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Revista de Lenguas Modernas, N.° 28, 2018 / 99-117 / ISSN: 1659-1933

La Main de Maupassant: une nouvelle

Helena Brian Quérè Estudiante en Maestría Académica en Literatura Francesa Universidad de Costa Rica, sede Rodrigo Facio

Résumé L´œuvre choisie c´est La Main de Maupassant, une nouvelle fantastique, qui paraît en 1883 dans la revue Le Gaulois du 23 décembre 1883 puis dans le recueil Contes du jour et de la nuit en 1885. Le narrateur est juge d´instruction dans une petite ville et raconte des faits qu´il a lui-même vécus. Maupassant se caractérise par l´utilisation du réalisme lors des descriptions et le choix de thèmes qui ont un rapport avec la vie quoti- dienne. De plus, un certain pessimisme marque ses écrits, développant souvent des thèmes de la folie, de la mort comme dans La Main (1885). Puis, Maupassant a recours au fantastique. Il est l´un des « Maîtres in- contestés » du conte fantastique français. Maupassant est influencé par Edgar Allan Poe mais il garde son originalité. Dans cet article nous nous posons comme question dans quelle mesure, l´œuvre choisie, La Main, est une nouvelle fantastique ?

Mots clés : Guy de Maupassant, la nouvelle fantastique, le réalisme, le pessimisme

Resumen El texto escogido es La Main de Maupassant, un cuento fantástico, que aparece en 1883 en la revista Le Gaulois el 23 de diciembre de 1883, y luego en Contes du jour et de la nuit en 1885. El narrador es juez en un pequeño pueblo de Francia y cuenta unos hechos que él mismo ha vivido. Maupassant se caracterizó por utilizar el realismo en sus descripciones y escoger temas que tienen que ver con la vida cotidiana. Además, un cierto pesimismo marca sus escritos, desarrollando muy a menudo te- mas de locura y de muerte como en La Main (1885). Maupassant utiliza

Recepción: 121-09-17 Aceptación: 20-02-18 100 Revista de Lenguas Modernas, N.° 28, 2018 / 99-117 / ISSN: 1659-1933 además lo fantástico. Es uno de los maestros del cuento fantástico francés. Maupassant fue influenciado por Edgar Allan Poe pero sin dejar su originalidad. En este trabajo, nos preguntamos: ¿En qué medida, el texto escogido, La Main, es una novela fantástica?

Palabras claves: Guy de Maupassant, novela fantástica, realismo, pesimismo

Introduction surnaturel, nous nous interrogeons sur la spécificité générique du mode narra- uy de Maupassant est un tif. Maupassant étant connu comme un écrivain français. Il est né le conteur, nous nous demandons dans G5 août 1850 au château de quelle mesure La Main est-elle une Miromesnil, Tourneville-sur-Arques, nouvelle fantastique ? près de . Pour répondre à cette question nous Maupassant a publié près de 300 allons tout d´abord étudier l´organisa- nouvelles, six romans, plusieurs contes, tion de l´œuvre, c´est-à-dire, l´intrigue, et des chroniques pour des journaux. le narrateur et les personnages. En- Cependant en 1877 il est atteint de sy- suite, nous analyserons en quoi cette philis. Il décide de s´éloigner du milieu nouvelle est-elle fantastique. Donc littéraire, puis il commence à écrire de nous étudierons les caractéristiques de moins en moins à cause de sa maladie. la nouvelle, du réalisme et du fantas- Il souffre de migraines nerveuses, il tique. Ensuite, nous allons voir la mort abuse de l´éther, il est fatigué et il a et le pessimisme chez Maupassant. des dépressions. C´est à partir de 1891 Nous nous centrerons sur le passage qu´il cesse d´écrire complètement dû morbide présent dans cette nouvelle, à ses hallucinations visuelles qui le puis nous définirons le pessimisme et sa rendent fou. Il tente de se suicider en présence dans celle-ci, et nous analyse- 1892, il est donc interné dans une cli- rons la perception de la vie d´après Mau- nique, où il meurt peu avant l´âge de passant (une vision pessimiste de la vie). 43 ans, le 6 juillet 1893, de paralysie générale comme son frère Hervé qui meurt fou en 1889. 1. L´organisation de l´œuvre La Main paraît en 1883 dans la re- vue Le Gaulois du 23 décembre 1883 1.1. L´intrigue puis dans le recueil Contes du jour et de la nuit, en 1885. C´est l´histoire de C´est le narrateur qui nous intro- M. Bermutier, juge d´instruction, qui duit l´histoire, qui nous la raconte, qui se trouve face à un crime inexplicable nous donne des informations utiles à , et il commence à raconter un pour comprendre ce qui se passe. Mais, fait qu´il avait vécu à Ajaccio. comment cette intrigue est-elle or- Étant donné que nous sommes ganisée ? Quels sont les événements devant une narration dont les faits les plus importants ? Comment l´his- peuvent nous plonger dans un uni- toire est-elle narrée ? Quelles sont les vers où les incidents relèvent du actions principales ? BRIAN. La Main de Maupassant: une nouvelle fantastique 101

