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ÉTUDE HISTORIQUE ÉTUDE 'HISTORIQU.E

"ABBA E DE LUXEU

PAR

LUXEUIL 'I.

t MARCEL PATTEGAY, -IMPRIMEUR-~DITEUR

..1895 .. &,i.

I

ETUDE HISTORIQUE I

SUR i .... >' . . l-! L'ABBAYE DE LUXEUIL AVANT-PROPOS

Nousn’avons pas l’intention d’émire une histoire complète de l’abbaye de Luxeuil ; nous ne nous proposons pas non plus d’étudierd’une façon nouvelle les origines de l’ahbave et sa fondation par saint Colomban: de nombreuxouvrages ont vu le jour,surtout en Allemagne et en Angleterre,consacrés au grandIrlandais(‘). L’histoire. des rapports de l’abbaye avec la papauté aumoyen âge, l’administrationmunicipale de la ville de Luxeuil et les démêlés des bourgeois avec les abbés, la con- ditiondes mainmortables dans In terrede Luxeuil sont égale- mentdes questions d’un grand intérêt qui mériteraientdes études spéciales ct que nous n’avons pas la prétention de traiter H fond dans ce petit livre. En 1761, l’Académiedes Sciences, Belles-Lettreset-Arts d,e . -.. Besançon mettait au concours le sujet suivant:(( quel temps Dans ,- les abbayes de Saint-Claude, de Luxeuil et de Lure jouirent-elles des droits régaliens et jusqu’où s’étendaient ces droits ? D Le sujet, ainsi que l’a remarqué M. Dey (”), était certainement mal posé : Grammaticaletnentl’article des supposeque 1’Aca- démie a entendu parler de tous les droits régaliens quelconques. ‘ Sitelle a .étésa pensée, on peut lui reprocher,d’une part, . d’avoir réduit à l’état de question 1.111 fait admis par elle comme’

-. (I) Voir adssi la thèse de M.l’abbé Malnory : quid Lusowienm motlachi diJripufi Sank Columbani od regulam monasteriarum algue ad communcm rcclesiae profectxm contulerini, Paris, I 894, in-8’. (2) 50 J[é.moire pour serwir i2 i‘hiI/oire de la willc de Luxeuil, dans les Mémoircs de la cpmmirrion d’archbohgie, eir. de /a Haulp$aÔne, complément du t. IV, , 1S67,p. 319. certain, et, d’autre part, d’avoir demandé jusqu’où s’étendaient les droits régaliensen général, c’est-à-dire la souveraineté elle- même, ce qui est unequestion du droit des gens et non une question d’histoire locale. I1 faut sans doute, suivant l’intention présumile du programme, traduire la proposition de l’Académie en ces termes: g Quelle était l’étendue des droits régaliens dont ont joui les abbayes de Saint-Claude, de Luxeuil et de Lure, et

dans quel temps les ont-elles exercés ? B. Dom Berthcd, dans une dissertation couronnée par l’Académie, chercha à faire triompher l’opinion des historiens les plus accré- dités de l’abbaye - dom Guillo et dom Grappin - et à prouver que les abbés de Luxeuil,’ ainsi que ceux de Saint-Claude et de Lure, avaient possédé les régales de premier et de second ordre, qu’il définissait ainsi : c Les régales de premier ordre sont celles l danslesquelles lamajesté et la puissancedu prince consistent principalement,telles par exempleque le pouvoirde faire des lois, le dernier ressort en justice, le droit decréer des magistrats et de faire la guerre, quelques-uns ajoutent encore le droit de lever des impôts. - Les régales de second ordre consistent plus en émoluments qu’enautorité. Elles peuvent être séparées de la souveraineté,parce qu’elles .n’y sont pasattachées essentiell+ . . L. ~ -.. ment (l). 2, .* Nous nous proposons de montrer, par l’exposé des faits eux- . mêmes, de quelle puissance les abbés de Luxeuil ont joui dans le cours des siècles, depuis la fondation du monastère jusqu’à la fin de l’ancien régime ; - comrne,nt la terre de Luxeuil, quasi sou- veraine pendant la plus grande partie du moyen âge, fut ensuite réunie au comté de Bourgogne, mais conserva jusqu’à la Kévo- lution ses coutumes particulières et sa physionomie propre.

(I) Dirsrrtaliotr JUT !origine t: I’¿tenthe des hoils r&afiens dans les abbayes ‘fe Sj2int- ClaudeP,de Luxeu2 et de L we (1762), dans les Adimoires et documents inidits /mur serwir h I’hirtoire de /n Frnnche-Cornti, publiEs par 1’AcadPmie de Besançon, t. VII, 1’. 50. * Les origines de l'abbaye.

La petite ville de Luxeuil (l), située sur IC versant mkrjdional des Vosges, est trhs-ancienne : bien que son nom ne figure ni dans les itineraires romains, ni dans la carte de Peutinger, ni dans les kcrits que l'antiquitti: nous a laisses, il est certain qu'elle existait anterieure- ment h la conqukte des Gaules.par Jules Cesar. D'après une jnscrip- tion (*) trouvCe le R3 juillet 1755, Cesar aurait ordonnk lui-mCme la reparation des Thermes de Luxeuil. Cette inscription, il est vrai, ne nous paraît pas authentique, mais la decouverte, au XVIIIc siècle et 5 notre époque,de mkdaiiles consu- laires, de monnaies, de poteries, de statues, de tombeauxde pierre (a),

(I) Dansles chartes du moyen Age Luxeuils'écrit indiffcremment Lixoviurn, Luxovium, Lissovium, Lussedium, Losodium ; ipartir du ?CV0 sitcle, on trouve Lixui, Lixcl, Lisseul, Lixeu, Luxeu, Luxeul: la tcrlninaison euil est recente et ne date que de la seconde moitié du X\'III*sidclr. Tous CCS mots dirivent du radical li ou lis, en celtique eau. Cf. Du Cange, G/ossa~*ium,art. Lixe. - x Luxovium, id est lux oviuw n, disaientles hagiographes du moyen Age. Cf. Pertz, Monurnerrta Ger- ' maniaehistorica. Scriptores, 111, OW, et NV, G76 (C/wotlicolr Luxovieuse-breve et d. ' - Ex vifa S. Deicoli). t-. . (2) LIXOVII. THERM. REPAR, LABIEN\rS IYSS , C.IVL . CAES. IMP. L'authenticitC dc cette inscription, attaquee par de Caylus (Recueil d'alrtiquitds, III, TA) et Bourquclot (hdrrinoires de la Sociéfk des antiquaires de Fr-atxe, SXVI, 1-44), a et6 faiblement defendue par AIM. Longchamp (Méntoiws de la con~missio~~ d'archéologie de la Haute-Sache, III, 57) et Dey (4' Ménloire pour servir ù /'/ristoir*e de la villede Luxeuil). - D'autrcs inscriptions, qui paraissent moins suspectes I. quela prlcCdente, nous apprennentque les Gaulois avaientdivinise les sources thermales dc Luxeuil,les uncs sous un nom correspondantLixoviurn, .qu'a retenu la ville, les autrcs sous le nom de Bricia. (3)Cf. Delacroix, Etudes sur Luxeuil (MCmoires de la Sociité d'emulation du Doubs, 4858); Notice sur les fouilles faites en 1857 et 1858 aux sources ferrugi- neuses de Luxeuil (Ibid., 1868) ;Découverte de fires sculptées err bois de ch6ne portant au cou le torques celtique (Ibid., lWj - de Fabert, Notice historique et descriptive sur divers monumetlfs autiques trouvés 2 Lltxeuil et1 1645 (Recueil agronor'LAlqur, industriel et scientifique, publié par la Société d'agriculture de la HauteSadne, t. V); - Boisselet, Les Collections nuntis,natiques deLuxeuil (Annalesfranc- I "-

Détruite par les Huns au milieÜ du VCsiecle, elle ne s'citait pas relevke '- :'; de ses ruines lorsque .Agnoald, l'un desseigneurs de Burgondie,. .- ";1 accueillit, vers. 590, une colonie de moines irlandais conduite .par ...l::' i Colomban (I). . -- i ' .; . Colomban s'ktablitd'abord a Annegraypuis à Luxeuil, oh, au .. ". ' . -,

I . dire de son premierbiographe, Jonas de Eobbio, i1 trouva c les ves- ,' . --! - .; . tigesd'.une.ville.€~rtifiCeavec beaucoup de soin, lesruines de ba-ins ' -- -li

Cdifiés avec infiniment .d'art, et au milieu desbois qui avaient cru sur . ':' ...,:$ ' ces dCcombres et quen'habitaient que desbètes sauvages, 'de nom- . ' breuses statues attestant l'ancienne splendeur de la villedetruite n ('). .. Le biographe de saint Germainde Grandval assure que Colomban .-

.s'installadans les Cdifices mCmes tlevks.par les Gallo-Romains ('). ., Toutefois, il ne faut pas prendre a la lettre une expression chere a :

nos hagiographes, et croire que la nouvelle abbaye se dressaau milieu . ' li d'un vtritable dksert. La vaIlCe du Breuchin (&)n'etait pss inhabitée a la fin du VIc sikcle, et Jonas nous raconte lui-mème que Colomban

y vit un prètre, du nom de Winioc, qui avait fondci une paroisse dans ' . les environs ("). Du moins il estcertain que !es compagnonsde CO- . . !.. f lomban extcutèrent dans les forèts du pa3-s des dktrichements con-

sidérab1e.s et mirent en culture beaucoup de terrains improductifs (:). . ' .II n'entre pas dans notre plan d.'exposer en dktail les prescriptips de la rkgle de saintColomban ; il nous suffira de 'ra.ppeler qulelle . hittrks dure et chdtiait les plus petites fautes des prines led.plus --, humiliantes : elleprodiguait les coups de bâton et les châtiments .i corntoises, juillet 1865) ; - Clerc, Frntlche-(:omté 2 I'époque taomaitie. Besançon, 1853, í.vol. in-W,p. i%ïet suiv. (1) Mabillon, Acta snnctorutJz ordiuis sancti Betledicti, II, d (édit. de Paris) .Pcrtz, -1 -Script., III, 5320. --

(2)Hameau de la commune de la Voivre, canton de Faucogney(Haute-Sabnc). - . , ,. " (3) Vitu Columbnni: Mabillon, AcfnSS., II, 13. ' ' .I

(4) Yifu s. Germatlz. Trouillat, Mo~zurnenlsde ?utlciett é&Ité de Bâle, 'I, 48, ' (5) Le Breuchin, qui baigne Luxeuil, a une longueur de 4s kilometres envirpn.; ... . il finit dans la , affluent de la Sabne. .

(61 Mabillon, ActaSS., LI, 15. - I1 s'agitpeut-ttre de la paroissede Saint-Sau- , veur, reconnue par arrêt du parlement de ßesanGon (du Q9 i-nars - 1692) comme mère-&lise de Luseuil. .. ..--l (i') Cf. Digot. Mémoiref-sur l'état dl la population et, de la culticre dam les Vosges . au commencement du YIP siècle (Annales de la Sociétéd'enlulation du départe- ,. :i

ment desment Ttosges,'1848). . - I...... - I.

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L+& .. corpo'rels et obligeait Ies'religieux á donner chaque jour douze'heurei au travai1,des mains travai1,des au ('J .. Cette vie austèreet active des Colombanistes-fit une grande impres- sion sur les habitants 'dé la Burgondie et de l'Austrasie, et 'les novices - seprisentèrent en foule, à ce pointque Colomban dut bAtir un nouveau monasterenouveau à Fontaine [2). .. Unefoule pieuse; qui accouraitsouvent de fort loin, assikgeait presque continuellement les portes des trois monastères ,colomba- nistes et venait S? recommander aux prières de leur fondateur., Au - nombre de ces suppliãnts la ltgende mentionne un certain WaldalCne . qui gouvernait avecle titre de duc une partie de la Burgondie. Ce seigneuravait Cpousk .unegallo-romaine nommke Flavia, dont jl n'avait pas d'enfants ; mais ayant obtenu de Pieu, par l'intercession de'colomban, deux fils, dont l'un, appel& Donatus, devint mktropo- - litain deBesançon, il cédaau monastere de Luxeuil d'immenses domaines. Le roi d'Austrasie,Childebert, émerveill4, comme ses sujets, des . spectaclesqu'offraient les communautes colombanistes, combla. de dons les abbayes ($), Brunehaut, et son petit-Iils -Thierry, auraient tenu la mSme conduite que Childebert, si Colomban avait ccnsrnti h fermer les yeux sur les dèsordres de la cour de Bourgogne, desordres autorises et provoquks par Ja vieille reine. On sait comment, vingt ans aprës son arrivkedans les Vosges, 12 grandapótre fut arrache ., aux siens par ordre.de Thierry ; il seretira d'abord en Neustrie, puis en Austrasie, il futJien accueilli par le roi ThCodebert ; il se,?- . 06 3. rendit ensuite dans I'Helvktie orientale, et, aprks un séjour peu. pro--. -long&6 Bregenz, allaen Italie fonder le monastere de Bobbio (4); Mais l'suvre de Colomban ne devait pas disparaitre avec hi,et le . monastère de Luxeuiljoua un @le important dans.lapkriode d'igno- ranceet d'anarchie* qÜi signale le rCgne desderniers Mkroxingiens. , Eustaise, successeur de Colomban, secondi: par Walaric, l'un de ses disciples, changea les dispositions de Thierry a l'égard du monas- tère, et obtint mtme la restitution des domaines que le ro.i avait,ad- .. . (!y Mabillon, A~lltalesordinis 8. Benedidi, t. 1, p. 912, et SUiV.; njgot; 13iStoJh du royaumed'Austrasie, TV,3.%3!j et ;509-31Y; de Montalembert, Les nfoitles d'OCcideJtf, t. 11, p. 54'7 et suív. .. (O-) Fontaine;les-Luxedil, canton de Saint-Loup (Ilaute-Sabne). P. (3) Vita S-Salabergae;Acta SS.,II, 42% ! ,. (4) Cf. de Montalembert, t. II, p, 505 .etsuiv. ; Digot, Hisfaire du r-oJraume d'Austrasie, t. II, p. 134, 1% et suiv. - Colomban mourut ali monastere :dc

Bobbio, en 615.' ., ...... ,. .. .,.. ,I -.

c. . ..,-.

./ -4- - -. Iuges au fisc (l). Des biens considCrables .furent en outre donnCs au monastère par 'de.nouveaux disciples, et particuliérement par Roma- ric, fils de I'un des seigneurs les plus riches et les plus puissants d'Austrasie ; Romaric ne se réserva qu'une seule terre,qu'il destinait a-quelque bonne- euvre, et ou Eustaise lui-- permit de fonder un - rnonastCre ('). Sous te gouvernement de Valbert, troisième abbe,le monastère de Luxeuil arriva au plus haut point de gloire et de puissance qu'il ait jamais atteint. Bien qu'il fht lui-mCme peu verst dans les lettres, et qu'ii ebt kt6 dans' sa jeunesse destini: au mttier des armes,Valbert songea surtout a agrandir la renommke litthaire de Luxeuil ; afin que les moines pussent peu à peu abandonner les travaux de la terre pour ceux de l'esprit, la règle de saint Colomban fut remplacke par . celie de saintBenolt. Au milieu du VIIe siècle, l'abbaye de Luxeuil comptait six cents religieux (*) ; elle passait avec raison ponr l'une des plus riches des et plus cClkbres de la Gaule mkrovingienne. De nombreux monasteres S tleverent SOUS les auspices de Valbert: citons entre autrescelui que Salaberge fonda d'abordh Langres, puis, comme cette ville Ctait trop exposke aux malheurs des guerres,à Laon, et celui de Grandval, dans le diocese de Bâle ('f. SOUSI'abbatiat d'lngofroy, le cloître de Luxeuil servit de prison B deux hommes d'Etat cklèbres, Ebroïn, maire du palais de Nevstrie, et Léger, Cvkque d'Autun, son rivai. A cette kpoqui, bien des monastères eurent à souffrir-des guqrres qui dtsolaient l'empire mtrovingieo ; celui de Luxeuil, au contFaire, vit ses richesses s'accroître grhceaux 1ibCralitCs de Bathilde - epouse' . de Clovis II - et de son fils Clotaire III (b). -- Mais le temps Ctait proche ofi il allait avoir à supporter de grandes &preuves. Aprésla mort du maire du palais, Pépin,- dit de Héristal,

(l)Trita S. Wularici, abbafis LeuconaëJtsis, Mabillon, Acta SS., Il, R0 ; Chronicon luxovieuse brdue, Perk, III, SO; de Montalembert, II, %L, et p. suiv. (S) IL s'agit du monastkre fond6 en 620 par saint Romaric a Habendi-Castrum (aujourd'hui Remircmont). Cf. Vitu S. Eustasii, Mabillon, Acta SS. II, lS3 ; Vita S. Romarici ijtserpolata, ibid., II, 417 ; D. Calmet, Histotre de Lorraine, I, 3'JU ; de Montalembert, II, p. 640 et suiv. (3) D. Bouquet, Recueil des hisioriens des Gaules et de la , IX, 124 ; Pertz, SS., III, !BO. - Cf. Abbt Clerc, Un souvenir uu I'emilage deSuirtt-Valbert, Luxeuil et Bt~ançon,f8W, in40 ;. Vie de Saint-Valbert, troisième abbC de .Luxeuil, Paris, 1852, in-80. (4) Vita S. Salabergae, Mabillon, II, 425 ; de Montalembert, t. íI, p. 379 et suiv. (5) U. Bouquet, III, 573 ; Hauréau, Gallia Christiuna, XV, 146. -5- la Bourgogne refusa d'obéir a son fils Charles le Martel, et, abimee dans l'anarchie, dktnembrte entreun grand nombre de chefs clercs et laïques, elle fut incapable d'arrkter les musulmans qui, venus d'Es- pagne,remontkrent la vallee du Rhibne, enlevèrent et saccagérent Autun, et pénktrerent jusqu'aux Vosgespour allerpiller Luxeuil(731). L'abbéMellin et la plupartde ses religieux furent mis a mort ; l'abbaye resta quinze ans sans abbé (l). Pépin le Bref permit aux moines kchappes au fer des Sarrasins de reconstruire l'abbaye et leur fit rendre les terres dont quelques sei- gneurs voisins s'ktaient empares. Charlemagne continua a l'abbaye la protection de Pkpin et lui fit don de biens et d'immunitks ; toute- fois. la charteconnue dans l'histoire de l'abbaye sous le nom de dipldnze de Charlemagne, et dont l'abbaye s'est maintes fois prévalue, est une pièce apocryphe r).Pour s'en convaincre, il suffit d'observer qu'elle mentionnel'usurpation de Hugues le Noir - quiest du commencementdu XC siecle - et qu'elle parledes invasions des Normands qui n'eurent lieu dans le bassin de la Sahne qu'â la fin du IXe sikcle. De plus,'les dates essentielles sont mal concertees et ne répondent point à l'annPe.815 : Charlemagne etait mort dès I'annCe prkchdente ; le pape Etienne V ne monta qu'en 816 sur la chaire pon- tificale et Ansègise ne devint abbe de Luxeuil qu'en 817. Cette pike fut sans doute kcrite 5 la fin du Xe sitcle dans le but de suppleer' a quelquecharte originale perdue dans un désastre. Peut-$tre aussi l'auteur, a utie kpoque où l'abbayeavait a souffrirdes violences des seigneursvoisins, voulut toucher le cceur descoupables - 5; . .-_ et les ramener a leurs devoirs en mettant sous leurs yeux une preuve .*' manifeste de la protdctión que lui avait accordbe le grand empereur d'occident ('), On ne peutdouter en effet queCharlemagne n'ait éte I'un des bienfaiteurs de l'abbaye : ses donations sont rappelées dans daautres dipldmes authentiques, et particuliérement dans celui de l'empereur Henri V (6). On croit mkme que Charlemagneconfia a plusieurs abbés

(1) D. Bouquet, III, 701 ; Mabillon, Anmzles, II, 89 ; Epoques concernanf I'abbaie de Euuweu, Archives de la Haute-Sahne, H, 690. (21Cette piece est A la Bibliotheque nationale (CollectionMoreau, 869) et B la Bibliotheque publique de Besançon (Cartulaire de l'abbaye de Luxeuil, fol. 87-91). (3) Le dipl6mc IC désigne ainsi : quidaln perversus Hugo Chapes. Sur Hugues le Noir, soir p. 7, note 5. (4) Cf. -Bcrthod, Dissert., p. 60 ; Dey, Mémoire pour servir-.à I'ltistoire de la , ville de Luxeuil ; Finot, Les Sircs de Faucogt~ey,p. 17 ; Sickel, Regesten der Ur- kunden der ersten KurolingPr, Wien, 1867, 11, 419. (5)Cc diplbme est analyst plus loin, p. 14. . l Louisle Débonnaire *fut kgalenlentplein de sollicitude pour l'abbaye de Luxeuil;il plaça asa tete, la quatrième année de sonrkigne, le celebre AnsCgise ('):-a qui lafaveur- impkrialeavait valu,-du vivan:. . I' deCliarlemagne, l'intendance des bâtiments impériaux et I'abbaye.de i St-Germer. Ansegise mourut en 834, etdonna:par testament ses biens l I aux ábbayes, .particulierementa celle de Luxeuil (". I .- Anskgiseest le premier abbC choisi par l'empereur ; jusque-lâ les ':-, moinesavaient &lu leurs chefs ('). Drogon (7, l'un dessuccesseurs -d'Anstfj;se,était fils naturel de Charlemagne; en m&me temps evêque de Metz, il avait pour le monastkre.de Luxeuil une affection toute particulitre : grâce 2 sa bonne administration et a sa génerosité, les biens de l'abbayes'élevirent a quinzemille n2eix ("). - l Les richesses du monasttre exbiterent alors la cupidit6 d'Hubert, fi!S de Boson, comte de Bourgogne. Hubert se croyait tout permis a i' cause du mariage de sa sceur Teutberge avec Lothaire II qui, depuis '.. la mort de son pire, l'empereur Lothaire, regnait sur la Lorraine et la Bourgogne ; quoique pr&tre,il ne marchait qu'entouri de gens' de mauvaise vie et de femmes perdues, 'et ne respectait pointla saintetk du cloître où il ehtra -avec une pareille suite. Le pape Benoît III le cita a domparaltre a Rome devant lui dans le dtlai de trente jours on. ne sait si le pape fut obti, mais Hubert quittaLuxe$, sans &Ute ._ .. .- .. Y' C' . . (1) Gallia dbristiurrcl, xV, ísi.' P) Chronicon Lurovieuse bceve ;Pertz, III, BI. (3) AnsCgise devint ab* de Fontenelle en 893, k la mort d'Eginhard. bdson semble.assurer qu'il mourut 6 Luxeuil, mais il faut plutót en crorre la chronique de Fqntenellc, dont l'auteur Ctait contemporain d'Anségise, laquelle IC fait mourir -- à Fontenelle. Cf. D;Bouquet, VI, 173,534, 369; D. Grappin, Histoirede Pabbuye royule de Luxeu (Manuscrit de la Bibliothtquede Besançon), liv. III, ch. 10. - i Ansdgise. chargea Mndalulphe de Cambrai de dicorer les refectoires et les dor- I toirs des abbayes deLuxcuil et de Saint-Germain-de-Flaix.Lenoir, Architecture ' ' monmtique, Paris, lW,.II, 338 et ,760. , (4) I). (jrappin, liu. III, ch 10. (5) D. Calmet, Histoire de Lorraine (idition de lï%), I, 662 ; Histoire générale de AfetT par des Religieux bélzédictins; 1: W et p. suiv. - D'aprks la légende, Dra- gon se noya en poursuivant dans l'Ognon UQ poisson monstrueux. - (6) JieL-k ou manse, tcrme.d'ancienne co,utume dhignantl'habitation d'un culti- 1 vateu6 et la terre nécessaire pour le faire-vivre..; ; '(7) D. Bouquet, VI, 384; Mabillon, Awtales, lit, g%-;!a&, Regesta potttificum i Romquorum,Lewenfeld, éd. I, MO(no !X&). , . ~, . . , -. I

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lorsqu'il vit qu'il pe pouvaitplus compter sur la protectionde .' Lothaire. Celui-ci en effet ne tarda pas h rkpudier Teutberge età ob& auxcaprices de sa maîtresseValdrade, qui chassa del'abbaye de .

Lure les religieux pour y tenir elle-m&me une cour scandaleuse. I < A' la mortde Lothaire.11, le roi de France;Charlesde Chauve, mit . la main. sur 15 foyaumede Lorraine,'au préjudice de l'empereur Louis II, frere du dkfunt. Charles fut contraint toutefois d'en retro- &der un morceau a son propre frère, Louisle Germanique : la Beur- .. , . i .d gogne tomba presque tout entiere dans la part de ce dernier ; il n'en . .

fut distrait, au profit de .Charles'le Chauve, que le territoire de Besan- '- > çon et l'abbaye de Saint-Claude (870). L'abbaye de Luxeuil est com- ? prise nominativement dans, cé partage, au nombre des citCs et des .. abbayes entrkes dansle.¡ot de Louis {l). . A la du 1x0sikcle, de nouveaux malheurs fondent sur l'abbaye. 1 fin 2 Les Normands la 'pillent et-cherchent 'a l'incendier ; les reiigieux se dispersent, et l'abbé Gibard, qui .avait pu prendre la fuite, est atteint et pere6 de flkches pres de Martinvelle (*l. Du moins les bâtiments du monastkresubsisterant dans leur entier malgré les tentativesdes *' , barbares, et le petit nombre de moines qui avaient evitk la persku- tion.vinrent y reprendre place quandils n'eurent plus. rien a craindre, etvkcurent quelque temps sans abbC. , Les seigneurs du voisinage profitere.nt des malheurs de. l'abbaye poúr s'agrandir à ses dkpens ; presque toutes ses terres furent enva- .'

hies, sans que personne parht s'y opposer.L'abbaye de Luxeuil Ctait T-. . .' alors de si peu d'importanceque le roi deG,ermanie Arnoul, qui venaitiL . -- i .. dedisputer victoricusement le norcl de la Bourgogne a Rodolphe , de Stratlingen,la donna & I'kglise de Metz pour dédommagcr celle-ci .. de la perte de l'abbaye de'Saint-Sauveur ctidte a l'archevêquede 1 -.- t Salzbourg (!B mai 891) c). Un usurpateur puissantrendit vaines toutes les mesures que 1'evC- que de Metz aurait pu prendre pour relever l'abbaye de Luxeuil : le Noir, qui est appelé dans les documents contemporairis

(1) Ar~rtalesBertirliani, D. Bouque;, 1'11, 109; Nir~crnarIReumsís A rmafes, Pertz, I, 488. I, . _.. (9) Canton de Monthureux-sur-Sadne (Vosges)., (3)Prts du lac Chiem (Bavidre). .. (4) D.'Grappin, III, 19'; Mabillon, Atr~~alcs,III, PT9 ; D. Calmet, I, 881. (5) Hugues le Noir,.duc et comte de Bourgognc dans la prcmitre moitiC du XE sibcle, était fils de Richard le Jusbicier; il fit r.wpnnaifrc son autorite dans toyLe

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a archicomes B ou a gloriosus comes p - l'un des neveux de Ro.dol- phede Stratlingen - envahit les terresde Luxeuil, y kdifia des. châteaux et se mit en possession d'autres dCja construits. L'abbaye êtait presque dkserte ; le clöltre silencieux ne rententissait plus du bruit des psaumes et des pribres. On ne peut direà quelle daieelle fut rendueà ses kernbres. Eudes, . lepremier abbi que la chroniquementionne apres leravage des Normands, fit de grands e5orts pour rentrer dans les possessions anciennes deI'abbayè, mais ses tentatives n'eurentpas grand succês [l). En 948, Luxeuil n'avait encore que seize religieux ; a cette Cpoque I'abbC Guy Ier fit un &change avec Aymard, abbe de Cluny, des biens que l'abbayeposskdait dans le Mâconnais Puis Aalongue, succes- seur de Guy, se,servit babilement du prestige quele nom de Valbert- avaitconserve dans toute la Gaule pour recouvrer les domaines usurpCs ; il tit conduire en pompeux appareil le corps du grand saint en Picardie, et ce pieux stratagème lui permit de rentrer en posses- sion d'Berly ($). De nouvelles processions à Provenchères ('), a MCri- court et a Montbéliard eurent le mCme rksultat.

Adson, qui nous raconte cesfaits (6), fut lui-mCme molne de Luxeuil à la fin du Xe siècle; il s'était acquis dans les lettres(6) une reputation telle que Gauzelin, CvCque de Toul, qui desirait faire revivre le goOt des ktudrs dans son dioctse, l'appela pour avoir soin des Ccoles de sa ville episcopale, qui se tenaient alors dans l'abbaye de Saint-Epvre, prb de Toul. En rkcompense de sesservices Gauzelin lui danna l'abbaye de Montiérender t?). v:. ... "r L'tcole de Luxeuil, pour quelque temps du moins,allait reluire de son ancignne splendeur; elle fut dirigte, sous l'abbatiat de Milon,

la Bourgogne, tellement que Flodoard l'appelle c Hugo Cisalpinus B; il mourut en 9%. D. Bouquet, \'III, 104 ; Gollut, Mémoires historiques de la République Sé- quanoise, Cd-Duvernog, p. 1788 ; Castan, La Franche-Comté, p. 33 ; Finot, Les Sires -_ de Faucogney, p. 97 et 518. ' [l)D. Grappin, III, 21 et W. (9)Archives de la Haute-Sabne, H. G90; Gallia Chr-istiana, XI', 15% (3) Arrondissement de hlontreuil (Pas-de-Calais). (4) Provenchères-les-Darney (Vosges). (5) D. Bouquet, I.& 1% l (6) Sur les ouvrages d'Xdson, voir Histoire littéraire de la France, t; VI, p. 477 .et suiv. (7)Hisbite de MetTt I, 597 ; Gallia christiaw, XV, 152. -9- par le moine Constance que Gudin, son disciple, cClebre dans 1'CICgie suivante :

Plangit Oriens et Auster, Occidenset Aquilo ; Plangunt urbes et caslella pro pio Constantio ; Instatpassim cenobitis flebilis compasslo. . Moeret plebs Luxoviensis lacrymis continuis, Plangit Milo pius abbas planctibus piissimis (l).

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' CHAPITRE II . ..-l .j Rapports des abbés avec les papes et les . . -;l empereurs. Y '1 Presquedepuis sa fondation,l'abbaye de Luxeuil ne reconnaissait :: ;i d'autre juridiction spirituelle que celle du souverain pontife :. . nul &Eque ne pouvait franchir l'enclos du monastere, s'il n'y Ctait pas mandt : aussitbt son ministere accompIi, il était oblige de se retirer sans rien reclamer. Au VIIc sikcle. au moment oli kcrivait Marculf (l), lesprivileges de l'abbaye de Luxeuiletaient deja des rr~odeles sur lesquelson calquait les actes semblables faits en faveur d'autres monastères ('1. On a tout lieu de reporter la date de ces privilèges vers l'an 640, et de les attribuera une bulle du pape Jean IV. On a mis en doute il est vrai: l'authenticitk de cette bulle dout Mabillon dit avoir decou- vert un fragment dansles archives du monastère de Montierender ('): mais en admettant m&me qu'elke ait &te inventCe detoutes pieces, par les moines, - de même que la bulle (6), jugCe kgalement fausse, I . par laquelle le papeBenoît VITT auraitrenouvelé les privi!èges du -. monastèrede Saint-Pierre-de-Luxeuil, - il nousparait impossible .- . depretendre que l'abbayene jouit pas de bonne heure de faveurs considkrables; il faudrait pour cela nier le tkmoignage si clair de Marculf. D'ailleurs on sait que ces memespapes, Jean IV et Benoît VI&-ont .accorde des immunitts 6 bien d'autres abbayes (") moins

(1) Cf. Pfister, Nofe sur le formulaire de &urculf(Revue historique,iW2, t. L, p, 43). (E?)Murculfi moltachi formulae, D. Bouquet, IV, 467 ; - Pfister, Les Is'gendes de SU~JI~Dié el de suint Hidulphe (Annales de l'Est, 18b9, p. 390). (3)Ja&$ I, 2% (na Wo45). (4) Anttales, I, 689.- Voir aussi Pardessus, Diplomatu, IL, 67 ; de Montalembert, II, 525; Gallia clrristiana, XB (Instrumenta, p. 1 et suiv.). (S) Jaffe, I, 510 (no 40'23). - Voir sur cttle bulle DIabillon, Antdes, IV, W; l Cpflia christiuaa, X\', 132. -I (61 Benoit \'!II a confirme les privillrges des abbayes de Saint-Benignede Dijon, ! - de Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), de Saint-Benoit-surzLoir (Loiret), de Saint- Hilaire (Aude), de Saint-Savin (\5cnne), de Saint-Waast d'Arras, etc. - J&&, I, m, 510, 513, 514. .,

- Il - cklkbres que celle de Luxeuil. Enfin les deux bulles en .question ont kté conservees dans les papiers et les cartulaires (l) de l'abbaye, B còtC de pieces dont personne jusqu'ici n'a suspecte l'authenticité. Le 18 novembre 1049, le papeLeon IX accordaitdes lettres de protection et d'immunit& a l'abbk de Luxeuil, et defendait même a tout seigneur laïque d'ariLter, 6 une demi-journte.de Luxeuil, les r l personnes ou les choses appartenant 5 l'abbaye (a) Plustard, 'le pape Honorius II intervenaitdans une discussion I ' entre i'abbaye de Luxeuil et.celle de Saint-Btnigne de Dijon au sujet desprieurés de Vignory, de Clermontet de Serqueux (a) occupks I injustement,disaient les religieux de Luxeuil; par les moines de Saint-Benigne (4). Le pape dCICgua, pour examiner l'affaire, Etienne, archevCque de Vienne, et quelques autresecclksiastiques. La sentence rendit a Luxeuil Clermont,et h Saint. Benigne le prieur6 de Vignory ;

! il n'&tait point pail6de Serqueux queSaint-BCnigne conserva p). l SaintBernard: abbC deClairvaux, était intervenu en faveur de Sint-Benigne et avait Ccrit trois lettres à Rome contre l'abbaye de Luxeuil, - l'unepapeau Mais ceslettres n'eurent pas i plus d'effet que celles quePierre le VknCrable, abbède Cluny, adressa un peu p:us tard a Innocent II: Pierrevoulait obliger les religieux de Luxeuil a prendre a Cluny 1eur.abbC et les ofiders du monastere, comptant ainsi placer un jour l'abbaye de Luxeuil sous sadependance ; il obtintd'abord que plusieursmoines de Cluny fGsTnt reçus à Luxeuil, mais, à la mort de l'abbé Hugues; les reli- gieux de Luxeuil &lurentun des leurs, Jaceran. Pierre, dkçudans ses espkrances, dépeignit SOUS lescouleurs les plus sombres le rnonastèr2'

fonde par s-dint Colomban ('1. ' Mais 'Innocent II n'jnterposa pas son autoritk, et nous le voyons meme, quelques anntes aprks, prendre sous sa protection l'abbaye de Luxeuil et confi'rmer ses biens et ses privileges

(l) Curlulaire dc Z'abbaye de Lu.re;ril, fol. ioí et 109; Bibliothhque nationale, col¿oction,Aforenu,869, fol. 323 et 329. (2) Jaff&,.l, 535 (n. 4W);.Clerc, Essai swl'histoire de la Fra~~che-Cornté,I, ST9 ; Gallia chrisliana, XI', 152. (3) Vignory et Serqueux, communes du département de la Haute-Marne. (4) Cf. Pérard, Recueil deplusieurspièces curieuses servnltt 2 l'histoire dr Bourgogne, Paris, i%$, in-fol-, p. 2%. (5) D. tirappin, III, 30. .. (6)D. BouqueL, XN, 266,'5'l.j; Mabillon, Atmules, VI, 141. (7) Ibid., VI, 272; Gallia christiana, XV, 153. '' novembre il'%. Joceran était alors abhi Luxc~il.- Gqllii~Christiqttg, KV, Instr., p. 80; Jaffci, I; 8778 (no 77971,

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- I2 -

Sous les successeurs d'Inn-ocent la protection pontificale ne fit pas .. dkfaut a l'abbaye, Le pape-Eugéne ?II renouvela C), en 1147, la bulle d'Innocent, et intervinten faveurdeI'abbe Gérard III dansles dkrn21ès que celui-ci eut avec les moines de Fontaine (*), Alexandre III con- damna le prieur de Monthureux, relevant de Luxeuil, a s'acquitter l comrné par le pas& de ses redevances envers l'abbaye(". ' ' :l Lesabbes. de Luxeuil conservèrent longtemps leurs privilèges I spirituels etne reconnurent quele pape pour leur supkrieur; au X?Ve et au XVe sikcle nous voyons encore les archevkques de Besançon, l lorsqu'ilsvenaient au monastère pourycklébrerla messe ou poury con- fkrer les ordres, déclarer avant tout qu'ils avaientle consentement ab- 1 solu de I'abbC. Cette dklaration futfaite par l'archevêque Vitalis(1396 et 13!23), par dean IIfde Vienne(1357, par GCrard II dlAthies (1405), par Thikbaud deRougemont.(l408); en, 1458, l'abbk Jouffroy l'exigea de Quentin Flavigoy qui consacra dans YCglise abbatiale de Luxeuil Jeanne de Chauvirey, abbesse de Remiremont("). La condition temporelle de l'abbaye de Luxeuil n'&tait guère moins l privilPgiCe que sa condition spiritue-lle; c'était une abbaye royale. On se rappelle que les Carolingiens disposerent d'elle comme d'un fiei et ne reconnurent pas aux moines It: droit d'election.-Mais, malgrk tout, c'etait un grand avantage de n'avoir'd'autre seigneur quele roi. tes abbayes royales recevaient, de prkfkrence aux autres,le privilège de l'irnrnunite'(6)qui interdisait aux fonctionnaires de1'Etat de penktrcr sur leur territoire,.d'y lever des impbts, d'y rendre la justice ; ce.qui, par une consequence logique, leur livrait ces impbts et ce droit.,de justice, l'autorite du souverain ètant seule reservke. Elles jouissaitnt aussi, par cela mCme qu'elles dkpendaient directement du roi, d'un autre privilege ; elles ttaient plackes sous le nzundeburdiurn du priacep). .. (i)Jaffé, II, 48 (no 9142). (Y) Cette bulle est datée de Lausanne,le 18 mai 1148, Gallia christia~~a,XV, 154; Archives de la Hautc-Saône, H. 690. ---Les moines de Fontaine ne refusaient i pas I'obtissence a l'abbé de Luxeuil, mais ils pretendaient avoir le droit de choisir eux-mêmes leur prieur. (3) Gallia Christiunn, XV, iM ;Archives de la Haute-Saône, M. 6%. (4) Archives de la Haute-Saône, H, 6W ; Bibliothkque nationale, collection Mo- veau, 869, fol. 366, 367, 369, 3E, 376,398 i (3) Cf. Fustel de Coulanges, Les origines du sustkrne féodal, ch. SVI. (fi) c Est-ce la mainbour qui a entrainé I'immunite ? Est-ce l'immunité qui a entrainéla mainbour ? On ne sauraitdire laquelle a précédéet a provoque l'autre. Ce qui est certain, c'est qu'elles sont i peu prts inséparables. La main- bour royalesoustrait la personne du concessionnaire. à l'autorittdes agents royaux.L'immunité soustrait les terres du concessionnaire a l'autoritéde ces rpEmes agents.. ,S FustelCoulanges,de Ibid., p. 404. .c

l c 13 i .I - Clovis et sesfils ont accord& quelques diplbmes d'lmmunitk;Dago- bert et ses successeurs en donnèrentun plus grand nombre (l). L'ab- baye de Luxeuil'dut avoir de bonne heure une charte de ce genre ; à quelle Cpoque ? Nous l'ignorons. Mais nul doute que si elle ne la possédait pas.encoreà !'avènement de Dagobert, samtEloi - qui vint souvent h Luxeuil et affectionnait ce monastkre - dut ne rien ntgli- ger pour la lui faire obtenir. C'est grâce a I'immunitC que I'abbC de Luxeuil va devenir au moyen àge un pe&it souverain. On a mhe pretendu qu'il l'&tait dkja sous les rois de la premiere et de la seconde race, et que, dès l'&poque rntrovingienne, il jouissait du droit regalien debattre monnaie (*l. I Mais d'abord il n'est pas dèmontrk que ce droit lui ait appartenu : deux petites pikces d'or trouvtes l'une it ('), l'autre a Luxeuil (7, paraissent etre plutdt des mkdaiiles que despikcesde monnaie ; ellcs auraient pu d'ailleurs &tre frnppkesa L~xeuilpar les ateliers monk- taires qui longtemps suivirent les rois francs bans leurs voyages (". L'abbaye eût-elle battu monnaie, il ne s'en suivrait nul1,ement qu'elle eht kt& indtpendante, le droit de battre monnaie ne constituant pas a lui seul la souverainet&. Au.Xeet au XIe siede, ni les ducs de Lorraine ni les princes de la maison de Bourgogne ne rkussirent a Ctendre leur domination sur l'abbaye, qui ne reconnut, du moins a partir du regned'Othon le Grand, quela souverainetk des empereurs(". On sait d'ailleurs qu'en 103.2 toute la Bourgogne fut incorporee 5 l'empire germanique, en vertu du testament de Rodolphe-XII, der-+, .-nierroi d'Arles (7. Toutefoisla domination imposke aux terre;;" bourguignonnesfut des plus indirectes et les empereurs accor- dCrent surtout.aux tglises et aux abbayes, avec une lib&ralitC &on- ..

