- -

Revue semestrielle éditée par les Archives départementales de la

:\'0) /JlJ7N 1996

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION François BORDES

REDACTEUR EN CHEF Bernard REVIRIEGO

COMITÉ DE LECTURE François BORDES, Joëlle CHEVÉ, Michel COMBET, Charles DARTIGUE PEYROU, Patrick ESCLAFER de la RODE, Bernard FOURNIOUX, Dominique GRAND COIN, Claude LACOMBE, Bernard REVIlUEGO.

REDACTION Jean-Pierre BITARD, Joëlle CHEVÉ, Michel COMBET, Bernard DOUGNAC, Louis­ François GIBERT, Sandrine LACOMBE, Pierre PAGEOT, Jean-Guy PEYRONY, V oilà maintenant 4 années que Mémoire en Sylvain ROUX, Raymonde SARLAT, Irène Dordogne, la revue des Archives départementales, a vu le jour. Au rythme VOIRY. de deux numéros par an, elle permet aux Périgordins de mieux connaître TRAVAUX PHOTOGRAPHIQUES leur Histoire, et de bénéficier d'une formation de base à une recherche his­ Denis BORDAS et Laurent TONDUS SON, torique qu'ils entameront peut-être eux-mêmes demain. Distribuée grâ• (atelier photographique des Archives départe­ cieusement par le Conseil général dans les 557 communes du départe­ mentales). ment, elle offre ainsi à l'ensemble de la population la possibilité de s'ap­ proprier une part de sa mémoire collective. MAQUETTE, MISE EN PAGE Thierry BOISVERT Après l'Archéologie, la Généalogie et la Santé, ce et Eric SAINT-PÉE numéro spécial aborde le thème des Femmes. Souvent oubliées de PHOTOGRAVURE l'Histoire, nombre d'entre elles marquèrent cependant notre région. Imprimerie Célèbres ou anonymes, réelles ou imaginaires, elles participent depuis longtemps à la culture profonde de la Dordogne et à son histoire. Puissent­ IMPRESSION elles, au travers de ces quelques pages, en recevoir une part de l'hommage Imprimerie Fanlac qu'elles méritent. ZAC Pare au Avenue Winston-Churchill 24661 Coulounieix-Chamiers François BORD ES ABONNEMENTS Dimlmr des Archives départementales Deux numéros par an: 70 F de la Dordogne

Prix à l'unité: 35 F Bulletin d'abonnement à l'intérieur de la revue. Diffusé par D.C.P. 9013

ISSN 1241-2228 Dépôt légal à parutÎon

Le contenu des articles n'engage que la reSponsabilité de leurs auteurs.

1 _____ ALAUNE------~

Dans cet extrait du journal Le combat Périgourdin annonçant la for­ mation du gouvernement du «Front populaire», on notera, plus parti­ culièrement la présence de trois femmes (Irène Joliot-Curie, Suzanne Lacore, Cécile Brunschwig) et de trois périgordins (Paul Faure, Yvon Delbos, Suzanne Lacore).

Quarante-cinquième :Année. - N. 2.47<1. VJ1IiGT-CINQ CENTn:1ES LE Nur..mno

Hier soir le ministère Léon Blum p'_~_"W iL M. Albert Lebrun, Pri'<üflPl1t de la République. En voici la composition : PnJsidence Conseil M. Léon BLUM lIfinistres d'Etat MM.· CHAUTEMPS Paul

.4ir M. COT ilfarillc JH!itctiTC M. GASNIER-DUPARC

M. Yvon DELBOS. Jusliee M. Mare RUCART

2 LOI du t---______ASSOCIATION __ l'>' juill,·t 1901 l'Association de Recherches Archéologiques et de Sauvegarde du Patrimoine (A.R.A.S.P.): une association qui allie terrain, animations et informations.

En 1989, sous l'impulsion d'un grou­ divers chercheurs, elle concourt à développer pe de personnes du canton de Bussière Badil, l'animation culturelle en milieu rural. et après une année de gestation, Plusieurs soirées diapositives ont déjà été l'Association de Recherches Archéologiques proposées au grand public, ayant pour et de Sauvegarde du Patrimoine du canton thème le mégalithisme, les cluseaux - de Bussière-Badil est créée officiellement. ARCHEA Limoges - le passé gallo-romain, la fouille archéologique, etc. Les scolaires en L'A.R.A.S.P. a pour but la recherche, la ont également bénéficié, soit à l'occasion de prospection et l'inventaire archéologique, «Sciences en fête», soit directement dans les ainsi que l'information et la sauvegarde du classes de Nord-Dordogne et de Charente, patrimoine. Elle se consacre aussi à l'anima­ autour de la Préhistoire et du gallo-romain. tion scolaire et extra-scolaire autour de la L'A.R.A.S.P. a réalisé quelques actions préhistoire, de l'histoire ou de l'archéologie. d'archéologie expérimentale : réalisation et cuisson de poteries néolithiques en 93 et 94, Dotée d'un conseil d'administration, participation aux «Fêtes des forges à Etouars», elle possède également une équipe d'anima­ le 15 août 95 où, à partir d'un four romain et tion ne comprenant que des bénévoles. Cette sous la conduite d'un archéo-métallurgiste dernière organise les diverses activités pour (philippe Andrieux, archéologue départemen­ la vingtaine de membres qui compose tal de Seine et Marne), une réduction directe l'A.R.A.S.P. de fer füt réalisée (cuisson du minerai dans un L'A.R.A.S.P. s'attache à être présente bas fourneau gallo-romain). sur le terrain : L'avenir de l'A.R.A.S.P. est tout tracé: - dans un souci de formation d'abord : - aménagement d'un nouveau local, chaque année, une partie de ses membres mieux adapté à l'animation et aux activités de participe à des chantiers de fouilles sur le recherches et de gestion de la prospection, à département ou dans les régions limitrophes; Piégut, si, toutefois, l'équipe d'animation par­ - dans un esprit de recherche scienti­ vient à trouver une solution de financement; fique : l'A.R.A.S.P. est habilitée pour effec­ - développement de fouilles archéolo­ tuer une prospection inventaire dans le giques dans le canton de Bussière-Badil sur Nord-Dordogne, et participe à l'élaboration des sites récemment inventoriés; de la carte archéologique régionale; - collaboration avec le Centre de - elle prête également son concours à Découvertes de pour la mise en des chercheurs dans le cadre de chantiers place et l'animation d'un module de fouilles ponctuels à : Campniac, , Saint­ à , et, bien sûr ... , la prospection­ Méard-de-Dronne, Bouteilles-Saint-Sébastien, inventaire et les animations. Vilhonneur (16), Locmariaquer (56), Le Gurp L'A.R.A.S.P. est ouverte à tous les (3). En 1991, l'A.R.A.S.P. a réalisé sa pre­ adultes s'acquittant de la cotisation annuelle mière grande opération de terrain par un son­ de 100 F. dage sur un site néolithique de hauteur à Depuis maintenant cinq ans, Saint -Barthélémy-de-Bussière. l'A.R.A.S.P. publie une plaquette annuelle De la Préhistoire à nos jours - Archéologie en 1 - En n:ntc dan~ It:s Au-delà de la recherche fondamentale NontroJZ7zC!is 1. Cette dernière permet de faire librairies. au Syndicat menée par l'équipe d'animation, sous cou­ le point sur les activités associatives, mais d'initiative .le Pie:t:ut­ Pluviers ou au siège vert du Service Régional d'Archéologie ou de elle propose également a!1 lecteur des articles social.

3 de fond sur la préhistoire, l'archéologie ou our tous renseignements complé­ l'histoire locale. La parution s'effectue en P mentaires prendre contact avec la mairie de juillet ou août, sauf cas particuliers. Le Saint -Barthélémy-de-Bussière, ou, directe­ numéro six est déjà en route. Cette publica­ ment, avec Jean-Guy Peyrony, au tion est ouverte à tous, dans la mesure où les 53.56.39.17. articles proposés concernent la préhistoire, l'histoire ou l'archéologie du Nontronnais ou du voisinage immédiat. Jean-Guy PEYRONY

Disponible aux Archives départementales de la Dordogne. 2 volumes (Texte et documents). 100 F + 21 F de frais de port.

4 f----___PAROLE DE LECTEUR __

Entretien avec Nicolas Lux.

Bernard Reviriego : La qllestion est désormais N.L. : Récemment, dans mon collège, des dassiqtte " peux-tu te présenter à nos leG1ettrs ? travaux de reconstruction des bâtiments ont eu lieu. Une multitude de vases, objets, Nicolas Lux : J ai 14 ans et je suis en qua­ restes de maison gallo-romaines, a été enle­ trième, au collège Bertrand de Born. Je suis vée et mise, si je ne me trompe pas, au musée un passionné d'histoire et je vais aux du Périgord. Dans la classe, nous avons lon­ Archives départementales depuis deux ans et guement discuté sur la provenance de ces demi environ. antiquités, sur l'organisation de ces per­ sonnes, etc. Puis, le «prof» nous a demandé B.R. : Ql!elles ont été les conditions dt! premier des précisions, bien sûr à chercher soi-même. contact avec les Archives? Puis, à la fin du cours, je lui ai révélé ma pré­ sence aux Archives, et il m'a posé une seule N.L. : Il se trouve que j'ai, chez moi, un livre question : Pour quoi faire ? Je n'ai rien sur l'histoire de Périgueux, de M. Guy répondu et je m'en suis allé. Certains peu­ Penaud. Je lisais, chaque soir, un chapitre de vent prendre ce geste comme insolent. Moi, ce livre qui a, pour moi, une grande valeur, je ne crois pas, car, avec tout le mal que l'on vu les recherches gigantesques qui ont été peut se donner pour des recherches, résumer effectuées. Et c'est pour ça que, il y a deux tout ça en une seule question idiote : Pour ans et demi, je me suis décidé, après maintes quoi faire ?, ça peut donner à réfléchir, sur­ réflexions, à aller aux Archives départemen­ tout venant d'un professeur d'histoire. tales afin d'approfondir ces connaissances. Rapidement, je me suis rendu compte que le B.R. : Tes thèmes demfJerche ont-il changé? travail qu'il fallait accomplir n'était pas aussi facile que de lire un «bouquin». N.L. : C'est en voyant toutes les difficultés que me posaient les recherches sur l' histoire B.R. : Qmlles impressions gardes-tt! de ce premier de Périgueux que j'ai laissé l'ensemble de mes contact? travaux, malgré les conseils et recommanda­ tions des archivistes et d'autres personnes, N.L. : Les personnes qui étaient présentes que je remercie beaucoup. Je peux, quand dans la salle de lecture m'impressionnaient même, dire que j'ai pu apprendre de nom­ beaucoup, en me faisant un grand sourire. breuses anecdotes, et connaître des moments Ça m'a gêné au début, mais à présent, j'y importants de notre très belle ville de suis habitué. Aussi, peu après mon arrivée, Périgueux. j'ai remarqué que j'étais le seul mineur à l'in­ Grâce aux indices que me fournissaient mes térieur des Archives. Mais c'est surtout en parents et grands-parents au fur et à mesure entendant ce silence qui devenait presque des semaines et des mois, je me suis dirigé inquiétant, et en voyant ces «accrochés d'his­ vers la généalogie. Tout d'abord en allant à la toire» plongés dans les registres ou observant mairie du village, puis aux Archives. J ai pu, une carte, et qui ne se levaient que rarement, jusqu'à maintenant, remonté au début du que j'ai compris l'importance de ces petits XVIII' siècle. détails que l'on trouve par-ci par-là, et qui Mais, ayant énormement de soucis en ce font l'histoire, notre histoire! moment, et surtout après le décès de mon frère en février, j'ai préféré interrompre B.R. : Existe-t'iluJZe approche cles Archives ait momentanément mes recherches, malS Je collège? vais bientôt les reprendre.

5 B.R. : Quelle a été ta méthode de travail? l'épouse, ceux des parents et grands-parents, etc. Cette fiche peut être classée, grâce à un N.L. : On peut dire que, les premières fois numéro de série, et rien de tous ces noms ne que je suis allé aux Archives, je ressemblais à peut donc être perdu. un touriste... Ignorant le fonctionnement des ordinateurs et autres machines, quelles B.R. :Je crois que tu as attssi de l'intérêt pottr des qu'elles soient, je mettais simplement sur un disczplines autres que l'histoire? petit papier le nom du document en ques­ tion, ainsi que sa cote, et je le donnais aux N.L. : Il est vrai que j'aime beaucoup l'his­ archivistes, qui étaient très embarrassés. toire, mais aussi ce qui s'y rapporte : la Mais, heureusement, je demandais seule­ généalogie, l'archéologie, la paléontologie, ment des livres, ce qui est plus facile. Puis, l'architecture, l'art, etc. Nous avons la chan­ un jour, las de devoir chercher mes livres de ce de vivre dans un département qui regorge cette façon, on m'expliqua le déroulement de monuments historiques et qui est classé des opérations, et, depuis ce jour là, je n'em­ comme le deuxième, en , par le bête plus personne ... nombre de constructions médiévales et Après, un ami et moi avons mis au point, sur antiques. Chaque maison ou tourelle de la ordinateur, une fiche généalogique permet­ ville fabuleuse qu'est Périgueux a son histoi­ tant de pouvoir écrire la date de naissance, re, et je pense qu'il est important de les de décès et de mariage, les noms et prénoms connaître, ou, du moins, quelques unes. des frères et sœurs, ceux de l'époux ou de

Nous nous excusons auprès de nos lecteurs pour le retard de parution du présent numéro de Mémoire de la Dordogne. Le prochain numéro paraîtra, comme prévu, à la fin de l'année. La rédaction

6 1 I------A LJECOLE __

Le recrutement militaire, de la fin de l'Ancien Régime à la veille de la première guerre mondiale.

III Gravure de 1742. A.D. 24, 4 E 18.

Le sujet du concours de l' «Historien On mettait dans un chapeau autant de de demain» retenu pour l'année scolaire billets qu'il y avait d'hommes de 16 à 40 ans 1995-1996 ayant pour intitulé de fait mili­ appelés à tirer, et, sur certains de ces billets, taire dans la société civile», le Service éduca­ figurait le mot «milicien». Ces «billets tif des Archives départementales a organisé noirs», comme on les qualifiait, désignaient une exposition qui retraçait l'histoire du les hommes appelés à servir pour six ans et, recrutement militaire de la fin de l'Ancien qu'en temps de paix, on convoquait à inter­ Régime à la veille de la première guerre valles irréguliers pour des périodes d'exercice mondiale, au travers de documents locaux. d'une quinzaine de jours. Bien que le service Dans les dernières années de la monar­ de la milice se réduisît à peu de chose en chie absolue, l'armée était constituée de trois dehors des guerres, la terreur qu'elle inspi­ éléments différents : la Maison du Roi, les rait était profondément implantée dans la troupes réglées et la milice. Les troupes réglées population ; aussi les tirages au sort don­ formaient l'armée proprement dite et comp­ naient-ils fréquemment lieu à des scènes de taient, en 1789, - sans les officiers - environ désespoir, mais aussi de rixes et de sédition. 170.000 hommes. Ils s'étaient engagés volon­ tairement, soit par nécessité économique, soit Sous la pression des événements, et pour sur un «coup de tête», ou séduits par le boni­ faire face aux dangers extérieurs ainsi qu'à la ment des sergents-recruteurs qui promet­ contre-révolution intérieure, les assemblées taient distractions, avantages matériels et révolutionnaires, de la Constituante au gloire et, en plus, offraient largement à boire. Directoire, créèrent peu à peu, sans aucun plan La milice, quant à elle, constituait une préconçu, la nouvelle armée nationale. Les réserve de troupes provinciales forte d'envi­ principales étapes de cette création progressive ron 75.000 hommes. La désignation des furent la levée des volontaires de 1791, la pro­ miliciens s'effectuait par tirage au sort dans clamation de la Patrie en danger et la levée des chaque paroisse, ou groupe de paroisses, sous volontaires de 1792, la levée des 300.000 le contrôle d'un représentant de l'intendant. hommes de février 1793, la levée en masse

7 d'août 1793 et l'instauration de la conscription partir mais, est-il indiqué, il ne peut adopter le en septembre 1798. choix par l'âge ou par le vote. Il ne reste donc Au début de l'année 1793, alors que la plus, en pratique, qu'un seul mode de désigna­ France se préparait à entrer en guerre contre tion : le tirage au sort. C'est ce qui, d'ailleurs, fut l'Angleterre, la Hollande et l'Espagne, les formulé par la loi du 28 nivose an XII (28 effectifs de l'armée étaient tombés à 220.000 décembre 1803), qui remit en vigueur le procédé hommes. Beaucoup de volontaires de 1791 autrefois employé pour la formation dda milice. étaient, en effet, rentrés chez eux en raison Plusieurs moyens permettaient d'échapper d'une clause qui leur réservait le droit de mettre au service militaire. Ainsi, le mariage exemptait fin à leur engagement dans un délai prévu pour de la conscription, tout comme les carences la fin de la campagne, c'est-à-dire le 1er d'ordre physique, telle que le défaut de taille. décembre 1792. La Convention décida alors de Jusqu'en l'an XI, elle fut fixée à 1,598 m. puis, porter les effectifs à 500.000 hommes et donc par décret du 8 nivose an XIII (29 décembre de faire, dans ce but, une levée de 300.000 1804), le minimum fut abaissé à 1,544 m. et en hommes. Le texte reprenait l'appel aux volon­ 1813 à 1,517 m. Pour ne pas connaître la vie taires mais précisait que dans le cas où l'inscrip­ militaire, certains profitaient de la possibilité tion volontaire ne produirait pas le nombre d'hommes d'acheter un remplaçant, pratique institution­ fixé pottr chaque commune, les citoyens seront tenus de nalisée par la loi du 26 avril 1803. le compléter sans désemparer et, pottr cet effet, ils L'une des premières décisions prises par adopteront le mode qu'ils trottveront le plus conve­ Louis XVIII fut de supprimer la conscription, nable, à la pluralité des voix. Le volontariat détestée par les Français. De 1815 à 1818, le n'était plus que théorique. Pour fournir le recrutement de l'armée ne fut donc plus assuré contingent imposé, dans certains lieux on tira que par des engagements volontaires. Comme au sort, dans d'autres on désigna par le scrutin, ceux-ci étaient loin de satisfaire les besoins, le et parfois on distribua des primes. général Gouvion-Saint-Cyr, ministre de la Les levées successives de volontaires ayant Guerre, fit, en 1818, voter une loi qui rétablis­ montré leurs limites, des députés souhaitaient sait la conscription sans en prononcer le nom. leur substituer un service militaire obligatoire. Tous les jeunes gens de plus de 20 ans, mariés Aussi, le 23 août 1793, la Convention, dominée ou non, doivent se rendre au chef-lieu du can­ par les Montagnards, adoptait -elle le célèbre ton pour tirer au sort. Ceux qui sortent un décret sur la levée en masse qui appelait au mauvais numéro sont astreints à un service de combat tous les citoyens de 18 à 25 ans, non six ans. Aussi, recourait-on très souvent à des mariés ou veufs sans enfants. En réalité, de procédés magiques ou religieux pour conjurer nombreuses exemptions furent accordées, tout le sort. Incantations, prières, pélerinages, talis­ particulièrement en faveur des ouvriers qui tra­ mans, tout était utilisé. Les malheureux à qui la vaillaient dans des manufactures d'armes. chance n'avait pas souri passaient quelque L'effort exceptionnel imposé par le décret temps plus tard devant un conseil de révision, du 23 août 1793 ne pouvant être indéfiniment qui jugeait de leur aptitude physique, des prolongé, il convenait de trouver une méthode causes de dispense et d'exemption. Comme de recrutement régulière. Ces considérations durant la période napoléonienne, le remplace­ amenèrent au vote de la loi du 19 fructidor an ment demeurait autorisé pour tous; il devait le VI (5 septembre 1798), dite loi Jourdan­ rester jusqu'à la loi du 27 juillet 1872.Cette Delbrel, qui stipulait que l'armée de terre se forme dernière maintenait, par contre, le principe du par engagement volontaire et par la voie de la conscrip­ tirage au sort tout en précisant que les bons tion militaire. Tous les Français ayant 20 ans numéros ne passeraient qu'un an sous les dra­ révolus, à l'exception des inscrits maritimes et peaux et les mauvais numéros cinq ans. De des homme mariés, sont inscrits ensemble - larges catégories de la population bénéficiaient conscrits- sur les tableaux de recrutement et y de dispense de service : les élèves des grandes demeurent jusqu'à l'âge de 25 ans. Tous ceux écoles et des séminaires, les membres de l'ins­ nés la même année forment une classe et, en cas truction publique ... Il fallut attendre la loi du de nécessité, les plus jeunes marchent les pre­ 21 mars 1905 pour voir disparaître le tirage au miers.La conscription allait demeurer pendant sort et assister à l'instauration d'un service mili­ près d'un siècle la base du recrutement. taire égal et obligatoire pour tous. Obligation et égalité sont encore de nos jours, du moins en Au cours du Consulat, l'arrêté du 6 août théorie, les bases du recrutement militaire. 1802 précise qu'il appartient au conseil munici­ pal de chaque commune de choisir le mode qui Pierre PAGEOT convient pour désigner les conscrits qui doivent Service éducatif des Archives

8 I---___ DERNIÈRES ENTRÉES __

Les collections des Archives départementales s'accroissent aussi grâce aux dons de documents que font des particuliers ou par des achats de manuscrits, d'imprimés ou de documents iconogra­ phiques choisis pour leur importance ou leur rareté.

1. - DONS M. Corneille}. J 2248. - Livre de compte appartenant à la famille - Papiers des familles Debest, de ; Verliac, d', XVIII' siècle [Don de Médas, de Cercles, XVIII' et XIX' siècle. l'évêché}. J 2232. [Don des Archives départementales du - Contrat de vente par François Pluzanet, Cantal}. J 2249 et J 2250. d'Azerat, au Seigneur du Breuilh (Azerat), - Carnets d'un mineur ouvrier aux ateliers de 1728. {Don de l'évêché}. J 2232. Périgueux, (1924- 27). [Don de M. - Registre de correspondance de la justice de Dachary}.J 2252. paix de Périgueux, (1855-1868). [Don de M. - Documents concernant et son de Commarque}. Réintégration dans la série U. hospice, XVII' siècle. [Don de Madame de la - Correspondance relative à l'école militaire, Loge d'Ausson}. J 2254. 1846-1850. [Don de M. Koenig}. SERIE FI Réintégration dans la série R. - Livret de travail des enfants dans l'industrie - Cartes postales: château de Bridoire, châ• appartenant à Marguerite Lafargue de teau de Fayrac, château de Beynac, château Couze, 1911. [Don de Mme Faure}. J 2233. de Montfort. [Don de M. Bitard}. - Papiers familiaux concernant la guerre de - Carte de voeux représentant «Le soir», sta­ 14-18. [Don de M. Nogué, Bergerac}. 60 J. tuette de Marguerite Mazet (expo de 1923). - Papiers de la famille d'Entrecolas, mar­ [Don de Mme Faure}. chands à Razac, Périgueux et , - Photographie du puits de la Bartinquie XVIII' siècle. [Don de M. Ranchet}. J (commune de ). [Don de Mme 2242/1-6 et J 2243/1-8. Faure}. - Livres de comptes du XX' siècle. Famille - Cartes postales de Sainte-Alvère et de Boissat-Mazerat, de [Don de M. (2 pièces). [Don de Mme Chevalier}. Mauranges}. J 2247. - Cartes postales : l'hôtel de Clairvivre; le château de Lambertie; le château de III Vue de . - Papiers de la famille Bouchier de Lagarde Sans date. (Périgueux), XVII' et XVIII' siècles. [Don de Puycharnaud; l'abbaye de Brantôme; l'église AD. 24, ne.

9 de Domme; l'étang de Saint-Estèphe; le - Lettres de la marquise de Cumont (1892) sanatorium de Saint-Privat -des-Près et la et du marquis d'Hautefort (1869). grotte du Grand Roc aux Eyzies. [Don de (Complément au fonds Verneilh : 55 J). Mme Faure}. 2 Fi. - Manuscrit intitulé : Délibérations de la - Carte postale du château de Champagne­ ville de relative à la navigabilité Fontaine. [Don des Archives départemen­ du Drot. J 2257. tales de Charente}. 2 Fi. - Carte postale du palais de justice de 3 - DEPOTS Bergerac. [Don de Mme Faure}. 2 Fi. - Fonds Gageac-Rouilhac papiers fami­ liaux, déposé par M. de Madaillan. 62 J. 2 - ACHATS XVII'au XX' siècle. - Dispense papale à cause de consanguinité 4 - VERSEMENTS DE NOTAIRES pour le mariage de François Amouroux et - Maître Brulant, notaire à Valérie Téniès du diocèse de Sarlat, 1714. J minutes de l'étude de Saint-Pardoux-Ia­ 2234. Rivière (XVII'-XVIII' siècles). 3 E 20881 - - Condamnation pour Messire De Vassal, sei­ 20883. gneur de Laqueyssie (paroisse de Saint­ - Maître Giraudel, notaire au Buisson-de­ Chamassy) contre Marc-Antoine Marty, Cadouin : minutes des études du Buisson et sieur de Martinie (paroisse de Lamonzie de Caban (XIX' siècle). 3 E 20884 - 20970. Montastruc), 1759. J 2235. - Maître Larre-Ribière, notaire à Savignac­ - Brevet de don de l'abbaye de Fongauffier les-Eglises : minutes des études de Cubjac, pour la soeur Louise Guyonnet de Vatron, III Carnet d'emploi et Savignac -les-Eglises (XIX' du temps d'un 1710. J 2236. siècle). 3 E 20971 - 21015. ouvrier de Périgueux. - Album de gravures représentant le château 1924 -1927. A.D. 24, J 2254. d'Hautefort, XVIII' siècle. Une photo. Sandrine LACOMBE

;/;jdJ' l'>/-

(lf) ph 'al/f!'

