Technè, 44 | 2016, « Archives De L’Humanité : Les Restes Humains Patrimonialisés » [En Ligne], Mis En Ligne Le 19 Décembre 2019, Consulté Le 24 Septembre 2020
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Technè La science au service de l’histoire de l’art et de la préservation des biens culturels 44 | 2016 Archives de l’humanité : les restes humains patrimonialisés Noëlle Timbart, Hélène Guichard et Alain Froment (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/techne/898 DOI : 10.4000/techne.898 ISSN : 2534-5168 Éditeur C2RMF Édition imprimée Date de publication : 1 novembre 2016 ISBN : 978-2-7118-6339-6 ISSN : 1254-7867 Référence électronique Noëlle Timbart, Hélène Guichard et Alain Froment (dir.), Technè, 44 | 2016, « Archives de l’humanité : les restes humains patrimonialisés » [En ligne], mis en ligne le 19 décembre 2019, consulté le 24 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/techne/898 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ techne.898 Ce document a été généré automatiquement le 24 septembre 2020. La revue Technè. La science au service de l’histoire de l’art et de la préservation des biens culturels est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International. 1 SOMMAIRE Éditorial Isabelle Pallot-Frossard Un sujet inhabituel pour la revue Technè Introduction Noëlle Timbart, Hélène Guichard et Alain Froment I. Qualifier, légiférer, restituer ? Les restes humains « patrimonialisés » et la loi Marie Cornu Petite rhétorique narrative des restes humains muséaux Christelle Patin The Conservation of Human Remains: Ethical Questions and Experiences in America Nancy Odegaard et Vicki Cassman II. Collecter, valoriser, exposer Les restes humains au conservatoire d’anatomie de la faculté de médecine de Montpellier Caroline Ducourau Musée de l’Arles antique : promouvoir une réflexion globale sur les collections ostéo- archéologiques Nicolas de Larquier Gestion et étude des restes humains en fluides Les collections du Muséum national d’histoire naturelle de Paris : histoire, enjeux et valorisations Marc Herbin et Jacques Cuisin Les préparations anatomiques d’anthropologie au milieu du XIXe siècle Matériaux du corps, matière du discours scientifique Thomas Bonneau et Pauline Carminati The Egyptian mummy in UK museums: cultural histories and object biographies Angela Stienne Les restes humains : questions de médiation L’exemple de l’école de médecine navale à Rochefort Denis Roland III. Étudier pour mieux connaître Préambule aux techniques d’analyses et de recherche Alain Froment Imagerie médicale des restes humains anciens Samuel Mérigeaud Technè, 44 | 2016 2 Analyses organiques de baumes de momies provenant du site d’Antinoé Juliette Langlois et Sandrine Pagès-Camagna Caractérisation par GC/MS de substances naturelles organiques dans des échantillons prélevés sur un écorché du musée de l’Homme Jean Bleton, Thomas Bonneau, Juliette Langlois, Noëlle Timbart et Alain Tchapla Revisiter les restes humains grâce à la paléogénétique Céline Bon Paléopathologie et épidémiologie sur les collections de musées Olivier Dutour et Hélène Coqueugniot L’utilisation des isotopes en archéologie et en anthropologie Fabrice Demeter Datation par le carbone 14 et restes humains Une étude de cas : la momie dorée de Dunkerque Pascale Richardin et Magali Coudert Archéoentomologie et archéoparasitologie d’une momie égyptienne Jean-Bernard Huchet Bog bodies: the Grauballe Man Pauline Asingh et Niels Lynnerup IV. Préserver pour mieux transmettre Regard sur les restaurations anciennes et dérestauration : ce que les pratiques passées nous révèlent Laure Cadot La conservation-restauration des restes humains patrimonialisés : questions de déontologie dans le domaine français Noëlle Timbart Préambule aux méthodes actuelles d’intervention Noëlle Timbart, Hélène Guichard et Alain Froment Les préparations anatomiques d’anthropologie au milieu du XIXe siècle Matériaux du corps, matière du discours scientifique Thomas Bonneau et Pauline Carminati La momie péruvienne du musée des Confluences : exemple de conservation, de soclage et de mise en exposition d’un élément humain Marie-Paule Imberti Les collections de peaux humaines tatouées Éloïse Quétel Ultimes soins pour des crânes surmodelés du Vanuatu Régis Prévot The Conservation of Egyptian mummies in Italy Cinzia Oliva Technè, 44 | 2016 3 Éditorial Isabelle Pallot-Frossard 1 « Archives de l’humanité, les restes humains patrimonialisés », le titre de ce n° 44 de la revue fait choc, de même que certaines de ses illustrations : comme l’évoque fort bien l’introduction des pilotes de ce numéro, Noëlle Timbart, Hélène Guichard et Alain Froment, tout ce qui montre, sans médiation, la mort et le corps humain privé de vie, que la plupart des traditions dissimule à la vue, heurte et fascine à la fois. Le terme même de patrimonialisation, qui