Le récit est écrit à la troisième per- Saint-Cloud ») jusqu´à la ligne 28 (« En- sonne du singulier (« on », « il ») puis fin, voici les faits »). Cette première quand il y a un changement de nar- partie se situe avant le récit de M. Ber- rateur, le récit est écrit à la première mutier. Ce sont des récits enchâssés, personne du singulier (« je »). Au dé- c´est-à-dire, un récit s´insère dans un but de l´histoire le narrateur omnis- autre plus important. À partir de l´ex- cient nous situe dans un cadre géogra- plication d´un autre crime, le juge d´ins- phique (Paris), ensuite nous présente truction commence à raconter une de M. Bermutier (le juge d´instruction) ses expériences. Cette deuxième partie et ce qu´il est en train de faire (il est commence à la ligne 29 (« J´étais alors en train de donner son avis sur une juge d´instruction à Ajaccio, une petite affaire mystérieuse de Saint-Cloud). ville blanche, couchée au bord d´un ad- Nous n´avons aucuns indices tempo- mirable golfe qu´entourent partout de rels (pas de jour ni de date ni l´heure hautes montagnes ») jusqu´à la ligne ni l´époque ni l´année…). Puis sur le 166 (« Voilà, mesdames, mon histoire. lieu nous n´avons pas beaucoup de ren- Je ne sais rien de plus. »). Cette partie seignements (« Paris », « debout, le dos M. Bermutier raconte les faits dont il à la cheminée »). Nous ne savons pas a été témoin. Elle correspond au deu- exactement où sont-ils (M. Bermutier xième récit qui est inséré dans l´his- et les autres personnages). Ensuite, toire en général. Ce deuxième récit est le narrateur omniscient nous indique le plus important en réalité. Et finale- qu´il y a des femmes présentes (« Plu- ment, le dénouement qui va de la ligne sieurs femmes s´étaient levées pour 167 (« Les femmes, éperdues, étaient s´approcher et demeuraient debout »). pâles, frissonnantes. ») jusqu´à la ligne Cependant, nous n´avons aucune in- 178 (« Je vous avais bien dit que mon formations de ses femmes-là (prénom, explication ne vous irait pas. »). Ici il y nom, qui sont-elles, que font-elles). a un retour au narrateur omniscient, Nous ne savons rien de plus. Puis il y a il reprend la parole, et il y a aussi un le magistrat (« Le magistrat se tourna retour au premier récit. vers elle »). Mais il n´y a pas plus de Le deuxième récit est le plus im- renseignements sur ce personnage. portant parce que c´est là où l´intrigue, Nous remarquons qu´au début de l´action nous intéresse. Nous pouvons cette nouvelle nous avons la présen- diviser la deuxième partie du récit de tation des personnages puis l´intro- cette façon : la première partie com- duction du récit (le surnaturel). Lors- mence à la ligne 29 (« J´étais alors juge qu´une des femmes dit : « C´est affreux. d´instruction à Ajaccio. ») jusqu´à la Cela touche au “surnaturel”. On ne ligne 88 (« C´été une drap japonaise. »). saura jamais rien ». Cette phrase in- Cette première partie correspond à troduit le thème du récit. l´introduction. La présentation des Le récit peut être divisé de cette personnages (le juge d´instruction et façon : la première partie (l´introduc- l´Anglais), le lieu (Ajaccio), la routine, tion du récit) commence à la ligne 1 la rencontre des personnages. Ensuite, (« On faisait cercle autour de M. Ber- la deuxième partie commence à la ligne mutier, juge d´instruction qui donnait 89 (« Mais, au milieu du plus large son avis sur l´affaire mystérieuse de panneau, une chose étrange me tira 102 Revista de Lenguas Modernas, N.° 28, 2018 / 99-117 / ISSN: 1659-1933 l´œil. ») jusqu´à la ligne 158 (« On ne verbaux, passé et présent (« a », « re- découvrit rien. »). Celle-ci c´est la rup- trouvons »). C´est un présent de vérité ture avec le réel, c´est la description générale. Cela rend le récit encore plus de cette main affreuse accrochée au mystérieux. Le suspense continue, ils mur de l´Anglais. Puis l´assassinat de n´ont pas trouvé la réponse. Nous re- celui-ci, un mystère, un crime inexpli- marquons aussi l´utilisation du passé cable. Personne n´y comprend. Et fina- simple « J´appris », « s´occupa », « se lement, la troisième partie commence firent », « prétendit », « affirma ». C´est à la ligne 159 (« Or, une nuit, trois mois une histoire qui s´est déjà passée. Elle après le crime, j´eus un affreux cauche- reste dans le passé. mar. ») jusqu´à la ligne 166 (« Voilà, Nous ressentons la même chose mesdames, mon histoire. Je ne sais que le narrateur (ses sentiments, ses rien de plus. »). Cette dernière partie émotions). Il est perturbé par tous ses c´est le dénouement, la chute du récit. crimes lorsqu´il dit : « J´avais la tête Ils ont retrouvé l´affreuse main, mais il pleine de ces histoires ». Ceci prouve n´y a aucune explication concrète pour qu´il est humain comme le lecteur, ce crime. Le narrateur même le dit à la une personne comme les autres qui a fin. Aucune explication réelle, objective été touché par tous ses événements. Le est possible, même pas pour le lecteur. lecteur s´identifie chaque fois plus avec Le personnage se présente : « J´é- le narrateur. tais alors juge d´instruction ». Il nous Ensuite nous avons la conjonction donne le lieu exact « À Ajaccio, une pe- de coordination « or » qui marque le tite ville blanche, couchée au bord d´un début d´une autre idée. Le narrateur admirable golfe qu´entourent partout nous présente le personnage de l´An- de hautes montagnes. ». Il nous décrit glais : « Or, j´appris un jour qu´un An- le lieu. Le lecteur s´imagine comment glais venait de louer pour plusieurs an- est le lieu où va se dérouler l´action. nées une petite villa au fond du Golfe. » C´est un lieu « normal », tranquille, Le narrateur nous décrit le personnage petit, rien d´extraordinaire. Cepen- sans beaucoup de détails. C´est un per- dant, nous n´avons aucun indice de sonnage clé dans l´histoire. Mais c´est temporalité. Cette première présenta- un personnage qui semble « normal », tion du personnage et de son métier rien d´extraordinaire, c´est juste un permet au lecteur de se sentir à l´aise, étranger qui est venu vivre dans ce pe- c´est un personnage tout à fait nor- tit village en . Au fur et à mesure mal, quelqu´un de la vie quotidienne, que le récit avance, l´Anglais devient de sérieux et responsable. Le lecteur un personnage qui attire l´attention a confiance dans le narrateur, M. Ber- du village. Le narrateur nous décrit sa mutier. C´est quelqu´un qui a de l´ex- routine « vivait seul dans sa demeure, périence et il sait ce qu´il fait. ne sortant que pour chasser et pour Nous remarquons l´utilisation de pêcher ». C´est quelqu´un de solitaire : l´imparfait (« J´étais, « C´étaient », « je « Il ne parlait à personne, ne venait ja- n´entendais », « J´avais »). C´est le nar- mais à la ville, et chaque matin, s´exer- rateur-personnage qui parle et raconte çait pendant une heure ou deux, à tirer une expérience de son passé. Nous re- au pistolet et à la carabine ». Il ne se trouvons aussi un mélange de temps mélange pas avec les gens du village BRIAN. La Main de Maupassant: une nouvelle fantastique 103 et cela provoque une certaine réaction chassé l´homme. C´est un homme fort chez les villageois : « Des légendes se et grand, courageux et mystérieux. firent autour de lui ». C´est un person- Nous rentrons dans la deuxième nage solitaire et mystérieux. partie du récit, lorsque le narrateur Le narrateur veut connaître ce est attiré par quelque chose : « Mais, personnage pour avoir plus d´informa- au milieu du plus large panneau, une tions. C´est un narrateur qui ne sait chose étrange me tira l´œil ». Nous pas plus que le lecteur. Il a réussi à sa- avons une rupture grâce à l´utilisa- voir le nom du personnage : Sir John tion de la conjonction de coordination Rowell. Le narrateur le surveille mais « Mais » qui introduit une nouvelle en réalité il ne trouve rien de suspect. idée, pensée ou situation. Le narrateur Le lecteur se sent plus rassuré. Ce- nous indique où, mais il ne nous dit pendant, les rumeurs continuent, donc pas tout de suite ce que c´est. Il laisse M. Bermutier décide de rencontrer ce le suspense. Le narrateur précise l´en- personnage et de le connaître. Nous re- droit : « Sur un carré de velours rouge, marquons une gradation lorsqu´il dit : un objet noir se détachait ». Ensuite, « Cependant, comme les rumeurs sur « Je m´approchais », le narrateur doit son compte continuaient, grossissaient, se déplacer pour voir cela. Comme lec- devenaient générales, je résolus d´es- teur nous suivons les pas du narrateur. sayer de voir moi-même cet étranger, et Finalement, il révèle le mystère : « c´é- je me mis à chasser régulièrement dans tait une main, une main d´homme ». les environs de sa propriété ». Nous Le lecteur se pose des questions et avons l´impression que les rumeurs de- nous avons l´impression que le narra- venaient de plus en plus grandes. teur nous répond, il nous décrit cette Enfin le narrateur fait connais- main : « Non pas une main de sque- sance de cet Anglais, il nous fait une lette, blanche et propre, mais une description physique de celui-ci : main noire desséchée, avec les ongles « C´était un grand homme à cheveux jaunes, les muscles à nu et des traces rouges, à barbe rouge, très haut, très de sang ancien, de sang pareil à une large, une sorte d´hercule placide et crasse, sur les os coupés net, comme poli ». Le narrateur le fréquente plu- d´un coup de hache, vers le milieu de sieurs fois. Ils ont déjà une certaine l´avant-bras ». C´est surprenant, cela confiance entre eux. Puis un jour, le fait peur. Le narrateur continue à nous narrateur est invité à entrer chez l´An- donner plus d´informations : « Autour glais. M. Bermutier a été très bien du poignet, une énorme chaîne de fer, reçu. L´Anglais lui raconte sa vie, puis, rivée, soudée à ce membre malpropre, à un moment donné il dit qu´il avait l´attachait au mur par un anneau as- beaucoup chassé l´homme. Cela attire sez fort pour tenir un éléphant en l´attention du narrateur et du lecteur. laisse ». Le narrateur demande à l´An- Nous nous demandons est-ce que chas- glais ce que c’est que cela. Et l´Anglais ser l´homme est normal ? Nous com- répond tranquillement « c´été ma meil- mençons à connaître mieux ce person- leur ennemi. Il vené d´Amérique. Il nage. C´est un passionné de la chasse avé été fendu avec le sabre et arraché et des armes, il n´a pas mal voyagé, la peau avec un caillou coupante, et sé- il a eu plein d´aventures, il a même ché dans le soleil pendant huit jours ». 104 Revista de Lenguas Modernas, N.° 28, 2018 / 99-117 / ISSN: 1659-1933

