Les Étapes Du Rationalisme Dans Ses Attaques Contre Les Évangiles Et La
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LES DANS SES ATTAQUES CONTRE LES ÉVANGILES ET LA VIE DE dÉSUS-CHRIST EXPOSITION HISTORIQUE ET CRITIQUE PAR Z-i.-Cl. FIL L IO N Prêtre de Saint-Sulpice Consulteur de la Coramission biblique Professeur honoraire a l’institut Catholique de Paris PARIS P. LETHIELLEUX, LIBRAIRE-ÉDITEUR 10, RUE CASSETTE, 10 LES ÉTAPES Dü RATIONALISME DANS SES ATTAQUES CONTRE LES ÉVANGILES ET LA YJE DE JÉSUS-CHRIST NIHIL OBSTAT J. MAUVIEL, Censor deput. IMPRIMATUR Parisiis, die 20. Aprilis I9tt. f LEO-ADOLPIIUS, Archiep. Parisiens. AVANT-PROPOS Les conférences que M. Harnack, le chef incontesté de l’École de Théologie (protestante) dite <» critique » ou « libérale », fit en 1900, à Berlin, sur YEssence du Chris tianisme, et qui devinrent aussitôt célèbres, s’ouvrent par les réflexions suivantes1 : « Si quelqu’un cherche à connaître avec certitude ce que Jésus-Christ a été et ce qu’a été son message, et si l’on s’adresse pour cela à la littérature de nos jours, on se trouve aussitôt entouré par un bourdonnement de voix contradictoires. Quelques-uns soutiennent que le christianisme primitif était parent du bouddhisme, et que, par conséquent, la sublimité et la profondeur de cette religion consistent dans l’éloigne- ment du monde et dans le pessimisme. D’autres assurent, au contraire, que le christianisme est une religion opti miste, qu’on doit regarder seulement comme un degré supérieur du judaïsme ; ils pensent avoir énoncé ainsi quelque chose de très profond. Certains affirment que le 1. Pages 1 et 2 de la traduction française, Paris, 1902 ; pp. 1 et 2 de l’original allemand, Bas Wesen des Chrislentums, nouv. édit., in-8°, Berlin, 1903. II AVANT-PROPOS judaïsme a pris fin avec l’évangile, qui est né lui-méme sous l’action mystérieuse de la Grèce et doit être consi déré comme la fleur de l’hellénisme. Les philosophes arrivent alors, et déclarent que la métaphysique sortie de l’évangile est son véritable fruit et donne l’explication de ses mystères ; mais d’autres leur répondent que l’évan gile n’a rien à faire avec la philosophie, qu’au contraire, il est destiné à l’humanité souffrante et malheureuse, et que la philosophie n’est qu’une addition nécessaire. Enfin, les plus jeunes critiques entrent en jeu : pour eux, l’his toire de la religion, de la morale, de la philosophie, n’est qu’un voile, qu’une parure ; au-dessous il y a eu, de tout temps, l’histoire de l’économie politique, qui est la seule vérité et la seule force ; aussi le christianisme original n’aurait pas été autre chose qu’un mouvement social, et le Christ, qu’un libérateur social, le libérateur des classes intérieures, qui languissaient. » Ce résumé est douloureusement intéressant, bien qu’il soit assez incomplet, comme le verront les lecteurs qui voudront bien nous suivre jusqu’aux dernières pages de ce volume. Quels tristes horizons n’ouvre-t-il point sur l’état d’esprit dans lequel une critique malsaine, de plus en plus aventureuse, et le doute toujours grandissant qui en a été le résultat, ont jeté de nos jours des milliers, et même, hélas ! des centaines de milliers d’hommes, qui se rattachaient à Jésus-Christ tout au moins par le nom de chrétiens ! Comment une telle « mentalité » — suivant l’expression à la mode — a-t-elle pu se former? Certes, ce n’est pas tout d’un coup, sans gradation, sans hésitations, sans arrêts temporaires et même sans mouvements de recul. AVANT-PROPOS III Néanmoins, dans l’ensemble, la progression a été cons tante, car les mauvaises idées, une fois lancées, ressem blent aux ouragans dévastateurs qui ne savent pas revenir en arrière, d’autant mieux que les passions, Loujours en éveil, s’en emparent aussitôt, pour les conduire fata lement à leurs conséquences les plus déraisonnables et les plus désastreuses. C’est cette progression que nous voudrions étudier, en ce qui concerne, durant les cent trente-cinq dernières années, les attaques du rationalisme ou de la fausse cri tique contre les évangiles, et par là-même contre Notre- Seigneur Jésus Christ. Ainsi qu’il fallait s'y attendre, tout ce mouvement se rattache à Luther et au fameux principe du libre examen. Mais que s’est-il donc passé, pour que les disciples du moine apostat — fiers encore de leur maître, bien qu’ils abandonnent la plupart de ses leçons — ne craignent pas d’avouer publiquement1 qu’aujour d’hui, en fait de dogme, ils ne savent sûrement et exacte ment qu’une seule chose, à savoir, qu’ils ne sont pas catholiques ? Au début, leur foi en Jésus-Christ, en son origine céleste, en son rôle de Messie, en sa divinité, en son second avènement à la fin des temps, ne différait pas