L'Hiftorien de Charles XII, Roi de Snède , rapporte que cet infortuné Prince fut très- incommodé dans la Beflarabie par une horrible quanrité de fauterelles qui

s'élevoitnt fur le midi du côté de la mer , d'abord à petits flots , enfuite p^r grands

qui en éclipfânt le foleil , rendoient l'air fombre. nuages , Il a plufieurs efpèces de fauterelles ont (i) y ; les unes une appendice i la queue ,

qui leur fert comme de tarrière pour percer la terre ; les autres en font privées & n'ont qu'une queue trèî-courte. Le «omte Zinnani, grtnd obfervateur qui a donne ,

un journal exzft des expériences qu'il a faites fur les fauterelles , a très-bien diflingué celles qui font avec un aiguillon & celles qui n'ont point d'aiguillon. , ,

S26 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

par ce moyen , la trop grande multiplication d'un animal fi nuifible. Sî

le terrein au contraire , eft léger , fablonneux, ia faurerelle aura dépofé bien avant fes oeufs dans la terre, ils ne feront expofés à aucun dan-

ger j & ces infedes fe niulciplieroiit à l'infini. Nous l'éprouvons du

côté du Languedoc & de la Provence i il y a certaines contrées

dans lefquelles on peut dire que les fauterelles font indigènes : telles

font les terres qu'on appelle dans ce pays, Sylvaréal , la Commande- rie deCapette, du pian de la Peyne, la Vernede, le Mas d'Olivier, &c« Dans ces divers cantons, on trouv*; des fauterelles toute l'année. C'eft

de-là , que par le concours des circonftances, ces infedes ayant acquis

des forces , & s'étant prodigieufement multipliés , fe répandent enfuite

dans les terres voifines , & de proche en proche gagnent tellement di* rerrein, qu'ils s'acheminent de ia manière dont je l'ai dit, jufqu'à des pays très éloignés. Au tefte ces terres dont nous venons de parler font perfque rou- tes en pâturages; je croirois que cela ne contribue pas peu encore à

favorifer la produétion des fauterelles : outre qu'elles trouvent aifément

de quoi pâturer , elles ne font point inquiétées par les travaux des agri- culteurs. Ces terre* deftinées pour prairies ne font fujettes à aucune culture, & la progéniture de ces inlecfles ne court point rifque d'être «détruite pat les labours qu'on eft obligé de donner aux terres qu'on cultive. Les caufes qui concourent à la produdion des fauterelJes une fois

les détruire ? c'eft connues , quels font les moyens de le point efTen-

tiel , le feul néceflaire , c'eft celui aufli que nous allons traiter.

§. II.

Connoître fes ennemis , c'eft le premier pas-, le moyen de les écar-

ter ou de les détruire , c'eft le dernier. Puiffions-nous l'atteindre. Il faut premièrement tâcher de découvrir les œufs de ces infedes. On a vu dans le paragraphe premier de quelle manière ils faifoient leur

ponte , où ils la dépofoient ; on a vu que leurs œufs étoient contenus dans une efpèce de poche faite en forme de gaine ou de cure-dent; en le détruifant vous ferez périr deux ou trois cens fauterelles, la génération future fera totalement éteinte, vous empêcherez que cette race maudite & deftrudrice ne multiplie & ne fe perpétue. Cette recherche eft donc la chofe la plus efîentielle, le point le plus intéreflant, celui fur lequel on ne fauroit trop inlifter. Il y a plufieurs moyens de faire cette recherche. On laboure d'a-

bord, en Septembre & en Odobre , les terres où l'on croit que les fauterelles ont dépofé leurs œufs; on fait en forte de les découvrir,

on les raniaffe , & on les brûle avec foin. Au mois de Mars fuivant on fouille avec la pioche , ces mêmes terres , foupçonnées de cacher ,,

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 327 encore les feniences de cet infede deftructeur , l'on y conduit poue lors des troupeaux de cochons. Cet animal extrêmement friand des œufs des fauterelles, ne manque pas de foulever avec fon grouin la

terre , & de la retourner de tous côtés, pour trouver une proie qui eft de fon goût. Ce moyen a parfaitement réuffi en 1763". Les mémoires de l'Académie Royale des Sciences en font foi.

Mais fi malgré toutes les précautions qu'on aura prifes, C\ malgré

tous les foins qu'on le fera donnés , les œufs de cet infeéte échappent

à vos recherciies , & viennent à éclore pour lors, il Ijut employer ,

d'autres moyens, il faut lui donner la chalfe. Cette chaife doit être

faite dès que les fauterelles commencent à paroitre , lorfqu'elles font en chryfalides, qu'elles n'ont point encore leurs aîles déployées, & avant qu'elles aient pris leur parfait accroiffement. Pour lors elles ne

peuvent voler , & on les a plus iûrement &c plus facilement. On leur donne la chafTe de pluheurs façons. On allume des tas de paille dans les différens endroits qui en font infeiSé^, Se on les obli-

ge de fe jetrer par troupes dans ces brafiers. Cette méthode me pa- loît moins fûre que celle dont on s'eft fervi de tout tems dans notre pays le Languedoc; elle conlifte à ceinturer de foffés tout le rerrein que les

fauterelles ont envahi; on creufe dans ces foliés des puits , de la pro- fondeur d'une toife, & puis on bat de droite & de gauche toutes les

terres comprifcs dans cette enceinte ; on force ces infcCfes à aller dans

les tolTés , & les pourfuivant toujours avec des branches d arbre, on les fait tomber dans les puits, d'où ils ne peuvent fe relever, & qu'on com- ble avec la terre qu'on avoir dépofée fur les bords. D'autres font enco-

re mieux , ils mettent au bout d'une perche un cerceau de ceux

dont on fe un pour relier les tonneaux ; ils attachent autour uo gros drap au milieu duquel eft un trou pour y adapter un fac de toile. Un

homme pofe cette machine par terre , & pluheurs autres avec des

rameaux d'arbres pourfuivent les fauterelles , qui vont donner contre le

drap attaché au cerceau ; elles fe ramaffent en peloton au milieu , &

l'homme qui tient la perche , en la relevant, les fait enfiler le fac; on les prend de cette manière par milliers. On vide le fac dans des folfés qu'on comble tout de fuite, on les écrafe,cu on les brûle, eu on les

noyé; en un mot , en s'en défait de la manière la plus convenable. 11

faut faire attention feulement de détruire ces infedes , de manière qu'ils ne puiffent pas être nuilibles après leur mort. L'infection que répandent

leurs cadavres'en pourri fTant , eft infoutenable. Surius &c Cornélius Gemma faifant mention l'un & l'autre d'une incurlîon prodigieufe de fauterelles

qui eut lieu dans l'été de l^^2, rapportent qu'après leur mort , elles

infedoienr l'air d'une puanteur infoutenable , au point que les corbeaux

les corneilles , & les autres oifeaux de proie, quoiqu'afïaniés , n'appro- choientpas de leurs cadavres, Nôuiravons éprouvé nous-mêmes, il y a ,<

32S OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE;

deux ans, la vérité de ce fait ; on ne pouvoir pas pafler auprès des puîts où on les avoit enterrées vingt-quatre heures après qu'on les avoit comblés.

D'après cela il ne faut pas s'étonner li les hiftoriens rapportent fi fouvenc des maladies contagieufes furvenues dans les pays ravagés par les fau- terelles. Il faut avoir grand foin je ceflerai , donc , ne de le répéter de les enterrer profondément, de les brûler, ou de les précipiter dans le fond de la mer ou des fleuves, afin que leurs refies flottans ne viennent point fe dépofer fur les rivages, & nuire aux habirans par les mauvaife« exhalaifons qui s'élèveroient dans l'atmQfphère, & qui fomentetoient aujourd'hui comme autrefois (i) des maladies peffilentielles.

On ne doit pas omettre une chofe très-efTentielle , c'efl de ne faire, le la autant qu'on pourra, chafTe aux fauterelles que le matin , le foir , ou lorfque le tems eft couvert. Cet infede pour lors n'y voit pas fi bien ; il vole moins haut Se fe laifTe approcher de pins près. « Les fautereiles dit M. Cleditfcb , » montent plus vite & s'élèvent plus haut par un tems

3> chaud , ferein & fec ; mais lorfque le ciel efl chargé dç vapeurs & de

» pluie , ou qu'il fait un peu froid , au lever & au coucher du foleil , j> elles ont plus de lenteur & de roidenr -, elles remuent plus difficilement y> leurs aîles , & il eft plus aifé de les détruire ». Cela ne nous paroît pas furprenant, & nous en trouvons la raifon dans la configuration particu- lière de leurs yeux. Ces infedes les ont faillans& durs, les membranes en font épaifTes, & ils n'ont point de paupières. On conçoit donc que lorfqu'il y a moins de rayons lumineux répandus dans l'atmofphère, leurs yeux reçoivent moins de lumière ; & leur vue doit être plus obtufe que lorfque le foleil luit 5c remplit l'univers de fa clarté: peut-être, & ce n'eft ici qu'une conjedure que nous propofons, peut-être leurs yeux font-ils difpofés de façon que les rayons de lumière s'y rafTemblent comme dans le foyer d'un miroir, & par cette organifation ils doivent y voit infiniment

(i) Au commencement de l'été de l'année Sji , l'hifloire rapporte que les faute- puilqu'elles relles qui parureot pour lors étoient beaucoup plus groflfes que de coutume , égaloient le pouce d'un homme. On prétend qu'elles obfervoient un ordre régulier dans leur marche & leurefpice de campement. Elles avoient des chefs qui s'avançoient avec quelques-unes de la troupe une journée avant le corps d'armée, comme pour reconnoitre les endroits qui leur (êroient les plus favorables pour s'y arrêter ; le len- demain , & à la même heure où l'avant-garde éioit arrivée , toute la troupe Ce rendait & faifoit halte au lieu indiqué. Leur marche ne commençoit que lofque le foleil étoît fur l'horifon ; avant le lever de cet aflre , elles ne quittoient pas leur camp , & elles en (iiivant fut l'Allemagne eiïiiya ce fléau partoient chacune leurs divifions. Ce qui ; un vent impétueux les fubmergea toutes dans l'océan Belgique ; mais elles causèrent après leur mort des maux encore plus grands que pendant leur vie. Le flux de l'océan les rejeta fur les terres : les côtes en furent couvertes, & la perte parut bientôt pat llnfeftion qu'elles occafionnèrenj dans l'air en Ce pourrilTant , & par les miafine» vénéneux qu'elles exhalèrentt Aldov. de Anim. infeil, lit. 7. plus SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 329

filus clair dans les tenis fereins que dans les rems nébuleux. 11 eft inutile de s'arrêter plus long-tems pour recherclier iacaufe d'un fait que perfonr.e lie révoque & n'a jamais révoqué en doute (l). La fauterelle l'agriculteur eft l'infede le plus à craindre pour (2) , c'ell le plus dangereux que je connoifle, c'efl: celui dont les ravages ont les fuites les plus cruelles (3) ; il attaque & de.ruit nos feules, nos véritables

lichefTes , Si prive dans un moment le laboureur du fruit de fes peines &:

de fes labeurs. Il faut donc ne rien oublier pour s'en préferver ; il faut

soppofer à fa multiplication , faire la recherche la plus exacte de fes œufs, les empêcher d'éclore , & G malheureufement cet infedle vient à paroître, lui donner la chaflejle mettre à prix d'argent. C'eft le parti que la communauté de Saint-Gilles en Languedoc prit il y a deux ans; on donnoit un fou de la livre des fauterelies, & par le relevé du compte du

tréforier pour cet objet, on en tît périr onze ou douze cens quintaux. Ce moyen le plus sûr, le plu,- efficace, doit être mis en ufa^e, ainlî que je l'ai dit, & que je ne celTerai de le repérer, des que ces infectes com- mencent à paroirre. M dis malheureufement une fordide avarice, une

économie mal entendue s'oppofent fouvent à ces dépeiifes ; on lailFe confumer, détruire, dévorer la fublîftance du peuple par les ennemis

cruels qui s'en emparent. Dans des cas pareils où les confeils , les avis,

les exhortations ne fuffifenc pas , il faut contraindre les hommes à faire

malgré eux ce qui eft de leur plus grand inrércr; il faut que ceux qui tiennent les rênes du Gouvernement ordonnent ces dépenfes & veillent à leur exécution. C'eft ce qu'on faifoic dans l'île de Lemnos & dans la

(i) dit dïclum carere oculis Quod vifum attinct , Aldrovande ^ fupra eft non

: locuflas , fed vifa ejji hehedorl unde medicus {fenex ) apud Plaucum ragat

Memchmum : die mi/ii hoc eiiam ^folcni cihi unquam ocuU durifieri ?...Refpondit

ilU. , quid ! tu me locuflam cenfis , homo ignavijjlme ? ubi Lamhinus hoc tiddidlt ,

Jlholiolum , locujlœ palpehris carent , idcirco durijfimis funt oculis ; quod enim. aliis durities animaniibus prœlianc palpehrtr , id & infeclis & cruflatis prœftat ,

ut docet AriflotiUs , lih. l y de panibus animalium , cap. 13. Addamus quœ fcrtbit Plinius , lib. 1 1 , cap. 17 , lucuftis fquiUifque magna ex pane ,fuh eodem munimenio oculi prœclari emlnetii. (i) Les bêtes à cornes, les bétes de labour refuient d'entrer djnsles pâturages oiî

ont été les fauterelies ; il fenible que ces animaux ont horreur de brou-er l'herbe que ces infedes ont falie par leurs attouchemens, par leur bave, ou par les émanations de

leurs corps. Au relie , c'efl un inflinâ que la nature donne à ces animaux , s'il efl \Tai difent broutent les herbes qu'ont infeâé le« ce que les Auteurs , que ceux qui lâuterelles, meurent bientôt après. (^) Georges Cedrenus rapporte que la fixième année de l'empire de Romain III,

dit Argyropile , les ûuterelles ravagèrent les provinces orientales de l'Empire de

Conflantinople , au point que les habitans de ces contrées furent obligés de vendre kurs enfans pour efclaves & de fe retirer dans la Thrace. L'Empereur leur ordonn» de retourner dans leurs maifons , & leur fit donner à chacun trois pièces d'argent. Tome XXIX, Paru II, 1786. NOVEMBRE, T t 330 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

Cirtnaïqtie (i). C'efl: ce qu'on fir en 178 1 dans la Pologne autrichienne ; il fur enjoint à tous les payfans de ranialler les faurerelles, des qu tlles navoîtroient ; il leur fut donné pour réconipenlé quinze creurzers pour chaque demi-boiiïeciu de ces infedes : celui des Baillis qui les tailoit détruire avec le plus d'adlivité & de fuccès, recevoir une gratification de cinquante ducats. Ne doit-on pas fe Hatrer que dans cette province où les adminiflrateurs; comme de vrais pères de la patrie, nefongeni qu'à conferver les propriétés des individus, & à auj^menter, autant qu'il elf en leur pouvoir, le bien-

être des peuples ; ne doit-on pas fe flatter qu'ils prendront en confidération les moyens que nous propofons pour délivrer nos campagnes de ces ennemis dangereux.

(i) Pline nous apptend que dans la Cirenaï-^ue il y avoir une Ici exprefTe qui ordonncit à tous les hommes de donner la cliaiïe aux fauterelles trois fois par an. La première fois, c'étoit pour découvrir leurs œuf^ & pour les écrafer. La (éconde fois,

d'"; que le fœtus de ces intêcSes commençoit à fortir de l'œuf ou à éclore , ?<. enfin ,,

lorf:iue les fauterelles avoientacquis une certaine grolTcur , & qu'elles éloicnt devenues aiultes. On punilToit ceux qui ne s'acquitioient pas de ce devoir de la même peine portée contre les défsrteurs de l'armée.

OBSERVATIONS DE M. SCHÉELE,

Four prouver la vérité de fan opinion fur la nature du Pyrophore (1).

IVl. GoETLiNG a employé toutes les refTources de la chimie pour

renverfer ma théorie fur le pyrophore. Car aux preuves que j'ai données dans mon Mémoire fur l'air & le teu, qu'on ne peut obtenir du pyrophore privé je n'ai jamais en tirer d'un alun de l'alun d'alkali, & que pu pareil , M.. Goetling objeifle: 1°. M. Wiegleb n'a point retiré de pyrophore du

tarrre vitriolé & du charbon , ce qui efl contraire à ce que j'ai avancé. La

même expérience n'a pas réuflî non plus à M. Goetling ; de-là il tire la conféquence que j'ai été induit en erreur. Il confirme fa première expérience par celle-ci: qu'on prenne de l'alun privé entièrement d'alkali, qu'on le traite avec de la poullîère de charbon, & on obtiendra un beau

pyrophore j & afin qu'on ne puiffe croire que les charbons avoient fourni

de l'alkali , il a recours à un procédé fort ingénieux ; au lieu de charbon , il

prend le réfidu noir huileux de la préparation d'éther vitriolique, & il

(i) Extrait des Annales chimiquest SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. 531 obtient le même réfulrat ; favoir, du pyrophore: d'où il conciiir que ma théorie nerauroitfubfifter. Qu'clt-ce qui s'enluit? que je n'ai pas bien opère, puifqu'on peut retirer du pyrophore d'un alun qui ne contient point d'à Ikali. Il faut que M. Wiegleia n'ait pas alTez long-tems calciné le mélange

du tartre vitriolifé & du charbon , car fans cela l'opération lui auroit réudi

comme à moi , qui aï préparé ce pyrophore plus de trente fois , & toujours avec le même fuccès. Je prends une cuiller pleine de tartre vitriolé mis en poudre bien fine, &c trois cuillers pleines de poudre de charbon très-fine, & je mêle bien le tout, & l'expofe dans un verre placé dans un creufet plein de fable, je calcine à un grand feu pendant deux à trois heures ; après cela je ferme le vafe , & je laifle rétroidir le tour. Je crois que M. Goetling a feulement fépété ce qu'avoit dit M. Wiegleb ; car cette opération n'auroit sûrement pu lui manquer, puisqu'elle réuflît aux Chimiftes les moins exercés. Mais quant à la féconde expérience de M. Goetling il faut ncccfTairement qu'il ne l'ait pas faire lui-même; car je regarde comme faux qu'il ait retiré du

pyrophore de l'alun privé d'alkali. Quoique j'en fus sûr, j'ai néanmoins répété l'opération encore une lois; mais je regrette maintenant le rems que j'y ai employé. Je préparai de l'alun comme M. Goetling. Je précipitai la Terre avec du fel alkali, la leiFivai avec de l'eau bouillante, la féchai &: la dilToIvai de nouveau dans l'acide vitriolique afFoibli. Je la fis évaporer, &: la mêlai avec de la pouffière de charbon; j'en mis la moitié dans un matras, l'autre moitié je l'humeiftai avec de la leflive alkaline, la mis dans ua autre matras, & j'expofai au feu les deux va'fes dans un creufet plein de fable. Je calcinai à la manière ordinaire : le réfultat fut que dans le vafe qui ne contenoit point d'alkali, je ne trouvai rien moins que du pyro- phore, & la matière ne s'échauiFoit même pas; l'autre verre au contraire contenoit de très-bon pyrophore. On peut compter fur l'exaâitude de cette expérience: d'où on doit conclure que M. Goetling s'eft trompé (parce qu'il n'a paspenféàl'alkali nécefTairepourlacriftallifation del'alun), & pat conféquent ma théorie n'eft nullement ébranlée. Elle eft fondée fur la propriété & la nature de l'acide vitriolique de pouvoir attirer par l'inter- mède de l'alkali plus de phlogifton du feu qu'il eft néceffaire pour devenir foufre. S'il furvient de l'humidité, l'acide vitriolique ne peut plus attirer parce l'alkali a plus d'affinité avec les ce fuperflu de phlogifton , que

parties aqueufes; mais fi en même-temsil fe trouve de l'air déphlogiftiqué,

cet air fe combine avec le fuperflu du phlogifton , qui eft devenu libre: de-là la chaleur & l'inflammation du pyrophore; car j'ai démontré bien clairement qu'aucun pyrophore ne peut s'enflammer dans un air bien fec, il faut toujours qu'il y ait de l'humidité.

Tome XXIX, Part, Il , 1786. NOFEMBRE. Ji X 532 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE. EXPÉRIENCES

Sur l'^rfenic j Ja Chaux de plomb & l'Acide vitrioliqué fumant ;

Par M. ScHÉELEjà Kop'ing.

''Après Wenzel l'affinité des corps page je diftillaî D M. (de , 379)

de i'alkali volatil fur de l'arfenic pour le rendre fixe ; mais je ne pus

obtenir aucun effet ; & l'arfenic rerta aulli volatil qu'avarvt l'opération,

La chofe me paroiiioic incroyable , en ce que l'arfenic peut devenir fixe

par foi-même fimplemenr par la privation de fon phlogifton ; cependant M. Wenzel prétend l'avoir tondu en une maffe blanche avec le thalumeau aptes la fufdite préparation. J'ai trouvé que la chaux de plomb fe diffouc l'on dans l'eau : qu'on triture de la litharge en poudre fine , que verfe de l'eau diftillée deffus, qu'on en remplide un verre, qu'on le bouche exadlement avec du liège & qu'on l'agite fouvent; après que tout cela a relié une couple de jours & s'eft bien repofé, on verfe l'eau claire, on

fouftle un peu dans le réfidu , où l'on en mêle un peu d'eau imprégnée

d'air fixe, on verra devenir l'eau blanchâtre, &: il fe précipitera de la litharge. Quant à l'acide vitriolique fumanr, j'avois toujours cru qu'il n'y avoit

point d'autre différence entre lui & le commun qui ne fume pas , qu'une concentration plus ou moins forte, 5; que le plus fort éroit fumant:

qu'il eft obligé d'attirer de l'humidité pour devenir liquide , & qu'il perd alors tout de fuite fa nature élaftique. Les expériences faites fur ciit objet par M. Dollfufs (Annal, chim. ) montrent évidemment que le phlogiilon ne peut pas être la caufe de cette qualité de l'acide , & que l'acide fumant n'a pas plus de pefanteur fpécifique que le non-fumant, ce qui prouve que mon idée eft plus qu'une hypothèfe. , , ,

SUR L'EIST. NATURELLE ET LES ARTS. 533 LETTRE DE M. C A R R E T T E-S H I E R,

Maître en Pharmacie à Lille AU RÉDACTEUR DU JOURNAL.

M O NS I E UR

Je ne connois point la fnatière dont s'eft fervi le R, P. Bernardin dïins l'expérience cjue les papiers publics rapportent. On dit qu'il a eu l'honneur de préfencer à raflemblée une boîte d'étain d'un pied & demi environ d'étendue, qui d'abord étoit froide, mais qu'ayant eu la perinifllon de fe retirer en particulier, deux minutes après

il préfenta la même boîte, qui pour lors étoit échauffée à ne pouvoir plus

la toucher , .?cc. 8ic. Sans vouloir prétendre à la découverte de l'Auteur, dont j'ignore les

moyens , voici ce que je propofe pour obtenir à peu de frais de la chaleur pendant un certain tems. Je fais entrer dans une boîte d'étain quelques morceaux de chaux vive,

immédiatement après que je les ai plongés dans l'eau ; je reternie la boîte,

nui en moins de deux minutes fe trouve échauffée , au point de ne plus pouvoir la toucher : cette chaleur eft toujours en raifon de la qualité de

la chaux , Se elle fe conferve plus ou moins de tems, félon que la failbn eft plus ou moins troide.

J'ai l'honneur d'être , &c. Lille, ce premier Septembre 1786. DESCRIPTION

D'une produâion végétale analogue aux Conferves

& du Pefi- orangé i Par M. Reymiek.

v^/ N ignore encore quelles font les bornes de l'organifation végétale , 5e quelles font les productions les plus (impies qu'elle nous offre. La fim- ple juxta - pofition de la matière organifée produit des formes, & combien ces formes peuvent varier, 334' OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

Pendant plufieurs années, j'ai obfervé une produdion , qui porte tous les caradcres des ve^ctaux , excepté la forme régulière ; ce qui la voile en quelque forte à nos yeux: elle eft rare, du moins mes re- cherches ont été intru'ftueules jufques à prefcnt, excepté dans le lieu où d'abord je l'avois découverte. Comme tous les taits nouveaux , ou peu communs, qui trappent l'obferva-eur , font naturels, mais produits par une combinaifon de caufes difficiles à rencontrer ; j'ai cherché à pénétrer celles qui peuvent être réunies dans cette circonltance. Cette produdion (i) relFemble à une gelée de couleur blanchâtre, quelr quefois tirant fur le fauve; on peut la comparer au frai de grenouille pour la denlîté & la réfiftance élafliqiie. A l'œil nud , elle ne pré- lente aucune trace d'organifation , excepté quelques traits d'une teinte plus foncés, &; des véficules plus clairs. Cette matière eft égalemeîit facile à féparer dans tous les fens, & ces traits foncés ne préfentent aucune réiîltance. Vue au microfcope, elle paroît partout à-peu-prcs

également tranfparente , & tout ce qu'on voyoit à l'œil nud , paroît plus diflindement , mais auffi peu organiCé. Elle a cette forme au priu- tems , & au commencement de l'été; mais pendant les faifonç plus feches , l'eau furabondanre, & en général les matières évaporables s'é- différente. chappent , & cette plante prend une apparence A mefure que le liquide fe dilTipe, les fibres paroiflent davantage, & acquièrent de la denlîté. Enfin la plante patfaitement delTéchée,' eft d'un blanc éclatant, formée de fibres allez coriaces qui font entrelacées: elle ref-

femble à une efpèce de papier , mais d'un tiffu lâche, les fibres étant en- tières & moins mêlées. En prenant cette forme elle diminue de volu- quatre fe réduit me , au point que J'épaifleur de trois ou pouces à une ligne ou deux. Ce vécétal a beaucoup de reffèmblance avec les conferves; comme elles, fon enfemble eft formé de libres entrelacées, liées par une fubf- tance gélatineufe ; comme elles, elle habite les eaux; comme elles, en fe defféchant, fes fibres paroiffent davantage. Mais ici ces proprié- tés font extrêmes; la gélatinofité eft fi grande, que les fibres font pref- que invifibles , & la diminution de volume dans la delTîcation plus con-

(i) C'eft de cette même fubflance que M. le Comte de Razoumowski parle en ces termes : « Non loin de ce roc coule un ruifTeau, au bord duquel on trouve une peau

