LA RAVOIRE Son Histoire

2000 Sommaire 1 Préface 2 Plan des quartiers 4 Il y a 2000 ans 10 Le Mollard 22 Les fermes autour de l’église 28 , mon enfance 34 Boëge 38 Le Gallaz 42 La Villette 52 La Peysse 62 Histoire d’un vieux camion retrouvé à la Peysse 66 L’Echaud 74 La Madeleine 80 La Trousse 86 Féjaz 92 L’aérodrome 94 Le régime de Jean (histoire vraie, en patois et en français, d’un ancien agriculteur de La Ravoire)

Ouvrage historique diffusé gratuitement par la Mairie de La Ravoire Responsable de la publication : Marc Chauvin Conception et réalisation : Imprimerie Chabert 73490 La Ravoire Reproduction interdite. “LA RAVOIRE, SON HISTOIRE” est une œuvre collective originale Ldu groupe “Connaissance de La Ravoire” de la Commission Culturelle. L’exposition de novembre 1997, dont les images et le succès populaire restent dans nos mémoires, a fait apparaître la potentialité de notre Commune à sauvegarder son patrimoine historique, la solidité des liens avec le passé, cette propension à la communication et à la transmission entre les générations, entre les anciens et les nouveaux Ravoiriens. Le présent ouvrage écrit et illustré par des habitants de nos quartiers, nous convie à partager, en ce début des années 2000, le vécu d’une société pas très lointaine, entraînée dans une mutation en constante accélération effaçant de nombreux repères traditionnels. Afin de ne pas oublier, “LA RAVOIRE, SON HISTOIRE” dessine une fresque du temps pour un voyage dans notre univers quotidien. Chaque fois qu’une fenêtre s’ouvre sur notre passé, un courant se crée pour relier nos propres histoires. Il nous permet de mieux nous connaître, d’apprécier la valeur de notre patrimoine historique et de progresser sur les chemins de la sagesse.

Jean BLANC Marc CHAUVIN Maire de La Ravoire Maire-Adjoint Sénateur Honoraire Délégué aux Affaires Culturelles

1 B a r b y o i r e d e Te r r i t Te r r i t o i r e d e

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Site de découvertes archéologiques T e r r i t o i r e d e B a r b e r a z

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3 Marque [CL]ARIAN[US] sur une canalisation en terre cuite

Marque SEXTUS F sur poterie Allobroge

Documentation archéologique (M. Ferber)

Villa romaine de La Ravoire Ier au Vème siècle après J.-C.

Escalier en pierres de taille à l’entrée d’un corridor : MUSÉE SAVOISIEN PHOTOS

Poterie sigillée GLADIATEUR 4 IIl y a 2000 a n s C’est grâce aux écrits de Table de Peutinger) et celui de l’historien grec Polybe (200-120 Maurienne qu’au VIème siècle. avant J.-C.) et ceux de l’historien romain Tite-Live (59 avant J.-C. - Deux documents nous donnent 17 après J.-C.) que nous connais- des renseignements sur les princi- sons la peuplade celtique des Allo- pales voies romaines empruntées broges (récit du passage d’Hannibal par les soldats des légions, les et de son armée). marchands, les voyageurs : l’itiné- raire d’Antonin (compilation de L’Allobrogie était un grand trajets antiques) et la carte de territoire qui s’étendait du Rhône à Peutinger sur laquelle chaque étape l’Isère et dont Vienne était la prin- indique, comme sur une carte cipale bourgade. routière, la distance séparant deux La première armée romaine à relais ou gîtes d’étape (mutatio, franchir les Alpes a été celle de M. mansio). Fulvius Flaccus en 125 avant J.-C. Mais c’est en 121 avant J.-C. que La Ravoire se trouvant sur le Fabius Maximus, consul, remporte parcours de la voie romaine de définitivement la victoire sur les Darantasia (Moûtiers en Tarentaise) Allobroges. La Maurienne et la à Lemecum (Lemenc), nous pou- Tarentaise ne seront conquises par vons penser qu’il put exister en ce Tibère et Drusus qu’en 15 avant lieu quelques habitants. En effet des J.-C. C’est donc en deux étapes que vestiges romains ont été retrouvés. la a été romanisée. Le 11 mars 1821, Monsieur le Le nom Sapaudia (Savoie) Général de Loche rapporte à la n’apparaît qu’en 386, celui de Société Académique qu’au pied du Darentasia qu’au IIIème siècle (sur la mamelon où se trouve l’église de La 5 CHIEN Inv. 983-23-4 Bronze (fonte creuse) - L. 5 Prov. : La Ravoire (fouille du Club d’Archéologie de Vaugelas) IIème siècle après J.-C. Statuette de chien couché, trouvée dans une tombe sous tuiles. A noter que le chien est assez souvent représenté sur les monuments funéraires de l’époque romaine, soit comme gardien du tombeau, soit comme fidèle compagnon du défunt jusque dans l’au-delà, soit enfin comme évocation de Cerbère ; une coutume grecque d’enterrer le chien avec son maître persiste jusqu’à l’époque romaine.

