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B.3 LES PAYSAGES DE VALLÉE

RÉPARTITION GLOBALE SUR LE DÉPARTEMENT

PAYSAGES DE VALLÉE page 157 GRANDES CARACTÉRISTIQUES

Structure du réseau hydrographique

e département du se situe aux confins du Bassin LParisien et du , son relief est déterminé par les couches périphériques du bassin sédimentaire qui s’appuient sur le massif ancien. Les terrains s’inclinent doucement vers le /nord-ouest et le réseau hydrographique suit naturellement cette direction. L’érosion a déterminé deux lignes de cuestas, au droit de , Saint Amand et Châteaumeillant et entre et . Enfin un système de grandes fractures nord-sud constitue la limite orientale du département. Le réseau primaire est composé par des rivières qui coulent soit parallèlement à ces grandes lignes, soit perpendiculairement, c’est-à-dire sur la ligne de plus grande pente du terrain. La carte ci-contre fait apparaître la structure de ce réseau et son inscription dans le relief: vers l’est, le système ligérien primaire coule au pied des failles qui interrompent les couches dures du secondaire et constituent de puissants escarpements ; en arrière de ces failles une succession de cuestas plus ou moins visibles orientent le relief en croissants successifs. Les cours amont des ruisseaux et rivières suivent ces courbes puis les traversent pour s’écouler vers le nord/nord-ouest.

PAYSAGES DE VALLÉE page 158 Le réseau est entièrement inféodé au bassin ligérien. L’, puis la coulent au pied des failles orientales et constituent la limite séparative entre le Cher et l’Allier puis entre le Cher et la Nièvre. La configuration du terrain, et notamment la présence d’une deuxième ligne de cuesta modeste, parallèle au val de Loire fait que les cours d’eau qui conduisent directement vers le fleuve sont peu nombreux et ne concernent qu’une étroite bande de terrain en arrière du versant de rive gauche ; ce sont les bassins de l’Aubois et de la , auxquels s’ajoutent quelques courts ruisseaux au droit du Sancerrois. La majeure partie des eaux est drainée par le Cher, qui mérite bien ainsi d’avoir offert au département son toponyme.

Son bassin est parfaitement exclusif, car la ligne de partage des eaux avec l’, proche de la limite interdépartementale ne laisse à cette dernière aucune goutte d’eau Le réseau hydrographique inféodé à la géomorphologie née dans le département alors qu’en amont de bassin sédimentaire de Vierzon, le Cher et l’ récupèrent quelques petits affluents venus du département voisin.

Vallées et développement

a carte de la page suivante fait apparaître le rôle Ljoué par les vallées dans l’organisation de la trame bâtie du département. Les vallées représentaient des axes de communication importants et les points de franchissement des cours d’eau à gué furent à l’origine d’un bon nombre d’installations humaines : Saint Amand et Vierzon sur la vallée du Cher, au point de rencontre entre L’, l’Airon et l’Yèvre, le chapelet de petites villes qui occupe la vallée du Cher, les rivières du bassin de la ou le val d’Aubois en témoignent.

PAYSAGES DE VALLÉE page 159 Les traversées de la Loire sont à l’origine de la fondation des villes de la rive gauche, dans la Nièvre (, La Charité-sur-Loire, Cosne-sur-Loire), tandis que le fleuve générait plutôt le développement d’activités dans le Cher. Le canal latéral qui accompagne la Loire dans toute sa traversée du département en fut marqué à partir du dix-neuvième siècle : silos, entrepôts de stockage, usine de ciments de ; plus récemment la centrale de Belleville, qui utilise l’eau de la Loire pour le refroidissement de ses réacteurs s’est installée dans la même logique. L’incidence paysagère des sites de vallée prend ici tout son sens.

Les canaux ou le " rendez-vous manqué " du canal de La trame bâtie et les vallées : une Berry "complicité paysagère"

eux systèmes de canaux empruntent les vallées du Ddépartement : le canal latéral à la Loire, qui pénètre dans le Cher par le pont-canal du Guétin à Cuffy puis chemine sur l’extrémité occidentale du lit majeur pour se prolonger dans le et le canal de Berry.

Le canal latéral a réellement fonctionné en tant qu’axe de commerce, activité qui n’est pas éteinte de nos jours avec les transports de grains et de ciment, et s’accompagne d’un fort développement de la plaisance et de la promenade. Le canal de Berry n’a pas connu la même fortune. Sa construction fut décidée à la fin du dix-huitième siècle dans le dessein d’écouler vers le nord les minerais et houilles du Massif Central. Le canal devait emprunter dans l’Allier la vallée du Cher puis rejoindre à l’est les ouvrages ligériens et poursuivre son chemin jusqu’à la vallée du Cher à Vierzon en suivant les cours de l’Auron et de l’Yèvre, ce qui favorisait le développement artisanal et industriel dans le Berry. Les travaux ne furent exécutés qu’à la fin de la première moitié du dix-neuvième, c’est-à-dire fort peu de temps avant l’arrivée d’un Triangle du canal de Berry

PAYSAGES DE VALLÉE page 160 redoutable concurrent, le chemin de fer. Le développement industriel du Cher se déroula bien aux endroits prévus, mais le canal de Berry n’y joua qu’un rôle mineur. Les installations, déclassées depuis bien longtemps constituent néanmoins un patrimoine remarquable, dont les qualités paysagères déterminent une entité.

Vallées et paysages de vallée

es unités décrites dans ce chapitre sont celles qui sont perçues Len tant que telles, c’est-à-dire, qui se distinguent clairement de leur entour. La notion de vallée est fondatrice de leur identité, soit parce qu’elles s’inscrivent dans le relief, soit parce que leur situation a généré un mode particulier d’occupation du territoire : organisation de la trame viaire, implantation du bâti ou mise en scène par un accompagnement végétal spécifique. Le tiers septentrional et l’extrémité sud du département sont composés d’espaces fermés par la densité du couvert boisé en et par la combinaison d’un relief vigoureux et des boisements dans le Pays Fort et la Marche. Les vallées, dans les trois cas sont de simples composantes de paysages dont la personnalité se fonde sur d’autres déterminants. En revanche dans toute la partie centrale se succèdent des plaines ouvertes, des bocages relativement transparents et des paysages mixtes dans lesquels les paysages de vallée s’identifient en tant que tels. Ces différences expliquent la répartition des unités de paysage et le fait que le Bassin de la Sauldre par exemple, n’ait pas été intégré à cette classification. Carte des "paysages fermés", dans lesquels les vallées ne sont pas identifiées en tant que telles

PALETTE CHROMATIQUE

es couleurs dominantes des dans la strate arborée et le vert Lpaysages de vallée sont celles intense des prairies hygrophiles de la végétation qui s’impose, souvent enrichi de d’accompagnement. Les cours l’or des fleurs de renoncules. Le d’eau sont généralement printemps amène de façon brève entourés d’une bande plus ou la nuance orangée des moins large de pâtures et de frondaisons naissantes des prairies humides, parfois ceinte peupliers, qui sont avec les de haies et soulignée par une saules les premiers à se parer de ripisylve composée de saules, verdure. Le bâti des villages d’aunes, de frênes et de montre surtout les ocres rouges peupliers. C’est la gamme des des toitures, mêlées aux verts frais et des verts bleutés couleurs des feuillages.

PAYSAGES DE VALLÉE page 161 Couleurs printanières

Couleurs estivales

Couleurs d’hiver

LISTE DES UNITÉS

3-1 VALLÉE DE L’ALLIER 3-2 VALLÉE DE L’ARNON 3-3 VALLÉE DE L’AUBOIS 3-4 VALLÉE DE L’AURON 3-5 VALLÉE DE L’YÈVRE 3-6 VALLÉE DE LA LOIRE 3-7 VALLÉE DU CHER 3-8 CANAL DE BERRY 3-9 EVENTAIL DE BOURGES

PAYSAGES DE VALLÉE page 162 3- 1 LA VALLÉE DE L’ALLIER Du patrimoine fluvial à la sophistication

L’Allier termine sa course entre Nièvre et Cher avant le Bec d’Allier, qui lui offre une majestueuse confluence avec la Loire. Séparée des paysages du département par le puissant coteau de sa rive gauche, la plaine alluviale s’oriente vers la Nièvre. La vallée de l’Allier, comme celle de la Loire tourne le dos à ce département dont elle fonde la limite orientale. Monde à part, cette partie de la grande rivière est marquée par une succession de motifs paysagers remarquables et fort prisés, en particulier les ouvrages du canal latéral à la Loire et le village musée d’Apremont. Du barrage des Lorrains au pont-canal du Guétin, on trouve ici les plus remarquables édifices fluviaux qu’il soit donné de rencontrer entre Nevers et Cosne. COUPE

PAYSAGES DE VALLÉE page 163 DESCRIPTION GENERALE : les deux visages du Val d’Allier

’Allier et la Loire, jumeaux Lnés de l’ dont on ne saura jamais lequel se jette dans l’autre et lequel mérite le nom de fleuve se joignent aux pieds de la côte de Marzy qui met en scène leur union par le somptueux point de vue du Bec d’Allier. Le val s’élargit dans sa dernière séquence en une vaste plaine alluviale que la rivière emprunte en amples courbes qui serpentent d’une rive à l’autre. L’Allier, comme sa sœur ligérienne a quitté son visage auvergnat de rivière vive pour

Entre Cher et Nièvre, l’Allier majestueux du cours aval, paysage de ciel et d’eau s’étaler paresseusement entre distinctes autour de la bancs de sables et "verdiaux39", charnière d’Apremont : au sud, et composer un paysage d’entre la plaine alluviale étale dans le cieux et eaux. Le cours aval Cher ses verts pâturages, c’est s’appuie à l’ouest sur le coteau la "vallée herbagère", au nord un vigoureux et boisé de la rive étroit couloir entre coteau gauche qui fait de la vallée un boisé et ripisylve de l’Allier se paysage en autarcie, qui se distingue par la qualité du tourne plus vers la Nièvre que construit vernaculaire qui vers le Cher ; la disposition de la l’habite, c’est la "vallée rivière par rapport au coteau patrimoniale". détermine deux séquences bien

Les séquences de la vallée de l’Allier dans le Cher À l’ombre du vieux chêne…

39 Verdiaux : nom vernaculaire de la végétation qui accompagne la Loire moyenne et le cours inférieur de l’Allier, composée d’une exubérante saulaie

PAYSAGES DE VALLÉE page 164 La vallée herbagère : un morceau de bocage entre cours d’eau et coteau

ntre bocage et belles prairies pâturées par les silhouettes remarquables sont Evallée de Germigny, l’Allier bœufs blancs. La trame des nombreux : chênes d’émonde, chemine à travers les pays haies est encore bien visible et têtards de saules et de d’engraissage des charolais, compose avec les ripisylves qui charmes. dont il prolonge les paysages de bordent les ruisseaux un Ces figures jouent également un bocages à grandes parcelles de ensemble régulier de figures rôle essentiel de liaison linéaires qui, venant à la paysagère et écologique entre rencontre de la puissante le lit majeur et les espaces galerie forestière de l’Allier, boisés qui surplombent le donnent au lit majeur son coteau. Il existe à travers leur identité. présence une continuité de Les haies étagées sont milieu pour la faune et une constituées d’une strate liaison spatiale forte, qui fait du arborée à vieux chênes et versant de rive gauche un frênes et d’une basse strate à paysage de transition qui sureau, cornouiller, noisetier, rattache le val d’Allier aux églantier. Les vieux arbres aux paysages du Cher.

La trame des figures linéaires de la vallée herbagère La vallée herbagère et la galerie forestière de l’Allier

La vallée patrimoine : la magie des ouvrages du canal

e canal latéral à la Loire le pont-canal, ouvrage certes proximité du franchissement de Lquitte la Nièvre au lieu-dit le moins orné que celui de Briare, l’Allier par la RD 976, qui le Guétin, sur la commune de mais néanmoins remarquable. Ce donne à voir de belle façon. Cuffy, pour entrer pont en pierre, édifié au dix- solennellement dans le Cher par neuvième siècle bénéficie de la

Le pont-canal, vu depuis la RD 976 Les eaux du canal, entre ciel et eau

PAYSAGES DE VALLÉE page 165 Le canal proprement dit se une rigole d’amenée d’eau qui apprécié des pêcheurs à la dirige vers le nord et continue prend naissance dans une très période de migration des d’être le compagnon de la Loire, belle prise circulaire, qui fait saumons composent avec le cependant, l’Allier apporte ici sa face au déversoir des Lorrains. pont-canal un site de promenade contribution en alimentant Le canal d’amenée, la prise d’eau réputé. l’ouvrage au nord de Cuffy par et le barrage des Lorrains, fort

Le canal d’amenée d’eau

La prise d’eau des Lorrains

Jeux de lumière sur le déversoir

PAYSAGES DE VALLÉE page 166 La vallée patrimoine : Apremont… jusqu’à l’excès ?

a municipalité de la petite deuxième pôle de cette "vallée- présente au visiteur un visage Lcommune d’Apremont-sur- patrimoine". Au cours des qui le situe à la limite de Allier, qui bénéficiait de la années soixante-dix, le parc du l’affectation. Malgré présence de son château d’un château fut transformé en un d’indéniables qualités fort bâti vernaculaire de qualité prit parc floral de collection qui est appréciées du public, on se la décision dès les années devenu une incontournable trouve ici en présence d’un trente de mettre en valeur son étape sur la route des jardins décor qui peut faire regretter village. Les maisons anciennes du département. Parallèlement l’époque où seules les maisons, furent restaurées dans un style à la mise en œuvre du parc, le dans une vraie sobriété, médiéval berrichon et firent village fut alors transformé en parlaient du passé… et de la d’Apremont un village-musée où village jardiné, mêlant topiaire relation à la rivière, que le les réseaux aériens furent très et plates bandes de vivaces. village-jardin fait un peu tôt enfouis, qui constitue le Aujourd’hui, Apremont oublier.

