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Origines et chronique

de la famille

BOIS-FRIEDEL

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LES ANCETRES DE LA FAMILLE BOIS – FRIEDEL

Origines et chronique de la famille Bois-Friedel

Avant – propos

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Les récits qui suivent visent à mettre un peu de chair autour de ce squelette qu’est un arbre généalogique , mais ne le remplacent pas . Nos informations sont en effet très inégales en précision et en intérêt suivant les branches et les périodes . Il ne faudra donc pas s’étonner si nous nous attardons sur certains personnages et mentionnons à peine les autres .

Les quatre lignées que nous suivrons font apparaître un trait essentiel du 19ème siècle . Vers 1880 , chacune d’elles est bien fixée depuis des siècles respectivement dans la Drôme , le Gard , à et à . En 1889 le mariage d’Henri Bois et Lucie Friedel achève de les réunir , illustrant une nouvelle mobilité sociale et géographique .

Ce travail étant collectif , qu’on nous pardonne s’il est parfois décousu ou répétitif .

°°°°°°°° 3 LES ANCETRES D’HENRI BOIS

Les ancêtres paternels d’Henri BOIS sont originaires de la Drôme , un petit village à une dizaine de kilomètres de la Motte-Chalançon : ARNAYON (26470) . C’est une région aride , encore aujourd’hui : à 1000 m. d’altitude , entre la Serre Malivert et la Montagne de Serre-Longue , l’on débouche sur une petite commune sans véritable chef-lieu , dispersée entre plusieurs hameaux et lieux-dits . Au centre , sur une colline , à l’écart , une église catholique et son cimetière , un petit temple protestant , et la mairie . Le patronyme BOIS y reste fréquent , comme en témoignent les tombes du petit cimetière et les nombreuses lignées qui nous seraient plus ou moins apparentées : les ancêtres BOIS étaient de petits paysans éleveurs de moutons et de chèvres , et cultivaient l’épeautre , céréale du pauvre .

Selon certaines sources non encore entièrement authentifiées , on trouverait des traces de la famille BOIS aux « Bardons » , lieu-dit de la commune d’Arnayon dès 1676 .

Jean BOIS 1747 -1827

On peut remonter avec certitude jusqu’à Jean BOIS , né un samedi 23 septembre 1747 à Arnayon , et baptisé le lendemain . Il est le fils d’un certain Jean-Pierre BOIS ( il existe au moins deux « Jean-Pierre BOIS ») et de Marie VACHE , dont seule la date de décès est connue : le 18 septembre 1767 , à Brette . (Remariée avec Jacques BARNIER , Marie VACHE aurait eu une fille : Catherine ).

Ce sont des temps difficiles pour les protestants que frappe la répression : le temps du Désert et du Refuge à l’étranger . Jean décide de quitter la région pour la Suisse , peut-être pour y rejoindre son père , Jean-Pierre , qui aurait déjà fui la France . Selon certaines sources , il serait parti avec Catherine BARNIER , sa demi-sœur . Un certificat du curé de Brette témoigne de ce départ : il y est précisé que « Jean BOIS voyage accompagné de sa sœur » .

A Genève ,terre du Refuge , Jean BOIS se forme au métier de la chapellerie et fait son tour de compagnon pour devenir Maître Chapelier .Travaillant dans une chapellerie de la ville , il rencontre Marie MARIN , qu’il épouse en 1783 . La famille MARIN était , elle aussi , une famille réfugiée protestante , originaire de la Drôme , de la commune aujourd’hui nommée Val Maraval-Fourcinet , proche du département des Hautes-Alpes . Ils auront huit enfants : et les nombreux descendants de sept d’entre eux sont aujourd’hui genevois . On trouve parmi eux Eric BOIS , qui fut directeur des Parcs et Jardins de Genève et créateur de la fameuse « Roseraie des Eaux Vives ». Jacques-Louis , notre ancêtre , est le seul revenu en France .

Un autre événement survient dans la vie de Jean BOIS ; bourgeois de Genève dès 1791 , comme Maître Chapelier , il fonde le 28 novembre 1820 , avec son fils aîné Jacques une société de Chapellerie sous la raison sociale de « BOIS , Père et Fils » . Selon le contrat, la société doit durer jusqu’à la mort d’un des deux associés : sept ans après , il meurt à Cologny, à 80 ans . 4

JACQUES-LOUIS BOIS 1790 – 1864

A son retour en France , Jacques-Louis BOIS s’établit comme ébéniste , à Die , où il épouse en 1822 Charlotte SAULCES de la TOUR , âgée de 16 ans , fille de Suzanne SAULCES de la TOUR , aubergiste à Die . Un premier enfant meurt en bas-âge , à moins d’un an , et Charles BOIS naît le samedi 26 août 1826 à Die (26150)

CHARLES BOIS 1826-1891

Charles BOIS eut semble t’il une jeunesse assez triste . Son seul plaisir était d’aller en montagne avec son père . Son éducation fut d’abord très décousue , faite de courts séjours à Genève , séparés par des retours d’un an ou deux à Die . C’est seulement à 16 ans qu’il s’installa grâce à une bourse dans une pension de Genève et put ensuite étudier la philosophie et la théologie à l’Université de Strasbourg . Le sujet de sa thèse était : « Du socialisme envisagé comme conséquence nécessaire de la négation de la Chute » . On remarquera l’actualité de la question à cette date (1849) !

Pasteur ensuite pendant 7 ans à Montmeyran ( Drôme) , il dut affronter la menace d’un schisme paroissial et animer un Réveil . C’est là qu’il vécut son premier mariage avec Emilie THIBAUD et la naissance de son fils Louis en 1856 . J’ignore quand sa femme est décédée . Louis sera médecin à Uzès et mourut en 1919 . Nommé à Alès , Charles y rencontra Henriette GARDIES , veuve MOLINES , qui sera la mère d’Henri BOIS , et dont nous présenterons la famille dans le chapitre GARDIES . Il l’épousa en 1861 , à Montauban où il venait d’être nommé professeur d’hébreu et de critique de l’Ancien Testament à la Faculté de Théologie , avant d’y enseigner la morale et l’éloquence sacrée . Il y devint doyen en 1875 . Il joua un rôle important à Montauban comme éducateur et dans divers synodes régionaux où il fut appelé à siéger comme conseiller et modérateur .

En 1872 , il prêche l’union des Eglises et « prend une part prépondérante au Synode Général de Paris … pour obtenir qu’en présence du catholicisme et de la libre-pensée , l’Eglise Réformée de France affirmât ses convictions » (Daniel BENOIT , allocution de 1891 ) Ce premier synode national depuis 1659 s’attaque à deux questions difficiles : adopter une confession de foi , et définir qui est membre électeur . La confession de foi est rédigée par Charles BOIS , et votée par 61 voix contre 45 . Les opposants en contestent moins le contenu que l’usage qui devrait en être fait : servirait-elle à exclure des pasteurs ou même des paroissiens ? La presse libérale fut violente et les minoritaires quittèrent le synode . C’est pourquoi , en 1905 , lors de la séparation des Eglises et de l’Etat , plusieurs unions réformées se créèrent ; mais la plupart d’entre elles se réuniront en 1938 dans l’E.R.F. (Eglise Réformée de France), qui reprit ce texte dans sa Déclaration .

