Les Archives Du Sombre Et De L'expérimental
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Guts Of Darkness Les archives du sombre et de l'expérimental février 2007 Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com © 2000 - 2008 Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/144 Les interviews Page 3/144 PESTE NOIRE (version française) - (interview réalisée par Iormungand Thrazar) ENGLISH / FRANCAIS Interview avec sale Famine par Nathan T. Birk pour ZERO TOLERANCE magazine.1. Le black metal de Peste Noire est déroutant, rempli de nombreux contrastes: enregistré de façon crue, mais joué à un haut niveau de technicité et surtout d'émotion. C'est sale, laid et intimidant dans son aspect cru et pourtant une certaine mélancolie, voire une certaine beauté ressort de ces textures. Résolument traditionnel en surface et pourtant PN défie les normes de cet art sous la surface: sinistre et haineux, PN parvient à faire passer plus de choses au travers de moyens moins tangibles. Es-tu conscient de ces contrastes, et est-ce que tu les as explorés et développés consciemment depuis les débuts du groupe? Oui, un passage de l’interview du livret de l’album dit cela : « Chercher un rayon divin dans un chiotte, sous les ordures et les déjections, voilà la mission musicale de PN. AU SUBLIME PAR LE PUTRIDE, AU SPIRITUEL PAR L’IMMONDICE, c’est la devise du groupe. Tout gosse, je n’étais fasciné que par les punks et les Témoins de Jéhovah. PN, c’est aujourd’hui encore ce grand écart entre la scatologie et l’eschatologie. » Je ne trouve de beauté, de luminosité, de réelle jouissance que dans la saleté. Le Sens absolu, la perfection, l’élévation maximale, le Salut, Dieu en l’occurrence, n’est accessible chez nous que dans le Mal (je précise : nous aimons la saleté EN TANT QUE saleté, nous aimons le péché EN REGARD D’une morale : nous avons une conscience du Bien mais n’aimons que violer ce Bien. Le viol est divin. Nous sommes des immoraux, non pas des amoraux : des hommes spirituels, non pas des animaux). La saleté de PN est comme la torture humaine : raffinée. Voilà pourquoi tu peux sentir simultanément dans PN autant de crasse que de classe : 1° la crasse à l’état brut ; 2° l’amour de cette crasse, traduit en beauté, en saveur musicale, en raffinement. Pour le contraste traditionnel/non-traditionnel, je dirais que le Beau, le Grand, la noblesse, surgissent lorsque PN évoque le PASSE européen (d’où cette mélancolie qui est nostalgie) avec un Black conforme à la tradition des Anciens (BURZUM, MÜTIILATION, VLAD TEPES). Et que la haine, la terreur, le DESORDRE, la folie, surgissent lorsque nous évoquons le monde démocratique ACTUEL. Ce désordre s’exprime, naturellement, par des formes moins droites et moins conventionnelles. 2. Quelle est alors ta conception du "black metal"? Que signifie-t-il pour toi? Le Black metal est la mémoire musicale de nos Aïeux sanguinaires et de sang, il est l’hymen de la Tradition et du vieux patrimoine racial avec le fanatisme, l’inconscience et la rage d’une jeunesse aujourd’hui perdue. Il est une religion CHTONIENNE : un culte de la TERRE et un retour à elle, donc un nationalisme ; un culte de ce qui est SOUS terre : l’Enfer (l’adjectif « chtonien » s’appliquant également aux dieux infernaux). Le BM est un intégrisme, une musique intègre – du latin integer signifiant « intact » - qui m’aide à rester intact au sein d’un monde mourrant, d’un peuple en décomposition, indigne de son sang. Il est l’apologie du Passé noir européen. Il est une psychose qui aide à fuir un réel que nous ne tolérons plus. 3. Peste Noire est-il la personnification idéale du BM, ou PN est-il simplement l'extension de ton instinct, de ton toi? Notre forme idéale de BM ? Nous essayons… J’ai une IDEE précise de ce que DOIT être PN, autant au niveau du son, de l’univers que de l’instrumentation (apport souhaité du violon, de la bombarde et de l’accordéon), mais nous n’en sommes pas arrivé. PN est encore un projet. Quant à être une extension de mon moi intérieur, ça l’est et ce n’est pas que ça. PN est avant tout une extension du Diable, sa représentation PAR moi. PARCE QUE Satan entre en moi, ou PARCE QU’Il me touche de l’extérieur, parce que dans les deux cas je déborde de Lui, je ressens le besoin d’extérioriser ma possession ou mon amour pour Lui (je conçois le Diable de manière vaste : Il est un paysage, une époque, un instant, un rêve, une pulsion…). Seulement cet amour, cette émotion pour Lui – qui sont des REACTIONS – sont entièrement miens dans PN. Le reste est Son langage direct, passé Page 4/144 néanmoins au filtre de mes aptitudes et moyens techniques propres. Inversement, quand je souffre du vide de ma vie, je vais chercher le Diable à travers ma musique, le reconstituer, me le rappeler avec nostalgie. Satan est la cause de ma musique, je suis son moyen (Il est aussi le mien), mes auditeurs un but à atteindre, à convertir. Ainsi PN est autant possédé, inspiré, qu’individuel, subjectif. Mon rôle est à la fois de représenter (le Diable, la France d’Oïl, le Passé, mon environnement etc.) et de me représenter (vécu, émotions personnelles). 