beaucoup de la nôtre ; mais, actuellement, la plupart d’entre eux ne consentent à voir dans le Sauveur qu’un homme plus ou moins supérieur au reste de l’humanité, tandis que d’autres vont jusqu’à le traiter comme un juif vulgaire, aux idées étroites, bien plus, en dépit de toutes 1. M. Troeltsch, théologien (protestant) libéral, qui jouit d’une assez grande notoriété en Allemagne, l’a fait au Congrès de Mannhcira, en 1900. IV AVANT-PROPOS les lois d’uoe saine critique, jusqu’à nier totalement son existence personnelle. Le sujet à traiter est immense. Celui qui entreprend de s’en rendre maître est à tout instant débordé par de nou veaux écrits, publiés sur le vaste domaine des évangiles et de la vie de Notre Seigneur. En effet, spécialement en Allemagne, il est à peine une semaine qui n’en voie paraitre plusieurs, sans parler des articles de revues et de journaux1. Cependant, bien que nous ayons eu entre les mains, pour accomplir notre tâche, d’excellents ou vrages qui l’ont souvent facilitée 2, nous nous sommes fait un devoir de nous rendre compte par nous-mêrae des auteurs et des livres sur lesquels nous portons un juge ment. Il a fallu, pour cela, lire de nombreux milliers de pages, souvent arides, et particulièrement pénibles lorsqu’elles attaquaient, ou même blasphémaient, ce qu’un prêtre catholique a de plus sacré, de plus cher. Mais c’était là une condition sine qua non de notre travail, pour qu’il fût consciencieux, indépendant et scientifique. Tout en nous efforçant de fournir partout des déve loppements suffisants, nous avons dû viser à la brièveté ; autrement, nous aurions couru le risque d’être débordé 1. Le savant professeur Sanday a constaté le m<>me fait dans l’ou vrage The Life of Christ in récent Research (pp. 145-146), dont il sera question plus loin : « Neuf mois se sont écoulés depuis que j’aî commencé à écrire ces conférences. Et il se trouve que ces neuf mois ont été encore plus productifs que d’ordinaire... Il y a eu, dans cet intervalle, une accumulation de littérature. » Depuis lors, 1’ « accu mulation » n'a pas cessé. 2. Ils sont mentionnés aux pages 3-6 de ce volume, et fréquemment ensuite. AVANT-PROPOS V par le flot toujours montant d’écrits1 auxquels nous venons de faire allusion. Notre étude n’est donc qu’une esquisse, — la première, croyons-nous, qui soit sortie d’une plume française sur le thème en question. Néan moins, nous avons tenu à multiplier les renseignements bibliographiques sur chacune des périodes que nous nommons « Etapes »; en particulier sur les deux der- nières, qui sont beaucoup moins connues chez nous. Nous avons l’espoir d’aider ainsi ceux de nos lecteurs qui dési reraient en faire l’objet de recherches plus approfondies. A ces références bibliographiques nous avons joint, presque toujours en termes très concis, des données bio graphiques, qui font connaître tout au moins l’âge et la situation officielle de la plupart des auteurs cités dans ce volume. Nous savons par notre propre expérience, d’une part, l’intérét que l’on prend à ces détails, et, de l’autre, la difficulté qu’on éprouve à se les procurer. D’ordinaire, cette biographie minuscule est placée en note, à l’endroit où chaque auteur est mentionné pour la première fois ; dans les autres cas, nous avons indiqué, par des chiffres gras, dans notre Index alphabétique, l’endroit précis où on la trouvera. Seuls les auteurs plus importants, tels que Reimarus, Paulus, Strauss, F.-C. Baur, Renan, etc., ont une notice plus étendue. Cette étude a déjà été publiée par la Revue du Clergé français2, et des encouragements venus en grand nombre, 1. Dix volumes nouveaux nous sont parvenus le jour môme où nous composions cet Avant-Propos (avril 1911), et nous en avons ensuite reçu plus de vingt autres. 2. Dans les numéros du 1er avril, du 1er et du 15 juin, du 15 juillet, du 15 août 1909, du 1er février, du 1er mars et du 15 novembre 1910. VI AVANT-PROPOS de France el de l'étranger, nous ont aimablement montré qu’on lui avait lait un bienveillant accueil. Puisse-t-elle, sous une forme remaniée et notablement accrue, démon trer mieux encore l’inanité des efforts réitérés que font nos adversaires pour détruire les évangiles, et pour enle ver à Notre-Seigneur Jésus-Christ les plus beaux fleurons de sa tiare divine, royale et sacerdotale ! Paris, le .9 Avril 19U. DU MÊME AUTEUR Biblia Sacra juxta Vulgatœ exemplaria el correctoria romana denuo edi la, divisionibus logicis analytique continua, sensum illus trantibus., ornata. 1 vol. in-8°, 7° édit., Paris, 1911. Ouvrage approuvé par plusieurs cardinaux ot de nombreux évêques. Novum Testamentum juxta Vulgatœ exempla/ria et correctoria romana denuo edilum, divisionibus logicis analysique contvwua..