Charles BOIS meurt le mardi 5 mai 1891 à Montpellier (34000) à l’âge de 64 ans ; il est inhumé à St Bénézet . Mentionnons ici qu’il s’était beaucoup attaché à ce lieu , cher à sa femme , décédée en 1886 . 5

LES GARDIES – RENOUARD

Les ancêtres maternels connus d’Henri BOIS résident tous dans le Gard et permettent de comprendre qu’il y ait cherché un « chez-soi » pour les vacances . Je ne remonte ici qu’à la deuxième moitié du 18ème siècle , et sans aucun document officiel .

Le premier GARDIES connu , dit « l’Indien » , avait sans doute bien réussi là-bas - - on ne sait où au juste- puisqu’à son retour , il fit bâtir à Larnac ( hameau entre St.Ambroix et Alès) une demeure appelée château ( que je n’ai pas retrouvée …) et qui a servi à plusieurs lignées jusqu’au moins à la fin du 19ème siècle . Le cimetière familial privé s’y trouve . Il n’avait pas d’enfant, et légua ses biens à son neveu Jean dont le fils , Joseph GARDIES ( ? –1845) hérita .

Contrairement à son père , Joseph semblait peu soucieux de devenir un hobereau occupé de ses terres et alla faire son droit à Paris . Mais il se maria très jeune du fait d’une rencontre entre son père et Guillaume RENOUARD , nîmois réfugié avec les siens à St.Jean-du-Gard à cause de la « terreur blanche » (1817) . Adèle RENOUARD avait alors 19 ans et une fort belle dot . Jean la demanda pour son fils et Guillaume accepta . Il avoua sa décision à sa femme et à son fils avec quelque embarras , dit la tradition , et Adèle dit seulement « Il faut que je le voie , ce prétendant ! » Ils se plurent si bien que le mariage fut conclu aussitôt et célébré à Nîmes en 1817 malgré leur jeune âge à tous deux ( 22 et 20 ans ) . Ils se fixèrent à Alais , comme on disait alors , et comme une dot devait être solidement investie , Joseph acheta pour sa femme le domaine de St. Bénézet , et l’agrandit par la suite . Il devint de ce fait un gestionnaire fort occupé d’agriculture .

Avant d’en venir à leurs enfants , quelques mots sur la famille d’Adèle . C’étaient des bourgeois protestants qui constituaient à Nîmes un groupe important dans les affaires de la ville , grâce à la tolérance de fait qui s’y était développée avant même l’Edit qui leur accordait l’état-civil en 1787 .

Le grand’père d’Adèle , Guillaume II , avait épousé en 1774 Henriette VINCENS dont nous avons le portrait (photo d’un médaillon) et que je mentionne pour son prénom : il figure dans chaque génération (féminin ou masculin) jusqu’à Henri BENOIT ! Ce Guillaume fut député du Gard à la fête de la Fédération , le 14 juillet 1790 , ce qui illustre bien la position de son milieu à cette époque . Il mourut noyé dans le Rhône au printemps 1792 . Or l’histoire du Languedoc signale qu’un bateau de Nîmois (où la Garde nationale était largement dirigée par les protestants) fit naufrage alors qu’ils se portaient à l’appui des Ardéchois contre les révoltés royalistes du camp de Jalès . Je n’ai pas trouvé de quoi justifier ce rapprochement , mais les dates le rendent plausible . Guillaume III , père d’Adèle , épousa en 1797 Adélaïde Vernède de Mauressargue , dont la mère était célèbre : pendant une perquisition , elle avait dissimulé sous son lit d’accouchée un prédicant très connu , Paul RABAUT , mettant sa maisonnée en danger .

La descendance des RENOUARD est très nombreuse et dispersée , mais il ne semble pas que les descendants d’Adèle aient eu par la suite beaucoup de relations de cousinage, et je ne m’y arrêterai pas . 6 Joseph et Adèle eurent 7 enfants , dont le 5ème fut Henriette (1829 à Alais – 1886 à St. Bénézet) , qui fut la mère d’Henri BOIS . Tous reçurent une éducation soignée grâce au courage et à la culture d’Adèle , car elle resta veuve en 1845 , alors que le dernier avait 10 ans . En effet , Joseph mourut subitement d’une rupture d’anévrisme lors d’un déplacement à Nîmes chez les Renouard .Elle prit en mains l’administration des domaines , et envoya les enfants au collège à Genève, les lycées français étant sous la tutelle des évêques …. Nous avons d’elle un très beau portrait comme on les faisait dans les années 1860 . Elle est morte à Larnac en 1868 .

Henriette ayant eu quelques troubles de santé , fut emmenée « aux bains » près du Vigan , où elle revit un jeune homme déjà rencontré à deux bals : Edouard MOLINES . Les jeunes gens ne tardèrent pas à trouver qu’il y avait loin de Larnac à Nîmes . Il avaient alors 22 et 17 ans , et le mariage fut célébré le 26 novembre 1846 . Le père du marié était administrateur des Chemins de fer du Midi et on vit un train acheminer les invités de Nîmes à Alais . Les jeunes mariés s’installèrent à Nîmes auprès du beau-père qui semble avoir été veuf alors .C’est là que naquirent leurs deux filles , Amélie (1849) et Louise (1855) . Mais alors la santé d‘Edouard déclina sans qu’un diagnostic clair se dégage , et il mourut en 1858 . Henriette avait alors 29 ans et rejoignit Alais et St. Bénézet . Amélie , qui raconte son histoire , écrit alors sans transition : « le 8 septembre 1861 elle devint Mme Charles BOIS » . Amélie avait alors 12 ans et on se demande un peu pourquoi elle , si bavarde parfois , est ici si sobre … ? S’il y eut choc , il ne semble pas avoir eu d’effet durable .

Charles était alors veuf à 35 ans , avec un fils de 4 ans , et depuis 1857 , pasteur à Alais . La rencontre était donc toute naturelle . C’est une « famille recomposée » , comme on dit aujourd’hui , qui s’installa à Montauban en 1861 , où Charles venait d’être nommé professeur d’hébreu à la Faculté de Théologie .

Certains trouvent ces familles problématiques , mais cet exemple est plus qu’encourageant . Leur fils , Henri , né en 1862 , trouva dans les aînées de vraies sœurs . Nous en avons le témoignage par une correspondance à la fois amicale et substantielle : les lettres d’Henri à Amélie pendant ses séjours d’études en Ecosse et au Pays de Galles nous sont heureusement restées ( malheureusement pas les réponses d’Amélie qu’on devine parfois , parce que ce sont de vrais dialogues ). Plus tard , les deux tantes ont reçu et choyé les enfants d’Henri , dûment couchés sur leurs testaments .

