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Séquences La revue de cinéma

Le cinéma invisible Robert-Claude Bérubé

Number 78, October 1974

URI: https://id.erudit.org/iderudit/51385ac

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Publisher(s) La revue Séquences Inc.

ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital)

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Cite this review Bérubé, R.-C. (1974). Review of [Le cinéma invisible]. Séquences, (78), 13–19.

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Le cinéma invisible

Robert-Claude Bérubé

OCTOBRE 1974 13 L'amateur de cinéma (cinephilis mania- Les "Maudits" Français cus) pourrait penser que Montréal est la ville idéale pour gens de son engeance. Placée au Lorsque Le Magnifique de Philippe de confluent de deux cultures, elle peut lui ré­ Broca a pris l'affiche récemment, il y avait server un flot de productions cinématographi­ un certain temps qu'on était sans nouvelle de ques plus torrentueux que dans d'autres cen­ ce cinéaste. Oh, il y a bien eu sa Chère Louise tres pourtant estimés. Ne devrait-il pas s'at­ qui était venue nous faire un petit salut com­ tendre à voir défiler sur les écrans de sa cité me ça en passant, mais on n'avait rien su des aussi bien la coqueluche de Paris que "the Caprices de Marie non plus que de La Poudre toast of New York", sans compter "the pick d'escampette; pourtant le premier, acheté par of London". Il faut admettre que l'éventail la United Artists, avait été présenté à New offert reste intéressant, mais l'on peut s'é­ York sous le titre Give Her the Moon (c'était tonner à bon droit de quelques absences pro­ peut-être trop demander aux Montréalais) et longées, notamment en ce qui peut contri­ le second, propriété de la Columbia, offrait buer à une vision vraiment internationale du une distribution assez prestigieuse. (Michel cinéma. A ce point de vue, il faut avouer que Piccoli, Marlene Jobert, Michael York). Parmi le vide laissé par le sabordage du Festival les autres cinéastes français ainsi frappés mo­ International du Film de Montréal n'a jamais mentanément d'interdit de séjour, on compte été comblé en dépit des efforts méritoires Jean Delannoy dont Le Majordome (1965) des cinémathèques, cinémas de répertoire et mettait pourtant en vedette Paul Meurisse et autres conservatoires. La situation en est au Pas folle la guêpe (1971 ) opposait deux géné­ point que la lecture des revues spécialisées rations d'actrices en la personne de Françoise européennes est devenue un exercice de frus­ Rosay et Anny Duperrey. L'esprit de fronde tration; certains réalisateurs qui se sont révé­ de , tel que manifesté dans lés au cours des dernières années sont de­ Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jon­ meurés en ce qui nous concerne de parfaits ques et Le Drapeau noir flotte sur la marmite inconnus ou presque, des films semblant (film marquant sa réconciliation avec Jean marquer un tournant dans tel ou tel cinéma Gabin) est resté muet chez nous. En fait, pour national sont restés bloqués semble-t-il dans nous en tenir au seul cinéma français, plus ce tournant. Ainsi en est-il de Nagisha Oshi­ de quatre-vingts films réalisés entre 1962 et ma, cinéaste japonais dont les oeuvres (La 1972 (deux ans semblant être un délai rai­ Pendaison, Le Petit Garçon, Journal d'un vo­ sonnable pour passer la grande mare) ne leur) n'ont jamais été distribuées par ici, à nous ont pas encore été présentés. Au risque l'exception de La Cérémonie, présentée à Ra­ d'ennuyer le lecteur (ou de l'allécher), j'en dio-Canada au début de l'été. Que le cinéma risque une enumeration partielle. Commen­ japonais reste difficile à distribuer, cela ne çons par le Cyrano et d'Artagnan d'Abel Gan­ surprend pas et rares sont les films qui s'im­ ce (1964) avec, dans les rôles-titres, José posent sur le marché occidental. Mais est-il Ferrer et Jean-Pierre Cassel, et notons quel­ normal que certaines productions italiennes, ques titres au fil des années : Je vous salue allemandes ou espagnoles, voire anglaises, Mafia de Raoul Levy (1965) avec Eddie Cons­ françaises ou américaines présentées à Paris tantine, Henry Silva, Jack Klugman, Eisa Mar- ou à New York, il y a deux, trois, quatre ou tinelli et (ce film a aussi été même cinq ans prennent tant de temps à présenté, aux Etats-Unis, sous le titre Hail nous parvenir ? Existe-t-il un purgatoire des Mafia); Un Milliar dans un billard de Nicolas films au milieu de l'Océan Atlantique ou à la Gessner (1966) avec , Jean Seberg frontière canado-américaine ? et Eisa Martinelli; Monnaie de singe (1966)

