1947 MONTFORT L’AMAURY

Ordonné prêtre à Versailles en la cathédrale Saint-Louis le 28 juin 1947, l’Abbé Bagnol âgé de 25 ans reçoit sa première nomination : Montfort-l’Amaury. Au presbytère, vivent cinq prêtres : le doyen l’Abbé Jean Harang et quatre vicaires. Le doyen veille sur ses jeunes vicaires : « Quand on l’invitait à manger, il venait avec ‘ses enfants’ » (cf. Marie- Albertine M.) . L’Abbé Bagnol, en soutane, sillonnera à vélo, puis à oto Archives diocésaines d’Évry diocésaines Archives oto

Ph vélomoteur avec ses sacoches, les routes des ‘trois G’ : , Grosrouvre, , trois villages au nord de L’Abbé Bagnol . (Cf. Claudine P., Yvonne O., Milica M.) et son premier vélomoteur Les populations locales (Cf. Milica M., Marie-Albertine M., Yvonne O., Françoise J., Claudine P.) De Versailles ou de Carrières-sur-Seine, l’Abbé Bagnol arrive à Montfort-l’Amaury par la nationale 12 ou bien par la gare. Il découvre un pays terrien, peuplé de gens aisés et d’employés : jardiniers, maçons, peintres, cultivateurs, bourrelier, cordonnier, maréchal ferrant, café. Très important le café, c’est le lieu où l’on apprend les nouvelles. Yvonne décrit la vie simple, voire rude. « Il faut se contenter de l’eau froide pour la toilette. Les hommes se rasent au ‘couteau’, au ‘sabre’. On fait tout soi-même. On a des cochons. On n’achète que le pain, le sucre, le beurre… avec, jusqu’en 1949, des tickets de rationnement. On va chercher le lait à la ferme avec son pot à lait. Les bouchers tuent les bêtes sur place, à Montfort. Monsieur Blanc, à la fois boulanger et maire de Galluis, fait la tournée des villages pour livrer. Il donne le déjeuner à l’Abbé Bagnol, "sinon il ne se nourrirait que de sardines"… Dans les champs, on travaille avec des chevaux. Seule la ferme de la banque Lazare possède un tracteur. » « Mon père était tâcheron, raconte Milica M., c’est-à-dire payé à la tâche. Il partait avant le lever du soleil et revenait après la tombée de la nuit. Ma mère l’aidait à manier le passe- partout. Les enfants aussi, nous étions parfois embauchés. Hiver 1954, trois semaines de neige, donc sans travailler pour mon père. Il tannait des peaux de lapin pour faire des semelles de chaussures et des gilets. Sa présence à la maison constitue un bon souvenir. C’était rare. » On se déplace à pied. Si l’école est à deux kilomètres, certains enfants les parcourront quatre fois par jour pour rentrer déjeuner chez eux, soit huit kilomètres, et ce à travers bois quand la route pierrée est inondée ; les autres déjeuneront à la cantine. Les villages sont peu peuplés - par exemple on compte 50 habitants à Gambaiseuil, le plus petit village, et entre 1700 et 1800 à Montfort-l’Amaury. La cantine de Grosrouvre accueillera cent vingt enfants à la fin des années 50. « L’école Notre-Dame du Bel Air à Montfort-l’Amaury est dirigée par Mlle Geneviève Krestch et l’Abbé Bagnol en est l’Aumônier. La directrice est "la mère de l’Abbé Bagnol", vraiment une maman pour lui, toujours présente pour une messe puisqu’il ne pouvait pas célébrer sa messe quotidienne sans au moins une personne pour assistance. » (Marie-Albertine M.) À Galluis, l’école Montcalm est tenue par des "religieuses déshabillées" 1 L’hôpital de Montfort, qui est également la maternité, est dirigé par une religieuse, Sœur Agnès. À Montfort se trouve une antenne de l’Assistance publique. Les enfants de l’Assistance ! "Quand il y a de la misère, l’abbé est là." (Yvonne O.) De nombreuses femmes exercent le métier de nourrice. (cf . Milica M. et Yvonne O.)

1 En , une loi de juillet 1904 interdit aux congrégations d’enseigner. « Des dizaines de milliers de religieux et religieuses sont ainsi contraints de choisir entre l’exil et une "sécularisation" fictive ( on reste religieux, mais sans l’habit , voire sans la vie commune) qui comporte une forte charge de clandestinité. » (Jean-Dominique DURAND, Université Lyon 3 : Conclusions du Colloque international d’histoire - Lyon, 12 - 13 - 14 juin 2003)