(l)Ibid., p. 34'2 et suiv. (2) D. Grappin, Histoire de f'abbaye de Luxeu, disc. .prdl , P 5 ; D. Berthod, Dissert. (loc. cit.), p. 19 ; Clerc, Essai sur l'histoire de la FratIche-Comté, I, 1%. ' (3) Chef-lieu de cantonlaaute-Saóne). *(4)Calmet (Mistoire de Lorraine,2' edition, t. VII, p. Ixrvij), décrit ainsi la pigee de monnaie trouvte B Luxeuil : a Elle rcpresente,d'un có11 une espèce de calice a deux nnscs et une croix au-dessus avec cette inscription : Lossovio ;les deux S sont rcnvzrsees'et formées ainsi 9, et les O sont carrés ; sur le revers est une tour surmontée Trine croix avec ces mots Monasterio ; aprts la syllabe Mona, il est écrit A A plus gros que les autres lettres, cc qui désigne apparemment la premitre lettre du nom du Monetaire 8. (S) Ou encore pendant un stjour de saint Eloi h Luxeuil. Clerc, Essai sur ['his- toire de la Francire-Comté, I, 151. ' (6)Castan, Là Franche-Comté-et Ie'Pays de MotllbCliard, p. 35.. (7) ibid., p. 36. ' . . ' ..

... . ., :i

nante, des chartes ei desprivilèges. En 11!23, l'abbC .deLuxeùil, .. < Hugues, obtint'de Henri V, son parent, la confirmation de tous.les droits et franchises dont l'abbaye afait joui jusqu'alors ; l'empereur defendait toutes sortes d'impositionssur les terres qui appartenaient au monastère, et dispensaitde tout pèageceux qui voyageaientpour . l'abbaye, leur dounani libre entree dans les villes, châteaux et ports, pour y acheter ou pour y vendre (l). A la fin du XIIc siccle, l'empereur kenri V[; venant d'Alsace et se rendant a Besançon,-s'arr2ta a Luxeuil (3). Si l'abbaye n'obtint pas une nouvelle charte, c'est qu'elle në la sollicita pas, sbre qu'elle Ctait que la protection imperiale suffisait .A calmer la convoitise des sei- gneurs du voisinage, tout disposris ã empiCter sur ses terres et sur ses droits. Malheureusement la mort de Henri VI (1197) allaitmettre - . aux prises les deux prbtrndants a la couronne impèriale, Philippe de Souabe et Othon, et dechaîner dans le pays la guerre civile. Un des princes les pluspuisgants de la Bourgognesupérieure, Etienne, comte d'Auxonne, s'allia au duc de Bourgogne et au comte de Mont- bkliard, et tous trois, assistits de leurs vassaux, ravagtrent les do- maines de l'abbaye de Luxeuil et'des Cgllses de .Besançon Les bdtiments du monastere furent brdlks (ígol). . Un dcs incendiaires, Rene.d'Aigremoat, It: plus acharne des enne- mis del'abbaye, ne tardá pas a se repentir desa criminelle entreprise et consentit i en fairel'aveu public p). FrédOric, alorsabbe de Luxeuil, &crivit lui-mheun acte par lequel Regnier ckdaiten dkdsrn: magemept a l'abbajie les corvees que les habitants des Thbns ("de- --- vaient ~luchâteau d'Aigrem*@nt fe). . C'estaussi pour indemniser le .- ! .. 'I (1) Cette charte fut donnée A Strasbourg, le O8 juin Il%. Cortulaire de Luseuil f. 117 ; 3ibIinthèque nationale, Collection .Ilo?-eau,W, fol. 357 et suiv. (2) Henri 1'1 avait confirmc, le 11 juin i 196, de Selz, en Alsace, les possessions l des monas~rescistcrciens de Bellevaux, de la Charite (non loin de Vesoul), de la Grâce-Dieu lprk de Besançon)-; le 18 juin il était i Haguenau, le SÍ, à Ober- nny, le B3 h BruyCres ;puis il vint a Luxeuil, à Vesoul, et le 9 juillet il arrivait a Besançon, où il confirma les privileges du chapitre de Saint-Paul-et le prit 50us '. sa protection,ainsi que lemonastire de Saint-Vincent. Fournier, Le royaume d'Arles et de Vierne. p- G,note 5. (3)L'archevêque de Besançon, Amidée, comblé, dès 1099, des faveurs de Philippe de Souabe,avait pris parti pour lui et souscritun document adresse au .. pape ä l'appui des pretentions de ta maison de Stauten, Fournier, p. 90. (4) Archives de la Haute-Sabe, H. 640. . (5, Les Thons, commune du canton de Larnarche(\'osges). - Les Thons-dCpen- daient deja de' Luxeuil au temps de Charlemagne ;. il est fort possibleque . Regnier, pour réparer sa faute, se soit content6 de restituer un bien usurpe. . .. (6) Aigremont, commune du canton de Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne). monastkre d'une partie de ses pertesqu.e le comte Etienne lui donna presque a la m&meCpoque une chaudière de sa saline de Scey-sur- SaBne,avec privilbgèd'y cuire librement l'eau salie aux frais' du prince (l), : Mais ces rtparatiöns.Ctaient bien insuffisantes, L'abbaye avait beau-. coup perdu ; la plupart de ses chartes ktaient devenues la proie des flammes.Dans une position si critique, l'abbé nevit de ressources x que dans I'autoritk de Philippe de Souabe, qui accourait defendre ses partisans et châtier ses ennemis; il alla au-devant de lui pour l'api- toyer sur les souffrances de son Cglise. Philippe l'accueillit favorá- ment et lui accorda un diplhme qui rappelle et. confirmeceux qui l'avaient prkcedk.Defense &ait faite parPhilippe, a tous ceux qui avaient quelque autorité dans l'empire, d'exercer leurs fonctions sur les terresque l'abbaye posskdait avant son desastre ou qu'elle pourrait posséder dans la suite. Toutes les taxes que le fisc imperial etait en droit de lever sur ces terres, seraient pour toujours perçuesau profit de l'abbaye, Lcmpereur confirmait le monastkre dans la possession de ses revenus et privilèges, ct reconnaissait aux religieux le droit d'klire leur abbC ; enfin il déclarait .formellement que le present di- plbme tiendrait'lieu des titres perdusclans tous -les procès intentés a l'abbaye .(l). Aussi le XIIIc sitcle fut-il pour le monnstkre de Luxeui1,une alter-' nativecontinuelle de puissaoceet de faiblesse, de malheurs et de 'prospkritks. Non-seulement il se releva sans peine, grâce a la protec- tion dePhilippe de Souabe,de l'incendie de 1801, mais-hous l$,

Toyons, dans les aanCes qui suivent, rentrer enpossession des domai- ~ '' ncs usurpks etm&me recevoir des legs importants. ,. En 1204, I'abbC Herdtérmina avec les Prémontrés de FlabCmont(") une contestation depuis'longtemps pendante'au sujet des dimesd'Ail- levillers (') et de SaintiJqlien(") ; les Prémontris s'engagkrent a payer

(1) Cette charte est trbs probablement de limnée 1201 ; elle a été publite dans le t. III (p. 48H) des AlPrnoires et documents irrédrls pourservir ù l'histoire de 'la Fra.nche-ComtC. .. ('L) Cette charte fut donnée i Waguennu,le 5 décembre 1931, en prCsence de I'archeviquede Besançon - Amddéede Tramclay - de Bertrand, évique de Metz, dt Ludolphe, evique de Bâle, de Conrad,Cvkque de Strasbourg, de Conrad, iveque de Spire, deM'nthieu, évique de Toul, et des comtes Albert de Dagsbourg et Sibert de Werdd ; elle a etc imprimde tout au long dans le t. 1'11 (p. 6264) dcs kfimoires et documents inidtts pow sersir ù l'histoire de la Fra11c11e-Cornte. (3)Hameau de la commune de Tignécourt, banton de Lamarchc (Vosges). . ' (4) Commune du canton dc SainT-Loup (I-Iaute-Sadne). . (5) Commune du cantonde.Lamarshe (Vosgcs). " ' .' . ' . .. - 16 - annuellement auxabbCs de Luxeuil deux mulds,l'un de bli et l'autre d'avoine. Puis l'abbi Hugues, de la célèbremaison de Faucogney, reçilt de son parent, Aimon, partant pourla terre sainte, la donation des dîmes dela Châtellenie de Faúcogney, et des territoires deReco- logne (11, Melisey, Servanc.e et Ternuay (') (leOs) ; deux ans aprts, Renaud, pkre d'Aimon, restitua au monastère l'église de Rennefon- taine, qu'il avouait avoir retenue injustement v). Mais tout i coup de nouveaux malheurs fondent sur l'abbaye qui est brhlée. en 1214, c par la malice de quelques seigneurs ennemis(I) n, Robert de Hautbourg et autres, - lors de la guerre que firent naitre les dtmClCs entre Othon de Mkranie d'une part et, d'autre part, les seigneurs comtois et l'archevêque de Besançon. Robert de Hautbourg touché, lui aussi, de repentir, donnapeu de mois aprks dix sols de cens ancuel au monasttire pour-le dedomrnager. des pertes dont il avait Cte la principale cause, et, l'annie suivante (lOl5), l'empereur Frédéric II accordait aux abbés le droit d'tdifier des fours banaux danstous les villages de la terre de Luxeuil (". Presque a la même époque le monastere obtenait de la maison de Faucogney la chapelle de Saint-Urbain de Saulx (')avec les revenus qui en dépendaient,- et d'un certain Pierre d' les dimes qu'il avait h Rovillars ('1. ' -Enfin l'empereur Frédéric, qui avait entrepris, a l'exemple de son grand-père,-.Barberousse, I'euvre de protection des Cglises declara prendre sous sa garde spéciale l'abbaye de Luxeuil ,(f&vrier i2i8) (",. Le diplbme dClivrC a cepe occasion est doublement rer;bar-' _._ .: .: (1) Hamesu de la commune de (Haute-Sabae). (2) Servance et Ternuay, communes du canton de Melisey (Hautc-Saône). Cf. Finot, Les Sires de Faucogney, p. eí- M. Finot a publit l'attestation par Amedee, archevêque de Besançon, de la doation faite i ¡'abbaye deLuxeuil des dimes de la Châtellenie de Faucogney par Aimon de Faucopney. (Ibid., p. B, piice justificative XV. tircc des Archives de,la Haute-Saône, N. EX). (3) &1ha Christiatta, SV.; D. Grappin, 1. IV, ch. 3 et 4. (4) Epoques caurernnnt l'ubbníe de Luxeu. Archives de la Haute-Saône, H. 690. (5)Nous n'avons trouvé nulle part ce diplôme dont il est fait mention dans les Epoques concerrrunt rabbaie de Luxeu. Q) Saulx, chef-lieu de canton (Hautc-Sa6nc). - Cette chapelle fut détruite en 17%. D. Grappin, IV, 4. (7) Ddpendance de la commune de Saint-Bresson, canton de L'aucogney (Haute- SaBne). (8)Sur le rble de FrCdivic II et la protectionqu'il accorda aux tglises, voir Fournier, Le royaume d'Arles et de Vienne, p. íO5 et suiv. (9) Bibliotheque nationale, collectiorl Moreau, 8G9, fol. 346 et 347; Mknloires et docutnetrts inédits pour servir ri l'histoire de la Franche-Comté, VII, '77. quable : d'abord parce qu'il montre que F1-PdCI.icconsiderojt l'abbaye comme un fief del'empire, et aussi ;?arce qu'ilnomme les r+ga/es parmi les priyileges concCdPs a l'abbaye. Et ceci prouve jusqu'a l'evi- clence que, dans l'intention des intkressés comme suivant le droit, le mot t-egaLia (l), dont se,sont prévalus les Benkdictins, designait des émoluments rkservPs habituellement aux souverains et non la souve- raineté elle-m&me. a A quelles parties du domaine s'appliquaient ces 6moluments ? II serait difficile de le priciser, d'une part parce que les empiètements fort divers de la Ndoalite n'ont pas CtC reconquis en masce par la puissance souveraine, mais successivement, et dlau- tre part parce que les droits rkgaliens ne sont pas d'une nature telle- ment caracteristique et absolue qu'ils n'aient varie sehn les temps et les notionalitks. Mais on peut SC faire une jdke exacte des clroits réga- - liens qui unt pu &tredetaches dela souverainet4 sans denaturer celle- ci, en considkrant comme régules tout les produits du domaine public actuel (*). B Henri, roi des Romains, fils de Frkdkl-ic II, inféoda la gardienneti: de l'abbaye à Othon, duc de MCranie, lui octroyant tous les revenus dont il jouissait lui-rpc?me (&). Mais Othon voulutse comporter en maître et emp$cher les religieux d'entourer leur Tilie de murs et de fosses. L'abbaye, alarmée de ce que son nouveau protecteur blessait ainsi ses franchises, porta plainte au roi des Romains, qui reiloqua cetteconcession, et, dans uneiettre h I'abbC, aucouvent et aux N citoyens JJ, leur permit de fortifier la ville comme ils l'entendraient (29 decembre 1~~)('J .. .. A cette &poqueles discordes civiles ne cessaient d'agiter la Franche- * Comte ; jamais l'abbaye n'avait eu plus besoin d'&tre mise á l'abri d'un coup de main. Othon deMeranie, &puis&par une guerre avec Etienne II, comte d'Auxonne, et avec Jean le Sage, comte de Chalon - qui I tous deux prenaient comme lui le titre de comte de Bourgog~~e - Othon avait, en 2927, abanfionni: la jouissance de son comté h 'rhi- baut IV, comtede Champagne, jusqu'au complet remboursement ._ .

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i- - ,_ d'une somme de 15,ooO livrets qu'ilavait dù lui emprunter. . Les monastères sentaienttellement la nCcessitC de s'unir contreleurs ennemis qu'il formaient frequemment entre eux des associations de prieres B ; ou a conservé le texte de l'une d'elles conclue entre Mur- bach et Luxeuil, aimois demai le34 ('). L'abbaye de LuxeuiI etait accablte sous le poids des dettes exces- sives qu'il avait fallu contracter pour si redimer des vjolences dans ces temps difficiles. Lt: pape Innocent IV s'attendrit au simple por- trait de la dksolation de Luxeuil ; illui accorda cette faveur singulitre qu'on ne pourrait l'obliger a payer ses dettes, à moins que l'argent emprunt& n'eût titi employ& au profit de i'abbaye (2]. Six ans.aprks, I'abb6 ThiCbaud profitait d,u séjour à Besançon du cardinal Hugues de Saint-Cher, lPgat apostofique, pour obtenir des lettres engageant les fideles a secourir l'abbaye. Jean de Chalon, sire de Salins, répon- dit un des premiers a cette invitation, et donna au monastere quinze charges de gros sel & prendre tous les ans, la veille de Pâques, dans la saunerie de Salinsc). -. (1) Besson, Mémoires hktoripes sur l'abbaye et In ville de Lure, Besançon, 1546, - p. mi. - L'abbaye de Alu1 bach, fondCe parsaint Firmin au pieddu ballon de Guebn-iller, dans les premieres annees du VIIIe siede, devint l'une des plus riches et des plus illustres abbayes de l'Alsace. Le pape Clement XII1 la sdcula- risa en 17f4. Digot, Histoire d'Austrasie, IV, 231-Fit.; D. Bouquet, III, 50 ; Gallia Chrisriana, IV, p. et suiv. (2) Cette bulle, si l'on en croit D. Grappin (IV, g), fut donnée a Lyon le Q6 avril i!&ï. Potthast n'en fait pas mention, bien qu'il cite une bulle se rapportant au mime objet, mais accordCe a I'abhaye de Murbach (Regestn potltificum rontakorum, __.

p. io!%, no 12,491). Voir Schoepflin, Alsutia diplomatica, I, 392, no 515 Ir (3) Mai 1955. J). Grappin, IV, 9.

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. 1

.. L'abbaye se place sous le patronage des comtes . r. .~ de Champagne. a? -,I d En somme la protection des papes et des empereurs avait kt& fort I: profitable aux religieux de Luxeuil ; c'estparce qu'elle ne leur fit

jamais dCfaut qu'ilsn'avaient point song6 jusqu'a cc jour à suivre . -, l'exemple desautres monastères et a prendre un avoue. Mais les . .: brouilleries de FrtdPric II avec la papaut&, la deposition de I'empe- . .. reur au concile de Lyon (l245), devaient necessairement les amener, < afin de mieux pourvoir à leur sûrete personnelle, á préposer a leur I garde Iln prince voisin. En. 1848, Mathieu, duc de Lorraine, avait 7.c accept6 cet office (l), nous ne-savonsa quelles conditions. Trois ans aprks,.les moines de LuxeuiI ne se firent aucun scrupule de rkvoquer l'avouC qu'ils avaient eux-mCmes choisi et de le remplacer

parThiCbaud, comte deBar, B qui ils attribuérent, pour l'indemniser 1 .. des frais de garde, une somme annuelle de cent livres (a) ; peu après i .I ils se mettaient sous la sauvegarde d'un souverain plus puissant que . I -7 le comte de Bar. , ' ' W''

Le comte de Champagne, .Thibaut V, arrZti du cbtè de l'ouest par ' Ie d6veloppement croissant de I'zutorjtl: et du domaine des rois de France, travaillait B augmenter vers 1'es.t l'influence et le territoire de la Champagne (". Son p&, Thibaut IV, lui avait prepark la voie ; . nous l'avons vu intervenir, en 1827, dans les dCm&lksentre Othon de . Mkranie et ses ennemis, et, au dire de Gollut, 6 audict an 19.87, il pensat enjamber par acquisitions surle contl: de Bourgongne, etvou- - lutacquèrir la terre de Luxeuilet autres proches;et dedans. les monfagnes de Vosge (') P, Thibaut IV ne rèussit pas dans ce dessein, mais, en l%8, les moines de Luxeuil, - mal protCgCs par Thjebaud de Bar pendant la guerre

."l (1) D. Grappin, IV, íO. .. (2) Ibid. ; Berthod, Disscrt., p. 76. (3) r)'Arbois de Jubainville, Histoire des ducs et comfes de ChaJNpagne, IL', m. (4) Gollut, Mémoires historiquesde la République séquailaise, p. 533. ...

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.. que de i251 h 1956 Jean le Sage (l) fit contre son fils Hugues, - se tournkrent vers Thibaut V, et lui offrirent 1’Ctablisszment cntre eux et lui de cette sorte d’association qu’on appelait par-irrge ; Thibaut V, alors en Champagne pour la seconde fois depuis sa majoriti, accepta cette offre le 26 juillet de la mkme annee. La terre de l’abbaye de Luxeuil comprenait alors, outre la petite ville de Luxeuil, les quarante-cinq Tillages suiyants : , hil- loocourt,Ain~elle, Amage, Amblans, Anjeus: , Bnudon- court, Betoncourt-Sa~nt-Pancras: , Ereuchotte, Briaucourt, Brotte-les-Luxeuil, la Bruyel-e, Bulgotville, la Chapelle,, , Ehuns, Esboz-Brest,Ferrières (a)l Fessey,Fontiine-les- Luxeuil, , Mailleroncourt-Saint-Pancras: Monthuredx- sur-Saône,Neurey-en-Vaux, , , Pomop, Pro- , venchkres - les- Darney,, Raddon, Rovillers, Saint-Bresson, Saint-Sauveur,Saint-Valbert, Sainte-Marie-en-Chanois, Sog’.ers, , Vaudoncourt, , Velotte(3), Villers-les-Luxeuil, (‘). D’aprts le traite de pariage,]’abbe et les religieux cédaient h Thibautet a ses suc~~sseu~-sla moitik des tailles de la terrede Luxeuil, la moitii: du produit du minage (6) et des revenus des eaux et forêts ; la justice devait &tre exercée par un reprksentant du conite et un representant de I‘abbC ; les dimes, le censdes moulins, les fours deja construits, les granges et leurs dépendances, en somme tout ce qui appartenait h I’Eglise au moment de la signature du trai.,te lui demeurait en entier, sans que le comte ou ses successeurs pussènt y . pretendre it l’avenir:quant aux fourset aux moulins qui seraient constr’uits dans la suite, l’abbi: et les reljgiepx en auraient la tnoitie, et le comte l’autre moitié. Le comte se rtservait pour lui ou pour ses successeurs le droit d’ktablir sur le territoire de Luseuil un 011 deux châteaux, et mêmequatre, s’il le jugeait necessaire. En retour, Je .

(1) Jean de Chalon, surnomnle le Sage ou 1’Antique. Son fils aine, Hugues, avait epousd Alir, comtesse de Bourgogne. (9)Hameau de la commune d’Amont. (3)Aujourd‘hui commune d’.41nblans. (4) Ces yillagessont situes dans les environs de Luscuil ou dumoins it une faible distance;ils dependent tous du departementde la I-Iaute-Sa6ne, sauf Soyers, qui appartient a la Haute-Marne (canton de la FertC-sur-.4mance),EulgnCville: nlontl~ureu~-sur-Saône;Pro\.cncheres-les-L)arney etT‘audoncourt qui sont du départementdes \‘osges. Si l’on en croit le dipldmede Charlemagne, l’abbaye aurait possedi B l’origine des domaines h Alarsal et à hlogcnvic, a Kanteuil-les- Nenur, a Sohtre (Sa6ne-et-Loire), h Ambournay (Ain), etc. (5) Droit levé par le seigneur sur chaque mine de grain pour le mesurnge. comte de Champagae s'engageait h protkger l'abbi. et les religieux., h prendre envers et contre tous la dkfense de leurs personnes et de leurs intkr2ts : il devait, dans les six mois, jurer sur les saints évan- giles, enpr-&sence de l'abbC ou deson mandataire, qu'il tiendrait toujours fidelement ses promesses (1). Ce traite fut un signai.de guerl-e. Le comte c~eBourgogne, [-~ugues, revendiqua la garde de l'abbaye et appuya ses pl-citentions SUT deux raisons principales : la terre de Lu~euil, disait-il, est enclavee dans le comti: de Bourgogne, puisqueles ducs de Lorraine etles comtes de Bourgogne,lorsclu'ils ont quelque affaire 11 dkbnttre, a plaidient au rupt de Druge (a) qui est lieue et demie oultre Luxeu D ; il ajoutait que les comtes de Bourgogne avaient toujours joui de la garde de l'abbaye de Luxeuil, et presentaith l'appui de son dire une attestation signee de Guy, prieur des Dominicains de Besancon, cle Pierre, abbe de , de Guillaume, seigneur dePesmes(3j, et de Jean: seigneur de Choiseul, Dom Grappin,qui nous rapporte les pretentions de Hugues, n'a pas de peine h les rkfuter : la terre de Luxeuil pouvait toucher it la FI-anche-Comtk, elle pouvait meme en ?tre une enclave,sans que pour cela le comte eht le droit de protection qu'il demandait ; d'autre part le tkmoignage complaisant de quelques religieux et de quelque..; sei- gneurs ne pouvait avoir Ja meme autoriti: que les chartes des empe- reursHenri V etFrédéric JI. D'ailleurs aux affirmations de I'abbC de Faucogney et cles autres personnagesfavorables aux colntes de Bourgogne, les religieux de ?, Luxeuil opposerent la parole des abbks de Saint-Vincent et de Saint-'' -Paul de Besançon. Ces derniersdeclarkrent avcir vu de leurs propres .. yeux une charte par laquelle le comte de Eourgopne, Renaud, recon- naissait la complkte independance de l'abbaye (').

(i) L'original de cc traité a disparu, mais il en esiste plusieurs copies : Archives nationales Q* 998 ; Dibliothbque nationale, coflccfiou Arloreau, 869, fol. 339 et sui\!. : Archives dc In Côte-d'Or, B. i062 Archives de laI-laute-Sjaòne, Supp/. 1.5. ci. - I : Nous en ayons public5 le texte complet dansnotrc these latine prbscntce h la Faculte des lettres de Nancy (de Luwouieusiurn abbatlm protrstdte, Nancy, Bergcr- LL-vrault, iW4. Appendix I). l (9) Le rupt de Uruge (nu)ourd'hui Roge, affluent de rivc droite dc la Lanterne) l separait la terre de Luxeuil de celle de Fougerollcs. l (3) Pesme:, chef-lieu de canton (Maute-Sadnc), - Sur lesscigneurs dcPesmes, yoir Suchaux, La Harrte-Sabrte, II, l i45 (.G) 17idbnus fait par les abbes de Saint-Vincent et de Saint-Paul dc Besançon en i%8. Mémoires et docrrvzclltJ, inhdiis pour.sel-vir- à I'hisfoire de la Frarlc/te-Co!llié, VIII, TI. - 04 ne peut assigner a la charte en question unc date cerlainc, mais - 22 -

Les religieuxpouvaient encore citer une pièce de la plus haÜte importance ; c'est l'acte par lequelEtienne, comte de Bourgogne, reconnaissait (1) lui-même, en 1235, qu'il n'avaitaucun droit sur la ' personne et les biens des habitants de Mailley (a), village cêdè â l'ab- baye .deLuxeuil par l'un de sesprédkcesseurs. Si Etienne n'avait plus rien a prétendre sur une ancienne terre bourguignonne, â plus

forteraison Hugues devait-il reconnaîtrel'indépendance de la. sei- ,

gneurie de Luxeuil, qui n'avait jamais fait partie du domaine de' ses " I. ancètres. Quoiqu'il en soit, la guerre s'alluma entre Hugues de Bourgogne et Thibaut de Champagne. Le premier trouva pour allies Jean le Sage, son père, et aussi Thiebaud de Bar, qui, dépossed6 brusquement de son droit de protection, regardait le comte de Champagne commeun usurpateur. Le comte de Bar entraîna dans cette- lutte Jean ler, sei- gneur de Choiseul, Je sire d'digremont, et tous ses vassaux (*). Dis le 80 août 1258 la guerre étaitcommencée ('). Nous n'avonsaucuQ . renseignement sur les op&rations militaires qui eurent lieu des deux cbtks, mais il est permis de supposer qu'elles ne furent pas longues, car saint Louis intervint et envoya pour servir de médiateur Gervais, son maître-queux. Celui-ci obtint sinon une paix définitive, au moins la cessation des hostilitks et la rupture de la ligue fol-mCe contre IC roi de Navarre I"). Thibaut V et le comte de Bar étaient évidernmenten paix en i80, puisque le 27 Juin de cette annke Thibaut V faisait partie d'un tribu-. na1 arbitral qui jugeait un proces entre le duc deLorraine et leicomte,.. .de Bar (". Dom Grappin prktend que l'abbaye de Luxeuil aima mieux continuer au comte de Bar paiement des cents 1ivresattachCes prC- :, IC

elle a Cté probablement donnee par le comte Renaud III qui vint à Luxeuil pour obligcr le seigneur dc B restituer ce qu'il avait pris h l'abbd de Faverney. Les religieux de Luxeuil profilkrent sans doute de cette occasion pour demander au comte unc piece qui pouvait elre pour l'avenir un sûr garant de leurs fron- chises. (I)Cf. Berthod, Disserf., p- 79; Bibliothèque nationale, collectiolt Moreau, UGD, P 349; Cartuluire de I'abbaj-e de Luxeuil, lol. 153. (U) Ganton de Scey-sur-Sabne (Hautc-Sa6ne). (3) Le traite conclu entre Jcan, seigneur dc Choiseul, et Thiibaut I[, comte dc Bar, a CtC publie dans dom Calmct, Histoive de Lorraiw, II, Pr., 4132-483. (4) On doit rapporter & cctte guerre le passage suivant du compte de 1!2W pu- blik par M. Bourquelot dans la Bibliothèque des Clturfes, 50 serie, IV, 73 : Q Pro- vectura et'expensa corum qui conductum quadrigarum fecerunt in exercitu : ?Ix S. a Cf. d'Arbois de Jubainvillc, I\', 9%. (Y) Joinvillc (D. Bouquet, XX,299). (G) D'Arbois do Jubainville, IV, 39i, - 23 - cedemment au droit de garde, plutôt que de se voir exposée a des incursions et aux malheurs que la guerre entraine apres elle(I). Mais les droits du comte de Champagne et du comte de Bourgo- gne sur l'abbaye de Luxeuil ne furent pas rCgles par le maître-queux Gervais d'une maniere assez skrieuse pour empCcher toute contesta- tionulttirieure ; eneffit, en 12GS, pendant le troisieme skjoul- de Thibaut en Champagne (a), desdjfficultts nouvelles apparaissent entre lui et Huguesde Bourgogne ; sur cesdifticultks, deux sen- tencesarbitrales sont rendues, et cependant la discordecontinue. Dans le courant de I'annke 1266. tandis que Thibaut etait retenu en Navarre par sa guerre avec le roi d'Angleterre, Hugues mourut, et sa veupe, Alix, voulut contraindre les moines de Luxeuil a renoncer à la protection du comte de Champagne B et tenir pour non avenu le traité de1'annt.e lW3. Elle fit occuper militairement le monasth*et attira dans son parti le prkvdt du couvent en lui faisant espérer qu'elle le ferait monter sur' le siege abbatial alors vacant : Guillaume, grand- prieur, et les moines firent h Thibaut le rkit des maux qu'ils endu- rèrent et lui demandérentsa protection (?,. Nous avons aussiune seconde lettre que les religieux de Luxeuil ecriuirent au commence- ment de l'annee 1267 a Thibaut V, alors revenu de Navarre : ils par- lent ayec desespoir des d@-adations qu'a subies leur monastkre, des palissades abattues, d'une partie des bâtiments brûlke, de leur peche dkvastée, de leurs sergents battus par les gens d'Alix, de leurs biens mis au pillage par leur prévbt qui touche leurs rentes et qui ne paye rien, qui les force ii emprunter ,pour vivre, et qui, s'il est nornmt: abbe par le Ikgat grâce a la protection de la comtesse de BoÜÏ-gogoe.> continuera tant qu'il vivra sa tyrannique administration (4). Toutefois aucun texte ne nous apprend que Thibaut ait repris les armes, Une trêve, quatre fois renouvelGe, la dernikre fois pour une periode indkfinie, consema la paix en laissant indécise la validit6 de l'association conclue en 1858 entre le comte de Champagne et l'abbaye, et par conséquent cette association fut, de fait, maintenue (").

(1) Histoire de l'abbaye royale de Llcxe~c,I\', 11. {Q) Thibaut, cOmte de Champagne, en minx temps roi de Navarre, ne venait que rarement en Champagne. (5) Lettre datie du mois de mars lea, Cat.tulaire de Luxeuil, fu 197 ; Bibliothi- que nationale, co[¿cctiJn Moreau, fol. 357 et suiv. (4) Bibliothique nationale, colleclio11 Morenrc, fol. 375 et suivants ; GdIiq Chris- fiana, XT', it%; d'Arbois de Jubainville, Il', 579. . (S) D'Arbois de Jubainville, VI, !20,24, 93, 3í. l - 23 - i l Le roi de Nayarre avait apporti: un remkde efficace A ¡’incursion des Corntois, mais l’abbaye ne garda pas longtemps ce puissant pro- tecteur. Thibaud mourut a Trapani (4 dkcembre 1!270), auretour de la croisade qu’avait dirigCc saint Louis sur Tunis, laissant sa cou- ronne et tous SE. domaines B son frkre Henri, quifut bientôt lui- mCme enlevC Par une attaque d’apoplexie (22 juillet 1874). CHAPITRE IV --

Les rois de France heritent des droits des comtes de Champagne.

Lecomte Henri de Champagne ne laissait qu'une fille, nommee Jeanne, àgte de trois ans, que sa mere emmena ;i Paris. Le roi de France, PhilippeIII, occupa aussitbt,comme bail et tuteur de Jeanne, les comtes de Champagne et de Brie, et fianqa la jeune princesse h son fils Philippe qu'elle Cpousa en 1'284. Et c'est ainsi que Philippe IV, devenu l'année suisante roi de France par la mort de son pere, herita des droits de garde cedes jadis par l'abbe et les religieux de Luxeuilau comte Thibaut de Champagne. Philippe IV nesongea passeulement a fairevaloir ces droits, mais aussia acqukrir le domaine direct de la Franchk-Comth tout entibre. L'empereur Rodolphe de H.absbout-g voulant A tout prix empecher la France de saisir cette proie, sut associer h ses intérkts un puissant seigneur bourguignon, Jean de Chalon-Arlay (l)" qu'il fit suzerain du comté de Neuchâtel en WelvCtie. Le roi de France de SOLI caté avaif réussi a se concilier le. comte de Bourgogne,Othon IV, qai avait suivl

Robertd'Artois eh Italieet Philippe III en Aragon,et CpousC en '. secondes noces (a) Mahaul;, la fille de Robert. De m&mequ'Othon passait 'sa vie a la cour de France, Jean $e Chalon-Arlay s'attachai1 enquelque sorte h la suite de l'empereur(9. Aussi, en 1289, Rodolphe et Jean unirent-ils leurs bannieres a celle de I'CvCque de Bàle dans une campagne en Franche-Comtb contre les comtes des Bourgogne, de Ferrette et de Montbkliard. Ils vinrent

(ij L'un des fils de Jean de ChalonI'Antiquc. - Arlag, canton dc Blctte- rans (Jura). (2) Sa prernikrc femme fut Philippe. fille du comtc dc Bar. Goliut, !%3. (3)CL Funclc-Brentano, Philippe IC Bel et la llobIesseP.a,lc-co,rtlake (Bibliothcquc de 1'Ecolc des Chartes, t. XLIX, 18W8, p. 9); Fleury-Bergier, Philippe IC ne' et Othorz II' (Mhoires de I'Academie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, 1889, p. 10 et suiv.); dc Picpape, Histoire de la J+mim de In FranChe-Co,nl& ù In Frmce, I, 39. ..