Château et village d’Apremont

La symphonie des plantes vivaces

L’omniprésence de l’art topiaire

Où l’on échappe parfois de peu à l’excessive sophistication…

PAYSAGES DE VALLÉE page 167 Les enjeux du Val d’Allier -la vallée bocagère et le cours de l’Allier

a partie herbagère du val celle de sa pérennisation. En écologique et correspond au Lconnaît un relatif 1998, à l’initiative de la Chambre besoin pointé plus haut de vieillissement des figures d’Agriculture du Cher, une renforcer les liaisons entre les linéaires : de nombreuses haies "opération locale Val d’Allier" a pâtures du val et les milieux ont été remplacées par des été conduite, qui s’est traduite boisés voisins. Le guide rédigé à clôtures, les arbres par un projet de restauration et cette occasion a pour objet remarquables sont souvent âgés d’entretien des haies, destiné à d’encadrer des initiatives et la régénération des haies, à encadrer une reconstitution du individuelles des agriculteurs. En l’instar des autres paysages bocage décidée par un groupe complément, mener une bocagers n’est pas toujours d’une quarantaine d’agriculteurs réflexion globale sur le thème assurée. Au stade actuel, le désireux de retrouver les «quel réseau de haies pour quel paysage jouit d’un bel équilibre, paysages de leur enfance. La paysage ?» serait intéressant. la question qui peut se poser est finalité est essentiellement On assiste, en Allier comme en Loire à une progressive fermeture du thalweg ; les herbus et les verdiaux s’étendent au détriment des bancs de sable, tandis que quelques peupleraies viennent fermer les espaces de transition –jadis pâturés- entre prairies et ripisylve. L’accès aux berges devient par endroits difficile. La question de l’entretien des bords de la rivière doit donc se poser, ainsi que celle de la gestion optimale qui permettrait de conserver le caractère sauvage de l’Allier sans se diriger vers un Quand les haies se réduisent à l’état de reliques embroussaillement généralisé.

-la vallée patrimoine : une gestion raisonnable de l’attractivité

’ensemble constitué par le Lpont-canal, les Lorrains et Apremont est depuis bien longtemps un lieu de promenade, très prisé en particulier par les neversois, qui viennent ici en voisins. Les récents aménagements floraux d’Apremont en cette période de frénésie du jardinage ont considérablement élargi la La subtile rencontre des eaux miroitantes, de la blondeur du sable et du clientèle touristique, et furent à mystère des verdiaux un joyau à protéger

PAYSAGES DE VALLÉE page 168 l’origine de quelques excès. Il multimodales (vélos, départements voisins, afin serait possible d’envisager des randonnées, navigation de d’atténuer l’omniprésence de la modes de desserte par plaisance sur le canal), intégrés voiture qui contredit l’esprit circulations douces dans des circuits sur les deux même de ces sites.

LISTE DES COMMUNES

Apremont-sur-Allier Cuffy Mornay-sur-Allier Neuvy-le-Barrois

PAYSAGES DE VALLÉE page 169 PAYSAGES DE VALLÉE page 170 3- 2 LA VALLÉE DE L’ARNON Un chemin dans la diversité des paysages du Cher

L’Arnon fait son entrée dans le Cher dans les paysages montueux de la Marche, au sud du département et rejoint le Cher à son extrémité nord dans l’agglomération de Vierzon. Voisine de la limite départementale avec l’Indre, la vallée raconte la succession des paysages nés de la présence des sédiments secondaires en trois séquences différenciées, exprimant le passage du bocageàlaplainede grande culture. Elle rend témoignage des paysages du département, à la fois de leur diversité et des questions que posent leur gestion. Entre une agriculture qui souvent se cherche et un réel potentiel touristique, quel avenir ?

COUPES

PAYSAGES DE VALLÉE page 171 DESCRIPTION GENERALE : l’enchaînement de quatre séquences

’Arnon traverse le relief (unité 5-9 : gorges de courts dans un lit majeur étroit Ldépartement du sud au nord l’Arnon). marque qui s’appuie sur des limites sur sa frange occidentale et puissamment un effet de seuil topographiques nettes. De côtoie, entre Lignières et entre la vallée et la gorge : aux Lignières à Charost la vallée Graçay la frontière avec l’Indre. pieds de l’éperon rocheux serpente en larges méandres Son cours amont, qui s’encaisse couronné par le château dans une succession d’espaces dans une gorge étroite médiéval, les versants s’évasent ouverts et de forêts, c’est la d’orientation sud-nord creusée en une brève transition "vallée ouverte". Entre Charost dans les terrains primaires, soulignée par le pont qui domine et Méreau au nord de Lury-sur- s’infléchit vers l’ouest à la le thalweg de plus de trente Arnon, son profil s’amollit tandis hauteur de pour passer mètres. La vallée de l’Arnon se qu’elle chemine au sein de la au pied des côtes du Jurassique, divise en quatre séquences. plaine grande culture et côtoie qu’il traverse au sud de Lignières Entre Culan et Lignières, la le vignoble de Quincy, son lit puis se réoriente plein nord vallée chemine dans les reliefs majeur est alors occupé par des jusqu’à sa confluence avec le du "bocage sévère" du boisements et de très Cher au sud-ouest de Vierzon. Boischaut, son profil s’évase peu nombreuses peupleraies qui la La partie située à l’amont de à peu à mesure qu’elle descend qualifient comme une "vallée Culan, enserrée dans une gorge vers le nord, c’est la "vallée close" ; cette séquence se étroite est apparentée à la série bocagère", dans laquelle la déroule jusqu’à la confluence des paysages marqués par le rivière coule en petits méandres avec le Cher, au sud de Vierzon.

Séquence 1 : la vallée bocagère qui s’insinue dans les plis du relief

pente accentuée des couches Au nord de Culan, la vallée fait affleurer une succession de s’élargit mais demeure bien terrains secondaires de nature inscrite dans le relief avec un et de dureté différentes profil en V évasé, dont les déposés entre le Trias et le versants sont recreusés de premier étage du Jurassique et nombreux petits vallons surmontés par place par des affluents. dépôts du miocène.

Coupe géologique schématique nord-sud

a principale caractéristique Lde cette séquence est son rapport au complexe relief des bocages du Boischaut. Entre Culan et la côte de Morlac, les couches sédimentaires se relèvent au contact des terrains primaires du Massif Central : comme le montre la coupe la

PAYSAGES DE VALLÉE page 172 La vallée en V à ,

Dans un lit majeur d’un demi- kilomètre de largeur, la rivière serpente en courtes ondulations soulignées par une ripisylve qui s’épaissit par places en galerie forestière humide. Le fond de thalweg est livré à la prairie et comporte des figures bocagères en trame lâche. Les enclos complets se raréfient et les haies sont composées d’une strate arborée à chêne, frêne et saule mêlés de peupliers et d’une basse strate à cornouiller, L’Arnon, aux pieds de la côte de Morlac sureau, prunellier. La partie amont comporte de nombreuses l’Arnon change d’orientation et retenues d’eau destinées à la se glisse au pied de la cuesta. La pêche, souvent prolongées par vallée devient dissymétrique des "queues d’étang", porteuses avec un versant nord marqué d’une végétation de zone humide par l’escarpement et un versant (phragmites, massettes et sud plus doux, qui porte un prairies à joncs) et une galerie bocage éclairci à large maille. forestière à saules. Ces zones Le versant nord, également refuges pour la faune –en bocager montre des signes particulier avienne- créent une Le "tissage" du fond de val par la clairs de régression, la déprise continuité biologique et végétation : la ripisylve, les haies et agricole se traduit par une paysagère entre la rivière et le les bois de pied de versant extension des friches à bocage boisé qui l’environne. établissent une continuité entre le ronciers, qui évoluent en Au sud de Morlac, le cours de milieu de la rivière et le bocage. boisement spontané.

La ripisylve de la rivière et les versants bocagers

PAYSAGES DE VALLÉE page 173 Le plus souvent inondable, le fond de vallée est pratiquement vierge de constructions, à l’exception des moulins, qui furent nombreux, comme le montre la carte de Cassini.

Au premier plan, prairies humides et figures bocagères, au second plan, l’enfrichement de l’escarpement

Fermes et villages sont implantés sur les plateaux, souvent en crête de versant, d’où ils dominent le thalweg. Les villages s’installent tantôt en rive gauche (Reigny, St Pierre- des-Bois, St Hilaire-en- Lignères), tantôt en rive droite (Loye-sur-Arnon, Ids-St Roch, ), seule Lignières fait exception, en investissant les deux rives de l’Arnon, ce qui Château de Lignières conforte son image de porte aval de la vallée bocagère.

PAYSAGES DE VALLÉE page 174 Le bourg de Lignières

Séquence 2 : la vallée ouverte entre Cher et Indre Un ruban de verdure dans la plaine et les bois

ntre Lignières et Chârost, plaine et des paysages boisés El’Arnon semble jouer avec la mais dans les deux cas, frontière entre les deux l’environnement immédiat de la départements, affirmant la vallée est constitué de champs continuité des paysages de part ouverts sur toute la séquence, il et d’autre. Cette séquence existe un effet de contraste chemine dans des paysages entre un plateau nu et les ouverts au sein desquels elle se berges soulignées par la galerie lit comme un ruban de verdure forestière de la rivière, qui qui correspond à sa ripisylve. apparaît comme enchâssée dans Son cours traverse le terrain. successivement des paysages de

La vallée dans la plaine, un élégant contraste de textures et de couleurs

PAYSAGES DE VALLÉE page 175 La vallée enchâssée dans le terrain n’apparaît que par sa ripisylve

Dans un profil doux aux versants versants et le fond de vallée, sont suffisamment présents courbes, le cours de l’Arnon dont l’identification se résume pour qualifier cette séquence et chemine en méandres amples alors à celle du cours d’eau lui- en fonder l’identité. C’est une dans un lit majeur ouvert. Il même. Tout se passe comme si le unité paysagère réduite à son existe alors une continuité sans paysage des abords niait la expression la plus simple, ce qui rupture entre les versants et le vallée. Cependant, la lisibilité de est la garantie de sa stabilité. fond de thalweg : l’occupation du la ripisylve et l’effet de sol est identique sur les contraste avec le milieu ouvert

L’effet de contraste entre les versants cultivés et le Une figure presque identique au sein de l’espace boisé fond de vallée en Champagne Berrichonne

Cette figure est constante, partie dégagée, récemment aussi bien dans la plaine de convertie à la culture et aux Champagne, au sud de Chârost champs ouverts de ces paysages que dans les paysages boisés de de transition entre zones la partie sud, car l’Arnon bocagères et openfield. chemine alors dans la seule

Quelques signes de fermeture du paysage

l existe néanmoins des carton de la page suivante. Le Isecteurs, en particulier au fond de vallée lui-même est en sud de Mareuil-sur-Arnon, dans partie colonisé par les lesquels le paysage tend à se peupleraies ; ces deux évolutions fermer par des reboisements tendent à émousser le caractère des parties qui se tournent vers de paysage de contraste qui la vallée, comme le montre le caractérise cette séquence.

PAYSAGES DE VALLÉE page 176 Les peupliers

Quand le paysage tend à se fermer (Mareuil)

Le rapport au construit

’urbanisation s’est dans un rapport direct, sur les Ldéveloppée le long du cours flancs de la vallée. L’ouverture de la rivière, laissant la terre à du paysage met souvent bien en l’agriculteur : sur la plaine, évidence villages et fermes, quelques grosses fermes comme en témoigne l’exemple de dominent le val d’Arnon, tandis Chârost. que les villages se sont installés

Mareuil-sur-Arnon La ferme du Grand , une silhouette qui s’impose sur le paysage de la vallée

Les bâtiments de ferme sont nombreux : lotissements et développement (Issoudun, Saint regroupés en cour et composent constructions individuelles, Florent-sur-Cher et également de beaux ensemble en pierre, constructions de nouveaux Bourges et Vierzon) et d’un axe ornementés de modénatures en bâtiments d’habitation aux important de transit, la RN 151. briques et couverts de tuiles. abords des fermes ; ceci Les bâtiments récents à la s’explique par la relative périphérie des villages sont proximité de secteurs de

PAYSAGES DE VALLÉE page 177 Séquence 3 : la vallée close

e Charost à Lury-sur-Arnon 1860, montre des parcelles en Dl’Arnon coule entre plaine prairies, très peu de haies et céréalière et zones viticoles, quelques boqueteaux qui s’élargit avant la jonction avec le enserraient la rivière, en Cher et coule dans une plaine particulier en arrivant vers la alluviale d’environ 1,5 kilomètres confluence. Cette séquence de largeur. Cette plaine fut devait à cette époque se longtemps laissée à la dent des distinguer assez peu de la ruminants, sans enclos selon la précédente avec un paysage pratique de la vaine pâture : la ouvert dans lequel se carte d’Etat–Major, publiée vers distinguaient les ripisylves.

Les choses ont considérablement changé avec la disparition de l’élevage en Champagne Berrichonne : les pâtures sont devenues sans objet alors que l’humidité du fond le rend impropreàlaculture;les figures de la séquence 3, où l’on voit les champs s’incliner jusqu’au cours d’eau sont ici absentes.

Ces prairies ont été soit converties en peupleraies, ce qui correspondait à la seule possibilité de mise en valeur, soit colonisées par des boisements spontanés de saules, de frênes et de trembles.

La vallée est ainsi devenue un espace totalement fermé, et la comparaison entre la carte d’Etat-Major et le carton ci- dessous montre bien l’aspect radical de cette évolution. La fermeture du fond de vallée par Le fond de vallée au dix-neuvième : les reboisements pâtures et quelques bois

Les peupleraies donnent de l’épaisseur à la vallée dont elles occupent le lit majeur

PAYSAGES DE VALLÉE page 178 Le cours d’eau enserré dans la double épaisseur de sa ripisylve et des boisements et peupleraies est un espace intimiste dont les berges aux abords des bourgs sont utilisées par les pêcheurs et les promeneurs. Les villages de Saint Georges, Reuilly, Lury sont édifiés sur les berges : ils montrent à la rivière une face cachée dans la végétation et s’ouvrent et se développent sur l’extérieur vers l’espace ouvert. C’est encore le rapport d’intimité et de fermeture qui s’impose vis-à-vis de la vallée. La partie de l’extrême aval, au nord de Méreau se compose d’une séquence vierge d’urbanisation, puis, après le franchissement de À Lury-sur-Arnon, les signes de l’utilisation touristique des berges de la la RN 20 fait son entrée dans rivière. l’agglomération vierzonnaise avant de rejoindre le Cher au sud-ouest de la zone périurbaine.