J’ajouterai quelques mots sur les deux sœurs .

Amélie épousa en 1874 Alfred LABOUCHERE , dont la famille dirigeait l’entreprise de toiles peintes de Jouy-en Josas ( un rejeton de l’industrie mulhousienne…) . Leur fils Edouard naquit en 1875 .Poursuivie par le même sort que ses mère et grand’mère, elle devint veuve 6 semaines plus tard et revint de Paris pour vivre auprès d’Henriette . La famille comptait alors , outre des parents encore jeunes , 4 « enfants » de 26 , 20, 13 ans et un nourrisson . Il est étrange que dans tous les récits , le fils aîné de Charles Bois , Louis , qui avait alors 19 ans , n’apparaisse jamais , et la plupart des gens de la famille semblent en avoir par la suite ignoré l’existence . Il a cependant été le parrain d’Henriette BOIS , épouse BENOIT , dont le premier prénom était Louise .

Louise MOLINES se maria à son tour en 1878 avec Guillaume GRANIER ( un lointain cousin RENOUARD probablement ) , pasteur . Ils n’eurent pas d’enfant. La maison de campagne de Cardet offrait un terrain de jeux aux neveux .Elle vécut au moins jusqu’en1837 . C’est elle qui mit en relation Henri BOIS avec FABRE , et permit ainsi l’acquisition de Malons (voir p.8) . 7

Henri et Lucie BOIS 1862 – 1924 1867-1957

De la jeunesse d’Henri BOIS , né à Montauban en 1862 , je n’ai pas beaucoup de traces , sinon quelques photos de famille .

Bachelier en théologie (1886) , il cherche sa voie et approfondit sa culture au cours de plusieurs séjours à l’étranger , Allemagne et surtout Ecosse .Cela nous permet de mieux le connaître parce qu’il écrit beaucoup . Il confie à sa sœur Amélie son appréhension du ministère pastoral , parce qu’il souffre constamment de la gorge et redoute les sermons . Est- ce seulement physique ?… Aussi est-il heureux d’être nommé chargé de cours à Montauban en 1889, et il y soutient sa thèse de doctorat en 1890 .

On peut se demander comment le dialogue théologique était possible entre père et fils : autant le premier semble s’être tenu à une stricte orthodoxie , autant le second penche vers une lecture « libérale » de la Bible , et son livre sur « Le dogme grec et l’essence du Christianisme » (1873) le rapproche du courant « démythologisant » du 20ème siècle . Cette orientation est confirmée et explicitée de façon remarquable en 1916 dans une lettre à son fils Georges ( in « Evangile et Liberté » de décembre 1968) où il examine successivement ce qu’on peut penser sur la naissance , la prééxistence , la résurrection et les miracles de Jésus en faisant l’exégèse des évangiles . Son enseignement fut donc centré sur la personne de Jésus et son message . C’est cela qui l’a conduit à travailler à la formation de jeunes de la Fédération des étudiants chrétiens . Son souci de l’éducation l’a convaincu aussi de l’importance de l’instruction des filles qu‘il veut aussi solide que celle de leurs frères . Il donne l’exemple : ses deux filles sont bachelières , ce qui est rare , et licenciées , l’une , Henriette , en philosophie , l’autre , Louise , en astronomie . Son souci de l’humain le sensibilise aux maux de la société et il exprime très jeune sa révolte devant la condition des ouvriers anglais ( ignorait-il les français ?…) en disant qu’il en deviendrait socialiste ! – ce qui scandalisa Amélie ; à quoi il rétorque qu’il est choquant « d’être pour les rois après ce qu’ils nous ont fait » . L’argument est faible , mais cette boutade nous dépeint le ton de leur correspondance .

A cette époque , Amélie est pleine de sollicitude pour son petit frère , qu’elle voudrait voir se marier . Là encore , il proteste en disant qu’il « veut quelqu’un qui lui plaise , et réciproquement » . Avait- elle été trop précise ? Nous sommes en 1887 , or en 1889 il épouse Lucie FRIEDEL à Paris , le 30 juillet . Ses voyages et relations ne l’y avaient jamais conduit , mais il est probable que les LABOUCHERE connaissaient les FRIEDEL .

Le jeune ménage part pour un long et aventureux voyage de noces en Normandie , et comme ils ont la bonne idée d’emporter un cahier pour y tenir un journal à deux mains , nous avons un tableau précis de leurs goûts et manières de vivre . Sauf exception , ils partent à l’aventure , cherchant sur place un logement , comptent sur leur chance pour trouver un repas dans une campagne déserte , empruntent des raccourcis hasardeux , et surtout , marchent beaucoup . Elle fait des croquis, il joue même de l’orgue dans une église dont le curé l’expulse ! Le voyage se termine naturellement à St Bénézet par une entrée solennelle avec arc de triomphe et feu d’artifice . (La suite du cahier , malheureusement limitée à quelques années , est entièrement consacrée aux vacances et aux escapades autour de Montauban .) 8

Enfin le jeune ménage arrive à Montauban pour s’installer fin octobre . Ils y vécurent longtemps ensuite 7 , Faubourg du Moustiers . Mais au mois de juin, ils cherchaient un coin plus frais des environs , et Henri allait à Montauban juste pour son cours . Les vraies vacances ensuite se passent en montagne , le Mont Dore en 1890 et 92 , le Lioran en 91 , le Valais en 1893 . Les longues marches l’emportent sur les visites de monuments . Lors de ces séjours , les familles se retrouvent , les FRIEDEL au Mont Dore , Amélie à Zermatt . « Même à Montauban , Henri aime mieux discuter en marchant dans la campagne qu‘assis à son bureau » écrit un ancien étudiant .

Cependant , la famille s’agrandit : Charles , bébé , est au Lioran . Henriette est baptisée par Daniel BENOIT à Montpellier en 1893 , et les voyages comptent maintenant malles , nounou et voitures d’enfant . On voit venir le moment où il faudra s’organiser autrement . La tante Louise GRANIER le sait mieux que personne et saute sur l’occasion quand elle apprend que Malons est à vendre . L’histoire de cet achat et ce qui s’ensuivit est raconté en détail dans un fascicule sur Malons datant de 1994 ( « Malons » , (couverture beige ) est déposé dans le placard à clés et peut être photocopié si on le souhaite ) ; c’est pourquoi je ne le répèterai pas ici. Disons seulement que Malons se révéla un centre idéal pour les marcheurs courageux et que les BOIS ont longtemps prolongé cette pratique du Lozère au Tanargue. Mais ce fut aussi un havre de paix pour le travail d’Henri et l’accueil des amis , avec cependant un souci un peu lourd pour un homme que les problèmes matériels laissaient parfois désarmé . Des anecdotes rappellent ses démêlés avec la voiture à cheval…

Cette époque d’avant 1914 a vu Henri BOIS de plus en plus occupé d’affaires internationales . C’est lui qui va au Pays de Galles faire le journaliste sur le Réveil , qui fait partie de la délégation française au Japon en 1907 pour le Congrès des Sociétés des Missions . Il ne résiste pas à la tentation d’y ajouter une visite en Mandchourie et un retour par le Transsibérien et la Russie , où il découvre que pour en sortir , il lui faudrait un passeport !