L´Anglais n´a rien caché, il raconte son du cadavre et la position de celui-ci. Le aventure de façon naturelle et tran- narrateur est précis, observateur. Le quille. La réaction de l´Anglais est sus- narrateur donne son avis : « tout an- pecte. Cela rend le personnage encore nonçait qu´une lutte terrible avait eu plus mystérieux. Nous observons une lieu », c´est une supposition que fait contradiction lorsqu´il dit « meilleur M. Bermutier, qui est juge d´instruc- ennemi ». L´Anglais nous donne l´infor- tion et qui sait sur ces choses-là, c´est mation nécessaire et détaillée. Le nar- son domaine, son métier. Il nous an- rateur revient à cette main affreuse : nonce comment l´Anglais a été assas- « Je touchai ce débris humain qui avait siné (étranglé). Nous avons la cause de dû appartenir à un colosse. Les doigts, mort puis la description. Une descrip- démesurément longs, étaient attachés tion qui dégoûte le lecteur : « On dirait par des tendons énormes qui retenaient qu´il a été étranglé par un squelette ». des lanières de peu par places. Cette Cette phrase perturbe énormément le main était affreuse à voir, écorchée narrateur et le lecteur : « Un frisson ainsi, elle faisait penser naturellement me passa sur le dos, et je jetai les yeux à quelque vengeance sauvage ». Encore sur le mur, à la place où j´avais vu ja- une fois le narrateur nous décrit cette dis horrible main d´écorchée. Elle n´y main horrible. Ce qui perturbe le plus était plus. La chaîne, brisée, pendait ». c´est la chaîne à laquelle cette main Nous ressentons exactement la même est attachée. Le narrateur demande à chose que le narrateur. Le narrateur l´Anglais pourquoi il a besoin de cette associe le squelette avec la main hor- chaîne. L´Anglais répond : « Elle voulé rible. Cette main n´est plus là. Est-ce toujours s´en aller. Cette chaîne est né- que c´est une coïncidence ? Le narra- cessaire. » Le narrateur comme le lec- teur découvre dans la bouche du ca- teur, se demande si cet Anglais est-il davre un des doigts de la main dispa- fou ou il plaisante. Après cette situa- rue qui avait été coupé par les dents. tion le narrateur revient plusieurs fois Est-ce que ce doigt appartient-il à cette chez l´Anglais. main affreuse disparue ? Le narrateur Le narrateur nous donne un in- dit qu´ils n´ont rien trouvé de plus, dice temporel : « Une année entière aucune piste de l´assassin : « Aucune s´écoula ». Pendant un an, rien de par- porte n´avait été forcée, aucune fe- ticulier était arrivé. Nous avons encore nêtre, aucun meuble. Les deux chiens une fois la conjonction de coordination de garde ne s´étaient pas réveillés » « Or » : « Or, un matin, vers la fin de Aucune explication rationnelle pour novembre, mon domestique me réveil- résoudre ce crime. Nous supposons que la en m´annonçant que sir John Rowell cette terrible main à commis tel crime avait été assassiné dans la nuit ». Nous mais cela ne semble pas réel, pas pos- retrouvons plusieurs indices tempo- sible et pas logique. Le narrateur com- rels : « un matin », « fin novembre », « la munique ce crime aux magistrats et nuit ». Cela permet de situer le lecteur, aux officiers, une enquête dans tout le de rendre le récit réel. Une nouvelle si- village a été réalisée mais ils n´ont ja- tuation se présente. Le narrateur nous mais découvert l´assassin. décrit la scène du crime. Nous imagi- Le narrateur nous raconte qu´il a nons la situation, puis la découverte eu des cauchemars par rapport à ce BRIAN. La Main de Maupassant: une nouvelle fantastique 105 crime, qu´il voyait cette main affreuse. la transmet au lecteur. Le narrateur Un jour ils ont trouvé la main dans le ci- n´en sait pas plus que le lecteur, nous metière où John Rowell était enterré. Au- sommes au même niveau, il raconte ce cune explication logique. Et, à cette main qu´il a vécu. C´est un point de vue sub- lui manquait un doigt. Cette dernière jectif car nous n´avons que la version de partie c´est la chute, le dénouement. M. Bermutier. Cependant, nous nous Nous remarquons la présence de identifions avec celui-ci, il nous permet dialogues. C´est un discours indirect de rentrer dans ses pensées. Nous réa- libre, le narrateur nous rapporte les pa- gissons de la même façon que le narra- roles de certains personnages, comme teur (, l´angoisse, le doute). celui de l´Anglais ou du médecin. Nous avons un discours indirect, celui des 1.2. Le narrateur domestiques. Ces discours-là rendent le récit plus réel, les discours donnent vie Dans ce récit, le narrateur est om- aux personnages. En général, les paroles niscient. Il sait tout, il connaît tout. Au rapportées des personnages prennent début de l´histoire c´est un narrateur de l´importance parce que le narrateur externe, c´est-à-dire, ce n´est pas un veut que nous croyions à son histoire, personnage de l´histoire, « On faisait que nous ayons confiance en lui. cercle autour de M. Bermutier, juge Le registre utilisé est le courant, d´instruction qui donnait son avis sur le vocabulaire est simple, facile à com- l´affaire mystérieuse de Saint-Cloud ». prendre, ce ne sont pas des termes Mais au fur et à mesure que l´histoire recherchés ni spécifiques. Les règles avance le narrateur change, et c´est le de grammaire sont respectées. Les juge d´instruction qui prend la parole phrases sont simples et suivent une lorsqu´il raconte son expérience : « J´é- structure logique (sujet, verbe et com- tais alors juge d´instruction à Ajaccio ». plément). Nous remarquons l´utili- Le narrateur du début de l´histoire est sation des temps verbaux simples de différent. Ce narrateur donne la parole l´indicatif (passé composé, l´imparfait, au juge d´instruction : « M. Bermutier passé simple, plus-que-parfait, sub- sourit gravement, comme doit sourire jonctif présent, présent). Ce registre un juge d´instruction. Il reprit : - N´al- de langue permet de comprendre l´his- lez pas croire, au moins, que j´aie pu, toire, l´action. Nous pouvons lire cette même un instant, supposer en cette nouvelle fantastique sans aucune diffi- aventure quelque chose de surhumain. culté de compréhension. Guy de Mau- Je ne crois qu´aux causes normales. ». passant se dirige ou s´adresse à tous. À partir d´ici, le narrateur est un nar- La nouvelle est généralement courte, rateur interne, c´est un personnage de briève, donc il n´y a aucun souci lorsque l´histoire. Il est le témoin privilégié du nous la lisons. phénomène fantastique et le garant de Nous avons tous les détails de l´authenticité du récit. Nous passons l´histoire grâce au regard du narra- d´un narrateur inconnu à un narrateur teur, c´est un point de vue interne, le bien précis. Nous passons du « on » narrateur personnage observateur de au « je ». L´utilisation de la première l´histoire, il a vécu cette expérience personne au singulier est présent particulière, « surnaturelle », puis il lorsque le narrateur-personnage parle 106 Revista de Lenguas Modernas, N.° 28, 2018 / 99-117 / ISSN: 1659-1933

