La Ville De Konna (Cercle Et Région De Mopti)
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Division de l’information, de la documentation et des recherches – DIDR 5 mars 2021 Mali : La ville de Konna (cercle et région de Mopti) Avertissement Ce document, rédigé conformément aux lignes directrices communes à l’Union européenne pour le traitement de l’information sur le pays d’origine, a été élaboré par la DIDR en vue de fournir des informations utiles à l’examen des demandes de protection internationale. Il ne prétend pas faire le traitement exhaustif de la problématique, ni apporter de preuves concluantes quant au fondement d’une demande de protection internationale particulière et ne doit pas être considéré comme une position officielle de l’Ofpra. La reproduction ou diffusion du document n’est pas autorisée, à l’exception d’un usage personnel, sauf accord de l’Ofpra en vertu de l’article L. 335-3 du code de la propriété intellectuelle. Mali : La ville de Konna (cercle et région de Mopti) Table des matières 1. Aperçu général de la commune rurale de Konna ............................................................................ 3 2. Occupation et libération de la ville (9 au 17 janvier 2013) .............................................................. 3 3. Enrôlement et recours à des enfants soldats dans la région de Konna .......................................... 5 4. Eléments de sécurité depuis la libération en janvier 2013 .............................................................. 6 Résumé : La ville de Konna est située au centre du Mali, dans la région de Mopti. Elle connait une notoriété internationale le 10 janvier 2013 lorsqu’elle tombe en quelques heures aux mains de groupes djihadistes. Cet évènement précipite l’intervention des forces françaises et ouest-africaines au Mali. Libérée en quelques jours, la ville garde des cicatrices des bombardements militaires français. Par ailleurs, de nombreux enfants ont été aperçus aux côtés de groupes djihadistes lors des combats. Les sources publiques contiennent peu d’informations relatives à la situation sécuritaire prévalant dans la ville depuis janvier 2013. Abstract: The town of Konna is located in central Mali, in the region of Mopti. Konna gained international recognition when the city fell into the hands of jihadist groups on January 10, 2013. This event led to the intervention of French and West African military forces in Mali. At the time, many children were seen fighting alongside jihadist groups. Public sources contain only little information about the security situation in the city since January 2013. Nota : La traduction des sources en langues étrangères est assurée par la DIDR. DIDR – OFPRA 2 05/03/2021 Mali : La ville de Konna (cercle et région de Mopti) 1. Aperçu général de la commune rurale de Konna La commune rurale de Konna est située dans la région et le cercle de Mopti. Elle est localisée à environ 750 km au Nord de Bamako, à 55 km au Nord de Sévaré, à 65 km de Mopti, dans le Delta intérieur du fleuve Niger1. La commune rurale est composée de 28 villages2 et limitée par : - la commune de Dangol Boré (cercle de Douentza), de Lowel Guéou et de Pignari (cercle de Bandiagara) à l’Est - la commune de Dialloubé à l’Ouest - la commune d’Ouroubè-Doudè au Nord - la commune de Borondougou au Sud3. En 2018, sa population globale est estimée à 50 000 habitants, pour une densité de 42,78 habitants/km2. Les villages les plus peuplés sont le chef-lieu Konna (16 000 hab.), Koubi (3651 hab.), Kontza Peulh (3276 hab.) et Kotaka (3110 hab.) d’après des données datant de 20164. L’économie de la commune rurale de Konna repose sur l’agriculture (riz, mil, niébé, etc.), l’élevage (bovins, ovins, caprins, asines, volailles) et la pêche sur le fleuve Niger5. L’islam est la religion majoritaire. Les principales communautés de la commune rurale sont : les Peul, les Marka, les Bozo, les Bambara, les Somono, les Rimaîbés, les Malinké, les Dogon et les Songhaï. Les langues les plus parlées sont le peulh, le bozo et le bamanan6. En 2009, un croquis indexé à une étude de faisabilité d’une association française pour le déploiement d’énergies renouvelables à Konna apporte des indications sur les différents quartiers et infrastructures présents dans la ville. Le dessin identifie notamment cinq quartiers7, trois mosquées dont une « Grande Mosquée », deux écoles, un cimetière, une mairie et un marché8. En septembre 2011, un débarcadère est inauguré en présence du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré. Les travaux avaient commencé en 2005 dans le cadre d’un Projet d’appui au développement de la pêche (PADEPECHE) visant à développer l’économie piscicole dans la région continentale9. Au moment de la prise de Konna par les groupes djihadistes en janvier 2013, le chef coutumier de Konna est Ibrahima Kampo10 et le maire de la ville est Ibrahima Diakité11. En mémoire du pilote d’hélicoptère Damien Boiteux, premier militaire français tué à Konna lors de l’assaut contre les insurgés en janvier 2013, une rue a été renommée et un monument lui est dédié à Konna12. 