ISSN : 0153-9256 L’eau Novembre 2009-n° 79 en -Bretagne Les Trophées del’eau en Loire-Bretagne 2009 L’eau en Loire-Bretagne Novembre 2009 - n°79

1999-2009 : dix ans de Trophées de l’eau Loire-Bretagne...... p.7

Sommaire Gestion cohérente de l’assainissement en milieu urbain ou rural Lauréat : ESAT « 4 Vaulx-Jardin » (Côtes-d’Armor), la phytoépuration pour pérenniser l’emploi...... p.12

Gestion de l’eau dans l’industrie Lauréate : la société Alcan Rhénalu (Puy-de Dôme), sécurisation du site d’Issoire...... p.14

Maîtrise des pollutions diffuses agricoles et protection de la ressource en eau Lauréats : • le comité de bassin versant du Léguer (Côtes-d’Armor), préservation et recréation du bocage ...... p.16 • l’association Loiret Nature Environnement (Loiret), « Objectif zéro pesticide dans nos villes et nos villages »...... p.18

Mentions spéciales du jury : • le GIE « Les Vallées » Saint-Gonlay (Ille-et-Vilaine), cinq éleveurs mutualisent le traitement de leurs effluents...... p.20 • la Communauté d’agglomération du Choletais (Maine-et-Loire), concertation et protection : deux mots clefs pour gérer le captage de Ribou...... p.22

Économies d’eau Lauréate : l’association SOS Loire Vivante (Haute-Loire), « ÉcEAUnomie » au Puy-en-Velay...... p.24

Gestion des cours d’eau et des milieux naturels aquatiques Lauréats : • le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels, la restauration et l’entretien des zones humides de Gourgon-Bazanne (Loire)...... p.26 Les témoignages exprimés dans ce • le syndicat interdépartemental de gestion de l’Alagnon et de ses affluents (Cantal), numéro ne reflètent pas nécessairement l’arasement du seuil de Stalapos sur l’Alagnon à Murat...... p.28 le point de vue de l’agence de l’eau Loire-Bretagne. Mention spéciale du jury : la commune de Saint-Berthevin (Mayenne), sur le site de Coupeau, le Vicoin retrouve son lit naturel...... p.30

Actions innovantes de sensibilisation et de concertation sur l’eau et les milieux aquatiques Lauréats : • l’ORganisation GÉnérale des COnsommateurs de Touraine (Indre-et-Loire), l’accompagnement de la consultation publique sur le Sdage Loire-Bretagne...... p.32 • le CPIE Loire et Mauges (Maine-et-Loire), « L’Èvre, rêve de versants », bâtir une vision partagée de l’eau...... p.34

Mentions spéciales du jury : • le syndicat mixte de la vallée de la (Puy-de-Dôme), « Rivières d’hier, d’aujourd’hui et de demain », photographies et paroles d’habitants...... p.36 • le syndicat mixte du Loc’h et du Sal (Morbihan), un outil méthodologique pour concilier gestion de l’eau et urbanisme...... p.38 • la Chambre régionale de commerce et d’industrie de Bretagne, guide de la gestion de l’eau en entreprise...... p.39 Les Trophées de l’eau « Loire-Bretagne » Éditorial Des démarches exemplaires pour parvenir au bon état des eaux en 2015

ette cinquième édition des Trophées de l’eau, pour notre agence de l’eau, c’est le moment de faire parler l’exemplarité. CExemplarité des démarches, exemplarité des actions, exemplarité dans la recherche des partenariats et du dialogue. Noël Mathieu, directeur général de l’agence Tous les domaines d’intervention de l’agence de l’eau et toutes de l’eau Loire-Bretagne. les catégories d’acteurs de l’eau sont ici représentés : mairies ou syndicats de communes, de bassins versants, industriels, agriculteurs, associations, et leurs partenaires. Presque tous les secteurs géographiques de ce bassin si vaste sont également représentés.

L’agence se présente ici dans son rôle, non seulement de financeur, mais aussi de facilitateur, de plate-forme d’échanges et de valorisation des expériences gagnantes. Nous l’avons fait tout récemment au Mans en réunissant 350 personnes sur le sujet des petits assainissements innovants, et nous le ferons encore souvent en 2010 pour mettre en œuvre le Sdage, son programme de mesures et réaliser le programme d’intervention de l’agence.

Pour cette nouvelle édition, les Trophées de l’eau Loire-Bretagne n’ont pas marqué le pas. Soixante-dix-huit candidatures (75 en 2007), et de qualité, témoignent du dynamisme des acteurs de l’eau de notre bassin. Le palmarès 2009 donne bien la mesure des enjeux liés à la gestion de l’eau afin d’obtenir un maximum de cours d’eau, plans d’eau, nappes et côtes en bon état d’ici 2015.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 1 Gestion cohérente de l’assainissement en milieu urbain ou rural Gestion de l’eau dans l’industrie

ESAT « 4 Vaulx-Jardin »

Société Alcan Rhénalu Mme CUENCA, M. MAZE et M. BREHINIER reçoivent le tro- Jean-Michel FAUCONNIER, Jean-Pierre MARC et Pierre-Mi- phée des mains de Serge LEPELTIER, président du comité chel DESTRET reçoivent le trophée des mains de Bruno DE- de bassin Loire-Bretagne. TANGER, vice-président du comité de bassin Loire-Bretagne.

Maîtrise des pollutions diffuses agricoles et protection de la ressource en eau

Comité de bassin versant du Léguer

Association Loiret Nature Environnement Paul LE BIHAN reçoit le trophée des mains de Bernard Sandrine POIRIER et Didier PAPET reçoivent le trophée des ROUSSEAU, comité de bassin Loire-Bretagne. mains de Philippe LIROCHON, comité de bassin Loire-Bre- tagne.

GIE Les Vallées

Communauté Le GIE Les Vallées (au centre son président Lionel SARRA- d’agglomération du Choletais ZIN) reçoit la distinction des mains de Philippe LIROCHON, Marc GREMILLON et Christophe PUAUD reçoivent leur dis- comité de bassin Loire-Bretagne, et Isabelle CHMITELIN, tinction des mains d’Isabelle CHMITELIN, directrice régio- directrice régionale de l’agriculture et de la forêt Centre. nale de l’agriculture et de la forêt Centre.

Association SOS Loire Vivante

Roberto EPPLE et Cécile SIMONET reçoivent le trophée des mains de Christian SAQUET, comité de bassin Loire-Bretagne.

2 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Gestion des cours d’eau et des milieux aquatiques

Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels

Syndicat interdépartemental de gestion de l’Alagnon et de ses affluents Jean-Paul GISLARD, Vincent MAHE, Olivier GABORYet Chris- Guillaume PONSONNAILLE reçoit le trophée des mains de tophe PITON reçoivent le trophée des mains de Frédéric TRI- Jean-Paul DORON, président de la commission du milieu COT (au centre), président de la commission communication naturel aquatique Loire-Bretagne. Loire-Bretagne.

Commune de Saint-Berthevin

Organisation générale des consommateurs de Touraine Gérard LATAPIE et les bénévoles de la Mission Eau de l’ORGECO Yannick BORDE reçoit sa distinction des mains de Nicolas FOR- Touraine reçoivent le trophée des mains de Frédéric TRICOT, RAY, directeur régional de l’environnement du bassin Loire- président de la commission communication Loire-Bretagne. Bretagne. Acions innovantes de sensibilisation et de concertation pour l’eau

Centre permanent d’initiatives pour l’environnement Loire et Mauges

Syndicat mixte de la vallée de la Veyre Aurélien MATHEVON reçoit sa distinction des mains de Philippe AUCLERC, directeur du maga- Michel CHARTIER et Jean-Yves CHETAILLE reçoivent le zine Loire et Terroirs. trophée des mains de Jean-Paul DORON, président de la commission du milieu naturel aquatique Loire-Bretagne.

Syndicat mixte du Loc’h et du Sal

Chambre régionale de commerce et d’industrie de Bretagne François SCHALLER (CCI Quimper Cornouaille) et Michel Yves BLEUNVEN et Christian GASNIER reçoivent leur distinc- SOREL (CRCI Bretagne) reçoivent leur distinction des mains tion des mains de Nicolas FORRAY, directeur régional de l’en- de Bruno DETANGER, vice-président du comité de bassin vironnement de bassin L’eauLoire-Bretagne. en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 3

Les Trophées de l’eau

sainissement urbain et de prévention des communes et les agglomérations non seule- Serge Lepeltier, pollutions industrielles ; ment avec les élus en charge de l’eau, mais président aussi avec ceux qui dessinent le développe- du comité ç mais aussi pour changer d’échelle dans la ment urbain ; de bassin, maîtrise des pollutions diffuses, d’origine ancien ministre agricole ou non ; je pense aux nitrates, au ç deuxième défi, et la commission commu- phosphore, et bien sûr aux pesticides ; nication du comité de bassin y travaille : nous devons tisser un lien permanent avec ç pour changer d’échelle aussi dans la res- les habitants de notre bassin, faciliter leur tauration des fonctions naturelles des cours compréhension des objectifs, favoriser leur d’eau et dans la protection, voire la reconsti- association et leur adhésion à la politique tution de zones humides. de l’eau. Le comité de bassin va adopter, le 15 octobre prochain, un projet ambitieux, le Sdage, sché- Depuis que nous préparons ce Sdage, avec ses Le cru 2009 des Trophées de l’eau Loire-Bre- ma directeur d’aménagement et de gestion deux phases de consultation du public, nous tagne nous apporte bien des éclairages sur des eaux, pour les années 2010 à 2015 et le savons que nous devons intéresser à la gestion la façon de relever ces défis. Il nous apporte programme de mesures qui l’accompagne. Sa de l’eau bien au-delà des cercles d’initiés. Pour aussi le témoignage du dynamisme et de l’en- mise en œuvre va nécessiter une mobilisation mettre en œuvre le Sdage, nous aurons deux gagement volontaire des acteurs de l’eau du à tous les niveaux des acteurs de l’eau : défis à relever : bassin, de leur capacité à dialoguer et à mobi- liser des partenaires. C’est pour nous un gage ç pour mener à leur terme les actions déjà ç le Sdage s’imposera aux documents d’urba- très important pour l’avenir. bien engagées de mise aux normes de l’as- nisme : il nous faut donc travailler dans les

4 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Les membres du jury des Trophées de l’eau 2009.

sur le terrain de résultats positifs pour la pro- La moisson 2009 aura été abondante et de Frédéric Tricot, tection de l’environnement. bon aloi, avec beaucoup d’émulation, beau- président Cependant il n’a pas toujours été simple de coup d’émotion, de volonté, de courage, de du jury des départager les candidatures. C’est pourquoi le mobilisation des habitants… Trophées de palmarès compte des lauréats, mais aussi des « mentions spéciales », en reconnaissance de Il est important pour l’État de constater que l’eau 2009, la qualité de l’action menée. Cette difficulté té- son rôle de régulateur est enrichi, débordé président moigne de la richesse des actions qui nous ont presque, par l’enthousiasme des acteurs de de la été présentées. terrain. J’ai noté que tous ces projets ont de commission information cinq à sept ans d’histoire : j’ai donc un im- relation du comité de bassin Comme lors des éditions précédentes, ces mense espoir pour la reconquête de la qualité actions vont nourrir notre communication par de l’eau, quand je pense à ce qui se prépare l’exemple pendant les prochains mois. Le jury aujourd’hui ! L’objectif du jury a été de distinguer des actions a aussi eu cette préoccupation de distinguer qui témoignaient d’une démarche exemplaire des actions qui donnent envie à d’autres de se Avec le Grenelle de l’environnement, un parce que cohérente, concertée, pédagogique mettre en mouvement, et qui donnent envie à consensus s’est fait jour, à la fois volontariste et reproductible pour une gestion durable des tous de partager les expériences pour continuer et ambitieux. Près des deux tiers des eaux en ressources en eau. Les Trophées ne vont pas à aller de l’avant. bon état écologique d’ici 2015, c’est un défi à des projets, mais à des actions dont on peut très lourd. Le relever va nécessiter, non seule- mesurer les résultats. Parce que nous souhai- ment des évolutions, mais des changements tons montrer que de telles initiatives sont pos- Nicolas Forray, d’échelle dans la maîtrise des pollutions dif- sibles et gagnantes. Diren Centre, fuses comme dans la restauration de la mor- représentant phologie des fleuves et des rivières. Pour être lauréat aux Trophées, les candidats le préfet de devaient répondre à une série de critères : la région Je suis donc heureux de pouvoir saluer ce soir Centre, préfet toutes ces initiatives. Je vois aussi dans cette ç la clarté des objectifs et la méthode de tra- coordonnateur manifestation la volonté de l’agence de l’eau vail ; de bassin d’accompagner les actions nécessaires bien ç la cohérence de la démarche au regard de au-delà de son seul financement, et de les l’amélioration de la qualité des milieux aqua- mettre en valeur pour qu’elles se démultiplient. tiques ; ç la pertinence du travail et la concertation dé- Il y a des rendez-vous qui sont comme des an- Rendez-vous dans deux ans pour une nouvelle veloppée avec les partenaires ; niversaires… qu’on fêterait tous les deux ans, moisson de belles initiatives. ç l’effort de mobilisation externe et interne au- puisque c’est le rythme que se sont donné les tour du projet et sa dimension pédagogique ; Trophées de l’eau “Loire-Bretagne”. Avec des ç l’existence d’outils d’évaluation et le constat visages nouveaux, des actions nouvelles.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 5 6 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 1999-2009 : dix ans de Trophées de l’eau Loire-Bretagne

Depuis 1999, l’agence de l’eau organise tous les deux ans les « Trophées de l’eau » Loire-Bretagne pour faire connaître au public et mettre en valeur les actions les plus remarquables dans le domaine de la protection de l’eau dans le bassin Loire-Bretagne.

Ainsi, 41 Trophées de l’eau ont été misme, l’engagement volontaire des acteurs, François Bordeau, représentant le direc- remis depuis leur création en 1999 et également la recherche de partenariats teur régional de l’environnement – bassin à des collectivités territoriales et des et de dialogue entre les usagers de l’eau. Loire-Bretagne établissements publics, à des entreprises Les Trophées donnent la mesure des enjeux industrielles, à des exploitations agricoles, pour la reconquête de la qualité de l’eau Florian Brossard, représentant le directeur à des associations, pour leurs réalisations auxquels localement les acteurs de l’eau régional de l’industrie, de la recherche et de exemplaires qui concernent : la gestion sont confrontés. Ils mettent également en l’environnement – Centre cohérente de l’assainissement en milieu évidence les résultats acquis, et le chemin rural ou urbain, la gestion de l’eau dans par lequel ils ont été acquis, d’autant qu’ils Jean-Paul Doron, président de la Fédération l’industrie (technologies propres et ont nécessité bien souvent au plan local une de l’Orne pour la pêche et la protection du économes), la lutte contre les pollutions milieu aquatique réflexion préalable, un important investisse- diffuses et la protection des ressources en ment humain et financier souvent mené sur eau, les économies d’eau (hors industrie), Bernard Rousseau, responsable des politiques plusieurs années. la gestion des cours d’eau et des milieux de l’eau à France Nature Environnement aquatiques, les actions innovantes de sensibilisation et de concertation pour l’eau Le jury des Trophées de l’eau Christian Saquet, représentant les associations et les milieux aquatiques, la protection de de consommateurs au comité de bassin cours d’eau, de zones humides… Pour distinguer les actions les plus exemplai- res, l’agence de l’eau a réuni un jury indépen- Simone Saillant, représentant la directrice dant représentatif des différents acteurs de régionale de l’agriculture, de l’alimentation et Des actions exemplaires la gestion de l’eau. de la forêt – Centre qui soient reproductibles Sous la présidence de Serge Lepeltier, Frédéric Tricot, président de la commission L’objectif des Trophées de l’eau est de mon- ancien ministre, président du comité de communication du comité de bassin trer que les actions les plus remarquables ont bassin, le jury était composé de : un impact réel et bénéfique sur la protection Le jury s’est réuni le 26 mai 2009 à Orléans de l’environnement et qu’elles sont repro- Philippe Auclerc, directeur du magazine pour examiner 78 candidatures. Il a attribué ductibles. Les Trophées montrent le dyna- Loire et Terroirs 9 trophées et 6 mentions spéciales.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 7 Le palmarès des Trophées de l’eau Loire-Bretagne 2009

Gestion cohérente de • la Communauté d’agglomération du Cho- Actions innovantes de sensibilisation et l’assainissement en milieu urbain letais (49), pour son plan de gestion du cap- de concertation sur l’eau et les milieux ou rural tage du Ribou aquatiques

Lauréats : L’ESAT «4 Vaulx-Jardin» (22), pour Économies d’eau Lauréats : l’intégration de l’épuration végétale dans son • l’Organisation générale des consomma- projet d’entreprise Lauréats : l’association SOS-Loire Vivante teurs de Touraine (37), pour sa campagne (43), pour son action « ÉcEAUnomie » au de mobilisation des publics de Touraine pour Gestion de l’eau dans l’industrie Puy-en-Velay les consultations sur l’eau

Lauréate : la société Alcan Rhénalu (63), Gestion des cours d’eau et des milieux • le Centre permanent d’initiatives pour pour son approche globale de la prévention naturels aquatiques l’environnement Loire et Mauges (49), pour des pollutions sur son site d’Issoire « L’Èvre, rêve de bassins versants » Lauréats : Maîtrise des pollutions diffuses • le conservatoire Rhône-Alpes des espaces Mentions spéciales du jury : agricoles et protection de la ressource naturels (69), pour la gestion des zones • le syndicat mixte de la vallée de la Veyre en eau humides de Gourgon-Bazanne (42) (63), pour « Rivières d’hier, d’aujourd’hui et de demain », photographies et paroles Lauréats : • le syndicat interdépartemental de gestion d’habitants • le comité de bassin versant du Léguer (22), de l’Alagnon et de ses affluents – SIGAL (15), pour son action de préservation et de recons- pour l’arasement du seuil de Stalapos sur Sont également nominés deux guides, à titution du bocage l’Alagnon à Murat destination, l’un des industriels, l’autre des gestionnaires de l’eau et de l’urbanisme dans • l’association Loiret Nature Environnement Mention spéciale du jury : la commune de les collectivités : (45), pour son opération « Objectif zéro pes- Saint-Berthevin (53), pour l’effacement du ticide dans nos villes et nos villages » barrage de Coupeau sur le Vicoin • le Guide de la gestion de l’eau en entre- prise, de la Chambre régionale de commerce Mentions spéciales du jury : et d’industrie de Bretagne • le GIE «Les Vallées» (35), pour la mise en œuvre d’une station d’épuration collective • le Guide des bonnes pratiques pour la prise des déjections animales en compte de l’eau dans le développement urbain, du syndicat mixte du Loc’h et du Sal (Morbihan).