(« Je voulus, en ma qualité de juge 1.3. Les personnages d´instruction, prendre quelques rensei- gnements sur cet homme »). Nous allons tout d´abord classifier Nous avons donc deux voix narra- les personnages des plus importants tives : au début de l´histoire, le narra- au moins importants. teur inconnu omniscient, « On », et à Comme personnages principaux la fin de l´histoire il apparaît une der- nous avons Mr. Bermutier, il est juge nière fois : « Et le juge d´instruction, d´instruction, il est le personnage prin- souriant toujours, conclut : », puis le cipal, nous n´avons pas de description narrateur interne, le personnage, qui physique, c´est celui qui raconte l´his- est le juge d´instruction : « J´étais alors toire, son expérience. Puis, l´Anglais, juge d´instruction à Ajaccio ». C´est ce- Sir John Rowell, il venait de louer lui qui raconte l´histoire de la main. une petite villa en Corse. Il avait ame- Nous avons le point de vue du né avec lui un domestique français narrateur personnage : « Je ne crois de Marseille. C´est un grand homme qu´aux causes normales. Mais si, au à cheveux roux, à barbe rousse, très lieu d´employer le mot « surnaturel » grand. Il voyage beaucoup, il est chas- pour exprimer ce que nous ne compre- seur d´animaux et « d´hommes ». C´est nons pas, nous servions simplement du quelqu´un de mystérieux et c´est lui mot “ inexplicable”, cela vaudrait beau- qui a une main attaché au mur dans sa coup mieux ». Cela permet de savoir maison. C´est lui qui se fait assassiner ce que le narrateur pense. Le lecteur par cette main affreuse. sait la position de celui-ci et c´est plus Ensuite, comme personnages se- facile de s´identifier avec le narrateur condaires nous avons la présence de lorsque nous connaissons ses pensées, plusieurs femmes au début de l´his- sa position, son point de vue, même si toire puis à la fin. Nous ne savons pas ce n´est pas objectif. comment elles s´appellent, qui sont- Nous trouvons la focalisation in- elles, que font-elles. Mais elles sont là terne, c´est d´après le narrateur-per- présentes. Il y a eu un crime inexpli- sonnage qui nous fait les descriptions, cable, où Mr. Bermutier donne son avis les portraits et nous raconte l´histoire. sur cette affaire mystérieuse de Saint- C´est un narrateur « homodiégétique », Cloud. Il a essayé de donner plusieurs c´est-à-dire le narrateur raconte ses conclusions mais aucune n´est satisfai- mémoires, son expérience, c´est pour sante. Ces femmes-là sont choquées par cela que son point de vue est subjec- ce crime « surnaturel ». Elles ne com- tif. Le narrateur raconte des faits dont prennent pas ce qu´il se passe. Puis, il n´a pas été l´acteur principal mais une d´entre elles au début de l´histoire simplement un témoin. Le point de vue dit : « C´est affreux. Cela touche au sur- est interne parce que les faits racontés naturel. On ne saura jamais rien. » Mr. sont perçus et interprétés à travers le Bermutier commence à raconter son point de vue d´un personnage précis. expérience. Jusqu´à la fin de l´histoire La réalité décrite est restreinte par les les femmes disent que cela n´est pas un possibilités d´une perception subjec- dénouement, ni une explication. Elles tive. Ce narrateur rapporte les paroles ont très peur, elles disent qu´elles ne et les pensées au style indirect libre. vont pas dormir si Mr. Bermutier ne BRIAN. La Main de Maupassant: une nouvelle fantastique 107 leur dit pas ce qui s´est vraiment pas- des circonstances impénétrables qui sé. Mr. Bermutier dit à la fin : « Je vous l´entourent. Mais j´ai eu, moi, autrefois, avais bien dit que mon explication ne à suivre une affaire où vraiment sem- vous irait pas ». Nous n´avons aucune blaient se mêler quelque chose de fan- description physique de ces femmes-là tastique. Il a fallu l´abandonner, d´ail- mais nous savons ce qu´elles pensent leurs, faute de moyens de l´éclaircir ». et comment elles se sentent (les émo- Et à la fin de l´histoire il reprend la pa- tions), par exemple, au début de l´his- role : « Oh ! Moi, mesdames, je vais gâ- toire, le troisième paragraphe : ter, certes, vos rêves terribles. Je pense tout simplement que le légitime pro- Plusieurs femmes s´étaient levées priétaire de la main n´était pas mort, pour s´approcher et demeuraient qu´il est venu la chercher avec celle qui debout, l´œil fixé sur la bouche ra- lui restait. Mais je n´ai pas pu savoir sée du magistrat d´où sortaient les comment il a fait, par exemple. C´est là paroles graves. Elles frissonnaient, une sorte de vendetta ». vibraient, crispées par leur peur Nous avons comme personnage curieuse, par l´avide et insatiable secondaire le médecin qui est présent besoin d´épouvante qui hante leur lorsque le cadavre de l´Anglais a été âme, les torture comme une faim. découvert : « Un médecin nous rejoi- (Maupassant, 1885, p.1) gnit. Il examina longtemps les traces des doigts dans la chair et prononça Nous remarquons ici que nous ces étranges paroles : - On dirait qu´il connaissons les mouvements des a été étranglé par un squelette », nous femmes (s´étaient levées, s´approcher, ne savons pas qui est exactement ce demeuraient debout, l´œil fixé, fris- médecin, nous ne connaissons pas son sonnaient, vibraient, crispées). Nous prénom ou nom, il n´y a aucune infor- avons plusieurs verbes qui nous in- mation précise sur lui. Cependant, il diquent les déplacements des femmes. est important car c´est lui qui dit com- Ensuite, nous connaissons les senti- ment a été assassiné l´Anglais. ments ou les émotions (peur curieuse, Et, finalement nous avons les do- épouvante, hante, torture). Nous ima- mestiques. Celui du juge d´instruction ginons, comme lecteur, ce que sentent qui informa sur le meurtre : « Un ma- ces femmes-là car nous sentons exacte- tin, vers la fin de novembre, mon do- ment la même chose. mestique me réveilla en m´annonçant Nous avons aussi le magistrat que Sir John Rowell avait été assassi- comme personnage secondaire. Nous né dans la nuit ». Et le domestique de n´avons aucune information sur lui, il l´Anglais, qui donne son témoignage : prend la parole au début de l´histoire : son maître était agité, il avait reçu « Oui, madame, il est probable qu´on ne des lettres, il prenait une cravache et saura jamais rien. Quant au mot “surna- frappait la main, il se couchait tard turel” que vous venez d´employer, il n´a et s´enfermait, il avait toujours des rien à faire ici. Nous sommes en présence armes avec lui, la nuit il parlait haut d´un crime fort habilement conçu, fort comme s´il se fâchait avec quelqu´un. habilement exécuté, si bien enveloppé de Mais la nuit où l´on le tua il n´avait pas mystère que nous ne pouvons le dégager fait de bruit. Ce domestique à un rôle 108 Revista de Lenguas Modernas, N.° 28, 2018 / 99-117 / ISSN: 1659-1933 important car c´est lui qui découvre le registres s´intègrent. La nouvelle se cadavre de l´Anglais. déroule autour des personnages typés psychologiquement et socialement et Nous remarquons qu´il n´y a pas qui n´ont pas le temps d´évoluer. Pour beaucoup de personnages. Nous re- Maupassant, la nouvelle est une étude trouvons le dialogue entre M. Bermu- de mœurs schématisée, un bref roman tier et les femmes, et M. Bermutier qui se centre sur des formules. et l´Anglais. Nous ne connaissons pas D´après l´Encyclopédie Larousse, trop sur la vie de M. Bermutier, nous en Angleterre la nouvelle est principa- ne connaissons que sa profession (juge lement représentée au XIXe siècle par d´instruction). Mais nous avons plus Charles Dickens, Robert Louis Steven- de renseignements sur l´homme mys- son, puis au XXe siècle par Rudyard térieux, l´Anglais. Cependant, nous Kipling, D. H. Lawrence et Katherine n´avons aucune information sur les Mansfield (1888-1923). En Russie, les femmes présentes. Mais nous n´avons trois nouvelles de Pouchkine fondent pas besoin de beaucoup de descriptions la prose réaliste russe. Aux États- des personnages pour comprendre Unis, après Nathaniel Hawtorne, la l´histoire et pour s´identifier. En géné- nouvelle connaît un grand succès et ral, ce sont des personnages simples, devient presque le genre littéraire do- de la vie quotidienne, rien d´extraor- minant avec des auteurs comme Jack dinaire. Même s´ils ont un rôle secon- London, Ernest Hemingway, William daire, ils sont importants, chacun a un Faulkner, Sherwood Anderson ou rôle essentiel dans la mesure où, sans Flannery O´Connor. eux, l´intrigue ne serait pas possible. D´après l´Encyclopédie Larousse, la nouvelle attire dans le monde entier les grands auteurs, de Julio Cortázar à 2. Une nouvelle fantastique Jorge Luis Borges, de Iouri Trifonov à Italo Calvino, Alberto Moravia ou Dino 2.1. Une nouvelle Buzzati. Cependant en France le genre semble disparaître. D´après l´Encyclopédie Larousse, Pour revenir à la nouvelle litté- la nouvelle est un récit bref qui pré- raire, la nouvelle est un récit fictif, sente une intrigue simple où il y a peu bref, court qui fait appel à la réali- de personnages. La nouvelle se dis- té. Les personnages, les événements, tingue du roman surtout par sa briève- les lieux et les objets sont présentés té et par sa densité. Elle présente des comme s´ils étaient réels, comme s´ils personnages dont la psychologie n´est faisaient partie de la vie quotidienne. étudiée que dans la mesure où ils ré- Finalement, la nouvelle a une fin inat- agissent à l´événement qui forme la tendue : c´est la chute. L´intrigue re- trame du récit. pose surtout sur l´évolution psycho- Selon l´Encyclopédie Larousse, Guy logique du personnage principal. Le de Maupassant est considéré en France dénouement provoque une réaction comme l´un des maîtres en ce genre. chez le lecteur dû à sa nature mysté- Ses œuvres ou ses nouvelles racontent rieuse, surprenante ou inattendue. une situation en particulier où tous les BRIAN. La Main de Maupassant: une nouvelle fantastique 109

