Laurent Terzieff
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GERARD CAUSSE ET (LA VOIX DE) LAURENT TERZIEFF SUITES DE BACH ET TEXTES DE RILKE J.S. Bach, Les 6 Suites de danses ou J.S. Bach, extraits des Suites – R.M. Rilke, poèmes et textes choisis Il y a des rencontres qui marquent, celle de Gérard Caussé et Laurent Terzieff en fut. Il y a des musiques et des poèmes qui vous obsèdent, comme Bach pour Gérard Caussé et Rilke pour Laurent Terzieff. Depuis l’enfance, Gérard Caussé rêvait d’interpréter les Suites de Bach à l’alto - instrument dont jouait le Cantor de Leipzig et dont les cordes sont identiques à celles du violoncelle… En 2010, il proposait à Laurent Terzieff une nouvelle collaboration pour créer un spectacle autour des suites de Bach et de textes choisis et dits par le comédien. Pour les deux artistes, ce programme était essentiel : le rêve de Gérard d’interpréter ces Suites - suites si intenses dont la nature dansante est révélée à l'alto - devenait une nécessité et Laurent disait se nourrir des textes de Rilke. Le sentiment d’urgence de Laurent Terzieff à partager ces textes fut telle qu’il invita Gérard à une séance d’enregistrement pendant laquelle il livra 20 minutes de textes de Rilke, qui devaient devenir son testament. Il décédait 3 semaines plus tard. Sous forme de récital ou d’un spectacle dont la forme reste encore à affiner, Gérard Caussé joue de longs extraits des Suites de Bach en alternance avec les textes de Rilke enregistrés par Laurent Terzieff. Disponible toute l’année Les Suites de danses à l’alto « … Chacun sait combien la réalité a peu de prise sur l’imaginaire d’un enfant : je devais apprendre plus tard que ces Suites étaient destinées au violoncelle, mais elles se devaient rester comme le monument offert à mon devenir d’altiste. J’avais un atout majeur… Bach jouait de l’alto. Comment ne pas l’imaginer œuvrant à la création de ces Suites, questionnant, questionné, chevillé à son alto ? Quelle appropriation proposée ! Rappelons que l’alto se joue sur quatre cordes identiques à celles du violoncelle (do, sol, ré, la). Bach lui-même ne s’offusquait nullement de transcrire. Ainsi en est-il de la Chaconne de la Partita n°2 pour violon seul, transcrite pour luth. L’ouverture musicale, apportée par la résonnance d’un instrument autre, faisait partie de ses cordes. Chercherais-je à me justifier de quelque imposture ? Je ne peux que plaider pour une passion intemporelle et pour la croyance que je porte en mon propre instrument. Il suffit de se pencher sur la Suite n°4 ! Tant de violoncellistes se disent en proie à sa particulière difficulté technique. Mais cette Suite s’inscrit à l’alto dans une indéniable fluidité, ce qui m’est souvent rapporté à l’issue de concerts. Elle sonne d’évidence. Pour quel instrument fut-elle conçue ? Ces propos n’ont rien de polémique. Ils témoignent de mon questionnement au regard des ces six Suites de danses destinées au violoncelle et répertoriées comme telles. Bach… Rilke Le cheminement fut long jusqu’à oser poser la première note sur un support. Proposer une autre lumière, une autre couleur, mais aussi une autre diction, une autre articulation, pour autant qu’il s’agisse d’un texte biblique : en proposer une autre lecture. En effet, ces six Suites de danses intérieures, de ravissement et profondeur, de grâce et méditation n’appelaient-elles pas, chacune, un temps de respiration avant la suivante ? Comme une invite à se ressourcer dans son écoute profonde, souffle intense, se dessaisir, et se ressaisir… Peut-être ai-je aussi résonné au poème de Rilke « Pour écrire un seul ver il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses… », un long poème de cheminement jusqu’à trouver, se trouver au cœur de son propre geste musical ou d’écriture. Dès lors, Laurent Terzieff m’apparut d’évidence. Laurent fut un grand compagnon de route pour moi. Référence première d’un être refusant les compromis d’une place définie. Nous avions ensemble imaginé et vécu n concert où ses lectures, choisies par lui en hommage à sa compagne Pascale de Boysson, alternaient avec Pergolèse et Arvo Pärt, que je dirigeais. Nous fûmes soulevés d’émotion, notre auditoire aussi. Nous sommes restés main dans la main, peu de mots, beaucoup de silence et une certitude : celle de nous être rencontrés. Laurent devenait pour moi celui qui donnerait une respiration, je dirai presque existentielle, à la densité immense de chacune de ces Suites. Je l’appelai pour lui faire part de ma rêverie, qui , chaque jour, s’imposait avec plus de conviction. Entérinant d’emblée mon projet, Laurent me demanda de venir sans délai. Laurent était là, déjà, m’attendant , tenant en main ses textes, dans une détermination dont je pus mesure qu’elle