Les candidats 2009 aux Trophées de l’eau

L’agence de l’eau a reçu 78 candidatures, Le syndicat mixte d’assainissement d’Issoire La Communauté d’agglomération du Chole- émanant de toutes les régions du bassin et ses environs (63) tais (49) Loire-Bretagne, de toutes les catégories Pour la réalisation d’une station d’épuration Pour la construction d’une station d’épura- d’acteurs et s’inscrivant dans les différents de 34 000 équivalent-habitants tion végétale sur la commune de Vezins thèmes proposés. L’extrême ouest du bassin mais aussi sa partie amont se sont particuliè- La commune de Poëzat (03) La commune de Carnac (56) rement mobilisés. La lutte contre les pollu- Pour la réhabilitation groupée des assai- Pour la préservation de la qualité de l’eau et tions diffuses et la protection de la ressource nissements non collectifs par mini-stations la certification du contrôle de la qualité des autonomes eaux de baignade en eau, la gestion des milieux aquatiques, la sensibilisation et la concertation pour l’eau La Chambre de métiers et de l’artisanat du L’ESAT «4 Vaulx-Jardin» (22) et les milieux aquatiques recueillent le plus Morbihan (56) Pour la mise en place d’un assainissement de candidatures. Pour le guide pour la réalisation et le par phytoépuration des eaux usées domes- Gestion cohérente contrôle des branchements des particuliers tiques et des eaux de ruissellement issues de l’assainissement, au réseau d’assainissement collectif des plates-formes de compostage en milieu urbain ou rural La Mairie de Chaulgnes (58) La commune de Lanmeur (29) Quatorze actions en lice Pour la reconstruction d’une station d’épu- Pour la remise à niveau de la station d’épu- ration en remplacement d’une ancienne ration communale d’une capacité de 4 500 Le syndicat intercommunal de Montbrison station à boues activées n’assurant plus sa équivalents-habitants – Simelet – (42) fonction Pour la restructuration du système d’assai- La commune de Thiers (63) nissement dans le cadre du contrat rivière La Ville de Saint-Étienne (42) Pour le dispositif de refoulement des eaux Lignon-Anzon-Vizezy Pour la restauration de la qualité des eaux usées en fosse sèche (sur réseau) et un du Furan par la réalisation d’un programme système de séchage solaire des boues La SAUR (22) de travaux coordonnées d’assainissement Pour le maintien de la température des sur la commune de Saint-Étienne Le Conseil général du Finistère (29) boues activées dans un bassin d’aération Pour le guide pour la réalisation des études pour garantir la nitrification de l’ammonia- technico-économiques des travaux structu- que en période hivernale rants en eau potable et en assainissement

8 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 La Communauté de communes du canton de Le comité de bassin versant du Léguer – Ville L’établissement public du bassin Châteauneuf-de-Randon (48) de Lannion – (22) de la Vienne (87) Pour la création de la station d’épuration Pour une démarche globale pour la pré- Pour le guide des économies d’eau dans les du bourg de la commune de Châteauneuf- servation, l’entretien et la reconstitution du bâtiments et espaces publics de-Randon bocage La Ville de Riom (63) Gestion de l’eau dans l’industrie L’InPACT Poitou-Charentes (79) Pour la mise en place d’un système de récu- Pour être acteur du développement durable pération d’eau pour l’arrosage des espaces Quatre actions en lice sur son exploitation verts et le nettoyage des rues

L’atelier de l’Argoat (35) ULIS 22 (22) Saint-Brieuc agglomération baie d’Armor (22) Pour la récupération et la valorisation des Pour l’acquisition en commun par cinq coo- Pour les économies d’eau et lavage des vé- graisses animales issues du process de pératives d’une unité mobile de traitement hicules de service public fabrication de lisier Gestion des cours d’eau et des La société ALCAN RHÉNALU (63) Le syndicat interdépartemental mixte pour milieux naturels aquatiques Pour la création de bassins d’orage, de confi- l’aménagement de la Coise (42) Seize actions en lice nement de pollution accidentelle et de récu- Pour la prise en compte de l’impact des pération des eaux d’extinction d’incendie pollutions agricoles dans une démarche de Le syndicat mixte Pays de Saint-Brieuc (22) deuxième contrat de rivière Pour l’inventaire des zones humides et des La Chambre régionale de commerce et d’in- cours d’eau - Guides d’inventaires, élabora- dustrie de Bretagne (35) La Ville de Rennes (35) tion de « l’enveloppe de référence » Pour le guide de la gestion de l’eau en Pour la mise en place concertée du Plan entreprise d’aménagement et de mise en sécurité du L’AAPPMA Saint-Didier-en-Velay (43) site de Chèze-Canut Pour la restauration de berges et construc- L’EARL Isabelle et Yann Corcessin (44) tion d’une passe à poissons Pour la collecte-stockage et traitement des La Communauté d’agglomération du Chole- effluents viti-vinicoles tais (49) Le conservatoire Rhône-Alpes des espaces Pour le plan de gestion du captage de Ri- naturels (69) bou Pour le contrat de restauration et d’entretien Maîtrise des pollutions diffuses des zones humides de Gourgon-Bazanne agricoles et protection Le comité de bassin versant du Léguer – Ville (42). de la ressource en eau de Lannion – (22) Dix-sept actions en lice Pour aller vers une démarche « zéro phyto » Le syndicat interdépartemental de gestion de dans les communes du bassin versant l’Alagnon et de ses affluents – SIGAL – (15) La Mairie d’Orléans (45) Pour l’arasement du seuil de Stalapos sur Pour un partenariat entre la Ville et la pro- La maison de la consommation et de l’envi- l’Alagnon à Murat / Albepierre-Bredons (15) fession agricole pour la mise en place de ronnement (35) pratiques de traitement respectueuses de Pour « Bienvenue dans mon jardin : en La Société hydraulique d’études et de mis- l’environnement. Bretagne plus de 100 jardins au naturel sions d’assistance – SHEMA – (69) s’ouvrent au grand public » Pour l’installation d’une turbine hydroélectri- La Communauté de communes du Pays de que innovante sur le site de l’ancienne usine Lesneven et de la Côte des Légendes (29) L’association Loiret Nature Environnement Moulin La Roche, garantisssant la libre déva- Pour un contrat d’objectif pour améliorer les (45) laison des anguilles pratiques de fertilisation sur le bassin ver- Pour l’opération « Objectif zéro pesticide sant du Quillimadec dans nos villes et nos villages » La commune de Saint-Berthevin (53) Pour l’effacement du barrage de Coupeau, Le GIE « An Erminig » (29) Le syndicat mixte de production d’eau du bas- la renaturation du lit du Vicoin et du site de Pour la mise en œuvre d’une station col- sin rennais (35) l’ancien plan d’eau lective de traitement d’effluents organiques Pour la Charte « Jardiner au naturel, ça coule d’origine animale de source » Le syndicat intercommunal pour l’aménagement de la Moine (49) La Ville de Limoges (87) Économies d’eau Pour le site pilote d’expérimentation d’ef- Pour la démarche globale de protection des facement d’ouvrages hydrauliques sur les Six actions en lice ressources en eau biefs du Plessis et de la Nombretière La Ville de Nantes (44) Le GIE Les Vallées (35) Pour la surveillance et l’optimisation des La commission locale de l’eau du bassin ver- Pour la mise en œuvre d’une station d’épu- consommations d’eau dans les bâtiments sant de l’Oudon (49) ration collective de déjections animales et les espaces verts de la Ville de Nantes Pour la charte de gestion des ouvrages de hors zone d’excédent structurel vannage du bassin versant de l’Oudon L’association SOS Loire Vivante - ERN France La Mairie de Querrien (29) (43) L’AAPPMA « Le Garbaud » Saint-Germain- Pour la lutte contre l’effet de serre associée Pour ÉcEAUnomie des-Fossés (03) à la reconquête de l’eau Pour agir contre l’envahissement des berges Le syndicat mixte d’irrigation et de mise en de la rivière par la jussie La Ville de Poitiers (86) valeur du Forez (42) Pour la gestion écologique des espaces Pour la rénovation de la partie aval de l’ar- Le Conseil régional d’Auvergne (63) verts tère de l’hôpital Pour un contrat territorial pour le Val d’Allier

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 9 L’association Steredenn (22) L’assocation Échos d’Images (22) Le syndicat mixte du Loc’h et du Sal (56) Pour l’effacement de l’étang de La Ville-Bily Pour le Kiosque à eau, pour inciter les habi- Pour le guide des bonnes pratiques pour la et la restauration du lit naturel du Crévelin tants à s’engager dans les débats sur l’eau prise en compte de l’eau dans le dévelop- au moyen de techniques végétales pement urbain Le syndicat mixte de la vallée du Thouet (79) Les Familles Rurales - Fédération régionale du Limousin et Ferme d’Aneth (87) La SAUR (56) Pour la mise en œuvre d’une gestion adap- Pour sensibiliser des enfants, adultes et Pour la sensibilisation des collèges du Mor- tative des seuils en rivière aînés, sur l’eau, patrimoine vital bihan aux économies d’eau

L’école forestière de Meymac (19) La Compagnie Extravague (37) L’établissement public Loire (45) Pour la réhabilitation de landes sèches et Pour « Boisdoux », conte musical sur la Loire Pour la démarche de planification concertée humides aux sources de la Vienne pour le développement durable et la ges- L’association Allier Sauvage (03) tion du risque d’inondation dans le val de Le syndicat intercommunal d’aménagement Pour le forum de l’Allier Sauvage Bréhémont de la Loire et de ses affluents – Sicala – Haute- Loire (43) Radio Kreiz Breizh (22) La communauté de communes du Pays Pour la restauration du transit piscicole et Pour « Le Plein des bottes », 12 émissions de Gueugnon (71) sédimentaire sur le bassin versant de la de radio d’un format d’une heure sur les Pour « La Quinzaine de l’eau » Dunière prairies humides Le Conseil régional du Centre (45) Pour « Éco l’eau : appel à projets et Forum Le Parc naturel régional du Perche (61) L’Organisation genérale des Consommateurs régional de l’eau » Pour la sensibilisation et la concertation Touraine - Mission Eau (37) pour la connaissance et la préservation des Pour accompagner la consultation publique L’association « Vive l’Alagnon » (15) zones humides de têtes de bassin sur le projet de Sdage Pour contribuer à améliorer la qualité de La Chambre d’agriculture du Finistère (29) l’eau, protéger la biodiversité tout en préser- L’association du Grand Bassin de l’Oust (56) Pour l’inventaire participatif des cours d’eau vant l’activité socio-économique du bassin Pour devenir éco-citoyen responsable : sen- du Finistère versant Alagnon sibilisation des enfants scolarisés en école primaire L’UNCPIE (75) Actions innovantes Pour favoriser le débat sur la gestion concer- Le syndicat mixte de la vallée de la Veyre (63) de sensibilisation tée de l’eau sur les territoires et faciliter l’as- Pour « Rivières d’hier, d’aujourd’hui et de de- et de concertation sur l’eau sociation du public à la révision du Sdage et les milieux aquatiques main », photographies et paroles d’habitants Vingt et une actions en lice Le CPIE « Clermont-Dômes » (63) Le syndicat mixte de la vallée de la Veyre (63) La Maison de la rivière (29) Pour le programme pédagogique pour les Pour la création d’un circuit d’interprétation Pour le guide de sensibilisation « Ces mi- écoles du territoire du Contrat Rivière vallée pour les personnes à mobilité réduite lieux où coulent nos rivières » de la Veyre et lac d’Aydat

L’assocation Les Petits Débrouillards Breta- Le syndicat mixte pour l’aménagement et le Le CPIE « Loire et Mauges » (49) gne (22) développement des Combrailles (63) Pour « L’Èvre, rêve de bassins versants », un Pour l’exposition interactive « L’eau des Pour l’animation et la communication inno- film support de sensibilisation, concertation, Loustics » à destination des plus jeunes sur vante autour de la réalisation de l’état des mobilisation sur le bassin versant de l’Èvre le thème du cycle de l’eau domestique lieux du Sage de la Sioule et de la Thau

10 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Les lauréats des Trophées de l’eau 2009

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 11 Gestion cohérente de l’assainissement en milieu urbain ou rural Lauréat ESAT « 4 Vaulx-Jardin » (Côtes-d’Armor)

La phytoépuration pour pérenniser l’emploi

Le premier étage de traitement des effluents : filtre planté de roseaux.

L’ESAT(1) « 4 Vaulx-Jardin » emploie des travailleurs handicapés à des activités de compostage, de maraîchage biologique, de restauration. Pour traiter ses eaux usées, il a choisi la phyto- épuration sur son site de Corseul. « L’Association Les Mouettes – 4 Vaulx souhai- fumiers, du bois déchiqueté, des déchets l’état vers le milieu, et en particulier vers le tait agrandir son activité de restauration. Cela verts et même des algues vertes et brunes ruisseau voisin du Montafilan, un affluent de nécessitait de repenser notre système d’assainis- provenant du nettoyage de plages voisines. l’Arguenon. Ils étaient donc jusqu’à présent sement pour traiter les eaux de ruissellement et À l’issue des périodes de maturation et après recueillis dans des bassins de décantation d’assainissement », explique Jacques Mazé, ingé- mélange permettant d’obtenir des produits mais non traités. nieur de production à l’ESAT « 4 Vaulx Jardins » normés, ces composts sont vendus en vrac à Corseul, diplomé de l’École supérieure d’agri- ou, mieux (car cela emploie plus de monde), Le choix d’une station d’épuration culture d’Angers (ESA). Sa vocation première ensachés sur place par les salariés. Chaque biologique par filière utilisant filtres est l’intégration socio-professionnelle de per- année les 24 ouvriers affectés à cette activité à roseaux et plantes à macrophytes. sonnes en situation de handicap (103 ouvriers élaborent et préparent quelque 15 000 m3 de avec 23 encadrants). Son activité sociale et produits organiques dont environ 12 000 m3 Dans la perspective de devoir ajuster leur économique comporte cinq ateliers : la restau- de paillage fertilisant, 1 500 m3 de compost capacité d’assainissement à leurs projets et à ration, la sous-traitance, les espaces verts, le proprement dit et 1 000 m3 de terreaux la croissance des effectifs salariés, les respon- maraîchage et le compostage biologiques ainsi divers adaptés au jardinage écologique. sables de l’association ont eu l’idée de mettre qu’un point de vente aux particuliers sur place. en place une filière de traitement commune Cette activité est soumise au régime des ins- aux activités de restauration et de compos- Le traitement de déchets verts tallations classées déclarées car elle génère tage. Cela semblait plus cohérent et moins et de bois déchiqueté des effluents. Ceux-ci ne sont pas directe- coûteux que d’avoir deux dispositifs séparés. par compostage ment issus de l’élaboration du compost dont Un travail universitaire, mené en 2004, et sur la maturation est réalisée sous abris (tunnels la partie compostage, avait déjà révélé la per- Le compostage est réalisé sur des plates- plastique) et sur lequel sont recyclés au fur tinence d’un traitement par phytoépuration formes bétonnées. Différents déchets y sont et à mesure ses lixiviats éventuels. En revan- ou lagunage à macrophytes. Une étude de régulièrement mélangés et retournés par les che, et notamment en période pluvieuse, les faisabilité, conduite en 2006, a confirmé, ouvriers travailleurs handicapés formés à la plates-formes de circulation et chargement, pour ce site, la possibilité d’appliquer cette conduite des matériels. Ils associent des sur lesquelles tombe évidemment un peu de solution au traitement conjoint d’effluents matières premières aussi diverses que des produit lors des manipulations, sont à l’origine domestiques (pour 32 équivalents-habitants) d’effluents chargés en matière organique. et de ceux issus du compostage (120 équi- (1) Établissement et Services d’Aide par le Travail. Ces derniers ne peuvent être évacués en valents-habitants).

12 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Entre roseaux et saules : les travaux ont Points de vue débuté en septembre 2007. Le dispositif Bruno Le Boulch, comprend trois zones de traitement des eaux. directeur adjoint Après réception en zone basse, l’ensemble des effluents est récupéré et envoyé, grâce Jacques Mazé, de l’ESAT à une pompe de relevage, vers un premier ingénieur de « 4 Vaulx-Jardin » filtre à écoulement vertical ; il comporte trois production à l’ESAT lits plantés de roseaux et alimentés alternati- « 4 Vaulx-Jardin » vement (un par semaine), avec recirculation. Là se déroule une première épuration, par « Cette réalisation conforte notre oxydation, des substances polluantes. Les mission » eaux sont ensuite conduites vers un second « Notre action est cohérente avec notre étage, à écoulement horizontal, lui aussi philosophie » « Créée en 1967, l’association « 4 Vaulx les planté de végétaux macrophytes (massette, Mouettes » gère les activités de cinq établis- iris des marais, joncs, etc.), où l’azote est for- « L’idée de valoriser des déchets par com- sements : l’institut médico-éducatif (IME) de tement abattu. À l’issue de ce double traite- postage est née au sein de l’association en Saint-Cast-le-Guildo, deux foyers de vie à Cré- ment, les eaux sont dirigées vers une zone 1981. Cette activité s’est développée à partir hen et Pléneuf et, à Corseul, l’ESAT « 4 Vaulx- tampon boisée où des noues (au total 120 de 1985, avec l’installation de l’ex-Centre Jardin » auquel est associé un centre d’hé- m x 3 m), plantées notamment de saules, d’aide par le travail (CAT) devenu depuis bergement. Ce lieu de production comporte assurent la dispersion des eaux. « En fait, ESAT en 1990 sur le site de Corseul. Long- une activité de restauration, destinée aux 130 remarque Jacques Mazé, l’eau est générale- temps on y a expérimenté de nombreux salariés handicapés et à leurs encadrants. Le ment déjà conforme aux normes au sortir du types de mélanges de compost avant de conseil d’administration a eu, il y a quelques deuxième bassin. Mais cette troisième zone se recentrer, il y a quelques années, sur années, la volonté d’y développer ce secteur a pour vocation de la retenir suffisamment quelques fabrications. Parallèlement, l’ac- “restauration”, notamment dans la perspective longtemps en été, période où le ruisseau tivité de maraîchage biologique a permis d’assurer en direct l’approvisionnement en voisin se trouvant en quasi-étiage, il serait de développer l’emploi tout en testant sur repas de ses autres sites. Mais, pour concré- problématique de l’alimenter ainsi. » place l’efficacité de nos amendements et tiser ce projet, il était nécessaire d’augmenter de terreaux. Cette orientation vers l’agricul- la capacité des installations d’assainissement, Le coût global de l’opération est de 176 000 € ture biologique nous rendait naturellement du fait du surplus d’effluents domestiques dont 64 000 € à la charge de l’association. ouverts à des solutions de traitement de nos générés par l’augmentation d’activité. Le choix Le reste est constitué de subventions de la effluents les plus naturelles possibles. En retenu – l’assainissement par phytoépuration Caisse d’Épargne (60 000 €), de l’agence de ce sens, il y a une grande cohérence entre à la fois des eaux usées et des eaux résiduelles l’eau (39 000 €) et de la DDASS (13 000 €). les spécialités de notre établissement et le issues de la plate-forme de compostage – a un Les travaux ont été réceptionnés en février choix d’une station d’épuration biologique double intérêt, il garantit la pérennité, en toute 2008 et le dispositif est en fonctionnement par filière utilisant filtres à roseaux et plantes conformité avec la réglementation, des deux depuis. « Il répond à nos attentes, car les à macrophytes. Cette cohérence va même activités majeures de cet établissement : la eaux analysées au niveau de la zone tam- au-delà, puisque, à l’occasion des entretiens préparation de repas et la fabrication et l’ensa- pon boisée sont dès à présent conformes que nous réaliserons régulièrement et aux- chage de compost et paillages dont l’intérêt est aux normes en vigueur quant aux rejets en quels vont concourir les travailleurs handica- de nécessiter une main-d’œuvre abondante. milieu naturel. » pés de l’ESAT, les produits de la taille et des En ce sens, cette réalisation sécurise l’emploi de faucardages des végétaux poussant sur les travailleurs handicapés sur place, ce qui est la filtres seront réutilisés et valorisés sur notre vocation première d’un établissement comme plate-forme de compostage ! » le nôtre. »

Entre retournement des andains, mélanges et ensachage, Troisième étape du traitement, les noues aux bords plantés de saules assurent l’activité de compostage génère 24 emplois. le rôle de zone tampon et de dispersion dans le milieu naturel.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 13 Gestion de l’eau dans l’industrie Lauréate la société Alcan Rhénalu (Puy-de-Dôme)

Sécurisation du site d’Issoire

La société Alcan Rhénalu, sur son site d’Issoire, a réalisé en 2008 des bassins d’orage afin de prévenir les pollutions issues du lessivage des sols après les pluies et également de confiner les eaux en cas de pollutions accidentelles ou d’incendie.