14 SÉQUENCES 78 d'Yves Robert avec Robert Hirsch, Sylva Kos- Torn ? (1971) de José Giovanni, avec , cina et Jean-Pierre Marielle; Mise à sac (1967) Alexandra Stewart et ; Trop jo­ d'Alain Cavljie.r, avec Michel Constantin, Da­ lies pour être honnêtes (1972) de Richard niel Ivernel et Franco Interlenghi; La Musica Birkin, Bernadette Lafont et Serge Gains­ (1967) de Marguerite Duras (1> avec Delphi­ bourg. Ne nous attardons pas outre mesure ne Seyrig et Robert Hossein; L'Américain sur C'est pas moi, c'est l'autre. Les Saintes (1967) de Marcel Bozzuffi (2\ avec Jean- Nitouches, Trois hommes sur un cheval, Et Louis Trintignant, Bernard Fresson et Simone qu'ca saute, O.S.S. 117 prend des vacances, Signoret; Les Patates (1968) de Claude Au­ Midi-Minuit, Trop petit mon ami, L'Homme tant-Lara avec Pierre Perret, Pascale Roberts qui revient de loin, Une drôle de bourrique et Rufus; Sabra (1969) de Denys de la Patel- et autres Joyeux lurons, mais souhaitons la lière avec Akim Tamiroff, Assaf Dayan et venue éventuelle d'oeuvres engagées et es­ Jean Claudio; La Cavale (1970) de Michel Mi- timables comme Pourquoi l'Amérique de trani, d'après le livre d'Albertine Sarrazin, a- Frédéric Rossif, Quelque part, quelqu'un de vec Juliet Berto, Jean-Claude Bouillon et Ca­ Yannick Bellon, Le Lit de la vierge de Phi­ therine Rouvel; Fantasia chez les ploucs (1971) lippe Garrel, Absences répétées de Guy Gil­ de Gérard Pires avec Lino Ventura, Mireille les, Beau Masque de Bernard Paul. Et signa­ Darc et ; Le Juge (1971) de Jean lons que Quatre nuits d'un rêveur de Robert Girault avec Pierre Perret, Robert Hossein et Bresson vient enfin d'être acquis par un dis­ Silvia Monti; L'Ingénu (1971) de Norbert Car- tributeur québécois (Prima Films). bonnaux, d'après Voltaire, avec Renaud Ver- ley, Corinne Marchand et Jean Lefebvre; L'Italia lontana Blanche (1971) de Valerian Borowczyk, avec Michel Simon, Jacques Perrin et Georges Parmi les pays européens, l'Italie a eu Wilson; Kill (1971) de Romain Gary, avec ces dernières années la production la plus Jean Seberg, James Mason et Stephen Boyd; abondante et la plus diversifiée; cela va du Pouce I (1971) de Pierre Badel, avec et par film de genre (spaghetti western) aux essais Guy Bedos et Sophie Daumier; L'Oeuf (1971) Jean Herman, d'après la pièce de Félicien La Poudre d'escampette, de Philippe de Broca Marceau, avec Guy Bedos, et Marie Dubois; Le Trèfle a cinq feuilles (1971) d'Edmond Frees, avec , Lise- lotte Pulver et Maurice Biraud; Les Portes de feu (1971) de Claude-Bernard Aubert, avec Annie Cordy, et Dany Car-, rel; Trois milliards sans ascenseur (1972) de Roger Pigaut avec , Serge Reggiani et Françoise Rosay; Où est passé

