Monuments Aux Victimes De La Liberté
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Entrepreneurs du commun Monuments aux victimes de la liberté Cette publication rend compte des activités d’expositions, de symposium et de marche urbaine organisées autour du projet Monuments aux victimes de la liberté. Menées par le collectif Entrepreneurs du commun en partenariat avec la galerie AXENÉO7 et la Galerie UQO, ainsi que par des professeurs et étudiants de l’UQO, de l'Uni versité Carleton et de l’Université d’Ottawa, ces activités ont eu lieu à Gatineau et Ottawa du 24 au 30 septembre 2015. This publication revisits a series of exhibitions, symposium and urban walk events organized around the project Monuments to the Victims of Liberty. Steered by the collective Entrepreneurs du commun in partner ship with AXENÉO7 gallery, UQO Gallery, as well as by professors and students from UQO, Carleton Univer sity and the University of Ottawa, the activities took place in Gatineau and Ottawa from September 24 to 30, 2015. Entrepreneurs du commun Monuments aux victimes de la liberté Genèse du projet 009 Introduction Entrepreneurs du commun 017 Monuments massue et monuments miroir Nathalie Casemajor 029 Monuments aux victimes de la liberté Mélanie Boucher Stefan StLaurent 051 S’endormir près du monument pendant la révolution Contre-monumentalité MarieHélène Leblanc et post-communisme 063 Bojan Fajfrić 147 Sites postcommunistes 067 Milutin Gubash de contremémoire 071 Guillermo Trejo Andrew Herscher 075 Perspectives sur le commun, 159 Milutin Gubash la contremonumentalité 165 PROJET EVA et la décolonisation de la liberté (Étienne Grenier et Simon Laroche) Bernard Schütze 171 Edith Brunette Érik Bordeleau 177 Emmanuel Galland 089 Déambulations profanes Commun(isme) Peter Hodgins 185 Prises et entreprises du commun Rebecca Dolgoy Érik Bordeleau Décoloniser la 201 Steve Giasson liberté canadienne 209 Nicolas Rivard 103 Colonial Kitsch 215 Étienne TremblayTardif Dalie Giroux 221 AnneMarie Trépanier 119 Clément de Gaulejac Alexandre Piral 127 Frank Shebageget 225 Thierry Marceau 131 Sheena Hoszko Annexes 135 Michel de Broin 233 Notes 139 Dominique Sirois 241 Biographies Project Genesis 013 Introduction Entrepreneurs du commun 023 Brutalist Monuments and Mirror Monuments Nathalie Casemajor 037 Monuments to the Victims of Liberty Mélanie Boucher Stefan StLaurent 057 To Fall Asleep Close to the Monument During the Revolution Counter-Monumentality MarieHélène Leblanc and Post-Communism 063 Bojan Fajfrić 153 PostCommunist Sites 067 Milutin Gubash of CounterMemory 071 Guillermo Trejo Andrew Herscher 081 Perspectives on the Commons, 159 Milutin Gubash CounterMonumentality and 165 PROJET EVA the Decolonisation of Liberty (Étienne Grenier et Simon Laroche) Bernard Schütze 171 Edith Brunette Érik Bordeleau 177 Emmanuel Galland 095 Profane Perambulations Commun(ism) Peter Hodgins 193 Gripping Enterprises of the Commons Rebecca Dolgoy Érik Bordeleau Decolonizing 201 Steve Giasson Canadian Freedom 209 Nicolas Rivard 111 Colonial Kitsch 215 Étienne TremblayTardif Dalie Giroux 221 AnneMarie Trépanier 119 Clément de Gaulejac Alexandre Piral 127 Frank Shebageget 225 Thierry Marceau 131 Sheena Hoszko Annexes 135 Michel de Broin 237 Notes 139 Dominique Sirois 249 Biographies Introduction Entrepreneurs du commun 007 Genèse du projet Project Genesis 008 Monuments aux victimes de la liberté Entrepreneurs du commun Introduction 010 Monuments aux victimes de la liberté Au printemps 2014, le ministère du Patrimoine canadien a rendu public un appel à projet pour la construction d’un monument intitulé Monument aux victimes du communisme – Le Canada, une terre d’accueil. Le site prévu pour la construction du monument était adjacent à la Cour suprême, en plein cœur de la colline parlementaire à Ottawa. L’appel invitait des équipes d’artistes professionnels, d’architectes, de paysagistes et autres professionnels du design urbain à participer au concours. Promu par une association nommée Hommage à la liberté, le monument visait à honorer la mémoire de « plus de 8 millions de Canadiens » originaires de « pays qui ont souffert sous des régimes communistes ¹ ». L’initiative d’Hommage à la liberté s’inscrit dans la continuité de la journée du Ruban noir, désignée journée nationale de commémoration des « victimes du nazisme et du communisme », à la suite de l'adoption d'une résolution à cet effet par la Chambre des communes en 2009. Le Parlement européen a voté la même année une résolution instituant une journée d’hommage aux « victimes du stalinisme et du nazisme », rebaptisée plus sobrement depuis « Journée européenne du souvenir ». Alors qu’en Europe, le glissement terminologique a ouvert la commémoration à l’ensemble des victimes des régimes totalitaires et autoritaires, quelle que soit leur