Les enjeux paysagers de la vallée de l’Arnon La vallée bocagère : un équilibre à maintenir et l’enjeu du tourisme vert

a vallée bocagère connaît la dont on voit quelques exemples d’exploiter, la reprise de Lfragilité des paysages qui sur les versants. L’équilibre certaines fermes et moulins et l’environnent : les zones d’enclos paysager peut se rompre si le leur conversion en résidences n’existent qu’à travers l’activité rapport entre espace ouvert et secondaires, l’existence des herbagère, dont l’avenir reste fermé se modifie : les figures plans d’eau, sont autant d’atouts suspendu à ce jour aux crises qui qui caractérisent la séquence pour le développement d’un secouent les productions d’ovins n°3 peuvent facilement tourisme vert, en synergie avec et de bovins. Ces terres n’étant s’imposer au sud de la vallée. Un les paysages du Boischaut et de pas les plus aisées à travailler, soutien aux activités pastorales la Marche. La proximité de elles présentent plus de risques dans la vallée serait souhaitable. nombreux monuments conforte que celles du plateau de se voir La qualité de ces paysages est cette possibilité. soumises à la déprise agricole, un atout qu’il convient

La vallée ouverte et l’enjeu du construit

a vallée ouverte a atteint un bourgs vers l’extérieur de la d’urbanisme et des procédures Léquilibre paysager stable vallée, mis en scène par le relief d’instructions des lotissements pour ce qui concerne les ont un impact fort qui devrait et des permis de construire la modalités d’occupation du sol, en justifier un soin particulier. Une dimension du paysage devra être revanche le principal facteur réflexion sur la silhouette à largement prise en compte, et d’évolution, le développement du terme et sur les visions pour cela, une formation des construit est perçu de manière lointaines d’extensions devrait services instructeurs et des prépondérante à cause de la précéder toute étude maîtres d’œuvre serait utile grande ouverture visuelle de ces d’implantation. Dans le cadre de (voir troisième partie, chapitre paysages. Les extensions des l’élaboration des documents C4).

PAYSAGES DE VALLÉE page 179 La vallée boisée : gérer et fréquenter

ette séquence présente par entretien des peupleraies, la peupleraies, l’aménagement de Cson caractère intimiste des fermeture visuelle du paysage sentiers et de lieux d’accueil qualités qui peuvent la rendre peut se doubler d’une fermeture sont autant d’éléments qui sont attractive, ce que l’on peut physique de sites qui deviennent de nature à redonner sens à des observer aux abords des impénétrables. L’entretien des paysages qui "se cherchent un villages. Parallèlement, entre les berges, une réflexion sur l’usage rôle". boisements spontanés et l’inégal des bois, l’entretien des

Vers une étude générale des paysages de la vallée ?

a meilleure manière de paysages et envisager leur Cette étude devrait inclure les Lprendre en compte les enjeux adaptation à un rôle de gorges de l’Arnon en amont de globaux de la vallée serait sans découverte du département, que Culan et réunir dans une aucun doute une étude justifie largement la structure réflexion commune l’ensemble paysagère à double finalité : même du cours de l’Arnon, qui des acteurs de la vallée, élus, évaluer les évolutions à venir est comme un livre ouvert sur la agriculteurs, agents du tourisme dans la gestion agricole de ces diversité des paysages du Cher. et du développement.

LISTE DES COMMUNES

Arcomps Chârost Culan Ids-St Roch La Celle-Condé Lignières Loye-sur-Arnon Marçais Mareuil-sur-Arnon Morlac Plou Reigny Saugy St Ambroix St Baudel St Christophe-le-Chaudry St Hilaire-en-Lignières Touchay

PAYSAGES DE VALLÉE page 180 3- 3 LA VALLÉE DE L’AUBOIS Au creux des bois, la vallée des manoirs et des étangs

Emblèmes du Berry boisé, les paysages de la vallée de Germigny trouvent ici leur point d’orgue dans une puissante vallée encaissée parallèle à la Loire. L’épais manteau forestier qui recouvre ses flancs construit un monde à part fait de clos intimistes, enrichi d’un riche patrimoine de monuments et de fort nombreux étangs. Plans d’eau, fermes manoirs, châteaux et églises romanes, nichés dans les bois au détour d’un repli de la vallée offrent une réelle qualité paysagère à ce monde clos en arrière du val de Loire, contrepoint sombre aux lumières du grand fleuve. Le passé industriel avec la métallurgie est aujourd’hui un souvenir, mais fut à l’origine de l’essor de la Guerche au dix-neuvième siècle. C’est un paysage qui doit trouver un équilibre entre des qualités fondées sur l’image de son passé et les nécessités de son développement.

COUPE

DESCRIPTION GENERALE

u sud de , les calcaires et de marnes un peu l’Aubois s’est enfoncé dans le Agrandes failles qui plus à l’est. Au pied des failles terrain, en une vallée au fond fracturent les couches du coule l’Aubois, petit affluent qui étroit que bordent d’amples Jurassique et fondent les prend sa source au sud du versants, laissant entre Loire et paysages du Sancerrois ne sont département, aux confins de Aubois un interfluve boisé de pas encore en contact direct l’Allier. Son cours, parallèle à cinq à six kilomètres. Les avec la Loire. Le fleuve sa celui de la Loire entre versants sont creusés de vallons vallée dans les couches de et Jouet-sur- perpendiculaires dont les fonds

PAYSAGES DE VALLÉE page 181 sont souvent occupés par une succession de plans d’eau. La partie sud, entre Grossouvre et la Guerche est bordée à l’est par l’interfluve boisé et à l’ouest par les paysages bocagers de la vallée de Germigny. La densité des structures bocagères qui bordent la vallée donne à cette dernière l’aspect d’un corridor boisé : la sensation d’espace fermé, "d’être à l’intérieur" domine largement. L’aval de la Guerche confirme largement cette image, car alors les deux rives de la vallée son encadrées par des zones boisées. Le raccordement sur le val de Loire se fait à travers une cluse qui perce l’interfluve et met en L’Aubois, un paysage de relation le Val de Loire avec son l’intime arrière-pays. La vigueur du relief qui limite à l’ouest la vallée ligérienne donne de l’importance aux points de franchissement, qui jouent là le rôle d’un pont sur une rivière.

Ainsi le seuil de l’Aubois, à mi- Nevers et Sancoins mettait en Chautay témoignent des chemin entre deux traversées communication deux importants installations anciennes sur la de la Loire, le bac de Marzy et le marchés de bovins et reliait vallée d’Aubois, ainsi que les pont de la Charité, bénéficiant entre elles les régions nombreuses fermes manoirs, de la trouée de cette cluse est herbagères qui se déploient de souvent dissimulées dans la devenu très tôt un passage part et d’autre de la Loire. vallée et les vallons affluents ou privilégié entre Nièvre et Cher. L’abbaye de Fontmorigny, La cachées dans les bois. La vallée de l’Aubois, en reliant Guerche, La Chapelle-Hugon, le

Représentation schématique de l’embouchure de l’Aubois

PAYSAGES DE VALLÉE page 182 Au dix-neuvième siècle, la vallée fut choisie pour établir une jonction pour la navigation fluviale entre le canal de Berry et le canal latéral à la Loire. Bien que le canal n’eut pas l’occasion de jouer un réel rôle commercial, la vallée connut au dix-neuvième siècle un essor industriel notable avec l’établissement d’un haut- fourneau à la Guerche-sur- l’Aubois, aujourd’hui lieu de visite et de mémoire.

Extrait de la carte de Cassini

Une luxuriante végétation dans les boisements et de petites clairières herbagères

e cadre de la vallée et la Lvallée elle-même apparaissent comme un ensemble boisé, dont le peuplement est composé à partir de la chênaie pédonculée en taillis en mélange avec le charme. Dans les vallons frais et sur les pentes, les taillis sont composés par la chênaie- charmaie humide qui comporte un sous-bois éclairé par les éclatantes floraisons vernales des primevères, des anémones, des lamiers galéobdolons, chênaie-frênaie-aulnaie, et les qui conduisent vers la saulaie, enrichi dans les clairières de taillis à saules. Les nombreux tandis que le milieu aquatique prairies humides à joncs et étangs sont encadrés par une comporte une riche flore à carex, et d’un fréquent tapis de végétation hygrophile avec son nénuphars, nymphéas et fougères. Les vallons et le fond cortège d’herbacées : polygonums. de thalweg sont occupés par la phragmites, massettes, carex

PAYSAGES DE VALLÉE page 183 Ces différentes formations sombre des chênes, la rousseur car les quelques espaces ouverts végétales créent un couvert de ces mêmes fougères quand sont reliés entre eux par des dense aux couleurs fortes : la finit l’été, les vibrations haies ou des petites bandes gamme des verts est puissante violettes des tapis de sous-bois boisées qui confortent la et saturée, avec des effets de au printemps, le gris des saules sensation d’intimité de ce contraste changeants, entre le et les verts des frênes et des paysage. vert frais des fougères à la aulnes. Les milieux boisés belle saison et l’émeraude semblent en totale continuité

Le Val d’Aubois, schéma des continuités du paysage boisé

Les espaces ouverts inclus dans Nérondes est plus hétérogène dont les figures évoquent en la trame boisée sont pour que l’amont : quelques zones de permanence un paysage né des l’essentiel en herbe, et assurent culture s’y développent. Les eaux. Quelques parcelles en la transition avec les secteurs prairies hygrophiles sont cultures ou en prairie de bocagers de la vallée de piquetées de saules têtards et fauches apportent une diversité Germigny. La partie nord, voisine de frênes, les ripisylves et les dans cette verdure dominante du bocage en conversion vers le peupleraies constituent un fond par leurs teintes dorées au labour de la charnière de de tableau constamment présent moment des récoltes.

Saules têtards et peupliers Les balles rondes… paysage d’après moisson

PAYSAGES DE VALLÉE page 184 Les édifices remarquables et l’identité de la vallée

a petite région dite de la Allier font de ces paysages du donne à ces édifices un cachet LVallée de Germigny bénéficie sud-est du département un pôle particulier : c’est à chaque fois de la présence de nombreux d’intérêt naturel et touristique. une découverte, au bord d’un édifices remarquables, installés Les églises romanes, les vestiges étang, à demi caché par les dans le paysage comme en un de l’abbaye de Fontmorigny et frondaisons, émerge une écrin. Les proximités de la vallée les nombreux châteaux et silhouette de village, un clocher, de l’Allier également riche d’un fermes manoirs fondent un sobre château ou un moulin patrimoine de qualité et des l’identité de la vallée de l’Aubois. lové au bord de la rivière. forêts qui couronnent Loire et L’aspect fermé du paysage

Le château des Giroflées à Fontmorigny, l’inscription discrète dans le paysage

L’arrivée à la Guerche par le nord, le clocher dans les Détail de l’entrée de l’abbaye frondaisons.

LES ENJEUX DU PAYSAGE

Accompagner et maîtriser le développement, gérer l’attractivité

a qualité des paysages de la bénéficiant de l’attractivité du n’occupaient pas les versants de Lvallée de l’Aubois se fonde val de Loire, La Guerche qui a la vallée et les villages se sur son rapport au passé, à démarré son extension au dix- trouvaient contenus dans les travers le patrimoine construit neuvième siècle avec l’industrie lignes de force de leur site. La et une certaine image d’une métallurgique ont connu ces situation est en train de changer ruralité immémoriale ; dernières années un avec l’apparition de lotissements cependant ici comme ailleurs, le accroissement notable des qui investissent les espaces paysage est un corps vivant, qui surfaces bâties. La structure ouverts et génèrent un évolue et se développe et ne urbaine initiale était composée émiettement du construit peut être transformé en un d’un noyau linéaire le long des parfois très visible, comme le musée. Les bourgs de la partie chemins et d’écarts bien montre l’exemple ci-après. aval, Jouet et Torteron, identifiés. Les installations

PAYSAGES DE VALLÉE page 185 Torteron : les mutations du construit et leur impact sur le paysage Les lotissements en périphérie de bourgs devraient faire l’objet d’études paysagères. Le propos serait d’éviter le mitage et de constituer de véritables silhouettes villageoises cohérentes, mêlant constructions et trames plantées. Des actions allant jusqu’au préverdissement des zones à construire seraient souhaitables. Ces deux cartes illustrent l’évolution du bourg de la Guerche entre le dix-neuvième et notre époque, l’accroissement La Guerche, carte de l’évolution des zones urbaines s’est fait ici de manière relativement cohérente, par un situées dans les parties en L’évolution des bâtiments remplissage graduel des espaces développement sont toutes agricoles doit également faire inclus entre les noyaux pourvues de Plans d’Occupation l’objet de soins particuliers. existants. Petit centre de des Sols (Jouet-sur-l’Aubois, L’exemple ci-dessous montre services qui a su conserver une Torteron et la Guerche), comment un choix discutable de activité après l’extinction de son l’application de la loi S.R.U. et couleurs peut altérer fortement haut-fourneau, la Guerche, notamment la mise en œuvre des l’image d’un édifice remarquable. constitue le pôle urbain du Val Plans Locaux d’Urbanisme La proximité des forêts et d’Aubois. La question de la devrait fournir l’occasion d’une l’existence d’unités de périphérie devrait être posée réflexion d’ensemble afin traitement du bois avec les dans la mesure ou d’éviter les mitages : analyse des scieries de la Vallée de Germigny l’accroissement sur le bourg lui- disponibilités à l’intérieur des pourraient permettre une même paraît achevé, il convient zones urbanisées, recensement réflexion sur l’utilisation de la donc de prévoir la manière des valeurs paysagères et des filière bois, qui permettrait d’inscrire dans le paysage la coteaux les plus en vue, future limite du bourg. programmation de mesures Il faut noter que les communes d’accompagnement.

PAYSAGES DE VALLÉE page 186 d’éviter la "réponse passe- vallée de Germigny mais avec chasse et en résidences partout" du bardage en tôle une acuité plus forte dans ces secondaires. Un risque laquée. espaces fermés et sur ce d’évolution vers une Ces mesures prises sur parcellaire étroit. Ce privatisation du paysage n’est l’ensemble du département sont phénomène, combiné avec la pas à écarter, avec pour évoquées en troisième partie grande attractivité des conséquence la mise en évidence (chapitre C4). paysages de l’Aubois et la de signes d’appropriation de L’évolution du monde rural c’est présence des nombreux plans l’espace rural identiques à ceux aussi, en cette période de crise d’eau commence à susciter des que l’on peut observer en des activités d’élevage, le risque acquisitions d’anciennes Sologne. de désaffection par la déprise propriétés agricoles en vue de agricole, qui existe dans toute la leur conversion en domaines de

Bâtiments récents accolés à la ferme manoir de la Salle

LISTE DES COMMUNES

Grossouvre Jouet-sur-l'Aubois La Chapelle-Hugon La Guerche-sur-l'Aubois Le Chautay Menetou-Couture Sancoins Torteron

PAYSAGES DE VALLÉE page 187 PAYSAGES DE VALLÉE page 188 3- 4 LA VALLÉE DE L’AURON La "vallée miroir"

La vallée de l’Auron prend naissance aux confins du Cher et de l’Allier, traverse une partie de la vallée de Germigny puis, après avoir longuement et paresseusement cheminé en amples méandres dans la plaine de Champagne Berrichonne rejoint l’Yèvre à Bourges. Axe de communication important au cœur des plaines berrichonnes, bordée de routes dont le tracé remonte à un passé lointain elle a cristallisé depuis les temps anciens sur ses berges l’habitat et a accueilli au dix-neuvième siècle le canal de Berry, aujourd’hui déclassé et partiellement asséché. La conversion au labour de la Champagne Berrichonne lui a offert un rôle essentiel pour l’équilibre paysager du Berry la révélant par contraste comme un ruban vert qui serpente dans la plaine nue. Elle ne sort des paysages forestiers et bocagers qui lui donnèrent naissance que pour devenir la ligne par laquelle s’organisent les paysages de la grande plaine. Tout au long de son cours, elle est un miroir pour les paysages qu’elle traverse.