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assikger Besançon ('1, dont les bourgeois, h la voix du parti français, s'&aient mis en armes contre l'empereur. Rodolphe se retira avant que la ville eût ouvert ses portes et nomma Jean son lieutenant, lui confiant la direction des opkrations jusqu'à la fin de la guerre. Ce fut encore Jean qui regla les conditions dela paix arrktke, le 5 mai 1290, entr.e Rodolphe et les Bisontins (3). L'abbaye de Luxeuil avait toujours vkcu en bonne intelligence avec Othon, et ce prince, reconnaissant de quelques services rendus par I'abbC Charles a des sujets cle la comtessePhilippe, sa premiere .fernme, lui restitua, en12€D, des domaines depuis longtemps usurpks; deux ans après, la comtesse Mahaut donnait elle-mêmeà l'abbaye un bois(s), situkdansle voisinage de Luxeuil. Enfin, en1257, sous l'admi- nistration de l'abbt Thiébaud v), de la maison de Faucogney, les reli- gieux traitèrent aGec Othon touchant les villages de Bouhans, d'Am- blans et de Velotte : le comte et ses hkritiers devaient avoir a per- * pktuite le tiersde tout ce que l'abbaye de Luxeuil y posskiiait, a conditionqu'ils défendraient celle-ci, si besoinetait, contre toute attaque (&). Aussi, au moment ou kclata la guerre dont nous venons de parler, l'abbéThiCbaud n'htsita pas a entrerdans le parti des comtes de Bourgogne, de hlontbtliardet de Ferrette('), et renforça l'arméecom- toise des troupes dontil pouvait disposer ; mais, afin de bien montrer

(i) Voir Castan, Leviège et le bloclrs deBesungoti par Rodolphe de Habsboyri et Jeal! de Chalon-Aday err 1289 et 1290 (nltmoires de la SociLtcd'dmulatIon d.u Doubs, 40 serie, I\ra volume, Besançon, lWi!>). (2) Funck-Brentano, loc.cit., p. fO. - Quelquessemaines avant de mourir,' Rodolphe accordait B Jean I'avouerie de l'abbaye de Saint-Clnude (99 mai 1291). - Sur la politique de Rodolphc: enBourgogne, voir Fournier, Le Royaume d'Arles .,et deViet~rre, chapitre'VI1. (51Il s'agit du bois de i'aucluse, pr& d'AilIoncourt. n. Grappin, IV, 16. (41 TbiChaud III, abbe de Luxeuil (l%?i-l50T)~ etait fils de Jean Iordr Paucogncy , et d't-ieluyse de Joinville, dont le frkre est Jean de Joinville, le celebre stnCchal de Champagne. I1 ne faut pas confondre ceThiebaud de Faueogney, allbé de Luxeuil, avec Thiibaud de Faucogney, trésorier, puis doyen du chapitre métropolitain de l Besançon,qui a vecu B peu pres dansle même temps, mais appartenait à la branche de \'iIIersexel. Cf. Finot, Les sires de Faucogrle~-, p. 19, et Bulletiu de la Suciéte' d'agriculture, scierrces et arts du déparfernerttde la Haute-Saárre, i877, p. ICì4 et suiv. (5) Cartulaire de Luxerril, Co 2%; Bibliothtquenationale, collectionMoreau, m, 1'0 359. (ti) Othon, comte de Bourgogne. prdvoyant l'orage qui le menaçait, amassa le plus de troupes qu'il put et engagea malheureusement dms sa querelle Thibaud, abbe de Luxeuil. D D. Guillo, Histoirede l'illlrstre abbaye de Luxeu (Als. de la Bibliothtque dc Vcsoul), p. 257,- Cf. Finot, Les Sires de Fslccogney, p. 116 et suiv, qu'illeur accordait librement ce secours, jI demandaet obtint d'Othondes lettres (l) parlesquelles le comtede Bourgogne di- claraitqu'il n'avait aucun droit sur la tcrrcde Luxeuil, et que l'abbk lui avaitsimplement rendu service en cette circonstance. D'ailleurs Rodolphe ne tarda pas a faire subir I'abbC la peine de sa conduite en laissant commettre de grands déggts sur le territoire de Luxeuil (l). biais les abbes de Luseuil n'avaient pas seulement h se defendre contre les seigneurs vojsins; ils devaienten même temps contenir l'esprit d'indkpendance des bourgeois de leur ville. 'De bonne heure, en effet,les habitants grouph autourdu monastere jouirent de libertes municipales ; en 952, ils'avaient deja leur cloche ($). Dans les premières andes du XIc sikclc, Gudin, que nous avons cite plus haut, parle du plebs luxovbzsis. Le preambule d'une charte de 1119 nous montre que non-seulement les bourgeois de Luxeuil jouissaient du plein exercice de leurs droits municipaux, mais qu'ils &taient associés en quelque sorte aux affaires tenlporelles de l'abbaye ('1, Enfin on n'a pas oubli& quele diplBrne de 1'an.nCe 1228 mentionne les Q citoyens )) deLuxeuil ("). Au lendemain de sa guerrecontre Rodolphe, le 3 dkembre 1291, l'abbé Thiébaud de Faucogney octroya aus'bourgeois une chartede franchise dont l'original a disparu,mais dont une copiedu XVIc siècleest conserrke aux archivesmunicipales de

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Luxeuil (l), Cettecharte affranchît les bourgeois de la mainmorte, leurdonne le droitde vendre, d’achzter ou d’&changer, leur conckde le privilège.de n’6tre ajournés enjustice quepar le doyen (*), enfin permet h trois ou quatre klus de repartir lesirnpbts et les taxesmuriicipales ; de crainte queles habitants desvillagesvoisins, attires par de tels avantages, n’hbandonnent leurs champs, la charte Ctablit que les ttrangers, pourêtre admis dansla bourgeoisie, deT1ront être presentes par trois bourgeois et agr0i.s par l‘abbtou son prkvbt.

Dom Grappin attnbue cette chartea Ia U bienfaisance naturelle D de l’abbi ; mai$ cette explication ne peutnous suffire. Ou l’abbk espérait, gr& h l’accroissement du bien-etre des classes infkrieures, que sa ville deTiendrait plus prosph-e, et partant sa domination plus lucra- tive ; ou bien son gut ktait cle régler a l’amiable, par voie de tran- saction, des pretrntions contraires anterieurernent d2battues et de fortifier son autoritk par des concessions IibCrales (&),Peut-;tre aussi compta.it-il, en octroyaut une charte qui avait le caractère d‘un acte souverain, consacrer d’une façon officielle son indkpendance : il est remarquable, en effet, que tout s‘est pass&au nom de l’abbe et des religieux, et que le prince associkeet co-proprietaire ne parait point dans l’acte,. -TI est vrai que le. succes de Rodolphe avait fortement entamk en Franche-ComtC le prestige de Philippe, a qui l’on pouvait reprocher d’avoir mal soutenu Othon et ses alliks. D’autre part les seigneurs corntois apprirent avec une douloureuse surprise que,par les traitCs d’Evreuxet d’Asnières (l2 juin et 9 juillet 1!291), le roi-de Frqnce

(IIArchives de Luxeuil, AA. i. - CetLe charte SC trouve aussi a la Bibliothèque nationale, collection Rloreau, HG9, f9 7djL ; elle a eté publiee plusieurs fois : voir notamment Mehoires et docuntettts illédits pour servir ri l’histoire de la Franche- Comlé, 1’11, 83-86, et Finpt, Les Sires de Faucogney, p. Eï. (2)51. Dey yoitdans ce magistrit, dont l’existence Luxeuil paraitremonter fort loin, la transfiguration du deJetlsor civitatis. ler Mémoire, p. 15. (3) C‘est cette raison qui déterminaitI’archevCque de Ucsanqon, Huguesde Vienne, i donner une charte d’affranchissement h sa terre de Gy,en 1548. Cf. Castan, Charte d’r~rnrrchisse~,~e,Itde la ville et de la seigneurie de Gy (hlimoires de la societe d‘imuhtion du Doubs, 1:3GG). (4) Presque B la mkme Bpoquc, la plupart des villes de Franche-Comté obtinrent des chartes de franchise : L)6le, en i274 et en 1081 ; Faucogney, cn 15Y1 ; Xozeroy, en 1923 ; ßletterans, en IQ%; .4rbois, en 19s ; Poligny,cn i0.W ; Lons-le- Saunier, en i993 et en i!?95, etc. Cf. Prrreciot, Disser-fa¿iorl mr l’origine? la forme et les pouuoits des Elats de Fra~~c~le-Conllé(RSCmoirzs ct documents inedits pour servir a l’histoire dc la Franche-Comté, lr1I, i 12). -Voir aussi la Charte d’a/r,.at~- chisse~t~cntdu bourg d’Oiselay, dans les Alemoires de In Societe d’bulation du Doubs, 38G7. - 29 -

avait acquis le domaine direct dela Franche-Comte en assurant a l'un de ses fils la main de la fille d'Othon et de Mahaut d'Artois (l). ' -Othon, perdu de dettes, ne souscrivait pas seulement aux condi- tions que lui dictait Philippe, son principal créa,ncier : il céda h son frkre. Hugues les droits-que l'abbaye lui avait accordes en 1987 dans les vi1lagt.s de Bouhans, Amblansrt Velotte. Mais Hugues ne se con- tenta pas du tiers de: revenus que l'abbaye percevait sur ces terres ; il prétendit h la moitik, et cette entreprise fut le prelude de beaucoup d'autres. A la tête de ses gens d'armes,il íît des courses sur le terri- toire dependant du monastère, brùla trente-six maisons'h Annegray, enleva un butin considCrable h Quers, Froideconche, Sait~t-Sauveur, AiIloncourt, La Bruye1-e et VeIlerninf~*oy. Laet Chape11e furent encore moins mtnagks : les soldats de Hugues incendièrent dix maisons ,i ßaudoncourt, quarante-six h La Chapelle ; partout ils prjrent de hombreux otages. HuguesI ne trouvant nulle part deresis- tance, s'enllardit jusqu'a venir mettre le siège devant Luxcuil ; un des faubout-gs (2) de la ville fut saccagk et dPj6 les torchrs des assail-- Iantsatteignaient les greniers du monastère, lorsque les religieux firentporter a Huguesdes propositions de paix qu'ilaccepta VO- lontiers : il se contenta d'une somme de trois cents francs qu'on lui promit et emmena comme otages dans son château de Atantjustin (') onze religieux qu'il garda pendant huit semaines, jusqu'au coixplet paiement'de cette. contribution (4). Et, chosePtrange, au milieu deses malheurs, 1'abbC de.Luxeui1; paraissaitbeaucoup mains s'inquikter des coursesde Hugues que? des projets du roi de France ; il negociait activenlent avec les enne- mis de Philippe et cherchait, dans fa rnes111-e de ses moyens, h sauve- garderl'indépendance de la Franche-ComtC. Le dernier jour de février 1P94, vingt-huit barons eolntois Fe rencontraient h Besançon

etformaient avec l'abbk de Luxeuil, B porbien du païs I, etleur

commun profit, une ligue défensive confirmke par- leurs C sairemens donnes sur saintes Evangiles U ; ils se promettaient mutuel appui, s'engageaient a s'aider e a grande force et à petite D, a s'ouvrir rici- pqquement leurs châteaux ; ils Ctablissaient, six (&)d'entre eux pour

(1) De Piepape, I, 43. - Le second fils de Philippc le Bel, Philippe IC Long, dpousa en 1306 Jeanne de Bourgogne, hdritibrC de la Franche-Comtk. (O) Le faubourg rnkridional alors appcld La Bure. (3)Commune du canton de Norroy (Ilte-Sadne). (4)D. Grappin, IV, 21 ; D.Guillo, p. 9>9. (3)Les sires de Vclcs, de Joux, de Fnucogney, de I7illcneuve, de Raye, et Poni- cart, sire de Rans. Funck-Brentano, OF. cit., p. 15.

L-. . - ...... , ....

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former un conseil dirigeant : chaque confkdkrk était tenu d'yobéit et de se mettre en armes h la premiere requisition. Et, dans la crainte que les divisions ne vinssent affaiblir leur union, tous consentaient i remettre le jugement de leurs diffirends entreles mains de ce conseil. La ligue disposait d'un trésor commun alimentit par des cotisations proportionnées h la fortune de chacun l'abbé de Luxeuil avait a ver- ser annuellement vingtlivres, tandis quele chevalier Jean de (') ne servait que quarante sols. La ligue avait également a son service une petite armee de quarante et quelques hommesU armés de fer D, fournis et entretenus par les canf2deres. Argent et soldats &aient mis a la disposition des six commissaires pour rkpondre a l'appel de ceux des allies qui rCclameraient leur secours. La durée de la ligue (.tait fixte h dix ans i%). Mais cette confbdkration ne réussit pas a retarder lesprojets de Philippe IV. Le 9 mars 1295, était arretC a Vincennes le contrat de mariage de Jeanne de Bourpgne avec l'un des fils du roi de France("). Jeanne apportait en dot toutes les possessions de son ptre et Phi- lippe IV en etait nommC des lors administrateur en lieu et place du futur epoux. Pour plus de sûrete,, Othon confiait sa fille au roi de France qui se chargeait de son Pducationjusqu'a ce qu'elle fht en àge de se marier. Le comte palatin recevait en echange de ses domaines cent mille livres tournbis? plusune rente viagPre de dix mille livres. La nouvelle de ce traitt soulevala noblesse franc-contoise contre le roi de France. Un nouvel acte de confkdkration fut scellé h Besançon le O9 mars iY.95, pendcnt que le roi des Romains dixlarait, de Son cBtC, la Franche-Comtk rhnie au domaine imperial parles 1ettres"du e8 fkvrier 1996 cd). . La guerre entre les deuxcouronnes &ait devenue inevitable (b), Philippe le Bel fit aussitbt occuper les principalesvilles de la province et combattit non moins avec son or qu'avec ses armes. La lutte prit fin parles traitCs d'avril et mai 1301 (". Des le mois demars de l'annéeprkcédente, Philippe avait renouvele avecles religieux de Luxeuil le trait& de pariage. TOUSles articlesfurent les m&mes

qu'en 1258, sauf en ce qui concernait la prestationde serment, que 1.

l l (1) Vaite, canton de Dampierre (Piautc-Saòne). [e) Funck-Brentano, p. 15. . i (3) De Pitpape, I, 44 ; Dumont, Corps diplomatique, charte no UXXIX, p. 79.7 ; 1 Boutaric, La Fralrce sous Philippe le Eel, p. i et 8. (4) Funck-Brentano, p. 19 et OO. (6) De Piepape, t. i, p. 48 et suir. (G) Punck-Brentano. p. Se. Philippe et ses successeurs ne devaient pointfaire en personne ; mais il etait convenu quesi le comtC de Champagne venaita Ctre demembrk de la couronne, ses souverains particuliers obseneraient le trait& de 1258, tel qu’il avait &C négocie avec Thibaut de Navarre, et pr&te- raient le serment qu’il stipule (1). La reine approuva ce traité, et y fit m&me apposer son sceauafin de le rendre p1u.s valide ; l’asnee suivante (1301), l’abbé et lesreligieux donnérent ii leur tour des lettres de consentementet d’approbat;on (*). Philippe le Bel semontra un vigilant gardien de l’abbaye. 11 char- < gea d’abord Guillaume de Nogaret et Simon de Marchey de designer eux-mêmes un puissant seigneur qui poukrait proteger efficacement le monastkre,ses gens et ses domaines Et, sur ces entrefaites. Hugues ayant recommenct? ses courses et ses déprédations dans la terre de Luxeuil, Guillaumede Nogaret et Simon de Marchey reçu- rentl’ordre d’intervenir ; il envoykrent h Luxeuildeux officiers qui, le lundiapres la Saint-Martiade l’an 1301, entendirent les griefsde l’abbé et ceux du comte : Hugues‘accusait les religieux d’avoir detourni: le cours de’la Lanterne près de Sainte-Marie-en- Chaux ($). Les juges ne se prononckrent pas, faute d’kclaircissements suffisants,et ajournerent les parties au premier samedi de l’année 1308. Nous ignorons si cette seconde conference eut lieu, mais ce qui est certain, c’est que le lendemain de l’Octave de Pàques de cette même annke, le differend etait reglé a l’amiable: Hugues reconnut a l’abbaye la propriété des dîmes d’Amblans, Bouhans et Velotte, se réservant seulement l’usufruir de la part qui lui appartenait- Iégitid, mement ; en retour, les religieux lui abandonnerent júsqu’á sa mcjri lesrevenus dont ils jouissaient h et a Moifans (”. Philippe ’ .. approuva cet arrangement, et le comte de Bourgogne, Othon, ratifia lui-m&me ceque son .frkre avait cooclu (”).

(1) Cartulaire de l’abbaye de Luxeuil. f. 53. ; Archives nationales, J. e08 ; Biblio- thèque nationale, collectiott kfowau, 869, Eo 33% (2) D. Grappin, IV, SO. (3) Commission du roiPhilippe le Bel (96 mai 1301). irchivesnationales, J.208 - (4) Commune du canton de Luxeuil. Bien qu’englobé dans la terre abbatiale de Luxeuil, le village de Sainte-Marie-en-Chaux n’en faisait point parlie. Le vieus château de Sainte-Marie était dès le XII. siècle aux comtes de Bourgogne qui en faisaient leur poste avancé contre l’abbaye de Luxeuil, et qui l’ont con,serve jus- qu’au XVe siècle. Cf. Suchaux, La Haute-Saótre, II, 48. (5) Moffans, aujourd’ hui commune du canton de Lure, Fut tcnu en fief du XIVa au XVP sikcle par des seigneurs de la maison des comtes de Montbtliard, Puis fit partie de la terre de Granges jusqu’a la Revolution. Ibid. II, 70, (G) Atchives du Doubs, B, 5OH; D. Grappin, IV, ’W; Finot, Les Sires‘de FUWU- gney, p. 138. - 4

Philippe eut &-alement a s'occuper d'Hugues de Saint-Loup, qui avait pill&, dansle courant de I'annCe 1300, le villaged'Aojeux dhpendantde la terrede Luxeuil; il douna au bailli deLamarche i l'ordre de l'informer rigoureusement de la vkrith, d'klarglr lespri- sonniers, defaire restituer les biens usurp&, d'obliger le sirede Saint-Loup a la reparation de tous les dommages causes, et de fitire une punition &clatante des coupables. Pareil mandement fut expP- , di6 au bailli deChaumont v). Mais les ballis exkcutkrent mal les ordres du roi et ne chatiirent pasavec unegrande ioergie le sire deSaint-Loup, puisque. peu cl'annkes apres, le frkredc celui-ci, Othon, chanceliel- de Rernir-e- ront, sous prétexte qu'il acait la garde deFontaine: s'empara des , terres,métairies et cbàteaux du priruri,chassa les habitantset saisit !eurs effets. Le connetable de France, Gagttlier de Ch~tillon, comte dePortieux, prit cn.main les interêts de l'abbaye, et, par son entre- I mise, Olbon rendit tout cequ'il avait derobeet renonqa publiquement h ses pretentions : afin de ddnner plus de poids h la promesse qu'il fit de ne plus rienentreprendre de semblable,Othon consentit h payer, s'il violait sa parole, une amende de cinq cents francs dont l trois cheyaliers furent garants(?). l Cependant Philippe le Bel, informé de la conduite d'Othon, se rap- i pela celie de Hugues, dont le châtiment n'avait pas PLC: proportionnk ! h la faute, et renou~elaa Guillaume de Nogaret les ordres qu'il avait pr&cCdemmentdonn2s au bailli de Lamarche (". Nogaretajournatles > parties a Coiffy (l), OU le monasth-e de Luxeuil comparut dans la &r- ..

~ t. sonnede frere Thiébnud, abbC: de frereEtienne, 'sacristain, et de -* frere Fierre,prieur de Fontaine. Othon deSaint-Loup s'y trouva j pcurrepondre tant en son nomqu'en celui de Hugues son fl-kre, dont il avait procuration ; ils furent condamnks tous deuxa restituer leursrapines, et Othon dut en outre verser sept cents livres pour indemniser ses victimes: une amende de mille marcs d'argent - a partager également entre le roi et l'&lise de Luxeuil - serait infligke celui qui ne qui celui se soumettrait pas h ce jugement. J

(l) Pour montrer tout I'intirtt qu'il portait aus religieux de Luxeuil, Philippe leur permit d'acheter dans son royaume les livres et autres choses nlcessaires h leur abbaye, et de les y conduire sans aucun obstacle (mandement datC du vcn- dredi apres la translalion de saint ßenoít, iFífl3). D. Grappin. Il', 24. (O) Ibid. (3)'hIandernent datti de Paris, le 9ï septembre 1307. . (4) Coiffy-le-E.Iaut, ou Coiffy-le-Chiteau, commune du canton dc Bourbonne (Haute-Name). 'i

l '- Philippe rendit encore un autre service a l'abbaye. Jean de Fauc6- gney,'frCre de l'abbi: Thikbaud, s'ttait empare du chriteau de Brntte qu'un seigneur des en-ìirons, Renaud de , tenait en fief des religieux de Luxeuil. Leroi de France,à qui l'on porta plainte, envoya desinstructions prCcises h Guillaumede Nogaret {e7 novembre . 1307): Jean de Faucogney abandonna sa conqu&te etle seigneur de hlollans fut rttabli dansson fief (1): Aussi,'en retour de la protection que lui assuraitle roi deFrance, .. I'abbC Thitbaud n'htsita pas h se ranger de son cbte et a le soutenir dans sa lutte contre le pape Boniface VlIJ : le 9 juillet 13'33, il adhe- rait h la convocation d'un concile genéral et dkclarait que si le pape procedait contre le roi de France, il etait prêtà s'unir au roi et aux barons, jurant de ne les abandonner jamais('), L'abbé Thikbaud, mort en 1308, eut pour successeur Etienne 11 1508-1315)et le siege abbatial resta ensuite vacant pendant cinq ans. Le sire de Saint-Loup profita de ce que le monastère Ctait sans chef pour ravager les terresdu prieurt de Fontaine, mais le roi de France, Philippe V, intefvint et chargea le bailli de Chaumont de mettre à la raison le seigneur pillard'($). Le gouvernement de l'abbk Eudescle Charenton (1319-1345) ne fut pas troublC par la guerre. Le.s religieuxprofitkrent de ce nloment d'accalmie pour construire une fortbelle église(') qui est venue jusqu'h nous. Mais l'avenir leur paraissait si peu sbr qu'ils songerent alors a prtvenir par des travaux da dkfenseles incursions des petits barons

du voisinage ; ¡e village de Briaucourt (") fut entour6 de m-urailles ;'? ... l'on construisi't a Baudoncourt (8) un cbàteau,et, dans l'enceinte" mCme de l'abbaye, une toura neut étages ('>. Si Eudes eut desdtrnCl6s avec la cour d'Avignon, du moinsil vecut en' excellents termes avec les rois de France Charles IV et Philippe VI ; ce dernier eut pour I'abbC de Luxeuil une telle- condqscendance

(i) D. Grappin, I,V, 27 ; Suchaux, La Haute-Suôrte, I, 91. . . (e) Cf, de Brequigny, &stoire du diff$t*end etrtre BoaiJace T71[let Plriiippe !e Bal, preuves, p. ZPe. (3) Lettres datées de Joinville, 8-novembre 1319. U. Grapp'ih, Ilr,29. Q Sur cette église, voir de Dauséjour, L'gglise abbufiale de Lured, Besançon, 3891. - L'architecte,Iiznaud de Fresne-Saint-Mammes, fut anobli par ]'abbe Eudes. Cf. Suchaux La Harde-Sabue, II, 17. (5)I1 reste encore des traces de ces vieilles fortifications. Suchaux, Ibid., I, W. (G) Le chateau de Baudoncourt était déjá en ruine a la fin du XVI14 siede et . avait completement disparu en liS3. Archives du Doubs, Visites d'abbayes (abbaye dc Luxeuil). (i)Cette tour a subsiste, dit Grappin, jusqu'aux premi&% anndes du S\'IIIe

j /' .. .

- 33 - qu'il exigea de ses officiers prèposks à la garde du monastére le ser- - ment qu'ils ne porteraient pas atteinte aux droitsde l'abbaye ('). Sous l'administration deFromond de Cdrcondray,successeur d'Eudes, Philippe VI intervint encore pour protéger l'abbaye contre un adversaire redoutable, Jacques de Baudoncourt (a), l'un des plus implacablesennemis de l'influencefrançaise en Franche-Comtè. Assiige par les troupes françaises dansson chàteau de Baudoncourt, Jacques parvint à s'échapper, et, ,associè avcc quelques 'autres rOU- tiers,continua à menerune vie d'aventures (') ; pour prkvenirtout . retour offensif, Philippe laissaà Luxeuil trente gens d'armesa sa solde. I1 est vrai que ces hommes furent plus a charge h la ville qu'utiles h sa stcurit6 : mal payes, ils TsPcurent de pillage. Des plaintes arrivè- rent au roi qui enjoignit au bailli de Chaumont de leur donnerce qui leur ttait dh, et de les faire sortir de la ville (". II est a r_emarquer d'ailleurs que l'autorité-duroi de France n'était pas toujours respectke par ses officiers, et que souventceux-ci outre- passaient leurs instructions et opprimaient ceux qu'il devaient de- fendre, avec d'autant moins de scrupule qu'ils pouvaient le faire plus impunhent. Ainsi, lors de cette prise d'armes de Jacques de Bau- toncourt, le bailli de Chaumont - qui etait alors un certainGeoffroy de Nancey venu à Luxeuil pour veiller lui-meme a la dèfense de la i - ville, commença par enlever les clefs de la porte du Chhe a l'homme i de confiance des religieux et les remit de son propre chef a qui il lui plut. Les religieux adresserent leurs protestations au roj, qui con-

Y damm cet abus de pouvoir .de son agent, mais dut plusieurs&is faire connaître sa volonté avant d'ètre ob&. Deux mandements furent,, envoJIes a cet effet, le 18 janvier et le 30 juin 1347. Geoffroy rkpondit, le 14 août Suivant, que les troupes du roi occupant Luxeuil, il lui Paraissait nécessaire que les clefs de la ville fussent entre ses mains ; il ajouta qU'il ne Songeait pas a empieter sur les droits de. l'abb&, et

(l)L'ordre du toi, datt de 1356, fut notifié par Jean de Dinteville, chevalicr- réformateur, deputi pour la province de Chamoagneet de Brie. D. Grappin, IV, 53. (2) Jacques, seigneur de Saint-Remy, est appelé dans les dacoments de l'époque . Jacques de Baudoncourt, du nom de son meilleur chAteau. Dans une lettre au Parlement de Paris, du i8 janvier 23417, IC roi de France le déclare son (L ennemi mortel 3. D. Grappin, IV, 35. 6)Jacquts de Baudoncourt tomba en i359 entre les mains des Bourguignons

qui le jeterent dans les cachots du chdteau de Semur, où il fut exécutd l'année i suivante. Cf.Finot, Recherches sur les irtcursions des Anglais et des GrandesCompa-. l gtries dans le duché et 1e.cornté de Eouvgogtte. (Bulletin de la Societe d'agriculture, sciences et arts du département de la Haute-Sabe, 1874, p. 119). ($).Lettres du 91 aoûtl349. D,. Grappin, IV, 3.

c 1 I <$ L que, la guerre finie, lesclefs lui seraient rendues. IrritC que ¡'o* diffkràt ainsi l'exkcution de ses ordres, Philippe adressaa Geoffroy de vives reprimandes et fit entendredes menaces : II Ramenes au premier estatsans delay, Ccrivait-il au bailli le S octobre,non obstant la rkponse ou excusation dessus dicte ne aultres quelconques.. . Que les dits religieux n'aient cause de recommencersur ce plainctes par devers nous: quar il vous en deppleurait-et en vostre deffaut le ferions faire par aultre B vos deppens P (l). C'est alors seulement que le bailli se decida a rendre les clefs, Peu de temps apres, il fallait encore l'inter- vel~tion duroi pour maintenir, contre les prbtentions du m@mebailli, I'abbC et les religieux dans le droit de recueillir l'hkritage des bâtards h Luxeuil et dans tous les villages de la terre (". Si, sous le regne de Philippe de Valois, au lendembin de Crécy et des premiers revers de la guerre de Cent ans, la volont6 royale se faisaitsi faiblement sentir aux extrémitPs du royaume, ce .fut pis encore sous le rkgnr de Jean Ïe Bon, après le desastre de Poitiers. Jeande Bourgogne (a), seigneurde Montaigu (,l), deFontenoy et d'Arnance,fut pendant quelques annkes le veritableprotecteur, le B sous-gardien P (6) de l'abbaye, ainsi que I'appelle dom Grappin ; c'est grâce a l'énergie de son lieutenant Henry de Demongeville, et aussi h I'activiti: de l'abbi. Guillaumede Saint-Germain que l'abbaye fut B l'abri des incursions d'un seigneur lorrain, Jean de Rambtroillers. Battuet pris, Jeandut rPparer tous les d;tgâts qu'il avait commis dansles villages de laterre de Luxeuil, et ne recouvra sa liberté qu'avec Ja promesse de ne plus inquieter Izs sujets de l'abbaye._. c).. ~ > (1) D. Grappin, IV, 37. (2) Mandement du roi,du 6 août 1349. D. Grappin, IV, 38; Car-tulaire de Luxeuil, P 317. (3)Jean de Bourgogne,dernier représentant mPlc de IignCe des comtesde Bourgogne, mourut en 1374 et fut inhumi, le i2 mars, à l'abbaye de Faverney. Cf. Petit, ltirléraires de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur., p. 499. (4) Le château de Montaigu fut détruit BU XX'Ie siede; il en reste des vestiges considerables sur le territoire de la cornmunc dc Colombizr, prks de Vesoul. Cf. Suchaux, La Hautc-Sadm?, 1, (5) D. Grappin le nomme aussi u capitaine et gardien de Lurzu pour le roi. n Nistqire de rabbaye royale de Luxeu, V, 3. (1:) L'abbé Guillaumede Saint-Germain,sLlccesscur de Fromond,avait it6 ~Olnnle par le pape Clément VI, et non pas du par les religieux. (7) D. Grappin, V, 2.

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CHAPITRE V

L'abbaye obéit ztux ducs de Bourgogne ; l I le traité d'Arras. ! l Après la mort de Philippe de Rouvre(2361), dernier duc de Bour- , gagne de la branche capètienne, les Etats de ce prince avaient kt6 dkmembrks : le duché de.Bourgogne fit retour a la couronnede France,tandis que I'Artois, la Franche-ComtCet la seigneuriede . Saìins'adTenaient a unegrand'tantedu dtfunt; Marguerite, fille de la ., comtesse-reine Jeanne et du roi de France Philippe le Long. Jeande Bourgogne tentad'kvincer Marguerite, mais un grand ' ' nombre de seigneurs comtois s'allièrent B cette princesse pour de- fendre ses droits. Sur ces entrefaites le roi Jean donna le duchè de Bourgogne. en apanage a Philippe le Hardi, son quatrieme fils, qui, par son mariage avecla petite-filie (l) de la comtesseMarguerite, allait bientôt unir sous sa domination le duche et le conltC de Bour- gogne. Das 1373, Philippe achetait a Henri de Longwy (z), pour le prix de vingt mille florinset.l'acquittement de certaines dettes hypothk- ... cakes, lesterres et leschàteaux de Faucogney et de Chàteau- Lambert ($); grâce acette habile acquisition, il Ctendait son influencé. politique dans toute la partic septentrionale du bailliage d'Amont, entre la terre de Lure, a qui tient de la duchi6 d'Autriche N, - ainsi que dit un document du temps, - et les terres de Luxeuilet de Baudoncourt a qui se tiennent du roi de France (i)B.

(I) PhilippeleHardi epousa, en 133, Margueritede Flandre, veuve de Philippe i deRouvre, et fille de Louisde Male, mais il ne devait rCgner sur la Franche- , Comté qu'aprksla mort dela comtesse Narguerite (LW) etde Louis de Male , (lm).- En 1565, l'abb6 de Luxeuil ceda à lacomtesse Marguerite, moyennant , . quinze livres de rente sur la sauncrie de Salins, tous ses droits sur Amblans, Bouhans et Irelotte. - Archives-du Doubs, B. m. (2) Henri de LOng-n-y, sire de Rahon, avait epouse Jeanne, dcrniere hCriti8re de la branche aínée de la maison de Faucogney. - (5) Commune du canton de Xeliscy(Haute-Saône), (4) cf. Finot, La Jacquerie et l'aJrmtchissement des paysans de la terre de Fauco- gw', dans la Nouvelle Revue historique de droit Jratlçais et itranger. fw?,et à part, br. in-8O1 p. 8 et 56. i

l - 37 - Mais Philippe le Hardi ne chercha pas a attenter aux droits du roi de France ; il reconnut mCme offciellement que l'abbaye de Luxeuil ne faisait point partie de ses domaines,en la choisissant (1) comme un lieu neutre et indépendant pour régler avec LCopold III, duc d'Au- triche,les derniers arrangements relatifs au mariagede sa fille Cztherine de Bourgogne avec unfils de LCopold (6 septembre 1387) cd). En revanche les officiers du duc de Bourgogne, imitant en cela les officiers du roi ($j,se comportaient dans la terre de Luxeuil comme si elle eût kté du domaine de leur maître ; ce n'&ait qu'usurpations de droits, concussions, pillages. Ils y tenaient des assises au nom du duc I quil'ignorait ; ils J- percevaientles tailles, les aides, lesamendes, au prkjudice de l'&$se et du souverain qui en avait la garde. Ces nou- veautks irritèrent le roi Charles V, qui ordonna aux bailiis de Chau- mont et de Bar-sur-Aube d'informer secrktement contre les officiers bourguignons et de traduire les plus coupables aux grands jours de Sens et de Champagne pour y recevoir la peine due h leur audacieuse - tC!.xltrité ('). i Mais, soit que le roi eOt perdude vue cette résolution, soitque les officiers du duc de Bourgogne eussent kté encourages sous main par leur souverain, de nouvelles vexations ne-tardèrent pas 6 être impo- skes a l'abbaye. En 1396, une aide extraordinaire ayant été levée pour

(1) D. Grappin, V, 8, Petit, Itirziraires, p. M9.- Philippe avait visité Luxeuil une premiere fois en 15TR et une seconde fois en 1,384 ; lors de ce second voyage, il devait dtjh voir le duc d'Aurriche, qui n'y vint pas. Petit, p. 143 et 171,- (e)Ce mariage avait ét6 arrtté à Remiremont, en 1377, par des envoyis desducs de Bourgogne et d'Autriche ; Catherine n'avait encor-e B cette epoque que cinq ans. Cf. de Barante, Histoire des ducs de BourgogJrc (Paris 1my),I. l!jO_. (3) A l'occasion de I'avenement de Charles V[, les officiers du roi exigkrent des sujets de Luxeuil double taille en forme de subside : le roi y mit ordre par lettres j du 5 juillet 1384, et défendit qu'A l'avenir on troublit l'abbaye. Le 7 juillet de la mitme année,Charles fit remise aux religieuxde la somme qu'ils luidevaient comme droit de garde, enraison des charges extraordinairesque leur avait values l'invasion des Anglais. Peu de temps après, le bailli de Chaumont coulut lever une taxe sur la terre de Luxeuil ; l'abbi forma opposition i l'exécution du r51e, le fevrier 1389, et établit que IF terrede Luxeuil ne faisait partie ni de la terre de France ni du comté de Bourgogne. Plus tard le mCme bailli voulut priver les religieux de la moitic des amende; il cherchas mtme, en 1391, h les exclure de l'administration de la justice au dernier ressort. Mais le roi, par ses lettres du 18 mai 1391 et du 3 mai 1392, ordonna au bailli de Chaumont de se conformer i l'ancienusage etde ne connaitre de l'appel qu'avec l'abbk de Luxeuil OU Son dtlégué. Cartulaire de Luxeuil, fol. %?iet 337 ; Archives de la Haute-Saône, Sup. M. 6 n. Berthed, Dissert. p. Bi et 44 ; Dey, 5s Mén~oirepour servir Ù l'histoire de la ville deLuxeuiZ, p. .%2. (4) Lettres du 31 octobre 135. Carlrrldire de Luxeuil, fo 3i5, - 38 -

la croisade B la tête de laquelle s'était mis Jean, comte de Nevers, fils du duc de Bourgogne, l'abbaye de Luxeuil fut taxke h trente francs pour ICS terres qu'elle posskdait a Mailley, Vaivre, Echenoz et Velle- faux ; en 1399, uoe semblable somme lui fut réclamèe pour sa quote- part dela rançon de Jean, devenu prisonnier des Turcs,- et aussi en 1401, hl'occasion dumariage du comte de Rethel, autre filsdu ducde Bourgogne. Enfin, en 1402, l'abbaye fut imposke a vingt francs lors de la contribution levte par le duc pour l'aider a supporter les frais de son voyageen Bretagne. Les religieux deLuxeuil portèrent plainte au duc de Bourgogne, qui, par suite de la dkmence de Charles VI, exerçait l'autorité en France; ils exposèrent que leurs sujets n'avaient jamais acquitte de pareilles taxes et qu'ils avaient e de tout le temps passe estefrans, quictes et exemps de tous dons, aides et subven- .. cions ... fais et octroiCs aus contes de Bourgoigni: par les gens d'icellui conte',, ; ils rappelaient en outre que leurs revenus ètaient tellement diminués par suite desguerres et de Ja mortalité.qui les avaient suivies, qu'il leur restait à peine de quoi vivre. Le duc ordonna de surseoir au recouvrement de ces taxes (l), et chargea lebailli d'Amont et quèlques autrs officiers de vérifier les affirmations des religieux. L'enquête fut favorable a Cabbaye, qui n'eut h payer que l'aide levee pour la rançon du comte de Nevers,Y laquelle aydeestoit si priviiègièe

que nule n'en devoient estre francs [$) 3. , Après la mort de Philippe le Hardi, Jean sans Peur, le nouveau i duc de Bourgope, semble avoir et& disposea profiter des malheurs de la France, et de l'incasiun anglaise, pour Ctendre sa dominati& sur ... la terre abbatiale. ., Assurhment le roi de France est toujours, de droit, le gardien de l'abbaye, et nous le voyons encore intervenir: en 1410, dans les diffi- cult& qui surgirent entre les religieux de Luxeuil et les seigneurs de La Ferte-sur-Amance, et dkclarer que le village de Sayers etait de ]a juridiction de Luxeuil [*). Mais,. de fait, le prestige royal s'&tait efface kt les religieux se trouvaient réduits à la nécessite de chercher un

(l) Lettre de Philippe an bailli d'Amont, datie de Paris le $21 juin 1402. Le duc ordonna au bailli de rendre justice a I'abhC de Luxeuil et aux religieux a telle- ment qu'ils n'aient cause de PIUS retourner plaintifs par devers luy. ,' Cartulaire de Luxeuil, f. 353. (O)Lettre du duc, du 21 novembre 1403,en faveur de l'abbaye de Luxeuil au comte de Bourgogne. Archives de la Cdte-d'Or, B. 10, 62. - Cf. U. Plancher, Histoire générale et Fariiurlière de Bourgogtre, III, 3%. (3) Lettre du roi de France de l'an 1410 déclarative que le lieu de Soytres est de la juridiction de Luxeuil et fait partie dudit pariage, Archives de 14 Ctte-d'or, B, 2'10. I

