En Moins De Vingt Ans, Le Monde S'est Liquéfié. Hommes, Capitaux
3 Introduction 5 n moins de vingt ans, le monde s’est liquéfié. Hommes, capitaux, marchandises, informations, idées et savoirs circulent désormais Elibrement. Temps et distances sont abolis. Mais dans le monde idéal que nous avaient promis les chantres de l’auto-régulation et les disciples de l’école de la « main invisible » d’Adam Smith, ces avancées devaient entraîner la fin des inégalités par la valeur partagée, la paix en- tre les peuples et la disparition des États, formes obsolètes du pouvoir. Il n’en est évidemment rien. Pandémies, famines, déplacements de po- pulations dus à la pauvreté ou aux conflits armés, bulles spéculatives, trafics de toutes natures, propagandes et fanatismes prolifèrent, tandis qu’émergent de nouvelles entités criminelles, aux fortes capacités fi- nancières, parfois appuyées sur des États fantoches. Simultanément, la compétition s’est exacerbée entre États, entre en- treprises. Prix et spécificités des produits ou services ne constituent plus exclusivement les facteurs déterminants de conquête des marchés. Dans ce climat de guerre économique 1 où tous les coups sont permis, de nombreuses entreprises françaises sont restées ou devenues les meilleures mondiales dans leur secteur d’activité. Les ouvriers fran- çais sont considérés parmi les plus qualifiés et les plus productifs ; la recherche française jouit d’une grande réputation en dépit d’un cadre institutionnel et juridique archaïque. Mais la compétitivité de notre pays a régressé. Autour de nous, en France, un million d’enfants et de jeunes de moins de dix-huit ans vivent au-dessous du seuil de pauvreté 2. Qui peut ac- cepter cela ? Pour le salarié, le cadre ou le chef d’entreprise, le fonction- naire, ou chaque citoyen, c’est un échec collectif.
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