» femblable à celle dont parle M. Pallas ( Extrait des découvertes faites par divers 5; qu'il dans le Tchernoje » favans Voyageurs , tom. i , pag. 390 & fûiv. ) obferva ici efl demi-tranfparente » o-[ero ( Lie noir ). La fubflance que l'on trouve jaunâtre , , la met en » filamenteulè , fe defTécham facilement lorfqu'on h déchire , & qu'on un d'urie chandelle » lieu un peu chaud , & devenant alors informe. Expofée à la flamme , B elle brûle comme une fubflance animale ou végétale, en exhalant cependant une de confêrve M odeur végétale ; ce qui fit que je la pris pour une efpèce particulière ». 80, Mémoires de la Société des Sciences Phyfiqii.es de Laujanne , tom. I, page SUR VRIST. NATURELLE ET LES ARTS. sjj- fi.lérable. Si les defcriptions des Boraniftes étoient plus complerres, je croirois recomioître cette plante dellécliée , au n°. 2120 de l'Hirtoite

des plantes fuilles de M. de Haller ; mais il eft difficile de s'en alTu-

rer ( i ). Cette produdlion végétale, ou conferve, puifque foii air l'en lapproche, croît dans un feul endroit où je l'ai vue: c'eft à deux pe- tites près village Brent lieues au-delTus de Vevey , d'un nommé ; le

lieu même fe nomme le Sex que pliau , U rocher qui pleur. Les idées

que je compte propofer fur fa formation , exigent une defcription du

lieu on je l'ai recueillie. C'eft au-delTous d'une grotte formée dans le tut, & fur la pente d'une roche de même nature qu'elle croît. L'eau qui découle continuellement de la voûte, forme de petits réfervoirs qui

s'épanchent fur cette roche , & y forment difFérens ruifTeaux. On peut oblerver que cette eau dépofe une matière calcaire très-abondante, & forme des incruftations de mouiïes très-belles, La grotte eft fur le pen- chant d'une montagne médiocrement haute, mais très-marécageufe dans cette partie, & à peu de diftance de-Li on connoît des fources feu- trées. Je dois remarquer aulli que les grottes dans le tuf, & les in- cruftations font très-communes dans tout ce quartier, mais que je n'%i

vu cette conferve que dans ce feul endroit: il eft vrai que dans aucune je n'ai retrouvé cette pente adoucie 5: nue qui vraifemblablement facilite ta formation. Ailleurs l'eau tomboit par chute, ou fe rafTenibloit en

nappe, quelquefois fe dillipoit dans les terres marécageufes cjui formoienc la bafe. • Il eft difficile de concevoir une produAion d'une organifarion plus tîmple, & s'il exiftoit une chaîne des êtres, certainement ici fcroit un

des derniers chaînons. Cette grande unité d'organifation , nous offre quelques idées fur la manière dont elle eft formée. Cette plante & en général les conferves paroilîent produites par la juxta-polîtion de la

matière organifée, fans intus-fufcepîion , fans dilatation de germes, fans fécondation même. On apperçoit facilement les loix de cette for- mation dans notre conferve; elle paroit compolée de couches paral- lèles au courant de l'eau, & d'autant plus épailTes, que l'eau par la na- ture de fon mouvement permettoit le dépôt des matières. Ce dépôt

infentible fuit dans fes formes la même règle : qu'on fe repréfente un luiffeau qui coule fur un rocher raboteux, & dont l'eau commence à

geler; l'enduit de glace s'epaillît , mais inégalement, fuivant l'inégal

à prendre deux arpefts (t) Un défaut inévitable des cLiffifications , c'eft d'expofêr deux plantes différentes. Le Baron de Haller nous en offre de la même plante , pour un exemple, & M. Adanfbn, dans fes familles, un plus frappant: il divife les eft charnue fibreufe plantes de cette famille en conferves, dont la fubftance & , &

gélaiineulê. Ainfi cette pUnte eft apona au printems , & apona , donc U fubftance eft conferve en automne. 3S6 OESERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

mouvement de l'eau , & cette couche fuit dans Ton enfemble la forme du rocher primitif. Cette conferve imite parfaitement le tableau que je

préfente ; & vraifemblablenient doit à la même caufe cette reffemblance. On a déjà pu entrevoir que j'attribue la formation de cette plante à une

dépofition des eaux, aulfi lente qu'infenfible ; en effet, cette forme paroît l'annoncer. La maffè entière de cette conferve rellembie au frai de gre-

nouilles ; elle en a le vifqueux, l'élaflicité, tous caradcres qui annoncent la préfence du mucilage prefque pur , &c délayé dans une malIè d'eau confidéiable. Sa décoloration paroît confirmer cette idée. Le mucilage , fuivant toutes les apparences , eft le fondement de l'organifation ; il eft le germe de la reprodudion , & celui de la nourriture. Dans cette plante il eft prefque pur , & uniquement compofé de la matière primitivement organifée ; il y apporte cette tendance à fe lier qui forme fon e(rence,& qu'il fuit dès que l'eau accumulée dans fes interfaces fe dilTîpe. A mefjre que l'évaporation s'exécute, les mailles fe reflerrent , & les fibres en devenant vifibles fe confolidenr. Cette tendance du mucilage à prendre une apparence fibreufe, paroît clairement dans ledeiTéchement foit naturel, foit artificiel, des végétaux &c des animaux, fur-tout dans celui qui fuccède à la vétufté. Le mucilage perd le volume de liquide qui le péné- troit , & prend la texture fibreufe : fouvent elle paroît d'elle-même , mais toujours une fradure nous la fait appercevoir. Dans un végétal , le liquide ne parvient qu'infenfiblement, & peut être dillîpé en grande partie à mefure; aSflî, excepté quelques plantes des pays chauds , elles ne con- fervent qu'une quantité de liquide très-médiocre, mais fufïifante pour s'oppofer à une trop grande adhéfion qui nuiroit à la circulation de la sève. Dans les plantes ligneufes les poulies de l'année ont cette fragilité , mais elles la perdent à mefure que le rapprochement s'opère. Je dois remarquer que non-feulement c'eft le delîéchement , mais auffi l'inter- pofition de nouvelles molécules qui durcit cette efpèce de végétaux. Dans les plantes fugitives , dues à une aggrégation momentanée, comme les biffus , conferves , champignons , moififfures , &c. fur-tout dans l'efpèce dont je traite ici , ce dégagement n'a pu s'opérer auflî rapidement , & ces plantes confervent plus ou moins la confiftance molle & vifqueufe du mucilage délayé. Plufieurs obfetvations paroifFent venir à l'appui de cette idée. Cette plante defTéchée rapidement prend une teinte brunâtre; expofée à l'aèliondu feu, ellefeboutfoufïle, répand une fumée neire ,& une odeur d'huile brûlée ; avant de s'enflammer , elle prerid une apparence char- bonneufe. Confervée dans l'efprit-de-vin , elle y diminue de poids & de

qu'elle perd l'eau qu'elle contient ; mais en même tems elle volume , parce confirtance plus grande. Dans les différens morceaux que j'y ai y prend une

j'ai différence de diminution , d'autant moindre, plongés , reconnu une aixe j'avois plus exprimé le liquide. Il étoit auffi facile de faifir la différent? force ,

SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 537

force de l'efprir-de-vin , fuivant la dofe du liquide qui s'y étoir mêlé. De toutes ces obfervations j'ai pu conclure que refpric-de-vin n'a aucune avSion fur cecte plante, comme fur tout ce qui eft mucilage (i). Il eil naturel d'expliquer d'où provenoic cette quantité de mucilage

dans un feul lieu , & quelles circonftances favorifoient fon aggrégation en forme régulière. Nous avons vu dans la defcription que j'ai donnée de cecte grotte, que les incruftations de moufles y font rrcs-abondantes. En effet, leur accroiiïèmenc rapide pourroic étonner un homme peu accou- tumé à voir la nature. Ces moulfes en fe couvrant d'un enduit pierreux ,

fe détruifent, & l'eau qui les arrofe continuellement , fe charge des molécules qui s'en détachent. Son cours étant fort rallenri fur te rocher où la conferve fe forme, y dépofe les matières qu'elle contient, & leur tendance à fe lier les rapproche. J'obferverai en pafTant qu'une année

f 1782 ), où l'été avoit été fort pluvieux , où par conféquent ces conferves

ne s éroient pas delTéchées , une partie étoic incruftée , ou plutôt toute leur fubrtance étoic pénérrée d'un dépôt calcaire ; quelques parcies écoienc

déjà du cuf. J'ai cru devoir en avercir , afin que ceux qui voudronc analyfec cerce plante obfervent qu'elle contient toujours plus ou moins de terre calcaire.

On ne peut difconvenit que les molécules d'un corps puifTent fe combiner dans fa diflblution , & former un nouvel être ; plus (împle à la

vérité , mais qui porte les caradères de l'organifme. DiiTérens exemples donnés par les obfervateurs modernes, fans parler des Auteurs anciens

donc notre fuperbe ignorance fe moquoit, le prouvent (2). Mais il eft

difficile de concevoir que ces produdions qui n'ont pas dû leur être à un germe fécondé, & dont la forme eft auffi fimple qu'uniforme dans fes

parties, puiffent fe former autrement que par aggrégation , & s'augmenter d'une autre manière. L'exiftence des êtres organifés, étant déterminée au les tems où mailles de la charpente primitive du germe font remplies , doit être infiniment plus courre dans ceux où chaque molécule eft ori- ginairement dans la place qu'elle doit occuper. Aulll voyons -nous,

qu'excepté une ou deux efpèces de champignons , toutes ces plantes n'ont qu'une exiftence fugitive. Ces champignons vivaces font en quelque forte

les arbres de leur famille , puifqu'ils acquièrent avec l'âge la confiftance

ligneufe ; 8c c'eft à cette faculté qu'on doit attribuer leur durée.

f i) Celte plante paraît Ce rapprocher , non par la figure , mais par la formation.

& l'analyfe, de celle décrite par Vaillant , Botan, Parif. pag. 41 , /. 8 /. i. , (i) Quoiqu'on foit revenu de l'ambition de circonfcrire la nature, il n'efl pas inutile de remarquer ici combien la règle donnée pour diftinguer les êtres organifés

de ceux du règne minéral , eft fautive. En effet , on difoit que les premiers prenoJent leur accroiflement par intus-fufception , & les derniers par iuxta-pofition. Cette règle bonne pour les êtres les plus compofés , eft fiijette à des exceptions , fi oa l'adopte pour les produftions les plus fimples. Tome XXIX, Paru 11, 178^ NOFEMBRE, Y v ,

538 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le hafard m'a procuré l'occafion de redifier quelques-unes de mes itfcesfur le pefi-oran^é dont j'ai parlé (Journal de Phyfique, février 17S6). Sans décider enticrerHent qu'elle diffère du noftoch de Vaillant, P/. XIV, Jrg-4, je lesféparai,& de nouvelles obfervanons m'engagent à les regarder comme deux états de la même plante.

Pendant que j'examinois une jongermanne fur un vieux chêne , j'apperçus dans les crevafles de l'écorce quelques globules un peu plus

gros que des lentilles, gélatineux , ridés à leur furface , & d'une couleur très.-aiialo2;ue à celle du ptfi- pourpre. Je foupçoimai d'abord que peut-être

ils étoient des pefîs naiflans , Se les fuivi; dans tout leur développement. Ces olabules grolîîrent aflez vite, & acquirent le volume environ d'une noifette; leur furface fe fillonna tcuiouts plus, & leurs rides, d'abord

fdpetficielles , fe cliangèrent en plis aifez iemblables à ceux du nolloch mefi^ntériforme. C'ell alors que fur quelques individus feulement com- mencèrent à fe développer ces lames recourbées qui caradlérifeiu les pefis.

D'abord c'étoient des plis un peu failUns ; mais à mefure qu'ils fe déve-

loppèrent , ils acquirent plus de convexité, & reffemblèrent enfin au pefi 2221 de Haller, que j'avois plus d'une fois obfervéen Suilfe. La feule différence que j'aie pu remarquer, c'ell que ceux de Suiffe n'avoient pas

cette maffe charnue qui fert de bafe aux lames , ou du moins qu'elle étoic jamais obfervée. plus petite , puifque je ne l'avois

11 paroît par conféquent que les noftochs méfentériformes font, ou des jeunes individus, ou des plantes non développées de pelis, & que ces deux genres font des divifions abfolument atbitraires & (yftématiques. Ec

comme le pefi-orangé reffemble beaucoup au pourpre , & le nofluch- orangé au pourpre, je crois pouvoir conclure que ces quatre plantes n'tn forment réellement que deux; favoir.le pefi-orangé, auquel je luborJonne

j'ai la le noftoch de cette couleur, & le pefi-pourpre , que vu naître fous forme de noftcch. Nos connoilTances fur les champignons, Se autres plantes congénères, très-probable que le grand font fi fuperficielles , qu'il eft nombre des efpcces reçues comme telles, ne font que des variétés, ou plutôt des

états différens d'une même plante ; & que le nombre des efpèces réelles

eft très-petit. Peut-être même n'exifte-t-il point d'efpèce dans cette famille

puifque , fui vant toutes les apparences , elles n'ont aucune génération , ôc

l'ont produites par l'aggrégation de la matière organilée.

Fautes d'imprejjion à corriger dans mon Mémoire de Février jyS6.

celte hauteur : de cet Auteur. Page 136, ligne i; , de , life-^

li/i-:^ : réellement. ligne 15 , eft réellement, &

: orangée. Page 157, ligne 1 3 , orangé , life^ ,

SUR VEUT. NATURELLE ET LES ARTS. s 39

SUITE DES ÉPREUVES

I RELATIVES A L'A D H É S O N ;

Far M. M •

Article II (i).

L'Interven'tion de l'affinité dans les expériences précédentes, fê nianifefte allez, & femble fe diftinguer de l'artradion , & fe caratftérifec nettement , en ce que la bouteille fufpendue en équilibre au-dîiïus du

vafe où on vcrfe de l'eau à petites dofes , Se à la fin , goutte-à-gou::e s'y plonge jufqu'à un certain point à l'inftant où l'eau eft parvenue à la to'icher fijnplement ; car n'y a-t-il pas lieu de préfumer que cela ne fe fait ainfi, que pa'Ce que l'eau & la fubftance du verre font fufceptibles, lors du contad mutuel, de n'occuper qu'un efpace un peu moindre cui la fomme ou éten Ju.' de ceux qu'elles occupoient féparément. Or, en admettant que c'eft en cela que confifte l'affinité , on ne fauroit la confondre avec l'attradion , dont la fondion eft de rapprocher les uns des outres des corps féparés par des diftances plus ou moins grandes, & cela fans opérer par elle-même leur copénétration ; ce dernier effet ne peut réfulter que des difpofitions refpeftives de ces corps , qui peuvent favo- rifer leur engrenement mutuel , & nous défignons ces difpofitions par le terme d'affinité. lieu L'attradion , en opérant le contad , pourroit donner à ce que cet engrenement s'efFeduât : mais il peut très-bien, fans l'intervention de l'attradion , être efFeclué par la prelîîon de l'atmofphère ; & c'eft ce qui eft confirmé par le réfulrat de l'expérience fuivante.

La bouteille cylindrique , employée dans l'expérience rapportée au précédent article, a été de nouveau fufpendue en équilibre au trébucher; placer fous le plateau qui & on avoit cette fois-ci pris la précaution de , contenoit le contrepoids de la bouteille, une ibucoupe de fer remplie de fable fec très-fin , fur lequel ce plateau fut laifTé appliqué , après qu'on l'y eut bien comprimé, afin que le contad: ne fût nullement interrompu bouteille entre fa furface inférieure & le fable : en cet état la pouvoir faire de petites ofcillations , fans que le plateau fe dérangeât aucunement de fa pofition.

178*. (t) f'oyer l'Article premier , Journ. de Phyfiq. oftobre , pag.187, Tome XXIX, Par:. H, i-jBÔ. NOVEMBRE. Vv ^

540 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE

On verfa alors de l'eau par petites portions , & fur la fin goutte à goutte dans la cuvette placée fous la bouteille |ufc]u'à ce qu'elle eût atteint la

tranche contour inférieur il du ; & fut obfervé , que précifémenr dans cec inftant elle s'eft enfoncée dans la maffe d'eau à environ une liçne de profondeur, & qu'en même-tems le plateau oppofé qui contenoit le contrepoids, fut déraché de la mafle de fable fur laquelle il étoit appliqué, & qu'il fut foulevé d'autant. Ces réfultats peuvent être regardés comme bien confiâtes. M. B**''', aullî exad manipulateur qu'il eft éclairé phyficien , a bien vouiu exécuter cette expérience & en rédiger les détails, que nous avions confidérés enfemble avec la plus grande attention. Ici d'un côté la bouteille étoit en piilé à l'artraftion de la part de l'eau^ & le plateau oppofé de la balance en piife à l'attraclion de U part du fible. L'affinifé a pu feule décider de l'immerlion , & elle ne pouvoic s'exercer qu'entre l'eau & la bouteille. L'application de l'eau à la bouteille, ou fupetficielle , ou bien intime à un cerrani point à caufe des pores qui en criblent la furface , doit plus ou moins augmenter la pefanteur, ccn- forniément au fentimenc qui a été adopté,

Lorfque ces obfervations ont été fntre*; , on a timis d'eifaminer fi en dedans de la bouteille le niveau de l'eau était, comme en dehors, au-drllous du plan de la tranchedu contour inférieur de la bouteille , & s'il ne l'étoit pas moins dans la circonflance où elle étoit clofe, que dans celle où elle avoit t té lailTée ouverte au haut : dans la première , l'air auroit pu en dedans être un peu plus comprimé.

On a cru atiilî pouvoir fe difpenfer d'éprouver , en terminant chacune de ces expériences , s'il ne faudroit pas employer une force plus puiilante pour furnionter la réfiftance de l'affinité en détachant la bouteille de la l'urface de l'eau dans la première expérience que dans la féconde , où l'air contenu dans la bouteille eft un peu comprimé, & a pu contribuer par un Jurcroît d'élafticité à opérer avec plus de force la féparaticMi. * * * M. B a préfumé qu'il pourroirêtre avantageux , pour fe procurer des notions plus complètes, de varier à quelques égards l'expérience précédente: il a fubflitué à la bouteille une couronne de buis, de 8 lignes d'épailTeur , dont le diamètre extéiieur éioit de 22 lignes, & celui du vide qu'elle embrafToit , de 1 1 lignes, & par conléquent la largeur de la couronne étoit par-tout de y j lignes : il avoit collé fur la furface fupérieure de cette couronne une lame circulaire de verre de même diamètre ; après l'avoir fufpendue en équilibre à un trébucher, il l'appliqua par l'autre face , fur une mafTe d'eau qu'elle rafoit. Or , félon qu'il a été calculé, cette dernière furface en conraiS avec l'eau embrafToit une étendue de sSj lignes quarrées, tandis que l'étendue embraffée par l'autre étoit de 32O lignes quarrées, ce qui donne à très-peu-près le rapport de 3 à 4.. Les forces employées enfuite pour détacher de la furface de l'eau la couronne ,

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 341

appliquée fucceflivement par l'une ^< l'aurre face, ont été de ly^ f ffrains pour la preniicre, & de 196 pour la féconde, & ce rapport eft bien éioi"né d'être tel que celui de 5 à 4. Il a fallu pour acquérir ici , un rapport des réfiftances , é<^ai à celui des

forces employées , avoir recours au même procédé qui a fervi pour la

première expérience exécutée avec la bouteille & rapportée à i article

précédent ; c'eft-à-dire, ajouter de part & d'autre , à chaque terme du

rapport 285" à , des nombres égaux jufqu'à ce qu'il 580 , devînt , par ces accroiffemens refpedfifs, conforme à cflui de 1J4 i iSp, On y eft parveiui par une addition commune du même nombre 6y , qui exprime dcs-lors î'intenfité qui de l'affinité , concouroic avec la preffion verticale de l'air à tenir dans l'une & l'autre circonftance la couronne appliquée fur la fur face de l'eau. -|-«î î85 -)-«î 380 • • n I I : : : I5'4 : 106 , qui elt celui de î a t.

Pour confirmer encore davantage les confcquences que nous avons l'ai tirées de cette dernière expérience , je répétée , en donnant At:>i diraenfioiis différentes aux circonférences extérieure & intérieure d'une autre couronne de buis que j'ai employée dans celle-ci. Le rapport àeS

étendues des furfaces en prife à la preiïîon de l'atmofphcre , c'eft-à-dire de la couronne couverte & de la couronne non couverte, écoir celui de 346 à 170, & le rapport des forces employées pour enlever la couronne fucceffivement couverte &: non découverte étoit celui de iir à 73. Le nombre 136 s'efl trouvé convenable pour exprimer la valeur de l'affinité, en forte qu'en l'ajoutant à chacun des deux termes du rapport 346 à 17O, les fommes fe font trouvées dans le rapport des forces employées.

345+ 136 (=482) : 170 -^ 13(5 ( = 30(5) : : 11;: 73. des réfultats trois La conformité des expériences précédente'; , ne pas affez conftate-t-eile évidemment , que dans l'évaluation de la ici la féparation des folides réfiffance oppofée à d'avec l'eau , il faut admettre nécelTairement avec la preffion de l'atmofphère le concours d'une autre caufe que j'ai préfumée être l'affinité, qui y eft en raifon des furfaces appliquées fur l'eau. Article III.

Influence de la prejfion de Vaimofphère , fans Vadhérence de l'eau ou du mercure à certains folides polis.

Un difque de buis dd a été fufpendu à un trébuchet, & appliqué fjr la furface d'une mafTe d'eau; il étoit tenu en équilibre par un contrepoids de 112 grains : on l'a placé fur la platine d'une machine pneumatiquej 542 OBSERrjTlONS SUR LA PHYSIQUE,

Si après avoir retiré 19 crains du contrepoids ( ce qui fit enfoncer un peu ylus le difc|ue dans le fluide ) , on couvrit l'appareil avec un récipient d'une amplitude convenable.

Des le premier coup de piflon le difque fut détaché de la malTe d'eau ^ après & foulevé par le contrepoids, cjuoique réduit à 93 grains : enfuite donna cinq en avoir recranclié encore 1 3 crains iS: l'avoir réduit à 80 , on fur coups de pillon , fans que le difque , qui avoit été de nouveau appliqué l'eau, cefsât de fe tenir appliqué fur la furface de l'eau: un fixiènie coup de pirton l'en fépara. Une troilîème fouflradion de 8 grains ayant enfin réduit le contrepoids

à 72 grain";, treize coups de pifton furent donnés fuccelfivement , & ce ne fut que le dernier qui opéra la féparation du difque d'avec la malTe d'eau. Au refle, dans l'exécution de cette expérience, la machine pneumatique n'étant pas afîez parfaitement affujettie, eiTuya quelques fecouffeSjplus ou moins légères; ces fecoulfes fervent à établir que l'influence des caufes,

qui contribuent à rerenir le difque appliqué l'ur l'eau, étoit fupérieute jufqu'à un certain point à celle du contrepoids. A la fin de l'expérience, le récipient tenoit fortement à la plarine. La hauteur du mercure dans la branche extérieure d'indication de l'éprouvette,

au-defl^us du niveau de celui de fa capfule logée en dedans du récipient , étoit d'environ J \ lignes. Et cela conftate qu'on n'avoit rarélîé l'ait contenu dans le récipient, qu'à un degré tel que celui qui correfpond à la

raréfadion exprimée par la hauteur de j" j lignes de mercure dans l'éprouvette. Quand en premier lieu on plaçoit l'appareil fur la plarine de la

machine pneumatique , & avant de l'avoir couvert avec le récipient , on a retiré 19 grains du contrepoids du difque, on a diminué d'autant la force qui tend à féparer le difque d'avec l'eau. Cependant après le premier , coup de piflon fuivant,le difque fut détaché & enlevé par fon contre-

l'attraélion , foit de poids réduit de 1 12 grains à 93 ; l'intenfité , foit de

l'aflînité, n'étoit cependant pas devenue moindre qu'auparavant , mais au contraire elle étoit devenue plus forte, parce que celle de l'affinité doit

s'accroître en raifon de l'étendue des furfaces de contiguïté , & que par la fouftradiion des 19 grains les furfaces de contiguïté s'étoient étendues ici en conféquence de l'immerfion du difque rendue pat-là plus profonde.

11 faut donc qu'il intervienne ici avec l'aflînité ou l'attradtion , l'adion

d'une autre caufe pour completter la réfiftance à la féparation , laquelle caufe fe combinant avec l'attradion ou l'affinité, doit être cenfée fufceptible

par elle-même de perdre alors de fon intenfîté , & même bien plus que les deux autres n'en confervent de la leur, ou ont pu en acquérir de coup de pifton, les furcroît , puifque, tout compenfé après ce premier (deux différentes forces combinées ont eu moins d'intenfité qu'elles n'en i

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 343 avoient auparavant; & par la même raifon , cela n'a pu manquer d'avoir lieu fuccelîivemenr après les autres reprifes de coups de pifton jufcju'au dernier de chacune, lequel opétoit la féparatiori du dilque, comme on l'a énoncé plus haut, N°. i. Or, on conçoit que cette caufe bien indiquée ici ne peut être autre que le fluide aérien , dont i'élafticité le difpcfe à comprimer le difque appliqué

fur l'eau , mais dont l'action ne peut manquer de perdie de fon énergie à mefure que cet air vient à être raréfié de plus en plus dans le récipient. Cette intervention de la preflîon atmolphérique nous fournit l'expli- cation des phénomènes de la réfiltance à la féparation du difque d'avec l'eau. Elle ne peut manquer d'avoir une grande influence dans les rélultats

dont je viens de faire mention.

En effet , on a éprouvé ici, qu'à mefure que des rédudlions de plus eri plus confîdérables ont été faites confécurivement au contrepoids du dilque

appliqué fur l'eau, il a fallu multiplier de plus en plus audi les coups de

piffon , c'efl-à-dire, diminuer de plus en plus la denlîré de l'air contenu dans le récipient pour obtenir la féparation du difque d'avec l'eau. Ceci nous indique d'une nianicre évidente que l'adhérence ou iffir.ité qui a lieu entre l'eau & le difque, ne contribue pas feule à retenir le dilque

appliqué fur l'eau , & que dès-lors la prelîîon de l'air doit réellement y contribuer en plus ou en moins La néceffité de multiplier fucceflîvement les coups de piflon dans les

circonftances précédentes , oii les rébftances à la lépaianon du difque d'avec l'eau étoient augmentées par l'accrciifement des foufitàClions faites à fon contrepoids, démontre ici l'influence de la prellion armofphérique.

Cette influence , celle de l'affinité , dont l'intenfîté y eft tou|ours égale ,

& le contrepoids , font comme trois élémens d'aorcs lefquels on peut déterminer la mefure des degrés de raréfaiffion fuccelTivement procurés

dans les circonftances énoncées au N". i , à l'air contenu dans le récipient & par des expériences bien conduites on parviendroir peur-être à en aflïgner les valeurs, & à démêler dans quelle proportion 1,'adhérence d'une part, & I'élafticité de l'ait de l'autre, y contribuent dans ces trois circonffances.

Puifqu'on parvient à faciliter la féparation du difque d'avec 1 eau en

multipliant les coups de pifton , en ce que l'air qui par fa denlîté & fon , élafticité, contribue avec l'afEniré de l'eau & du verre à y mettre obftacle, en eft de plus en plus raréfié, on ne peut manquer de reconnoître que le procédé de faire des fouftradtions aux contrepoids qu'on me propofa

d'employer pour démêler quelle part peut ici avoir la prelîîon de l'air, m'a conduit à en cOnftater l'influence de la manière la plus évidente, & même, ce femble,à en évaluer l'intenfité. Le difque de buis dd fufpendu en équilibre au ttébuchet par un contre-

poids convenable , & appliqué fur la furface d'une maffe d'eau , après ,,

544 OBSERTATIONS SUR LA PHYSIQUE, avoir réfifté en plein ait à une addition de 127 grains dans le plateau 128'^ oppofé, a été détaché par le grnin. Alors , après qu'il eut été (ouftrait

12 grainsdii plateau, en forte qu'il n'y en refta que 116 , le difque, quand l'appareil eut été mis fous le récipient de la machine pneumatique, fu: enlevé après le premier coup de pillon.

Dans une nouvelle épreuve , après qu'il en eut été fouftrait encore

24. grains du contrepoids réduit alors à 92 grains , ce ne fut qu'après huit coups de pifton que le difque fut détaché. Dans ces deux épreuves la rélîftance oppofée à la féparation du difque fut bien moindre dans le vide que dans l'air libre. Quoique les réfultats de ces expériences foient bien difFérens de ceux de la fameufe expérience faite par M. de Morveau fur le mercure , & femblent d'abord y être en quelque façon oppofés (i), ils ne s'en con- cilient pas moins avec ceux-ci. Pour s'en convaincre il fuffit de comparer les molécules fphériques de l'eau à celles du mercure qui font prodigieu- femenr plus menues que les premières ; c'eft dans le rapport inverfe dg leurs grolTeurs tefpeiflives qu'eft celui de la quantité des molécules fphé- riques de l'un & de l'autre fluide qui font appliquées à la furface du difque dans les deux expériences que je compare ; & c'eft dans ce rapport inverfe que font les points de contiguité des deux fluides à cette furtace dans les expériences dont il s'agir. C'eft donc dans le même rapport que font les intenfités refpedlives des affinités & des réfiftances oppofées de ce chef à la féparation ; celle oppofée de la part du mercure a dû être bien plus grande, même toutes chofes égales d'ailleurs , qu'elle n'a pu l'être de la part de l'eau dans nos dernières expériences ; de forte qu'il devient très- avec l'affinité à contenir le difque appliqué évident que , pour concourir fur le fluide dans la première expérience, il a fallu un air bien moins denfe Îue celui employé pour opérer cet effet par rapport au difque appliqué

ur l'eau. Il n'a donc pas été néceflaire , pour en eiFeduer la féparation de raréfier autant l'air dans le récipient lorfqu'il y éroit appliqué fur l'eau , que s'il l'avoit été fur le mercure, comme dans l'expérience de M. de Morveau. La preflîon de l'air eft un fupplément à l'affîr.ité pour réiîfter aux forces employées à opérer la féparation ; ce fupplément a pu être d'autant moindre que l'intenflté de l'aflînité s'eft trouvée plus confidé- rable: difons mieux , l'affinité entre le difque de M. de Morveau & le mercure n'avoitpas befoin du fupplément de la preffîon de l'atmofphère pour l'emporter fut le contrepoids ( puifque , félon M. de Morveau , la la jauge étoit etitièrement colonne de mercure fufpendue dans defcendue ) autre part l'affinité qui avoit lieu entre le difque tandis que d'un & l'eau , avoir befoin du concours de la prelfion complète de l'atmofphère pour

(1) Journ. de Phyfiq. 1773, Mai. réiîftfr SUR VHIST. NATUaELLE ET LES ARTS. 3^5- pourréfifter àladlion d'un contrepoids, par exemple , de 52 grains dans ma féconde expérience (N°. p.) Cet accord entre mon expérience & celle du favant Phyfîcien qui m'en a fourni l'idée, ne me laide aucun doute fur l'exadlitude de la mienne. Ainlî on peut regarder les réfultacs des deux expériences com-

me des obfervations qui , loin d'être oppofées, fe confirment récipro^ quement.