Sur le site d’Issoire, l’usine Alcan Rhénalu La réglementation impose de pouvoir retenir émissaires. Face à ce constat, Alcan Rhénalu a fabrique près de 100 000 tonnes d’alliage le premier flot (les dix premières minutes) d’un décidé début 2000 d’entreprendre des études d’aluminium par an, destinées principale- orage de type décennal et les eaux d’extinc- de faisabilité pour la réalisation de bassins ment à l’aéronautique. L’eau est utilisée à tion d’incendie, ceci afin d’éviter que les eaux de confinement afin de collecter l’ensemble tous les stades d’élaboration des alliages, à pluviales chargées de résidus divers (hydro- des eaux de ruissellement sur la totalité de raison de 1,7 million de mètres cubes par carbures, matières en suspension…) se déver- la superficie de l’usine, soit 25 ha couverts et an, pour le refroidissement des installations sent dans le milieu naturel, l’Allier, exutoire des 9 ha de surface imperméabilisée. » ou des besoins spécifiques (trempe en bain de sel nitraté, fonderie). Depuis de nom- breuses années, des travaux sont menés régulièrement sur le site pour l’assainisse- ment des rejets. « Aujourd’hui, la gestion des flux est une préoccupation permanente, indique Jean-Pierre Marc, chef de projet sur le site d’Issoire, tant dans le domaine de la lutte contre la pollution que celui des économies d’eau. » Le site d’Issoire est situé à proximité de l’Allier. Il est exposé aux fluc- tuations importantes du niveau des eaux caractérisant cette zone inondable, d’où une obligation supplémentaire pour les respon- sables d’Alcan Rhénalu d’être vigilants sur les éventuelles pollutions accidentelles. « Au fil des ans, il est apparu, lors des exercices incendie, indique Jean-Pierre Marc, des dif- ficultés pour contenir les eaux d’extinction issues d’un tel sinistre et en particulier lors d’épisodes pluvieux parfois très violents que nous subissons régulièrement, notamment Vue du bassin d’orage ouest : situés dans une partie boisée de l’usine, les abords immédiats en période estivale. du bassin d’orage ouest ont fait l’objet d’un reboisement.

14 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Près de dix ans d’études et de travaux, un chantier Point de vue Quelques chiffres d’une grande ampleur Face à ce constat, la réalisation de bassins Alcan Rhénalu d’orage s’imposait. Elle a été accompagnée Pierre Michel ç Superficie du site : 90 ha dont 25 ha d’un redimensionnement partiel du réseau Destret, directeur des interne de collecte des eaux pluviales de couverts et 9 ha de surface imperméa- l’usine. Les études de faisabilité ont été opérations de l’usine bilisée (voirie et parking) ; confiées à la Société des eaux de Paris Alcan Rhénalu à Issoire ç Nombre d’emplois sur le site : 1 570; et les travaux ont été confiées à la SADE ç Transformation de l’aluminium qui en a assuré la réalisation. « Près de dix et ses alliages (fonderie, tôlerie, filage); ans d’études et un an de travaux ont été ç nécessaires pour mener à bien ce projet, « Inscrire le site d’Issoire dans une démarche 105 200 tonnes produites précise Jean-Pierre Marc. Les études appro- environnementale dans la durée » et transformées en 2007. fondies menées nous ont permis de bien La gestion de l’eau à l’usine d’Issoire prendre en compte les contraintes hydrau- « Le site d’Issoire est une usine ancienne qui a Consommation d’eau brute pour le liques de maîtrise des débits, et de bien subi, au fil des années, de nombreuses trans- refroidissement des installations ou des dimensionner les capacités des ouvrages formations qui ont intégré au fur et à mesure besoins spécifiques (trempes, fonderie) : à réaliser, pour respecter les contraintes les réglementations successives de protection 1,6 million de m³/an. d’évacuation des émissaires aval vers de l’environnement, tant au niveau du process l’Allier. L’importance des travaux menés a de fabrication pour optimiser les consomma- Prélèvements : 60 % dans l’Allier, complètement modernisé le paysage de tions d’énergie que dans l’utilisation ration- 40 % dans la nappe. l’usine. Elle a eu un impact sur la gestion nelle des ressources naturelles comme l’eau. Consommation en eau potable : des stockages et permis d’engager des Dans cette perspective, nous envisageons réflexions en interne sur la prévention des de pré-traiter au moyen d’une micro-sta- 130 000 m³/an (usages sanitaires princi- pollutions accidentelles à la source. Sur tion une partie des effluents de nitrates de palement). toute la durée du chantier le partenariat sodium issus d’un four de trempe, la totalité Traitement des effluents a été constant avec la DRIRE, la police des de ces effluents sera envoyée directement • dispositifs d’épuration (par voie physico- eaux, l’ONEMA, l’agence de l’eau, le service sur la station d’épuration de la Ville d’Issoire. chimique et biologique pour les émulsions départemental d’incendie et de secours du Nous réfléchissons également aux économies huileuses) ; Puy-de-Dôme. Désormais, cette réalisation d’eau potentielles que nous pouvons réaliser nous permet une rapidité de réaction face aux différents stades du process, notamment • rejets des effluents après traitement à un événement exceptionnel. » pour les eaux de refroidissement de fonde- dans l’Allier ; rie. Ces actions s’inscrivent dans une démar- • traitement des effluents domestiques Les bassins d’orage che de développement durable qui est celle par des stations d’épuration disposées Cinq bassins d’orage ont été réalisés en du groupe Rio Tinto auquel nous apparte- sur l’ensemble du site. 2008 : nons, qui incite ses usines à mettre en place Prévention contre les pollutions é deux bassins d’une capacité respective des procédés d’économie d’eau et d’énergie. accidentelles dans le milieu naturel de 3 000 m3 et de 1 500 m3 sur le ver- Ainsi sur le site d’Issoire, 75 % des matières sant ouest, pour collecter les eaux de la brutes utilisées dans les fours sont issues de • Cinq bassins de collecte des flux pluviaux et fonderie, du filage, de la maintenance l’alliage aluminium recyclé. Il faut préciser que accidentels sur le site (réalisation en 2008, centrale et une partie de l’atelier des l’aluminium “primaire” consomme dix fois plus en service fin 2008) ; tôles fortes ; d’énergie que l’aluminium de deuxième fusion. • capacité totale des bassins : 8 825 m³ ; é trois bassins d’une capacité respective Le Trophée de l’eau remis à l’usine d’Issoire pour • études confiées à la Société des eaux de 1 200 m3, 2 600 m3 et 525 m3 sur la récente réalisation des bassins de collecte des de Paris ; le versant est, pour collecter les eaux eaux pluviales en cas d’orage et de confinement de l’atelier tôlerie et de l’autre partie de des eaux issues de pollutions accidentelles, • réalisation confiée à la SADE. l’atelier des tôles fortes. récompense la qualité du travail mené par nos Coût de réalisation : 1,73 million d’euros. Ces bassins permettent de retenir : équipes. Il confirme également notre volonté é le premier flot d’un orage de type décen- d’inscrire le site d’Issoire dans une démarche nal ; environnementale dans la durée. » é les eaux issues d’une pollution acciden- telle ; é les eaux d’extinction et de refroidis- sement dans le cas d’un incendie majeur. é En amont de ces bassins, des stations de mesure sont installées qui permettent de connaître la composition physico- chimique des eaux (détecteurs d’hydro- carbures, mesure PH, débit, turbidité). é En cas de dépassement des valeurs réglementaires, les eaux sont stockées dans les bassins pour être soit traitées in situ, soit envoyées vers un centre de traitement. Les eaux, avant rejet dans la rivière Allier, sont régulièrement ana- lysées au laboratoire de l’usine et les résultats sont trimestriellement transmis à la DRIRE.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 15 Maîtrise des pollutions diffuses agricoles et protection de la ressource en eau Lauréat le comité de bassin versant du Léguer (Côtes-d’Armor)

Préservation et recréation du bocage

Engagées depuis 1999 sur le bassin versant du Léguer, les actions de préservation et de recréation du bocage suscitent une adhésion renforcée par les perspectives de l’utilisation du bois issu de l’entretien des haies comme source d’énergie par les chaufferies locales.

« Bien sûr, en matière de bocage, notre petite de la menace. « Voilà pourquoi, à la fin des paysages, « leur » vision du bocage. « On s’est région n’est sûrement pas la plus mal lotie en années 1990, les élus de ce bassin concernés alors aperçu qu’ils avaient souvent une image Bretagne, reconnaît Samuel Jouon, coordina- par la reconquête de la qualité de l’eau, ont plus optimiste que la réalité, indique Cathe- teur du comité de bassin versant du Léguer (1). considéré que celle-ci passe – entre autres rine Moret, directrice de l’Association pour la Mais, d’une part ces haies et talus ne sont – par un travail sur le tissu bocager. Ils ont protection et la mise en valeur de la vallée du pas uniformément répartis, et d’autre part, donc programmé des actions en ce sens dès le Léguer, partenaire de l’action. Mais ce travail a ils étaient menacés dans plusieurs secteurs contrat de bassin 1999-2002, puis à nouveau permis une première et importante prise de par l’évolution des pratiques d’entretien et la dans les contrats qui ont suivi, y compris celui conscience. » Parallèlement s’est engagée la disparition progressive de certains linéaires. » en cours jusqu’en 2012. » On sait, en effet, l’in- mobilisation des agriculteurs pour préserver Heureusement, ici où l’élevage bovin reste térêt du maillage bocager pour lutter contre les des haies bocagères (là où elles existaient), prédominant, on s’est assez tôt rendu compte transferts de polluants (notamment phosphore ou à les recréer, en commençant par certains et pesticides) vers les cours d’eau, mais aussi sous-bassins : le Kervulu, puis le Saint-Émilion contre l’érosion des sols. amont, et enfin le Guer moyen. Cette démar- che collective proposée aux agriculteurs volon- 72 km de haies agricoles taires sur un territoire permet de bénéficier de concours financiers publics prenant en charge Dans un premier temps, on a cherché à sen- une partie des coûts de création de talus, de sibiliser les populations, et pas uniquement plantation et d’entretien des jeunes plants. les agriculteurs, à ces enjeux. Dans certains « Depuis le début de ces actions, souligne secteurs, on a ainsi, par exemple, invité les Samuel Jouon, quelque 72 km de haies et Catherine Moret habitants à fournir, en photographiant haies et de talus ont été reconstitués. Nous avons même l’exemple d’un agriculteur qui l’a fait sur 8 km ! Mais surtout, la mobilisation s’ac- (1) Le comité de bassin versant du Léguer (CBVL) regroupe les trois principaux producteurs d’eau potable centue : 80 km devraient être recréés d’ici du bassin : la Ville de Lannion, le syndicat des Traouïero et le syndicat de Traou Long. Ensemble, depuis deux ans dont une partie importante dans le plusieurs années, ils s’attachent à reconquérir la qualité de l’eau sur le bassin versant du Léguer. Le comité cadre du dispositif régional Breizh Bocage. » de bassin versant du Léguer démarre un nouveau contrat de bassin versant pour la période 2008-2012. Différentes pratiques ont été adoptées pour Ce contrat regroupe de nombreuses actions ayant comme objectif l’atteinte du bon état écologique des favoriser la qualité de ces plantations et leur eaux et des milieux aquatiques à l’horizon 2015. Le comité de bassin versant du Léguer est la structure reprise, par exemple le paillage naturel, et le porteuse du contrat et est maître d’ouvrage de la plupart des actions. recours à des entreprises spécialisées pour en

16 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 assurer l’entretien les premières années. Aux de bords de route sont aussi proposés aux venant de l’entretien de ces haies, (actuelles agriculteurs qui souhaitent aller plus loin dans communes du bassin versant, afin qu’elles ou futures), sous forme de bûches ou de la gestion pérenne du bocage de leur exploi- programment les entretiens dans une opti- plaquettes de bois. tation, le comité de bassin versant propose en que de durabilité, là encore, le cas échéant, outre d’élaborer et de contractualiser un plan en lien avec la filière bois-énergie. Ces plans Des associations comme Breizh Bocage sont de gestion du bocage. Cet outil leur permet de de gestion ont des effets induits en terme de ici très actives. Une plate-forme de collecte définir l’entretien à réaliser sur ces haies pour qualité paysagère, de sécurité des usagers et et de stockage de bois déchiqueté d’une les cinq ans à venir. Ce travail garantit une ges- de durée de vie des routes. capacité de 800 tonnes est installée à Plou- tion pérenne adaptée à chaque type de haie. nérin et l’on recense sur le secteur plus d’une Il permet d’envisager une valorisation de ce Parallèlement, au fur et à mesure de l’ac- dizaine de chaufferies collectives assurant le bois, par exemple sous forme de plaquettes en tualisation des plans locaux d’urbanisme chauffage de bâtiments communaux, d’éco- lien avec la filière bois-énergie. Les agriculteurs (PLU), il est aussi proposé aux communes d’y les, ou encore l’alimentation de réseaux de qui souhaitent intégrer cette filière s’engagent répertorier et de classer les haies existantes, chaleur de lotissements. La piscine de Lan- à suivre une formation à la gestion bocagère agricoles ou non, et de les inscrire dans les nion est d’ailleurs elle-même chauffée au et à souscrire un plan de gestion. documents au titre de la loi « paysage ». moyen du bois. « Cette disposition ne fige pas et n’interdit Un enjeu de territoire aussi pas les projets, souligne Samuel Jouon, mais, « Tous ces éléments contribuent à sensibiliser du coup, l’arasement d’un talus ou d’une les gens et à soutenir la démarche, souligne Dans certains cas on a favorisé l’implication haie est désormais soumis à déclaration Catherine Moret. La préservation et le renfor- des populations, y compris aux côtés des et implique que l’on remplace au moins à cement des haies bocagères sont évidem- agriculteurs : les enfants des écoles ont ainsi l’identique les linéaires supprimés. » Trois ment essentiels pour améliorer la qualité de participé, ici ou là, aux plantations, apposant communes ont jusqu’à présent adopté ce l’eau. Cependant, cela ne suffirait peut-être alors une étiquette à leur nom sur le sujet type de classement et d’autres s’apprêtent pas à convaincre les gens de s’y engager à qu’ils avaient planté… Une manière de les à le faire. une telle échelle. La perspective d’une valo- rendre attentifs, eux et leurs familles, aux risation en bois-énergie, voire en bois d’œu- haies. À côté des actions agricoles, en effet, Le bois-énergie, vre, sert en revanche parfois de déclencheur. les responsables du bassin ont voulu que la pour « boucler la boucle » Cela permet, en quelque sorte, de boucler reconquête du maillage bocager devienne un la boucle, en un cercle vertueux. Mais col- enjeu de territoire compris et partagé par tous. La dynamique d’ensemble a été soutenue lectivement, nous aurions tort d’oublier la C’est la raison pour laquelle, comme pour les par le fait que depuis longtemps elle intègre fonction paysagère de ces espaces boisés agriculteurs, des plans de gestion des haies les hypothèses de valorisation des bois pro- qui constituent aussi notre cadre de vie. »

depuis le dernier contrat de bassin, étendue aux estimions intéressant de développer ces linéaires Points de vue communes qui ont désormais la possibilité de boisés. Il est facile de constater, en effet, que classer ces haies. Toutes ces initiatives ont, je les animaux se sentent mieux quand ils peu- crois, rencontré un écho favorable depuis dix vent s’abriter de la chaleur ou du vent en cas de Paul Le Bihan, ans. Après 2012, date de fin du contrat actuel, besoin. Quand on a des parcelles de plus de 4 président du comité il faudra, évidemment, trouver les moyens de ha d’un seul tenant, il est plus facile d’installer les prolonger dans un cadre juridique et finan- des haies ; en ce qui nous concerne, ce n’est de bassin versant cier nouveau, celui du futur Sage. Mais, quel pas toujours le cas. C’est la raison pour laquelle du Léguer que soit l’intérêt suscité, à juste titre, par cette nous avons décidé de demander la réalisation reconquête du bocage, il faut aussi la replacer, d’un plan de gestion du bocage sur l’exploitation. plus globalement, comme l’un des volets d’un Cela va nous amener à planter environ 4 km de défi plus global, celui de la qualité de l’eau et haies en plus. Bien sûr ces plantations, puis leur « L’un des volets d’un défi plus global » des milieux humides. » entretien ensuite, vont représenter un certain coût. Mais d’un autre côté nous ne sommes « Le comité de bassin versant du Léguer agit pas mécontents de voir que cela va fournir un depuis dix ans en faveur de la qualité de l’eau. combustible en proportion non négligeable : sur Tout logiquement, il s’est d’abord attaqué aux Erwan Henry, cinq ans, l’entretien de ce linéaire va fournir à problématiques liées aux transferts d’azote et agriculteur terme autour de 500 m³ de plaquettes de bois de pesticides. Mais, probablement parce que, à Louargat et environ 200 m³ de bûches. Ce n’est pas rien ! sur ces deux paramètres, la situation était ici Et puis, surtout, je pense que nous n’aimerions moins contraignante qu’ailleurs, les respon- pas vivre dans une campagne où il n’y aurait sables de l’époque ont très vite envisagé de plus de talus ! » prendre parallèlement d’autres initiatives. Ils se sont alors intéressés à l’amont du bassin, « Mes vaches se sentent mieux là où il Le bassin versant du Léguer qui avait, plus que l’aval, connu des opérations y a des haies… » de remembrement entraînant la disparition • 500 km². d’une partie des talus plantés dont on sait « À l’école d’agriculture, et au cours de mes • 23 communes ayant l’essentiel de leur mieux aujourd’hui qu’ils jouent un rôle épu- études, j’ai été sensibilisé à l’intérêt des haies superficie sur le bassin. rateur important et freinent les transferts de pour l’activité agricole. Mon épouse, Marie, par- • 32 000 habitants. polluants. Voilà pourquoi ce bassin a souhaité tage ce point de vue. Quand nous nous sommes • 650 agriculteurs. maintenir et développer le maillage bocager. Il installés, respectivement en 2007 et 2008, en ne s’agit pas de sanctuariser et de s’opposer élevage de porcs et en vaches laitières, la ferme • 450 km de cours d’eau (identifiés sur à tout projet d’aménagement, mais de faire d’une superficie de 80 ha sur deux sites, comp- cartes IGN). en sorte que lorsqu’une haie disparaît on la tait déjà un linéaire de 12 km de haies. Mais • 4 prises d’eau potable assurant l’ap- remplace par un linéaire de plantations au comme nous souhaitions valoriser au maximum provisionnement de 100 000 habi- moins aussi important. Cette action, qui a en le pâturage, sur la cinquantaine d’hectares acces- tants environ. premier lieu concerné le monde agricole, s’est, sibles aux vaches autour des bâtiments, nous

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 17 Maîtrise des pollutions diffuses agricoles et protection de la ressource en eau Lauréate l’association Loiret Nature Environnement (Loiret)

« Objectif zéro pesticide dans nos villes et nos villages »

Depuis 2006, l’opération « Objectif zéro pesticide dans nos villes et nos villages » menée par plusieurs associations dans le Loiret (Loiret Nature Environnement, Fredon, Jardiniers de France) montre qu’il existe d’autres solutions alternatives au désherbage chimique pour entretenir voiries et espaces verts. Quinze communes* participent à cette opération et sont signataires de la charte. Sensibiliser les différents publics concernés à leur utilisation est un axe essentiel de cette opération.