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 1/12 Pour se rendre au marché de Montfort le jeudi, on s’organise à plusieurs pour prendre un taxi et partager le montant de la course. À dater d’octobre 1954, le doyenné regroupe les communes environnantes et le catéchisme est enseigné à Montfort. Un car de ramassage est organisé. Le téléphone est rare, un par hameau en moyenne. Par exemple, Georges Devèche - dont nous parlerons plus tard - téléphone de l’épicerie-restaurant de la Cour de l’Orme (tables d’hôtes) et se chronomètre pour ne pas excéder trois minutes et atteindre un coût prohibitif. « Cette population laborieuse côtoie des familles aisées. Les estivants - des Parisiens qui ont une résidence secondaire à Grosrouvre - sont généreux, ils ont la foi. C’est une chance pour le village. La population des villages est principalement agricole et les hommes très souvent jardiniers dans les résidences secondaires. » (Milica M.) En effet, confirme Claudine, nièce d’André Bagnol, « ces villages sont très riches, habités par des artistes. Mon oncle était très ami avec Daniel Geslin, Danièle Delorme. Il a marié Dany Robin et Georges Marchal… J’étais habillée par les vêtements de leurs enfants… » Outre des artistes, de grands patrons, des industriels, des personnes de haut rang aiment venir à Grosrouvre goûter le charme de la campagne boisée. De grands noms sont passés à la postérité : Jean Cocteau, Maurice Ravel, Colette, Marcelle Tinayre (qui a œuvré pour le prix Femina), la famille Lazare, Marcel Aymé, la famille Seillière. Le baron Bich - inventeur du fameux stylo Bic - possède une maison ici, une chaumière. Le baron de Cabrol et Madame, née marquise d’Harcourt apparentée à différentes familles régnantes. Le Dr Fernand Lamaze, qui a ramené de Russie la méthode de l’accouchement sans douleur… Au château de la Mormaire, le P. Bagnol connaît bien Mme Cottin et ses successeurs, Monsieur Gordon Turner et Monsieur Charles Niepce. L’Abbé n’a jamais hésité à demander de l’aide pour les plus démunis. Il a côtoyé tous les milieux. (cf. Milica M.) « Le Dr Kalt, médecin à l’hôpital des Quinze-Vingts, et son épouse, accueillent la kermesse chez eux. Ils sont amis de

l’Abbé. » (Milica M.) Souvent, l’Abbé Bagnol recevait l’hospitalité de la famille Navarre, quincailler à Montfort. Le fils Bernard était séminariste et la Maman prenait soin de l’Abbé comme si es d’Évry elle anticipait les futurs besoins de son propre fils. Elle savait réconforter l’Abbé quand il était soucieux ou dans la peine. (cf. Milica M.) Église et municipalité s’entendent : lorsqu’un incendie se déclare, on sonne les cloches pour appeler des bonnes volontés à le combattre (cf. Yvonne O). diocésain Archives Photo

Le programme de l’Abbé Bagnol « Pour la première fois, dans le numéro d’Octobre 1947 du journal Paroissial, l’abbé s’adressait à ses paroissiens. Il se traçait un programme. Ce programme il l’a réalisé et dépassé. Il écrivait : "Prêtre aux premières heures d’un sacerdoce éternel, je vous aime avec le cœur du Christ Jésus. Je veux vous donner la lumière sur votre vie. Je veux vous donner le pardon, la paix et la joie de Dieu. Je veux travailler avec vous pour vous aider à rencontrer Dieu, pour vous aider à vivre en plénitude votre vie d’homme, votre vie de fils et de fille de Dieu. Nous apprendrons à nous connaître. Brûlé par le feu sacré de l’amour de Dieu et des hommes le prêtre veut réaliser le bonheur de vos familles et de vos paroisses. Il veut faire de vous les témoins authentiques du Christ Jésus, les artisans efficaces d’un monde chrétien. Un grand courant de charité et d’entraide doit nous soulever. C’est là le plus pur esprit du Christianisme." Père Jean Harang, Doyen, dans Message de Janvier [1956] aux vingt-quatre communautés paroissiales du Doyenné de Montfort-l’Amaury »

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 2/12 Le dimanche

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Grosrouvre Le dimanche, les paroissiens apportent Grosrouvre : Ces aubes brodées et cette chasuble des provisions pour les plus nécessiteux. ont été portées par l’Abbé Bagnol.

Par tous les temps, le dimanche, à jeun depuis minuit au moins comme il se doit avant de communier, l’Abbé Bagnol enfourche sa bicyclette et pédale sur les routes pavées, étroites et pentues de Montfort. Il est attendu pour sa première messe à Vicq à 8h30. Le temps de saluer chacun des paroissiens sur le parvis, le voilà de nouveau en selle jusqu’à Galluis pour arriver à 10h. La troisième messe sera à 11h30 à Grosrouvre. De retour au

presbytère, il aura parcouru une vingtaine de d’Évry diocésaines Archives Photo kilomètres sur des petites routes qui traversent bois 25 décembre 1952 et champs. Dans le courant de sa matinée, il aura parlé avec les uns et les autres. « J’ai connu le Père André Bagnol à ses débuts de prêtres, à Galluis. Il venait prendre son petit-déjeuner 2 chez mes parents après sa première messe, et nous demandait de l’encourager, et ce que nous pensions de son attitude : si son sermon avait été bon et bien dit. Il était très timide et d’une énorme gentillesse. » (Francine L.)