4. Que peux-tu révéler de ta vie personnelle et de son impact sur la musique de Peste Noire? Originaire de la France du Nord, j’ai grandi avec la haine d’un milieu – l’extrême Sud-Est de la France de culture latine, où par erreur je suis né – qui m’était autant étranger que ses habitants. Concernant ma vie d’aujourd’hui, je suis un déserteur, vivant au possible à l’écart du « monde » : ermite calme dans les bibliothèques ou l’hôpital psychiatrique que j’ai fréquenté en 2005, hooligan bruyant dans les rues. Fuir ou casser son prochain, c’est toujours rompre le contact. Voilà pourquoi ma musique est lointaine : elle chante l’Ailleurs (le Nord ou les Ténèbres), l’Autre et l’Autrefois. Elle est la symphonie des vieillards, des clodos, du Barbare, des malades, des démons et des fous, la symphonie de ceux qui sont loin, loin d’ici. Je suis né au mauvais endroit au mauvais moment et je fais tout pour me casser. 5. Ainsi, est-ce que la musique devrait être la personnification de la personnalité et de l'instinct de son créateur? Ou est-ce qu'un masque, un artifice - une "façade", même - dans la forme musicale et conceptuelle peut quand même être considéré comme un art convaincant? La musique est toujours le reflet d’un moi intérieur en tant qu’elle exprime un goût particulier ou un ressenti propre. Mais concernant le BM, c’est AUSSI un masque, bien évidemment… Pourquoi la majorité des groupes se maquille ? JE SUIS MON PSEUDONYME, par haine de mon être social. La sale Famine de Valfunde est moins une personne qu’un personnage. A travers PN je crée un moi IDEAL et MOINS FRAGILE : 1° IDEAL car j’ESTHETISE l’être que je suis, ne le présente pas dans sa totalité crue, dans son entière vérité : je me CHOISIS en quelque sorte (sans quoi ma musique, mes textes, seraient aussi grossiers et moches que le Réel que j’abomine). 2° Un moi MOINS FRAGILE, ensuite, car par PN je déserte mon corps éphémère et petit pour aller, PLUS GRANDEMENT ET PLUS LONGTEMPS, m’incarner ailleurs : dans un disque, une feuille de papier, une photo préparée, étudiée et sélectionnée comme l’étaient celles de Mussolini (celui-ci veillant toujours, par exemple, à masquer sa calvitie). Par contre, chez moi le passage de ma personne à mon personnage est devenu définitif, irréversible : j’ai « vendu mon âme au Diable » comme dit l’expression, pour devenir puissant, une statue, un monument… L’art est par définition une RE-présentation, une présentation NOUVELLE et maquillée de soi. Moi, je ne conçois d’existence noble qu’à travers PN. 6. Ceci étant dit, un des buts de la musique de PN est-il qu'elle ait des répercussions sur l'auditeur - en d'autres termes, qu'il se voit/s'écoute dans ces contrastes? Ou bien Peste Noire est-il seulement pour toi et quelque chose d'égoïste? “L”art a une fin externe qui n’est pas l’oeuvre créée mais l’oeuvre reçue par le monde” (Bernild Boie). Nous sommes des petits crapauds chantant qu’ils sont les Rois, et si on chante, c’est pour nous faire entendre. On veut toucher nos frères d’âme – eux uniquement – au point qu’ils reconnaissent en nous des élus, des messagers d’En-Bas, des anges (du grec aggelos signifiant « messager »). 7. Depuis le début, tu as gardé un aspect clandestin, mais tu donnes finalement quelques interviews. Est-ce qu'un certain degré de discrétion est nécessaire pour donner à la musique un côté mystique, et lui donner les moyens de communiquer à des niveaux plus larges, plus étoffés? Est-ce qu'expliquer aux auditeurs que "C'est comme ça et pas autrement" est nécessaire afin de clarifier les choses et de ne pas permettre la confusion ou la mauvaise compréhension de tes intentions? Avant toute chose PN est stimulation de la chair, passion, pathos : c’est une musique et un mysticisme sans mots. Mais après ça, c’est aussi une secte qui communique une idéologie, une Parole rationnelle donnant un nouveau sens, une direction à nos Frères ignorés. Pour autant, nous ne parlons pas de trop ou à n’importe qui.