Cette période se termine pour la famille avec un faire-part de mariage d’Henriette avec Jean BENOIT , annoncé pour le 25 août 1914 à Malons Il aurait été le premier d’une joyeuse série , mais il n’a pas eu lieu , comme bien d’autres cet été-là … Nous avons par contre des photos de jeunes infirmières et de permissionnaires .

Comme dans toute l’Europe , 1914 arrêta le cours ordinaire de l’existence , mais inégalement selon les lieux : à Montauban les projets d’études et de mariage furent suspendus mais on y fut épargné par les risques directs et la misère des zones envahies. On y partageait cependant les inquiétudes pour les fils et les fiancés aux armées . Charles fut blessé .

A la Faculté , la vie continuait et l’éternel débat sur l’avenir de cette institution reprenait à chaque synode . Beaucoup pensaient que Montauban vivotait et qu’il fallait partir , mais les avis étaient partagés sur le choix à faire : Paris ou Montpellier ? Henri BOIS soutenait Paris parce qu’il pensait que la formation des pasteurs devait s’accompagner d’une meilleure ouverture culturelle et d’un contact fécond avec l’Université . D’autres en redoutaient les dangers pour les étudiants … La décision est prise en 1917 avec une légère majorité pour Montpellier . Le 15 janvier 1920 , le doyen Henri BOIS préside l’ouverture et engage la nouvelle Faculté à associer méthodiquement la recherche théologique et la formation pastorale , sans jamais sacrifier l’une à l’autre . 9 La paix revenue , les filles mariées , les premiers petits-enfants(deux BENOIT et une DELPECH ) la proximité de la famille d’Henri et celle de Malons , tout annonçait d’heureuses et paisibles années . Et pourtant, c’est alors que Lucie dut vivre ses pires moments . Henri avait toujours eu une santé délicate qui pourtant ne semblait pas compromettre son activité . A Malons , en 1924 , nous le voyons souriant avec ses petits enfants sous un gros pin . C’est là qu’il tomba malade et mourut au mois d’octobre . Il y fut enterré , premier protestant de tout un coin de cimetière de ce village catholique .

Louise eut une fille , Claire, en 1922 . Malheureusement sa grossesse réveilla une tuberculose qu’on croyait guérie et elle mourut en 1925 .

Seule alors à Montpellier , après la dispersion de ses enfants , tous mariés et établis plus ou moins loin , Lucie continue de passer l’été à Malons pour y accueillir les vacanciers ; mais l’hiver était bien long , même en allant séjourner quelque temps chez les uns et les autres quand ils avaient la place de la recevoir . Elle décida alors de louer un logement à Mulhouse, ainsi près de sa fille , et en 36 (ou 37 ?) à Strasbourg . Elle se trouva donc en juillet 39 à Malons , et condamnée à y passer toute l’année , ce qui n’était pas facile : il fallut y installer sommairement l’électricité ! Heureusement Caroline BAUMAN était près d’elle .

C’est le moment de présenter ce personnage important : après avoir travaillé dans la famille de Charles , à Strasbourg , cette alsacienne , mère d’un fils de l’âge de Christian , entra au service de Lucie lors du départ des Charles pour la Tunisie , et la suivit jusqu’à sa mort en 1957 . Beaucoup plus qu’une servante et une cuisinière compétente , elle fut un précieux soutien . « Madame Caroline » , à Malons , assura les relations avec les habitants du pays dont dépendait le ravitaillement . Elle sut cuisiner le cochon et les châtaignes . Elle fit des prodiges pour installer et nourrir les membres de la famille qui venaient voir leur mère (en faisant à pied la route depuis Villefort !)et c’est elle qui , la paix revenue, avec l’aide d’Evelyne , l’épouse de Georges , qui veillait aux stocks d’épicerie , et celle de jeunes filles du village qui , auprès d’elle , furent heureuses d’apprendre à tenir une maison (ce dont certaines nous parlent encore !) permettait aux vacanciers - parfois une vingtaine de personnes - un séjour insouciant tandis que se multipliaient les arrière-petits-enfants .

Quand les BENOIT retournèrent à Strasbourg en 1945 , Lucie ne put retrouver son logement et prit pension au Diaconat pour l’hiver , revenant passer les étés à Malons . Cette transhumance dura jusqu’à ce que sa santé la contraigne à être hébergée à Vallon , où elle décéda en 1957. Elle fut inhumée à Malons .

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LES ENFANTS D’HENRI ET LUCIE

Les pages qui suivent donnent une information sommaire sur ce que sont devenus les enfants BOIS adultes . Elles n’apprendront rien à leurs familles , et sont surtout destinées aux cousins qui parfois ne se connaissent guère .

CHARLES 1890-1974

Après avoir fait l’Agro , Charles , qui devait faire deux ans de service militaire , choisit d’y jouer du saxophone . La guerre éclata et c’est comme brancardier qu’il en partagea les peines et les dangers : des éclats d’obus dans la colonne vertébrale le suivirent toute sa vie . C’est ensuite à Strasbourg ( où enseignait alors son oncle Georges FRIEDEL )qu’il étudia la physique et travailla à l’Institut de Physique du Globe jusqu’en 1936 (environ) . Il avait épousé en 1927 Inès des MESNARDS , et ils eurent un fils, Christian , (Ecole des Mines et ingénieur pétrolier) et une fille , Geneviève (médecin) , tous deux musiciens et grands amateurs de marche en montagne .

Après quelques années en Tunisie où Charles fut directeur de l’Observatoire , et où ils passèrent la guerre , ils revinrent brièvement à Strasbourg , avant un séjour au Maroc où il participa à des études sur l’énergie éolienne . Ils se fixèrent à Paris en 1952 . Ils furent des hôtes très réguliers de Malons . Charles y avait une autorité morale qui n’était pas seulement celle de l’aîné : comme il parlait rarement , on l’écoutait !

Henriette 1892-1984

Libéré de ses obligations militaires , Jean BENOIT commence sa carrière pastorale à Valleraugue , village au pied de l’Aigoual . Pour Henriette , qu’il a épousée en 1917, c’est une épreuve car le presbytère est spartiate , et elle est bien soulagée de pouvoir aller à Montpellier pour les naissances de ses deux aînés , André et Henri .

En 1923 , Jean BENOIT est appelé à Mulhouse pour seconder le pasteur de la paroisse St Jean , celle de la HSP francophone , où il ne se sentit pas très à l’aise , bien que Henriette y fut accueillie comme une lointaine cousine . C’est là que naissent les trois filles Anne-Marie , Odile et Geneviève . En 1936 , la famille déménage à Strasbourg où Jean BENOIT intègre la Faculté de Théologie , puis Lucie s’y installe à son tour . 11 Mais l’époque est menaçante , et alors qu’ils étaient tous en vacances à Malons , la population de Strasbourg est évacuée . Tandis que Lucie s’apprête à passer l’hiver à Malons , les BENOIT rejoignent l’Université à Clermont-Ferrand : ils ne se doutaient pas que c’était pour plus de cinq longues années !