Loiret Nature Environnement, avec l’appui ce cadre, les techniciens sont formés aux sanitaires. Les actions de communication de Fédération régionale de défense contre bonnes pratiques. C’est un préalable, avant et de sensibilisation s’appuient sur les ac- les organismes nuisibles (Fredon Centre), a d’utiliser des techniques alternatives de dés- tions pilotes : journées d’information et de lancé l’opération « Objectif zéro pesticide » en herbage. En fonction du terrain et de la sen- démonstration de matériels de désherbage 2006. En commençant par l’agglomération sibilité des agents à la problématique, c’est alternatif, éditions de guides techniques des orléanaise, dont onze des vingt-deux commu- souvent par un quartier « test » que tout com- pratiques phytosanitaires. nes ont déjà engagé la démarche et signé la mence. Différents types de matériels sont Ainsi Loiret Nature Environnement met-elle charte d’engagement qui précise le processus testés, les communes sont aidées à évaluer à leur disposition deux expositions (« Zéro à suivre pour l’utilisation de technique alter- leurs besoins et les investissements requis. pesticide dans nos villes et villages » et native au désherbage chimique. La situation « Mauvaise herbes, on vous aime »), des des communes vis-à-vis de l’emploi des Les actions de communication plaquettes d’information et des interve- phytos étant très variable, d’une commune nants spécialisés. Un soutien financier est à l’autre, la démarche d’incitation puis d’ac- Outre cet accompagnement technique, les également apporté : 70 % des coûts du compagnement est adaptée à chaque cas. communes sont aidées dans leur commu- programme sont pris en charge par les fi- La première intervention consiste, lorsque nication. Les actions développées dans ce nanceurs de l’opération (dont le Conseil c’est nécessaire, à aider les communes à se programme visent à sensibiliser les acteurs mettre en conformité avec la réglementation (collectivités, enseignements, jardiniers, quant à leurs locaux de stockage de produits grand public…) à la problématique des ris- ou à la protection des personnels. Dans ques liés à l’utilisation des produits phyto-

(*) Les quinze communes signataires de la charte « objectif zéro pesticide » dans le Loiret : Communauté de communes de l’agglomération d’Orléans (11 communes) : Boigny-sur-Bion- ne, Combleux, Ingré, La Chapelle-Saint-Mesmin, Mardié, Olivet, Orléans, Saint-Jean-de-la-Ruelle, Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, Saint-Pryvé-Saint-Mesmin, Semoy. • « Communes » hors Communauté de communes de l’agglomération (4 communes) : Bucy-Saint-Liphard, Chilleurs-aux-Bois, Jargeau, Ouzouer-sur-Loire.

18 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 régional et l’agence de l’eau). La démarche au travers de travaux pratiques qui leur va bien sûr se poursuivre afin de convain- Entretien apprennent l’existence d’auxiliaires naturels, cre un maximum de communes. En 2009, qui peuvent remplacer l’usage de pesticides les actions portent sur une autre cible : les dans les jardins, telles que les coccinelles. particuliers. Une exposition, « Les alliés du La réussite des actions de communication jardinier », est disponible auprès des com- que nous menons est un travail d’équipe, munes adhérentes de l’opération ; elle est en effet un élu seul ne peut convaincre. À accompagnée d’un guide. Boigny, désormais les élus et les services Après avoir abordé au travers de deux ex- techniques sont convaincus de la démar- positions l’utilisation des phytos pour l’en- che, et peuvent argumenter auprès des tretien des espaces publics, précise San- administrés de la validité de notre démar- drine Poirier, coordinatrice de l’opération che. L’engagement de la commune de « Objectif zéro pesticide » à l’association Boigny, dans l’opération “zéro pesticide” Loiret Nature Environnement, il nous a est en cohérence avec d’autres démarches semblé intéressant de présenter en 2009 À Boigny-sur-Bionne (Loiret), l’une des environnementales, par exemple celle de l’utilisation des pesticides par les jardiniers quinze communes de la Communauté limiter l’évacuation des eaux pluviales de amateurs qui entretiennent moins de 2 % d’agglomération adhérentes à la voirie vers la rivière en créant des bassins des surfaces cultivées, mais utilisent près de charte « Objectif zéro pesticide » de rétention et en n’imperméabilisant pas 5 % des pesticides épandus sur le territoire. systématiquement les trottoirs de la com- Cette exposition composée de 16 panneaux « Pour faire adhérer, il faut expliquer » mune… » montre que les pesticides, même utilisés en faibles quantités dans le jardin, constituent Pour gagner le pari du « Zéro pesticide », M. Jean-Michel Barbier, responsable des une source non négligeable de pollution. la commune de Boigny-sur Bionne, avec services Espaces verts de la commune, Il s’agit de montrer également que la diver- l’aide de la Fredon pour la partie techni- n’a pas attendu le démarrage de cette sité de la faune présente dans le jardin est que de la démarche et de Loiret Nature opération pour sensibiliser son équipe : un “allié” pour le jardinier, et peut l’aider à Environnement pour la partie communica- « Lorsque le personnel n’est pas convaincu, obtenir des fruits et des légumes de bonne tion, a engagé depuis octobre 2006, date il est difficile de mener une telle opéra- qualité exempts de pesticides. » de la signature de son engagement dans tion, notre équipe a peu à peu intégré sur l’opération « Objectif zéro pesticide », de le terrain le réflexe “zéro pesticide” bien nombreuses actions de communication et avant la signature de la charte en 2006. de sensibilisation vers ses administrés. Je pense en particulier aux techniques de Point de vue paillage ou à l’usage de la binette qui ne « Le bulletin municipal se fait largement prend pas plus de temps que le passage l’écho de la démarche et de ses motiva- de la tonne à pesticide. Aujourd’hui, nous Didier Papet, tions, de même que la presse locale, expli- n’utilisons plus de pesticide sur le territoire président que Bernadette Priami, adjointe au maire, de la commune. Notre démarche est bien de Loiret Nature chargée de l’environnement. Une exposition comprise par les administrés qui désormais sur la végétation spontanée a été propo- sont bien informés pour mettre eux-mêmes Environnement sée aux habitants en 2008, ainsi que des en pratique dans leur jardin la démarche sorties pédagogiques autour des herbes “zéro pesticide”. » sauvages pour leur expliquer l’intérêt de conserver les herbes. Les enfants sont « Une concertation menée avec l’ensemble également sensibilisés à cette démarche des acteurs concernés »

« Le Trophée de l’eau décerné à Loiret Nature Environnement pour le bon déroulement de Les actions de communication l’opération “Objectif zéro pesticide” dans le de l’opération « Objectif zéro Loiret met en valeur la dynamique que ce pesticide » 2006-2008. programme a permis de lancer pour sensibili- é Exposition « Mauvaises herbes, on ser les communes et les particuliers au “trop vous aime ! » et « Objectif zéro pes- de pesticides”. Il s’agit d’attirer leur attention ticide dans nos villes et villages », sur les solutions alternatives au désherbage 42 semaines cumulées d’exposition ; chimique et de changer leur regard sur la é Brochure « Pesticides, une atteinte présence des adventices dans les espaces grave à la santé et à l’environnement », publics. 4 500 brochures distribuées aux com- munes ; D’ailleurs la démarche développée dans ce é 41 animations scolaires abordant le programme a semblé exemplaire à la Fédé- thème des pesticides ; ration Nature Centre, qui souhaite l’étendre au travers de son réseau associatif aux cinq é 300 animations grand public : ani- autres départements de la région Centre mations des expositions, conférences (Cher, Eure-et-Loir, Indre, Indre-et-Loire et sur les pesticides, circuit des herbes Loir-et-Cher). Ce projet vient d’obtenir la folles, participations diverses à la vie labellisation régionale “ÉcoPôle”. Il ne faut locale ; pas oublier qu’un des enjeux majeurs pour é Article proposé pour paraître dans parvenir au bon état des eaux à l’horizon le bulletin municipal des communes 2015 est la lutte contre les pollutions diffuses adhérentes à l’opération « Objectif zéro de toutes origines dont les phytosanitaires pesticide ». ont une part importante. »

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 19 Maîtrise des pollutions diffuses agricoles et protection de la ressource en eau Mention spéciale le GIE « Les Vallées », Saint-Gonlay (Ille-et-Vilaine)

Cinq éleveurs mutualisent le traitement de leurs effluents

La station d’épuration du GIE ”Les Vallées”.

Bien que pour partie situés en dehors de la zone d’excédent structurel (1), ces producteurs de porc du bassin du Meu ont réalisé ensemble une station de traitement des déjections de leurs animaux.

« A vrai dire, seul l’un d’entre nous, installé à récupérer ces surfaces à l’occasion d’un chan- de tout mutualiser et de répartir les frais de Saint-Malon-sur-Mel, était réglementairement gement de production ou d’une transmission… fonctionnement au prorata du nombre de obligé de passer au traitement de ses lisiers. En construisant une station, nous n’avons plus mètres cubes de lisier apportés par chaque En effet, son exploitation, ayant à la fois des cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, élevage. » Ainsi, les coûts de fonctionnement vaches laitières et des porcs, ne disposait pas puisque nous réglons la question, une fois pour sont identiques entre les éleveurs, qu’ils d’une surface d’épandage suffisante. Mais toutes, et pour tous nos élevages. » soient à 3 ou 8 km de la station de traite- quand pour essayer de trouver une solution ment. Ils sont les mêmes pour l’éleveur le plus économiquement viable, il est venu nous « Tout a été mutualisé » proche, relié, lui, par une conduite. Ses terres proposer de construire une station d’épu- reçoivent, pour l’irrigation, les eaux épurées, ration en commun, nous n’avons pas hésité Il a d’abord fallu dimensionner le projet : les donc très peu chargées, au sortir de la station. très longtemps », se souvient Lionel Sarrazin. effectifs totalisés des cinq élevages concernés Toujours dans un esprit de mutualisation, les Cet éleveur de porcs d’Iffendic (Ille-et-Vilaine) représentent environ 1 000 truies et la suite, associés ont conduit collectivement le dossier préside aujourd’hui le Groupement d’intérêt soit autant d’hectares d’épandage ou encore de financement. « Chacun a investi individuel- économique (GIE) « Les Vallées » (2) créé près de 15 000 m3 de lisier par an. Tout en lement, à hauteur des volumes de lisier repré- en 2003 par cinq exploitations agricoles des réalisant une première ébauche technique et fi- sentés, mais nous avons obtenu pour tous les cantons de Saint-Méen-le-Grand et de Mont- nancière, les éleveurs ont cherché un lieu pour mêmes conditions bancaires. » fort-sur-Meu. Bien sûr, les quatre autres éle- installer la future station de traitement : « Il n’y veurs, dont deux situés hors zone d’excédent en avait guère que deux ou trois possibles, structurel, auraient pu continuer à épandre soit parce que les autres étaient trop proches comme auparavant, soit sur leurs propres d’habitations soit parce que l’accès ou la via- exploitations, soit chez des prêteurs, d’ailleurs bilisation en étaient trop difficiles. Le choix du généralement intéressés par ces apports fer- site actuel – au lieudit le Châtel à Saint-Gonlay tilisants. « Mais nous avons vu dans ce projet – s’est fait selon ces critères-là. » Parallèlement, collectif une opportunité pour sécuriser nos les associés ont discuté et adopté les statuts propres élevages : les normes peuvent en effet qui constituent en quelque sorte leur règle- se durcir, les prêteurs de terres avoir besoin de ment intérieur. « D’emblée nous avons décidé

(1) Zone d’excédent structurel d’azote lié aux élevages : l’excédent structurel lié aux élevages est apprécié au niveau de chaque canton. Un canton est considéré en excédent structurel lié aux élevages dès lors que la quantité moyenne annuelle d’azote produite par l’ensemble du cheptel du canton calculée et ramenée à la surface agricole utile épandable du canton est supérieure au seuil prévu pour les effluents d’élevage au titre de la directive 91-676 du 12 décembre 1991 concernant la protection des eaux contre la pollution par les nitrates à partir de sources agricoles. (2) Cinq exploitations et neuf associés : le GIE « Les Vallées » a été créé par : le GAEC de la Pierre à Saint-Malon-sur-Mel, Fabrice et Christine Frérou, Gaston Rolland ; l’EARL Baudonnière à Saint-Maugan : Bernard Lemoine ; Jean-Francois Rissel, exploitant individuel à Muel ; Ventilé, maturé puis stocké, le co-produit Le Gaec du Kastel à Saint-Gonlay : Annette et Mickaêl Masson ; La Scea Les Ruisseaux à Iffendic : solide constitue une matière fertilisante Lionel et Anne-Françoise Sarrazin. exportée vers des départements céréaliers.

20 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Près de 900 tonnes de fertilisants Points de vue exportées par an Olivier Bichot, attaché technique d’interventions Les choix techniques et la réalisation ont Lionel Sarrazin, à la délégation été effectués en lien avec Evalor, un des président Ouest-Atlantique principaux opérateurs sur ce secteur d’ac- du GIE de l’agence de l’eau tivité. On a retenu ici un traitement bio- « Les Vallées » logique par séparation de phase et nitri- fication/dénitrification. Un investissement total de 760 000 €, subventionné à hau- « Une démarche collective intéressante » teur de 243 000 € par l’agence de l’eau, le Conseil régional et le Conseil général « Plutôt fiers de ce que nous avons « Ce qui est intéressant, dans la démarche d’Ille-et-Vilaine. Dans la pratique, les lisiers réalisé… » de ces éleveurs, c’est leur volonté d’antici- sont amenés à la station, soit par conduite per et notamment de manière collective. enterrée pour l’élevage voisin, soit par ca- « Si nous nous sommes engagés dans ce En effet, seul l’un d’entre eux, un GAEC mion citerne de 25 m3. Après homogé- dossier, c’est avant tout, il faut le recon- à trois associés, était obligé de traiter ses néisation, ils subissent une séparation de naître, pour sécuriser de manière durable effluents… Il est probable que s’il était resté phases (liquide et solide) par centrifuga- nos exploitations et leur donner des pers- seul, cela lui aurait été difficile. Il n’aurait tion. Cela permet d’en extraire les ma- pectives d’avenir, voire pour devancer un peut-être pas eu d’autre possibilité que de tières en suspension et le phosphore qui éventuel durcissement de la réglementa- diminuer ses effectifs animaux, au risque constituent le coproduit solide. La phase tion. En outre, cette station permet d’élimi- de nuire à l’équilibre économique de l’ex- liquide est ensuite brassée en bassin pour ner chaque année environ 63 000 unités ploitation. Les autres producteurs n’avaient oxygénation ; elle se débarrasse alors de d’azote et d’exporter 37 000 unités de pas d’obligation à ce titre, et notamment l’azote qui y reste. L’ensemble du pro- phosphore correspondant aux 14 800 m³ deux d’entre eux, qui se trouvent même cess permet d’éliminer 95 % de l’azote et de lisier traités. De ce fait, en menant à bien hors zone d’excédent structurel. Le choix 85 % du phosphore ; il contribue en outre ce projet, nous avons libéré quelque 500 du type de traitement biologique constitue à désodoriser le lisier. Par décantation, les hectares d’épandage qui peuvent désormais également une solution intéressante. Ce boues résiduelles sont ensuite extraites être valorisés par des jeunes agriculteurs en genre de réalisation a d’ailleurs été identifié et, à leur tour, centrifugées. Si nécessaire, quête d’installation ou d’autres collègues et encouragé par l’agence de l’eau comme un traitement par polymérisation peut qui auraient besoin d’être un peu plus à l’un de ceux susceptibles de contribuer à enfin fixer les matières en suspension l’aise dans ce domaine. Il y a là, pour nous, atteindre les objectifs de qualité de l’eau en les plus fines. L’eau résiduaire est ensuite au moins deux raisons d’être plutôt fiers de Bretagne. Enfin, il y a eu, de la part de ces stockée dans une lagune de 11 000 m3 cette réalisation et de ce qu’elle représente éleveurs, une appropriation complète à la avant d’être utilisée pour l’irrigation (1). pour notre environnement immédiat. Il est fois du dossier et des techniques à mettre Le coproduit solide, riche en matière or- dommage qu’il soit parfois un peu difficile en œuvre pour le mener à bien. » ganique et phosphore, est stocké sous de l’expliquer et de le faire comprendre. Un hangar, ventilé et régulièrement repris tel projet illustre combien les dynamiques avant une étape de maturation. Cette ma- collectives ont toute leur place dans notre tière fertilisante doit impérativement être profession. J’ajoute que chacun de nous utilisée hors Bretagne. Par contrat, ces s’est formé et reste régulièrement impliqué : 892 tonnes sont reprises par Evalor qui la ce sont en effet les associés du GIE qui, vend notamment à des agriculteurs des au moins deux fois par semaine et à tour départements céréaliers, amateurs de ce de rôle viennent réaliser les analyses qui qui constitue un engrais pour la fertilisa- permettent de s’assurer en permanence de tion des sols. Si, depuis avril 2008, l’outil la qualité du traitement et du bon fonction- fonctionne de manière satisfaisante, les nement de la station. » éleveurs ont dû faire face en 2003 à l’op- position de quelques habitants, qui, in- quiets de possibles nuisances, en avaient appelé au tribunal administratif. Cela a un peu retardé le dossier d’autorisation au titre des installations classées, déposé en avril 2006. « Pourtant, en venant sur le site, chacun peut constater que l’ins- tallation n’émet pas d’odeurs anormales. D’ailleurs, par précaution, le brassage ne se fait que la nuit. Quant au transport des tonnes, il n’est pas plus important que si nous avions recours à l’épandage. Certes, tout cela n’est pas gratuit pour nous, car le coût de traitement représente environ 0,03 €/kg de cochon. Mais en allant ainsi au-delà de nos obligations réglemen- taires, nous avons l’impression d’avoir plutôt agi en faveur de l’environnement que le contraire. »

(1) Une eau titrant 0,15 unité d’azote et Quelques-uns des associés du GIE devant l’écran de contrôle de la station : si besoin, depuis chez 0,2 unité de phosphore par mètre cube. lui et grâce à un modem, chacun d’eux peut la piloter.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 21 Maîtrise des pollutions diffuses agricoles et protection de la ressource en eau Mention spéciale la Communauté d’agglomération du Choletais (Maine-et-Loire)

Concertation et protection : deux mots clefs pour gérer le captage de Ribou

Pour protéger cette réserve d’eau potable, la Communauté d’agglomération du Choletais a adopté un ambitieux plan de gestion dont les résultats sur la qualité de l’eau sont encourageants.