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nouveau protecteur : c'est au duc de Lorraine, en m&me temps qu'au roi, que l'abbé Guillaume de Bussulse plaint des violences de Hugues de &landre, qui ravagea les terres de l'abbaye sous le prétexte qu'un de ses domestiques portant en Allemngne une somme considerable avait éte tu6 et QO~&par un des sujets du monastere cj. Et lorsque, 8. ia m&me époque,Tbiekiaud de Crosey, donr Iefrel-e avait éte assassiné et dépouillé dans un village dependant de l'abbaye, demanda à main armée réparation et fit des courses dans la seigneurie de. Luxeuil, l'abbé n'eut pas recours au roi de France, dont l'appui lui semblait peu efficace ; il aima mieux sacrifier une partit: de ses ressources, afin derétablir plus sûrement ses sujets. dans leurs biens, et donna a Thitbaud cinq cents kcusd'or, le. rendant C quiet., . de tous rneffaicts, tant de feu coulé que d'hommes tués et aultres domaiges P Si l'abbé ne s'adressa pas, dans cette occurence, au duc de Bour- gogne, c'est qu'il redoutait sans doute ce voisin puissant et craignait de lui fournir l'occasion de mettre la. main sur la petiteterre de Luxeuil. Mais les officiers bourguignons s'habituaient de plus en plus h empitter sur les droits'sourerains de i'abbk. La duchesse Margue- ritese croyait sur sespropres terres lorsqu'elle rint attendre a Luxeuil, le l1maì 1411, avec une suite nombreuse, la duchessë d'Au- tricheaccompagnée elle-même d'un grandnombre de chevaliers, d'écuyers et de dames ; on séjourna A Luxeuil jusqu'au-16 mai c aux despeus de madame la duchesse de Bourgongne (3 D- Aussi lorsque, & la mort de Guillaume de Bussul (14 16), des dksor- dres édatèrent dans la terre abbatiale, la duchesse Margxcrite, eq l'absence duduc de Bourgogne,n'hésita pas a intervenir, i.! -Les religieux, ,.privés depuis longtemps du droit d'klection, vou- laient donner pour successeur à Guillaume de Bussul un des leurs, Pierre de Lugney; mais Pierrecy de l'Isle, ancien moine de Luxeuil, alors éoCque de Verdun: avait obtenu déja des bulles de l'anti-pape Benoît XII. Les seigneurs du voisinage prirent parti pour l'un ou pour l'autre des compktiteurs et prkparkrent la guerre. Des hommes d'armes se rassemblèrent sur les terres de Luxeuil et sur celles de Jusseyet de' Faucogney. Jean de Saint-Loup, Jean de Neuchitel, seigneur de Montaigu, Jean de Vergy et leurs gens occupaient la *

(1) Hugues ne fit aucune reparation du vivant de l'abbé Guillaumc ; c'est en seulement que, I'affaire ayant eté mise en arbitrage, ceseigneur se décida i dtdommager .ceux des bourgeois de Luxeuil qui avaiznl. Cte victimes .de CCS brigandagcs. R. Grappin, V, lo. ($2) D. Grappin, V, 10. (3) Petit, IFi?&ujres de Philippe le Hardi et de Jea,l sans Peur, p. 598, - 40 -

maison forte de Baudoncourtpendant que des a estrangiersdes duchies de Bar et de Lorraine, des marchesd'Allemaigne et d'aultre part D etaient a Luxeuil.Marguerite chargea Erard Dufour (l), bailli d'Amont, et Jean Sgrdon, lieutenant-general dudit bailhge, de leurnotifier r que incontinent ils se departissent et s'en allassent chacun en son hostel sans plus avant proceder Q quelconque voye de fait.(!') B. Jean Sardon se rendit en personne a Luxeuil et rtussit à retablir I'ordre aprCs avoir obtenu un accord entre les deux parties c). . On convint que IC différend serait soumis au concile de Constance, qui ne s'occupa pas deLuxeuil ; plus tard, en 1418, le pape Martin V dCcjda en faveur de Pierrecy del'Isle parce quel'eiection de Pierre de Lugney lui paraissait attentatoire aux droits dela papaut&. Le duc.de Bourgogne ttait donc en réalité, des 1416, le veritable souverain de la terre abbatiale de Luxeuil, bien que le roi continuAt ¿ipercevoir les rewnusattach& à la gardienneté p), Les officiers bourguignons de Vesoul,de Faucogney et de Montjustin s'enten- daient entre eux pour enlever aux sujets del'abbaye leurs privileges et les frapper d'impôts. Au lendemain de l'assassinatde Jean sans Peur (1419), Philippe le Bon, le nouveau duc de Bourgogne, dtfendit lui-m&mel'abbaye contre ses gens, et, par une lettredatke de Troyes, le 8 avril 1420, interditau capitaine et au prkvbt deFaucogney .¿ toutes voies de fait et auth D qui tendraient a rendre pl~.~sdifficileS Ics rapports commerciaux entre la terre de Luxeuil et celle de Fau- cogney ; les habitants de Luxeuil, disait-il, endureraient de grandes souffrancessi on les empêchait d'acheter hors de chez eux les m+-- chandisesqui leur sont nkcessaires, et,d'autre part, si I'abbäye -.

usait de représailles, les rnarchCset.les foiresde Faucogney perdraient ' leur importance : u Pourquoi nous, les choses considertes, eu regard a la contiguitt et proximitk desdits pays et que la terre de Luxeu est enctavke en ootre diteComtC, ... voulons et vous mandons que au cas dessusdit vouslaissiezlesditsde Luxeu doresnavant.. vendreetacheter ! en notre dite Comté de Bourgogne et mener et ramener de notre dite

(l) Erard Dufour? seigneur d'hisenville, de Colombier-la-Fosse, ancien conseil- ler et chambellan de l'hilippe le Hardi, bailli dTAmont au comte de Bourgogne. Petit, Ibid., p. W3. (P) Lettre de la duchesseAiarguerite donnant l'ordre a Erard Dufour, bailli d'Amont, de mettre fin aux troubles qui desolent la Cornti et Luxeuil ; B février 1416. Xrchi.ves de la Clrte-d'Or B. iW. .i (3) A-ccord du.2 mars 1416. Ibid. j (4) Copienon signéc d'un comptedes remnus que ]e Roy avait perçus a ! Luxeuif en l'annie 1416. Archives de la Cbte-d'Or, B. $57, - 41 - ComtC en ladite terre de Luxeu tous vivres et autres marchandises quelconques, selon qu'ils ont accosturn6 au temps passè r) II, - des Mais les vexations offjciers du duc de Bourgognen'en continu& , rent pas moins. En vain, le 11 novembre 1420, un huissier du par- lement de Paris requkrait, en vertu des lettres du roi, le chancelier du duc q de de plus molester les moines de Luxeu par des impôts n, et ctkclarait l'abbt et les religieux a exempts et bien fondis dans leurs droits et immonitks B, de nouvelles impositions furent faites sur la terre de Luxeuil, deuxfois en 1421 et.une fois en 1423 (3). Les religieux i~~~plorbrentencore le duc de Bourgogllequi ordonna au bailli d'Amont de procéder i Ún diligent examen de tout ce qui avait occasionne les plaintes de l'abbaye, et de lui envoyer sans retad le resultat de son enqu&teafin qu'il pht pl-endre une décision.. Nous pouvons croire que Philippe le ßon modera l'ardeur de ses officiers, puisque,dans sa lettre au bailli d'Amont, il reconnaissaitdtja les droits incontestable desreligieux, et disait qu'ils ont plusieurs villes, forteresses,terres et seigneuries c admorties,tellement qu'après Dieu ils ne recognoissent point de souverain(3 B. La mort de I'abbe Pierrecy (1424) fut !e signal de nouveaux dksor- dres, h Luxeuil et dans les environs. Guy Pierrecy, neveu de l'abbe défunt, mit la main sur tout le numkrairz qui se trouvait à l'abbaye, le distribua aux moines et se fit elire abbt ; kduc de Bourgogne lui obtint la protection du gouvernement anglais de Paris contre Jean d'ungelles, nommb abbC par le pape Martin V et jetken prison par les partisansde Guy. Le pape frappa Guy d'excommunication, et.), nommaGauthier de Savoncourt, abbC deMoutiw-RamC admi-" nistrateurde l'abbaye en attendant 1'6largissement de Jean d'un- gelles. Guy, au reçu des bulles d'excommunication, S'&ait rkfugiè au chAteau de Baudoncouh, accompagne! des religieuxdkmes 6 sa Per- sonne,et,protkgi: par des soldats bourguignons; quelques-uns de ses partisans l'ayant engag6 a se soumettre i Rome, il les fit massa- crer par ses hommes d'armes., Mais bientatles aSSassinS,,effraY~s du châtiment qui les attendait, n'htsitkrent pas, pourse faire Pardonner leur crime, a jeter Guy en prison et 6 donner B Jean d'ungelles sa liba'tè.

(1) Cartulaire de Luxeuil. fu 369.. (e) Les officiers bourguignons exigbrent soixante écus pour la premiere levee, cent-vingt francs la seconde, et cenbquarante a la troisitme. D. Grappin, V, i?, (3) Cartulaire de Luxeuil, P3ïi. (4) Monastkre dont OR voit encore les ruines sur le territoire de la commun$ de ~loutiers.Saint-Jean,canton Montbard (Côte-d'Or), - 42 -

Dom Grappin (l) prktend que Jean ne dut pas prendre possession de l'abbaye. Quoiqu'jl ensoit, la crosseabbatiale ne tardapas à appartenjr 5 Guy Briffaut, qui s'efforça de reparer les maux. causes par les dissensions de ses .prkdkcesseurs et d'affermir son autorité dans la terre de Luxeuil. Le seigneur d'OrmoiChe, Outhenin Brisar- det, avait profite des derniers troubles pour faire enlever dela porte de son château les armes de l'abbaye (*) qu'il remplaça par celles du duc de Bourgogne, dont il sedkclarait le vassal immédiat. Guy Brjfiut dCputa son cellerier et un huissier pour sommer Brisardet d'bter Ics .armes de Bourgogne et de remettre en leur lieu et place celies'de Luxeuil : Brisardet ob&t v). Guy Briffaut eut aussides dCm&lCsavecun seigneur duvoisinage,du nom d'Erard, qui rklamait de l'argent prèt6 a Pierre. de Lugney. Comme le pape n'avait pas sanctionné l'klection de cet abbk, les reli- gieux ne se croyaient pas responsables deses dettes et refusèrent de les acquitter. Sans discuter davantage, Erard et ses gens entrerent sur la terre de Luxeuil et s'emparerent de quelques bourgeois qu'ils emmenbentcomme otages. L'abbi implora le secours du duc de Lorraine, qui consentità jouer le rôle d'arbrtre et terminale différend 'par unetransaction : lesreligieux payèrent quatre cents livres a Erard, qui relâcha les prisonniers (l2 novembre 1433). hlaisle moment etait proche où Je duc de Bourgogneallait Ctre solennellement autorise à accorder a l'abbaye la protection que .les rcis de France ne pouvaient plus lui assurer depuis un long temps.

Le concile de BâIe, rCuni dans le courant de l'annèe-1431, s'ktait ... oLcupé deja desmoyens de mettre- fin a la guerrede Cent'gns. Les conferences d'Arras (') s'ouvrirent dans le meme but le 3 aohr i435 ; on sait'comment elles aboutirent a dktacher la Bourgogne de l'alliance anglaiseet à ramener la bonne intelligence entre le duc Philippe le Bon etle roi de France CharlesVII, divises depuis l'assas- sinat de Jean sans Peur. Un article dn traite d'Arras abandonnait a Philippe la garde de l'abbaye de Luxeuil : a Item et aussi de la part du Roy sera transport6 et bail16 à mondit seigneur de Bourgoigne, pour fui et ses hoirs, contes de Bourgoigne, a toujours et en hkritage

(1) Histoire de l'abbuyc royale de Luxeu, V, 18. (2) Les armes du monastere Btaient d'azur a un saint-Benoit d'or. Les armoiries des vingt et un derniers abbes ont ete exécutezs en18W) sur les vitraux de I'églisc actuelle de Luxeuil (lancettes et rose dupignon septentrional du transept). Cf. . de Benuséjour, L'Eglise abbatiale, p. 46 et 4T. .~ (;i, D. Berthod. Dissert., p. 78. (4) Sur les confirences d'Arras,.. voir de Barante, Histoire des dmdc Bourgogne, t. VI, p. ii et suiv,

b :. -

- 47 - perpetuel, la garde de l'église et abbaye de Luxeu, enscmble tousles droiz,proufiz et em~~lurnens yuelzconques appartenans a la dicte garde, laquelle le Roy, comme conte et a cause de la conte de Cham- paigne, dit et maintient à lui appartenir, combien que les contes de Bourgoigne prrdecesseurs de mondit seigneur, ayent par ci-devant pretendu et querele au contraire, disans et maintenans icelle eglise et abbaye de Luxeu qui est hors du Royaume et es mectes de la conte de Bourgoigne, devoir estre de leur garde : et. pour ce, pour bien de . paix etobvier à tous debaz,sesa delaissee par le Royet demourra ladjcte garde entièrement a mondit seigneur pour lui et ses SUCCCS- seurs, contes de Bourgoigne (l) D, Le 10 dicembre 1435, le roi de France donnait, a Tours, les lettres par lesquelles il déclarait mettre le duc de Bourgogne en possessiotl de la garde de l'abbaye [*) ; Philippe de son cbte annonçait, peu de jours apres, son intention de consacrer les revenus de cette gardea la fondation de l'ordre de la Toison d'or (". La prist: de possession du nouveau gardien eutlieu avec une grande solennitk.Le duc de Bourgognese fit representer a Luxeuilpar , Guy d'Amanges, baillid'Amont,- son conseiller et son chambellan, - Jean Thomassin, trksorierde Vesoul, etJean Parisot, procureur. generaldu balliage d'Amont (4), Guy d'Amangesprksenta l'abbé l'objet de sa commission, le requhnt de donnerla garde de l'abbaye au duc son maitre, avec tous les émoluments dont jouissaient jadis les comtes de Champagne. Pâns de Mootreuil, cur6 de Faucogney, prit alors la parole an nom des religjeux, et retraça toute l'histoire de l'abbaye, depuis ses origines jusqu'au traite d'association conclu avec Je comte de Champagne en1833 ; il montra que ce traite ayant accorde (( pour toujours B aux comtes de Champagneet á leurs successeurs la garde de l'abbaye, nul n'avait [e droit de la transferer á d'autres sans l'agrément du monastère ; il ajouta que les religieux, tout en étant dkcidés à affirmerhautement leurs droits, n'avaient pas l'intention __ de protester contre le trait&d'Arras, mais qu'ils desiraient savoir si ce traitk accordait reellement la garde de Luxeuil au duc de Bour- gogne, si le roi tr&s-chr&tien consentait h cette cession, enfin si Guy

(l) Article 19 du traite d'Arras. Cosncau, Les grallds traite's de la g1ter.r-e de Ceut UM, Paris, fB,p. 1%. (U-) Archives de la Còtc-d'Or, B. jlW2. (.T) Lettres du 15 decembrc 1'1T5, Ibid. - Sur l'ordrs dc la Toison d'or, institue B Bruges en 14W, voir dc Barante, Hisloire des ducs de Bourgogtle, t. V, p. 231 et suiv. (4) Archives du Doubs, B, 2663. - 4-1 - dArnwes, Thomasskct Poinsot avaient reçu de leur maître les pouvoirs nécessaires pour agir en son nom. Pâris termina en disant que, quels que fussent d'ailleurs ces pouvoirs, le duc de Bourgogne devait prCter en personne serment de dkfendre les franchises. et les libertes del'eglise de Luxeuil, etd'observer dans son intégritk le traité de 1!EB. Guy d'Amanges fit à ce discours une rkponse qui contenta tout le monde, et, accompagoC des deux autres officiers bourguignons, il se rendit avec l'abbeet Henry de , l'un des religieux, sur la . place (l) contigu& au palais abbatial. La, en présence de nombreux temoins, 1'abbC se plaça a .la droite de,Guy, et monta sur un siège plus elevé que ceux qu'on avait préparés pour les officiers du duc de Bourgogne : Je suis ici, leur dit-il, au plus haut lieu auquel je suis et dois estre, tanta cause del'Église comme de souverainete, et vous requiers, Messire Guy, que vous dites commis a 'la garde de l'eglise de &ans et de la terre, de par Monseigneur de Bourgogne, et estes son baitly. que vous, comme commis et comme bailly, fassiez le ser- ment a moy et a l'Eglise, et sous Jean Thomassin pareillement comme commis ettrtsorier, et vous, JeanPoinsot, procureur et commis dessus dit, en protestant toutes fois que par ce je n'entends ne veux moy dkpartir demes protestations premikres, ainsles veux avoir pour rkitértes en adherensa icelles tant commeje puis P (". Les officiers bourguignonspritkrent aussitbt le serment requis, sans s'éIever contre les protestations de l'abbé Briffaut,,s,ns même reclamercontre le ton impCtrjeux de sa dkclaration 1.! ...

Philippe le Bon se hàta de prendre l'abbaye sous sa sauvegarde et , de prévenir, par de sages mesures, tout ce que ses officiers avaient jusque 19 tolCrt au détriment des religieux et de leurs sujets. Ses lettres du 24 septembre 1440 ordonnent aux baillis d'Amont, d'Aval et de Dôle, et àtous les gens de justice ducomtC de Bourgogne -- d'empêcherles soldats de se loger dans les illa ages del'abbaye, d'y prendre blé, vin, avoine ou fourrage, afin que les sujets de l'abbaye soient tranquilles, B l'abri de toute violence, et qu'ils puissent jouir

en paix du fruit de-leurs travaux [4). ' Le 3 juin 1441, Philippe prêta lui-même, a Bruxelles, le serment

(1) La place de la Baille, au nord de l'abbaye. (2)D. Grappin, V, 19. (3) Cartulaire de Luxeuil, fa 381 ; Bibliotbeque nationale, collectio?t Moreau s9, fo W. (4) 3. Grappin, V, 19. - 45 -

qui lui avait ktkdemandk;il jura (l) sur les saints Evangilesqu'il serait ' fidele à l'église, á l'abbé et aux religieux de Luxeuil, qu'il defendrait leursdroits, leurs liberth, leurs coutumeset leurs biens avec le mCmezèle qu'il &fendaitses propres biens, et qu'il observerait exactement toutes les conventions faites entre les preckdents gar- diens et le monastère. Jean de Jouffroy ?); prieur de Saint-Vincent, et depuis abbé de Luxeuil, avaitéti dklkguk par les religieux pour les reprksenter à cette cérkmonie ; quelques mois aprks (3) Jouffroy Pr& tait entre les mains du prince, au nom du monastere de Luxeuil, le serment d'observer avec une scrupuleuse exactitude tous les arti- cles du traité de 1258. . Desormais les ducs de Bourgogne eurent, comme jadis les comtes de Champagneet les rois de France,la nloitie des revenus de l'abbaye;

cesrevenus s'&levèrent, en 1460, pour la partaKérente au duc de I Bourgogne, 6 580 livres 18 sols 8 deniers (,l). Le duc et l'abbk parta- geaient entre eux les droits d'éminage, de rouage, de saunerie, de boucherie, de boulangerie, d'aunage, la taxe pour vente du bétail et des cuirs, les droits de tabellionage et de banvin, les amendes et les tailles payées par les habitants de la terre de Luxeuil. L'abbC possé- 'dait en propre la souverainetk de six petits villages - Esboz, Brest, Brotte, Visoncourt, Ormoiche et La Pisseure ; il percevait seul ]es droits de mainmorte et la taxe-sur les fours et les moulins, ainsi que les grosses et menuesdîmes.

(l) Carlulairede Luxeuil, fo 391 ; Bibliothèquenationale, coilectim-Afo?*~~N.'~? L!!. .. mg, f0 397. ' , . (Q) Jean de Jouffroy, né B Luxeuil vers t4i2,' fit ses etudes,h Dóle, puis g colo- gne et à Paris, et embrassa B Luxeuil la vie monastique ; il professa ensuite pen- dant trois ans la théologie et le droit canon à Paris. Chargé de nigociations in>- portantes par le duc de Bourgogne, il fut récompensé de ses services par le titre d'abbé de Luxeuil et par l'évtché d'Arras. Puis Louis XI se l'attacha; il lui fit donner le chapeau de cardinal et i'eveche d'Alby, le nomma son aumbnier, joignit l'abbaye de Saint-Denis a tous ks bénéfices qu'il posstdait, l'envoya a Madrid pour conclure le mariage du duc de Guyenne avec une infante, enfin le chargea d'nssikger dans Lectoure le comted'Armagnac qui fut tué par trahison. Sur Jouffoy, qui mourut en 1473, voir Gallia christiatra, XV.159; Biographie kfichaud ; Grappin, Eloge historiquede J. Jolcff-oy, cardirral d'A16)', Besançon, íi&!, in-@>; D. Cellier, Journal de Verdun, mars 17%. (31 Le 14 octobre 1141. Archives de la Cóte-d'Or, B. 11904. (4) Des rentes et revenus appnrtenans a la garde de l'Eglise, ville et terre de Lureul ... 3 Bibliotheque nationale, Mss.;i83 Colbert, no 2. - Cette piece a 5tt publite in extenso dans notre de Luxouiensirtmabbatum poreslare rappendix II, p. 99-110). c'

c '.

.' CHAPITRE VI

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La terre de l'abbaye est réunie A la Franche-Comté.

Le trait& d'Arras ne devait pas donner à l'abbaye la sécurité qui qui lui faisait defaut depuis des sièkles (l). Lesgarnisons licenciees aprts la conclusion de ce traitk ne tardkrent'pas en effet a devenir le noyau des compagnies d'aventurierssi tristement cklkbres sous le nom

d'.&"cor-cheurs: C Etchevauchaient et allaientde pays' en pays, de ' marche en marche, qucrant victuailles et aventurespour vivre et pour gagner, sans regarder ne Cpargnerles-pays du roi de,France, du duc de Bourgogne, nid'autrrs princes du royaume (2). Au printemps de l'année 1439, Antoine de Chabannes, Blanchefort et Chapelle, a la tête de cinq ou six mille routiers, passerent par la terre de Luxeuil lorsqu'ils se rendaient en Bourgogne apres avoir dCvastC le pays d.e Montbéliard : ils logkrtnt a Saint-Loup, Corbenay, , ets'y arrèterent plus de quinze jours, saccageant tout comme d'habitude p). .. C'est en vain que la noblesse corntoise levades soldats pour donner la chasse h CPS brigands;les protecteurs ne valaient souvent.pas mieux que leurs adversaires.On sait comment le Dauphin de Frabce, le futur Louis XI, pour occuper ces bandes, en coEposa une armte- qu'il mena guerrbyer, au profit de la maison d'Autriche, contre les Suisses. L'armPe entikre était rCunie a Langres, le 28 juillet 1444, et elle se mit presque aussitôt en mouvement. Le Dauphin traversaLui- même Luxeuil (4), du 8 au 10 aoùt, venant de Jonvelle, etse dirigeant sur Lure et MontbCliard.

(1) Dans les annees qui suivirent le tmitC d'Arras, les officiers du duc de Bour- gogne eurent de grands minagements pour les habitants de la terre de Luxeuil, et conservtrent a l'abbi l'apparence de la souverainete: ainsi nous trouvons en

1445 un Q mandement de Jean Tarrevelet, lieutenant dubailli d'Amont, ordonnant au priyct de Luxeuil d'exécuter une sentence contre des particuliers de sa terre, sur lesquels les sergents du duc n'avaient pas osi instrumenter, crainte que la

chose nefeust au desplaisrr de l'abbi I Archives du Doubs, B. 508.

1 (9) Olivier de la clarche, Chroniques, liv. I, ch. CCXLIIT. (3) Tuetey;Les Ecorrheurs sous Charles VII, Montbéliard, 18774, $2 vol. in-80 (t. I, p. 117). (4) 11 s'y arrCta au moins une journée et y passa la nuit, Tuetey, I. 1'75 et ,372. - 45 L

Peu de-jours après, Ie lundi 31 août, les gens de Regnault d'Al:- genay,seigneur du Plessis,. lieutenant du sCnCchal d'Anjou,s'en \inrent courir devant Luxeuil et dans les villages environnants - Froideconche, Saint-Sauveur, Breuches, Briaucourt - ou ils enle- vèrent tout le bétail (l). Pierre de Verrey, capitaine de Luxeuil, leur ayant fait demander le motif de semblables déprédations que rjen ne pouvait justífizr, ils rkpondjrent N qu'ils ne Trouloient point faire de mai et que ce n'estoit que pour-avoir des vivres tant seulement )). Cela ne les emptcha pas de s'emparct- de plusieurs habitants qu'ils li&rent sur des chevaux et emmenèrent avec eux jusqu'au pont de v). La, les honnètes routiers offrirent la liberte h leurs prison- niers moyennant une rançon desept cents florins ; cette proposition ayant éta acceptke avec empressement, ils renvoyh-ent aussitbt gens et bPtes, gardanten guise de nantissement treizetetes dechaque espkce, savoir treize individus et treize des m~illeurschevaux ; quel- ques-uns'de ces otages parvinrent a s'6chapper pendant la nuit, le reste fut conduita Darney et jet6 dans une basse fosse, Surces entrefaites) Guillaume d'Oiselay, seigneur de La Ville- neuve (7,prCposC par le duc de Bourgogne h la garde de Luxeuil, dknonça au roi de France la conduite des routiers,et denlanda la dCli- vrance pure et simple des malheureuxpaysans. Cbarlcs VI1 fit aussitdt dCfendre h ses troupes de lever aucun B appatis B sur les terres de Luxeuil, mais cette defense resta lettre morte, et il fallut implorer de nouveau l'intervention royale. Cette fois le roi de France adressa au

markchal d'Anjou ou a son lieutenant un mandement ordonnant la \.'. - mise enlibertk immédiate des prisonniersavec tous leurs biens. Quand ces lettres parvinrentau sknkchal, il !es prit, les B dkpeÇa et les gecta contre terre en jurant trks fort que les villains Y mourraient ou pajeroient ladjcte somme de sept cents florins JJ.On eut beau pro- tester, nkgocier, faire parler au sknéchal par le duc de Eourgog[le en personne, tout fut inutile, etii fallut absolument. pour ravoir les pri- sonniers, payer la rançou exigée. Lesfaubourgs de Luxeuil et les villages voisins souffrirent PIUS encoreque la ville elle-mtme. M. Tuetey a publie les principales . pikc@s de l'enquête que le duc de Bourgogne fit faire, apres le passage des Ecorcheurs, par Huguenin BelTrrne, tabellion de Luxeuil, Gau- thier Courbenay, lieutenant du pr&vBtde Faucogney, Nicolas Mugot, Gauthier Henrion et Jean du Moulin, substituts du procureurg~n~ral

..I (i)Tuetey, I, lï0 et 171. (2) Commune du canton de (I.laute-Saóne).. (3) Commune du canton de T'esoul. 48 -

de Bourgogne. Les depositions (l) des nombreux témoins interrogCs par ces magistratsse ressemblent toutes ; nous n’enciterons que quelques-unes. Un bourgeois de Luxeuil, Regnault Eellebos d’Amblans, habitant le faubourg du Cb&ne, dite qu’il kchut au faubourg du Chesne cinq logis de gens d’armes de mondit le seigneurle Daulphin et ne saitles noms des capitaines, car l’on ne s’osoit trouver devant eulx, pour ce qu’ils battoienr et rançonnoient tous ceillx qu’ils povaient avoir et atteindre J. Unefemme Saint-Sauveur,de Catherine, femme .I . Etienne le Jay de Villers,admodiateur de la grangede Saint-Salveur, iI apparteoant h reverendptre en Dieu monseqgneur l’abbéde Luxeu, l dit et despose que audit temps lesgens de monditle seigneurDaulphirl, ont est6 IogiCs en ladicte grangr et lui ont mengik douze brebis, etlui ontdommaigik et gasté endiron deux mille gerbesde soigle, lui tuirentdeux veaux, une vache,... lui ont dCpeci6 une table, une vougc, les fenestra,huissiCres,’cuveaux, vaisselle et,plusieurs autres menus l edifices de bois estans en ladicte grange et en la maison d’icelle, ont descouvertladicte grange en plusieurslieux, tellement qu’elle est toute dktruite et deserte, lui ont gast6 environ vingt-quatre journaux d’avoine et soixante charretés de foin.. . (?) L,. A Baudoncourt, a La Chapelle,h , h Brruches, les Ecor- cheurs brll1en.t des maisons et coupentles arbres des vergers;à Sainte- Matie-en-Chaux, ils démolissent .le four banal, incendient le moulin ou en brisent les meules ; à Fontaine, ils pillent l’kglise et le prieur&, i et mettent à mort deux hommes. A Anjeux, un enfant de trcsia ans .., meurt e desgrans maux qu’ils lui firent J). A Urecourt, e ils tuèrent ung nomme Symonot des plus notables, item emmenererii troisfemmes, lesquelles ils menèrent a Montdark et le lendemain qu’ils se. deslogkrent les laissirent aller D, Un malheureux habitant de Mailleroncourt-Saint-Pancras fut conduit a Ormoy ; on lui lia les - pieds etles mains et onle plaga devantun grand feu 8: pour le rostir D ; c lequel quand il sentit le feu et qu’il commença a bruller, cria et brailla,et l’ardirent tellement que 1;s pikes de son corps.de’son dos I

’ et de ses na’iges churent par grans pieces devant lesdits gens d’armes, Et lorsqu’ils virent qu’il se mouroit, ils le délitrent et le mirent h rançon de quatre salutsd’or qui leur furentpaiCs comptant P. Jean Lambert, de Saint-Sauveur, dkpose que .les compagnons du Dauphin prirent son fils àgé de trente-deux ans, <,et après ce qu’ils l l l’eurent battu tres vilainement pour ce qu’il se rançonna h certaine

(1) Tuetey, ‘IT, p. 309 et suiv. (52) Ibid., II, 523. l L di) A -. . grosse somme.d'argent, et le amenkrent en leurs logis ès faubourg dudit Luxeu et pour ce qu'il ne put avoir cedit jour ladite rançon, le loikrent les bl:as derrière le dos et le firent monter sur la tau)- de la porte de l'entrée dudit faubourg dudit Luxeu, de dès le haut de la dicte tour le firent saillir a terre, dont il fut incontinent mGrt (')U. Ainsi rançonnements, incendies, vols et pillages, meurtres et tor- tures,tels sont les exploits qui signalentpartout lepassage des Ecorclleurs. Mais heureusement, sous l'administration du célebre Jouffroy, abbC de 1449 a 1468, la terre de Luxeuil jouitd'une parfaite tranquillitk, et put rkparer, du moin? en partie, les maux passes. JOU~~~OYavait su gagner les bonnes grâces du duc de Bourgogne, dont il fut l'un des conseillers intimes avant de devenir le confident de Louis XI ; aussi, de son vivant, les officiers bourguignons montrkrent-ilsla plus grande sollicitude pour les intCr$ts de l'abbaye.Mais le succisseurdeJouffrcy, Antoine de Neuchâtel (", &&que et comte de Toul, eut a soutenir un proces i la Chambre des comptes he Dijon contre les États de Bour- l gogne. L'abbt de Luxeuil refusait depayel- szt quote-part des six cent mille livres de subsidesvotksen1474 parles Etatsen faveur deCharles leTCméraire. La Chambredes comptes approuva les raisons de l'abbé et reconnut ses privilèges; mais n'osant pas contredire ouverte-' ment les États, elle dCcida que la terre de Luxeuil payerait pendant I six ans (L par maniire de gracieux et de liberal don D une somme de deux ceuts livres, S combien que par cy devant ils (]'abbe, les reli- >'. gieux et les habitants de la seigneurie) n'aient este contribuabks ne L.?- accoustumé payer aucune portion des aydes accordkes à mondit sei- gneur'ne à messeigneurs ses prédkcesseurs en ses duché et comte de ßourgoigne (") R.

(l)Tuetey, TI, 329. (2) Antoine de Neuchâtel,fils de 'I'hiCbaut de. NcuchLìtel, maréchal deBourgogne, ct d'Annede Cháteau-Villain, avait ét8 élu tvBque de Toul par Ics chanoines français et bourguignons (1460); un autrc parti, compost5 de TOLI~O~S,de Idorrains et d'Allemands, avait donne ses suffrages h Frédéric de Clisentenes, mais le pape ratifia.I'Clection d'Antoine. - Cf. Dom Calmet, Histoire de Lowuitle, JI, 970 : 'Thiery, Histoire de la ville de Toul et de ses édq:qrres, II, 23. - M. J. Finot a publie (Iresoul, Suchaux, 1876) l'interrogatoire dy barbierd'Antoine dc Neuchâtel, accusé en 1493 d'une tentative d'empoisonnement sur la personne de son maitre dont la riche succession excitait la convoikise d'un certain Jean Jpuffroy, prieur de Val.de-Liepvre, et de M. de Voiscy, abbé de Gortz. Voir aussi J. Finoh u)t proces crin~~ke[uu AV. siècle (Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts du departement de la Haute-Sabne, 1877). (3) Cartulaire de Luxeuil, fa 93. 4 .. -.i

i 5.. -

Les religieux implorerent alors l'intervention de Charles le Teme- raire qui, touch6 par leurs priires, leurfit remise de cette imposition onéreuse ('J. Quelques annies aprks, le duc Charles mourait au siège de Nancy (6 janvier 147'71, ne laissant qu'une fille, du nom de Marie. Le roi dc France Louis XI fit occuperaussitàt le duche deBourgogne, et &clama la garde de la Franche-Comte (') f( pour le bien du pays et de Mademoiselle de Bourgogne, et en faveur du mxiage indubitable- ment espéri de monseigneur le dauphin et de Ja dite damoiselle Y. Les Etats de la Comtt acceptèrent la protection du roi et les villes ouvrirentleurs portes ses soldats. Marie éperdue se jetadans les bras de l'Autriche et donna librement sa main à l'archiduc Maximi- lien, fils et hkritier de l'Empereur. A cette nouvelle la noblesse des deuxBourgognes se souleva ; lestroupes du roi furent battues à Vesoul et chassees de Gray. Mais, au printemps de 1479, Louis XI reprit l'offensive ayec de puissants moyens: Ddle, livree par trahison, fut mise nu pillage ët ensuite dCvorPe par 'les flammes ; les autres places comtoises se rendirent presque sans rksistanke; la ciré archi- épiscopale de Besançon reconnut le roi pour gardien et protecteur. L'abbé de Luxeuil, qui avait embrassi: lui aussi la cause de Marie .. de Bourgogne, nEgocia unaccommodement.; le '26 juin 1479: ses représentants ('), assisth de deux bourgeois(*) de Luxeuil, signkrent a Faucogney avec le gouverneur de la Champagne un traite pour la rkdùction de la terre abbatiale en l'ob&ssance du roi : le gouverneur promettait au nom de Louis XI de proteger contre taus I'abbe, les religieux et ieurs hommes, et en revanche ceux-ci faisaient 1C ser- ment u d'estre bons et Ioyaulx au Roy, et tenir son party envers et contre tous et mesmement contre le duc Maximilien d'Autriche et la duchesse sa femme, et d'estre, demourer envers luy tous ainsi qu'ils ont accoustumé d'estreet demourer enversles predecesseurs Roys de France (") D. Antoine de Neuchâtel ne tarda pasB recourir h Louis XI pour for- cer la saunerie de Salins a acquitter la rente qu'elle n'avait pas payee

(l)Z¿id., f. 94 (Lettres datees de Bruges et adresstes par le duc de Bourgogne B son parlement siant à Ddle). (2) Cf. Clerc. Conqu&e de la Fmmhe-Comté par Louis XZ (Académie de Besan- çon, 1843, p. 12-54). 6)Messire EstienneBevresolz, prtvbt dumonastère de Luxcuìl, messirz Jacquesde Champoillon, prieur de Saint-Valbert, a noble hommeJacques de Grachant, et messire Pierre de la Cusine. (4) Jehan Garnier et Symon Soyard. (5) Archives de la Côte-d'Or, B, 11889. h l'abbaye de Luxeuil depuis le lcr octobre 1460. Le roi -deFranc6 accueillit favorablement cette requète et donna des ordres en conse- quence (l). A la mort de Louis XT, Charles VIIT, sun successeur, chargea le bailli d'Amont de pr2te.r le serment qu'il devait comme gaj-djen de l'abbaye ("1. Les &tats de Franche-Comte, riunis à Besançon, avaient reconnu comme souverain de la provlncele nouveau roi, qlIi etait fiance h la fille de Marie de Bourgogne ; mais, des que Charles V111 eutkpousè Anne de Bretagne, les Comtois se regardkrentcomme dkliesenFers la France.Maximilien d'Autriche, père et tuteur des enfants de Marie de Bourgogne, morte en 1485, vint YeccnquCril- la Franche-ComtC: Besançon lui ouvrit ses portes, ainsi que Faucogney, Vesoul et Amance, et Maximilien fit rendre la justice eu son nom à Luxeuil dont il prCLendait &trele prdien ikgitime. 'Antoine de Neu- . Châtel s'adressa au roi de France qui déclara nuls tous les jugeménts prononces a Luxeuil par les gens de Maxïmilien, et somma celui-ci de fiire restitueraux religieux et h leurssujets tous les impbts qui avaient ét6 perçus par les officiers bourguignons. Le prince d'Orange, lieutenant du roi en Franche-CorntC, fut char& de signifier h 1'Em- pereur les volontes de Charles VI11 ; plein d'egards pour l'abbaye, il defendit en meme temps aux officiers du roi et h tous les gens d'ar- mes Français de prendre leurs quartiers dans les villages de la terre de Luxeuil ou m&mede s'y approvisionner de ce qui leur etait nkces- saire (". Ma% bientbtCharles VIII, qui r&vait degrandes conqu&tes en Italie et en Orient, renonça de gaietC de ceur a la Franche:C~rntC,<~ qu'il abandonna A Maximilien par le traite de Senlis (23 mai 1493) ; du meme coup lesprinces de la maison d'Autriche restaient definiti- vement les gardiens de l'abbaye de Luxeuil. Aussi, h la mort d'Antoine de Neuchàtel, Maximilien voulut avoir - un abbé'de son choix : il fit elire Jean de la Palud de Varambon (o, protonotaire apostolique, tandis que le pape Alexandre VJ nommait - 52 - le cardinal de Grolap. Le fils de Maximilien, Philippe le Beau, qui gouvernait alors la Franche-Comte, kcrivit meme de Bruxelles aux bourgeois de Luxeuil pour les engager a soutenir I'élection de Jean de la Paludet h combattre son compétiteur (i). Le papecéda et laissa Jean de la Palud prendre paisiblement possession de la crosse abbatiale. On voit par Ih que Maximilienn'entendait pas se comporter à 1'Cgard de l'abbaye comme un protecteur et un gardien, mais comme un maître. L'abbC de Luxeuil n'apait plus en effet que peu de temps a jouir de sa prétendue souverainete (') : dès l'annbe 1503, le procu- reur gknéral du parlement deDale lui intentait un proces, et deman- dait qu'indbpendamment dela redevance ancienne due pour droit de garde, les reiigieux prissent l'engagement d'abandonner à son maître tous les droits régaliens qu'ils s'attribuaient injustement. Au lieu de s'élever contre de telles prétentions, ou de demander la constitution d'un tribunal d'arbitres, I'abbC reconnut la compètence du parlement de Dble et se fit représenter à sa barre: c'&tait agir en sulet, non en souverain. Le proces durait encore au moment où Cclata la rivalite de Fran- çois leret de Charles-Quint.La fille de Maximilien,Marguerite, chargee du gouvernement de la Franche-Comte, prit de sages pré- cautions pour preserver le pays des horreurs de la guerre, et rCussit, grace à la rnkdiation des Suisses, B faire reconnaitre la neutralite de ses &tats par le trait& de Saint-Jean-de-Losne (159'2). Un des pléni- potentiaires de Marguerite &tait prPcisCmmt I'abbC de Luxeuil, Jean de la Palud, qui fit inserer dansle trait& quela neutralité'@omise;Con-. ... cernait non-seulement la Franche-Comté, mais a la cité de Besanpn,,., citoyens et habitants d'icelle, l'abbC. couvent et habitans de Luxeul et subjectz de la seigneuriz du dit Luxeul enclavk audict Comte )J. Jean de la Palud avait habilement racheté sa première faute; en faisant constater dans uu acte officiel, et par Marguerite elle-m$me, l'autonomie de la terre de Luxeuil, il mettait le parlement de Dble dans l'impossibilité de terminer le procès entame.