~/V (7~'~&(;U~ <...,.",,' .J ..

~. ;Z~UM:"i'lÜ<.U{<' CÙ< ~ vâtë.a! ~1f.:."i}~ A/I« f c(~ uy-kc.ud''h-uJ ..k; ~ du .. ~~ ,d/k.d:r 6 • Il/ ( /,1 " / ' 1 ./ v . ',.,r tif (0 If qI/if ~/A.4.4 e:x .. !:6r ttunr~~ -& 4.(~ a« 1 ~-:!4LUJ. C ,ok 'Uv! d. vtdu~l:;V./ù ? L ~duJ /G<.ot..&' "" /J"",t/!' IL/51; !{)-uJ!. ,Ik..t--a«.. ft.ulj~<:' /5' e.,.., ~ ~~e , JI e~ ~~ f r.?'1 ci: ~tUv;L&c; Tau r )7dt'd /li?If;;> _ .F. 1-31. To",!"'.,.':.- -r~"<,, / //

cf.ai"/ofdJ<" . - ..fi,.J

7

10 ------FEMMES EN DORDOGNE--

les femmes dans l'œuvre d'Eugène le Roy.

Mythes et tabous des hommes d'horizons très divers. Cette récupération d'extrême droite, qui faisait S'il nous semble, qu'en cette année bonne mesure de sa philosophie fondamen­ 1996, centenaire de la naissance du roman­ talement individualiste, l'eùt certainement cier Eugène Le Roy!, une commémoration révolté. Quoi qu'il en soit, la femme nous s'impose, elle ne peut aller sans ce qu'il est paraîssait bien devoir occuper, dans l'uni­ convenu d'appeler une «relecture» de son vers culturel et mental d'Eugène Le Roy, la oeuvre. Lecture devrait-on plutôt dire, tant place fonctionnelle, dépendante et symbo­ Eugène Le Roy, est, sinon oublié, du moins lique que lui assignent traditionnellement méconnu, car totalement identifié à un seul les romanciers dits régionalistes. Au risque de ses héros, J acquou le Croquant, véritable de briser quelque peu l'image d'un roman­ mythe fondateur de l'identité «Périgord». cier tabou, et comme nous l'avions déjà fait à propos de ses fantasmes nobiliaires\ c'est par une analyse croisée et systématique de ses ouvrages que nous avons tenté de débus­ quer le stéréotype, d'en décrire les avatars et les ambiguïtés.

Cherchez la femme! La formule ne s'applique pas à une oeuvre dans laquelle elle est constamment présente et même souvent l'héroïne princi­ pale, pour ne citer que ivIelie de La Ralphie, Let Belle COl/telière ou La Petite Nicette. Mais l'aspect «volumétrique» n'a guère d'impor­ tance en regard de la place organique, stra­ tégique, des femmes dans un projet littérai­ re dont elles sont l'argument principal. Que ce soit dans jacquolt, dans L'Ennemi de la III/mages du Périgord noir. Retour de Mort, dans Melle cie La Ralphie ou dans La marché. 1930. PI. Belle COlttelière, l'impossibilité d'un mariage 11. détermine le destin des personnages princi­ Eugène Le Roy, mort en 1907, et paux, ainsi J acquou avec la Galiote, Daniel encore célèbre dans les années quarante, Charbonnières avec Minna, Damase avec apparaîssait alors, sous le patronage de Valérie ou la Maurette avec Kérado. Dans Barrès, comme l'un des chantres de la régé­ Les Gem d'Allberoq!/e, le personnage central nération nationale opérée par le gouverne­ qui, telle une araignée, étend son emprise ment de Vichy. Le thème du retour à la terre sur la ville, est encore une femme, Mme et de la femme ménagère, si présents dans la Chabouin; dans La Gent Agrafeil, c'est le plupart de ses romans, s'inscrivaient, en mariage forcé de Jean avec la <

11 de Roquejoffre avec un artisan, Jouanny, nymes pour exprimer la lutte et les coups ... (ne puis celui de son fils avec la fille d'un mar­ comporte qtt') ... un seul mot pottr le baiser et enco­ chand de cochons, matérialisent et symboli­ re est-ce le baiser de l'enfant à sa mère, pltttôt que sent à la fois, jusqu'à la caricature, ce qui celui de l'amant,' POtttotttâ»5. Et si le paysan dit constitue la thèse centrale de cette nouvelle, bien «nostro fenno» (notre femme), ou «nostro le retour de l'aristocratie au peuple. gottVernemen» (notre gouvernement), avec Un premier niveau de lecture permet tout ce que ce collectif peut comporter de classer les différents personnages fémi­ d'ambiguïté et de méfiance, la femme qui nins, selon une typologie fonctionnelle dont «coupe le farci» ou qui

12 ses genol/x, mon onde fUlilant sa pipe: moi je lisais qui associe traits physiques, -Rudel res­ qmlql!'lIlze de ces allciell7zes histoires, 0;/ 1'012 voit semble à un taureau-, et traits psycholo­ ce qlte c'était en ces temps qlte des hOllllJZes» 10. giques, le nom faisant fonction de métaphore. Si c'est la femme qui «trempe la sOl/pe», La servante du château jouit d'un sta­ c'est l'homme qui tire à boire et coupe le tut un peu différent, bien que très équi­ chanteau (la miche de pain entamée). voque. La Toinou est dévouée corps et âme L'espace domestique est soigneusement à Mme de Roquejoffre en souvenir du défunt réparti entre hommes et femmes selon une marquis: «Voyez-volfs, il me semble qtte, dit jom' codification rituelle : ainsi la table familiale où le pauvre JJZomieltr me prit là-bas dam ce est-elle recouverte d'une touaille (une taillis qu'on a coupé trois Olt qllatre fois, je sltis à nappe) du côté du père de famille, tandis cet/x de Roql/ejoffre I2 ». Même discours chez la que la femme ne s'assied que rarement, Madalit, servante-maîtresse du comte de même si elle dispose d'une servante, et s'ac- Fersac : <1 e suis aIt service de monsieur le comte

iii L'ennemi de la mort. 1935. depl/is l'âge de quinze am et demi .: il a ell ma tive autour de la cheminée. fleur et m'a tO/101trS traitée avec bectltcol/p cie bonté

Les servantes C.. ). Je serais la dernière des dernières si je l'abandonnais dam le malhe!Ir» 1.\. La servante, de ferme ou d'auberge, L'identification aux maîtres est totale ; il constitue le parangon de l'asservissement. s'agit là d'un véritable «marquage géné­ Humble, soumise, ignorante, elle est une tique» qui illustre, naïvement, les formes de esclave docile pour sa maîtresse et une proie la réponse populaire aux théories plurisécu­ rêvée pour son maître. La petite Nicette, laires des généalogistes sur la qualité de la exploitée par la «mallvaise CoulaI/de» et violée liqueur séminale de la noblesse et sur le par Rudel, est l'archétype de cette représen­ mythe du sang bleu et de la race. tation de la femme-victime sur laquelle E. Le Roy jette un regard très compatissant, tout Mais c'est le personnage de Sicarie en cherchant à expliquer par l'atavisme de la Gamonet, dite «La Grande», dans L'Ennemi race, comme par les exigences de la nature, de la Mort, qui, par l'alliance de ses quali­ l'ignoble comportement du médecin: «Ce tés masculines (la force physique, la capacité n'est point se?tlement par vice Olt débamhe que M. de raisonnement) et de ses vertus féminines RI/deI en me de la sorte; IZon, c'est aussi par néces­ (l'amour maternel et le sens du sacrifice), est sité. Il est polygame par tempérament, comme le désignée comme victime expiatoire, offerte à coq. Lili qui saigne tant les a!ttres devrait, certes, la société pour que cesse enfin la violence. pOltr rentrer mz pell dam l'ordinaire, se faire tirer Au-delà des références historiques évidentes par lm confrère, qltelqttes palettes de sang ... »Il. Ce au crime de , il serait très passion­ n'est pas tant la brutalité masculine qui est nant de procéder à une relecture du thème

10 L: ,Hol/lin dl! en cause que l'état d'une société dans laquel­ du sacrifice chez E. Le Roy selon les grilles 12 - /ilf PtI)S (k\ hem, ibid., p. 331. Pitrres, /{l;(flll.joJFI:, le la violence atavique peut encore avoir de la psychanalyse, et surtout selon les théo­ ibid. p.llO. Il La Petite i\'irdh:, force de loi. Remarquons au passage le pro­ ries de René Girard sur le rôle social purifi­ Paris, Calmann-Lé\'y. 1.=S - CEmJellli d" /(/ s. d., p. 62. cédé morphopsychologique systématique cateur et structurant du mythe de la vio- ;\/01'1. ibid., p. 1j2k,

13 lence, lorsque celle-ci s'exerce sur une vi~ti­ Plus tard, refoulement et moralisme me émissaire, androgyne ou hermaphrodite. républicain viennent épurer un discours qui reste cependant très réprobateur à l'égard du Misère de la chair travail salarié des femmes. L'ouvrière est totalement absente, tant, sans doute, pour La nourrice représente le niveau le sa place peu importante dans l' économie d~ plus humble de la société rurale ,: on p~urr~it Périgord au XIX' siècle, que pour des rai­ presque la classer dans ~a premi~re ca~egone, sons morales: la ville n'est pas, pour Eugène puisqu'elle est productnce au meme tltre que Le Roy, ce foyer rayonnant de la civilisation le bétail et décrite dans les mêmes termes : en marche décrit par un Zola ou un Stendhal; «une forte nourrice qui a deux gros pis de vache c'est une Babylone infernale, lieu de sous sa robe d'indienne I4 » ou bien, la mère I5 débauche et de corruption où le paysan dis­ Barbote, «dont les mamelles se sont désséchées ». sipe son bien ; alors «misère pour misère mieux La prostituée, elle aussi, n'a que son vaut celle des campagnes»20 ! Solidarité, mutua­ corps à vendre : «cotlremes de foires et de frai­ lité et justice sont les seuls garants d'u~ ries, sortes de filles de joie ambulantes et rm­ monde meilleur : «alors les pauvres femmes qm tiqttes» 16 ou encore «gotons de village ... gue­ s'exterminent atlX champs et dans les ateliers miches amenées de Ribérac» 17, ou trouvées à seront renvoyées à leur ménage; et puisqu'on parle Périgueux «dans la rtle qui longe f'ancie~ cou­ que la population diminue} au lieu de faire l'ou­ vent devenu prison. Cette rue est pavee de call1oux vrage des hommes} elles feront des enfants... »21 rouges de rivière... des maisons. sales} ~um~des} suant le vice} d}où sortent des brmts de clIquetIs de Au total, bien peu de femmes sem­ verres, de disputes et de chants obscènes. Une écoelt­ blent se réaliser pleinement dans un travail rante odeur de pommade à la rose et de savon au autre que celui de la maison, et, lorsqu'elles mmc emhtlantit cette rue étroite où le soleil ne voit } l' , y parviennent, elles sont en général céliba­ jamais} où trullent des pantalons rouges. ~a on taires. Ainsi, l'aubergiste, personnage essen­ trouve à solthait une pleine chemisée de chaIr pour ls tiel de la vie des campagnes où les transports trente sous} vingt SOtts} dix sous même ». sont longs et épuisants, est, par définition, hospitalière, avenante, souvent maternelle, On est très loin des romans de parfois plus, ainsi l'hôtesse du Cheval Blanc Flaubert, Maupassant, Balzac ou plus enco­ à Auberoque dont les caractéristiques phy­ re de Pierre Louys dont l'Aphrodite, publiée siques s'accordent à merveille avec sa voca­ en 1896, «était considérée comme tm bréviaire en tion professionnelle. «Ses formes pleines s}acCt!­ faveur de la prostitution 19». On .ne ,trouve pas saient vigot/remement SOtlS une robe de lame chez Eugène Le Roy de prostituee ,

14 Les femmes et l'argent République, par une bourgeoisie profession­ nelle et commerciale qui forme les cadres des Mme Chaboin, dans Les Gens d'A/lberoq/lc, républicains modérés, radicaux-socialistes, femme d'affaire sans scrupule, «marchande anticléricaux militants et antiféministes. d'hommes» corrompue et ambitieuse, est le Eugène Le Roy évoque bien ces deux stéréotype de la paysanne qui a renié ses ori­ (Troupes, mais il «ùztroclllit dam ses romans des gines et qui croit que l'argent lui ouvrira I.es perso7Znages dont les idées et les doctrines s'ép~­ portes de la respectabilité et de l'aristocratie. nOt/iront sel!lement lm demi-siècle plus tard, précz­ Au physique, elle est: «d'apparence hommasse, sément à l'époqm où il écrit»". Dans j'vIelle de à la poitrine plate, al/X handJes effacées, grison­ La Ralphie ou dans Les Gem d'/lttberoqlte, la nante, ait teint jaune, allX trctits forts, avec ltlze satire atteint des sommets de méchanceté légère mOllStache et des favoris»23. Le pouvoir et mais aussi d'humour. C'est la partie la plus la fortune entraînent une sorte d'hominisa­ faible de ses écrits, si l'on ne veut y voir que tion de la femme, qui est plus une perte de la peinture de la réalité ; ce sont sans doute, ses caractères féminins qu'une acquisition avec ses couplets anticléricaux, les moments positive de qualités masculines: Mme les plus distrayants, les plus jubilatoires .et Chaboin fume, boit, et porte culottes ; elle les moins datés, pour tout dire les plus «ht­ est blasée sur toutes choses et contemple le téraires», d'une œuvre souvent tragique ou monde avec la morgue et le dédain des mil­ très moralisatrice. lionnaires ; véritable contre-modèle physique et moral de la féminité selon Eugène Le Roy, incarnée dans ce même roman par Michelette Desvars ; le pouvoir et l'argent, s'ils corrom­ pent l'homme détruisent totalement la femme et la conduisent à la folie. On peut substituer à la typologie fonctionnelle, un autre type de classement lié à la position sociale, selon un schéma encore très proche de la société d'ordres de l'ancien régime - clergé-noblesse-bourgeoi­ sie- paysannerie- mais qui semble, au XIX' siècle et dans l'œuvre d'Eugène Le Roy, enco­ re moins perméable et mobile que ne l'était cette dernière. La bourgeoisie L' œuvre d'Eugène Le Roy s'inscrit, à III L'ennemi de la cet égard, dans une tradition française sati­ mort. 1935. rique antibourgeoise, dénonçant le règne de l'argent et, plus encore, celui du paraître. La La femme noble bourgeoisie, dont on sait l'importance dans le jeu économique à partir de 1830, apparaît V alérie de La Ralphie, paradigme de ici comme une classe parasite, entre la pay­ la femme noble, tient une place centrale sannerie et la noblesse. Oisive, bavarde, dans l'univers sentimental du romancier. mesquine et malthusienne, elle fonctionne Pour nous la peindre, il utilise ses procédés selon le principe d'imitation de l'aristocra­ physiognomonistes habituels, qui, poussés tie et son véritable culte est celui du veau à l'extrême, schématisent à outrance son d' ~r camouflé sous le masque hypocrite de la personnage, et lui font perdre en crédibilité religion catholique. Classe inutile, elle est, et en sensibilité ce qu'ils lui font gagner en par définition, vouée à la disparitio,n.. , abstraction et en valeur de modèle. Il faudrait comparer plus preosement Physiquement, Valérie est, selon le terme ce portrait avec l'analyse proposée par la consacré, une fille «racée» : cheveux noirs (il 2i y aurait beaucoup à dire sur la fascination 13 - Lo (;âlJ (/,/1111;(­ thèse de Ralph Gibson , qui met en évi­ que semble sur l'écrivain la chevelu­ lW/ilL ibid., p. Ill. dence la présence d'une forte bourgeoisie exercer re féminine, mais je laisse aux psychanalystes - Ralph Gibson : rurale en Périgord, après la Révolution, qui Ln Slj/db/CI d l'J:gh\e, le soin de déchiffrer ce fétichisme), yeux rhi::sl' Uni\'. de , disparaît presque totalement à la fin du 25 - Prancls Lacoste. 7 bleus, haute taille, teint clair, pieds menus 19 1. siècle, remplacée, sous la Troisième {)/J. o'/., p. ~rî-l)5.

15 malS formes généreuses, qui lui donnent annonce l'enchaînement et le dénouement une présence charnelle incontestable. fatal de l'intrigue. Aucune mièvrerie dans ce portrait, comme c'est le cas pour celui de Minna dans Tota mulier in utero L'Ennemi de la Mort qui n'est qu'une pâle variation de Valérie; il est vrai que ses ori­ Valérie tente d'échapper au dilemme gines sont plus obscures ... en refusant tout d'abord de se conformer La description morale répond en tous aux usages de son monde et en ne se sou­ points à cette esquisse physique. Fière, ciant pas de sa réputation. Pour échapper à orgueilleuse, maîtresse et souveraine , idole ses «ardeurs héréditaires», à l' «atavisme dû au capricieuse, dominatrice, et seulement sou­ sang libidineux de Louis XV»28 , elle se livre , mise à ses préjugés de caste. Sa personnali­ après la mort de Damase, à une intense acti­ té est définitivement fixée par sa détermina­ vité physique : longues courses à cheval tion sociale. L'organisation et la répartition dans les forêts, bains froids, marches forcées sexuelle de l'espace répondent à ce schéma. derrière le gibier ( la chasse qui est aussi un Alors que nous avions vu une répartition moyen de tuer symboliquement la bête qui horizontale de l'espace dans le monde pay­ est en elle), tout est bon bie. que s'impose Valérie évoquent le personna- 29 Ibid, p. 276. ibid, p, 74, dans ce raccourci un peu sommaire qui

16 ge de l'impératrice d'Autriche, Elisabeth, valent exact dans la maladie de Valérie. On parcourant toute l'Europe pour échapper à comprend mieux alors comment, soumise à la sa neurasthénie. Le couplet sur les reines double fatalité de son sexe et de ses origines criminelles de l'histoire de France, associant, sociales, aucune issue ne lui est possible. dans un monstrueux cocktail, luxure et Mais, et c'est sans doute ce qui donne toute-puissance, est significatif de toute une à l'oeuvre son authenticité douloureuse, historiographie romantique du XIX' siècle Valérie ne succombe pas à la tentation. dont Eugène Le Roy se fait l'écho: «A tra­ Damase reste le seul homme de sa vie. Si ce vers les siècles, elle [Valérie} était de la race de ces n'est pas sa volonté qui la sauve, c'est son terribles femelles qui Ollt épollvanté lellr temps : orgueil ; on conviendra que la nuance est jlvIessaliJZe, la louve romaine " Frédégonde, la cri­ mince ... En tout cas, telle est son épitaphe: minelle franque; lsabeat! de Bavière, la «grande «Et pourtetllt il y avait qttelqzte cbose de gretnd et gorre» ; Catherim l, proclamée par Byron «la ele noble elcms cette femme qui s'était volontaire­ pills grande des souveraines et des catim 50 ». On ment Ja1tvée el!t vice par la folie!»". Valérie retrouve dans ces lignes toute la polémique occupe, dans le panthéon féminin d'Eugène de son temps sur la justification de la loi Le Roy, une place clef. Elle est la seule qui, salique par l'affirmation d'une incompatibi­ sans les secours de la religion, parvient à lité fondamentale de la femme avec le pou­ dominer ses instincts. Elle représente déjà, voir politique; tout l'imaginaire aussi d'une par son indépendance physique, matérielle république coloniale qui dénonce, avec une et spirituelle une sorte de «prototype» certaine hypocrisie, la barbarie des souve­ féminin, qui, à l'évidence a fasciné l'homme raines orientales, de l'impératrice Tseu-Hi à et le romancier, et auquel on pourrait dire la reine Ranavalo de Madagascar. qu'il a donné sa chance! Prototype dont le modèle s'inspire tout autant d'une société Mais, plus profondément, se dessine aristocratique d'Ancien Régime offrant à la l'image d'une femme totalement soumise à femme une place privilégiée que d'un sa nature physiologique. De ce point de vue, modèle plus contemporain dont l'auteur l'on sait combien le XIX' siècle fonctionne n'ignore pas le surgissement au premier encore selon un schéma hérité de plan de la société française du XIX' siècle. l'Antiquité. Comment ne pas citer la phrase célèbre de Platon à laquelle répond, après La femme et le prêtre plus de deux mille ans, le discours des méde­ cins du XIX' siècle sur l'hystérie : «chez les Minna est, en revanche, l'exemple femmes, ce qU'ail etppelle matrice ail utéms est (.. .) type de l'asservissement de la conscience I/Il ctJzimetl etlt-eledans d'elles qlli et l'aPPétit de féminine par la religion catholique, véri­ fe/ire des enfemts ; et lorsque met/gré l'âge propice, table leitmotiv dans l'oeuvre d'Eugène Le il reste lm long temps SetilS frl/its, il s'impettiente et Roy. Doublement même, puisqu'elle a deux JIIpporte 17/etl cet état; il erre petrtolft det!Zs le corps, confesseurs, selon la nature de ses péchés, obstme le pewetge dIt sOl/ffle, interdit let respiret­ comme la bourgeoise Mme Boyer ! «Ne tian, jette en des emgoisses extrêmes et provoq//e voyez-volis pets tO?!t ce qm ce petrtage elevotre d'emtres Illet/etelies de toutes sortes» . Il est inté­ comcZence et de mOlZstl'ltCltX ? Qm IZe let clirigez­ ressant de noter, au passage, que le XIX' t'am petS eJZ personne! J'écrie Detnid"". «Il eJZtre­ siècle a occulté la phrase qui précède celle­ vOJ'etit ce divorce sPiritttel et lIloretl qlli mim tant ci : «chez les hOJ7lmes, ce ql/i tient ct la iZetture des de familles, elltre l'holllme ajfretJlchi des religioJZS jMrties est lm être indocile et al/toritetire, llne sorte révélées et let femme sOllmise à la dimtioJl t01lte­ d'etlZi7lZetl qui n'entend point retisoJl, et q//e ses plfisJante d?! prêtre ... »'G. Quant à Damase, s'il etppétits, tOltjOUrs excités, portent à Val/loir tOl/t est «émll petr la foi lZetïve et eti1llemte» de Mme .-)0 -IIJid., p. 3.-)1. dominer»". Les théories médicales de la fin du Boyssier'-, il n'en déclare pas moins: «Cel1fi .) 1 - Platon, 'rimA, édit. siècle, en particulier celles de Charcot, puis, qui Jl'est pas cetpetble de diriger Jet comcZence tOllt La Pltiade. OeuYfes complètes, t. II, p. 522. surtout, celles de Freud, ont rompu avec se!/ln'est pas lm bOlllJJle»3R. Ce problème est l'étymologie et avec l'équation <

17 puisque les femmes votent plus à gauche XIX' siècles, prend, chez Eugène Le Roy, que les hommes et qu'elles votent deux fois une dimension particulière. En effet, dans plus qu'eux contre l'extrême droite. cette univers cloisonné, dans lequel les ori­ gines sociales conditionnent entièrement le La femme contingente destin des individus, l'obscurité des origines est une tragédie qui s'ajoute à celle de Mais, dans le combat de la chair et de l'abandon. Le bâtard dérange si son aspect l'esprit, la femme ne peut échapper à la matiè­ physique et psychologique ne correspond re contingente, tandis que l'homme atteint la pas à sa place au plus bas de l'échelle socia­ liberté de conscience, précisément à travers ces le. Ainsi la petite Nicette, dont la beauté, la conflits avec la femme qui constituent autant fragilité et la dignité font suspecter des ori­ d'étapes initiatiques vers la liberté. gines aristocratiques : «Elle a l'air de venir Ecoutons Jacquou : «A cette éPoque j'étais d't/ne race de paysans riches, lm peu affinés déjà, lm robuste et bealt mâle, bien fait pottr tourner la croisée avec lm mâle suPérieltr» 43. Au -delà du tête d'une de ces grandes dames dont j'avais ottÏ discours pseudo-scientifique qui reflète les parlel; qui prennmt leurs amants dam lme condi­ théories de l'époque sur la notion de race, le tion inférieure pour les mieux dominel" Mais, mal­ bâtard dans l'oeuvre d'Eugène Le Roy pour­ gré la passion qlti me poussait vers la Galiote, je me rait constituer une alternative aux stratégies révoltais à la pensée de jotter ce rôle d'amant mépri­ matrimoniales traditionnelles, endogames et sé. A son orgueil de fille noble, j'opposais ma fierté fondées sur l'intérêt. Et c'est à ce titre, par d' homme, et, malgré la fottgtte de son imPérieme cette part d'inconnu, de virginité généalo­ nature, je me sentais assez d'énergie pottr la domp­ gique dont il est porteur qu'il peut représen­ ter et lui imposer la suprématie virile»39. ter une échappatoire et permettre une nou­ J acquou a triomphé de ses sens, certes, velle genèse. Le cas de Damase est significa­ mais en refusant le combat avec la Galiote. tif et Valérie elle-même s'interroge sur les Damase, lui, succombe littéralement à son origines d'un homme doté de si belles quali­ amour pour Valérie en choisissant de la quit­ tés physiques et morales : « ... elle s'avouait ter en ces termes : «La noble demoiselle de La qtt'ill'avait qttelque peu élevée, qu'il avait anobli Ralphie ne fait aucun cas de son honneur de femme II1II Nicette et Milou. leur liaison en l'imprégnant de son affection pro- mais elle estime fort son honneur de caste! Un 1938. amant plébéien ne peut la faire déchoir! Je serai pour elle lm manoeuvre d'amour, lm goujat d'al­ côve ,. je serais admis dam son lit pottr servir à ses plaisirs et ce sera tout. De commlmauté de desti­ nées, de sentiment, de comcience, de vie morale point»"u. Et ce cri du coeur: «Combien il était humilié de n'avoir été pour elle «qU'lm homme» et non pas «lttl»1 . .1'1 »- .