« À terme, on aurait pu envisager de cesser Des baux environnementaux Des diagnostics les prélèvements d’eau dans la retenue de agro-environnementaux Ribou. La collectivité a fait un choix diffé- Dans un premier temps, la collectivité a rent en adoptant un plan de gestion pour acheté et clôturé la totalité du périmètre Elle prend en outre en charge avec d’autres ce captage qui approvisionne environ le immédiat des captages. La CAC a conduit partenaires, comme l’agence de l’eau, le coût quart de la population… » explique Philippe en outre une politique ambitieuse de rachat des diagnostics agro-environnementaux (envi- Coutant, directeur du service Environne- des 180 ha du périmètre rapproché sensible, ron 2 000 €) sur les exploitations du bassin. ment à la Communauté d’agglomération aujourd’hui achevé à 80 %. Plus original : Une soixantaine ont été réalisés à ce jour du Choletais (CAC), en Maine-et-Loire. ces parcelles sont remises à la disposition (sur un potentiel de 180), avec des instances Cette instance exerce, entre autres com- de leurs anciens exploitants (ou propriétai- comme la Chambre d’agriculture, les Civam, le pétences, celle liée à la ressource en eau. res), via des baux environnementaux. Ceux-ci Groupement des agriculteurs biologiques ou En 2003/2004 le lac présentait surtout des impliquent une exploitation exclusivement Mission bocage. « Ces diagnostics sont plus teneurs en matière organique dépassant fré- en herbe et par fauche ou pâture, excluent complets que ceux que l’on peut voir géné- quemment 10 mg/l d’eau brute. Les élus l’utilisation de produits phytosanitaires et ralement ailleurs, précise Christophe Puaud, se sont alors donné pour ambition de ne l’accès des animaux à l’eau, etc. Ces baux ingénieur « ressources en eau » à la CAC et plus dépasser ce seuil à l’horizon 2008 et de sont conclus pour une durée classique de animateur du bassin versant. On y trouve l’abaisser au-dessous des 8 mg/l en 2010. neuf ans et les montants de location ont été en particulier un classement des parcelles à Le plan de gestion élaboré à l’époque com- volontairement limités à 30 €/ha/an actuelle- risque et l’évaluation du maillage bocager. » porte 29 actions couvrant l’assainissement ment. Toujours au plan agricole, il est apparu Chacun de ces diagnostics inclut des préconi- collectif ou non collectif, la maîtrise des important de travailler à l’échelle du bassin sations précisant à l’agriculteur les réalisations rejets industriels ou agricoles, la limitation tout entier, pour promouvoir des pratiques à engager selon qu’il envisage de simplement des ruissellements urbains, la reconstitu- adaptées aux objectifs. Ainsi la CAC a choisi respecter la réglementation, de solliciter des tion du bocage. L’objectif est de réduire d’abonder financièrement des dispositifs tel- mesures agro-environnementales ou d’aller les niveaux de matière organique, liés aux les que les mesures agro-environnementales vers un changement de système, voire vers apports de déjections, et de phosphore (qui (MAE) à faible niveau d’intrants. Ces mesu- l’agriculture biologique. « Ce diagnostic reflète favorise l’eutrophisation et le développement res sont financées par l’Europe (Feader) et nos deux leviers principaux d’amélioration : des algues). Si tous les secteurs d’activité l’agence de l’eau y compris sur la partie du le ralentissement des transferts de l’eau, par sont concernés, l’agriculture, de par l’espace bassin sur la région administrative Poitou- un aménagement notamment bocager du qu’elle occupe, est intéressée par douze des Charentes, des fermes se trouvant en Deux- territoire, et la désintensification de certains actions programmées. Sèvres. systèmes agricoles. »

22 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Des signes encourageants Points de vue Du côté de la CAC, on souligne combien après un temps d’observation les agriculteurs Dominique Girard, se sont mobilisés autour de ces propositions, René-Luc Vigneron, président de l’Association via notamment l’association qu’ils ont créée, vice-président de des agriculteurs autour du bassin de Ribou. « Aujourd’hui, la Communauté de Ribou-Verdon commente Christophe Puaud, beaucoup d’agglomération envisagent plus sereinement l’idée de faire du Choletais, maire évoluer leurs systèmes pour les adapter à de Saint-Christophe-du-Bois l’environnement plutôt que l’inverse. » La mise en œuvre du plan de gestion se pour- « Nous ne sommes pas restés sur la suit, bien sûr, autour de l’agriculture, mais défensive » aussi en matière d’assainissement collectif ou « Les partenaires ont trouvé les clés non collectif. Ou encore vis-à-vis du secteur « Il faut reconnaître que lorsque l’on a com- du dialogue » artisanal et industriel : « Les problématiques, mencé à parler de périmètre de protec- notamment liées aux rejets y sont plus faciles tion des captages, cela n’a pas fait sourire « Dans cette action de maîtrise de la qualité à identifier, mais en revanche ces professions les agriculteurs ! Si notre association s’est de l’eau, et au plan agricole, la sensibilisation ne disposent pas toujours de réseaux aussi créée alors, c’était, d’abord, dans un esprit a porté ses fruits. C’est, je crois, parce que denses que ceux des agriculteurs et sur les- de défense. Depuis, pourtant, nous sommes les promoteurs de ce projet ont trouvé les quels s’appuyer pour engager des actions. » devenus des partenaires à part entière de la clés d’un dialogue équilibré entre l’agriculture Et, d’ores et déjà, des signes encoura- CAC autour de ces objectifs de protection et la collectivité. Il y aurait pu y avoir des geants apparaissent : « Les résultats d’ana- des captages. Derrière cette évolution de affrontements, mais ils ont été évités parce lyse dépassant 10 mg/l dans les eaux du notre approche, il y a, je crois, le sentiment qu’il s’est établi un vrai partenariat entre la lac sont moins fréquents. En 2008 nous partagé par les agriculteurs que certaines Communauté d’agglomération et les réseaux n’avons connu qu’un épisode de cinq jours données environnementales sont désormais de proximité auxquels les agriculteurs font consécutifs durant lequel cela a été le cas. » incontournables, en particulier la qualité de confiance, en particulier les Cuma (coopé- Et, progressivement, on semble se rappro- l’eau. Cela explique pourquoi la mobilisation ratives d’utilisation des matériels agricoles). cher du seuil de 8 mg/l visé pour 2010. agricole est effective et importante. Notre Je pense que nous allons réussir la même « Il est vrai que la collectivité y a mis les association agit ainsi au niveau de chacun chose avec les artisans et industriels. Du côté moyens, indique Philippe Coutant, en affec- des 14 sous-bassins identifiés, afin de col- de l’agriculture, toutes les conditions sont tant au plan un ingénieur animateur et un ler aux réalités de terrain. Ainsi, cet hiver, réunies pour poursuivre. La perspective de technicien à temps plein. Environ 1,2 million nous avons organisé 14 réunions, qui ont modifier des pratiques, voire de faire évoluer d’euros a été consacré à la mise en place rassemblé plus de la moitié des agriculteurs les systèmes d’exploitation, y compris par- des périmètres de protection et 1,5 million concernés. C’est un taux bien supérieur à ce fois jusqu’à l’agriculture biologique, ne fait d’euros au plan de gestion proprement dit, que l’on constate parfois sur d’autres bassins. plus peur. La Communauté d’agglomération sans parler des coûts liés à l’assainissement. Du coup, certains agriculteurs sont allés jus- veut d’ailleurs encourager ces initiatives en Mais, ce faisant, on peut dire que la Commu- qu’à engager des évolutions importantes… étudiant la possibilité de valoriser spécifique- nauté d’agglomération a en quelque sorte Le développement des presses à balle ment les productions agricoles issues des anticipé des dispositions qui, demain décou- ronde révèle, par exemple, l’augmentation zones couvertes par des contrats environne- leront du Grenelle de l’environnement. » des surfaces en herbe. Il est vrai que notre mentaux. Ce sera une manière d’impliquer profession est riche de gens qui testent de les citoyens et consommateurs, eux aussi nouvelles pratiques, souvent avec succès. concernés par la qualité de l’eau. Car par leurs Si les agriculteurs constatent que ces derniè- achats ils peuvent, eux aussi, accompagner res portent leurs fruits, y compris en termes ces efforts en faveur de la qualité de l’eau. » de revenu, il n’y a pas de raison pour qu’ils refusent de les envisager chez eux aussi ! »

La Communauté d’agglomération du Choletais et le bassin versant de Ribou

ç 13 communes. ç 33 000 ha. ç 83 000 habitants. ç Deux retenues d’eau : Ribou (3 millions de m³) et Verdon (14 millions de m³). ç Deux rivières : la Moine et le Trezon. ç Bassin versant de Ribou : 13 700 ha (dont 9 000 ha de SAU pour 200 agri- culteurs), 12 communes concernées dont 9 en Maine et Loire et 3 dans les 80 % des 180 ha du périmètre rapproché sensible ont été rachetés par la CAC Deux-Sèvres). et font l’objet de baux agro-environnementaux avec leurs anciens exploitants.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 23 Économies d’eau Lauréat SOS Loire Vivante (Haute-Loire)

«EcEaunomie» au Puy-en-Velay Photo : Ferme de Kerlavic

SOS Loire Vivante a réalisé une action de sensibilisation des habitants de l’agglomération du Puy-en-Velay aux économies d’eau. Les animations menées ont informé près de 10 000 personnes sur les mesures d’économies (gestes économes, matériel économe en eau…) qu’elles pouvaient mettre en place dans leur habitat.

Répondant aux enjeux de gestion quantita- animations qui abordaient la problématique autres exemplaires ont été diffusés par tive du Sdage Loire-Bretagne, et à la volonté d’économie financière, tout en sensibilisant l’association SOS Loire Vivante au cours de prendre part à cette gestion, SOS Loire aux questions d’environnement, et donc de des différentes manifestations de sen- Vivante a initié des actions de sensibilisation toucher le plus de monde possible. Nous sibilisation, notamment sur le stand du aux économies d’eau dans l’habitat collectif souhaitions toucher en priorité les ménages PointInf’EAU. Pour une journée d’ani- des habitants du Puy-en Velay et de la Haute- les plus défavorisés et donc les plus expo- mation, une centaine de guides ont été Loire en partenariat avec les acteurs locaux sés aux impayés de la facture d’eau. À cet distribués sur le stand. en moyenne. Par dont la Ville du Puy-en-Velay. Ces actions se effet, un foyer de 111 logements sociaux a ailleurs la Ville du Puy-en-Velay a consa- sont déroulées sur deux ans en 2007/2008. été équipé de matériels hydro-économes : cré une partie du numéro du bulletin robinets, douchettes, toilettes économes, municipal de février 2008 à la présen- réducteurs de pression… en respectant un tation de l’opération de sensibilisation panel représentatif : nombre d’occupants sur les économies d’eau. par foyer, âge moyen des habitants, type d’installation de plomberie du logement… » é Le stand du PointInf’EAU. Ce stand réalisé par les services de la Ville du Les actions menées Puy-en-Velay qui a fourni le matériel de démonstration était animé par SOS Loire é Un guide « économies d’eau à la maison » Vivante. Il s’agit d’un stand de démons- Ce guide réalisé par SOS Loire Vivante tration mobile sur lequel étaient présen- en partenariat avec la Ville du Puy- tés des robinets, douchettes et toilettes en-Velay présente les techniques de démonstration reliés à un réseau à faible coût qui existent, et quels d’alimentation en eau avec un réservoir Cécile Simonet, chargée de mission sont les écogestes qu’il faut adopter d’eau et une pompe. Une cinquantaine à SOS Loire Vivante. pour réduire la consommation d’eau de visiteurs pouvaient participer simul- dans la cuisine, la salle de bains, tanément à une démonstration. Ce « Le programme d’actions intitulé “ÉcEau- les toilettes, etc. La Ville du Puy-en- stand était présent à une quarantaine nomie”, précise Cécile Simonet, avait pour Velay a réalisé l’impression du guide de manifestations : de l’agglomération but de mettre en place des actions pilotes en 20 000 exemplaires, sur un papier du Puy d’octobre à décembre 2007, et sur un territoire réduit et dans un laps de recyclé avec une encre éco-labellisée. en janvier et février 2008 : marché local, temps permettant une analyse des résultats. Il a été diffusé auprès des 12 000 foyers grandes surfaces de l’agglomération, fêtes Il s’agissait d’agir sur la demande par des résidants sur la commune. Les 8 000 de quartier.

24 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Bilan des équipements de matériel • équipement d’un restaurant administratif : s’en porter ! » hydro économe mis en place 500 m³/an d’économie ; Les partenaires aux actions de Le bilan des économies d’eau réalisées s’éta- • quelques petits commerces : 100 m³/an sensibilisation aux économies blit autour de 30 000 m³/an, il se décom- d’économie. d’eau dans l’agglomération pose comme suit : du Puy-en-Velay (2007-2008) « Cette action initiée par SOS Loire Vivante • achat par les particuliers de 1 000 appa- est globalement positive, conclut Cécile Simo- Partenaires financiers et/ou techniques : reils économes d’eau, soit un potentiel net, notre équipe de salariés est satisfaite des Conseil général de la Haute-Loire, Ville du résultats concrets que nous avons obtenus Puy-en-Velay, Conseil régional d’Auvergne, d’équipement de 500 logements corres- suite à nos différentes animations. Le succès Diren Auvergne, Agence de l’eau, le foyer pondant à un volume économisé de l’ordre de cette opération à l’échelle d’une agglomé- Vellave. 25 000 m³/an ; ration voire d’un département n’a été possible qu’avec une forte motivation des différents Partenaires opérationnels : l’association • équipement de 111 logements du foyer acteurs du terrictoire et de notre volonté de de locataires de l’association régionale de de Vellave dont 66 logements sociaux et mutualiser nos compétences. Nous sommes consommateurs et d’usagers (CLCV), la 55 studios d’une résidence étudiante en déjà sollicités par d’autres communes inte- Caisse d’allocations familiales de Haute-Loire, matériel économe avec suivi des consom- réssées elles aussi par notre savoir-faire en la Maison de quartier de Guitard, l’entreprise mations correspondant à une économie de matière d’ÉcEAUnomie. L’aventure continue Aquatechniques, les supermarchés et com- 4 000 m³/an ; donc et la ressource en eau ne peut que mieux merçants locaux.

Point de vue

Roberto Epple, président de SOS Loire Vivante, ERN France

« Des résultats encourageants »

L’association SOS Loire Vivante œuvre depuis vingt ans pour l’amélioration de la qualité de l’eau en Haute-Loire, sur le bassin de la Loire et en France. L’association est en relation avec tous les acteurs concernés par la gestion de l’eau. Elle s’est spécialisée dans l’accompagnement de politiques publiques dans le domaine de l’eau et leurs traductions vers le grand public des enjeux techniques et parfois complexes dans leurs Le stand du PointInf’EAU sur lequel étaient présentés des robinets, douchettes et toilettes de applications, elle siège notamment au comité de démonstration reliés à un réseau d’alimentation en eau avec un réservoir d’eau et une pompe. bassin Loire-Bretagne, au Sage Loire amont, à la commission « eau » du Conseil régional Auvergne.

Partant du constat que les gisements d’écono- mies d’eau dans l’habitat en particulier dans l’ha- bitat collectif étaient potentiellement importants, nous avons proposé à nos partenaires : la Ville du Puy, le Conseil régional Auvergne, la DIREN Auvergne et l’agence de l’eau, de s’associer à cette initiative qui participe à la mise en place d’une démarche de développement durable, telles que celles que mettent en place les collectivités locales, notamment dans le cadre de l’Agenda 21.

Notre objectif était de faire de la Ville du Puy une vitrine des techniques d’économies d’eau dans l’habitat collectif autour du slogan “ÉcEAUnomi- que”. Le premier bilan des actions entreprises menées en 2008 est encourageant. Ce qui correspond à un potentiel d’économie d’eau de l’ordre de 30 000 m³/an. L’objectif que nous nous Nous allons poursuivre cette action de sensibili- plus particulièrement les prescripteurs du dépar- étions fixé a été atteint. sation en 2010 avec une extension à l’ensemble tement (professionnels grands consommateurs,

du département de la Haute-Loire pour toucher plombiers…). »

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 25 Gestion des cours d’eau et des milieux naturels aquatiques Lauréat le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels en association avec le Conseil général de la Loire et l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne La restauration et l’entretien des zones humides de Gourgon-Bazanne

Depuis 2005, des actions de restauration et d’entretien des zones humides de Gourgon-Bazanne sont mises en œuvre dans le cadre d’un contrat restauration et entretien (CRE) 2004-2008. Ces milieux souvent de bonne qualité sont cependant fragiles et peuvent se dégrader en raison des activités économiques qui s’y installent. Il convient donc d’en améliorer la connaissance et de mettre en œuvre des actions conciliant l’aménagement du territoire et la protection de ces milieux naturels. Depuis 1994, les zones humides d’altitude ont de Gourgon et de Grande Pierre Bazanne. Il propriétaires), pour pérenniser une gestion été prises en compte par le département de met en évidence leurs intérêts biologiques écologique des milieux présentant un inté- la Loire avec l’appui du Conservatoire Rhônes- et hydrologiques et propose un programme rêt hydrologique et biologique particulier, Alpes des espaces naturels (CREN), notam- d’actions pour restaurer les sites, les entre- et faciliter la mise en place de pratiques ment au travers d’un inventaire départemental tenir et les valoriser. agricoles compatibles avec la préserva- des tourbières de la Loire. Plus récemment, tion des milieux (élevage extensif). Dans en 2004, le CREN a procédé avec le Conseil Le contrat restauration entretien (CRE) ce cadre, le Conseil général de la Loire a général de la Loire à une révision de cet inven- 2004-2008. acquis un périmètre de 75 ha sur le site taire. Soixante-dix-sept sites ont été identifiés de Gourgon, incluant les tourbières et une dans le département de la Loire qui totali- Ce programme d’actions a fait l’objet d’un zone périphérique tampon. Le CREN a de sent 1 150 hectares de tourbières, dont celles contrat restauration entretien signé en 2004 son côté acquis 3 ha et 45 ha sont en de Gourgon (100 ha) et Bazanne (250 ha) entre les trois maîtres d’ouvrage associés et convention avec les propriétaires privés situées à une altitude moyenne de 1 350 m l’agence de l’eau, pour une durée de cinq ans. sur le site de Grande Pierre Bazanne. dans les monts du Forez à proximité de Mont- Les maîtres d’ouvrage associés à ce contrat brison, en tête de bassin versant du Vizezy. sont : le Conseil général de la Loire, le Conser- é La mise en place de baux ruraux environ- vatoire Rhône-Alpes des espaces naturels nementaux ou de prêts à usages, avec les Dès 2001, le Conseil général de la Loire a (CREN), l’université Jean-Monnet de Saint- agriculteurs locaux, exploitants de parcelles acquis des terrains sur le site de Gourgon Étienne. Le montant global des actions pré- tourbeuses, autorisant leur intervention sur et rédigé un plan de gestion de cette zone. vues sur cinq ans est de 591 870 euros, dont les terrains en contrepartie du respect d’un Quant au site de Grande Pierre Bazanne, un 52 % sont financés par l’agence de l’eau Loire- cahier des charges de pâturage. plan de gestion est mis en place depuis 2003 Bretagne et co-financés par la Région Rhône- par le CREN. Ces tourbières sont également Alpes et le Conseil général de la Loire. é les travaux de protection, de restauration : incluses depuis 2007 dans le document il s’agit de la coupe et du dessouchage objectif « Natura 2000 » comme prioritaires Les objectifs recherchés sont la conservation d’arbres, essentiellement de résineux (épi- au regard de leurs intérêts patrimoniaux. et l’amélioration du patrimoine naturel des céas) et de bouleaux puis de leur broyage tourbières, la mise en place d’une gestion en plaquettes de bois déchiquetées qui Le laboratoire de géographie de l’université agricole extensive durable, la prise en compte sont valorisées par les filières bois-énergie Jean-Monnet de Saint-Étienne a engagé du paysage des Hautes Chaumes, l’amélio- locales (compost, chaufferies). Ces travaux depuis 2003 une recherche approfondie sur ration des connaissances scientifiques et le sont prévus dans un plan de gestion qui a les tourbières afin de mieux identifier leur suivi de l’impact des travaux réalisés sur la été élaboré en partenariat avec les acteurs fonctionnement et leur impact sur l’hydrolo- biodiversité. locaux (élus, agriculteurs, forestiers) ; gie du bassin versant du Vizézy qui alimente en eau potable une dizaine de communes Les actions réalisées é l’entretien par le pâturage : un parc de du Forez. Enfin en 2003, un état des lieux é La maîtrise foncière (acquisitions de par- pâturage d’une superficie de 7,5 ha, en approfondi a été mené sur les zones humides celles) ou d’usage (conventions avec les clôture mobile, a été installé sur le site