Autel votif en calcaire gris, comprenant trois parties : un soubassement formé par une haute plinthe surmontée de trois moulures, un dé PIED PLIANT rectangulaire portant le texte épigraphique sur la Inv. 977-31-1 face antérieure et un couronnement formé par Bronze - L. totale : 29,5 trois moulures surmontées par un bandeau et une Prov. : La Ravoire corniche ; sur l’autel, une dépression circulaire (trouvé en 1973 par J.-M. Ferber) Restauré avec bouton central évoque une patère. Regula ou pied romain portatif : tige à quatre H. 50 - l. 21 - Ep. 21 - Ch. ép. 14x18 - h.l. 3 facettes divisée en deux parties égales articulées G(enio ?) d(omus ?) par une charnière, avec lame rigide pour en Q(uintus ?) I(ulius) Mac assurer l’immobilité (type compas). Instrument rinus de mesure pour charpentiers, maçons, artisans… u(otum) s(oluit) (ibens)m(crito) “Au Génie domestique, Quintus Julius Macrinus a acquitté son vœu de très bon cœur” Le Génie est le dieu particulier à chaque homme, à chaque lieu, à chaque personne morale (société, collège, cité…). PHOTOS DU MUSÉE SAVOISIEN - LEGENDES DE J. DU MUSÉE SAVOISIEN PHOTOS PRIEUR Ravoire, côté nord-est, on venait de pour être déposés au musée dépar- fragment de canalisation (marque : mettre au jour, en procédant à des temental, les fragments d’un vase …arian…, sans doute pour Claria- excavations, les ruines d’un ensem- (malheureusement brisé par les nus) morceaux de verre, ossements, ble hydraulique (constitué de trois ouvriers…) et une pièce de monnaie clous, tuiles… des vestiges trouvés réservoirs dont les murs étaient trouvés dans la plaine au-dessous en dessous du mur de l’ancien ci- enduits de mortier rose) qui date- du village “Le Mollard”. metière, lors de l’installation d’une rait de l’époque romaine. canalisation chez un particulier. Le Comte Léon Costa de Un des membres de la Société Beauregard, encore propriétaire en En 1979, une autre découverte, Savoisienne d’Histoire et d’Archéo- 1933 du château du XIXème siècle très intéressante, au “Bas Villette” logie, Monsieur Rabut, a trouvé en “Les Charmilles” (devenu une école (alors que l’autoroute A 41 de 1845, dans la propriété de sa fa- ménagère puis un L.E.P.) avait fait Chambéry à Montmélian était en mille, près de l’église, des pierres, des fouilles et découvert des vestiges construction et qui a nécessité une poteries et en particulier un autel romains qu’il emporta dans un déviation du torrent de l’Albanne), votif en calcaire gris dédié au génie château familial en Normandie. fut celle d’une tombe sous tuiles. domestique : Quintus Julius Monsieur Pernon en a fait les rele- Le journal “Le Progrès” du 30 Macrinus, qui était adossé à un vés et l’étude. Sous les trois tegulae novembre 1962 rappelle qu’un tombeau en tuf d’où l’on exhuma (tuiles romaines), disposées en certain Monsieur Roche a décou- quelques ossements datant de triangle rectangle, quelques vestiges vert, lors de fouilles faites pour la l’époque romaine (exposé au musée d’ossements calcinés, fragment de construction d’une maison, de savoisien). crâne, cendre, gobelet, tessons de nombreuses tuiles, briques, débris vases, clous à valeur apotropaïque, En 1860, on a identifié “des de poterie avec en relief des écailles céramiques… mais aussi une sta- restes de fortifications romaines avec de poisson, oranges et noires, une tuette de chien couché en bronze aqueducs, colonnes, mosaïques” à pièce en bronze, une potiche, une (fidèle compagnon du défunt) qui décors géométriques en noir et boule en granit, un pilier de villa. daterait du IIème siècle après J.-C., blanc, toujours près de l’église. Que C’est en 1969 que le club de ont été mis au jour. Les diverses sont devenus ces vestiges ?… jeunes de Challes - La Ravoire, sépultures retrouvées en Savoie (C.A.D. Ducis 1861 p. 102). conseillé par Monsieur Ferber, s’est gallo-romaine (monuments funé- D’autres découvertes, souvent chargé de faire un rapide inventaire : raires sculptés, autel, stèles avec fortuites, ont suivi. En 1875, M. tessons de poterie noire et sigillée, inscriptions gravées…) montrent Chamousset présente à l’Académie, fond de vase estampillé : (Sextus), bien la croyance en une vie après la 7 Tombe sous tuiles