D´après la Bibliothèque Virtuelle, secondaire (il raconte des événements les états d´âme du personnage prin- dont il a été témoin) ou narrateur om- cipal, ses hésitations, ses réflexions, niscient (il sait tout, il voit tout) ont une place importante dans le récit. La narration se déroule dans un ordre L´élément déclencheur est lié à une ca- chronologique. Mais si le narrateur inter- ractéristique de la personnalité du pro- rompt le fil de l´histoire pour raconter des tagoniste. L´intrigue repose sur l´évo- événements antérieurs, il fait un retour lution psychologique du personnage en arrière ou une rétrospective. principal après l´élément déclencheur. Les principaux thèmes de la nou- 2.2. Le réalisme velle sont la vie, l´amour, l´amitié, la mort, le bonheur etc. Des thèmes de Le réalisme est une tendance litté- la vie quotidienne. Le registre utilisé raire et artistique du XIXe siècle qui peut être soutenu, familier, etc. Le ton consiste à la représentation “exacte” peut être dramatique, comique, sarcas- du monde (la nature, les hommes, la tique, ironique, etc. Il correspond aux société…). D´après l´Encyclopédie La- émotions ou aux sentiments exprimés rousse, le réalisme est assez récent. Il par les personnages qui prononcent apparaît d´abord en Allemagne chez les paroles formant les dialogues. Kant et les idéalistes allemands. En Puis, il existe plusieurs catégories de France, le mot apparaît pour la pre- la nouvelle : dramatique, psycholo- mière fois dans un article anonyme gique, fantastique, sociale, historique, du Mercure du XIXe siècle en 1826, science-fiction et autres. d´une critique littéraire. Le mot entre Selon la Bibliothèque Virtuelle, la en 1878 dans le Dictionnaire de l´Aca- nouvelle littéraire se divise en quatre démie Française. ou cinq étapes. La situation initiale Le réalisme est situé par les his- (elle présente les personnages, le lieu, toriens français entre 1850 et 1885, le temps, l´action de départ, puis elle entre le romantisme et le symbo- décrit l´état d´équilibre). Ensuite l´élé- lisme. Il existe plusieurs types de ment déclencheur, c´est l´étape qui réalisme : le réalisme romantique, vient bouleverser l´ordre normal des fantastique, poétique. choses, le personnage se retrouve dans Le réalisme est né du besoin de une situation différente. Puis, le dé- lutter contre le romantisme. Ce mou- roulement, les actions que le person- vement veut peindre la réalité telle nage entreprend pour s´en sortir. Le qu´elle est en choisissant des thèmes dénouement, c´est la chute du récit populaires et tabous de l´époque. Le qui provoque un effet de surprise. La réalisme vise à produire un « effet situation finale, souvent il n´y a pas réel ». L´écrivain réaliste veut recréer de situation finale mais elle peut être le monde à travers l´écriture pour ana- briève et place le personnage dans une lyser les différents problèmes sociaux nouvelle situation. et de comprendre les comportements Le narrateur, celui qui raconte l´his- humains puis de faire réfléchir le lec- toire, peut être le personnage principal teur sur la vie en générale. (il raconte ce qui lui est arrivé, il utilise Les descriptions sont très présentes le je), il peut être témoin, personnage dans le réalisme, elles ont un rôle très 110 Revista de Lenguas Modernas, N.° 28, 2018 / 99-117 / ISSN: 1659-1933 important, elles décrivent avec pré- sont importants car ils permettent de cision la réalité, les lieux, les person- recréer la réalité, de rendre le récit en- nages. Par exemple dans La Main de core plus réel. Par exemple lorsqu´il Maupassant, nous avons des descrip- nous décrit l´Anglais : « Or, j´appris un tions : « J´étais alors juge d´instruc- jour qu´un Anglais venait de louer pour tion à Ajaccio, une petite ville blanche, plusieurs années une petite villa au couchée au bord d´un admirable golfe fond du golfe. Il avait amené avec lui un qu´entourent partout de hautes mon- domestique français, pris à Marseille en tagnes » (Maupassant, 1883, p. 2). passant » (Maupassant, 1883, p. 2). Dans le réalisme, la parole du per- Nous remarquons que La Main est sonnage reflète les milieux sociaux, une nouvelle réaliste car elle présente par exemple dans La Main : « N´al- des caractéristiques de ce mouvement : lez pas croire, au moins, que j´aie pu, les descriptions, les personnages de la vie même un instant, supposer en cette quotidienne, lieux réels (Ajaccio, Saint- aventure quelque chose de surhumain. Cloud), le dialogue. Les personnages, Je ne crois qu´aux causes normales » les lieux, les actions qui sont présentés (Maupassant, 1883, p.1). M. Bermutier pourraient exister dans le monde réel. est un juge d´instruction donc il parle Maupassant nous place dans un correctement, il sait ce qu´il dit et ce monde réaliste, une réalité que nous qu´il fait. C´est un personnage qui peut connaissons grâce aux personnages, appartenir à la vie quotidienne. Cela aux lieux, aux événements, aux des- rend la nouvelle encore plus réaliste et criptions et autres éléments. L´au- cela fait que le lecteur ait confiance en teur réussit cette relation de confiance lui. C´est un personnage rationnel, lo- entre le lecteur et le narrateur-person- gique, il ne croit pas aux choses surna- nage, nous nous sentons à l´aise avec turelles. Le lecteur s´identifie avec lui. M. Bermutier, c´est un personnage tout Jules Champfleury est un écrivain à fait logique et rationnel, il est juge et critique du XIXe siècle qui présente d´instructions, ce n´est pas n´importe ses idées dans un ouvrage qui s´intitule qui, il a fait des études, il a des connais- Le Réalisme publié en 1857. Il explique sances, de l´expérience donc le lecteur a que vers la moitié du XIXe siècle le mot confiance en lui puis l´irruption de l´ir- réalisme était quelque chose de nou- réel n´était pas attendu. Nous nous sen- veau. Champfleury insiste sur le fait tons bouleversé. Nous n´arrivons pas de montrer la réalité dans les œuvres. à expliquer la situation par la logique D´après Champfleury, les person- et la raison même pas M. Bermutier. nages doivent représenter toute la so- Nous avons besoin du réalisme pour ciété. Les détails permettent d´enrichir que le fantastique existe. Le réalisme l´œuvre et la rendre vraisemblable puis a un rôle important car il nous permet le sujet ou le thème doit être du quoti- d´entrer dans le fantastique. dien. Comme nous le voyons dans La Main, Maupassant utilise des person- 2.3. Le fantastique nages qui ne sont pas de la noblesse, ce sont des personnages ordinaires Du latin phantastikus, du grec comme M. Bermutier, un personnage phantastikos, qui veut dire l´imagina- tout à fait réaliste. Ensuite les détails tion. Le mot « fantastique » apparaît BRIAN. La Main de Maupassant: une nouvelle fantastique 111 en 1830 avec Nodier pour caractériser vivantes et à hésiter entre une expli- un récit qui place son lecteur face à cation naturelle et une explication d´étranges événements, inexplicables surnaturelle des événements évoqués. par la raison. Ensuite, cette hésitation peut être res- Le fantastique est un genre litté- sentie également par un personnage: raire où l´œuvre littéraire transgresse ainsi le rôle de lecteur est pour ainsi le réel en se référant au rêve, au surna- dire confié à un personnage et dans le turel, à la magie, à l´épouvante ou à la même temps l´hésitation se trouve re- science-fiction. Nous pouvons le définir présentée. C´est la tension qui crée l´hé- comme l´intervention du surnaturel à sitation du lecteur, le fantastique. Puis, un moment donné. Il y a irruption du il importe que le lecteur adopte une surnaturel dans la réalité. Des événe- certaine attitude à l´égard du texte : il ments inexplicables ont lieu et c´est refusera aussi bien l´interprétation al- impossible de savoir si c´est réel ou légorique que l´interprétation poétique. pas. Un texte fantastique fait hésiter le Todorov (1970) dit que le fantas- lecteur entre une explication surnatu- tique nous le retrouvons : relle et une explication rationnelle des faits. Il y a un cadre inquiétant, l´incer- Dans un monde qui est bien le titude est présente, les interrogations, nôtre, celui que nous connaissons, les exclamations, les personnifications, sans diables, sylphides, ni vam- les comparaisons, les métaphores, pires, se produit un événement qui les champs lexicaux du mystère, de ne peut s´expliquer par les lois de l´étrange, de la peur et autres. ce même monde familier. Celui qui Jeanne Favret (1972) définit le perçoit l´événement doit opter pour fantastique selon Todorov. Les œuvres l´une des deux solutions possibles : qui appartiennent à ce genre littéraire ou bien il s´agit d´une illusion des font hésiter le lecteur, qui s´identifie sens, d´un produit de l´imagination au personnage principal. Cette hé- et les lois du monde restent alors sitation a deux possibilités, soit que ce qu´elles sont ; ou bien l´événe- nous l´admettons soit c´est de l´ima- ment a véritablement eu lieu, il est gination. C´est-à-dire, nous décidons partie intégrante de la réalité, mais si l´événement est ou n´est pas réel. alors cette réalité est régie par des Lorsque la décision est prise nous ne lois inconnues de nous. Ou bien sommes plus dans le fantastique, nous le diable est une illusion, un être entrons dans l´un des deux genres imaginaire ; ou bien il existe réelle- voisins : le merveilleux ou l´étrange. ment, tout comme les autres êtres Dans le fantastique, le lecteur ne peut vivants : avec cette réserve qu´on prendre de décision sur la nature le rencontre rarement. (Todorov, étrange d´un événement. 1970, p. 29) Todorov (1970) énonce trois condi- tions auxquelles un ouvrage doit satis- Ensuite, Todorov (1970) nous dit faire pour appartenir au fantastique. que le fantastique est un moment Tout d´abord, il faut que le texte oblige d´incertitude ; si nous choisissons une le lecteur à considérer le monde des per- réponse, le fantastique disparaît et sonnages comme un monde de personnes nous rentrons dans un genre voisin 112 Revista de Lenguas Modernas, N.° 28, 2018 / 99-117 / ISSN: 1659-1933