(1) Marguerite Duras n'a décidément pas de chance (é moins que ce ne soit nous). Un seul de ses films (Nathalie Oranger) a été vu ici, et encore à la télé­ vision. Les autres (Détruire, dit-elle. Jaune le soleil, La Femme du Gange), pas vus, pas pris.

(2) Marcel Bozzuffi est un acteur trop longtemps confiné dans les rôles de gangsters. C'est lui qui interprétait le rôle du tueur abattu dans l'escalier du métro par Qene Hackman dans The French Connection.

OCTOBRE 1974 15 les plus abstrus (Carmelo Bene) en passant cant de Carlo Lizzani où l'on trouve Lou Cas- par le commercial fignolé et l'art populaire. tel et (surprise) Pier Paolo Pasolini et d'EI Pour ce qui est du spaghetti western, fort Chuncho, un film de Damiano Damiani avec en sauce tomate, c'est devenu une industrie Gian Maria Volonté et encore Lou Castel. routinière en collaboration régulière avec Jean-Louis Trintignant a paru dans un de ces l'Espagne; les avatars de Django, Ringo, Grin­ films, Le Grand Silence de Sergio Corbucci, go, Sartana, Pecos et Sabata ne se comptent où il tenait le rôle d'un justicier muet, et l'on plus et s'il s'y manifeste quelque originalité, remarque la présence d' dans c'est surtout dans les titres qu'elle se remar­ Trois pour un massacre, de Van Heflin et Gil­ que avec un curieux mélange de morbidité bert Roland dans Chacun pour soi, de Ray­ et de religiosité : mond Pellegrin et John Ireland dans Les coïts Prie et creuse ta tombe, Et maintenant brillent au soleil. Et cela aurait peut-être aidé recommande ton âme à Dieu, Dieu pardonne les critiques locaux qui, dans l'appréciation de à mon pistolet, Priez les morts, tuez les vi­ Mon Nom est Personne, parlaient de Tonino vants, Sartana, si ton bras gauche te gêne, Valerii comme d'un débutant sous la férule de Leone, s'ils avaient eu l'occasion de voir coupe-le, Django arrive, préparez vos cer­ les westerns précédents de ce réalisateur cueils, Creuse ta fosse, j'aurai ta peau, Au­ (Texas, ou le prix du pouvoir, Lanky, l'hom­ jourd'hui ma peau, demain la tienne, Je vais, me à la carabine, Le Dernier Jour de la co­ je tire, je reviens. Si l'on vous signale que, lère). parmi les produits du genre qui ont été tra­ duits en français, plus de cent ne nous sont pas parvenus, je doute que vous considériez Par ailleurs, le cinéma italien ne se situe cela comme une catastrophe nationale. Il pas uniquement, grazia a Dio, sur les sentiers reste qu'à travers cet amas de coïts et de po­ poussiéreux de l'Ouest. Il tire son profit d'un tences surgissent quelques exceptions que éventail de réalisateurs renommés dont mal­ l'on aurait aimé connaître, ne serait-ce qu'à heureusement le travail ne nous parvient pas cause de leurs auteurs ou des comédiens qui toujours. Ainsi Mauro Bolognini a présenté s'y commettent. Ainsi en est-il de Requies- à Cannes, en 1970, Metello, que d'aucuns considèrent comme son chef-d'oeuvre et qui valut à Ottavia Piccolo le prix d'interpréta­ Disons un soir à dîner, de Giuseppe Patroni Griffi tion féminine; depuis le film a fait carrière en et en Angleterre mais n'est appa­ ru chez nous ni dans une version française, ni dans une version anglaise. Du même Bo­ lognini, un film mettant en vedette Gina Lol- lobrigida, Ce merveilleux automne, et datant déjà de 1968, présenté à Paris et à New York, reste invisible pour nous (3>. On est sans nouvelles pareillement de Venez donc pren­ dre le café chez nous (1970), d'Alberto Lat- tuada avec Ugo Tognazzi, de Disons un soir à dîner, de Giuseppe Patroni Griffi avec Jean-Louis Trintignant, et To-

