Ibrahim MAMADOU Et Al. DYNAMIQUE ACTUELLE ET
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Rev. Ivoir. Sci. Technol., 27 (2016) 102 - 116 102 ISSN 1813-3290, http://www.revist.ci DYNAMIQUE ACTUELLE ET IMPACTS SOCIO-ÉCONOMIQUES DU BARRAGE DE KASSAMA DANS LA RÉGION DE ZINDER AU NIGER 1* Ibrahim MAMADOU , Maman WAZIRI MATO ², Mahaman Nouri 1 1 MAMAN MOUSSA et Moussa ELH ISSOUFOU ASSANE 1 Département de Géographie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Zinder, BP 656 Zinder, Niger 2 Département de Géographie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université Abdou Moumouni, BP 418 Niamey, Niger ____________________ * Correspondance, e-mail : [email protected] RÉSUMÉ Les eaux de surface constituent un enjeu dans les départements de Mirriah et Damagaram Takaya de la région de Zinder au Niger. Le souci majeur des habitants de ces régions est la conservation de cette potentialité et les pratiques qui s’y rattachent. Cette étude dresse un diagnostic global et prospectif de l’environnement physique et humain du barrage de Kassama. La méthodologie envisagée est centrée autour de deux points : la recherche documentaire et les travaux du terrain. Les informations recueillies ont été collectées à l’aide des outils tels que : canevas d’observation de terrain, questionnaire d’enquête, guide d’entretien, cartes topographiques, images Landsat, GPS, etc. Le présent travail de recherche vise à étudier la dynamique du barrage et les impacts socio-économiques de ce dernier sur les populations locales. L’étude de la dynamique de cette retenue montre que celle-ci et son bassin versant ont connu et connaissent une mutation perpétuellement positive. Le mode de vie de la population s’est beaucoup amélioré grâce à l’installation du barrage. En effet, plus de 1352 habitants tirent leur profit à travers le maraichage, la pêche, l’élevage, l’approvisionnement en eau etc. Bref, ce barrage constitue une soupape pour environ 47 villages du bassin versant. Mots-clés : Niger, Zinder, Kassama, barrage, dynamique actuelle, impacts socio-économiques. Ibrahim MAMADOU et al. 103 Rev. Ivoir. Sci. Technol., 27 (2016) 102 - 116 ABSTRACT Current dynamics and socio-economic impacts of Kassama dam in the region of Zinder Surface waters are an issue in the departments of Mirriah and Damagaram Takaya of the Zinder region. The major concern of the inhabitants of these regions is the conservation of this potential and practices relating thereto. This study provides a diagnosis comprehensive and forward-looking environmental physical and human Kassama dam. The proposed methodology is centered on two points : documentary research; and the fieldwork. The collected information was collected using tools such as : observation on the ground, survey questionnaire, guide service, topographic maps and Landsat images, GPS, etc. The present research work aims to study the dynamics of the dam and the socio-economic impacts on local populations. The study of the dynamics of this withholding tax shows that it and its watershed experienced and know a perpetually positive mutation. The way of life of the population is much improved with the installation of the dam. Indeed, over 1352 inhabitants their profit through market gardening, fishing, animal husbandry, water etc. In short, this dam is a valve for approximately 47 villages in the watershed. Keywords : Niger, Zinder, Kassama, dam, current dynamics, socio- economic impacts. I - INTRODUCTION Depuis quelques décennies, l’irrégularité pluviométrique tourmentait les paysans en Afrique. Cette irrégularité est beaucoup plus perceptible dans les régions arides et semi-arides. 16 % des terres exploitables étaient déjà dégradées à l’échelle mondiale en 1990 [1] dont 55 % sont provoqués par l’érosion hydrique et 28 % par l’érosion éolienne. Cette situation explique la recrudescence des crises alimentaires dans ces régions. Pour s’adapter à cette situation, les Nigériens pratiquent des cultures de contre saison autour des points d’eau tels que les mares et les retenues. Quoique l’augmentation du ruissellement ait réactivé certaines mares au Niger, des études ont aussi montré que les mares de ces régions connaissent une menace sérieuse. Cette menace se traduit par l’ensablement de leurs unités hydro géomorphologiques. A titre indicatif, le tiers de l’ensemble des mares de Gaya sont menacés par l’ensablement soit 30 % sur l’ensemble des terres de bas fonds [2]. La présente étude cherche à analyser et expliquer le fonctionnement hydrodynamique du barrage de Kassama et l’impact de cette Ibrahim MAMADOU et al. Rev. Ivoir. Sci. Technol., 27 (2016) 102 – 116 104 retenue sur la vie socio-économique des populations. L’étude concerne le bassin d’alimentation du barrage de Kassama qui s’étend sur quatre communes à savoir : Gaffati, Albarkaram, Damagaram Takaya, et Mazamni (Figure 1) de la région de Zinder. Figure 1 : Localisation des