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INTRODUCTION imotHy enson t o. B Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi Hausmann ? Bien des raisons expli - quent que la curiosité suscitée par cet artiste d’avant-garde – certes impor - tant, mais que l’histoire eut tendance à négliger –, soit de nouveau éveillée. nou s avons connu par le passé des résurgences de l’intérêt porté à Hausmann, par exemple chez les néo dadaïstes de la fin des années cinquante et du début des années soixante et, depuis lors, au sein de plusieurs générations d’artistes et d’universitaires. on est pourtant surpris par la vigueur des perspectives qu’offre à chaque génération Raoul Hausmann et par la pertinence de ses réponses aux questions qui nous sont actuellement posées. Ce processus de (re)découverte a été grandement facilité par l’ouverture récente, longtemps attendue, d’une grande partie du fonds Hausmann au musée d’art contempo - rain de Rochechouart. Cette situation nouvelle fut l’une des raisons du col - loque d’où allait naître les chapitres de ce livre. Quiconque a eu le privilège de visiter la dernière résidence d’Hausmann à limoges – d’où proviennent ces documents – aura été impressionné par l’ampleur et la profondeur des écrits qu’il a laissés, comme par l’abondance des informations fournies par sa compagne et exécuteur testamentaire, marthe Prévot, dans ses témoignages sur la vie quotidienne et les nom - 9 ntRoduCtion imotHy enson i t o. B breuses excentricités du dadasophe. si le fonds du musée de Rochechouart, la richesse de sa palette en matière de pratiques « dadasophiques », de dans sa relation, notamment à toute la documentation conservée à la trouvailles constructivistes, de poésie auditive et visuelle, d’écriture, de 1 Berlinische galerie, a fait l’objet, voici quelques années d’une ample mise photographie, de photomontage, de danse et de conscience cinématique, en perspective, grâce aux travaux d’adelheid Koch et de Kurt Bartsch , l’œu - mais se seront aussi multipliés comme le fit celui qui adopta et revisita sans vre protéiforme d’Hausmann méritait une approche collective. le colloque trêve les postures de l’anarchiste, du critique d’art, du savant, de l’inven - « Raoul Hausmann et les avant-gardes » en fut l’occasion, en 2008, à Paris, teur, du théoricien de la science, de l’ingénieur, de l’anthropologue, du géo - dans le cadre propice aux échanges et aux débats qu’est l’inHa. graphe, du cartographe, sans oublier, bien sûr, celle de l’amant polCyovuarlerinetr . universitaires de multiples horizons mais aussi écrivains s’y livrèrent à une Dada exploration non seulement des influences qu’eurent sur les premières l’historiographie de dada fut quant àM elilte W coitmz,p Lliiqchuté eu npdar G larü vtozge ue « néo 5 œuvres de l’art moderne les production à multiples facettes d’Hausmann, dada » qui se répandiBt ejurlsinte D aaud ma oment où Hausmann, avec son 2 mais aussi des traces qu’a laissées son œuvre dans un ensemble divers de (1958) D, eatd da’ aPurtorfeisle acteurs du mDoaudvae, mKuenstt e unn édc rAivnatikeunnt scth acun l’his - discours et de pratiques qui se sont succédé depuis les années soixante . toire, en particulier Huelsenbeck avec (1957), Walter mehring avec (1959), et Hans Richter qui publia suc - les débats au sein de cette communauté élargie ont fait ressortir l’in - cessivement (1961) et (1964). si térêt de deux thèmes particulièrement prometteurs pour qui entend saisir l’on met de côté ses protestations contre un mouvement tardif, comment l’actualité d’Hausmann. on pourrait, pour faire court, les intituler doit-on appréhender le regain d’intérêt que connut Hausmann au cours « Hausmann polydadaïste » et « le dadasophe historiographe ». en recou - des années cinquante et soixante parmi les lettristes, les poètes concrets, rant au terme de polydadaïste pour qualifier le dadasophe, nous prenons les praticiens du mouvement Fluxus, du nouveau Réalisme et du Pop art ? la liberté de modifier ce que RicDhoaprpde Klboesgtaeblatenn etz appelait un « terme Hausmann ne fut-il qu’une entrée parmi d’autres dans la liste de leurs pré - magique », celui de « polyartiste », qu’il forgea à la suite de son livre de curseurs ? ou faut-il réévaluer le mouvement néo dada, qui aurait consti - 3 1970 sur moholy-nagy et qui tente de définir ces artistes modernes ne se tué le vestige intact, resté très efficace autant que sous-estimé et mal contentant pas d’un double don ( ) – nous pensons à des compris, de cette capacité qu’avait eu dada d’interroger les conditions de 6 créateurs tels que Hans arp, ernst Barlach, Wassily Kandinsky et ludwig la modernité ? néo dada a-t-il été un prolongement ou une fin ? une avant- meidner, qui étaient aussi écrivains –, mais entendant bien battre en brèche garde ou, selon le mot de marjorie Perloff, une arrière-garde ? C’est la 4 la caractérisation de leurs œuvres à partir des catégories conventionnelles question d’une néo avant-garde, à laquelle Hausmann aura sans doute été réduites aux seuls critères du médium et de la discipline . Quelle que soit aussi indispensable qu’elle lui sera restée (pour des raisons que nous étu - la façon dont on comprenne ce mystérieux assemblage de créativités qu’est dierons) inaccessible, qui se trouve ainsi posée. Hausmann, on peut affirmer que peu d’artistes non seulement auront égalé 10 11 ntRoduCtion imotHy enson i t o. B la carrière d’Hausmann couvre au xxe siècle des époques entières que quand on considère les immenses difficultés devant lesquelles les artistes délimitent deux moments cruciaux : la transition des années dix aux années furent placés par des circonstances politiques et sociales qui les mettaient Cvionngsti deét rlae tpioanss oabgjee cdteivse a dnun éreôsle c dinuq Duandateïs amuex, années soixanÜteb,e crhgaaqnuges ftorramn - au défi de produire des œuvres dotées d’une vraie puissance, qui soient sition aboutissant à des phases de requalification révolutionnaire de la cul - d’une nouveauté radicale et parviennent à prendre la mesure de l’effon - ture moderne, exigeant ce qu’Hausmann, dans son essai intitulé drement des valeurs dont dada fut le témoin et l’acteur (et – qui sait ? – de a appelé une , leur renaissance). l’œuvre d’Hausmann, par sa contribution aux deux 9 soit une forme d’art où l’œuvre est considérée comme instrument heuris - époques, est évidemment fondamentale pour comprendre les modalités 7 tique, comme baguette divinatoire du surgissement du sens et de la nou - d’une avant-garde tissée de phases « néos » et de « répétitions ». veauté . Pour lui, bien sûr, il s’agissait de daMdaan aifveasnte t dtouu Pt,R mÉsaeins taisumsse i, ne l’oublions pas, d’un « anti-dada » tel qu’idl ilee I dmeiatl e nei nperra tfeiqrunen a Zvuekcu Knuft rt la façon dont dada a satisfait aux exigences parallèles du temps pré - schwitters et Hannah Höch pendant sa tournée dada de 1921. C’est dans sent, dont il faut faire la théorie, et du passé, qui demande à être précisée, ce contexte qu’Hausmann lut à Prague son qui explique peut-être que le mouvement ait inspiré récemment aux institu - 8 rejetait « les idéaux d’un avenir lointain » [ ], tions savantes comme aux musées une littérature spécialisée en plein essor. lui préférant une « humanité intrépide et non-historique » qui cherche, Parmi eux, le musée d’art moderne - centre georges Pompidou s’est dis - par la culture des sens, à fixer complètement la conscience dans le présent. tingué, en 2006, avec une ambitieuse exposition dada, organisée par dans les années soixante, alors que les artistes commençaient à revenir laurent le Bon, et dont le catalogue est digne d’un annuaire téléphonique. aux modes d’expression des années dix et vingt, se noua entre ces néo Remarquable par son plan de salles ménageant des accès multiples ainsi avant-gardes et l’avant-garde historique une relation complexe, soulignée, que par le nombre de ses pièces documentaires et de ses œuvres d’art – outre par les artistes eux-mêmes, par les critiques et les universitaires. les plus de deux mille – ce projet novateur avait, intrinsèquement, quelque activités fondatrices d’Hausmann, le photomontage et la poésie optopho - chose d’une entreprise dada. Celle-ci devait être ensuite amendée et ordon - 10 nétique en particulier, se firent valoir en tant que précédents. née dans les versions américaines de la national gallery, à WaDshaidnag Ctoirnc,u eit Tdout mal useum of modern art, à new york , selon des conceptions esthétiques si, avec le recul, ces moments de transition sont justiciables de couples plus conformes aux canons habituels. tandis qu’en europe l’exposition 11 terminologiques opposant le moderne au post-moderne, le temporel au dada était précédée par une anthologie imposante d’érudition, spatial et le chronologique au géographique, on peut avoir le sentiment , réalisée souOs clat odbirection d’Henri Béhar etT dhe CDaatdhae rSienme idnuafros ur , aux d’être en quelque sorte renvoyé par l’histoire dans les limites étroites de etats-unis une activité éditoriale considérable présida à la préparation notre présent quand on se demande s’il y eut, après dada, une époque qui même de l’événement, lequel donna lieu à des publications telles que le l’ait surpassé dans sa quête des fondations ultimes de la modernité et numéro spécial d’ (2003) ou le volume , publiés 12 13 ntRoduCtion imotHy enson F i t o. B ( Apeiros 12 Sprache im Technischen 13 par la national gallery en 2005 . Pourtant, si l’on met de côté l’article de Zde’Hitaultsemr ann. a travers des articles et des écritDsi cdt’iHoennraii rCeh doup Dina daaïnssm e marcella lista sur l’optophone – au sommaire des derniers –, Hausmann 1974), de marc dachy dans (1974), de Paul de vrée dans chacune n’a pas beaucoup attiré l’attention, même si des questions ont été posées de ces deux publications, de Karl Riha dans ici et là, et si l’on peut espérer, dans la mesure où celles-ci gagneront en (1975) et de georges Hugnet dans son ampleur, qu’il accède enfin à la reconnaissance.