COUPE DESCRIPTION GENERALE

e cours de l’Auron débute son dans le département en quittant la succession des couches en Lexistence aux pieds de la la retenue d’eau de l’étang de la croissant des premiers étages forêt de Tronçais, aux confins Goule puis traverse les bocages du Jurassique. L’Auron se grossit de l’Allier et du Cher et pénètre plus ou moins boisés qui habillent alors des eaux de ruisseaux qui

PAYSAGES DE VALLÉE page 189 coulent aux pieds des petites emprunte la vallée de l’Auron à clairement différenciées : dans côtes séparant entre elles ces partir de sa divergence avec le le bocage, la vallée est une couches de roches de duretés bief de jonction sur le canal composante du paysage et se différentes. Jusqu’à Dun-sur- latéral à la Loire. Ce canal de mêle intimement à la trame Auron, la rivière a un cours peu l’Auron, aujourd’hui déclassé est végétale environnante, dans la sinueux dans une vallée étroite partiellement asséché sur plaine au contraire elle apparaît bordée par des secteurs boisés. certains tronçons en particulier souvent comme le seul milieu Au nord de Dun, l’Auron fait son dans l’arrivée sur Bourges. Les arboré dans l’immense paysage entrée dans la plaine de deux premières séquences sont d’openfield. Champagne Berrichonne et son unique affluent est le ruisseau qui draine les eaux du marais de Contres. Dans les calcaires de Champagne, la vallée s’élargit et la rivière ondule en amples méandres jusqu’à Bourges, où elle se jette dans l’Yèvre. Les formes de la vallée et la nature des paysages qui l’environnent déterminent trois séquences : la " vallée forestière ", à l’amont de Dun, la " vallée dans la plaine " entre Dun et la rocade de Bourges et enfin la " vallée berruyère ". Le bras du canal de Berry qui rejoint la vallée de l’Yèvre puis celle du Cher Le val d’Auron, comme une ligne dans la plaine

PAYSAGES DE VALLÉE page 190 La "vallée forestière"

ette séquence se caractérise Cpar l’insertion douce de la vallée dans son contexte. La vallée chemine dans une succession de paysages bocagers plus ou moins fermés et de zones boisées. Le thalweg est étroit et le fond de vallée, généralement pâturé se situe en continuité avec le bocage ; seule la nature de la végétation souligne la topographie et met en valeur les motifs de la vallée. Cette intime relation entre bocage et vallée a conduit à ne pas identifier en tant que telle la partie située en amont du carrefour des canaux, en Le val d’Auron se glisse entre les masses boisées revanche au nord, la vallée de l’Auron sépare la campagne à boqueteaux de Dun à l’est, dense marqueterie de petits bois et le croissant forestier d’Ar- pheuilles à l’ouest. Dans cette séquence les voies de communications sont à l’écart de la vallée et les constructions s’y font rares, seuls les moulins et bien entendu le canal témoignent d’une activité qui fut liée à la rivière. L’habitat du bocage, composé de petits bourgs et de nombreux écarts évite la vallée, mais parfois la domine du haut d’un versant.

La vallée à l’amont de Dun

Le seuil de Dun-sur-Auron, paradigme du village de vallée

Dun installée sur le versant de rive droite semble se L’enceinte médiévale… mériterait un autre aménagement pencher vers sa rivière

PAYSAGES DE VALLÉE page 191 L’ancienne Dun-le-Roi est un seuil entre deux paysages, entre deux façons d’occuper le territoire et a toujours plus ou moins joué ce rôle. "La route de Dun", attestée au dix-huitième siècle par la carte de Cassini longeait la vallée entre Bourges et la petite citadelle dont une partie de l’enceinte a survécu aux démolitions généralisées du siècle suivant. Comme le montre l’image de la page précédente, le traitement de voirie ne la met pas réellement en valeur, Dun- sur-Auron correspond à une porte entre les paysages de la Champagne et les bocages du sud du département, rôle que renforce son rapport intime avec sa rivière, que les extensions du dix-neuvième L’intime relation avec la rivière siècle sont venues cotoyer.

La "vallée dans la plaine" ette séquence se caractérise occupés par de petits rus tout se passe comme si, au Cpar l’insertion de la vallée donnent une épaisseur au cours contact de l’Auron se dans la Champagne Berrichonne; de l’Auron, que renforcent les concentraient les figures la vallée s’ y étale en amples boisements de la chênaie humide végétales qui meublent la méandres qui se sont et les peupleraies. mosaïque des cultures. La constamment déplacés au cours Ces galeries boisées offrent à la répartition de l’habitat, second du Quaternaire, comme le vallée une échelle qui la rend déterminant des paysages de montre le carton ci-dessous. Les bien lisible au sein des espaces l’Auron est fille de l’histoire de méandres fossiles parfois dégagés de la plaine céréalière ; la Champagne Berrichonne.

Le cours méandreux de l’Auron dans la plaine

Le val d’Auron et l’habitat de la Champagne Berrichonne

PAYSAGES DE VALLÉE page 192 Les écarts sur fond de boisement Un bel exemple de grange ancienne le long de la galerie boisée de l’Auron

La plaine fut un openfield mixte, vallée se distingue comme un Dun : ces routes à grande à et bois, livré à la chapelet de noyaux bâtis et de circulation donnent à voir la polyculture élevage. L’élevage du petits bois, liés en un intime vallée dans toute la traversée de mouton occupait des terres en mélange. la plaine. La ligne à très haute landes et les bovins paissaient La présence des grandes tension qui relie Bourges- les pâtures des fonds de vallée. infrastructures de transports Marmagne aux stations du La structure de l’habitat était marque profondément la vallée. Massif Central chemine sur un duelle : grosses fermes isolées L’ancienne route royale qui tracé presque parallèle à celui dans la plaine, petits bourgs et desservait Saint Just est de la RN 76 et suscite un fort nombreux écarts le long des devenue un tronçon de la RN 76, conflit d’échelle avec la vallée vallées. Ces formes se la RD 953 correspond au tracé retrouvent aujourd’hui et la rectifié de l’ancienne route de

La ligne à 400 000 volts et la vallée, timide, qu’une peupleraie souligne au second plan

La "vallée berruyère" agrafe entre ville et campagne

ux abords de Bourges, la tronçon aval de la rivière. montre la carte de la page Avallée de l’Auron pénètre Dans cette ultime séquence, la suivante, les abords de la dans la zone périurbaine au vallée poursuit son rôle de retenue d’eau offrent un parfait niveau de la rocade sud. Une "miroir" des paysages qu’elle résumé du rapport entre retenue d’eau de 120 hectares, traverse et devient, en Bourges et la Champagne. Au aménagée en base de loisirs a s’élargissant le fédérateur du sud, le plan d’eau est bordé par été creusée sur le dernier paysage urbain. Comme le les dernières figures rurales de

PAYSAGES DE VALLÉE page 193 la vallée de l’Auron, à l’ouest, les silos évoquent l’activité céréalière et sont un repère fort du paysage urbain; au nord- ouest les zones d’activité et les faubourgs fondent la présence de l’agglomération et enfin à l’est, un quartier de logements s’est installé dans un rapport intime avec le lac, comme un contrepoint urbanisé de la relation entre l’habitat de la plaine et la rivière.

L’extrémité aval de la vallée dans la plaine et la vallée berruyère

Déclinaison du rapport entre ville et vallée.

Le plan d’eau de la retenue de l’Auron

LES ENJEUX DU PAYSAGE

es principaux enjeux les bocages du Boischaut et de l’ordre du jour. L’évolution Lpaysagers concernent ici les la Marche sont relativement "naturelle" risque donc d’être le séquences rurales ; la vallée stables, ces paysages de boisement spontané dans l’agglomération renvoie à transition semblent hésiter à (broussailles à saules puis bois à l’aménagement du territoire de choisir leur avenir. L’herbage frênes, chênes, saules et la ville, qui dépasse le propos du apparaît fragilisé dans le trembles) ou la plantation de présent atlas, mais sera évoqué contexte actuel, singulièrement peupliers. Dans les deux cas, le dans la description des unités dans la vallée où la structure paysage tend à se fermer et à urbaines. Il faut éviter la parcellaire n’est pas la plus devenir impénétrable, la rivière fermeture du fond de vallée favorable. Bien que l’on observe inaccessible et les berges dans la partie amont. quelques champs cultivés, la impraticables. Une réflexion La vallée forestière chemine au conversion au labour ne semble d’une part sur les possibilités de sein de paysages en mutation ; si pas, pour les mêmes raisons, à maintien d’une certaine activité

PAYSAGES DE VALLÉE page 194 d’élevage et d’autre part sur une relation entre l’urbanisation et soit en eau ou asséché, le canal exploitation raisonnée des bois son fondement dans le offre une succession de et peupleraies semble territoire. rencontres insolites et de belles indispensable pour accompagner Enfin le potentiel de occasions de promenades et de ces évolutions sans perdre le fréquentation de ces espaces découvertes ; sentiers, balades caractère du paysage. frais et verts dans le sec sur l’eau, aménagements légers paysage de la plaine céréalière d’aires d’accueil sont à envisager Une question du même type se constitue un enjeu d’importance, dans le cadre de l’étude globale pose avec la "vallée dans la qui rejoint le dernier que nous de ce patrimoine technique et plaine". Il serait souhaitable de évoquerons, celui des paysages naturel en déshérence, conduite faire établir un projet de du canal. par la Direction Départementale paysage sur la vallée afin de Sur l’ensemble de son cours, qu’il de l’Equipement du Cher. déterminer la juste répartition des "pleins et de vides" qui permettrait de composer le paysage. Les peupleraies peuvent fonder un vocabulaire intéressant, à condition que la répartition des masses plantées soit examinée avec attention. La généralisation de la même réponse en tout lieu ne produit que de la banalité; on peut signaler en particulier que gît peut-être là un moyen de rendre plus acceptable le passage de la ligne de transport d’énergie en créant des évènements paysagers qui offrent un contrepoint à son effet d’échelle. Électricité de ne serait-elle pas alors un partenaire financier potentiel? La question de l’accompagnement planté des grands axes de circulation, évoquée dans les enjeux de la plaine concerne directement la vallée dans son parcours ouvert, car il y a là un moyen de réinscrire dans le paysage la

L’ancien canal de Berry, un enjeu touristique ? LISTE DES COMMUNES

Annoix Plaimpied-Givaudins Bourges Soye-en-Septaine Charenton-du-Cher St Denis-de-Palin Cogny St Just Dun-sur -Auron Verneuil Parnay

PAYSAGES DE VALLÉE page 195 PAYSAGES DE VALLÉE page 196 3- 5 LA VALLÉE DE L’YÈVRE Entre Vierzon et Bourges, urbanité et infrastructures

La vallée de l'Yèvre, après avoir baigné Bourges, rejoint le Cher à Vierzon. Son cours aval joint ensemble les deux grandes villes du département distantes de moins de vingt cinq kilomètres. Axe très ancien de communication, elle est fortement marquée par la présence des infrastructures : le B canal, le chemin de fer, la A RN 76, les lignes électriques et l'autoroute s'y sont successivement installées comme pour souligner son statut de vallée urbaine. Elle est aussi un véritable COUPE paradoxe paysager car son aspect urbain est en partie caché par une puissante strate arborée qui en fait un paysage le plus souvent fermé et intimiste.

DESCRIPTION GENERALE

ette unité correspond au du département et renferme la essentiellement un espace Ctronçon de la vallée de ville de Mehun-sur-Yèvre, noyau fermé, fait d'un enchaînement l'Yèvre qui se situe à l'aval de urbain important à mi-chemin de clos : clos bâtis dans le tissu Bourges. Longue d'une vingtaine entre les deux grandes villes. urbain de Mehun, clos arborés, de kilomètres cette partie est C'est un paysage mixte, tout à la ceints de bois de chênes et de fortement marquée par fois déterminé par frênes ou clos des peupleraies, l'urbanisation : elle relie les l'urbanisation et la présence des qui se donne peu à connaître deux principales agglomérations boisements ; c'est donc depuis l'extérieur.

PAYSAGES DE VALLÉE page 197 Mixité de l'occupation du sol

a vallée se partage entre la séquences bâties sont séparées réparties sur un parcellaire Lzone périurbaine de Bourges par des séquences boisées de agricole découpé, qui délimite au sud, avec les communes de nombreuses peupleraies qui prairies et cultures et des Saint Doulchard, Berry-Bouy et prennent progressivement la secteurs construits où se Marmagne, l'espace urbain place des prairies du fond de mêlent dans la vallée bâtiments central de Mehun-sur-Yèvre et vallée. Comme le montre la carte d'activité et maisons groupées la zone périurbaine de Vierzon ci-dessous, l'occupation du sol autour de jardins. au nord, avec Foëcy dont le est partagée entre les bourg domine la rive gauche. Ces nombreuses masses boisées

Une activité aujourd'hui en déclin et l'urbanisation de Mehun

a terre cuite fondée sur les L'urbanisation de Mehun se Lgisements d'argile de compose d'un noyau primordial Sologne et du Pays Fort est une situé sur la rive droite de la richesse ancienne de cette rivière, d'un premier faubourg région, ainsi Vierzon et Mehun- linéaire établi en rive gauche au sur-Yèvre constituaient après moment de l'arrivée du chemin le deuxième pôle de fer et de quartiers porcelainier de notre pays, développés au cours du activité encore présente, mais vingtième siècle sur le plateau qui connaît de très sévères Mehun et la porcelaine de la rive droite. L'industrie restructurations. du Berry s'est installée essentiellement

PAYSAGES DE VALLÉE page 198 dans la plaine alluviale de l'Yèvre Bourges qu'à une croissance et les développements récents interne de la cité. sont plutôt liés à la proximité de

La forte présence des infrastructures

a vallée de l'Yèvre est un axe d'années plus tard. Cette voisinent : les lignes à très haute Lancien de communications : la vocation d'accueil des grandes tension raccordées au poste RN 76, qui la longe sur le plateau infrastructures n'a pas été d'interconnexion de Marmagne nord est une ancienne route démentie par la modernité: installé sur sa rive gauche et royale, le canal de Berry, creusé l'autoroute A 71 l'utilise entre enfin le site d' avec ses dans les années 1820 joint Vierzon et Mehun, puis la longe immenses antennes, qui est le Bourges et Vierzon en par le sud entre Mehun et principal relais radiophonique du empruntant son thalweg, de Bourges. Enfin des centre de la France, domine sa même que le chemin de fer qui infrastructures qui marquent rive droite au nord de fut construit une trentaine puissamment le paysage la l'urbanisation de Mehun.