Photo Archives diocésaines d’Évry diocésaines Archives Photo Photo Archives diocésaines d’Évry diocésaines Archives Photo

Montfort-l’Amaury Montfort-l’Amaury Le P. Harang mène la procession de la Fête-Dieu. Un vicaire général et le P. Harang À droite le bedeau, jardinier de son métier, entrent au presbytère mais très fier et appliqué dans cette fonction.

2 Si le Père André BAGNOL prenait un petit-déjeuner, ce n’était pas avant une autre messe. Peut-être d’autres jours ? Ou bien une pause sans manger ?

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 3/12 Monique l’a rencontré à Grosrouvre : « J’ai connu le Père Bagnol lorsque j’avais 16-17 ans. J’habitais la région de Rouen et j’avais accepté un poste de secrétariat dans une maison d’enfants en Seine-et-Oise, loin de ma famille et l’ambiance difficile. Aussi le dimanche je marchais beaucoup et découvrais les environs. Et c’est ainsi qu’un jour, attirée par des chants venant d’une jolie petite église (Grosrouvre), j’assistais à une messe. À la fin de l’office, le Prêtre, sur le parvis, saluait et discutait avec chacun et j’ai eu droit moi aussi à un sympathique et réconfortant bonjour. Je suis revenue plusieurs fois et très simplement nous avons discuté. J’ai été touchée par cette sollicitude, cette distinction, cette douceur et avec quel respect il s’adressait à tous. » (Monique C.) « L’église était pleine tous les dimanches, tous milieux confondus : artistes, châtelains, paysans, etc. L’organiste était la fille du fondateur des laboratoires Roussel. » (Milica M.) « Pendant le mois de mai, une statue de la Vierge Marie allait de maison en maison, et le chapelet était récité en famille. » (Milica M.) « Quand la Vierge de Boulogne est venue de Méré à Galluis, toute la nuit des personnes se sont relayées pour prier auprès d’elle. 3 » (Yvonne O.) Collection privée Collection À cette époque, il y avait des missions 4. À Grosrouvre, une mission s’est faite chez les parents de Milica. Des pneus des vélos des missionnaires ont été crevés. (cf. Milica M.)

Les enfants L’Abbé Bagnol aime les tout-petits. Ému de voir une toute petite fille tenter de retirer les clous d’un crucifix - "ça lui fait mal" disait l’enfant -, il raconte la scène dans le numéro suivant de Message. (cf. Milica M.) « Oui, c’est à bicyclette, et par tous les temps, et ce tous les jours, que l’Abbé se déplaçait dans la campagne (de 10 à 20 km par jour). Quand il passait, les enfants couraient, l’interpellaient… Il s’arrêtait, nous bénissait et nous embrassait sur le front… Lui repartait heureux en chantant "Étoile des neiges"… et nous, remplis de bonheur d’avoir vu l’Abbé et d’avoir eu une petite croix sur notre front. Tous les jeudis matins ou après-midi, tous les enfants du village venaient le retrouver au catéchisme. L’Abbé était secondé par Mademoiselle Raymonde Pellier (très dévouée, qui venait à pieds de Montfort pour le catéchisme et s’occuper totalement de l’église)… Personne n’aurait manqué ce rendez-vous. L’enseignement était vivant et complété par un travail manuel afin d’embellir nos maisons et de pouvoir prier. La prière était pour nous la pièce maîtresse de notre vie. L’Abbé rendait la messe vivante, par les chants des enfants… Nous formions une chorale, et les garçons étaient enfants de chœur. Lors d’obsèques ou de mariage, les enfants de chœur quittaient les cours pour aller servir la messe. L’instituteur n’approuvait pas beaucoup mais montrait bonne figure !!! Le prêtre à l’époque avait toute sa place ! Il ne faut pas oublier que la guerre était finie depuis peu de temps et que la pauvreté dans nos campagnes était importante. Un bonbon ou un caramel était une récompense inimaginable… Eh bien l’Abbé, lui, avait toujours un billet de 100 F (de l’époque) et demandait à l’un d’entre nous d’aller acheter 100 caramels ou 100 bonbons à l’épicerie voisine afin de nous les distribuer !... » (Milica M.)

3 « Du 28 mars 1943 au 29 août 1948, quatre reproductions de la statue nautonière (sur un bateau) de Notre- Dame de Boulogne (moulées en 1939 et fixées sur un char à quatre roues) sillonnèrent la France. À la signification spirituelle du « grand retour » de la Vierge à son port d’attache (de Lourdes à Boulogne-sur-mer) et du retour à la foi, les Français associèrent une signification plus profane du retour de la paix et des prisonniers et déportés. L’accueil de cette statue occasionna des manifestations grandioses : arcs de triomphes, multiples décorations et mobilise des foules, pieds nus, priant et chantant. » Cf. Wikipedia 4 « Une mission paroissiale est un prêche d'une durée généralement d'une semaine effectué périodiquement dans une paroisse par des prédicateurs venus d'ailleurs. » Cf. Wikipedia

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 4/12 Les jeunes « Très présent au sein de la JOC 5 ou JAC,6 il savait, dans une plénitude totale, très ‘modestement’ mais avec tellement de bon sens, soutenir les actions… » (Milica M.) « Sa souffrance était grande lorsqu’un enfant s’enlaidissait… Il disait : "Pourquoi ? Dieu l’a créé si beau !" » (Milica M.)

