La Musique, Voilà Ce Qui M'inspire
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Imaginaire et Musique "La magie des décors et de l'ambiance évoquée par la musique, voilà ce qui m'inspire. Tout le reste est accessoire. Le livret d'opéra, je m'en fiche éperdument ; ce qui m'intéresse, ce sont les cymbales, voilà, le climat." (Stephan Wul) ourquoi un nouveau webzine ? Tout sim- PP plement parce que nous avions envie de vous faire découvrir notre passion : 1 l’Imaginaire. ° Et qu’est-ce que l’Imaginaire, avec un grand I ? Eh bien, c’est un terme commode derrière lequel on réunit tout ce qui est Science-Fiction, Fantastique ou Fantasy, tous ces genres et sous- genres déclinés sous toutes leurs formes, de la littérature à la Bande Dessinée en passant par le cinéma ou la peinture : tous les Arts sont concer- nés. Tous ? Et la musique, alors ? Existe-t-il une musique science-fictionesque ? Un rock fantasyste ? Un gothique fan- tastique ? Mais oui, parfaitement ! Et même si ce n’était pas le cas, quand on sait que dès qu’on réunit une poi- gnée d’amoureux de l’Imaginaire, le sujet de conversation qui s’impose de lui-même est "dis-moi ce que tu écou- tes, je te dirai ce que tu lis", il nous est apparu évident que le premier thème de notre webzine thématique se devait & CHIMERES N d’être la musique. Alors voilà, ça fait près de neuf mois qu’on planche dessus ; il est temps pour notre bébé de naître. Il est encore jeune, balbutiant, imparfait. Mais il vous présentera un échantillon de musiques et de textes, à travers des nouvel- les – drôles ou tragiques, noires ou poétiques – et des articles de fond – du dossier très documenté au résumé le plus bref, mais toujours en passant par un coup de cœur – plus les entretiens qu’ont bien voulu nous accorder les créateurs d’Ombres et Lumières et de Rock Stars, ainsi que les auteurs et illustrateurs ayant contribué, avec l’équipe d’U&C, à composer ce numéro. UNIVERS Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à parcourir ce webzine (en ligne ou téléchargé en PDF) que nous en avons eu à le réaliser. Pour notre prochain numéro, sur le thème de la Passion, nous ferons un appel à textes et à illustrations, ainsi qu’un concours de logos ou bandeaux pour représenter le zine, mais de tout cela, nous vous reparlerons plus loin : pour l’instant, ouvrez grand vos yeux et vos oreilles. Place à l’Imaginaire et à la Musique ! L'illustration "Flûtiste" est de CAZA. Dessin préparatoire pour le dessin animé de Philippe Leclerc et Caza : Les Enfants de la pluie. Les textes et illustrations restent la propriété de leurs auteurs 1 Les nouvelles ➔ Le violon de la fée Où le destin guide un instrument vers celui qu’une fée a choisi, envers et contre tous les obstacles. Une fantasy urbaine de Nathalie Dau illustrée par Sandrine Gestin et Sébastien Gollut. ➔ Faërie Boots Être une Rock Star est parfois bien difficile à vivre… comme nous le décrit avec humour Johan Heliot et comme l'illustre MZS. Ce texte est publié avec l’aimable autorisation de la revue Bifrost/éditions le Bélial ➔ Gloria Mundi Certains musiciens seraient-ils prêts à tout pour avoir du succès ? Réponse par Philippe Heurtel mise en image par Sébastien Gollut. ➔ Récital pour les hautes sphères D’autres ne vivent que pour leur Art, refusant toute compromission. Tel est le cas d’un véritable musicien, décrit par Lionel Davoust et dessiné par MZS. ➔ Souper avec orchestre 1 La musique peut jouer un rôle plus important qu’on ne saurait le croire, nous explique Pierre Gévart. C'est Catherine Gillet ° qui a dessiné les sons. ➔ Le "La" naturel Quand la musique est facteur de Paix entre les espèces… Un très sérieux pacte inter-galactique signé Olivier Gechter, illustré par Estelle Valls de Gomis. ➔ Le rock du bagne La musique adoucit les mœurs ? Certes, mais jouée un peu trop fort, elle peut nuire aux relations de bon voisinage… Une enquête policière et fantastique d’Alain le Bussy, mise en image par Audrey la Grande Sorcière. ➔ Plaquer quelques accords et se sentir invulnérable Il est des cas où le son est une arme ! nous crie Gaëlle Bussottin. La musique est, ici, peinte par Sébastien Gollut. & CHIMERES N ➔ Le chant de l’égoïsme, les soupirs de la honte Il existe des liens entre les histoires et la musique qui transcendent le réel, comme le démontre Bruno B. Bordier, en paroles et en image. ➔ Pas de chanson pour Julie Peut-on inspirer l’amour sans inspirer de chanson ? C’est la grave question que se pose Nico Bally. Julie est dessiné par MiKl. ➔ Water music Et si l’univers empêchait la propagation des ondes sonores, comment jouerait-on ? se demande Jean-Michel Calvez, accom- UNIVERS pagné d'une illustration de CAZA. ➔ Distorse, Gloire et Chouchen Quand les journalistes des magazines musicaux enquêtent sur la vie des groupes, ou la véritable histoire du rock psychodéli- que, une uchronie signée Roland C. Wagner, illustrée par CAZA. ➔ Cyberave Comment vivrons-nous la musique dans le futur ? Voici la réponse de Julien Fouret, dessinée par Estelle Valls de Gomis. 