Journée D'études SAMEDI 22 Mars 2014
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Journée d’études SAMEDI 22 mars 2014 9h00 – 18h Institut National d’Histoire de l’Art – Auditorium Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris Organisation : Alain Kleinberger & Sylvain Ledda Journée organisée avec le soutien de l’EA HAR Histoire des Arts et des Représentations (dir. Christian Biet), du CER CÉRÉdI (dir. Jean-Claude Arnould), de l’UFR PHILLIA Université Paris Ouest Nanterre-La Défense et de l’Université de Rouen PROGRAMME 9 h 00 Ouverture et accueil 9 h 15 Joël Magny (critique et historien du cinéma, Université Paris I et Paris VIII) : « La Cérémonie ? Un film de Claude Chabrol » 10 h Jean-Albert Bron (Université Paris Ouest) « De “La Cérémonie” aux cérémonies : jeu de miroirs autour d'un titre » 10 h 45 Pause 11 h 00 Sylvain Ledda (Université de Rouen), « Les références littéraires de La Cérémonie » 11 h 45 Geneviève Sellier (Université Bordeaux 3/IUF), « La Cérémonie : criminalité féminine et domination sociale » 12 h 30 Pause 14 h Bernard Pudal (Université Paris Ouest), « Imaginaire de la lecture et mise en scène des "contacts mixtes" dans La Cérémonie » 14 h 45 Dominique Memmi (CNRS, Paris), « La relation maîtres-domestiques dans le cinéma français : La Cérémonie, un cas exemplaire ? » 15 h 30 Pause 15 h 45 Table ronde avec des membres de l’équipe du film: Aurore Chabrol, (scripte), Caroline Eliacheff (scénariste), Corinne Jorry (création des costumes), Cécile Maistre (assistante réalisation) et Michel Thiriet (cadreur) 17 h 15 Clôture Entrée libre, réservation conseillée contacts : [email protected] [email protected] RESUMES DES COMMUNICATIONS Joël Magny : « La Cérémonie ? Un film de Claude Chabrol » Ces réflexions s’inscrivent dans une perspective auteuriste. Il s’agit de resituer La Cérémonie dans l’œuvre de Claude Chabrol, c’est-à-dire dans la continuité de l’œuvre antérieure et de définir ce que le film propose de nouveau, de spécifique. Il sera donc question de doubles, de personnages enfermés, par la force des choses et d’eux-mêmes dans une sorte de solipsisme (Le Beau Serge, Les Cousins, Ophélia, L’Œil du Malin, La Muette, Betty, L’Enfer, etc.), dont Sophie est la continuation quasi littérale : dyslexique – elle se fait nécessairement une image déformée, tronquée du monde – et analphabète, donc nécessairement inférieure dans une échelle sociale où cette infériorité renvoie à la distance voire au non accès à la culture... Il sera évidemment question des victimes et des prédateurs, des véhicules (trains, téléphones, automobiles...), de l’envie, des sentiments d’infériorité ou de supériorité, de l’illusion et de la folie, de la lutte et de l’attirance-fascination des classes chère à Jean Renoir, des doubles hommes et femmes... Et de la bourgeoisie, autrefois pompidolienne, « libérale », voire « de gauche », en 1995... Et de morale cinématographique : celle qui fait qu’une œuvre d’art, donc un film, n’a pas pour simple fonction de propager des idées, fussent-elle les plus justes et les plus honorables... Bref de l’écriture, qui faisait dire au cinéaste : « Si un cadrage, un angle de prise de vue, un mouvement de caméra, doivent être gratuits et interchangeables, à quoi sert le cinéma ? » Au fait, à quoi peut bien servir La Cérémonie ? Jean-Albert Bron : « De “La Cérémonie” aux cérémonies : jeu de miroirs autour d'un titre » En choisissant le titre de son film, Chabrol dit ne pas avoir voulu donner d’emblée au spectateur la clé du personnage de Sophie. Mais il évoque aussi l’emploi du terme pour désigner les exécutions publiques sur la guillotine. On peut ainsi multiplier les échos que ce terme réveille dans son rapport au film : du côté des images de mise à mort, mais aussi du côté des rituels qu’ils soient ceux d’une pratique de classe liée à des privilèges, qu’il s’agisse au contraire de rituels transgressifs visant à l’exorcisme ou à la vengeance. On doit au terme de cette exploration mieux comprendre comment le rituel même du spectacle cinématographique est en définitive désigné et interrogé. Sylvain Ledda : « Les références littéraires de La Cérémonie » Adapté d'un roman de Ruth Rendell, A Judgement in stone (L’Analphabète, dans la traduction française), La Cérémonie présente des sources littéraires plurielles. Réinvestissant le topos du conflit classique entre maîtres et valets, Chabrol explore aussi le motif du fait-divers, qui s’enracine dans la culture romanesque des XIXe et XXe siècles. Il s’agira donc d’étudier les différentes influences littéraires qui émaillent le film, et qui relient l’esthétique de Chabrol à plusieurs formes littéraires (théâtre, roman noir, etc.) Geneviève Sellier : « La Cérémonie : criminalité féminine et domination sociale » Les femmes criminelles sont légion dans les films de Chabrol, aussi bien du côté des dominants que des dominés. Nous tenterons de comprendre les enjeux de ces représentations genrées et les spécificités de celles que propose La Cérémonie, dans son contexte de production et de réception, en prenant en compte les