(1) Lettresdu 3 novembre 1.5%. - n. Guillo, p. 549; Dey rer Mé~~tai~epouv servir à l'hisloire de la ville de Luxeuil, p. W. (9)Jean de la PaIud fit acte de souverain en griciant un certainRobin, de Bassigney, coupable d'avoir tug sa femme qui le trompait. Lettres du i5 octobre 1309. Cartulaire de Luxeuil, fq'&1. (3) Lettrespatentes de Marguerite, archiduchesse d'Autriche, concernant la neutralité conclue en 1529 entre les duchi etcomté de Bourgogne. Recueil des chartes et autres documents pour servir à l'hisloire de la Fra~zchs-Co~~tésous les prill- ces de la mai so^ d'Autriche, Vesoul, 18G9, p. 90-9T. - 51 -

Charles-Quintreprit aprts sa tanteMarguerite (I) le gouverne- ment de la Franche-Comte (1530); jl profita des bonnes dispositioas . de François, neveu et successeur de Jean de la Palud - mort le 20 novembre I 533 - pour terminer par une transaction le différend sou- leve en I 503 : l’empereur. et I’abbC avaient choisi pour arbitres le chan- celier Perrenot de Grandvelle, Marc de Rye, seigneur de Dicey, et Jacques Perrot, chanoine de 1’Cglise collégiale de Dble. Voici les prin- cipales clauses de l’arrangement signé le zq octobre 1534: .

I B ... Doiresnavant toutes tailies,censes, rentes, redebvances, bois, l rivieres et aultresbiens etdroits quelconques dehus esdits ville, villages de Luxeu, terreet seigneurie parles habitans d’illec, meuvant et dependant de ladite abbaye, et dont ladite MajestC jouyssoitet prétendoit luy competer et appartenir en vertu de ladite association et garde, et aussy l’enti2re justice, haulte, moyenne et basse, Csdits ville, villages, terre et seigneurie meuvant et dkpendant comme dit est d’icelle abbaye, terre et seigneurie dudit Lllxeul, seront et demeure- rontentièrement et per$tuellement auditsieur Rkvérenclet a ses I successeursfuturs abbes d’icelle abbaye, lesquels pour l’exercice , et l’administration d’icelle justice,haulte, moyenne et basse pourrontinstituer et estabtir bailly, advocat, procureur, prevost et aultres officiers que bon leur semblera ; l (( Lequel bailly . .. pourra, et] administration-dejustice, cognoistre et decider de toutes causeset cas civils et criminels tant présentement .! pendans et indecis audit Luxeuil, que a mouvoir l’advegiir,en pour , : i mesmesauctoritks etprerogative que en congnoissent et on accous- ... turne congnoistre, décider et exkcuter les bailliz d’Amont, d’Aval et de Dble ;

(( Avec ce pourra leditRCvCrend abbé de LuxeuI, prksent et advenir, jnstitufr tabellion en sa terre et faire par iceluy recepvoir tous con- trauxsoubs son scel quesera privilCgiC pourtenir maingarnie et pro- - ., ceder en vertu d’icelluy jusques A provision inclusivement, et icelle faire executer selon les dites ordonnances; Et ce moyennant ladite abbaye, ensemble ladite ville et villages, . terrF et seigneurie en dependans comprins tant en ladite association que aultresvillages estans de la chambre abbatiale serontet demeure- rontperpetuellement de I’entiCre souverainete de laditeMajeste de l’Empereur a cause de sa dite Franche-ComtCde Bourgongne et seront .. icelle abbaye, ville, villages, fins, fìnaiges, territoires en dependans, unis, joincts et incorporésen ladite Franche-Comté, en telle auctorité,

(1) Marguerite mourut le lo‘ d6cernbre ItiN, _- - . . _.

- 54 - qualite et prkrogatire que sont tous aultresvillages, terres et ieikneu- ries de ladite Franche-Comté, et tous. bourgeoiset habitans Csdits ville, villages, terre et s&gneurie, subjectz a Sadite Majest6 et a ses Successeurs comtes et comtesses de ladite FrancheComte de Bour- gongne, comme sont tous aultres manans et habitansen icelle Franche- Comté.. .; a Et observeront iceux abbt, religieux et couvent, bourgeois, habi- tans et subjects de ladite abbaye les ordonnances de ladite court de par- lement faictes et h faire, useront des coutumes rédigees par escript audit comte de Bourgongne,cGmme font aultres subjectsdudit comté, excepte quant aux mainmortes et furmariages dontl’on usera cy apres en ladite terre de Luxeul ainsi que du passé l’on a accoustume jouyr et user, si desdites mainmortes et furmariages n’en étoit aultrement traictk entre lesdits sieurabbC et subjects, et genéralement quant B ce qui n’est cy devant spécifiez viveront et se régleront lesdits abbé, reli- gieux, bourgeois et habitans de ladite seigneurie de Luxeul comme sont et ont accoustumevii-rc tous aultres habitans de ladite Franche- Comté de Bourgongne ; G En oultre sera tenu ledit sieur abbe et ses successeurs abbes de ladite abbaye perpetuellcment bailler et delivrer chacun an au tréso- rier de Vesoul pour et au prouf€ìt de Sadite Majest6 et de ses succes- seurs comtes de Bourgongne la somme de cinq cens francs à deux termes, assavoir la moiti2 au jour de la feste Nativite Sainct Jean- Baptiste, l’autre moitit au jour dela feste Annonciation Notre-Qame, et commencera le premier termeau jour de ladite festë-SainctL-Jean- ._. Baptiste quesera au. mois de jung prochain venant ...... * : Et demeurera l’auctorite audit sieur commendataire de la garde, fortification, conduicte et police desditsville et villages de Luxeu pour 1 luy et ses successeurs abbés comme sont les aultres sieurs mediaz riire leditComté en leursvilles et places soubs ladite souverainete.... (I) n Charles-Quint confirma ce trait6par lettres Datentes du 4 novembre 1574 (*), et fit ensuite prendre possession deia terre de Luxeuil par I deuxde ses officiers : Claudede la Baue, baronet seigneurde I

(I) Bibliotheque nationale, conection Moreau, 869, fol. 404 et suiv.; Archives de Luxcuil, FI-’.51. - Ce traite a ete public in extenso dans le Recueil de chartes et autres documents pour servir à I’histoit-e de la Franche-Cotnté sous les princes de la inaisou d’Autriche, p. 52-61. t (P) Lettrespatentes de l’empereur Charles-Quint portant ratification du traite ! fait entre Nicolas Perrenot, sieur de Grandvellc, Narc de Rye, sieur de Diccy, scs procureurs spkiaux, et le seigneur abbe de Luxcuil, au sujet de la souverai- . nete de la, terre dudit Luxeuil. Cibl. nat., collectiorl Moreau, 869, f’434; Hectreil de churtes ,.. p.=,

.- W - 55 - Saint-Sorlin, maréchal de Bourgogne, chevalier de la Toison d'Or et chambellan de l'empereur, - et Hugues Marmier, president du par-. lement de D81e. On convoqua un matin sur la place publique de Luxeuil les eche- Tins, maires et principaux habitants de la ville et desvillages relevant de l'abbaye (l) : lecture fut d'abord faite des lettres de l'empereur et de la convention du 29 octobre. Puis les envoyCs itnperiaux requirent les assistants de reconnattre Charles-Quint pour leur souverain et de lui prêter serment de fidélité. Quelques-uns des bourgeois presents ayant manifeste le &sir de pouvoir, avant de répondre, se concerter avcc les absents, l'assemblee se separa jusqu'au soir. Lorsqu'on fut de nouveau réuni sur la place publique, les officiers de l'empereur firent procéder a une seconde lecturedu traite d'union de la terrede Luxeuil au comté de Bourgogne. Quentin Leveau, docteur en droit, prit ensuite la parole ; il déclara au nom des bourgeois de la ville et des habitants de ]a seigneurie, qu'ils étaient tous heureux de vivre désormais SOUS la domination d'un aussigrand prince, et qu'ils allaieni: preter le serment prescrit pourvu que leur seigneur vouldt bien les y autoriser. L'abbi. les délia aussitat de leur Sement de fidelité, et jura le premier qu'il serait bon et fidele sujet de Sa Maieste et de ses SUC- cesscgrs comtes de Bourgogne ; les échevlns et bourgeois de Luxeuil, les maires et habitants desvillages de la seigneurie le jurerent h leUr tour. Apr& quoi les échevins prksentkrent au markha1 de la Baum les clef.. des portes de la ville; le marechal les prit 'et les donna a l'abbC, qui les rendlt aussitataux échevins. -- J

Dom Grappin .(S), qui nous a raconté en détail cette céremonie, a L'! enuméré les personnages qui en furent témoins : Jean d'Anglare, sei- gneur de Saint-Loup, Oudot Martin, lieutenant genCral du bailliage d'Amont, Jean Poinsot, procureur généraldu mCme bailliage, Hugues de Falletans, seigneur de , Guyot de Melisey, capitaine de Montjustin, etc. C'est ainsi que la souverainetc ,de Luxeuilfut cédèe aux comtes de Bourgogne. Et comme cette souveraineté avait toujours kté illusoire, il nous semble injuste de faire.desreprdches à l'abbé qui l'a transmise, et del'accuser de faiblesse pour la defense de ses droits ou d'une scan- daleuse reconnaissance pour l'empereur h qui il devait son abbaye. Loin de deteriorer son bCnCfice, -François de la Palud le privait d'un simple droit honorifiquc pour rentrer- dans lamoitié des revenus alié-

(1) Les religieux avaient dtr! dCji appelés a ratifier eux-mêmes le traité du %J octobre. Blbl. nat., Ibid., fol. 416 et suiv. (2) Histoire de l'abbaye myale de Luxeu, liv. VI, ch, 8,

L-- - riy l

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nks'depuisplusieurs siecles (l); il restait segneurde la terrede Luxeuil et s'assurait l'appui direct d'un prince puissant à une Cpoque ou son autoritk ètait vivement attaquée parses propres sujets.

c (1) La somme de 500 francs que l'abbi de Luxeuil s'engageait 6 gayer annuel- lement aux comtes de Bourgogze réprésentait à peine le rcvenu dont jouissaient depuis lQ.58 les gardiens de l'abbaye. Pour les années 1497, 1499 et 1416 ce revenu s'eleva B 437 livres, W 1. et ti31 l. Archives du Doubs, B, 1555, 1956.1558,

l i \’ . --

CHAPITRE

i Demêles des abbes et des bourgeois de Luxeuil,

Pendant que les abbes de Luxeuil ne songeaient qu’a défendre leurs droits contre les comtes de Bourgogne, les bourgeois de la ville ten- taienten mille maniPres de secouer le joug des religieux et cl’ac- croître Ieurs privilèges. En 1485, ils obtenaient de l‘abbk, Antoine de Neufchàtel, la promesse formelle qu’il n’accorderaitdisormais le droit de bourgeoisie aux etrangers etablis it Luxeuil, que si ceux-ci Ctaient eux-mêmes presentes par trois bourgeois [i), Quelques annees après, ils Ctaient autorises, pour augmenter les rel’enus de la ville, a Ctablir sous le nom de latzgul ou fulzgzd, un ilnpclt SUI’tous les debitants de vin : ils jouissaient deja du droit de perceuoir une amende de trois gros pour toutes les contraventions aux ordonnances règlant la police des bains, la-garde des portes et leservice du guet (”). La municipalité de Luxeuil comprenait, h la fin du XVc sikcle, les quatre échevins - vulgairement appelCs capatre - et le conseil des . treize Les coquotre se renouvelaient, apres deux ans d‘exercice,, par nloitie chaque ann&e,au inois de décembre, et les treize tous les’ ans a la mkme &poque; l’blection de ces magistrats &.it faite au s~f- frage universel, h la majorité des voix (‘). Les coquatre exerçaient dansla ville et sur son territoire, au civil et au criminel, la justice haute, moyenne et basse (6), Mais les abbh leut-

(1) Archives de Luxeuil, BB, 17. (Q) Ibid., AA, 1. (S) Le doyen,dont nons avons parlé plus haut (p. OU), existaitencore, mais plutôt par souvenir que par nécessilé ; c’&ait un personnage tout d'apparat, et qui parait avoir joui, a Luxeuil comme dans les autres rilles de la Franche- Comté, le r61e de mkdiateur entre les bourgeois et leur seigneur. cf. Dey, &tude sur lu cotldition desperson~~es,des bielrs et des CUl?lJ?lllllCSUtl comté de Bolrrgogrte, Paris, IU70-1Uï2, 1 vol. in-80, p. 916. (4) Dey, ,b’é~7zuire.,., p. 18. (Y) Nous en avons une preuve certaine dans le jugement de Dele ln AlaUSenlc, condamneele 18 dicembre l529 par les bourgeoiset coquatre de Luxeilil - comme * genoiche, sorcière et htrCtiquc I - B estre menée entre ICs deux ponts de Saint-Sauveur çt il]çc estre publiquement bruslCc et arse tant que mort s’en

I - 58. - contestaient ce droit; ils reprochaient aussi aux coquatre de prendrele titre de gouverneurs de la ville, et de rCunir sans leUr permission le corps municipal et même l’assemblee plhière des bourgeois.

Aussi, en I 5 16, Gerard Marchand, procureur général de l’abbaye, c et Thiébaud Poinsot. chargé par Margueritc d’Autriche ‘de la garde de l’abbaye, jugkrent qu’il &ait de la dernikre importance de mettre un terme aux prtjtentions des coquatre. D‘un ‘communaccord, on choisit quatre arbitres : Antoine de Salives, conseiller au parlement de Dble et bailli de Luxeuil, Hugues Marrnier, maître ordinaire des requêtes, lieutenant general du bailliage d’Amont (lj, Léonard Mon- genet, avocat fiscal au bailliage d’Amont, et Guillaume Basin,licencié en droit. De part et d’autre, on produisit des parchemins et des me- moires ; mais les arbitres, nous ignorons pour quelle raison, ne ju- gèrent pas le differend : ils attendaient sans doute, avant de se pro- noncer, la fin du grand procGs engageentre l’abbaye etl’autorité sèculière. Peut-être aussi I’abbe François de la Palud avait-il réussi a desarmer par des concessions liberales l’opposition des bourgcois et a régler a l’amiable les difficult& pendantes. Mais Francois Bonvalot, son suc- cesseur, Ctait decide a tout mettre enœuvre pourfaire triompher ses droits. François Bonvalot dont la sœur avait epousé le chancelier Pcrrenot, pèreducardinal de Granvelle, descendaitd’une vieille famille de Besançon. Aprks avoir fait ses études i l‘universite de D.&, il ,em- brassa la carriere ecclésiastique, devint,. en 1528, conseiller et matre desrequetes de l’empereur Charles-Quint, et fut chargti: dansles- anntjes suivantes de diverses missions, à Rome et à Genève. Nonlme en 1530 a I’ambassade de France, il remplit ce poste avec distinction et fut pourvu, enI 537, de l’abbaye de Saint-Vincent de Besançon, puis, quelques annCes plus tard, del’abbaye de Luxeuil ($:I.

suive n. Archives dc Luxeuil, FF. 8 ; Dey, Histoire de la sorcetlerie LIU comté de Bourgogm, p. ííY. - Nous trouvons aussi dans les registres du comptable, i la date de 1516 : (L Frais d’execution de Simonette, VCUYC de Perrin, de @uers, con- damnte a &re décapitiepar les échevitls el gouverneurs de Luxcuil et sa tCtc itre misc sur un pivot de bois sur le grandchemin prcs de l’eglise de Saint- Sauveur. .. 69 sols. 1 Archives du Doubs, B. íW. (1) Hugues Marmicr fut nomme l’année suivante (1517) president du parlemcnt de Döle. (2) FrançoisBonvalot Fut aussi eiu par lechapitre archevique de Besançon, maiscette election devint ln sourcede longs débats. Le dernier archeveque, Pierre de la Baume, s’etait donne pour coadjutcur son neveu Claude, alors Bgt dç six a sept ans, et la cour de Rome wait confirme cet enfant dans la posses. - 59 -

C’est le 14 mars 15-12que le nouvel abbi fit son cntrèe solennelle a Luxeuil, et pr&ta serment aux habitants de la ville de respecter leurs droits et leurs privilèges: l Aujourd’huy, 14’ jour dumois de mars, environ 9 heures du i matin, l’an de la rksurrectionNostre Seigneur 15-12.,.., devant la !. portede la villc duditLuxeul que l’on appeiìe la porte du Chasne .., !. estarrivé illecen personne RCvérend pkre en Dieu,monseigneur I messire François Bonvalot,conseiller et maistre aux requestes de Sa Majesté, abbé de Saint-Vincent de Besançon avec les révCrends etvenerables prieur,enfermier, refectoner,sacristain etautres religieux de l’église etmonasthre Saint - Pierre, dudit Luxeu1... Lequelmonseigneur messire Bonvalot a illec trouvez la dite porte fxmée et devant icelle grand nombre et multitude de gens entre les- quels estoient honorables hommes Nicolas Massin, Jacob Bon, Guil- laume Mutenel, Jehan Bolengier, eulxdisans les quatre et gouverneurs duditLuxeul, et plusieurs autres tant duclit Luxeulque d’autres lieux, auxquels. ... ledit reverend seigneur.messirc François Bonvalot a dit et déclaré qu’il estoit canoniquement pourveu par le saint-siege apostolique de l’abbaïe et monastère Saint-Pierre de Luxeul, comme ’ desja avoientfait apparoir les bulles provisionet apostoliques, alleguant estre illec venu, en intencion et en vertu de cesdites bulles et provision, apprehender la réelle possession desdites abbai‘e, ville, terre et sei- gneurie dudit Luxeul,soy ouffrant faire et prester seirement de entre- tenir, garder et observer h son pouvoir les droictures, libertez, fran- chises, auctoritez, privileges quelconques de la dicte ville, et-faire tekl semblable seirement qu’ont fait ses predicesseurs abbes adrninistrafl 1 teursetseigneurs des dites abbai‘e, ville, terreetseigneurie dudit Luxeul, requerant par effet des choses susditesouverture lui estre faite de ladite porteet entree d’icelle ville pour en ,apprChender la reelle et l actuelle possession. Auquel monseigneur messire François Bonvalot, abbC dudit Saint-Vincent, a este répondu par noble homme messire Thomas Lenet de Vesoul, docteurCs droits, advocat et conseil pour le 1 corps de la dite ville de Luxeul, apre5 plusicurs entrepropos, que les- -* dits habitans dudjt Luxeu1 estoient trtk joieux de SaproVision et bulles apstoliques, et pourla réception duquel ils s’estoientpreparez et mis en debvoir a déliberez propos d’estre et demeurer Ses humbles et loyaulx francs bourgeois ... requerant audit seigneur abbe de Saint-

sion dc I’archevêcht. Un .accord fut signé Ie 24 septembre 1544 : on convint qu’en attendant que Claude dela Baume eût atteint l’áge prescrit‘ par Ics canons, Bon- valot resterait l’administrateur du diocitse, avec IC ticrs dcs revenus, Bonvalot se demit de ses fonctions en 15% ; il mourut & Besançon le i8 décembre 1560. Cf.Weiss, Papiers ;‘Etat du.cardinal de Grpjlvelle, paris, i841,t. I, rlOtiCeprélbn¡.naire, - - 60 - Vincent vouloir prester solennel seirement de garder et entretenir h sa possibilité leurs droitures et auctoritez susdictes et selon que les habjtans et bourgeois ont joui et us&du passé et que leur competent etappartiennent tant par titres que autrement dehuement, quoy moiennant ouverture et entree se feroit en ladicte ville, permettant audit monseigneur et messire François joir et user, comme abbé et seigneur de ladite ville, des fruictz, proufitz et auctoritez en dépen- dans et selon qu'ont fait ses prédécesseurs.

n Et ce dit,ledit rCvCrend abbé ajurC sur ung missel ouvert a usaige pour dire et cilkbrer les messes et dipins services, de garder, entre- tenir et observer a sa possibilitk lesdites franchises.. , pourveu que reciproquement lesdits bourgeois et habitans alent h prester seire- ment estre audit seigneur revtrend abbé de Saint-Vincentbons et loyauix bourgeois.. . u Et cefait lesditsquatre et gouverneurs:pour et en nom que dessus, ont delirrez les clefi de ladite porte audit seigneur reverend abbé, qui les a recues disant qu'il leur tendroit pour en user selon qu'ils ont fait du pass&. Ensuite ladite porte a este ouverlect ainsy que lesdits quatre et gouverneurs entendoient mettre le poele sur ledit seigneur reverend abbè et entrer en ladite ville, ledit seigneur reve- renda proloquik et remonstré haultement tant auxdits quatre et gouverneurs que autres en grand nombre assistans audit acte que la superimposition dudlt poele et gestacion sur son chief qv'enten- doient faire lesdits quatre et gouverneurs de ladite villel.ui sembloit denoter souverainete et acte competanta prince souverain, dtclairant1 .._ estre bien certioré ladite vjlle et terre de Luxeuil estre et appartenir- en soucerainete de invictissimus et 'tousiours Auguste Charles cin- quième empereur des Romains, coate de Bourgongne, nostre tres reboubtk et trks honoré seigneur et souverain prince, refusant rece- voir sur son chief ledit poele. A quoy tant par ledit messire Thomas Lenet. - . que par lesdits coquatre., . a este dit. et declairé par après qu'ils n'entendoient faire acte aucun en contumélie ou injure de la susdite souverainete, ni attenter a icelle tant par ladite gestaciou de poele que tous autres actes'faictz en la presente assistance ; ains que ce qu'ils faisoient et entendoient faire estoit pour l'honneur et amour qu'ils ont audit seigneur révkrend abbi de Sainct-Vincent... Surquoy ledit seigneur abbt de Saint-Vincent a accepte humblement la re- queste des dessus dits.. . a Et incontinenttels et semblables propos finis, ledit seigneur abbk deSaint-Vincent, en ladite devote procession desdits religieux et Chapelains, chantans te Deum, laz~duntus,le poele mis sur son chief, - 61 -

est entrien ladite ville etrecru comme abbi: et sejgneur dudit Luxeul, terre et seigneurie, et en tel ordre a estè conduit en I'kglise et monastire Saint-Pierre jusques au grant autel d'icelle pour es en signe de apprehension de reelle possession,,. (l) B Maisla bonneentente ne devaitpas régner longtemps entre les bourgeois de Luxeuil et leur abbe. Des le 12 mal's 1543, les coquatre s'adressaient au parlement de DBle pour être maintenus dans le droit -- contestépar leur seigneur - d'instruireet de juger les proces criminels a l'exclusion des ofliciers abbatiaux. Le parlementse declara competent, et ordonna une enquete qui etablit que de temps-irnmk- moria1 les bourgeois de Luxeuil avaient exercC clans la ville et sur son territoire, au civil et au criminel, la justice haute, moyenne et basse (*) ; l'abbé de son c&& prktendait que le droit de justice avait eté usurpe par les bourgeois, et en rPclanlait la propriétb plejne et entiére. Le procès menaçant de traîner en longueur, les coquntre - qui redoutaient d'ailleurs le crPdit de leur adversaire - défkrkrent la question a Charles-Quint lui-même, comme si les influences qui au- raient ruine leur cause devant le parlement ne pouvaient pas arriver jusqu'au prince. L'empereursaisit du litige ($) troiscommissaires dont les noms laissèrent peu d'espoir aux bourgeois de Luxeuil (l) ; ceux-ci accep- tkrent alors une transaction qui fut arr9Cti.e i~Besançon, le 13 avril 1547, enprksence de NicolasPerrenot (G), chevalier,seigneur de Grandvelle,Guy duMouchet, Ccuyer, seigneurde Chàteau-Villain et lieutenant dela snunerie de Salins, Jacques Perrot,docteure.ri-droit, !J. chanoine de la mktropole de Besançon, Jacques Sachet, prktre, cba- noine de la m&me eglise. Nicolas Courcier, prètre, prieur de Ville- Orbe, Jean de Mesmay, notaire, et Jean Roy, citoyen de Besançon ("). Voici les principaux articles de cet accord :

(1) Archives de Luxeuil, AA. t, BB. i. (2~Il fut procCdC a cette enquête les íe, 15 et 1E juillet 1543. c Enquete faite par M. Jehan Bonvalot, commissaire deput6 par la cour du Parlement touchant l,e droit qu'avaient les sieurs coquatre et bourgeois de Luncuil d'assistcr a l'ins- truction des procès criminels et de les juger a l'exclusion des officiers, de l'abbi et du gardien. X Archives de Luxeuil, FF. 19. (3) Lettres du 24 septembre 1543. (4) Dey, 30 AlCrnoire, p. 58 et 59. (51 Nicolas Perrenot de Gran\~ellc,ni en I48G h Ornans, mort en lEjii0; il fut successivementavocat au bailliage d'Ornans, conseiller nu parlement deDble, maitredes requêtes de I'hdtel de I'empcreur,qui lui accorda en 153) toute sa confiance et en fit son principal ministre. C'est IC pere du cardinal de GranvelIc. (G) U. Grappin 1'1, 11.. 10 La haute justice appartient sans aucune restriction i l'abbé et i ses officiers, et personne d'autre n'a le droit de s'y immiscer ; 20 Les échevins de Luxeuil ne prendront plus desormais le titre de gouverneurs de la ville, mais simplement celui de' coquatre qui leur est donne d'ordinaire; 30 Lorsque les bourgeois de Luxeuil voudrontse reunir et dklibkrer sur les imp6ts comn-runs, ils demanderont au doyen de les convoquer ; le doyen pourra toujours assister, s'il veut, a ces assemblées ; 4" Les bourgeois ne pourront lever de nouvelles taxes que dans l~s cas d'absolue necessité ; les répartiteurs nommes a cet effet devront preter serment entre les mains du rCvtread abbe ou de son delegue : ceux-ci assisteront, s'il ieur plaît, cette repartition ; 50 Tout accord, toute convention prCvue par l'article prkckdent ne peut &re faite qu'en présence du réverend abbe ou de son délégue ; 6. Les coqrtatre ne peuvent dans aucun cas octroyer les lettres de bourgeoisie: pour devenir bourgeois,iI faut avoirmaison A Luxeuil ou avoir kpousk une fille de bourgeois, et &re prbsentC par les coquatre a l'abbé, qui confere le titre de bourgeois tout en faisant ses reserves s'il s'agit de 'maiamortab!es ; 7" I1 est permis auxdits coquatre de veiller a l'entretien des ponts, des pavés, des fossks, des murailles, des fontaines, etc.; la police de la ville leur appartient kgalement: sans prejudice toutefois des droits du seigneur ; 8. Les coquatre èlus ne peuvent exercer leurs charges que s'ils ont pr&tS.serment entre les maini de l'abbk; l'abbe est tenu de recJwoir .-. ce serment, a moins qu'une raison serieuse ne s'y oppose ; 9" Sont exempts du service de la milice et de la garde des porte'; tous les offlciers du bailliage, le doyen, et tous les gens du révkrend abbè ; 1o0 Les habitants de Luxeuil nommeront l'administrateur des ther- mes, lequel pr&tera serment entre les mains du rivérend abbC ou de son dCleguk ; l'abbé consene toutefois-le droit d'user desdits thermes comme il l'entend, et d'en concèder l'usage B qui bon lui plaît;

I IO Les' marchés et les foires resteront, suivant l'usage, sous la juri- diction du rCvCrend abbC-; IP En ce qui concerne les clefs de la ville, on suivra l'ancienne cou- tume : le réverend abbé pourra toutefois, s'il craint quelque danger, conserverles clefs de l'une des portes pour qu'ilpuisse librement sortir et entrer ; IC danger passé, il rendra lesdites clefs ; 130 La chasse est libre pour tous les bourgeois de Luxeail sur le territoire de la ville, mais non dans les for&ts appartenant.. a l'abbaye 3

l I- l. l i - 63 - 14” Et comme le révtrend abbC veutque le monastire soit bier_ fermé et que les religieux n’aient pas l’occasion de sortir, il est abso- lument interdit au guetd’y pknetrer ; un chemin de ronde sera &&li pour donner accks de la ville aux murailles et des murailles a la ville sans qu’il soit necessaire de traverser le monastkre (l). François Bonvalot n’ktait pas moins ardent LI maintenir les immu- nités religieuses de l’abbaye que sesdroits politiques : il empkcha l’archev2que de Besançon d’administrer les sacrements dans l’eglise Saint-Martin, qui servait depuis longtemps d’tgliseparoissiale aux . habitants dela ville (*). D’ailleurs I’abbC Bonvalot jouissait dc la confiance absolue de Charles-Quint;.aussi, rien d’important ne se faisait dans la pro- vince sans sa participation. Le gouverneur, M. de Vergy, avait reçu l’ordre de le consulter dans tous les cas extraordinaires et de prendre toujours son avis en grande considkration (”). Bonvalot, jaloux de ses privilkges, n’&tait pas dispos6 b en rien &der. ER 1552, il refusa de recot~naîtreh M. de Vergy lui-m&me le droit de mettre en requisition les habitants de Luxcuit pour travailler aux fortifications de Gray : (( Le bailliage de Luxeu - Ccrivait-il à M. de Vergy - n’a rien de communavec celui d’Amont. LC traiti: de la SOU- verainete lui a donne le mCme rang qu’a ceux d’Amont, d’Aval et de

DBle, et comme la fortification de Gray touche uniquement le bailliage ’

(1) Histoire ma~~uso-itede Luxeuil par dom Placide Uevilliers (fragment conservé auxarchives de la Baute-SaBne, Supp. B. 1) ; Blbliolhequenationale, -_coIlectiortJ ’ 1 Moreau, WJfol. 45et suiv. l.! (Q) A l’origine I’eglise de Saint-Sauveur Chit l’&lise paroissiale de Luxeuil; en lesbourgeois de la villecraignant de ne pouvoirconserver le droit d’tlirc ’* leur curt, firent hommage de ce droit a I’archevèque de Besançon, Théodoric. Un - dessuccesseurs de Théodoric, Gérard, donna lui-méme la presentation de la cure de Saint-Sauveur aux chanoines de I’eglise cathedrale de Saint-Jean (1313) afin qu’il ne pút arriver qu’un prélat dévoue a l’abbé au abbé lui-mbme ne transmît ce droit de collation a l’abbaye. L‘abbé, seigneur temporel de la grande paroisse de Saint-Sauveur, avait vu avec peine la juridiction curiale lui echapper : des 815, I’dglise Saint-Alartin qui dtpcndait de I’ahboye et s’y reliait par une galerie

! i couverte,était mise pour différents offices a la disposition deshabitants de Luxeuil; en E’2-9,la ville ayant tte entourée de murs, un: parlie des sacrements put-y etre administrée par les moines, et, pour attacher de plus en plus la popu- lation B cette kglise, l’abbi y établit une familiarité sous la direction .d’un moine qui prit le nom de recteur. En 1458, l’.abbé Jouffroy obtint une bulle par laquclle le papeNicolas V prenaitcette chapelle sous sa’ protection, l’exemptaitde la juridictionde l’archevêque diocésain et la dtclarait immédiatement sujette du saint-siège. Un autre bulle de 1514 unit ccttc iglise i la mense monacale. cf.Dey, Elude sur lu condition des personnes uu comte‘ de ßourgug/zeJ p. 914 ; 2. Mémoire, p. 33-48. (3) Cf. Weiss, Papiers d’Elafdu cardittal de Grawelk, t. I, p.T’II1. . I - 64 -

d’Amont, serait-il raisonnable d’y faire contribuer. ceux de Luxeu S Ils ne demanderont du secours de personne quatd il plaira a Sa Ma- jest&de leur donner semblables ordres pour leurbailliage (’) P. Le gou- Yerneur insista, mais l’abbe fut inflexible et, afin qu’on ne l’accusât pas de manquer de ztle pourle sen-ice de l’empereur deet la province, il offrit mille ecus et deux cents marcs de vaisselle d’argent dorC. M. de Verg? ne tint pas rigueur a l‘abbé de sa resistance : quand, cinq ans plus tard, il reçutl’ordre de l’empereur der~parertouteslesplaces fl-onti?res, il ne foula point le bailliage de Luxeuil en l’obligeant h tra- vailler seul auxfortifications de la ville (a). Bonvalot laissa ses principaux benefices h son neveu, Antoine Per- renot le célebrecardinal de Granvelle, qui ne vint que rarement a LuxCuil, et dont ja haute protection ne rthssit pastoujours h garantir ... la terre abbatiale des maux de la pcerre. En 1574, six mille Suisses qui allaient aux Pays-Bas pour le service de l’Espagne, resttrent huit jours b Luxeuil et dans les environs ; en I 575 et cn 1578, cette ville eut a supporter d’autres passages de Suisses ou d’Allemands.Sur la fin de l‘annee I 579 une armCe francaise arriva inopinement aux portes de Luxeuil ; les bourgeois prirent l’alarme : le comte de Vergy leur en- vop une petite garnison de trois cent cinquante hommespour les se- conder en cas de surprise. Mais les troupes levées dans le pays n’e- i taicntgukre moins a chargc à laFranche-Comte que les soldats itrangers qui Ja traversaient (l;. Accables de rkquisitions, les bourgeois avaient contract6 Je lourdes dettes, qu’ils repartirent entre eux sans oublier les gens dc l’abb&e : ... ceux-ci protesterent, et les bourgeois durent reconnaitrc queles gens .. de l‘abbaye et les chapelains de l’kglisc Saint-Martin &aient exempts non-seulement du guet et dela garde des portes,mais aussi de toutes les impositions extraordinaires pour faits de guerre (b).