La batardise Mais comment échapper à la fatalité de la race dont le thème traverse toute l'oeuvre comme un fil rouge? Jacquou lui-même, fils et petit-fils de croquant, y est soumis. Comment concilier cette détermination implacable, il fau­ drait même dire cette surdétermination lors­ qu'il s'agit des femmes, avec l'affirmation de la liberté individuelle, dogme de la philosophie des Lumières dont Eugène Le Roy est un pur produit? S'agissant de l'homme, la réponse est claire : «Damase, lui, quelle qtœ fut sa passion, la dominait par le sentiment du devoir moral et l'éner­ gie de sa volonté»42, sans doute, mais aussi pour fonde et dévouée» 44. 39 Ibid., p. 359. une autre raison, plus obscure, et que nous De son côté, Damase espère que sa 43 - La Petite Nicette, 40 - Ibid., p.17". avons tenté de mettre à jour: la bâtardise. réussite militaire l'élèvera au même niveau p.97. 41 -Ibid., p. 177. Le thème de l'enfant trouvé, présent social que sa maîtresse. Sorte d'anoblisse­ 44 - Alelle de LtI Ra/phie, !j2 -Ibid., p. 216. dans toute la littérature du XVIII' et du ment par les armes mais dont la femme p.220.

18 serait le vecteur. On retrouve là les connais­ conditiom pOlir fille femme c'est de pouvoir faire sances très précises d'Eugène Le Roy sur les des enfcmts robllstes et setim, et de les IZourrir setm 'B mécanismes de l'anoblissement sous en pâti/: .. » nous dit Hélie Nogaret . Au­ l'Ancien Régime, qu'il tente de conjuguer delà de l'exaltation de l'image maternelle, il avec les idées des philosophes du XVIII' convient de replacer ces lignes, d'une part, siècle exaltant le mérite individuel. Mais dans le contexte démographique de l'époque: cette sorte «d'anoblissement par le ventre» celui d'une réduction malthusienne des nais­ est voué à l'échec car la contrainte sociale est sances, en particulier chez la bourgeoisie, et, trop forte. d'autre part, dans le contexte politique, qui ne pouvait laisser Eugène Le Roy indifférent, la femme supportable celui de la culpabilisation organisée des femmes, jugées en partie responsables, par la Le temps du «vert paradis des amours baisse de leur fécondité, de la défaite de enfantines» (la petite Nicette et Jean, 1870. Il en sera de même en 1914 et plus Jacquou et Lina qui sont de très jolis encore en 1940. moments du roman régionaliste) conduit La deuxième condition c'est d'être une inexorablement au drame. Alors, à quoi res­ bonne ménagère : quelques morceaux de semble donc la femme «idéale», ou, plus bravoure sur les mains féminines, toujours exactement, la femme «supportable», puis­ occupées, ne manquent pas de saveur. qu'il s'agit désormais pour le romancier de Ainsi Nicette: «Ses mains ne sont petS formuler une solution raisonnable, dans le fetites pour tretvetiller la terre, ni non plm pour cadre d'un mariage officiel, reconnu par la caresser exdmiveJJlClZt. Ce sont des mains de ménet­ société «englobante» ? gère, assez petites, poillt épetisses ,. des mains à De la paysanne Bertrille dansjacql/of!le donner l'aPPétit dl! pain qu'elles ont pétri,. des Croquant, à la meunière Nancy dans Le mains aptes à 1JZct1zier le C01PS tendre des enfetnfom iVIoulin dit FraN ou à la petite bourgeoise, IZOl/vectl!-néJ»'i9. Michelette, dans Les Gem d'Auberoq1/e, il n'y Les dialogues entre Michelette et a guère qu'une différence de gabarit, fondée Lefrancq atteignent des sommets de niaiserie: sur la sélection naturelle. Michelette savonne son linge: Bertrille : «C'était //Ize forte fille de la race - «Qmlle bonne petite ménagère vom êtes! terrienne de notre pays (.. .) ses hanches larges, sa - Oh ! lme ménagère comme tant d'alltres ! poitrine robmte, ses bras forts, acCltsctient la fille fit-elle en essayant de sourire. d'lm peltple ml' leqml pèse le dur esclavage de let - Permettez-moi de n'en rien croire ... »îlJ. glèbe (.. .) On voyetit qu'elle était faite pOlir le Ou bien encore : devoi/; non p01/r le plaisir» il . - « .. . doJl1zez-moi cette vetillct1zte petite Nancy: «Il m'a tO!tjourJ semblé qm let menotte. Il let tint lm moment entre ses maim beett/té n'existe point sam la force et let scmté»i6. A comme lm jet/Ile oiseau. Elle était lm pm bmnie côté de ces femmes sculptées par Maillol, par les soim du ménage, metis mignonne de forme Michelette paraît un peu fragile : «Elle étctit etvec deJ fossettes et des doigts fllSelés. Après avoir gretJZde et SOll C01PS al/X formes élégetntes et chetstes lm pell caressé cette petite main, et l'avoir comme était comille moulé detJZS une pauvre petite robe rédJatt/fé entre les siennes, 1V1. Lefretncq let porta »". 1Z0ire bien ltSée ... tiède à ses lèvreJ et let betiset longl/C1JZeJZt» î 1. Le plus beau portrait de femme est La fonction créant ainsi l'organe, la sans conteste celui de Reine, la Belle femme règne sans partage sur l'univers Coutelière, qui tient une place à part dans domestique et ses qualités de coeur, hypertro­ l'oeuvre d'Eugène Le Roy, tant par sa qua­ phiées, lui attachent son mari sans réserve. lité littéraire, 'gue par l'absence de toute Le Roy possédait dans sa bibliothèque polémique politique, sociale ou religieuse ; l' œuvre complète de Proudhon et l'on c'est une tragique histoire d'amour sans retrouve dans nombre de passages l'influen­ date qui semble se dérouler hors du temps et ce intellectuelle de cet écrivain socialiste, i9 - La Pdi/c ;\'/(dl,;, qu'il faut lire absolument ! p. 9~. î 5 - }mJlfll!! le CP/tj/Uil!, grand pourfendeur de la femme, femme­ p.373. Mais, quel que soit le modèle, il n'est pupille, qui ne peut être une compagne pour hdWjllr.:, p. 12(j. Î<1 Lc,\lo//lilldIlFrrllf, pas censé inspirer autre chose aux différents l'homme et n'a d'autre alternative que d'être p. 152. 51 - Ibid, p. 200. héros que le désir de fonder une famille, et «courtisane ou ménagère». Le discours de P Les Gens d'Autx:nXjllt, 52 - ;\lich<:lI<: Pl.'1Tot: tous insistent sur la nature très chaste de dt: la ibid .. p. 60. JIll' Proudhon sur «la sllPériorité de let chasteté dans discours leur amour. La vocation première de la oll\Tiers (f;\nçais dll XIXc lB - LC,\[I)l!!illdll F/"{fll, la senJllalité. du travetil sllr le plaisir et (ql/i) voit sitcle,,- dans Rflllldll/iJlli(, p.220. femme c'est la maternité : «Let première cleJ dam !cl famille le meil/ml' moyen de domestiqmr 19c0.p.106.

19 l'énergie libidinale»52 se retrouve presque sco­ marier des sacs d'éctts avec d'atttres sacs d'éws»5S, lairement sous la plume d'Eugène Le Roy. ou Daniel : «Songeant à cette barbare stupidité Mais, sans doute, faut-il voir aussi dans cette des parents qui imposent à lettrs enfants des vision de la femme ménagère l'influence plus mariages absurdes et des éPoux abhorrés, pottr des profonde de Montaigne, dont les Essais lui considératiom de fortune} de vanité} d'ambition ou étaient si familiers : «La plus utile et honorable même de pur caprice»56. science et occttpation à une femme, c'est la science Dans le Moulin dt! Pratt, Hélie ruse du ménage. J'en vois qttelqtt'tme avare,. de ména­ pour échapper au pire, la confession, mais gère fort peu. C'est la maîtresse qualité et qu'on accepte le passage à l'église pour ménager sa 57 doit chercher avant tottte atttre comme le seul doire belle-mère • Eugène a épousé civilement qui sert à ruiner ott sauver nos maisons» 53; ou Marie Peyronnet, en juin 1877, et c'est une encore: «L'amitié que notts portons à nos femmes, des raisons de sa révocation par le ministre c'est ttne dottce société de vie, pleine de constance, de des finances Caillaux sur l'intervention du l1li Jacquou le Croquant. 1945. fiance et d'ttn nombre infini d'tttiles et solides ministre de l'Intérieur, Bardi de Fourtou, représentant de l'Ordre moral en Dordogne. Le mariage civil de Michelette et du percep­ teur Lefrancq reflète le scandale que provo­ qua cette cérémonie célébrée clandestine­ ment à 9h du soir à la mairie de Montignac. C'est le temps pour Eugène Le Roy de la révolte, au nom des grands principes révolu­ tionnaires de la liberté de conscience et «des droits imprescriptibles de la pensée httmaùle»58 : «Le mariage est l'union de l'homme et de la femme librement consentie: mariage c'est comentement. La fin principale dtt mariage est la subordination de l'amotlr à la jmtire, en vue de la famille et de la société. La société conjugale prodttisant des effets civils, l'acte qui la comtitue doit être tm contrat civil»59. Il peut être et, même, doit être rompu par le divorce «s'il est souillé par la tra­ hison». Cette théorie du mariage, fondé sur la volonté mutuelle «consacrée» par la loi est l'aboutissement logique de la philosophie du XVIII' siècléo et Le Roy plaide pour une cérémonie civile qui ne soit pas une simple formalité. offices et obligations J7ztttttelles»51t. Le mariage sous les étoiles Le mariage L'Ennemi de la Mort traduit une évo­ Les prises de posltlOn d'Eugène Le lution profonde en dénonçant l'aliénation de Roy sur le mariage ont fortement évolué du la liberté dans toute forme d'institution et Moulin du Pratt à L'Ennemi de la Mort. en exaltant le mariage de droit naturel, Les préjugés de classe, et, en particu­ autrement dit l'union libre. Ce qui résoud lier, ceux de la noblesse, conduisent tous les d'ailleurs au passage le problème des personnages à la tragédie. Notons toutefois bâtards. «La nature, nous dit Daniel, ne se 56 - Ibid., p. 336. au passage que l'inégalité des conditions est préocCtlpe point de fonder des familles puissantes et 57 - Le MON!in d" FraN, souvent poussée chez notre auteur jusqu'à la de créer des enfants riches; elle veut seulement des p. 196-207. caricature. La fille d'un aristocrate épousant 5S - «Défense du amants bien assortis et des enfants robustes : mariage civil» dans Le un bâtard, convenons que cela n'est pas l'amotlr seul peut satisfaire à ce voeu. Les lois Rél'eil de ft! Dordogne, 3 juin IB80. banal, même s'il est vrai que la Révolution conjugales attachent les époux pltttôt qu'elles ne les 59 - Ibid., 6 juin 1880. avait fourni quelques exemples de ce type ... unissent,. le devoir procréé trop souvent des enfants 53 - Essais, livre.: III, 60 - cf Jean-Claude chapit. 5. Quant aux considérations financières, mal doués Ott débiles. (... ) L'union libre de l'hom­ Bologne : Histoire dl! /Iltlrirlge en Decide"', 54 - Ibid. livre III, cha­ elles conduisent à la haine et transforment le me et de la femme, sans contrat, sans acte civil, Paris, 1995, p. 314 et pit. 9. mariage en enfer. Ainsi le notaire Cherrier sans sacrement} en dehors de toute question d'ar­ sC]. S5 - L'Enllemi de Ir! 61 - L'Ennemi de /(/ Morl, ibid., p. 55. déclarant «Il n'y a bêtise pareille à relie de gent, d'intérêts mondains, de convenances sociales, iHor/, ibid., p. 337.

20 c'est pmt-être là, dam lIJZe humanité lIIeillwre! le On remarque d'ailleurs, au fil des llletrietge de l'avenir ... »"!. romans et nouvelles, combien la famille tra­ Il faudrait ici développer l'histoire ditionnelle, le père, la mère et les enfants, est d'amour entre Daniel et Sylvia, sa naissance une exception. La famille d'Eugène Le Roy et son épanouissement au coeur de la forêt est toujours une famille reconstituée avec une primitive en accord avec tous les éléments, mère qui disparaît souvent prématurément et «devant le soleil et salIS les étoiles >/,2 . Il y a là une un père qui n'est que rarement le géniteur vision panthéiste qui ne manque pas de gran­ mais un homme choisi par le héros, ainsi le deur et de poésie et qui nous vaut quelques curé Bonal pour Jacquou, Latheulade pour morceaux littéraires très suggestifs, dont la Damase ou le notaire Cherrier pour Daniel. chasteté ne semble plus l'argument majeur. Peu à peu le ton de L'Ennemi de let j'VIort «Les cheve1lx noirs et crespelés de Sylviet mz pel! prend des accents messianiques -le calvaire défaits! flottetient sftr son front et s! emmêlaient etvec de Daniel est un véritable chemin de croix­ les fletlrs cie Set gerbe ... Un m7lZier rOltCOltletit detm qui font de ce dernier roman, plus que le tes­ les hm!tes bretJUüs des chênes et! etl! loin, une vetche tament d'E. Le Roy, une sorte de révélation en folie 1IZe!tgletit m! mâle ... elle étetit là t01lt près mystique. Par une formidable revanche sur de llti... Un flot de setng lui montet etll cerveetl! ... la réalité, une sorte de maternité renversée, Metis soudain il se reprit ... >/". l'homme devient l'origine de toute chose. Si, dans ce couple fondu dans la forêt C'est la réponse métaphysique ultime «vierge» de la Double, la femme a les traits aux premiers couplets mystiques du lVIottlin d'une splendide sauvageonne totalement dit Pmu exaltant la fécondité universelle : ignare, l'homme, lui, est déjà civilisé et le «Poltr le petySct7Z, c!est comme lm vreti lllct7ùge «contrat naturel» va s'organiser sur les bases entre let terre et lui " il let tient! let possède! let tottr­ d'un échange dont on détecte déjà les pré­ ne! let retourne, let jclçOlZJZe à Set mode, la soigne misses dans les romans précédents. Ce qui etvec gret17c1 etiflOttl' et jOltit en let voymzt fécondée fonde la dépendance, librement consentie, de petr son tretvetil». la femme c'est qu'elle doit la vie à l'homme. Dans un curieux mélange de culture chevale­ De l'égalité des sexes resque, - Damase sauvant Valérie d'un chien enragé au Pas du Chevalier -, de compassion Comment peut-on classer les prises charitable - Jacquou épousant Bertrille et de position d'E. Le Roy dans une perspecti­ Lefrancq Michelette pour les sauver de la ve féministe, c'est-à-dire celle d'une égalité misère-, ou de sacerdoce médical -Daniel fondamentale entre les sexes? Est-il révolu­ guérissant Minna d'une morsure de vipère et tionnaire, conservateur ou réactionnaire ? Sylvia de la typhoïde -, nous assistons à une Formulée de cette façon, la question a peu nouvelle genèse. L'homme, moderne d'intérêt; il est indispensable de la poser par Prométhé, tire la femme de la glèbe originel­ rapport au contexte historique dans lequel le et l'élève jusqu'à lui : «Cette fille à qui il se situait l'auteur et l'état de la question etVCtit red07mé let vie! qu!il avetit faite sienne petr féministe au XIX' siècle, et par rapport à sa l'etlllom; cio nt il etVetit mltivé l'intelligence et les formation intellectuelle, son engagement fetmltés, qu!il etVetit poltr etimi clire recréée detJZJ politique et son expérience amoureuse, pour sail corps et det1ZS son esprit» (,1. La vocation de la autant qu'on puisse connaître cette dernière. femme au sacrifice n'a pas d'autre origine La première remarque que l'on peut faire que celle-ci et s'exprime dans les litanies de c'est que Eugène Le Roy ne conçoit le bon­ Sylvia à Daniel: <1e t!etime à me letisser setigner heur qu'à travers l'amour partagé avec une etl! col pOlir tOil plaisir»(,) ou encore: «0 Père ... femme, qu'il nomme sa compagne, et avec mze fois tlt m!as sctltvé let vie! tlt m'ets laite femme! laquelle il n'y a pas de luttes de pouvoir tll m!imtmis : je te dois tOltt». L'amour, naît puisque l'union repose sur un consentement alors, au-delà du désir, de la contemplation mutuel, pris en toute liberté avec un enga­ fascinée de l'homme pour son oeuvre et de la gement réciproque de soutien et de dévoue­ femme pour son créateur. Au gré des nais­ ment. Daniel aime Sylvia pour «Set beetllté, Sail 61 - Ibid., p. 23 L sances, le Prométhé se mâtine très vite d'un intelligmcc! ses smtimellts généreux! l'ct7lZ0lfr pas­ 63 - Ibid., p. 121. patriarche ; mais il reste avant tout le père siolZJzé qI/elle b!i portetit, le sttperbe enlmzt qi/elle originel, Sylvia ne l'appelle pas autrement, llli avetit dOllné, tOttt cela filzcdellle1lt avetit formé 1\101'1, p. 17ô. surtout depuis sa maternité. mtre eltX Ull lim désormais impossible à rompre» (,c. 65 - Ibid., p. 22rl. Il y a là incontestablement une vision géné­ Quant à Michelette, son mari «était 6~ -I.TnllollÎ rie la ,HM'I, p. ]'6. /JcmqIN, p. 295. po!!r elle comme lm dielt» 6(,. reuse et une conception «égalitaire» dans

21 Il Jacquou le Croquant. 1945. l'acceptation de différences proclamées elle, a déjà son destin tout tracé: «Point n'est naturelles. On est, certes, très loin des vitu­ besoin de s'informer de sa vocation,' elle sera une pérations haineuses de Proudhon, mais éga­ femme de sem et de coeur, tine bonne femme et une lement très loin des nouvelles représenta­ bonne mère comme sa maman ... hein, Sylvette h. tions de la femme au XIX' siècle. Elle épousera «lm honnête garçon» et échappe­ On a souvent dit que le XIX' avait été, ra ainsi «au supplice des concours, à toutes ces au regard de la femme, un siècle de régression absurdes éPreuves, à tous ces odieux examem du et de domination; c'est, au contraire, celui brevet simple, suPérieur et alttres, qui, à bref dans lequel se font des avancées décisives qui délai, tueront la femme française ... »69. contrastent singulièrement avec le côté guin­ On s'étonne moins à la lecture de ces pro­ dé de l'éducation dont le modèle repose sur pos de la récupération qu'en fit la droite natio­ l'équation: saintes ou pouliches. C'est au XIX' naliste et que nous évoquions au début de cette siècle que les femmes apparaissent collective­ analyse. ment sur la scène politiquéR et que surviennent des changements structurels importants: tra­ Littérature et sublimation vail salarié, autonomie de l'individu civil, droit à l'instruction. Si le discours d' E. Le Roy à propos On trouve peu de traces de ces chan­ de la femme tient souvent du ressassement gements dans une oeuvre qui est dominée têtu, de la litanie, il y a là matière à s'inter­ par la vocation de remémoration et qui rend roger sur la genèse de l'oeuvre et sur sa fonc­ très peu compte des grandes mutations éco­ tion de remémoration et de sublimation du nomiques de son siècle. La femme a abdiqué passé pour son auteur. au nom de la raison sa liberté entre les mains On a souvent dit que Melle de la de l'homme; c'est donc lui qui sera en char­ Ralphie était un roman autobiographique ge de toutes ses évolutions. Si notre roman­ dans lequel il réglait ses comptes avec la cier peut donc paraître «révolutionnaire» en noblesse ancienne imbue de sa supériorité son temps, ne serait-ce que par son mariage «raciale». Echec d'une aventure amoureuse civil, cet engagement, intellectuel et poli­ avec, -nous avançons son nom avec les tique, reste strictement individuel. réserves qui s'imposent-, Melle de L'ignorance féminine est présentée comme , dont la généalogie révèle la pré­ une donnée contingente de sa nature et, si sence de ce fameux sang royal, celui de Eugène Le Roy plaide, avec réserve Louis Xv, dont Valérie se glorifie tant. d'ailleurs, pour le développement de l'ins­ L'affaire en question aurait été précédée par 68 - Georges Duby, .tvlichelle Perrot : HiJtoire truction dans les campagnes, celle des filles un autre drame, celui du mariage manqué ciel femmes eJ/ Oàclmt. Le n'est pas à l'ordre du jour. Les fils de d'Eugène Le Roy, alors percepteur à Tocane­ X/Xe siècle, sous la dir. de Geneviève et Lefrancq entrent dans la marine ou à Saint-Apre, avec une jeune fille de la haute IvIichelie Perro(, Paris, 69 us GellS cI'Alfbemqm. p. Plon, 1991. l'Institut agronomique. La petite Sylvette, bourgeoisie de Segonzac, Germaine 333-34.

22 Doursenot, que l'on se plaît à reconnaître écrivain «sur le retour» avec tout ce que cette dans le personnage de Minna. Que ces expression peut comporter de distance par rap­ échecs cuisants aient marqué au fer rouge sa port à l'expérience vécue. A une vIsIon sensibilité et son orgueil, quoi de plus natu­ immobile et immanente de la femme dans la rel? Que ses expériences personnelles aient société, il tente de substituer une vision dyna­ pu inspirer une partie de son oeuvre, quoi de mique et transcendante, animée par sa foi en la plus banal? On pourrait évoquer ici la répon­ liberté individuelle et le progrès républicain, se lumineuse de Proust à Saint-Beuve : chargée de tous ses rêves et ses espoirs d'un ave­ «Qu'ml livre est le produit d'lm a/ttre moi qm nir meilleur, mais lourde aussi de tous ses

Il Les Fils émanci­ pés de Jacquou le Croquant. 1939.

celui qm nolIS manifestons dam nos habitudes, déboires, de ses contradictions personnelles et dam la société, dam nos vices». des préjugés de son temps. Quelle fut la vie du percepteur Le Roy? On songe ici aux théories désormais Une succession d'échecs professionnels et de classiques de Marthe Robert sur le roman rêves de gloire brisés qui le condamnent à une contemporain

23 --FEMMES EN DORDOGNE------_

1945 - 1995 : il y a 50 ans, les femmes françaises votaient pour la pre­ mière fois.

4 Les femmes sont électrices et éligibles dam les - Madame Annie Rambion , qui interve­ mêmes conditions que les hommes, nait sur le thème : Le regard des jeunes sur le vote Cette simple phrase de l'ordonnance du des femmes, 2l avril 1944, signée par le général De Gaulle, Le débat qui suivit, animé par Maria met fin à près d'un siècle de suffrage dit «uni­ Carrier, fut riche d'échanges. Des élues locales versel» mais, dans les faits, «unisexe». ont témoigné des difficultés spécifiques ren­ Ce droit à la citoyenneté reconnu aux contrées, mais aussi mis en évidence l'intérêt et femmes est passé quasi inaperçu dans le chaos le bénéfice que tireraient nos institutions d'une de la fin de la guerre. plus large participation des femmes, grâce, Pourtant, et bien que revendiqué pen­ notamment, à la parité. dant deux décennies, il a été chèrement acquis En soirée, dans la grande salle décorée par la participation massive des femmes à la par l'exposition «Aux Urnes Citoyennes! - Sur le Résistance et par leur capacité à suppléer les chemin de la responsabilité», prêtée par la hommes absents dans tous les rouages de la vie Délégation régionale aux droits des femmes, économique, tant à la ferme qu'à l'usine. un «repas républicain» a clos cette journée e est donc à l'occasion des élections anniversaire très réussie. Il fut très convivial, municipales d'avril 1945 que les femmes fran­ animé par le Big Band de Razac, et ponctué çaises exercent leur droit de vote pour la pre­ par de courtes interventions de nos invitées de mière fois. la table ronde. Le Collectif du «Cinquantenaire»l, créé Des personnalités diverses s'y côtoyaient, pour la circonstance, a voulu célébrer cet évé­ dans un large éventail de sensibilités, toutes nement au cours d'une manifestation qui se conscientes de célébrer la réparation d'une voulait un rappel de l'Histoire mais surtout injustice faite à plus de la moitié de la popula­ une occasion de parler de l'avenir ... tion française, conscientes aussi, que rien, Car, s'il est vrai qu'aujourd'hui les désormais ne pourrait se penser ou se faire sans femmes sont électrices comme les hommes et les femmes. usent de leur droit dans une totale autonomie, Pour que ce cinquantenaire, célébré parmi elles accèdent peu aux postes de pouvoir ou de d'autres en 1995, reste dans notre mémoire col­ responsabilité. Avec 6,6 % de femmes élues à lective, et en collaboration avec les services des l'Assemblée nationale (pour 6,5 % en 1945), la Archives départementales de la Dordogne, une France est, en 1996, la lanterne rouge des pays «mémoire sonore» est en cours de réalisation. européens. Les femmes s'investissent plus faci­ Elle rassemble des témoignages de femmes qui lement au niveau local, là où les enjeux poli­ ont vécu l'évènement en 1945. Leurs souvenirs, tiques sont moindres. leur histoire, leurs expériences et impressions 1 - lvlembrcs du Collectif du Cinquantenaire: Une table ronde a été organisée pour pourront mieux faire comprendre, demain, que Collectif Femmes, évoquer ces problèmes, le 16 mars 1995, à CI.D.F.E Dordogne, l'accès à la citoyenneté des femmes françaises, M.F.P.F., Commissions l'Agora de Boulazac, en présence de près de longtemps contrarié, a été, comme partout, un Féminine; des Syndicats C.FD.T, c.G.T., FE.N. 180 personnes. Y participaient: progrès pour la démocratie. 2 - Madame Jeanine Mossuz-Lavau , qui 2 - Politolob'UC, diiLUI;CC de recherche au CN.R.S. intervenait sur le thème: 50 am après, qu'en est­ ct au Centre d'Eudes de la Vic Politique fr,mçaisc. il de la citoyenneté des femmes ? - Madame Michèle Bouix!, qui interve­ Irène VOIRY 3 - Sociologue, chercheu­ se Equipe T.I.D.E. nait sur le thème : Citoyenneté et place des femmes Présidente du C.I.D.D.F. C.N.R.S. à la :Maison des (Centre d'Information et de Documentation 4 - Professeur de Sciences ct de l'Homme dam la représentation politique, en Aquitaine et en Lettres, animatrice à d'Aquitaine. Périgord, depuis 1945. des Femmes et des Familles de la Dordogne) Radio-Périgueux 103.

