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ENSEMBLE MUSICA NOVA LUCIEN KANDEL

ENSEMBLE MUSICA NOVA LUCIEN KANDEL

CHRISTEL BOIRON, MARIE CLAUDE VALLIN superius / Superius LUCIEN KANDEL, XAVIER OLAGNE contratenor / Contratenor THIERRY PETEAU, JÉRÉMIE COULEAU tenor / Tenor MARC BUSNEL, GUILLAUME OLRY bassus / Bass JOSEPH RASSAM orgue / Orgel / organ 4

01 03:41 SE CONGIE PRENS 17 02:05 PLAINE DE DEUIL 02 01:44 ADIE MEZAMOURS (Orgue, c. 1520) * 18 02:26 INCESSAMMENT LIVRE 03 02:14 CUEUR LANGOREULX 19 02:53 PLUS MILLE REGRES (Orgue, 1547) *** 04 01:20 VOUS NE LAUREZ PAS 20 02:57 BAISEZ MOY 05 02:51 FAULTE DARGENT 21 02:29 EN NON SAICHANT 06 02:37 CANZON SOPRA FALTD'ARGEN 22 01:44 POUR SOUHAITTER (Orgue) ** 23 02:04 ADIEU MES AMOURS (Orgue) ***** 07 02:38 DOULEUR ME BAT 24 01:17 ALLEGEZ MOY 08 01:43 PETITE CAMUSETTE 25 02:12 JE ME COMPLAINS (1410 –1497) 26 03:06 NIMPHES NAPPES / 09 01:59 PETITE CAMUSETTE À 6 CIRCUMDEDERUNT ME 10 02:42 TRIBULACIO ET ANGUSTIA 27 02:38 O MORS INEVITABILIS (Orgue, 1545) *** Hieronymus Vinders (fl . 1525 –1526) 11 04:54 / (Déploration sur Josquin) REUIEM AETERNAM 28 04:57 RECERCAR TERZO (Orgue) ** (Déploration sur la mort d'Ockeghem) 29 05:57 MUSAE JOVIS / 12 01:17 NESSE PAS VNG GRAND DEPLAISIR CIRCUMDEDERUNT ME 13 01:42 SI VOUS NAVEZ Jo. Le Brung (?) Nicolas Gombert (c. 1495 – c. 1556) 14 02:46 PARFONS REGRETZ (Déploration sur Josquin) 15 02:36 PLUS NE REGRES (Orgue) **** 16 02:29 PLUSIEURS REGRETZ Total: 76:02

* Tablature de Leonhard Kleber (1495 –1556), Staatsbibliothek Preußischer Kulturbesitz Berlin, Musikabteilung, Signatur Mus. ms. 40026 ** Girolamo Cavazzoni (c. 1520 – c. 1577), Intavolatura cioe recercari canzonihimni magnifi cati. Composti per hieronimo de marcantonio da bologna, detto d'urbino. Libro primo *** Tablature de Jean de Lublin (1537–1548), Cracovie, Académie des sciences, MS 1716 **** Marco Antonio Cavazzoni (c. 1490 – c. 1560), Recerchari Motetti Canzoni composti per Marcoantonio di Bologna Libro Primo (Venezia, Bernardino Vercellense, 1523) ***** Elias Nicolaus Ammerbach (c. 1530 –1597), Orgel oder Instrument Tabulaturbuch, Nürnberg, 1583 Introduction | Français 5

Entre les grands crus bourguignons, transposition à la musique grâce à l'extrême raffi nement des millénaire de terroirs qui expriment le seuil au-delà ducs, ardents protecteurs des arts. À l'instar des duquel la complexité du silence devient mystère grands crus, des musiciens comme Dufay, Binchois, d'un vin indéfi nissable, et la restitution sonore Ockeghem sortirent de cette terre et engendrèrent de l'âme grave et aérienne de Josquin Desprez, d'autres générations de compositeurs. l'ensemble Musica Nova m'est apparu comme Le plus illustre d'entre eux, Josquin Desprez, le médiateur le plus intègre pour donner une honoré et chanté en son temps dans tout l'occident dimension commune à ces chuchotements de s'inscrit dans cette lignée. Comme son « bon l'essentiel qui résonnent et s'amplifi ent depuis père » de musique Johannes Ockeghem, il tisse des des siècles. La centralité ultime de chaque art peut polyphonies prodigieuses, où la forme et le fond alors s'unir pour féconder la temporalité ... s'unissent à la perfection. Eric Rouyer L'idée de chanter Josquin à Beaune a mûri quelque temps ... L'enthousiasme de Pascale et Pierre Henry Gagey nous a permis de travailler régulièrement dans ce lieu mythique et de graver SE CONGIE PRENS ... ces quelques pages. Nous remercions chaleureusement Jocelyne et La présente réalisation est le fruit d'une rencontre Frédéric Mugnier (Domaine J. F. Mugnier), Pamela avec l’univers mythique des grands domaines et Aubert de Villaine (Domaine de La Romanée- bourguignons. Orchestrée par notre ténor du palais, Conti), Constance et Louis-Michel Liger-Belair Eric Rouyer, personnage animé par une passion (Domaine Comte Liger-Belair) qui ont apporté tout musicale sans égale, la rencontre eut lieu à Beaune, leur soutien à ce projet. lors de l’inauguration du couvent des Jacobins, fraîchement restauré, où Dame Musique vint poser l’ultime pierre de l’édifi ce. Construite à la fi n du XV e siècle, la chapelle du couvent offre une qualité acoustique exceptionnelle, repérable au moindre éclat de voix projeté sous les voûtes en bois si typiques de la région. Notre univers musical n'est pas étranger à cette terre bourguignonne. Elle a su donner de grands noms 6 Introduction | Français

LES antique) où les quatre voix déclament dans une À CIN  SIX PARTIES DE quasi-homorythmie. À la fi n de son édition, Susato fait imprimer JOSUIN DESPREZ en écho à Nymphe des bois trois déplorations imprimées par successives en hommage à Josquin Desprez. Notre Tylman Susato à Anvers en 1545 choix s'est porté sur celle de Hieronymus Vinders, (Septiesme livre de chansons) O mors inevitabilis, composée à sept parties, et le fameux Musae Jovis de Nicolas Gombert à six voix, deux œuvres étonnantes par leur construction. LES DÉPLORATIONS L'ombre du grand maître Comme Nymphes des bois, la première puise Ockeghem plane sur ce corpus où fi gurent deux son inspiration dans l'introït de la messe des morts chansons parodiées par Josquin, Petite Camusette « Requiem aeternam » (ton usuel de fa plagal), et Ma bouche rit. On retiendra surtout la fameuse et s'enrichit d'un second cantus fi rmus avec les déploration Nymphes des bois / Requiem mêmes paroles mais dans une récitation du mode aeternam qui constitue le plus vibrant hommage de fa authente, c'est-à-dire dans une récitation à Ockeghem. Les notes de musique noircies pour psalmodique plus élevée. l'occasion symbolisent le deuil, une thématique Cette superposition des deux cantus fi rmus chère à toute la production profane du moment. La confère à cette œuvre une sonorité lumineuse, partition se présente sans clef aucune, référence renforcée par la présence de deux voix de superius directe à la Missa Cuiusvis Toni. Un canon indique et de bassus, rarement utilisées à cette époque. que le cantus fi rmus Requiem aeternam (en mode Le motet de Nicolas Gombert se construit sur de fa) doit être chanté un demi-ton plus bas (en le thème grégorien « Circumdederunt me gemitus mode de mi). mortis » (en mode de mi) associé également à la Le tissu polyphonique s'inspire directement messe des morts. Tout au long de la pièce, le cantus du contrepoint d'Ockeghem jusqu'au passage fi rmus se répète quatre fois sur des hauteurs et « Accoutrez vous d'habits de deuil », où l'être avec des proportions différentes. À l'inverse de disparu représenté par la voix de tenor, se tait. Vinders, Gombert nous plonge dans les sombres L'injonction faite à Josquin, Brumel, Pierre de La sonorités qui lui sont chères, où la basse tutoie les Rue et Compère de porter le deuil et de pleurer la abîmes infernaux (« dolores inferni ») tandis que le mort du maître, se traduit par un style d'écriture superius s'envole sur la montée (« triumphat inter plus « contemporain » (réminiscence du chœur coelites »). Dans la partie fi nale majestueuse, écrite Introduction | Français 7 en tempus perfectum, Josquin rejoint les divinités contenue dans Faulte d'argent, sur le texte « C'est célestes (« et maximo gratus Jovi »). douleur non pareille », revient de façon quasi L'art de la déploration et de l'hommage impose obsessionnelle dans plusieurs chansons comme aux compositeurs une véritable compétition Plusieurs regrets (la-sib-la-sol-fa-mi-re). musicale : de Mort tu as navré d'Ockeghem Le Ricercar en mi de G. Cavazzoni, fait entendre célébrant Gilles Binchois à O mors inevitabilis, ce motif mélodique repris dans tous les hexacordes le nombre de voix augmente à chaque génération, (demi-ton situé entre mi et fa, la et sib, si et do). passant de quatre chez Ockeghem, à cinq chez Le motif ascendant (la-si-do-re-mi-re- Josquin, six chez Gombert, puis sept chez Vinders. re-do dièse-re) sur les mots Réjouis toi (Cueur langoreulx) se retrouve également dans son LES CHANSONS La paternité de certaines célèbre motet marial Inviolata, bel exemple de chansons à six voix de Josquin prête à discussion. réutilisation d'un thème profane dans une pièce Elles proviennent souvent de sources uniques sacrée. publiées plus de vingt ans après la disparition de Deux chansons-motets Nymphes des bois notre compositeur. Mais la qualité des œuvres / Requiem aeternam et Nymphes nappés / présentées ici nous montre la parfaite maîtrise Circumdederunt me confi rment cette osmose du contrepoint et la savante construction d'un où teneur grégorienne latine et texte français discours « josquinien ». cohabitent parfaitement. Plusieurs de ces La quasi-totalité de ces chansons contient deux chansons (Se congie prens, Faulte d'argent, voix écrites en canon (unisson, quarte, quinte et Petite Camusette, Plusieurs regretz ...) se voient octave), avec les motifs mélodiques imités par les attribuer, selon l'usage fréquent de la contrafacture, autres parties. un texte latin sacré, dans des sources ultérieures. Seule la Baisez moy à six voix Contrairement aux chansons d'Ockeghem s'enorgueillit d'un triple canon : l'attribution à soumises aux formes fi xes du passé, les textes Josquin semble certaine puisque qu'elle se trouve plus concis chez Josquin deviennent prétexte à une déjà dans l'édition de Petrucci (Canti B 1502), avec composition musicale très construite et permettent les deux versions proposées ici, à quatre puis à six le réemploi des thèmes mélodiques. On retrouvera voix. une grande partie de ses musiques parodiées ou On reconnaîtra dans les mélodies l'emploi reprises avec un nombre de voix supplémentaires, du thème de la célèbre chanson Mille regrets jusqu'à la fi n du XVI e siècle (Faulte d'argent à huit au début de En non saichant. La paraphrase voix de Pierre de Manchicourt). 8 Introduction | Français

Les tablatures d'orgue italiennes, allemandes le caractère mélancolique prédominant en ce début et polonaises témoignent de l'admiration du XVI e siècle. Cette mélancolie chère à la noblesse universelle portée à Josquin durant toute la période raffi née et lettrée, refl ète l'atmosphère régnant au Renaissance. Sa renommée incita même des sein des cours de Bourgogne ou de Bretagne, en compositeurs peu connus à se faire publier sous perte d'autonomie et de plus en plus soumises à son nom. l'autorité royale. Dans ses livres de chansons, Susato publie Le présent album intitulé Se congie prens peint également des réponses : Les Miens aussi pour l'amour malheureux du poète, la douleur face au le célèbre Mille Regrets. Dans le septième livre, départ du musicien tant admiré, mais aussi les Nest ce pas un grand deplaisir (cinq voix) est profonds regrets d'une société qui voit décliner ses suivi de la réponse de Jean Lebrung Si vous navez valeurs courtoises et chevaleresques. autre désir (six voix). Lucien Kandel En utilisant de manière quasi obsessionnelle le mot « regret », ces miniatures sonores expriment Introduction | Français 9 10 Introduction | Français

Le présent enregistrement reprend la quasi totalité triplum (dans la tessiture du superius) ou même un d'une publication du XVI e siècle intitulée « Le contratenor-bassus au-dessous du tenor (ancêtre ſeptieſme liure, contenant vingt & qvatre chansons du bassus de la chanson polyphonique de la a cincq et a six parties ». Publiée environ vingt ans Renaissance). Cette technique est encore pratiquée après la mort du compositeur, elle témoigne à la fois au XV e siècle par Guillaume Dufay, Gilles Binchois de son rayonnement européen et de son passage à et jusqu'à Johannes Ockeghem dont les chansons la postérité. sont, pour la plupart, à trois voix. Né vers 1440, Josquin Desprez appartient à une Par contre, si vous examinez n'importe quelle génération de compositeurs qui opère une véritable chanson de Josquin Desprez, vous constaterez qu'il révolution dans la technique contrapuntique : est impossible d'en isoler, comme auparavant, deux le passage de la composition successive à la voix principales susceptibles d'être chantées seules composition simultanée, ce dont témoigne Pietro sans que des fautes de contrepoint en résultent à Aaron : « … Les compositeurs modernes eurent une un moment ou un autre. Quel que soit le nombre meilleure idée, comme il est manifeste par leurs de voix, chacune joue un rôle d'égale importance et compositions faites à quatre, à cinq, à six, et plus emploie le même matériau musical, ce qui implique de voix : dans lesquelles chacune occupe une place l'usage d'un contrepoint en imitations serrées ou commode, facile & agréable : parce qu'ils prennent même canonique d'une manière toute nouvelle. en considération toutes les parties ensemble ... »1 Bien que les parties internes, tenor, contratenor, La chanson polyphonique se développe au XIV e quinta et sexta pars, occupent encore un ambitus siècle. À cette époque, les compositeurs utilisent proche ou identique, ce dont témoignent les les trois formes fi xes : ballade, rondeau et virelai, clefs employées, la répartition des parties dans et la musique est de forme binaire à reprises. la polyphonie tend à se diversifi er. Au tournant L'ordre de succession des couplets et du refrain des XV e et XVI e siècles, l'écriture de la chanson est différent pour chaque forme poétique. Le polyphonique se distingue de moins en moins de contrepoint est constitué de deux voix principales, le superius et le tenor. Mais alors pourquoi parler de composition successive ? Parce que celles-ci, 1 Pietro Aaron, Toscanello in Musica, Venezia, Bernardino bien que se suffi sant à elles-mêmes, peuvent & Matheo de Vitali, 1529. Fac-simile : Bologna, Forni très bien se voir ajouter une troisième, voire une Editore, 1969. Libro secondo; Come il compositore possi quatrième voix, que ce soit un contratenor (plus ou dare principio al svo canto. CAP. XVI. C'est nous qui moins dans la même tessiture que le tenor) ou un traduisons. Introduction | Français 11 celle de la musique religieuse contemporaine, aultre desir, Parfons regretz, Plusieurs regretz, entre autres du fait de l'emploi du contrepoint en Plaine de dueil et Incessament. imitation et du canon, techniques pratiquement Après le quintil, vient ensuite le quatrain inconnues dans la chanson médiévale. généralement isométrique. Vous ne l'aurez pas, L'art poétique de cette époque distingue à 6 et Pour souhaitter, à 6 se composent d'un trois catégories de vers : les alexandrins unique quatrain en octosyllabes (ou vers lyriques) (dodécasyllabes), les communs (décasyllabes), de en rimes masculines embrassées (ABBA). Alors loin les plus courants, et les lyriques (de métriques que Nymphes nappés, à 6, Faulte d'argent, à 5 diverses). L'hémistiche des alexandrins divise, et Petite camusette, à 4 et à 6 se composent comme son nom l'indique (du grec ancien ήμι- d'un quatrain isométrique respectivement en [êmi- qui signifi e demi] et -στίχος [-stikhos qui décasyllabes avec rimes féminines (indiquées en signifi e vers]), le vers en deux parties égales (6 + 6). italiques) et masculines embrassées (ABBA), en Par un abus de langage, on qualifi e également décasyllabes avec rimes masculines et féminines d'hémistiche la césure entre la quatrième et la embrassées (ABBA) et en alexandrins avec rimes cinquième syllabe des communs ou décasyllabes masculines alternées (ABAB). Allégez moy, à 6 (4 + 6). Cet hémistiche est généralement placé en est le seul exemple de quatrain hétérométrique à exergue dans la musique : Se congie prens ... ; rimes redoublées (AABA). Une des rares chansons Cueur langoreulx ... ; Faulte d'argent ... ; etc. Les à compter plusieurs strophes, Se congie prens, lyriques, plus courts, n'ont pas d'hémistiche. Il à 6, se compose de deux quatrains isométriques faut aussi distinguer les rimes masculines des en décasyllabes en rimes masculines alternées féminines. Ces dernières ajoutent une syllabe (ABAB-BCBC). au vers sans que sa structure d'origine n'en soit Certainement la chanson la plus connue de modifi ée. Le décasyllabe Plaine de dueil / et de Josquin, la Déploration de Johannes Okeghem, à 5, mélancoly / e se décompose donc ainsi : 4 + 6 + 1. dont le texte est de Jean Molinet (1435 -1507), se Bien évidemment, cette syllabe surnuméraire doit compose, d'une part, de la mélodie grégorienne impérativement être mise en musique. du Requiem, notée en notation noire en signe Dans les chansons du présent enregistrement, de deuil – la notation noire médiévale a été la strophe la plus employée est le quintil qui se progressivement abandonnée au cours du XV e compose de cinq vers isorythmiques à rimes plates siècle au profi t de la notation blanche qui règne (AABBA) : Cueur langoreulx, Douleur me bat, pratiquement sans partage dans les imprimés N'esse pas ung grant desplaisir, Si vous n'avez musicaux à partir du XVI e siècle – et chantée 12 Introduction | Français ung demi-ton plus bas par le tenor et, d'autre deux tablatures complètes de motets de Philippe part, d'un premier quatrain isométrique en de Vitry, ou bien le Buxheimer Orgelbuch (XV e décasyllabes en rimes féminines et masculines siècle. Bayerische Staatsbibliothek, Ms. Mus. 3725) alternées (ABAB), suivi d'un quintil isométrique qui, à côté de pièces originales pour le clavier, (également en décasyllabes) dont le premier vers recueille de nombreuses chansons anonymes rime avec le dernier du quatrain précédent, les en allemand ainsi que des chansons françaises autres rimes étant toutes féminines (BCDCD). Ces de Binchois, Dufay, Dunstable et Morton. Malgré deux strophes constituent la première partie de la l'immense notoriété de Josquin Desprez, très peu chanson, partie divisée en deux sections d'inégale de ses œuvres, et encore moins de ses chansons, longueur. La deuxième partie, correspondant au nous sont parvenues sous forme de tablature. Au dernier quatrain isométrique (des octosyllabes XVI e siècle, deux techniques sont essentiellement avec des rimes masculines et féminines alternées : employées par les instrumentistes, qu'ils soient EFEF), est une adresse aux compositeurs Josquin, organistes ou luthistes : la transcription, qui Brumel, Pirchon, Compère les exhortant à revêtir implique une réduction à trois ou quatre voix des leurs habits de deuil. L'emploi de l'octosyllabe, contrepoints à cinq voix et plus, ou la fantaisie, une au lieu du décasyllabe précédemment, rend cette composition libre reprenant le matériel thématique exhortation encore plus pressante du fait de cette de la chanson ou du motet à la manière d'une métrique resserrée. Autre différence notable avec improvisation. la première partie : les deux premiers et les deux Gérard Geay, mars 2013 derniers vers sont chantés sur la même musique. Enfi n, le tenor se tait jusqu'à la péroraison où il se joint aux quatre autres voix pour entonner, note contre note, Requiescat in pace avant de terminer sur un magnifi que Amen en contrepoint en imitations. Les plus anciennes tablatures d'orgue qui nous soient parvenues illustrent déjà la pratique de la transcription d'œuvres vocales. Que ce soit le Robertsbridge Codex (vers 1320. London, British Library, Aff. Ms. 28850) dont, par chance, les deux uniques folios conservés contiennent Introduction | Français 13

LA LANGUE FRANÇAISE CHEZ seul traité, à notre connaissance, le plus proche JOSUIN DESPREZ de l’époque de Josquin Desprez. Puis, par l’étude comparée des rimes de la poésie de cette fi n du XV e et début du XVI e siècle, notamment celle de Charles S’il est une évidence dans les chansons de d’Orléans, François Villon, Jean Molinet et Arnould Josquin Desprez, outre la beauté inégalée de la Greban, nous avons pu établir les principales règles musique, c’est le rôle essentiel accordé au poème, de prononciation de ce moyen français. notamment dans ce septième livre, où l’utilisation En voici quelques-unes : quasi systématique du canon en magnifi e le sens. • Le « r » doit toujours être roulé comme en Afi n de redonner à cette langue française toute italien, espagnol ou portugais la richesse de ses couleurs, nous avons voulu lui • Les diphtongues « au » et « eu » sont de vraies restituer sa prononciation originelle. diphtongues, c’est-à-dire qu’elles doivent Deux diffi cultés principales sont apparues. comporter deux sons distincts (ao) et (eü) La première tient aux sources même des traités • La diphtongue « oi » ou « oy » doit se prononcer de prononciation, guère pléthoriques en cette (oué) et non (oua) fi n du XV e et début du XVI e siècle. En effet, ce • Certains « i » ne se prononcent pas comme dans n’est qu’autour des années 1550 que certains les mots « chief », « brief », « griefves », « naige », grammairiens, comme Louis Meigret, Jacques « congié », « saichant » … Peletier du Mans, Pierre de la Ramée, Robert Estienne, se penchent sur la morphologie du Toutefois, les poèmes de ce septième livre de français et publient des traités visant à réformer chansons de Josquin Desprez étant écrits dans son orthographe afi n qu’il corresponde au mieux les trois styles rhétoriques (le style simple pour à sa prononciation, créant ainsi leurs propres Baisez moy, Allegez moy, Petite camusette ; phonétiques. La seconde tient au « territoire » le style modéré pour les autres chansons en de la langue car, à cette époque, il n’existe pas Français ; le style élevé ou grand style pour les un français unique mais une myriade de langues motets en Latin), leur prononciation ne suit pas tout françaises, infl uencées par les patois régionaux. à fait les mêmes règles. En effet, les deux premiers Pour résoudre ces diffi cultés, nous nous styles (le simple et le modéré) acceptant les sommes référés tout d’abord au traité de Geoffroy licences poétiques, la prononciation des consonnes Tory de 1529 « Champ fleury ou l’art et science fi nales de la rime n’est pas aussi rigoureuse que de la proportion des lettres », comme étant le dans le style élevé. Ainsi, dans la chanson Petite 14 Introduction | Français camusette de style simple, le mot joly rime avec vers ferait douze syllabes dans un quatrain écrit en mis et endormis. Cette rime serait impossible décasyllabes. Il y a donc une syllabe de trop dans dans un poème en style élevé par l’obligation ce vers féminin qui devrait comporter seulement de prononcer toutes les consonnes fi nales, en onze syllabes (je rappelle ici qu’un vers féminin l’occurrence ici le s. compte toujours une syllabe de plus qu’un vers De plus, certaines chansons jouent sur les masculin). Mais s’il n’y a pas de Neridriades dans la rimes internes, ce qui implique de respecter la mythologie, il y a bien des Néréides, fi lles de Nérée prononciation de leurs consonnes fi nales lorsque et nymphes de la mer. En remplaçant Neridriades cela est possible. Ces rimes se trouvent dans les par Néréides, on rétablit ainsi la bonne métrique chansons suivantes : Pour souhaiter (joieulx rime de ce premier vers, tout en respectant le rythme avec mieulx et cieulx), Se congie prens (amoureulx musical écrit par Josquin Desprez. rime avec ceulx, laymer rime avec mer, amer, En s’approchant au plus près de la prononciation blasmer), Incessament livré (incessament rime du français de cette fi n du XV e et début du XVI e avec dolent), Douleur me bat (nuyt rime avec suit, siècle, nous avons voulu rendre à notre langue puis) et Nymphe des Bois (bois rime avec voix, toute sa beauté originelle afi n que cette poésie soit tranchanz rime avec Ockeghem, Attropos rime l’égale de la sublime musique de ce septième livre avec tropos). de chansons. Enfi n, deux corrections du texte original ont été Thierry Peteau nécessaires. Dans la chanson Se congie prens, le mot amours et le mot douleurs ne riment pas dans leur prononciation. En remplaçant douleurs par doulours, l’assonance de la rime est rétablie. Cette rime, très répandue dans la poésie du XV e siècle avec d’autres mots comme rigour pour rigueur, chalour pour chaleur …, tient évidemment de son étymon latin (dolor), de même que pour (rigor) et (calor). Dans la chanson Nimphes nappes, le premier vers de l’édition d’Anvers est le suivant : « Nimphes nappes neridriades driades ». Or, outre le fait que l’on ne trouve aucune trace de ces Neridriades dans la mythologie grecque, ce Einführung | Deutsch 15

Zwischen den großen Burgunderweinlagen, der liche Akustik, die unter dem für Burgund so typi- uralten Transposition von »terroirs«, jenseits derer schen Holzgewölbe auch noch feinste Klänge hör- die Komplexität der Stille zum Geheimnis eines bar macht. Unser musikalisches Universum steht undefinierbaren Weines wird, und der Wiedergabe Burgund sehr nahe. Dieser Landstrich hat dank der der ernsten und zugleich ätherisch-zarten Seele überaus großen Kunstsinnigkeit der burgundischen von Josquin Desprez, erscheint mir das Ensem- Herzöge, die eifrige Förderer der schönen Künste ble Musica Nova als der ehrlichste Mittler, diesen waren, der Musik große Namen beschert. Genau seit Jahrhunderten erklingenden und lauter wer- wie die großen Weine dieser Landschaft sind auch denden Einflüsterungen des Wesentlichen eine Komponisten wie Dufay, Binchois und Ockeghem gemeinsame Dimension zu verleihen. Das letzt- aus dieser fruchtbaren Gegend hervorgegangen, hin vereinte Konzentrat beider Künste wirkt dann weitere Komponistengenerationen kamen später befruchtend im Gefüge der Zeit. noch hinzu. Eric Rouyer Josquin Desprez, der berühmteste von ihnen, (Übersetzung: Hilla Maria Heintz) welcher zu Lebzeiten schon im ganzen Abendland besungen und verehrt wurde, gehört ebenfalls in diese Reihe. Wie sein »lieber (musikalischer) Vater« Johannes Ockeghem schuf er fabelhafte mehrstim- mige Kompositionen, bei denen sich Struktur und SE CONGIE PRENS ... Gehalt perfekt ergänzen. Das Konzert-Vorhaben mit Werken Josquins Vorliegende Produktion ist aus der Begegnung in Beaune ist einige Zeit in uns gereift … Dank der mit den großen legendären Burgunder-Domänen großartigen Unterstützung von Pascale und Pierre hervorgegangen. Eric Rouyer, dessen Musikleiden- Henry Gagey konnten wir in regelmäßigen Abstän- schaft ihresgleichen sucht, hatte dieses Zusam- den an diesem legendären Ort proben und diese mentreffen im burgundischen Beaune organisiert, Einspielung hier vornehmen. anlässlich der Einweihung des frisch restaurierten Unser herzlicher Dank gilt Jocelyne und Frédéric Couvent des Jacobins (Jakobinerklosters), bei Mugnier (Domaine J. F. Mugnier), Pamela und der »Frau Musica« dann den Schlussstein setzen Aubert de Villaine (Domaine de La Romanée-Conti), konnte. Constance und Louis-Michel Liger-Belair (Domaine Die gegen Ende des 15. Jahrhunderts erbaute Comte Liger-Belair), die dieses Projekt ebenfalls Kapelle des Klosters bietet eine ganz außergewöhn- tatkräftig unterstützt haben. 16 Einführung | Deutsch

DIE CHANSONS FÜR Tenorstimme verstummt. Die Aufforderung an FÜNF  SECHS STIMMEN VON Josquin, Brumel, Pierre de La Rue sowie Compère, Trauerkleidung anzulegen und den Tod des Meisters JOSUIN DESPREZ zu beweinen, wird durch eine »zeitgenössischere« gedruckt von Satzweise dargestellt, als Reminiszenz an den anti- Tylman Susato zu Antwerpen 1545 ken Chor; die vier Stimmen deklamieren hier gewis- (Buch VII der Chansons) sermaßen homorhythmisch. Bezugnehmend auf Nymphes des bois druckt Susato am Ende seines Bandes drei weitere Klage- DIE » DÉPLORATIONS« (Klagegesänge) gesänge als Hommage an Josquin Desprez ab. Wir Der Schatten des großen Meisters Ockeghem haben daraus Hieronymus Vinders’ siebenstim- schwebt über diesem Band, in dem zwei Chanson- miges O mors inevitabilis ausgewählt sowie das parodien von Josquin, Petite Camusette sowie berühmte sechsstimmige Musae Jovis von Nicolas Ma bouche rit, enthalten sind. Besondere Auf- Gombert; zwei aufgrund ihrer besonderen Struktur merksamkeit verdient hier vor allem die berühmte aus dem Rahmen fallende Vertonungen. Totenklage Nymphes des bois / Requiem aeter- Die erstere bezieht genau wie Nymphes des nam, die die ergreifendste Huldigung an Ockeghem bois ihre Inspiration vom Introitus der Totenmesse darstellt. Die passend dazu eingeschwärzten »Requiem aeternam« (im gewöhnlichen plagalen Musiknoten symbolisieren den Zustand der Trauer; fa-Ton) und wird um einen zweiten cantus fi rmus diese wurde zu der damaligen Zeit in weltlichen erweitert, der den gleichen Text enthält, aber mit Musikkompositionen sehr häufi g thematisiert. Die einem Rezitationston im authentischen fa-Modus, Partitur weist keinerlei Notenschlüssel auf, was als das heißt in einem höheren Psalmton. direkter Bezug zu der Missa Cuiusvis Toni gewertet Diese Überlagerung der beiden Cantus fi rmi werden kann. Ein Kanon ist Hinweis dafür, dass der verleiht diesem Werk ein klangliches Leuchten, Cantus fi rmus Requiem aeternam (im fa-Modus) das durch die ansonsten zu jener Zeit nur selten einen Halbton tiefer gesungen werden muss (im vorkommenden je zwei Superius- sowie Bassus- mi-Modus). Stimmen noch verstärkt wird. Die polyphone Struktur bezieht ihre Anregung Die Motette von Nicolas Gombert baut auf direkt vom Ockeghem’schen Kontrapunkt bis zu der dem gregorianischen, ebenfalls der Totenmesse Stelle »Accoutrez vous d'habits de deuil«, bei der zugeordneten Thema »Circumdederunt me gemi- die für den verschiedenen Komponisten stehende tus morti« (im mi-Modus) auf. Der Cantus fi rmus Einführung | Deutsch 17 zieht sich in viermaliger Wiederholung mit unter- angelegte Stimmen, mit Imitation der Melodiemo- schiedlichen Tonhöhen und jeweils geändertem tive durch die anderen Stimmen. Umfang durch das ganze Stück. Im Gegensatz zu Nur die sechsstimmige Chanson Baisez moy Vinders entführt Gombert den Hörer in die für ihn kann sich eines Dreifachkanons rühmen: Die so typischen dunklen Klangebenen, bei denen Zuschreibung an Josquin scheint gesichert, da diese sich der Bass den Abgründen des Totenreiches schon in dem Petrucci-Druck erscheint (Canti B nähert (»dolores inferni«), der Superius hingegen 1502), mit den beiden hier eingespielten Fassun- in höchste Höhen aufsteigt (»triumphat inter coeli- gen, zunächst vier-, dann sechsstimmig. tes«). Bei dem majestätischen, im Tempus perfec- In den Melodien ist das Thema des berühmten tum verfassten Finale vereint sich Josquin mit den Mille regrets am Anfang von En non saichant himmlischen Gottheiten (»et maximo gratus Jovi«). erkennbar. Die auf den Text »C'est douleur non Klagegesänge und Huldigungen als Kunstform pareille« in Faulte d'argent enthaltene Paraphrase zwingen die Komponisten zu einem regelrechten taucht geradezu zwanghaft in mehreren Chansons musikalischen Wettbewerb: Von Ockeghems Mort wie Plusieurs regrets wieder auf (a-b-a-g-f-e-d). tu as navré als Hommage an Gilles Binchois bis zu Im Ricercare in e von Girolamo Cavazzoni O mors inevitabilis steigt die Zahl der Stimmen in erscheint dieses Melodiemotiv in allen Hexachor- jeder Komponistengeneration, von vier bei Ockeg- den (zwischen e und f, a und b, h und c liegender hem über fünf bei Josquin, sechs bei Gombert bis Halbtonschritt). Das aufsteigende Motiv (a-h-c-d- auf letztendlich sieben bei Vinders. e-d-d-cis-d) auf die Worte Réjouis toi (Cueur lan- goreulx) fi ndet sich ebenfalls in seiner berühmten DIE CHANSONS Die Autorenschaft Josquins bei Marienmotette Inviolata, einem guten Beispiel für einigen sechsstimmigen Chansons ist in der Fach- die Wiederverwendung eines weltlichen Themas in welt umstritten. Diese Chansons stammen oft aus geistlicher Musik. Einzelquellen, die mehr als zwanzig Jahre nach dem Die beiden Chanson-Motetten Nymphes des Tod des Komponisten erschienen sind. Aber die bois / Requiem aeternam sowie Nymphes Qualität der hier eingespielten Stücke beweist die nappés / Circumdederunt me unterstreichen perfekte Beherrschung des Kontrapunktes sowie diese perfekte Verfl echtung zwischen lateinisch- die äußerst kenntnisreiche Konstruktion einer gregorianischem Tenor und französischem Text. Josquin’schen Klangrede. Dem geläufi gen Usus der Kontrafaktur entspre- Praktisch alle Chansons hier enthalten zwei als chend fi ndet sich für mehrere dieser Chansons (Se Kanon (unisono, in der Quarte, Quinte und Oktave) congie prens, Faulte d'argent, Petite Camusette, 18 Einführung | Deutsch

Plusieurs regretz …) in späteren Quellen eine text- Adelsschicht so bedeutsame Melancholie spiegelt liche Neubearbeitung mit einem geistlichen lateini- auch die an den burgundischen oder bretonischen schen Text. Fürstenhöfen damals herrschende Atmosphäre Im Gegensatz zu den Ockeghem’schen Chan- wieder, da diese dabei waren, ihre politische Eigen- sons, die in einer festen, vergangenheitsbezogenen ständigkeit nach und nach an den französischen Form verharren, liefern die knapper gehaltenen König zu verlieren. Texte in Josquins Vertonungen den Vorwand für Das vorliegende Album Se congie prens schil- eine musikalisch klar konstruierte Komposition, die dert die unglückliche Liebe des Dichters sowie Melodiethemen können so beliebig wiederverwen- den Schmerz über den Verlust des so überaus det werden. Bis zum Ende des 15. Jahrhunderts tau- bewunderten Komponisten, aber auch das tiefe chen immer wieder etliche seiner Kompositionen gesellschaftliche Bedauern über den allmählichen als Parodien oder in Neubearbeitungen mit zusätz- Abschied von den vertrauten höfi schen und ritter- lichen Stimmen auf (so etwa das achtstimmige lichen Werten. Faulte d'argent von Pierre de Manchicourt). Lucien Kandel Die italienischen, deutschen und polnischen (Übersetzung: Hilla Maria Heintz) Orgeltabulaturen zeugen von der umfassenden Bewunderung für Josquins Werk durch die gesamte Renaissancezeit hindurch. Sein Ruhm bewog sogar wenig bekannte Komponisten dazu, ihre Werke unter seinem Namen zu veröffentlichen. In seinen Chansonbänden druckte Susato eben- falls sog. »Réponses«, Antwortkompositionen: Les Miens aussi als Reaktion auf das berühmte Mille Regrets. In Buch VII folgt auf das fünfstimmige Nest ce pas un grand deplaisir Jean Lebrungs sechstimmige Réponse Si vous navez autre désir. Das Wort »regret« (Bedauern, Klage, Ausdruck des Schmerzes) kehrt fast zwanghaft in diesen Klangminiaturen wieder als Ausdruck der zu Beginn des 15. Jahrhunderts vorherrschenden schwermüti- gen Stimmung. Diese für die gebildete kunstsinnige Einführung | Deutsch 19

Die vorliegende Einspielung enthält fast alle Verto- Stimmen, obgleich sie sich eigentlich selbst genü- nungen eines aus dem 16. Jahrhundert stammen- gen, auch sehr gut eine dritte oder sogar eine vierte den Notenbandes mit dem Titel »Le ſeptieſme liure, Stimme hinzugefügt werden kann, entweder als contenant vingt & qvatre chansons a cincq et a six Contratenor (mehr oder weniger in der gleichen parties« (Siebtes Buch, vierundzwanzig fünf- und Stimmlage wie der Tenor) oder als Triplum (in der sechsstimmige Chansons enthaltend). Dieser Band Stimmlage des Superius) oder sogar ein Contrate- wurde etwa 20 Jahre nach dem Tod des Komponis- nor-Bassus unter dem Tenor (dem Vorgänger des ten veröffentlicht und belegt zugleich seine europa- Bassus in der mehrstimmigen Chanson der Renais- weite Verbreitung sowie die Überlieferung an die sance). Diese Technik wird noch im 15. Jahrhundert Nachwelt. von Guillaume Dufay, Gilles Binchois und bis hin zu Der um 1440 geborene Josquin Desprez gehört Johannes Ockeghem angewandt, dessen Chansons einer Generation von Komponisten an, die eine zumeist alle dreistimmig geschrieben sind. regelrechte »Revolution« bei der Kontrapunktkom- Bei genauer Betrachtung der Chansons von Jos- position bewirkt hat, und zwar den Übergang von quin Desprez fällt auf, dass eine Isolierung zweier der sukzessiven zur simultanen Kompositions- Hauptstimmen, wie zuvor, hier unmöglich ist, da weise. Pietro Aaron erläutert dies so: »… Die moder- diese nicht einzeln gesungen werden können, ohne nen Komponisten hatten eine bessere Idee, die sich dass hier oder da Fehler im Kontrapunkt auftreten. in ihren Vertonungen für vier, fünf, sechs und mehr Aber unabhängig von der Stimmenanzahl fällt jeder Stimmen zeigt, in denen jede Stimme einen beque- Stimme dieselbe Gewichtung zu unter Verwendung men, leichten & angenehmen Platz einnimmt, weil des gleichen musikalischen Stoffes, was die völlig sie alle Stimmen zusammen einbeziehen.«1 neuartige Verwendung eines Kontrapunktes mit Die mehrstimmige Chanson entwickelt sich im enggeführten Imitationen oder gar eines kanoni- 14. Jahrhundert. Zu dieser Zeit verwenden die Kom- schen Kontrapunktes impliziert. Auch wenn die ponisten drei festgelegte Formen: Die Ballade, das Rondeau und das Virelai, deren musikalische Struk- tur binär geprägt ist mit Reprisen. Bei jeder dieser 1 Pietro Aaron, Toscanello in Musica, Venezia, Bernardino poetischen Formen ist die Abfolge der Couplets & Matheo de Vitali, 1529. Fac-simile: Bologna, Forni und des Refrains unterschiedlich. Der Kontrapunkt Editore, 1969. Libro secondo; Come il compositore possi besteht aus zwei Hauptstimmen, dem Superius dare principio al svo canto. CAP. XVI. sowie dem Tenor. Warum spricht man dann also Deutsche Übersetzung nach der durch den Autor des von sukzessiver Komposition? Weil diesen beiden Artikels erstellten französischen Fassung. Anm. d. Ü. 20 Einführung | Deutsch

Binnenstimmen Tenor, Contratenor, Quinta und als Hemistichion. Dieses Hemistichion wird im All- Sexta Pars noch einen nahen oder identischen gemeinen als Überschrift bei den Musikstücken Ambitus besetzen, was durch die verwendeten verwendet, so z. B. hier: Se congie prens ...; Cueur Schlüssel belegt ist, strebt die Stimmenverteilung langoreulx ...; Faulte d'argent ... usw. Die kürze- in der Mehrstimmigkeit nach immer größerer Diver- ren »Vers lyriques« beinhalten kein Hemistichion. sifi zierung. Um die Wende vom 15. zum 16. Jahrhun- Zudem muss zwischen männlichen und weiblichen dert hin unterscheidet sich die Kompositionsweise Reimen unterschieden werden. Bei letzteren kommt der mehrstimmigen Chanson immer weniger von eine Silbe zu dem Vers hinzu, ohne dass dadurch der der zeitgenössischen geistlichen Musik, unter eine Veränderung der Ursprungsstruktur erfolgt. anderem aufgrund der Verwendung des Kontra- Beim Zehnsilber Plaine de dueil / et de mélancoly / e punktes mit Imitation und des Kanons, die als Kom- gestaltet sich die Gliederung daher so: 4 + 6 + 1. positionstechniken bei der mittelalterlichen Chan- Selbstverständlich muss diese überzählige Silbe son praktisch unbekannt waren. unbedingt vertont werden. Die Dichtkunst dieser Zeit unterscheidet drei Bei den Chansons der vorliegenden Einspielung verschiedene Versmaße: den zwölfsilbigen Alex- fi ndet sich als häufi gste Strophenform der aus fünf andriner (besteht aus sechshebigen Jamben mit isorhythmischen Versen mit einfachen Paarreimen fester Zäsur nach der dritten Hebung. Anm. d. Ü.), in Serie (aabba) bestehende Quintil: Cueur lan- den zehnsilbigen »Vers commun« (gemeiner/allge- goreulx, Douleur me bat, N'esse pas ung grant meiner Vers, ein jambischer Fünfheber, mit männ- desplaisir, Si vous n'avez aultre desir, Parfons licher und weiblicher Kadenz sowie einer festen regretz, Plusieurs regretz, Plaine de dueil sowie Zäsur nach der zweiten Hebung. Anm. d. Ü.), bei Incessament. weitem das gebräuchlichste Versmaß in der fran- Anschließend an den »Quintil« folgt der im All- zösischen Literatur, sowie den »Vers lyrique« in gemeinen isometrische »Quatrain« (Vierzeiler). Die unterschiedlicher Metrik. Das Hemistichion (aus beiden sechsstimmigen Stücke Vous ne l'aurez pas dem Altgriechischen ήμι- [hē mi-, halb-, Hälfte] und und Pour souhaitter bestehen aus einem einzigen -στίχος [-stí chion, kleiner Vers]) bei einem Alexan- achtsilbigen Vierzeiler mit männlichen umarmen- driner unterteilt, wie die Bezeichnung dies ja auch den Reimen nach dem Reimschema abba. Das besagt, den Vers in zwei gleich lange Halbverse sechsstimmige Nymphes nappés sowie das fünf- (6 + 6). Fälschlicherweise bezeichnet man ebenso stimmige Faulte d'argent und die Petite camusette die Zäsur zwischen der vierten und der fünften (4- und 6-stimmig) bestehen aus einem isometri- Silbe eines »Vers commun" oder Zehnsilbers (4 + 6) schen Vierzeiler mit je einem Zehnsilber mit weib- Einführung | Deutsch 21 lichen Reimen (hier kursiv gedruckt) und umarmen- sind alle weiblich (bcdcd). Diese beiden Strophen den männlichen Reimen (abba), einem Zehnsilber bilden den ersten Teil der Chanson; dieser ist wie- mit männlichen Reimen und umarmenden weibli- derum in zwei Abschnitte ungleicher Länge geglie- chen Reimen (abba) und Alexandrinern mit wech- dert. Der zweite Teil, der dem letzten isometrisch selnden männlichen Reimen (abab). Das sechs- strukturierten Vierteiler (achtsilbig mit alternieren- stimmige Allégez moy stellt das einzige Beispiel den männlichen und weiblichen Reimen efef) ent- für einen heterometrischen (mit Versen ungleicher spricht, richtet sich an die Komponisten Josquin, Silbenzahl. Anm. d. Ü.) Vierzeiler mit Haufenreimen Brumel, Pirchon, Compère mit der Aufforderung, dar. Eine der wenigen Chansons mit mehreren Stro- ihre Trauergewandung anzulegen. Die Verwendung phen, das sechsstimmige Se congie prens, besteht des Achtsilbers anstelle des Dekasyllabus zuvor aus zwei isometrischen zehnsilbigen Vierzeilern mit verstärkt aufgrund der verdichteten Metrik umso alternierenden männlichen Reimen (abab - bcbc). mehr die Dringlichkeit dieser Aufforderung. Als wei- Die wohl bekannteste Chanson aus der Feder teren bemerkenswerten Unterschied zum ersten Josquins, die fünfstimmige Déploration de Johan- Teil ist festzustellen, dass die beiden ersten sowie nes Okeghem auf einen Text von Jean Molinet die beiden letzten Verse musikalisch identisch sind. (1435 -1507), besteht einerseits aus der gregori- Der Tenor schweigt bis zur Schlusskadenz, bei der anischen Choralmelodie des Requiem, mit zum er sich zu den übrigen vier Stimmen gesellt und das Zeichen der Trauer geschwärzten Noten. (Die im Requiescat in pace Note gegen Note anstimmt, Mittelalter geläufi ge schwarze Notierung wurde im bevor er das großartige Amen in imitatorischem Laufe des 15. Jahrhunderts nach und nach aufge- Kontrapunkt beendet. geben und durch die weiße Notenschrift ersetzt, Die frühesten überlieferten Orgeltabulaturen welche seitdem unumschränkt in den Musikdru- belegen schon die Transkription von Vokalwerken. cken seit dem 16. Jahrhundert verwendet wird.) Die So zum Beispiel der Robertsbridge Codex (um Choralmelodie wird vom Tenor einen Halbton tiefer 1320. London, British Library, Aff. ms. 28850), gesungen. Andererseits fi ndet man hier zunächst dessen beide einzig erhaltene Folioblätter glückli- einen isometrischen Vierzeiler (»Quatrain«) mit cherweise zwei vollständige Tabulaturen mit Motet- Zehnsilbern und alternierenden weiblichen und ten von Philippe de Vitry enthalten, oder auch das männlichen Reimen (abab), und anschließend einen Buxheimer Orgelbuch (15. Jahrhundert. Handschr. isometrischen »Quintil«, ebenfalls mit Zehnsilbern, mus. 3725 der Bayerischen Staatsbibliothek, Mün- dessen erster Vers sich mit dem letzten des vor- chen), welches neben Originalkompositionen für angehenden Vierzeilers reimt; die anderen Reime Tasteninstrumente zahlreiche anonyme Lieder auf 22 Einführung | Deutsch

Deutsch wie auch französische Chansons von Bin- nen gesamten Farbenreichtum zu verleihen, war chois, Dufay, Dunstable sowie Morton enthält. Trotz uns sehr daran gelegen, die Originalaussprache zu seiner enormen Bekanntheit sind nur sehr wenige verwenden. Werke, und am allerwenigsten seine Chansons, Dabei traten zwei Hauptschwierigkeiten auf. von Josquin Desprez als Tabulaturen überliefert. Zum einen betrifft dies die Quellen, denn es gibt Im 16. Jahrhundert werden von den Instrumenta- nur sehr wenige Abhandlungen zur Aussprache des listen, seien es nun Organisten oder Lautenisten, Französischen an der Wende vom 15. zum 16. Jahr- in der Hauptsache zwei Techniken verwendet: Die hundert. Tatsächlich begannen einige französische Transkription, bei der der fünf- oder mehrstimmige Sprachforscher und Grammatiker wie Louis Meig- Kontrapunkt auf drei oder vier Stimmen reduziert ret, Jacques Peletier du Mans, Pierre de la Ramée, wird, oder die Fantasie, eine freie Komposition, die Robert Estienne und andere erst um 1550, sich mit das Themenmaterial der Chanson oder der Motette der Morphologie des Französischen zu beschäfti- in der Art einer Improvisation wieder aufnimmt. gen. Sie veröffentlichten Abhandlungen zur Reform Gérard Geay, März 2013 und Normierung der Rechtschreibung, um die Gra- (Übersetzung: Hilla Maria Heintz) phie so gut wie möglich an die Aussprache anzu- passen; auf diese Weise schufen sie ihre eigene Phonetik der französischen Sprache. Zum anderen muss man sich bewusst machen, dass es im franko- ANMERKUNGEN ZUR phonen Sprachgebiet der damaligen Zeit noch keine FRANZÖSISCHEN SPRACHE Vereinheitlichung der französischen Sprache gab, sondern eine Vielzahl von »Sprachen« bzw. Dialek- in den Vertonungen von Josquin Desprez ten (Langues d’oc und langues d’oïl). Zur Bewältigung dieser Probleme haben wir Einmal abgesehen von der unvergleichlich schö- uns zuerst mit einer Abhandlung des französischen nen Musik in den Chansons von Josquin Desprez Buchdruckers und Gelehrten Geoffroy Tory aus fällt hier ganz besonders die wesentliche Rolle der dem Jahre 1529 beschäftigt, dem Typographie- und Sprache auf, vor allem im siebten Chanson-Buch; Orthographietraktat »Champ Fleury ou l’Art et sci- dort unterstreicht die fast durchgehende Verwen- ence de la proportion des lettres« (Blumengarten dung des Kanons die Bedeutung des Textes auf oder Kunst und Wissenschaft von der Proportion herausragende Weise. Um dem Mittelfranzösi- der Lettern). Unserer Kenntnis nach ist dies das schen, der französischen Sprache dieser Zeit, sei- einzige Werk dieser Art, das zeitlich der Epoche Einführung | Deutsch 23 von Josquin Desprez am nächsten kommt. Zudem ren Regeln. Die Aussprache der Endkonsonanten haben wir die Reimschemata der französischen bei einem Reim wird in den beiden ersten Stilarten Dichtkunst um die Wende vom 15. zum 16. Jahr- (beim schlichten wie auch beim mittleren Stil) in hundert hin einem Vergleich unterzogen, vor allem der Tat nicht so streng gehandhabt wie beim erha- in den Gedichten von Charles d’Orléans, François benen Stil. So reimt sich bei der im schlichten Stil Villon, Jean Molinet sowie Arnould Greban, und auf gehaltenen Chanson Petite camusette das Adjektiv diese Weise die wichtigsten Regeln für die Ausspra- joly auf mis und endormis. Bei einem im erhabe- che des Mittelfranzösischen erstellen können. nen Stil verfassten Gedicht wäre ein solcher Reim Zu diesen Regeln gehören unter anderen: undenkbar, da hier alle Endkonsonanten ausgespro- • Das »r« ist stets ein gerolltes Zungenspitzen-r, chen werden müssen, im vorliegenden Falle das s. wie im Italienischen, Spanischen oder Zudem besitzen einige Chansons Binnenreime, Portugiesischen. bei denen die Endkonsonanten ebenfalls ausge- • Die Diphthonge »au« und »eu« sind hier echte sprochen werden müssen, wenn es möglich ist. Diphthonge, das heißt, dass sie als Doppellaut Solche Reime fi nden sich in folgenden Chansons: aus zwei verschiedenen Phonemen bestehen Pour souhaiter (joieulx reimt sich auf mieulx sowie müssen, hier /ao/ und /eü/. cieulx), Se congie prens (amoureulx reimt sich auf • Der Diphthong »oi« oder »oy« muss [we] ausge- ceulx, laymer reimt sich auf mer, amer, blasmer), sprochen werden und nicht [wa] wie im heutigen Incessament livré (incessament reimt sich auf Französisch. dolent), Douleur me bat (nuyt reimt sich auf suit, • Der Vokal »i« wird bei einigen Worten in der Aus- puis) und Nymphe des Bois (bois reimt sich auf sprache elidiert, so z. B. bei den Worten chief, voix, tranchanz reimt sich auf Ockeghem, Attropos brief, griefves, naige, congié, saichant. reimt sich auf tropos). Außerdem waren zwei Korrekturen bei Original- Da jedoch die Gedichte dieses siebten Chanson- texten nötig. Bei der Chanson Se congie prens rei- Buches von Josquin Desprez in den drei, auf Theo- men sich amours sowie douleurs aussprachemäßig phrast zurückgehenden rhetorischen Stilarten ver- nicht. Douleurs wurde durch doulours ersetzt und fasst sind (im schlichten Stil bei Baisez moy, Alle- damit die Assonanz des Reimes wiederhergestellt. gez moy, Petite camusette; im mittleren Stil bei Dieser in der Dichtkunst des 15. Jahrhunderts sehr den anderen Chansons auf französische Texte; im verbreitete unreine Reim, wie z. B. auch bei rigour erhabenen oder hohen Stil bei den lateinischen statt rigueur, chalour statt chaleur, bezieht sich Motetten), folgt die Aussprache jeweils etwas ande- selbstverständlich auf sein lateinisches Etymon 24 Einführung | Deutsch

(= Wurzel) (*dolor), ebenso wie auf (*rigor) und (*calor) bei den beiden anderen Beispielen. Bei der Chanson Nimphes nappes lautet der erste Vers in der Antwerpener Ausgabe folgendermaßen: »Nim- phes nappes neridriades driades«. Abgesehen davon, dass in der griechischen Mythologie keine Spur von diesen Neridryaden zu fi nden ist, weist dieser Vers zwölf Silben bei einem als Dekasyllabus verfassten Vierzeiler auf. Daher gibt es eine Silbe zu viel bei diesem weiblichen Vers, der eigentlich nur elf Silben umfassen dürfte (zur Erinnerung: In Anwendungen des romanischen silbenzählenden Prinzips besitzt ein weiblicher Vers immer eine Silbe mehr als ein männlicher). Aber auch wenn es in der griechischen Mythologie keine Neridryaden gibt, so doch Nereïden, die Töchter des Nereus und Nym- phen des Meeres. Durch den Ersatz von Neridrya- den durch Nereïden wird das richtige Metrum des ersten Verses wieder hergestellt, wobei der musika- lische Rhythmus in der Vertonung von Josquin Des- prez unangetastet bleibt. Mit der größtmöglichen Annäherung an die Aus- sprache des Französischen vom Ende des 15. und Beginn des 16. Jahrhunderts wollen wir unserer Sprache ihre ursprüngliche Schönheit zurückgeben und auf diese Weise den den Vertonungen zugrunde liegenden Dichtungen die gleiche Bedeutung ver- schaffen wie der großartigen Musik aus diesem »Septième livre de chansons«. Thierry Peteau (Übersetzung: Hilla Maria Heintz) Introduction | English 25

Between the great vineyards of Burgundy, the this Burgundian land, which has given great names age-old transposition of terroirs that express the to music thanks to the extreme refi nement of the threshold beyond which the complexity of silence Dukes, ardent protectors of the arts. Like the becomes mystery of an indefinable wine, and the grands crus, musicians such as Dufay, Binchois and restitution in sound of Josquin Desprez's serious, Ockeghem came out of this land and engendered ethereal soul, the Musica Nova ensemble seemed other generations of composers. The most famous to me the most honest mediator to give a common of them, Josquin Desprez, honoured and extolled in dimension to these whisperings of the essential, his time throughout the Occident, was part of this which have resounded and developed over the lineage. Like his 'good father' in music, Johannes centuries. The ultimate centrality of each Art can Ockeghem, he weaved prodigious polyphonies, in then join together to enrich temporality ... which form and substance combine to perfection. Eric Rouyer The idea of singing Josquin in Beaune matured (Translation: John Tyler Tuttle) for awhile ... The enthusiasm of Pascale and Pierre Henry Gagey enabled us to work regularly in this mythic place and record these few pieces. We warmly thank Jocelyne and Frédéric Mugnier SE CONGIE PRENS ... (Domaine J. F. Mugnier), Pamela and Aubert de Vil- laine (Domaine de La Romanée-Conti), and Con- The present realization is the fruit of an encounter stance and Louis-Michel Liger-Belair (Domaine with the mythic universe of the great Burgundy Comte Liger-Belair) who contributed their full sup- domains. Orchestrated by our Tenor of the Palate, port to this project. Eric Rouyer, a person driven by an unequalled music al passion, the encounter occurred in Beaune, during the inauguration of the newly restored Jacobin Convent, where Dame Music came to lay the fi nal stone of the edifi ce. Built at the end of the 15th century, the Con- vent's chapel offers exceptional acoustical qual- ity, easy to hear at the slightest outburst of voices projected under the wooden vaults, so typical of the region. Our musical universe is not foreign to 26 Introduction | English

LES CHANSONS À At the end of his edition, Susato printed three suc- CIN  SIX PARTIES DE cessive lamentations in homage to Josquin Desprez in echo to Nymphes des bois. Our choice settled JOSUIN DESPREZ on the one by Hieronymus Vinders, O mors inevi- imprimées par tabilis, composed in seven parts, and the famous Tylman Susato à Anvers en 1545 Musae Jovis by Nicolas Gombert, for six voices, (Septiesme livre de chansons)1 two works surprising for their construction. Like Nymphes des bois, the former draws its THE LAMENTATIONS The shade of the great inspiration from the Introitus of the Mass for the master Ockeghem hovers over this corpus that Dead, 'Requiem aeternam' (in the usual Hypolydian includes two songs parodied by Josquin, Petite mode) and is enriched by a second cantus fi rmus Camusette and Ma bouche rit. Above all, we will with the same words but in a recitation in the Lyd- remember the famous lamentation Nymphes des ian mode, i. e., in a higher psalmodic recitation. This bois / Requiem aeternam, which constitutes the superimposition of the two canti firmi gives this most poignant homage to Ockeghem. The notes, work a luminous sonority, reinforced by the pres- blackened for the occasion, symbolize mourning, ence of two superius and bassus voices, a combina- a theme dear to all secular production of the time. tion rarely used in that period. The score is presented without any clef whatso- Nicolas Gombert's motet is constructed on the ever, a direct reference to the Missa Cuiusvis Toni. Gregorian theme 'Circumdederunt me gemitus A canon indicates that the cantus fi rmus Requiem mortis' (Phrygian mode), also associated with the aeternam (Lydian mode) must be sung a semitone Mass for the Dead. Throughout the piece, the can- lower (Phrygian mode). tus fi rmus is repeated four times at different pitches The polyphonic fabric is directly inspired by Ock- and with different proportions. Unlike Vinders, eghem's counterpoint up to the passage 'Accoutrez Gombert immerses us in the sombre sonorities of vous d'habits de deuil', where the departed, repre- which he was fond, where the bass is on familiar sented by the tenor, falls silent. The injunction made terms with the depths of hell ('dolores inferni'), to Josquin, Brumel, Pierre de La Rue and Compère whilst the superius soars on the rise ('triumphat to don mourning and lament the master's death, is inter coelites'). In the majestic fi nal part, written translated by a more 'contemporary' style of writing in tempus perfectum, Josquin joins the heavenly (reminiscence of the ancient chorus) where the four divinities ('et maximo gratus Jovi'). voices declaim in a quasi-homorhythm. Introduction | English 27

The art of the lamentation and homage imposed a in all the hexachords (a semitone between E and F, A veritable musical competition on composers: from and B-fl at, B and C). Ockeghem's Mort tu as navré, celebrating Gilles The rising motif (A–B–C–D–E–D–D–C-sharp–D) Binchois, to O mors inevitabilis, the number of on the words 'Réjouis toi' (Cueur langoreulx), is voices increased with each generation, going from also found in his famous Marian motet Inviolata, four with Ockeghem, to fi ve with Josquin, six with a fi ne example of the reuse of a secular theme in a Gombert, then seven with Vinders. sacred work. Two song-motets, Nymphes des bois / Req- THE SONGS The attribution of some of Josquin's uiem aeternam and Nymphes nappés / Circum- six-part songs is open to discussion, often coming dederunt me, confi rm, for me, this osmosis where from single sources published more than twenty the Latin Gregorian content and French text coexist years after our composer's death. But the quality perfectly. In keeping with the frequent custom of of the works presented here shows us the perfect contrafactum, several of these songs (Se congie mastery of counterpoint and the skilful construc- prens, Faulte d'argent, Petite Camusette, Plus- tion of a 'Josquinian' discourse. ieurs regretz ...) have a sacred Latin text attributed Nearly all these songs contain two voices writ- to them in later sources. ten in canon (unison, fourth, fi fth and octave), with Unlike Ockeghem's songs, subject to the set the melodic motifs imitated by the other parts. forms from the past, the more concise texts in Only the song Baisez moy, for six voices, boasts Josquin become the pretext for a very constructed a triple canon: the attribution to Josquin seems musical composition and allow for reusing melodic certain since it is already found in the Petrucci edi- themes. We will fi nd a large amount of his music tion (Canti B 1502), with the two versions proposed parodied or reworked with a number of additional here, in four then six voices. voices, up through the late 16th century (Pierre de One will recognize in the songs the use of the Manchicourt's Faulte d'argent for eight voices). theme of the famous song at the The Italian, German and Polish organ tablatures beginning of En non saichant. The paraphrase bear witness to the universal admiration paid to contained in Faulte d'argent, on the text 'C'est douleur non pareille', comes back almost obses- sively in several songs such as Plusieurs regretz 1 The songs in fi ve and six parts by Josquin Desprez, (A–B-fl at–A–G–F–E–D). The Ricercare in E by G. printed by Tielman Susato in Antwerp in 1545 Cavazzoni lets us hear this melodic motif repeated (Seventh Book of Songs). 28 Introduction | English

Josquin throughout the whole Renaissance era. His fame even incited little-known composers to have themselves published under his name. In his songbooks, Susato also published responses: Les Miens aussi for the famous Mille Regretz. In the Seventh Book, Nest ce pas un grand deplaisir (fi ve voices) is followed by Jean Lebrung's response Si vous navez autre désir (six voices). By using the word 'regret' almost obsessively, these sound miniatures express the melancholic nature predominant at the beginning of the 16th century. This melancholy, of which the refi ned, lettered nobility was fond, refl ects the pervading atmosphere at the courts of Burgundy and Brittany, which were losing autonomy and increasingly sub- ject to royal authority. The present album, entitled Se congie prens, depicts the poet's unhappy love affair, the pain in face of the departure of the highly admired musi- cian, and the profound regrets of a society witness- ing the decline in its courtly, chivalrous values. Lucien Kandel (Translation: John Tyler Tuttle) Introduction | English 29

The present recording takes up the quasi-totality This technique was still practiced in the 15th cen- of a 16th -century publication entitled Le ſeptieſme tury by Guillaume Dufay, Gilles Binchois and up to liure, contenant vingt & qvatre chansons a cincq Johannes Ockeghem, whose songs are, for the most et a six parties ('Seventh book, containing 24 songs part, for three voices. in fi ve and six parts'). Published some twenty years On the other hand, examining any song by Jos- after the composer's death, it attests to both his quin Desprez, one will observe that it is impossible European infl uence and his passage to posterity. to isolate, as was the case in the past, two main Born c.1440, Josquin Desprez belonged to a voices in it that can be sung alone without resulting generation of composers who carried out a verita- faults of counterpoint at one moment or another. ble revolution in contrapuntal technique, the transi- Regardless of the number of voices, each one plays tion from successive composition to simultaneous a role of equal importance and uses the same musi- composition, to which Pietro Aaron bears witness: cal material, which involves the use of counterpoint '… modern composers had a better idea, as is mani- in tight imitations or even canon in a brand-new way. fest by their compositions made for four, fi ve, six or Even though the inner parts (tenor, contratenor, more voices, in which each occupies a convenient, quinta and sexta pars) still occupy a close or identi- easy & pleasant place: because they take into con- cal range, to which the employed clefs attest, the sideration all the parts together...'1 dividing-up of the parts in the polyphony tends to The polyphonic song developed in the 14th cen- diversify. At the turn of the 15th and 16th centuries, tury. At that time, composers used three set forms polyphonic song-writing distinguished itself less – ballade, rondeau and virelai –, and the music is and less from that of contemporary religious music in binary form with repeats. The order of couplets owing to, amongst other things, the use of counter- and refrain is different for each poetic form. The point in imitation and of canon, techniques practi- counterpoint consists of two main voices, the supe- cally unknown in mediaeval song. rius and tenor. But then why speak of successive composition? Because, even though suffi cient in themselves, they can very well have a third, or even a fourth voice added, whether it be a contratenor 1 Pietro Aaron, Toscanello in Musica, Venezia, Bernardino (more or less in the same tessitura as the tenor) or & Matheo de Vitali, 1529. Facsimile: Bologna, Forni a triplum (in the tessitura of the superius) or even Editore, 1969. Libro secondo; Come il compositore a contratenor-bassus below the tenor (ancestor of possi dare principio al svo canto. CAP. XVI. Translated the bassus in the polyphonic Renaissance song). from the French. 30 Introduction | English

The poetic art of this era distinguished three cat- lables (or lyric verses) in an ABBA rhyme scheme of egories of verse: alexandrines (dodecasyllables), masculine rhymes. Whereas Nymphes nappés, à 6, common (decasyllables), by far the most common, Faulte d'argent, à 5 and Petite camusette, à 4 and and lyric (in diverse meters). The hemistich of the à 6 are composed of an isometric quatrain respec- alexandrines divides, as its name indicates (from tively in decasyllables with an ABBA rhyme scheme the ancient Greek ήμι- [êmi- meaning 'half'] and of feminine (indicated in italics) and masculine -στίχος [-stikhos, meaning 'verse']), the verse into rhymes, in decasyllables with masculine and femi- two equal parts (6 + 6). By a misuse of language, nine rhymes (ABBA) and in alexandrines with alter- hemistich is also used to describe the caesura nating masculine rhymes (ABAB). Allégez moy, à 6 between the fourth and fi fth syllables of the com- is the sole example of heterometric quatrain with mons or decasyllables (4 + 6). This hemistich is doubled rhymes (AABA). One of the rare songs with generally emphasized in the music: Se congie several stanzas, Se congie prens, à 6, is made up of prens, Cueur langoreulx, Faulte d'argent; etc. The two isometric quatrains in decasyllables of alternat- shorter lyric verses have no hemistich. It is also ing masculine rhymes (ABAB-BCBC). necessary to distinguish between masculine and Surely Josquin's best-known song, the Déplora- feminine rhymes. The latter add a syllable at the tion de Johannes Okeghem, à 5, with text by Jean verse without its original structure being modifi ed. Molinet (1435 -1507), is composed, on the one The decasyllable Plaine de dueil / et de mélancoly hand, of the Gregorian melody of the Requiem, in / e is therefore broken down as follows: 4 + 6 + 1. black notation as a sign of mourning – the medi- Quite obviously, this supernumerary syllable must aeval black notation was progressively abandoned imperatively be set to music. in the course of the 15th century in favour of In the songs of the present recording, the most white notation, which practically ruled supreme in frequently used strophe is the cinquain, which is music al print shops beginning in the 16th century – made up of fi ve isorhythmic verses with rhyming and sung ung demi-ton plus bas ('a semitone couplets (AABBA): Cueur langoreulx, Douleur me lower') by the tenor and, on the other hand, of a fi rst bat, N'esse pas ung grant desplaisir, Si vous n'avez isometric quatrain in decasyllables in alternating aultre desir, Parfons regretz, Plusieurs regretz, feminine and masculine rhymes (ABAB), followed Plaine de dueil and Incessament. by an isometric cinquain (also in decasyllables) of After the cinquain comes the quatrain, generally which the fi rst verse rhymes with the last of the pre- isometric. Vous ne l'aurez pas, à 6 , and Pour sou- vious quatrain, the other rhymes all being feminine haitter, à 6 consist of a single quatrain in octosyl- (BCDCD). These two stanzas constitute the fi rst Introduction | English 31 part of the song, which is divided into two sections two techniques were essentially used by instrumen- of unequal length. The second part, corresponding talists, whether organists or lutenists: transcrip- to the last isometric quatrain (octosyllables with tion, which involved a reduction to three or four alternating masculine and feminine rhymes: EFEF), parts of counterpoints for fi ve or more voices, or is addressed to the composers Josquin, Brumel, the fantasia, a free composition taking up the the- Pirchon, and Compère, exhorting them to put on matic material of the song or motet in the style of an their mourning clothes. The use of the octosyllable, improvisation. rather than the decasyllable previously, makes this Gérard Geay, March 2013 exhortation even more urgent owing to the tight- (Translation: John Tyler Tuttle) ened meter. Another notable difference as regards the fi rst part: the fi rst two and last two verses are sung to the same music. Finally, the tenor falls silent up until the peroration in which he joins the THE FRENCH LANGUAGE four other voices to intone, note against note, 'Req- WITH JOSUIN DESPREZ uiescat in pace' before ending with a magnifi cent Amen in counterpoint in imitation. The oldest organ tablatures that have come If one thing is obvious in Josquin Desprez's songs, down to us already illustrate the practice of tran- aside from the unrivalled beauty of the music, it is scription of vocal works. Whether it be the Rob- the essential role given to the poem, especially in ertsbridge Codex (c.1320. London, British Library, this Seventh Book where the quasi-systematic use Aff. Ms. 28850) of which, by chance, the only two of the canon magnifi es its meaning. In order to folios preserved contain two complete tablatures of restore the full wealth of its colours to this French motets by Philippe de Vitry, or else the Buxheimer language, we sought to reproduce its original Orgelbuch (15th century. Bayerische Staatsbiblio- pronunciation. thek, Ms. Mus. 3725), in which, alongside original Two main diffi culties arose: the fi rst stemmed keyboard pieces, numerous anonymous songs in from the very sources of the treatises on pronun- German are collected as well as French songs by ciation, hardly plethoric in the late 15th and early Binchois, Dufay, Dunstable and Morton. In spite of 16 th centuries. Indeed, it was not until the 1550s Josquin Desprez's far-reaching fame, very few of that certain grammarians such as Louis Meigret, his works, and even fewer of his songs, have come Jacques Peletier du Mans, Pierre de la Ramée, Rob- down to us in tablature form. In the 16th century, ert Estienne et al. studied the morphology of French 32 Introduction | English and published treatises aimed at reforming its spell- torical styles (the style simple for Baisez moy, ing so that it better correspond to its pronunciation, Allegez moy, Petite camusette; the style modéré thereby creating their own phonetics. The second for the other songs in French; and the style élevé stemmed from the 'territory' of the language for, or grand style for the motets in Latin), their pro- at that time, there was not a single French but a nunciation does not fully follow the same rules. In myriad of French languages infl uenced by regional fact, the fi rst two styles (the simple and moderate) patois. accepting poetic licence, the pronunciation of the To resolve these diffi culties, we fi rst of all fi nal consonants of the rhyme is not as rigorous referred to Geoffroy Tory's treatise of 1529, Champ as in the elevated style. Thus, in the song Petite fleury ou l’art et science de la proportion des let- camusette in style simple, the word 'joly' rhymes tres, as being the one, to our knowledge, closest to with 'mis' and 'endormis'. This rhyme would be the era of Josquin Desprez. Then, by the compara- impossible in a poem in style élevé from the obliga- tive study of rhymes in late-15th and early-16th cen- tion of pronouncing all the fi nal consonants, to be tury poetry, in particular that of Charles d’Orléans, specifi c here the 's'. François Villon, Jean Molinet and Arnould Greban, Furthermore, certain songs play on internal we were able to establish the principal pronun- rhymes, which involves respecting the pronuncia- ciation rules of this Old French, of which here are a tion of their fi nal consonants, if it is possible. These few: rhymes are found in the following songs: Pour sou- • The 'r' must always be rolled, as in Italian, haiter ('joieulx' rhymes with 'mieulx' and 'cieulx'), Spanish or Portuguese; Se congie prens (amoureulx rhymes with 'ceulx', • The diphthongs 'au' and 'eu' are true diph- 'laymer' rhymes with 'mer', 'amer', 'blasmer'), thongs, i. e., they must consist of two distinct Incessament livré ('incessament' rhymes with sounds (ao) and (eü), 'dolent'), Douleur me bat ('nuyt' rhymes with 'suit', • The diphthong 'oi' or 'oy' must be pronounced 'puis') and Nymphes des Bois ('bois' rhymes with (oué) and not (oua), 'voix', 'tranchanz' rhymes with 'Ockeghem', 'Attro- • Certain 'i's are not pronounced, as in the words pos' with 'tropos'). 'chief', 'brief', 'griefves', 'naige', 'congié', Finally, two corrections of the original text were 'saichant'. necessary. In the song Se congie prens, the words 'amours' and 'douleurs' do not rhyme in their pro- However, the poems of this Seventh Book of songs nunciation. By replacing 'douleurs' with 'doulours', by Josquin Desprez, being written in the three rhe- the assonance of the rhyme is reestablished. This Introduction | English 33 rhyme, quite widespread in 15th -century poetry with other words such as 'rigour' for 'rigueur', 'chalour' for 'chaleur'..., obviously stems from its Latin etymon 'dolor', the same as for 'rigor' and 'calor'. In the song Nimphes nappes, the fi rst verse in the Antwerp edition is as follows: 'Nimphes nap- pes neridriades driades'. Yet, aside from the fact that no trace of these 'Neridriades' is to be found in Greek mythology, this verse would make 12 sylla- bles in a quatrain written in decasyllables. So there is one syllable too many in this feminine verse that should be composed of only 11 syllables (it should be remembered that a feminine verse always has one syllable more than a masculine verse). But although there are no Neridriades in mythology, there are indeed Nereids, daughters of Nereus and sea nymphs. By replacing Neridriades with Néré- ides, we reestablish the proper meter of this fi rst verse whilst respecting the musical rhythm written by Josquin Desprez. By getting as close as possible to the pronuncia- tion of the French of the late 15th/early 16th centu- ries, we wanted to restore our language's original beauty so that this poetry would be equal to the sublime music of this Seventh Book of songs. Thierry Peteau (Translation: John Tyler Tuttle) 34 Textes des chansons | Liedtexte | Song texts

1. SE CONGIE PRENS 7. DOULEUR ME BAT Se congie prens de mes belles amours Douleur me bat & tristesse mafolle Vrays amoureulx ne men vueillez blasmer Amour me nuyt & malheur me consolle Ien ay souffert de plus griefves doulours Vouloir me suit mais aider ne me peult Quel ne sont ceulx qui naigent en la mer Iouyr ne puis dung grant bien quon me veult Car tant laymer mest tousiours tant amer De vivre’ ainsi pour dieu quon me decolle 2. Qu’avoir ne puis delle vng tout seul regard Fors que rigueur pour mon cueur entamer 8. PETITE CAMUSETTE Si prens congie avant quil soit plus tard. (Ockeghem) Contra/Tenor/Bassus 3. CUEUR LANGOREULX Petite camusette3 a la mort maves mis Cueur langoreulx qui ne fait que penser Robin & marion sen vont au bois ioly Plaindre gemir plourer et souspirer Ilz sen vont bras a bras ilz se sont endormis Resiouys toy car ta belle maistresse Petite camusette a la mort maves mis. Par sa pitie te veult donner liesse Ioye et plaisir pour te reconforter. Cantus Petite camusette 4. VOUS NE LAUREZ PAS Jay propose me mettre en lessay Vous ne laurez pas si ie puis Deacquerir quelque peu votre grace Ce que mavez requis d’avoir Force mest que par la je passe Et eussiez vous austant d’avoir Cette foys jen feray lessay. Qu’il en porroit dedens vng puis. 9. PETITE CAMUSETTE 5. FAULTE DARGENT (Josquin) Faulte dargent cest douleur non pareille Petite camusette4 a la mort mavez mis Se ie le dis, Las ie say bien pour quoy Robin & marion sen vont au bois ioly Sans de quibus1 il se fault tenir quoy Ilz sen vont bras a bras ilz se sont endormis Femme qui dort pour argent se resveille. Petite camusette a la mort mavez mis. Textes des chansons | Liedtexte | Song texts 35

11. NYMPHES DES BOIS / 12. NESSE PAS VNG REQUIEM AETERNAM GRANT DESPLAISIR (texte de Jean Molinet) Nesse pas vng grant desplaisir Nymphes des bois deesses des fontaines Quant ie nose pour mon plaisir Chantres expers de toutes nations Pour mon bien & pour ma sante Changez voz voix fort cleres & haultaines Faire du mien ma volente En cris tranchanz et lamentations Et si n’ay point daultre desir. Car dattropoz 5 les molestations Vostre Okeghem par sa rigueur attrappe Responce : Le vray tresor de musique et chief d’oeuvre Qui de tropos 6 desormais plus neschappe 13. SI VOUS NAVEZ Dont doumage’ est que la terre le coeuvre. Si vous navez aultre desir Sans en avoir nul desplaisir Acoutrez vous d’abitz de dueil Puis quen avez la volunte Iosquin brumel pirchon compere Et que cest pour vostre sante Et plorez grosses larmes de œil Faire’ en povez vostre plaisir . Perdu avez vostre bon pere Requiescat in pace Amen.

Tenor Requiem aeternam Dona eis Domine Et lux perpetua 1 Mot latin signifi ant « avec quoi », argent comptant Luceat eis. 2 décapiter Requiescat in pace. Amen. 3 jeune fi lle aux formes rondes 4 jeune fi lle aux formes rondes 5 l’une des trois Parques dont l’offi ce est de couper le fi l de la vie humaine 6 trépas 36 Textes des chansons | Liedtexte | Song texts

14. PARFONS REGRETZ 20. BAISEZ MOY Parfons 7 regretz & lamentable ioye Baisez moy ma doulce amie Venez a moy quelque part que ie soye Par amour ie vous en prie Et vous hastez sans point dissimuler Et non feray – Et pourquoy Pour promptement mon cueur executer Se je faisoie la follie Affi n qu’en dueil & larmes il se noye. Ma mere en seroit marrie 8 Vela de quoy. 16. PLUSIEURS REGRETZ Plusieurs regretz qui sur la terre sont 21. EN NON SAICHANT Et les douleurs que’hommes & femmes ont En non saichant ce quil luy fault Nest que plaisir envers ceulx que ie porte Douleur en son cueur plain Me tourmentant de si piteuse sorte Ie languis non en deffault Que mes espris ne scavent plus quilz font. Et de rien ne me plains Puis que tout habandonner me fault 17. PLAINE DE DUEIL De tous regretz demouray plain. Plaine de dueil & de melancolie Voyant mon mal qui tousiours multiplye 22. POUR SOUHAITTER Et qu’en la fi n plus ne le puis porter Pour souhaitter ie ne demande mieulx Contraincte suis pour moy reconforter Qu’avoir sante & vivre longuement Me rendre’ a toy le surplus de ma vie. Tousiours ioieulx & des biens largement Et en la fi n le royaume des cieulx. 18. INCESSAMENT LIVRE Incessament livre suis a martire 24. ALLEGEZ MOY Triste & pensif tousiours mon mal empire Allegez moy doulce plaisant brunette Ainsi dolent me conduit desplaisir Dessoubz la boudinette 9 Celle qui peult ne me veult secourir Allegez moy de toutes mes douleurs Mon malheur est de tous aultres le pire. Vostre beaulte me tient en amourette Dessoubz la boudinette. Textes des chansons | Liedtexte | Song texts 37

25. JE ME COMPLAINS 27. O MORS INEVITABILIS / Je me complains10 de mon amy REQUIEM AETERNAM Qui me soloit11 venir veoir O mors inevitabilis La fresche matinee Mors amara mors crudelis Or est il prime12 et sest midi Iosquin depres dum necasti Et si noy13 nouvelle de luy Illum nobis abstulisti Saproche la vespree14 Qui suam per armoniam La tricoton la tricoton Illustravit Ecclesiam La belle tricotee15. Propterea tu musice Dic, requiescat in pace. 26. NIMPHES NAPPES / Amen. CIRCUMDEDERUNT ME Nimphes nappés16 nereides17 driades18 Venez plorer ma desolation Car ie languis en telle’ affl iction Que mes espris sont plus mort que malades. 7 de profundus : profond – enfoui – enraciné Circumdederunt me gemitus mortis 8 fâchée – irritée – désolée Dolores inferni 9 nombril – ventre Circumdederunt me. 10 de complaindre : se plaindre de quelqu’un 11 de souloir : avoir l’habitude de 12 première heure canoniale vers six heures du matin 13 de ouïr : ici dans le sens avoir des nouvelles 14 heure canoniale de fi n d’après-midi 15 tricoter : faire danser quelqu’un sous les coups ou encore faire l’amour 16 nymphes des prairies, collines et des forêts (napé : pente d’une montagne couverte d’arbres). 17 nymphes de la mer (fi lles de Nérée, dieu marin) 18 nymphes des bois (liées aux chênes) 38 Textes des chansons | Liedtexte | Song texts

(O mort inévitable Mort amère, mort cruelle, Quand Josquin tu as tué Celui-là tu nous as enlevé Qui par la plus haute harmonie A illustré l’Eglise Pour cette raison toi, musicien, dis : « Qu’il repose en paix, Amen ») Requiem aeternam Dona eis Domine Et lux perpetua Luceat ei Propterea tu musice Requiescat in pace. Amen.

29. MUSAE JOVIS / CIRCUMDEDERUNT ME (Texte de Gerardius Avidius de Nijmegen) Musae iovis ter maximi Proles canora, plangite, Comas cypressus comprimat Iosquinus ille occidit Templorum decus Et vestrum decus.

Severa mors et improba, Quae templa dulcibus sonis Privas, et aulas principum Textes des chansons | Liedtexte | Song texts 39

Malum tibi quod imprecer Toi qui enlèves d’ici les bons Tollenti bonos Et qui épargnes les méchants ? Parcenti malis. Mais Apollon le menace de mort Apollo sed necem tibi Mort très mauvaise Minatur, heus mors pessima, Armé de l’arc et des flèches Instructus Arcu et spiculis, Il appelle les muses pour qu’elles ajoutent Musasque ut addant commonet Et le laurier à sa chevelure Et laurum comis Et l’or à sa chevelure Et Aurum comis. Josquin dit-il très et très grand, Iosquinus inquit optimo Agréable à Jupiter, Et maximo gratus Iovi Triomphe parmi les habitants du Ciel Triumphat inter coelites Et chante un doux chant Et dulce carmen concinit Honneur des temples Templorum decus Honneur des muses. Musarum decus. Tenor (Muses du trois fois très grand Jupiter Circumdederunt me gemitus mortis Descendance mélodieuse, pleurez, Dolores inferni Que le cyprès enserre vos chevelures Circumdederunt me. Josquin est mort L’honneur des temples Et votre honneur.

Mort rigoureuse et perverse Tu prives de doux sons Die Übersetzungen der Liedtexte fi nden Sie zum Les temples et les cours des princes Download unter / You can download the translations Quel mal te souhaiterais-je ? of the song texts at: www.raumklang.de 40 Vita | Français | Deutsch | English

LA POLYPHONIE POUR PASSION

L’ensemble Musica Nova, composé d'un noyau fi dèle de chanteurs réunis autour de Lucien Kandel, se passionne à faire revivre des musiques venues d'un autre temps, temps des premières polyphonies jusqu'au baroque. Époques fascinantes qui ont forgé notre culture et notre langue et qui ont été berceau de notre musique. Un temps où les voix se multiplient, se divisent, se retrouvent ... un son qui se trouve dans le mélange des timbres. Les chanteurs, parfois rejoints par des instrumentistes au gré des programmes, travaillent directement sur des sources manuscrites et font ainsi renaître des œuvres inédites. Connues et reconnues unanimement par la critique, les interprétations de Musica Nova sont de plus en plus prisées par un public à la recherche d'expériences artistiques nouvelles. Rien ne peut remplacer la magie qu'elles procurent, ni le calme qu'elles instaurent.

www.musicanova-lyon.fr

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DIE MEHRSTIMMIGKEIT ALS POLYPHONY BY LEIDENSCHAFT PASSION

Die Sängerinnen und Sänger des Ensembles Musica Musica Nova ensemble is composed of a loyal core Nova um Lucien Kandel haben es sich zur Aufgabe of singers gathered around Lucien Kandel. They are gemacht, musikalisches Repertoire aus alten Zeiten all devoted to the revival of ancient music from other wiederzubeleben, von den ersten mehrstimmigen ages from the fi rst polyphonies to the Baroque. Fas- Vertonungen bis hin zum Barock. Faszinierende cinating times which forged our culture and our lan- musikgeschichtliche Phasen, die unsere Kultur guage, the cradle of our music. A time when voices sowie unsere Sprache mit zu dem gemacht haben, would multiply, separate or join … A sound rooted was sie heute sind und die auch den Keim zu dem in the blending of tones. According to the program, gelegt haben, was wir heute als unsere Musik the singers who work from manuscript sources are ansehen. Zu dieser Zeit haben sich die Stimmen sometimes joined by instrumentalists and therefore in einem vielfältigen Gewebe entfaltet, ihre Vermi- revive unpublished works. Well known by the critics, schung hat zudem einen ganz neuen Vokalklang the interpretations of Musica Nova are more and hervorgebracht. more appreciated by an audience looking for new Je nach Programm erarbeiten die Sänger sowie artistic experience. Nothing can replace the magic die sie gegebenenfalls begleitenden Instrumenta- they bring nor the calm they establish. listen das Repertoire direkt aus Handschriften. Auf diese Weise werden längst vergessene, unbekannte Werke wieder ins Rampenlicht geholt. Die Interpre- tationen des Ensembles Musica Nova werden ein- hellig von der Kritik gelobt und auch das nach neuen künstlerischen Erfahrungen suchende Publikum ist von ihnen begeistert. Nichts kann den Zauber die- ser Musik ersetzen noch die innere Ruhe, die sie dem Hörer vermittelt. JKL

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Pour obtenir nos CD, commandez-les dans Raumklang Musikproduktion und Verlag UG un magasin spécialisé ou sur Internet! (haftungsbeschränkt) www.raumklang.de Burgstraße 56, Schloss / 06667 Goseck, Germany Fon: 03443-348008-0 / Fax: 03443-348008-9 Mail: [email protected] Remerciements / Danksagung / Acknowledgments à Eric Rouyer (Le Palais des Dégustateurs), Alexandre de Lur Saluces (Château de Fargues) et Sophie Armenier (Domaine de Marcoux)

Impressum Dates d'enregistrement : du 13 au 17 février 2012 et du 24 au 25 mars 2012 Lieu d'enregistrement : Couvent des Jacobins, Beaune, France Coproduction : Sebastian Pank (Raumklang) & Musica Nova Prise de son et montage : Blaise Favre Direction artistique : Gérard Geay Übersetzung : Hilla Maria Heintz Translation : John Tyler Tuttle Relecture : Laurence Wuillemin Conception du livret : Ute Lieschke Photos : Michel Joly / www.micheljoly.com Graphique : .

RK 3201 C + P Raumklang 2013

edition raumklang

ENSEMBLE MUSICA NOVA LUCIEN KANDEL edition raumklang

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