Photo et dessins de Jacques Pernon

8 (Extrait du bulletin des “Amis de Montmélian”) mort. Le mort (inhumé ou inci- hypothèses : s’agit-il vraiment d’une Combe de Savoie, aux premiers néré) est enterré avec des objets nécropole familiale de la fin de siècles de notre ère ? nécessaires à sa nouvelle existence l’époque romaine ou de l’époque dans l’au-delà ou avec des objets qui mérovingienne ? D’autre fouilles nous le diront doivent le protéger. peut-être… D’ailleurs, dernièrement Ce bref inventaire de diverses au pied de “Leschaud” a été signalée Les engins mécaniques, une découvertes archéologiques faites la découverte de tuiles romaines fois encore, au clos de la Trousse, lors de constructions, travaux de “tegula et imbrex” dans un jardin. ont fait apparaître (en 1986) dans le routes, prouve bien que La Ravoire sol d’alluvions de la Leysse, des tom- Ces découvertes permettent cer- a été occupée à l’époque gallo- tainement une meilleure connais- bes frustes. Monsieur Barthélémy, romaine. professeur d’histoire, a déploré ne sance du passé des Ravoiriens. pas avoir eu le temps de faire une Il reste encore beaucoup d’in- Anne HOUTER-MAJO étude sérieuse sur les ossements terrogations. partiels mis au jour ; sans trace de mobilier funéraire datable, les tra- Sur ce lieu de passage, y avait-il vaux devant se poursuivre et les des relais, plusieurs propriétés curieux étant passés par là, on ne agricoles : “villae”, quelle était la vie peut donc se ranger qu’à des économique, à cet endroit de la 9 Printemps dans le Haut-Mollard, les vignes et le Peney, autrefois

