Étude Historique Étude 'Historiqu.E
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BAZbl3 . L88 B38 ÉTUDE HISTORIQUE ÉTUDE 'HISTORIQU.E "ABBA E DE LUXEU PAR LUXEUIL 'I. t MARCEL PATTEGAY, -IMPRIMEUR-~DITEUR ..1895 .. &,i. I ETUDE HISTORIQUE I SUR i .... >' . l-! L'ABBAYE DE LUXEUIL AVANT-PROPOS Nousn’avons pas l’intention d’émire une histoire complète de l’abbaye de Luxeuil ; nous ne nous proposons pas non plus d’étudierd’une façon nouvelle les origines de l’ahbave et sa fondation par saint Colomban: de nombreuxouvrages ont vu le jour,surtout en Allemagne et en Angleterre,consacrés au grandIrlandais(‘). L’histoire. des rapports de l’abbaye avec la papauté aumoyen âge, l’administrationmunicipale de la ville de Luxeuil et les démêlés des bourgeois avec les abbés, la con- dition des mainmortables dans In terre de Luxeuil sont égale- mentdes questions d’un grand intérêt qui mériteraientdes études spéciales ct que nous n’avons pas la prétention de traiter H fond dans ce petit livre. En 1761, l’Académiedes Sciences, Belles-Lettreset-Arts d,e . -.. Besançon mettait au concours le sujet suivant:(( quel temps Dans ,- les abbayes de Saint-Claude, de Luxeuil et de Lure jouirent-elles des droits régaliens et jusqu’où s’étendaient ces droits ? D Le sujet, ainsi que l’a remarqué M. Dey (”), était certainement mal posé : Grammaticaletnentl’article des supposeque 1’Aca- démie a entendu parler de tous les droits régaliens quelconques. ‘ Sitelle a .étésa pensée, on peut lui reprocher,d’une part, . d’avoir réduit à l’état de question 1.111 fait admis par elle comme’ -. (I) Voir adssi la thèse de M.l’abbé Malnory : quid Lusowienm motlachi diJripufi Sank Columbani od regulam monasteriarum algue ad communcm rcclesiae profectxm contulerini, Paris, I 894, in-8’. (2) 50 J[é.moire pour serwir i2 i‘hiI/oire de la willc de Luxeuil, dans les Mémoircs de la cpmmirrion d’archbohgie, eir. de /a Haulp$aÔne, complément du t. IV, Vesoul, 1S67,p. 319. certain, et, d’autre part, d’avoir demandé jusqu’où s’étendaient les droits régaliensen général, c’est-à-dire la souveraineté elle- même, ce qui est unequestion du droit des gens et non une question d’histoire locale. I1 faut sans doute, suivant l’intention présumile du programme, traduire la proposition de l’Académie en ces termes: g Quelle était l’étendue des droits régaliens dont ont joui les abbayes de Saint-Claude, de Luxeuil et de Lure, et dans quel temps les ont-elles exercés ? B. Dom Berthcd, dans une dissertation couronnée par l’Académie, chercha à faire triompher l’opinion des historiens les plus accré- dités de l’abbaye - dom Guillo et dom Grappin - et à prouver que les abbés de Luxeuil,’ ainsi que ceux de Saint-Claude et de Lure, avaient possédé les régales de premier et de second ordre, qu’il définissait ainsi : c Les régales de premier ordre sont celles l danslesquelles lamajesté et la puissancedu prince consistent principalement,telles par exemple que le pouvoirde faire des lois, le dernier ressort en justice, le droit decréer des magistrats et de faire la guerre, quelques-uns ajoutent encore le droit de lever des impôts. - Les régales de second ordre consistent plus en émoluments qu’enautorité. Elles peuvent être séparées de la souveraineté,parce qu’elles .n’y sont pasattachées essentiell+ . L. ~ -.. ment (l). 2, .