(l´étrange ou le merveilleux). Todo- dans la bouche de l´Anglais. Personne rov nous dit que le fantastique c´est le n´y croit à cette histoire. Mais Mr. doute qu´a une personne qui ne connait Bermutier n´arrive pas à expliquer ce que les lois naturelles devant une si- crime-là. En tant que lecteurs, nous tuation « surnaturelle ». avons des doutes (c´est réel ou pas ?). Dans une nouvelle fantastique, le per- Nous remarquons donc que sonnage est introduit dans un cadre réa- dans cette œuvre, le personnage est liste qui lui est familier. Au début il n´y a quelqu´un comme les autres, le lieu est pas de surnaturel, le personnage est dans vraisemblable, il n´y a rien de surnatu- sa routine, ou dans une situation connue. rel au début de l´histoire. Puis, au fur Le lieu est vraisemblable ou réel. et à mesure que l´histoire se déroule, Ensuite, le surnaturel apparaît et le surnaturel apparaît, et nous obser- l´ordre normal des choses se déstabi- vons comment le personnage principal lise. Le fantastique se manifeste, des change psychologiquement. Il y a une éléments étranges commencent à sur- évolution dans le personnage. Celui-ci gir, cela devient inquiétant. commence à ses poser des questions, à Le personnage commence à douter, douter, à hésiter, à avoir peur, il a des à hésiter, et il veut une explication ra- cauchemars avec cette main, il n´arrive tionnelle de la situation. Le personnage pas à dormir. Il essaie de donner des ex- cherche une réponse, le surnaturel n´est plications réelles mais il n´arrive pas, pas accepté. L´état d´âme du person- il n´existe pas de réponses. Puis, le lec- nage évolue : il doute, il hésite, puis il a teur s´identifie avec le personnage, nous peur, il s´inquiète et même il peut tom- n´arrivons pas à comprendre, nous dou- ber dans la folie. Ce qui était « normal » tons, nous nous posons des questions, ne l´est plus, il y a une transgression du nous essayons de trouver une explica- réel. Le personnage et le lecteur se re- tion réelle, mais nous n´y arrivons pas. trouvent avec des questions auxquelles il n´y a pas de réponses. La Main est une nouvelle fantas- 3. La mort et le pessimisme chez tique car au début nous avons le per- Maupassant sonnage principal. Mr. Bermutier, un juge d´instruction, qui donnait son 3.1. Un passage morbide avis sur une affaire mystérieuse puis il commence à raconter une de ses Le XIXe siècle français se caracté- expériences vécues. Il fait la descrip- rise par plusieurs évolutions et révo- tion de l´Anglais, ensuite la manière lutions qui changent drastiquement dont il s´est approché de lui pour faire la société. De plus, la violence a tou- connaissance, soudain, il voit une main jours existé et surtout dans la littéra- horrible attachée, sans peau, pleine de ture française. Avec la Révolution de sang. À partir d´ici commence le sur- 1789, qui marque le siècle suivant, et naturel. L´Anglais se fait assassiner, les journaux qui exploitent de plus en nous ne savons pas qui l´a tué, mais plus les histoires violentes, ceux-ci at- nous supposons par la suite que c´était tirent énormément les lecteurs. Cepen- cette main affreuse, qui s´était échap- dant, la littérature se laisse aller par pée et dont un doigt avait été retrouvé l´imaginaire social et les journaux. BRIAN. La Main de Maupassant: une nouvelle fantastique 113