Les antennes du relais d'Allouis Les lignes à très haute tension

Activités et écrin boisé, un paradoxe paysager

ette présence constante des grandes villes du département, Berrichonne, cette vallée Cinfrastructures participe à tandis que les routes qui la assume fièrement son statut de la définition d'un paysage longent donnent à connaître "paysage actif", malgré la artificialisé et fortement Mehun comme un lieu d'activité. discrétion visuelle d'un bâti qui marqué d'urbanité, ce tronçon Dans un département qui montre semble souvent enchâssé dans de la vallée de l'Yèvre semble principalement un visage de les bois et peupleraies. ainsi écrire dans l'espace la ruralité pérenne malgré l'image liaison entre les deux plus emblématique de la Champagne

Le bâti à demi dissimulé par les frondaisons

PAYSAGES DE VALLÉE page 199 LES ENJEUX DU PAYSAGE

e précaire équilibre qui traitement de ses entrées Lexiste entre les zones seraient nécessaires pour ouvertes et les boisements dans redonner sens à son insertion les parties agricoles du val paysagère. Il serait souhaitable d'Yèvre semble compromis à que ce type de réflexion fut terme. La progression des mené dans le cadre plus global peupleraies et de nombreux d'une directive paysagère enfrichements montrent que portant sur la liaison Bourges- l'avenir agricole de la plaine Mehun-Vierzon qui puisse alluviale n'est pas assuré. Il mettre en valeur à la fois existe un fort risque de l'armature urbaine commune et régression par excessive l'identité de chacune des trois homogénéisation des intervalles agglomérations. Ruines du château de Jean de entre les zones urbaines, comme La protection du canal de Berry Berry s'il n'y avait point d'alternative et de ses abords est également entre le peuplier et le bâti. Les un objectif essentiel : nous bord de Cher- et les jardins de attraits de Mehun et notamment sommes ici en présence d'une Bourges, en passant par le les vestiges du château de Jean section en eau dans un territoire château de Mehun-sur-Yèvre, de Berry mais également les qui concerne un réel poids de dont les ruines dominent ateliers de porcelaine et les population avec des besoins en fièrement la rivière ? Enfin la loisirs liés à la rivière, sont matière de loisirs. Les deux rivière elle-même, fort prisée quelque peu compromis par grandes cités ont un potentiel par les pêcheurs devrait faire l'aspect peu amène de la d'espaces liés à l'eau et au l'objet d'une protection et silhouette qu'elle offre tant jardin tout à fait remarquable ; surtout d'un entretien régulier. depuis la RN que depuis pourquoi le canal ne deviendrait- Entre les eaux du canal et celles l'autoroute A 71. il pas le lien naturel entre le de la rivière, il est… une Une étude de restructuration jardin de l'abbaye à Vierzon - complicité à restaurer. des abords de la ville et un exceptionnel jardin "trente" en

LISTE DES COMMUNES

Allouis Berry-Bouy Bourges Foëcy Marmagne Mehun-sur-Yèvre St Doulchard

PAYSAGES DE VALLÉE page 200 3- 6 LA VALLÉE DE LA LOIRE L’acte de naissance de la Loire moyenne

La Loire au printemps. La Loire émouvante, vibrante de ses verdiaux qui viennent à peine de s’éveiller et offrent encore au regard une infinie nuance de teintes, l’émeraude brillante des aulnes, le vert glauque et tendre, presque bleuté des frondaisons des saules délicatement éclairés par le jaune clair de leurs jeunes rameaux, la nuance orangée du feuillage juvénile d’un peuplier. L’éclat de plomb fondu des eaux de calme apparence du fleuve se nuance du bronze d’un reflet de feuillage et de la blondeur indéfinissable des bancs de sable, qui peu à peu se découvrent. Ample et sauvage, inquiétante et sereine la Loire s’émerveille de découvrir ici, entre Cher et Nièvre sa maturité longtemps cherchée depuis sa naissance ardéchoise. N’y avait-il pas d’autre expression dans le glossaire du géographe que "Loire moyenne" pour qualifier ce paysage, unique en ses mille visages ? Mais peut-être ce terme rend-il justice à un département dont le chef-lieu a baptisé du même adjectif une de ses rues les plus vivantes ?

COUPE

PAYSAGES DE VALLÉE page 201 Lumières ligériennes - Pierre Girardin (1982)

DESCRIPTION GENERALE

l’aval du puissant coude de Les hommes ont cherché depuis fut mis en place ; il ne fut ÀNevers et après avoir reçu toujours à se prémunir contre la étendu au Cher et à la Nièvre les eaux de l’Allier –ou lui avoir Loire. A la fois domestiquée car que plus tardivement, pour être offert les siennes, tant ces elle fut, tant que le tirant d’eau achevé au milieu du dix- fleuves sont jumeaux que l’on ne des bateaux de commerce le neuvième siècle. Cependant la saura jamais qui se nourrit de permettait longtemps navigable, carte de Cassini, levée dans le l’autre et peut-être se malgré ses bancs de sable et ses dernier tiers du dix-huitième en contentent-ils de couler de hauts-fonds, et menaçante par mentionne ici les deux premiers conserve sans mélanger leurs la nature de son cours et la fragments, l’un face à la côte de flots- la Loire s’oriente au nord sévérité de ses crues, qui Marzy sur la commune de Cuffy pour se soumettre au grand "dévalent donc à une vitesse et l’autre entre -lès- système de failles qui fracture foudroyante, porteuses de Aubigny et Beffes. les plaines du Nivernais et du désolation et de mort. Elles font Berry. Elle fonde alors la limite de la Loire un fleuve fantasque orientale du département, et dangereux, le plus souvent marquée par un coteau abrupt indigent et alangui parmi les îles qui isole sa vallée et la tourne et les grèves de sable, et vers la Nièvre voisine. Ainsi le soudain impétueux, débordant Cher est spectacle pour le et destructeur.40". La Loire est département qui le jouxte mais fertile en effets de vortex, lui-même ne découvre la Loire vraisemblablement dus à la que comme un horizon. La présence d’une nappe frontière coïncide avec le cours souterraine vive, qui la rendent du fleuve, qui décrit d’amples parfois meurtrière. Elle est le méandres dans une large plaine fleuve du paradoxe, entre son alluviale. La largeur du lit calme apparent et sa violence majeur, inscrite entre les soudaine. La protection des basses terrasses varie entre terres fertiles du lit majeur, cinq cents mètres au point le nourries des alluvions, fut très plus étroit, face à Nevers et précoce dans la partie aval de la quatre kilomètres en aval, entre Loire moyenne : au XIIe siècle et Myennes. Cette en Anjou, sous Louis XI entre plaine riche d’alluvions était et le Pays Nantais, un régulièrement inondée au gré système de digues de terre Extrait de la carte de Cassini, feuille des caprices du grand fleuve. armées de moellons les "levées", de Bourges

40 in : Gamblin, la France dans ses régions

PAYSAGES DE VALLÉE page 202 La route sur la «levée» de la Loire

Le val de Loire, axe de transport, axe de Le Cher vu depuis la rive droite : le val et développement l’escarpement

a Loire n’est plus navigable, fleuve. Le canal chemine en rive trace de la limite du lit majeur, Lmais sa vallée a su lui gauche de la Loire après avoir que longe une route conserver un rôle d’axe majeur franchi l’Allier au sud de la départementale. De même que la de communications. Au dix- confluence, dans la traversée du Loire avait déterminé les neuvième siècle, lorsque le Cher il est implanté au pied de la installations à ses abords, le tirant d’eau des bateaux devint terrasse, hors de la zone canal a joué un rôle d’inducteur incompatible avec la présence inondable, soit qu’il soit à l’ouest d’activités, qui a largement des hauts-fonds, le transport de la levée, soit qu’il fasse lui- profité au département du Cher. ligérien dut cesser et la même office de digue. Sur Les cimenteries de Beffes, les construction du canal latéral l’ensemble de la vallée, le canal silos à Saint Satur en sont les permit de prendre le relais du est ainsi installé comme une plus imposants témoignages mais

Le canal est ses ouvrages, compagnons de la Loire dans le Cher

PAYSAGES DE VALLÉE page 203 ne sont pas seuls ; des haltes situation de contemplation du pour les bateaux de commerce fleuve, " habite " les rives de aux points de jonction avec Loire : Nevers, la Charité-sur- l’arrière pays de la rive gauche Loire, Cosne regardent le fleuve, l’accompagnent. Construit dans le Cher lui tourne le dos mais il le Cher, le canal lui profite en s’y montre et travaille avec elle. développant l’activité et en L’époque contemporaine a permettant d’écouler les largement développé ce céréales produites en paradoxe paysager en édifiant Champagne Berrichonne. La une centrale nucléaire dans le dissymétrie entre les deux Cher… sous le vent de laquelle se voisins est intéressante car elle trouve la Nièvre. parle du rapport entre paysage et société : la Nièvre, en

Une succession de scènes liées par La Charité sur Loire sur la rive une identité commune droite - les traits communs

ous avons vu que les traits Nqui unifient la vallée de la Loire sont la largeur du lit majeur, la présence du canal et des levées, la vigueur de l’escarpement de rive gauche et le milieu singulier des "verdiaux“ qui composent l’épaisse ripisylve de la Loire .

Un milieu naturel d’une exceptionnelle richesse, qui mêle le cortège arbustif et arboré du saule, des tapis de graminées et d’herbus sur les bancs de sable et une strate herbacée de prairies humides aux floraisons infiniment délicates.

PAYSAGES DE VALLÉE page 204 Un autre trait commun à toute la régime particulier de la Loire, Lorsque le lit majeur n’était pas vallée se fonde sur la nature de par son débit puissant, génère protégé, il était surtout occupé l’occupation du sol dans la plaine une forte érosion à l’amont et un en période d’étiage par les alluviale, soit ici entre le canal constant engraissement par des bœufs blancs du Nivernais. et la galerie forestière. Le alluvions extrêmement fertiles.

Prairie humide à joncs : la vallée hier… Pivot d’irrigation

La levée a permis d’ouvrir ces humides pâturées par des bovins éclatante floraison d’or. riches terres au labour et la et ceintes de clôtures. Les Une répartition dissymétrique plaine alluviale est devenue une zones en prairies sont piquetées de l’habitat caractérise belle terre de culture ; depuis de vieux saules têtards aux également le val sur toute sa une vingtaine d’années, le maïs charmantes et grotesques traversée du département : fourrager s’est beaucoup silhouettes, vieux solitaires villes et gros bourgs en rive développé et a suscité héritiers du passé herbager. Les droite, chapelet de petits d’importants travaux terres sont assainies par de villages adossés au coteau dans d’irrigation. petits canaux et fossés de le Cher, pris entre le canal et le Les cultures, sur de grandes drainage, qui s’accompagnent versant. parcelles rectangulaires (maïs, d’un cortège floristique dans céréales, pois, tournesol), lequel se distinguent au alternent avec des prairies printemps les iris d’eau et leur

Les iris d’eau dans un fossé le long de la levée

PAYSAGES DE VALLÉE page 205 Le bourg de Cours-les-Barres, blotti au pied de l’escarpement de la rive gauche.

Lieux singuliers et séquences en suivant le cours de la Loire

mesure que l’on descend le Àcours du fleuve les motifs s’enchaînent dans une diversité qui se fonde sur la géographie, -La boucle de Marzy le rapport à la rive nivernaise et les modalités d’occupation du territoire. On peut distinguer ette première séquence fait cinq séquences qui s’enchaînent Cface à la côte de Marzy et de l’amont vers l’aval : la boucle s’étend entre le Bec d’Allier et de Marzy, la vallée de Beffes, le Marseilles-lès-Aubigny. Les seuil de La Chapelle-Montlinard, paysages de Loire s’y expriment le Val de Loire en Sancerrois et seuls : la plaine, le fleuve, ses la "vallée nucléaire". verdiaux et ses bancs de sable avec en fond de tableau le coteau vigoureux et bleuté de la rive droite (agglomération de Nevers et Fourchambault, que l’on rejoint par le pont sur la RD 40, Le pont sur la Loire de côtes de Garchizy et de Pougues- Fourchambault (RD 40) les-Eaux).

Cette séquence comporte une rigole d’alimentation du canal latéral, qui longe la RD 40 et compose un motif tout à fait comparable à celui de la prise d’eau dans l’Allier entre le Guétin et Cuffy ; tous les ingrédients du paysage ligérien sont ainsi réunis dans cette partie du Val de Loire.

PAYSAGES DE VALLÉE page 206 L’horizon, tenu par la côte de Garchizy

-Beffes ou la vallée en activité

a partie du cours comprise Lentre Marseilles-lès-Aubigny et le sud de La Chapelle- Montlinard est marquée par la monumentale cimenterie de Beffes, singulièrement présente, comme un point de repère fort depuis la rive droite.

Cette séquence est clairement déterminée par les bâtiments La rigole d’alimentation d’activités disposés autour du canal : l’usine de Beffes, les entrepôts à Marseilles, une grande ferme céréalière au sommet du coteau, des bâtiments d’usine désaffectés à Saint Léger-le-Petit lui donnent un aspect de "paysage du travail".

La perception lointaine de l’usine de Beffes (en face de Fourchambault)

PAYSAGES DE VALLÉE page 207 Beffes et le canal L’ancien usine, un édifice qui mériterait une réhabilitation, mémoire du passé industriel

À Marseilles, un bateau- logement, péniche réhabilitée avec quelque ostentation évoque les nouvelles possibilités offertes par le canal avec le tourisme fluvial.