était sans retour. Dans les semaines qui suivirent, j’appris son décès. Laurent Terzieff nous laisse sans doute sa toute dernière lecture, destinée à être écoutée : les poèmes de R.M. Rilke , mêlant sa voix à celle de J.S. Bach portée par mon alto. » Gérard Caussé www.youtube.com/watch?v=NUL-A6cobN0 J.S. Bach, extraits des Suites R.M. Rilke, poèmes et textes choisis Rilke, La Solitude : « Pour écrire un seul ver il faut avoir vu beaucoup de villes » Rilke, Telle est la nostalgie : « Telle est la nostalgie, habiter sur les vagues » Rilke, Parfois elle sent : « Parfois elle sent, la vie est grande, plus sauvage que les fleurs » Rilke, Jeune fille : « La vague ne se tait jamais, ni vous non plus, comme elle » Rilke, Parfois au fond de la nuit : « Parfois au fond de la nuit, le vent comme un enfant s’éveille » Rilke, Solitude : « La solitude est pareille à ces plaisirs montant de la mer » Rilke, Le Livre de Images - Le jeune garçon : « Je voudrais devenir un de ceux-là qui passent dans la nuit » Rilke, Chant de l’amour et de la mort du cornette Christoph Rilke : « Chevaucher, chevaucher, chevaucher, le jour, la nuit, le jour » Rilke, Musique : « Musique, haleine des statues peut-être, silence des images » Rilke, Vois-tu, je veux beaucoup : « Vois-tu, je veux beaucoup, peut-être tout, l’obscurité » Rilke, Jours d’automne : « Seigneur, le temps est proche, l’été fut grand » Rilke, Le Livres des Images - Heure grave : « Quiconque pleure à présent quelque part dans le monde » Rilke, Le Livre d’heures - Le livre de la pauvreté et de la mort - Seigneur donne à chacun : « Seigneur, donne à chacun sa propre mort » Rilke, Poésies nouvelles -Le Carrousel : « Avec un toit que suit son ombre » Rilke, Elégies de Duino - 2ème Elégie : « Tout ange est terrible, malheur à moi » Rilke, Elégies de Duino - 9ème Elégie : « Terre, n’est-ce pas ce que tu veux : invisible en nous, renaître? » Rilke, Face au ciel : « Toujours, bien que nous connaissions l’amour et son paysage » Rilke, Epitaphe : « Rose, ô pure contradiction, volupté de n’être le sommeil de personne » LES SIX SUITES DE DANSES Les Six Suites de danses ont été composées en 1720, lors d’une des rares périodes où J.S. Bach n’avait pas en charge l’écriture de pièces religieuses. Le violoncelle, qui était jusqu’alors en Allemagne utilisé le plus souvent en continuo, trouve ici certaines de ses plus belles pages. Leur écriture est moins polyphonique que celle des partitas pour violon seul, la disposition des cordes ne permettant à l’archet de faire sonner que 2 cordes adjacentes simultanément. Bien que le violoncelle soit un instrument mélodique, Bach réussit à donner la sensation à l’auditeur d’entendre plusieurs lignes mélodiques en même temps. Il introduit l’harmonie et le contrepoint en limitant chaque mélodie à un registre propre et peu étendu et en faisant entendre des fragments successifs de chaque mélodie alternativement à l’autre. Les Six Suites sont construites dans la forme de la suite baroque traditionnelle ; les quatre danses anciennes « obligatoires » : allemande, courante, sarabande et gigue, précédées d’un prélude et avec un menuet, une bourrée ou une gavotte avant la gigue. Ces danses préfigurent la forme sonate : pièce au contrepoint très structuré, l’allemande est l’ancêtre de l'allegro de sonate ; la sarabande est l’ancêtre du mouvement lent ; les « galanteries » (pièces « doubles» : menuet, gavotte ou bourrée, dont la première partie est dans la tonalité principale et la deuxième dans la tonalité relative ) est l'ancêtre du scherzo-trio ; enfin, la gigue est l’ancêtre du mouvement vif conclusif. GÉRARD CAUSSÉ Gérard Caussé est salué dans le monde comme l’un des grands virtuoses de son instrument et, depuis Primrose, il est l’un des rares qui ont su rendre à l’alto sa liberté d’instrument soliste à part entière. Il est membre fondateur et alto solo de l’Ensemble Intercontemporain et altiste du Quatuor Via Nova. Sa rencontre avec Gidon Kremer est déterminante, son activité de chambriste se partagera avec celle de Soliste. Il est régulièrement invité par les grandes formations Européennes, en Asie, ainsi qu’en Amérique du Sud, dans un répertoire très large allant du baroque jusqu'à Berlioz, Bruch , Bartok, Stravinsky, Britten, Walton et Martinu en passant par Mozart, qui selon lui, est le premier à avoir compris le rôle d’arbitre de l’alto. Il se consacre également à étoffer le répertoire de son instrument et de nombreux compositeurs écrivent pour lui : Gérard Masson, René Koering, Griffith Rose, Gérard Grisey, Emmanuel Nunes, Michael Jarrell, Philippe Hersant, Michaël Levinas, Pascal Dusapin, …entre autres. Récemment, il a créé le Double Concerto de Wolfgang Rihm pour alto et clarinette, avec l'O.N.F.