idéologie (nazie, communiste ou fasciste), au Canada, sous le gouvernement Harper en par ticulier, le glissement a favorisé un rapprochement ciblé entre crimes nazis et crimes communistes. Il ne s’agit plus alors de contextualiser les formes historiques spécifiques du communisme «totalitaire » ou « soviétique », mais de condamner d’un bloc l’idéologie communiste, dans une rhétorique partisane héritée de la Guerre froide. Ces conflits de définition témoignent des enjeux politiques qui soustendent l’instauration et la transformation des récits historiques dominants. L’annonce du concours d’art public pour le Monument aux victimes du com- munisme est intervenue au crépuscule du règne du gouvernement Harper. Au Québec, le souvenir de la grève étudiante de 2012, marquée par des manifestations d’une ampleur inédite et par une importante mobilisation politique de collectifs artistiques dans le débat public, était encore vif. Sur la scène internationale tournaient en boucle des images de réfugiés Introduction Entrepreneurs du commun 011 du conflit syrien chassés à coups de pied de la frontière hongroise ², alors même que le gouvernement hongrois affichait son soutien à l’initiative canadienne visant à célébrer « le courage des victimes du communisme qui ont tout risqué » pour atteindre les frontières canadiennes « dans l’es poir de retrouver la liberté et leur dignité et de bâtir un nouvel avenir ³ ». La Russie de Poutine manifestait ses velléités impériales, toujours vives, en annexant la Crimée et en réhabilitant la figure de Staline comme «homme fort » de l’empire. En Europe de l’Est et en Europe centrale, la mémoire des crimes nazis et soviétiques suscite encore aujourd’hui d’âpres débats : si les monuments à la gloire des « libérateurs » soviétiques sont jetés « à la décharge de l’histoire » (Viktor Iouchtchenko), certains mouvements ultranationalistes, notamment en Pologne, récusent la responsabilité de l’État dans les crimes perpétrés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale ⁴. En Amérique du Nord, ce sont des monuments à la mémoire de figures controversées de la confédération et du colonialisme qui sont déboulonnés, dans un mouvement s’opposant à la célébration publique de suprématistes blancs et de personnages impliqués dans des campagnes génocidaires contre les Premiers Peuples. La mémoire nationale est un champ de sables mouvants où vacillent les socles de marbre. Au Canada, le projet de monument s’inscrivait dans un contexte préélectoral sur la scène fédérale. Il était soutenu par la majorité des chefs des partis fédéraux ⁵, conscients de sa résonance auprès de certaines communautés issues de l’immigration. Ce projet de monument s’est toutefois heurté au scepticisme de nombreux Canadiens : certains critiquant le choix de son emplacement, d’autres, sa charge idéologique, son lien ténu avec l’histoire du Canada, ou encore les pressions exercées sur les agences officielles ayant exprimé des réserves sur sa formulation ou sa gouvernance. Finalement, la mobilisation de la société civile et le changement de gouvernement ont mené à une révision en profondeur du projet de monument (nouveau site, réduction du financement, changement de design). Le collectif Entrepreneurs du commun est né de cette mobilisation. Il regroupe des commissaires, des artistes, des théoriciens et des universi taires du Québec et de l’Ontario. Avec son projet Monuments aux victimes 012 Monuments aux victimes de la liberté de la liberté, Entrepreneurs du commun proposait un contrepoint au projet de Monument aux victimes du communisme de l’association Hommage à la liberté. Il en questionnait les paradoxes politiques et esthétiques : la « liberté canadienne » atelle aussi pu servir à justifier certains crimes liés au colonialisme en sol canadien et à l’impérialisme à l’étranger ? La diabo lisation du communisme occultetelle un renouvellement des pensées du commun ? Peuton faire acte de commémoration avec une œuvre éphémère ou antimonumentale ? Pour explorer ces contradictions internes, nous avons lancé un appel à projets calqué sur le format du concours d’art public. Une douzaine d’artistes se sont ainsi joints au projet. Des discussions ont été organisées à Montréal à l’invitation de la revue ESPACE art actuel et de la Galerie SBC. Ce processus d’échange a culminé à l’automne 2015 avec une série d’activités ⁶ réalisées en collaboration avec d’autres organisations et col lectifs de Gatineau et d’Ottawa : deux expositions, une au centre d’artistes AXENÉO7, et l’autre à la Galerie UQO ; un symposium à l’Université du Québec en Outaouais ; une marche urbaine sur la colline parlementaire à Ottawa proposée par un collectif d’universitaires et d’étudiants de l’Université Carleton. En proposant un espace temporaire d’organisation, de discussion, de recherche, de conférences