Galluis d’Évry diocésaines Archives Photo Les familles Les dix ans de la JAC « Bien entendu, il faisait tout son possible pour aider les familles en organisant pour les enfants des vacances, dans les Vosges, en Hollande, etc. Pendant la Semaine Sainte, les enfants de chœur chantaient de maison en maison et, avec le produit des pièces données - le ‘pâqueret -, un voyage était organisé et, encadrés par l’Abbé, les enfants allaient visiter Chartres, Reims,

Photo Archives diocésaines d’Évry diocésaines Archives Photo Rouen, etc. » (Milica M.) Galluis 1er septembre 1952 Les pauvres et les souffrants « Une famille de quatre enfants - plus un à venir - a été expulsée et les biens saisis. Eh bien l’Abbé frappait auprès du Châtelain de l’époque et a pu aider dans l’organisation de cette famille afin que les enfants ne puissent imaginer ce qui leur arrivait. …L’Abbé était toujours là où il fallait et quand il le fallait ! » (Milica M.) « Il aurait tellement voulu apporter aux handicapés, aux malades que, lors du décès d’une jeune de dix-sept ans, Françoise Portheault, il a pleuré… et me l’a redit quelques années avant sa mort… Cette jeune fille avait une sœur trisomique… et comment consoler les parents et la sœur aînée ? Cette famille a habité Montfort pendant la guerre et ensuite Paris ; elle aimait visiter ses amis de Grosrouvre. Françoise, malade,

venait se reposer à Grosrouvre et naturellement retrouvait l’Abbé privée Collection Bagnol. » (Milica M.) Notons que l’Abbé Bagnol a toujours conservé cette image de Françoise. « Papa a attrapé la tuberculose pendant la guerre. Elle s’est révélée en 1947. L’Abbé a beaucoup aidé mes parents. En 1961, au décès de papa, il a beaucoup aidé maman. » (Marie-Albertine M.) « Danielle Delorme et Daniel Geslin ont perdu un enfant en bas âge, mort noyé dans l’étang de la propriété. L’Abbé Bagnol, très touché, vivait et ressentait pleinement la douleur de la famille et immédiatement ses mains se rejoignaient en intercédant auprès de Dieu. » (Milica M.)

Les étrangers Milica M. témoigne : « Mes parents, bûcherons immigrés, venaient d’acheter une maison dans ce village au moment de ma naissance. Mes parents parlant très peu le français, l’un orthodoxe, l’autre catholique, et de plus très pauvres, étaient très heureux d’accueillir l’Abbé Bagnol, et lui-même aimait passer de longues heures avec papa et, sans ‘lui faire de leçons’, lui faisait comprendre l’Amour de Dieu et que nous, enfants, devions recevoir l’enseignement catholique. (Mon père et ma mère avaient été très marqués par le refus du « Doyen » de l’époque de les marier dans le chœur de l’église… mais uniquement à la sacristie parce qu’ils étaient de religions différentes).

5 Jeunesse Ouvrière Chrétienne 6 Jeunesse Agricole Chrétienne

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 5/12 Cette blessure a conduit maman à demander que nous soyons ondoyés à la naissance et que le sacrement du Baptême soit fait ultérieurement. » « À Grosrouvre, il y avait un groupe de Russes blancs. Un pope venait de temps en temps. Des Polonais résidaient à Galluis. » (Milica M.) L’Abbé Bagnol acceptait de donner les sacrements à des familles non pratiquantes. Pendant qu’il célébrait, il entendait - derrière lui puisqu’il officiait ‘dos au peuple’ - les bavardages, les rires, mais au moins lui priait. Cette prière et l’unité de la famille lui donnaient beaucoup de joie : "Il peut y avoir une étincelle et on n’a pas le droit de l’éteindre. La fête réunit une famille réconciliée." (cf. Milica M.)

Prière et pauvreté « Il lisait beaucoup et dormait peu. » (Claudine P.)

« Il donnait son temps sans compter et cela l’a mené à des situations où sa propre santé en a été affectée. Alors qu’il passait son temps à "évangéliser", il lui arrivait d’arriver en retard pour déjeuner au presbytère et là, ayant enfreint le règlement (arrivée à midi), il n’avait pas le droit de se mettre à table… Donc privé de déjeuner ! Il l’acceptait… mais, pour lui, apporter Joie, Bonheur, Apaisement dans une famille était beaucoup plus important… » (Milica M.) « Madame Harang, la maman du Doyen, était la "maitresse de Photo Archives diocésaines d’Évry diocésaines Archives Photo maison" au presbytère. » (Milica M.) « Sa soutane n’était que pièce raccommodée. Pour lui, vivre la vie du Christ, était se mettre en route mais tout en n’étant qu’un tout petit serviteur. » (Milica M.) « Il aimait tellement le Seigneur, qu’il était rempli de modestie et s’il avait pu prendre un peu de