24 ------FEMMES EN DORDOGNE-_

Suzanne Lacore, «Le socialisme-Femme»'.

idées-forces qui constituent les volets essen­ tiels de sa personnalité et de son action poli­ tique: la foi socialiste, l'oeuvre éducative, la mission féminine.

La foi socialiste

C'est l'aspect primordial de son action; on pourrait même le qualifier d'unique, tant il éclipse, ou intègre, tous les autres thèmes: laïcité, syndicalisme, féminisme, etc. Son socialisme est, en effet, plus qu'une doctrine: c'est pour elle une véritable éthique, une manière d'être, de se comporter, d'agir, bref, sa raison de vivre. Rejetant radicalement la religion dans

III Maison de laquelle elle a été élevée, mais très marquée Suzanne Lacore à par l'éducation qu'elle a reélue à l'Ecole Libre , face à la chapelle. 1946. du Bugue, Suzanne Lacore convertit l'ancienne A. D. 24, Doc. Arch. foi qu'on a voulu lui inculquer en une foi socia­ 40. liste, nourrie d'idéalisme, presque de mysticis­ l'ai besoin de VOlis". écrivait Léon Blum, me ou, tout au moins, comme le dit Alice le Ur mai 1936, à Suzanne Lacore pour la Michel, l'une de ses anciennes élèves, d'lme convaincre de faire partie du ministère qu'il exaltation d" sentiment qlti caractérise tOlite sa vie. était en train de constituer. Après bien des Restée célibataire - donc très dispo­ hésitations, la modeste institutrice retraitée nible - influencée par la lecture de penseurs d'Ajat, près de en Périgord, accepta socialistes et anarchistes, révoltée par la pau­ l'invitation et occupa, pendant un an', le poste vreté des Jacquou de la forêt Barade, sédui­ de sous-secrétaire d'Etat à l'Enfance dans le te par les démonstrations du leader socialis­ premier gouvernement de Front populaire, te périgourdin de l'époque, Paul Faure, elle devenu aujourd'hui tout à fait emblématique. «entre en socialisme» en 1906, en s'inscri­ i L'événement est d'importance: non que vant à la S.F.I.O. nouvellement construite . Suzanne Lacore ait joué un grand rôle poli­ Geste mûrement réfléchi - elle a déjà trente tique, mais parce que, pour la première fois et un ans-, et décision fort courageuse, d'une dans l'histoire, une femme accédait aux plus part, parce qu'elle adhère à un parti d'extrê­ hautes responsabilités. Une femme au gou­ me-gauche dont les thèses font encore très 1 Bernard Dougnac, S/{::dlllh' Lr'(I!i.., vernement alors que les femmes n'avaient pas peur en Dordogne et, d'autre part, parce 1875-I~-j. l, encore obtenu le droit de voter! que cette fédération est exclusivement com­ FA~LAC et Ins[irut d'Etudes Cependant, sa vie, caractérisée par une posée d'éléments masculins. Etre la seule Süôaks. t996. Travail couronné par !e intense activité et une belle longévité' , ne sau­ femme ne l'empêche cependant pas, dès son Prix Jean Ca"lgnac, rait se réduire à cet épisode aussi inattendu pour adhésion, d'écrire, dans l'hebdomadaire .2 ~ DU'I 19.1G.lU 11 elle qu'exceptionnel pour l'opinion publique . socialiste le Travaillettr dit Périgord, sous le juill Sans vouloir la retracer ici, il nous a pseudonyme à la fois populaire et charmant 5 Elle devi!1[ ccnttnairc rI~7j-19'j). paru utile d'en dégager brièvement trois de Suzon, des articles empreints de raison, î - Au Illois d'avril !90'5.

25 de passion, de foi, de certitudes, dans une tique) se consacre d'abord pleinement à son langue classique qui n'exclut ni humour, ni métier d'institutrice - des filles - qui est, poésie, ni lyrisme. . pour elle, un véritable sacerdoce. Elle y sourient pourtant la tendance la Dès son entrée à l'Ecole normale, en plus révolutionnaire du Parti, celle dirigée 1891, elle sent, en effet, qu'elle a une mis­ par Jules Guesde, l'introducteur et le vulga­ sion sociale, une oeuvre éducative à remplir. risateur du marxisme en France. A l'image Cette oeuvre éducative - elle l'explique dans de son leader, Suzon stigmatise le régime un beau discours à Agen en 1918 - consiste capitaliste et la classe bourgeoise, critique la à donner une éducation complète à la jeune droite et les radicaux, défend le prolétariat fille, non seulement en combattant les pré­ opprimé et prône la révolution sociale. jugés qui maintiennent la femme dans un Ses adversaires, ne comprennant pas qu'une perpétuel état de soumission, mais aussi en femme puisse s'exprimer en public - elle élargissant le champ de ses connaissances, en donne des conférences, et qui plus est, pour lui dispensant un enseignement scientifique expliquer l'idéologie marxiste - la traitent de vivant, une éducation civique, sociale et «folle», de «piquée» ou d' «illuminée». Suzon même corporelle. n'en a cure et continue son combat. Pour ce faire, elle souhaite une péda­ Cependant, le déclenchement de la gogie vivante, attractive, plus basée sur la Grande Guerre bouleverse ses certitudes. Elle réflexion que sur les connaissances, une s'aperçoit, à la lumière des événements - les pédagogie ouverte sur les grands problèmes ouvriers français et allemands sont aux côtés du monde, pour, dit-elle, que la femme ne se de leur gouvernement «bourgeois» respectif -, claquemztre pas en son jardin. Marie Lacore met que sa pensée d'avant 1914 était trop rigide, sa théorie en pratique à Ajat, poste où elle j son raisonnement trop manichéen. exerce pendant vingt-sept ans • Pendant la guerre, «son» concept révo­ Ses anciennes élèves ne tarissent pas lutionnaire de lutte des classes cède alors d'éloges à son égard, mettant particulière­ temporairement la place à la notion plus ment l'accent sur la confiance réciproque qui jacobine de patrie en danger. Elle soutient existait entre elles et la maîtresse (alors que d'ailleurs très fermement l'idée d'union les relations d'autorité étaient pourtant la sacrée, demandant même à aller jmqu'att bout règle) et insistant par dessus tout sur la de la lutte contre l'Allemagne. notion d'idéal qu'elle s'évertuait à leur incul­ A partir des années vingt - elle commen­ quer, toujours et partout. ce alors à être connue au niveau national - sans Car le rôle éducatif de Suzanne Lacore renier son premier socialisme orthodoxe, elle ne se limite pas aux horaires scolaires. Elle associe désormais la pensée révolutionnaire et donne aussi des conférences populaires, crée monolithique de Guesde à celle plus synthé­ une cantine scolaire, une caisse des écoles, tique et plus nuancée de Jaurès. Elle reste à la organise des jeux et des fêtes. Dans ce milieu S.F.I.O. après la scission de 1920, rejette plus culturellement assez pauvre, elle essaie de nettement toute violence, et fait de plus en prolonger jusqu'au logis rural le rayonnement de plus référence aux valeurs républicaines. la lumière. Elle évolue, tout comme Léon Blum, le Finalement, par son éducation, elle nouveau leader du Parti, vers un socialisme veut forger une femme nouvelle, car elle sait peut être plus humaniste, sûrement plus très bien que changer la femme, c'est à réformateur, mais toujours empreint de terme changer la société toute entière. pureté et de désintéressement. Ce qui ne l'empêche pas de se lancer dans chaque la mission féminine bataille électorale, d'adhérer pleinement au Front commun contre le fascisme (1934) et Le dernier rôle de son action, c'est de se réjouir de la victoire du candidat socia­ précisement sa mission féminine : attirer le liste de sa circonscription, Camille Bedin, plus de femmes de sa classe à la S.F.I.O. Si aux élections législatives de 1936. elle n'y a pas réussi pleinement - le nombre de femmes dans le Parti reste vraiment déri­ L'oeuvre éducative soire pendant toute la durée de la Troisième République -, disons qu'elle a quand même Mais Mademoiselle Marie Lacore, joué un rôle doctrinaire essentiel. En effet, comme on l'appelle à l'Académie (Marie est dès 1913, pour rompre son isolement, elle son vrai prénom, Suzanne son prénom poli- adhère, sans toutefois se déplacer, à un grou- 5 - De 1903 il 1930

26 pe parisien de militantes socialistes" et elle Sous la responsabilité du ministre de la explique dans les colonnes de leur journal Santé Henri Sellier, en étroite collaboration l'Eqllité sa conception en matière féminine. avec Léo Lagrange (secrétaire d'Etat aux loi­ Elle y défend l'idée - en particulier sirs), en symbiose totale avec son chef de dans un article fondamental «Féminisme et cabinet, Alice ] ouenne, Suzanne Lacore socialisme» du 15 juin 1913 -, que l'émanci­ publie des circulaires et crée des commissions pation de la femme ne pourra se réaliser que en faveur de l'Enfance (enfance abandonnée par l'émancipation du prolétariat tout et enfance malheureuse). Elle souhaite sim­ entier, que la lutte féminine ne doit pas être plement restreindre l'abandon des enfants et, dirigée contre les hommes, que les revendi­ par conséquent, réduire la mortalité infanti­ cations de sexe - importantes certes - ne sont le, mettre en place un dépistage précoce des pas prioritaires, que la femme n'a qu'à s'ins­ enfants déficients et donner à tous des loisirs, crire à la S.EI.G. pour défendre ses droits qui car elle est consciente, avec Léo Lagrange et se confondent avec ceux de rous les tra­ avec Léon Blum, du rôle bénéfique des acti­ vailleurs. Suzanne Lacore incarne le mouve­ vités ludiques dans le développement de la ment socialiste féminin qui s'oppose au personnalité de l'enfant. féminisme intégral, féministes pour qui la Malgré sa bonne volonté, force est de lutte des sexes est primordiale et avec les­ reconnaître que son action au sous-secréta­ quelles elle mêne une longue polémique vic­ riat à l'Enfance a eu peu de résultats tan­ torieuse (1913-1914). gibles, et ce, par manque d'argent et par Par la suite, elle consacre à ce sujet pas manque de temps. Elle aura simplement moins de trois brochures (1914, 1932, servi à faire prendre conscience à la popula­ 1945), un grand discours devant le Congrès tion des besoins médicaux et sociaux dont national de la S.EI.O. à Tours en 1931 - dis­ pouvaient avoir besoin les enfants. cours qui est à l'origine de la création du Après avoir joué ce rôle hautement Comité National des Femmes Socialistes symbolique de première femme d'un gou­ (C.N.ES.) -, et plusieurs dizaines d'articles vernement, Suzanne Lacore rentre en dans la presse locale, régionale et nationale. Périgord, en 1938, pour y poursuivre jus­ Si elle insiste, au fil des ans, sur les qu'au bout sa lutte politique, de plus en plus qualités spécifiques des femmes et si elle axée sur la défense de la laïcité, des jeunes et trouve légitimes leurs revendications pour le des enfants. suffrage, sa position est quasi immuable, Son dernier livre, Enfance erabore/" , sou­ puisque, encore au lendemain de la seconde ligne bien, comme l'indique son titre, l'at­ guerre mondiale, l'émancipation de la tention particulière qui doit, selon elle, être femme passe toujours pour elle par l'éman­ consacrée à l'enfant, ce petit être fragile, cette cipation sociale de tous au sein du Parti. personne à la fois legs lointain passé et perPé­ Suzon la doctrinaire a donc fixé dès d',m tml devenir des générations. 1913 le rôle et la place de la femme dans le Il était donc impensable, qu'à l'occa­ mouvement socialiste. Elle s'est même spé­ sion du soixantième anniversaire du Front cialisée, dans les années trente, sur la condi­ populaire et d'un numéro exclusivement tion féminine dans les campagnes, sur la réservé aux femmes du Périgord, de ne pas Femme dam l'Agrimltttre, titre d'une brochure évoquer la figure de l'institutrice d'Ajat, de de 1938 dans laquelle elle dépeint la vie cette célibataire qui aimait si bien les lamentable des femmes dans les campagnes enfants, de cette femme qui incarna le socia­ françaises. Elle s'inquiète alors beaucoup du lisme et son évolution~ au point de l'incor­ sort misérable des enfants (des petits porer dans sa nature profonde, d'être, «]acquou» du Périgord en particulier). comme le dit admirablement son ami «Enfance d'abord» Bracke, le socialisme-femme. Car l'enfant a finalement toujours été Bernard DOUGNAC sa préoccupation essentielle. Ce n'est donc

6 - Le Des pas surprenant si Blum - qui l'avait remar­ Femmes quée à Tours en 1931 et qui avait lu ses H- Publié en 1960 - dit a G.D.F.S. H5 ans. articles sur la Jeunesse dans le Populaire de - - H choÎslr aussi deux 9 - Dt 1906 à 1l)5H, c'CSt­ autres (cmmts : Cécile Paris (1927 - 1931) -la nomme: sous-secré­ il-dire dt la création dt la et Irène S.F.I.O. à la fin de la emt taire d'Etat à l'Enfance. IV Répub!i(1 11e .

27 --FEMMES EN DORDOGNE------

Les femmes dans les archives du Périgord noir.

La belle moitié de l'humanité est peu Les archives familiales, les correspondances, représentée dans les archives des pays de sont naturellement des sources très riches en droit écrit. Sous la tutelle de son père ou de renseignements humains. Mme Lasserre, de son mari, la femme n'a que rarement l'occa­ Domme, soeur du député Taillefer, écrit, le 8 sion d'agir publiquement. mars 1848 : Nous avons été trois jours sam nou­ Dans les actes notariés, on la trouve, velles de mon frère, lors de la révolution de Paris. bien sûr, dans les contrats de mariage. Et Vom dire tOttt ce que nous avons souffert est iJnpos­ encore, à certaines époques, il n'est pas rare de sible à décrire. Ma belle-soeur a maigri ces trois voir le contrat conclu par les parents en l'ab­ jours, d'une manière affreuse ... Enfin, il est revenu sence de la future. Elle agit personnellement en bonne santé. Nous remerciom Dieu de nom l'avoir lorsqu'elle écrit ou dicte son testament. Mais, rendtt et le priom de lui faire abandonner cette vie si elle est «en pouvoir de mari», elle doit être politique qui ne peut que nous cattser de grands cha­ 1 autorisée par lui. Elle agit en personne lorsque grim • Bien des choses en quelques lignes ... le veuvage lui a donné une certaine indépen­ Les archives judiciaires, surtout dance. Encore doit-elle alors passer des actes pénales, donnent souvent de nombreuses en qualité de «mère pitoyable» de ses enfants informations sur les personnes, qu'elles et au nom de son feu mari. soient plaignantes, inculpées, témoins, etc. Les registres paroissiaux ne donnent Nous en donnerons des exemples. généralement que peu d'informations sur les Dans les archives, la partie occultée est personnes. Prénoms, noms de famille, men­ plus importante pour les femmes que pour tion ou non de la légitimité, parrains, mar­ les hommes. On peut cependant constater raines, lieu de résidence, âge au moment du leur importance et leur influence. Sans que le mariage ou du décès, lieu de sépulture, etc., statut juridique l'implique, elles ont joué, sont de précieux renseignements qui restent, très souvent, des rôles considérables. Et l'on malgré tout, laconiques. Il faut des circons­ voit parfois émerger des portraits de person­ tances particulières pour que le rédacteur nalités qui sortent de l'ordinaire. d'un registre se laisse aller à communiquer ses impressions à la postérité. Statut légal et statut réel Manhes, vicaire de l'église de Cénac, inscrit, le 30 avril 1783, le mariage de Des indications d'ordre topologique Guillaume Chassaing, ancien officier de gre­ évoquent le rôle fondateur, ou prééminent, nadiers, chevalier de Saint-Louis, du village de certaines femmes. Par exemple, dans la de Viviers, avec Marguerite Girol, veuve en commune de Saint-Aubin, un village porte secondes noces de Jean Bousquet, du bourg aujourd'hui le nom de «La Borie», autrefois de Domme-Vieille. Guillaume Chassaing, de «La Borie-Guillaume» et, plus ancienne­ âgé de 66 ans, est enseveli le 28 octobre sui­ ment, celui de «Borie de dona Guillalma». vant, dans le cimetière de Cénac, par le curé Cette dona, domina, était certainement un Dufour. Le 27 avril 1784, est enregistré le personnage important. De même, une autre mariage de Jean Mercier avec Marguerite borie, dans la commune voisine de Saint­ Girol, veuve en troisièmes noces de Martial-de-, porta les noms de Guillaume Chassaing. Et le scripteur ne «Borie des Albier», du nom de leurs posses­ 1- BI!/Min de /a SociétédeJ Amis de Sarlat, 1er (ri­ peut s'empêcher de noter en marge: C'est lm seurs au XVII' siècle, de Borie de «Viel mestre 1985, nO 20, p. 22.

mariage remarquable. C'est la quatrième fois, à Pezin» au XV' siècle, et, plus anciennement, 2 - A.D. 24, 3 E 18IJ2!172 l'âge de 73 ans, et avec lm jeune homme! celui de «Borie de dona Johana'». et 13 G 17, fol. 182 vo.

28 Il Vestiges du châ• teau de Léobard. Coll. part.. Le statut réel est particulièrement fort son d'Allat. En faisait autant Marguerite de lorsque les biens du couple viennent de la la Roque, pour sa maison de Saint-Pompon famille de l'épouse, lorsque le mari est et ses biens dans les juridictions de «entré gendre». Cela se vérifie aussi bien Castelnaud et de Berbiguières, avec, toute­ chez les puissants que chez les humbles. fois, le consentement de Laurent de Le 5 novembre 1467, c'est Magne la Pechdiou, son mari ,. Mota qui, bien qu'épouse de jean de Le 5 mai 1500, HOJZesta l7l/tlier Ferrières, arrente seule une terre dans la Clémence Boytia, bien que femme de Me paroisse de Mouzens. Quelques années plus jean Hamelin, notaire, confie, pour son l - Il.D. 2i, .l E 19XO. tôt, le 27 mai 1454, elle rendait hommage à propre compte, une vache de poil salin à 1,,1.168: .lE 121JRIJ. rol.e Brandelis de Caumont, seigneur de François Marti, du mas de Labroue, paroisse et - \'0 (P(:(haur llotairt à Saint-Cyprien. Plamon Castelnaud et de Berbiguières, pour sa mai- de Vitrac, et, encore, le 21 février 1501 nouin: il Sarlat).

29 (nouveau style) à Etienne Maura, du village Le 18 octobre 1643, François de de Chaunac (même paroisse), une sue sive Bourzolles de Caumont mariait sa fille natu­ 4 trega, atm 4 parvos tessenas, de poil blanc • relle, Jeanne de à Jacques Si bien des hommes, au moment de Bouquet, de . Intervenait au contrat tester, font leur épouse usufruitière de leurs dame Gabrielle d'Orléans, épouse de biens: sit domina, sous condition de ne se François de Bourzolles, qui participait pour point remarier, on trouve le symétrique 500 livres à la dotation de la future. Etait lorsque les biens viennent de l'épouse. témoin à ce mariage Me Pierre Huron, Le 27 décembre 1675, Jeanne Delfau, ministre de la parole de Dieu, qui devait épouse d'Antoine de Vals, du village de assurer la cérémonie religieuses. Boussaguel, paroisse de Saint-Germain, fait A cette dernière époque, il semble que son mari héritier universel, à charge de la rigueur des moeurs se trouve davantage rendre à l'une de leurs filles, à condition dans les milieux paysans: les beaux-parents 5 quW vive en viduité • de J eane de Gibiac, du village des Vauries, à Le contexte juridique donne aux filles Saint-Pompon, n'apprécient pas que leur quelques moyens d'échapper à la puissance bru ait mis un enfant au monde moins de six paternelle. Bien que cela soit rare, il arrive mois après son mariage avec Arnaud qu'une fille demande son émancipation : en Gascou. Ils l'ont carrément expellée (mise à la février 1635, noble Jeanne de Carbonnières porte). C'est dans sa paroisse d'origine, de supplie son père, noble Gautier, , qu'elle vient faire baptiser son gar­ baron de Monroche, de la vouloir émanciper. çon , en août 1650. Et, l'année suivante, le L'acte est passé devant les con juges ordinaires recteur de Carves, Méanes, note qu'il a bap­ 6 de Sarlat et enregistré par Boissarie, greffier • tisé, en septembre 1651, Marguerite Roche, fille naturelle d'Anne Roche et de Jean P our se marier contre le sentiment de Boyer, hérétique de Monpazier. Un mariage ses parents, une fille, dans certaines condi­ entre eux est, bien sûr, inconcevable 9. tions, peut leur adresser des sommations res­ Le rôle des femmes dans les festivités pectueuses : le 14 juillet 17 59, à Saint­ et réjouissances publiques était important. Cyprien, Marie-Victoire de Lavergne, demoi­ Ajoutons à la littérature déjà abondante sur selle de Cerval, logeant actuellement chez sa très les jeux de carnaval et sur la course à la honorée tante, dame Toinette de Lavergne de la bague de Sarlat, cette délibération des Caraulie, comme si elle parlait à Messire Pierre de consuls et du conseil de ville du 4 février Lavergne, écttyer, seigneur de Cerval, et à dame 1619: La bague sera payée par Mme de Tayac, Anne d'Aubusson, dame de Cerval, ses très hono­ fille de M. Pascal de la BrottSse, élu pour le roi en rés Père et mère, leur a dit, avec tout le respect pos­ Périgord, comme étant plm ancienne et honorable sible, que Me jacques-Simon-Louis de Lavergne, que (d'autres candidates) et, pottr le pot percé, il sieur de Marqtteyssac, avocat en parlement, l'au­ sera payé par Madame Bourdarianne, se trouvant rait recherchée en mariage depuis longtemps. Et, être veuve, et, à présent, femme d'Etienne Magimaj(J . comme elle désire à présent s'établir et que ledit Il s'agissait de privilèges réservés aux bour­ sieur de Lavergne de Marqueyssac est tm parti geoises les plus honorables et aux veuves avantageux pottr elle, cependant (ses parents) récemment remariées. répugnent à consentir à son mariage (... ) elle les somme de donner leur consentement, fattte de quoi, Vêtements elle leur déclare qu'elle passera contrat (.. .) et se De nombreuses indications sur le vête­ 8 - A.D. 24, 3 E 12080, mariera avec lui 7 • La demoiselle est majeure roI. 107 vo (Plamon ment féminin nous sont données par les notaire à Sarlat); 3E de 25 ans. Comme c'est la règle, deux autres 10633 (Beausse notaire à contrats de mariage ou leurs annexes, à cer­ Bcrbiguièrcs). actes de respect sont adressés aux parents, taines époques. A partir de la fin du XVII' les 23 juillet et 2 août. Le mariage religieux 9 - A.D. BMS Carves siècle, les formules deviennent évasives, par (série est célébré le 20 août. exemple: La future sera habillée selon sa condition. JO - A.D. 24, 3 E 15447 Notons, toutefois, les bonnes relations (Rey notaire à Sarlat). Cf. Nous essayerons seulement de donner Chroniques de Tarde, note entre les épouses et les bâtards de leur mari, du quelques exemples caractéristiques. V de Gérard; Cocub moins pour la noblesse, du XV' au XVIIe siècle. Vaillères (A.-lvL), «Trois C'est ensemble qu'Hélène La Ribiera, siècles de Carnaval à 5 - A.D. 24, 3 E 10637 XV" siècle Sarlat", Allnales d" Mir/i, (Beausse notaire). veuve de Rigon de Cunhac et Jean de Cunhac, 1981; Despont (J. J), «La course à la bague du car­ 6 A.D. 24, B 33R9, roI. fils naturel dudit Rigon, accordent une inves­ Lorsque ses parents marient, en août naval de Sarlat», Blf!letill 328 \'0. titure pour l'acquisition d'une borie à Daglan, 1454, Jeanne, fille de Guillaume de la de /([ Société des jllllis de 7 - A.D. 24, 3 E H836, Sddtlt nO 10, 3e trim. Grafeî!!e notaire. en mars 1458, au Mont-de-Domme. Boytia et Jeanne Perponchier à noble 1982.

