24 heures | Mardi 29 septembre 2015 «Je ne suis pas vraiment une fille de Londres»

bum est une nouvelle œuvre, ce serait Concert ennuyeux de se répéter. Et si la chanson chante à Pully titre, Give my Love to , est la plus samedi. Interview d’une «grande «Broken English» (1979) marquée en ce sens, elle porte aussi mon dame» marquée de manière imaginaire. Londres n’est pas en train de indélébile par le rock et la poésie Munie de la chanson pourrir, de brûler et de s’effondrer! titre, de The Ballad of «C’est juste moi.» A l’autre bout du fil, Lucy Jordan, d’une Cela va peut-être encore venir? Marianne Faithfull décroche le combiné. reprise de Working Peut-être, mais ce ne sera pas ma faute. Au risque d’un grave manquement à l’éti- Class Hero et d’un quette, on a failli la prendre pour une Why’d Ya Do It très Avez-vous capturé l’esprit employée de maison de disques… La voix punk, cette pièce maîtresse de la de Londres? enténébrée de la chanteuse – qui réson- discographie d’une Marianne Faithfull Ce n’était pas le but, mais j’en serais ravie. nera samedi sur la scène de l’Octogone de définitivement installée dans les Cela fait vingt-cinq ans que je n’y vis plus Pully – ne laisse pourtant aucune place au registres d’outre-tombe comprend, en – je vis entre et Dublin –, je ne suis doute. A travers l’éther, l’ange de la mort réédition, son fameux . pas vraiment une fille de Londres. profère même quelques fuck. La mort, l’égérie sixties des Rolling Stones l’a ré- «» (1999) Un une fois de plus très rock… cemment frôlée de près: infectée par une Tout ne l’est pas strictement, mais bactérie suite à une opération d’une han- «Mon meilleur album n’oubliez pas d’où je viens et avec qui j’ai che, la mère supérieure du rock anglais jamais réalisé.» La travaillé… Cela m’a affectée jeune, je ne aurait pu y laisser sa peau. «Que Dieu chanteuse n’hésite pas pourrais même pas dire que j’aime le rock bénisse les Français! s’exclame-t-elle sans à qualifier ainsi cette – il s’est imposé dans mon travail –, j’ac- aucune perfidie d’Albion, ils m’ont guérie perle trop méconnue, cepte l’inspiration qui m’est donnée. après trois mois d’hôpital. Je suis de re- produite par Daniel tour au boulot et je serai en forme, n’ayez Lanois. Citant son ami ou Une malédiction ou une bénédiction crainte.» A ce moment, la seule crainte , celle qui vient de à laquelle vous ne pouvez échapper? qui nous traverse l’esprit serait de froisser réinterpréter Weill et Brecht trouve des Je n’essaie même pas! Et ce n’est certaine- celle qui vient de publier une vénéneuse accents élégiaques inédits, à l’écart de ment pas une malédiction! et très rock déclaration d’amour à sa ville ses énervements du rock. Du grand art. natale, l’album . A la maison, vous écoutez Schubert? «Give my Love to London» Beaucoup de jazz, d’opéra, du Mozart, du Il y a quatre ans, à Paris, vous Brahms et, oui, du Schubert. n’aimiez pas être traitée de «reine (2014) du rock». Vous n’avez pas changé? Les années 2000 L’époque qui vous fascine et la Fuck off! Un cliché! Je suis musicienne, je voient Marianne personne que vous auriez été? chante, j’écris, j’aime le live, mais la Faithfull renouer Le XVIIIe. Et là, j’aurais pu être la reine. «reine du rock», ce n’est pas moi. indéfectiblement avec Enfin, plutôt une grande dame. Mais j’en le rock et ses cadets suis une! Quand il s’agit d’enregistrer Give (Billy Corgan, Blur, Pulp, PJ Harvey, Cat Boris Senff my Love to London, les jeunes se Power…). Ce dernier morceau de bousculent pourtant à votre trône… bravoure ne fait pas exception (avec Pully, Théâtre de l’Octogone Ils ne «visitent pas mon trône». Ce sont , , …) Samedi 3 octobre (20 h 30) des musiciens qui ont envie de travailler en soufflant sur les braises du passé. Rens.: 021 721 36 20 avec moi et inversement. Ils me choisis- www.theatre-octogone.ch sent autant que je les choisis.

Mais vous avez le chic de pouvoir travailler avec n’importe qui: personne ne peut vous dire non? Si je le veux vraiment, je le peux, oui! Mais je ne travaille pas avec n’importe qui – je suis quelqu’un de difficile.

Cette fois, après PJ Harvey, la seule femme à collaborer est Anna Calvi. Que vous apporte-t-elle? J’aime Anna, elle est fantastique, et pas du tout de la même façon que Polly Jean. Elle est venue avec sa guitare me rendre visite à Paris dans mon charmant appartement de Montparnasse. Nous nous sommes as- sises, regardées dans les yeux, et j’ai ajusté les paroles que j’avais préparées. Anna est très romantique. Moi, je ne le suis pas particulièrement…

Votre dernier album est-il un exercice de retour sur votre passé? Oh man, ce n’est rien de le dire, ce sont mes paroles, elles ont toujours ne se- rait-ce qu’une légère dimension autobio- graphique. En 1994, j’ai écrit une autobio- graphie colérique, c’était comme poser une lourde valise, je n’avais ainsi plus à revenir sur mon passé. Mais chaque al- Le noir va si bien à Marianne Faithfull, lady des sentiments ténébreux. LDD