(3) On y note pourtant la présence d'un acteur canadien, André Lawrence.

16 SÉQUENCES 78 ny Musante, de Jeux d'adultes de Nanni Loy Over There avec Nino Manfredi et Leslie Caron, d'Esca- lation (1967) de Roberto Faenza avec Claudi­ Mais le plus surprenant, c'est de rester ne Auger, du Professeur (1971) de Valerio sans nouvelles de certains films américains Zurlini avec , non plus que de ou britanniques. Ainsi Figures in a Landscape (1970) de Joseph Losey tardent à se profiler à l'évocation par Nelo Risi de l'amitié de Ver­ l'horizon et The Visitors (1971) d'Elia Kazan laine et Rimbaud dans Une Saison en enfer retardent leur arrivée de même que la Wan­ (1972) où les deux poètes revivent sous les da (1970) de l'épouse de ce dernier, Barbara traits de Jean-Claude Brialy et Terence Loden. Le chef-opérateur anglais Desmond Stamp. Sans parler de l'Oedipe-roi de Paso­ Davies a réalisé, en 1965, un film sur l'en­ lini que nous attendons en vain depuis 1967, fance intitulé The Uncle dont il existe une des Hommes contre... (1970) de Francesco version française; on ne l'a vu ni sous une Rosi, etc. Signalons que Gott mit uns de Giu­ forme, ni sous une autre, non plus que le cu­ liano Montaldo, dont !e sujet devrait intéres­ rieux film It Happened Here (1966) présenté (4) ser les Canadiens, reste absent des lis­ à Paris sous le titre En Angleterre occupée tes de nos distributeurs bien qu'il ait déjà été où l'historien de cinéma, Kevin Brownlow, présenté au réseau de télévision CBS, aux imaginait son pays sous la botte allemande, Etats-Unis. Et notons qu'un film de Vittorio en 1940. Un western de Budd Boetticher A de Sica réalisé en 1962, le Jugement der­ Time for Dying (1971) a aussi eu l'occasion nier, et comptant dans sa distribution des ac­ de faire le voyage en terre française sans teurs de nationalités diverses (Fernandel, Er­ faire de crochet par ici (c'est le dernier film nest Borgnine, Vittorio Gassman, Anouk Ai­ où parut Audie Murphy). The Bed Sitting mée, Alberto Sordi, Silvana Mangano) n'a Room (1969) de Richard Lester, fantaisie amè­ connu hors de son pays d'origine qu'une dis­ re sur les suites d'une guerre atomique, a tribution fort limitée. On regrette aussi de disparu sans laisser de traces après sa pré­ ne pouvoir profiter à loisir du talent comi­ sentation à New York et l'on est sans nouvel­ les aussi du dernier film réalisé par Ray Mil­ que de Monica Vitti découvert par les Pari­ land (où il tient aussi la vedette), Hostile Wit­ siens au cours des deux ou trois dernières ness (1970). Certains films ont même été années dans des films réalisés depuis déjà soumis à notre Bureau de surveillance, et ont un certain temps (Nini Tirebouchon, Les Or­ reçu leur visa, sans connaître ensuite de sor­ dres sont les ordres, Moi, la femme); le der­ tie officielle; c'est le cas de The Mind of Mr, nier nommé est de Dino Risi dont on attend Soames (1969) de Alan Cooke avec Terence toujours certains films à sketches réputés dé­ Stamp, curieuse histoire d'un homme resté sopilants : Les Monstres (1963), Les Com­ dans le coma depuis sa naissance et qui fait plexés (1965) et Une Poule, un train et quel­ connaissance avec le monde à l'âge de tren­ ques monstres (1969). Et puisqu'on parle de te ans, comme de The Reckoning (1969) de films à sketches, où se trouvent Les Sorciè­ Jack Gold, avec Nicol Williamson, de Man and res (1967), toutes interprétées par Silvana Boy (1971) de E.W. Swackhamer, avec Bill Mangano sous la direction diversifiée de Lu­ Cosby et de The Man Who Haunted Himself chino Visconti, Mauro Bolognini, Pier Paolo (1970) de Basil Dearden, avec Roger Moore Pasolini, Franco Rossi et Vittorio de Sica. (un autre film de cet acteur, terminé aussi entre sa transition du personnage du Saint à celui de James Bond, est resté pris quelque (4) L'action se situe à la fin de la guerre dans un camp de prisonniers allemands placés sous la surveillance part: Crossplot (1969) réalisé par Alvin Ra- d'un détachement de l'armée canadienne. OCTOBRE 1974 17 bert Parrish avec Robert Shaw et Stella Ste­ vens. On pourrait mentionner aussi quelques films d'animation de long 'métrage tels The Phantom Tollbooth (1970) de Chuck Jones, The Man from Button Willow (1965) de Da­ vid Detiege et Shinbone Alley (1970) de John David Wilson.