Voici d'autres faits qui m'ont paru propres à fournir quelques nou-: veaux points de vue à cet égard. 1°, Un petit difque de glace de lignes de 10 diamètre , pefant

gfains , placé en équilibre au trébuchet fur du mercure S7 î , n'a pu en être détaché que par un effort de 124. grains, ce qui donne 66 7 grains pour l'expreffion de l'intenfité de l'adhérence de ce difque au mercure ; car 6(5 ^ -f- yy ^ = 124.. 2°. On a employé , d la place de ce difque, une cloche de verre blanc & mince , tirée d'un verre à boire , dont on avoit détaché le pied Se ufé les bords fur une pierre de grès. Le diamètre de leur con- tour étoit de 24. lignes. Mife en équilibre au trébuchet fur la fur-

face d'une mafle de mercure qui tut verfée par parties , elle en fuc détachée par une furcharge de p ou 10 grains, ajoutée à fon contre- poids, l.e vafe oii lut verfé le mercure , étoit un gobelet de verre l'aire alTez étroit relativement à du difque , & il ne reftoit guère qu'un intervalle de 2 7 lignes entre les parois du vafe Si la circonférence du difque; de forte que cette circonférence coincidoit prefque fur le plan incliné de la gouttière formée par la maflTe du mercure tout au- tour des parois du vafe qu'elle joignoit. 3°. On a varié cette expérience en employant avec la même cloche de verre fufpendue aufTî en équilibre au trébuchet, une foucoupe de porcelaine affez grande pour que les bords de la cloche, appliqués fur le mercure , le fuflent par-tout fur un plan parfaitement horifon- tal avant l'application.

Le poids de la cloL-he étoit contre-balancé par I onc. 36 '- gr. Il fallut pour le détacher en ajouter 38

Poids accumulés fur le plateau oppofé lors de? la féparation de la cloche ) I 7^"

Dans le cours de l'expérience, .1 mefure qu'on faifoit au contre- poids de la cloche de nouvelles additions de grains, elle fe détachoit par intervalles ie la maffe du mercure. Mais comme je m'apperçus que jufqu'à la dernière addition , il fuffifoit de la replonger un peu dans le mercure, pour qu'elle continuât .1 y adhérer d'elle-même qui arriva (ix à fept fois je continuai toujours à furcharger ( ce ) , , jufqii';i grain par grain, le conrrep^ids , ce qu'enfin j'éprouvafl'e que

Tome XXIX , Pan. II, 1786. NOVEMBRE. X x 545 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ;

je tentois en vain de renouveller Tadhétence de la cloche au mercure en l'y replongeanr.

J'ai penfé que dans ces renouvellemens fucceffifs d'adhérence , la cloche étoit retenue en vertu de l'application latérale du mercure dans lequel je l'enfonçois afîez avant à chaque fois & de plus en plus. Ainfi

jl n'eût fallu compter pour évaluer l'intenfité de l'adhérence du mer-

cure , au plan horifontal du bord circulaire de la cloche, que le nombre de grains employés précédemment à la première féparation.

Pour y remédier j'ai recommencé l'expérience , & en ne furtharf^eanc que grain à grain le contrepoids de la cloche, j'ai trouvé qu'un der- nier demi-grain avoit enlevé la cloche & que l'aftion de l'adhérence (celui-ci grains accumulés n'avoit été, non-compris), que de p ^ fans effet.

Ce réfultat fert à établir que dans l'expérience du n". 13 , faite avec la même cloche, j'avois mal-à-propos préfumé que les difpofitions du vafe rétréci avoient rendu l'adhérence moins forte qu'elle n'autoit dû être. LETTRE A M. DE LA METHERIE,

Contenant la defcrlption dun nouveau Baromètre -portatifs

plus JîmpU j plus parfait ù moins fufceptibU d'accidens , que tous les autres faits précédemment j ^

Par M. J. H. HuRTER, Peintre de LL. MM. Britanniques,

Agent de S. A. S. Monfeigneiir le Margrave de Bade , &c. &c. &c.

en Angleterre , & Propriétaire d'une Manufacture d'injîrumens de

Mathématiques , Pkyjiques , Optiques & Ajlronomiques , à Londres.

JL/ A grande utilité des baromètres, & les accidens qui arrivent fré-

quemment aux obfervateurs , avec ceux que l'on a faits jufqu'à ce jour ont engagé les plus célèbres Mécaniciens à chercher à les perfedionner.

Les progrès de la phyfique expérimentale , fur-tout la météorologie ren- dent aujourd'hui un bon baromètre portatif, un inftrument indifpen- fable. Plufieurs artiftes renommés ont déployé beaucoup de génie pour la conftrudion de cet inftrument, & ont réuffi jufqu'à un certain point; mais ils ne font pas parvenus encore à cette petfedion fi deh- lable.

MM. de Luc 5c Ramfden s'y font particulièrement diftingués ; le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 347 baroii-icrre de M. de Luc eft iiiconteftablement le plus parlaic: s'il

étoit moins compliqué, il eilt été d'une utilité plus générale; mais cette difficulté a été un obftacle à fon exécution. Si les ouvriers ont été rebutés.

M. Ramfden a conftruit le fien d'une manière différente : celui de

M. de Luc eft fait en fyphon ; l'autre eft avec un réfervoir dans lequel eft plongée la partie ouverte inférieure du tube. Par le, moyen d'une

vis au-defTous du réfervoir , on fait monter le mercure au haut du tube , iorfqu'on veut tranfporter le baromètre ; mais cette précaution n'eft pas fuffifante, la grande maiïi: de mercure contenue dans le ré-i fervoir, occafionne de fi grandes ofcillations dans le tube, que fi par la moindre inadvertance, on lui donne la plus petite fecoufTe pendant

qu'on le tient & que la partie fupérieure eft en haut , elles manquent

rarement d'emporter le haut du tube ; mais ce n'eft pas le feul défaut

de ce baromètre , il en a un fécond pas moins confidérable , c'eft quand

on a fermé le baromètre fur le haut de la montagne, où il fait ordi-

nairement plus froid que dans la plaine , le mercure fe trouve condenfé, Se Iorfqu'on defcend dans la plaine, le mercure fe di-

late & ne trouvant rien qui cède vers fon embouchure , il fe fait jour par le haut en caffant le tube. Toutes ces imperfections' jointes à bien

d'autres connues à tous ceux qui en ont fait ufage , & les invitations d'un grand nombre de Phyficiens refpeftables m'ont déterminé à en-

treprendre l'exécution de celui dont je vais donner la defcription. M. Cavalio croyoit avoir trouvé un moyen d'en conftruire un fur les

principes de celui de M. de Luc , mais beaucoup plus fimple & plus léger-, j'en entrepris l'exécution & j'en fis plufieurs qui à la fin n'ont été d'aucun fervice, & après bien des peines & beaucoup de hais, il fallut les mettre au rebut & fonger à une autre invention plus pratica- ble. Planche première. AAA. Le baromètre fans fon pied, BBB les trois jambes, C un quatre avec quatre vis qui fervent à mettre le baromètre

dans une pofition verticale, aa les échelles francoifes , bb les échelles ces lignes angloifes ; Igs pouces françois font divifés en 12 lignes, p de transformées en dix parties, forment le nonius & fubdivifent les pou-

ces en 120. Les pouces anglois font divifés en 20 & 24 ; de ces 20

transformés fur le nonius en aj , fubdivifent le pouce en yoo parties

efFedives ; mais l'on compte chaque divifion du nonius anglois dou- lieu ble , ainfi on fait le calcal par millièmes de pouces au de cinq- centièmes.

Au-deffus du nonius fe trouve une tête de vis^ejappel e , qu'on tourne

horifontalîment pour monter ou defcendre le nonius , & l'a)ufter avec la plus grande exaftitude; a eft un poids qui fert à indiquer quand le baro-

mètre eft dans fa parfaite pofiMon verticale ou perpendiculaire -, il eft Tome XXIX, Parc. Il, NOVEMBRE. 178(5. X.x 2 348 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; arrêté intérieurement par une efpcce de fourche qui communique avec la tête de vis, e pour l'empêcher de balotcer quand on tranfporte Imflru-

inenc d'un endroit à l'autre i pour le dégager il faut tirer en bas ladite tête de vis dd : / /'ei\ le thermomètre avec les échelles de Farenheit & de Réaumur. gg font des crochets de laiton qui joignent le quatre e au trépied BBB. Deux crochets font fixés à la jambe de derrière pour

répondre aux deux autres , & également arrêtés audit quarré.

D eft le réfervoir , fixé par fa partie inférieure à un cylindre à pas de vis, qui fe vilFe dans un autre cylindre h au-dellous pour monter ou

defcendre à volonté le réfervoir ; la partie intérieure du cylindre à vis

eft occupée par un reflort fpiral , donc un petit bouc fort par la fente indiquée, & qui fert pour comprimer le reirorc par le moyen du dernier cercle cordonné qui fe vifTe en bas & fe fépare des trois autres appartenans

au réfervoir ; au-delîu^" du reffort eft attachée une peau qui ferme le réfer-

voir, mais qui eft aflez lâche pour fe prêter au mouvement du mercure

ou du reffort ; à la partie inférieure du tube eft fixé un cylindre de bois, qui répond exademenc à l'ouverture au fond du réfervoir couvert de la

peau ; le réfervoir étant viffé contre l'ouverture dudic cylindre, & par conféquent contre Je tube de verre, empêche la communication avec l'air extérieur. N. B. Je parle toujours du baromètre dans fon état

d'inadion , car le réfervoir n'a point de mercure , il fe trouve dans une boîte de buis féparée. Se on ne le vide dans le réfervoir qu'au moment qu'on veut fe fervir du baromètre. C'eft-là le grand avantage de ce

baromètre : aucune fecouffe ne le peuc déranger ; la quancité de mercure

dans Je tube de verre étant fi petite, qu'elle eft incapable d'aucun effort

dangereux , parce que d le mercure reçoit quelques imprelîîons, foit par

un choc, foit par fa dilatation , le reflort fe prête fuflîfamiTient h tout. Si l'on veut fe fervir du baromètre, on commence par vider Je mercure de

la petite boîte dans Je réfervoir de buis : on Je déviiïe enfuite , & on verra

defcendre Je mercure dans Je tube; quand il eft defcendu à-peu-près à

fon point , c'eft ce que l'on verra par l'échelle, alors on l'ajufte en le reviflant en haur, c'eft ce qui fait monter la flottille d'ivoire qui fert à indiquer la hauteur convenable par fes extrémités qui doivent toucher" au cercle noir qui eft au bout du cylindre de bois; dans cet état il eft prêt à être mis en expérience : c'eft à-peu-près les mêmes opérations donc on fe fert pour Je vider , excepté qu'on penche Je baromètre pour faire rentrer le mercure prefqu'en haut du tube. IJ faut feulemenc pre.idre garde de ne le pas trop pencher, afin que & partie inférieure refte tou- jours plongée dans Je mercure: pour cet effet il faut un peu monter le réfervoir, & quand le tube eft plein on le ferme tout-à-fair. AJors Je mercure peut être vidé hors du réfervoir dans Ja petite boîte. Pour fermer tout-à-fait Je baromètre, iJ faut après avoir ôté le crochet^^du quarré e & mis à leurs places dans le dedans des jambes BBB, tourner lefdites SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 349 jambes du bas en haut : ils tournent fur leurs axes circuljirement , &c le joignent contre le corps du baromètre au baut par le moyen d'une (]ui pointe entre dans un trou fait pour les recevoir -, deux autres morceaux de bois lont également placés l'un contre le thermomctre pour l'en garantir, & l'autre à fon côté oppofé pour le recevoir; moyennant ces précautions le baromètre cft en pai faite sûreté : on ôre alors le quarré avec les quatre vis qu'on peut mettre dans la poche. Indépendamment de la fupériorité de ce baromètre fur les autres de fon efpèce, il a encore ce grand avantage d'être confidérablement plus léger & moins volumineux. Il ne pèfe que trois livres &c demie , tandis que Itfs autres les plus légers en pèfenc au moins huit.

OBSERVATIONS

Sur l'Hygromètre à boyau de ver-à-foie\y de Dom CasBOIS ;

Far M, Cazalet,

J-/OM Cas BOIS, Bénédidin , efl le premier qui ait fait connoître que les fils retirés des boyaux de ver- à -foie étoient très-fenfibles à

l'humidité , & qu'ils ont la propriété de s'allonger en raifon de la quantité d'eau qui les pénètre. I! a également obfervé que quelque tems qu'on

fils laifTe ces dans l'eau , ils n'y fubiffent aucune altération , & qu'ils n'y prennent qu'une quantité d'eau au-delà de laquelle leur féjour le plus long dans ce liquide ne peut rien ajouter. Le point où ces fils cèdent de s'allonger étant plongés dans l'eau a été nommé par Dom Cafbois point de fatu- , , ration. Il dit encore que tous les fils de boyaux de vers-à-foie, pris au

hafard , à compter du terme de leur plus long allongement qui eft celui

où ils font parfaitement pénétrés d'eau , fe raccourciffent tous dans le même rapport en paffant par le même degré de féchereffe. Ce raccour- ciiïement a été ellimé par dom Calbois d'un centième de la longueur du

fil faturé d'eau.

C'eft d'après les propriéréî & les obfervations rapportées fur les fils de

boyaux de ver-à-foie , que Dom Cafbois a conftruit des hygromètres dont je vais rendre compte.

Pour conftruiredes hygromètres toujours comparables, il faut partir

de deux points fixes ; Dom Cafbois a pris pour le premier terme le point

où les fils de boyaux de ver-à-foie éfint plongés dans l'eau , cefFent de

s'allonger ; & pour le fécond , le degré de contrac'tion de ces fils opéré par la féchereffe. Comme Dom Cafliois pofe pour principe que tous les fils pris au hafard , d'égale longueur, fuivent la même marche , & qu'il dit ,

3;o OBSERTJTIONS SUR LA PHYSIQUE,

avoir oblervé que depuis la plus grande féchereiîe jufqu'à l'entière fatu-

ration du fil avec l'eau, les fils s'allongent d'un centième; il mefure

alors fils les faturés d'eau , prend la centième partie de leur longueur & cette centième partie forme fon échelle, qu'il fubdivife enfuite en cent

parties. Doni Caftscis conftruic des hygromètres de deux efpèces , mais toujours fur le même principe. Le premier 8c le plus fimple, font plufieurs

fils noués bouc à bout , qui pendent le long d'une muraille : après avoir faturé d'eau ces fils ainfi noués, ils fe trouvent tendus par un poids d'une

demi-once , terminé par une aiguille horifontale qui monte ou defcend

fur fon échelle , fuivant les allongemens ou raccourcifTemens du fil. Pour qu'un hygromètre conftruit de la forte puifTe donner des réfultats fenfibles,

il faut que le fil ait au moins dix pieds de long.

Le fécond hygromètre de Dom Cafbois , eft un fil feul de boyaux de ver-à-foie appliqué à un mécanifme peu différent de celui de l'hygromètre à cheveu de M. Sauflure.

M. Richer, très-habile Mécanicien , qui a été chargé par Dorn^afljois de la conftrudion de plufieurs hygromètres à cadran, divifés d'après les principes ci-deiïiis, n'a pas tardé à s'appercevoir, que quelque précifion

qu'il ait apportée à la conftrudion de ces inftrumens , ils ne fe fuivoient pas

dans leur marche. lien a cherché la caufe, & il s'eft apperçupar nombre

d'expériences , que le vice de ces inftrumens venoit du degré d'allonge-

menrdes fils. Tous ne fuivenr pas la même marche, comme Dom Cafbois

le dit : les plus gros font ceux qui s'allongent le plus, & la différence qu'il a obfervée dans l'allongement du plus gros au plus fin'dans des cordes de

205" lignes de longueur , eft de | de ligne ; on fent combien une telle différence doit mettre de l'incertitude dans les variations de ces inlhu- mens, c'eft ce qui a obligé M. Richer à conftruire ces hygromètres en prenant pour premier terme le point defaturarion de l'eau, & pour fécond la comparaifon d'un hygromètre de Dom Cafbois, c'eft-à-dire, qu'après avoir pris le premier terme, qui eft celui de faturation, M. Richer laiiToit mettre en équilibre cet inftrument à côté d'un autre, & après deux jours

fi l'étalon fe trouvoit, je fuppofe, à 4.0 degrés, il marquoit 40 degrés à l'endroit où l'aiguille de l'inftrumenc à diviler fe trouvoit, & il divifoit enfuite l'efpace entre ces deux points en 4.0 degrés; parce moyen M. Richer a conftruit plufieurs inftrumens qui fuivent exaftemenc la même marche.

M. Richer voyant que fes hygromètres une fois dérangés , il n'étoic plus po(fible de compter (ur un nouveau fil de ver-à-foie de même longueur que le premier , avoit imaginé de réduire cous les fils à la même groffeur par le moyen d'une filière. Cela auroit remédié à une partie des incon- véniens ; mais comme il eft probable que la matière de tous les fils ne

Jouit pas également des mêmes propriétés , on auroit eu néceffairemenc des différences dans les réfultats, Quelques-unes des difficultés qui fe SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 5;i

préfentent m'onr engagé à chercher un fécond terme aullî sûr que le premier déjà trouvé par Dom Cafbois. J'ai fait les expériences relatives à ce fujet, & voici le réfulrar. Après avoir fait conftruire par M. Richer un hygromcrre à cadran , compofé de deux fils rendus par un refTort en fpirale, dont la forcejpeut

être évaluée à demi-once, j'ai placé tout l'appareil dans Je bain-niarie d'un alambic cjui éroit plongé dans fa cucurbite contenant la ouaiuiré

d'eau boyillante nécellaire , l'eau a toujours bouilli dans la cucurbite jufqu'à ce que les fils de boyau de ver-à-foie aient cefïé de fe contracter ;

après j'ai une heure d'une parfaite ftation , marqué fur le cadran le point

où l'aiguille étoit fixée ; pendant trois heures qu'a duré l'expérience , le thermomètte plongé dans le bain-marie indiquoity^ degrés, divifion de

Réaumur, tout l'appareil retiré &C refroidi a été plongé dans l'eau , les fils ont celTé de-s'allonger au bout de deux heures; mais pour plus grande sûreté ils ontrefté dans l'eau quarante-huit heures; le point où l'aiguille s'eft fixée fur le cadran a été marqué pour fécond terme, & comme l'efpace

compris entre les deux termes occupe les ^ d'un cercle de 4. pouces de

diamètre , j'ai fait divifer cet efpace en 200 parties; la marche depuis la plus grande féchereffe de l'atmofphcre, jufqu'à la plus grande humidité

eft à-peu-près de cent degrés , Se occupe Je milieu des deux termes.

Comme mon hygromètre eft conftruit fur deux données sûres , je place O

au premier terme pris dans la cucurbite chauffée , & 200 au terme donné

parle fil faturé d'eau. Cet infiniment eft aulU fenfible que ceux que j'ai vus

chez M. Richer , la longue chaleur qu'ont éprouvée les fils , n'a produit aucun changement à leur qualité. Je m'occupe depuis bien des années des moyens de reconnoître combien

d'eau contient un pied cube d'air , Jorfqu'une demi-once d'alkali fixe en poudre occupant une furface de neuf pouces quarrés augmente d'un poids

déterminé dans un tems donné; j'ai fur cet objet quelques données sûres, & dans peu j'efpcre pouvoir apprécier avec mon hygromètre la quantité

d'eau contenue dans une quantité donnée d'air , lorfque l'hygromètre indique tel ou tel degré d'humidité.

A l'hygromètre que M. Richer vient de me conftruire, j'ai fait ajourer un baromètre & un thermomètre; comme le tout forme un inftrument

d'une forme agréable , on ne fera pas fâché d'en trouver ici ki defcription.

Sur une tablette d'un pied de long & fept pouces de large , eft pofé un (bcle de quatre pouces d'élévation. Les deux extrémités du focle font furmontées de deux colonnes de vingt-un pouces d'élévation jointes à leur chapiteau par une Irifearchirravée; dans l'intérieur d'une des colonnes pafle un tube de baromètre dont la cuvette eft pofée dans l'intérieur du focle, le tube du baromètre eft coudé 5c paffe dans l'intérieur di la iriie ,

SS2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour forrir au milieu. De chaque côré du cube eft une glace afTujettie dans la frife , c'eft fur ces glaces qu'eft la diviiîon du baromètre. Entre le tube & la glace eft une creinaillicre pour faire defcendre ou monter un nonius de glace qui ferc à apprécier la hauteur du mercure jufqu'à -^ de ligne , l'enfemble de l'inlhument eft d'ordre dorique un peu (Velte , terminé par un obélifque qui eft formé d'une portion du tube du baromètre & des qlaces où ell la diviiîon. Entre les deux colonnes eft une glace de vingt-un fur lix pouces & demi de haut pouces de largeur , qui tourne fur deux pivots ; cette glace fans aucun chaftîs porte un thermomètre à mercure

încrufté dans la glace , & dont la boule fe trouve ifolée djns fon épaifleur, C'eft fur cette glace que font gravées les divifîons du thermomètre & de l'hygromètre; le mécanifme qui reçoit l'impulfion de l'allongement, ou delacontradion des fils de boyaux de ver-à-foie, eft compofé d'un pignon fur l'axe duquel eft montée l'aiguille; à ce pignon s'engrennent deux râteaux en fens contraire, l'un de ces râteaux reçoit l'impreftion des fils , l'autre n'eft que pour fervir de contrepoids au rnoyen d'un reffort en fpirale qui fait toujours tendre les fils de boyaux de ver-à-foie avec une force de demi-once : ce mécanifme de même que l'aiguille font mis à l'abri de la pouffière & de l'humidité par des boîtes de criftal dont les bords s'appliquent fur la glace.

Les deux fils font tendus à une diftance égale de chaque côté du tube du thermomètre ; leurs bouts inférieurs font affuiettis à une petite bafcule qui fe trouve à trois lignes au-defTus de la boule du thermomètre & qui en même-tems fert de bride pour aflujettir le thermomètre; l'un des bouts du fil eft fixé à une petite pince qui peut changer de place pour allonger ou raccourcir les fils de boyaux de ver-à-foie; précaution néceiïaire pour faite fervir la même divifion de l'hygromètre avec de nouvelles cordes. Les trois principales mefures des qualités phyfiques de l'atmofphère fe trouvent réunies dans i'inftrument que j'ai fait conftruire, il eft en mcme-tems portatif : il peut être pofé dans tous les fens , fans qu'il fe dérange.

HISTOIRE ,

SUR rmsT. NATURELLE ET LES ARTS. 373

HISTOIRE DU SCHACAL;

Par M. GiiLDENSTjEDT (l):

TniduUe par J. P. B e R T H o u'ï Van-Berchem.

_Li ES premiers hommes en périr nonihre,vi voient probablement rous dans

des cavernes, &pûiïeclant à peine quelques meubles &uftenfiles ils n"d voient ni befoin du chameau, ni de l'àne , ni du cheval , animaux que leurs defcendans fubjugucrenr enfuire pour faire les voyages inévitables que la population du genre humain exigeoir. Pareillement ces premiers hommes menantune vie errante & vivant des fruits des arbres & des arbrilTeaux, des racines l^. des feuilles des plantes, purent fe pafTer pendant plufieurs fiècles du bœuf & du buffle (2) qui accompagnent les travaux & l'agriculture. Il eft de même très-évident qu'ils eurent encore moins befoin du cochon; mais leurs defcendans beaucoup plus gourmands & peu contens de la dière végétale, le réunirent long-rems après au nombre des animaux domef- tiques. L'homme ne foumic le char que lorfqu'il eut appris à faire des

provifions de toutes efpèces ; il fentit alors la néceflité de fe garantir des"

dégâts des fouris , ?z il reçut dans fes maifons leur pli^s grand ennemi.

Mais les brebis ?c les chèvres qu'il employoit pour fes vètemens [ ?i donc le lait lui fervoit erfuite de nourriture ], les chiens, oui pouvoient le

défendre lui & fes troupeaux , furent plus anciennement & les premiers de tous les animaux qut; les hommes cherchèrent à apprivoifer. Le genre

de vie & la manière d'crre de nos pères le montrent évidemment , îs: l'oi» peut encore le conclure de la diverfitéde forme qui fe trouve aujourd'hui dans ces animaux ; car il eft dans la nature que le nombre des variétés foie proportionnel à la durée de la doraefticité. Si cependant le fthien varie plus que la chèvre & la brebis, c'eft parce que les chiens produifent plus iouvent & un plus grand nombre d'individus qu'eux , ce qui augmente le

nombre des générations defcendantes : d'ailleurs, ce compagnon infépa-

Vid. Novi Commeniarii Ac.id. Sci:nt. Imp. Peiro Pol. tom. lo p. [ (0 , 449 an. i'J'7'^- Nous avons joint à la traJuflion de cet excellent Mémoire ce que nous avons cru propre à compl'^ter l'hidoiredti fcliacnl , & de nouvelles obfervations fur l'orifiine d»s chèvres domediques. Toutes nos additions font comprifes entre deux crochets f.iit<;"a!r(i []. & iinpriméeç dan; un cnraflcre plus petit. ]

(l'i appelle le buffle ^ mais de BufFon a fait voir que [ Gu'.denflrd: buhalas M. plutôt être à vve gzzeWe le buh.ilus des anciens devoit rapporte , {Antilope bubalui), B. tom. XI pag. fup. tom.VI, pag. Ji V. , 184, ]

Tome XXIX, Part. Il, i-]S6. NOVEMBRE. Y y 5;4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; rable de l'homme, l'ayant luivi dans tous les climats de la terre, a éprouvé les eiFets de leurs influences; au lieu ^ue les chèvn-s &: les brebis ne peuvent pas ainfi fubdfter par-tout. Ajourez encore \ cela que la nourriture du chien varie plus que la leur, & enfin que Ihomnie iovgne &i dirige arbitrairement la copulation des chiens, arrête leur accroifieiiienr, mutile

plufieurs leurs parties ( comme la queue , les oreilles S

De-là , fans doute , la diverfirê des formes que l'on voit aufv)urd'hui parmi les chiens (l). Qn do:t nécedairemenr penfer que les animaux les plus anciennement domefiiques ont été indigènes & fauvaqes dans les régions

de notre globe que les hommes ont habitées los premières. Or , l'Hiftoire facrée & profane nous montre que l'Afie mineure & les pays voitîns font au nombre des contrées les plus anciennement peuplées; elles doivent

donc être la patrie des animaux les plus anciennement domelHques , c'eft ainh que la nature a aflîgné pour la demeure des autres quadruf^èJes les

limites de quelques provinces. De plus, comme il efl: très-probable que

les premiers hommes n'ont pas demeuré dans des plaines , mais dans des

contrées montagneufes , (bit dans des cavernes naturelles , foit dans des

domiciles commodes qu'ils pouvoient y conftruire plus facilement ; il s'enfuir que les animaux qu'ils ont rendu doniertiques les premiers ont été ceux qui prétéroienr plutt»r d'habiter les montagnes que les plaines, & quî par-là ir.ênie éroient plus à leur portée. Nous devons donc chercher les racts originaires des nombreufes variétés des brebis, des chèvres & des chiens, dans les endroits montagneux de l'Afie mineure.