(i) Lettre du 29 janvier 1552. D. Grappin, VI. B. (2) Lettre du 28 juillet l%ï. Ibid. (S) Anto.nePerrenot de Granvelle, nC en l!i17 h Besanqon, succeda en 1.550 d { son pere dans la confiance de I’ernpereur. Aprks l’abdication dc Charles-Quint, ! Philippe II le chargea de négocier avec la France le traiti de CBteau-CambrCsis. Ministre dans ]CS Pays-Bas jusqu.en 1564, sous lesordres de hlnrqueri[e de Parme, il fut nomme archerCque de Malines et cardinal. mais dut se retirer de- vant la hainedes Flamands ; il passa cinq années à Besançon, cultivant Ics lettres et encourageant les arts. Appelé en Espagne en 1575, il obtint le titre de president du conseil supérieur d’[talie et de Castille. En i584, il fut élu arche- vCqua de Besançon, et mourut à Madrid, en 15433. l (4)Cf. Grappin, Aihoires historiques sur lesgtrwyes du SVIe siècle, p. 958 et suiv. (5) Archivesde Luxeuil. FF. 3L (transaction du 91 mai l5jgi5, approuvee par I’abbe le 10 octobre suivant). - Plus tard le parlement deDóle jugea que les

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1 - 65 - Cettequerelle n'&tait pas la premièreque lesbourgeois eussent suscitee au cardinal de Granvelle depuis qu'il était abb& de Luxeuil. Le 3 octobre 1574, ils avaient arrêté dans une rkunion sccrkte que les coquatre et les treize s'assembleraient le premier dimanche de chaque mois, a cinq heures du rimtin, pour prendre les mesures nkcessalres a l'administration et a la police de la cité : Une amende de vingt sols, nu profit de la ville, était prononcee contre les officiers municipaux quis'abstiendraient sans motif skrieux d'assister ces séances mati- nales, - et aussi contre les bourgeois qui refuseraient d'obbir aux ci& cisions qui y seraient arr&t&es. Le cardinal de Granvellese plaignit au parlement de DBle de cetexcès de pouvoir et dela violation de l'accord intenwmen 1547. Les bourgeois, redoutant l'issue de ce procks, consentirent a annuler leur délibkration du 3 octobre I 574 ; de son cbté l'abbé, (( pour bonnes considerations,désirant i l'advenir tant mieulx pourvoir a la police de ladite ville de Luxcu P, ord,onnait que les r6glements rendus par les coquatre et les treize dûment assem- bles seraient observés par les manants et habitantsLuxeuil de à peine decinquante sols d'amende e et au-dessou's selonl'exigence du cas u : pareille amende serait infligée aux coquatre et aux treize qui, rkgufitrementconvoques, ne se trouveraient pas a la reunion.La douzikme partie de ces amendes ktait au proufit dudit illustrissime seigneur, , ., en signe de I'autoritk et juridiction qui luy compete et appartient a l'exclusion desdits habitans B, mais ]'abbe consentait i ce que les onze autres parties fussent appliquees a la rtparatian et a : l'entretien des murailles, des ponts et des fontaines ('1. Sous l'abbatiat du cardinal Madruce, kvêque de Trente, - le suc- cesseur de Granvelle, - la terre de Luxeuil subit le contre-coup de la guerre qu'Henri IV dkclara i L'Espagne. En février 1597, la Fran- che-ComtC fut envahiepar 6,ooO soldatslorrains placés SOUS les ordres de Louis de Beauveau-Tremblecourtet d'Kaussonville ; aussi, écrivait un contemporain,les habitants de Jonvelle (a), cc.ceulx de Vesoul, Luxeu1 et les alentours, se ~-kfugient-ils,avec ce qu'ils peu- vent de, leurs biens, i Montbkliard,terre heretique. Il y aun tel

officiersde l'abbaye etaient tenus au guet et à Id garde des portes, mai5 ' en temps d'éminent péril tant seulement, lorsqu'il sera déclaire par le goul'erneur de ce pays et ladite cour. 3 Ibid., FF, 46. (1) Archivesde Luxeuil, PF, 51. (g) Jonvelle - aujourd'hui commune du canton de Jussey - Ctait la Prenlikre petite place forte que les Lorrains trouvaient devant eux au sortir de la region boisée et accident& connue sous le nom de chaîne des Faucilles. S - 66

effroi dans tout 1e bailliage d’Amont, quecela seul est un appel à l‘en- nemi ... (V >. Madruce ne visita pas une seule fois son abbaye, mais du moins il eut a cceur d’en conserver intacts les revenus. Les Jesuites, que le cardinalde Granvelle avait combattus de son vivant,venaient de l fonder desomptueux colleges enFranche-Comté, etintriguaient i pour que l’abbaye de Luxeuil Mt tenue de faire une rente de mille 1 francs a leur collège de Besançon.Madruce s’opposa avec Pnergie à i leurs prktentions, mais, ap~*essa mort, Andrt d’Autriche, kv&que de Constance, ne fut pourvu de l’abbaye de Luxeuil qu’8 la condition de prendrel’engagement d’acquittersubvention cette (a)). 1~I - Andrk d’Autrichene gouverna - de loin - l‘abbaye quependant 1 quelques mois. Les religieux essayèrent à sa mort de .faire revivre leur droit d’klection, et demandèrent par postulation Leopold d’Au- i q l triche,dans l’espoir qu’ils neseraient pas travers&par le souverain I i Mais le parlement de Franche-Comtè annula cettz demandesouspre- ~ 1 texte que les archiducs Albert et Isabelle avaientpar lettres du pape le privilège de nommer directementà l‘abbaye deLuxeuil : et c’est ainsi I qu’Antoine de la Baumerecueillit !a successionde I’Cv&que de i Constance (9 juin 1601) P ‘Les religieux, qui n’avaientpas connu leurs derniers abbes, furent t neanmoins heureux de recevoir Antoine de laBaume, mais leur joie fut de courte durke. Lee3 novembre 1605, deux chefs calvinistes, les comtes d’Amboise et de Beaujeu, qui couraient le pays-a la t6.h de quelques partisans, vinrent fondre sur le chàteau de Baudoncourt, í oli l’abbi! se trouvait alors, et s’ernpartrent de sa personne : mene a l Dammartin et meoacC d’&treconduit en Hollande, Antoine se vit obligt de promettre cinq mille tcus (4) pour sa rançon. Les moines durentengager l’argenterie de l’église pour fournir la moititi seule- I ment de cette somme ; le reste fut avancé par les habitants de la seigneurie, sous la caution de dom Etienne Martin, grand prieur de . l’abbaye (”. t D (i) Lettre de Champagneg it du Faing. Cf. de Piepape, Nistoire de la &dort de la Fmrtche-Cornlé ri lu France, I,‘%? ; Coudriet et Chatelet, Histoire de Jo)~r~eZfc, p. 202. (9) Cette condition lui fut imposte par les archiducs Albert et Isabelle B qui Phillipe II avait accordé la souveraineté des Pays-Bas et de la Franche-Comte. Gnllia Cltrisfiatm,XV, 160. I . 1-31 Antoine de Sa Baume prit possession de san abbaye en septembre 1605. Cf, Bunod, Histoire de I‘Eglise, ville et diocèse de Besarpn, I, 197, (4) Environ centmille francs en monnaie moderne. ’ I (5)D. Grappin, VI;%. - 31. Finot a publié (Bulletin de la Société d’dgriculttwe, scierlces ef arts du départenlent de la Haute-Sao’rte, 3 serie, na 7. Vesoul, 1877, p, 73 Sous I'abbatiatde François de la Baume, neveuet succesgeur d'Antoine (l), l'abbaye perdit toutes ses terres d'MCricourt, qui lui fu- rent enlevées par un seigneur protestant, Louis-FrCderic de Wur- temberg, prince de Montbeliard. Les religieux riclamèrent .et plai- dkrent a plusieurs reprises, mais ils durent se contenterd'une indem- nité de douze millefrancs, .somme bien infkrieure h la valeur des terres en litige (*) (1629). Mais plus les ressources de l'abbaye diminuaient, plus ses charges devenaient lourdes. Lors de la nomination de dom Jerame Coquelin, l'archiduchesse Isabelle voulait charger l'abbaye de trois mille cinq cents écus de pensions nouvelles. Coquelin fit remarquer que son be- dfice lui rapportait annuellement quinze mille francs environ, mais qu'il aoaitdkja à payerchaque annCe mille francs aux Jésuites de Besançon,cinq cents francs au prieur de Lons-le-Saulnier,cinq cents francs au souverain et plus de trois milk francs pour les gages de ses officiers de justice : il réussit ainsi i tchapper a toute contri- bution nouvelle (#). , Ancien moine de l'abbaye de Saint-Mansuy deToul, Coquelin était chargé de raviver les vertus qui s'éteignaient dans le vieux cloître et de le reformer suivant la regle de Saint-Vannes et de Saint-Midul- phe (d). Mais la guerre, dtchaînte par Richelieu, allait le surprendre au milieu de ses-soins et amener les plus grands malheurs dans le pays. Le nord de la Franche-Comte fut dkvaste par les armies de Bernard de Saxe-Weimar etdu comtedeGrancey, duduc de Lorraine et de Gallas ("). Les contributions de guerre, les violences des soldats -- et suiv.) l'acte notori6 établissant dans quelle proportion les habitants de la terre de Luxeuil ont contribue h payer la rançon de I'abbC ; cet acte est conservé nux archives de Luxeuil (JJ. 2). (1) C'est h Antoine de. la Baume que l'on doit, au ,moins en partie, IC buffet de l'orgue de I'église abbatiale. Cf. de Beausejour, L'Egliseabbafinlc de LweId, p: 63. (O) Besson, Il.(émoires Aistoriqrres sur l'abbaye et ln ville de Lure, p. ìO5 ; Suchaux. La Haute-Snóne, I, 553. - Le pape nt: ratifia pas l'arrangement eonclu entre les religieux de Luxeuil et le prince de Montbéliard ; et comme celui-ci n'avait pas livréles 153,ooO francs,tout en gardant les biens et droitsckdts en i622. IcS religieux rdclarntrentlorsque la seigneurie d'Mbricourt fut occupte par les Fran- çais :IC parlement de Franche-Comte leur vint en aide, et, par son ärrét du 9 fcvricr 1'708, leur adjugea la proprieté de tous les biens et revenus de: l'ancien prieure de Saint-Valbert d'Héricourt. (3) 1). Grappin, VII, 4. (4)Coquelin amena avec lui dix-neuf moines soumis à la nouvelle regle. (3) Cf. Piépape, Histoire de la réunion de la Frartclte-Cornfé ci la Frame t. t, p. ;XL. et suiv. ; II, p. 171) ; des Roberts, Campagtm de Clrades IV, p'uc de Lorraine et de Bar, et1 Franche-Cowfé. etc., I, 4x5 ;II,93. - 66 -

doèrent les habitants de la ville (l) et des villages de la terre, en m&- me temps que la peste (') dkcimait Ia population. Enfin en 1644 Lu- I xeuil ouvrait ses portes à Turenne ("). 1 A mesure que le malheur des temps riduisaitla puissance de l'abbk, I les bourgeois cherchaient a s'kmanciper davantage ; c'est ainsi qu'ils ! refuserent, en 1643, de donner i l'abbe les clefs de l'une des portes de la Tille. En vain l'abbe somme les coquatre de seconformer au con- cordat de l547 ; ceux-ci repondent n que du passe ne s'est pratiqué de rnkmoire des vivants que lesdits coquatre ayeac porte en l'abbaye dudit Luxeu la moytii des clefs des portes de ladite ville (". )) Plus tard, il s'agit d'une chapelle que les bourgeois avaient, sans l'autori- sation de l'abbk, fait construire h l'hôtel de ville : la chapelle fut de- rnoiie par ordre du parlernent de Dale (5). Maisle parlement avait maintenu, contrairement aux prétentions de l'abbk, les coquatre et les treize dans le droit de pourvoir aux affaires de la ville et de faire les réglements depolice Enfin! lorsque l'abbé Jean-BaptisteClerc, successeur de JPrôme Coquelin, revint de Besançon oi~il était alle recevoir des mains de I'archevDque la mitre et la crosse, il trouva à son arrivke a Luxeuil les portes dela ville fermkes ; les bourgeois ne consentirent a les lui ouvrir qu'autant qu'il prkterait entre les mains des coquatre le ser: ment de nerien entreprendre surles privileges des bourgeois ('J

(l) De i636 B 1644, la ville a contractt une dette de 250,000 livres ; ses habi- tants ont payéen contributions de guerre une somme à pen-près kgrile. Un i arret du parlement de Ildle du 17 novembre i645 avait défendu a leurs crëincicrs de les molester pendant un an. Un semblable arret de surséance fut rendu en iW, aprb la conquête. Cf. Dey, 60 Mémoire pour servir à l'histoire de Is ville de Luxeuil ;Archives de Luxeuil, CC, 9. (O) En 16.3, les religieux donnkrent CO fr. a un certain Nicolas Desté pour en- . terrer un domestiquede l'abbaye mort dela peste. D. Grappin, 1. VII, ch. 8. (3) Articles accorder 2 la vitle de Luxeuil par M. le Marhchal de Turenr1e, le 48 avril r64P. Archives de Luxeuil, EE, 8; et Mnde des archivesdéparte~nentales, Paris, i8ï8, no i%. (4) L)elibiration du l8 janvier 1648. Archives de Luxeui1,BB. 2.- Déjàlci8 f6- vrier 1633, aprks avoir pris avis dedeux avocats de Vesoul, le corps de ville avait refus6 de confier les clefs à l'abbé. Ibid. (S) Arrit du 17 janvier 16G7. Archives de Luxeuil (pikcc non classée). i (G) Arrit du 2i juillet 1645. Ibid. FF. 97. (7) Bibliothbque nationale, collecfion Normu, W, is444 et suiv. ; Cartulaire de . Luxeuil, fi 469. - L'abbi Clerc fut reçu à Luxeuil, le ,W novembre iG2, avec le même ceremonial que l'abbi Bonvalot. , I

. CHAPITRE VI11

Les derniers jours de l'abbaye. -

Nous ne rappellerons pas dans quelles circonstances la Franche- Comte, conquise une premiere fois par Louis XTV, en 1668, fut de nouveau occupee par les troupes françaises, en IG74. Le marquis de Renel, char$& de soumettrele bailliage d'Amont, s'empara sans coup férir de Luxeuil, le 26 juin 1674 (l). Sous la dominationdu roi de France, l'abbaye devait avoir i lutter plus que jamais pourla défense de ses droits seigneuriaux. Les idees d'opposition germaient de plus en plus dans l'esprit des baur- geois, qui refusbrent, en lWi, de payer h Charles de Beauffremont un lkger impot que les abbCs levaient sur les habitants de la terre de Luxeuil lorsqu'ils avaient fait le voyage de Rome ?). Bientdt d'ailleurs, la suppression de l'antique magistrature des co- quatre allait menacer directement I'autoritC abbatiale. L'&ditdu mois d'aoht 1692 avait crkc des offices de: maire et assesseurs dans toutes les villes du royaume ; les bourgeois de Luxeuil furent autorisis,..par '! I'arr2t du conseil du 28 avril 16393, à acheter ces offices moyennant la '- somme de (3,000 francs, et ils nominerent aussitót un maire, trois echevins et treize conseillers. Lesreligieux: à qui desormais il n'&tait plus permis de se mêler des affaires de la ville, jetkrent les hauts cris, et s'unirent a I'arche- veque de ßtsançon qui voyait avec peine lui Cchapper l'administration municipale de saville de Gy. Leurs demarches eurent un plein succks:

(i) Cf. Dey, 5e Minojrc pour servir & l'histoire de Irt ville de Luxeuil p. 3i9 et suiv.; d,e Piépapc, Il, 436. (O) Charles de Beauffrernont gourverna I'abbayc de 1680 8. 1733; il succeda ¿i son frere, Jean-Baptiste de Beauffrernont (1G71-1(%0), qui avait dCmissionnC en sa faveur. (3~Archives de Luxeuil, FV. 11. - I1 faut reconnaître que les Bdnédictins de leur còté prenaient souvent a tâche de vexer ler echevins et les bourgeois : deux: fois, dans le cours de I'annee ta%,ils avaient leve la de leur Ctang voisin des thermes; en 1694 et en 1717, la mCme opkration inondait encore I'dtahlisscmc~~t thermal. De Ih colereset proces, jusqu'i ce qu'enfin l'+tan6 filt converti en prairie. CC Delacroix, L,uxeuil, p, 67, - jo -

l’arrêt du conseil du 10 novembre 1693 rtvoquacelui du 88 avril, et declara supprimCS les offices crC& a Luxeuil, B charge par I’abbC, en sa qualite de seigneur,d’en payer la finance, soit 6,ooO livres, plus B sols par livre, - cn tout 6,600 livres i’). Les religieux s’entendirent alors avec I‘abbC, et s’engagkrent, le 20 mai 1694, a acquitter pour leur compte personnel le tiers de cette somme, et les deux autres tiers pourle compte de I’abbe, h la condi- tion que ce dernier cederait á la mense conventuelle des biens de la mense abbatiale representant en revenu I’intkrkt des4,400 livres lais- &es a la charge de1’abbe:Le 31 dkcenlbre suivant on prockdait a I’Clec- tion des coquatre et des treize. Mals M. de Beauffremont regretta bientôt de sacrifierun revenu de 290 liv. pour se garantir d’une perte qu’il jugeait insignifiante. D’autre part les bourgeois de Luxeuil ofhient a I’abbC, pour entrer en pos- session de la mairie, 1003 francs et l’abandon de la partie des mu- railles et des fosses de la rille contigus aux jardins du couvent. Par lettre du95 octobre 1700, l’abbi: manifestaaux religieux son intention de négocier avec la ville. Les religieux firent tout ce qui dependait d’eux pour parer 6 ce coup : le 18 decembre 1700, ils formerent oppo- sition a tout ce que l’abbe pouvait faire et avait dkji fait contre l’arrêt royal qui amit supprimé la mairie ; ils lui siguifierent qu’il ne pouvait pas traiter sans leur consentement puisqu’ils avaient paye de leurs deniers le tiers des ofices Cteints, lui déclarant meme qu’ils étaient prêts à lui restituer les biens ditaches de la mense.abbatiaìe. AlCrne signification fut faite aux coquatre. Mais 1’abbC passa outre: car il se sentait soutenu par M. de Bernage, intendant de la province. ‘Les religieux se,virent alors contraints d’entrer en composition avecI’abbk et les bour,beois, et de signer le traitC du 23 mai 1703(?)). Le magistrat, élu pour un an, etait compose d‘un maire, de deux Cchevins, de neuf conseillers, d‘un syndic--receveur et d’un secretaire- greffier (’1. L’abbé et les religieux accordaientau maire ct aux officiers municipaux le jugement en premiere instance de tous les dilits et de 1 tous les critñes commis sur le territoire de la ville, mais l’appel en Ctait port6 ab bailli nommi: par l’abbé. Les officiers municipaux ne

(l) Archives de Luxeuil, PF. 1%. (‘2) Ce traitd fut signe, nu nom de l’abbe de Beauffremont, par le sieur Jacques Ponceut ; les religieux de Luxeuil se firent representer par I’abbC de Faverney ct par un rcligieur ; Jean-George Putel itail. IC mandataire de la yille. Arch. d,e Lua-eltil, BB. is. - Un arret du conseil du 21 août Iï05 sanctionna cet arran- 5enrnt. Q) Dey, rre Jfittzoire, p. 96.

c pouvaient toutefois pas connaìtre desdClits et des crimes commis dans le couvent et ses dépendances, ainsi que dans les bois et sur les do- maines de l’abbaye etdes religieux. La vjlleavait le tiers des amendes prononcees par les officiers municipaux ; le reste appartenait a I’abbk. II n’&tait pas question dans ce trait6 du droit de juridiction pour les délits ruraux, lequel appartenait de temps immCrnorja1 B l’abbaye, et Ctait exercé par un religieux qui prenait le titre de prévbt. La ville l’acheta quelques annie$api’is (21 mai 1713) et l’attacha 6 la mairie (l), Dtsormais l’action du pouvoir central se fait de plus en plus sentir, et c’est l’intendant qui intervient en maître dans l’administration de la ville: a N’ayant reçu aucune plainte de la conduite’ de ceux qui composentvotre magistrat - écrit le et dkcembre 1719 M. de la Neuyille - je crois ne pouvoir rien faire de mieux que de vous laisser libres pour choisir les sujets que vous jugerez dignes de remplir les charges de maire,Cchevins, et autres dont l’usageautorise le change- ment a la fin de chaque annèe, Je T?.OUS recnmmandeseulement de faire en sorte qu’il n’y ait pas la moindre cabale dans ces Clections et que vous nommiez des personnes qui aient l’approbation du public, afin que je puisse aussi, avec fondement, donner la mieone au choix que vous en ferez (”. 8 Err 1723, M. de la Neuville rappelle aux officiers municipaux ‘que lorsqu’ils auront a conroquer les assemblees de notables, ils ne de- \Iront inviterque les c( ecclksiastjques,nobles, awcats, mkdecins, chirurgiens, procureurs, marchands, apothicaires, et autres qui par leur état et par les charges auxquelles ils ont CtC ci-devant admis peuventpasser pour notables Puis le nombre des officiers rnuni- cipaux lui paraissant trop considkrable, il les réduit a neuf;-.commka Quingey et h Faucogney, savoir le maire, deux Cchevins et six con- seillers (‘). Le maire et IesCchevins ne restaient toujours qu’une ande en charge. Mais, sous pretexte que l’expkrience acquise par ces‘magistrats ne pouvait &treque profitable aux intCrCts de la vjlle, l’intendant ne ! l. (i)Dey, 30 Mémoire, p. 60. l (O) Archives de Lureuil, BB. 14. í (3) Lettre du 96 novembre 17Y.3, Ibid. - Dans la rnbne lettre l’intendant repro- ! chait au magistrat de Luxeuil d’appeler a l’assemblee des notnblcs des gens 1 de metier et de sinlples artisans qui, par leur nonlbre et par le tulnuite et IC i disordre qu’ils y causent ordinairement, non szulcment en Ccartent les PCrSOnneS qui peuvent \,tritablement passet pour notables, mais encore par 18 pluralité de leurs suffrages font tourner la deliberation au gre dc ceux q~11les J’ appellent, ]e plus souvent au préjudice du vCritnble inttrbt et du bien public de leUr Vilk 4 (41 Lettre du 19 dçccqbro 1726, lbtd, I 72 - tardait pas à osdonner auxofficiers municipaux de continuer dansles fonctions de maire le sieur Breton d'Amblans, et dans celles de pre- mier kcheyin, le'sieur Pigeot ; il designait même à leurs suffrages le nom du second tchevin, montrant par la combien il entendait tenir SOUS sa tutelle l'administration de la ville (l), II n'ktait pas question,'dans les lettres de l'intendant, des rapports qui devaient exister entre les officiers municipaux et l'abbé. Celui-ci voulant s'en tenir a la transactionde 1703, et ceux-16. revantde s'affranchir,complktement de I'autoritC abbatiale, de nombreuses difficultés surgirent'dans le courant du siecle, C'est ainsi que nous voyons, en 1749, le bailli de l'abbe refuser de recevoir le serment du sieur Pjgeot, nommC maire par l'ordonnancedu 21 janvier, et installé le 27 janvier par M. de Vault, subdélegué de l'intendant L'abbaye était alors administree par Jean-Louis Aynard de Cler- mont-Tr6nnerrequi amit eté pourvu de ce bknkfice a l'àp de dix- neuf ans, en 1743 e). Appartenant a l'une des jllustres familles du royaume, M. deClermont-Tonnerre n'eut peut-être pas pour les bourgeois de Luxeuil tous les egards desirables ; en tout cas, il se les aliena complktement, soit par sa morgue de grand seigneur, soitpar ses exigences,et presque chaque jour desprocks s'engagerent - souvent pour des motifs fÚtiies - entre l'abbaye et la municipalité : tant& on plaide, pendant des aanees,'pour un puits ou pour un four banal ; tantht les ofliciers municipaux demandent pour les bourgeois le droit de chasse, que l'abbe leur refuse: et contestent a celui-ci les droits de four, d'&minage, etautres, dont l'abbk a joui de fout te~ps; la construction du palais abbatial. devient aussi la source de nom-

(í)Lettre du,% ddcembre 1797. Ibid. - L'intendantdisait encore dans cette Icttre .iMM. du magistrat de Luxeuil: a Au surplus je vous recommande plus d'union que par IC passi ; vous devezvivre ensemble en bons confrkres et en gens qui doivent agir de concert pour lebien public ... a (2) Archives de Luseuil, Sri: 14. (3) 11 avait succedé h Reni de Rohan-Soubise (1741-1743), qui lui-mtme avait remplace Charles-Emmanuel de Beauffrcmont, mort en 1733, aprks une vacancc de huit ans durant laquelle l'abbaye fut adnìinistree par le chapitre metropoli- tain de Besançon. (4) Son pere Gaspard de Clermont-Tonnerre, duc et pair de France, chevalier des ordres du roi et dc celui de la Toison d'or, né en lr58, entre RU service en i703, lieutenant general en fï3<,reçut le baton de maréchal en 1'747. 11 était le doyen des maréchaux i I'epoque du sacre de Louis. XVI, en 177.4, ct 4 çe titre i[ reprisenta IC connetable dqns la çbrirnpnie,

c breuses contestations (').'Des memoires, des pamphlets sont kcrits de part et d'autre, quelques-unsd'une grande violence ('). Mal soutenu par le gouverneur de la province et par le parlement, M. de Clermont-Tonnerre dut renoncer i la plupart de ses prkten- tions. Le 29 septembre 1766, il reconnaissait aux officiers municipaux le droit de s'occuper de 'l'améuagement- des bois communaux et de juger les délits et contraventions qui y seraient commis, - de faire l tous les réglements de police et de veiller A leur extcution, sauf s'il s'agissait des gens du monasthe, donc les privileges ittaient garantis; les notables, les nobles et Q gens vivant noblement B pouvaient libre- ' ment chasser et pêcher sur le territoire de Luxeuil. En retour de ces concessions, le maire de laville devait prCter serment, après son Clec- l lion, entre les mains du bailli y). Le O5 mars 1774, une nouvelle transaction fut signPe : moyennant une redevance annuelle de mille francs, 1'abbC abandonnait aux offi- 'I

I ciers municipaux les droitsde four, d'kminage, derouage, de banvin, d'aunage, etc., qui seraient dorenavant perçusau profit dela ville ('). Dans les villages composant la terre de l'abbaye de Luxeuil, M. de Clermont-Tonnerre n'avait pere moins de peine a conserver intacts

ses droits seigneuriaux. Une partie notable de la population y restait , soumise a la condition servile et la mainmorte y pesait mCme d'un poids beaucoup plus lourd que dans le reste de la province D'après les coutumes particulières de la terre de Luxeuil, le sujet ne pouvait pas s'affranchir par désuueu et ne devenait libre que de la v9lontC de 1'abbC ; celui-ci refusait ou accordait, selon son bon plaisir, l'affran- :'r chissement demande et en fixait lui-m&me le prix. Le mainmortable .e. nepouvait non plusquitter la seigneurie sansl'exprès consente-

(I) Archives de Luxeuil, FF. 35 et 34 ; BB. 12, Pa 29 et 80. (21Ilans un mémoire date du SW juillet íïal les officiers municipaux accusent l'abbé etles religieux d'étre a despossesseurs qui n'ont d'autres litres que la misère et la crédulits destemps passes, desquels il ont su profiter sans avoir mis jusqu'i present un frcin H leur insatiable cupidité. t Archives de Lrtxeuil, C.3. - (3) Transactionpassée IC 29 septembre 1766, entre l'abbé de Clermont-Tonnerre et les oficicrs municipaux de Luxeuil, par devant Me Lambouley, tabellion gene- ral de'la tcrrz et seigneurie de Luxeuil. Ibid., FF. 93. (4) Cet arrangemcnt, auquel les Bénédictins firent opposition le 5 mai 1774, fut homologué par arrèt du conseil du íO octobre iï?ï,mais le parlement de Besan- çon refusa d'enregistrer cet arrêt (14 novembre íïïï).Archives de Luxeuil, FF, 34. (5) Cf. Finoti kjtudes sur la mainmorte dans le bailliage d'Am0Jit aux X'lllC, x'l1"o et XVa siècles (Bulletin de la Société d'agriculture de la Haute-Sahne, iwl), et La mainmorte dans la terre de l'abbaye de Luxeuil (N~u\~rllelievue historique dc droit français etranger, W301 Ct à part, Paris, iuFK1, br. in-bo)? - 74 - ment de l'abbè, Le droitsuccessoraldesascendantsn'&tait pas reconnu, c'est-à-dire que- Jes parents et les grands-parents ne pouvaient prC- tendre a I'hkritage de leurs enfants et petits-enfants morts sans pos- térit6 :. cet heritage faisait échute a l'abbaye. Enfin le formariage (') existait dans la terre de Luxeuil ; les filies ne pouvaient la quitter Sans le consentement de 1'abbC : le prix de ce consentement n'&ait pas fixt d'une manihre uniforme et variait suivant la valeur des biens de la sujette mainmortable,. M. Finot fait honneur à M. de Clermont-Tonnerre d'avoir conçu le génkreuxdessein d'affranchirde la mainmorte tous les habitants de la terre abbatiale soumis 6 cettedégradante servitude (". Avant de montrertant de sollicitude pour ses sujets, M. deClermont-Tpn- nene, pour accrokeles.revenus de son bknkfice, avaitcherche h i- niettre en Figueur, mkme en les aggravant, quelques coutumes tom- i béesen desuetude sous ses prkdkcesseurs.C'est ainsi qu'il voulait prelever le droit de formariage non-seulement sur les femmes serves, mais sur les ho.mmes de saterre prenant femme du dehors pour l'amenerdans sa seigneurie; ilrefusait aussi dereconnaître a ses sujets le droit de vendreI.eurs fonds et Ieurs maisons, même lorsqu'ils avaient des enfants vivants.

l Les maiamortables de la terre de Luxeuil protesthent energique- ment contre les prktentjons de leur seigneur ; ils lui contestaient le ! droit de succeder,à I'exclusiondes ascendants, aux enfantsmorts sans postérité, et n'admettaient m$me pas que la mainmorte de la terre de Luxeuil différât de celle du reste de la province, En.1763 LIU procits etait pendaot a la grand'chambre du parlement de Besanç&, quij par n-&du 14 dkembre de cette annee, chargea le lieutenant ,gé- - nCral du bailliaged'Amont de-faire une enquête et d'entendre les dolèances des .sujets de l'abbaye. Le 31 mars 1764, les habitantsde Briaucourt - qui paraissent avbir pris l'initiative du mouvement d'opposition qui allait bientbtse gPnkraliser dans la sejgneurie - rhnis sur la place publique de leur village,déclaraient, en presenced'un notaire, que, de InCrnoire l d'homme, ils n'avaient jamais eu a payer certaines taxes dont on les l

(1) Les filles mainmortables qui se marient et suivent leurs maris ne peuvent retourner gesir le jour de Ieurs noces BU mcix de leurs pcres ct mitres pour avoir part i leurs su,cces?inns, mais elles en seront exclues pour toujours, h n~oinsque IC seigneur nbbh'y donne son exprès contentement. B prl. j des coutrtrws parti- culières de la seigtteurie de Luxeuil (Finot, p..í). (2) La mainmorte dws 14 tcrre de I'abbap Qe Luxeuil, p. B. I

- 75 I accablait, et chargeaient un des 'leurs de les rep&senter Q la pro- chaineassemblke genkrale qui devait se tenirau Four-Rouge, á Breuches, ou avaient coutume de se réunir les habitants des villages de la terre de Luxeuil pour delibkrer sur leurs intPrkts CommUns (1). Soitindiffkrence des manants des autres villages, soittimidite (S); cetteassemblee ne devait se tenir que six ans plustard (", le 22 février 1770. Ce jour-li, les dtputés de la terre de Luxeuil exposérent dans un long requisitoire les griefs de leurs commertants et prirent la ferme rksolution de lutter jusqu'au bout contre les exjgences de leur sei- gneur : I( . . . Lesdits dkptitks ., . ont dit, representé, discutk et agitk que depuis plusieurs annies on leur suscite en gkneral et en particu- lier de la part de Messire Jean-Louls Aynard, comte de Clermont-

Tonnerre,abbe commendataire de l'abbaye Saint-Pierre de Luxeuil, .. ' . differents proces et dífficultizs sur plusleurs objets, droits et préten- tions bizarres, extraordinaires, hors du droit commun, insolites, tels que le droit de guet et garde. une prestation d'ceufs vis-a-vis certai- nes communautés, et aussi le droit de formariage,,en vertu duquel on prétendrait les contraindre non seulement B ne pouvoir se marier et aller résider hors de. la terre, mais encore h ne pouvoir aller prendre homme et femme hors dela terre pour l'y amener &der; tel encore que la genkralitb de mainmorte que pretend monditsieur l'abbk, sui- vant laquelle leurs communaux ainsique les vignes et les Clangs qui onttoujours Ctt defranchise, se trouveraientmainmortables, tel enfin que la restriction a leur liberté de vendre leurs fonds ; que der-

nierementencore par une condquence de cesprétentions plusîCurs ' particuliers tant rksidants que non rCsidaats avaient 4th assignes en '. commisede franchise soit d'autres fonds pour lesposseder sur le consentement, soit enfin de tous leurs biens pour avoir kt4 prendre des maris ou des femmes dehors, quoiqu'ilsles aient ramen& rPsider avec eux dis le m&me jour du mariage, comme plusieurs des com- munautks avaient kté assigukes pour prestatio'n du droit de guet et garde, d'œufs, de corvCes, de poules et d'autres droits insolites et inconnus jusqu'alors ; que ces habitants ayant reflPchi et considCré

(i) Archives de Luxeuil, FF, 28. ('2) Il est probable que !es bourgeois de Luxeuil secoukrent la torpeur des ma- . nants et les encouragerent dans leur risistance. II existc en effct, aux archives de Ia ville, un mémoire, redige sans doute sous les auspices des officiers munici- paux, et dans lequel un anonyme refute les prétentions de I'abbt. Ibid. (3) Les villages de la terre de Luxeuil ddsignkrent leurs representants du 8 I janvier au 21 février 1770, Ibid. % .- - 76 -

que Ces prktentions prenaient principalement leur source d'un côte . dans les pretendus cinq (l) cas particuliers de mainmorte que mes- sieurs les abbess'efforçaient d'etablir dans leurs terres, soit anciennes, soit' modernes, a la difference de la coutume gCnCrale de la province, - et d'un autre cbtè dans de prktendues reconnaissances reçues d'un nomme Vuillod en 1678 ; que ces coutumes particulières telles que . I monsieur l'abbk etses prtdecessem-S les ont fait compiler et distribuer en cinq cas particuliers,loin d'&re Ctablies et d'avoir force de loi dans la terre de Luxeuilp ont toujours éte contestees..., que toutesles pre- tentions et droits que l'on cherchait h ktablir soit vis-a-vis quelques communauth, soit vis-a-vis des particuliers, ne pouvaient que'leur &re infiniment prkjudiciables et rendre beaucoup onereuse la condi- tion des habitants de ladite terre. c Pour ce et autrescdnsidkrations déduites et à deduire qu'il serait trop long de motivir ici . ., lesdits habitants cy comparant comme il est dit, ont dCliberC, statui et arrCtt d'intervenir pour et au nom de la g4nCralité desdits habitants dans les procès intent& de la part de .mondit-sieur I'abbk ou de son procureur fiscal . . ., y combattre sur- tout ta génkrafité de mainmorte, soutenir la franchise des commu- naux ainsi que des vignes, des étangs et de plusieurs autres fonds qui sont dans ladile terre, défendre leur liberte de vendre lorsqu'ils ont, enfants vivants .. ., enfin faire determiner une fois pour toutes quels

4 sont les droits et fixer en quoi consiste la mainmorte particulière de la terre de Luxeuil, s'il y en a de particulière . , >- Cinq 'ans plustard, M.. deClermont-Tonnerre proposait au di l'extinction et l'abolition de la servitude de mainmorte dans tous les , villages dependant de l'abbaye : c.. . Depuistrente annees que le suppliant est pourvu de cette abbaye, il n'y a vu que des hommes lourds, indolents, decouragks et abattus, des terres incultes, une cul- ture absolument negligee, nul commerce, point d'kmulation et une apathie gknkrale; tandis que les habitants des villages libres, leurs ! I (I) U'apres IC manuel general de la Mense conventuelle (Archives de la Haute- Saóne, M. 678) ces cinq.cas peuvent se resumer ainsi : lo Les gens de mainmorte de la terre de l'abbaye de Luxeuil ne peuvent s'affranchir par disaveu. Plls sont obligés de resider dans la terre et ne peuvent s'etablir ailleurs sans le consente- ment de I'abbe. 30 S'ils ont enfant vivant et légitime, ils peuvent vendre leurs héritages, mais des gens de mainmorte. 4" Les ascendants ne succedent pas i A. l leurs enfants ou petits-enfants. 50 Les filles mainmortables qui se marient sont exclues de la succession de leurs parents, h moins de I'exprss consentement de l'abbe. Cf. Finot, p. 7. (9)Archives de Luxeuil, FF, e8, - li u voisins, sont vifs, actifs, laborieur ; leurs terres sont bien cultiv&s et rendent d'abondantes recoltes., . Ce contraste entre ]es habitants du même pays ne provient que de ce que les uns, réduits a ulle esp& d'esclavage et n'ayant qu'une jouissance prhire, un simple usufruit de leurs fonds, bornenttous leurs travaux h leurs besoins presents.. .; au lieu que les autres, vrais proprietaires avec la libre disposition de leurs fortunes, travaillant non-seulement pour eux, niais pour leurs familles, ne mettent d'autres bornesá leurs tramuxque celles qu'exige le repos du corps ; la mainmorte est donc dts lors tout a la fois des- tructive de l'agriculture, de la main-d'ceuvre et du commerce; elle est rkvoltante pour I'hurnanitk ; elle aniantit en quelque sorte l'exis- tence humaine.. . (l) T1 est regrettable pour sa mkmoire que le dernier abbC de Luxeuil n'ait fait entendre ce nobleet hardi langage qu'au moment où ses mainmortables supportaient avec impatiencele poids de leur servitude et travaillaient h s'en affranchir. D'ailleurs M. de Clermont-Tonnerre entendait conserver les biens de son benefice et n'offrait de renoncer aux revenus provenant des kchutes, rkveysions et autres droits atta- ches a la main morte,qu'ala condition qu'il pourrait commuerces taxes casuellcs et difficiles a percevoir, en rentes et redevances imposCes sur les heritages, les ventes ou les personnes.II proposait aussi d'auto- riser les communautks mainmortables a se IibCrer avecle produit de la ventede leurs bois dereserve. Enfin une autre combi- naison lui agriait davantage : pour soulager ses sujets et indemnisep, en même temps la mense abbatiale, il demandait au roi de décide? que le prieur6 de Fontaine,qui jadis dépendait del'abbaye de Luxeuil, y fbt et demeurât reunia petpktuitk (*l, La requête de l'abbk de Luxeuil fut appuyCe de l',avis le plus favo- rable par le subd6lPguk de Vesoul, M. de Saint-Ferjeux, et par l'in-. tendantdu corntd! deBourgogne, M. de Lacoré. Elleparvint h M. deSaint-Germain,, ministre de la guerre (9, qui la transmit I !. (L) Cette requite adlessee au roi en son conseil fut rédigée par un avocat au parlement de Paris,le sicur Parent. 11 faut admettre que M. de Clermont- Tonnerre approuva tout au moins la rCdaction de' cette pikce, s'il n'y coopera point. Cf. Finot, p. i5 et suiv. (e)Finot, p. 18 et suiv. - Le monast&re.de Fontaine s'etait détache de l'abbaye de Luxeuil vers le ?XII* siècle pour former un prieur6 conventuel h la nomina- tion du roi. Ses revenus s'&levaient b. cnviron 6,OOO livres. (3) Le ministrc de la guerre avait la Franche-Comtd parmi lesprovinces de sondépartement. .. l - $3 - au contrbleur gCnkral, Turgot ; mais elle ne devait pas aboutir, soit a cause de la chute du grand ministre, soit par suite des rkclama- tions du prieur de Fontaine (l) et des religieux m&me de l'abbaye de Luxeuil (g). Sur ces entrefaites parut I'tdit du mois d'aoùt 1779 portant sup- pression du droit de mainmorte dans les domaines duroi et dans les seigneuries tenues par engagement,et abolition du droit de suite sur les sei.fs et mainmortables dans toutes les seigneuries. L'abbC de Lqxeuil fit alors de nouseaux efforts pour affranchirles sujets de sa terre. Mois l'&dit publik. ne devint pas exécutoireen Franche-Comte, par suite du d6faut d'enregistrement au parlement de Besançon, et M. de Clermoat-TounerreDerdant tout espoir deparvenir a un nflranchissernentgtnkral, chercha a conclureavec les commu- nautks désireuses de se libkrer de la mainmortedes traitès partj- culiers. DCls le 5 octobre 1788, il s'entendait a cet effet avec les habitants de Saint-Valbert et d'Ainvelle, qui s'eagagkrent, en échangede leur affranchissement, i lui verser, les premiers6,OM livres, et les seconds 5,500 provenant dela rente de leurs quartsde réserve. Deux traitCs du 'mkme genre furent passCs avec les habitants de Froideconche, Ir: 15 septembre 1788, et avec ceux d'Esboz-Brest, IC 88 septembre sui- vant. Le 18 fkvrier 1789, l'intendant de la province, Caumartin de Saint -Ange, transmettait ces conventionsau ministre, et dkcla- raitqu'elles ne' pouvaient &tre valables qu'avecle consentemynt- du roi. L.; . ._ I Mais une &re nouvelle allait commencerpour les mainmortables de la terre abbatiale. On sait quelle comrnotìon produisit, dans la partie septentrionale de la Fraoche-Comte, la nouxllede la prise de la Bastille, Du 19 au 9'2 juillet 1789, les paysansse soulevèrent tout - autour de Luxeuil,brûlèrent les granges et les fours des déci- i mateurs,firent irruption en ville,envahirent l'abbaye, pillttrent les l ì