10 Le Mollard “La Ravoire, situation agréable, sur En Savoie, comme en Dauphiné Il n’est pas possible, avec le des collines, au pied des Bauges, sur et en Bourgogne, un Mollard est une recensement de 1562, de dire qui la route de Chambéry à butte, une hauteur. Et on appelle habitait au Mollard. Certains noms MMontmélian et sur les rivières de Mollard le village qui se trouve sur semblent familiers, mais on ne peut l’Albanne et de l’Aisse. cette butte. rien prouver. La lecture de la Terrain calcaire et pierreux.” A La Ravoire, c’est le revers de la matrice cadastrale de 1730 permet C’est ainsi que Verneilh, colline de Leschaux, revers qui aussi de dire que de riches proprié- regarde l’est et le sud. premier préfet du Département du taires, civils ou religieux, percevaient Mont-Blanc, parlait de La Ravoire On a ainsi le Haut-Mollard (altitude à La Ravoire de belles redevances en en 1844. 345 mètres à la borne géodésique) et œufs, poules, pommes de terre, vin le Bas-Mollard, frange de la colline de bonne ou de mauvaise qualité, Notre étude s’intéresse à l’une de au bord de la plaine humide (altitude blé, foin, paille et bois. ces collines, plus précisément au 287 mètres à la Croix). D’après le cadastre de 1862, village du Mollard, sur la colline ème Pour venir au Mollard, au XIX l’endroit est peu habité parce qu’il de Leschaux. siècle, on peut quitter, à main droite, n’y a pas beaucoup d’eau. Au ha- Sources : la route Impériale de Chambéry à meau du Haut-Mollard, on connaît l’Italie, après la Trousse, et suivre le Archives municipales et les frères Cochet, Noël aîné et Noël chemin des Grands Murs. On peut départementales. cadet, Etienne Molens, les Routens aussi quitter la route de Chambéry ou Pierre et Claude, Verollet, Billard, la Histoire de Savoie, route Royale, à gauche, à la Croix, veuve Joseph Castellan. Chaque de Paul Guichonnet. pour prendre le chemin du Pré maison a son petit jardin et chacun Hibou, bordé de haies et de chênes. La vraie vie de tous les jours en possède quelques arpents de blé et Savoie romantique, de Jacques Un chemin unit le Bas-Mollard à la de vignes. Lovie. butte de la Mairie, jusqu’au pont de La Ravoire. Mais la plus importante surface Histoire des Savoyards, du Mollard, Haut et Bas, appartient de Louis Comby. On évoquera successivement ce quartier : à de riches Chambériens. Les environs de Chambéry, • avant 1970 : les habitants, l’eau, La plupart des nobles ou des de Gabriel Pérouse. les occupations, les événements ; grands bourgeois de Chambéry ont Et surtout les habitants du Mollard, • après 1970 : les transformations un appartement ou un hôtel parti- Haut et Bas, que nous remercions dues à l’urbanisation de la culier en ville et un fief aux champs pour leur collaboration. commune. où passer l’été (Lovie). 11 Au XIXème siècle, la terre coûte cher et les bourgeois augmentent le prix des fermages, dans l’intention d’obtenir au moins 5 % de rapport ... Le seul moyen connu d’augmenter son revenu est d’accroître la surface exploitable (Lovie). Ce que ne peu- vent pas faire les petits propriétaires, même en empruntant (en 1865, les prêts à 40 % étaient couramment pratiqués, dit Lovie). Donc, de riches Chambériens s’installent à La Ravoire dans une vaste demeure, avec fermes et celliers et se “partagent” les terres. En 1821, Monsieur et Mada- me Gasilloux restaurent une belle maison du XVIIIème siècle, ayant appartenu à la famille de Villy, mai- son avec “des terrasses en belle vue sur le versant sud du coteau” (G. Pérouse). La cave, surtout, est aménagée pour l’installation des tonneaux et le travail du vin. La pro- priété comprend plusieurs fermes, puits, citerne, avec des vignes alentour. Elle sera vendue, avec la maison, au neveu de Madame Gasilloux, Monsieur Eugène Lyonne, notaire à Chambéry (Mme Lyonne). Un vaste domaine clos s’éten- dait à l’est de la colline, avec son château, son village, ses vignes, ses 12 prés. Il appartenait au XVIIIème domesticité. N’a-t-il pas 28 che- est séparée de la butte où se siècle à Jean-François Bertrand de la vaux dans ses écuries ? (Archives trouvent l’église, le cimetière et la Pérouse, qui fut ambassadeur extra- municipales). mairie-école, par le plat du Pré ordinaire de Savoie en Angleterre Adolphe Picollet, rentier à Hibou. (Cet espace avait été ravagé (G. Pérouse). Par le jeu des alliances Chambéry, a installé sa maison de par la terrible crue de la Leysse, en et des héritages, il devient la maître au Bas-Mollard, sur le che- 1708, pendant laquelle elle avait propriété de Joseph Frédéric Millet min de Pré Hibou ; dans la pente, il changé le cours de son lit pour aller d’, aide de camp du roi, a aménagé des jardins en terrasses, se jeter dans l’Albanne). Il y a peu chevalier des Saints Maurice et potagers et jardins d’agrément plantés de cultures au Pré Hibou ; ce sont surtout des prés, où paissent des va- Lazare, de l’Ordre de Sainte-Anne de grands arbres. Sa ferme s’allonge ches, où des filets d’eau luisent dans de Russie, de la couronne de fer de l’autre côté de la cour, fermée de les moindres creux. d’Autriche. Il vit à Turin. Le Comte grands murs, avec de jolis piliers de Marie-Antoine Raoul Costa de portail. Par contre, la colline est cou- Beauregard, qui possède un hôtel verte de vignes. Le sol n’est peut- Le Chanoine François Chamousset, particulier à Chambéry, achète en être pas très profond, mais sec et de la famille Aussédat, des Papeteries 1841 cette immense propriété : bien exposé au sud et à l’est : il de Saint-Alban, possède, au pied du terres, bois, marais, château, fermes, convient à la vigne. Les plants les château de la Pérouse, une haute meubles, linge, cheptel... pour la plus connus sont la Roussette, la maison carrée, avec 14 fenêtres or- somme de 228 000 livres, qui Mondeuse et le Persan (Louis dinaires et une belle maison fermière seront payées au bout d’un an. Le Comby). avec 9 fenêtres, un puits, mais sur- Comte démolit l’ancienne cons- On continue à nommer des tout des prés, des vignes, tant sur la truction et le village et rebâtit à son gardes-vignes qui doivent prêter colline que dans la plaine. goût. Ce sont les pierres des maisons serment devant le juge du mande- du village qui ont servi à faire l’ave- Plus loin, quelques fermes, Noiray, ment. Les dates des vendanges sont nue du parc (René Bernard). De Basin, Pétraz. Elles exploitent surtout fixées par le Syndic de la commune, grands murs, près de 3 mètres de des terres à Féjaz (Mme Guévin). et désobéir coûte cher : une amende, haut, bordent le parc, les vignes et Elles s’alimentent en eau au puits de 25 livres, et la confiscation de la de l’autre côté du chemin, le do- la grande maison Routens. C’est récolte (Archives communales). maine de la ferme. Des palissades une vaste bâtisse, habitation et cernent les enclos sur le plateau ou ferme, avec des salles immenses, à dans le marais et cela gêne les l’étage, de 40 à 50 m2 (Jean Blanc). chasseurs. Il mène grand train, le Cette colline “résidentielle”, Comte, avec une nombreuse ensoleillée, à l’abri du vent du nord, 13 Automne dans les vignes du Mollard, vers 1950