Toute la famille se retrouve à Strasbourg en 1945 , et les parents y vécurent jusqu’à leur décès , non sans rejoindre chaque été Malons , où ils avaient transformé l’ancienne grange en habitation .

Claire 1922

Après la mort de Louise , sa mère , Claire DELPECH vécut sa jeunesse avec les nombreux enfants de son père et de « tante Jeanne », sa seconde épouse . Celui-ci est pasteur , responsable de la « mission du Haut-Aragon » . Ils vivaient à Pau , mais avaient également une propriété agricole à Roche (près de Clairac , Lot-et-Garonne) où fut célébré le mariage de Claire avec J-P. HAMMEL en 1942 . Tous deux vécurent au Chambon-sur-Lignon , où Jean-Pierre travaillait au Collège Cévenol , lieu illustré par le secours apporté à de nombreux juifs pendant l’occupation allemande .

Après sa séparation de son mari , dont elle avait eu 4 enfants ( qui lui donnèrent 9 petits-enfants) , Claire s’installa à Sèvres près de son père . Elle exerça des fonctions de secrétaire , entre autres auprès de l’actrice Delphine SEYRIG .

Georges 1896-1970

Mobilisé dans l’aviation comme observateur pendant la guerre de 14-18 , Georges ayant terminé ses études de théologie , passa une année à l’Université de Harvard .Après sa consécration, la Société des Missions qui voulait commencer à travailler en Indochine lui proposa un poste à Hanoï , qu’il accepta avec joie .

C’est au cours d’un voyage aux USA qu’il avait rencontré Evelyne JAUJARD , et ils s’étaient mariés en 1921 . Il partit donc avec elle comme missionnaire à Hanoï , mais après quelques années de ministère , il préféra obliquer vers l’enseignement de la philosophie , d’abord au Lycée Chasseloup-Laubat de Saïgon , puis au Lycée Yersin de Dalat , et enfin au Lycée Albert-Sarrault de Hanoï , avant d’être nommé au Lycée du Protectorat de Hanoï . Humaniste , ses activités intellectuelles et ses amitiés le mirent en contact avec toute l’intelligentsia des lettrés français et indochinois de l’époque . Revenant en France tous les 3 ans pour un congé d’un an , Malons fut bien sûr chaque fois le point de rencontre heureux de Georges et d’Evelyne ainsi que de leurs 3 enfants , nés à Hanoï , avec toute la famille de France , retrouvant chaque fois avec joie parents , oncles , tantes , et des cousins et cousines de plus en plus nombreux !

Coupés de la France pendant la guerre de 39-45 , ils vécurent à Hanoï avec l’occupation japonaise , puis les « évènements » du début de la guerre du Viet-Nam . Rapatriés en 1947 , après leurs enfants déjà revenus en 1946 pour leurs études , Georges enseigna d’abord la philosophie au Collège Cévenol du 12 Chambon sur Lignon , puis fut nommé directeur du Collège Samuel Vincent , à Nîmes , où ils se fixèrent jusqu’à sa retraite . Ils s’installèrent alors à Villeneuve-les-Avignon , passant chaque année 6 à 8 mois à Malons , dont Georges fut le premier syndic après sa mise en co-propriété . Il participa , dès le début - et de façon très active - à la création et au développement du Parc National des Cévennes . Infatigables randonneurs , le souvenir de Georges et d’Evelyne est resté très vivant auprès de la population de la commune , dont ils étaient très proches . Ils sont tous deux inhumés dans le cimetière de Malons , ainsi que Yves , leur fils aîné .

JACQUES 1897-1986

C’est en 1923 que Jacques BOIS , professeur de philosophie, épousa Raymonde SARTHOU . Elle avait fait ses études de philosophie , elle aussi , à Bordeaux , et était préparée par sa famille à partager les goûts des BOIS pour la montagne . Leur vie fut d’abord typique de celle des jeunes enseignants , car ils déménagèrent beaucoup : Blois , St-Omer , Moulins , Cahors , Nantes ! A partir de 1940 , ils vivent à Paris , puis à Sceaux jusqu’à leur retraite , non sans un détachement d’un an à Marrakech .

Une fois retraités , ils prolongent leurs carrières en Tunisie pendant deux ans . Attentifs aux problèmes sociaux , ils sont proches du milieu « Evangile et Liberté » et du pasteur ROSER . Leurs voyages sont encore plus aventureux que ceux d’Henri BOIS : ainsi c’est en tandem qu’ils visitent la Yougoslavie de TITO , alors « terra incognita » pour le tourisme . Fidèles à Malons , ils y explorent les routes les moins praticables , et récoltent les champignons que les autres ne mangent pas .

Ils ont eu trois enfants : Raymond , agronome , Jacqueline, professeur d’allemand , et Jean-Pierre , géologue IGN .

PAUL 1899-1963

Le cadet , Paul , seul fils non mobilisé , fit ses études à Montpellier , puis à l’Institut électrotechnique de Grenoble , dont il sortit ingénieur . En 1923 , il épousa Odette COOK , native d’Algérie où son père était missionnaire méthodiste . Ils vécurent alors successivement à Lyon , Nevers (de 1929 à 49) et enfin Clermont-Ferrand où il travailla pour E.D.F.

Leurs 5 enfants naquirent à la Tronche et Nevers . Ils furent tous , eux aussi , des fidèles de Malons , et leur donnèrent 16 petits-enfants, avec un vaste éventail de professions . Après le décès prématuré de son mari , on y vit chaque été « tante Odette » , dernière représentante de sa génération , auprès de qui la famille avait l’habitude de venir s’installer dans la grande cour pour mettre à jour la chronique familiale , jusqu’à sa mort peu après les fêtes du « centenaire de Malons » en 1996 13

LES ANCETRES DE LUCIE BOIS - FRIEDEL

LES FRIEDEL

Le premier connu des FRIEDEL , Barthélémy , était tanneur à Wissembourg où il mourut en 1635 , et où son fils Jean-Pierre fut échevin . Son petit-fils , Jean-Pierre II (1670-1757) émigra à Strasbourg et s’y installa dans le quartier du « Bain-aux-Plantes » en qualité de « tanneur de cuir souple rouge » et devint « bourgeois de Strasbourg » en 1694 .

La ville de Strasbourg vivait alors un tournant de son histoire : la « ville libre d’Empire » avait été incorporée au royaume de France ( sous la menace de Louvois à sa porte !) en 1681 . Mais la capitulation laissait de précieux privilèges , principalement la liberté religieuse , bien qu’il fallût rendre la cathédrale aux catholiques . Elle lui conférait par ailleurs un rôle nouveau de capitale régionale et de place forte frontière , ce qui eut des effets notables sur son développement économique et architectural .

Les FRIEDEL se multiplièrent dans leur quartier et le recensement de 1789 enregistre trois maisons à leur nom , dont l’une montre encore sur le linteau d’une porte du quai les initiales J-P.F et la date de 1742 .

Jean-Daniel (1707-1777) eut 13 enfants dont nous connaissons de nombreux descendants dispersés en France et ailleurs . L’ancêtre de notre famille est son dernier fils Jean-Jacques (1764-1831), mais avant d’en parler plus longuement , je dirai un mot sur sa sœur Marguerite , née en 1762 . Sa vie fut en effet singulière : d’un apprenti du voisinage elle eut un fils , Guillaume (1798-1867) qui naquit discrètement à Lampertheim et qu’elle éleva dans un village du « Ban de la Roche », vallée perdue (et francophone !) des Vosges , célèbre pour les institutions sociales de l’illustre pasteur Oberlin . Guillaume FRIEDEL , maçon et meunier à Fouday , eut plusieurs enfants dont Sophie , diaconesse dont la tombe se voit dans le jardin des diaconesses de Koenigshoffen ( faubourg romain de Strasbourg) , et une descendance variée tant à Paris qu’à l’étranger . Cependant Marguerite avait épousé Jean-Baptiste NICOLAS dont elle eut une fille, Emilie (1803-1870) qui fut elle aussi diaconesse à Strasbourg , et mourut à Munster après avoir fui le siège .

Jean-Jacques FRIEDEL illustre à sa manière les bouleversements de la France à cette époque et transforma la vie de sa famille grâce à sa remarquable faculté d’adaptation . Qu’on en juge : membre des « Amis de la Constitution » (1790-92 ) , il s’abstient de faire baptiser ( il était luthérien) les enfants nés en 94 , 95 et 97 , mais profite du changement du pouvoir pour le faire en 1802 . Il comprend vite que les armées vont consommer des montagnes de chaussures et de sellerie et s’installe fournisseur dans le quartier des magasins militaires (aujourd’hui dit d’Austerlitz) . Finalement , toujours prévoyant , il déménage en ville et investit ses gains dans le négoce et la banque . Il y réussit si bien qu’en 1831 , il figure au registre du cens électoral en bonne place . Soulignant son nouveau statut social, il rompt en 1830 la tradition familiale des mariages entre corporations d’artisans en choisissant pour son fils Charles , Virginie DUVERNOY , fille d’un montbéliardais professeur de zoologie à l’Université . Elle était sans doute assez mal dotée, la carrière 14 laborieuse de son père ne l’ayant pas enrichi malgré ses réels talents , mais ce n’est pas une dot qu’on lui demandait… Le ménage s’installe rue de l’Epine où naît son fils Charles . Virginie allait d’ailleurs jouer un rôle décisif dans la vie de ce dernier . Promis à la banque et peu enthousiaste , il eut la possibilité d’aller chez son grand’père , qui travaillait alors au Museum , et il y découvre la minéralogie , entreprend d’étudier la chimie et entame un travail scientifique qui le mènera à la Sorbonne et à l’Académie des Sciences .

Entre temps , il a épousé Emilie KOECKLIN (1856) et on peut sans doute ici aussi apercevoir le rôle de Virginie , les relations Mulhouse-Montbéliard étant fortes du fait d’une histoire semblable . Nous lisons dans une lettre d’Emilie à sa belle-mère Virginie le rappel du charme des demeures mulhousiennes au Rehberg et de l’intimité des familles , qui lui font trouver Paris un assez peu plaisant séjour où il lui faut se contenter des merveilles du « Jardin » (sous-entendu « des Plantes ») où l’accompagne le grand’père DUVERNOY . Ils ont quatre enfants (de 2 à 10 ans) en 1870, dont la future Lucie BOIS , quand le drame survient . Emilie doit aller soigner sa tuberculose en Suisse et Charles est enfermé dans Paris assiégé . Il parvient tout juste à lui envoyer un message par un des ballons , tandis que Virginie , qui est à Strasbourg , tente d’encourager sa belle-fille par ses lettres . Charles ne reverra pas sa femme qui meurt à Vernex en 1871 . Il y a les enfants à élever … En 1873 Charles épouse Louise COMBES , fille du Directeur de l’Ecole des Mines , qui était une amie d’Emilie . Ils ont un fils , Jean , qui devint botaniste et fut très populaire chez les enfants d’Henri BOIS à Malons (voir « Les leçons d’Oncle Jean » , opuscule à Malons) .

Charles , cependant , travaillait de manière féconde , mettait au point avec un collègue américain la « réaction de Friedel et Crafts » , se faisait l’avocat des nouvelles doctrines chimiques - la réalité des atomes- que beaucoup de savants français contestaient . Il fut à l’origine de l’Ecole de Physique et Chimie de la Ville de Paris , pour permettre un développement moins soumis aux rigidités de l’Université . Mais c’était aussi un homme conscient d’autres réalités . L’été 1870 le vit occupé à la fabrication des canons et la conservation des vivres . Après la guerre , avec un groupe d’amis , il crée l’Ecole Alsacienne , d’abord modeste jardin d’enfants , dans le double but de les faire bénéficier d’une nouvelle pédagogie active , et à l’âge du collège, d’échapper à la tutelle , légale alors , de l’évêché . Plus tard , il fut l’un des signataires du texte de soutien à Zola dans l’affaire Dreyfus (1898) et un des premiers adhérents de la Ligue des Droits de l’Homme .

Il manque encore un élément à ce portrait : convaincu de l’adage « mens sana in corpore sano « , fut jusqu’à sa vieillesse un sportif régulier , non seulement montagnard en compagnie de son gendre BOIS , mais aussi fidèle d’un gymnase fréquenté par d’autres scientifiques .

Avant de quitter les FRIEDEL , quelques mots sur les frères et sœurs de Lucie :

La famille est marquée par l’Ecole de Mines : le fils de Charles ,Georges , son petit-fils Edmond et plusieurs descendants sont physiciens et/ou minéralogistes . Deux alliances BERGER-LEVRAULT associent Georges et Jeanne à l’imprimerie nancéenne («émigrée» de Strasbourg ) tandis que Marguerite épouse Ernest DENIS , professeur de langues slaves à la Sorbonne et futur expert lors de la création de la Tchécoslovaquie . La maison familiale de la rue Michelet est devenue l’Institut des langues slaves .

La descendance FRIEDEL compte aussi au 20ème siècle architecte , pasteurs , psychanalyste, botanistes , aéronaute (A. PICCARD et son bathyscaphe , son fils Jacques , et jusqu’à son petit-fils Bertrand ), nombre de professeurs , ingénieurs , juristes , et j’en oublie … 15

LES KOECHLIN

J’ai mentionné le mariage d’Emilie , sans parler de sa famille . Or celle-ci a une riche histoire sur laquelle nous sommes bien documentés : on y a pris soin des archives et publié un grand livre fort bien fait . L’édition de 1914 détaille la descendance d’un certain Jean KOECHLIN qui , en 1504 , avait cinq enfants et habitait à Wollishofen près de Zürich (La légende familiale revendique un mercenaire suisse à Marignan , mais c’était sans doute son frère ) .

Son troisième descendant est tonnelier à Mulhouse et reçu « bourgeois » en 1604 . Il faut rappeler ici aux non-alsaciens que Mulhouse était une ville libre associée à la Suisse . On trouve chez les HARTMANN et les SAMUEL qui lui succèdent deux tonneliers , dont un membre du Conseil , un potier d’étain et deux hôteliers .

Il est surtout intéressant de s’arrêter à Samuel III (1719 – 1776) parce qu’il est un des initiateurs de l’aventure industrielle qui a transformé Mulhouse . Fabriquer des « indiennes » - toiles peintes en coton - était interdit en France pour protéger l’industrie du lin (toujours le colbertisme protectionniste !) , et il y avait là un marché à prendre . En 1746 , Samuel KOECHLIN s’associe à Jean DOLLFUS , peintre de talent , pour créer la première fabrique .D’autres s’y mettent , ils marient leurs enfants , comme les familles royales , pour lier leurs patrimoines . Ils en ont beaucoup , et , chose nouvelle , la plupart parviennent à l’âge adulte . (Samuel eut 96 petits-enfants !) On note des noms bien connus aujourd’hui : MIEG , ZUBER , STEHELIN , SCHLUMBERGER …

Le développement du textile s’accompagne d’une concentration verticale , de la chimie des teintures à la métallurgie . Surtout ce milieu éclairé mesure l’importance de la qualification dans le travail : dès la fin du 18ème siècle , est créée une école où s’enseignent les sciences , les langues et la géographie . L’idée de la liaison des développements se traduit par l’intérêt pour le chemin de fer dès ses débuts et , malgré d’inévitables concurrences, la création de la Société Industrielle , qui existe toujours , qui crée le « Nouveau Quartier » . Ce n’est pas un hasard si son architecture sobre rappelle Turin et non le Reich , car Mulhouse devint la ville la plus francophile d’ . Enfin , ce patronat très bourgeois prit conscience de la nécessité , dans son propre intérêt , d’assurer aux ouvriers de meilleures conditions de vie , et créa les premières « cités ouvrières » constituées de maisons avec un jardin .

Avant même cet épanouissement du 19ème siècle, le textile mulhousien avait rendu nécessaire un changement historique : la Révolution s’étant traduite localement par l’établissement d’une barrière douanière , des négociations furent menées par le médecin Jean-Jacques KOECHLIN , et aboutirent à ce qu’on appelle la « Réunion » de la ville à la France en 1798 .

******* 16

CONCLUSION

Pourquoi nous sommes –nous intéressées à ce passé familial ?

Sans doute parce que nous sentons que cette mémoire commune contribue à la vitalité de la communauté dont nous avons senti la réalité , lors du rassemblement joyeux de 1996 , pour les « 100 ans de Malons » , et dont le foyer malonnais est à la fois le signe et le moyen .

Ces récits ont été écrits par Jeannette et Marie-Thérèse , puis rassemblés et édités par Francine . Les « vrais » Bois vont-ils sourire du zèle des « pièces rapportées » ? Peut-être illustrent-elles ainsi la capacité d’absorption et d’intégration d’une vivante tribu ?…

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PRINCIPALES SOURCES

Sur les ancêtres BOIS -Diverses archives (Sources de Jeannette) sur CH. BOIS - Histoire de sa jeunesse , par Henriette BOIS-GARDIES (inachevée) , écrite pour Henri - Allocution de Daniel BENOIT , pasteur , frère de Jean BENOIT - Faculté de Théologie protestante de Montpellier sur H. BOIS - Lettres à Mélanie . - diverses correspondances - Journal des jeunes mariés (1889-1893) - plusieurs allocutions et nécrologies - Souvenirs d’Henriette BENOIT sur les FRIEDEL - Généalogies de plusieurs familles strasbourgeoises par le Pr. ROMANE-MUSCULUS , aux Archives départementales du Bas-Rhin - mais surtout J. FRIEDEL « Graine de mandarin » éd. Odile Jacob , 1994 sur les KOECHLIN - Livre des KOECHLIN sur les GARDIES-RENOUARD : Opuscule de Mélanie LABOUCHERE - divers tableaux

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Tableau de la descendance x = marié(e) de Henri BOIS (1862 - 1924) et )( = divorcé(e) de Lucie , née FRIEDEL (1867 - 2 x,3 x= remarié(e) 1957) (---) = compagne/compagnon

Charles BOIS Christian B, 1927 - 2000 Pierre B, 1955 Catherine B, 1987 1890 -1974 x Juliane Laudet x Corinne Dardel 1960 Claude B, ( f ) 1989 x Inès des Mesnards Philippe B, 1994 1898 – 1978 Yves B, 1999

Geneviève B, 1929 -1996 Daniel F, 1958 )( Jacques Fesquet )( Ute Gramann Isabelle F, 1958 )( André Delpech Xavier D, 1972 Elias D, 2003 --- Amandine Girard

Henriette BOIS André B, 1919-1999 Marc B, 1945 Martine B, 1969 1892 – 1984 xFrançoise Stehelin 1920 x Nicole Scheer x Philippe George x Jean-Daniel Philippe B, 1975 Benoît 1886 – 1975 Jean-Michel B, 1948 )( Barbara ? 2 x Monique Bertrand Alice B, 1991 Claire B, 1995 Florence B, 1952 Jérôme R, 1979 )(Dominique Rohmer Bertrand R, 1987 Etienne B, 1956 Maud B, 1987 )( Elisabeth Champalle Olivier B, 1988

Henri B, 1921 Nicole B, 1947 Laurent B, 1974 Noé B,2000 xMarie-Thérèse Bigand x Pierre Bopp 1947 x Annette Gruber Juliette B,2002 1921 Claire B, 1976 Alain B, 1948 Olivier B, 1973 x Aude Eck 1949 Fanny B 1975 Soline G,2002 x Vincent Grennerat Clément G, 2003 Anne B, 1977 )( Christian Melon Eric B, 1952 Louise B, 1986 x Geneviève Houglet Agathe B, 1988 1951 Jeanne B, 1993 Marc B, 1923 - 1926

Anne-Marie B, 1926 Catherine J, 1951 Emilie J, 1981 x Jean-Jacques Jung )( Pierre Roth 1956 + Françoise J, 1955 Jennifer J, 1984 Pierre J, 1988 2 x André Kovacs Yves K, 1960 Guillaume K, 1990 1920 - 1995 x Isabelle Menzer 19

Odile B, 1929 Sophie G, 1963 Gabriel C, 1994 xJacques Guilbot 1920- x Jean Christaki Louise C, 1998 2005 Françoise G, 1965 Soline M 1997 x Jean-Paul Malhuret Célien M, 2000

Geneviève B, 1933 Hélène L, 1959 Alexis D, 1987 x James Lequeux 1934 x Serge Duchesne 1946 François L, 1961 Lise L, 2000 x Nathalie Lorentz Nicolas L, 1963 Andy L, 1993 x Heidi Tröndle Clément L, 1996

Louise BOIS Claire D, 1922 Patrick H, 1943 Frédéric H, 1966 1894 -1925 )( Jean-Pierre Hammel )( Geneviève Tamagni )(Sophie Briant x Jacques Delpech 1921 2x Cathy Riolacci Hugo H,1999 Raphaël H, 2003 1887 – 1965 Thierry H, 1967 Clément H,1993 x Delphine Lou H, 1995 Reumaux Mathis H, 1996 Fleur H, 1998 Xavier H, 1970 )( Hélène Debouvry 2x Laurence Borghi Théo H, 2000 2 )( Chantal Kalka Anaïs H, 1981 3 x Oriane Memran Séverine H, 1945 Isabelle H, 1946 Céline L, 1972 )( Gil Le Berre Stéphanie L, 1973 Jean-Marc H, 1949 Myriam H, 1974 Paul B, 1998 x Mireille Wible x Olivier Bigot Sarah B, 2001 Deborah H, 1978 x François Merlo Marthe H, 1983

Georges BOIS Yves B, 1923 - 1955 1896-1970 Janine B, 1925 Denis R, 1952 Philippe R, 1976 x Evelyne Jaujard x Pierre Roume 1928 xDominique Thorent Julien R, 1979 1952 1897-1974 Thomas R, 1988 Marilyn R, 1955 Alexandre F, 1983 xPaul Fabre 1949-1997 Alain B, 1926 Ludovic B, 1957 )(Janine Leroux1924-1992 Antoine B, 1963 2x Francine Stehelin 1928

Jacques BOIS Raymond B, 1925 Catherine B, 1949 Paul L, 1973 1897 – 1986 xGeneviève Rohm 1924 )( Eugène Luigi 1943 Vanina L, 1976 x Raymonde Sarthou Nicole B, 1953 Jessica C, 1975 Lou D, 2002 1899-1980 )( Luc Cviklinski --- Goran Debrota Sacha D, 2003 Vlado C, 1977 Emilie C, 1979 ---- Marion B,1989 )( André Bezon 3 x Christophe Margaron 20 Rémi B, 1954 Sébastien B,1979 x Cécile Gros 1955 Paul B, 1981 Jacqueline B, 1927 Jean-Pierre B, 1931-1992 Eric B, 1960 X Marie-Geneviève ---- Sylvie Besnard

Paul BOIS Yvonne B, 1924 Claude A, 1949 Jordi C, 1973 1899 – 1963 xJacques Aeschimann xJoacquin Castellano Marti C, 1974 x Odette Cook 1923 - 1986 Miren A, 1950 Magali S, 1978 1901 – 1996 x Michel Soucasse Laura S, 1979 Annick A, 1953 Claire S, 1979 )( Yannick Sevi Hélène S, 1981 2 x Jean-Luc Borel Geneviève A, 1956 - 1992 Jean-Hugues A, 1961 Victor A, 1995 xCatherine Laurent 1963 Félix A, 2000 Eric A, 1963 Lara A, 1993 xSylvie Briet 1957 Léonore A, 1998

Roby B, 1926 Yve-Alain B, 1952 Benjamin B,1982 x Jeanne Marcquer 1924 )( Dominique Jaffrenou Alexandre B, 1986 1955 Patrick B, 1953 Matthis B, 1993 x Sylvie Vergnaud 1955 Alice B, 1994 Philippe B, 1957 Paul B, 1981 x Françoise Bourdeau Nadèje B 1984 1957 Emmanuel B, 1989 Pierre B, 1994

Jean-Claude B,1929-2000 Florence B, 1960 Marion J,1991 x Andrée Le Gallo 1935 xOlivier Jover Alice J, 1993 Richard B, 1963 Roxane B, 1995 xMahel Ranc 1968 Virgil B, 1999

Etienne B, 1930 Ariane B, 1961 Jean H, 1989 X Régine Gabai 1933-1993 x François Heilbronn Aurélien H, 1991 1961 David H, 1997 Max H, 2000 Salomé H, 2004 Jean-PhilippeB,1966-1986

Daniel B, 1943 Georges B, 1971 )(Margaret Mortifer 1946 x Ophélie Robert B, 1973 2 x Laurie Constant 1951 Hélène B, 1985

mise à jour 2004 Dossier Généalogie Malons, xls 21

ANNEXES

C’est du petit vi llage d’ARNAYON , dans la Drôme, que sont originaires les ancêtres de Jean B OIS

22

Samuel Koechlin , 1719 -1776

Photographie du portrait au « Musée de l’Impression sur étoffes » de Mulhouse 23

Adèle Renouard 1798 – 1868

épouse de Joseph Gardies 24

Emile Koechlin ( 1808-1883) et son épouse Salomé ( 1817-1891) ( père d’Emilie , première épouse de Charles II Friedel)

Charles I Friedel ( 1798-1882) et Virginie Duvernoy, son épouse (1807-1876)

25

Charles Friedel II (1832-1899)

Emilie Koechlin (1837 -1871) Louise Combes (1838 -1908) sa première épouse sa seconde épouse

26

Charles Bois (1826-1891)

et son épouse Henriette Gardies (veuve Molines) (1829-1886)

27

Henri avec ses deux demi -sœurs : Amélie Labouchère -Molines et son fils Edouard , et Louise Granier -Molines , vers 1879

Henri Bois, jeune marié et sa jeune épouse, Lucie Friedel 28 Malons en 1896 , à l’époque de l’achat de la maison (à droite de l’église) .

29

les 6 enfants de Henri et Lucie vers 1904

Henriette, Louise, Charles, Jacques, Georges, et Paul 30

Georges , Louise , Paul , Charles , Jacques, et Jean -Daniel Benoit Lucie, Henri et Henriette 1914 31

1916 Une soirée à Montauban Henri et Lucie , avec Henriette, Louise et Paul 32

Lucie Bois vers 1950

Eté 1924

Henri Bois avec André, Henri et Marc Benoit 33 En été, à Malons

1936 Lucie Bois, avec Georges, Inès , Evelyne,Paul et Odette

Le bain du soir !

Lucie Bois entourée de ses petits enfants

34 et ils eurent beaucoup d’enfants……

1996 à Malons : la fête du centenaire

les descendants d’Henri et de Lucie…...

…. avec leurs « pièces rapportées » et leurs enfants

35

TABLE DES MATIERES

***

Les ancêtres paternels d’ Henri BOIS Jean BOIS p.3 Jacques-Louis BOIS 4 Charles BOIS 4 Les ancêtres maternels d’Henri Bois Les GARDIES-RENOUARD 5

Henri et Lucie BOIS 7 et leurs enfants 10

Les ancêtres de Lucie BOIS Les FRIEDEL 13 Les KOECHLIN 15

Conclusion 16

Sources 17

Annexes Tableau de la descendance 18 Carte 21 Photos 22 …

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Editions Fontcaldiennes « Les ancêtres de la famille BOIS » 2004