DOMME ET PAYS DOMMOIS OUVRAGES DU MEME AUTEUR Epuisés Le Périgord Méridional Des Origines À L'an 1370
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DOMME ET PAYS DOMMOIS OUVRAGES DU MEME AUTEUR EpUISÉS Le Périgord méridional des origines à l'an 1370. Sarlat et le Périgord méridional, II (1370-1453). Le Cartulaire de l'abbaye de Cadouin. Inventaire de Puymartin. La Chronique de Périgueux au temps de Louis XI. Seguin de Badefol, le roi des grandes Compagnies. Une seigneurie périgourdine en 1789. Lettres de Versailles sur les Etats Généraux. Choses et gens du Périgord. Bugeaud, laboureur périgourdin. Périgord, terre d'Histoire. DISPONIBLES Edition de la Topographie agricole du département de la Dordogne en l'an IX (Edit. Société hist. du Périgord). Edition du Livre Vert de Périgueux, en collaboration avec le chanoine J. Roux (Société hist. du Périgord). La tragique histoire du château de Lerm (S.I. de Rouffignac). Sarlat et ses châteaux (Fanlac). Chemins du Périgord Noir* (Distribution Fanlac). Couverture : Domme : Porte Delbos. Jean Maubourguet DOMME ET PAYS DOMMOIS Illustration Photothèque Pierre Fanlac PERIGUEUX @ Copyright by Pierre Fanlac, 1973 1 AU PAYS DE PONTCARRAL Pontcarral, le rude et tendre colonel d'Empire, est né là où le Périgord, lassé de n'être plus lui-même, cède la place au Quercy, là où la galopante rivière du Céou, venue du même Quercy, commence à dévier vers le nord. Il a vécu sa vie ensoleillée et bougonne là où moutonnent les plateaux chevelus qu'encadrent, non loin de leur confluent, Céou et Dordogne. Comme son père, pour avoir un nom, il avait dû emprunter celui du village natal. Comme son père aussi, jusqu'au jour de son engagement dans les trou- pes de l'Empereur, il avait été pauvre colporteur : cinq ou six lieues à la ronde, aucun des hameaux, aucune des maisons n'étaient restés pour lui sans visage, et c'est pourquoi nous le trouverons partout sur nos chemins. Puis, parce qu'il était intelligent et brave, en dix ans il était devenu colonel. Waterloo, enfin, avait fait de lui, à Fondaumier, un demi- solde. Du nord au sud, entre Pontcarral et la Dordogne, le pays dommois se confond donc avec celui que, sa vie durant, à l'exception des années de gloire, parcou- rut de jour et de nuit, par tous les temps et toutes les saisons, le héros du roman dont Albéric Cahuet a fait un personnage d'une vie et d'un relief tels qu'on peut dire de lui, comme d'un être de chair et de sang : il naquit ici, dans une de ces maisons, il habita celle-ci, il vit ce clocher, ce pigeonnier, et cette hutte, et ce châtaignier trois fois centenaire. Une remarque essentielle s'impose à qui étudie ce pays à l'époque féodale : au XIIIe siècle, le comté de Périgord, déjà si peu important sur la rive gauche de la Vézère, n'est plus rien au sud de la Dordogne. Le Quercy est dans la zone d'attraction de Toulouse et celle-ci atteint souvent la rive méridionale du fleuve. Ce n'est pas pour rien que les gens de Simon de Montfort, durant la croisade contre les Albigeois, vien- nent fourrager jusque là et s'emparent de Montfort — un Montfort qui n'a rien de commun avec Simon —, de Domme, de Castelnaud, de Beynac. Ce n'est pas pour rien puisque le pays passe très vite sous la suzeraineté directe du Capétien. C'est à Saint Louis et à son fils que les traités de 1259 et de 1279 laissent pratiquement la vallée lumineuse. Cette vallée, sur laquelle veillent les châteaux recons- truits, elle est, au XIve siècle, une limite militaire. Deux grands commandements se partagent alors le Centre et le Sud de la France : l'un entre Loire et Dordogne, l'autre au-delà de la Dordogne. De son haut balcon, le pays dommois regarde bien le Périgord Noir, mais il ne lui emprunte rien. Les plus anciens actes fixant les limites de la juridiction de Domme, y englobent, entre autres paroisses, celles de Domme-Vieille et Cénac, Castelnaud, Grolejac, Saint-Martial, Nabirat, Bouzic, Florimont, Gaumiers, Campagnac-lès-Quercy. Ainsi le pays dommois se trouve-t-il porté, dès les origines, jusqu'à ses extrêmes limites sud actuelles, surtout si l'on y ajoute Daglan, incluse dans le « ressort » au siècle suivant, Daglan siège de l'archiprêtré qui regrou- pait les mêmes paroisses. A l'intérieur de ces frontières tracées à la fois par le roman et par l'histoire, tant féodale qu'ecclésiasti- que, il constitue une sorte de bastion délimité par la Dordogne au nord, la Germaine à l'est, le Céou et la Lousse à l'ouest. Ce bastion est précédé d'une sorte de glacis qui, de Daglan et de Saint-Pompon à Pont- carral, comprend les causses de Bouzic, de Campagnac et de Florimont-Gaumiers. Ce n'est pas, comme le Périgord Noir, un pays de collines où dominent les bois, mais, bien plutôt, un plateau. Plateau plus massif et moins