zones d’étude La retenue d’eau de Kassama et le périmètre d’irrigation se trouvent entièrement dans la Commune de Gaffati. L’essentiel de réseaux hydrographiques du bassin de Kassama remontent leur source sur les unités géomorphologiques d’altitude dans les communes d’Albarkaram et Damagaram Takaya. II - CONTEXTE DE L’ÉTUDE L’aridité de la zone de Kassama et la forte variabilité pluviométrique exposent cette population rurale à une vulnérabilité alimentaire. Le déficit céréalier et fourrager est une réalité chronique observée aux cours des campagnes agricoles. A titre illustratif, de 1980 à 2001, 14 ans sur 21 ans sont considérés déficitaires à l’échelle nationale [3]. C’est pour ces raisons que le Gouvernement nigérien cherche en perspective les voix et moyens pour développer ces deux secteurs clefs de l’économie du pays à travers la définition des stratégies. En 2002, l’Etat a adopté la stratégie de la réduction de la pauvreté (SRP). Celle-ci a pour but la réduction de l’incidence de la pauvreté à travers l’amélioration des conditions de vie de la population surtout celle du milieu rural. En 2003, l’Etat a adopté aussi la stratégie de développement rural (SDR) afin de préciser les orientations de la SRP en milieu rural. Cette stratégie vise à améliorer et préserver à moyen et long Ibrahim MAMADOU et al. 105 Rev. Ivoir. Sci. Technol., 27 (2016) 102 - 116 terme la situation économique et sociale de la population en milieu rural. Cela doit se réaliser à travers le développement des filières agro-sylvo-pastorales [3]. L’objectif général de la SDR est de « réduire l’incidence de la pauvreté de 66 % à 52 % à l’horizon 2015, en créant les conditions d’un développement économique et social durable garantissant la sécurité alimentaire des populations et une gestion durable des ressources naturelles » (MHELCD, 2005). Parmi les axes stratégiques de la SDR, on souligne la prévention des risques et l’amélioration de la sécurité alimentaire en vu de gérer durablement les ressources naturelles pour sécuriser les conditions de vie des populations. Selon les résultats du RGP/H 2012, la population de la commune rurale d’Albarkaram est de 17169 habitants dont 8453 femmes 52,02 % et 9166 hommes (47,97 %). Dans cette zone, les populations connaissent de sérieuses difficultés d’accès à l’eau tant de consommation que pour les usages quotidiens (Photo 1). Photo 1 : Forage à motricité Photo 2 : Digue du barrage de Photo 3 : Echelle de crue humaine dans le village de Kassama en pour la surveillance des Kassama en juillet 2015 juillet 2015 niveaux dans le barrage L’Etat du Niger avec ses partenaires techniques et financiers, prévoient l’installation de trois barrages hydro-agricoles : 1 à Kassama (département de Damagraram Takaya), (Photo 2), 1 à Toumbala (département de Mirriah) et 1 à Bakatsiraba (département de Tanout). Ces barrages qui consistent à endiguer les lits principaux des cours d’eau naturels ont pour but de mobiliser les eaux de ruissellement à des fins d’irrigation, d’élevage et de la pêche [4]. Les deux premiers barrages ont été construits sur la rivière appelée << Zermou >>. Ce cours d’eau était exoréique à la région de Zinder, il drainait les eaux de la partie nord–est de la région avant de se jette dans la Korama, affluent quaternaire du la lac Tchad [5]. Avec les années de sécheresses de 1970, le kori Zermou a un écoulement intermittent et développe une hydro morphologie en forme de chapelets de mares plus ou moins isolées les unes des autres. Mais ces dernières années, ce cours d’eau connaît une dynamique d’écoulement très active qui se caractérise par le drainage d’un important volume d’eau. Le kori Zermou, devient de plus en plus fonctionnel dans l’ensemble de son bassin avec des écoulements Ibrahim MAMADOU et al. Rev. Ivoir. Sci. Technol., 27 (2016) 102 – 116 106 torrentiels. Dans le secteur de Kassama, il n’existait pratiquement pas de mares dans l’axe d’écoulement du Zermou. Mais l’endiguement des eaux par la création de la retenue fournit aujourd’hui de l’eau sur toute l’année aux populations. Ces barrages visent aussi à protéger l’environnement et atténuer les manques d’eau en zone mixte où sont pratiqués l’agriculture et l’élevage (Photo 6). Dans cette zone de socle, l’accès à l’eau tant pour la consommation que pour d’autres usages est très difficile [5]. Le bassin versant de Kassama a un climat sahélien avec une longue saison sèche (8 à 9 mois) et une courte saison de pluies (3 à 4 mois) [6]. Pour l’analyse du contexte climatique local, (la température, l’insolation, le vent, la pluviométrie, l’humidité relative) nous utilisons les données de la station de Zinder aéroport (station située à environ 50 km du secteur d’’étude) du fait de l’absence de données climatiques dans le secteur d’étude. Dans cette zone, la température moyenne annuelle est de 28,7 °C (Tableau 1) [6]. Le mois le moins chaud est le mois de décembre avec 19,3 °C.