souffrance, il recevait ceci comme une grâce… Être tout petit ! » (Milica M.) « Dans la prière, l’adoration, il puisait cette force physique indispensable à ses activités de tous les

jours ! » (Milica M.) privée Collection

Fidèle en amitié Mme Harang en Normandie « Les années ont passé… Je suis devenue infirmière, quelques années plus tard d’abord en psychiatrie, en sanatorium et souvent lorsque j’étais de nuit je lui écrivais et lui parlais de cette souffrance côtoyée chaque jour. Je me suis mariée et nous habitons les Hautes-Alpes. Le Père remplaçait chaque été un prêtre en Provence et il s’arrêtait chez nous. Il sympathisait beaucoup avec mon mari puis nos deux garçons. » (Monique C.) « Lorsque je me suis mariée en 1952, il a célébré la messe avec le doyen de Monfort- l’Amaury et était très émouvant et généreux. Puis je suis partie vivre à Paris, j’ai divorcé, perdu mon fils… Le Père Bagnol et moi sommes restés en contact par lettres. J’ai appris sa maladie… et puis son décès par un de ses amis. J’ai 80 ans à présent et ma mémoire me fait défaut, mais je garde une grande admiration pour sa compréhension des autres et sa gentillesse. Il nous laisse le souvenir d’un ami, chaleureux, généreux, qui s’intéressait vraiment aux autres. Avec mes vœux pour que l’histoire de l’Abbé Bagnol soit une réussite ! » (Francine L.) « L’Abbé Bagnol partit à . J’ai entretenu une correspondance très assidue puisqu’il répondait (par retour) à chaque fois, en joignant très souvent une petite image. Il est venu à plusieurs reprises chez mes parents, mais a été mon confesseur pendant plus de 20 ans.

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 6/12 Travaillant et logée à Paris (dans une chambre de bonne), il venait une fois par an, malgré un agenda surchargé, dîner avec moi et, à chaque fois lorsqu’il repartait, c’était une grande Paix et une sérénité extraordinaire qui se dégageait. Une fois, il s’est trompé de rue et avait frappé au n° correspondant et, horreur, l’immeuble était "spécial" avec des fréquentations très "spéciales". Arrivé tardivement mais heureux de m’avoir trouvée, il m’a serré très fort les mains en me disant : "Mon Dieu, que j’ai eu peur !" mais tout de suite il a remercié le Seigneur ! Pour notre mariage, retenu par des obsèques, il n’a pu célébrer la cérémonie, mais par route verglacée, le 27 décembre 1969, il est venu nous embrasser et nous bénir en nous assurant de ses prières. Ensuite, il a baptisé nos deux enfants, Christophe à Paris et Anne à Grosrouvre, et partagé nos réunions de famille. » (Milica M.) « Il avait une voix faible. Un jour, un homme a rouspété pendant l’homélie : "On n’entend rien". L’Abbé Bagnol a cessé son sermon, stoppé net. Mon père lui a dit ensuite : "Ne vous inquiétez pas, c’est un vieux fou", ce qui était vrai, un original, un marginal. » L’Abbé a dû en ressentir un important réconfort, et a témoigné sa reconnaissance à la première occasion. « Un pèlerinage à Jérusalem a été offert à l’Abbé Bagnol (bien avant celui de 1998). L’Abbé en a rapporté une lampe en terre pour ma famille. » (Marie-Albertine M.) « L’Abbé écrivait des cartes de Lourdes l’hiver et les postait de là-bas l’été quand il y allait. » (Marie-Albertine M.)

Départ de Montfort « Son départ a été très mal perçu. Mais les paroissiens, se pliant aux ordres supérieurs, se sont cotisés pour lui

offrir une 2 CV Citroën. À la messe de 11 h alors qu’il se préparait à la sacristie, la voiture a été glissée dans le chœur de l’église. Je ne vous cache pas son émotion qui était surtout : "Non ce n’est pas pour moi… C’est impossible", toujours les mains jointes près de son visage et implorant le Seigneur… Cette 2 CV a été financée par les centimes donnés par les paroissiens (Galluis, Grosrouvre, Vicq, Gambaiseuil…), complétés par Gordon Turner et Charles hoto Archives diocésaines d’Évry diocésaines Archives hoto Niepce qui habitaient le château de la Mormaire. Elle P coûtait environ 200 000 francs. Un salaire d’un mois était de l’ordre de 25 francs, et un don d’environ 5 centimes. » (Milica M.) « Quand l’Abbé a vu la 2 CV dans l’église, il a dû se demander, un peu inquiet : "Qu’est-ce qu’on est en train de me faire ?" » (Jean-Jacques M.) « En août de la même année [1955], sous le titre énigmatique 6943 BK 78, Message publie La prière de l’automobiliste avant d’exprimer aux paroissiens des trois G, Grosrouvre, Galluis et Gambaiseuil, les

remerciements étranglés de l’Abbé Bagnol à qui ils ont offert une 2 CV. C’est au volant de ce "quatre roues" que, dès la fin du mois de décembre 1955, celui-ci quitte brusquement Montfort pour Orphin dont il devient le curé. » (Claire Salvy dans son livre "Grosrouvre d’un siècle à l’autre" Versailles 1999) Photo Archives diocésaines d’Évry diocésaines Archives Photo