Frissons interdits S'il est un genre mal représenté sur nos écrans, c'est bien celui du cinéma fantasti­ que; on croirait qu'il fait peur aux distribu­ teurs à défaut de faire frissonner les specta­ teurs. Bien sûr, il y a beaucoup de déchet dans cette catégorie et l'on ne compte plus les productions de fortune cherchant à horri­ The Visitors, de Elia Kazan fier sans peine; mais c'est justement ce sous- koff). Notons encore parmi les autres films produit qui trouve plus aisément preneur. de langue anglaise qui nous restent invisi­ Par ailleurs, deux nouvelles versions assez bles : The Pied Piper (1972) de Jacques De­ ambitieuses de la légende de Dracula ne nous my avec le chanteur Donovan dans le rôle- sont connues que par l'intermédiaire de re­ titre; Eagle in a Cage (1971) de Fielder Cook vues spécialisées : je veux parler de Jona­ avec Kenneth Haigh dans le rôle de Napoléon than (1970), film allemand de Hans Geissen- à Sainte-Hélène; And Soon the Darkness dorffer et Les Nuits de Dracula (1969) de Je­ (1970) un suspense de Robert Fuest (l'auteur sus Franco Madera où Christopher Lee re­ des Doctor Phibes) avec Pamela Franklin; prend avec quelques variantes le rôle du Madron (1970) de Jerry Hopper avec Richard vampire. Notons aussi l'absence d'une repri­ Boone et Leslie Caron, un western tourné en se par les studios Hammer de la légende de Israël; The Birthday Party (1968) de William Frankenstein, Horror of Frankenstein (1969) Friedkin, d'après la pièce de Harold Pinter; de Jimmy Sangster avec Ralph Bates dans Ie Running Scared (1972), premier film réalisé rôle du créateur de monstres. D'autres films par l'acteur David Hemmings, vedette de du genre tournée en Angleterre manquent à Blow-up; Anthony and Cleopatra (1971), piè­ l'appel : The Blood on Satan's Claw, Lust for ce de Shakespeare réalisée et interprétée par a Vampire, I Monster (reprise de l'histoire du Charlton Heston; Bleak Moments (1971) de docteur Jekyll), Twins of Evil, Hands of the Mike Leigh, dans la tradition du cinéma réa­ Strangler, Demons of the Mind, Crucible of liste pratiqué par Kenneth Hodges dans Fa­ Terror, Incense for the Damned, tous films mily Life et Kes; Maidstone (1969) réalisé et tournés il y a au moins trois ans, y compris interprété par le romancier Norman Mailer; Curse of the Crimson Altar, où l'on trouve Dance of Death (1968), adaptation d'une piè­ feu Boris Karloff. Et si l'on a pu faire la con­ ce de Strindberg avec Laurence Olivier; Bar- naissance de Count Yorga, grâce à une pro­ tleby (1970), adaptation d'un roman de Her­ grammation spéciale au cinéma Outremont man Melville par Anthony Freedman, avec (signalons en passant les efforts entrepris par Paul Scofield et John McEnery; A Town Call­ les directeurs de cette salle pour présenter ed Bastard (1971), western baroque de Ro- des films de valeur peu ou mal distribués),