Cette attraction vers la violence Nous remarquons que dans La s´observe surtout dans les contes et Main il y a un passage morbide, un nouvelles de Maupassant. Julie Si- passage qui représente la violence. mard nous dit que la violence est une Nous avons d´abord la description caractéristique de l´être humain qui d´une main affreuse : est présente dans toutes les cultures et dans toutes les époques. L´auteur Mais, au milieu du plus large pan- nous mentionne René Girard qui dit neau, une chose étrange me tira que la violence est à l´origine des l´œil. Sur un carré de velours rouge, mythes, de la religion et de tout ce un objet noir se détachait. Je m´ap- qui fonde une société. Et qu´il y aurait prochai : c´était une main, une main une violence fondatrice à la base de d´homme. Non pas une main de sque- la civilisation, et le XIXe siècle fran- lette, blanche et propre, mais une çais semble intéressant. Les auteurs main noire desséchée, avec les ongles de cette époque semblent s´intéresser jaunes, les muscles à nu et des traces pour toutes les formes de violence, en de sang ancien, de sang pareil à une jouant avec la demande des lecteurs. crasse, sur les os coupés net, comme La violence présente dans la littéra- d´un coup de hache, vers le milieu de ture est toujours crue et brutale, et l´avant-bras. Autour du poignet, une elle n´est pas toujours représentée de énorme chaîne de fer, rivée, soudée à la même façon. ce membre malpropre, l´attachait au D´après Julie Simard, chez Mau- mur par un anneau assez fort pour passant, la violence touche toutes les tenir un éléphant en laisse. (Mau- facettes de la société (le meurtre, la passant, 1885, p. 3) cruauté, l´horreur), qui peut être phy- sique ou psychologique. Maupassant C´est une description surprenante veut représenter dans ces nouvelles d´une main qui est apparemment af- et ces contes, cette caractéristique hu- freuse, et même qui fait peur. Mais ce maine qu´est la violence. La violence qui est plus surprenant c´est la réponse peut être représentée différemment de l´Anglais par rapport à cette main : mais elle va toujours avoir le même ré- sultat négatif. L´Anglais répondit tranquille- L´auteur nous définit la violence : ment : - C´été mon meilleur enne- mi. Il vené d´Amérique. Il avé été La violence est le caractère de ce qui fendu avec le sabre et arraché la se manifeste de façon brutale et des- peau avec une caillou coupante, et tructrice ; un sentiment qui atteint séché dans le soleil pendant huit une extrémité ; un être agressif qui a jours. (Maupassant, 1885, p. 3) recours à la force brutale ; toute per- sonne ou situation qui contraint une Le personnage nous donne les dé- autre personne. (Simard, 2010, p. 7) tails précis de comment cette main a été coupé. C´est une violence extrême. Où il y a de la violence, quelqu´un Ensuite nous avons le passage souffrira les conséquences négatives. où l´Anglais est mort, quelqu´un l´a assassiné : 114 Revista de Lenguas Modernas, N.° 28, 2018 / 99-117 / ISSN: 1659-1933

En entrant dans le salon de sir événements, à la situation, qui attend le John, j´aperçus du premier coup pire » (Dictionnaire Larousse, 2017). d´œil le cadavre étendu sur le dos, Le pessimisme est un état d´âme au milieu de la pièce. Le gilet était dans lequel une personne perçoit néga- déchiré, une manche arrachée pen- tivement la vie. D´après cette doctrine, dait, tout annonçait qu´une lutte Schopenhaueur dit que la vie humaine terrible avait eu lieu. L´Anglais est une douleur constante, notre destin était mort étranglé ! Sa figure noire est d´agir et cela consiste à obtenir ce et gonflée, effrayante, semblait ex- que nous n´avons pas. Le pessimisme primer une épouvante abominable ; n´accepte pas le progrès de la civilisa- il tenait entre ses dents serrées tion et de la nature humaine. quelque chose ; et le cou, percé de D´après Schopenhaueur, le pessi- cinq trous qu´on aurait dits faits misme ne se fonde pas que sur les mau- avec des pointes de fer, était cou- vaises expériences (les échecs, les mala- vert de sang. Un médecin nous dies), c´est plus extrême, la souffrance rejoignit. Il examina longtemps se centre au cœur de l´individu et c´est les traces des doigts dans la chair le plus important. Pour lui tout être est et prononça ces étranges paroles : condamné radicalement au malheur. On dirait qu´il a été étranglé par Pour Schopenhaueur, l´ennui est un squelette (…) Alors je me bais- le principe de sociabilité. La solitude sai vers le mort, et je trouvai dans fait peur, de se retrouver seul avec sa bouche crispée un des doigts soi-même fait que les hommes se re- de cette main disparue, coupé ou tournent vers autrui. C´est mieux plutôt scié par les dents juste à la d´être avec l´autre qu´avec soi-même. deuxième phalange. (Maupassant, Il dit que « Ce n´est pas l´amour à la vie 1885, pp. 3-4) qui nous retient mais la peur à la mort » (Schopenhaueur, 1912). Pour lui le bon- Nous remarquons que c´est un pas- heur n´est pas quelque chose de positif, sage descriptif du cadavre. Nous obser- c´est seulement l´arrêt temporel d´une vons le champ lexical de la mort, les souffrance ou d´une limitation. détails précis, la cause de mort. C´est un passage morbide, la mort est pré- 3.3. La perception de la vie d´après sente dans les contes et nouvelles de Maupassant Maupassant cela montre une percep- tion de la vie pessimiste chez l´auteur. Nous remarquons que Maupas- sant est un auteur pessimiste. La vie 3.2. Le pessimisme de celui-ci n´a pas été facile. Comme dit Marianne Bury dans son article D´après le dictionnaire Larousse, le Maupassant pessimiste ? , la sépa- pessimisme est « une doctrine qui sou- ration de ses parents a été un trau- tient soit que tout est mal, soit que la matisme pour lui, la guerre l´a énor- somme des maux l´emporte sur celle mément marqué, il a dû abandonner des bien » et que c´est « la tendance de ses études car sa famille était ruinée quelqu´un qui, par caractère ou après et il accepte un petit poste au minis- réflexion, prévoit une issue fâcheuse aux tère de la Marine puis à l´Instruction BRIAN. La Main de Maupassant: une nouvelle fantastique 115