26 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 de Bazanne, sur lequel a débuté en 2006 le pâturage d’une dizaine de génisses entre Points de vue Fabrice Frappa, chargé de le 15 juillet et le 15 octobre. Sur Gourgon, mission, Conservatoire un groupement pastoral a été constitué par Rhône-Alpes des espaces trois agriculteurs pour exploiter les parcelles Philippe Gourbière, naturels, chargé de de landes et de tourbières restaurées ; maire de Roche-en-Forez l’animation du CRE et é du suivi des milieux naturels et d’espèces et agriculteur du suivi du contrat pour végétales d’intérêt patrimonial et indicatrices sur le secteur la tourbière de Grande Pierre Bazanne du fonctionnement et de la qualité des zones de Gourgon-Bazanne humides, é du suivi de deux espèces de papillons des zones humides (Damier de la succise et Nacré « Beaucoup d’effort de la part de chacun, « Tester des méthodes de gestion des de la canneberge) qui sont de bons indica- mais on peut y arriver » tourbières qui peuvent être testées à teurs permettant de comprendre l’évolution d’autres zones humides » des milieux et des activités humaines, « La zone humide de Gourgon-Bazanne é du suivi pédologique et hydrologique, réalisé représente un enjeu important pour la pro- « L’implication du CREN Rhône-Alpes pour par l’université de Saint-Étienne, tection de la ressource en eau du bassin la protection des zones humides remonte é un comité de pilotage se réunit une fois par versant du Vizézy, mais également pour le au milieu des années 1990, notamment an pour faire le point sur l’état d’avancement maintien d’une agriculture extensive. En effet à travers un programme européen “Life des actions du contrat. Il réunit les différents sur notre commune, une trentaine d’éleveurs tourbières de France” qui a été porté par acteurs concernés : maîtres d’ouvrage asso- sont présents et une majorité d’entre eux la Fédération des conservatoires d’espaces ciés, élus, agriculteurs, administrations… utilisent les Hautes Chaumes du Forez en naturels. Pour la région Rhône-Alpes, trois é la communication : publications scien- estives. Les actions menées depuis cinq ans sites avaient été retenus dont un dans le tifiques sur les réalisations du contrat dans le cadre du CRE montrent que cela département de la Loire. En 2000, le CREN destinées aux gestionnaires de milieux demande beaucoup d’efforts de la part de a également réalisé un inventaire des tour- naturels ; chacun, mais on peut y arriver. Ainsi le défri- bières de Rhône-Alpes (1) qui a été décliné é l’animation du contrat : la coordination des chement de 8 ha de parcelles sur le site de en 2004 au niveau départemental avec le actions et l’animation globale du contrat est Grande Pierre Bazanne permet depuis 2006 Conseil général de la Loire, dans le cadre de assuré par le CREN Rhône-Alpes. le pâturage du 15 juillet au 15 octobre d’une la révision de sa politique ENS. C’est donc dizaine de génisses Prim’Holstein dans de fort de cette expérience dans la connaissance bonnes conditions. De telles initiatives illus- et la gestion des zones humides que nous trent la compatibilité qui peut exister entre avons assuré la maîtrise d’ouvrage du CRE Le fonctionnement hydrologique des des activités économiques sur un territoire sur les tourbières de Grande Pierre Bazanne tourbières dans le bassin versant du dans des zones fragiles comme les tourbières L’implication du CREN dans le contrat res- Vizézy et la nécessaire protection de ces milieux. » tauration et entretien a notamment pour De manière synthétique, les suivis scienti- objectif de tester des méthodes de gestion fiques ont porté sur la climatologie, l’hydro- des tourbières qui peuvent être tranposables logie, la géomorphologie et la pédologie, et Le contrat restauration entretien à d’autres zones humides du haut Forez. » ceci afin de collecter des données physiques de zones humides (2004-2008) indispensables à la connaisance du fonction- nement hydrologique du bassin versant du ç Bassin versant des tourbières : 300 ha dont Vizézy et au suivi de la dynamique des tour- 150 ha de tourbières ; bières, en s’appuyant notamment sur l’étude ç Commune concernée : Roche-en-Forez ; de la zone humide de Gourgon et de Grande ç Pierre Bazanne. Exploitations agricoles concernées : une dizaine. Objectifs du contrat Principales actions retenues : ç le rôle d’écrêtement des crues des tour- Pallier les principaux dysfonctionne- bières : celui-ci est confirmé par les ré- ments ou risques affectant les tour- sultats de suivis entre 2002 et 2008, bières et préserver voire améliorer les fonctionnalités de ces zones humides ç le rôle de soutien des étiages par les (hydrographie et biodiversité). tourbières : les suivis montrent que les tourbières ont une capacité d’inertie très Principales actions retenues : grande en restant toujours humides. La ç maîtrise foncière d’usage avec les pro- quantité d’eau qu’elles peuvent rendre priétaires privés et agriculteurs ; au cours d’eau lors des étiages reste donc limitée, elle dépend fortement du ç travaux de protection, de restauration, type de tourbière, de son bassin versant de génie écologique ; et des épisodes d’étiages. Les résultats ç Entretien des zones humides restaurées scientifiques de ces études prennent par le pâturage extensif dans le cadre place dans une thèse universitaire sou- d’une gestion agri-environnementale ; tenue en décembre 2008 par Jérôme ç suivis scientifiques (biodiversité et hy- Porteret à l’université de Saint-Étienne. drologie). Des informations complémentaires sur ces résultats peuvent être obtenues au- près de :

[email protected] (1) Inventaire financé par l’État (Diren Rhône-Alpes), la Région Rhône-Alpes et l’agence de l’eau Rhône- Méditerranée et Corse.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 27 Gestion des cours d’eau et des milieux naturels aquatiques Lauréat le syndicat interdépartemental de gestion de l’Alagnon et de ses affluents (Cantal)

Arasement du seuil de Stalapos sur l’Alagnon à Murat

Le site de Stalapos après les travaux d’arasement.

Les seuils en rivière constituent des obstacles à la libre circulation des poissons migrateurs. C’est le cas rencontré par le syndicat intercommunal de gestion de l’Alagnon et de ses affluents qui a arasé en 2008 le seuil de Stalapos.

L’Alagnon : axe de migration verture du linéaire historiquement colonisé auprès de l’Administration qui a instruit les du saumon atlantique par le saumon atlantique, le Syndicat inter- dossiers réglementaires. L’ONEMA et la Fédé- départemental de gestion de l’Alagnon et de ration de pêche, qui ont largement soutenu Le site du seuil de Stalapos est situé sur les ses affluents* (SIGAL) a mené l’opération le projet dès le départ, ont été pour cela des communes de Murat/Albepierre-Bredons d’arasement du seuil de Stalapos en 2008. partenaires privilégiés. » (Cantal). D’une hauteur de 2,80 m et de 26,50 m de largeur, ce seuil constituait sur « Le seuil de Stalapos, précise Guillaume Une rivière qui retrouve sa liberté l’Alagnon un des obstacles majeurs à la libre Ponsonnaille, chargé de projet au SIGAL, était circulation piscicole. Dans le cadre du contrat abandonné depuis plusieurs années par son Si les travaux menés par le SIGAL ont permis restauration entretien de l’Alagnon signé en propriétaire qui a donné son accord pour de reconnecter l’Alagnon à l’Allier sur 36 km, 2001, dont l’objectif principal était la réou- l’arasement. Cette opération au plan admi- d’autres ouvrages bloquent encore la remon- nistratif a démarré en 2006. Les travaux de tée des poissons migrateurs. « L’arasement Guillaume Ponsonnaille démantèlement et reprise de berges se sont du seuil de Stalapos est une étape dans achevés en avril 2009. La revégétalisation la réouverture complète de l’Alagnon aux des berges aura lieu cet automne. » poissons migrateurs, indique Guillaume Pon- sonnaille. Il faut rappeler qu’en 1999, l’étude La concertation entre les partenaires préalable au contrat de rivière identifiait une vingtaine d’obstacles à la libre circulation des Ces travaux d’arasement ont pu aboutir grâce populations piscicoles. Aujourd’hui, les tra- à une concertation étroite menée par le vaux menés par le SIGAL ont permis d’amé- SIGAL avec les partenaires concernés. nager une passe à poissons à Massiac et d’araser trois ouvrages : Grand Pont en 2003 « Ce type d’action nécessite une bonne com- et 2005 sur la commune de Lempdes-sur- munication en amont du projet. La concer- Alagnon, Beaulieu en 2005 et enfin Stalapos. tation, c’est la clef de la réussite pour une Nous devons poursuivre ces actions pour telle opération, souligne Guillaume Ponson- anticiper en quelque sorte les dispositions du naille. Il faut beaucoup de pédagogie pour prochain Sdage Loire-Bretagne et les futurs faire comprendre aux partenaires concernés classements de rivières. Nous envisageons l’utilité d’un tel projet. Tout d’abord avec le d’aménager sept autres obstacles sur l’Ala- * Le SIGAL regroupe neuf communautés de com- propriétaire du site qui a cédé son droit d’eau gnon, ce qui constituera l’axe majeur du pro- munes et une commune, soit 84 % de la superfi- attaché à l’ouvrage, avec les communes chain contrat territorial signé avec l’agence cie du bassin versant de l’Alagnon. riveraines pour obtenir leur accord et enfin de l’eau. »

28 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Point de vue situés le plus en amont sur l’Alagnon. Quelques chiffres Mais le saumon n’est pas le seul à profiter de ces efforts. L’arasement de cet obstacle Jacques Couvret, Bassin versant : 1 044 km² sur trois va grandement bénéficier à l’ombre com- président du syndicat départements : Cantal (70 %), Haute-Loire mun et à la truite fario. Il est vrai que les interdépartemental (17 %), Puy-de-Dôme (13%). travaux ont perturbé la reproduction de la de gestion de l’Alagnon Alagnon : source dans le massif du Lioran, truite dans la zone de travaux mais le nom- et de ses affluents 85 km de linéaire jusqu’à la confluence bre de frayères a presque triplé à l’amont ! avec l’Allier. La rivière étant désormais en période de Contrat de Rivière Alagnon : 2001-2007, rééquilibrage, nous espérons observer des Principaux résultats : « Les travaux menés vont permettre résultats positifs sur tout le parcours lors de de répondre aux objectifs du schéma la prochaine reproduction (automne 2009). • réouverture de 36 km aux grands directeur d’aménagement et de gestion L’Alagnon fait partie du patrimoine local, migrateurs ; des eaux » c’est un parcours de pêche réputé, et • travaux de restauration et entretien nous espérons que les travaux menés sur 165 km de berges ; « Grâce aux actions menées dans le cadre depuis plusieurs années vont permettre • inventaire des zones humides ; du Contrat de Rivière, le saumon atlantique, de répondre notamment aux objectifs • études et travaux pour l’amélioration absent depuis cent cinquante ans, peut se du schéma directeur d’aménagement et des systèmes d’assainissement collectif ; reproduire à nouveau dans le Cantal, après de gestion des eaux (Sdage) Loire-Breta- un parcours depuis l’estuaire de la Loire de gne. Ce dernier recommande par ailleurs • suivi de la qualité des eaux ; plus de 900 kilomètres. Le poisson revient de procéder à la suppression des ouvra- • programme d’éducation à et l’on constate une nette augmentation de ges en mauvais état ou devenus inutiles. l’environnement auprès des écoles. frayères sur l’Alagnon à l’aval de Massiac. Nous comptons beaucoup sur le nouveau Coût et financement de l’arasement L’objectif du SIGAL est bien de rouvrir mode de classement des rivières à migra- complètement l’axe Alagnon, d’où l’inté- teurs, associé au contrat territorial Alagnon du seuil rêt de l’arasement du seuil de Stalapos en cours d’élaboration, pour désenclaver 178 691 euros (études et travaux). même si celui-ci est un des barrages totalement l’axe Alagnon d’ici six à sept ans. • Agence de l’eau (40 %) ; • Conseil général du Cantal (25 %) ; • Conseil régional d’auvergne (15 %) ; • Fédération de pêche du Cantal (10 %) ; • SIGAL (10 %). Impact des travaux : la Fédération de pêche du Cantal assure le comptage des frayères à truite. Les premiers résultats à l’amont du seuil : 91 frayères après arase- ment (automne 2008) contre 37 frayères avant (automne 2007). Les principales étapes de l’arasement du seuil de Stalapos • 2001-2003 : premiers contacts avec les partenaires concernés ; • 2004 : abandon du droit de l’eau par le propriétaire du seuil ; Le site de Stalapos avant les travaux d’arasement. • 2006-2007 : études sur la faisabilité de l’arasement du seuil ; • printemps 2008 : travaux d’arasement (un mois) ; • printemps 2009 : reprise des berges ; • automne 2009 : revégétalisation du site ; • depuis mai 2008 : suivi topographique et granulométrique ; • chaque automne depuis 2007 : suivi des frayères à truites.

Arasement du seuil au printemps 2008. Pêche électrique avant les travaux.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 29 Gestion des cours d’eau et des milieux naturels aquatiques Mention spéciale la commune de Saint-Berthevin (Mayenne)

Sur le site de Coupeau, le Vicoin retrouve son lit naturel

La vallée de Coupeau après les travaux de restauration.

« Exemplaire ». C’est ainsi que beaucoup de spécialistes de la renaturation des cours d’eau qualifient l’opération d’effacement du barrage et de la réserve de Coupeau.

En cette fin de juin 2009, le Vicoin est pres- 1,80 m de profondeur) avait un impact fort sur frayères à brochets. La consolidation des ber- que à l’étiage dans sa traversée de la ville de la qualité hydro-morphologique du Vicoin. ges est assurée pour partie par voie végétale Saint-Berthevin, aux portes de Laval. Sur les qui va s’enrichir au fur et à mesure. cheminements aménagés qui le bordent – sur L’étude d’effacement du barrage a ainsi été réa- près d’un kilomètre –, joggers et promeneurs se lisée dès 2004. Mais, compte tenu du temps Les solutions retenues tiennent compte éga- côtoient, dont certains venus du calme camping d’examen du dossier, la vidange et le curage lement du caractère récréatif du lieu, ce qui qui domine la vallée. Il y a trois ans encore, il ne sont intervenus qu’en 2007. On entrait alors constituait une complexité supplémentaire : y avait là une pièce d’eau, sur laquelle évo- dans la période hivernale, défavorable à l’inter- on y recrée en effet des cheminements pour luaient quelques pédalos. Réalisée en 1969, vention des entreprises missionnées pour « re- piétons, aménagés et susceptibles d’accueillir elle constituait un point d’attraction pour les sculpter » le Vicoin. « Celles-ci n’ont pu travailler des personnes à mobilité réduite. Le coût Lavalois et touristes de passage. En 2007, pour- que courant 2008, à la suite de l’arasement de l’opération s’est établi à 605 000 €, dont tant, le barrage qui la retenait a été effacé… du barrage ; cela a pu entraîner chez certains 184 700 € restent à la charge de la commune une opération mûrement réfléchie, mais aussi habitants l’impression que le lieu était un peu après déduction des concours obtenus auprès ambitieuse, notamment par son ampleur. à l’abandon. Mais il n’en était rien. » En effet, de l’agence de l’eau (190 000 €) et d’autres une fois engagée, la renaturation du site s’est partenaires (Conseil régional des Pays de la Relever les nouveaux défis de l’eau avérée spectaculaire, de par son ampleur, mais Loire et Conseil général de la Mayenne, fonds aussi sa complexité. Le remodelage de cette parlementaire, syndicat du Vicoin, etc.). Un an Le retour à l’état originel a été quelque peu vallée a en effet été ambitieux. après les travaux, le site a retrouvé de vertes motivé par des considérations économiques : couleurs qui lui permettent de montrer qu’il « Il fallait en effet régulièrement curer cette La restauration écologique du site reste un lieu plein d’attraits pour la population, réserve d’eau des 8 000 à 9 000 tonnes de ici plutôt périurbaine. À ses visiteurs, il devrait vases qui s’y accumulaient, souligne Gilbert Le bureau d’études chargé des travaux a ainsi permettre de toucher du doigt les enjeux de la Pingault, conseiller municipal délégué à l’envi- cherché et retrouvé le tracé ancien du Vicoin, directive cadre sur l’eau. Aujourd’hui fréquem- ronnement. Et cela à grands frais. En outre, à ce qu’atteste la mise au jour d’anciennes sou- ment visité par des syndicats de bassin, des terme, nous allions manquer de terrains dis- ches d’arbres qui le bordaient à l’origine. Cela communautés de communes et autres acteurs ponibles pour stocker les boues ainsi extraites s’est fait notamment par dépose de blocs de l’eau, le Coupeau « nouveau » devient aussi et dont d’ailleurs, au fil du temps, les carac- destinés à créer du courant pour diversifier une vitrine, un lieu de démonstration qui illus- téristiques bactériologiques ou la teneur en les fonds en favorisant le dépôt de graves en tre, concrètement, les compromis possibles métaux lourds auraient pu poser problème. » des endroits prédéfinis. Parallèlement, on a entre les usages collectifs et les principes de La volonté de relever les nouveaux défis liés recréé des annexes séparées du lit mineur par restauration écologique. à la qualité de l’eau, via la transparence éco- un merlon bas végétalisé, connecté de place logique et piscicole des rivières, a aussi été en place avec le cours d’eau lors des crues. Il Dans un contexte plus large déterminante. Certes, il existe d’autres bar- s’agit là, en quelque sorte, de bras morts qui rages, plus en amont, mais celui-ci, de par joueront le rôle de zones humides et donc L’opération d’effacement du barrage de Cou- l’importance de la retenue (900 m de long et certaines pourraient même à terme devenir peau s’inscrit dans le contexte plus large du