18 SÉQUENCES 78 on n'a pu encore assister à son retour (The Return of Count Yorga). Le Monde inconnu Après ce relevé de failles dans la dis­ tribution de films venant des pays les mieux représentés chez nous, on n'a pas à se sur­ prendre outre mesure d'absences couvrant un échantillonnage plus varié du cinéma mon­ dial, même si les films que je vais citer ont connu une certaine circulation ailleurs. On aimerait bien pourtant, comme les Parisiens et les New Yorkais, profiter de films aussi importants que l'Andrei Roublev de Tarkov­ sky, ou Valérie au pays des merveilles de Jaromil Jires. On aimerait connaître autre­ Paysage après la bataille, d'Andrzi?) Wajda ment que par un passage fugitif les derniè­ res oeuvres d'Andrzej Wajda : Le Bois de tageuses. Il faut donc se tenir à l'affût des bouleau, Les Noces et Paysage après la ba­ programmations de la Cinémathèque québé­ taille. Et l'on pourrait allonger la liste, parler coise ou du Conservatoire de Sir George de Hugo et Josephine et de Harry Munter du Williams, encore heureux que ces organis­ suédois Kjell Grede. On voudrait connaître mes existent pour combler des lacunes, tout du cinéma allemand autre chose que ses con­ en souhaitant que les distributeurs s'en pré­ vulsions pornographiques, mais Tatouage de occupent aussi. A cet égard, il faut rendre Johannes Schaaf nous reste méconnu et les hommage à Faroun Films dont le catalogue travaux de la jeune vague ne connaissent de s'enrichit chaque année d'oeuvres insolites manifestations qu'au ciné-club de Radio-Ca­ qui ne peuvent guère compter sur une pré­ nada (c'est déjà ça). La télévision vient d'ail­ sentation que dans des circuits parallèles. leurs souvent à la rescousse des cinéphiles, C'est peut-être la multiplication de tels cir­ mais il faut bien admettre que les films ne cuits qui attirera l'attention d'autres firmes sont pas vus alors dans des conditions avan- sur quelques films oubliés.

Grand Prix de l'O.Cl.C. aux Dernières Fiançailles. Réuni à Fiuggi Terme (Italie), le Jury de l'Organisation Catholique Inter­ nationale du Cinéma (O.C.I.C.) a décerné un grand prix au film canadien Les Dernières Fiançailles de Jean-Pierre Lefebvre. Le texte qui accompagnait la remise du Prix apportait les motifs suivants: "Harmonie d'un vieux couple soutenu par une foi profonde. Témoignage de toute une vie d'amour humain fait de compréhension, d'échange et de fidélité. Destin exemplaire à une époque où de telles valeurs paraissent facilement démodées. Film réalisé avec une délicatesse rare à travers une mise en scène et une inter­ prétation d'une grande sensibilité." Séquences félicite chaleureusement Jean-Pierre Lefebvre pour cette consé­ cration internationale et souhaite une large diffusion aux Dernières Fiançailles.

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