Départ de Grosrouvre 11 décembre 1955

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 7/12 TÉMOIGNAGES Milica M. « ALLELUIA ! ALLELUIA ! Comment vous remercier d’être la messagère de l’Abbé Bagnol… Je reçois votre mail comme un cadeau du ciel… J’admirais hier l’enfant Jésus que je placerai dans la crèche familiale et ma pensée et prière étaient vers l’Abbé puisque c’est Lui qui me l’a offert lors de mon baptême et de ma première communion le 24 décembre 1952... et vous ne pouvez imaginer ce que je ressens à chaque Noël ! Très humblement je ne sais comment exprimer par écrit ce que j’ai dans mon cœur et c’est si fort ! Je voudrais que vous sachiez tout ce qu’il m’a apporté. Comme je vous ai dit plus haut, issue d’un milieu étranger et pauvre, mais très riche spirituellement puisque nos parents nous ont élevés en nous apprenant le respect des différences (catholique et orthodoxe) fêtant les deux Noëls, les deux Pâques, etc. En 1952, mon frère aîné doit intégrer le pensionnat Saint-Pierre de Dreux et certificat de baptême est demandé. Face à cette impossibilité puisque nous étions seulement ondoyés et papa se voyant "humilié", sa religion sacrifiée, le vit très mal. L’Abbé a suivi la demande de maman pour apaiser l’atmosphère, et surtout dans le secret le plus complet (à la campagne les cancans vont vite !). Donc, le 24 décembre 1952, mon frère aîné et moi-même, allons recevoir les sacrements du baptême en l’église de Grosrouvre, uniquement en présence de maman… Et pour qu’aucune "fuite" n’intervienne et puisse blesser notre père, l’Abbé a fermé l’église à clefs… mais m’a donné comme prénom de baptême le prénom de Milica, refusé à l’état-civil (prénom de la sœur de papa décédée à l’âge de 18 ans !). Milica s’écrit avec un accent incurvé sur le C. prénom serbe, orthodoxe, comme mon père. Ma maman était hongroise. L’Abbé Bagnol l’a écrit phonétiquement :

La nuit de Noël, nous avons fait notre première Communion parmi tous les autres paroissiens. Je me souviens de cela comme si c’était hier ! Je n’avais que 6 ans ! Mais à l’époque, ne pas faire sa communion avec ses camarades et ne pas avoir la couronne de fleurs blanches, marque profondément l’enfance. Sans orgueil, je dois ma Foi (si petite soit-elle… alors que je la voudrais si grande !) à l’amour de l’Abbé, l’amour d’un Père qui est l’amour de Dieu à travers son serviteur l’Abbé Bagnol.

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 8/12 Il m’est très difficile de témoigner de l’Abbé Bagnol… car, si on ne vit pas tout ce qu’il nous a donné, on ne peut pas en être digne. Oui, face à ce trésor reçu enfant, j’ai pu avancer dans la vie de tous les jours et principalement spirituellement. Sans la présence de Dieu et de notre Sainte Mère, nous ne pouvons rien et ça c’est son enseignement, mais donné généreusement et nous rappelant que nous avons été créés libres. Son enseignement n’a jamais été autoritaire, au contraire avec douceur et un amour si grand, si déconcertant que mon cœur se remplissait de bonheur, et tous les jours je puise dans ce trésor. …Malheureusement avec regret j’ai cessé la correspondance, alors que de graves soucis de santé m’accablaient et que lui-même ne pouvait plus écrire ! Et à grand regret je n’ai pu l’accompagner pour son entrée dans la maison du Père… Car si l’Abbé Bagnol n’est pas auprès du Père… personne n’ira. Il s’est comporté comme un Saint car c’est un Saint et un Grand ! Aujourd’hui, je l’implore de continuer son œuvre… et je ne voudrais pas qu’on puisse oublier le passage sur terre de ce prêtre aussi exceptionnel. Actuellement, j’ai une petite-fille de 9 ans, handicapée, et modestement je sens sa présence en réponse à ma demande. Bien entendu, je lui ai confié toute ma famille et surtout notre Église si malade. Il est là quand je suis à la messe le dimanche, pour moi il est très présent. Merci d’être aussi active et de nous rappeler combien l’Abbé Bagnol était dans la VERITE. Dimanche à la messe de Montfort nous remercierons le Seigneur de nous l’avoir confié lors de sa première mission et de nous avoir tant apporté. Deo gratias ! » « L’Abbé Bagnol seul pouvait aider un couple mixte à tenir. Maman était très isolée. Mon grand-père maternel a attendu vingt-cinq années avant d’accepter de recevoir mon père, son gendre ! »