Publique. La mort de Flaubert l´a et Baudelaire qui sont touchés par beaucoup touché et il tombe dans une « le mal du siècle » D´après Simard, profonde douleur et dépression dont il le pessimisme, le sentiment vide de ne pourra jamais se remettre. l´existence, est une vision propre à Bury nous dit que le statut de son temps. journaliste de Maupassant va lui per- mettre d´avoir une vision plus claire de la société en confirmant sa conception Conclusion pessimiste de la vie. Puis sa formation intellectuelle va justifier philosophi- Pour conclure, La Main de Guy quement une prédisposition naturelle de Maupassant est une nouvelle fan- renforcée par l´expérience. Flaubert a tastique. Nous avons analysé les élé- eu une grande influence sur Maupas- ments de la nouvelle, du fantastique sant à propos de la conception de la vie et du réalisme. Nous concluons que où les principales caractéristiques sont cette œuvre est une nouvelle fantas- la cruauté de l´existence, la misère de tique mais qui présente quelques ca- l´homme vouée à la mort, le sentiment ractéristiques du réalisme. de solitude morale. Bury dit que « Le Ensuite, nous avons analysé l´orga- pessimiste est celui qui voit la laideur nisation de l´œuvre, sa structure nar- du monde et se refuse à le peindre en rative, les personnages, l´intrigue et le rose parce qu´il considère qu´il n´en narrateur. Une œuvre bien construite, a pas le droit » (Bury, 1988, p.78). Ce bien structurée. Le registre utilisé (le pessimisme perturbe les lecteurs. Mau- courant) permet de bien comprendre passant dit que la littérature optimiste l´histoire, de quoi s´agit-il, que se est dangereuse parce qu´elle trompe passe-t-il. Les temps verbaux utilisés les lecteurs. sont des temps passés (le narrateur D´après Bury, la vision pessi- nous raconte une des expériences qu´il miste du monde permet à l´écrivain avait vécues). La présence des dialo- sincère d’échapper le littéraire en gues permet de rendre l´œuvre plus cherchant une rhétorique du réel qui réelle, de donner de la voix aux person- lutte contre les lieux communs de la nages, qu´eux-mêmes puissent racon- rhétorique romantique. ter, puissent donner leur avis sur les Maupassant veut nous démontrer différents événements vécus. que le réel n´appartient pas aux lois Le lecteur s´identifie au narrateur, conventionnelles du littéraire, il veut ils sont au même niveau. Le narrateur laisser une morale. Il essaie d´être ne sait pas plus que nous. Nous avons neutre. Son pessimisme s´éloigne du le point de vue du narrateur, un point lyrisme, du sublime, de l´amplification. de vue interne et subjectif mais nous Comme Maupassant refuse les aspects devons nous mettre à la place du nar- esthétiques liés à une conception opti- rateur. Les réactions du narrateur sont miste du monde, il cherche l´efficacité les mêmes que nous ressentons lorsque dans l´expression du réel. nous lisons cette nouvelle : les mêmes La vision pessimiste de Maupas- sensations, émotions et sentiments. Le sant n´est pas unique, il y a d´autres narrateur se pose des questions et le auteurs comme Musset, Flaubert lecteur aussi. C´est-à-dire, nous avons 116 Revista de Lenguas Modernas, N.° 28, 2018 / 99-117 / ISSN: 1659-1933 une relation bien étroite entre le nar- mais nous voyons que dans cette nou- rateur et le lecteur. Nous pouvons dire velle c´est plutôt une violence physique. que le narrateur nous représente. Nous Le fantastique de Maupassant est bien hésitons grâce au fantastique présent particulier. Lorsque nous nous retrou- dans la nouvelle. vons face à une violence physique, nous Comme la nouvelle est brève, l´in- rentrons dans la véritable cruauté et le trigue se centre sur un événement qui véritable fantastique de Maupassant. raconte une situation en particulier ou l´ensemble de la vie d´un personnage. L´organisation du récit doit obéir à Bibliographie cette exigence de brièveté. C´est pour cette même raison que l´auteur a re- Bibliothèque virtuelle. La nouvelle court à différentes stratégies comme littéraire. Récupéré le 7 mai 2017 par exemple aux bouleversements sur http://www.alloprof.qc.ca/BV/ chronologiques, le retour en arrière ou pages/f1061.aspx l´ellipse temporel. Bury, M. (1988). Maupassant pessi- Le fantastique c´est l´irruption miste ? Persée, 18 (61), 75-83. du surnaturel dans le cadre de la vie Champfleury, J. (1857). Le Réalisme. réelle. Le dénouement d´une nouvelle Paris : Michel Lévy Frères. fantastique met en valeur la chute du Derbali, F. (2006/2007). Fantastique récit, qui se caractérise par sa brutalité et occultisme dans quelques con- et par son ambiguïté. En effet, nous ne tes de Maupassant. Récupéré le 7 savons pas si le surnaturel triomphe mai 2017 sur http://theses.univ- du réel car le doute est maintenu : c´est batna.dz/index.php?option=com_ vrai ou ce n´est pas vrai ? Le fantas- docman&task=doc_view&gid=3482 tique naît de l´hésitation entre le ra- &tmpl=component&format=raw&t tionnel et le surnaturel. emid=4 Le fantastique chez Maupassant est Dictionnaire Larousse. Pessimisme. plus un reflet de ses propres angoisses Récupéré le 16 juin 2017 sur http:// que de son imagination. La peur, une me- www.larousse.fr/dictionnaires/ nace, qui est un élément essentiel. Sou- francais/pessimisme/59899 vent, la nuit et la solitude (comme l´An- Dubrueil, L. (1999) Maupassant et la glais, un personnage solitaire) créent les vision fantastique. Labyrinthe, conditions d´émergence du fantastique. 4(4), 87-100. C´est une œuvre qui reflète la vi- Encyclopédie Larousse (2017). Le réa- sion pessimiste de la vie d´après Mau- lisme. Récupéré le 11 avril 2017 sur passant. Nous avons les passages http://www.larousse.fr/encyclope- morbides, violents qui montrent ce pes- die/divers/r%C3%A9alisme/86007 simisme de la vie, et que l´être humain Encyclopédie Larousse (2017). Guy de naturellement est violent, une violence Maupassant. Récupéré le 7 mai qui a toujours été présente dans toutes 2017 sur http://www.larousse.fr/ les sociétés, cultures et époques. encyclopedie/personnage/Guy_de_ Cependant, Maupassant, généra- Maupassant/132339 lement, représente une violence psy- Encyclopédie Larousse (2017). La nou- chologique et pas tellement physique, velle. Récupéré le 7 mai 2017 sur BRIAN. La Main de Maupassant: une nouvelle fantastique 117

http://www.larousse.fr/encyclo Simard, J. (2010). L´esthétique de la pedie/oeuvre/Nouvelles_ violence dans les contes et les nou- litt%C3%A9raires/135661 velles de Maupassant. Québec, Ca- Favret, J. (1972). Todorov T. Introduc- nada, Université Laval. tion à la littérature fantastique Todorov, T. (1970). Introduction à [compte rendu]. Persée, 13(3), la littérature fantastique. Paris, 444-447. France: Seuil. Maupassant, G. (1885). Contes du jour et de la nuit. Paris, France : C. Marpon et E. Flammarion.