(l)hl. Franchet de Rans, kêquc h pArtibus de Rhosg. ! (Q) Un religieux de Luxeuil, dom Grappin, l'auteur de l'Histoire de I'abbn~pe royale de Luxeu et de nombreux travaux historiques, At l'apologie de lamain- morte dans une dissertation couronnée par I'Académie des Seiences,T3elle~-Lettrrs et Arts de Besançon. le 24 août lT8. La qucstion mise au concoursparl'Acadtmie ' Ctait ainsi posi.e : I Quelle est l'origine des droits de mainmorte dans les pro- . vinces qui ont compose le premier royaume de Bourgogne )I,Finot, p. 06. - 79 L archives, et forcèrent I'abbk à signer l'abandon de ces droits sei- gneuriaux (l). La nuit du 4 aoht sanctionna ces violences, et, le 7 juillet 1790, M. de Clertnont-Tonnerre quittait pour toujours l'abbaye de Luxeuil (". .. CONCLUSION

Ainsil'abbaye de Luxeuil occupe une place importante dans l'histoire de la Francl1e-Comte. La renommee et les vertus de son fondateur et de ses premiers chefs avaient attire de bonne heure sur elle l'attention des papes et dessouverains. Comblée de faveurs par les MCrovingiens et les . Carolingiens, dotée, au temporel,des avantages accordCs nux abbayes l royales et partjculikrement de I'immunité, elle jouit, au spirituel, de privilèges remarquables. Au Xe et au Xe siècle, au moment du mor- cellement fkodal, les abbks de Luxeuil devinrent tout naturellement les representants de l'autoritkpour les habitants des terres ou la royautk amit ce&, depuis de longuesann~es,d'avoirdes agents.-Gelte :, transformationdu pouvoir abbatial s'0pkr-a avecd'autant moins de i.. peine que le monastere s'&levait dans un pays rn~ontueuxet boise, d'un actes difficile, et sur les confins de la Lorraine et de la Bourgo- gne, loin par consequent de la résidence de puissants princes 1a"ques. Aussi, du XII au XII10 siede, l'abbaye de Luxeuil ne relew que des empereurs, trop elojgnCs pour que leur joug pesttt lourdement sur elle, et fut indbpendante de fait sinon de droit. Mais la jalousie des petits seigneurs du voisinage, les querelles qu'ils ne cessaient de lui susciter,l'obligerent bientòt a rechercher, au milieude l'anarchie feodale, l'appui du bras skcllljer. Elle eut tour a tour pour gardiens le duc de Lorraine,le comte de Bar, le comte de Champagne et le roi de France, jusqu'au jour ou le traite d'Arras la plaça sous la protec- tion des ducs de Bourgogne. Aprks la mort de Charles le TCmCraire, .e roi de France recouvra ce droit de garde, abandon& bientbt sans conteste aux empereurs devenus comtes de Bourgogne, et, SOUS le règne de Charles-Quint, la terre de l'abbaye deLuxeuil fut incorporee h la Franche-ComtC. 6 - 62 -

hais les abbés conservkre~~tla totalitk de leurs droits seigneuriaux. l Seuls les bourgeois de la petite ville dc Luxeuil avaient conquis des le moyen Age des franchises qu'ils surent conserx'er et même étendre. Les habitants des villages de la terre abbatiale restkrent, jusqu'en 1789, assujettis &lacondition la plus dure,et l'abbaye devait finir tris- tement ses jours au milieu des cris de colere et de haine de ces mal- heureux serfs, opprimés depuis tant de sikcles.

l AP-PENDICE

... T' .i Liste des abbés de Luxeuil (!), 24. Docton. .... vers '786

25, Siiierne .... -

96. Dadème .... I 4. Vindologe , . . 97. Sain1 AnsCgise. . 817-834 5. Bertoald .... - 48. Liotric ...... - G. Saint lngofroy ..vers 665 39. Drogon .... 834-855 7. Cunctan ....vers 30. F-ulbert ..... %6-. .. 8. Rustique .... 31. Saint Gibard . . , , . - 888 9. Sayftoce . . . 33. Eudes lcr .' . . I - 10. Adon .....vers '700 3. Guy Pr. .... vers 948 11. Arulfe ..... - 34. Aalongue. ... vers 983 19. Rendin .... 4 35. Milon .....vers 1018 13. Regnebert ... 36. Guillaume Io' I . - 14. Gtrard Itr ... - 37. GCrard II.. ...VBS 1049 15, Ratton...... - 38. Roger ..... 16. Vinlincrane ... - 59. Robert...... / 17. Saint Mellin ...750-731 18. Frudoald .... vers746 19. Gaylembe. ... 20. Ayribrand. ... - 21. Boson . : , . . vers 764 2'2. Grimoald .... - 23, AndrC IC' . , . . vers 7% 46. Pierre . . , . . - 84 -

47. Sayfride. . . . 4165-1178 69. Guy IV Briffaut,1431-1449 48. Bochard. . . . 1178-1186 70. Jean II Jouffroy . 1459-1468 49. GèrardIV , . . 1186-1189 71. Antoine de Neu- m, Olivier d'Abbans1189-1801 châtel . . , . 1468-1495 51. FredCric , .. . l2OI-b204 79. Jean III dela Pa- 58. Merv6 . . . . 1!2O4-1209 lud deVaram- 53. HuguesII . . . 1809-1819 bon . . , . . 1495-1533 54. Simon . . . , 1319-1234 73. François Icr de la 55. Thikbaud II . . 1Y34-1865 Palud . . . . 1534-1541 56. Regnier. . .. 1265- . . . 74. FrançoisII Bon- 57. HuguesIII. . . valot . . . . 1548-1560 . 58. Charles Ier . . . 1871- 1887 75. Antoine II Perre- 59. ThiCbsud IT1 de , not de Granvelle1560-1586 Faucogney . . 1'287-3308 76. LouisdeMadruce1587-1600 60. Etienne IIde Lu- 77. Andrè II d'Au- xe'uil . , . . 1308-1314 triche , .' . . 1600 GI. Eudes II de Cha- 58. Antoine JI1 de la . renton , . . . 1319-1545 Baume . . , lGOl-16% 68. Fromond de Cor- 79. Philippe de la condray . . . 1349-1331 Baume. . , . 1682-1631 63. GuillaumeII de W. Jkrbrne Coquelin 1633-1639 Saint-Germain . 1337-1365 81. Jean-Baptiste ler 64.Aimon de Bour- Clerc . , . . 1642-1671 bonnedeou 88. Jean-BaptisteII Mollain . . . 1365-1388 deBeauffremorit; 1671;1680

65. Guillaume III de 83. Charles 11 de ,r Bussul. . . . 1382-1416 Beauffremont . 1680-1733 66. Etienne III Pier- 84. Ren6 de Rohan- recy de l'Isle . 1422-1424 Soubise . . . 1741-1743 67. Guy III Pierrecy 85. Jean IV Louis- de l'Isle . . . 1424-1487 Aynard de Cler- 68. Jean Ter d'ungelles 1427-1431 mont-Tonnerre1743-1790 11

La mense abbatiale en 1789 ('),

DC.claration des droits, fonds, revenus et chargesde la mense abba- tiale de l'abbaye royalede Saint-Pierre p). LUXEU J L. Un quartier abbatial qui consiste en deux pavillons dont l'un hit , tres ancien et a et&rktabli a la moderne par M. l'abbé de Clermont- Tonnerre,possesseur actuel de cette abbaye; il a fait construire l'autre pavillon depuis quelques années, ainsi que des tcuries, remi- ses, cuverie et bûcher qui entourent une cour spacieuse. A I'empla- cementdu nouyeau pavillon M. I'abbtactuel a joint une maison qui . masquait le quartier abbatial et qu'il a achetke du sieur Thiébaucl et de son épouse pour une somme de 2,400 livres par contrat reçu de Lamboley,tabellion ghéral, pour le recouvrementde laquelle somme M. l'abbk de Clermont-Tonnerre fait icy toutes reserves de droit, ayant payé de ses deniers cettemaison. Tous les bâtiments cy-devant dCsign&ssont situés sur la 1-ueprin- :* ..1 cipale et place de la Baille de Luxeuil ; à cbtt est un terrain d'environ un boissel, moitiC de , mesure de Luxeuil, qui est de 108 perches, la perche de 9 pieds 10 pouces, pieds de roi ; ce terrain est contigii a l'abbaye et sans valeur. Au levantdu terrain sont plactes les hallesdépendantes de l'abbaye, et sous lesquelles se vendent tous les grains que l'on amène aux marchés et foires dudit Luxeuil. M, l'abbt a perçu jusqu'rn 1775 le droit d'éminage qui &ait la 94c partie de tous lesgrains qui se vendaient sous ceshalles; depuis cetteCpoqde il y a procès au conseil d'Etatentre M. l'abbk de ' - 66 -

Luxeuil et les officiers municipaux de la ville pour le droit et la per- ception d'icelui, par conskquent cet objet est pour memoire. Près des halles sont des prisons qui contiennent en même temps un logement pour le geblicr, des chambres pour placer les minutes du greffe et clu tabellionage,et des greniers. hl. I'abbC a faitcons- truire le tout il y a quelques années. A ce bâtiment est contigii l'hôtel ou se tiennent les audiences du bailliage,qu'il a échangéavec les pères Bbnédictins de son abbaye contre une portion devignesqu'il avait 6 Vaivre, et depuis cet ecbange - il a fait construire cet hbtel d'audience. De cette abbaye de Luxeuil dtpendait un jardin assez vaste situi: a l'extrkmite du faubourg de la Corvée de Luxeuil, queM. l'abbe actuel a Cchangi:il y a quelques annees contre une maison appartenant a demoiselle Gauthier, de laquelle maison une partie de l'emplacement a servi h klargir la rue commune de Luxeuil: et a donni: un passage plus commode à l'entrke.de laplace où setiennent les foireset marchCs. M. I'abbC jouissait autrefois de plusieurs petits cens sur des mai- sons qui ontkté pareillement dkmolies pour l'utilitk publique. Le bailliage de. cette abbaye est a l'instar des royaux ; ses appels ressortissent au parlement de la province. M. l'abbe a le droit d'instituer tous officiers de justice, bailli, lieu- 'tenant de bailliage, procureur fiscal, gretfiers, procureurs, notaires, tabelliongenCra1, garde-marteaux, maires, huissiers etgardes,z, . L. - .-. Par transaction faite avec MM. les officiers municipaux de Luxeuil, M. l'abbé a cede deux fours dependants de son abbaye, ainsi que'ir droit de percevoir un pâton moyennant une somme de300 livres que la ville lui payeannuellement, cy., . , ...... 300 1.- Par autre transaction faite par les dits sieurs officiers municipaux de Luxeuil M. I'abbC 8 cCdC un droit qu'il aTait sur les boucheries, le rouage et autres petits objets, moyennant une somme de 40 liv. que laville iui payeannuellemeclt, cy . . '...... 40 1. Le greffe du bailliage et dela gruerie Ctablie a l'instar des maîtrises .. deseaux et forêts, qui dClpe1-d Cgalementde l'abbaye, rapporte annuellementune somme de 400 liv.,cy . . . . . '. . . 400 1. Letabellionage rapporte annuellement 400 l., cy . . . . 4001. i M. l'abbé poss6.de surle territoire de la ville de Luxeuil un prt appel&le prk de la Bourgeline, de la contena.nce d'en-viron 130 voitu- :- res ou quartes,mesure de Luxeuil,du produit annuel d'environ t600 liv., cy. . . , . . , . . , , , , , , . . 1600 1. De la menseabbatiale dependnient autrefois deux etangs, deux moulins, et une ferme dite la Grange-Barreau, le tout situ& sur le territoire de Luxeuil, et que bI. I'abbC a &des aux pires BCnidictins de son abbaye par transaction faite avec eux, en 1771, lesquels objets pour mkmoire.

AEELCOURT. La communauté dudit lieu doit a la mense abbatiale pour tailles payableschaque annte au Y8 dkcembreune somme de 94 1. 14 s.kìd., cy ...... 24 I. 14s. 6d. Elle jouit d'un: dime sur la Grange de Meul situPe sur le territoire duditlieu, du produit annuel de 9 quartesde sejgle ct autant d'avoine,mesure de Luxeuil, qui pGse en fromentenviron 70 à 78 livres. Elle jouit aussi de la dime sur les champs du territoire, du produit annuel de 90 quartes deblk et 36 quartes d'aBoiue. Plus, un droit abonné ayec les habitants pour la banalitri: du four moyennant un boissel de froment par chaque feu et. minage, ce qui produitannuellement enriron E4 quartesde blk. Plus, d'un cens de 9 quartes d'ayoine sur un prk dit La Prkle. Plus, d'un autre cens de 2 quartes rases d'avoine sur un autre prè dit La Minochikre. Plus, d'un cens, payableparla cornmunaut&, deYO liv. cllaque annk

pourl'abonnement des cors;tes de meules, cy . . , a I . 20 1.

ADELANS. .. .l A la mense abbatiale de Luszuil appartiennellt 19 quartes de terre" labourables par chaque pied ou sol, qui produisent annuellement 10 quartes et demie de blC et autant d'avoine.

AILLONCOURT, La communaute dudit lieu doit annuellement a la mense abbatiale pour tailles 24 1. 13 s., cy ...... 84 1, 13 S. Le moulin dudit lieu est acensé pour une somme de 100 1. annuelle- ment, ...... 101.cy Cette mense abbatiale jouit d'un prk dit le Breuil sur ledit territoire, d'unproduit annuel de l., cy ...... 300 1. Plus, de 48 quartes de terres labourables par chaque sol OU pied, et de deuxprEs d'environ G Toitures,du produit annuel pour ces derniers dem I., cy ...... 60 l., et pour les champs de 67 quartes de blé,

J S8 -

Plus, d’un champ de 30 quartes cedk par la communauté, du pro- duit annuel de le quartes de blC el: autant d’avoine. plus, d’une redevance reglie pour la banalitk des fours à un boissel de froment et unboissel d’orge par feu’et menage, qui produit environ 26 quartes de bié et autant d’orge. Plus, des dimes sur les champs dudit territoire, du produit annuel de 30 quartes de blé et autant d’avoine.

AINVELLE. La communaute duditlieu doit annuellement pour tailles13 liv. 52 s. ed.,cy...... 131.Bs.ed. Plus, pour I’acensement des foursdoit annuellement,h raison de50 sols par chaque feu et ménage, une somme de l54 h.,cy. ..154 1. Plus, une autre somme de22 liv. ’7 s. G d. payable chaque année par la dite communauté pour lescens irnposkssur les bois, CY 92 1. 7 s.6d.

AMBLANS ET VELOTTE Par transaction sllr procès faite entre M. I’abbk de Luxeuil et M. Breton d’Amblans, ce dernier doita la mense abbatiale annuellement une Somme de Wliv. pour ‘la portion de la justice, des tailles et des poules qu‘elle repktait, cg ...... 60 liv.

ANJEUX.

La communaute dudit lieu doit annuellement .a la mense abb6tiale pour tailles une somme de 98 1. 7 s. 3 d., cy ....32 1. 7 s. 3 d. Plus, il luiest dO pourl’acensement du moulin une somme dé 100 l., cy ...... 1001. Plus, pour la pCche de la rivikre du Planey qui produit annuelle- ment une sommede241., cy ...... 24.1. Plus, d’un acensementperpétuel de la grangedes dîmes, du produit annuel de i5 l., cy ...... l!j 1. Plus, des dimessur toutle territoiredudit Aojeux,du produit annuel d’environ 288 quartes de blk et Y2 quartes d’avoine, pourmén1oiI.e.

BASSIGNEY

La p&chede la rivikre fluente surle territoire produit annuellement’ I 79LCY ...... 791. PIUS, les autres droits dus h l’abbaye dans cette communauté tant Cl1 Cens qu’en tailles, qui produisent amyellement 605 l., cy 605 1, - 89 - 3AUDONCOURT La.cornmunaut6 dudit -lieu doit annuellement pour tailles une sommede231.18~.9d.,cy...... !&1.18s.9d. Plus, ladite abbaye perqoit annuellement des fours banaux 53 l., cy ...... 531. Plus, pour l'acensement du moulin, une autre somme annuelle de 650 l., CY ...... 650 1. Plus, la p&che dela rivihre produit annuellement 100 l., cy, 100 1. Plus, l'acensement de97 ans d'un vieux château; des droits, champs et pres qui en dkpendent, est du produit annuel de 3%) l., cy 303 1. ora a. L'onportera les dîmes de .ce village à l'articlede Saint- Sauveur, ne faisant qu'un même bail.

BREUCHES. M&meobservation pour lesdimes qui sont Pgalementportees a l'article de Saint-Sauveur. La communaute dudit lieu de Breuches doit annuellement à l'ab- baye pour tailles 40 I. 9 s., cy ...... 40 1.9 s. . Plus, il lui est dû par chaque ann& pour I'acensemcnt de la vieille tuilerie I&l., cy ...... : ...... i2 1.

BREUCBOTTE. La communaute dudit lieu doit-annuellementá l'abbaye pow tailles. et les chauveaux de moutelles, 13 1. 8 s., ...... 11 1. 8 S!.

BRIAUCOURT. La communauté dudit lieu doit pour tailles une somme annuelle deetil. 11s.3 d, cy ...... 251.11~.3d. Plus, elle doit pour Laqueux, de Mailley, pour l'abonnement une somme de B l., cy ...... 61. Plus, les deux fours banaux dudit lieu produisent annuellement gol., cy...... 901. Plus, la p&che de la riviere, d'un produit annuel de 84 1.,cy , €34 1. Plus la p&chede la rivjere, on perçoit annuellement pour la dime desvignes, le pont, un pr6 appartenant a la menseabbatiale, une sommede 108 I., cy...... 108 i. PILIS,la dite communaute doitannuel1emen.t pour un cens la quaq- tité de 40 quartes d'avoiae, I BROTTE. La communauth dudit lieu doitannuellement pour tailles. t5 I. 15s. !i?d.,cy...... 151. 25s.Sd. Plus, il lui est dd par chaque feu et ménage pour abonnement des fours un boissel de.froment et un bpissel d'orge, les grains portables avec Mmede Mailley', et pour la part de M. l'abbi: on perçoit chaque ande 10 quartes de,blC. et autant d'orge, cet objet pour mémoire.. Plus, la grange dite les Corvtes d'Allier produit annuellement 66 quartes de bli: et autant d'avoine ; cetobjetest pour mémoire. j Plus, la pêche du ruisseau de Brotte amodike chaque année l9 'l., cy...... 181. Plus, la mense abbatialepossbde surle territoire une vigne d'environ 100 ouvrées du produit annuel de 300 liv,: cy ...... 300 1. Plus, elle posstde une nouvelle vigne de lacontenance d'environ20 ouvrkes, du produit annuel de 60 l., cy ...... 488 1. Plus, elle jouit de la dîme sur les vignes sur le territoire de Brotte :. et d'Ailloncourt, du produit'annuel de 100 l., cy ..... 100 l. l' GU VE M. l'abbti perçoit chaque année pour les tailles, cens sur le moulin et dimes uee somme de 488 1.,cy...... 489 I,

ECMENOZ, (!) pres de Vesoul, M. l'abbe jouit d'un cens sur un moulin appel& le moulin Costet,. du produit annuel de $26 1. 13 s. 4 d. cy ...... 86 1. 25s.'4 d. Plus, de 8 fauchées de prCs situtis sur le territoire de Vaivre et de.- Montaille (2\ ainsi qued'une portion de riviere fluente sur It: dernier lieu, le tout d'un produit annuel de 264 l., cy ...... 964 1. On observe que les objets cy-designés dans cet article ont &t&cedés par M. de Rosiere,prCsident au parlement, a M. l'abbi: de Luxeuil eu echange des droits de justice, mainmorte, patronage, que ce dernier avait au lieu deVellefaux, par arrangementet transaction faits avce lui.

EMUNS. La communauté dudit lieu doit annuellelnent pour tailles9 I. 19 s. Gd.,cy ...... 91.19s.Gd. ...

(3) Echcnoz-la-Meline. (O) NontoiHe, aujourd'hui dépendance de la cornmupe de Vaivre. .. ",

I

- 91 - Plus, il est dD par chaque feu'et menage un boisseau de froment pour les fours, qui produit annuellement16 quartes deblC: ; cet objet est pour memoire. PIus; ladite communaute doit annuellement ud cens de 12 quartes d'avoine ; cet objet est pour memoire. Plus, il est dh un autre cens anouei de 2 quartes de froment et de 2 quartes deméteil alternativement ; pour mémoire, Plus, il ëst dh un autre cens de m2me natured'un tiers de' quarte de blé et autant de.mktei1 ; cy pour mémoire. Plus, la mense abbatiale jouit du moulin dit deVillers, d'un produit de3001.annuellement, cy ...... 300 1. ESBOZ ET BREST La communaute dudit lieu doit à M. l'abbéannuellement pour tailles 161. 13 s. 6.d., cy ...... 16 l. 13 s. G d. . Plus, un cens annuel de 61. affecte sur un moulin et sur un Ptang, cy, ...... 61. Plus, une dîme sur le territoire du produit annuel de 100 quartes de seigle et autant d'avoine, pourniCrnoire.

FROIDECONCHE La communauté dudit lieu doit annuellement pour tailles 34 .l. iGs.,cy...... - ...34 1. iss, Plus, pour un acensement d'un terrain dudit territoire une somme annuellede 84 l., cy...... 84'1. L. - Plus, on perçoit sur une chénevikre siseauditlieu une somme annu- elle de41., cy ...... 41. Pius, il estdh un cens d'avoine sur plusizurs piices de terre, du produit annuel de 36 quartes d'avoine ; cy pour rnCmoil-e. Plus, on perçoitannuellement pour l'acensement d'un terrain appeléIesTraverses, du bois des Grandes Coupes i la routede Faucogncy, 9 quartes de seigleet 13 quartes de sarrasin ; pour mémoire. II y aun autre acensement perpétuel fait de ces objets par M. I'abbk actuel pour somme 40 l., cy...... 40 1,

LA CHAPELLE La communautedudit lieu doit annuellement 17 1. 1 s. G d CY...... 171. 1s. 6.d. Appartient B l'abbaye up moulin situ& sur ledit territoire, du pro- duitannuel de80 l.., cy. , , . , , , * , , . , , 80 1. I.

Plus, la rivikre dudit lieu, du produit annuel de 48 1.: cy . . 48 1. Plus, un prè appelele Conayk du produit annuel de200l., cy 200 1.. Plus, unautre pri: appeléla Grande-Lie-au-Moine, du produit annuelde 156 l., cy...... 1561, ! ’ Plus, un autre prC appelé la Petite-Lie-au-Moine du produit annue de i44 l., cy ...... 144 1. l1

LA PISSEU RE l La mense abbatiale perçoit en ce lieu une somme annuellede4501. pour les tailles, le cens sur les bois, et les fonds qu’elle y possede, cy...... 4.501, I MAILLEY Tous les droits et fondsdus en ce villageà la mense abbatiale de Lu- xeuil, y compris les produits des assiettes du bois rapportent annuel. lement 1750 I., et ces objets sont un cens sur le bois de la Bouloye, de 100 l., un autre cens SUI’ une maison, de 6 l., une dime sur un terrain dit Les Bertins, deux vignes situées au vignoble duditMailley . d’environ 800 ouvrées,et les droits seigneuriauxjoints, cy . 1750 l, I MELZNCOURT I Les dîmes dudit licu appartenant a la mense abbatiale rapportent i annuellement, la portioncongrue du curé J comprise, 350 l., cy...... I ...... _.- 3594. M~NTAUREUXo), Le prieur6 dudit lieu de Monthureux situi: en Lorraine fait partie de la mense abbatiale de Luxeuil.II consiste savoir en un droitd’kmi- nage, plusieurs droits seigneuriaux, des champs et des prCs dont on ., ne peut ici donner le détail a raison du pillage qui a été fait le mois de juillet dernier d’une partie des titres des archives de l’abbaye de Luxeuil ; tous ces objets situk au village de Monthureux produisent annuellement i394 l., cy...... 1394 1. * Plus, les dimes et droits-seigneuriaus de Godoncourt, village dC- pendantdu prieuré de Monthureuxrapportant annuellement la sommede,1000 l., cy ...... 1000 1. P~us;.~dîmes et droits seigneuriaux de Vaudoncourt du produit annuelde io00 l., cy...... IO00 1. i

(i) Monthureuy-sur-sabne, chef-lic;u de çanfon (Vosgqs), Plus, les dîmes et droits seigneuriaux de Provencheres, du produit annuelde550 ].,cy . . . , . , . . .. , . , . . . 5501. Plus, les dîmes et droits seigneuriaux de Lironcourt, du produit annuelde 380 l., cy. . .. . , . , . , . . . , . , . 980 1. ORMOICME. La communaute dudit lieu d'0rmoiche située en Franche-CorntC et dtpendant de l'abbaye de Luxeuil lui doit annuellemelst pour tailles 131.,6s,cy. . . , ;...... , ...... 131. 6s. . Plus, pour cens duvieux chàteau annuellement $2 l., cy. . . 9 1. Plus, les champs etprCs appartenant h laditeabbaye surle territoire produisent 79 l., cy . . . , . . . , . , . . . . , . 78 1. POMOY et VELLEMINFROY. Tous les droits de ces deux villagesappartenant alamenseabbatiale qui consistent en un boissel de bléet un de pois dus par chaque feu et mPnage de Pomog et Velleminfroy pour les fours, et un cens SUT le moulin dc Velleminfroy de l2 quartes de blP, 60 quartes de terres labourables situkes sur le territoire de Pomoy, une dîme sur tout le territoire de Velleminfroy?LI feu de logerbes l'une, et quelqursdroits seigneuriaux, tous ces objets d'un produit annuel de350l., cy. 350 1. RADDON ET CMAP.ENLIU P) Les droits seigneuriaux et les tailles dus par les deux communau- tés a la menseabbatiale de Luxeuil, du produitannuel d&SOl.,. cy ...... , . . . I . . . , . * . !30I?-

On observeque le bailliagede Raddon (*) etChapendu, comme .- ' celui de Luxeuil, est a l'instar des royaux, qui ressortit nuement au parlementet dont M. I'abbt deLuxeuil institue tous lesofficiers. . SAINT-BRESSON. Lacommunauti: dudit lieu doit annuellement 14 l., cy. . . 14 1. Plus, un droit de cens en avoine par chaque annCe de 51 quartes d'avoine et un petit cens en seigle du produit de 8 l., cy . . . 8 l. ; l'avoine pour memoire. Plus,deux pres surle territoire amodits annuellement159 1. cy 159 l. t. t.

- 53 - SAINT-SAUVEUR. La cornmunaut& duditlieu doit annuellement pour tailles%1. l5s.

. 4 d., cy ...., ...... 96 1. 13s.4d. 'I Plus, le four banal dudit lieu est amodik pour 974 l., cy . . 974 I Plus, d'uncens sur la tranchkedu Bois duBan, du produit annuel i de i9 l., cy ...... 18 1 Plus. la pèche du ruisseau dudit territoire, du produit annuel deal., l cy...... 81. i' Plus, d'un cens en avoine assis sur plusieurs pieces d'htritage du

territoire, du produit annuelde 300 quartes de seigle, 40 quartes de ' sarrasin, 1200 gerbes de paille, - leseigle, le sarrasin pour mkmoire, . - et la paille estimte 60 l., cy ...... 60 1. Plus, pour un four permisà un particulier dudit Saint-Sauveur pour 30 l., cy ...... 30 1.

SAINT-VALBERT Lacornmunaut& doit annuellement pour lestailles l1 1. 7 s. , cy ...... ll1.7s. Plus, un ceos annuel de 30 1. sur le moulin de Saint-Valbert, près laroute de Fougerolles, cy ...... 30 I. VAIVRE . Lacensementdes fours banaux dudit lieu produit annuellement Bel., cy ...... 9921.- ... / Plus, la dime sur quelques vignes duditlieu produit annuellement .~ 84 l., cy...... 24 1. Plus, l'acensement de deux. petites maisons moyennant 30 1. par chaqueannke, cy ...... 30 1. . On observe qu'il. appartenait à la mense abbatiale une vigne situke audit lieu de Vaivre d'environ 30 ouvrkes appelke les Grivelles, ckdCe 'par M. l'abbt aux Bénédictins de Luxeuilpar transaction de 1771 faite avec eux. .i VANNE Le chapitre dudit lieu doit annuellement 15 l.,cy. ....15 l.

I VESOUL I La ville de Vesoul doit u11 cens de 60 I. par chaque annee pour l'emplacement d'un ancien moulin ditd'Entre-les-Portes qui lui appartenait et qui a ktk supprimé pour l'utilitk publique, cy . . GO I. Plus, l'acensemeot du mouIin des PrCs dudit lieu produit annuelle-

ment 1200 l.,cy ~ ...... 1200 1. Plus, un prl. de 3 fauchCes, dit le prk de Breuil, produit annuelle- ment 81 l., cy ...... 81 1:

VILCERS Tous les objets dus ti l'abbaye daos ce lieu, consistant en tailles de 38 1. et un cens de 3 I. pour le vieux chiteau, et en 96 quartes de champs et 18 chariots et demi de prés produisent annuellement à la dite abbaye 903 l., cy ...... 900 1.

VISONCOURT. Lacommunauté dudit lieu doit annuellementpour tailles 4 l., cy...... 41. Plus, ladite cornmunaut6 doit un cens annuel pour les terres qui sont au pre du Millery, 4 quartes4 coupes de blC et autant d'avoine, ce grai.n pour =&moire.

POULES. M. l'abbk fait lever annuellement 500 poules dans les villages de la terre de Luxeuil à raison d'une poule par chaque feu et ménage, les- quelles a 9 sols piece forment un revenu annuel de 895 l., cy, 225 1, _-_ J L.!. L.!. GRAINS. En récapitulant les grains que l'on a portes da'ns la prkscnte décla- ration pour mémoire, on trouve un total de 722 quartes cle blk, qui h 6 1. la quarte fontun produit de4332 1. ; De 808 quartes et demie d'avoicre, qui a 40 sols la quarte donnent un produit de1637 1. ; De 409 quartes de seigle, qui a S 1. la quarte donnent un produit de 18871. ; De 36 quartes d'orge, qui à 3 1. la quarte donnent un produit de 1081. ; De 40 quartes de sarrasin, qui a 30 sols la quartedonnent un produit de60 1. Touteslesquelles sommes rkunies pour le produitforment un total de revenus annuels de 7.364 l., cy...... 7.364 1. .. Total ...... %.EÍ138 1.10s. 8 d. - 96 - BOIS. La mense abbatiale, en suivant les plans et les amknagements, fait saufcorrection la quantitt: de ljol arpents 30 perches en reserveset \ celle de 1715 arpents 6 perches 5 pieds en assiettes ordinaires, les- quelles auraient kti'diviseesj. larevolution de 25 ans; chacune dt)nne i la coupepar chaque annte la quantitkde68arpents etdemi. Chaque l assiettepeut produire annuellement h la menseabbatiale environ I eOOO1.,cJ'. . . . . I. . . * , . . , . , . em1. 1 Et la tondaison du quart en reserve et des modernes donneront un autrerevenu annuel de l200 l., cg'. . , ...... 1'200 I. Le tout, deduction faitedes frais d'apposition: d'assiette, de rkcole- ment et d'exploitation.

MAINMORTE, ÉCHUTES,LODS, CONSENTEMENT, COMMISE t ET MAINMISE. M. l'abbt de Luxeuil jouissait ayant les décrets de l'Assemblee na- tionale de la gkt1kraIit4 de mainmorte sur tous les habitans, manans, finages et territoires des villages situés en Franche-Comte et designes en la prèsente délibh-ation a l'exception des meix, maisons dependant de la baronnie de Faucogney au lieu de Saint-Sauveur; de celles dè- pendant de l'abbaye de Bithanie h Pomoy, de celles dkpendant de la seigneurie d'Ainvelle encelui d'Ainvelle, de cellesdependant des coseignrurs de la Pisseure, de Saint-Bresson, de ßaudoncourt, . deBrotte dans les dits villages, etc.,etenlin des francs L-ae .. Breuches. Tous les dits droits de mainmorte, échutes, conseztement .-' produisaient annuellement, uneannee comprenantl'autt-edansle nom- bredegoans, cy . . . I ...... 80001. Plusieurs de ces villages devaient aussi a M. l'abbé des corvies et des lignees de voitureS.de bois, vendanges et autres, que l'on ne peut evaluer et qui demeurent supprimeespas ces dtcrets. M. l'abbéjouissait aussi du droit de distribuer It: sel auxhabitants l de sa terre:qu'il faisait lever aux sauneries de Salins : ce droit rap- l portait ordinairement 400 l., mais il n'est plus pel çu. DROITS DE COLLATION M. I'abbk de Luxeuil B le droit de nommer aux btntfices cy-aprks dCtaiflCs lorsqu'ils vaquent, savoir : Le prieuré de la FertC ou de Soyers situé en Champagne, diocese de Besançon ; Celui de Saint-Thikbaud, situ6 A Jussey, diocese de Besançon ; i .T - 97 I-1 Lescures d'Ailloncourt, Anjeux, Betoncourt, Godoncourt, Fro- tey-les-Vesoul, Rlailley, Melincourt, Pomoy, SauInot,Saint-Sulpice, Saint-Bresson et Villers, - toutes les dites cures situees en Franche- Comti., diocese de Besancon ; et en Lorraine il nomme a celles de Con- flans, Monthureux, Provcncheres et Les Thons. BIENS ET FONDS CEDES PAR M. L'ABBE PAR LA TRAN- SACTION DE 1771. Le moulin de la Poche, moulin Cocquerot, la Grange-Barreau avec les pres et champs qui en:dCpendent, les dimes et autres droits qu'il avait a Neurey, tous ses &tangsau nombre de 9 ou de IO, et er, contre- ;change les Bhédictins lui ont cédé plusieurs petits cens d'un revenu annuel de 590 livres et la dirne en vin des vignes d'Allier. CHARGES FONCIÈRESDE L'ABBAYE M. l'abbé doit annuellement pour don gratuit ...2038 I. l2s. Pourles Oblats...... 15-50 1. Pour le droit de gardienneté ...... 353 I. 3 s. 8 d. Pour la pension du college de Eesançon ..... 656 l. 13 s. 4 d. Pour portion congrue B M. le cure de Saint-SauTeur . . , 900 I. Pour celle de M. le cured'Ailloncourt...... 550.1. Pour celle de M. le cure d'Anjeux ...... 3501. PENSIONNAIRES DE L'ABBAYE II est dû annuellement h M. l'abbkde Raz...... 800 1. :- A M. l'abbéGrioverot...... 600 l. .. A M.l'abbé Mazelin ....., ...... 640 1. A M. Deponchaise...... 640 l. REPARATIONS ET CONSTRUCTION DES BATIMENTS, CHOEURS DES BGLISES ET ENTRETIEN DES SACRISTIES. I1 est compté annuellement pour ces objets a M. l'abbk une somme cl'environ 400 l., uneannée'comprenant l'autre, cy . . , 4000 1. Jesoussignk certifiela prksentedkclaration en toutson contenu sincère et veritable. - Signé a l'original de la dkclaration : Jean-Louis Aynard de Clermont-Tonnerre, abbC de Luxeuil, vicaire gêneral de Besançon. Enregistri: conformkment it l'original présent4 par mondit seigneul: de Clermont-Tonnerre ensuite de la dklibératiou des sieurs ortciers municipaux de la ville de Luxeuil tenue en la chambre du conseil le 26 fkvrier 1790.

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TI1

La mense conventuelle ('1 en 1789.

Declaration des biens-fonds, droits et revenusqui forment la mense conventuelledes religieux de l'abbayede Luxeuil, ordre de Saint Benoist, de la congregation de Saint-Vannes et de Saint-Aidulphe, dans le bailliage d'Amont, diockse de Besançon.