Monique E. « Si on me parle de l’abbé Bagnol, je vois quelqu’un de lumineux, de gai, d’enthousiaste. Physiquement long et fin, il pouvait donner une impression de fragilité qui contrastait avec la force de sa foi intérieure. »

Jacques R. (Message posthume) « Cher Abbé Bagnol, Après avoir oublié cet épisode que je viens de redécouvrir en même temps que votre décès, ces quelques mots pour vous remercier de l’éducation religieuse que vous nous avez donnée, mais aussi et surtout de votre bonté envers les galopins que nous étions à l’époque. Vous étiez toujours d’humeur égale, chantant d’Évry diocésaines Archives Photo toujours lors de vos déplacements, à vélo puis à Communion solennelle à Galluis Solex que vous n’hésitiez pas à prêter à notre grand bonheur. Sans oublier la construction d’une crèche avec les personnages en terre glaise que nous avions façonnés non sans difficulté. Mais aussi vous nous demandiez de participer à quelques aides à des personnes âgées, aides que pour votre part vous accordiez seul la plupart du temps. Pour moi une personne comme vous ne peut pas mourir. C’est pourquoi je vous écris comme si vous étiez toujours présent. Un souvenir éternel reste dans mon cœur et les idées me manquent pour vous exprimer toute ma reconnaissance. Merci ! Jacques, communiant à Galluis en 1951 »

Yvonne O. « C’est un saint. Au décès de mon père, l’Abbé Bagnol a veillé toute la nuit pour que maman dorme. Il a fait de même pour une autre famille. Il était accepté dans toutes les maisons. »

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 9/12 Marie-Albertine M. « L’Abbé Bagnol était "le petit Abbé" de Maman, de mes parents. Pour moi, c’était un saint. Adolescente, j’avais mis sur les murs de ma chambre des photos d’artistes… et de l’Abbé Bagnol. Maman trouvait que ça faisait un peu désordre. J’ai voulu lui rendre visite à Athis-Mons mais n’ai pas réussi à ouvrir la porte. Quand j’ai téléphoné, on m’a dit, sans ménagement : "Il est mort". Choc ! En philo, on cherche une preuve de l’existence de Dieu. Pour moi, l’Abbé Bagnol est une preuve de l’existence de Dieu. Il savait écouter. Le papa de l’Abbé Bagnol n’était pas favorable à ce qu’il devienne prêtre. Sa maman a fini ses jours chez les petites sœurs des pauvres à Versailles. Mes parents y sont allés lui rendre visite. »

Mgr Yves BESCOND , Évêque auxiliaire de Corbeil-Essonnes de 1971 à 1979 « Je remercie le Seigneur de m’avoir fait rencontrer André lors de mon vicariat à Montfort l’Amaury de 1949 à 1954. Il est devenu un ami qui m’a beaucoup aidé dans ma relation avec le Christ. »

P. Paul DESCOLAS « J’ai connu André Bagnol au séminaire, paroisses de Montfort-l’Amaury quelques années, Orphin dans les années 1950, pèlerinages à Lourdes… »

Claudine P., nièce d’André Bagnol : « Mgr Renard était très proche du Père Bagnol. Il l’avait pris sous son aile. L’abbé Harang a certainement beaucoup aidé moralement quand il était jeune prêtre, et financièrement (il était d’une famille aisée). »

Enfants du catéchisme

« Cher Monsieur l’Abbé, Au soir de notre Communion Solennelle nous sommes heureux de vous dire un filial et respectueux "Merci". Depuis six ans, vous vous penchez avec tendresse sur l’âme des petits de votre paroisse ; nous voudrions par nos paroles vous faire sentir la tendresse de tous à votre égard. Soyez remercié, Cher Monsieur l’Abbé, de nous

avoir appris à connaître et à aimer Notre-Seigneur, de d’Évry diocésaines Archives Photo nous avoir appris à comprendre sa bonté. - Plus encore que par vos leçons, c’est par votre exemple que nous Communion solennelle avons découvert le Bon Maître. à Grosrouvre Vous avez, cette année encore, embelli notre église… Un beau vitrail laisse maintenant passer la lumière pour la joie des yeux. Ce vitrail, le premier d’une série que vous voulez, nous le savons, rapidement réalisée, ce vitrail vous l’aimez, mais nous savons que le plus beau vitrail n’est rien pour vous à côté de nos âmes. C’est à travers nos âmes que vous voulez voir la lumière de Dieu passer pour notre joie, et la consolation de Celui dont nous fêtons aujourd’hui… le Sacré-Cœur. Avec la grâce de Dieu et l’aide de nos parents, nous vous promettons, Monsieur l’Abbé, de faire tous nos efforts pour ne pas mettre d’obstacle à la grâce de Dieu en nous. Nous pouvons compter sur vos prières et nous vous les demandons. De notre côté, nous prierons pour vous afin que Dieu vous garde longtemps encore à notre affection reconnaissante. Ces prières nous les ferons aussi pour toutes celles qui, avec tant de dévouement, vous aident dans votre tâche auprès de nous. Que le Bon-Dieu vous rende au centuple les grâces que nous vous devons. - Notre persévérance sera notre Merci. »