30 Bernard del Busson, elle reçoit quatre 4 octobre 1566, son père lui constitue deux vêtements de noces : deux de dessous et robes de dessus, l'une de drap noir de Paris deux de dessus pour le travaiL Les robes de doublée de taffetas, l'autre de drap de dessus sont encore appelées gonelles, Un peu Flandre de marchand, et deux robes de des­ plus de quatre ans après, la soeur de Jeanne, sous, l'une de drap rouge, avec des manches Marguerite, épouse Jean deI Busson, sans de taffetas, l'autre robe sive cotte de drap doute frère de Bernard. Elle reçoit une sem­ noir de Paris, avec des manches de de1lly bas­ 5 blable vêture: quatre tuniques convenant au tant (évasées et pendantesr • travail, deux de dessus et deux de dessous Il, Le 13 février 1594, au village de A Saint-Georges de Cathena (Le Pechboutier, paroisse de Saint-Cyprien, Jean Coux), le 23 avril 1485, François Dellac, de Feurier traite, avec Jean de Pechgolfier, du la paroisse du Coux, passe contrat de maria­ mariage de sa soeur Anne Feurière avec ge avec Jeanne Vesanda, fille de Jean Vesat, Jeandou Fontalirant, beau-fils de Pechgolfier. du Bugue. Celui-ci donne notamment à sa La future sera habillée d'une robe prime (de fille quatre robes: une robe de tissu la première qualité) d'estamet noir (étoffe de d'Angleterre, une autre de tissu palmele, une laine), garnie d'une paire de manches de cou­ sorte de bleu de Limoux, la troisième de leur et deux robes blanches de drap de villa­ tissu strango sive de mesda (tissu mêlé ?) et une ge, garnies de deux paires de manches de autre robe, blanche, avec des manches de couleur du même drap l6, couleur. Le 13 octobre 1488, Guillaume de XVII" siècle Podio Musee (nom qui sera traduit au siècle On trouve encore, dans la première suivant par: Puylamousque), de Saint­ moitié du siècle, de vives couleurs dans les Cyprien, passe contrat de mariage avec habillements des épousées. Agneta Solet, servante de noble Blaise de Un contrat de mariage est traité, au Fages et de sa femme. Le seigneur de Fages village de Segonzac, paroisse de Campagnac donne deux robes de tissu de couleur et des (les Quercy) le 28 juin 1612. Honeste fille vêtements blancs 12. Anne de Maranzac, de ee village, va épouser Le 14 novembre 1497, François Pierre Dubernat, dit Fardon, du repaire de la Stornel, de Saint-Cyprien, constitue à sa Nadalie, paroisse de . Le père d'Anne, soeur Hélipdis Stornela qui épouse Pierre de François, dit Francilhon Maranzac, lui donne Casanges d'Allas, deux robes, l'une de pays, deux robes de serge de Beauvais ou de drap de couleur persa (entre le bleu et le vert) de marchand garnies de manches de couleur l'autre de pays, blanche, avec des manches et un cotillon de cadis (serge de laine fine)I:. de couleur 13 , En février 1622, Jean Roffy traite du XVIe siècle mariage de son fils Peyrouton avec Pierre Barrière, du village de Baran, au nom de Le 3 février 1503 (nouveau style), Valérie, sa fille. Valérie Barrière doit recevoir dans un contrat de mariage établi en l'église deux robes blanches de drap de village gar­ de Castels, Raymonde sive Mondine Lasserre nies de manches de cordelat de couleur IR, de , se mariant avec Martial Au village de Frajac (Bouzic), en avril Sioussac, de la paroisse de Castels, se voit 1641, contrat de mariage est passé entre constituer par son oncle Bernard Lasserre, de Michel Freytet, de ee village, et Françoise la paroisse de Meyrals, deux vestes nuptiales Vernhes, fille de Barthélemy Vernhes, régent Il • A.D. 2:', .ô E 120XO de tissu de couleur et encore une autre robe, de Saint-Pompon et veuve d'Antoine Franc. (Plamon notaire). fol. _) l \'0 Ct 123. blanche avec des manches de couleur ". Elle a pour douaire, notamment, deux robes

12· A.D. 2·\' .ô E 19B2. En novembre 1528, Helipdis de de serge de laine accommodées selon la qualité de [ct!isrre de 1·IB5, (oUO Solminihac, du repaire du Peyruzel à ladite Françoise, l'une d'icelles garnie d'lm 15· A.D. 2-1, ô E 19B6 \"0: 3 E 1981, cahier IX, Œrtilhttons notaire). 10L non foliott. Daglan, se mariant avec Jean Maillard, cotillon convenant à ladite robe 19, 2611.

13 . A.D. 2·" 3 E 1%11, reçoit, par contrat, quatre bonnes robes de Vers le milieu du siècle, les couleurs 16 A.D. 2.J. .ô E 19B7 fascicule V fol.J:9. Pour bon drap d'ostal (de maison): deux de dessus vives, tant appréciées jusque là, semblent (dd Montet notaire), fol. plus dc détail sur ks 10.3. \,(:stes nuptiales, vuir et deux de dessous, Celles de dessus doivent disparaître. Les mentions d'habits nuptiaux 17 . A.D. 2-i. Il l3B6. Larti[!aut (].), Ld être fourrées ou doublées de bonnes four­ ne semblent plus figurer que pour mémoire, fol. ., L insinu(: le ï CfIlfjh/,Ç/hJ du Qfhr(j "/'ft'J déCl:mbn,' !C1!_t LI ,~·I!I.YI'(' de ,"rll! "liS, rures ou doublures, au choix des époux, En juin 1663, au village des Grèzes, Toulouse, 19'7~L p. 501 il Lorsque Monde de la Borie, fille de Me paroisse de Gaumiers, Geraude de Blanc, lB ·A.Il. 2·i. .l E 19R8. 50 i. (01. IBG vo. François, notaire de Saint-Cyprien, épouse fille de Huguet Blanc, praticien, épousant li . A.D. .ô E 19R9. Il) - A.D. ~Î, 13 5391. fascicule 3. (oLS7. un notaire de Beaumont, Me Pierre Oble, le François Deval, praticien, de la paroisse de insinué Ir: "'7 aoùt !G! 1.

31 Nabirat, recevait encore, une robe et un bijoux venant de leur mère, Jeanne de 2o cotillon convenant à sa condition , Chapon. Il s'agit de patenostres d'argent Les différents édits somptuaires du (chapelet) avec les merquets (grains) de corail XVII' siècle, s'efforçèrent de limiter, entre rouge et une croix, aussi d'argent. Plus une autres, le luxe, notamment vestimentaire, de bague d'or avec une pierre, ensachée en icelle de 21 la noblesse • La Réforme et la Contre­ couleur colombaire (?f. Réforme confortèrent cet état d'esprit dans Marguerite Fauresse, fille de Guillou l'ensemble de la population. Quoiqu'il en Faure, de Saint-Cyprien, enceinte des soit, les contrats de mariage, à partir de oeuvres de Jean Laval, comme il le recon­ 1650, ne traitent plus les habits nuptiaux naît, passe contrat de mariage avec lui, en que de manière évasive. février 1624, Anne Contessouzes, veuve de 23 Guillou, donne à sa fille deux bagues d' or • Bagues et joyaux 20 - A.D. 24, B 3396, Le 6 mars 1639, Jacques de fol. 208 VO, insinué le 22 septembre 1663. Ce n'est qu'au XVII' siècle que l'on Beaumond, baron des Junies en Quercy, trouve, à ma connaissance, des bijoux ou mais aussi seigneur de Ferrières (Allas-Ies­ 21 - cr. Marion, Mines) épouse demoiselle Françoise de 22 - A.D. 24, 3 E 15441 Dicf;ollllcÛn: des illSlitlffiolfS joyaux mentionnés dans des actes. (Rey notaire à Sarlat). de Ir! France, article Fin octobre 1609, Jean Derly, cordon­ Gironde, fille du marquis de Gironde, sei­ "Somptuaires (édits»), 23 - A.D. 21J, 3 E 1988, Paris, 1993, p. 513. nier, donne quittance à sa soeur Berthe, de gneur de Floyras et de dame Magdeleine de fol. 362.

!iii Château de Peyrusel. Coll. part.

32 la Goutte. La mère de la future souhaite renseignements sur la vie, le caractère, le qu'Hélène de Bournazel, mère du futur, destin de certaines. Ce sont surtout les évé­ prenne charge, par inventaire, de pierreries, nements malheureux qui montent ainsi à la perles et vaisselle d'argent qu'elle donne à sa surface. Il suffit de le savoir. Nous donnerons fille. Cet inventaire des objets donnés se fait quelques exemples de ces figures entrevues. au château de Floyras, juridiction de Belaye, le 16 juillet suivant. Il s'agit de : 200 dia­ Quelques femmes de jadis et de mants, grands Olt petits, mIe croix de diamants et naguère saphirs endJâssés dam de tOi; )' ayant lm croissant à chaqm extrémité de la croix, mIe montre avec sa Jeanne de Rignac. boite d'argent en forme de croix, mze bagtte d'or avec demc grands mbis, mIe rose de saphirs C'est une des filles de Pierre de enchâssés dam de l' 01; clmx pendants cl' oreilles oit Rignac, seigneur del Vernh, gouverneur de il y a trois perles et lme Pierre à chaqm côté, soy Montfort pour le duc de Bouillon. Pierre de rctpportant ait saphù; ltIze petite croix d'or avec lm Rignac qui avait épousé une Dommoise, petit diamant au milieu, quatre onces et demie de Catherine Aymar, possédait un certain perles défilées, plus soixante seize grosses perles nombre de biens à Domme et dans les envi­ défilées, plm lme once et qttart de petites perles rons, dont l'hôtel deI Vernh, appelé plus tard mêlées avec des graim JZoid~. Cette Françoise «hôtel du gouverneur», en raison de la qua­ de Gironde devait connaître un triste sort. lité du mari de Jeanne. U ne requête de son fils François de Pierre de Rignac meurt en 1628. Peu Beaumond, en 1673, indique que son père, avant sa mort, il aurait, avec son épouse, Jacques, altrait été malbe!/remement obligé de emprunté des sommes importantes, au poursuivre Françoise de Gironde, sa femme et mère moins 3 000 livres, à leur parent Pierre dit sllppliant, et la faire condamner à mort par le Saint-Clar, procureur au siège de Sarlat. parlement de Timlome. Elle serait cependant Jeanne de Rinhac a l'air de faire sienne cette morte de mort naturelle. Cette affaire consti­ dette et reconnaît en devoir les intérêts à son 25 tue toujours une énigme • cousin: 600 livres, en novembre 1633. Le Parfois, les bijoux ne sont pas décrits cousin ne tarde pas à céder sa créance à mais prévus au contrat: dans le contrat de dame Marguerite de la Brousse, épouse d'un 2s mariage du 23 septembre 1646, entre conseiller au parlement de Bordeaux • Jean de la Goutte, sieur de la Poujade et Y-a-t-il une relation entre ces dettes et Gabrielle de Bourzolles, c'est le futur sa décision de passer contrat de mariage, le 4 époux qui donne 3 000 livres à employer juin 1638, avec noble David de Roux, sieur en bagues et joyaux. François de Brons, du Breuil, gouverneur de Domme? Celui-ci fils d'Antoine et de Judith de Beynac, de avait été marié en premières noces avec Sarlat, épousant Jeanne de Dubernard, en Catherine de Céron, d'une famille de ban­ février 1677, donne 1 000 livres de pier­ quiers sarladais. Dans son contrat de maria­ reries à sa futureS,. ge, Jeanne de Rignac fait donation de tous On trouve assez rarement des bijoux ses biens à son mari. Dans les consultations cités dans les contrats de mariage, dans les juridiques sur la validité de cette donation, milieux bourgeois ou paysans, à part l'an­ plusieurs indications posent des questions: la neau de mariage dont la coutume existe demoiselle de Rignac aurait fait la donation depuis les temps les plus reculés. Pour dési­ pottr mettre son homzwr à couvert; elle n'aurait gner la partie de constitution remise le jour pas été recevable à soulever certaines nullités des noces, on parlait de pacte de l'arme!. car elle aurait fait voir sa honte, ce q!ti choquait Marie de Laval, fille de feu Hélias son bonneur; enfin, la demoiselle avait dû Laval, bourgeois de larénie () épou­ adresser une sommation au sieur du Breuil, se, en décembre 1672, Gaston Bourzès, de de célébrer le mariage, en date du 1er avril Mouzens et reçoit de sa mère, Marguerite de 163P. Goudou, une bague d'or de la valeur de 10 Quoiqu'il en soit, Jeanne de Roux, fille 2 j - A.D. 2·i. J 12(,5. 27 livres • unique de David et de Catherine de Céron, 25 - A.D. 2i. Il Il (,.1. et épouse de Messire François de la Borie, piè:cc: 1,1. Si les documents d'archives nous seigneur de Campagne, Bonnefons, et autres 26 - A.D. :.; L 5 E l06.B: 2:-; - Arch. de ;\1. Esclafer B 5 Hl l, 10 février. insi- livrent ainsi des informations d'ordre général places, entama une procédure d'inventaires de la Rude. papiers Rinhal. nué le mars 16T. sur le statut, l'habillement, la parure des et de saisies des biens de Jeanne de Rignac,

T - ,\.D.l E IO(,.l~. femmes, ils peuvent aussi nous fournir des en vertu de cette donation. Ce qui explique ~l) - Ibidem.

33 l'origine d'un certain nombre de biens de la paillasse sans aisance de meubles ni de vivres pottr région de Domme, vendus à la fin du XVII' se smtenter. Le lendemain, à l'heure de vêpres ou au début du XVIII' siècles, par la famille le cousin de son mari lui demanda, à travers de la Borie de Campagne. la porte, si elle voulait manger ... car elle ferait grand plaisir à son mari si elle se lais­ Marie de Brianson sait périr de faim, de misère et de déplaisir. Et les domestiques de la maison faisaient à La famille périgourdine des Brianson, qui la traiterait le plus mal, par des injures ou Briançon, était représentée à Sarlat, qu'ils venaient à toutes heures lui dire à la notamment par la mère Honorée de porte de sa prison, la menaçant de la mettre Brianson, supérieure du couvent des filles de dans une autre prison, pleine de serpents et de cra­ Notre-Dame à Sarlat, fondatrice de ce cou­ pauds. On fit aussi, dans sa prison, un feu vent dans les années 1630. Elle devait être extraordinaire, pour l'incommoder. Le vivre lO toujours supérieure en 1640 • Ceci explique ordinaire de la dame n'a été, pendant sa pri­ sans doute que Marie, ayant quelque grief son, que les restes des valets fors le pain qui envers son époux, soit venue se réfugier à était du blanc. Et, lorsqu'il y avait au château Sarlat, le 12 août 1640. Ce jour-là, devant quelque invité, son mari lui envoyait de Daussel, notaire, elle établit une procuration meilleurs vivres. IlIa faisait alors sortir de sa pour agir en justice contre son mari messire prison pour que les étrangers ne connussent Antoine de Durfort, seigneur de léobard, à les mauvais traitements dont il usait avec sa la limite du Périgord et du Quercy31. femme ... Elle se plaint que son mari lui a fait Elle demeura ainsi jusqu'au 1er août signer des actes qu'elle n'a même pas lus, où elle ne put plus respirer par manque d'air. alors qu'il la tenait prisonnière dam son château On la transféra dans une autre chambre où de Léobard où elle a été indignement traitée. Un elle put respirer plus commodément. Elle différend entre les époux avait été réglé par demanda un prêtre pour se confesser mais ne un arrêt de la cour du parlement de put communier à came d'tm grand vomissement Toulouse, contenant injonction au seigneur qu'elle souffrait. Ayant envoyé chercher le de léobard de reprendre en sa compagnie ladite sieur de Freyssinet de Saint-Chamans et dame et la traiter maritalement. Il avait même quelques autres de ses amis, le sieur de été prévu un délai de six mois, dans l'espoir léobard l,ui fit déclarer qu'elle avait été par que ce temps le disposerait à déposer ses aigreurs et lui bien traitée. C'est à cette condition qu'il reconnaître ses devoirs. La dame, entre temps, lui rendit sa liberté. Revenue à Sarlat, elle s'était réfugiée à Sarlat. révoque tous les actes et consentements qui Les six mois expirés, elle se rendit, le se trouveraient par elle signés, contraire­ 23 juin 1640, de Sarlat à léobard. Elle y ment à ce qu'elle vient d'exposer et établit trouva porte close. Elle heurta et cria pour une procuration pour porter plainte contre être entendue du château. Au bout de deux Antoine de Durfort et faire tout ce qui sera heures, un parent du mari se montra et convenable ... essaya de dissuader la dame d'insister, disant que si son mari était contraint de la recevoir Flore de Chastres par voie de justice, elle serait si mal reçue et traitée avec tant de rigueurs qu'elle aurait peine à Nous trouvons, ici, et encore avec un les supporter. autre Durfort, une situation quelque peu Nonobstant, la dame, ayant persisté symétrique de la précédente. C'est en effet le dans le désir de calmer son mari, et celui-ci mari qui se trouve en situation de victime. étant sorti du château, elle aurait réitéré sa Flore de Chastres est d'une bonne demande, avec respect et prière de la recevoir famille de la bourgeoisie sarladaise, compre­ comme sa femme. Avant d'entrer, le seigneur de nant deux enquêteurs à la sénéchaussée et léobard lui fit signer quelques actes qu'elle déjà pourvue d'alliances flatteuses. 30 - Valette Q.), La (/I/lti­ IlIfatioll de /(( Chml1iqlff de ne lut pas. Ill' enferma ensuite dans son anti­ Flore, ou Floure, comme on disait Bergerac, 1957, pp.3 8; A.D. 24, 3 E chambre qui ferme à deux portes, au bout de alors, épouse, vers juillet 1664, Pascal de 15458, (Rey notaire à la salle les fenêtres d'icelle murées pottr qu'elle ne Moyssand, sieur du Dessès. Elle en est veuve Sarlat). Le 8 juillet 1638, au moins, la présence de put avoir de lumière, une des portes aussi murée, en juillet 1668. Elle alors partie de la la mère de Brianson es( attestée dans le couvent l'autre fermée d'tm cadenas que le seigneur de maison où elle réside dans le quartier de la du faubourg de la 32 32 - A.D. 24, 3 E 15478 Boucarie. Léobard ferma lui-même et prit les clefs. La nuit Mechlogane à Sarlat . (Lagrange notaire); 3 E 31- AD. 24, 3 E 15427. suivante, elle dormit sur une misérable Elle se remarie en 167 5 (contrat du 14 15467 (Rey notaire).

34 septembre) avec Antoine Vayssière, sieur de la cU/relit jJris lm collteem de sur let tetble et l'etl/mit Boytie, fils d'Helias habitant la ville de jeté sllr le plaignetllt, leqml coup il etlfle/it évité. En Montignac. Antoine décède entre le 8 octobre Illême temps. elle ett/mit pris ltIle emiette et tell/retit 1679, jour où il teste, et le 18 octobre où son jetée etl/dit plaignetrlt. leqml COl/p, il etl/mit ct/lssi père fait faire inventaire du château de la évité. Et encore, ql/e le 9 etOIÎt, veille de la Setint­ Boytie, aux portes de Sarlat. Flore a retiré, Letltrent, étetJZt detllS le lit sur les dix bel/l'es clil soir avant le 17 octobre, les meubles à elle légués e/VCC ICI dame, SOil épo!lSe, elle ct/lretit dit diverses par son deuxième mari". injllres contre le sllppliet12t, ce qlli l'auretit obligé à Le 22 mai 1683, Flore marie sa fille du premier se lever dll lit, à s'en aller dans !Ine ct//tre cbetmbre lit, Anne de Moyssand du Dessès, avec noble et à ferliler let porte d'icelle, petr derrière. pOlir évi­ Gratien d'Abzac, fils de Balthazar, seigneur de ter le bl'llit. Mais Flore l'aurait suivi en conti­ la Serre et de Jeanne de Saint-Exupéry, habi­ nuant à l'injurier et, voymzt q?te let porte était tants du château de la Serre, dans la paroisse fermée, elle se seretit mise en étett de l'enfoncer à de Saint-Quentin, près de Sarlar\î. COIIP de poings et d'ull instl'll1lzellt vltlgetirement Le 4 décembre 1684, Flore de Chastres etppelé peyretdier 01/ eyssetde (sorte de houe). fait un arrangement avec son gendre et sa Deux témoignages sont conservés dans fille. Elle ne garde, dans sa maison, qu'une l'enquête du lieutenant général criminel: chambre, près du ruisseau de Cuze, du côté Pierre Lareinde, ayant quitté le service du de la grand' rue qui va à la place du Peyrou seigneur de , depuis environ trois (devant la cathédrale de Sarlat). Elle fait la mois, dépose qu'un jour où la dame était liste des meubles qu'elle garde à son usage, et sortie du château de Veyrignac, et avait pris laisse le reste de la maison au jeune ménage. le chemin qui conduit au port d'Aillac, son Elle motive cette séparation par le fait qu'elle mari la suivit et lui demanda, ainsi qu'à un est, à présent, promise en mariage à noble de ses bordiers, de garder sa femme, cie pem· Joseph de Durfort, seigneur de Veyrignac'5 . qu'elle ne se jeta som lm rocher cm b01lt de let Le troisième mariage de Flore de getremze, som le cMtCet!/, et!! bord du flettve. Et, Chastres dôt être célébré peu après. Joseph comme le seigneur s'était retiré et que la de Durfort était veuf lui aussi. Il était sei­ dame voulut rentrer au château, la dame lui gneur de Veyrignac à part entière, depuis la parla tout bas pour que le bordier ne puisse mort de son père, Jacques de Durfort, en entendre et lui proposa de lui donner cent 1675, et en habitait le château. livres pour qu'il tuât son mari. Il dépose Il est probable qu'il y eut, assez rapi­ encore que, le sieur de Veyrignac partant un dement, certaines incompatibilités entre les jour pour Sarlat, il avait vu la dame saisir son nouveaux époux. Les archives de la séné­ mari par les cheveux et lui donner un coup chaussée de Sarlat conservent une double de pied par le ventre. plainte de Joseph de Durfort des 19 et 30 Le second témoin, François Chautard, aoôt 1686, et une information par le lieute­ du bourg de Veyrignac, a quitté le service du nant général criminel, Bertrand d'Ayme­ château, pour se marier, le 18 aoùt, avec rique, du mois de septembre suivant'". Marguerite Demon qui était servante de Dans la première plainte, Joseph de Flore de Chastres. Laquelle dit au déposant Durfort explique que sa femme, Flore de qui avait eu quelque démêlé avec le sieur de Chastres, a conçlt tant de mal/vais desseim contre Veyrignac que, s'il vOltletit ttter son mari, elle lui les biem et la vie du s1lppliant, qu'elle fotit conti­ donnerait cent livres et q1te s'il était mfJercbé, elle Il//ellement des désordres dam la maison (... ). Elle llli clomzeretit dééharge pour se retirer et (qu'il) lé a enlevé mle somme considérable. Mais, ce qui a1/mit jOltissct1zce de Set femme et q1te, les choses est encore plllS abominable, c'est qm ladite aCC/lsée, étetJZt etpaisées. elle le mettretit, pour toute sa vie, non settlement se jette S1/1' le sllPpliant, le prend par dam ce cMtealt. Il dit aussi que, du temps les chevel/x, disant qu'elle Ve?/t l'obliger à la tl/er qu'il a été au service du sieur de Veyrignac, POUf le perdre (... ) Elle s'est portée diverses fois ct il a vu souvent les époux s'eJZtrebetttre, l'un cette extrémité cie vouloir faire assassiner (ce c01flmençetllt 1tJze fois, l'alltre fois l'etIIM. terme avait un sens moins fort qu'aujour­ Sur quoi, le lieutenant criminel requit 35 - 1\.D. ! 5·Î:-:6 (Lagranf,!c notaîrd, actes d'hui) le suppliant par des personlles a1lxq?telles un ajournement à comparaître sous huitaine des [7 et lB octobre 1679. elle et vOlllu donner cie l'etrgent pOlir ce fetire. de Flore de Chastres. Comme d'habitude, la Dans la seconde plainte, Durfort ajou­ suite immédiate n'est pas donnée. te qu'ayant invité des personnes à sa table et Un dernier acte notarié du 18 juin Y5 - A.D. ~,L .1 E 15-Î9.) P (Laf,!range). et)'etllt VOllltt couper de let vimzele pour donner à sail 1695 , contient un désistement de Mathive r - A.l} l·i..l E 15-î97 .16 - AH 21. Il lhL vetlet, letdite de Chastres, t01lte ém?te de colère, Renie, probablement ancienne servante de la (Lap:range notaire) .