LUXEUIL Les bàtimentsclaustraux et rllguliers consistent dans une cour prkcédke des &curies et dans deux grands corps de logis contigus si- tues au levant et au rnidy, un jardinentre deux vergers, tout ce terraind'environ 4 arpents qui peut produire annuellement 300 1. cy ...... ,3001. Le recteur nomtnk par la communaute pour presider h la familia- rite, faire, des fonctions paroissiales dans 1'Cglise Saint-Martin, peul se monter avec le casuel a ...... '200 1. Le droit de faire lever une piece de porc frais sur chaque dtibitant sur la place, chaque annie arnodik ...... , . 5 I', Le droit de chasse et de p&che dansla rivikre de Luxeuil et autris l~eux,amodiCs pour cy ...... 150 I. Les cens fonciers de 10 1. sur les boucheries de Luxeuil, cy . . 10 1. Un cens de 6 1. sur une maison situCe sur la place St-Jacques . 6 1. Un cens de 40 1. sur une maison situCe a la rue des Ramasses et surune petite chknevibre près des Bains ...... 40 I. I]n cens de 27 I. sul- le jardin dit de 1'88pital ou Ctaient les maisons Chapelle ; pource jardin, CY...... 97 1. Une ch&nevikresjtuee auprksdesBains contenant $2 coupes un quart ddnt le produit est de...... 3 1. Une ferme composke de 70 quartes de terres, 19 voitures de pres, y compris leprk Bizot de 13 voitures sur le territoire de Froideconche, amocIiPe pour 306 I, cy , . , . . , . . , , , . , . . 306 1.

(1) Archives de Luxeuil, Registre des délibérations dlc corps rmtlicipal dlr re'' rflars xigo au 5 brumaire an lV, fofi 5 et suiv. ta dime de 9.5 l'une de toutes graines gui Se skment, except& la navette, qui produit annuellement i00 quartes de seigle, 90 quartes d'avoinerstitnees 440 1. Cy...... 4/10 1. L'etang de Saint-Valbert rkduit en prk de 46 voitures 15 coupes, 6 - raison du terrain maigre amodie pour ieo1. cy ...... 190 J. Le prk dit I'etang-des Bains contenant45 voitures 8 Coupes, acense pour 5.50 I., cy ...... 350 1. avec droit de lods auIS?, Ladime...... sur les' étangsdes villages qui sont I obliges deconduire. ...., pourquoi il leurest dû une miche de pain par l'abbaye pour chaque etang ; le produit est de 400 livres de poisson, h El0 1. le cent, déduction faite des frais, cy. ...80 1. La Grange-Barreau consistant en une maison et 400 quartes de terre tant champs quepres, qui doivent &tre cultivks par les habitants deSaint-Sauveur, Breuches, Saiiit-Valbcrt et Froideconche, amo- dike a ces conditions pour...... 2009 1. Le droit de lever les regains au ban des Quatre pour ...60 1. Unemaison située sur le territoirede la Neuve-Grange, de 2 quartes de terres, amocliCe pour 29 ans annuellement .... 25 1. Les moulins de la Poche et Tocquerot avec environ 10 voitures de foin dans les étangsde la Poche et 20 quartesde seigle,avec le produil, cy ...... 20801. LaGrange de 1'Hbpitalainsi appelet parce qu'elle dependait de l'office claustralde l'hospitalier, amodiée pour 440 1. et reduite a raisonde I'hieér dernier a...... :. . 370) 1. . v - Ledit bâtiment tombe en ruine.

Le cours d'eauacense h longueannée sur le territoirede cette " grange, cy ...... 30 1. I1 est dfi sur cette grange au curé de Saint-Sauveur4 1. pour dimes novares, maiscette sonime est cornpensee par une semblable qu'il doit par arr2t pour abonnement d'un diner lorsqueles religieux vont cClCbrer la messe paroissiale dans son tglise le lundi des Rogations. Le prC Bernardcomprenant 19 voituresamodié pour 168 l., I CY, ...... 1681. ; ì Le pré dit aubas de la Côte contenant 9 voitures 16 perches compris dans le bail du moulin de FroideconChe. Le Pr.é Pouilleuxcontenant 32 Toitures etune dernitre coupe, compris dans la ferme deSaint-Sauveur.. Le cours d'eau sur le ruisseau des Cuirs acensi: pour . , . 30 1. /# Unetuilerie amodike pour ...... 350 1. La grange de NeuveIli, contenant environ20 quartes, tantle jardin, verger et prC, quipeut produire...... 220 l. - IO1 - Le prc dit le Vieil-Etang contenant 58 voitures deux CoUpes, cul. tioépar la maison, peut produire...... 350 I. L'étang de la Poche, nouvellement rkduit en prés, colltient 71 voi- tures 18 coupes et un quart, dkduction faite de la partiecomprise dans le bail du moulin. Déduction faite des frais, cy. ...300 1. Lesfor&ts dépendant de la menseconventuelle contenant-l844 arpents fi perches, savoir : sur le territoire de Luxeuil, le petit Sept Chevaux, cy S84 arp. 55 p., une partie du Banney, 309 arp.; - sur le territoire de Froideconche, une partiede lafor2t dite la Grande-Coupe contenant 190 arp.; le bois de 1'HBpital contenant 28 arpens; - sur le territoire de la Chapelle et d'Ailloncourt le bois de Vaucluse conte- nant 113 arp. 3/4 ; - enfin dans la terre de Faucognry le bois des Armontsi') contenant 17 arpents. De ces 1844 arpents, 316 sont en réserve, le restant en E28 assiettes ; les trois dernières apposèes dansle bois de Vaucluse(39 arp., 37 arp.. 91 perches) ne produisent que quelques vernes et broussailles ; les $25 autres assiettes sont de32 OU 38 arp., saufla 25~qui en contient 45 dans la for& de I'Hbpital et des Arrnonts. Lorsque l'on ne coupe que les tai!lis, chacune de ces assiettes an- nuelles produit environ loOO.l., déduction faite des frais, cy. 10001. Latondaison du quart en réserveferait un produitannuel de @OI.,cy...... (3001. La ville de Luxeuil doit en trois capitaux de rentes 5187 i. 13 S. 4 d., dont les intkr&ts forment ...... 303 1. 34 S. 6 d. Les hkritiers de la Vve Baffard doivent la rente de. . 3 1, 6 s. 6 d,. Les héritiers d'Henry Petitcollin doivent pour rente ....8.1; ABELCO URT Le moulin banal aux habitans, un champ de G quartes et un pre de 6 voitures sur les territoires de Breuches et Villers, amodits pour 8001., cy ...... ,8001.

$ ANJEUX. Deux granges desquelles dépendent environ 580 quartes de terre e€ 58 fauxde prCs relajsséespour 1110 l., cy . . , . , , 1110 1. Une autre grange dite la grange du Petit-Couvent de laquelle dé- pendent 40 quartes de terres et 7 fauxde prks. ' * Une directe de iuquelledépendent troisou quatre maisons chargkes de poules, de Iods au se, etc.

(l) Les Arrnonts, dépendance de la commune de la Lanterne, canton de Luxeuil, - I02 -

Un contratde rente en principai de 1. auxintérCts de 10 I. i~a~ables 9 au septembre par les héritiers de Jacque Boileau d'Anjeux. Un autre de 394 1. portant 17 I. 10 s. dïntérCt sur leshéritiers Macqubrd de la Fisseure. Et un autreen capital de l50 1. portant 7 1. IO s. d'intkrêt sur Joseph Gerard de Saint-Loup comme ayant-droit de Pierre Cabossel, le tout amodié moyennant 17 paires de rentes en grains formant.

* ANNEGRAY. Les revenus, droits de possession du prieuré regulier ou placement local d'Annegray consistent: lo En une petite Cglise, cloche; une petite cloche, une maison avec sesaisances entikrement dèvastée depuis le mois de juillet dernier par des brigands qui ont enleve les titres, carnetset manuels trouvks l chez les officiers de la justice du prieuré et chez les fermiers ; 20 DCpend de cette prkbende le droit de moyenne et basse justice sur plusieurs hameaux dCpendantde Faucogney,oli il est dh plusieurs redevances tant en seigle, chanvre, avoioe, poules ;

.3? Et un'ètang au bas du rupt dit I'etang Bond6 acenséh perpétuité pour 40 1.; 4" Environ 24.0 quartes de terres, tant en culture, bois et brous- sailles, 50 voitures de pres, 7 petits étangs ; Toutes les redevances attachPes audit prieuré suivant le carnet en 950 dkpendant amodiees pour une somme annuelle de...... 1. Tous les prés et les champs sont arnodiés, cy...... 99.6 1. .. Lamoitie des Cmoluments de la mainmorte pourrait se porter h , 3x1.. cy...... 3001. Un contrat portant principal de 203 l., intCrkts l2 1. payables le 81 mars Far Jean et Renaud Thaon du Parfonrupt (I), cy. .. j2 1. Un autre capital de 140 l., intérCt le 27 octobre, par les héritiers Rolet, Lirot et sa femme, du Magny-devant-Lure, cy . 6 1. G s. 6 d. Un troisikme contrat de 403 1. de principal .eb de 90 1. de rente payable au 97 mars par les hbritiers Jean Claude Hinzelin, de Lure, 201. I. cy 9 ......

BASSTGNEY. Le moulin banal acensé a perpétuité aux habitants moyennant 33 quartes de fromenteptimees a 192 I., cy ...... 192 I. i . (1) Hameau de la commune de la Vcivre. Le four acensC à la communaute pour 88 quartes de blk-froment estimées h 168 l., cy. , , . . . , . . . . , . . , . 168 1. Un censdû par les habitants de . . , . . . , , . 40 1. 15 S. Une grange consistant eu 150 quartes de terres et environ 30 faux de prCs, etun autre prk dit le pri Isabelle contenant environ 40 Toitures,amodjés lesdits pris pout- 500 l., cy...... 500 1.; etles quartes de blC Ft avoine pour 440 l.: cy...... 440 1. BAUDONCOURT. Une directe avec droit de justice, de Iods au 19, et quelques terres qui en dependaient, 80 quartes de terres, 22 voitures de prks et plu- sieursdîmes, le tout amodie pour 300 l., cy. . . . , . , 300 1. L'ttang Saint-Benoît portant 500 a GOO alevins, ce qui fait un pro- duit par an de 75 l., cy , , . . . . , , . , . . . . . 75 1. Une rente en principal de866 I. 13 s. 4 d., àl'inth-êt annuel de13 l., payable par SCbastien et François Sjmard et Dele Cretenot, cy 13 I. Une rente de 6 1. 13 s. 3 d. sur Dèle Burgey etClaude-Franqois Valot, - le capitalde j35 I. G s. 8 d., - cy . . . . 6 I. 13 s.3 d. Une rente en principal de 300francs payable par Jean Bourgogne. CF. , , , ...... , . ,' . , 31.6s.6d. I BITHAINE. i RIES Le cens annuel et perpetue1 d'une livre d'encenspar ladite abbaye: !

estime 1 l., cy. . . , , , L . . , . , . , . , . , . 1.1. 5 -6004 BREUCWES. :. 27 quartes de terresamodiCespour cy et une piècedetoile, CY 50 1. '" days Pour four banal aux habitans du Magoy-d'Aval dktruit et brhli: par les habitans dudit lieu dans les temps de la bagarre. Un champ d'environ 3 quartes amodi6 pour CY . . . . . 48 1. . Et une piece de toile, 2 quartes de raves,t quarte de seigle, 1 quarte demillet ; pour grains, denrkrs, cy . , ...... - 99 1. Un cens d'un boissel comble de seigle sur un champ de 4 quartes

possédeparJoseph Morigeot, estime . . . I . I . 9 1. i Une rente de 11 l. 3 s. 3 d. sur les héritiers Gofinel - principal 211-1.2 s. -, cy ...... , , , . . , . 11 1.3 S. 3 d. Une rente de 4 1. sul- les heritiers Guyot, - principal 66 1. '13s. 4d.,-cy. . . . , . , . . . , . , ...... 41. I BRIAUCOURT Le moulin banal acensé pour29 ans avecun prC de evoitures et un champ de S quartes aux habitans de Briaucourt et d'binvelle,arnodjk

pour .,..,., . , io20 II c .- 104 -

Les deuxtiers des dimes de grains sur leditterritoire amodiks pour .lo0 paires de 75 quartes de conseigle. 2 granges cornposèes d'environ 400 quartesde terres et de 100 voitures de foin, - auxquelles il etait dh des cordeset la dîme de 2G l'une sur un etang d'aIeTins, - pour 190 quartes de ble et autant d'avoine, cy ...... 2100 1. Une rente de il J.d'intkrêts due par les hbritiers Cordier et La- prevote, - en principal de 197 1. G s. 9 d. - cy .... il J. 16 s. BROTTE. 60 ouvrCes de vignes cultivees en argent h raison de 4 1. 1'ouvrCe ; revenus ...... 180 1. Un cens de 3 s. et une poule sur, une maison avec les lods au lee, cy ...... 10s. Un champ de4 quartes pour B paires avec des rentes, estim6 88 1. J.-B. Jacquet doit 6 1. d'jntCrêt par acte reçu de Thiadot le 4 juin 1677, - pour principal 100 l., - ...... 61.

CHARMES (') ET CKARENTENAY (". 41 journaux tant en champs qu'en prés et un cens de 14 s. 3 d. amodiespour cy...... 5401.

COLOMBE [*). . Antoine Jacquot doit une rente de 7 1. en principal de 1% l., . 7 1. J 'EHUNS. I i Une vignede38.ourrkesl du produit d'environ . . , . . 60 1: ESBOZ ET BREST. Les ktangs 3erna1-d~ des Tasnikres, etc., produisent annuellement pour la pêche 80 l., cy ...... 80 1. ' L'btang djt BJIaretin reduit en prCs produitchaque annCe 15 l., cy ...... 801. Un champ d'environ 3 quartes avec une partie de 1'Ctang Bernard, CY...... 181. Une rente de i1 1. 3 S. 3 d. due parles hiritiersde Jean Corberand,

- principal 52\33 1.6 s. 8 d. - cy ...... l1 1. s. 3 d.

(i) Charmes-Saint-Valbert, canton de \Titrey (Haute-Saône). (Q) Canton de Presne-Saint-Mamts (Haute-Sabne). (3) ~olombe-l~s-8ithaine,canton dc Sovlx (Haute-Sabne).

't - 105 -

Les Ctangs dit le Grand-Etang,de la Grande-Voye, le bateau et I'Ctang , du Banney, le quart-de l'&tanfi des Puits et celuila de Noye qui est in-

divis avec le sieur Drchambenoistrapportent annueHement 43 1. * cp...... 431.

' FROIDECONCME Le moulin, un prt! au bas de la'cbte, dit le pre du Rullet, un autre prk de 4 voitures YO coupes, acensCs pour 29 ans pour ...300 I. Le champ dit la Combe arnodik au même pour 20 l., cy'. . YO I. 38 quartes de terres labourables, environ le voitures de pres et autres terres amodikes pour YO quartes de seigle estimCes , . 80 1. Le cens en foin et en regain ctdk par le trait6 de mense dans le canton des Fouillis produit tant en seigle, millet, sarrasin, avoine et G mille de foin, le tout pour ...... ,530 1. Un prC dit la Noye- la-Dame contenantenviron 12 voitures, amodi6pour...... 48 1. Le prC de la sacristie contenant 40 voitures,' amodik pour . 216 1. La Rapeacenske a perpétuitk pour5 quartes deblk avec droit dè Iods, retenue, etc. ; lesdites quartes estirnees cy ...... 30 1. La dlme a voiontk dependant des chapelles SaintJean-Baptiste et de Saint-Nicolas en un cens annuel de 30 s., cy ..... 1 I. 10 S. Les itangs Saint-Colomban, Saint-Eustache et des Noiselkes pro- duisentordinairement i200 à 1500 poissons,par conskquent- un revenuannuel de l50 l., cy ...... 150 1. t Q? GEMONVAL p) ET LA CHAPELLE (*l. \*' __ Dans ces deux villages, l'un de la paroisse d'Onans (a) et le second de celle de Granges (') dCpendant du prieur& de Saint-Valbert-les- HCricourt, qui consistent en toute justice sur meix, maisons, etc. ; la .

dime et cens amodiks sur ces territoires pour 216 l., cy . . , , 216 1. '. .. GODONCOURT Le droit de percevoir sur les dîmes de ce lieu une prtmice de 30

, quartes de blk et W q. d'avoine, un prC de 4 faux amodiè pour 900 I., cy...... '9031.

(i) Doubs, arr. dc Baume-les-Darnes, cnpt. de l'Isle-sur-le-Doubs. (2) La Chapellelez-Granges, hameau de lacommune de Crevans, canton dc . - (3) Doubs, cant. de I'IsIe~sur-le-Doubs. (4) Grange-la-Ville, canton de Villcrscxel, , .. ,..

-.

" - 106 - HERICOURT Leprieuré de Saint-Valbert-les-~ericourt

JASNEY ET (l).

Le prieuré de Jasneyunidepuis plusieurs siecles au petit couvent (9) est un cens de 20 q. de blk, autant d'avoine et ti 1. d'argent ; ces re- devancesamodiées pour 118 l., cy ...... 118 1. La nloitC des dîmes de et la 4e partie de celles de Girefon- taine, y co'mpris la dime de retour ; ces dîmes sont amodjées pour 90 quartes-de bltet 74 q. d'avoine, le tout estimé annuellement h 688 I., le quart des dîmes de Girefontaioeest accord& pour 18pairesestirnees 144 J., cy...... 1441. Le patronage de l'tglise de Jasney? pour lequelM. le curé doit 1 1. 6s.8d.,cy , ....\ ...... 11.6s.8d. Ce pasteur est B la portion congrue de 700 l., qui doit &tre payPe savoir par- l'abbaye de Luxeuil 379 l., par celle de Clairfontaine [')

2% l., et par le titulaire d'une chapelleCrigée dans i'kglise.de Jasney, ~ 114 1. 13s. J. .- LA CHAPELLE e). Lesfours banaux amodiks avec une partie de deux étangs pour 120 1. et une pit& dé toile,cy...... 140 I. Deux &tangs, ditsIds etangs Bardot, amoditspou1+.lOO l., Cy 100 1. i\

.. LA NEUVELLE-SUR-L'OGNON (6). Une redevance de 9 gerbes de seigle par feu des moissons situées dans.la ruebasse de ce village.

(1) Girefontaine, commune du canton de VauvilIers, est aujourd'hui encore une des sections de.la paroisse de Jasney. (Yj s'agit de I1 del'abbaye Faverneyqui possidait depuis le NIIIe- sihclc le i prieure de Jasney, d'abord h l'abbaye de Luxeuil. (3)Clairlontaine, aujourd'hui dPpendance de la commune de Polaincourt. Les Cisterciens J avaientfonde BU XII. sikcle uníé abbaye qui subsista jusqu'h la Révolution. (4) La Chapelle-les-LuxeuiL ... j (5) Commune du canton de Lure, I I roi -

LA PROISELIÈRE [l), Une rente de 4 1. sur Francois Corberand, - en principal de (36 I,, - en datedu 24 may 1671, cy, . , . . , . . , . , - . , 4 1. LE PARFONRUPT. Une rente de30 1. payable le 16 may par Claude et Joseph Toillon, - principal 500 l., - cy ...... : ...30 1, MAI LLEY. I 8 ouvrees de vignes cultivéesa moitie produisant, ann& 1'11ne'por- tantl'autre, cy...... 84 1. MELISEY. Trois étangs dits les &tangs du Bois. dont deux riduits en pres, amodiés pour ...... 90 I. NEUREY. Le village de Neurey-enLVaux avec tout son territoirea kte vendu en 1695 a trois particuliers pour le cultiver aux conditions rapportties dans le terrier du villagti de Neurey ; tous les droits des Bénédictins amodiéspour cy, 24 pouleset un mille defoin, ce quifait au total...... 1072 1. La dîme du vin de 15 l'une, une vigne de 127 ouvrkesdont 58 cul- tivees à moitik; le produitaveccelui de la dime peut&e estim6 année commune a 30 pieces de vin, qui a 20 l. forment une somme annuelle de 600 l., cy ...... -600 I.;

l'autre partie dela vigne consiste en 69 ouvrkes, presque actuellement '* toute en terres labourables ; 28 quartes d'autres terres éparses dans tout le territoire et 4 fauchées de pris, une maison qui consiste en deux manoirs comprenant cave, cuverie, jardin, unepetite chènevière I et trois chambres réservkes aux religieux, tout, cette partie de vigne rappelée, est amodi6 annuellement 240 l., cy...... 940 I.

I Unerente de t5 1. 13 s. 3 d. surPierre-François Petitcolin et Michek Rollin, - en principal de 313 1. 6 s. 6 d., - cl'. ..15 1:13 S. 6 d. I Uneautre rentc de 29 1. 16 s. 6 d., - principal E156 I. 13 s. 6 d. - cy...... 191.1Gs.6d. Une rente en principal de 190 l., interet, cy .....9 1. 10 S. Les habitants de Villers et Abelcourt, Ehuns et Visoncourt etaient I tenusde conduire dans les cavesdes religieux les vins ouvendanges '

deNeurey, ce qui valait un revenude , . ,. . , . . t . W 1.

(i)Canton de Faucogney, ORMOICBE Le moulin banaI aux habitants avec obligation de contribuer aux reparationspar des charrois, h eux amorlikes 73 q. deterres et 9 voi- ! turesde prCs dépendantdu moulin, et 28 q.de seigle etautant d'avoine, ce qui fait pour la totalité de tout cy-dessus. . . . 668 1. POMOY La generalitede la dimede vin etgrains dont le curC prCl&ve i dans celle des religieux 45 quartes de froment et autantd'avoine, une quarte de pois, une quarte de feves, de la paille et 300 gerbes de froment ; indkpendamment de ces prémices cette dime est amodite pour 955 q. de bl;, 40 q. de seigle, 60 q. d'aroine, 2 q. de lentilles et de 2 q. de pois,toutes ces drnrkes estimCes a . . . . . 1830 1. Un cens de G 5. 8 d. sur la maison de Jacques Martin, cy. 6 s. 6 d. Unerente en principal de 800 1. sur J.LB.Gentilhomme et Charles i Godinet,interêt annuel...... 10 L. ( Les habitans de Pomoy convenus entre eux de ne plus payer- de dimes'ont dPtruit avant le 20 juillet la grange de l'abbaye qui servait a hCberger et ne I'ont pas encore rktablie. SATNT-BRESSON Un cens de 83 quartes d'avoine, de 22 poules et environ 4 1. en argent. Un cens d'une mache de çhanvre pour c'haquefeu. Plusieurscapitaux portant intérCt tant a Saint-Bresson qu'a Fougerolles. :.? Tous ces cens, redevances et rentes, dontles capitaux sont icy pour- 12 somme de 4441 1. et les intkrêts de 2.93 1. 13 s. 3 d., a raison des insalvences et desfrais qui sont nkcessaires pour les lever sont amo- diCs depuisplusieurs annees pour . . . . , . . . . .'. 880 1. SAINT-GERMAIN Le cens de4 sols, 2 chapons et1OÓceufs a peine de.3 s. d'amende sur l'ancien meixdes maires, qui consiste en maison, clos, jardin conte- nant 6 quartes ou 5 fauchees de prCs, un etang et environ 4 quartes de terres labourables, charges de lods, mainmorte et commise. SAINT-SAUVEUR Le moulin dipendant de l'office claustïal de sacristain, une partie du pri: Bernard Deloge, la Magdeleine, et pres, jardinscontigus, annuellement- . . . ': . . , . . . . . , . . . . 2400 1. 67 quartes 23 coupes de terre, environ 63 voitures de prés en par- tie sur le territoire de Luxeuil, une partie de 1'Ctang Benoist . 336 I. Le pré Chapuis contenant 60 voitures, et le prC Vaux environ G voitures,dit au ban desQuatre, amodi6 ...... 1. La maison de Pierre Amiot et Hanville, dont ils 'doivent environ. une rente de 5 l., cy ...... 5 l. Une portion de dime prklevee de 12 l'une de toutes graines au lieu dit Derrière-les-Maisons ; cettedîme amodibe ...... BOO I. La dPme annuelle de I'ttang par pkhe de deux ans . 30 1.

La 5e partiede I'étang dit la Noye,pâturage ; cet ktang peut ' valoir annuellement ...... 8 1. ,I SAINT-VALBERT Un cens de 4 1. l2quartes de terre dit le ban de Saint-Valbert, chargede Iods ...... , * 41. Un pré dit la Virule compris dans la grange l'Hôpital. Unërentede41.surEtienneOgier,--~enp~-incipal~1.6s.,-cy41. .. L'hermitage de Saint-Valbert, où les religieux placent un hermite amovible àvolonté, consiste en une grande cour entre deux vergers soutenus par des murs qui forment des terrasses, trois petits bàti- ments, chapelle, bhchers, un grand jardin, une cloche et une petite . cloche ; dans lemilieu deSaint-Valbert est. une egliseavec un clocher et une cloche du poids de Il00 livres. - On pourrait mettre un revenu de ...... 40 l. .. SALINS L'abbaye perçoit annuellement loo0 charges de sel, M. l'abbe 5, et les religieux 10 ou 480 paires ...... 863 1. 16's. 3 d. :) '- .. , ' SAULX 33 quartes de terreet une faux et demie de prka la Villedieu, for- ., mant l'ancien prieurk' de Saint-Urbain, amodikes 14 paires estimees Il21. .. VAIVRE 180 ouvrtes de vigne cultiveesa moitiC et dontles vignerons payent .. lesimpositions a raison de 3 l.; amodikes .....i ... 360 1. 0 , Une maisonUne louCeamodiC.járdin et ...... 60 1. .. 3 faux de prC.enCchange d'une rente payee seulemint . . , 4 1. Et les présannuellement ...... 95 1. .. VlLLERS Four banalamodik . '...... 260 1. Les habitans de'ce lieu ont dCtruitle four dans la bagarre.

Une maison avec unjardin et un prC de S voitures acensbe perpk- .. ,tuellementpour 4 quartesfromentde estimees ...... 24 I. .-

.- . 1 ......

c

...... , . .. .. *

.- .. , .S .. -.- i10 2

1 Une rente en principal de400 1. sur Humbert Michaux, et Camus, , et Claude Viriey; intCr&t ...... 20 1.

La gCnéralitC de la dîme en grains de dix l'une sur le territoire de- ' Villers, et les deux tiers B Ehunset Visoncourt, les deux pre- mjtres dîmes amodikes pour 88 quartesde froment, 75 q. d'avoine, - I 400 gerbesde paille; celle deVisoncourt 48 q. defroment, 45 q. i . d'avoine etune pike de toile : totalpour les trois villages detoutes -. i lesdenr&es.estimkes, pailke et toile ...... 3,068 I.' La gknéralité de la dîme de vin de quinze l'un sur le territoire de Villers, les deux tiers sur Ehuns et Visoncourt,le produit 4 pitces di vin a 25 l., cy ...... 80 1. .. VEONCOURT. -'i

' Les deux tiers des dimes Tiennent d'&tre rapportees. Une rente en principal de i20 1. surSébastien Renaudin dudit I 'l lieu,intCr&t ...... i ...... 6 I. i REVENUS CASUELS. Les revenus provenant des Iods, des échutes, et consentements et autresemoluments de la mainmorte,dCduction faite de ce qui reve- . . nait au fermier, forment la-somme de 5556 1. pendant 60 auntes, ce qui dome un revenn annuel de 5G 1. l&,cy ...... 565 1. 19s. ..' DROIT DE PATRONAGE. Sur les prieurCs d'EIerly et de Clermont, lorsqu'ils ont. éte suppri- més pour &tre unis, le ler au séminaire de Boulogne-sur-Mer, 'et le / second i l'hdpital de Langres. f

LES ARCHIVES. ~ La légitimité d'e ces droits, fonds et revenus est prouvée par des --

titres,' qui sont conservks dans 517 boîtes sous 2424 cotesdont les ' '

analyses et inventaires forment 4 volumes in-folio, qui sont aux ar-> ~ : ,i i chives ainsique les plansde tous les bois de I'ahbaye,tels qu'ils ont .:i ét& dressks lors des amhagernents qui en furent faits et renouvelks 'en 1736 et 1738. . - . .*' On trouve encore un gros volume des reconnaissances gtnkraleset, ... particulieresd'Annegray passtes par devant Guillaume Lanoir de

Faucogney,depuis 1749 jusqu'a 1759, ' ' ' _: iI Le totaldes revenus est de 38,672 1. S s. 3 d., en y comprenant t ' : 1 676 1. II d, pour les intérkts de plusieurs capitaux de rentes au 3, 4 'I "1 et 5, etc. qui sontremboursables et quiforment une sommede -

1-5~84'91. 4 s. 6 d. . l1

I. I .. ' .-.i , .. ;I . . L_ . i~i

.I CHARGES DE LA MAISON. Les religieux sont charges d'acquitter pendant l'annke 725 messes . . basses et 40 grandes, comprises les 2 qui sont fandCes à Annegray, et de donner tant aux premiers dimanches de chaque mois qu'a cer- taines fites solennelles 23 bhtdictions du Saint-Sacrement. PENSIONS DUES A MM. LES CURES Lamense couventuelie est chargeede payer 1529 1. 7 s. pour portions congrues, savor 300 1. au curé de Saint-Sauveur, 1050 1. à . 7. celui de Mailleroncourt-Charrette, et 179 1. 7 s. a M. le curede Jasney, I deduction faite dú produit des anciens fonds et' revenus curiaÜx qui sontamodies au profit detous'les dkcimateurs,cy, . . 1529 l..~s. . DON GRATUIT, IMPOSITIONS ET AUTRES CHARGES Les religieuxpayent annuellement1800 l..pour dongratuit, décimes, vingtihe et capitation ; ils payent I I. IO s. à la cllambre Cpiscopale pour droit d'union des chapelles Saint-Nicolas et Saint-Jean-Baptiste. Indtpendamment des canons de leur baux les fermiers sont tenus de payer les impositions etcharges royales ct les religieux ne payent que la capitation de-leurs domestiques et les impositions des fonds qui ne sont pas d'anciennes dotations; cette charge forme une somme d'environ . . . . , ...... , . . . . , . . 200 1: Lesgages des domestiquesforment un total de. . , . . , 18001. La maison Ctait obligee d'entretenir 3 gardes pour laconservation des fonds, rivieres et domaines, dont les gages se montent à. .L.__ 400 La dépense pour entretien des bdtiments de l'eglise et lieux clauk- traux,, fours, granges, usuines, biens de campagne, pour lafourniture des ornements et pour rkparation des clmurs deségìises dans les lieux ou les religieux perçoivent les dîmes, une somme annuelle d'environ 620 1. .- De toutes les sommes nécessaires A l'acquit des charges il rksulte un total de ., ...... , . _. . , . . , . 10980l. 17 s. Lerevenu, charges déduites, est de . t . ._ .. 27691 1. II S. 3 d. En quoyla mense convmtuelle entretientvingt-cinq religieux, dont dix-sept pr&tres, deux leunes prof& et un novice etudíant, et cinq, frères convers dont quatreanciens. ,- BIBLICITHÈQUE(1) La biblioth&que.occupe, lesdeux etages dubAtiment qui' est expose. au midysur'la.- cour: *. ,. .. (i) La bibliothèque de l'abbaye avait dkjh .beaucoup perdu du son impôrtance a la fin du XVIIIe siecle ; elle fut dévastke, en juillet. 1789, par les paysans des .

,. .. 4

C'est unegrande salle, boisCe, ornéede pilastres et garnie de tablettes dans sa hauteur et dans toute son-etendue.Elle est kclairke par douze croisees, six dans le bas-et autantsur la tribune qui forme le dernier Ctage du bâtiment. Cette tribune garnied'$ne grille de fer regne tout autour dela salle h laquelle elle communique par un petit escalier construit dans l'em- brasuredes'fenetres. . . La bitrliothCque est fournie de 4460 volumes, dont 850 in-folio, 7.72 in-quarto et B78 tant in-octapo qu'in-douze, non compris une grand-e multitude de brochures etd'ouvrages en feuilles qui n'ont jamais ét&portés sur le catalogue.. . Les manuscrits au nombre de33 sont conservks sous clef. Le ler est un I'ectionnaire (l) Ccrit au Ive siede en caractères mCro- vingîens, ouvrage prkie'ux. Le % rst un sacramentaire du temps de Charlemagne. Le 3 est un ouvrage ascttique du IXc siècle. Le 4e, éwit environ le 1x6 siicle, contientles homClies sur les saints Cvangklistes. Le 9,en caracteres du lXc sikcle, est une explication des &pitres et des evangiles des dimanches et des festes. - 1, i ', villages voisins et, pendant les années suivantes, pillée par les soldats que rcçut e lamaison des ci-devant Benedictins trnnsformee en hospice militaire. Pour , mieux utiliser les locaux, la grande salle de la. bibliotheque avait éte divisee en

deuxpitces supcrposdes. L'rnquéte faite le W thermidor an V (15 août 1797) Fr - I l'agentmunicipal de Luxeuil - assiste'd'unadministrateur du departement et du ._ commissaire des guerres - nous apprend que lapikce inrerieure etait alors OCCU- . , . pee par des lits d'officicrsmalades einc sanfermait plus qùe des rayonsvides. Dans'la piece supirieure, les magistrats trouvent des livres epars, jetcs partout ct sans ordre n ; il leur paraît L evident qu'on en a enlevé un grand nombre ; ils ajoutent que I'annCe précédente la porte de cette piece n'&ait pas fermée et - , que plusieurs nlalades cn ont a* distrait des livres.. .vendus au citoyen X...'. Pour : prevenirde nouvelles deprédations a, ils mettentles scclles surles portes. Archives de Luxeuil, L. 15. - cf. Grégoire, Rapport inédit, publik par M. Ulysse Robert (Cabitlet historipe, t. SXII, et a part, br. de Y3 p. in-80, p. SO) ; Uelisle, Le cabinet dzs manuscrits de In Bibliothèque rlatiotlale, t. It, p. 380. (1) C'est cet ouvrage qui a fdurni i filabillon l'idee et la matiere de son livre 'sur la liturgie gallicane. II a &le acquis par la Bibliotl~eque nationale en fevrier

1&5ï (no 94187 du Fonds latin). e Il est bien incomplet ; au lieu de %'I feuillets, ~ plus ceux qui manquent a la fin et dont le nombre ne saurait étre apprécie;' il n'enreste plus que ok8. Íl est en mérovingienne cursive, avec des. n~a~usculcs ornithomorphrs ou ictyqmorphcs et des peintures representant des animaux, dcs ' fleurs et des ornements divers b. Ulysse Robert, Cutafogrte des manuscrits relutifs à la Fra~~che-Corntiqui sont conservés dam les bibliothèques publiques de Paris, Paris, 1878, p.33. - Voir dans le même ouvrage (p. 974.983) une notice de M. Bordier sur ce prdcieux manuscrit. Le 6e paraît &tredu, JXc siecle et contient les vies des saints. . ;. , , . I. Le 7. estun commentaire du venerable Bkde sur l'kvangile de Sai n t-Marc;

Le 80, que l'on croit&re du V1111 siècle, contient les livresdkja . , dessusditsdes Ppìtres. desaint Pierre et de saint Jacques avec un , commentaire sur les &pitres. .. Le ge passe pour être du TXn siècle et contient une.histoii-e ecclksias: If tique de Capidbre, divisée en douze livres.' ..C '-. .j. Le 10, qui date environ le 7Xc siècle, contient les homklies et des commentaires surles psaumes. -. . .. La 1 le renferme les vies des saints Gcrites par Adso,abbé deLuxeuil, eoviron l'an 990.

Le ID contientcommentairesdes Raban de Maur. . .I Le 13 contient des exhortations h la vertu. Le 14. est un commentaire sur les psaumes. .- Le 158 contient $es instructions morales. .. Le 16e est la partie.. . d'un brkviaire ancien dont les antiennes sont en notes. Le 17c contient la vie de saint Augustin. *, Le 18~est un fort bel ouvrage in-folio qui contient les quatre Evan- . .. giles avec des vignettes et des lettres initjales encore, et qui paraît .. _. . avoir et&Ccrit au milieu du XIe sikcle. ,. ~ . -. 3 Le 19. contient les psaumes, les cantiques etles hymneset les leçons .. : pour les morts. .?i . . . .~ \- . ,.. . ; Le 200est, un Iectionnaire que l'on croit Ctre du XII6 sikcle. ,. .L_ Le $?le, kcrit environ le.XIIIe siMe,- contient les vies des saints et - . . L des discours de discours des piCtC. . j Le $?%,qui est du XIIIc sikcle, contient lesdkcisions ou les d&crè- . . .. * tales par Bernard de'compostelle., ..

Le 5130 contient des vies des saints par un frere Jacques qui vivait l'an 1845. Le %e paraît du XIIIc siècle ; 'il contient des commentaires sur quelques chapitres de droit. de chapitres quelques . .- Le %c renferme les fables diEsope avec desréflexions morales écri- tes dans le XIIie siCCle.. '. Le 263 contient des,explications de l'Ecriture, une manière de se confesser. . ..

Le 27c.est un mkmoire sur le grandschisme d'Occident compose en. .. : ,' P -. . - . -- 1394 par Clemengis. l .. Le 28..misselun deest l'an 1.411. - ., .. . . . 8 ' '. :,, 1. ,. . TABLE DES MATIÈRES

Pages AVAXT-PROPOS...... , ...... CHAPITREI. - Lesorigines de l'abbaye .., ...... - II. - Rapportsdes abbés avec les papes et les empe- reurs...... - III. - L'abbaye se place sousle patronage des comtes deChampagne ...... I - IV. - Les rois de France héritent leS.droits des comtes de Champagne ...... - V. - L'abbaye obéit aux ducs de Bourgogne ; le trait6 d'Arras ...... - VI. - La terrede l'abbaye est rCunie a la Franche- CorntC ...... (. ... - VII. - DCm&lesdes abbés et des bourgeois de Luxeuil: --- VIII. - Les derniers jours de l'abbaye ...... COXCLUSION...... APPENDICEI - Liste des abbes de Luxeuil...... II. - La mense abbatiale en 1769.' ...... ' . III. - La nienseconventueltd en 1789 . . , , . . l

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