Vers l’ouest, la plaine déploie sa marqueterie de champs réguliers et de prés ornés de saules têtards jusqu’à la galerie forestière de la Loire. La vue dégagée et l’absence d’horizon proche en rive droite donne aux paysages du val à Saint Léger-le- Marseilles-lès-Aubigny, les entrepôts du canal et le bateau-logement Petit une lecture très emblématique de la vallée.

Les figures de la plaine à Saint Léger

-Le seuil de La Chapelle-Montlinard - La Charité-sur-Loire et la vallée rurale

e pont par lequel la RN 151 le face-à-face entre La visible de loin depuis l’ouest, Lfranchit la Loire est la seule Chapelle-Montlinard et la alors que la Chapelle se voit peu occasion de rencontre d’une Charité. L’arrivée par le Cher depuis la rive droite. Une fois urbanisation qui se déploie de offre la meilleure vue sur cette encore, la Nièvre se montre et part et d’autre du fleuve, dans dernière, dont le clocher est le Cher se cache, comme s’il

PAYSAGES DE VALLÉE page 208 voulait laisser à Sancerre l’exclusivité de la mise en scène… Ce seuil de La Charité marque l’entrée dans une nouvelle séquence rurale de la vallée qui fait face, sans les montrer, aux vignobles de Pouilly-sur-Loire, tandis que le canal s’accompagne d’un silo à La Chapelle, qui rappelle les paysages céréaliers de la Champagne.

La Charité, vue depuis La Chapelle-Montlinard

Le silo sur le canal, une coloration verte peu amène.

La montée de l’horizon Sancerrois et le Val, vus depuis la terrasse

Le relief se fait plus présent sur la rive gauche, avec la montée progressive de l’escarpement de faille et la lecture des premières buttes (), qui peu à peu investissent l’horizon. Cette séquence est pour la vallée de la Loire l’antichambre du Sancerrois, dont la découverte est ici, à cause de l’écrasement de la perspective, plus brutale que depuis le Nivernais.

Le coteau est adouci par l’évasement de la terrasse alluviale qui permet une lecture en profondeur des paysages de la plaine alluviale et des coteaux de rive droite, plus vigoureux dans cette séquence située dans la Structure schématique du seuil de La Charité. concavité du méandre ; la Loire érode ici la rive droite et alluvionne sur la rive gauche.

PAYSAGES DE VALLÉE page 209 Le Val de Loire en Sancerrois rejoindre le fleuve au droit de Saint Satur. De part et d'autre de Sancerre deux fossés soulignent la colline et lui offrent sa forme singulière. Les ouvrages du chemin de fer édifiés au dix-neuvième siècle mettent en valeur ces portes naturelles, comme ici le viaduc de Ménétréol, rigoureuse poutre métallique portée par des piliers en maçonnerie de pierres. Tout au long de cette séquence, La silhouette des buttes, vue depuis Pouilly-sur-Loire le canal chemine au pied du coteau, dont il souligne l'effet e val sancerrois correspond à constitue une puissante limite de limite, tandis que le cours de Lun vaste méandre qui incurve néanmoins percée de cluses la Loire avec un parcours sa convexité vers l'ouest et perpendiculaires qui jouent par sinueux détermine des espaces passe au pied du grand contraste un rôle de portes différenciés en trois phases : escarpement de failles qui entre les paysages du Cher et la marque puissamment l'entrée vallée : la Vauvise franchit le - Au sud de Ménétréol le fleuve dans la zone viticole. Ici le relief au sud du bourg de Saint côtoie la rive droite du lit coteau de rive gauche est Bouize puis chemine majeur et libère une vaste zone abrupt tandis que la rive droite parallèlement au canal latéral agricole de plus de deux prend la forme d'une croupe qui jusqu'à Ménétréol où elle kilomètres de largeur entre tourne vers le Cher ses flancs s'incurve vers le nord-est pour fleuve et canal. recouverts par le vignoble de Pouilly-sur-Loire. Ainsi l'une des plus belles séquences de : hameaux et traces bocagères l'insertion de la Loire entre Cher et Nièvre est-elle disposée de manière à se donner en spectacle : le système collinaire de l'oppidum de Sancerre encadré par ses deux buttes coiffées de bois est une silhouette dont profite toute la partie de Nièvre comprise entre Pouilly et Cosne. L'escarpement de faille

On y retrouve les ambiances de la séquence précédente avec de vastes champs cultivés rectangulaires que ponctuent les silhouettes d'insectes géants des pivots d'irrigation ; quelques rares lignes de saules têtards Le viaduc de Ménétréol rappellent le passé herbager de

PAYSAGES DE VALLÉE page 210 la vallée. La silhouette de la - Au droit de Sancerre, le lit ripisylve et des verdiaux, d'où majeur se rétrécit et la Loire se se détachent parfois les hampes rapproche du canal ne laissant dressées de peupliers, ferme plus qu'une étroite bande de l'horizon vers l'est. Au sein de terrain qu'occupe le hameau de cette large plaine alluviale, la Saint Thibault en Saint Satur. commune de Couargues est la L'urbanisation avec Ménétréol, seule du département dont le Sancerre et Saint Satur marque finage soit entièrement inclus ce tronçon de vallée. Le canal dans le lit majeur de la Loire. Sa s'accompagne au pont de Saint structure éclatée en petits Thibault d'une zone d'activité écarts et la survivance de qui fait de Saint Satur le port quelques lambeaux de haies la céréalier de la Champagne font apparaître comme une Berrichonne. Malgré la fragile relique du passé bocager monumentalité des silos, ils ne du val (voir carte page ci- sont pas vus depuis le belvédère contre). de Sancerre, car ils sont effacés par la perspective du coteau.

Les silos et la butte de Sancerre, une confrontation évitée

- Entre Saint Satur et l'île de C o s n e, la Loire s’éloigne vers l'est en libérant une vallée deux fois moins large que dans la partie sud et dans laquelle se combinent parcelles cultivées, prairies de fauche et prés pâturés. On retrouve têtards de saules, saules de plein vent, frênes et peupliers. La culture ne règne plus, elle est une des composantes ; plus proche, la ripisylve fait ici partie du paysage et la Loire en redevient familière, tandis que le canal a un tracé moins rectiligne. Tout ceci contribue à créer un paysage plus intime et moins solennel. Le canal au nord de Saint Satur

PAYSAGES DE VALLÉE page 211 La vallée du nucléaire

a dernière séquence est Lmarquée par la présence de la centrale électronucléaire de Belleville, dont les de refroidissement culminent à 110 mètres au-dessus du terrain naturel. Hors d'échelle et surmontée par un panache de vapeur qui se voit souvent de fort loin, cette usine marque fortement le paysage. Lorsque l'on descend l'autoroute A 77, on perçoit simultanément les centrales de Belleville et de Dampierre-en-Burly, pourtant distantes de plus de trente kilomètres l'une de l'autre. La disposition des bâtiments les rend beaucoup plus perceptibles depuis la rive droite ; ils sont une figure monumentale superposée au paysage à partir de Briare et jusqu'aux abords de la Charité. Depuis le Cher on distingue surtout son panache, car la disposition des reliefs du Sancerrois et du Pays Fort atténue son impact. La "vallée du nucléaire" est inféodée à sa présence monumentale : elle est La structure paysagère de la "vallée du nucléaire” l'incontournable point de mire des chemins qui empruntent la vallée.

Cependant la structure bocager de haies et de pâtures, paysagère de ce tronçon du Val la culture et ses champs ouverts de Loire atténue son impact, n'ayant pas totalement conquis comme le montre la ce site. Cette succession photographie ci-dessus et la vue d'écrans limite l'écrasement du la plus imposante demeure celle paysage par la masse de béton que l'on a depuis Neuvy-sur- des tours. Tout à la fois symbole Loire. En effet la plaine alluviale, de la façon dont la modernité ici de largeur moyenne, porte en use du grand fleuve et porteuse son centre un croissant de taillis d'une trace vivante de sa de saules, de frênes et de mobilité sauvage avec son peupliers qui occupe la trace méandre fossile, la vallée du d'un ancien méandre de la Loire nucléaire n'est-elle pas un parfaitement révélé par ce paradigme ligérien ? boisement. Autour de ce "cœur La centrale électronucléaire de vert" demeure un système Belleville-sur-Loire

PAYSAGES DE VALLÉE page 212 LES ENJEUX DU PAYSAGE

Préserver le milieu naturel

'exceptionnel biotope complexes mais il est possible cours sauvage et fantasque. Lligérien est depuis quelques d'en identifier deux, la Comme la plus grande partie du années en danger de mort. Les modification du régime de la lit majeur agricole se trouve deux images ci-dessous en Loire liée aux travaux de dans le Cher, une réflexion sur fournissent l'inquiétante régulation de son cours en amont les pratiques culturales dans la illustration : l'aquarelle (qui et l'extension de la grande vallée à l'échelle du figure en grand format en page culture dans la plaine alluviale département s'impose. Il 202) fut faite sur le motif il y a avec son cortège d'intrants, en conviendrait en particulier de une vingtaine d'années depuis la particulier les nitrates qui protéger une bande d'au moins Charité en regardant la rive favorisent l'envahissement deux cents mètres à partir des gauche ; prise sous un angle herbacé des sables. À l'époque premiers verdiaux, au sein de légèrement différent, la où l'auteur de ces lignes exécuta laquelle seraient proscrits photographie montre le même cette aquarelle, les rampes de engrais et pesticides et où site en l'an de grâce 2001. On traitement n'intervenaient pas serait encouragée une peut constater une radicale sur le lit majeur de la Loire et le exploitation en prairie de fauche simplification du paysage: fleuve avait conservé intact son ou en pâture. régression des verdiaux, diminution de la complexité de la scène, progression d'une pelouse d'herbus, univoque et banale. Les causes sont certainement

Conserver et restaurer la diversité des scènes paysagères

es motifs arborés de plus en d'Occupation des Sols, cette du Val de Loire ! Une réflexion Lplus rares qui animent le fond disposition est aisée à mettre en globale entre la profession de vallée devraient faire l'objet œuvre dans le cadre d'une agricole, les services de l’Etat et d'une protection ; pour cela, il y révision. les associations de protection a lieu de recenser les plus beaux Dans le même souci, il faudrait de la nature permettant de arbres (têtards de saules, éviter que ne se poursuive déboucher sur un modèle grands peupliers, frênes et l'extension du labour afin de agricole de développement chênes) et de les protéger au conserver un minimum de durable, serait indispensable. titre des espaces boisés classés. diversité dans les textures de la La plupart des communes plaine alluviale. Les bœufs ligériennes disposant de Plans doivent demeurer des acteurs

PAYSAGES DE VALLÉE page 213 Mieux accompagner les zones d'activité, gérer la qualité du construit

'activité a toujours fait silos en particulier devront mettre en place une Lpartie du paysage de la certainement être repeints "commission de la qualité", Loire, elle qui fut jusqu'au prochainement) ; pourquoi composée d'hommes de l'art dix-huitième siècle une n’organiserait-on pas une et de responsables locaux qui importante infrastructure de consultation de plasticiens et assisterait les services transports. L'activité de paysagistes, dans ces sites instructeurs dans l'examen industrielle et portuaire est qui méritent un réel effort ? des permis de construire, en donc bien loin d'être illégitime Enfin des projets de se fondant sur l'identité de en de tels lieux et le canal paysagement des abords l'existant ? Cette disposition, joue encore son rôle. Au stade destinés à améliorer si elle était retenue, pourrait actuel les édifices industriels l'intégration de ces bâtiments également s'appliquer aux et de stockage sont "posés" et une exigence qualitative constructions à usage sans souci d'implantation et pour ce qui concerne les d'habitation et aux bâtiments sont d'aspect peu amènes. constructions nouvelles et agricoles. Une étude générale sur la travaux d'extension couleur de ces bâtiments (les s'imposent. Pourquoi ne pas

Des enjeux patrimoniaux à valoriser

u-delà de ce qui fait d'alimentation, etc…); figure en page 36, on observe Aconsensus -malgré les l'effort d'aménagement du qu'à l'exception notable du fragilités évoquées- c'est-à- canal pour la plaisance mérite Sancerrois, l'offre en Val de dire le paysage naturel de la d'être poursuivi et enrichi Loire est pratiquement nulle. Loire, la magie de ses d'une recherche sur les L'armature urbaine ligérienne ambiances, les promenades sur interfaces à terre est, nous l'avons mentionné la "levée Napoléon", la pêche (hébergement, animation, plutôt située dans la Nièvre, en Loire ou les balades commerces) qui pourraient, en pourquoi le Cher ne mettrait-il romantiques, il existe un liaison avec la randonnée pas l'accent sur l'accueil rural certain nombre d'éléments de pédestre, équestre ou cycliste en bord de Loire, belle façon patrimoine en sommeil : les profiter aux villages riverains. d'entrer dans un département ouvrages du canal (ponts, Si l'on se réfère à la carte des qui a décidé de jouer la carte ponceaux, rigoles offres d'hébergement qui du tourisme vert ?

LISTE DES COMMUNES

Argenvières La Chapelle-Montlinard Bannay Léré Beffes Marseilles-lès-Aubigny Belleville-sur-Loire Ménétréol-sous-Sancerre Boulleret Sancerre Couargues St Bouize Cours-les-Barres St Léger-le-Petit Cuffy St Satur Herry Sury-près-Léré Jouet-sur-l'Aubois Thauvenay

PAYSAGES DE VALLÉE page 214 3- 7 LA VALLÉE DU CHER Une vallée qui raconte la diversité paysagère du département

PAYSAGES DE VALLÉE page 215 La rivière qui offre au département du Cher son toponyme le traverse du sud au nord et venant du Massif Central, chemine à travers la succession des couches sédimentaires qui portent les principaux paysages départementaux. C'est donc une vallée qui dialogue avec la diversité paysagère du département. Vallée bocagère, vallée boisée, vallée dans la plaine, tutoyant un vignoble, effleurant une cuesta et en perçant vigoureusement une autre, elle nous raconte la diversité paysagère de ce département. Elle montre aussi son sous-sol dans une partie qui fut incessamment creusée pour en tirer le gravier, ce matériau… auquel le Cher doit son nom, puisqu'il vient "du préceltique kar, qui a du signifier, comme son continuateur roman jar : gros gravier dans le lit des rivières" 41. Important axe de communication, elle s'est entourée de gros bourgs et appartient entre Saint-Florent et Vierzon à la principale zone d'activités industrielle du département, l'arc Saint Florent, Bourges, Mehun-sur-Yèvre, Vierzon, parachevant par là son "tour d'horizon des paysages du Cher".