14 Après 1860, les prix des den- La propriété Picollet, par ventes l’arrière-grand-père de René, Marius rées alimentaires et des produits successives, appartient à Gotteland, et Michel Bernard. fabriqués baissent parce que le che- Régnier, Pillet, puis Ville en 1937. Sur le même chemin, au carre- min de fer apporte en masse, sur le La vaste ferme Routens connaît four avec le chemin de La Peyrouse, marché savoyard, les vins, les grains, des propriétaires multiples comme Eugène-Antoine Cochet, garde- les métaux et les tissus de . Le Foray, Grangeat, Rey, avant d’ap- vigne et fermier de Lyonne, achète niveau de vie des masses s’élève… partenir, en 1937, à la famille une maison et des terres qu’il partage Après 1875, les paysans commen- Blanc. en 1888 entre ses enfants. cent à devenir propriétaires du sol qu’ils cultivent (Guichonnet). Ou Dans ce même quartier, les Raymond Cochet, son arrière- bien ils achètent des terres et cons- Noiray ont vendu leur ferme à la petit-fils, a déserté l’antique ferme truisent une ferme. De nouvelles famille Gallay ; c’est cette jolie mai- pour une villa moderne, bâtie à maisons, de nouvelles familles son ancienne qui a brûlé, à côté de côté. apparaissent. la maison Pétraz, devenue propriété Guévin en 1933. Dès la fin de XIXème siècle, les familles Provent, Ortholand, Marin La dernière ferme, au sud-est du s’installent le long du chemin du Bas-Mollard, a appartenu à des Pré Hibou, ainsi que la maison- Raynaud, qui l’ont cédée à M. Pillet, cellier Excoffier, puis Evêque- mort sans descendance. Mourroux en 1938 et Bianchi en En face, une maison constam- 1972. ment rénovée a toujours appartenu La famille Lyonne vend ses ter- à deux propriétaires : Cochet et res à Dunand, à Novel et sa maison Détraz en 1860, pour arriver à au Dr Million. Henry et Miège un siècle plus tard. M. Chapuis habite actuellement du Il en est de même pour la suc- côté nord. cession du Chanoine Chamousset. Costa de Beauregard achète la mai- Sur le chemin des Grands son de maître qui sera vendue à Murs, M. Pillet Guillaume achète, Lognoz en 1970. La ferme et les ter- en 1873, au Comte Costa, un terrain res deviennent propriété Aussédat, pour établir son exploitation agri- puis Million en 1910. cole. M. Pillet Guillaume est 15 Le Pré Hibou, plaine humide A cet endroit, se trouvent actuellement le centre administratif de La Ravoire, le centre commercial et les immeubles du Val Fleuri.