articulé que le Sarladais ; pourtant, surtout dans la partie méridionale, de petites vallées, vivantes ou déjà mortes, mais fort nombreuses, ont déblayé des tranchées pour les chemins de jonction. Et comme les plateaux tiennent plus de place que les versants, le pays, bien qu'il soit de sol peu fertile, offre presque autant de champs que de bois, pourvu qu'on veuille bien compter, avec les champs, les friches et les pâtis à moutons. Si bien qu'entre Périgord Noir et Quercy, dans cette sorte de marche mal connue même de ses proches voisins, progressivement tout change, les pay- sages comme les horizons et les maisons des hommes elles-mêmes. Ce qui ne change guère, d'un point à un autre du pays dommois, c'est, jusqu'à ces récentes années, la progressive dépopulation. En 1881, cinq des quinze communes du canton de Domme avaient plus de 1 000 habitants, dont trois plus de 1 500 ; la plus peuplée en compte aujourd'hui moins de 900. A la même date, la plus petite en rassemblait 319 ; aujourd'hui, huit sont au-dessous de ce chiffre. Au total 13 725 âmes dans le canton il y a quatre-vingt-dix ans, et 5 873 en 1971. On ne contristera sans doute personne en constatant que c'est le résultat d'une lamentable politique agraire poursuivie sans défaillance pendant un siècle et aggra- vée par des guerres tueuses de paysans. Il y a quelque cinquante ans, au cours d'une confé- rence sur la vie quotidienne d'un village sarladais, la comtesse Lucien de Maleville déplorait déjà la fuite des hommes et la ruine des maisons. Comme il était curieux, ce village de jadis, replié sur -lui-même à la façon des très vieilles gens ! Ruche laborieuse dont les abeilles ne demandaient rien pour vivre aux ruches voisines. C'était le beau temps des petits métiers — ceux qu'on rêve aujourd'hui de faire revivre. A la maison besognaient fileuses, sabotiers, potiers, forge- rons, vanniers, énoiseuses ; les feuillardiers, les bra- conniers — mais ceux-ci existent toujours —, les caveurs de truffes, les charbonniers parcouraient les bois. Le couvreur chantait, en équilibre sur le raide toit de pierre. Parfois passaient devant la maison des artisans ambulants, étameurs malins, ramoneurs d'Au- vergne, colporteurs de pacotille comme les Pontcarral. Aux dates accoutumées les frairies battaient le rassem- blement des « baraquins ». Le veston réglementaire n'avait pas encore coulé les hommes dans un moule identique et les silhouettes étaient aussi pittoresques que diverses: Madame de Maleville évoquait celles du meunier, du chantre-sacristain, du régent, elle esquis- sait celles du gentilhomme légèrement voltairien et solide mangeur, du notaire quarante-huitard, de l'offi- cier de santé, aussi dévoué à ses malades qu'ami des « frétisses » et du chabrol. Tout cela, c'est « autre- fois ». Pourtant, il faut signaler dès maintenant, que les villages dont nous aurons à constater l'abandon et à dénombrer les ruines, semblent destinés à reprendre vie, pendant les vacances du moins, dans les prochaines années. Presque plus rien n'y est à vendre: la plupart des pans de murs sont la propriété de citadins. La pierre a un grand avenir devant elle. Espérons qu'il sera beau et qu'on ne permettra à personne de venir faire ici n'importe quoi n'importe comment (1). (1) Deux cartes sont particulièrement utiles : la feuille Gourdon de la carte de France au IjlOOOOQe et la carte touristique Quercy-Périgord à la même échelle. On pourra également consulter les cartes de France au 1/25000® Sarlat 5-6 et 7-8. II AUX RIVES DE LA DORDOGNE La haute falaise qui porte l'église et le château de Grolejac semble préfigurer toutes celles que, du con- fluent de la Germaine à celui du Céou, vont dresser au-dessus du fleuve les plateaux pierreux du pays dommois. Cette longue et onduleuse barrière, on l'a déjà évoquée dans CHEMINS DU PÉRIGORD NOIR, mais il manquerait quelque chose d'essentiel à ces pages si l'on n'y suivait pas, d'abord, à travers la trouée sarladaise, les eaux puissantes de la Dordogne. Il reste, par chance, beaucoup à dire. GROLEJAC est un bourg double. Qui vient du nord découvre d'abord, à gauche du pont, tout en haut, l'église romane et un vieux château transformé au XVIIE siècle. En bas, les maisons s'alignent le long de la route Sarlat-Gourdon entre les rochers abrupts creu- sés de grottes mystérieuses et la petite rivière de Germaine. L'une d'elles, à droite, à l'entrée du bourg, a été récemment reconstruite avec un incontestable bonheur ; on souhaite qu'elle devienne, non pas un modèle, mais une source d'inspiration. Après les Sali- gnac-Fénelon, coseigneurs de Grolejac aux XVE et xvr siècles — on disait alors Gaulejac —, le fief appartint aux sieurs du Pouget, puis, par héritage, aux Chaunac, aux Gontaut-Saint-Geniès et aux d'Estresse.