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 10/12 P. Jean HARANG Extrait de ‘MESSAGE de Janvier [1956] aux vingt-quatre communautés paroissiales du DOYENNÉ de MONTFORT-L’AMAURY’ LE MOT DE MONSIEUR LE DOYEN « L’Abbé André BAGNOL Ordonné prêtre le 29 juin 1947 l’abbé André Bagnol était nommé vicaire à Montfort le mois suivant. Huit ans et plus ont passé comme un jour, tant nous étions habitué à le voir à la tête de nos villages, vivant sa vie sacerdotale, simplement, humblement, partageant nos peines avec une infinie délicatesse, partageant nos joies avec enthousiasme. Ainsi passent les saints laissant derrière eux une profonde trace de bonté, marquant à jamais ceux qui eurent le privilège de les approcher. L’abbé fut dans le plein sens du terme un prêtre donné. D’une piété ardente il rayonnait autour de lui la claire lumière de son âme, sans le chercher, sans le vouloir, tout simplement... on ne maîtrise pas une flamme. Cherchant une phrase pour illustrer un vitrail de Méré il n’en trouvait de plus belle que celle-ci : "Notre Dieu est un feu dévorant"... sans le vouloir encore, tout simplement il avait exprimé son âme. Homme du Christ il était aussi l’homme des hommes... un abîme de miséricorde, de compréhension de pardon et d’affection. L’une de ses phrases préférées : "Il ne faut jamais juger... Juger c’est faire de l’irréparable". Homme du Christ, homme des hommes il fut enfin un parfait administrateur, vérifiant une fois de plus la vérité de la parole du Seigneur : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et le reste vous sera donné par surcroît ». Ses villages lui doivent l’admirable beauté de leurs églises sans oublier la récente réfection de la Chapelle de Bardelle et les délicieux sanctuaires de Notre- Dame élevés par lui aux carrefours de nos routes. À cette immense tâche matérielle l’abbé ne pouvait faire face qu’en payant largement de sa personne et il n’est pas exagéré de dire qu’il dut y consacrer la totalité de ses pauvres ressources. Arrivé pauvre il nous quitte pauvre ayant tout donné à l’embellissement de ses églises et ajouterons-nous aux deux œuvres qui lui tenaient le plus à cœur... les écoles chrétiennes et les vieillards. Pour la première fois, dans le numéro d’Octobre 1947 du journal Paroissial, l’abbé s’adressait à ses paroissiens. Il se traçait un programme. Ce programme il l’a réalisé et dépassé. Il écrivait : "Prêtre aux premières heures d’un sacerdoce éternel, je vous aime avec le cœur du Christ Jésus. Je veux vous donner la lumière sur votre vie. Je veux vous donner le pardon, la paix et la joie de Dieu. Je veux travailler avec vous pour vous aider à rencontrer Dieu, pour vous aider à vivre en plénitude votre vie d’homme, votre vie de fils et de fille de Dieu. Nous apprendrons à nous connaître. Brûlé par le feu sacré de l’amour de Dieu et des hommes, le prêtre veut réaliser le bonheur de vos familles et de vos paroisses. Il veut faire de vous les témoins authentiques du Christ Jésus, les artisans efficaces d’un monde chrétien. Un grand courant de charité et d’entraide doit nous soulever. C’est là le plus pur esprit du Christianisme". De cet esprit l’abbé a vécu intensément et, malgré les croix parfois lourdes, terriblement lourdes à certains jours, il y est resté fidèle dans l’enthousiasme jusqu’au bout. Qu’il reçoive ici l’expression de la gratitude de tous... Nous la lui exprimons simplement mais affectueusement en l’assurant de nos prières pour son nouvel apostolat. Les Saints passent... Dieu reste qu’ils nous ont annoncé par toute leur vie. » Jean Harang Doyen »

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 11/12 L’Abbé Bagnol est attaché à l’Église et au Pape En témoigne cette lettre de la "Secrétairerie d’État de Sa Sainteté" le Pape Pie XII en réponse à un courrier de l’Abbé Bagnol en 1949 :

SEGRETERIA DI STATO DI SUA SANTITA Le Souverain Pontife, très sensible aux expressions de filial attachement qui Lui sont parvenues à l’occasion du Cinquantième Anniversaire de Son Ordination sacerdotale 7, remercie tous ceux qui ont élevé leurs supplications vers le Ciel à Ses intentions en cette circonstance, et les exhortant paternellement à Lui continuer le secours de leurs prières, Il leur envoie de tout cœur en retour, comme gage d’abondantes faveurs divines, la Bénédiction Apostolique.

Enveloppe : M. le Curé de St Martin Grosrouvre Montfort Seine et Oise France

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7 Le Pape Pie XII avait été ordonné prêtre à Pâques, le 2 avril 1899 (cf. Wikipedia)

André Bagnol - 1947 - Montfort-l’Amaury - Edition 19/02/2014 12/12