30 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 contrat restauration entretien du Vicoin. pas d’un revers de main un lieu auquel les des lieux afin d’essayer de visualiser comment Sur ce bassin versant de 257 km², quel- habitants sont habitués, voire attachés. Dès se situaient auparavant le cours et le lit de la que 243 km de cours d’eau ont fait l’objet l’origine, et dans un parti pris de concer- rivière. L’idée a été d’accompagner celle-ci plu- d’une étude au titre de ce contrat. Celle-ci a tation, nous avons donc réuni l’ensemble tôt que de la contraindre à emprunter tel ou tel mis en évidence, entre autres, la nécessité des acteurs intéressés par ce dossier. Nous tracé. Après de premières déposes de blocs, de démanteler ou d’aménager un certain sommes assez rapidement parvenus à un nous avons observé le comportement du nombre d’ouvrages (vingt-six en particulier) consensus, notamment grâce au président cours d’eau durant l’hiver : dans ce domaine, afin de viser le bon état écologique de ce de la Fédération départementale de pêche nous sommes persuadés qu’il faut prendre le milieu, tel que défini par la directive cadre de l’époque qui a su apaiser les craintes de temps, même si cela oblige à venir souvent sur l’eau. certains de ses membres. Puis, bien sûr, il a voir comment évoluent les choses. Dans la fallu répondre aux interrogations des habi- pratique, nous avons un peu orienté le profil tants, surtout pendant la période intermé- longitudinal du lit mineur, qui a d’ailleurs assez Points de vue diaire durant laquelle, à l’issue du curage et naturellement retrouvé ce qu’il était il y a cin- pendant les études, l’étang est resté vide. quante ans. En revanche, nous avons souhaité Pour rassurer et expliquer, nous avons misé laisser la rivière libre de ses migrations laté- Yannick Borde, sur l’information et la pédagogie, notamment rales, sur plus de 50 m. Quant à la végétation, maire de Saint-Berthevin grâce aux panneaux explicatifs installés sur le parti pris a été de privilégier pour l’essen- place. Désormais, chacun peut constater de tiel des espèces rustiques afin d’éviter des visu comment a évolué ce site et l’apprécier. dépenses coûteuses en semences et plants. Même les pêcheurs peuvent y trouver un En 2010 sont prévues de nouvelles planta- regain d’intérêt en y cherchant désormais plu- tions, afin de rechercher une certaine diver- tôt des poissons d’eau vive. Aujourd’hui, on sité, mais ce sera majoritairement à partir de « Après le temps de la nostalgie, celui peut dire que la plupart des réticences sont plantes indigènes. Nous guiderons leur implan- de l’appropriation » levées : il y a eu le temps de la nostalgie mais tation afin de favoriser les alternances d’ombre c’est maintenant celui de l’appropriation. » (plutôt sur les eaux lentes) et de lumière (sur « Pour être honnête, notre volonté de réha- les zones plus rapides) car cela joue un rôle biliter le site de Coupeau a été, à l’origine, écologique certain. Ces différents choix contri- motivée par l’idée qu’il y avait mieux à faire buent, je crois, à gérer au mieux les contraintes des deniers publics que d’en consacrer Pierre-Alain Moriette, spécifiques de cette opération où il a fallu une part non négligeable à curer tous les Bureau d’études Rives souvent trouver des compromis entre l’objec- quatre ou cinq ans cette retenue. Une fac- tif de renaturation et la volonté affirmée des ture de 110 000 euros, reçue peu de temps élus que cet espace reste ouvert au public ; après l’élection de notre équipe à la mairie, cela veut dire, par exemple, que certaines a constitué un élément déclencheur à ce zones vont devoir supporter un cheminement titre. Mais nous connaissions aussi l’engage- intense. Ces différents aspects ont fait de cette ment de certaines associations locales pour « Ne pas contraindre la rivière et prendre opération un chantier un peu délicat parfois, un retour de la rivière à son état originel et son temps » mais très intéressant à suivre et réaliser. » nous avions conscience de l’intérêt d’aller vers une meilleure transparence écologique « Lorsque ce travail nous a été confié, nous des cours d’eau. Pour autant on ne modifie avons d’abord procédé à une étude historique

La vallée de Coupeau lors des travaux de restauration.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 31 Actions innovantes de sensibilisation et de concertation sur l’eau et les milieux aquatiques Lauréate l’ORganisation GÉnérale des COnsommateurs de Touraine (Indre-et-Loire)

L’accompagnement de la consultation publique sur le Sdage Loire-Bretagne

À Tours, l’Organisation générale des consommateurs de Touraine (OR.GE.CO) a soutenu la consultation du public engagée par le comité de bassin en 2008 sur la révision du Sdage Loire-Bretagne (2010-2015).

La consultation du public en 2005 (une vingtaine). Ils sont prêts à s’associer à précise Jean-Pierre Meslet, en une cam- la démarche. pagne de sensibilisation sur les grands « En juillet 2005, lors de la première consul- thèmes de l’eau. Notre slogan pour les tation, indique Jean-Pierre Meslet, membre Des documents diffusés et une affiches “Se préparer à la consultation de l’OR.GE.CO, l’association s’est engagée exposition sur l’eau itinérante publique de 2008. Venez découvrir l’ex- afin que les citoyens soient mieux informés pour annoncer la consultation position, « Derrière mon robinet, coule une et puissent s’exprimer en donnant leur avis sur le projet de Sdage rivière », a été bien perçu par les visiteurs. sur les enjeux permettant d’élaborer le futur Le public a été nombreux et les échanges, Sdage et atteindre ainsi un bon état de l’eau é Au cours du 4e trimestre 2007, l’exposition nous l’espérons, très fructueux. Le public en 2015. Pour cela nous avons organisé « Derrière mon robinet, coule une rivière », scolaire a également été très présent. Cer- une Semaine de l’eau aux Halles de Tours prêtée par l’agence de l’eau, est présen- taines visites ont été commentées par les et reçu 90 réponses. Le bilan de la consul- tée dans 18 communes du département. membres de l’équipe. À Joué-lès-Tours, tation, début 2006, a permis de constater À Tours, elle est associée à l’exposition la maquette mise en place par EDF se que 900 questionnaires avaient été remplis « Le 500e anniversaire de l’eau potable à doublait de la présence d’animatrices pour dans notre département. Il m’a donc semblé Tours ». À Joué-lès-Tours, une maquette accueillir des écoles. » utile d’appuyer la consultation à venir et de prêtée par EDF sur le cycle de l’eau a été mieux s’organiser. En 2006, j’ai proposé au adjointe à l’exposition. Trois conférences Avril-octobre 2008 président de l’OR.GE.CO, que l’association sont organisées à Chinon et Tours. Une s’engage dans la prochaine consultation dizaine de milliers de documents de é « En 2008, l’objectif fixé était d’obtenir un du public en 2008. Le conseil d’administra- l’agence de l’eau et de la Diren Centre meilleur retour des questionnaires en accom- tion de l’association a donné son accord. sont distribué lors des expositions. pagnant l’effort de l’agence de l’eau. Pour Ainsi est née une “mission eau” au sein de cela, l’équipe de la mission eau est allée l’OR.GE.CO Touraine. » é Deux affiches, « Derrière mon robinet, au-devant du public pour faire de l’action coule une rivière » et « Donnez votre avis directe en distribuant le questionnaire (foire L’OR.GE.CO Touraine engagée en en 2008 », sont conçues pour annoncer les et centre commercial). Sur le département, 2008 dans la consultation du public expositions et la future consultation. Avec cela était accompagné d’une action média- l’aide du Conseil général et des villes rece- tique (campagne d’affichage, radio, relais Dès 2007, la mission eau se mobilise. Tout vantes, elles sont exposées sur le mobilier des partenaires, site Internet). L’OR.GE.CO d’abord, cibler les manifestations vers les urbain mis gracieusement à disposition. espère avoir pu contribuer à faire bouger communes de plus de 10 000 habitants en les choses, conclut Jean-Pierre Meslet, et Indre-et-Loire. Seize d’entre elles répondent « Le report de la consultation prévue fin susciter de nouveaux réflexes sur la gestion favorablement, dont trois communautés de 2007 à la mi-2008 a fait que la mission de l’eau. Elle remercie ceux qui l’ont appuyée communes.D’autres partenaires sont sollicités eau a changé son objectif et son action, et aidée. L’eau c’est l’affaire de tous. »

32 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Point de vue

Gérard Latapie, président départemental de l’OR.GE.CO Touraine

« Nous avons été le porte-parole du message de l’agence de l’eau »

« La convention signée avec l’agence de l’eau en 2008 nous donné une légitimité pour engager une action de sensibilisation à la consultation du public. Cette action, avec le changement de date de la consultation, nous a obligés à une adaptation de l’objectif initial. Il s’est transformé en une campagne de sensi- bilisation des citoyens aux problèmes de l’eau doublée d’une information sur la consultation 2008. »

Les membres bénévoles de l’OR.GE.CO ayant participé à l’information sur la consultation sur l’eau en 2008, réunis autour du président Gérard Latapie : de gauche à droite, Jean-Pierre Meslet, Jean-Louis Bernard, Roland Lessmeister.

L’OR.GE.CO et la consultation é avril à octobre 2008 : participation à cinq sur le projet de Sdage expositions, cinq conférences sur l’eau, plusieurs interventions à la radio et des Quatre bénévoles pour préparer l’accompa- contacts avec la presse écrite, de nom- gnement à cette deuxième consultation : breux articles de presse parus : diffusion Jean-Pierre Meslet, Michel Barras, Jean-Louis de questionnaires auprès du public lors Bernard, Roland Lessmeister. des manifestations, dans les parkings de Tours ; é Avril à juin 2007 conception des moyens et recherche des partenariats ; é 28 partenaires associés : 18 communes, trois communautés de communes, le Conseil é juin à septembre : création des moyens : général d’Indre-et-Loire, des profession- affiches, plaquettes… ; nels ou socio-professionnels, la Chambre de commerce et d’industrie, La Nouvelle é octobre et novembre 2007 présentation République, les commerçants de la galerie de l’exposition « Derrière mon robinet, nationale et les Halles de Tours. Six radios coule une rivière », dans 16 communes locales. D’autres structures se sont égale- du département ; ment associées à l’occasion de débats.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 33 Actions innovantes de sensibilisation et de concertation sur l’eau et les milieux aquatiques Lauréat le CPIE Loire et Mauges (Maine-et-Loire)

« L’Èvre, rêve de versants », bâtir une vision partagée de l’eau

« L’Èvre, rêve de versants »… Tel est le titre du film réalisé sur ce territoire. Avec un objectif : bâtir une vision partagée de l’eau.

« En matière d’environnement, et peut-être matique nouvelle. S’il y a ici une identité forte, rappellent le parcours de l’eau, ses capri- plus encore d’eau et de gestion de l’eau, si la conscience d’appartenir à un même bassin ces (avec de soudaines et intenses inonda- l’on veut avancer, il faut éviter les crispations versant restait à construire. « On a assez vite tions), ses fonctions qui ont évolué au fil du et les blocages », soulignent volontiers les res- émis l’idée de concevoir un support audiovi- temps : hier force motrice pour les moulins, ponsables du CPIE Loire et Mauges (1). Cette suel susceptible de sensibiliser la population. » aujourd’hui ressource pour l’irrigation (6 mil- association intervient depuis 1981 sur cette Mais il fallait éviter que celui-ci, au lieu de créer lions de mètres cubes utilisés en 2005), région, qui comporte notamment le bassin de le dialogue, ne suscite des risques d’opposi- mais aussi milieu de vie d’espèces parfois la Sèvre Nantaise, où l’on a depuis longtemps tion frontale, ou encore la mise au banc des menacées comme le courlis de terre, pour élaboré un schéma de gestion et d’aménage- accusés de telle ou telle profession. la faune, ou certaines liliacées, pour la flore. ment des eaux (Sage). Ce territoire est aussi Bien sûr le film n’omet pas d’évoquer les parcouru par le bassin versant de l’Èvre. Cette Un comité de pilotage pour le suivi racines historiques de ce territoire, traversé rivière se jette dans la Loire, après un parcours de la réalisation du film par les guerres de Vendée, ou encore ces qui lui fait traverser de vastes plaines mais activités industrielles remarquables comme aussi sinuer au milieu de paysages escarpés. Pour y parvenir on a créé un comité de pilotage les mines d’or de Saint-Pierre-Montlimart Si pour la Sèvre on parle parfois de rivière composé de 25 membres représentant toutes qui ont employé jusqu’à 750 mineurs, dont « secrète », l’écrivain Julien Gracq parlait d’eaux les catégories d’acteurs, depuis les agriculteurs beaucoup d’étrangers, ou les petites indus- « étroites » pour décrire celles de l’Èvre. jusqu’aux associations de défense de l’environ- tries de la confection ou de la chaussure nement en passant par les chasseurs, pêcheurs, qui l’ont marqué ou le marquent encore. D’abord une promenade propriétaires fonciers, etc. Ce comité a travaillé Il relate aussi l’évolution de l’agriculture, avec étroitement avec le CPIE et le cinéaste solli- la quasi-disparition du bocage remplacé À l’heure de sensibiliser la population aux cité pour réaliser ce film, Jean-Paul Gislard (2), progressivement par des étendues parfois enjeux de la directive cadre sur l’eau, de la associé au journaliste Yves Boiteau, auteur du importantes dédiées aux cultures irriguées. convaincre de la nécessité d’envisager des tra- commentaire accompagnant les images. Le Les belles images et les témoignages « vrais » vaux de restauration et entretien sur la rivière, parti pris retenu a été de concevoir un film de cette première partie ravivent l’attache- et d’engager la préparation d’un Sage, les élus suffisamment long (70 minutes) qui comporte ment des plus anciens à ce territoire et en et le CPIE se sont trouvés devant une problé- deux parties bien distinctes. font découvrir les facettes aux plus jeunes. Ce n’est que dans un second temps que le Celui-ci a été tourné sur 14 mois, « pour cinéaste s’attache à décrire dans une mise (1) CPIE : Centre permanent d’initiation à l’environ- couvrir les quatre saisons » souligne le en scène sans complaisance les atteintes nement. www.cpie.paysdesmauges.fr cinéaste. Il commence, en quelque sorte subies au fil du temps par la rivière : prises (2) Ex-photographe médical au CHU de Angers, par prendre son temps, pour une prome- d’eau sauvages pour l’irrigation, anciennes Jean-Paul Gislard a tourné vingt-cinq autres films, nade à pas lent, histoire de bien montrer chaussées de moulins au rôle ambivalent, notamment animaliers ou naturalistes, dont « Loire ce qui fait de ces lieux un bassin de vie. décharges sauvages qui l’enlaidissent. Pro- de chez nous, Loire de l’Anjou ». Des « tableaux », des interviews d’habitants gressivement, le diagnostic est ainsi posé

34 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 et précisé, pointant les excès d’azote et de phosphore, les teneurs en pesticides, l’eu- Points de vue Christophe Piton, trophisation préoccupante, etc. président du CPIE Loire et Mauges, maire Jamais sans débat… Jean-Paul Gislard, de La Chapelle-Rousselin cinéaste De commune en commune, de réunion publique en club de retraités, ce film a été vu par près de 4 000 personnes. Mais, sur- « L’élément déclencheur d’une prise de tout, il n’est jamais projeté sans être immé- conscience… » diatement suivi d’un débat. « Alors, qu’en pensez-vous ? » interpelle Jean-Paul Gislard, « À un moment, j’ai failli abandonner… » « Je trouve que le comité de pilotage qui a n’hésitant pas à recourir à l’humour pour suivi la réalisation de ce film “L’Èvre, rêve susciter les échanges. « Cela me rappelle « On m’avait donné un an pour réaliser ce de versants” a effectué un travail remar- ma jeunesse… » avance timidement un travail mais je dois dire qu’à un moment quable. Il y a en effet, en Pays des Mau- premier participant. Puis d’autres se lancent donné, j’ai eu des doutes sur la possibilité ges, autour de ce bassin versant de l’Èvre, à leur tour : « Mais ces moulins et chaus- de faire ce film et j’ai failli abandonner. À des enjeux majeurs dont tout le monde sées dont on parle, il ne faudrait tout de l’issue de certaines discussions, très vives, n’avait pas pleinement connaissance jus- même pas tous les enlever ? ». Ou encore : en comité de pilotage, je ne voyais vraiment que-là. Sans jugement aucun sur tel ou tel « D’accord, les agriculteurs ont eu leur part plus comment mettre tout le monde d’ac- groupe d’acteurs – agriculteurs, collectivités, dans la dégradation, mais ils ne sont pas cord sur une approche commune et sur le industriels ou particuliers –, le film permet les seuls… » Et voilà le débat parti. Au fur et choix des séquences et des images, tant d’en prendre pleinement conscience. En ce à mesure les animateurs du CPIE apportent les divergences étaient fortes. Les défen- sens, il constitue un élément déclencheur des éléments de réponses : « Oui, les pestici- seurs de l’environnement les plus farouches, d’autant plus efficace que des milliers de des sont un problème réel… mais dès chez par exemple, auraient voulu que je montre personnes l’ont vu sur ce territoire. Bien vous vous pouvez faire quelque chose, en systématiquement toutes les prises d’eau sûr, il a parfois suscité des débats un peu les utilisant le moins possible et en tout cas sauvages pratiquées au long de la rivière. vifs, du moins au premier abord, mais, au jamais sur les sols imperméables. » Ou expli- De leur côté, les agriculteurs ne voyaient bout du compte, il contribue à créer un quent, à propos des seuils et chaussées : pas très bien comment l’on pouvait évoquer nouvel état d’esprit propre à faire avancer « Il ne s’agit pas de tous les supprimer mais les cultures intensives ou l’irrigation sans les choses dans le bon sens. Cela devrait pas non plus de tous les maintenir… Une systématiquement les mettre au banc des aider à bâtir de vrais consensus – et non rivière ne peut pas être une succession de accusés. D’autres se disaient choqués de des consensus de façade – pour aller plus bassines au risque d’y limiter la vie. » Un peu voir tant de calvaires ou de clochers appa- loin, notamment autour du Sage dont plus tard on évoquera l’entretien de la ripi- raître au long du film… Mais, qu’on le veuille l’élaboration a été décidée il y a quelques sylve, la reliant aux projets de valorisation du ou non, tous ces éléments sont constitutifs semaines, après des années de réflexions bois déchiqueté qui existent sur les Mauges, de l’identité de ce territoire. Finalement, les jusque-là inachevées. Cette réalisation qui etc. Ces projections permettent encore de membres de ce comité de pilotage sont va nous aider à rattraper le retard que nous parler du contrat restauration entretien, en devenus en quelque sorte mes référents ; avions par rapport à certains autres bas- cours de préparation sur l’Èvre avec l’agence et c’est en misant sur l’attachement de tous sins va sûrement aussi marquer d’autres de l’eau… mais ni le sigle un peu barbare à ces lieux où ils vivent que l’on a pu abor- projets collectifs à venir, par exemple notre de « CRE » ni celui de « SAGE » ne sera pro- der toutes ces questions. Voilà pourquoi schéma de cohérence territoriale (SCOT). noncé. « En revanche, au fil des discussions, on n’aurait pas pu faire ce travail dans une Nous nous y référerons aussi pour élaborer chaque fois que le film est projeté, l’on vidéo de 20 minutes : il était nécessaire le projet « trame verte/trame bleue » issu avance vers cette prise de conscience de la de prendre du temps, de permettre aux du Grenelle de l’environnement auquel le nécessité d’une gestion concertée de l’eau. » spectateurs de se re-baigner, en quelque CPIE travaille en ce moment avec la cham- Via ce film qui met en images le rapport sorte dans ces paysages aquatiques qui sont bre d’agriculture. À ce titre, je suis persuadé affectif que chacun des habitants entretient leur bien commun avant de les amener à que ce film est l’une des initiatives qui nous avec « sa » rivière, se bâtit progressivement l’idée que oui, ils sont en partie en danger permet d’espérer reconquérir à terme, aus- un consensus autour de l’idée qu’il faut pré- et qu’il y a quelque chose à faire pour les sitôt que possible je le souhaite, la qualité server cette richesse et que chacun, à sa préserver et les sauver. Mais assener ces de l’eau sur ce bassin versant de l’Èvre. » mesure, y a un rôle à jouer. « Mais, note vérités-là de but en blanc aurait été contre- Jean-Paul Gislard, cela se construit progres- productif. Mon propos a donc été de dire à sivement. Certains ont même besoin de voir tous : Regardez : vous avez là un territoire le film deux ou trois fois, avant d’être en exceptionnel et vous avez en quelque sorte Le bassin de l’Èvre quelque sorte apaisés face aux enjeux… » le devoir de le sauvegarder ensemble. » • 574 km ².

• 36 communes.

• 65 000 habitants.

• 91 km de cours d’eau principal (près de 500 km avec les affluents).

• 70 anciens moulins (dont 44 sur le cours d’eau principal).