2. Occupation et libération de la ville (9 au 17 janvier 2013) En 2012, Konna représente un point stratégique pour les forces armées maliennes face à l’insurrection djihadiste en direction du Sud. Après la prise de Douentza (ville située à 120 km à l’est de Konna) le 1er septembre 201 par le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Ansar Dine, Konna devient le poste le plus avancé de l’armée malienne et le dernier rempart avant la ville- garnison de Sévaré et l’aéroport de Mopti13. 1 République du Mali, Ministère de l’Economie et des Finances, juillet 2018, url 2 NDLR : Les 28 villages qui composent la commune rurale de Konna sont : Konna Chef-lieu de Commune, Abdoul Karim, Bombori Ouro, Dinga Sarré, Diantakaye, Dianwelly, Kinani, Koana, Koko, Kontza peulh, Kontza Bozo, Koubi, Kotaga, M’Bouna, Nema Ouro, Ninga, Nouh Coura, Ouméré, Sama, Sarré Mama, Sendegué Wadiobé, Sensé, Sensé Ladji, Timé, Sonkara, Tacoutala, Tomi, Yimbéré. Elle comprend aussi une vingtaine de hameaux. 3 République du Mali, Ministère de l’Economie et des Finances, juillet 2018, url 4 République du Mali, Ministère de l’Economie et des Finances, juillet 2018, url 5 République du Mali, Ministère de l’Economie et des Finances, juillet 2018, url 6 République du Mali, Ministère de l’Economie et des Finances, juillet 2018, url 7 NDLR : Ces quartiers sont désignés ainsi : 1er quartier, 2ème quartier, 3ème quartier, 4ème quartier et nouveau quartier. 8 Syndicat Intercommunal pour le gaz et l’électricité en Ile-de-France (SIGEIF), Association Energie Déplacement Environnement (EDEN), Rapport de mission : Etude de faisabilité à Konna, 01/09/2009, url 9 Radio France Internationale (RFI), 17/09/2011, url 10 Sud-Ouest, 29/01/2013, url 11 SIGEIF, Association EDEN, 01/09/2009, url ; Alakhbar, 22/01/2013, url 12 SIGEIF, Association EDEN, 01/09/2009, url ; La République des Pyrénées, 13/11/2013, url 13 Jeune Afrique, 01/09/2012, url DIDR – OFPRA 05/03/2021 3 Mali : La ville de Konna (cercle et région de Mopti) Dès octobre 2012, le président de la région de Mopti mentionne dans un entretien à la chaîne TV5 Monde la présence de militaires dans la ville de Konna14. Le quotidien Ouest France rapporte à la même période que « l’armée malienne a réquisitionné les deux écoles de Konna »15. En décembre 2012, une source militaire sollicitée par Jeune Afrique indique que 2 000 militaires maliens sont stationnés à Konna en attente d’une offensive contre les groupes djihadistes. A l’époque, cette information n’est pas confirmée par le ministère de la Défense16. Début janvier 2013, « 1 500 à 2 500 combattants islamistes se concentrent en quelques jours au nord de la ligne de démarcation, avec jusqu’à 300 pick-ups dont beaucoup sont armés », rapporte Laurent Touchard17 à Jeune Afrique18. Au matin du 10 janvier 2013, les combattants d’Ansar Dine, du MUJAO et d’Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) font assaut sur Konna. Les soldats maliens sont surpris par l’ampleur des moyens, à la fois techniques et humains déployés par les insurgés. En quelques heures, les groupes armés prennent le contrôle de la ville, contraignant les soldats à se replier sur Sévaré19. Des témoins racontent que les insurgés paradent dans la ville sur des 4x4 pour célébrer leur victoire20. Selon International Crisis Group (ICG), Amadou Kouffa, actuel chef de file de la katiba Macina, et proche d’Iyad Ag Ghali, leader d’Ansar Dine, est vu en janvier 2013 dans la ville occupée de Konna aux côtés des combattants djihadistes. Il conduit la prière et harangue les habitants de la ville en leur annonçant l’arrivée des « temps nouveaux », avant de disparaitre. Sa trace ne sera retrouvée qu’en 2015, avec l’avènement de la katiba Macina21. La chute de Konna précipite l’intervention militaire française au Mali22. Des frappes aériennes sont menées par la France sur la ville pour appuyer l’intervention au sol des soldats maliens et français dépêchés sur place23. Après deux jours de combats, le 18 janvier 2013, l’armée malienne déclare avoir repris la veille le « contrôle total » de Konna, une information qui est confirmée par le ministère français de la Défense24. Onze soldats maliens et un soldat français sont tués au cours des affrontements25. Trois jours plus tard, le 21 janvier 2013, les villes de Diabali et Douentza sont également reprises des mains des djihadistes26. Au lendemain des affrontements, la Commission nationale sur les mouvements de la population au Mali estime (sur la base de données jugées peu fiables) que 5 000 personnes ont fui la ville assiégée en traversant le fleuve Niger27. Fin janvier 2013, le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) des Nations Unies évalue de la même façon que « près de la moitié » des 10 000 habitants de la ville ont fui28.