16 Le problème de l’eau explique Et pourtant, dans la cave En 1877, un projet de citerne l’habitat. voûtée d’une maison en ruines, une fut élaboré. (En 1885, le Conseil source avait fait un joli réservoir. En Municipal, présidé par M. Victor Il fallait avoir un puits ou une période sèche, les gens y venaient Lyonne, vota une subvention de 200 F citerne pour stocker l’eau. On chercher l’eau pour les bêtes. On y pour aider les habitants à faire une repère des citernes chez Dunand, faisait tremper l’osier pour l’assou- citerne au centre du village. (C.M. Lyonne, Routens, des puits chez plir (Louis Boris). Mais la ruine a du 28.10.1884). Ce puits, avec été rasée, la cave vidée par les pompe à bras, a fonctionné jusqu'à Bernard, Cochet, Blanc, Costa ... et pompiers et comblée, et la source a l’installation de l’eau courante. On au centre du village d’en haut. Il y filé. On voit encore la pierre du en voit des traces derrière la borne à avait des citernes toujours pleines seuil (R. Fayard). incendie du Haut-Mollard. dans les caves du château, par sécurité, en plus de la petite pièce Quand il pleuvait -quand il Un puits-collecteur a été établi d’eau (Louis Boris). pleut- l’eau s’infiltre dans la colline au bas du Galibier pour récupérer et sourd dans la pente et au bas, les eaux de ruissellement. L’eau était Mais en période de sécheresse, pour aller se perdre dans le Pré obtenue par une pompe à bras, on manquait d’eau. Il fallait aller la Hibou. Le ruisseau qui dévalait le dans le jardin du cellier Escoffier, chercher où il y en avait. Le puits Galibier, passait par une rigole dans pompe qui devait être accessible à extérieur du château, très petit, le jardin Evêque. Par fortes pluies, le tous. Cette servitude existait encore tarissait vite. On allait alors, avec caveau cimenté au-dessous de la en 1938, quand M. Joseph Evêque- des chariots à bœufs, à la fontaine dite maison se remplissait. Un ruis- Mourroux a acheté la maison. de Leysse, remplir des tonneaux, seau traversait la cave de la maison La commune a installé l’eau tant pour les bêtes que pour les gens Ville. courante en 1933. Pour tous, cela a (Mme Cochet). Les sources débitent toujours, été merveilleux. Cependant la pres- Et pourtant, il y a des sources. d’ailleurs, quand les pluies durent. sion n’était pas suffisante pour le Quand il pleut beaucoup, elles Elles cascadent le long du Galibier Haut-Mollard. Un “surpresseur” a jaillissent ou perlent : c’est le trop- et de la Barrotière, emmenant terre été ajouté il y a quelques années et plein de l’eau retenue par la couche et graviers. Et la rigole de la rue le problème de l’eau est résolu (R. d’argile, qui part du Nivolet, disent Hector Berlioz continue de couler, Cochet). les anciens, du Granier, disent les claire, 48 heures après les orages. géologues. On connaît 7 à 13 Mais, nous l’avons déjà dit, en sources (Louis Boris). On a même période de sécheresse, on manquait un lac “intermittent”. d’eau. 17 La vie des gens