35 dame, habitant le faubourg de la Rigaudie à coupes et une mesure d'une coupe mesurées Sarlat. Elle aurait porté plainte contre dame sur le ql!arton de la dame de Campagnac, qu'el­ Flore de Chastres, veuve du seigneur de le lui avait baillée lors de son entrée au mou­ Veyrignac, pour certaines meurtrissures et lin. De nouvelles mesures furent faites sur le gratignttres qu'elle a eues en son corps. Elle modèle de celles du moulin de Bedeau. affirme que la dame de Veyrignac ne l'a Celles du moulin de la Paillole furent jamais maltraitée ni dit aucune parole déso­ également refaites sur le modèle de bligeante. Elle se départit de sa plainte car celles du moulin appelé "les trois mou­ elle a été poussée, comme elle dit, à faire lins" (Saint-Pompon) 40. ladite plainte et procédure par des personnes malicieuses et ennemies de la dame. Elle La seconde est une procédure plus vaste qui demande cet acte pour débarrasser sa s'étale de 1671 à 1673. Elle comprend la conscience du mal qu'elle pourrait avoir fait. décision de briser et remplacer les mesures des moulins, mais elle fait également état Deux veuves abusives d'autres griefs. La dame se serait opposée à la Le 4 juillet 1666, Françoise de Giscard nomination, par les habitants, de syndics et de Cavagnac perdit son mari, Jean-Charles de collecteurs de taille ; elle interdisait à ses de Belcastel, seigneur de Campagnac (lès métayers de payer les tailles; elle menaéait Quercy), qui fut enseveli le 5. Le 24 suivant, tout le monde, y compris le juge, de puni­ elle requit inventaire, qui fut dressé par tions corporelles. Cette procédure se déroula 3H Lavergne, notaire à Daglan • La succession devant le présidial d'Agen, pour raison de dont elle avait l'usufruit comportait, notam­ cassation d'une décision antérieure, par ment, le château et la justice de Campagnac, devant Henri Daguesseau, qui rendit son des domaines à Florimont, Luziers en jugement en dernier ressort. Françoise de Quercy, des rentes à Bouzic, dont son fils Giscard de Cavaniac est condamnée à 600 François était seigneur-prieur commendatai­ livres d'amende envers le roi. Elle demeurera, re, des moulins à Saint-Pompon et Daglan. sa vie durant, privée de tout droit de justice Le mariage de Jean-Charles de dans le lieu et juridiction de Campagnac, Belcastel avec Françoise de Giscard de lequel sera exercé par ledit Cangardel, juge. Cavagnac, date de février 1628. Françoise Il est fait défense à ladite de Giscard et tous 39 est issue d'une noble famille quercinoise • autres qui pourraient avoir droit, de troubler Son mari avait, sa vie durant, consolidé et ledit exercice, à peine de 1 000 livres étendu sa seigneurie de Campagnac. d'amende. Ladite de Giscard est condamnée, Il semble que le pouvoir soit quelque en outre, à 4 000 livres de dommages et inté­ peu monté à la tête de Françoise qui semble, rêts envers les habitants de Campagnac, par ailleurs, avoir un sacré caractère. Peu laquelle somme sera employée au payement après le début de l'exercice de ce pouvoir, des débours de la communauté, sinon, au elle commenéa à avoir des difficultés avec ses payement de la taille à la décharge des habi­ tenanciers et justiciables. tants"I... Il est indiqué, dans cette procédu­ Deux séries de mesures judiciaires re, que la dame a été capturée et conduite dam les nous donnent une idée des différents et de prisons dl! chastel de la ville de Bordeaux. Le leurs conséquences. notaire Gibily et François de Belcastel, fils de La première se situe en 1672, devant la dame, auraient également été impliqués. François de Monzie, lieutenant particulier au En ce qui les concerne, il aurait été décidé siège de Sarlat. Jean Cangardel, juge de d'informer plus amplement. Campagnac et Jean Vergnolle, syndics des habitants de la paroisse, avaient obtenu qu'il Le cas de Jeanne Lacombe, dame du soit ordonné que les mesures se trouvant Peyruzel, présente bien des similitudes. Fille dans les moulins de la Brousse et de la d'Etienne Lacombe, juge de Saint-Martial, Paillole (respectivement paroisses de Daglan Jeanne Lacombe avait épousé, en 1655, et de Saint-Pompon) seraient brisées et rom­ Samuel de Mirandol, seigneur de Pechaut et 38 - A.D. 24, 2 E 1802 pues et qu'il en serait mises de nouvelles du Peyruzel, veuf de Marie de Belcastel de 148/2. dans ces moulins, réglées suivant l'usage des Campagnac-lès-Quercy. Samuel de Mirandol 39 - A.D. 24, 2 E IS02 était mort peu après 1680, laissant la nue (38)/1. Le secau moulins voisins. A partir du 15 mai 1672, le le testament de jugement concernant les mesures avait été propriété de la seigneurie à son frère François de Giscard Je Cavaniac est 40 - A.D. 24, B 1161, pièce décrit par Ph. de Bosrcdon, exécuté. Jean Malaurie, meunier de la de Mirandol, époux d'Anne Lacombe, soeur 22. Sigi//ogrttphie cl" Pàigrm/, SlfjJfllÎ:lIlf'llt, p.34. Brousse avait présenté une mesure de deux de Jeanne, et la jouissance à sa veuve, Jeanne 41 - A.D. 24, 2 E ISOZ/159.

36 Lacombe, dame du PeyruzeL Celle-ci marqua Elle fit son testament mystique le 9 il sa prise de pouvoir par plusieurs main-mises, juillet 1714. Il fut ouvert le 15 mars 1723 . notamment sur les tènements de Florimont et 12 du Peyruzel, en juin 1695, et en juin 1701 , Victoire Bonnery ce qui n'a rien d'extraordinaire. Il faut croire que la dame n'usa point toujours du doigté Elle se nomme, en réalité, Marie­ nécessaire ni des procédés recommandables. J eanne-Françoise Delbos. Elle est née vers En témoignent plusieurs décisions de 1769-70 de Jean-Jacques Delbos, sieur de justice à son encontre. En 1710, Jeanne de Bonnery et de Louise Soulier de LortaL Le nom Lacombe, dame du Peyruzel, est condamnée de Bonnery vient de l'acquisition, faite en à restituer à François Lanvie, pauvre labou­ 1710, du domaine de Bonnery, dans la rivière reur, les meubles et effets suivants qu'elle de Domme par Me Jean Delbos, notaire de avait fait saisir pour défaut de payement Domme, son arrière-grand-père, de la famille d'arrérages : U7l lit garni cie toile et lme cOllver­ de Laborie de Campagne, évoquée plus haut. t?lre de clrap blanc, detlx coffres et tm petit cabinet Le prénom de Victoire doit avoir quelque origi­ fermant à def, mz fmil, trois pots cie fonte cie fer et ne dans la période révolutionnaire que notre lelll" cot/vercle, mz seat! à mettre de l'eatl, deux héroïne a traversée non sans difficulté. «grials» (grils) et une maie à pétrir le paill, lme Jean-Jacques Delbos de Bonnery a table, lIne chaise et lm tabouret cfe bois, dellx rempli, avant, pendant et après la lampes, ?m challdron de mivre rouge, lme bassinoi­ Révolution, des fonctions publiques à re, q1latre assiettes, deux éwelles d'étain, deztx Domme ou au district de Sarlat. lames cie charrette et vingt clam. Parfaite représentante de la bourgeoisie

III Emplacement du château. de Campagnac - lès­ Quercy. Détruit à la fin du XVIIIe siècle, l'école communale y est aujourd'hui implantée. Coll. part. En 1713, son beau-frère, François, et semi-urbaine, semi-rurale, comme la générait son neveu, Joseph de Mirandol, sont admis à la petite ville de Domme, Victoire épouse, le faire état, par serment en justice, du montant 10 mai 1791, Louis Giguet de Milhac, jeune de l'or, argent, meubles, denrées, papiers gentilhomme de Brive. A ce mariage sont pré­ effets, biens et facultés délaissés par feu sents, entre autres, quatre chevaliers de Saint­ Samuel de Mirandol, seigneur du Peyruzel, Louis dont deux cousins de Victoire du côté lors de son décès, à cause des omissions de maternel, Jean et François Soulier de Lortal et l'inventaire fait par Jeanne de Lacombe, de la Vermondie. De cette union naquit un dame du Peyruzel, sa veuve. Enfin, en 1715, fils, Jean-Jacques Giguet de Milhac, semble-t­ il est ordonné par justice qu'il sera procédé à il en 1792. En 1793, Louis Giguet de Milhac l'ouverture des portes des châteaux du figure sur la liste des émigrés is .

il • A.D. 1 L Il C (, iQ. Peyruzel et de Pechaut, et ce, par mptllre Vraisemblablement pour protéger son i·;· ,I.D. Il C (,55. iol. 5-; II C ('5,.1,,1. d'icelles par un serrurier, en présence de deux père, et s'appuyant sur une loi récente, elle lui 1,,1.6; Il C 1,,1. III. \'0. voisins, pour opérer la saisie des meubles de donne procuration pour demander le divorce, î5 - !bidtm tt CllJYilIiq/h/l1' dl! !{n;çlJrd ,f dl! /iwf}!l.iill. il· A.D. II liOO; Il i Il;2; Il 1102. dame Jeanne de Lacombe ;. l'émigration du mari étant un motif suffi- ~Hlnél: 1856, p. S 1.

37 46 sant • Effectivement, le père et la fille furent notamment dans la rivière de Domme, et, mis en cause devant l'administration du can­ assez souvent, au sénateur Jacques de ton de Domme, en brumaire et frimaire an 4 Maleville. Le 26 octobre 1809, Jean­ (16 et 27 novembre 1795). La citoyenne Baptiste Taillefer décède au Vignal, (com­ Bonnery, femme d'émigré, dut exposer qu'el­ mune de Lamonzie-Saint-Martin, arrondis­ le était divorcée, que, malgré cela, elle avait sement de Bergerac), où le ménage vient de été mise en surveillance dans la commune de s'installer. Par la suite, Victoire gère ses biens Domme où était son domicile. Le citoyen du pays dommois par procuration, générale­ Bonnery (son père) fut, lui aussi, mis en sur­ ment au greffier de la justice de paix so . veillance comme beau-père et oncle d'émigrés Son fils J ean-Jacques Giguet de (les Soulier de Lortal et de la Vermondie)47. Milhac, installé à Domme dans la maison de Père et fille arrivèrent à s'en sortir. On peut famille des Bonnery, la maison sur le Roc penser que la décision de se servir de la loi sur (actuelle gendarmerie), était, en 1847, juge le divorce représenta, pour une fille de son de paix de Domme. Il décédait en décembre milieu, un certain bouleversement. 1854. Son fils du second lit, Auguste-Louis Il semblerait cependant qu'elle s'en Taillefer, fut médecin et préfet. Il mourut en soit remise. Les registres d'état civil de 1869. J'ignore la date du décès de leur mère. Domme portent, à la date du 7 ventôse, an 5 (25 février 1797), la naissance d'Auguste­ Les citoyennes Louis Taillefer, fils de Jean-Baptiste, chef de de l'an 3 en Sarladais brigade de cavalerie et de Marie-Victoire Delbos de Bonnery. Les parents ne tardent Eh qttoi ! se mettre en insurrection pour pas à régulariser, car, à la date du 28 ventôse, obtenir une messe ! C'est en ces termes que an 5 (18 mars suivant), est enregistré le s'étonne l'administration du district de Sarlat, mariage, devant Jacques Molènes, adjoint, le premier germinal, an 3 (21 mars 1795). Le de Jean-Baptiste Taillefer, chef de brigade de district connaît une rébellion. Plmieurs commzmes cavalerie, employé à l'armée d'Italie, 34 ans, sont insurgées. Ce mal nom est venu du départeme1lt et Victoire Delbos-Bonnery, 27 ans, tous du Lot. Le pretexte de cette rébellion est pris dans le deux de Domme 4H . désir dtt rétablissemem du mite catholique. Ibirac Les nouveaux conjoints avaient un (Nabirat), Domme, Calviac et plmieztrs autres, arrière-grand-père commun, Me Jean sont dam l'anarchie la plus délirante, Delbos. Jean-Baptiste Taillefer, frère cadet La réaction de soulagement, après le 9 du conventionnel Guillaume Taillefer, est thermidor an 2 (28 juillet 1794) qui mettait une figure curieuse. Médecin, mais ayant le fin à la Terreur, avait mis quelques temps à goût de l'aventure, il se lança dans une car­ pénétrer nos campagnes. C'est vers le mois rière militaire. Au moment de son mariage il de mars 1795 qu'un certain nombre de per­ est prévu qu'il sera affecté à l'armée d'Italie, sonnes, particulièrement des femmes, cru­ sous le commandement de Bonaparte. Mais, rent que le moment était venu de rouvrir les en raison de ses sympathies pour Pichegru, églises et de rétablir dans leurs fonctions les on le persuade de demander une retraite prêtres qui en avaient été chassés et une loi qu'il prend en 1797. du 3 ventôse, an 3 (21 février 1795) réintro­ Jean-Jacques Delbos de Bonnery duisait, en principe, le libre exercice du culte. meurt le Il juin 1807. Il a deux héritiers: sa L'administration se montra quelque peu fille, Victoire, qui habite alors Domme avec hésitante dans la façon de traiter ces mouve­ son mari Jean-Baptiste Taillefer, qui a repris ments. En témoignent les registres des déli­ Sl le titre de docteur en médecine, et Jean­ bérations de l'administration du district • Jacques Giguet de Milhac, dont les intérêts Le 23 mars 1795, les administrateurs sont administrés par son père Louis qui, ren­ prennent un arrete concernant les tré d'émigration, s'est installé de nouveau à citoyennes de Domme qui ont faussement Brive. Un inventaire des biens est dressé le 2 interprête la loi du 3 ventôse : Comidéra1lt juillet 1807 49 . que, dam beaucoup de comrmmes, les citoyennes, 46 iI.D. 24, 119 Q-1. Après partage, les époux Taillefer se égarées par des imimlatiom perfides, se som por­ 47 -iI.D. 24, Il L 192. trouvèrent à la tête d'un patrimoine immo­ tées en foule aZI chefliett et se sont emparées de 48 - A.D. 21J, NJ\1D bilier, sur Domme et Cénac, assez considé­ biem nationaux qui servaient autrefois à la célé­ Domme (série E-dépôt), bration du mite catholique et qui, aujourd'hui, 50 A.O. 21f, série Q , rable. On trouve, à partir de 1808, la vente bureau de Domme, passim. 49 - iI.D. 24, 3 E 8741 d'un certain nombre de biens par chacun des forment tme partie de l'hypothèque des assignats, (Mcrôé notaire impérial il 51 A.D. 24, !Il L 7 et Domme). époux, ou par les deux, conjointement, qu'au son de la cloche et dt! tamboztl~ elles y om 10 L 8.

38 rememblé les habitants, (".) ql!C, eJl pl/lSiellrJ Le 22 avril suivant, la citoyenne endroits, les Jlzagistrats C/;I peztple )' ont été mécon­ Lasserre avait acquis, comme bien national, llllS, iJZSultés et betttiis (.,,) , l'administration dit le jardin du ci-devemt mré. Plusieurs femmes district met les églises atlX elUJJères et permet a/Ix de Saint-Martial s'étaient opposées à sa mise citoyClZJZes de DOlllme et autres de se servir provi­ en possession. L'administration charge la soiremeJZt des ci-devant bâti7JZeJZts qui servaient municipalité de rétablir l'ordre. alltrefois à l'exercice d,t mite cat!Joliqm. L'arrêté Le 25 avril, on signale des émeutes de est, notamment, signé Bonnery. femmes au Coux. Un mandat d'arrêt est A la suite de certaines admonestations, décerné contre François Dujarric, ci-clevant î2 l'administration reconnaît, deux jours après, mré, accusé d'en être le fauteur • qu'elle s'est montrée trop large et rectifie en Le 16 mai, à Tamniès, secondées par les arrêtant que : tout inclivicl,t de l'un et l'autre hommes, les femmes ont déployé l'étendard sexe smpris à provoqmr ses concitoyem à l'insur­ de la révolte. Elles ont demandé les orne­ rectio1Z, sera arrêté pour être puni et qm si les croix ments de l'église, menacé les officiers muni­ replantées ne clispcwaisseJZt pas dam le délai de 24 cipaux et porté un amas de pierres en haut du !Jet/l'es, il sera lancé des manclats cl'emzenel~ Ce clocher pour résister à la force armée. qui est fait, le 28 mars, par un arrêté concer­ Le 20 mai, des citoyennes de nant les émeutes. Cet arrêté, pris sur dénon­ sont mises en liberté. Plusieurs citoyennes ciation de la Société Pop1llaire qui s'est portée en du Coux sont aussi libérées le lendemain. masse dans la salle cles séances de l'ete/ministra­ Le 19 septembre, on signale encore des tion, indique que seront poursuivis, devant le troubles à . tribunal criminel du département : les C est l'an 3 qui, durant ses six derniers citoyens, Guillaume Dieudé et son épouse, mois, a connu la plus grande densité de révoltes l'épouse de Joseph Francès, celle de Pierre de femmes. On en connaît une autre à Grolejac, Mauri, le citoyen Jean Gaudou et son épou­ au cours de l'an 4. Dans sa séance extraordinai­ se, la nommée Maraval, l'épouse d'Antoine re du 18 germinal an 4 (7 avril 1796), l'admi­ Gorsse, auteurs et complices principaux de nistration du canton de Domme, répondant à la spoliation du citoyen Cales et autres de un questionnaire de l'administration centrale, biens acquis de la nation. au sujet de l'existence, dans son ressort, de Le 29 mars, des mandats d'arrêt sont prêtres insermentés, répondait qu'il n'yen avait délivrés contre des citoyens et des citoyennes de pas, excepté Lagarde, ex-curé de Grolejac, qui Veyrines, Nathalène, Calviac, Carlux, Laroque, est fugitif depuis très 10ngtempsS). Jacques Castelnaud, Nabirat, Unac, Carsac et autres. Lafargue, acquéreur du presbytère de Grolejac, Le 4 avril suivant, les administrateurs comme bien national, se heurta encore à l'hosti­ de Sarlat considércmt q1te, dans la cOJJZ1JZ1I1ze de lité d'un groupe de femmes. Le registre d'écrou BOllzic, les magistrats du pet/pie sont mécolZlzlIS, des prisons de Sarlat note l'incarcération de qm des femmes excitées par les ennemis dit pet/pie Jeanne Boyer, femme Parent, la femme de se portent à des excès condemmables, SOIIS le fallx Borne, de Capmarty, Marie Rabeillone et autres pretexte de la religion veulent essayer des de la commune de Grolejac, prévenues d'avoir moyens de persuasion, avant de faire agir la participé à un attroupement ayant pour but de force. Deux administrateurs sont envoyés dépouiller Lafargue de son acquisition et d'avoir pour expliquer au peuple de Bouzic la loi du attenté à sa slueté et de quelques citoyens avec 3 ventôse sur la liberté des cultes". Si les COJlZ­ qui il était allé visiter le presbytèreS}. missaires ne sont pas écol/tés, s'ils reéoiveJZt des insultes, ils dresseront IIIZ procès-verbal de toM, et Ces quelques portraits terminent notre ils désigneront les col/pables qui seront livrés, de exposé. On pourrait en tracer bien d'autres. sltite, ait tribmzal criminel. On peut remarquer, comme nous l'avons fait Le 8 avril, au sujet de trois femmes de plus haut, que ce ne sont pas toujours les Carsac, auteurs de rassemblement de traits les meilleurs ou les plus flatteurs qui femmes le 2 germinal (22 mars 1795) : émergent des archives. Nous savons, cepen­ Considérant ql/C les citoyennes Il 'ont agi qltC dant, qu'il s'agisse des femmes de notre pays, 52 - Cf Boucr m.J. mad1lrzalewmt, l'hltltlcmité et la jl/stice COJJllllalZ­ de jadis, de naguère ou d'aujourd'hui, qu'il y OùtÎljlllldirr bitl,::,r.1jibiq!t<" Le dug~ dff P(ri,çurd if/! clellt de remettre à l'agrimltllre et à ImrJ familles en eut toujours d'admirables. hlllfiJ de /d !?(rfllll/jt,11 des persoJZJ2CS qui n'om été q/IC les imtlïtlllcms pefs­ Frd!l(diJt', norlu: no

39 --FEMMES EN DORDOGNE------

Le rôle social et culturel de la femme en milieu rural (1914-1960) 1.

Confronté, depuis 1850, au déclin Parce qu'elle mobilise, pour la pre­ démographique et à la désertification pro­ mière fois de l'histoire, et dès 1914, une gressive, le monde rural français oscille, masse d'hommes impressionnante, la encore aujourd'hui, entre deux pôles: une Grande Guerre sonne, économiquement tendance à regarder vers son histoire ances­ parlant, l'heure des femmes. trale, socle et ferment de tradition, ou le Cette affirmation, si elle vaut dans choix de projets expérimentaux pour des tous les secteurs de l'économie française de l'époque, est particulièrement vraie pour le monde paysan. Dès l'automne 1914, il faut en effet préparer les récoltes de 1915, alors que les deux cinquièmes des hommes en pleine force de l'âge sont partis pour le front. Les mobilisations successives, puis la fin de la guerre, avec son cortège de morts, renfor­ cent cette situation. Bien que les évaluations varient, les historiens estiment que 16 à 22 % de la population active agricole, soit entre 860000 et 1 180 000 individus, ont dispa­ ru, sans compter les invalides et les blessés. Toutes les famille:s sont touchées et le monde rural, qui a fourni d'importants contingents aux troupes d'infanteries particulièrement exposées, est exsangue. Partout, les villages érigent en l'honneur de leurs morts ces monuments qui font désormais partie de notre patrimoine; l'ampleur du mouvement est à la hauteur du sacrifice consenti. Les agricultrices se trouvent, elles, dotées d'un statut nouveau: d'accompagna­ trices elles deviennent actrices, et, tandis que la population active agricole féminine aug­

mente de 20 % (+ 600 000 personnes), 1 - L'article qui suit est le entre 1906 et 1921, le nombre de femmes texte remanié d'une intervention le chefs d'exploitation connaît une progression Il février 1995, ô. Cyprien, dans le cadre de tout aussi sensible'. Cette mutation se tra­ j'opération «Loisirs ct vic culturelle en milieu rural. duit par un changement des mentalités: la Paroles de femmes», organisée par les services femme s'affirme comme agent économique culturels du Conseil et joue un rôle social nouveau, celui de chef ct le service d'ac- sociale de la .M.S,A., de ménage, qui s'exprime à l'occasion en lieu au titre de son me (,Femmes ct voies alternatives de développement. et place d'un mari ou d'un père disparus, tives en milieu rurah" Il Importance du personnel fémi­ Nombreuses, les femmes y apparaÎssent sou­ d'un compagnon diminué par la guerre. Le 2 Le nombre des nin. Vers 1920. femmes chefs d'exploita­ vent en retrait: elles occupent pourtant docteur Emmanuel Labat, porte-parole du tion augmente de 13,5 Coll. part. celui des veuves chefs aujourd'hui la place dont rêvaient leurs conservatisme agricole, s'inquiète, dès 1919, ,j'"v"I"'"",'",,ct celui des arrières-grand-mères, au sortir de la premiè­ d'une possible contamination féministe du femmes célibataires chds d'exploitation de 7S % re guerre mondiale. monde rural: certes les femmes dont je parle n'en (cntre 1906 cr 1921),

40 setvent Ili le nom Ili let cbose, metis si demetin on Les uns et les autres véhiculent une le/Ir offrezit le droit de vote, plltS d'l/JZe l'etccepteretit image de l'agricultrice réduite à celle de la etvec comâenee de l'elVoir mérité '. maîtresse de maison qui doit s'épanouir dans Les morts et les blessures au champ un triple rôle: celui d'épouse, celui de mère, d'honneur ne sont pas les seuls facteurs de celui d'éducatrice enfin. Responsable de la transformation des mentalités rurales. La gestion du bonheur, elle peut désormais lecture du journal, dans lequel on avait tout recevoir un enseignement ménager agricole d'abord cherché des nouvelles du front, s'est qui se développe sous l'influence de la Société généralisée, et le nombre des quotidiens des etgriCltlte!trs de FrezJlce, dans un pays qui locaux a nettement augmenté, tandis que les organise son tout premier Setlon des etrts ménet­ échanges épistolaires ont connu une véri­ gers (923). La Dordogne n'échappe pas au table explosion; . Les campagnes françaises, mouvement et ouvre, en 1926, à Saint­ 6 où l'école a désormais largement développé Médard-d', son Ecole ménetgère , tan­ la maîtrise de l'écrit, ont appris avec la guer­ dis que des cours d'enseignement ménager re à communiquer. sont dispensés à Montignac, à partir de c 1928, et à Ribérac, à partir de 1933 • Ainsi Toutes ces raisons expliquent que les donc, le syndicalisme agricole de l'entre­ femmes du milieu rural, plus fortes et moins deux-guerres n'a guère pris en compte les isolées, soient prêtes, au lendemain de la aspirations profondes des agricultrices. Il guerre, à un plus grand investissement dans s'est, dans l'ensemble, contenté de réserver la vie de la société française, et espèrent des aux femmes une place secondaire, déjà défi­ réponses institutionnelles à la hauteur de nie par Emile Cheysson dans son discours au leurs attentes. Elles sont loin d'être comblées Congrés des Syndicats agricoles réuni à sur le plan politique, puisque, malgré un Périgueux, le 19 mai 1905, discours qui vote favorable des députés en 1919 à l'appel voulait tracer l'action de la femme dans les d'Aristide Briand, les femmes se voient refu­ syndicats agricoles : TetJZt qu'il n'y etVetit à ser le droit de vote en raison de l'hostilité du résol!dre qm les problèmes d'etffetires, d'engretis Sénat. Et l'échec succède à l'échec en 1922, dJÎ1niqms et de metdJùzes voire d'ctSs!trezJZceJ et de 1925, 1932, 1935 ... crédit, on n'etvctit petS besoin de VOlIS llletis quetlZCl Elles pouvaient, du moins, espérer l'etctioJZ syndicetle ne s'ctdresse pl!lS settlement ct!tx trouver dans le syndicalisme agricole, encore intérêts mûis C!!lX sentiments, qltetnd il ne S'ctgit novateur, une place à leur mesure, et ce plm dit bétetil et de let ferme metis dit mltivettettr d'autant que la loi de 1920 permet une plus llli-même et de .ret fetmille, dl! sOltletgement de ses grande liberté. Le texte s'applique au syndi­ misère.r. ql/mzel il S'etgit de let comolidettion de let calisme agricole et les femmes llletriées exerç({lzt petix societ/e, le j01lr ott il s'ûgit de bonté, de !IIze profession etgricole pel/vent, sans Fautorisa­ dévol/ellleJlt, 071 ne peftt pltlS se pctSser de VOltS et K tion de leur maris, fctire petrtie du syndicett VOliS êtes tenlles d'entrer e7Z scène • (etrt. 27), comme elles peuvent aussi, sans l'autorisation de leur maris, participer à Déçues par les réponses institution­ l'administration et à la direction de celui-ci nelles, encouragées mollement à l'action, des (art. 33)'. femmes du monde rural vont investir un _) - Lahat Œ,1. Or, dès avant la guerre, les organisations certains nombre de rôles mais toujours à .fililllt, Idhln, 1" le, 1919 (citc dans syndicales agricoles avaient développé leurs titre personnel. Moins que l'action de JJù/l)irl'ri: Id FrdlI(ç rl/ntll', T. ,i, [J 19l'; III/IIJ }tllfl) mouvements féminins. En 1912, s'était groupes ou de mouvements, il s'agit donc (Sous la direction de Gcorp.cs Duby tt créée une section des «dames» dans la Société d'initiatives individuelles à l'origine des­ Armand \"allon). Paris, des etgrimltel!rs de Frcwce ; elle devenait, en quelles se trouvent des personnalités fortes Seuil. lY'7(}. pp, 16H- 1(,9. 1922, l'Union des etssoâettiolZS mrezles fémùzines qui ne sont souvent représentatives que j - Qu,urt millions dt qui constituait la branche féminine du prin­ d'elles-mêmes. Leurs champs d'investisse­ kmts exptdiées par jnur en 1915, cipal syndicat agricole de l'époque, syndicat ment sont multiples, leurs expériences sou­ professionnel de tendance droite agrarienne. vent uniques, mais les uns et les autres révè­ Les autres mouvements, plus à gauche, lent une volonté d'agir socialement que l'on d'inspiration socialiste, communiste, ou reli­ peut illustrer par quelques exemples. n:strictlon appar.lÎt () Elle fùnctionm;r:l jus­ ncammoins lorsqu'i! gieuse (j.A.C. : jettllesse Agricole Cettholiq!le, qu'cn 1960. s'a.c:ir dts sOliùcs de Stcours mutuels, trroitt:~ 1929), qui ne représentent jamais la force La vie associative qui s'épanouit dans - - A.Il.Il .. 1 T 2.,1. ment lites

41 la scène sociale. Le fonds des Archives dépar­ vacances, à plus de 300 kilomètres de chez tementales de la Dordogne fait apparaître la elles et dans un lieu encore peu fréquenté, le variété de ces organisations et l'absence d'as­ Cap Ferret, où ne mène alors aucune route Y SOClatlOns spécifiquement féminines • carrossable. Elles font découvrir l'océan à D'ailleurs, la majorité d'entre elles, qu'il une génération de petits ruraux émerveillés. s'agisse de société de chasse, de pêche, de Plus banalement, des femmes sont cinéma rural, de fanfare et autre orphéon, présentes dans les associations à vocation d'association de théâtre, ou encore de éducative. L'époque voit se multiplier, l'Association catholique des chefs de familles ou des Abonnés à l'électricité de Brantôme, écarte autour des écoles communales, les Amicales systématiquement les femmes de leur des ancieJ1S élèves de l'école laïque, tandis que les conseil d'administration. On les trouve presbytères encouragent des sociétés ou cependant présentes dans les AssociatioJ1S de patronages Jeanne d'Arc. Ces derniers exis­ tent à Excideuil, à La Force où la présidente est une femme, à Couze où tout le conseil d'administration est féminin, à Bassillac. Là, autour d'Albert Renaudie, propriétaire, se constituait, le 3 avril 1929, l'association Jeanne d'Arc dont l'objectif était l'éducation morale, littéraire, physique et artistique de la jeu­ lO nesse , Trois femmes étaient présentes dans le bureau.