M. de BufFon a prouvé (2) avec cette fagacité qui le diflingue , que

la brebis , dans l'état naturel , étoit cet animal ( des endroits montagneux peu élevés de l'Afie mineure & des contrées voihnes qui joiiilTent du appeloient mi/yroo/z ou même climat ) que les anciens muflmon.,^ que

les françois nomment aujourd'hui mouflon : cela me paroît hors de doute ar la comparaifon des cornes des os de la tête, quoique le chevalier le foit d'un avis l nnée, qei donne à cet animal nom de capra ammon , différent. Le Pline françois a été moins heureux dans la détermination de la chèvre fauvage. Il penfeCj) que le bouquetin & le chamois font de la

que le premier eft l'origine des chèvres mâles , le fécond même efpèce ; celle des chèvres femelles , Se enfin que c'eft à leur union que nous devons

cet animal domeftique : quoi(^ue le bouquetin & le chamois habitent, comme le mouflon, les montagnes d'Afie, cependant ce fentiment me

[(i) On peut voir ces caufts des différentes variétés du chien beaucoup plus dévelocpées dans l'ariicle CA;>n de l'Hifloire-Naturelle de M. deBuiFon.]

(1) Hift. Nat. lom. XI , art. du Mou/Ion. (3) IJ(m , tom. XII. art du Bouquetin^ ,

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. SJS paroîrde^itué de tour fondement; car iln'exiftcaiiciineraifon fuffifdiire pour que ces animaux , habitans tous les deux les Alpes , vivant fous un même climat & dans un même pays, aient dégénéré au point de préfenterd'auffi grande'! différences extérieures dans leur torme que celles qu'ils nous offrenr, non-feulement maintenant, mais encore depuis plulîeurs ficelés. On peut d'ailleurs conclure avec beaucoup de vraifemblance du différent genre de vie du bouquetin & du chainois, fans parler de différences bien plus confidérables,queces efpccesont été de toute ancienneté diftiniftes, qu'elles relieront toujours féparées, & refuferonc toute union réciproque. Nous [ penfon? , comm2 M. GùldendsJt , que le cliamois & le bouquetin font deux etpèces diiTirentes , mais nous croyons devoir examiner les r.iifûns que i\î. de BuflTin donne de fon opinion. Il trouve (i) que le bou juetin mile & le chamois différent à la vérité par la taille Scie, cornes , mais il dit que les cotnes des femelles de ces anitiaux font petites &îi(rei relTemblantes. Maintenant que les cornes de la femelle du bouquetin font bien conn'.ie;(i), nous pouvons alTurer qu'elles font très-diftérentes de celles du chamois; elles font petites en eft'et, mais elles rcffemblent beaucoup à celles de la chèvre , & ont comme elles une arrête longitudinale. Les rapports que

M. de EufFon tire enfuite de la reflemblance dans les moeurs & la figure , ne nous paroiffènt pas (ûffiians; car quoiqu'ils aient pluîîetirs rapports dan; la figure du corps les trous derrière les cornes qui fe trouvent dans la grande race du chamois (5), les efpcces de larmiers la peau qui joint les fabots des pieds les brofTes au-defTout (4) , ; O , des genoux de devant, & d'autres différences moins confidérables les difiinguent affei; & quant aux mœurs, n'e(l-il pas naturel que des animaux à pieds fourchus & ruminars, qui habitent les mêmes montagnes & fe rourritfent de la. même manière, aient, jufqu'à un certain point , des habitudes S: des mœur- femblables, fins que pour cela ils (oient de la même e'pèce ? D'ailleurs , ces moeurs (ont affei diif.Tentes , comme on peut le voir dans notre Mémoire ci'é ci-d-^ffus. Le bouquetin Se le ch-tmci; paiffent quelquefois à peu de dillance d;s chèvres & des moutons qui s'élèvent fuuvent jufqu'.iux régions habitées par ces a":maux; (c'eft un fait q'.ie je puis affurer d'après des informations sûres ), m^is on n'a jamais ob(e-vé que les bouquetins & les chamois çâturalTent enfemble, ni qu'il y eût aucune union entr'eux; cependant la copulation dans l'état efl d'efpècc de nature une des p'us fortes p'euves de l'identité (6). Enfin , le chamois entre en chaleur en novembre & décembre, & le bouquetin en janvier (7). Cette différence dtns le tems du rut efl une des différences fpécifiqnesde ces animaux,

& la railôn pourquoi ils ne le mêlent pas dans l'état de nature : il nous paroit donc bien démontré que le bouquetin & le chamois forment deux efpèces différentes , mais voifines. Si l'on confiière maintenant les caraâcres de reffemblances qui lient le chanlois à

(i) Hiil Nat. tom.XI, pag- '!7.

[ {'.) V'ul. notre Mémoire fur l'iiirt nat. du Bouquetin , dans le (econd volume du recueil de la Soc. des Scienc. Phyfiq. de Laufattiie, qui eu. fous preflè. J cité. [ (; ) Mém. ] [ C4) Pallas, fp. zool. fafc. I, pag. 8. ]

Fafc. XI pag 41 , où l'on voit aufli d* .autres différences. [ (0 hUm. , ] i\- des [ (6) Foye\ les

Tome XXIX y Pan. Il , lySiS. NOVEMBRE. Y y z SS^ OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, la gaielle foit par (es , broflès aux genoux , foit par fes cofnes qui ont de^neaiix Si des llrics longitudinales , [oit par (ese;pcccs de larniierf; & par Ion nicmfflhniberle, ainfi ^ue par Ion c-ganifation ; (î d'un autre côté on voie fes rapi ots aux clicvre* p^ir la fotiie du corps & des jambes , on conviendra avec moi qu'il doit faire la nu«nce enire les chèvres S; les gaielles quoiqu'il ne puitl'e , pas être rargt' parmi lesga^elle^,

comn.e l'a fait M. Pallas (i ). Quant à l'idée de de Buflon que !e M. , bouquetin , le bouc domefiique & le clian-.ois font d'une iiicme efp£ce dans laquelle les femelles font d'une nature copiante & feinblables tntr 'elles, tandis que 'es mâles varient (i); quoiqu'elle foit très irgénieul'e, nus ne crojons pas qu'elle puilfe fe foutenic quand on l'exainine avec lo'n; puifque non-feulement on don féparer le bouquetin du cb.imois d'après , ce que nous venons de dire , mais encore , les raifons que Al. de

BufFon donne de fon cpii.ion nous femblent fujettcs à beauroup d'objefl'ons. 11 dit que l'on peut prouver par expérience qu'.l y a des efpèces dans la nature doit la femelle peut également fervir à deux mâles différent; telle eft la brebis qui produit avec le bouc S; le bélier. Mais ces animaux étant domefliques, ne peuvent fervir ici d'exemple, p,irce que, comme nous l'avons prouvé ailleurs, la domellicité rapprochant les eipcces , il peut fe faire dans cet état des accoiiplcmcns qui n'auroient point lieu dans l'état de nature , & nous ne croyons pas que l'on pullTe t i'er parmi les animaux fauvages un feul exemple pareil à celui là. D'ailleurs , pourquoi fupnofer qne les ni.îles n'aient que des femelles foibles , & les femelles que ries mâles forts. Ce cas ne peut avoit lieu que dans les animaux efclaves & non dans les fauvages, fur-tout parmi ks bouquetins, dont les mâles ont affaire à plufieurs femelles, & les femelles à plulieurs mâles. ]

Je n'iiéfiterai pas à regartler avec M. Pennant fj) le bouquetin comme le père & l'origine des variétés

,' Le pa:^en ou capruerva, dont parleKxmpler (Amtxnii. exoi.pag. 5p8) & que Linnée appelle chèvre bézoardique, ell l'animal que nous regardons la chèvre comme fauva^e , quoique MM. de BufFon & Pennant foient d'un (entimenr fort différent. Ils 'rapportent cet animal de Kimpter au genre des gazelles ou antilope, mais la figure de Kimpfer qui porte le titre de pazen , confirme notre idée, & quoiqu'elle foit mauvaife , on voir cependant qu'elle ne convient pas à la gazelle, mais à la chèvre, parla forme de fon corps, par fa barbe au menton, par fes cornes allongées, recourbées, ruberculées, ou,fuivant Krempler, marquées de gros anneaux qui n'embraffent pas tout le tour de la corne, -mais qui s'élèvent feulement fur le devant , comme la figure le montre; ainfi

[ (i) Sp, zoo!, fafc. 1, pag. 7. }

[ (î) BufTon , tom. XII, pas. 141.]

(5) Vid. Pennant fmop. of quad, pag. 15. [ M Pennant dans Ton hifloire des quad. regarde avec M, Gulderilsdt \e pa^en comme l'origine des chèvres. ] ,

SUR VHÎST. NATURELLE ET LES ARTS. 5^7 ces cornes difFcrent heaucmip de celles aiie M. de BufFbn a fait repréfeiuer Tous le de Paz

Enfin , la nature niC.nc du bouquetin iS: du pazen de Kïmpfer peuc fournit une nouvelle preuve de ce que la chèvre domeftique ne dérive pas

du premier de ces animaux , mais du fécond. Le bouquetin paroît propre

aux endroits inhabités ; il vit fur les foinniets les plus élevés des Alpes

dans des rochers couverts de neiges é-ernelles : il y trouve pour fa nourri- ture des plantes qui ne ctoifTent pas ailleurs, Se toutes ces chofes lui font

fi nécellaires paroit tout aullî , qu'il impolTible de le rendre donieftiqne

fous les divers climats de notre globe (dont plulîeurs font lî différens de fon climat primitif) que l'éléphant ou le rhinocéros.^ Le pazen, au contraire, fuit les hautes Alpes, il recherche les endroits montagneux de l'Afie mineure qui en hiver font couverts Si refroidis par la , nei^e , & qui

en été font brûlés pat l'ardeur du foleil , qui font quelquefors dvnéchés par la chaleur, & d'autres fois inondés par les pluies, où croilTenr beau-

coup de plantes que l'on trouve aulîl par-tout ailleurs; il peut donc,

ainfi que le mouflon , fi'.pporrer tous les climats , & comme lui fe répandre

& multiplier par-rour. Ce que nous avotiS dit jufqu'ici fufHt , nous par-

lerons plus au long dans la fuite d'un autre animal , inconnu jufqu'à préfent qui tient le le mouflon , milieu entre & le bouquerin Si qui habite les Alpes du Caucafe.

[Si now. devons convenir avec M. Guldenllsdt que le pazen de IC-empfer e(l une

des origines fauvages de nos chèvres Jom^iiques , nous ne pouvons pas peoi'êr comme lui que le bouquetin fo'.t d'une efpcce d'ff'rente, nous croyons au contraire svec I\I. de Buffcn que c'eft le type primitif, pui'qu'il ed le plu< , grand, le plus fort, &

en un mot , l'efpcce principale. Voici les raifons de notre opinion. Le bouquetin & le bouc Ce reffemb'ent beaucoup par!:, figure; leur plus grande

diffïrence confii1e_ dans la grofTcur , l'étendue & la figure des cornes ; celles du bou-

quetin font très-grandes groifes , avec deux arrêtes long'tudin îles & , plulîeurs tranrverfales & de gros noeuds proéminens ; tandis que celles du bouc n'ont qu'une

arrête longitud'nale , font beaucoup plujpetites , & n'ont que df, rugofités au lieu de noeuds p-oémirers. Mais ne fait-on pas qu'il n'y a point de caraflères plus variables que celui des cornes ,méme dans les an'maux libres, & à olus forte raifon d ms ceux qui font fournis à la eau e puiffante & touiours a^'iTante de la domed'cir? I ne feroit pr>.s imDo'fible non plus que cette différence d nslesco'nes du bouc fût nn effet fa foiblefTe occafionnée par une longue de fervitiHe , puir^ue i'e'rjgne , ou la femelle du b.iuquetin , qui eft p'iis petite plus Pi ble & que Ton mâle , a de', cornes prefqu'entièrement femblables à cel'e de !a chèvre S; du bouc ; ce quî paroii encore f.ivorifer cette opinion , c'ert que le bouquetin ieiine,& quand il ert encore dans un ptat de foiblefle , n'a uas l'arrête longitudinale extér'eure bien marqué'' i) .Si cela donne à fes cornes plus de reffemblances avec celles du bouc. La domefiiciiépeut

t fi) M. Pallas , 'Sn. zool. fafc. X'I.paj. 4; ) aopelle cette chèvre i.-<7;»/v» xgag us & prouve audl que c'eft le !>azen de K^mpfer.l

[ (1) Mcm. cité lut le bouquetin. J 3;3 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, donc rendre facilement raifon des diftïrences qui (ê trouvent entre le bouc & le bouquetin, fur-tout fi l'on obérve , comme l'a lrc> - judicieuiément remarqué M. Zimmerman ii),que cet animal en defcendjnt des hautes Alpes pour habiter les plaines & les vallées, a quitte une nourriture fine & aromatique pour une nour- riture plus grolTière , & un air pur pour un air chargé de valeurs. Enfin, la très- grande reflemblance qui fe trouve entre V^'cagne & la chèvre doiuertique , doit, ce me lèmble, prouver en laveur de l'identité de leur efpèce. encore Le bouquetin que nous avons vu à Aigle (i) , & que l'on y volt , qui a été

routri par une chèvre , & élevé dans une vallée chaude, prouve que M. Guldenftrdt s'eft trompé en avançant que cet animal ne pouvoit pas devenir douielîique dans

d'autres climats le fien Si l'o;) enfuite les moeurs bouquetin que propre. examine du , tout nous indique les relTemblances avec les chèvres ; fa fociabilité & la douceur (3) font qu'il a pu facilement devenir domeflique, il a la gravité du bouc & la curiortté

inquiète de la chèvre. Il ne refieroit donc plus aucun doute fur l'identité d'efpèce de

ces animaux , s'il étoit prouvé qu'ils produilènt en:êmble quand le bouquetin eft dans l'état de nature le croire j'avoue cependant ; mais quoique faie de fortes raifons de , que je n'ai pu jufqu'à prêtent m'en procurer des preuves certaines, & ce qui rendra

toujours ces accouplemens rares dans les montagnes , c'ell que dans le tems où le

, les font bouquetin entre en chaleur ( c'ert-à-dire , au mois de janvier ) chèvres déji

il defcendues dans les plaines & les vallées. Mais eil du moins certain , que le bou-

quetin produit très-facilement avec les chèvres lorsqu'il ed privé ; celui d'Aigle , dont j'ai déjà parlé, a produit avec plufieurs chèvres , & cela dans un état de liberté , puifque c'étoit en pâturant dans les montagnes voifines avec un troupeau de ces

animaux. J'ai vu deux petits chevreaux que la chèvre fa nourrice avoit eus de lui , & un troilième provenant d'une autre chèvre (4) qu'on lui avoit préfentée lorfqu'il sUoit au pâturage , & qu'il avoit couverte tout de fuite. La difterence dans le tenis

du rut du bouquetin & du bouc n'ell pas elTentlelle entre ces animaux , parce que

l'on fait que ce tems vaiia par la domellicité , & que d'ailleurs il dépend , dans la

plupart des efpèces à pieds fo'irchus , de leur nourriiure phis ou moins abondan;e j,en

forte que le bouquetùi d'Aigle a produit plutôt que le bou]uetln fauvage , S: que les animaux libres en;rent plus tard en chaleur que ceux qui ont racheté la perte de leur liberté par le mince avantage d'avoir une pâture plus ample & plus fucculenie. Tout femble donc concourir a nous prouver que le bouquetin eft la fouche originaire des chèvres domeftiques.

[ (i) Specim. 700I. geograf. pag. 117.]

[ i^) Mém. cité fur le bouquetin. ]

[ (5) Mém. tité fur le bouquetin.] troi/ième [ (4) J'ai vu ce chevreau à l'âge d'un an ; fa mère étoit blanche , elle avoit été tenue renfermée ju'qu'.i ce que le bouquetin la couvrit au mois de novembre

1783 , & elle le fut depuis juf-ju'à ce qu'elle mit bas en avril 1784. Ce chevreau eil

mâle , rrlfemblant au bouquetin par fi figure & (es couleurs ; il avoit comme lui le

chanfrein un peu convexe , le front fort élevé , une rr.ia noire le bn^ de l'épine du

dos, w.e tranfverfale fur le garot, & une bande au bas des flancs ; un duvet laineux & dis grands poils plus roides fauves le & mêlés de br'm , vntre blanc , & en général toutes les couleurs de fon père. Il étoit plus fort plus lefle & plus vigou- , reux qu'un chevreau de cet âge ne l'eft ordinairement , mais fes cornes Ce rappro-

choient beaucoup plus de celles du bouc que de celles du bouquetin ; elles n'avoient

qu'une arrête longitud;nale , un nceud à h bafe & des rugofités , mais elles lont plus

grande: plus groiïès , fur-tout & à la bafe , que celles du bouc ne le font à cet âge. ] ,

SUR L'HIST. NATURELLE ET LES JRTS. SS9

Examinons main'.esani !e pien de Kinipfer : c'ert le même animal que Gmeli'ii le ji-une a depuis mieux t'ait connoife , & que M. Pjlias nomme ca/ra agagnis. 11 en donne une delcrlpton (i), & l'on voit qu'il rt-fTemble beaucoup au bouquetin par la figure , mais que la principale

qui reffemblent aux chcvres , ou que des bouquetins m.iles aient étiifies , infinin-ent couvert des chèvres domeiliques ; enfin , le jeune chevreau , dont j'ai parlé ci-deflTus, avoit des cornes qui paroiffoient devoir Ce rapprocher de celles de l'ïgagre , mais

fi comme je ne les ai pas vues dans leur état de perfeftion , je ne puis aiïurer elles leur reffemblent en effet. Quoi qu'il en foit , il efl probable que cet a'gagre pro- duiroit facilement avec nos chèvres , & je penfe que , vu Tes relTcmblances avec elles on doit ie confidc^'er comme une de leur race originaire. Une troificme efpèce de chèvre (auvr.ge, que M. de Buffon appelle capricorne C4), & qui pourroit bien être celle dont M. Giildenflidt a parié c;-de(Tus, S; qu'il a

trouvée dans les monts Caucafcs , nous (êmble encore une variété ou une race d^r.s l'efpèce primit've du bouquetin.

Il chèvres le bouquetin l'î'gagre paroit dore q'-.e des quatre fauvages connues, , ,

le capricorne & le chamois , celui-ci forme une efpèce voifne qui Le 1 s clicvres aux gazelles, mais que les trois premières font d'une feule & même efpèce qu'elles /ont ;

zool. fafc. defcription [ (i) S^. Xf , pag. <15 , 46. Nous tranfcrirons ici la des

cornes , afn que l'on puitTe les comparer à celles du bouquetin. Cornua fitfco-

, . , cincafceniia. fiiu rfclinata fuit lequalicer arcuaiii , yarùm divergentia ,

apicibus introrfum déclinât J. ; forma admodum comprejfâ , anierius carinatâ ,

latere interiore pLiniufcuh , extcriore convexo , at fecundàm carinam , à hnfi ad

médium longitudinallter \cavato , unde carina prodit angutiffima , ad bafîn

angulo in fronum procuriens , dehinc tuheribus prominentifflmi! circicer

quaternis , crafftiifeulis nodofa , totaijue hiulca & fuhlacera ; contra margo

cumuum qui dorl'o refpicit rotundjtus ,terfus ^prttter rugas crehras obfoletas , convexo quœ cornu ( prœter extremitatem comprejfam lervigatam ) totum carinte flexuofo iraclu cingunt , quarumque fingulœ luberihus refpondenies

magis preeruptœ , annotinas qiinjl vtiginas inierjlinguiint ]

[ (î) Nous ne voulons pas dire par cela qu'il n'exifte pa< de différences eflëntielles elles font lifTcs lieu entre les cornes des animaux (âuvages , quand au d'être chargées d'anneaux d'arrêtés elles font dirigées en avant au lieu de l'être ou ; quand en la contexture cfl différente alors ces diffemblances nous paroiffent arriè'e ; quand ,

'effentielles & fpécifiques ; mais nous les regardons comme rè'-peu conféquenies

quand elles ne contîftent que dans le plus eu le moins de grandeur , ou d'-cartement

des cornes, le nombre & la groffeur des anneaux ou des arrêtes , les rugofités , &c. ]

r ' (? lVI?m. cité fur le Bouquetin. ] BufFon tom. pag, du capricorne que le fquelette [ (4) , XII , 1^5, On neconnoît

& les cornes. 3 5(îo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les origines libres de nos chèvres domertiques ; & comme M. de Buffon dit pofîtivemeHt

le les chèvres ( i , nous penl^ins d'après tout que que chamois s'accouple avec ) , ce ces nous venons de dire , que quatre animaux rapprochés par les chaînes de l'efclavage , Ce font mêlés & ont formé avec les autres caules qui agiffênt fur les animaux domertiques, les différentes variétés de nos chèvres (i). M.iis ce qui me fait cependant douter du mélange de l'elpèce du chamois, c'eft que l'on ne trouve dans aucune des variétés de nos chèvres des cornes qui rciïemblent aux lîennes. ]

Nous venons au troifième animal anciennement domeftique , le chien ; nous avons prouvé ci-devant qu'on devoit le chercher fauvage, ainfi que la brebis & la chèvre dans l'Afie mineure & les pays limitrophes. Mais on trouve dans ces contrées quatre animaux fauvages plus ou moins femblables au chien ; l'hyène , le loup , le renard & le loup doré de Kxmpfer o\i fchacal des Turcs & des François. Flufieurs auteurs ont pris l'un ou l'autre de ces animaux pour le chien fauvage ; nous efpérons prouver que ce n'eft ni i'hyene , ni le loup , ni le renard , mais le fchacal.

[ Avant d'entrer dans cette ditculTion nous expoferons d'abord les principales opinions des Naturalises au fujet des animaux qui relTemblent plus ou moins au chien. Suivant M. de Buffon , le loup, le chien , le fchacal, l'adive , l'ifatis & le renard , font des efpèces fi volfines, qu'elles ne forment qu'une feule famille. Le fchacal , fuivant lui, eft un animal mitoyen entre le loup & le chien. L'ifatis fait la nuance du chien au renard , ni<^is il penche à croire que l'adive & le fchacal font deux efpècs différentes (5). 11 ne croit point que le loup foit la race originaire dii chien. AI. Zimmerman penfe au contraire que l'adive & le fchacal font de la même P.illas efpcce , & que les chiens font des loups devenus domertiques (4). Enfin , M. croit bien , comme M. Guldenrtardt que nos chiens dciA'ent principalement du , fchacal , mais il penfe que fon union avec le loup , le renard & l'hyène en a formé les dirtérentes races (j). )

Par la defcription de l'hyène ( tom. IX de l'Hift, Nat. de B.'; il par(>îc de la manière la plus évidente que cet animal diffère beaucoup du chien celle glandes l'anus par la forme de l'inreftin cxcum , par de? de , par la verge & les dents ; il en diffère encore effenriellement par le nombre des doiiits, en forte qu'il eft tout-à-fait impoffible que les variétés des chiens puiffenc provenir de l'hyène.

I.e loup reffemble au chien par fa forme , par le nombre de fes parties & par pinfieurs de fes mœurs; ce qui fait qu'il eft affez difficile rfadigner des différences caradériftiques entre ces animaux. Cependant plufieurs raifons s'oppofent à ce qu'on regarde le loup comme le chien

(i) Sup. tom. VI pag. 45 & 49- Hirt. Nat. ] [ , fafr. ces fauvages ont [ (?.") M. Pallas penfe aufii ( fp. 7.00I. Xi) , que animaux formé par leurs mélanges les différentes chèvres domertiques. ]

[ (3) Buffon , tom. XIV. ] Spec. 7.00I. geog. pag. S5 t (4) , 361. ]

, page /.ool. [ (ç) Obfervation fur la forme des iMo.itagnes note de la 313, Sp. note', fafc. XI, p-^g. } , J fauvage. SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 361

fauvage. Sa patrie n'eft pas celle où l'on doit rechercher un animal

anciennement domeftique ; il paroît propre aux pays froids , à peine en

trouve-t-on dans l'Alîe mineure , & il manque entièrement dans les pays

méridionaux. Sa taille forme encore une objedion contre cette opinion ;

car il eft probable que Fanimal auquel les variétés des chiens doivent leur origine, e(t d'une grandeur moyenne entre celle des plus grands & des plus petits chiens; or, les plus grands chiens ("ont tout au plus de la

taille du loup , & certainement on n'en trouve jamais qui foient le double

plus grands que lui , au lieu que les chiens qui font quatre fois plus

petits , font fort communs. Le loup diffère effentiellement du chien par la

forme du cœcum (i) , ainlî que par les proportions des inteftins ; la

longueur de l'ileum du loup eft .\ celle de fon corps , prife depuis

l'extrémité du mufeau à l'origine de la queue : : 4: I , & chez le chien

de berger : : 4. ^ : i. La longueur du cxcum du loup eft à celle de fon

: : : tandis chien : : : ileum I 16 I ; que dans le de berger elle eft 1 25?. La

longueur du colon & du redum du loup eft k celle de fon ileum : : i :

7 ,' , & dans le chien : : i : 5* ^. L'expérience tentée par M. de Buffoh vient encore à l'appui de mon opinion. Elle montre, que non-feulement

le loup refufe de s'unir avec le chien , mais encore qu'il lui témoigne antipathie. Ceci n'eft cependant pas exception une grande fans , puifque le célèbre Pennant affirme qu'il a vu un métis provenant d'un loup ?c

d'une chienne (2) ; on doit regretter qu'il ne nous air pas appris ii ce métis étoit ftérile ou non,

[ On a eu depuis ce tems-là plulîeurs autres exemples d'accouplemens prolifiques entre le chien Si le loup (Oi mais, comme nous l'avons prouvé ailleurs ('4), ils

n'indiquent point ici une identité d'efpèce , puifque c'efl un effet de la domefticitc,

de l'occafion & du befoin , mais non pas du rapprochement de leur nature.

Une des difFérences les plus eîTentielles qui fe trouve entre le loup & le chien , c'efl

celle de leur nature! ; les exemples fapport's par MM. de BulFon & Bomare (5), prouvent que fî les loups femblent perdre d;ins leur jeunelTe une partie de leur férocité, ils la reprennent en vieillilTant. Le chien craint , frifTonne à Ton approche, & le combat s'il efl le plus fort, fur-tout le chien de berger. Les loups ne vont jamais en troupes comme les chiens devenus fauvages , à moins qu'ils ne foient affamés , & c'efl alors plutôt un attroupement de guerre qu'une liaifon de paix. Le chien

il devenu fauvage efl, à la vérité , cruel; vit de rapine & de vol ; mais il s'apprivoifê

aifémem ((î), tandis que le loup n'eft point fufceptible d'éducation: il efl vrai que M. Zimmerman dit que dans l'Ainérique feptentrionale on les emploie pour la ,

garde au lieu des chiens (7) ; mais nous fommes obligés d'avouer que ce fait nous

[ (1) l^id. la figure du cxcum du loup , Hill. Nat. tom. VI[, pi. 1. ]

[ (^) T^id. Pennant , . of quad. pag. 144.]

[ (;) Zimmerman, 1. c. p.ig. 84. BufFon , tom. III , fup. ]

[ (4) Mém. cité fiir la difiinâion des cfpcces. ]

[ (0 Hifl. Nat. du Loup , tom. VU , Dift. de Bomare , art, Loup. ] Hifl. N.it. t (6) tom V , pag. 191. ]

[ (?) Spec. geog. pag. 87. t Tome XXIX, Pan. Il, 178(5. NOFEMBRE. Zz 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

parolt très-douteux ; il n'ell appuyé fiir aucune autorité , & cependant il efl zTec important pour mériter d'être confirmé par plufieurs témoignages. Auffi jufqu'à ce

que M. Zimmerman en donne des preuves convaincantes , nous fommes forcés de croire qu'il a été induit en erreur. Peut-être a-t-il ccnfondu les loups avec les chiens devenus fauvages qui s'apprî-

vo lent en eftet fort aifément. Les loups drellës dont parle Chardin , & que l'on voit

en Perle , ne font pas non plus une preuve que ces animaux peuvent devenir

domeftiques , comme le penlè cet Auteur, puifque ce n'efl qu'à force de peines & de foins qu'on parvient à leur donner cette forte d'éducation. D'ailleurs, on peut voir par le paftage fuivant de M. de Buffon ce que c'eft que cette éducation. « En

» Orient , dit-il , & (ur-tout en Perfe, on fait (ervir le loup à des fpeétacles pour le

» peuple , on les exerce de ieunetfe à la danfe , ou plutôt à une efpéce de lutte » contre un grand nombre d'hommes. On achette, dit Chardin jufqu'à cinq cent , » écus un loup bien dreffé à la danfe. Il nous ferable que cette fomme même prouver

» la difficulté de cette éducation. ]

Plufieurs catadères feroient plutôt prendre le renard pour un chierr

fauvage que le loup ; fa patrie eft telle qu'il auroit pu être beaucoup plutôt connu des premiers hommes & devenir domeflique; fa taille eft moyenne entre celle des plus grandes & des plus petites variétés des chiens; elles auroient donc pu en dériver. Cependant le renard diiFere encore plus elTentiellement du chien que le loup par plufieurs caradicres.

