Manhay, un carrefour inscrit dans l’Histoire

Manhay fut longtemps un hameau qui s’établit autour d’une première ferme (manse), construite dans une lande parsemée de bruyères (heid). La localité devra son essor au fait qu’elle est un nœud de communication entre Marche et Stavelot, ainsi qu’entre Liège et , surtout après la création de la grand route de Liège. à Carignan en 1838. Déjà au 15e siècle, Manhay se trouve sur la route de Saint Jacques de Compostelle partant de Liège et on y établit probablement un hospice pour voyageurs (appelé monastère par les habitants) qui fermera à la fin du 16e. Le bâtiment subsistera jusqu’à la fin du 18 ème occupé par des familles de petits nobles et de commerçants.

Jusqu’en 1867, il y avait, entre Liège et Arlon, un service de malles-poste qui assurait le transport du courrier, des colis et des voyageurs. Le départ était programmé à 16h30 à Liège. L'arrivée à Arlon était, quant à elle, prévue à 6h30 : une durée de 14 heures pour un parcours de 121 km ! De courts arrêts, avec changement de chevaux, étaient programmés à Aywaille, Manhay, Fraiture, , et . L'arrêt à Manhay favorisera la création d’un relais de poste. La liaison de malles-poste entre Liège et Arlon disparaîtra en 1867 avec la création de la voie ferrée de l’Ourthe. Cependant de nombreux autres services régionaux de malles-poste continueront d’exister. La poste et le télégraphe seront installés à Manhay le 9 octobre 1879. Les services régionaux de malles-poste cesseront progressivement avec la création des vicinaux et l’arrivée des véhicules à moteur. En 1908, on commence à construire la ligne du vicinal entre Comblain et Melreux. En 1912, la ligne arrive à Manhay et la gare du vicinal est érigée à proximité de l’ancien « monastère ». Les services de malles-poste, puis la création du vicinal, entraineront le développement d’activités hôtelières à Manhay, comme l’Hôtel des Ardennes et le Grand Hôtel.

Et puis, ce sera la Grande Guerre. Le 31 juillet 1914 à 11h du soir, l’ordre de mobilisation arrive à Manhay. Le 1er août, 150 soldats mobilisés quitteront Manhay dans 2 trams. Ils seront de retour, plus de 4 ans plus tard. Dix-huit ne reviendront jamais. En 1917 et 1918, périodes où l’on connut de grandes pénuries alimentaires, de nombreuses personnes des villes et de bourgades proches venaient, en tram, chercher des vivres dans la région. « Chaque jour, le vicinal Comblain-Manhay en amenait des centaines ; les uns visitaient nos villages, d’autres montaient vers Houffalize, certains allaient avec le tram jusque Dochamps puis se dispersaient dans les environs de Laroche, voire même de Bastogne. Le jour, la nuit, à toute heure et par des chemins de traverse, ils repassaient, chargés de sacs de provisions. Pauvres malheureux ! Ils faisaient parfois quinze, vingt lieues de chemin avec jusque quarante kilos au dos et Dieu sait quel prix ils donnaient de leurs marchandises ! » Les voies seront enlevées par les Allemands en 1918. Ce n'est qu'en 1921 que le tram sera remis en service.

Après la première guerre, le vicinal contribuera à l’expansion du commerce et à l’arrivée de touristes dans la région. Ce sera l’époque des pensions de familles qui ouvriront à Saint Antoine, Champs de Harre, Bra, Dochamps, Erezée, Amonines . . . Dans notre région forestière, le tram favorisera également le commerce du bois. Le service du tram sera à nouveau interrompu en 1939 jusque fin 40. Lors de l’offensive des Ardennes, Manhay sera entièrement détruit. La ligne sera définitivement fermée aux voyageurs en 1954, et aux marchandises en 1959. Des services d’autobus remplaceront le tram. En 1966, un tronçon touristique sera rouvert entre Erezée et La Forge à la Plez, tronçon qui sera ensuite prolongé jusque Dochamps et, en 2015, jusque Lamormenil. L’ancienne gare, quant à elle, utilisée un temps par les services des autobus sera restaurée en 2010. Elle abrite aujourd’hui une bibliothèque, une garderie ainsi que des salles de réunions et d’expositions.