Beaucoup plus rares sont les initia­ tives totalement individuelles. Quasiment absentes dans le monde paysan proprement dit, elles n'existent que dans d'autres catégo­ ries sociales, possédant les outils intellectuels nécessaires. Pour cette raison, elles sont assez l1li Les diverses fréquemment le fait d'institutrices rurales, activitées de la Société amicale et, beaucoup plus exceptionnellement, celui rurale de Saint­ Cernin-de-l'Herm, de femmes appartenant à d'autres milieux. entre 1927 et Le cas d'une Marie Valette, petite épicière du 1937. A.D.24, 1 M 118. Massif Central, prenant la plume pour écrire régulièrement dans des journaux paysans, veuves de guerre, dans la Fédération ouvrière et est tout à fait rarissime. Originaire de Langy, paysanne des mutilés, réformés, veuves, orphelins entre Moulins et Roanne, Marie Valette s'en­ de la guerre et ascendants des militaires tués à gage, dès avant la guerre, au côté des syndi­ l'ennemi ainsi que dans les associations à buts calistes paysans et adresse des articles au éducatifs, créées autour des écoles publiques ou non. D'une certaine façon, seuls les rôles Travailleur mral d'Emile Guillaumin. Elle y dévolus aux femmes par les syndicalistes défend une pensée originale et forte, qu'elle agricoles, leur sont aussi reconnus par la vie illustre par l'action, n'hésitant pas à transfor­ associative; ils correspondent au modèle mer son épicerie en coopérative et convain­ dominant. Ils permettent parfois des initia­ cant son mari, homme paisible et doux, de tives originales. prendre en main syndicat agricole et autres Ainsi, en 1919, dans le Tarn, de jeunes créations mutualistes locales. Elle explique veuves de guerre - elles ont toutes moins de au militant Michel Bernard l'origine de son 25 ans - parmi lesquelles la veuve d'un char­ engagement: Je dois VOltS dire comment et pour­ retier, celle d'un agriculteur et celle d'un fac­ quoi j'ai pris goût à la question terrienne. teur rural (celle-ci était ma grand-mère), Totdours je me suis affligée de la trop grande peine décident d'offrir à leurs enfants des horizons des travailleurs de la terre parmi lesquels j'ai véctt nouveaux. Elles créent et font fonctionner et dont je ne pouvais, faute de robltStesse, partager durant dix ans (1922-1932) pour ces les travaux. Chaque fois que je voyais l'excès de 9 . A.D.D., ;, M 10.\ à l19, Associarions. pupilles de la Nation, une colonie de fatigue provoquer la maladie " chaqtte fois qu'tm 10 - A.D.D.,;' Mill.

42 enfomt trop je/me était séParé de ses pare7Zts pour Pierre Delrieu, conseiller général et chef de dler en condition: chûqlte fois qlte, d'une maniè­ cabinet au ministère de la Santé publique. re qJtelconq!le, se Illanifestûit jusqu'à l'amité la Créée en 1927, l'association, encouragée par misère paysanne, j'cmrttis VOl/lu être tme grande M. Dubet, inspecteur départemental, devait dame et parer immédiatement à ces injustices. ?lm multiplier ses domaines d'intervention, tûrd j'ai compris qu'ûlmme fortune partimlière 12C offrant à une population, oscillant entre 438 pouvait ûvoir mison de maux trop nombreux; qlte (926) et 375 (936) habitants, des anima­ les actes de charité isolés de1lZeltraient sû1zs vûlmr tions tout à fait exceptionnelles : concerts, ll quant à l'ensemble • cinéma scolaire et récréatif, conférences, excursions. Les enfants des écoles en étaient Dotées des outils intellectuels et cul­ les premiers bénéficiaires. Dès 1929, c'était tLlfelS, les maîtresses d'école pouvaient, plus la création d'une cantine: D'abord, lm simple facilement que d'autres femmes, jouer un bottillon chat/cl fut préparé dam lt1ze lJlûrmite de rôle déterminant dans le monde rural. Or, fonte, servi dam des gtl1nelles; tme pièce sombre, dès 1930,65 % des instituteurs sont des ins­ enfumée où se dressaient des ballcs de fortune ûbri­ l2 titutrices • Si toutes n'eurent pas le rôle syn­ tait nos enfants, (... ) pltis, les maîtres peignirent dical et politique ni ne connurent le destin le réfectoire et l'agrémeJZtèrent d'une frise,. les élèves lJ exceptionnel d'une Suzanne Lacore , beau­ constmisirent lme salière, des bctlctis de genêt, des coup s'investirent dans les oeuvres «péri» et paniers à légume. En 1933, l'Amicale faisait «post» scolaires qui permettaient de pour­ construire onze douches, deux lavabos à 60 suivre, par une action militante la «mission» robinets, une installation d'eau chaude de l'enseignant laïque. Trois champs d'action «ldéal-Classic», et c'était l'initiation quelque leur étaient possibles II : peu réticente des petits ruraux aux règles - les oeuvres «péri» et «post» scolaires, d'hygiène modernes: aux douches!... Et réservées exclusivement au corps enseignant d'abord, les vololZtaires. Six volontaires avûncè­ et aux élèves: coopératives, patronages, asso­ rent par crânerie, plm ql!e par conviction ,. en ciations sportives, etc, pénétrû1lt clans leur cabine leHr mine ilzdiq!tûit - les sociétés auxiliaires de l'école, bien qu'ils avaient presqm du regret ... A lû sor­ ouvertes au public: société d'éducation phy­ tie, les six héros ct la mine rose et souriante, furent sique et sportive, société féminine, etc, entourés et q1!estio1Z11és,' tout en traçant !me raie - la bibliothèque de l'école publique, impeccable ûvet lm mdiment de peigne qu'on lui ouverte aux parents et aux membres des avait prêté, l'tm d'etlx déclara: «Ah ! elle est associations scolaires. bonJZe cette ecttt, et je suis à mon aise!» ... La par­ Les unes et les autres permettaient tie était gagnée. d'animer la vie villageoise, elles assuraient

!! - Guillaumin (E.). aux instituteurs et aux institutrices une En 1939, le rôle social et culturel des lli/,. tIlX-llltlllrJ. Stock, 19HO, p. place de tout premier plan dans la société femmes en milieu rural reste donc très limi­ 121. locale, en concurrence avec le curé. Ils pro­ té, malgré les espoirs nés de la première 12 - Elles représentaient 70 SI des cnseignanrs du poseraient bientôt, une fois l'an, d'amener le guerre mondiale. Il est, en particulier, quasi­ en 1967-6H. sont aujourd'hui village à la mer ou à la découverte de ment nul en ce qui concerne les plus nom­ plus de ï5 quelque site, offrant une alternative hédo­ breuses d'entre-elles, les agricultrices. Il fau­ 13 - Suzanne Lacorc (lH75-1975) fut, du .j niste ou plus culturelle au désormais tradi­ dra attendre qu'une lente maturation s'ac­ 1936 ;tu 21 juin sous-secréraire tionnel voyage à Lourdes. complisse, de la fin de la deuxième guerre il la ProccCtion de 1'('O(ao((' du Les Archives départementales conser­ mondiale à la fin des années soixante, pour vent le témoignage de l'action entreprise, qu'elles puissent jouer un rôle nouveau dans an;c Cécîlt 13runschwig. entre 1927 et 1937, par Mme Mathieu, ins­ le monde ruraL !' article de B~rnard Dougnac dans ceH(: titutrice à Saint-Cernin-de-l'Herm, aux Cette évolution se réalise par l'accès Il1tllle renv:. côtés de son mari, aussi instituteur, dans le des femmes à la majorité politique et syndi­ 1·1 - S"lcii (l.). L Lizr,; ImtÎflltt'fII'J. cadre de la Sociétémrûle des ttJzciens élèves et cale, conquise après une participation active li.,tl!J (f//JljJ/d der Di/y/in ri 1j dd Drr,i!s dd i\Jf/ll/;rd de amis de l'école de Sûint-Cernùz-de-I'Hemz • Elle de celles-ci aux réseaux et aux actions de Paris, H. Le Soudier, devait donner lieu à l'édition d'une plaquet­ Résistance. Si les agricultrices accèdent au édition dl' lY).") (Hème), pp. 2.15-2)9. te, honorée des préfaces d'Yvon Delbos, droit de vote avec les autres Françaises, dès

Ij - A.D.D.,1 M IIH. alors ministre des Affaires étrangères, et de le lendemain de la guerre, leur reconnaissan-

43 ce syndicale fut plus lente, Le syndicalisme changement. Si l'on jette un dernier regard agricole, dont une large partie s'était com­ sur la période qui, s'ouvrant au lendemain promise dans le soutien au régime de Vichy, de la première guerre mondiale, s'achève porteur des espoirs d'une pensée corporatis­ vers 1968, on est forcé de constater qu'elle te et agrarienne, prenait un nouvel essor ne fut guère favorable à une expression avec la naissance de la F.N.S.E.A., en 1946. sociale et culturelle de la femme en milieu Il fallut attendre 1956 pour qu'elle modifie rural. Il y a plusieurs raisons à cela, parmi profondément ses règles et accueille, à côté lesquelles deux paraissent essentielles : des chefs d'exploitation, les membres de leur - de 1914 à 1960, la paysannerie s'est famille, femmes et enfants travaillant à la repliée en partie sur elle-même; elle a formé ferme. Leurs fils et leurs filles trouvaient, à la une population qui vieillissait plus vite que même époque, leur place dans le C.N.J.A. l'ensemble de la population française, et, Sous l'influence de l'ancienne J.A.C., le syn­ tandis que le rôle de la famille se renforçait, dicalisme agricole prenait un nouveau tour­ la sociabilité traditionnelle déclinait et per­ nant : les femmes y jouaient pleinement leur dait de sa substance, 16 rôle . A ce changement syndical correspon­ dait une profonde mutation du monde rural sous l'influence de deux facteurs. La moder­ nisation des campagnes d'abord, qui modi­ fiait sensiblement leur physionomie, sous l'action conjuguée des progrès technolo­ 17 giques , des changements économiques et commerciaux, de la révolution des médias qui ouvraient leur horizon. L'exode rural ensuite, qui, dans les années cinquante et soixante s'accentuait et marquait le départ définitif d'une population traditionnelle d'agriculteurs et surtout d'agricultrices. Ce mouvement qui s'accompagnait de l'accueil de néo-ruraux, sous la double influence de la

péri-urbanisation et de l'accès d'une popula­ III Monument aux tion de plus en plus nombreuse aux rési­ morts de Terrasson. dences secondaires, modifiait profondément A.D. 24, 2 Fi la composition sociologique du monde rural. Terrasson 18. Dès 1953, il apparaît que l'agricultrice - les périodes de guerres et d'après­ a changé de statut social : elle est devenue, guerres, trop lourdes pour ne pas laisser de enfin, l'associée du chef d'exploitation, séquelles durables, favorisent les rôles tradi­ quand elle ne l'est pas elle-même. Les asso­ tionnels de l'homme et de la femme, d'une ciations professionnelles d'un côté, les insti­ manière conservatoire, voire conservatrice. tuteurs ruraux de l'autre, répercutent dans leurs cours cette mutation. Ils développent Michel COMBET des cours de vulgarisation agricole et ména­ gère, faisant une large place à la gestion et à

16 - Cf Cel/es de /a !tiTI. la comptabilité. Cette évolution aboutit à la Orientations bibliographiques complé­ /lgrimltriœ l'imrIl1ÎrJ/l poli­ liq!le d'IIII métier, sous la loi d'orientation agricole, à la loi sur l'ensei­ mentaires: direction de Rose-Marie Lagrave. Paris, éd. de gnement de 1960 et à la création de lycées Histoire des femmes en occident. TV, XXe siècle l'UH.E.S.S .• 1987 agricoles départementaux, établissements (sous la direction de Georges Duby et 17 - L'électrification des campagnes, commencée largement ouverts à la formation profession­ Michelle Perrot). Paris, Plon, 1994. cn 1921 s'achève, ct dès 1946, 82,5 % des nelle des filles 18. Moulin (A.), Les paysans dans la société fran­ ruraux ont Les années soixante verront se réaliser çaise. Paris, Seuil, 1988. 18 - Elles tcpréscntcm aujourd'hui 25% des de nombreux espoirs des femmes du monde Wright (G.), La révolution rurale en France. effectifs du lycée de COUlOlloicix-Chamiers. rural, et se mettre en place les conditions de Paris, éd. de l'épi, 1967.

44 ------FEMMES EN DORDOGNE--

Honneur à notre élue! En Dordogne, la coutume veut que l'on plante un mai pour fêter et honorer les élus. En l'occurence, il s'agit ici d'une élue.

Raymonde Delemasure a reçu Centre d'Information et Documentation récemment la distinction de maire honoraire Femmes et Famille (C.I.D.F.F.) et le Collectif 1 de après avoir passé trente huit ans qui consistait à fêter dignement le cinquantenai­ et sept mois au service de sa commune. Elue re du droit de vote des femmes acquis en 1945. conseillère municipale le 18 mai 1945, elle Nous avons donc le plaisir de vous fut ensuite deuxième adjoint de 1965 à livrer un extrait de l'entretien réalisé à 1977, puis premier adjoint de 1977 à 1981 1 - Membre du Collcerjf Pomport, le 1er avril dernier, par Margot du Cinquantenaire avant d'être maire jusqu'en 1995. Chabelard et Annie Andrès. Collecrif FCITlI11<:S, C.I.D.E.F. Dordogne, Ce parcours remarquable et exemplaire M.E.EF., Commissions Féminin<:s des Syndicats entrait logiquement dans le projet mené par le Sylvain ROUX C.F.D.T., c.G.T., F.E.N.

Margot Chabelard : Votre comcience politiql/e, R.D. : Tattt à fait! l'VIais les finances amsi ! elle est venJte comment ? Illors ça, c'est important. Raymonde Delemasure : j'estimais qlte les M.C. " Donc, VOltS n'avez pas jOlté le rôle d'tm ... femmes avaient clroit amsi à la parole parce qu'à R.D. " Non, j'ai été acceptée totit de suite à part la campagne, en général, c'est l'homme qui décide entière. Je n'ai pas senti de discrimination petrce et la femme n'a plltS qll'à J'exéCltter et faire ce qui qtte j'étais lme femme, pas dtt tOltt. est tracé. Moi, j'estimais que les femmes avaient A.A. " Pomport est tm village tm pel! exceptionnel! lm rôle à remplù: M.C. " Est-ce qu'aIt long de vos différents man­ Annie Andrès " Est-ce qu'il )' avait avant dats, votre conscience politique a évoltté ? 1945 des revendications pottr le droit de vote des R.V. " j'ai tOld0ltrs travaillé dans le sem de la femmes ? C017l17ltme, sam faire cie la politique. Je n'ai jamais R.D. " Dans nos C017Z1JZ1meS, ce n'était pas frap­ voltltt m'engager politiqttement, d" 1lZoim clam le pant. Beaucoup n'étaient pas tellement intéressées. sens de politiqm politicienne. A tm moment donné, A.A. : Donc, c{ l'époqtte, ne pas votel; c'était pas on m'a sollicité poltr le Conseil général, j'ai dit véClt pour les femmes comme tme injustice ? IZon. Je ne voltlais pas m'engager au-delà de la R.V. " Non, elles avaient l'habitude, c'était comm/me. C'était travailler pottr la commlme qui comme ça. 17Z' intéressait. M.C. " Elles s'en remettaimt a/tx hommes ... M. C. " Qm pensez-vottS des femmes en politiqtte Alors, cela voudrait dire qJte les mouvements fémi­ ald°ltrd'hlti ? nistes, qui avaient déjà quand même à l'époque R.D. " Un')' en a pas beaucottp ... Ime certaine audience, n'avaient pas encore Péné­ M.C. " Elles ne sont pas IZombremes ... tré la campagne ? R.V. " On est alttant de femmes qtte d'hommes R.D. " Pas tellement, IZon. Je dois dire qm c'est pratiquement et, en fait, il)' a très pel! cl'élttes, pas pettt-être par mes études que j'ai pu comtater qu'il suffisamment à mon avis. fallait q1fe les femmes fassent quelque chose. A.A. " Le nombre assez faible de femmes en poli­ A.A. : Après avoir été élite au comeil, est-ce qu'on tiqtte vient pmt-être d/! fait que les femmes s'im­ vous a sollicitée pOlir des tâches plltS partiCl/lières, pliqttent pltts facilement dam des organismes de des commissions ? gestion Ott il n'y a pas de politique à faire, dam le R.D. : Bien S121; j'étais à l'aide socicde, p01lr l'éco­ maltvais sem du terme, alors qtte, lorsqu'on grim­ le ... pe les échelo1ZS, on est eJZS1!ite impliq1!é dam le M.C. " Domaines typiqJtelJleJZt fémi1lim ! r01!etge des pcwtis politiqttes.

45 R.D. : Je pense que! par goût! elle n!aiment pas A.A. : Le jarret! se méler de politiqzte politicienne. Ce n!est pas leur R.D. : Oui! Nlan au moins! Cest vrai! affaire. M.C. : Vom êtes optimiste ou pessimiste sur tave­ A.A. : Ce qui est dommage ... nir des femmes en politique ? M.C. : Parce que ça veut dire amsi que àst peztt­ R.D. : Il faut tozdours être optimiste! àst mon être les partis qui n!acceptent pas les femmes. Les tempérament! alors je ne vais pas être pessimiste ! appareils de partis veulent rester mascttlins. Il faudrait que les femmes maintiennent la pres­ R.D. : Otti! je pense que les femmes n!ont pas Sion. autant de chance d!être élttes que les hommes. Cest Sylvain Roux : Concernant les quotas pour les bien reconnu qtte les hommes veulent garder la plm élections! qz/en pensez-voltS ? belle part. R.D. : Les quotas! VOltS savez! on ne peut pas obli­ M.C. : Et surtout dans le parti. ger quelqz/zm. Il faut que la personne qui se pré­ R.D. : Parce qz/on voit bien que celles qui ont zm sente soit motivée ; les quotas! pour moi! je pense petit peu gravi les échelons! on leur a vite couPé le ... que ce n!est pas qttelque chose qui soit réaliste.

l1li Cahier de doléances des femmes. Elles y demandent l'égali­ té de droits et, en particulier, leur admission aux Etats Généraux. 1789. A.D 24, 2 E 1818110-1.

46 FORUM

l'accident de train de Ligueux de 1930.

Nous avons publié, dans le dernier mécetntezen. Ces décès soJZt enregistrés cm numéro de lVIémoire de la Dordogne, nO 7 Registre d'Etat Civil de la COJll1l71me de (rubrique Sonothèque, p. 25), la photo LIGUEUX. du déraillement d'un train qui, pensions­ Les COiPS fitrent déPosés dcms l'église de lct dite nous, avait pu avoir lieu en Dordogne. comm/me. Nous publions, ci-après, la réponse cir­ Let Garde-Betrrière du P.N. 275 JZ'étctit constanciée qu'à bien voulu nous faire mitre qtte !/let 1l7è,·e. parvenir M. Paul ESPALIEU : Vom trol/verez des etrtides sur cet ctccidem detm le joumal «Petite Gironde» actttellernent La photo qm vom présemez, semble se rappor­ «slld-Oltest» Olt met mère figure som son nom de ter à lm cléretillement qui ct ell lim clems lct nl/it jeztne fille ESPALIEU, son frère trctvaillcmt cllI 29 / 30 octobre l 930 ct 4 het/res clu matin, Cllt dit jo/trlzct! et ayant dit qlf'il s'agissait de sllr let ligne LI1VIOGES / PERIGUEUX ml Sct soem; aimi qm dcms «tl1venir de la p.N. 275 (passetge e{ niveew) cie LIGUEUX. Dordogne (Dordogne Libre)>>, som son nom de Le cliché montre le «tencler» cOl/ché Sltr le côté femme mariée COUSTILLAS. gCll/che. POlir confirmer mon iclée, il fimclrait L'ct/erte fitt donnée par met mère, en fitisemt mze photo cie la locomotive coltdJée clu même sonner le tocsin ct l'église du villetge, distemte côté, 17letis ml' le passetge à nivectlt. de 2 kilomètres. Le trctin dérctillé étetit le PARIS / /lGEN Les secom:r sont ctl'rivés simu!tcmément de (train nO 75) qm les cheminots ctjJjJelèreJlt par PERIGUEUX et de LIMOGES. la s/rite le «cléretilleur». Les circonJtances C0727WeJ dl! public, font étett Depuis LIl\lLOGES il étetit précéclé cie 5 ct 1() d'Ilne mpture d'une Jection de rail cm Pctssctge minutes petr le GENEVE / BORDEAUX du G.B., sam doute ct let fin du passage dl! (G. B.) et suivi cie 5 ct JO minutes cI'lm trctin convot. mpplémentetire eJl provencmce cie PARIS. Let locomotive rltt 75 tombant dam lm «vide», Lorsqm le G.B. (GENEVE / BORDEAUX) n 'ct Pli qm déretillel: s'e!rrêtc! eJl getre cie PERIGUEUX, il signc/­ Je n' étetis pctS présent ml' les limx, étcmt scola­ la immédiatement avoir ressenti lm dJOC très risé ct Bordeet!tx, 1lletis j'avais 12 ems. violent en petssemt ct LIGUEUX. PERIGUEUX alerta la gare cie THI­ Paul ESPALlEU VIERS, ouverte cm trafic cie nuit et la plm proche avemt LI GUE U X, pour etrrêter le 75. Il étctit trop tetrcl, le convoi venetit cie petssel; et NEGRONDES n'étetit pas Ol/verte cm trafic cie nuit. Selll le train mpplémentaire Pllt être arrêté. Il faut seLVoir qu'à l'époque, il fit!lait environ 20 minlltes de tretjet de LIGUEUX ct PERIGUEUX. Le choc eft donc lim, dérision des dJoses, ellt signet! d'arrêt, (disqm rOl/ge) COl/1111cmclé par let getre de LIGUEUX qui n'était pas ollver­ te ct!! tret/ic de !llfit. Il Y et/t pllfsiel/rs morts, dont le chetll!felfr et le

47 1 _PALEOGRAPHIE ______

~ r""'\."- .-=" ~ao (17L~ _-~--f;rT ..f,~9." çt-.. ~t'f/ f~~/yP« ~"-"."""'.4 L 1 ~1l.Cf.AA...... A.D. 24, 6 C 1.

Ce texte court est assez intéressant quant à l'écriture.