* Nous nous proposons de montrer, par l’exposé des faits eux- . mêmes, de quelle puissance les abbés de Luxeuil ont joui dans le cours des siècles, depuis la fondation du monastère jusqu’à la fin de l’ancien régime ; - comrne,nt la terre de Luxeuil, quasi sou- veraine pendant la plus grande partie du moyen âge, fut ensuite réunie au comté de Bourgogne, mais conserva jusqu’à la Kévo- lution ses coutumes particulières et sa physionomie propre. (I) Dirsrrtaliotr JUT !origine t: I’¿tenthe des hoils r&afiens dans les abbayes ‘fe Sj2int- ClaudeP,de Luxeu2 et de L we (1762), dans les Adimoires et documents inidits /mur serwir h I’hirtoire de /n Frnnche-Cornti, publiEs par 1’AcadPmie de Besançon, t. VII, 1’. 50. * Les origines de l'abbaye. La petite ville de Luxeuil (l), située sur IC versant mkrjdional des Vosges, est trhs-ancienne : bien que son nom ne figure ni dans les itineraires romains, ni dans la carte de Peutinger, ni dans les kcrits que l'antiquitti: nous a laisses, il est certain qu'elle existait anterieure- ment h la conqukte des Gaules.par Jules Cesar. D'après une jnscrip- tion (*) trouvCe le R3 juillet 1755, Cesar aurait ordonnk lui-mCme la reparation des Thermes de Luxeuil. Cette inscription, il est vrai, ne nous paraît pas authentique, mais la decouverte, au XVIIIc siècle et 5 notre époque,de mkdaiiles consu- laires, de monnaies, de poteries, de statues, de tombeauxde pierre (a), (I) Dansles chartes du moyen Age Luxeuils'écrit indiffcremment Lixoviurn, Luxovium, Lissovium, Lussedium, Losodium ; ipartir du ?CV0 sitcle, on trouve Lixui, Lixcl, Lisseul, Lixeu, Luxeu, Luxeul: la tcrlninaison euil est recente et ne date que de la seconde moitié du X\'III*sidclr. Tous CCS mots dirivent du radical li ou lis, en celtique eau. Cf. Du Cange, G/ossa~*ium,art. Lixe. - x Luxovium, id est lux oviuw n, disaientles hagiographes du moyen Age. Cf. Pertz, Monurnerrta Ger- ' maniaehistorica. Scriptores, 111, OW, et NV, G76 (C/wotlicolr Luxovieuse-breve et d. ' - Ex vifa S. Deicoli). t-. (2) LIXOVII. THERM. REPAR, LABIEN\rS IYSS , C.IVL . CAES. IMP. L'authenticitC dc cette inscription, attaquee par de Caylus (Recueil d'alrtiquitds, III, TA) et Bourquclot (hdrrinoires de la Sociéfk des antiquaires de Fr-atxe, SXVI, 1-44), a et6 faiblement defendue par AIM. Longchamp (Méntoiws de la con~missio~~ d'archéologie de la Haute-Sache, III, 57) et Dey (4' Ménloire pour servir ù /'/ristoir*e de la villede Luxeuil). - D'autrcs inscriptions, qui paraissent moins suspectes I. quela prlcCdente, nous apprennent que les Gaulois avaientdivinise les sources thermales dc Luxeuil,les uncs sous un nom correspondantLixoviurn, .qu'a retenu la ville, les autrcs sous le nom de Bricia. (3)Cf. Delacroix, Etudes sur Luxeuil (MCmoires de la Sociité d'emulation du Doubs, 4858); Notice sur les fouilles faites en 1857 et 1858 aux sources ferrugi- neuses de Luxeuil (Ibid., 1868) ;Découverte de fires sculptées err bois de ch6ne portant au cou le torques celtique (Ibid., lWj - de Fabert, Notice historique et descriptive sur divers monumetlfs autiques trouvés 2 Lltxeuil et1 1645 (Recueil agronor'LAlqur, industriel et scientifique, publié par la Société d'agriculture de la HauteSadne, t. V); - Boisselet, Les Collections nuntis,natiques deLuxeuil (Annalesfranc- I "- Détruite par les Huns au milieÜ du VCsiecle, elle ne s'citait pas relevke '- :'; de ses ruines lorsque .Agnoald, l'un desseigneurs de Burgondie,. .