COUPE NORD

COUPE SUD

DESCRIPTION GENERALE

vec une longueur de 320 Il fonde alors la limite orientale Akilomètres, le Cher est la du département puis se dirige plus longue rivière de la Région vers Saint Amand-Montrond à Centre, si l'on excepte l'Allier travers les paysages qui mais qui ne fait que lui servir de prolongent le grand bocage frontière pendant vingt d'embouche du Bourbonnais. La kilomètres. De l'Auvergne à la vallée, discrète et intimiste ne , il rencontre toute la se distingue alors que très peu diversité des paysages du de son contexte comme le centre de notre pays. Il prend montre la photographie ci- sa source dans la Creuse, contre et n'a donc pas été traverse l'Allier du sud ou nord identifiée dans cette partie de La naissance du cours dans le Cher : et y baigne Montluçon puis fait son cours comme un paysage à discrétion et intimité pour l'un des son entrée dans le Cher au droit part entière mais comme un motifs du bocage d'Epineuil-le-Fleuriel. motif du bocage.

41 in Toponymie générale de la France, par Ernest Nègre

PAYSAGES DE VALLÉE page 216 Ensuite la rivière baigne Saint ponctuées de dépôts de calcaire rejoindra qu'en Indre-et-Loire, Amand et s'intègre alors dans le lacustres, de sables et d'argiles un peu en aval de Tours. La site urbain ; la vallée du Cher en Champagne Berrichonne. À la vallée traverse toute la gamme s'individualise réellement au hauteur de Bourges, le Cher se des paysages de bassins nord de Saint Amand, lorsqu'elle dirige vers Vierzon à travers sédimentaires : le bocage en perce la cuesta du Bajocien au une zone de remaniement de la Boischaut, la plaine céréalière droit de Bruère-Allichamps. Au puissante cuesta du Crétacé, en Champagne, le vignoble à nord de cette cluse, le Cher avachie par le percement de Quincy, les paysages urbanisés coule vers le nord nord-ouest à trois rivières venant du sud : dans l’agglomération travers la succession des l'Yèvre, l'Arnon et le Cher lui- vierzonnaise, puis elle jouxte les terrains du Jurassique et les même, et d'une venue du nord, le grandes forêts septentrionales, différents paysages qui les Barangeon qui draine une petite rencontrant ainsi son habillent : les bocages du partie des eaux du sud de la département éponyme dans Boischaut sur les marnes et Sologne. Après avoir baigné toute l’étendue de sa diversité. argiles de l'Oxfordien et le Vierzon, le cours du Cher se calcaire lacustre du Berry, puis réoriente vers l'est et quitte le une alternance de campagnes département à Thénioux. Dans ouvertes céréalières et de le Loir-et-Cher, il va petites zones boisées sur les progressivement s'installer vastes assises rauraciennes, parallèlement à la Loire, qu'il ne

Séquences et seuils

'unité se décompose en Lquatre entités séparées par des seuils bien marqués. De Bruère-Allichamps à Châteauneuf- sur-Cher, la "vallée bocagère" traverse les paysages d u Boischaut, de Châteauneuf à Sainte Thorette, la "vallée aux bois" chemine à travers des paysages forestiers au sein desquels se trouve la séquence urbaine de Saint Florent-sur- Cher, de Sainte Thorette à Vierzon, le lit majeur est occupé par les nombreux plans d'eau d'anciennes gravières, c'est la "vallée des sablières" enfin en aval de l'agglomération, la vallée vierzonnaise serpente en amples méandres dans un lit majeur élargi avant de se glisser entre Sologne et Gâtine pour fonder la ligne de partage entre l'Indre et le Loir-et-Cher.

PAYSAGES DE VALLÉE page 217 Le seuil de Bruère et la vallée bocagère, une belle relique des paysages du Boischaut

a traversée de la cuesta La traversée de la Ls'effectue dans une zone cuesta et le relief boisée où la vallée s'insère dans marqué du seuil de l'étroite gorge qu'elle a creusé Bruères, le village avec et sur le versant est de laquelle son plan en forme de T, s'est installé le bourg de étire le long du coteau son extrémité Bruère-Allichamps. Cette gorge occidentale courte constitue une porte paysagère au nord de laquelle commence à s'identifier l'unité vallée du Cher : le cours de la rivière s'élargit et son lit majeur compose un motif paysager à part entière, qui chemine dans le bocage, dans une vallée évasée.

La vallée bocagère traverse une figure régressive du bocage du Boischaut, fait d'une alternance de reliques bocagères et de lambeaux de plaine cultivée. Aux abords du fond de vallée, la trame des haies se fait plus dense et compose des motifs d'enclos. La vallée constitue l'armature des reliques bocagères de la plaine de Châteauneuf, comme le montre la carte ci-dessous.

Bruère-Allichamps développe un rapport intime avec la rivière

Cette séquence exprime à la fois une idée de continuité avec son environnement et une figure plus aboutie de ce dernier ; tout se passe comme si la vallée était ici destinée à porter les ultimes figures d'un bocage qui n'en finit pas de se défaire.

PAYSAGES DE VALLÉE page 218 La densification des structures bocagères dans la vallée

Ceci s'explique à la fois par la vent régulièrement taillés par démembrent les sites qui topographie et par la nature des les animaux, de beaux exemples l'environnent. sols du fond de vallée, qui les de saules têtards composent une rendent impropres à l'évolution image bien préservée de ce que La séquence bocagère se vers le labour que l'on observe fut le bocage en Boischaut. termine avec le seuil de sur les plateaux riverains. Les Cette séquence de la vallée en Châteauneuf, qui marque le figures bocagères, faites de tire une valeur de milieu refuge début de la "vallée aux bois". pelouses hygrophiles, de haies, et de paysage relique tout à fait de lisières et d'arbres de plein notable en ces temps où se

Les pâtures en fond de vallée Les saules têtards

Chêne à la sous-face taillée par la dent des bovins

PAYSAGES DE VALLÉE page 219 La vallée au bois, séquence intimiste qui dissimule en son sein la séquence urbanisée de Saint-Florent

partir de Châteauneuf, la versants, dominées par le Àvallée s'encaisse plus château dont le corps de profondément dans le terrain et bâtiment dix-septième surmonte traverse un paysage structuré un édifice du onzième siècle par de nombreux boisements, marque clairement la porte elle se referme et s'isole de d'entrée dans cette séquence l'extérieur. Châteauneuf, avec fermée. ses maisons étagées sur les

Châteauneuf, l'insertion sur le coteau

Le cours du Cher en amont de Châteauneuf, un thalweg étroit entouré par les masses boisées

Le château et les maisons anciennes étagées sur la pente

Cette séquence se caractérise milieu d'une bande de prairies déprise ; le milieu tend à se par des versants marqués, humides à joncs, carex et refermer davantage : toujours coiffés de bois et un phragmites. Ces pâtures souvent envahissement par la ronce, thalweg relativement étroit piquetées de vieux têtards qui broussailles de saules et pré- dans lequel serpente la rivière, furent régulièrement pâturées bois colonisent de nombreuses entourée d'un fine ripisylve à ou fauchées montrent parties du fond de thalweg. aulnes, saules et frênes au actuellement des signes de

Les versants "coiffés" à

PAYSAGES DE VALLÉE page 220 Les saules sur les berges à Villeneuve-sur-Cher Le fond de thalweg offre de belles scènes de prairies humides qui descendent en drapé vers la rivière

La déprise agricole et la fermeture du fond de la vallée La ripisylve du Cher et les saules têtards boisée, un fort risque de régression

L'exception urbaine de Saint Florent

u cœur de cette "vallée aux Abois", la vallée traverse un paysage ouvert de plaine de culture dans lequel se situe la ville de Saint Florent-sur-Cher : comme le montre la carte, la ville se développe à la fois sur le plateau et dans la vallée ; les parties qui investissent le val sont à l'instar de l'ensemble de cette séquence, enchâssés dans les frondaisons et se développent linéairement, le long du thalweg. L'urbanisation de plateau est elle dans une logique d'étalement en nappe autour d'un pôle d'habitat et d'une zone d'activités au nord. La forme urbaine est fille de la présence des infrastructures (embranchement ferroviaire L'industrie et l'habitat à Saint Florent : situation au dix-neuvième siècle et état actuel parallèle au cours du Cher, axe de la vallée) et de la proximité sa situation dans la dernière Rosière, qui fut à l'origine du de Bourges et des axes routiers moitié du dix-neuvième siècle. La développement de la petite ville modernes pour les voie ferrée est déjà présente et et s'est installée en lieu et place développements plus récents sur l'énergie de la rivière est des moulins. Saint Florent fait le plateau. Initialement, Saint exploitée par deux ensembles de aujourd'hui partie, avec Bourges Florent était un village de moulins ; celui qui est situé le et Vierzon de l'arc industriel du franchissement de la rivière, ce plus au sud porte le nom de Berry, seule implantation que montre l'extrait de carte Rozière : ce toponyme est significative d'activités dans d'état-major, qui fait apparaître devenu le nom de l'entreprise l'ancienne province42.

42 voir chapitre A-2 : LE CHER DANS SA RÉGION

PAYSAGES DE VALLÉE page 221 L'ancien viaduc met en scène le paysage de Saint Florent et de la vallée, mais n'est pas actuellement utilisable. Pour des raisons de sécurité, l'accès en a été fermé, alors qu'il y aurait là L'usine Rosière dans la possibilité d'aménager un le fond de la vallée cheminement de randonnée fort intéressant.

Vu depuis le viaduc ferroviaire désaffecté, l'urbanisation cachée dans la vallée boisée

La vallée des sablières

u-delà de Saint Florent, le déposées dans les boucles récemment lors de la Afond de vallée se fait plus fournissent des gîtes de graviers construction de l'autoroute A 71, large et la rivière serpente en et de sables abondamment qui sont aujourd'hui convertis en amples méandres. Les alluvions exploités, en particulier plans d'eau.

La vallée des sablières entre plaine, bois et vignobles

PAYSAGES DE VALLÉE page 222 Ces étangs, situés à proximité Au droit de Mehun-sur-Yèvre, la bande de plaine. Au-delà la des centres urbains majeurs du vallée jouxte le vignoble de rivière pénètre dans le site département (Bourges, Mehun- Quincy au-delà duquel les cours urbain de Vierzon. sur-Yèvre, Vierzon) sont du Cher et de l'Yèvre se fréquemment convertis en rapprochent aux abords de leur espaces de loisirs ou en étangs confluence pour ne laisser entre de pêche. les deux rivières qu'une étroite

Les plans d'eau, pêche Au droit du vignoble de Quincy, méandres et sablières et loisirs nautiques

À l'aval de Vierzon

a dernière partie du cours méandres dans un vaste lit par la prairie et les peupleraies Ldans le département débute majeur agricole. Deux types de sur des parcelles irrégulières, avec la limite occidentale de parcellaire et d'occupation du encadrant des poches de l'agglomération que souligne la sol se partagent cette séquence. cultures dans un parcellaire rocade de l'autoroute A 71. Des zones plus ou moins géométrique. Grossi des eaux de l'Yèvre et de humides, dessinées par des l'Arnon, le Cher se déploie en méandres fossiles sont occupées

Les deux parcellaires de la vallée agricole à l'aval de Vierzon Le seuil entre la ville et la vallée aval

Les peupliers dans la vallée

PAYSAGES DE VALLÉE page 223 Le canal de Berry emprunte la infrastructure encore en eau Cher qui constitue un axe de rive droite de cette séquence passe en limite nord de l'unité, transit important. Route et après avoir cheminé au pied du coteau de rive droite. canal se rejoignent à Thénioux successivement dans les vallées Le canal, la voie ferrée et la RN peu avant la frontière entre le de l'Auron et de l'Yèvre. Cette 76 se rejoignent pour emprunter Cher et le Loir-et-Cher. section de l'ancienne cette section aval du cours du

Le canal et la à Thénioux

LES ENJEUX DU PAYSAGE

Protéger les séquences en prairies

es parties étroites de la double mouvement régressif du de protection : une protection Lvallée qui furent jadis paysage herbager qui se fonde au titre des sites fondée sur un entièrement composées de sur une excessive ouverture des recensement précis des espaces prairies humides pâturées ou pays de plaine et une fermeture de valeur et une inscription des fauchées sont menacées par la des fonds de vallées est ici plus beaux arbres (chênes et déprise agricole. En ces temps particulièrement sensible. Tout frênes de plein vent, saules de recul généralisé de l'élevage se passe comme si à terme ne têtards) au titre des espaces bovin, ces terroirs risquent de devaient plus exister que deux boisés classés dans les se voir menacés. La région de types de paysages : le bois documents d'urbanisme. La Saint Florent en particulier et impénétrable dans les fonds et plupart des communes situées à l'ensemble de la "vallée aux la terre à maïs sur les plateaux. l'aval de Châteauneuf et une bois" montre d'inquiétants Or il existe encore, tant dans la moitié de celles de la vallée signes d'enfrichement. Le vallée bocagère que dans la bocagère disposent de plans paysage tend à se fermer tandis vallée aux bois des motifs de d'occupation des sols publiés ou que des figures comme les prairie d’une très grande qualité. en cours d'étude, ce qui rend arbres émondés se fragilisent S'assurer de leur pérennité tout à fait envisageable cette faute d'entretien régulier. Le suppose clairement des mesures mesure.