modifications opérées par l’adaptation. Bernard Pudal : « Imaginaire de la lecture et mise en scène des “contacts mixtes” dans La Cérémonie » La Cérémonie s’inscrit dans un imaginaire de la lecture, le plus souvent misérabiliste, que le film révoque en doute comme le montre la retraduction opérée par rapport au roman de Ruth Rendell. En utilisant Stigmate de Goffman, l’analyse vise à rendre compte des tactiques déployées par “l’illettrée” et sa comparse, qu’une homologie de situation associe, in fine, de manière explosive. Dominique Memmi : « La relation maîtres-domestiques dans le cinéma français : La Cérémonie, un cas exemplaire ? » Un corpus de 27 films anglais et français, où la relation maîtres-domestiques s’avère occuper la trame centrale dans la narrativité, permet de mettre à jour les spécificités du traitement français de cette relation de domination. Traits qui ne se sont guère démentis, jusqu’à très récemment, de 1937 à nos jours. Or, le film La Cérémonie pourrait bien apparaître exemplaire de ces traits... tout en s’en écartant à la marge. NOTICES BIOGRAPHIQUES Jean-Albert Bron est agrégé de Lettres, enseignant en Etudes cinématographiques à l’Université de Paris-Ouest Nanterre depuis 2004, et Docteur en cinéma (sémiologie du texte et de l’image). Il travaille entre autres sur l’histoire et l’esthétique du cinéma de la seconde moitié du XXe siècle. Il a publié en particulier des études sur Jean Renoir et Eisenstein. Son étude consacrée à La Cérémonie vient de paraître chez Atlande, collection Clefs concours - Cinéma, dirigée par Claude Murcia, (novembre 2013). Aurore Chabrol, (scripte), a collaboré avec Claude Chabrol depuis Les Biches (1968). Caroline Eliacheff (scénariste), a également signé avec Chabrol les scénarios de Merci pour le chocolat (2000) et La Fleur du mal (2003). Derniers ouvrages, tous parus chez Albin-Michel : Mères-filles, une relation à trois, avec Nathalie Heinich (2002) ; La Fleur du mal, scénario de Caroline Eliacheff et Louise Lambrichs, suivi de : Qui est criminelle ? (2003); Le Temps des victimes, avec Daniel Soulez Larivière (2007) ; Puis-je vous appeler Sigmund ? (2010) ; Comment le voile est tombé sur la crèche (2013). Elle est également pédopsychiatre, psychanalyste, et tient une chronique hebdomadaire aux Matins de France-Culture. Corinne Jorry (création des costumes), a collaboré avec Claude Chabrol depuis la fin des années 1980 (Une Affaire de femmes, Madame Bovary, L’Enfer, La Cérémonie, Rien ne va plus, Au Cœur du mensonge…) et, depuis les années 1970, avec les plus grands cinéastes français (Louis Malle, Jean-Jacques Annaud, Claude Sautet, Alain Corneau, Christian de Chalonge, Benoît Jacquot… et avec Krzysztof Kieslowski. César 1991 pour Tous les matins du monde, nomination aux oscars pour Madame Bovary. Sylvain Ledda Professeur de littérature et arts à l’Université de Rouen, membre du Cérédi, est spécialiste du romantisme et en particulier d’Alfred de Musset. Il s’intéresse également aux modalités de représentations de la mort dans les arts (théâtre, cinéma), ainsi qu’à l'écriture du fait-divers. Avec Alain Kleinberger, il a rédigé le cours sur La Cérémonie (Cned, 2013). Joël Magny (critique, écrivain et historien du cinéma, Université Paris I et Paris VIII), conseiller à l’Encyclopædia Universalis, ex-lecteur et conseiller sur les textes et projets pour France 2, Arte, Gallimard audiovisuel, ancien rédacteur et directeur de collection aux Cahiers du cinéma, responsable et auteur de fascicules sur les films au programme de Collège au cinéma (CNC, 2006-2013), co-auteur ou directeur d’ouvrages sur Les Théories du cinéma, Marguerite Duras, Alain Delon, La Règle du jeu de Jean Renoir, auteur de Éric Rohmer (Rivage), Claude Chabrol, Maurice Pialat (éd. Cahiers du cinéma), L’Homme cinéma (entretiens avec Jean Douchet, éd. Écritures, 2014). Cécile Maistre (assistante réalisation), assistante ou première assistante à la réalisation de nombreux films de Chabrol : Madame Bovary (1991), Betty (1992), Au Cœur du mensonge (1999), Merci pour le chocolat (2000), La Fleur du mal (2003), L’Ivresse du pouvoir (2006), La Fille coupée en deux (2007)… Dominique Memmi, Directrice de recherche au CNRS (Paris), travaille sur les usages sociaux et politique du corps mais aussi sur la domination sociale qui s’exerce dans le face-à-face. Elle analyse notamment les issues à ce type de domination sociale qui se cherchent dans le matériau cinématographique. Elle a publié de nombreux articles sur ce sujet (Vertigo, Politix, Politique-la-Revue, Le Mouvement Social, Les Cahiers du Genre, Positif… Elle travaille, dans un ouvrage en cours, sur la façon dont les issues et les solutions à la domination sociale (entre hommes et femmes, maitres et serviteurs, parents et enfants, patrons et ouvriers) sont imaginées et administrées à travers le matériau cinématographique. Bernard Pudal, Professeur de Science Politique à Paris Ouest Nanterre-La Défense, chercheur au CSU-CNRS, a notamment publié sur ces questions : Histoires de lecteurs, en collaboration avec Gérard Mauger et Claude F.