Le poil du renard eft infiniment plus doux que celui des chiens , C\ l'on en excepte un petit nombre de races, en forte qu'il ne paroît nullement vraifemblable que le chien lui doive fon origine, puifqu'un des effets de l'état de domefticité, doit être d'adoucir les poils & non pas de les rendre

plus rudes ; le raifonnement nous l'indique, mais l'exemple de la chèvre,

de la brebis, & plufieurs autres , nous le prouvent fuffifamment. Si l'on imagine la figure d'un chien fauvage, on conviendra avec moi qu'elle doit être telle que fon mufeau tienne le milieu entre les plus

pointus & les plus obtus de ceux des chiens domeftiques ; mais celui du

renard ne tient du tout point ce milieu, & il eft au nombre des plus

pointus ; ainfi ce caradère feul devroit empêcher de le regarder comme l'origine des chiens. Le renard diffère encore plus du chien que le loup par la forme de y'^ l'inteftin cxcum , ainfi que le montre la planche du tome VII de

l'Hiftoire-Natnrelle de M. de Buffon , & il s'en éloigne aulTî par les proportions inteftinales; car par les obfervations de M. Daubenton la lon- prife gueur de l'ileum eft à celle du corps , depuis l'extrémité du mufeau

la , dans le renard : : •* I dans le jufqu'à l'origine de queue 3 ^ i chien

: : , la colon du eft à l'ileum 4^ : l & longueur du & redum celle de ,

: : : chien : : i : dans le renard I 6 ; dans le ^ \. le le Enfin , les dents incifives , qui dans loup & chien font entièrement

feniblables , difFcrent beaucoup dans le renard ; les fupérieures ne font pas

trilobées ni les inférieures bilobées ; mais elles font toutes entières , fans être creufées par aucun fiilon, Quoii^ue l'ouvrage de M. de Buffon garde ,

SUR UmST, NATURELLE ET LES ARTS. 555 le (îlence fur ce caractère du renard , je l'ai cependant obfervé conftamment dans tous les individus que j'ai vus.

Si le renard paroît au premier coup d'oeil très-femblable au chien , il n'eft le cependant perfonne qui puifTe le regarder comme chien fauvage , après les différences que nous venons d'expofer. Les expériences entre-

prifes par l'illullre Comte de BufFon fur la copulation du renard ,

rapportées , rome VII , dans l'article du renard , & tome V , dans celui

du chien , doivent encore faire renoncer à regarder ces animaux comme de la même efpèce.

[ Il eft vrai que l'on etl parvenu dans le Duché de Meklênbourg à faire produire

une cliienne avec un renard mâle (i) ; mais cet accouplement, ainfi que celui du

loup , n'ert autre chofe qu'un effet de l'occafion Se du beloln , & ne prouve rien en faveur l'identité de d'efpèce. ] Après avoir expofé les différences fpécifîques qui fe trouvent entre le

loup , le renard & le chien , il nous refte à démontrer qu'il n'exifte aucune

de ces différences fpécifîques entre le fchacal & le chien , & que tout concourt au contraire à le faire regarder comme l'origine des chiens.

La patrie du Ichacal , qui eft proprement fAfîe mineure & les pays

limitrophes , eft celle des animaux les plus anciennement domeftiques , & telle que les premiers hommes ont pu facilement le connoître. D'ailleurs l'itiftind du fchacal le porte à fe tenir plutôt dans les endroits mon-.

tagneux que dans ceux qui font bas & champêtres ; ainfi il eft probable

que nos pères , qui habitoient aufîî les montagnes , l'auront plutôt fournis que le renard qui préfère les endroits champêtres aux endroits mon- tagneux.

La hardieffe du fchacal eft telle , qu'il va non-feulement dans les lieux

habités, comme le loup & le renard, "mais ce que ceux-ci ne font pas , il

s'approche des voyageurs , foit pendant le jour , foit lorfqu'ils repofenc

pendant la nuit fous des tentes, il les accompagne même affezlong-tems; c'eft ce que je puis aiïurer par mon propre témoignage & par celui de

tous les voyageurs ; en forte que cet animal eft entré dans la fociété des

hommes, pour atnfî dire , malgré eux, &: dans la fuite il a fuivi par un inftinift naturelles peuplesnomades.il paroît donc beaucoup plus probable que le fchacal foit le chien fauvage que le loup ou le renard.

Le fchacal eft d'une grandeur moyenne entre les plus grandes & les

plus petites variétés des chiens ; fon poil eft plus roide que ne l'eft ordi-

nairement celui de ces animaux , & il n'eft ni aufîî long , ni auftî coure

que celui des diverfes races du chien ; enfin , fon mufeau tient encore le

milieu entre les plus obtus & les plus pointus : quatre attributs qui femblent encore nous prouver qu'il eft plutôt l'origine des chiens que le renard & le loup.

[ (i) Zimmerman , fpec. zool. geog. pag. 47?. ] Tome XXIX, Pan. 11, 1786. NOFEMBRE. Z z a ,

554 OBSERF.iTIONS SUR LA FIITSIQUE.

Le fcliacal fe rapproche encore du chien par la forme des dents incifivs qui n'eft pas la même dans le renard, Se par celle de l'inteftin cxcum dans

laquelle le chien s'éloigne du loup Se du renard. Enfin , cette plus grande reireniblance , du chien au fchacal qu'au loup & au renard, le fait encore remarquer dans les proportions inteftinales. L'ileum comparé à

toute la longueur du corps , eft plus long dans le loup que dans le renard ,

mais dans le chien de berger il eft encore plus long que dans le loup , &

celui du fchacal a les mêmes dimetilîons que celui du chien , il eft même

quelquefois plus long , car il eft à la longueur du corps : : y : i ; le

eft à l'ileum : : i : le colon eft au : : 1 : carcum 31 , & reâum y ^.

[ De tous les chiens celui qui reffemble le plus au fchacal , c'efl le chien de berger, d'après le témoignage de M. Pallas (i). Or, le chien de berger eft celui qui Ce

rapproche le plus de refpèce fauvage & primitive , comme l'a très-bien prouvé

M. de Bufton ; la figure & les caracScres extérieurs viennent donc Ce réunir aux-

întérieurs pour prouver l'identité de ces efpèces. ]

Le fchacal eft encore plus femblable au chien par fes mœurs que pat

il fa figure ; pris jeune s'apprivoife facilement, Se devient très-carelfant

quand il eft à dicte ; il voit les homnjes avec plaifir ; il remue fa queue

pour exprimer fon contentement ; 11 rampe comme le chien ; fe roule fur foli dos avec un murmure de plaifir; il reconnoîr p. ifaitement fon maître, & il eft attentif au nom qu'on lui a donné; faute (ur une table quand on

l'y invite ; dort en rond , boit en lappant ; urine de côté ; l'es excrémens

font durs. Il vit en paix avec le chien , & ils fe (entent à l'anus ;rodeuc qu'il exhale par les glandes de l'anus n'eft ni auftî mauvaife que Dumont le

dit, ni approchante de celle du mufc, comme d'autres le penfent ; elle eft moins forte que celle du renard, & elle n'eft pas de beaucoup plus forte que celle que le chien répand pendant un orage.

[ Ce que dit ici M, Giildenflsdt eft encore confirmé par le témoignage de M. Pallas, qui a vu à Londres un fchacal qu'on avoit amené de Perfe. Il dit qu'il

s'apprivoife facilement , & ne donne point , comme le loup & le renard , des fignes

d'infidélité & de cruauté ; il recherche les chiens & badine avec eux : il fait comme eux des careffes avec la queue; & il aime qu'on le frotte fur le dos avec la main.

Enfin , M. Pallas ne doute pas que R on tentoit de l'accoupler avec le chien , ils ne produifilTent enfemble (1). Au fujetde l'odeur que répandent les glandes anulaires

(i) Plili illum viviim Zondini , & nuper è Perjîca adiatum à non folum

TiaUtii 6/ forma tôta , canihus villaticis grjcUiorihus & proceris , ijuales calmuci

viilgo aluni , fimillimum & inclinationiius atque morihus cani familiari , fed

Jimilimum ejfi non fine admiratlone oh[e/vav'uS^sc. zool. fafe. XI. ]

(i ) Homini eiiamfacillime , , uti adfuefcit nunquam lupus & vulpes cicurati ,

infidi animifigna edemlufufve cruenians ; canes non fugh,fed ardenter adpetit , cutn iifque colludit , ut plane nullum fit duhium cutn iifdem generaïutHm fi tentetur experlmenium. V'ocem defiderïi canims fimlllimam hahet ; homini cauda eodem modo abhlanditur & in dorfum provolvi dtque tnanibul demuheri amah Spec. lool. fafc. pag. *. XI , 3 , note SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. ^6$

du cliien je remarquerai qu'elle me paroît être la caufe di; l'ufage Gi'i , ils Çmt de Ce forte flairer au derrière. On fait qu'elle efl plus dans le tems du rut , & peut-être celle des femelles eft-elle différente de celle des mâles. ;

La tentative que j'ai faite pour utiir un fchacal mâle avec une chienne n'a réuffi le fatigué pas , parce que fchacal , trop du lonq vovacre d'Aftracan à Pérerfbourg ,' & tourmenté par une inflammation dans les

inteftins ( occafionnée, peut-être , par la fuppreflîon de la tranfpiration infenfible dans un climat trop froid ) périt avant que l'un & l'autre de ces animaux fuiïent parvenus à l'état de puberté & au tems du rut. Cependant pludeurs témoignages prouvent que le fchacal produit facilement avec le chien , & M. de BufFon l'aflirme dans fon chapitre fur la dégénération des animaux (tom. XIV. )

Les fchacals entrent en chaleur pendant les mois d'hiver , rarement dans les autres; ils courent alors la nuit par bandes, & pouffent des cris lamentables. Leurs hurlemens nereffemblent pas, à la vérité, à l'abboye-

menc du chien ; mais on ne peut douter que l'abboyemenr du chien ne foit un effet de la doniefliciré.puifqu'il n'abboie que par affedion pour fon maître, & pour l'avertir d un danger prochain. Or .comme ces catifesde la modification de la voix manquent au fchacal , l'abboyement lui manque auffi. Les petits qui font toujours avec l'homme, jappent beaucoup plus que les gros qui y vivent moins. Enfin , les rapports des vo'yageurs nous prouvent que les chiens de la zone torride & ceux de la zone boréale, (parce qu'ils vivent peu avec l'hommej font taciturnes & n'abboient pas, mais ils hurlent , feulement qaand ils font excités par la faim ou par l'amour. L'abbovement ne doit donc pas empêcher de regarder le fchacal comme le chien fauvage.

[ D'ailleurs, le chien de berger qui e(l celui qui refîêmble le plus au fchacal , ed auffi celui qui abboie le moins. Et ce qui prouve encore combien la domerticité influe fur la ces animaux c'eft que les hurlemens voix de , du fchacal apprivoifé , que

M. Pallas a vu à Londres , refrembloient à l'abboyement du chien. Ipfe quoque ejitlatus ejiu, cum latratu canum qulahunâo magnam hahet analoc'iam (i).

Enfin , j'di remarque que les chiens hurlent comme le fchacal dans le tems du rut, ce qui ert encore une analogie de plus entre ces animaux. ]

Le fchacal efl beaucoup moins dangereux que le loup pour les hommes

& les troupeaux ; il ne l'eft guère plus que le renard , & j'ai reconnu qu'il ert beaucoup moins féroce que M. de BufFon ne le dit. Il eft, à la vérité , carnaflîer,!! tue les petits animaux mangeurs de végétaux , dévore les cadavres, & même ceux des hommes, avale avideaient les chofes coriaces; il aime les railms comme le chien; on en a nourris dans la captivité, pendant un an & plus, prefqu'entièrenient de farineux & de pain. Mais.

(i) zool, pag. note. Spec. XI , 4 , 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, s'il eft moins vorace c]ue le loup & le renard , c'efl probablement à caufè de la plus grande érendue de (es inteltins.

[ Cette explication eft fondée fur ce que l'on a obfêrvé que les animaux carnadiers, plus TQracus que les frugivores , avoient les intellin? beaucoup plus courts , 8c elle nous fournit la remarque intéreiïante que parmi les animaux camaflîers ceux qui ont les inteftins les plus longs, font auffi les moins voraces. La facilité avec laquelle le chien prend du goût pour la charogne & le plaifîc qu'il refTent à fe frotter contre la plante appelée patte-d'oie fétide ( Laniark , p. 144 ) Si ( chenopodium vitlvar'tj , h. ) dont l'odeur eft en effet très-infede , ne décéle- roient-ils pas aulli fon ancienne origine ?

Nous ajouterons ici ce que l'Auteur de l'Hifloire des découvertes ( tom. 1 , p. 141 ) dit des mœurs du fchacal , d'après M. Gmelin le jeune. « Le fchacal eft un animal

» camaffier, il aime cependant auiïi les fruits comme le renard, aufli devient-il » fort gras en automne. Les fchacals fe tiennent pendant le jour dans les bois qut

» font dans la proximité des montagnes , à la nuit tombante ils quittent leur retraite i> & viennent vifiter les bourgs , les villes , les villages & les fermes du voifinage.

I) Ils ne paroiffent jamais qu'en compagnie de quelques-uns de leurs camarades :

» lorfqu'ils vont à la picotée , ils prennent l'alure d'un animal rampant , allongeant » la tête en avant pour mieux épier l'objet qui flatte leur appétit. Au moment qu'ils

» font à la pifte de quelque chofe , ils courent extraordinairement vite & furpaiïènt » le loup en vélocité. Dans les fermes toute la volaille eft en proye i l-^ur naturel

» rapace. Rencontrent-ils une porte ouverte , ou l'entrée d'une tente , ils font affèi

» imprudens pour enlever en pareille occafion , des bottes , des fouliers , tout ce qu'ils

» trouvent, même en habillement , du pain , du fromage , &c. & de le traîner avec

1) eux. Les cris qu'ils pouffent pendant la nuit font horribles, infupportables , & qu'ils pareils » reifemblent à d'aftreux hurlemens , entrecoupent par des abboyemens » à ceux du chien. Il y a toute apparence que Kïmpfcr dit vrai lorfqu'il prétend

» que fi l'un d'entr'eux fe m.et à hurler , tous ceux qui font à portée d'entendre (a u voix , font chorus avec lui ; au moins il eft certain que l'on en entend toujours

» hurler un g'and nombre à la fois. 'Du refle , il n'exifte aucun exemple dins toute foit jeune » cette contrée ( SUlian enPerfe ) qu'ils aient jamais attaqué aucun homme, , » foit vieux ». On reconnoît ici l'es moeurs des chiens devenus fauvagcs en

Amérique. ]

La faculté de recoquiller fa queue ne me paroîf pas être un caradère efTentiel au chien , & je perife que c'efl: un effet de fon état de domelticité.

Il ne porte fa queue relevée que quand il eft gai & content; lorfqu'il a quelque fujet de crainte, il la tient entre fes jambes. Toutes les variétés du chien ne la relèvent pas également, & toutes celles qui , comme le chien de berger (i) , ont les oreilles droites , portent la queue érendue , Sinon courbée comme le fchacal (2). D'ailleurs, il n'efl: aucune partie qui varie autant que la queue dans les animaux domeftiques , ainlî que la brebis & le chien le montrent. Cette différence entre le fchacal & le chien ne me paroît donc pas fpécifique.

(1) Bufion , tom. V, pi. i8.

[ (i) Cela n'eft pas généralement vra! ; car on remarque au contraire que tous les

ch ens loups qui ont les oreilles droites , auftl habituellement la Si renards , ont queue

relevée. ] ,

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 367 Je ne trouve donc aucune différence efTentielle entre ces animaux , quoique M. de BufFon penfe qu'il en exifte (i). La proportion & la

ftrudure de toutes les parties , tant extérieures qu'intérieures , ainiî que l'exiftence des caradcres qui doivent nécelFairement appartenir à un

chien fauvage, perfuadenr, & même prouvent que le fchacal eft le chien fauvage, & qu'il a donné naidance à toutes les diiFérentes variété: de ces animaux.

[ M. Pallas penfé aufli que le fchacal efl l'origine des chiens ; mais , comme nous

l'ayons dit , il croit que le mélange du loup , du reniird , de l'hyène & du fch.ical a formé nos différentes races domeiUques; nous avouons que cela ne nous partit pas auifi probable que le mélinge des dift'érentes chèvres fauvages dont nous avons parié ci-deiïlis, pufque ces animaux ne peuvent pas s'apprivoilèr, qu'on ne connoit aucun

pays où ils (bient domeftiques , & que la longueur de la ferviiude , le mélange des

races & l'influence des divers climats que les chiens habitent , font des caufes que

nous croyons plus que (uffifantes pour expliquer le grand nombre de leurs variétés. }

le d'Ariftote foit Que ckos le même animal que notre fchacal , je penfe avec M. de BufFon que cela eft très-vraifemblable, puifque, félon Pline (liv. 8 chap. T/iocs, luporum procer'tus , 3.J. ), genus long'nudine brevitate crurum dijjimile ,veloxJ'aUu ,venatu vivcns, innocuum homlni. JVlais que le panthère d'Ariftote foit le fynonime de thois ou le nom d'une variété du fchacal, je ne puis le déterminer; je n'ofe pas non plus affirmer

que l'adive ou adil de l'Arabie, Jeab de Batbane , Ja

Bengale, ^enlie ou kenlie du cap de Bonne -Efpérance , mebbio d'Ethiopie, & norï de Madure, indiquent, comme le penfe Al. de

BufFoH , le même animal que notre fchacal. Ce qu'Ariftote & les différens voyageurs nous ont appris des animaux qui portent ces divers

noms , eft trop court & trop indéterminé pour qu'on en puilfe conclure

quelque chofe de certain ; mais ce que je puis affurer, c'eft que le nom

de tulki que M. de BufFon qui fe fie à Olearius ( ) place parmi les

lynonime? du fchacal (2) , eft impofé dans la Turquie afiatique au renard

& non pas au fchacal , ce qui eft prouvé même par la defcription puifqu'il d'Olearius , donne à cet animal des oreilles noires , raradfère qui ell par-tout celui du renard, tanàis que le fchacal a toujours les

oreilles brunes. Enfin , il n'eft pas douteux que \t jakal vu en Guinée

par Bofman , & que M. de BufFon avoir auffi rapporté au fchacal , eft un trts-difFérent animal , que M. Pennant a fait connoître , qu'il a décrit, & nommé hyène tachetée (3).

M!\'l. Schreber Erxieber l'adive [Suivant Zimmerman (4) , (y) & {6) , eft une

(i) Buffon , article du Chien , & tom. IX pag. 77. , (z) W^m. Hift. Nat, tom. XIII. (5) Pen. fyn. of quad. pag. léi. l (4) Spec. zool. geog. pag. 561.] Saugthière, [ (î) III , 365. ] [ (6) Hill. Reg. Anim. pag. 57 tri 368 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, variété du fchacal. Pour le zenlie ou lienlie , c'ell une autre efpèce connue {ous le nom de canis mefoniclas , & dont on trouve une figure dans Schreber ( i). ]

Les voyageurs fe trompent facilement lorfqu'ils manquent de con-

noiilances en Zoologie , ou qu'ils ne font pas doués de cette patience néceiïaire à l'examen des animaux. Des voyageurs qui fe contenteroient des noms donnés les habirans, par alTureroient , par exemple , que dans l'Ukraine polonoile & la rulTe , en-deçà &: en-delà du Dynapim , on trouve des fchacdls, parce que l'animal auquel les habirans ont donné le nom de tchacal, y efl: de même fort commun. Mais celui qui examine avec foin , verra que ce tchacal de l'Ukraine eft le même anima! qui dans le refle de la RulTie & de la Pologne porte le nom efclavon de welk, & que c'ell le loup ordinaire.

[ Perfônne n'ignore combien les fatlffes relations & les faux rapports des voyageurs ont obicurci Thiftoire de la olupart des animaux , & quelle peine ils ont donnée aux Naturaliftes éclairés qui ont voulu démêler la vérité au milieu de ce fatras de contes ab'.urdes. Il (êroit donc à fouhaiter que l'on pût les mettre en état d'être utiles à la

Zoologie , fans qu'ils eulfent befoin d'études préliminaires approfondies , cela (erviroit aux progrès de la fcience , & faciliteroit les travaux des Naturalides. C'eft en partie dans cette vue q'ie nous avons fait une ana'yfe des animaux quadrupèdes , d'après les principes de M. de Limarlc , expofés dans fa Flore FrançoKè, à laquelle nous avons joint des defcrlptlons fiicclndes de ces animaux, rangées fuivam l'ordre da leurs reffemblances , & de très-bsniies figures. En forte que par le moyen de cet ouvrage , les voyageurs pourront , i°. reconnoître un animal quelconque , ou s'aifurei: s'il efl Inconnu ; i-^. favoir quelles font fes moeurs , & jufqu'à quel point il efl connu Njturalifles ;". des ; quelle efl la place qu'il occupe dans l'ordre des rclFemblances, c'efl-à dire quels font fes rapports & fes différences avec les autres quadruièdes. On , fent par ce (împle expofé qu'il fera facile à un obfervateur Intelligent de faire de nouvelles obfervatlons.fur les mœurs & la figure de plufieurs animaux, & d'éclaircir bien des doutes Pur leurs efpèces. Cet Ouvnge , qui contiendra beaucoup plus d'animaux que M. de Buffonn'ep a décrit, feralifré dans peu de temsà l'impreffion. ]

Il eft très-certain que fans compter le loup & le renard , il y a d'autres animaux qui ont plus ou moins de rapports avec le fchacal , comme pat exemple, ïijaiis , animal indigène de la Sibérie , dont la defcription fe trouve dans lesNov. Corn, de Pécerfbourg, tom. V , & dans le tom. XII[ de l'Hift. Nat. de BuiFon , & le corfac , animal commun dans les cam- pagnes à l'orient de la mer Cafpienne , & dont on trouve une notice dans la douzième édition du Syft. Nat. de Linnée. 11 faudroit favoir fi les noms indiqués ci-delTus appartiennent à un de ces animaux, ou s'ils défignent: des efpèces différentes. La même queflion pe it fe faire au fujet des animaux d'Amérique, le gqfc/iis ou gofque & \'alco. Mais on ne peut rien répondre de certain avant que les Zoologues aient bien comparé ces animaux entr'eux.

(i; Saugthière, [ III, pag. 370, pi. po. ] Tout ,

SUR VmST. NATURELLE, ET LES ARTS. 369

Tout ce que nous pouvons afTurer après un examen approfondi, c'efl:

que cet animal , qui forme la race fauvage de nos chiens , eft indigène dans toute la Perfe &: la Turquie afiatique, qu'on le trouve rarement dans

les plaines , mais qu'il eft les commun dans endroits montagneux ; enfin , qu'il ne fe trouve pas vers le nord au-delà de la cîme du Caucafle. Les

Tartares , les Turcs , les Perfes , & les Kuflès du Gouvernement d'Aftra- can, l'appellent communément du nom defc/iacal, en changeant delà

voyelle a en i & en e , & prononçant l'initiale ou d'une manière plus ou douce, d'une manière plus rude, comme le yc/^ ou l'cS" latin , ou audi 1'/ comme ÏJ François ; mais jamais, que nous fâchions , comme alle-

mand ; ainfi dans la tradudion allemande de l'Hilloire-Naturelle de Buffon M. de , on a mal appelé cet animal iacal , qui en François avoir

été très - bien nommé par l'Auteur jacal , ou chacal. Nous lui ce qui eft plus confervons nom commun , plus vrai, & qui d'ailleurs eft:

plus déterminé que celui de loup doré ou chryfei ; car ni le chien, ni le chacal ne peuvent être pris pour un loup dégénéré par le climat. Le

fchacal , le loup & le renard font tous les trois fort communs en Géorgie, & cependant les caradères diftindifs de ces efpèces fe font

toujours confervés , & il eft très-connu chez les Géorgiens que I'oh

appelle le fchacal purca , le ïoup gmeli , & le renard mêla. Après avoir fait précéder les difcullions critiques aufiijet du fchacal

examiné ce que Kscmpfer nous en a laifle (1) , & ce qu'en a dit notre collègue Gmelin (2), fi nous omettons ce qu'on a d'ailleurs de peu exacfl

Cir cet animal fi célébré par les voyageurs, il eft certain que le fchacal n'a point été bien connu. Nous donnons donc ici une defcription exade

détaillée de cet animal que les Zoologues , & particulièrement & ,

MM. Linnée (3) & Pennant (4) , défiroient ardemment. Je l'ai fouvenc vu en Géorgie , & je l'ai difféqué. Les Naturalilles peuvent juger d'après- ma defcription des différences ou des reflemblances qu'il a avec les animaux voifins, & ils pourront , fans fe tromper, le reconnoître fous quel nom qu'on le leur préfenre.

Defcription du Schacal.

La taille du fchacal furpafle à peine celle du renard ; quant au refte de l'habitude de fon corps & fa phyfionomie , il tient le milieu entre le loup & le renard. Je n'ai jamais vu d'individu de la longueur de trois pieds &

fi) Amsnir. extot. pag. 473.

(l) Itin. tom. 5 , pag. 80. Syft. nat. edit. li tom. 60. Defcripiio inqult geniiina. (5) Vid. Ei. , I , pâg. , , déficit.

(4) fid. Ei. Sinop. of quad. pag. 159. It is ftrange , that an animal focommon in the levant , should never hâve been brought over to he defcribed by any modem. Naturalifl. Ihe defcriptions yet remain ohfcure. Tome XXIX, Paru II, 1786. NOVEMBRE. Aaq ,

^70 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

demi, comme l'indique Gmelin (1. c. ), cependant je ne veux pas infirmer fon obfervation. La longueur de tous ceux que j'ai eu occafion

de voir , mef urée en ligne droite depuis l'extrémiré du mufeau jufqu'à l'origine de la queue, a varié de. 26 à 28 pouces niefure de Paris.

[ La figure de.la planche première efl tirée de l'Ouvrage allemand de M. Schreber Saugtliière elle { ) ; m'a paru beaucoup meilleure que celle qui accompagne le

Mémoire de M. Guldcnflacdr. ]

La tête eft beaucoup plus courre, le mufeau plus obtus, la gueule moins renflée, le front plus convexe & plus faillant en arrête, que dans le

renard ; l'/Vij brun-jaunàtre ; le w^ dépalTant un tant foit peu la lèvre fupérieure, nud, noir , un peu humide ; les narines recourbées en dehors-, les lèvres noires & un peu lâches ; la langue douce. Les mouftaches font rangées en fix ordres fur la lèvre fupérieure; celles de defTus font plus éloignées, plus courtes & recourbées ; les autres font

horifontales : fur la lèvre inférieure les rangées font moins régulières;

elles fe rencontrent fur les bords des côtés de cette lèvre ; la longueur des mouftaches varie, mais n'excède pas 3 pouces. Il y a fept verrues fur la face , une fur chaque orbite dans le milieu de

!a paupière fupérieure , avec trois poils ; une au-deffous de chaque œil oppofée à la fupérieure, & dans la même ligne que la comifFure des lèvres, ayant trois poils; une à chaque glande parotide, fituée dans le milieu deladiftance entre l'angle de la bouche & l'ouverture des oreilles, ayant deux poils; enfin, une impaire à la gorge ayant beaucoup de poils longés; les foies de ces verrues font à-peu-près égales à celles des mouftaches & de la même couleur , toutes noires , elles font roides &: prefque de la confiftance de la corne; mais dans la verrue feule il y a

trois foies plus ou moins roides , rongées comme au loup & au renard.

Les oreilles droites, femblables à celles du renard , mais plus courtes toutes velues, intérieurement blanches, extérieurement brunes, légèrement noirâtres, mais jamais noires comme celles du renard.

Le cou & le corps femblables à ceux du renard , cependant le corps plus eflîlé, car le plus grand diamètre du tronc , pris perpendiculairement, eft de 7 pouces , & tranfverfalement y pouces.