C’est la vie agricole qui se d’y ouvrir une fenêtre, d’y installer remplacées par des arbres. 200 déroule au fil des saisons, avec des des tables, des bancs, un poêle et ... arbres, déjà gros, arrivés en gare de points forts comme les foins, ou les un lit. C’est la première école Chambéry ont été amenés sur des vendanges. On travaillait avec ses communale à La Ravoire. C’était chariots tirés par des bœufs bras et les animaux de trait, comme vers le puits, dans le quartier actuel jusqu’au Mollard. On payait 1 F à dans toutes les campagnes. On de Mesdames Daquin et Biasetti. celui qui menait les bœufs et 1 F cultivait surtout la vigne, mais il y pour la paire de bœufs. Leur En 1860, une école de filles a avait aussi le blé et les pommes de plantation a nécessité un appareil- été construite par le comte Raoul terre, pour la consommation cou- lage compliqué. Un parc en terrasses Costa sur sa propriété. Tenue par rante, et les cultures fourragères. La a été dessiné au pied du château mécanisation est venue peu à peu, des religieuses de Saint-Joseph, sœurs gardes-malades, elle fut fer- pour cacher la vue de ce côté (J. entre les deux guerres, et les paysans Blanc, R. Bernard, R. Fayard). d’aujourd’hui sont riches en mo- mée en 1902 et rouverte en 1903. teurs. L’automobile a remplacé les Le 21 février 1909, le premier Tous les travaux d’entretien élégantes calèches des bourgeois et bureau de poste de La Ravoire est dans le parc du château Costa les chars à bancs des paysans. Les ouvert provisoirement au Bas- étaient faits par les gens du Mollard. vieux chariots, les “barrots”, les Mollard, dans la maison de Pierre Ils étaient payés à la journée, tout charrues, les faux sont des pièces de Gotteland. Il sera officiellement contents de la pièce que le Comte musée, comme les alambics et les installé le 4 juin 1911 et, en plus, leur remettait le soir. Certaines per- fléaux. raccordé à la ligne téléphonique de sonnes travaillaient aux cuisines, On note quelques événements Chambéry. Il y restera jusqu’en dans les moments de “presse”. Par importants ou amusants : 1925, date à laquelle il sera transféré exemple, Mme Pedron était em- rue des Belledonnes pour des ployée uniquement pour laver les Le 14 janvier 1847, le Comte raisons de salubrité. légumes et les éplucher (Mme Costa remet à la commune, à titre Pedron). gratuit et pour un temps indéter- Quand, vers 1910, le cimetière miné, une maison de une pièce, fut aménagé au pied de la butte de De 1930 à 1960, Mme dans le village du Haut-Mollard, l’église, cela a beaucoup chagriné la Henriette Ortholand, couturière, pour servir de salle de classe et de Comtesse Costa qui voyait, de ses enseignait bénévolement son art logement au maître. L’Intendant fenêtres, la tombe de son mari et de aux jeunes filles et aux dames de la Général de la Division de Savoie sa bru. Les vignes, au pied sud du commune que cela intéressait accepte, à condition de la réparer, château, ont été arrachées pour être (Mme Jeannine Blanc). 18 1939, c’est la guerre. Des ca- M. Yves Ville installe, au Bas- nages vont construire ailleurs, sauf mions réquisitionnés sont entreposés Mollard, un atelier de menuiserie Jean-Luc Ville, Bernard Lyonne et dans le parc du château. en 1955. Il agrandit cet atelier en la fille de M. Million. Mais ces plusieurs fois. En 1985, son fils toutes dernières années, plusieurs Puis des troupes arrivent. Les Guy prend sa succession. C’est no- maisons très coquettes ont été édi- soldats sont logés dans les fermes et tre seule industrie, non polluante. fiées. Au prochain recensement, nous les maisons, et couchent dans le aurons remonté en nombre et ra- foin et la paille. Une “roulante” est En 1971, à l’occasion du jeuni la population, espérons-le. installée dans la cour de la ferme mariage de leur