Le Sens De L'image
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4:13 Chronique d’une fin d’enfance, dans la solitude de Singapour. Un film de Royston Tan. 1 Sur CineCinema Culte. PAGE 4 Terre de lumière Entre épopée sentimentale et polar, la saga estivale de France 2 nous TV&Radio transporte de la garrigue provençale Du lundi 11 août aux oueds du Sud marocain. PAGE 8 au dimanche 17 août 2008 Rencontre avec Gérard de Battista, directeur de la photographie. Le sens Cinquième volet de notre série d’été consacrée aux métiers de la fiction. de l’image PAGES 2 ET 3 Faut pas rêver A l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec, Laurent Bignolas sillonne la Belle Province. Sur France 3. PAGE 20 L’audiovisuel public en questions (5) Entretien avec Guillaume Durand, journaliste, animateur et producteur sur France 2. PAGE 3 Rudy Waks ; Celluloid Films ; Nelka Films/France 2 ; France 3 ; Sipa. - CAHIER DU « MONDE » DATÉ DIMANCHE 10 - LUNDI 11 AOÛT 2008, Nº 19763. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT - 2 Le Monde Dimanche 10 - Lundi 11 août 2008 SÉRIES D’ÉTÉ Les métiers de la fiction (5) Maître d’œuvre Directeur de la photographie. Gérard de Battista se considère comme un « chef de chantier » au service du réalisateur. C’est lui qui définit les réglages et les mouvements de la caméra, coordonne le travail du cadreur, de l’éclairagiste et des autres techniciens ou machinistes UI est-ce ? Les té- mentaires sur des opérations de moins d’un tour- développement, pour le compte nage, curieux ou figu- du ministère de la coopération. rants, posent sou- Là-bas, ils font une rencontre ma- vent la question. Ils jeure, celle de Jean Rouch, le ci- ont vite identifié le néaste ethnologue qui a inspiré Q réalisateur et son pre- la Nouvelle Vague. Ce maître re- mier assistant, qui se commande Gérard de Battista à font entendre et immanquable- François Reichenbach. S’ensui- ment remarquer. Mais qui est vra une collaboration de quinze donc cet homme (ou cette ans. Mais le jeune cadreur – ou femme), l’œil souvent rivé à la ca- opérateur (vulgairement appelé méra, pas toujours, dont le rôle, à cameraman) –, avant que d’être première vue indéfinissable, revêt « chef op’», travaille aussi avec manifestement une grande impor- d’autres documentaristes de re- tance au regard du réalisateur nom, tels Chris Marker et Pour Gérard de Battista (au premier plan sur la photo), le directeur comme de l’ensemble des techni- William Klein. Nombre de ses col- de la photographie « est celui qui dirige la fabrication de l’image ciens ? Bien qu’inscrit en très lègues qui ont « fait l’école » peu- et de la lumière, de la première rencontre avec le metteur en scène, bonne place au générique, le direc- vent envier à Gérard de Battista longtemps avant le tournage, jusqu’à l’étalonnage et parfois jusqu’à teur de la photographie, ou chef pareille formation sur le tas. la vérification des copies envoyées dans les salles ». RUDY WAKS opérateur, « chef op’» pour les in- Le premier long métrage de fic- times, est souvent quelqu’un de tion auquel il travaille, en 1978, discret. est Le Soleil en face, de Pierre trois cents films publicitaires), ment définit les réglages et mou- Comme Gérard de Battista, par Kast, avec Jean-Pierre Cassel, en- cultive la modestie de ceux qui vements de la caméra, mais en- exemple. « Je suis entré dans le mé- tièrement tourné avec une ca- sont sûrs de leur savoir, de leur core coordonne le travail du (ou tier par la fenêtre », raconte ce der- méra à l’épaule, façon reportage savoir-faire. des) cadreur (s), de l’éclairagiste nier, qui, ne se voyant pas exem- ou documentaire, exercice C’est ainsi, sans la moindre in- et autres techniciens ou machinis- plaire, précise d’emblée qu’il n’a sistance, qu’il explique toute tes, en veillant, à tout moment, à pas fait l’IDHEC, devenu la Fé- l’étendue de sa fonction. « Le di- rester au service de l’« archi- mis, l’école du cinéma et de « Un directeur de la photo recteur de la photo, dit-il, est celui tecte », le réalisateur. Et d’ajou- l’audiovisuel. Autodidacte ? Oui, qui dirige la fabrication de l’image ter : « Un directeur de la photo mais fort précoce ! Aujourd’hui doit être dirigé un peu et de la lumière, de la première ren- doit être dirigé un peu comme un sexagénaire, notre homme est, en comme un acteur. » contre avec le metteur en scène, acteur. » quelque sorte, entré dans la car- longtemps avant le tournage, jus- Cette conception du métier est rière à l’âge de 11 ans. Armé auquel, évidemment, il est déjà qu’à l’étalonnage [l’unification de sans doute l’une des raisons pour d’une petite caméra d’amateur, il rompu. A ce propos, Gérard de la lumière et du rendu photogra- lesquelles Gérard de Battista a tra- tourne alors de très courts métra- Battista se livre à une de ces mi- phique des différents éléments vaillé avec des gens aussi diffé- ges avec un camarade de classe ses au point dont il a le secret : du film], et parfois jusqu’à la véri- rents que Bertrand Blier, Mehdi de cinquième, un certain Serge « Il faut arrêter de faire tout un fication des copies envoyées dans Charef, Josiane Balasko, Gérard Moati, qui sera bien plus tard, à plat avec cette manière de tourner ; les salles. » En amont du tour- Jugnot (cinq films), Tonie Mars- la télévision, le « bon-à-tout- pour une scène de La Bête hu- nage, après les discussions initia- hall, Claude Zidi, Claude Miller, faire » que l’on sait : producteur, maine, Renoir l’avait utilisée dès les avec le réalisateur, au vu du Claude Lelouch et Bernard Stora. réalisateur et animateur. « Serge 1937 et Duvivier dans La Bandera scénario, le chef op’ participe aux Le chef op’ à tout faire confesse écrivait, moi je filmais, et nous y encore avant… » Incollable sur repérages, au choix des décors et être « assez éclectique ». Après mettions tout notre sérieux », ra- l’histoire de son métier, cet des costumes, peut intervenir sur avoir notamment tourné avec lui conte, amusé, Gérard de Battista. homme, qui a une centaine de le découpage et sur le plan de tra- deux remarquables téléfilms, Suzy A la fin des années 1960, les films de cinéma et de télévision à vail. Sur le plateau, Gérard de Berton et Le Grand Charles (de deux compères se retrouvent en son actif (documentaires com- Battista considère qu’il est un Gaulle), puis Elles et moi – à venir Afrique, où ils réalisent des docu- pris, et sans compter quelque « chef de chantier » qui non seule- prochainement sur France 2 –, Le Monde 3 SÉRIES D’ÉTÉ Dimanche 10 - Lundi 11 août 2008 L’audiovisuel public en questions (5) « Il n’y a pas d’autre issue que la culture pour le service public » Guillaume Durand. Après l’arrêt de son magazine culturel « Esprits libres », sur France 2, l’animateur producteur présentera à la rentrée « L’objet du scandale » Que pensez-vous de la décision nes, et des concurrents à toutes les de Nicolas Sarkozy de suppri- heures. Désormais la télévision mer la publicité sur les chaînes n’est plus consommée hebdomadai- publiques ? rement, mais matin, midi et soir. Si cela consiste à se désintoxi- Elle est surtout devenue un moteur quer de l’audience comme seule d’ascension sociale pour ceux qui valeur, c’est une bonne chose. la font. Ce ne sont plus des sortes Qui n’a pas entendu dans les cou- de professeurs comme Cavada, loirs des chaînes cette phrase : mais des hommes d’affaires « Mais qui ça va intéresser ton his- comme Arthur. La télévision n’est toire ? » Cela étant, je n’ai pas plus la corde de rappel des gens connu une direction de France Té- qui n’ont pas accès à la culture. lévisions qui ne se soit pas préoc- Croyez-vous à cette mission ? cupée de culture. J’y crois à mort ! Il n’y a pas Cela permettra-t-il de faire une d’autre issue que la culture pour télévision plus culturelle ? le service public. C’est une ânerie Le problème, c’est que la télévi- de dire que la télé privée et la télé sion n’est pas une valeur culturelle publique, c’est la même chose. Si- en soi. Après avoir présenté pen- dant des années le JT et différen- tes émissions culturelles, j’émets l’hypothèse que, en matière d’infor- mation, malgré les erreurs et les contraintes politiques, les progrès ont été gigantesques. Mais la télé- vision n’a pas prouvé ces dernières années qu’elle pouvait être aussi créative que Lou Reed, Patrick Modiano ou Damien Hirst. Il y a JALONS Bernard Stora vante son « extraor- de remarquables séries américai- dinaire capacité d’adaptation »,et nes, comme « Les Sopranos ». La Cinéma ou télévision, quel- multiplie les compliments : collection Maupassant sur ques-uns des nombreux « D’une grande discipline, il est le France 2 a été une formidable réus- Guillaume Durand. SIPA films auxquels Gérard plus ardent défenseur du projet à site. Mais réussite ne signifie pas de Battista a collaboré. réaliser. Il sait ramener sans cesse à chef-d’œuvre contemporain. non, il n’y aurait pas Taddéï tous 1970 Yehudi Menuhin, l’essentiel. J’aime beaucoup ça. Il a Comment expliquez-vous cette les soirs sur France 3. Mais il chemin de lumière,de une énorme expérience. Il est d’une difficulté à créer ? faut accélérer, et peut-être envisa- François Reichenbach (doc.). habileté fantastique avec la caméra.