• Coût de l’action : 80 000 euros. Tournage du film « L’Èvre, rêve de versants » par Jean-Paul Gislard et les enfants : Baptiste Drouet, Lune et Violette Porcheret.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 35 Actions innovantes de sensibilisation et de concertation sur l’eau et les milieux aquatiques Mention spéciale le syndicat mixte de la vallée de la Veyre (Puy-de-Dôme) « Rivières d’hier, d’aujourd’hui et de demain », photographies et paroles d’habitants

L’information et le dialogue avec les acteurs de l’eau d’un territoire sont le plus souvent des préalables à la réussite d’actions menées pour la protection de l’eau et des milieux aquatiques. Une telle démarche, initiée en 1999, et mise en œuvre en 2005, se déroule sur la Veyre, à l’initiative du syndicat mixte de la vallée de la Veyre (SMVV) dans le cadre du contrat de rivière. L’une des actions fortes de communication est l’expo- sition photographique : « Rivières d’hier, d’aujourd’hui et de demain, photographies et paroles d’habitants », réalisée en 2007 et récemment complétée.

La sensibilisation du public 2005, 80 classes (d’écoles primaires et scolaire, souligne Stéphanie Lesage, l’en- maternelles) ont bénéficié en moyenne semble des productions scolaires réalisées « L’un des objectifs transversaux du contrat de trois journées d’animation durant au cours de l’année par les élèves lors de de rivière de la vallée de la Veyre et du lac chaque année scolaire. « En fin d’année ces animations est restitué de façon col- d’Aydat est la sensibilisation du public à la nécessité de préserver l’eau et les milieux aquatiques, précise Stéphanie Lesage, ani- matrice au SMVV. Dans ce cadre, nous avons mené depuis 2005 de nombreuses actions pédagogiques qui doivent permettre aux habitants du bassin versant de mieux com- prendre et de mieux maîtriser les impacts négatifs que leur mode de vie peut mal- heureusement avoir sur la ressource en eau, induisant tôt ou tard des dommages qui nécessitent des restaurations coûteuses. »

Les actions de sensibilisation menées

Une part significative des actions du contrat de rivière est consacrée à la sensibilisation. Les principales actions sont les suivantes : é les actions pédagogiques pour les sco- laires : le programme pédagogique est mené en appui avec des conseillers pédagogiques de l’Éducation nationale et le CPIE Clermont-Dômes qui assure la réa- lisation des animations en classe. Depuis Travaux de restauration de la Veyre

36 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Point de vue

Gilles Pétel, président du syndicat mixte de la vallée de la Veyre (SMVV), conseiller municipal de Veyre-Monton.

« Les mauvais gestes vis-à-vis des milieux aquatiques résultent d’une simple méconnaissance, d’un manque d’information »

« Il est désormais bien compris que l’infor- mation et la sensibilisation de nos conci- toyens à la protection de l’environnement sont devenues une action à part entière Action pédagogique menée par le syndicat mixte de la vallée de la Veyre. dans toute action publique d’aménagement du territoire. Le volet “information sensi- bilisation” du contrat de rivière a permis lective. Cette réunion de tous ces travaux é Le bulletin d’information « Le Veyre d’eau » d’engager depuis cinq ans de nombreuses (dessins, maquettes, etc.) donne lieu à de qui présente l’état d’avancement des tra- actions pédagogiques. Elles montrent que fructueux échanges agrémentés d’anima- vaux engagés dans le cadre du contrat de les déséquilibres dommageables à la fois tions proposées aux enfants par le SMVV rivière. Il est diffusé en moyenne chaque pour le milieu et pour l’homme, nécessitant (contes, spectacles de théâtre, spectacle année à 6 500 exemplaires aux habitants des restaurations coûteuses, peuvent être musical). On observe au fil des ans que du bassin versant. évités. Par exemple, nous nous substituons les élèves ont un intérêt grandissant sur aux propriétaires riverains de la Veyre et la ces sujets ; les enfants sont très intéressés é Le site Internet du contrat de rivière Monne pour la prise en charge des travaux par l’explication du fonctionnement du www.smvv.fr est en ligne depuis 2006. de restauration et d’entretien des berges, qui cycle de l’eau, de la station d’épuration, restent des propriétés privées. Cela nécessite, des économies d’eau au quotidien, etc. é Une exposition photographique « Rivières au préalable, de bien informer les riverains Ce programme permet d’aborder les d’hier, d’aujourd’hui et de demain » inau- du but poursuivi par ces travaux. Il est parfois multiples aspects de l’utilisation de l’eau gurée* en 2007. utile de rappeler aux riverains qu’être chez soi auxquels nous sommes confrontés dans « Cette exposition a été réalisée en colla- n’exclut pas le respect de certaines règles : notre travail quotidien. Cette prise de boration avec une quarantaine d’habitants par exemple “le droit de l’eau” qui n’autorise conscience par les enfants est très impor- du bassin versant volontaires, précise Sté- le prélèvement que jusqu’à un certain débit. tante, car c’est la génération de demain phanie Lesage. Il s’agissait de juxtaposer sur Dans ce but nous avons édité le guide de qui, mieux informée, sera à même d’agir des panneaux des photos de sites identiques sensibilisation « Ces milieux où coulent nos dans quelques années pour aller dans le prises par les habitants à trente, voire qua- rivières », à l’attention de l’ensemble des bon sens, celui de la prévention ! » rante années de distance. » Chaque couple habitants du territoire du SMVV, qui pré- de photos ainsi réalisé (appelé « diachro- sente les droits et les devoirs du propriétaire é Les sorties « nature » en période estivale : nie ») est accompagné d’un texte résumant riverain. L’exposition photographique pour elles sont organisées en partenariat avec les paroles du photographe volontaire. Ces laquelle nous avons reçu une mention spé- les offices de tourisme locaux. Ces sorties photos sont accompagnées de panneaux ciale aux Trophées de l’eau 2009 “Rivières sont destinées aux habitants du bassin explicatifs permettant aux visiteurs de pren- d’hier, d’aujourd’hui et de demain…” fait par- versant et aux touristes. Depuis 2005, dre conscience de l’extension de l’urbanisa- tie de cet ensemble d’outils de sensibilisation 200 à 300 personnes participent chaque tion et de ses conséquences sur les milieux des citoyens pour éviter les mauvais gestes année à ces sorties « nature ». aquatiques, de l’importance des embâcles sur vis-à-vis des milieux aquatiques qui résultent certains points de la Veyre et de la Monne, bien souvent d’une simple méconnaissance. é Les documents d’information et les pla- des dérivations de l’eau du lit, etc. Accompagner les habitants du bassin versant quettes qui expliquent le contrat de rivière à les déceler et à les comprendre afin de les et ses objectifs. Par exemple, le guide de Cette exposition a été présentée à plusieurs éviter est une de nos missions essentielles. » sensibilisation « Ces milieux où coulent centaines de visiteurs en différents lieux nos rivières », édité fin 2008 : ce fasci- depuis 2007. « On espère, conclut Stépha- cule présente les différents enjeux aux- nie Lesage, que nos actions de sensibilisa- quels sont confrontés les acteurs publics tion du public vont rendre plus efficaces et pour assurer la gestion des milieux aqua- acceptables les actions que nous menons tiques et décrit le fonctionnement de ces sur le terrain, et auront un impact positif milieux en rappelant les responsabilités de pour que les mentalités changent dans le chacun (guide téléchargeable sur le site bon sens. Chaque citoyen doit être un relais Internet du SMVV, à l’adresse suivante : à son niveau pour que les bons gestes au http://www.smvv.fr/guide.htm). quotidien soient faits afin d’éviter la dégra- dation de la qualité des milieux aquatiques. » En 2009, cette exposition a été complétée de * Exposition réalisée avec l’Observatoire photogra- nouveaux panneaux et cadres afin de suivre phique des territoires du Massif central (OPTMC). l’évolution de l’action du SMVV.

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 37 Actions innovantes de sensibilisation et de nes problématiques, par exemple autour de l’assainissement, ne méritent pas d’être concertation sur l’eau et les milieux aquatiques portées par plusieurs communes, voire dans le cadre d’un SCOT (Schéma de cohérence territoriale). »

Pour Romain Chauvière, de la Mise (Mission Mention spéciale interservices de l’eau), « ce travail, peut- être plus pédagogique que les messages de l’Administration, devrait avoir une réso- le syndicat mixte du Loc’h nance différente. En outre il peut aider les élus à anticiper et à aller même au delà de la réglementation actuelle, dans un esprit de prospective ». On sent ainsi que la ques- et du Sal (Morbihan) tion de l’eau peut être une des entrées vers un développement plus durable en matière d’urbanisme.

Une charte signée par les Un outil méthodologique pour concilier communes en septembre 2009 « Certes, nous avons conçu là un outil pra- gestion de l’eau et urbanisme tique et pragmatique, mais notre syndicat a voulu aller au-delà, souligne Yves Bleunven. C’est pourquoi ce guide est assorti d’une charte d’engagement par laquelle les com- munes s’obligent à le mettre en œuvre à l’occasion de leurs projets. Toutes, mais Ce syndicat a conçu un outil méthodologique, édité sous forme d’un aussi le préfet et nos partenaires, devraient CD-Rom très interactif, quasiment ludique, grâce auquel les élus peuvent la signer en septembre 2009. » Un dispo- sitif de suivi et d’évaluation de cette charte mieux anticiper la gestion de l’eau (assainissement, eaux pluviales, zones a en outre été créé, auquel le syndicat du humides) dans leur développement urbain. Dans une charte signée Loc’h et du Sal affecte un chargé de mission. Il implique, notamment, la désignation de ensemble, les communes s’engagent à l’utiliser. deux référents (un élu et un cadre adminis- tratif) par commune signataire. Ainsi menée « On ne peut plus ne faire qu’entériner les ven, président du syndicat et vice-président en quelque sorte sur un territoire pilote, l’en- prévisions statistiques d’accroissement de du Conseil général. Pour le mener à bien, semble de la démarche a suscité l’intérêt en la population sur notre territoire ! » souligne nous avons constitué un comité de pilotage Morbihan et ailleurs. Francoise Jéhanno, du Christian Gasnier, vice-président du Syndicat auquel participent tous nos partenaires insti- service « Agriculture, environnement et cadre mixte du Loc’h et du Sal. Ce bassin riverain tutionnels : l’agence de l’eau, les services de de vie » du Conseil général du Morbihan, indi- du golfe du Morbihan a vu le nombre de l’Éat, ceux du Département et de la Région, que ainsi : « Le Département envisage de ses habitants s’accroître de 16 % de 1999 à etc. Outre les garanties qu’ils lui apportent, s’appuyer sur cet outil et cette charte, voire 2005 et l’on y prévoit une croissance simi- cela donne aussi de la crédibilité à notre d’inciter d’autres territoires à les adopter laire pour la période en cours. « Il est vrai- démarche. » Dans un premier temps, il fallait dans le cadre de politiques départementales ment temps, avant de se prononcer sur tout sensibiliser. Pour cela le groupe a conçu ce comme celle de l’assainissement. » En outre, projet d’urbanisme, de se demander si et qu’il a appelé le « visuel eau, urbanisme et cette initiative dessine certaines des actions comment il va impacter le milieu récepteur développement des territoires ». Édité sous qui pourraient être mises en œuvre lors de dans chacune de ses composantes. » Dans forme d’un CD-Rom très interactif, quasiment l’élaboration d’un futur Sage sur le secteur la pratique, il est vrai que des maires se trou- ludique, il a vocation à amener chaque élu du golfe du Morbihan. vent parfois un peu démunis pour anticiper à à se poser les bonnes questions face à un ce point les conséquences éventuelles d’une projet. En cliquant sur des croquis et des- autorisation de lotir ou d’un permis d’aména- sins représentant son territoire, il peut, par ger. « En matière d’eaux usées, d’identifica- exemple, constater si telle ou telle opération tion des zones humides, et – à un moindre de construction ou d’aménagement risque Quelques chiffres degré – d’eaux pluviales, les données exis- d’avoir un impact sur les quantités d’eaux tent, mais elles sont rarement coordonnées pluviales à gérer ou sur tel ou tel milieu Le bassin du Loc’h et du Sal ou interfacées. Nous, élus, manquions d’une humide, si sa station d’épuration va pouvoir • 394 km². méthodologie permettant de le faire. » Cette ou non la digérer, ou encore quels pour- méthodologie, innovante en ce sens qu’elle raient en être les effets sur les communes • 22 communes lie urbanisme et gestion de l’eau, le syndi- voisines en aval. Ce volet « sensibilisation » (dont quatre en partie estuarienne). cat du Loc’h et du Sal, de création récente est assorti d’un guide méthodologique qui • 50 000 habitants. (2007) a décidé de la construire à l’intention reprend, en la coordonnant, cette phase de • deux fleuves se jetant dans le golfe du Mor- de ses 22 communes adhérentes, tout en questionnement, mais en la complétant bihan : le Loc’h (dont l’estuaire est la rivière renforçant ainsi sa légitimité. des réponses apportées par les textes, la d’Auray) et le Sal (dont l’estuaire est la rivière réglementation et les documents existants. du Bono). « Cela permet d’ailleurs de dépasser parfois Un comité de pilotage multipartenarial • 6,5 millions de m3 d’eau potable produits le simple territoire communal, note Christian sur ce territoire. « D’emblée nous avons souhaité que ce Gasnier. Le fait de se servir de cet outil peut soit un travail collectif, souligne Yves Bleun- amener les élus à se demander si certai-

38 L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 Actions innovantes de sensibilisation et de Point de vue concertation sur l’eau et les milieux aquatiques

Michel Sorel, directeur développement Mention spéciale des entreprises, CRCI de Bretagne « La mise en œuvre par les entreprises de pratiques de gestion respectueuses de l’eau la Chambre régionale a été réaffirmée à l’occasion de la réflexion prospective des chefs d’entreprise bretons “Bretagne 2015”, afin de répondre aux enjeux de performance économique de l’entreprise de commerce et et de maîtrise environnementale, facteurs d’attractivité essentiels de nos territoires.

“Le guide de la gestion de l’eau en entre- d’industrie de Bretagne prise”, réalisé par les CCI de Bretagne dans le cadre de leur dispositif “Bretagne déve- loppement durable”, en association avec l’agence de l’eau Loire-Bretagne, témoigne Le guide de la gestion de l’eau en entreprise dans ce contexte des actions concrètes mises en œuvre par les entreprises bretonnes à différents niveaux : la consommation et les prélèvements ; les rejets d’eaux usées; la ges- tion des eaux pluviales; le risque de pollution Ce guide, rédigé par les Chambres de commerce et d’industrie de accidentelle; la gestion des eaux d’extinction d’incendie et, enfin, le risque inondation. Bretagne et piloté par la CRCI, s’appuie sur l’exemple de quatre-vingts entreprises bretonnes qui ont mis en œuvre des pratiques de gestion Parce que les entreprises bretonnes ont développé de bonnes pratiques, sensibilisé respectueuses de la ressource en eau. leur personnel, mis en place des process plus économes, moins polluants et des outils À destination des acteurs économiques et bilan économique et environnemental est de surveillance et de pilotage, il est apparu entreprises industrielles de Bretagne, ce donné. important aux Chambres de commerce et guide montre la diversité des actions, enga- d’industrie de Bretagne de le faire savoir gées avec l’appui de l’agence de l’eau, pour Le guide a également un rôle pédagogique et de faire partager ces bonnes pratiques réduire les consommations d’eau et des grâce aux nombreuses rubriques présentées : à l’ensemble des entrepreneurs industriels rejets, mieux gérer des eaux pluviales et les règlementaires, techniques et financières, consommateurs d’eau. Ce guide met ainsi riques de pollution accidentelle et d’inonda- notamment sur les aides financières et fis- en évidence : tion. Les exemples d’actions qu’il présente cales en matière d’économie d’eau. Enfin, • que de nombreuses réalisations ont un sont exhaustifs. Les principales possibilités les sites utiles à consulter dans ce domaine retour rapide sur investissement ; techniques d’amélioration de la gestion de sont indiqués. Édité à 2 000 exemplaires, il • que le personnel des entreprises est par- l’eau en entreprise sont concrètement évo- est à disposition des entreprises des Breta- ticulièrement motivé par les actions ou quées par des témoignages précis de qua- gne ; il est également téléchargeable sur les dispositions mises en œuvre et que sa tre-vingts sites exemplaires. L’intérêt de ce sites des CCI et de l’agence de l’eau, laquelle sensibilisation est porteuse de résultats ; document est d’avoir su allier environnement a étroitement collaboré et soutenu l’édition • et enfin que bon nombre d’entrepreneurs et économie. Pour chaque fiche de cas, un de ce guide. bretons adhèrent pleinement aux valeurs éthiques et sociétales du développement durable. »

Guide téléchargeable sur le site : www.bretagne.cci.fr Contact : Michel Sorel, directeur développement des entreprises CRCI de Bretagne, 1 rue du Général Guillaudot CS 14422 – 35044 Rennes cedex

L’eau en Loire-Bretagne n°79 - Les Trophées de l’eau - Novembre 2009 39 Directeur de la publication : Noël Mathieu Rédacteur en chef : Philippe de Wroczynski

Les trophées remis aux lauréats sont une création de Yann Hervis

Crédits photos : Agence de l’eau Loire-Bretagne, Les Lauréats des Trophées de l’eau 2009 - Jean-Louis Aubert, Alcan Rhénalu, Chambre régionale de commerce et d’industrie de Bretagne, Gwenaël Demont, Jean-Paul Gislard, Loiret Nature Environnement, OR.GE.CO Touraine, SOS Loire Vivante, Syndicat interdépartemental de gestion de l’Alagnon et de ses affluents, Syndicat mixte de la vallée de la Veyre. Visuel de couverture : Dominique Laumay, Carakter D&S, Orléans Maquette : Bruno Cardey (www.forcemotrice.com), Orléans Réalisation : Scoop Communication, Le Kremlin-Bicêtre / DIC AELB Impression : Imprimerie Nouvelle, Saint-Jean-de-Braye - Imprim’vert sur papier Era Pure 100% Pre-print certifié FSC 100% recyclé

ISSN : 0153-9256 / Dépôt légal : Novembre 2009

Agence de l’eau Loire-Bretagne (siège) Avenue Buffon - BP 6339 45063 ORLEANS CEDEX 2 tél. : 02 38 51 73 73 – fax : 02 38 51 74 74 [email protected]

Les délégations Délégation Allier-Loire amont Centre Onslow - 12 avenue Marx Dormoy 63058 CLERMONT-FERRAND CEDEX 1 Tél. : 04 73 17 07 10 - Fax : 04 73 93 54 62 [email protected] Délégation Centre-Loire 7 rue Paul Langevin - 45071 ORLÉANS CEDEX 2 Tél. : 02 38 25 08 40 - Fax : 02 38 25 08 59 [email protected] Délégation Poitou-Limousin 7 rue de la Goélette - BP 40 86282 SAINT-BENOÎT CEDEX Tél. : 05 49 38 09 82 - Fax : 05 49 38 09 81 [email protected] Délégation Anjou-Maine 17 rue Jean Grémillon - 72021 LE MANS CEDEX 2 Tél. : 02 43 86 96 18 - Fax : 02 43 86 96 11 [email protected] Délégation Ouest atlantique 1 rue Eugène Varlin - BP 40521 44105 NANTES CEDEX 4 Tél. : 02 40 73 06 00 - Fax : 02 40 73 39 93 [email protected] Délégation Armor-Finistère Parc technologique du Zoopôle Espace d’entreprise Keraia – Bât. B 18 rue du Sabot - 22440 PLOUFRAGAN Tél. : 02 96 33 62 45 - Fax : 02 96 33 62 42 [email protected]