- ";1 accueillit, vers. 590, une colonie de moines irlandais conduite .par ...l::' i Colomban (I). -- i ' .; . Colomban s'ktablitd'abord a Annegraypuis à Luxeuil, oh, au .. ". ' . -, I . dire de son premier biographe, Jonas de Eobbio, i1 trouva c les ves- ,' . --! - .; . tigesd'.une.ville.€~rtifiCeavec beaucoup de soin, lesruines de ba-ins ' -- -li Cdifiés avec infiniment .d'art, et au milieu desbois qui avaient cru sur . ':' ...,:$ ' ces dCcombres et quen'habitaient que desbètes sauvages, 'de nom- . ' breuses statues attestant l'ancienne splendeur de la villedetruite n ('). .. Le biographe de saint Germainde Grandval assure que Colomban .- .s'installadans les Cdifices mCmes tlevks.par les Gallo-Romains ('). ., Toutefois, il ne faut pas prendre a la lettre une expression chere a : nos hagiographes, et croire que la nouvelle abbaye se dressaau milieu . ' li d'un vtritable dksert. La vaIlCe du Breuchin (&)n'etait pss inhabitée a la fin du VIc sikcle, et Jonas nous raconte lui-mème que Colomban y vit un prètre, du nom de Winioc, qui avait fondci une paroisse dans ' . les environs ("). Du moins il estcertain que !es compagnonsde CO- . !.. f lomban extcutèrent dans les forèts du pa3-s des dktrichements con- sidérab1e.s et mirent en culture beaucoup de terrains improductifs (:). ' .II n'entre pas dans notre plan d.'exposer en dktail les prescriptips de la rkgle de saintColomban ; il nous suffira de 'ra.ppeler qulelle . hittrks dure et chdtiait les plus petites fautes des prines led.plus --, humiliantes : elleprodiguait les coups de bâton et les châtiments .i corntoises, juillet 1865) ; - Clerc, Frntlche-(:omté 2 I'époque taomaitie. Besançon, 1853, í.vol. in-W,p. i%ïet suiv. (1) Mabillon, Acta snnctorutJz ordiuis sancti Betledicti, II, d (édit. de Paris) .Pcrtz, -1 -Script., III, 5320. -- (2)Hameau de la commune de la Voivre, canton de Faucogney(Haute-Sabnc). - . , ,. " (3) Vitu Columbnni: Mabillon, AcfnSS., II, 13. ' ' .I (4) Yifu s. Germatlz. Trouillat, Mo~zurnenlsde ?utlciett é&Ité de Bâle, 'I, 48, ' (5) Le Breuchin, qui baigne Luxeuil, a une longueur de 4s kilometres envirpn.; ... il finit dans la Lanterne, affluent de la Sabne. (61 Mabillon, ActaSS., LI, 15. - I1 s'agitpeut-ttre de la paroissede Saint-Sau- , veur, reconnue par arrêt du parlement de ßesanGon (du Q9 i-nars - 1692) comme mère-&lise de Luseuil. .. ..--l (i') Cf. Digot. Mémoiref-sur l'état dl la population et, de la culticre dam les Vosges . au commencement du YIP siècle (Annales de la Sociétéd'enlulation du départe- ,. :i ment desment Ttosges,'1848). - I. ..... - I. ., 1 c -. ._ L+& .. corpo'rels et obligeait Ies'religieux á donner chaque jour douze'heurei au travai1,des mains travai1,des au ('J .. Cette vie austèreet active des Colombanistes-fit une grande impres- sion sur les habitants 'dé la Burgondie et de l'Austrasie, et 'les novices - seprisentèrent en foule, à ce pointque Colomban dut bAtir un nouveau monasterenouveau à Fontaine [2). .. Unefoule pieuse; qui accouraitsouvent de fort loin, assikgeait presque continuellement les portes des trois monastères ,colomba- nistes et venait S? recommander aux prières de leur fondateur., Au - nombre de ces suppliãnts la ltgende mentionne un certain WaldalCne .