- Les majuscules ne présentent aucune difficulté. Elles sont peu «appliquées» comme auraient dit les vieux maîtres d'école. B de Brt/zat (ligne 1), M de Marqtteyssat (ligne 1), L de Lattlanie (ligne 3). Les P de Pot/yadon (ligne 10), restent archaïques.

- Les lettres doubles sont la curiosité scripturale de cette page.

C'est le cas des deux s de messire (ligne 4), Marqtteyssa (ligne 6), St Orsse et Marssillat (ligne 7). Le premier s est petit, parfois à peine formé, et permet de lancer la crosse du deuxième.

Les deux f de d'Alttteffort (ligne 5) sont dissemblables.

- Les r sont très bouclés, surtout à la fin des mots. - Les t finaux sont courts, pas barrés, réduits à leur plus simple expression: Attttefort (ligne 5), Brttzat (ligne 6), grandement (ligne 12), etc.

Les abréviations : - suspensions classiques pour terminer le mot

procur J: procureur (ligne 4).

penultit·7: pénultième (ligne 9). ,// 48 1 De Bmzat et lvIarql!eyssat.

2 C'est présanté Maistre Pierre

3 Lau/allie all nom et comme 4 pl'Omreltl' de messire Remzé

5 d'Alttteffort chevet/ier seigneul'

6 de Marql/e)'ssa Bmzat Lamothe 7 Aja St Orsse Marssi/hat en

8 vertlt de sa promration eÛt

9 Péll"ltieme ju/het demier signée

10 POllyadon notaire roya/ représente

11 que /edict seigneur de Lamothe

12 est grandement indispozé cie

proClf_~': procuration (ligne 8). les tildes indiquant la contraction: repnte (ligne 10).

L'orthographe: Surtout fantaisiste pour les noms propres: Remzé (ligne 4), Marqm)'ssat (ligne 6) perd sa lettre finale, Ajel et St Onse (ligne 7) n'ont pas les graphies actuelles.

Raymonde SARLA T

49 __ LE DISCOURS DE LA MÉTHODE----I

Fonds manuscrits intéressant le périgord.

Le Catalogue général des manuscrits - Avoustin. Correspondance avec des bibliothèques publiques de France est André Avoustin, de Bergerac. Copie de une vaste entreprise commencée il y a plus lettres d'affaires écrites par Honorat Lainé, d'un siècle et toujours en chantier. Les négociant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. volumes parus peuvent concerner une ou {l041-1042}. plusieurs bibliothèques, certaines occupant - Aydie (Odet d'.). Requête en cassa­ plusieurs volumes. Beaucoup de collections tion du procureur général de Bordeaux ont fait l'objet de suppléments. Chaque contre un arrêt relatif à Odet d'Aydie, ouvrage possède son index alphabétique. comte de Ribérac, et aux dames d'Atis. Récemment, une équipe de la Bibliothèque 1742. 55 pages.D90, tome XIII, 63°}. nationale a réalisé un index général, travail - Ayquem (Pierre). {Les manuscrits remarquable mais d'un coût peu abordable concernant Pierre Ayquem, père de 1 à la plupart des bibliothèques • Montaigne, et Montaigne lui-même sont nombreux, nous ne les avons pas pris en Bibliothèque municipale de Bordeaux compte}. - Banes (Marguerite de). Commission Le volume XXIII, paru en 1894, pré­ donnée par jehan Martin, official de sente les manuscrits de la bibliothèque de Périgueux à Martin du Chaptatl, prestre pour Bordeaux. Nous avons essayé de localiser faire une enquête au sujet du mariage de tous les documents intéressant le Périgord, Franc Marc de BOttSsignac, seigneur de la même si quelques uns peuvent nous avoir Marche avec Marguerite de Banes. 4 sep­ échappé. Pour certains l'intérêt paraît tembre 1599. {738 (III), ça 151}. mince : il en est probablement ainsi de la - Banes (Marguerite de). Sentence de correspondance active d'un marchand bor­ Jean Martin dans l'affaire de Franc Marc de delais, Henri Lainé, adressée à des clients Boussignac et de Marguerite de Banes. 18 périgordins, correspondance {cotée 1040- janvier 1600. {738 (IV), ça 1 et aussi folios 1041}. Quelques textes ont été publiés ou 2, 4 et 5}. sont des copies de publications ; dans ce - Barbesières (Louis). Philosophia sub cas, le catalogue le signale, mais seulement reverendissimo Patre Ludovico Barbesières, doc­ pour les publications antérieures à 1894 ... tore theologo, philosophiae professore Societatis Le manuscrit de Jourdain de Lafayardie est jestl. Petracorae. 1708. Sur la feuille de cité dans bien des publications posté­ garde :joannes Reynal de Lalande Sarlatensis. neures. {498}. - Bargeas. Voyage philosophique ... Liste des manuscrits: 1765. A l'intérieur de la couverture: Relié chez Bargeas, marchand papetier et relieur rtle Cette liste présente d'abord le sujet, du Pas Saint-Georges à Bordeaux. {Il s'agit puis une courte analyse et, enfin, la cote. peut-être de Jean-Baptiste Bargeas, impri­ meur, libraire et relieur à Bergerac à la fin Agard. Correspondance avec du XVIII' siècle}. {722}. Agard, de . Copie de lettres d'af­ - Bazin de Bezons (Louis). Extrait du l - Signalons enfln que beaucoup de biblio­ faires écrites par Honorat Lainé, négociant mémoire SZtr la généralité de Bordeaux par M. thèques ne possèdent à Bordeaux, de l'an XII à 1807. {l041- de Bezo71S. 49 feuillets. XVIII' siècle. {735} qu'une partie des volumes. 1042} - Bazin de Bezons (Louis). Mémoires

50 concernallt la généralité de Bordeaux et let pro­ - Bugeaud (général). Une lettre dans vince eùt Béarn, contena1Zt la description et le la correspondance de Henri Fonfrède dénombrement de la G/t)lelZlle, du Périgord ... (1827-1841). [1095-1096 (I)}. 1698. [736}. - Chancel de La Grange (Victor). Ode - Bazin de Bezons (Louis). lVlé1lloire de SNI' la levée du siège de Carthagène, par Dom. la généralité de Bordeetltx, composé par iVI. de Victor Chancel de La Grange, capitaine de dra­ Bezo1lJ, intendaJZt. 66 feuillets. XIX' siècle. g01ZS dam le régiment de France, au service de [1099}' S.M. Catholiqtte... fils de l'auteur des - Baudeau (chanoine de ). Philippiqttes ... [713 (XLIII), p. 135}. Le R.P. Francois Chabrol, du cabinet de - Charlin. Correspondance avec physique d; l'Académie recommande Charlin, colonel de gendarmerie à Baudeau. Monsieur Baudeau désire faire le . Périgueux. Copie de lettres d'affaires écrites sermon de la Saint-Louis. 1754. [828 (XX), par Honorat Lainé, négociant à Bordeaux, 28°}. de l'an XII à 1807. [1041-1042}. - Baudeau (chanoine de Chancelade). - Dalvy. Placards imprimés chez Dissertation sur l'utilité des histoires parti­ Dalvy, à Tulle, au XVII' siècle. [411A, f71 culières des provinces. 1758. [828 - 72 et 80}. (XXVII), 50}. - Damarzid. Correspondance avec - Bausset. Correspondance avec Damarzid, de Montignac. Copie de lettres Bausset, de Sarlat. Copie de lettres d'af­ d'affaires écrites par Honorat Lainé, négo­ faires écrites par Honorat Lainé, négociant ciant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. à Bordeaux, de l'an XII à 1807. [1041- [1041-1042}. 1042}. - Decherval. Correspondance avec - Bellet (abbé). Tableaux statistiques Decherval, habitant à . Copie de des élections de Bordeaux, Agen, lettres d'affaires écrites par Honorat Lainé, Périgueux, Condom, Sarlat, et de la subdé­ négociant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. légation de Bergerac. 1741. [828 (XVIII), [1041-1042}. 3° - 13°}. - Dèze, aîné. Correspondance avec - Bernadau (Collection P. Bernadau). Dèze aîné, de Montignac. Copie de lettres Tome III, contenant le manuscrit de l' d'affaires écrites par Honorat Lainé, négo­ Aquitaine littéraire, 1790. [713 (III) et 713 ciant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. (IV)}. [1041-1042}. - Biron. Procès de M. de BiroJZ, maréchal - Dordogne. Mémoire sur la navigation de France. 1602. Lettre de Biron au roi, pen­ de la Dordogne. 1758. [828, XXVI, f 15°}. dant sa prison. [827, f 75 v°}. - Durandus Reygadas. Contrat de - Biron. Procez et mort dtt 7llaré(hetl cille mariage entre D/trcmcim Reygadas, habitator de Biron. 1602. [1103, f 70}. loci de Marri/haco, Sarlatencis diocesis, et - Biron. Testament du maréchal de Catherina Botierct, filia Johamlis Botie, setrto­ Biron. 1602. [822, p. 225}. ris, habitatoris lIlansi de la Chabbertia, parro­ - Blunon. Correspondance avec (hie de Raye/co, ejmdem diocesis. 15 août 1505. Blunon, de Beauregard par Terrasson. [738, (1), f 20). Copie de lettres d'affaires écrites par - Dussolier. Correspondance avec Honorat Lainé, négociant à Bordeaux, de Dussolier, quartier-maître de gendarmerie l'an XII à 1807. [1041-1042}. à Périgueux. Copie de lettres d'affaires - Bouchon. Correspondance avec écrites par Honorat Lainé, négociant à Bouchon, de Bergerac. Copie de lettres Bordeaux, de l'an XII à 1807. [1041-1042} d'affaires écrites par Honorat Lainé, négo­ - Election de Périg?te/lx, en trois s1lbdélé­ ciant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. gations. (Mélanges sur la généralité de [1041-1042}. Bordeaux), XVIIIe siècle. [1020, f 83} - Bourdeille (Henri de). Ordonnance - Election de Périgueux. Voir Bellet de Henri de Bourdeille, sénéchal de (abbé). Périgord, pour la saisie de deniers, entre les - Election de Sarlat. (Mélanges sur la mai1lJ des débitmrs, en faveur de Jean de généralité de Bordeaux), XVIIIe siècle. Ségur. 3 août 1634. [738 (IV), f 8I}. [1020, f 89}' - Bréviaire. Ecrit par Anthonius de - Election de Sarlat. Voir Bellet Ulmo du couvent de Bergerac des frères (abbé). mineurs. 1485. [88, f 2}. - Evéché de Périgueux. (Recueil de

51 pièces imprimés et manuscrites relatives à de Guyenne, et particulièrement de celle de la discipline de l'Eglise et particulièrement Gascogne, au XVIe siècle. {828, (CI)}. à la confession). Conférence tenue au chasteau - Imbert. Correspondance avec épiscopal de Merqués (. .. ) par les illustrissimes et Imbert, du Fleix. Copie de lettres d'affaires révérendissimes seigneurs les évesqttes de Cahors, écrites par Honorat Lainé, négociant à (... ) de Sarlat et de Périgueux, à laquelle ont Bordeaux, de l'an XII à 1807. {l041-1042} assisté messieurs les vicaires généraux d Alet, - ] ay. Lettres de Henri Fonfrède à un (.. .) de Périgueux et de Cahors (. ..). Octobre membre de la famille périgourdine (?) des 1649. {411B, 4°}. ]ay. {l095, (1 et II)}. - Evêché de Sarlat. (Recueil de pièces - La Boétie. Testament dEstienne de La imprimés et manuscrites relatives à la disci­ Boétie. 14 août 1563. Publié, en dernier pline de l'Eglise et particulièrement à la lieu, par P Paul Bonnefon, à la suite de son confession). Conférence tenue au chasteau épis­ édition des Oeuvres complètes dEstienne de la copal de Merqttés (... ) par les illustrissimes et Boétie. Bordeaux, 1892. P38, (III), f 78}. révérendissimes seigneurs les êvesqttes de Cahors, La Brosse (Hugues de). (... ) de Sarlat et de Périgueux, à laquelle ont Reconnaissance faite par Ramon de Gaujac à assisté messieurs les vicaires généraux d Alet, Hugo de La Brossa, abat de l'abadia et monas­ (. .. ) de Périgueux et de Cahors (. ..). Octobre tey de Terrasson, en la diocesa de Sarlat, gttover­ 1649. {41lB, 4°}. nador... de l'ospitau de Nostra Doma de - Excousson. Correspondance avec Bardenac. 2 avril 1457. P38 (1), f 61-62}. Excousson, de Nontron. Copie de lettres - La Force. Eloge de M. le duc de La d'affaires écrites par Honorat Lainé, négo­ Force. 25 août 1726. {828, (VI), f 8 - 10} ciant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. - La Force. Duc de La Force. Prix. {l041-1042l {828, (XX), 66} . - Fénelon. Epistola archiespiscopi - La Force. M. le duc de La Force. Cameracensis Innocentio, papae duodecimo, post Mémoire. {828, (XXVII), f 2). condenmnationem propositionum ejus libri... 4 - Lagrange-Chancel. EPitaphe de M. le avril 1699. {l018, p. 129}. président dAlbessard. {693, p. 831}. - Fornerod. Correspondance avec - Lagrange-Chancel. Ode adressée à Fornerod, de Montpon. Copie de lettres Madame la comtesse de Périgord. {828, d'affaires écrites par Honorat Lainé, négo­ (XXXVI), f 29°}. ciant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. - Lavergne. Correspondance avec {l041-1042}. Lavergne, de Périgueux. Copie de lettres Fossiles. Président Barbot. d'affaires écrites par Honorat Lainé, négo­ Réflexions sur l'histoire naturelle de la ciant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. Guyenne, suivies d'un catalogue des fossiles {l041-1042}. de cette province et de la Gascogne, du - Le Boux. Sur un traité de l'amour, Quercy, de la Bigorre, du Périgord, du par M. Lebous, évêque de Périgueux. {696, f Rouergue, de l'Armagnac, de la Saintonge 127 vOl et de l'Angoumois. {828 (CIV), f 18}. - Lépine. Autographe de t abbé de Lépine. - Fournier (Léonard). Vente faite par Pl3, (XLVIII)}. Guillaume et Michaud (?) de La Coste, père - Lespinay (de). La grande mareschalerie et fils, à Léonard Fournier, vicaire de du sieur de LesPinay, gentilhomme Périgourdin. . 2 avril 1557 (nouveau style). XVIIe siècle. 281 pages. {598} p 38, (III), f 62}. - Lestang, jeune. Correspondance - Front - ou Fronton - (saint). De vita avec Lestang, de Périgueux. Copie de saneti Frontonii. Qui homo Dei et Christi lettres d'affaires écrites par Honorat Lainé, esse jam eepit... [Publiée dans Migne, négociant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. Patrologie latine, XXI, col. 391-462}. {Ill, {l041-1042}. f ll5}. - Marsac (fontaine intermittente de la - Gay, fils aîné. Correspondance avec paroisse de). Extrait du Journal de Trévoux, Gay, d'Excideuil. Copie de lettres d'affaires juin 1749, relatif à la fontaine de Marsac. 0 écrites par Honorat Lainé, négociant à {828, (XXXVIII), f l3 }. Bordeaux, de l'an XII à 1807. {l041-1042} Massot, dit Dauphiné. - Gontaud-Biron. Eloges- du maréchal Correspondance avec Massot, de Montpon. Gontaut de Biron, suivis de notes histo­ Copie de lettres d'affaires écrites par riques sur les actes de valeur de la noblesse Honorat Lainé, négociant à Bordeaux, de

52 Lettre de François Chabrol, prêtre Récollet, membre influent de l'Académie Royale des belles lettres, science et arts de Bordeaux à Jean Barbot' Président de I~ cour des Aides et membre de l'Académie. 1757. Bib. municip. de Bordeaux, 828 (XX).

53 l'an XII à 1807. [1041-1042}. Copie de lettres d'affaires écrites par Honorat - Naviac et Cie. Correspondance avec Lainé, négociant à Bordeaux, de l'an XII à Naviac, de Saint-Cyprien. Copie de lettres 1807. {l041-1042}. d'affaires écrites par Honorat Lainé, négo­ - Rolland, aîné et Rolland, jeune. ciant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. Correspondance avec Rolland, de Bergerac. [1041-1042}. Copie de lettres d'affaires écrites par - Pauly (Suzanne). Correspondance Honorat Lainé, négociant à Bordeaux, de avec Pauly, de Bergerac. Copie de lettres l'an XII à 1807. [1041-1042}. d'affaires écrites par Honorat Lainé, négo­ - Saint-Aulaire. L'Ex-com, nouvelle his­ ciant à Bordeaux, de l'an XII à 1807. torique {en vers} par M. de Saint-Aulaire, de [1041-1042}. l'Académie française. 1721. {702, p. 20}. - Périgord. Recherches sur l'histoire - Saint-Front. Voir Front. du Périgord. 1758. {828, (XX et XXI), f' - Saint-Rabier. Sentence du juge de la 28}. juridiction de Saint-Rabier faisant défense à - Périgord. Voyage dans tme partie du certaines personnes de vendre les chairs Bordelois et du Périgord. Il y est successive­ qu'ilz detaihent .. .autrement que au poix. 1551. ment parlé de Montpon (p. 176), Mussidan {738, (III), f' 4}. (p. 207), Périgueux (p. 217 et 243), Neuvic - Sainte-Eulalie. Echange fait entre (p. 220) et Chancelade (p. 303). Cette rela­ Pierre deI Puech (al. Le Molinier) et les frères tion est due à un employé de l'Intendance Elie, Raymond et] ean Faure, de la paroisse qui accompagnait Boutin. 17 61. {721}. de Sainte-Eulalie, au diocèse de Périgueux. - Périgord (régiment de). XVIIIe Sainte-Foy, 27 avril 1486. {Il s'agit proba­ siècle. [1003, p. 40}. blement du Sainte-Eulalie lieu-dit de Saint­ - Périgueux. Monuments antiques de Antoine-de-Breuil}. {738, (1), f' 91}. Périgueux, par Jourdain de Lafayarderie (sic). - Salviat. Charbon de terre et minerai 8 août 1759. {828, (XX et XXI), f' 50}. de cuivre; pétrifications dans le Périgord. - Périgueux. Mémoires et plans sur les 1776 (?). {828 (XX et XX!), f' 87}. antiquités de Périgueux, envoyés à Seignole, juge de paix. l'Académie par Jourdain de Lafayarderie Correspondance avec Seignole, de (sic). 1759 - 1760. Montpon. Copie de lettres d'affaires écrites pO 1. Plan général de l'amphitéâtre dom les par Honorat Lainé, négociant à Bordeaux, mazures existent dans la cité de Périgueux. de l'an XII à 1807. [1041-1042}. pO 2. Représentation de la tour de Vészme et des - Sel (commerce du). Lettre datée de baim des anciem nouvellement découverts. Bergerac à M. de Tourny (?). 16 janvier pO 3. Opération faite, le 11 aoust 1757, pour 1751. {386, f' 15°}. mesurer exactement l'amphitéâtre de Périgueux, - Sel (commerce du). Lettres sans dans l'enclos de la Visitation. signatures, mais probablement de M. de pO 4. Discours sur la tour de Vészme et les bains Tourny, adressées à Gontaud, qui était à nouvellement découverts à Périgueux. Blaye. {386, f' 28°}. pO 5. Dissertation sur les anciens monmnens de - Theulier. Correspondance avec la ville de Périgueux, avec la représentation des Theulier, de . Copie de lettres d'af­ médailles qu'on y a trouvé et la découverte des faires écrites par Honorat Lainé, négociant bains publics. {828, (CV!)}. à Bordeaux, de l'an XII à 1807. [1041- - Périgueux (statistiques). Voir Bellet 1042}. (abbé). - Toucheboeuf (François de). Lettres - Pouchon. Correspondance avec d'appel au parlement de Bordeaux d'une Pouchon, de Bergerac. Copie de lettres d'af­ sentence du sénéchal de Périgord, pour faires écrites par Honorat Lainé, négociant Pierre Eyquem, contre frère Prançois de à Bordeaux, de l'an XII à 1807. [1041- Tottcheboezrf, chevalier de l'ordre de Sainct-Jehan 1042}. de Hierttsalem et commandeur de Condat. 22 - Présidial de Périgueux. Assignation avril 1556 (nouveau style) et Pièce relative à à comparaître, devant le présidial de cette affaire. 24 octobre 1555. {738, (III), f' Périgueux, adressée à Charles de Lur, sur la 19 et 58}. requête de Louis de Lur de Saluces. 26 - Dlmo (Antonius de). Voir Bréviaire. octobre 1639. {738, (IV), f' 88}. - Vigne (culture). Etat des différentes - Ribière Saint Georges. Correspondance esPèces de cépages que l'on mltive dam les avec Ribière Saint Georges, de Saint-Capraise. vignobles situés aux environs de Bergerac ... suivi

54 d'un mémoire explicatif [561, r 3}. Etats au Limousin. 1258-1399. XV' siècle. 42 et mémoires du même genre pour les sub­ feuillets. [Bibliothèque des Archives dépar­ délégations, communes ou juridictions de tementales des Basses-Pyrénées, mss 15 (E. Montpon [561, r 11° et l1°A}, de 880)} Nontron [561, r 13° et 13° A}, de Sarlat - Rivière. Remeil de cartes, plam et pro­ [561, r16° et 16° A}, de Thiviers [561, r fils des ouvrages faits pOltr la navigation de 17° et 17° A}. diverses rivières en Glt)'emze, levés par M. FenJi - Vigne (culture). Lettres envoyées à dam la visite qu'il en a faite à la fin de l'année Dupré de Saint-Maur ou à ses employés 1696, avec des re771arqttes et mémoires sltr lesdits pour annoncer l'envoi de cépages, etc., par oltvrages. 136 feuillets. [Bibliothèque des Pourteyron (Ribérac), Meyrignac (Sarlat), Archives départementales de la Gironde, Biran (Bergerac), Rochefort (Thiviers), mss Il} Zacroze (Montpon), Duboffrand (Nontron). 1784. [561, r 35°}. Jean-Pierre BITARD Bibliothèques des services d'Archives

En 1886, un volume du Cataloglte général traite des manuscrits conservés dans les dépôts d'archives départementales, communales et hospitalières. Nous en avons extrait quelques références supplé­ mentaires.

- Bazin de Bezons. Mémoire sur la généralité de Bordeaux, dressé par M. de Bezons, intendant, en l'année 1698. 87 feuillets. [Bibliothèque des Archives dépar­ tementales de la Gironde, mss 12} - Biron (maréchal de). Lettres missives adressées aux Etats et aux élus de Bourgogne. XV l'-XVII' siècles. [Bibliothèque des Archives départementales de la Côte d'Or, mss 46 (C 335 l)}. - Canon. Mémoires sur les forges et particulièrement sur celles à canons de Saint-Gervais, Engoumois et Périgord, par différens officiers d'artillerie. XVIIIe siècle. 95 feuillets. [Bibliothèque des Archives départementales du Nord, mss 167} - Fénelon (marquis de). Correspondance entre le maréchal de Noailles et le marquis de Fénelon et l'abbé de la Ville, pendant leur ambassade en Hollande. 1735-1745. [Bibliothèque des Archives départementales de Seine-et-Oise, mss 22 (E. 2657)} - Frères prêcheurs (ordres des). Extraits des chapitres généraux de Bergerac, en 1286. [Bibliothèque des Archives départementales de la Gironde, mss 2 (H 651 bis)} - La Force. Affaires des réformés en 1615 et 1616. Lettres de La Force. [Bibliothèque des Archives départemen­ tales de la Drôme, 3 (1. 3), r 44} - Périgord. Extraits des registres du parlement de Paris, relatifs au Périgord et

55 -

ÉDITORIAL François Bordes Directellr des Archives départementales de let Dore/agile

A LA UNE DERNIÈRES ENTRÉES

Dons, achats, dépôts, versements. p.2 Sandrine Lûcombe p. 9 ASSOCIATION LOI du 1"' juiIler 19Q1 L'A.R.A.S.P. jeûll-GllY Peyron)' p.3

DOSSIER FEMMES EN DORDOGNE LES FEMMES DANS L'OEUVRE LES FEMMES DANS LES ARCHIVES D'EUGÈNE LE ROY. DU PERIGORD NOIR. Joëlle Chevé p.11 Louis-François Gibert p.28

1945 - 1995 : IL Y A 50 ANS, LES LE RÔLE SOCIAL ET CULTUREL DE LA FEMMES FRANÇAISES VOTAIENT FEMME EN MILIEU RURAL POUR LA PREMIERE FOIS. (1914 - 1960). Irèlle Voil, p.24 Michel Combet p. 40

SUZANNE LACORE, «LE SOCIALIS­ HONNEUR A NOTRE ÉLUE. ME-FEMME». ~NTRETIEN AVEt; MME DELEMASURE, Bernard Dotigllac p.25 ELUE CONSEILLERE MUNICIPALE EN J945. Sylvain ROllx p.45

PALÉOGRAPHIE 1~~ 1PAROLE DE lECTEUR

Entretien avec Un texte ancien et sa transcription. Nicolas Lux. p. 5 Raymonde Sarlat p. 48

A L'ÉCOLE lEDE DISCOURSLA MÉTHODE Le recrutement militaire, de la fin de 1//1 l'Ancien Régime à la veille de la pre­ Fonds manuscrits intéressant le mière guerre mondiale. Périgord. Pierre Pageot p. 7 jean-Pierre Bitard p. 50

56 y _llontpOJ té \ \ \\\ ~j ~ r ~\ ' ". ;.il " ....~àw{ i1t_

.V1IIiI"'.Y:;;":;&111!'% > . ".. ".. ' ... >~.": i~' _. ...'";. 0 J ~ -:' fi