Tania Mouraud Une Retrospective
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
TANIA MOURAUD UNE RETROSPECTIVE SOMMAIRE 1. PRESENTATION GENERALE DE L’EXPOSITION 2. LA RETROSPECTIVE AU CENTRE POMPIDOU-METZ 2.1. INTRODUCTION / L’AUTODAFÉ 2.2. « UN SUPPLÉMENT D’ESPACE POUR UN SUPPLÉMENT D’AME » 2.3 LES GENS M’APPELLENT TANIA MOURAUD 2.4. LA FONCTION DE L’ART 2.5. PERCEVOIRDISCERNERIDENTIFIERRECONNAITRE 2.6. LE SILENCE DES HÉROS 2.7. AD NAUSEAM 3. PARCOURS DANS LA VILLE 4. REPERES BIOGRAPHIQUES 5. ETUDE D’OEUVRES 1. PRESENTATION DE L’EXPOSITION TANIA MOURAUD. UNE RÉTROSPECTIVE 04.03 > 05.10.15 GALERIE 2 DU CENTRE POMPIDOU-METZ FIN JUIN > 05.10.15 AU CENTRE POMPIDOU-METZ ET DANS 8 SITES CULTURELS PARTENAIRES À METZ En 2015, le Centre Pompidou-Metz présente, en partenariat avec 8 sites culturels de Metz, la première exposition monographique d’envergure dédiée à l'artiste française Tania Mouraud. Amorcé à partir du 4 mars 2015 au Centre Pompidou-Metz, et pensé à l'échelle de la ville et de son agglomération, l'événement prendra toute son ampleur à partir de la fin juin 2015, proposant ainsi une rétrospective sans précédent dans sa forme et inédite dans son déploiement. Artiste refusant tout rattachement à un courant ou à un dogme, Tania Mouraud n’a cessé de faire évoluer son œuvre depuis la fin des années 1960, explorant alternativement toutes sortes de disciplines – peinture, installation, photographie, performance, vidéo, son – autour d’un principe constant : interroger les rapports entre l’art et les liens sociaux. Elle propose ainsi de rajouter dans les habitations standardisées une chambre de méditation (1969). Elle affiche dans l’espace public sur les panneaux 4 x 3 m son désaccord avec une société glorifiant l’avoir au dépend de l’humain (1977). Elle réfléchit aux rapports esthétiques entre l’art et la guerre, et se penche avec l’aide de l’écriture sur les limites de la perception, en créant des « mots de forme » (1989). À partir de 1998, elle se sert de la photographie, de la vidéo et du son pour questionner différents aspects de l’histoire et du vivant. Un catalogue accompagne l’exposition (parution prévisionnelle début avril 2015). Il constitue une monographie de référence sur l’artiste, faisant une large place à ses écrits et incluant des documents inédits. Commissaires : Hélène Guenin, Responsable du pôle Programmation, Centre Pompidou-Metz Élodie Stroecken, Chargée de coordination du pôle Programmation, Centre Pompidou-Metz 2. LA RETROSPECTIVE AU CENTRE POMPIDOU- METZ Déployée sur les 1100 m2 de la Galerie 2 du Centre Pompidou-Metz dès le mois de mars, la première partie de la rétrospective parcourt l’ensemble de la carrière de Tania Mouraud, depuis l’acte de l’autodafé de 1968, qui met fin à ses premières années de pratique picturale, pour laisser place à ses espaces d’initiation et de méditation des années 1970, jusqu’à ses œuvres les plus actuelles. Elle met ainsi en lumière un parcours sans concession, à la fois rythmé par ses rencontres avec des figures tutélaires de l’histoire de l’art contemporain, mais aussi par son histoire personnelle. À travers les œuvres aux supports variés présentées en Galerie 2, dont certaines seront issues de la collection personnelle de l'artiste, la sélection dévoile un portrait engagé de Tania Mouraud. Nombre de pièces historiques disparues sont réactivées pour l’occasion. Une attention particulière est donnée aux chambres de méditation ou aux travaux sur le langage initié dans les années 1970, œuvres emblématiques du travail de Tania Mouraud. L’exposition balaiera pour la toute première fois l’ensemble de ses espaces d’initiation de manière exhaustive. La première chambre de méditation, ONE MORE NIGHT (1970), réalisée initialement dans le cadre de l’exposition éponyme à la galerie Rive Droite de Jean Larcade, à Paris, fera l’objet d’une reconstitution exceptionnelle. AD NAUSEAM, installation audiovisuelle monumentale présentée au MAC/VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne du 20 septembre 2014 au 25 janvier 2015, est également montrée dans une version adaptée au contexte de la rétrospective. Cette pièce majeure de Tania Mouraud a été coproduite par l’Ircam (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique) dans le cadre d’une résidence de l’artiste entre 2013 et 2014. 2.1. INTRODUCTION / L’AUTODAFÉ Le parcours de l’exposition s’ouvre avec l’image forte de l’autodafé par lequel, en 1968, Tania Mouraud met fin de manière radicale à la pratique picturale qu’elle a menée jusqu’alors. À cet acte de destruction répondent deux œuvres fondatrices : Infini au carré, monochrome blanc, en formica, de grandes dimensions, et Totémisation, volume- sculpture pensé par l’artiste à partir de l’échelle de son propre corps. Ces œuvres incarnent le renouveau formel et spirituel que Tania Mouraud va insuffler à la suite de son parcours. Présentées pour la toute première fois au sein d’une institution muséale, elles sont spécialement réactivées pour l’occasion. Tania Mouraud, Autodafé, 1968 Hôpital de Villejuif © ADAGP, Paris 2015 © Droits Réservés 2.2. « UN SUPPLÉMENT D’ESPACE POUR UN SUPPLÉMENT D’AME »1 Les œuvres précédemment citées introduisent une période brève mais extrêmement fertile du travail de Tania Mouraud, qui se focalise sur la recherche d’« un supplément d’espace pour un supplément d’âme »2. Ce sont les chambres de méditation et les espaces d’initiation, qu’elle se propose d’ajouter au cœur des appartements standardisés des années 1960-70. Cette aspiration à un art de l’espace et de l’environnement, alors relativement inédite sur la scène européenne, connaît parallèlement des développements aux États-Unis (Doug Wheeler, James Turell, Dan Graham, etc.). Chez Tania Mouraud, la création d’« une chambre à soi » manifeste une réflexion d’ordre philosophique sur l’identité et le rapport au monde. Un travail sur le son accompagne la réalisation de certaines des chambres et donne lieu à des créations ou collaborations avec des compositeurs comme Éliane Radigue, Terry Riley, La Monte Young ou Pandit Prân Nath. 2.3. LES GENS M’APPELLENT TANIA MOURAUD En 1971, Tania Mouraud effectue son premier voyage en Inde. Au cours de ce séjour qui durera six mois, elle tente de trouver les réponses aux interrogations essentielles qu’elle se pose sur l’identité, la conscience de soi, la place de l’individu dans l’univers. Elle engage alors un nouveau cycle de travail avec les « photo-textes », qui mêlent images et mots, et qu’elle réalise sur film héliographique transparent collés ou sur panneaux accompagnés de textes réalisés en letraset. Certains prennent la forme de mandalas. Les interrogations qu’elle soulève se déplacent progressivement du sujet vers l’objet, du cosmologique vers le tangible pour aboutir à la question pure du langage et de la perception. 1 Pierre Restany in préface du catalogue de l’exposition One more night à la Galerie Rive Droite, Paris, 1970. 2 Ibid. Tania Mouraud, Mandala n°3 (détail), 1974/2015 Film héliographique, cadre métallique © ADAGP, Paris 2015 © PHOTOGRAPHIE TANIA MOURAUD 2.4. LA FONTION DE L’ART « Par mon travail, je montre que la philosophie et l’art devraient et pourraient fusionner pour nous faire progresser sur le chemin de la connaissance. »3 Tania Mouraud poursuit ses investigations sur la perception en concentrant ses recherches sur la linguistique et la phénoménologie de la perception – notamment sur les notions de perception immédiate et différée. Les mots deviennent l’outil et la forme matérialisant sa pensée. L’artiste déploie ces mots sur de la bâche en vynil – matériau pauvre, usuel, renvoyant à l’univers du BTP –, avant d’agrandir chaque lettre jusqu’à l’abstraction, explorant ainsi le potentiel plastique de l’écriture plus que son déchiffrage, de sorte à la rendre autonome. Elle inaugure ensuite avec les « Black Power » une série de tableaux-reliefs à l’esthétique artisanale, se revendiquant davantage de l’univers du peintre en bâtiment que de l’esthétique lisse en vigueur chez les artistes de l’art conceptuel. 3 Tania Mouraud in « Focale ou la fonction de l’art », catalogue de l’exposition Tania Mouraud à l’ARC 2, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 1973. Tania Mouraud, Série Black Power, MÊME, 1989. Collection particulière. Black Power Je fais simplement appel à la lettre bâton, base de toute signalétique actuelle et en particulier au caractère Avant-garde, symbole de la puissance économique internationale (cf la carte VISA) en inversant le rapport de sens. La peinture noire représente le négatif de la lettre. Elle montre ce qui d’ordinaire est caché, ce qui est intermédiaire, à l’inverse de la photographie où seul le dispositif est exposé. Et, pour lire, il faut inverser le processus habituel de décodage et penser en négatif. Décrypter le mot suppose que l’on en dessine mentalement le début et la fin ; suivant les repères, comme en imprimerie, on trace un trait fugitif qui ne dure que le temps de la pensée : processus d’apparition et de disparition du dessin, ainsi que la limite du tableau qu’accompagne un son mental dès que le mot est lu. Le mot démultiplié dans l’espace induit une dispersion du regard. En posant le problème de l’espace dans sa pseudo-matérialité et, en utilisant l’appareil psychique comme matériau, ce travail tente de dévoiler la relativité des informations perceptuelles et soulève la question de l’expérience. Tania Mouraud, 1988 2.5. PERCEVOIRDISCERNERIDENTIFIERCONNAITRE City Performance n°1 marque un tournant significatif dans le travail de Tania Mouraud. À la fin de l’année 1977, 54 affiches faisant apparaître le mot « NI » sont placardées sur les panneaux publicitaires dans cinq arrondissements du nord et de l’est parisiens pendant quinze jours. Paradoxe subversif d’un langage sans message, le « NI » est une « prise de position anonyme.