Maîtriser la diversité paysagère et mettre en valeur le milieu naturel

e maintien d'un équilibre peupleraies. Lorsque la gestion économiquement adaptée ; en Lentre espaces ouverts et traditionnelle d'une zone revanche sa généralisation fermés passe aussi par un humide s'efface la populiculture conduit à une banalisation du contrôle du développement des est une réponse paysage : le peuplier, c'est un

PAYSAGES DE VALLÉE page 224 peu le "maïs des zones humides d'extraction dans ce secteur. Il dangereuses pour les oiseaux ne étroites", un modèle qui serait souhaitable de maintenir sont malheureusement équipées généralisé, conduirait à produire un équilibre entre des étangs d'aucun dispositif d'alerte. Une partout le même type de rendus à l'état sauvage et des étude sur l'aménagement d'une paysage, c'est par ailleurs une plans d'eau anthropisés : il faut partie de la région des sablières essence à l'enracinement fragile parvenir à un équilibre entre en zone naturelle serait qui produit souvent des chablis. bases de loisirs et milieux souhaitable et permettrait de Un autre facteur d'excessive naturels préservés. Il y a là un gérer la question écologique de homogénéisation du paysage est potentiel important pour manière globale, en faisant appel la généralisation des plans d'eau l'avifaune, mais qui suppose des aux acteurs concernés, au et la monovalence de leurs mesures de protection. Par premier rang desquels affectations. La vallée des ailleurs ces milieux sont Electricité de France, mais sablières est arrivée à un point traversés par un important également les propriétaires des de saturation et il importe de ne couloir de lignes à très haute étangs privés. plus étendre les sites tension. Ces lignes fort

Connaître et faire connaître

es centres d'intérêt naturel embroussaillées de la vallée aux de coordonner l'ensemble de ces Let paysager justifient bois. Par ailleurs, dans la efforts en mettant en place une largement la mise à l'étude de séquence aval la présence d'une structure commune, accueillie circuits de promenade, sentiers section encore en eau du canal par une "maison de la vallée du de randonnées et parcours de de Berry est également une Cher" qui se tiendrait dans un découverte. Si l'on envisageait chance à saisir (sentier sur le site à la fois emblématique de la de créer une "route du Berry" halage, promenades au fil de vallée et bien en vue rural de même qu'il existe une l'eau, aménagement de points (Châteauneuf par exemple) à route des parcs et jardins du d'échanges, en liaison avec le partir duquel partirait tout un Cher, il est évident que les département du Loir-et-Cher système de circuits de vallées, et singulièrement celle etc…) ; l'ancienne ligne de découverte coordonnés avec les du Cher en serait la principale chemin de fer et le viaduc de contributions préexistantes armature, ce qui suppose de Saint Florent sont également un (route des vins de Quincy, nettoyer et de désenclaver les outil de découverte tout à fait circuit des jardins etc…). berges dans les parties les plus pertinent. Il serait souhaitable

LISTE DES COMMUNES

Brinay Nozières Bruère-Allichamps Preuilly Châteauneuf-sur-Cher Quincy Corquoy St Caprais Crézançay-sur-Cher St Florent-sur-Cher Farges-Allichamps Ste Thorette Foëcy Lapan Villeneuve-sur-Cher

PAYSAGES DE VALLÉE page 225 PAYSAGES DE VALLÉE page 226 3- 8 LE CANAL DE BERRY La voie d'eau en sommeil

Au sud-est de Saint Amand-Montrond une très belle relique du canal de Berry offre peut-être une occasion de donner enfin, plus d'un siècle et demi après son creusement, un sens économique à cette infrastructure endormie.

COUPE

DESCRIPTION GENERALE

e canal de Berry fut creusé bassin de Commentry, mais une Aubigny. (…) cette œuvre, Lentre 1821 et 1841, son "but branche (s'en) détache pour conçue sur un plan médiocre, est essentiel était d'unir les atteindre la Loire moyenne et le devenue à peu près inutile" 43. gisements de fer de Vierzon au canal latéral à Marseilles-lès-

43 in La France, Géographie - Tourisme, sous la direction de Daniel Faucher, publié en 1952

PAYSAGES DE VALLÉE page 227 Il chemine dans l'Allier en empruntant la vallée du Cher, qu'il quitte à Saint Amand- Montrond pour se diriger vers l'est à la hauteur de , où il se sépare en deux branches. La première rejoint la vallée de l'Auron jusqu’à Bourges, puis la vallée de l’Yèvre qu'elle emprunte jusqu'à Vierzon, où elle retrouve la vallée du Cher, la seconde se dirige vers la Loire en rejoignant la vallée de l'Aubois et Marseilles-lès-Aubigny. Aujourd'hui déclassé, le canal est dans un inégal état de conservation, comme le montre la carte ci-contre, établie à partir d'un document émis par la cellule Etudes Générales de la Direction Départementale de l'Equipement du Cher : il Le canal en activité au début des années 50 44 n'existe plus aujourd'hui de possibilité de restaurer un parcours continu, en l'état actuel des choses car des sections remblayées existent dans les vallées de l'Aubois et de l'Auron et d'autres ont totalement disparu pour laisser place à l'espace agricole ou à des zones bâties. Les tronçons qui empruntent les vallées font partie de ces paysages dont ils composent un des motifs intermittents, la branche occidentale du "Y", qui chemine au pied de la côte de Saint Amand fait partie de l'unité paysagère correspondante, seule la section de liaison avec l'Aubois a fait l'objet d'une unité particulière car elle compose un motif à part dans le grand bocage d'embouche ouvert. C'est un paysage très particulier, qui cache ses richesses sous un épais manteau planté dans un repli du relief qui joint les bassins du Cher et de l'Aubois.

44 in La France, Géographie - Tourisme, sous la direction de Daniel Faucher, publié en 1952

PAYSAGES DE VALLÉE page 228 C'est un paysage mixte au relief orienté nord-ouest sud-est, fait de longues buttes molles au pied desquels chemine ce bief de partage entre les eaux du Cher et celles de la Loire.

Le relief et une relative ouverture des abords immédiats du bief le rendent clairement lisible, sans donner à connaître sa personnalité : on le perçoit comme un creux et une épaisseur verte mais il faut le pénétrer pour en découvrir les Le repli de terrain qui abrite le canal au second plan ineffables qualités.

Le fond de prairie qui accueille le bief à Augy- sur-Aubois

C'est un "paysage qui se mérite", ses eaux dormantes ornent dont on découvre l'étonnante cette belle infrastructure harmonie de proportions et la endormie à laquelle le beauté des ouvrages de pierre miroitement des eaux donne qui l'accompagnent : berges encore vie, pour le seul plaisir maçonnées, ponts et ponceaux, des pêcheurs et de quelques parfois un lavoir qui profite de promeneurs.

Les ouvrages du canal, l'eau, la pierre et l'écrin planté

PAYSAGES DE VALLÉE page 229 LES ENJEUX DU PAYSAGE

ans le cadre de la réflexion vallée de Germigny qui randonnée pédestre et Dgénérale sur le canal, cette composent un ensemble riche équestre, cyclotourisme, section qui présente l'avantage d'un fort patrimoine (églises, l'organisation de points d'être demeurée en eau et manoirs et châteaux, route des d'information et d'hébergement d'être reliée à un ensemble de jardins). Il s'agit sans aucun permettront de resituer le canal soixante kilomètres qui doute de l'un des ensembles dans un ensemble cohérent ; comprend le tronçon amont majeurs liés à la présence de peut-être y a-t'il ici une chance entre Saint Amand et Sancoins, l'ancienne infrastructure à saisir pour revitaliser les le début de la jonction avec le fluviale. La question de la paysages de cette région autour canal latéral à la Loire et réutilisation plaisancière de la d'un fort beau motif de l’amorce de la section qui voie d'eau, à partir de matériels paysage, essentiel en ce temps emprunte le val d’Auron. Ces adaptés, mérite d'être posée : où l’élevage ne parait plus seul trois axes concernent les la connexion avec d'autres pouvoir assurer la gestion du paysages du Boischaut et de la formes de promenade, territoire.

LISTE DES COMMUNES

Augy-sur-Aubois Bannegon Bessais-le-Fromental Charenton-du-Cher Neuilly-en-Dun Sancoins St Aignan-des-Noyers Thaumiers

PAYSAGES DE VALLÉE page 230 3- 9 L'EVENTAIL DE BOURGES Les vallons dans la plaine, un lien entre la ville et son entour rural

Au pied de l'escarpement du Pays Fort, la partie septentrionale de la Champagne Berrichonne est traversée par toute une série de petits vallons qui convergent vers Bourges et modèlent l'ample cuvette qui constitue son site fondateur. L'éventail de Bourges correspond à l'ensemble de ces rubans de verdure que hante un habitat en constant développement et qui donnent à cette plaine sa mesure, tout en accompagnant la transition entre la capitale du Berry et son arrière-pays rural.

DESCRIPTION GENERALE COUPE

l s'agit de toute la série de qui fonde l'installation de la Ipetits vallons qui convergent préfecture du Cher, sur Bourges et qui ont participé schématisée par le croquis ci- au modelage du relief en cuvette après.

PAYSAGES DE VALLÉE page 231 Schéma de structure du relief de la région de Bourges

Le val d'Yèvre et les vallons de Disposés en éventail, ils vers les objets les plus ses affluents les plus convergent sur le site de marquants de la silhouette significatifs constituent un Bourges qu'ils contribuent à urbaine : la cathédrale, les silos ensemble qui existe par mettre en valeur ; en effet ce de Saint Doulchard, puis le front contraste dans le contexte de la système hydrographique génère urbain qui se découvre peu à peu. plaine de grande culture de toute une série de "plis en Champagne Berrichonne. creux" qui conduisent le regard

Des rubans verts qui marquent la plaine

'est un paysage Cd'accompagnement qui donne à comprendre l'insertion de la ville dans son site lorsqu'on l'approche par le nord-est. Les paysages de la plaine se caractérisent ainsi par une succession de croupes et de thalwegs que vient souligner la végétation : les fonds de vallons sont toujours habillés par la Alternance des vallons et des crêtes galerie forestière des cours d'eau et les crêtes sont le plus montrent les cimes mais l'éventail. Au sud au contraire, souvent coiffées de bois. Les rarement les troncs les rivières se font plus rares et vallons s'accompagnent d'une caractérisent fortement ces l'Auron prend à sa charge la végétation spécifique des vallons et font de cet ensemble majeure partie du ruissellement milieux frais et humides, dans une unité de paysage à part de la plaine. laquelle domine le saule aux entière. Cette figure et ses Les vallons sont inféodés au frondaisons gris bleuté, le frêne modes de groupement bassin de l'Yèvre, dont le cours et son feuillage découpé d'un convergeant sur Bourges ne se amont se rattache à cette unité vert tendre, le peuplier à la retrouvent que dans la partie particulière. Elle figure la plus silhouette caractéristique. nord de la plaine, les eaux qui marquée de ces vallées, tant par Ces textures particulières et la descendent de l'escarpement l'encaissement de son cours que disposition de ces bandes du Pays Fort alimentent les par l'épaisseur de sa galerie boisées dans les fonds qui ruisseaux qui composent boisée. Les fonds de vallon,

PAYSAGES DE VALLÉE page 232 jadis pâturés sont aujourd'hui plantation de peupliers ou prunelliers, sureaux et ormeaux. essentiellement arborés par envahissement par des épaississement de la ripisylve, broussailles à saules,

Des vallons qui s'urbanisent

ous verrons dans la héritée de la période des Les villages proches de Bourges Nprésentation des paysages essartages, beaucoup d'entre ou encore avec la de la Champagne Berrichonne ces noyaux ont subi des présence de la base aérienne qui que le construit s'y trouve modifications qui les teintent a suscité une augmentation de la réparti de manière duelle : il se d'urbanité. Dans toute la partie demande de logements se voient compose d'un semis de fermes occidentale, la pression urbaine peu à peu incluses dans un isolées et de chaînes de bourgs de Bourges se fait sentir. Ces phénomène de péri-urbanisation regroupés généralement sites de vallée, nichés dans la plus ou moins diffuse, disposés le long des vallées. Les verdure et comme à l'écart de la essentiellement localisée sur les vallons de l'éventail n'échappent froideur de la plaine de culture vallons tant à cause de leur pas à la règle et comprennent la attirent un développement attractivité que par souci de majeure partie de l'habitat résidentiel ; lotissements, réserver les meilleures terres groupé de cette portion de la constructions individuelles, pour le labour. plaine, en accueillant soit les conversion résidentielle de centres de bourgs, soit des certaines fermes se multiplient écarts significatifs, tandis que d'autant plus que les fermes à les fermes isolées se cour isolées dans leur terroir répartissent sur le plateau. sont un outil de travail bien S'il s'agissait à l'origine de mieux adapté aux conditions de fermes regroupées le long des l'agriculture moderne que ces chemins, dans une structure fermes de villages archaïques. Le jeu des frondaisons et du bâti

PAYSAGES DE VALLÉE page 233 LES ENJEUX DU PAYSAGE DES VALLONS

Eviter la banalisation du couvert végétal

'image globale du contraste et la fermeture progressive des qu'ils sont les dernières figures Larboré et de l'encaissement quelques prairies de bord de de nature sauvage dans la plaine dans la plaine est assurée de cours d'eau comporte un risque artificialisée par la grande perdurer, en revanche le de banalisation. Les accès aux culture et la diversité des paysage interne de ces vallons ruisseaux et à la rivière sont milieux se délite peu à peu. tend à se simplifier ; le compromis par le manque développement des peupleraies d'entretien des berges, alors

Définir un seuil acceptable pour le développement urbain

e développement de l'occasion de l'étude des composant une belle harmonie Ll'urbanisation en particulier documents d'urbanisme de avec les teintes des frondaisons. dans les communes proches de réaliser des simulations afin de L'adjonction de façades peintes Bourges peut également à terme définir ce "seuil acceptable de de teintes trop claires ou de poser un problème d'image. Tant développement". toitures d'ardoises compromet que le construit ne "sort pas du Les enjeux sur le bâti se cet équilibre hérité du passé. Il cadre paysager", c'est-à-dire fondent également sur des y a lieu d'élaborer un certain respecte l'implantation par problématiques esthétiques. nombre de prescriptions rapport à la topographie et ne se L'urbanisation traditionnelle est d'aspect afin de préserver ces traduit pas par la suppression du groupée et les édifices qui la motifs très visibles : règles manteau boisé, il ne pose pas de composent sont construits en d'implantation et d'adaptation problèmes majeurs maçonnerie de pierre calcaire au terrain, définition d'une d'intégration. Cependant il nue ou habillée d'un enduit beige palette adaptée de couleurs et existe un seuil d'occupation au- , surmontée de toitures en de matériaux, d'une palette delà duquel les vallons perdront tuiles d'un doux ocre rouge. Ces végétale d'accompagnement leur caractère de paysage édifices participent à l'écriture fondée sur les essences refuge. Il conviendrait, à de la silhouette du vallon en indigènes45.

L'impact de maisons "intruses"

LISTE DES COMMUNES

Avord Moulins-sur-Yèvre St Michel-de-Volangis Baugy Osmoy Ste Solange Bourges Savigny-en-Septaine Farges-en-Septaine St Germain-du-Puy

45 on s'inspirera utilement en cette matière de la brochure "quelles haies planter en Champagne Berrichonne", conçue pour l'espace rural mais parfaitement adaptable à ce cas de figure.

PAYSAGES DE VALLÉE page 234