2 Le violon de la fée A Mamina et à tous ceux issus de notre orme ancestral “ Rien n’est plus fantastique et plus fou que la réalité, et le poète se contente d’en recueillir un reflet confus, comme dans un miroir mal poli. “ E. T. A. Hoffmann, Contes fantastiques Il était une fois une histoire, qui s’amusait à chatouiller la langue des conteurs, si bien qu’ils ne pouvaient s’empêcher de la colporter d’un bout à l’autre du Pays, la déposant comme une offrande au creux des oreilles attentives. C’est ainsi que je l’ai reçue, un jour que je baguenaudais de pentes en vallons pour dépouiller les framboisiers, chapeau de paille sur la tête et panier rond à bout de bras. Juste à l’orée de Bois-Gourmand, où les vipères gardent les sentes qui ramènent au village, gît un mélèze foudroyé déjà vêtu de mousse bleue. Assis dessus, le conteur paraissait m’at- tendre. Son couvre-chef était de feutre mou, pareil à celui de nos pâtres, et ses bottes à revers se noyaient pour moitié dans le parterre d’œillets des Alpes. Il portait un gilet fait en peau de mouton, une culotte de gros drap, une chemise immaculée brodée de campanules au col et aux poignets. Son familier, un écureuil plus brun que roux, pointait son museau effronté hors du fouillis de boucles qui mourait sur ses épaules. Des boucles brunes elles aussi, où des brindilles accrochées évoquaient une sieste récente entre les bras de la forêt. “ Je suis Dino l’Etoile, se présenta-t-il aimablement. Je suis conteur, fils du vent et de l’orme, ami de la rivière et des petits enfants. “ Répondant à son sourire, je lui avouai mon prénom et mon état de citadine, en vacances universitaires dans le village qui hébergeait tous mes étés. “ Et les étés sont chauds, même à cette altitude. Puis-je t’offrir à boire, jeune étudiante ? En échange, je goûte- rais bien volontiers à tes framboises. “ Je pris sa gourde de fer blanc, glacée contre ma paume, et bus avec délice un peu de cette eau claire au goût de neige et de ciel pur. Nathalie Dau Puis j’attendis, mais il ne disait rien. Sa main piochait dans mon panier, les fruits s’écrasaient dans sa bouche en tachant ses lèvres de rouge et, derrière ses lunettes dorées, ses yeux de bogue et de châtaigne exprimaient le contentement. En d’autres circonstances, c’est un spectacle dont je me serais vite lassée. D’ailleurs, je songeais à prendre congé pour retourner à ma cueillette mais, avant que j’aie pu trouver le temps d’annoncer mon départ, l’écureuil esca- lada mes tresses, délogeant mon chapeau qui tomba dans les fleurs et devint nid où s’installa l’impudente bes- tiole. “ Hé ! Veux-tu bien déguerpir, toi ? - Es-tu donc si pressée, jeune fille ? N’est-ce pas la saison des vacances ? - Mon chapeau… - Il te le rendra tantôt, quand tu en auras de nouveau l’usage. Pour l’instant, je quémande ton aide. Je viens d’un village éloigné et méconnais ces pentes-ci. Voudras-tu me guider jusqu’à la jonction des trois routes, où la dame de mes pensées m’a fixé rendez-vous ? “ Les textes et illustrations restent la propriété de leurs auteurs 3 N’y voyant pas malice, j’acceptai sans me faire prier. L’écureuil me rendit mon grand chapeau de paille et nous marchâmes de concert, son maître et moi, parmi les hautes herbes entrelacées de fleurs qui explosaient en teintes vives, dans ce vallon où le soleil repoussait l’ombre sous les bouquets de mélèzes. Nous goûtâmes un silence parfait, entre les chuchotis du vent et les stridulations d’insectes. Instants d’une qualité rare, à la limite du magique. Et puis je découvris que l’écureuil, qui me toisait depuis l’épaule de son maître, avait le regard malicieux d’une créature plus lutine. Nous nous trouvions encore à la limite du magique… sauf que nous venions de changer de côté. Imperceptible différence, subtilité de jeux de formes et de matières, de perceptions et de couleurs, de tessitures et de parfums. Et ce fut à ce moment-là, tandis que nous enveloppaient les premiers châles vaporeux du crépuscule, que le conteur céda aux déman- geaisons de sa langue. Mon histoire est d’abord un décor de Lorraine : une petite ville aux maisons rapprochées, d’un gris clair qui commence à foncer sous l’action conjuguée des cheminées d’usines - récemment implantées à la sortie du bourg - et du climat, réguliè- rement grognon, si bien que les façades ont rarement le temps de se sécher entre deux pluies.