fait de l’être humain après sa mort un bien, un objet après avoir été un sujet, provoque l’interrogation et la réflexion. Si, des deux concepts évoqués dans le titre, on a mis en avant le premier « Archives de l’humanité », c’est bien que ce qui justifie la présence de restes humains, si divers, momies, reliques, ossements, spécimens en fluide, peaux tatouées, dans des musées très divers aussi par leur objet scientifique, depuis le muséum d’histoire naturelle jusqu’au musée d’archéologie, en passant par les musées des Beaux-Arts et les musées d’université, c’est justement la somme d’information qu’ils renferment sur l’homme, son environnement et sa culture. Comme toute œuvre d’art ou objet archéologique fabriqué par l’homme, le reste humain est un document, une archive, que l’on peut et doit déchiffrer avec tout le respect dû à sa nature particulière, droit au respect qu’il partage avec tout bien patrimonial. C’est aussi cette spécificité du reste humain intégré dans une collection patrimoniale qui justifie que les questions posées par son statut juridique, son étude scientifique, sa conservation et sa présentation au public soient analysées dans une revue traditionnellement dédiée aux biens culturels plus traditionnels. 2 En effet, de nombreux musées conservent des restes humains, que ceux-ci soient le thème principal de leur collection ou un item isolé, et s’interrogent à la fois sur leur conservation, souvent délicate, mais aussi sur leur présentation au public dans le respect à la fois de la nature particulière de « l’objet » et de la sensibilité du spectateur. La question, enfin, d’un droit à la restitution que pourraient revendiquer certaines populations, notamment dans les anciens pays colonisés, au nom du respect dû à leurs ancêtres, se pose également à eux. 3 Le C2RMF s’implique depuis de nombreuses années dans les problématiques de connaissance et de conservation-restauration des restes humains dans les collections Technè, 44 | 2016 4 muséales et, en particulier, les momies : la base EROS, qui archive la documentation produite et recueillie par le C2RMF, comprend pas moins de 147 dossiers concernant des momies, que ce soit pour leur datation par le carbone 14, pour la caractérisation des matériaux, des produits d’embaumement et des restaurations anciennes, ou pour l’encadrement d’opérations de conservation menées dans ses ateliers. On peut citer, pour la datation, les momies du Muséum national d’histoire naturelle, du muséum et du musée des Confluences à Lyon, ou encore celles étudiées dans le cadre du projet de recherche pluridisciplinaire sur les momies coptes d’Antinoé. Le C2RMF a accueilli, pour leur conservation, les momies du musée Joseph-Denais à Beaufort-en-Vallée, du musée Anne-de-Beaujeu à Moulins ou une momie d’enfant, Ta-Iset, et son cercueil, du musée d’Histoire locale de Rueil-Malmaison. 4 Les récentes expositions, « Quatre momies et demi » à Roanne en 2015, ou « Momies, un rêve d’éternité » au musée national d’Histoire et d’Art du Luxembourg en 2016, montrent l’intérêt renouvelé à la fois des responsables de collections, des scientifiques et du public pour ces témoins fragiles de l’histoire de l’humanité. 5 Il nous faut donc remercier les pilotes de ce numéro thématique de Technè, qui nous offre aujourd’hui une palette très riche de sujets, depuis les questions complexes du droit jusqu’à celles, non moins difficiles, de la conservation et de la présentation au public, sans oublier les apports inestimables des sciences physiques, chimiques et biologiques à la connaissance de ces archives très particulières que constituent les restes humains patrimonialisés. AUTEUR ISABELLE PALLOT-FROSSARD Conservateur général du patrimoine, directeur du Centre de recherche et de restauration des musées de France (isabelle.pallot-frossard[at]culture.gouv.fr). Technè, 44 | 2016 5 Un sujet inhabituel pour la revue Technè Introduction Noëlle Timbart, Hélène Guichard et Alain Froment 1 C’est un fait, la mort est présente au musée. Les morts plutôt. Et sous de multiples formes. Depuis les cabinets de curiosité fondateurs jusqu’aux collections publiques du XXIe siècle, loin d’être dérobées au regard des vivants comme il sied généralement aux cadavres, des dépouilles humaines sont exposées (fig. 1), contemplées par les visiteurs, étudiées par les professionnels. Leur intégration patrimoniale – en France les restes humains patrimonialisés sont inaliénables et imprescriptibles, au même titre que tout objet inscrit à l’inventaire d’un musée public – contribue à la fois à leur sanctuarisation et à leur réification. Comme les œuvres d’art ou les objets archéologiques, elles ont vocation à être conservées, restaurées, étudiées, exposées et transmises aux générations futures. Technè, 44 | 2016 6 Fig. 1. Vitrines Amérique du Nord et Amérique du Sud du Muséum d’histoire naturelle