fille, M. et Mme Million, une autre chez Novel. La Lyonne avaient envoyé des invita- Le Mollard a fourni 4 maires à la vie militaire, et celle du village, sont tions à leur famille et à leurs amis commune : rythmées par les sonneries de clai- avec le plan de la Commune et M. Eugène Lyonne, ron. Des chevaux et des mulets sont l’indication de la rue Victor Lyonne. de 1878 à 1884 ; attachés à tous les arbres dont ils Hélas, l’avant-veille, un farfelu a M. Victor Lyonne, rongent les écorces (cela fera périr volé la plaque de la rue. Grâce à de 1884 à 1900. Il fut aussi co- des pommiers). Une tranchée-abri l’habileté et la diligence de M. fondateur du Syndicat des en zigzag est creusée en bordure des Gilles Rossi, alors employé com- Agriculteurs de Savoie, créé en propriétés Evêque et Million. Des munal, une plaque provisoire a été 1886 ; chevaux morts sont enterrés au fond posée rapidement, et les invités ont M. le Comte Léon Costa de du jardin. Les gamins tournent pu trouver sans problème la maison Beauregard, autour des grosses motos, admirent du mariage (Mme Lyonne). de 1908 à 1944 ; les mitrailleuses. A la ferme Million, On enlève certaines plaques de M. Jean Blanc, on peut voir encore, dans le grenier, rues. La rue Napoléon n’est plus depuis 1953, élu Sénateur de la les clous plantés dans les grosses indiquée depuis 1994 à cause d’un Savoie en 1968, Premier Vice- poutres, où les soldats accrochaient ennemi personnel de l’Empereur. Président du Conseil Général. leurs affaires. Des noms sont encore Le Mollard a été très tôt un lieu inscrits ( J. Million et L. Boris). La population du Mollard évolue peu. On relève, pour les rues de vie dans la commune. Le Comte Léon Costa de Hector Berlioz, Galibier, Lyonne, Pendant un siècle, il fut un des Beauregard lègue, avant de décéder, Costa et Richelieu, 261 habitants quartiers vivants de La Ravoire. son château et des dépendances aux en 1982 et 252 habitants en 1990. religieuses de Saint-Joseph. A cause des POS, les jeunes mé- 19 Notre famille s’est installée au afin de prendre l’électrobus, sur la Bas-Mollard en 1938. C’étaient de grande route, à “l’arrêt du vastes maisons austères, de hauts Mollard”. murs qui semblaient cacher des Chemin du Pré Hibou. secrets, des haies et beaucoup d’ar- Actuellement rue Hector Berlioz bres. La vie y était très calme, pres- Il y avait peu de bruits, à part que réglée. Le matin, le camion du les miaulements de la scie à la lait faisait sa tournée. Une fois par menuiserie, plus tard le ronflement semaine, et ce pendant 24 ans, M. de la toupie. L’école privée était Messange passait avec sa camion- discrète, le château silencieux. La nette-épicerie. Le mercredi, et cela rumeur lointaine des trains annon- pendant 20 ans, Revel le boucher çait la pluie. Quelquefois, un air de ouvrait son étal dans les cours. En violon ou une ritournelle d’accor- hiver, l’alambic s’installait d’abord déon s’échappait d’une maison. Les au Bas-Mollard, vers chez Blanc, nuits d’été, les rossignols roulaient puis en haut vers le puits. Les hom- leurs trilles dans les acacias. Les mes discutaient autour de la ma- lapins dansaient au clair de lune, chine, dans la vapeur odorante. sauf quand le hibou hululait. C’était un moment de bonheur. C’étaient des temps… bibliques ! Quelques rares voitures tour- naient autour de la butte, mais on préférait voir passer Lucien Blanc et son cheval qui tirait la carriole. On allait chercher les œufs et le lait chez Ville ou chez Million, les replants chez Jean Blanc. Pour se rendre à Chambéry on se hâtait entre les grands murs du château, 20 Et nous voici aux temps nouveaux

Petit à petit, les vignes ont été Dans la plaine, le collège Edmond Mais essayez de quitter le Bas- arrachées et le Haut-Mollard n’est plus Rostand en 1972, les écoles élémen- Mollard. