Fonds Berger-Levrault 57 J
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle Fonds Berger-Levrault 57 J Répertoire numérique par Camille Brion sous la direction de Florence de Peyronnet et Hélène Say Nancy 2017 57 J Lieu de conservation FRAD054 Cotes extrêmes 57 J 1-1106 Intitulé Fonds Berger-Levrault Date début cachée 134 Date fin cachée 2000 Dates extrêmes milieu XIXe s.-2000 Niveau de description Dossier Description physique 44,30 ml Importance matérielle 214 boîtes et 464 registres. Support Papier Producteur, nom 1 Berger-Levrault Catégorie du Entreprise privée producteur Présentation du I L’imprimerie strasbourgeoise producteur 1) La fondation Les prémices de la société Berger-Levrault, vieille entreprise familiale d’imprimeurs, libraires et d’éditeurs, remontent à l’époque de la Renaissance et des origines de l’imprimerie. Bernard Rihel (ou Richel, selon une orthographe encore peu fixée à l’époque), prototypographe à Bâle, proche des milieux de Gutenberg, a exercé une activité d’imprimeur dès 1472 en Suisse alémanique, signant ses ouvrages dès 1474 : on signalera notamment le « Spiegel menschlicher Behältnis », ouvrage de grande qualité et abondamment illustré, publié en 1476, et qui rencontra à l’époque un succès considérable. Cependant, on ne peut encore parler de fondation institutionnelle ; celle-ci prendra forme en 1676 lorsqu’un descendant de la dynastie des Rihel, Frédéric Guillaume (ou Friedrich Wilhelm) Schmuck (1637-1721), catholique originaire de Ribeauvillé, établira à Strasbourg une librairie, rue Brûlée. On lui doit, entre autres, le célèbre « Recueil des costumes strasbourgeois ». Homme d’affaires avisé et sachant faire jouer ses relations à une époque où le commerce alsacien connaissait des difficultés, du fait que la province, depuis les traités de Westphalie en 1648, était désormais détachée de son creuset traditionnel, le Saint-Empire, il profite du rattachement de Strasbourg à la France en 1681 pour racheter une imprimerie importante, celle de Johann Moritz Hack, et recevoir le titre d’« Imprimeur de l’Évêché » vers 1685. Ces étapes permettent à l’entreprise de développer un marché francophone et étroitement lié aux institutions officielles. L’entreprise continue à être dirigée par la même famille, même si les noms changent, du fait de la transmission par les femmes : le fils aîné de Frédéric Guillaume n’ayant pas laissé de postérité, l’entreprise passe au fils cadet puis à la fille de celui-ci, Anne- Catherine. Elle épouse en 1728 Jean-Robert-Joseph Christmann (1704-1761), avocat et procureur au Grand Sénat. Ils transmettent en 1761 l’entreprise à leur fils François- Robert-Adrien ; celui-ci, après un apprentissage dans l’imprimerie, reprend l’entreprise. Un inventaire de l’époque témoigne d’une solide implantation de celle-ci dans les institutions locales : les recettes proviennent pour 65 % de l'intendance d'Alsace, 15 % de l'université et annexes, et 20 % de particuliers. La même année, sa sœur Marie-Anne Éléonore Christmann épouse un prote (chef d’atelier) de l’imprimerie, François-Georges Levrault (1722-1798). Christmann s’associe alors avec son beau-frère pour former la maison « Christmann et Levrault ». 2) L’entreprise de François-Georges Levrault Issu d’une famille protestante originaire du Poitou, François-Georges naît en 1722 à Ogéviller en Meurthe-et-Moselle, où ses grands-parents se sont installés et ont ouvert une école. Son père y est tabellion. François-Georges était arrivé à Strasbourg en 1742 et avait commencé sa carrière comme prote dans l’imprimerie Christmann-Schmuck. Après la mort de François-Robert-Adrien Christmann en 1771, François-Georges Levrault dirige seul l’entreprise, rebaptisée « F.G. Levrault », et joue un rôle important dans son expansion. Le nombre des presses passe de deux en 1757 à cinq en 1780, tandis que le personnel quadruple en trente ans (quatre employés en 1756 et seize en 1788). Levrault relance les activités de libraire et d’éditeur de la maison et développe en quelques années une entreprise « industrielle » cohérente. Il regroupe toutes les branches de l’entreprise par l’achat, en 1787, d’une maison à l’angle de la rue des Juifs et de la rue du Faisan, dans laquelle logent les patrons, une partie des compagnons, des apprentis et les domestiques. En parallèle, il fonde en 1789, après le rachat de la fonderie Rolland-Jacob et en association avec Thomassin, avocat, et Jacob, élève de John Baskerville, la Société typographique ; celle-ci sera chargée de fabriquer des caractères dits de « Rolland et Jacob », imités de ceux de Baskerville. 3) L’imprimerie Levrault sous la Révolution et l’Empire C’est la Révolution qui va permettre à l’entreprise de réaliser son expansion à l’échelle européenne. François-Georges Levrault a quatre fils qui firent carrière dans l’imprimerie ; mais tout d’abord, leur père a assuré leur avenir en les poussant vers les affaires ou les charges publiques : l’aîné, François-Laurent-Xavier (1762-1821), devient avocat-général auprès du Magistrat de la Ville de Strasbourg ; le deuxième, Louis-Charles (1764-1824), est avocat au parlement de Paris en 1785 et prend en 1789 la tête de l’affaire en tant qu’imprimeur-libraire ; le troisième, Nicolas-Pierre (1767-1812), entré dans les ordres, est pourvu d'une cure dans la campagne strasbourgeoise ; le cadet, François-Xavier (1773- 1844), s’engage comme volontaire en 1790. François-Laurent-Xavier, dit Levrault l’Aîné, va marquer profondément les affaires de l’entreprise jusqu’à sa mort en 1821. Du fait de son implication dans le monde de la politique – proche du maire de Dietrich et des milieux maçonniques, après avoir été président de la Société des Amis de la Constitution, il devient substitut au procureur de la commune et procureur syndic en novembre 1790, membre du directoire du département du Bas-Rhin en février 1791, ce qui ne l’empêchera pas d’être poursuivi pendant la Terreur et de devoir fuir en Suisse jusqu’en 1795 – il sait rapidement consolider l’affaire Levrault en tant que fournisseur et imprimeur attitré des nouvelles administrations, mouvement qui se développe considérablement avec l’épopée napoléonienne. Levrault a quasiment le monopole des commandes officielles (depuis le début de la Révolution, elles avaient pris le pas sur les commandes privées), dépassant largement le cadre local pour prendre une dimension nationale et européenne. On compte quarante ouvriers en 1795 et le nombre des presses est de douze en 1803. La Société typographique est incorporée à l’entreprise Levrault-Frères après 1800. Dans le même temps, une librairie, une fonderie et une imprimerie sont fondées à Paris. Après la mort de François-Georges en 1798, chacun des frères réintègre l’affaire familiale : la société « Levrault-Frères » est créée. Une réorganisation s’impose en 1803, et Levrault l’Aîné prend la direction de l’affaire. Son frère François-Xavier est nommé directeur de l’imprimerie de la Grande Armée puis imprimeur du roi de Westphalie à Düsseldorf, position qui lui permettra de faire imprimer le Code civil de Westphalie en trois langues – français, allemand et latin. Nicolas lui succède à la tête de l’imprimerie de la Grande Armée, mais trouve la mort avec tout son matériel dans la Bérézina, lors de la retraite de Russie. C’est sur ses presses qu’ont été imprimées en décembre 1805 les déclarations de Napoléon aux soldats avant et après la bataille d’Austerlitz. Au début du XIXe siècle, la société Levrault est une des principales maisons de librairie en France. Après avoir fondé son expansion grâce notamment aux publications administratives, ce sont les publications militaires qui vont faire le succès et la réputation de l’entreprise : la société obtient en 1819, pour vingt ans renouvelables, l’impression de l’« Annuaire de l’Etat militaire de France », qui va asseoir son succès et sa réputation dans les milieux militaires pendant plus d’un siècle et demi. L’entreprise imprime aussi le « Dictionnaire des sciences naturelles » de Cuvier et certaines éditions du « Code Napoléon ». Tout en s’occupant de son entreprise, François-Laurent-Xavier est successivement adjoint au maire de Strasbourg, conseiller de la préfecture du Bas-Rhin, membre du conseil général et de la chambre de commerce, inspecteur puis recteur de l’académie de Strasbourg. Ce nombre élevé de charges l’épuise et il meurt en 1821. Sa femme, qui l’assistait de son vivant, reprend la direction de l’entreprise. 4) De Levrault à Berger-Levrault En 1793, François-Laurent-Xavier a épousé Caroline Schertz, fille d’un riche négociant de Strasbourg. Ils ont deux filles, Anne-Caroline-Victoire, née en 1798, et Antoinette- Louise-Victoire-Éléonore, née en 1801. La première épouse en 1822 Charles Pitois et la seconde se marie en 1825 avec Pierre-Frédéric Berger. Les deux gendres aident leur belle-mère Caroline, veuve Levrault : Charles Pitois prend la direction de la maison de Paris tandis que Pierre-Frédéric reste à Strasbourg où il donne une impulsion dans l’édition de livres d’instruction et d’éducation. Après la mort de Pierre-Frédéric Berger en 1837 et celle de Charles Pitois en 1843, Caroline Schertz est obligée de vendre la maison de Paris, de restreindre les opérations de la librairie et de réduire le personnel de l’imprimerie. Elle meurt en 1850. Sa fille Éléonore (1801-1879), veuve Berger-Levrault, secondée par son fils Oscar (1826-1903), reprend les rênes de l’entreprise qui prend le nom de « Veuve Berger-Levrault et Fils ». Pendant plus d’un demi-siècle, donc, les femmes sont à la tête des affaires ; ayant baigné dans le milieu de l’imprimerie, elles y joueront un rôle non négligeable, mais sauront en même temps se faire aider par les hommes de la famille, associés compétents, capables d’aider l’entreprise à relever le défi des crises et des changements, et à se démarquer face à la concurrence.