'Le^ pieds femblables à ceux du renard , fi ce n'eft plus élevés; les doigts velus en forte entièrement , que les ongles paroiffent à peine ; mais il y a fous chaque pied cinq tubercules nuds & noirs, fur lefquels l'animal marche, dont quatre répondent à l'extrémité des doigts ; mais le cinquième eft pofé entr'eux , il eft rapproché & plus grand. On trouve auftî dans la jointure du carpe une verrue conique petite & noire. Quatre doigts aux pieds dont les deux du milieu font un peu plus longs que ceux de chaque côté; tous ont des demi-membranes entr'eux. Le dans les pieds pouce manque de derrière; il eft élevé , plus court que les autres doigts , & placé fur le côté intérieur du métacarpe dans les pieds de ,,

SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. 371 devant. Les ongles de cous les doigrs Se des pouces font égaux noirs comprimés , courbés en deiïbus , un peu pointus , courts & fixes , [c'elt-à-dire, non-retradibles. ]

La queue renflée au milieu, mince à l'extrémité , foute velue,

flefcendant à peine jufcju'au talon , fort femblable à celle du loup , mais pas

autant à celle du renard ; quand l'animal court , il la porte étendue , fans cela elle eft pendante. pirinée Le large d'un pouce & demi poileux ; les lèvres de la vulve , ferrées , yelues , le clitoris conique & qu'elles couvrent fur la longueur de trois lignes ; le vagin a trois pouces & demi de lona ; le fcrotum Si le prépuce ferrés, un peu velus, femblables en tout à celui du chien. Les

mamelles ne font pas vifibles dans les mâles , & difficiles à découvrir dans les femelles qui n'allaitent pas; j'en ai compté quatre ou cinq plus ou moins diftindes de chaque côté. Les poils beaucoup plus roides que ceux du renard, mais à peine plus forts que ceux du loup ; ils font très-courts fur le mufeau , un peu plus

longs fur le refte de la tête Se fur les pieds ; beaucoup plus longs fur

l'abdomen ; encore plus Jongs fur le dos , où ils ont plus de trois pouces; extrêmement longs à l'eitrémité de la queue, où ils ont quatre pouces. Les crêtes longues Se la rencontre des poils en fens rondes , [ formées par contraire] Se qui dans le chien font affez évidemment compofées de

poils courts, le font audi dans le fchacal ; elles font effacées & on les diflingue à peine.

Le duvet ou fécond poil, eft gris-cendré fur le corps; il eft la moitié plus court que les autres poils. Je ne trouve pas la couleur auftî belle que

les Auteurs l'ont dépeinte , Se je n'y vois certainement pas l'éclat de l'or j

tout le deffus , moins ombré de l'animal rft jaune-fale , plus noir fur le dos

fur les côtés , delfous jaune blanchâtre. Les pieds d'une feule couleur qui eft brune-fauve; le plus fouvenr, mais pas toujours, la jointure

du carpe eft marquée fur la partie antérieure , d'une tache noirâtre

effacée. La queue eft de la même couleur que le dos , noire à la pointe.

Chaque poil du dos eft marqué de quatre bandes , ils font blancs a la bafe,'puis noirs, eiifuite fauve Se la pointe eft encore noire; les deux

premiers anneaux occupent les deux tiers de la longueur de chaque poil ;

mais les poils de la queue font feulement blancs à la bafe , le refte noir. Je donnerai les dimenfions des parties externes qui font les plus eiïêntielles dans un animal qui ne diffère de plufieurs efpèces voifines

que par la proportion des parties , Se je me conformerai au célèbre Daubenton.qui a donrié dans le tom. VIFde l'Hift.Naf. les dimenfionsdu

loup Si Au renard. Mes mefures font de même , en pouces Se lignes de Paris. Longueur de l'animal depuis fexrrémité du mufeau jufqu'à l'origine de la queue 27 p. 9 1. Hauteur du train de devant 17 ^ Tome XXIX, Part. Il, NOVEMBRE. 1785. A aa 2 ,

37^ OBSERVATIONS SVR LA PHYSIQUE, Hauteur du train de derrière i8 p. o I. Longueur de la tête depuis le bout du mufeau juiqu'à l'occiput 6 Circonférence du bout du mufeau ^ g. • mufeau prife vers les yeux .6 3 Contour de l'ouverture de la bouche .... 6 Diftance entre les nafeaux ^ Diftance entre le bout du mufeau & i'angle antérieur de l'œil 2 6

— ' — l'angle poftérieur de l'œil à l'oreille 2. i Longueur de l'œil d'un angle à l'autre .... p Diftance entre les angles antérieurs des yeux mefurés en fuivant la courbure du chanfrein ... I 7 La même diftance en ligne droite .... I } Circonférence de la tête prife entre les yeux &: les oreilles ,.,.ii Longueur des oreilles .2 9 Diftance entre les deux oreilles prife dans Itbas 2 4 Longueur du cou éÊ , «" Circonférence du cou 9 — corps prife derrière les jambesde devant 14 — à l'endroit le plus gros . . . IJ 4 ——-^ devant les jambes de derrière . . 15 4 Longueur du tronçon de la queue lO

Circonférence de la queue à l'origine , . . . 6 Longueur de l'avant- bras depuis le coude jufqu'au

poignet j' j> Circonférence du poignet 3 6 métacarpe 2 lO Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles 4 3 de la jambe depuis le genou jufqu'au talon 6 Circonférence du talon 4 — métatarfe 2 7 Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles . J 6 Longueur des plus grands ongles 8 Par la comparaiibn de cent defcription & de ces dimenfions avec celles que le célèbre Daubenton a données (tom. V de l'Hift. Nat.) des variétés des chiens, il eft évident que c'eft le chien de berger tom. V pi. 28 ( , )

qui a le plus de rapport au fchacal. Cependant il ne faut pas diflîmuler qu'il y a des chiens qui ont encore une plus grande reffemblance avec le fchacal ; J'ai vu en Ruftîe des chiens ordinaires qui avoient une robe, brun-jaunâtre, d'un poil peu long, les oreilles droites & le mufeau pointu, trcs-fembJables par la gr^ndeut & par d'autres cata

Les parties molles intérieures du chien , du loup fie du renard , faivant

les obfervations de M. Daubenton , ne différent entr'eiles que par la

forme & les proportions de l'inreftin cœcum ; mais en cela le fchacal ne diffère pas tout-à-faic du chien. Les courbures de l'inteftin ccecum du

fie fchacal , repréfenté dans la pi. 2. , font doubles ( a ^ ) , par le premier

appendice {c) , il s'approche de l'inteftin grêle ( d) , par le fécond ( e ) il tous les lont liés par tilîu revient vers le colon {/ ) , deux fortement le cellulaire par le troifième qui eft urt libre ; appendice [g) , peu , fouvent plus étroit que les autres, le tond (h) du cxcum étant proéminent, il s'approche derechef de l'inteftin grêle. Si on compare la figure de la même partie du chien, qui fe trouve dans la pi. 46,tom.V de l'Hift. Nat.il

paroît qu'il n'y a nulle différence. Ci ce n'eft dans la manière de repréfenter ces obj.ets.

SUITEDES RECHERCHES SUR L'ALKALI MINÉRAL NATIF;

Par M. Lorgna:

Traduites par M. C H A M P Y , Je VAcadémie de Dijon (l).

X L.

De la décompojition du Sel commun.

\/uoiQUE nous ayons acquis précédemment quelques lumières fut le fel commun & fes principes prochains dont nous avons reconnu l'exiftence dans les animaux vivans dans l'océan; quoique, trouvant dans ces mêmes animaux la magnéfie jointe au natrum ou alkalj mi- néral libre, il paroiiFe clairement qu'e l'union confiante des fels mu- liatiques à bafe de natrum & de magnéfie n'eft pas accidentelle; ce- pendant nous ignorons encore quels moyens emploie la nature pour décompofer ces fels (fi elle les décompofe ), particulièrement le pre- mier qui eft parfaitement neutre. On peut donc toujours demander , comme nous l'avons fait ailleurs, fi ces principes libres dans les ani- maux y font dans un état de féparation originelle , ou s'ils provien-

i) le cahier juillet page feptembre page léi celui ( Voyei de , 30 , cejui de , , & d'oâobie, page lyj. ,,

374 OBSERFJTIONS SUR LA PHYSIQUE , nenc des fels marins décompofés. Ce que nous avons die §. XXFX ,' de la terre calcaire relativemerit aux êtres organifés ,peuc s'appliquer pareillement au natrum & à la magnéfie ; il eft polTibie que leur exiftence dans la narure foit indépendante du fel marin , cependant il paroît à propos de taire quelques recherches particulières fur fa décompofition , elles (éront très-utiles en elles-mêmes & nous feront connoîrre à quels paifTans agens il ell befoin de recourir pour obtenir cette décompofition,

X L r.

Il n'eft aucun fel dans la narure qui puifTe fe décompofer, C\ ce n'eft par l'intermède d'un agent étranger, qui, exerçant une affinité fupérieure fur l'un de fes principes, lailfe l'autre ilolé, & le met en liberté. En parcourant les différens procédés qu'emploie la chimie fur les fels, toutes fes tranfmutations & fes précipités, on ne trouvera jamais aucune décompofition qui ne foit due à tel ou tel intermède qui l'a opérée. D'après cela , la queftion fut la décompohrion du fel commun fe réduit à trouver un agent qui ayant plus d'affinité avec l'acide muriatique laiffe l'alkali ifolé, ou qui par une plus grande affini-

té avec l'alkali rende l'acide libre. Comme dans ces. deux cas , un feul des deux principes fe trouve libre & l'autre combiné de nouveau quoique le fel foit décompofé, il eft nécelTaire pour obtenir ce fécond principe de détruire fa nouvelle combinaifon & de le rendre libre & ifolé comme l'autre. Nous voilà au point de chercher à dégager les deux principes confti- tunfs du fel commun; mais, laifTant à part les procédés néceiTaires

pour dégager l'acide muriatique , qui font communs & très -connus,

nous nous occuperons ici de ce qui eft le plus important ; c'eft-à-dire d'obtenir la fonde ou l'alkali minéral libre, quel que foit le nouvel état de la partie acide dont on l'aura dégagé. Il y a deux voies pour

parvenir à ce but, l'une direde, l'autre indirede , dont nous avons ci-devant fait mention; l'une en s'emparant de l'acide par quelque ftibftance qui lailTe l'alkali libre, l'autre en enlevant l'alkali à l'acide muriatique par un intermède que l'on puiiïe dégager plus facilement

que cet acide. Pour réuflîr par la première de ces deux voies , il fe-

roit nécelTaire que la fubftance dont on feroit ufage , fût fixe & eût avec l'acide muriatique plus d'affinité que la foude, pour s'emparer

de l'acide & mettre l'alkali en liberté ; mais toutes les expériences &: les tentatives faites jufqu'à ce jour, n'ont pu nous faire trouver dans

les difFérens règnes de la narure , de fubftance qui dégage coraplette- ment l'alkali du fel commun & le rende totalement libre & pur. Les différentes décompofitions de ce fel qu'on attribue à l'art font très-équi- voques & ne doivent pas être confondues avec celles où l'alkali eft en» SUR VffIST. NATURELLE ET LES ARTS. 371 tièrement dégagé de l'acide muriaticjue &c rendu libre par une affi- nité fimple. Le procédé de l'illallre Bergman dont nous ferons men- tion à la fin de ce mémoire, s'il avoit reçu cette fanclion univerfelle qu'exigent les faits capitaux dans la pliylîque, pourroit être regardé comme la caufe de cette véritable décompofition dont nous parlons.

Quant à celui où^on emploie la litiiarge , il feroit déjà connu ù la dé-

compofition cjui en lélulte étoit complette & totale, & s'il avoit ces caraitcres qu'on exige pour être employé en grand , promptement & avec économie. 11 eft prouvé par toutes les expériences qu'ont faites Se les favans Phyficiens le lépétées plus , que feu , cet agent le plus puif- fant & le plus fixe de tous ceux qu'emploie la nature & auqiîel rien

ne peut téiifter , ne peut dégager 1 acide muriatique de fa bafe alka-

line. On doit en conclure que cet acide n'eft pas difpofé à fe com-

biner avec le feu , & que cet agent n'eft pas propre à décompofer

le fel commun ; c'eft ce qui doit nous faire comprendre que dégager immédiatement & completrement l'alkali des liens qui l'unilTeiit à l'a- cide muriatique, n'eft pas une opération commune qu'on puifTe attri- buer légèrement, ou à l'atténuation fans bornes du fel commun de- venu partie conftituante des animaux (ce qui n'eft qu'une divifion méchanique & jamais une vraie décompofition), ni au feu même le plus violent qui ne fait que le fublimer &c le volatilifer fans pouvoir le décompofer véritablement; jufqu'à ce que nos connoilTances foienc plus avancées &C que nous ayons découvert dans quelques fubftances non encore éprouvées une nouvelle affinité plus puiffante qui dét^age

l'alkali parfaitement & dans toute fa pureté, il eft à propos de nous appliquer à l'autre voie dont nous avons parlé; cet objet eft d'autant plus important qu'on n'a certainement pas encore mis en ufage tous les moyens propres a obtenir l'alkali pur que nous cherchons à nous procu- rer pai deux opérations fucceftïves. XLIL

Si on a en vue le bénéfice d'un travail en grand, &c qu'on ne fe

borne pas à des effais de laboratoire , il n'y a que les deux acides vi- triolique & nitreux qui foient affez communs & abondans pour être employés dans la première opération à chafTer l'acide du fel commun put & à fe préparer dans la féconde le moyen facile & très- connu oe la combuftion. Mais ni l'abondance de l'acide nitreux libre, ni

fon prix , ni moins encore la quantité de nitre natif ne peuvent promet- tre en grand un fuccès qui foit préférable à celui qui réfulteroit de l'ufage des fels neutres vitrioliques dont regorgent les entrailles de la rcrre. L'illuftre narurallifte M, Fortis a trouvé une nirrière naturelle à

Molfeta dans le Royaume de Naples , & fa découverte eft aulîi utile

au Gouvernement qu'elle eft honorable pour lui , pat fa ûng.ularicé Si .

37(5 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE , la richefle de fes produits; mais quand mcme on parviendtoit ou a trouver en plulieurs iieux & en quantité, du nitre naturel, ou à en

produire en abondance artificiellement , ce Tel eft par lui-même trop précieux dans les arts pour qu'on pût l'employer à d'autres ufages Se particulièrement à la décompodrion du ftl commun. Il eft donc re- fans qu'il foit befoin d'autres connu , preuves , que dans les opérations en grand, l'acide vitriolique eft le feul dont on doive fe fervir pour

décompofer le fel commun, parce que, comme nous l'avons dit, il fe trouve abondamment & à vil prix, foit à bafe terreufe, foit à bafe métallique. Il eft connu qu'en mêlant du fel commun avec un fel vitriolique

à bafe terreufe ou métallique , & foumetrant enfuite ce mélange à un teu vif, il arrive que l'acide vitriolique cliaffe l'acide muriatique &

s'empare de fa bafe alkaline avec laquelle il forme du vitriol de foude. On fait auftî que par le phlogiftique on parvient dans une féconde opération à dégager l'acide vitriolique & à mettre l'alkali minéral en pleine liberté. Sans rapporter ici les autres procédés connus & ufités bornerai la dans plufieurs fabriques , je me à expofer découverte qui m'a réuftî pour la première opération ou la formation du vi- triol de foude, & je dirai enfuite ce que j'ai eiïàyé pour la féconde opération,

X L II r.

Si nous examinions attentivement une infinité de phénomènes qui fe prélentent chaque jour dans les trois règnes, par les opérations fpontanées de la nature , il n'eft peut-être pas de moment où nous ne puilîîons la furprendre travaillant à des converfions & des tranf- mutations merveilleufes. Elles font ordinairement dues aux affinités qui mifes en adion , s'exercent en filence & graduellement par le con- taâ: des fubftances tendantes à s'unir , & avec l'aide de quelques inter- mèdes fubfidiaires tels que la chaleur, l'air, l'eau ou autres agens. Quelques-uns d'entr'eux deviennent parties intégrantes des nouvelles produclions, & d'autres ne font que les véhicules des ttanflations &C permutations de principes qui fe fuccèdent infenfiblemenr. La feule produdion du vitriol de mars & de l'alun par la déconipofition fponr tsnée des pyrites martiales eft un exemple familier & aulfi lumineux qu'aucun autre. Il ne manque aux hommes que la patience. Avides de tout voir dans ce moment , ils ne font pas réflexion que le plus gxand nombre des opérations de la nature , ne fe fait qu'avec lenteur & avec l'attention de préparer fon laboratoire & de mettre les fubftan-) ces opérantes dans des circonftances favorables...... ?

Croiroit-on qu'un peu plus de deux parties de vitriol de marS ; mêlées avec une partie de fel commun , étant agitées de tems en tems SUR VHIST. NATURELLE ET LES 'ARTS. 377 tenis & entretenues un peu humides, ne préfente après 40 ou JO jou's aucuns vertiges de Tel commun ni de vitriol de mars, mais un vrai vitriol de foude qui remplace ces deux autres fels? Ce beau phénomène eft le produit d'une double décompoficion opérée en filence par la nature. J'ai répété cette expérience plufieurs fois, elle l'a auilï été par un de mes amis fans autre humidité que l'eau de criftallifation des

deux fels , & il en eft toujours réfulté un vitriol de fouJe bien carac-

térifé. Au refte il paroît cellement_uni à la terre martiale que les fîl- trations ne peuvent l'en féparer entièrement. L'expédient le plus prompt que j'aie trouvé pour achever cett^ fépararion eft de le calciner for- tement pendant quelques minutes, ce qui me fait conclure que ce n'eft

pas une pure ochre martiale que cette fubftance qui ell fi adhérente au vitriol de foude, qui fe diffout avec lui dans l'eau & paffe à tra-

vers les filtres, mais, en grande partie du muriate martial ; ce qui prouve qu'il fe fait deux nouvelles combinaifons, l'une de l'acide vitriolique avec l'alkali minéral, l'autre de l'acide muriatique avec le fer, & celle- ci peut enfuite fe détruire par la calcination. C'eft ainfi que par une

premiè're déconipofition , on obtient le précieux fel de Glauber,fans <]ue fel autre dépeiife celle du commun & du vitriol , qui peut être très-petite en n'employant en grand que des matières communes, par- ticulièrement celle du fel commun qui eft à très-bas prix dans les pays maritimes. Ce procédé n'exige audî d'autre manipulation que le mé- lange du vitriol & du fel, après lequel on abandonne l'opération à la nature.

J'avois éprouvé autrefois , & je m'étois aiïul-é par des expériences

inconteftables , que le fel commun fe décompofoit par le nirre à bafe terreufe en les mêlant enfemble fans autre opération fubfid:aire que

de tenir ces deux fels un peu humides. D'après cela , je tentai la mê- me décompofition en mettant le fel en contaft avec le vitriol de mars, & j'y réuffis parfaitement. Ce procédé n'étoit pas encore connu, je m'en fuis alFuré en parcourant les traités de chimie les meilleurs Sc les plus renommés, afin de rendre juftice à celui qui m'auroit préve- nu dans cette utile découverte. J'en trouve encore une preuve indi- recte dans le prix auquel fe vend dans toute l'Europe le vitriol de foude, trop cher pour qu'on puilTe jamais le fubftituer au fel d'epfom & autres analogues, quoiqu'il foit fans contredit préférable à tous les fels cathartiques connus; au lieu que la compofition en eft maintenant

fi facile & fi peu difpendieufe, que l'ufage en eût été établi quel-

que part, fi mon procédé avoir été découvert par quelqu'un. Si on confidère que loo liv. de fel de Glauber ou vitriol de foude

criftallifé , contiennent, fuivant Bergman, ly liv. de natrum ou liv. d'acide vitriolique yS liv. d'eau de criflallifation foude , 27 & ; criftallifé en contiennent t!ue lOO liv. de fel commun "J2 de foude, Tome XXIX, Pan, II, 1786. NOrEMBRE. Bbb ;,

378 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ^2 d'aciie, & 6 d'eau; & qu'enfin lOO liv. de vitriol de mars de fer d'acide vitnolique & d'eau; criftallifé en contiennent 23 , 59 38 on trouvera par un calcul facile, qu'en mêlant 2 77 de fel commun fel Glaubec avec 4 ^ de vitriol martial, on peut obtenir 6 3 de de ou vitriol de foude criftallifée. On voit ici la grande utilité de cette découverte en comparant le peu de valeur des fels employés avec la

quantité de vitriol de foude qui en réfulte ; la calcination néceflaire

pour décompofer , comme il a été dit , le muriate martial & eu réparer l'ochre, ne méritant pas qu'on en faffe état. Le rems d'en- viron yo jours prefcrit pour la décdlhpofition mutuelle des fels vitrioli- que & muriatique, s'abrège beaucoup lorfque ces fels font purs &C qu'aucune matière étrangère ne dérange leur contaû. Nous voilà

donc parvenus à enlever l'alkali minéral à l'acide muriatique , & à l'obtenir dans le vitriol de foude combiné avec un nouvel acide

fur lequel , comme on le fait , le feu a plus d'adion qu'il n'ea a lui-même fut l'alkali minéral auquel il eft unL XLIV.

La féconde opération néceflaire pour rompre par le feu les nou-' veaux liens de l'alkali minéral avec l'acide vitriolique, & obtenir la

foude dans cet état de pureté que nous cherchons , étant familière &C très-connue, je m'occupai d'une expérience, qui, à ma connoifTance, n'avoit pas encore été faite. Je tentai d'obtenir une vitrification com- plette en mêlant avec du fable le vitriol de foude de la première

opération ( Macquer , Diâiort. de Chymie , deuxième édition , tom. III , cette expérience à raifon la affinité page ^6^ ). Dans , de grande de

l'acide vitriolique avec le phlogiftique , on dévoie voir fucceflîvemenc

un vrai foufre fe former , fe détruire en brûlant , enfuite l'alkali rendu libre devenir le fondant immédiat du fable, 5cla vitrification s'achever peu-à-peu. Pour mieux obferver ce qui fe pafToit dans cette opération,

je la fis fur des charbons allumés, à la lampe, avec un chalumeau & le fecours d'une perfonne accoutumée à fe fervir de cet inftru- menr. Je pris 12 parties de vitriol de foude en efflorefcence & 8 pat- ries d'un fable très-fin, qu'on emploie dans la fabrique de Murafco les ayant mêlées enfemble, je les fournis à la fufion fur un gros mor-

ceau de charbon que j'avois creufé , & à l'aide de quelques autres char- bons j'y formai une efpcce de fourneau de réverbère. Dans le princi-

pe , le fel fe liquéfia, il fe rapprocha enfuite & la malTe fe durcit, peu après elle commença à devenir pàteufè & à bouillir avec bruit,

il parut enfuite quelques "taches à la fuperficie, qui en s'ouvrant jettoienc «ne flamme d'un jaune pâle, qui fucceflîvement fe fonça de plus en

plus. L'odeur qui en fortoit écoit celle du foufie , & peu-après on le ,

SUR VmST. NATURELLE ET LES 'ARTS: 37^

• vit clairement brûler de toutes parts , il fe forinoit & fe de'truifoit fucceflîvement par la combuftion, particulièrement dans la place où j'avais foulevé avec un fer la matière en fufion. On fufpendit le tra- vail la , matière refroidie étoit d'un rouge obfcur & avoit une odeur fétide infupporrable. J'y reconnus manifeftement l'hépar ou foie de foufre ce qui , prouve qu'il y avoit de Talkali combiné avec du foufre, qui n'étoit pas encore brûlé. Peu après , je continuai l'opéra- rion fur ce foyer de foufre, la matière par l'avîtion du feu commença à diminuer à la fin & les flammes fulfureufes cefsèrent de paroi- tre. La matière fe mit à filet comme du verre fondu & le travail étant ceffé & la matière refroidie, j'eus un vrai verre tranfparent. Le tout n'exigea- qu'un peu plus de ^O minutes ( i ). XL V.

Si nous voulons nous en rapporter aux faits, il n'y a pas de doute que nous ne puiffions retirer plufieurs avantages de cette expérience. Premièrement il eft certain que par le procédé le plus facile & le moins difpendieux qu'on puilfe imaginer, nous pourrons à l'avenir nous procurer le vitriol de fonde; ce fel par lui-même eft aufli pré- cieux qu'aucun autre ; quand même on ne le confidéreroit que du

côté de la médecine en qualité de fel cathartique , il feroit inconi- parablement préférable aux fels terreux qui font en ufage, tels que

ceux d'EpJom , àeSedth:^, de Modène & autres femblables à bafe de magnéfie. Il fera bannir des boutiques ce prérendu fel d'Angleterre qui provient del'eau-mère des falines de Lorraine, dont le ba« prix feul peut rendre tolérables les qualités irritantes & nauféabondes dues au muriate terreux qui y domine. En fécond lieu nous apprendrons à n'employer d'autre intermède

que le feu continué pour retirer Talkali du foie de foufre {2), &c nous pourrons nous promettre, en foutenant la combuftion du foufre, d'ob-

tenir le natruni ou la foude dans le plus grand état de pureté ; nous reconnoîrrons en outre que pour l'art de la verrerie, il n'eft pas befoin de décompofer précédemment le fel de Glaubet ou vitriol de foude

(1) L'abondance des vitriols alkalîns dans ce que l'on nomme fei Je verre, prouve que leur décompofition ne fe fait pas aulTt facilement dans les creufêts de verrerie que enlever parce qu'ils retardent fur un charbon ; on eS même obligé de les , corfidéra- blement l'affinage du verre Note du TradudJeur. décompofition l'hépar alkalin feu n'eft qu'une combuflîon lente (i) La de par le , auffi la plus comme iVI. de JVlorveau l'a fait voir ( Digref, acad, pag. 1 5^ ) ; grande alkalin l'air vital régénère l'acide. partie du réfidu eft-:l du vitriol , parce que Cet Académicien a éprouvé que la décompofition étoit bien plus complète en employant l'acide méphitique pour prendre la foude , & la limaille de fer pour s'emparer du (bufre. Note du 1 raduHcur, Tome XXIX, fan. II, 1786, NOFEMBREi Bbb 2 ,

5So OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le feu achevant par lui-même toutes les opérations faccedîves de décompofer ce fel , de didîpet le foufre & enfin de convertir en fon-. dant l'alkali mis en liberté. * X L V r.

De la manière de recueillir en quantité Calkali bafe du fel commun.

Nous reviendrons ici fur nos pas pour recueillir le fruit des dif- cuflîons précédentes & mettre à profit les moyens les plus propres à accroître de la manière la plus utile aux arts la produifbion de l'al- kali minéral, dont la nature doit maintenant nous être mieux connue qu'elle ne l'étoit ci-devant. Cependant nous iailTerons à part celui dont nous avons traité ci-devant particulièrement, f]ui confifte à re- tirer l'alkali diredement par la décompofition du fel marin; moyen praticable en grand avec peu de dépenie & avantageux fur-tout pour l'art de la verrerie, comme nous avons vu, par la facilité que procure notre découverte d'employer le vitriol de foude ou fel de Glauber.

Parlons d'abord de la foude : c'eft , comme tout le monde fait

& comme nous l'avons dit §, i , la cendre demi-fondue du kali vulgairement appelle en Italie rifcolo ou rofcano , plante dont on re- tire par la leflîve ce fel fixe bafe du fel commun que l'on nomme

narrum ou foude. Il s'agit de favoir fi cet alkali trouvé ainfi dans

s'il le règne végétal , y eft originel & propre ou étranger , & exifte avant la combuftion. J'ai été dans le cas , ces années paffées , de faire un très-grand nombre d'expériences fur les plantes marines &c ainfi fur les fonds croiflTent maritimes , que mêmes où elles ; je les mis au jour en 1781 dans un écrit particulier cité par le célèbre

Scopoli , dans une note aMmot foda du Diftionnaire de Chimie de

M. Macquer , dont il a donné une édition en italien, & qui e(l dans les mains de tout le monde. Ces expériences m'ont fourni l'occafion d'approfondir la queftion & d'acquérir beaucoup de lumières , d'après lefquelles je fuis fondé à croire que cet alkali eft ftranger & acci- dentel aux plantes. C'eft pourquoi , fans rapporter en détail ( ce qui deviendroit long) toutes les particularités de,cet écrit, je dirai feule- ment que je recueillis exprès dans les lagunes de Venife , une très- grande quantité d'algue & de plufieurs autres plantes du genre des fucus, qui toutes étoient crues & avoient vécu fous l'eau; je les fis briàler promptement à l'ait libre dans un vafe de fer fecher & , je les trouvai pleines de pur fel commun ; mais ce ne fut qu'avec beau- coup de patience & de difficultés que je pus y découvrir des traces d'alkali minéral libre. Il en eft ainfi , comme nous l'apprend M.Mdcquer des cendres du Varec de Normandie, autrement dit Gocmon 6i Siir SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 581

en Bretagne. Au contraire dès que les plantes qui vivent fous l'eau , ou

proprement marines , en font retirées &: croiffent fur des fonds mari- times découverts, leur produit change, & on trouve dans leurs cen- dres une quantité d'alkaii minéral libre, mêlé avec d'autres fels. Il

eft à remarquer que ce n'ell pas dans le kali feul , mais dans cent autres plantes les tonds nourries dans nicnics ik qu'il efl inutile de nommer ;

j'ai toujours trouvé cet alkaJi dans la chfie des chardons ; l'artichaut particulièrement (dont je brûlois les tiges & les feuilles), lorfqu'il

eft cultivé dans des terreins falés , eft aulî] riche en fonde, cohime je m'en fuis atluré pliilieurs fois, que le kali même qui fenible être la plante privilégiée. J'ai conflamment obfervé que pour être riche en foude, les plantes exigeoient un terrein abandonné par la mer & qui ne pût en êcre couvert; la quantité de (cl commun s'augmen- toit de plus en plus Se la foude diminuoit dans la leflive de leur

cendre , à mefure que la plante étoit e.xpofée à être baignée plus fré-

^emment par la mer, de manière que graduellement il ne reftoic

prefqu'aucunes traces d'alkaii , dès qu'elle étoit du nombre de celles qui font continuellement couvertes par la mer; obfervation qui eft très-importante. Lorfque les terreins maritimes s'éloignoient trop de

la mer, qu'ils appartenoient à quelqu'un de fes lits abandonnés de-

puis trop long-tems , ou qui avoient fetvi à l'agriculture , les plantes

rentroient dans l'ordre des plantes terreftres , & on ne retiroit qu'un alkali purement végétal de ces mêmes plantes qui ayant pris racine dans un terrein falé ne manquoient jamais de fournir de l'alkali mi- néral. Pour m'en alTurer d'une manièi'e lîmple & très-facile, je combiuois toujours la partie faline extraire des cendres, avec du vinaigre dilliilé, qui fe chargeoit de tout l'alkali libre qui pouvoir y être mêlé; ainfî la différence notable de l'acète de potafle (terre foliée) avec l'acète de

Ibude , & la figure des criftaux de nitre que j'obtenois en décompo- fant ces fels acéteux pat l'acide nitreux libre, me donnoient des ré- fultats certains. Ceci confirme admirablement les obfervations faites

avant moi fur le kali , par MM. Duhamel & Cadet ( Mémoire de£A-

cadémie des Sciences , pour ijffj & ijj/j') ; en tranfplantant ce vé- gétal d'un fol maritime dans l'intérieur des terres, après un certain tems,il devint terreflre & perdit peu-à-peii la faculté de fournir de l'alkali minéral par la ccmbuflion. Cependant les plantes marines

qui vivent fous la mer , manquant d'alkaii lorfqu'elles re^^orgent de fel commun , prouvent clairement que l'un n'eft pas un produit de 1» i décompofition de l'autre, comme nous l'avons foutenu ailleurs. 11 elt auflî évidemment démontré que l'alkali minéral n'eft point eiïentiel

& propre aux plantes qui en fourniffent , puifque la même plante fe trouve tantôt riche, tantôt privée de cet alkali, quand elle croît ou fur un fonds faié, ou dans un terrein ordinaire. Puif^jue nous fa- 382 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

voDS mainteiianr cjue cet alkali réfide dans les animaux marins & eft propre à Jeur fubftance, puifqu'il eft produit fponranément par la deftrudion de ces animaux, & que nous le trouvons libre dans tous

les terrcins faiés ; tout cela nous porte à conclure qu'il eft étranger au règne végétal & qu'il n'entre dans l'économie des plantes que parce qu'elles le rirent de la terre où elles ont pris racine & où elles font environnées des reftes & dçs dépouilles d'animaux marins décompofés. Quant à fautre queftion relative à l'exiftence de l'alkali dans les plantes avant leur combuftion quoiqu'il , réfulte de ce que nous ve- dire qu'il eft nons de y abforbé dans leurs fucs nutritifs , & que de favans Auteurs nous afiurent l'y avoir reconnu avant de les brûler, je crois devoir rapporter quelques expériences que j'ai faites pour m'é-

clairer moi-même fur un objet fi important. 1°. J'ai pris un gros faifceau du grand kali tiré fraîchement d'un terrein maritime où il avoit crû fponranément. Une moitié fut pilée

& mife à macérer dans l'eau , où elle refta plufieurs jours , & apfès avoir filtré la liqueur, je la fis évaporer à ficcité, je verfai enfuite, fur la matière feche , du vinaigre diftillé dont j'aidai l'aftion par une douce chaleur. Le fel étant fec fut diiïbus dans l'efprit de vin très- concentré. Ayant décanté l'efprit de vin , je le fis évaporer à (îccité, enfuite par un feu modère: je décompofai le fel acéceux en déplaçant l'acide végétal, & j'eus 473 grains d'alkali minéral très-bien caradé- rifé. Je fis féchet au foleil l'autre kali moitié du , que je brûlai à l'air libre dans un vafe de fer, &: ayant calciné la cendre par un feu lent, elle fe trouva du poids de 21 dragmes. Par ce procédé

ci-delTus , avec le vinaigre diftillé & l'efprit de vin , j'obtins de ces cendres 4,36 grains d'alkali pur. Je m'affurai par-là d'une manière non équivoque que l'alkali minéral exifte libre dans le kali avant fa

combuftion. Cette expérience me fit naître le dslîr de vérifier aufti fi la préexiftence de l'alkali végétal a lieu dans les plantes communes. En conféquence je choifis une plante de colline & particulièrement le ta- marifque dont on prétend que les cendres contiennent à peine des tra- ces d'alkali végétal.

2°. M'en étant procuré un faifceau de monfclice, je les fis piler, ma- cérer long-tems & bouillir pendant quelques minutes dans la même eau. La liqueur refroidie & filtrée, je la fis évaporer à ficcité, comme ci-devant. La matière combinée avec le vinaigre diftillé, & le fel s'é- tant criftallifé, quelle fut ma furprife de voir fur la capfule du vrai accte depotalTeou terre foliée. L'ayant extrait par moyen de l'efprit de vin & fait deffécher de nouveau, je verfai de l'efprit de nirre pour décompoferle fel acéteux, & j'obtins un nitre très-parfait, criftallifé en aiguilles prifmatiques. SUR VmST. Î^ATUMllE ET LES ARTS. 383

X L V I I.

La queftion que nous venons de traiter n'eft pas purement fpécula- tive , nous y avons gagné beaucoup de connoiflances rrès-iitiles. D'abord nous avons appris à bien connoître la nature des terreins fur lefquels nous pouvons mettre en culture le kali & les autres plantes plus avides de ce fel fixe dont il a écé parlé, avec un profit plus

grand qu'on ne pouvoit l'obtenir d'une végétation fpontanée , & nous n'efpérerons jamais de recueillir l'alkali marin fijr les terres com- munes , dépourvues de dépouilles marines. Secondement nous fommes certains qu'il efl utile d'ouvrir le térrein & de le remuer dans une grande profondeur pour accélérer la décompofition de la fubftance des animaux, mais qui n'eft jamais complette par défaut d'air , d'humi- dité, de chaleur & #iutres agens néceilaires à la putréfaction. M'étant procuré des terres de nos lagunes maritimes Si d'autres fonds abandon- nés par la mer, prifes à la furtace & dans la profondeur , je voulus les lelfiver pour connoître la nature du fel qu'elles pouvoient contenir. J'obfervai que ces terres falées contiennent un cent-cinquantième d'un fel roufsâtre , dont le fel commun fait la plus grande partie, & l'ayant

éprouvé dans nos verreries , je m'alfurai qu'il étoit plus propre à la vi- trification le fel titre des que commun qu'on fondes de Normandie , ce qui peut devenir un objet elTentiel pour qui faura l'apprécier. En effet, eft-il étonnant que de pareils terreins falés contiennent des ref- tes d'êtres marins détruits & par conféquent du natrum ou foude, puifque celui que nous trouvons en efflorefcence en tant d'endroits de l'Europe & de l'Alîe provient toujours de pareils terreins, qui dans uq tems fervirent de lits à la mer.

X L V 1 1 1.

En réflécbifTant à la première expérience du §. XLVI, je reconnus que la combuftion étoit plus nuifible qu'on ne le croit à la récolte de l'alkali des fondes , ce fel fe volatilifant ou fe changeant en terre ou éprouvant par la violence du feu une vitrification imparfaite. En effet cette expérience nous ayant prouvé qu'on retire plus d'alkali de la matière extradtive du kali non tourmenté par le feu que des cen- pareille quantité de la même plante qui a été brûlée j'en dres d'une , fis une autre: comme j'avois réduit en cendres, par un feu modéré, ce kali qui n'avoir point été cultivé, mais qui étoit venu fpontané- ment fur nos rivages, je voulus comparer fon produit avec celui des meilleures foudes d'Efpagne. Je pris 21 dragmes de ces fondes & les ayant leflîvées je filtrai & fis évaporer à ficcité; enfuite j'en retirai , l'alkali par le vinaigre, delà manière accoutumée. J'en obtins à pei- ne 400 grains de biep cara

des terreins falés , en ayant comme dans les nitrières l'attention de re- muer de tems en tems les matières pour les expofer fuccelTivement au contad de l'air Se do l'eau, & en lesarrofant fréquemment on faTilitera la produètion de la fonde.

Au mois d'Avril 1784 ( comme je l'ai rapporté §. XXXIII) j'ex- pofai à l'air libre pour fe putréfier une certaine quantité d'animaux cruftacés fraîchement tirés de leurs coquilles & qui avoient été bien piles j'eus tems en tems 8c de remet- ; foin de remuer la matière de tre de l'eau à mefure qu'elle s'évaporoit. Au mois d'Août 1785", voyant

qu'elleétoit devenue terreufe & (ans odeur fenfible , j'en elfayai une portion en la lefllvant avec de l'eau diftillée, je ne croyois pas qu'une telle putréfaiftion dût produire du nitre. Cependant outre l'alkali mi- criltallifation néral que j'en retirai , j'apperçus dans la quelques traces d'un nitre quadrangulaire très-parfait ou nitre de fonde, ce qui peut mériter attention. Mais ne fortant pas de notre fujet, nous pouvons en conclure que la produftion de l'alkali minéral libre par le moyen des foudières eft très-certaine, le peu de nitre qui pourra s'y trouver, n'apportant aucun défavantage. D'ailleurs en fe fervant de cruflacés Se employant les animaux écrafés ' & broyés avec leurs coquilles, la fubftance terreufe de celle-ci tiendroit en partie lieu de terre calcaire

dans la foudière, comme il eft facile de le comprendre. Les terreins

voifins des lacs falés du nord & du midi dont il a été parlé,

dans lefquels fe trouve l'alkali minéral en abondance , manitellent avoir fervi jadis de lit à la mer comme nous l'avons dit, & par les dépouilles d'animaux marins décompofés qui y font vilîbles & répandues

de toutes parts , ils peuvent être regardés comme autant de foudières

naturelles ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 385- naturelles; tel eft juftement l'ouvrage de la nauire que nous nous propofons ici d'imirer. A cet effet, rafTemblons des fubftances organi-

ques pour fe putréfier , & fécondant notre impatience & nos befoins

fans attendre les procédés trop lents de la nature , employons les moyens & les fecours convenables pour en exciter la fermentation & les conduire au dernier degré de putréfaiftion.

X L I X.

Enfin l'alkali minéral préfente un objet de recherches qui peut être

de quelqu'utilité , puifque nous voyons, comme nous l'avons dit au

commencement , ce fel s'effleurir fur les collines de Vérone & fortir des débris d'animaux marins que le tems devroit avoir dénaturés & confonimés. Il eft à croire que ces collines ne font pas feules privilé- giées pour la produdion de la foude native, puifqu'elles ne font pas lefeul dépôt de pareilles dépouilles organiques abandonnées par la mer dont nous trouvons de toutes parts des dépôts immenfes &: trcs-abon- dans, dans les montagnes , dans les plaines, & dans les entrailles les plus profondes delà terre. Il eft très-probable que dans l'état deféche- reffe où elles fe trouvent , privées d'air & de la chaleur nécelfaire pour établir un mouvement inteftin , l'alkali ne peut fe développer

& naître de ces dépouilles, ce qu'il feroit fi elles fe trouvoient dans des circonftances plus favorables. Si les Phyficiens vouloient obferver dans cette vue nouvelle & importante, les diiFérentes fubftances abandon- nées par la mer , il eft certain qu'ils en retireroient beaucoup de fruic en formant des murailles, des voûtes, des amas, comme on fait pour les nitrières, dans une partie de l'Europe, Se employant alter- nativement & à propos l'humidité & l'air fur ces matières. Il n'eft pas impoffible que ces efflorefcences d'alkaîi libre, qui fur nos collines for- tent fpontanément de pareils amas, ne paroiffent auftî fur ceux faits par l'art, comme le prouve l'exemple qui eft fous nos yeux & qui ne fouffre point d'exceptions.

L. .

Quoique j'aie fait connoître daiis plufieurs parties de ce mémoire combien je fuis peu difpofé à attribuer facilement à une décompoll- tion naturelle ( i ) du fel commun, l'alkali minéral libre Se pur, que nous trouvons logé en tant de fubftances & en eftlorefcence à la furface de ranc de parties de la terre ; ce feroit mal connoître la

page , la note tradufteur fur le XVI , au fiijet de (i) Voyez, ci-devant , 44. du §. la décompofition du fêl commun par la méthode que M. de Morveau appelle naturelle. Terne JiXIX, Pan. Il, i-jU. NOVEMBRE. Ccc 3S6 OBSERTATIONS SUR LA PHYSIQUE,

nature, Ces forces & fes règles, que de vouloir le faire dériver en en-

tier des feuls corps matins déconipofés , fans en attribuer aucune partie à la décompoficion du fel commun. Etant cerjain d'une part, que cet alkali eft une partie conftituante des animaux marins, d'au- qu'on tre part qu'il ne fe trouve jamais libre & en quelque quantité ,

ne rencontre en même temps des traces de ces animaux , fans parler des tranfports accidentels dûs aux révolutions fans nombre qui font

arrivées , il eft fùrement plus raifonnable & plus naturel de l'attri- à fel buer la décompofition de ces animaux , qu'à celle du commun qui a belbin d'un agent encore inconnu pour s'efFeduer complette-

ment; mais pour cela il ne faut pas conclure que tout l'alkali miné- ral qui fe trouve fur la terre, provient immédiatement des animaux li- marins. Comme on admet fon exiltence ( §. XL ) dans un état

bre , indépendant du fel marin , on ne doit pas auffi répugner a croire qu'il s'en trouve qui ne provient pas des animaux de la mer.

Il en eft ainfi de la terre calcaire ; on peut dire qu'il en exifte qui

eft indépendante des êtres organifés , où nous la trouvons en grande

quantité & comme partie eflentielle , ainlî que tout le monde fait. .Te crois cependant l'exiftence d'un alkali minéral originairement in- dépendant des la terre animaux marins , moins probable , que celle de

calcaire qu'on eft fondé à admettre. Cependant G , comme l'afTure

M. Hergman ( I ), le fel commun peut fe décompofer par le fer,

l'alkali fe montrant en liberté fous forme de gelée , ce qui eft affez (îngulier, & ne doit s'admettre qu'après un grand nombre d'expérien-

C) ces ( §. XLI J ; ce:te décompofition , quoique imparfaite , peut avoir

lieu , de quelque manière que ce foit par la litharge ; fi comme le

prouvent mes expériences ( §. XLIll)les vitriols terreux Si métalliques

peuvent décompofer ce fel fans le fecours du feu , fans autres inter-

mèdes, & par le fimple contaifl ; s'il n'eft pas impollible que le vitriol de foude ou fel de Glauber puiffe naturellement (è décompofer par l'adion foutenue & continuée d'une chaleur moins forte que celle

de nos charbons allumés ( §, XLIV ) •, moyen avec lequel k nature opère tant de chofes en filence, le dégagement de l'alkali bafe du fel

commun , indépendant de la décompofition des animaux de la mer, n'eft point une opération qui ne puilTe s'efFeduer de diverfes manières dans ces laboratoires que la natute cache à nos yeux. Mais nous en

avons affez dit fur cette queftion importante , Se il fuffit d'avoir dé-

couvert , que cet alkali eft propre & effentiel aux animaux qui vi-

vent dans la mer , comme l'alkali végétal eft originel & propre aux

plantes , ce qui depuis long-tems eft reconnu.

( i) Ceft plutôt Schéde, Voyez le fécond volume de fes Mém. éditiftamj. pag. 13. Nvie du Traducïcur. ,

SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. 587

EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. C R E L L, A M. DE LA MÉTHERIE,

Sur des procèdes pour rendre le Charbon foluble ^ ù pour déphlegmer lEfpr'u-de-vin.

' V_/ N vient de découvrir un procédé pour rendre le charbon foluble. On diftille une partie du charbon avec quatre pairies d'eau forte,

& une d'efprit de nitre fumant. Cette opération répétée (îx fois , on obferve, 1°. qu'à chaque fois qu'on verfe de l'acide fur le charbon, il 2°. di- s'en dégage de légères bulles d'air ; que les vapeurs nitreufes minuent chaque fois, & que l'acide devient limpide comme de l'eau; 3°. qu'au lieu d'air nitreux on voit des vapeurs blanches; 4.". qu'après la neuvième diftillation , la poudre des charbons s'étoit réunie en une mafTe femblable à de la fuie fpongieufe. La faveur de cette mafle étoit amère & acide. Elle étoit glutineufe & fembloit fe re- foudre fur la langue. En la faifant bouillir avec de l'eau diflillée elle s'eft prefqu'entièrement dilToute & refTenibloit pour lors à la fo- lution d'un extrait végétal d'une couleur fombre. Filtrée à travers un papier blanc, elle palTa avec la même couleur, & même les parties ibiides fe diflîilvoient en entier. La liqueur ne put criftalliler. On la delTécha enfuite fans qu'elle donnât aucune odeur d'eau forte. Elle

étoit pour-lors folide, friable, de faveur acide-amcre , avoir l'odeur empireumatique & pouvoir fe diiïbudre de nouveau. Elle étoit encore combuftible. L'opération fut répétée plulieurs fois avec une nouvelle quantité de poudre de charbon, & toujours avec les mêmes fucccs. La première diftillation ne lui communiquoit point la qualité de fe diiïoudre. Mais après la (îxicme le charbon avoir la faveur acide. On en pouvoir extraire la parrie foluble. L'eau forte mêlée avec un qu'elle relTem- quart d'acide nitreux fumant étoit alors (\ afFoiblie , ne bloit même pas au vinaigre le plus foible. Qu'eft devenu l'acide ? il n'a pu fe fixer ni dans l'alkali , ni à ce qu'il paroît , dans la terre des attiré le phlogif- charbons; il y en a trop peu. Le charbon auroit-il tique de l'acide nitreux, &C ainfi décompofé cet acide, de façon qu'l le char- n'en reftât que de l'eau î mais alors qu'eft-ce qui auroit rendu bon foluble? l'acide ne s'eft pas volatilifé comme acide; car tout le laboratoire eût été rempli de vapeurs dont on n'a rien fenti du Tome XXIX, Part. Il, i-jSâ. NOVEMBRE. Ccc 2 588 OBSERrATIONS SUR LA PHYSIQUE, tour. Le charbon étoit devenu pKis n(-)ir, luifant & conipad. Il (e diflolvoit fur le par l'acide marin champ déphogifliqué , qui acquéroit une couleur brune. L'eau en avoir diffous une grande parrie qui pe- loic 8 fcrupules loifqu'on eut évaporé l'eau. Si on mec ce réfidu dans une ret(9rte qu'on dans placera un bain de fable , & qu'on y adapte

im appareil pneumaro-chimique 5 on ne remarque aucun vertige de va- peurs nitreufes. Il fe dégage beaucoup d'air femblable à l'air armof- phérique. [.e charbon avoir perdu de fa noirceur & de fon brillanr, Je récipient conrenoic un fluide brun comme le fublimé de fuie, qui avoir le'goiK & l'odeur empyreumatiques, & ne contennit rien de falin. Il n'y avoit qu'un peu d'huile empyreumaiique épaiffe arrachée au col de

la rerorte. Le rélidu étoit bien changé. 11 n'étoit plus friable , ni doux ^u toucher; mais compad & dur comme du gravier. Il ne fe dilTol- voir plus en entier. Son goût éroit falin, (lipcique; ce qui fembloit

provenir d'un alkali. Il avoit perdu 2 ^ fcrupules. Il femble donc que la iolubilité dépende d'une furcharge de phlogidique que le char- bon avoir enlevé à l'eau forte, & donc on le dépouilloir par la force du feu. Ce charbon qui ne pefoit plus que y 7 gros, ledivé dans de l'eau, donnoic 35" grains d'alkali végétal, qui conrenoic à ce qu'on foupçonnoir, un peu de rarrre virriolé, mais poinc d'acide nitreux. L^n gros de ce charbon leffivé fut diftilléavec une once d'eau forre & une once d'acide marin fumant, A l'ouverture des vailFeaux on n'apperçut

poinr de vapeurs rouges , mais feulement des vapeurs blanches. Le

charbon avoir repris fa couleur noire , & coures les qualités qu'il avoir

avant la calcinarion , ainlï que la folubiliré dans l'eau. Ainfi il avoit enlevé i l'acide une partie de fon phlogiftique, ce qui lui avoir rendu

la folubiliré , raudis que l'acide étoic devenu déphlogilliqué. Il paroic que la rerre des charbons en s'emparant du phlogillique eil la caufe de ce phénomène. On a fouvent de la difficulté d'ob'^enir de l'efprit-de-vin qui foie affez pur pour que la poudre à canon fur lequel on l'a brûlé, foie enfuite capable de s'enflammer. On a eflaié de mêler de l'eau de chaux

avec du bon efpric de vin , on obtint un alcokol qui enflamma rrcs- bien la poudre. L eau de chaux devine trouble &c brun.îrre. Le fédiment fir les Si fédiment qu'on efFervelcence avec acides. on diflout ce , & y

ajoute des acide'; , la dilTolution devient trouble ,& donne l'odeur de l'eau-de-vie diftillée du bled. D'après ces expériences on ajouta de la chaux vive à de l'eau-de-vie ordinaire avec un quart d'efprit-de-vin. La chaux en devinr comme de la bouillie. On diflilla, & on obtint une partie con- fidérable d'alcokol qui d'abord enflamma la poudre. Le refle étoit plus

aqueux , mais ne conrenoic point de ce phlegme trouble qu'on obtint à la recftification fans chaux, La chaux vive a donc la propriété de dépouiller l'eau-de-vie non-feulemen: d'une quantité d'eau confidérable. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 389 mais de cet acide faccharin qui la rend fi défagréable. On obtient ainfi par une feule opé;arion non-leulemenr de l'akokol, mais aulli plus d'ef- prir-de vin rtdihé qu'à l'ordin-îlie. M. le doifleur Rcufs a trouvé à ^'itfcliitz en Bohême, près du fleuve

Eger un fel atner ( fal catharticum amarum), (vitriol de magnéûe), rijtif dans de i'argiile, Sec.

Je fuis , &c.

EXTRAIT D'UN MEMOIRE

Qui a été préfente à rAcadémie en Décembre 178J j & qui a pour titre : Suite des Recherches fur la nature des fubftances animales & fur leur rapport avec les fubftances

végétales ;

Par M. B E R T H O L L E T.

J'AI prouvé dans le Mémoire dont celui-ci eft la fLiite ( Mém. de l'Acad. 1780) que lorfqu'on traitoit iesfubftances animales par l'acide nitreux , elles donnoient une quantité plus ou moins conlîdérabie d'acide faccharin & d'une huile particulière, & qu'après cela elles laifToient un réfîdu fur !a nature duquel je ne me fuis point expliqué alors: j'ai remar- qué dans ce Mémoire que l'alkali volatil qu'on retire des fubftances animales fe forme par l'adion de la chaleur ou par la putrétadion ; puifque , s'il exiftoit dans ces fubftances , on en rerireroit un fe! ammo- niacal par le moyen de l'acide nitreux avec lequel on les décompcfe. Depuis lors M. Schéele a fait voir qu'il fe tormoit audî dans cette opération de l'acide malufien , & que l'on retrouvoit dans le récipient un peu d'acide acéteux ; mais il paroit que la différence de ces acides ne dépend que de quelques proportions dans leur principe. J'avois conclu de mes expériences que les fubflances animales conte- noient une matière analogue au fucre; mais M. de Morveau a fait voir que c'eft la partie huileufe du fucre & des autres fubftances, foit végétales, foit animales, qui fert très-probablement de bafe à l'acide faccharin.

Les recherches que j'ai faites fur la nature de l'alkali volatil , & dont on peut voir un précis dans le Journal de Phyfîque du mois de feptemhre, m'ont engagé à remonter à fa formation, & à déterminer quelle pouvoic être l'origine des principes qui le compofenr. M. PrUftley a remarqué que les fubflances animales donnoienr, lorfqu'on les traite avec l'acide nitreux , une grande quantité d'un gaz ,

390 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,

feniblable à Vair pklogijliqné , tantôt pur , tantôt mêlé à du c;az nitreiix ou à du gaz inflammable, & toujours à un peu d'air fixe; mais ce célèbre

Phylicien a négligé d 'oblbrver les époques de ces ilifférens produits ; il me paroît qu'il a quelquefois employé une chaleur capable de décompofet

l'acide laccliarin .dont il ne fait pas mention, & même les fubftances

animales qu'il a mifes en expérience , qu'il n'a point diftingiié la partie gazeufe qui pouvoit être dégagée des lubllances animales, de celle qui

pouvoit être due à l'acide nitreux , & qu'il n'a point foupçonné que la niofFete pût exifter dans les fubftances animales, avant qu'elles eulFent éprouvé l'aiîlion de l'acide nitreux. J'ai mis une once de (oie avec fix onces d'acide nitreux concentré &

dégazé, le thermomètre étant -1- l8 degrés; il s'en eft dégagé fans feu

près de cent vingt mefures de gaz , dont une très pttite partie étoit de l'air

fixe, tout le relie étoit de la moffete , ainiî que je m'en fuis alfuré en foumettant à l'éleChicité un mélange de ce gaz tk d'air vital dans les proportions indiquées par M. Cavendish. Il n'y a point encore à cette époque d'acide facchatin de formé dans la liqueur, quoique la dillolution de la foie fcit complète, excepté une partie grafTe qui fe fépare.

Si on expofe cette dilTolutisn à une petite chaleur, il s'en dégage autant

de gaz nitreux que (î l'acide agilToit fur une fubllance végétale telle que

le fucre , & c'efl alors que l'acide faccharin fe forme. Différentes fubftances animales m'ont préfenté les mêmes phénomènes; mais j'entends par fubftances animales toutes celles qui donnent de

l'alkali volatil à la diftillation. Ainfi j'ai retiré la moflète de la partie

glurineufe du froment, de la femence An finapis nigra de Liniiée , & de la fécule verte qu'on retire par l'ébuUition des fucs de plantes, & donc j'avois féparé la plus grande portion de la partie colorante par le moyen -- -i de l'efprit-de-vin. M. de Fourcroy a obfervé que la partie fibreufe du fang

donnoit plus de moffete que les autres fubftances animales , &: qu'on n'en

reriroit plus des fubftances qui avoient fubi la putrétaûion , ( Elém. de

Chym. lO, Difc. prélim. ) Mais les fubftances végétales traitées avec l'acide nitreux commencent toujours par donner du gaz nitreux mêlé à une portion plus ou moins

grande d'air fixe , & même elles ne donnent que ces deux efpèces de gaz

fî on emploie un foible degré de chaleur. La moffete qu'on retire des fubftances animales ne peut provenir de l'acide nitreux , puifque la décompofîtion de l'acide nitreux ne commence qu'après le dégagement de la moffete , & qu'on en retire autant de gaz

s'il agiffoit fubftance végétale pendant que fon air nitreux que fur une , viral forme de l'acide faccharin & de l'acide malufîen en fe combinantavec un principe huileux; mais (i la moffete provenoit de la décompoiition de l'acide nitreux, on ne retireroit plus de gaz nitreux , ou du moins on n'en SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 391 pourroit plus retirer c]u'une quantité très -petite, ce qui demanJc quelques éclaircillemens. Lorfqu'on déconipofe l'acide nitreux par le moyen d'une fubftance, qui a une totte affinité avec l'air vital, telle que le zinc & 1 c- tain, cette fubftance s'unit à tout l'air vital qui entre dans la cotn- pofition de l'acide nitreux, & alors il ne s'en dégage que de la mot- {•ette ou du moins très-peu de gaz nitreux mêlé à la mofFette. La niême choie a lieu plus ou moins avec les suties métaux, fur-touc avec le fer & même avec les fubftances animales & végétales; lorf- qu'on favorife par une chaleur trop forte, la décon-uofition de 1 a- cide nitreux. On entetid par-là d'où viennent les inégali'és quon a remarquées dans le gaz nitreux, & l'oa voit quelle eft la fource de quelques erreurs eudiométriques. Le gaz nitreux peut être lui-même décompofé par les fubftances la inL'tldrte; qui peuvent lui ô ter l'air vital , & alors il ne re(le que de c'eft ainfi que le foie de foiifre & l'éledricité ont déconipofe le gaz nitreux dans les expériences de M.M. Friertley & Van-Alarum; c cft ainlî que lorfqu'on fut détonner le nirre avec des fubftances métalli-

ques qui ont beaucoup d'affinité avec l'air vital , on n'obtient que de la

mofFette ( mém. de l'Acad. 1781). J'ai expliqué par de femblables principes quelques obfervations par exemple le mé- de MM. Prieftley & Cavendish , pourquoi lange de limaille de fer &: de foufre ablorbe l'air de l'atmoCphère

s'il eft en contadl avec lui-, iS: pourquoi il donne du gaz inflammable avec s'il ne fe trouve en contadt qu'avec l'eau ; c'eft qu'il le combine cas, non parce qu il l'air vital, s'il y en a , comme dans le premier & abjorbe le phlogiftlque dans fon état naijfant, & que dans le fécond

cas , il décompofé l'eau. Le nitre phlogijliqué décompofé la drilolu- tion d'argent, parce qu'il enlève à la chaux d'argent, une portion de

l'air vital qui eft nécefl'aire à fa diffoluiion, & avec laquelle cependant elle a très-peu d'affinité. Les fubftances animales, ou plutôt les fubftances qui font pro- beaucoup de pres à donner de l'alkali volatil , contiennent donc en retire peut être due à une mofFette , puifque celle qu'on ne décompofition de l'acide nitreux: mais j'ai prouvé que l'alkali volatil par n'exiftoit point dans les fubftances animales , & qu'il fe formoit l'adion de la chaleur & par la putréfaûion. Si donc on ne retrouve pas la mofFette dans les autres produits de la diftiUation , il faut qu'elle aie fervi à former l'alkali volatil.

Si l'on excepte l'alkali volatil , il n'y a dans les produits de la dif- tiUation des fubftances animales que la partie gazeufe où l'on puifTe foupçonner que la mofFette foit paffée. J'ai donc cherché à déterminer retire par des expériences , la nature des gaz inflammables qu'on par 5P2 OBSERTATIONS SUR £a PHYSIQUE, la diftillarion des fubftances animales & des fubftances végétales; Je les ai compr.rés entr'eux & avec Je gaz inflammable des marais, ainlî

qu'avec celui qu'on retire du charbon qui n'eft pas trcs-fec : j'ai dif-

cuté les opinions de MAI. Volta , Bucquer, de Fourcroy, Chauffier, Barbirr de T'inian & Sennebier. Les bornes d'un extrait ne me per- metrenr que d'indiquer la méthode que )'ai luivie & les principaux ré- fujtars auxquels je fuis parvenu. J'ai déterminé les quantités d'air viral que détruifenc dans leur coni-

buftion les différentes efpèces de gaz que j'ai examinés , alnfi que les

quantités d'air fixe qu'elles produifent : j'ai varié les proportions de

manière à obtenir le plus petit réfidu, & par-là, ce réfidu a été fi peu de chofe, qu'il ne m'a paru provenir que d'un peu de mofFette qui le trouve mêlée avec l'air vital retiré du précipité rouge & au défaut

d'une proportion très-jufle , entre le gaz inflamirable & l'air vital : je n'en excepte que le gaz des marais, donc la moffette forme une partie confidérable. J'ai enfuite déduit les proportions de chaque efpèce de gaz inflam-

j'ai détermi- mable , qu'il falloit pour lOO mefures d'air vital; enfin né la quantité de principe charbonneux qui entre dans la compo- la d'ait fition de chaque efpèce de gaz inflammable , par quantité fixe qui s'efl: formé dans la détonnation de lOO mefures de chacun de ces gaz inflammables, & parles proportions établies par M, La- voifier, entre les principes conlîitutifs de l'air fixe. Tous ces gaz retirés dans différentes opérations, ont été prefque rigoureufement uni-

formes , fi ce n'eft celui du charbon, qui, obtenu à différentes épo-

ques de la diftillation , a exigé des quantités afTez différentes d'air vi- tal. J'ai drefl^e des tables de tous ces réfultats. Mais le charbon qui exifte dans le gaz charbonneux & qui eft tenu en diflTohition par le gaz inflammable de l'eau , n'eft pas la feule caufe qui augmente la

gravité de ce gaz, relativement .i celle du gaz inflammable de l'eau; ce que je prouve ainfi: lOO pouces cubiques d'air vital ont formé avec le gaz charbonneux qui a fervi à cette expérience, 45, i pouces cubiques d'air fixe, & comme il n'entre qu'environ un volume égal d'air vital dans l'air fixe, qui doit prinoipalement fon excès de gra- vité fpécifique au charbon, il refteroir environ jô pouces cubiques d'air vital, lefquels doivent former de l'eau avec le gaz infl.immable aqueux qui entre dans la compofition de 72, 4 pouces cubiques de qui détruits dans la détonna- gaz inflammable charbonneux , ont £té tion avec l'air vital: or, yô pouces d'air vital, exigent prefqu'un volume double de gaz inflammable aqueux ( mém. de l'Acad. 1783). Il faut donc que le gaz inflammable de l'eau fe concentre en diflol- vant le charbon, réfultat qui s'accorde avec ceux que nous avons

^obtenus , MM. Vandermonde, Monge & moi, dans ks expériences par SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39? par lefquelles nous avons dérerminé les rapports du fer, de l'acier f< de la fonte; car la différence de l.i q'untité de gaz inflamniabie qu'où retire du fer & de l'acier, dépend principalement de ce que le ga/. inflammable, obtenu de l'acier , a perdu de Ton volume en diiTolvanc une partie du charbon de fa plombagine. ( Journal de Phylique ,

Septembre & Octobre 1786. )

Comme dans les expériences dont je viens de parler , le gaz retiré des fubftances animales ne m'a pas donné plus de réfidu que celui qui efl: retiré des fubftances végétales, j'en conclus que la mofFete des premières eft entrée dans la compoiition cie l'alkali volatil. C'eft donc la à mofFete que les fubltances animales contiennent , qu'elles doivent la propriété diftindive de donner de l'alkali volatil ; & celui qu'on re- tire en plus ou moins grande quantité de la diftillation de la plupart des fubftances végétales eft dû, ou à la partie glutineufe , ou à une partie analogue qui fe trouve prefque toujours confondue avec la partie végétale. Toutes les fois donc qu'on obient de l'alkali volatil d'une fubftance, on peut en conclure qu'elle contenoit de la mofFete , & toutes les fois qu'une fubftance donne de la moffete , on peut la regarder comme propre à former de l'alkali volatil dans les circonftances conve- nables.

Mais pour que la mofFete forme de l'alkali volatil, il faut qu'elle fe combine avec le gaz inflammable , ce gaz peut être fourni par l'huile qui fe trouve toujours en quantité conlîdérable dans les fubftances animales, ou bien il peut venir de la décompoikion de l'eau. La mofFete fert encore à expliquer pourquoi les fubftances animales font fujettes à la putréfatîtion & forment de l'alkali volatil, pendant que les fubftances végétales produifent de l'efprir ardent, lorfqu'elles fe trouvent dans des circonftances favorables; dans les premières, le gaz inflammable fe combine avec la mofFete , &c dans les dernières il fe combine avec la partie fucrée & une huile végétale, ainh que je crois l'avoir prouvé dans un autre mémoire préfenté à l'Académie en

D'autres expériences m'ont prouvé que toutes les fubftances dune nature animale , excepté peut-être une feule , dont ;'aurai occa-

(îon de parler bientôt , contiennent de l'acide phofphorique qu'on retrouve combiné avec de la terre calcaire dans les charbons de ces fubftances. On trouve auflî l'acide phofphorique combiné avec une portion de terre calcaire dans le télidu de la diffolution des fubftances animales par l'acide nitreux. Le charbon des fubftances animales eft une fubftance rrès-compo- Tome XXIX, Part. II, ï-jSC. NOVEMBRE. Ddd 394 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

fée; il retient encore de la moffere & il contient un peu de foufre, de la (ïdérite Si quelques l'els outre le pliorphate calcaire; de-là vient la difficulté qu'on a de le calciner, c'eft-à-dire de biîiler la pariie char- bonneufe.

Il n'y a point de charbon pur , comme il n'y a point d'eau pure dans la nature; mais les fels ik la terre qui fe trouvent dans le char- bon des v^étaux, fout manifeftement des fubftances étrangères, puif- qu'elles varient dans chaque elptce de charbon par leurs proportions

ou par leurs qualités , comme les fubflances falines varient dans les eaux;

&: lorfquL' nous avons parlé de parties charbonneufes , nous avons voulu indiquer le charbon pur & féparé des parties qui lui font étran- gères.

_ En diftinguant le charbon des fubflances véc^étalesde celui des fubflances

animales , j'obferve qu'il fe trouve toujours une petite portion du der- nier qui eft mêlé avec le premier, parce que les fubftances végétales dont on fe lert pour la combuftion, contiennent toutes un peu de fubflances animales.

On retrouve des parties charbonneufes dans la plupart des fubflan- tes métalliques qu'on n'a pu revivifier qu'tn fe fervarjt du charbon; ce- pendant ii faut en excepter le régule d'antimoine dont M. Schéele n'a point retiré d'air fixe en le fdifant détonner avec le nitre. L'é-

taïii n'en donne que des indices bien foibles ; il efl même pollî-

ble que des parties de fà chaux en impofent en pafïant dans le

récipient ; car il fe difperfe avec impétuofité dans la détonnation

( Mém. de l'Acad. 1781 ). Il me paroit probable que lorfque M. de la Métherie a traité

la chaux d'arfénic avec le nitre , une portion du fel arfenica!

a paflé dans le récipient ; ce fel décompofe l'eau de chaux qui tonne de l'arfeniate de chaux qui fe précipite & qui peut en inipofer. On fait que le minium fe combine avec l'air fixe de l'at- niofphère.

Pour le mercure , il n'a donné avec l'acide nitreux aucun indice d'air fixe à M. Monge , lorfqu'ii a retiré par le moyen d^ ce métal plus de- j' onces d'air vital delliné à fes belles expériences fur la décompofi- tion de l'eau.

Une très- f-etire quantité de charbon donne des quantités remar- quables d'air fixe, parce qu'il n'en faut à-peu-près qu'une partie en poids

faire d'air airifî demi-grain fuffit pour en J fixe ; un de charbon pour former à-peu-près y pouces d'air fixe dont il faut une très-petite quantité pour troubler l'eau de chaux.

M. de la Métherie penfe ( Journ. de Phyfique, Septembre , p. 224. ) que nous fommes forcés d'admettre le charbon dans Its fubflances métalliques : l'exprelfion feroit plus jufle s'il eut die que nous avons SUR L'HTST. NATURELLE ET LES ARTS. -.i^s

prouvé qu'il fe trouve dans quelques métaux du charbon qui y eft mêlé

ou même combiné. Ainji , dir-il, voilà enfin avouée Cexiflence d'un e matière inflammable dans Us métaux. i°. Le charbon eft une matière étrangère aux métaux & qui en modifie les propriétés lorfqu'elle fe trouve mêlée, & principalement lorfqu'elle eft combinée avec eux. 2°. Bien loin de nier qu'il y ait quelque chofe d'inflammable dans les

métaux , nous les regardons eux-mêmes , & principalement le fer & le zinc, comme entièrement inflammables, c'eft-à-dire, comme propres

à chafTer la lumière de l'air vital , en fe combinant avec fa bafe.

M. de la Mécherie nie à M. HafTenftatz ( Journ. d'Odobre) que

le fer puifTe fe calciner dans l'air pur ; mais ne brûle-t-ii pas dans

cet air_ & par-là ne fe réduit-il pas en chaux î il eft vrai que dans la rouille, la chaux de fer eft combinée avec de l'air fixe. Le phofphore brûle, dit-il, auftl-tôt qu'il eft expofé à l'air atmof- phérique; donc le phofphore a plus d'alîinité avec l'air pur contenu dans l'air armofphétique que n'en a le fer. Il juge par confequent du degré de l'affinité par la facilité de la combinaifon. Il dira donc que l'argile calcinée & fur-tout l'argile &: la terre calcaire contenues dans les pierres gemmes, n'ont plus d'affinité avec les acides, parce qu'on ne peut les dilToudre fans avoir rompu leur aggrégation même par Aes

moyens chimiques : il dira que l'acier trempe qui comme nous l'avons

cbfervé , fe diffout beaucoup plus difficilement que l'acier poule ou l'acier Amplement forgé, a beaucoup moins d'affinité avec les acides , que lorfqu'il eft dans ce dernier état. Une circonftance qui contribue particulièrement à la facile inflammation du phofphore &c du foufre, eft, félon la remarque de M. Monge, que ces fubftances fe difTolvent dans l'air a une température peu élevée. M. de la Métherie vient encore de répéter une partie des obferva-

tions de MM. Lavoifier ik. Meufnier fur la décompofition de l'eau par

le fer; il feroit à defirer qu'il n'eût négligé ni le poids qu'acquiert le

fer dans cette occalîon , ni celui de l'eau qui difparoît, ni celui

du gaz inflammable qui fe dégage ; il faudroit encore qu'il répétât avec foin les expériences defqueiles nous avons conclu la compofîtion

de l'eau , & alors fes objedions auroient encore plus de force qu'elles n'en ont à préfent.

Fautes ejjenùelles à corriger dans la fuite de l'Extrait du Mémoire de MM. Van-

dermonde , Monge Sl Kertlioilet.

ligne : Page 281 , pe'nuhiime , c'eft-à-dire , (ë troubler, Ufi-{ c'efl-à-dire , que la dinolution doit le troubler.

Page tSl , ligne 24, le réfidu , life\ : ce réfidu.

z : Page 1S4 , ligne , peu-à-peu , liji\ à-peu-ptes.

I Ce , : Ce Ligne ; , qui compofe lije\ qui compoiant.

Ligne 19 , cette efpèce d'épuration, life\: de dépuration.

Tome XXIX . Pan. Il , 1786. NOVEMBRE. D d d 2 ;p6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,

SUITE DES RÉFLEXIONS SUR LA SUBSTANCE CHARBONNEUSE; Par M. DE LA MÉTHERIE.

J E répondrâ!-ifiicciii

charbon doit être elîentiel à l'acier , ce qui ni 'avoir fait croire qu'ils le

regardoient également comme ellenticl aux autres métaux ; & eiFedivemenc

' file fer, le zinc , &c. contiennent toujours de l'air fixe, il me femble que dès-lors l'air fixe & la fubftance charbonneufc par conléquent ne peuvenc leur être étrangers. Je dis hypoihcje , parce qu'il nie paroît que leurs expériences n'onr prouvé autre choie que l'exiftence de la plombagine, de l'air inflammable & de l'air fixe dans le fer & l'acier. 2°. Mais, difent MM, V. M. & B. la plombagine eft une combinaifon

de ter .S: de charbon ; ainfi la plombagine fe trouvant dans le fer & l'acier,

par coniequent le charbon s'y trouve aulli : & ils s'appuient fur les expériences de MM. Schéele, Hielm Se Pelletier, pour dire que la plombagine contient du charbon. Cependant ces derniers n'y recon-

noillent que de l'air fixe & de l'air inflammable , ainfi que MM. Bergman

iSc de Morveau. Ceci revient donc à la grande queftion de favoir li l'air

fixe contient du charbon ; Si de cette hypoihèfe on en a veulu établir un

tait. Nous favions déjà que dans la nouvelle théorie, il faut Tuppofer la

fubftance chavbonneufe par-tout où on a de l'air fixe, comme dans la

craie , le marbre & toutes les terres & pierres calcaires, dans lesalkalis phlogiftiqués"', &:c. Maison demandera toujours quel eft ce charbon, qui ie trouvant dans la poitrine des animaux, traverfe le tiffu des bronches

pour venir fe combiner avec l'air pur qui efl dans les ramifications de la

rrachée-aitère ? Certainement cette fubftance , telle qu'elle foit , paroû bien éloignée de la nature du charbon ordinaire. 3°. A l'expérience de M. Monge j'oppoferai celle de M. Lavoitier, qui ayant fait ditfoudre du mercure par l'acide nitreux dans des vaiflfeaux

, puis fermés l'ayant réduit enfuite en précipité rouge , diftiUé toujours dans

les vailTeaux fermés , en a obtenu une portion d'air fixe ( Mém. de l'Acad.

1782, page 4p8. ) 4°. Je n'ai pas nié ni n'ai pu nier que le fer ni les autres métaiiyfe

calcinafTent dans l'air pur lorfqu'il y a une fuflifante quantité de chaleur •, mais j'ai nié qu'à la température ordinaire de ratmofphère cette calcination

eût lieu quand l'air étoit parfaitement pur. ,

SUR VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 397

y . Le pholpliore brûlant dans l'air pur à une température où le fer ne fe calcine pas (j'ai expoTé du phofphore à l'air, le thermornèrre éranc plufiturs degrés au-delfous de O , & il a brûlé ), il nie femble que dans la nouvelle théorie il devroit plutôt décompoler l'eau cjue le (er. Mais

voici encore une autre expérience qui prouve Pexiftence de l'ait

ii:l]ammable dans le foufre , c'eft celle de M. Bayen. J'ai mclé un gros de précipité de nitre niercuriel par la chaux avec douze grains de fleurs de foufre. ChaufTes dans une cuiller de fer ils ont détoné. Cette détonation ne peut venir que de l'air pur retiré de la chaux niercurielle & de l'ait inflammable du foutre, dans lequel on n'adnietpoinc d'eau.

6°. La flamme ne peu: venir de la luniière de l'air vut chatTée de fa bafe lorfqu'il fe combine ; car dans fa combinaifon avec l'air nitreux , par exemple, cette même lumière devroit être chaiïee. Il y a grande chaleur , mais point de flamme. La flamme ne paroît jamais que lorfque l'air pur fe combine avec l'air inflammable. Elle vient donc de la matière de la chaleur libre ou de la lumière qui fe trouve encore en bien plus grande quantité dans l'air inflammable que dans l'air pur, &.qui efi caule de fa grande légèreté. Je ne nie cependant pas que la matière de la chaleur

cortenue dans l'air pur n'y puifTe contribuer auflï. L'inflammation des

métaux efl donc une nouvelle preuve qu'ils contiennent de l'air inflammable.

7". 11 y a long-tems que j'ai fait l'expérience de faire pafTer l'eau dans le tube de fer incandefcenc, puifque même ces expériences ne font qu'une

fuite de celles que j'ai publiées dans ce Journal J ( 1781 feptembre ) (i ) je n'ai fait mention de ces dernières que parce que j'ai employé l'eau , de chaux & l'eau diftiUée privée de tout air. 8°. Je fuis le premier qui en brûlant l'air inflammable ai obfervé avec

attention l'humidité qui s'en dégage ; car Macquer n'en a parlé qu'en pafTanr. Si je n'ai pas parlé du poids , c'efl qu'il me paroît difficile d'avoir de ia précifion. Le tube de fer de quelque manière qu'on le garantiffe à l'extérieur eff toujours calciné jufqu'à un certain point. Sa furface extérieure eft couverte d'une couche d'éthiops, par conféquent a acquis du poids.

J'avois enveloppé les miens d'abord d'im fil de fer, enfuire d'un lut compofe d'argile & de bourre. Le lut a été vitrifié en bien des endroits;

néanmoins le fil de fer a été calciné, ainfi que la furface extérieure du canon. Il faut donc déduire ce poids acquis à l'extérieur de celui acquis

à l'intérieur : par conféquent tout fe réduit à des approximations.

(t) Voye-^ la note de M. Meufnier dans fon Mémoire , Journal de Phyfique , mai 1784. ^0?==5^t ,,

39S OBSERFATWNS SUR LA PHYSIQUE,

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

- - JVl. Jean Jérôme Schroeler , Grand Bailli de Sa Majefté

Britannique à Bremen , vient de nous envoyer un Mémoire fur plufieurs taches nouvelles noires & rondes qu'il a obfervées dans Jupiter , & il conclud de ces obfervations que la rotation diurne de cette planète eft à-peii-prcs de 6 heures jô minutes. Nous publierons fon Mémoire le plutôt qu'il nous fera poflïble.

Effdi fur rHifloire-natnrelle des Roches , précédé d'un expoféfyfléma- tique des Terres & des Pierres : Ouvrage auquel l' Académie

Impériale des Sciences de Péler/hourg a adjugé le premier a,cct(\']( enjuite de la queflion quelle avoit propofée en l'jS^^par M. de Majejîé Impériale Laun AY , Secnétaire de Sa & Royale Apoflolique , Membre de rAcadémie Impériale & Royale des Sciences & Belles-

Lettres de Bruxelles. A Bruxelles , chez Lemaire , Imprimeur-Libraire,

rue de l'Impératrice ; & fe trouve à Paris , chez Cuchet , Libraire , rue

& hôtel Serpente , un vol. in-12.

Le jugement de la Compagnie favante qui a accordé l'accent à cet Ouvrage, doit prévenir en fa faveur.

Galerie Hijîorique Univerfelle ; par M. DE P. Jixiéme Uvraifon. On foufcrit pour cet Ouvrage intéreflànt à Paris, chez Mérigot le jeune,

Libraire , quai des Auguftins, à Valenciennes, chez Giard, & chez les principaux Libraires des Villes du Royaume & de l'Europe.

coloriés d'' après nature Papillons d'Europe , peints , gravés .,& , qua-

torzième & quin^ème cahiers, A Paris , chez Delaguerre , Imprimeur-

Libraire , rue de la Vieille-Draperie , & chez Bazan , Marchand

d'Eftampes , rue & hôtel Serpente.

Ces deux cahiers forment, l'un, la fin du tome TV, & l'autre, ie commencement du tome V de cette précieufe colledion. Ils contiennent la defcription & l'hiftoire de trente-une efpèces, dont plufieurs rares & peu connues, & d'autres qui n'ont point encore été décrites. M. Carangeot qui ne néglige tien pour rendre cet Ouvrage de plus en plus intéreflant

réclame pour quelques-unes, les obfervations des Naturaliftes : il profitera avec reconnoiffànce de leurs expériences Si de leurs remarques, tant fur les efpèces qui lui relient à décrire, que pour celles comprifes aux précédens

volumes , s'ils veulent bien les lui adrefler Place Vendôme, N°. 1 1 , à Paris. , ,

SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. S99

Zoologie UnivcrJelU & portative , ou Notions élémentaires du Règne animal : Ouvrage dans lequel on a joint les méthodes T^oologiques Us moins imparfaites à une dejcription exacte & précij'e de tous les

Animaux , & à une. concordance des n£tns qui leur ont été donnés en notre Langue par Us dijfcrens Auteurs f le tout dijpofé Jelon l'ordre a L'ordre méthodique par alphabétique rapporté ; M. l'Abbe Ray , Garde des Cabinets de P/iyJîque & de Chimie du Lycée.

Cet Ouvrage, qui fera fous la forme àt Diftioniiaire , & dans lequel on a raifemblé d'une manière élémentaire rcutes les connoiiïànces acquiles

jufqu'à ce jour fur les animaux , n'attend que le moment où il occupera

la prefTe. Il fera borné à un feul volume in-\°. de fcpt à huit cens pages, beau papier, caradtère de philoiophie, en deux colonnes. L'Auteur pour

ne s'expofer ni au regret d'en avoir tait tirer trop peu d'exemplaires s'il

arrivoit qu'il fût auflî recherché qu'il ofe l'efpérer , ni au défas^rén-.ent de

les avoir trop multipliés fi le goijt a'ituel du Public prouvoit la taulfeté de fon calcul, ne le livrera à l'imprelTion que dans quelques nici?. Cetems fera employé à recevoir le nom des perfonnes qui fe feront infcrire chez

MM. Belin , rue Saint- Jacques, près de Saint-Yves; Royez , quai des Auguftins, près du Pont-neut; & dans les provinces & pays étrangers, chez Jes villes les prochaines faire Libraires des plus , qui pourront parvenir diredementou indirectement l'engagement en fon nom à un des deux Libraires ci-deflus nommés, pourvu qu'il lui arrive franc de port. Les perfonnes qui fréquentent le Lycée font prévenues que le Libraire qui s'y trouve eft autorifé à les infcrire. Le prix de l'Ouvrage broché fera de lO liv. qu'on payera en le recevant. TABLE Des Articles contenus dans ce Cahjek. • tx-E C H E RC H E s fur les Sauterelles & fur les mojens de les

, Aides détruire ; par M. Baron , Conjeiller en la Cour des Comptes

& Finances de Montpellier , des Acadétnies de Dijon , Toulouje

Nifmes , &c, page 321 pour prouver la vérité de opinion Obfervations de M. ScHÉELE ., fon fur

la nature du Pyrophore , 53'^ vitriolique Expériences fur l'ArJénic , la Chaux de plomb & CAcide

fumant ; par M. Schéele , à Koping , 332 Lille Lettre de M. Carrette-Sohier , Maître en. Pharmacie à , au Rédacteur du Journal 33} , ,

400 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQ VE, &c:

Defcr'tption d'une production végétale analogue aux Conferves , & du

Pefi-orangé ; par M. Reynier , 335 Suite des Epreuves relatives à Cadkéjîon ; par M. M. . . . 339 heure à M. de la Mètheme , contenant la. defcripclan d'un nouveau

Baromètre portatif , plus"Jimple & plus parfait & moins fufceptlble tous les autres faits précédemment par M. J. H. d'accldens ^ que ;

HURTER , Peintre de LL. MM. Britanniques , Agent de S. A. S. Monfelgneur le Margrave de Bade ,&c. &c. &c. en Angleterre, & Propriétaire d'une Manufaclure d'injlrumens de Mathématiques

P/iyJiques , Optiques & Aflronomlques , à Londres , 34.6

Objervatlons fur l'Hygromltre à boyau de ver- à-foie , de Dom

Casbois; par M. Cazalet , de Bordeaux, 34.9

Bllhlre du Schacal ; par M. GiiLDENST^Dr : traduite par J. P. Berthout Van-Berchem, 3j'3

Stùte des Recherches fur l'Alkall minéral natif; par M. LORGNA :

, de l'Académie de Dijon traduites par M. Champv , 373

Extrait d'une Lettre de M. Crei.l , à M. de la Métherie , fur

des procédés pour rendre le Charbon J'oluble , & pour déphlegmer V EJprlt-de-vln jSj Extrait d'un Mémoire qui a été prcfenté à l'Académie en Décembre 1785", & qui a pour titre : Suite des Recherches fur la nature des

fubftances animales , & fur leur rapport avec les fubftances végétales ;

par M. Berthollet , 389 Suite des Réflexions fur la fubflance charbonneufe ; par M. de la

MÉTHERIE , 396

• Nouvelles Littéraires , 398

A P P R O B A T I O N.

'A 1 lu par ordre de Monlêigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a paur J ,

Naturelle les , &c. titre ; Ohrervacions fur la Phyfiqae ,fur l'Hiftohe & fur Ans le Methemb &c. La CoUeftion de par MM. RoziER , MoKCEZ jeune & de la ,

faits iinportans qu'il offre périodiquement à (es Lefteurs , mérite l'attention des Sa-

j'eftime peut en permettre l'imprelTion. A Paris , ce ix vans ; en conféquence , qu'on Novembre 1786. VALMONT DE BOMARE. JVhtvmJ'nr j-rfiif i .

P/.JJ

J^'oi>emère i7$à' ôeilier Scii/f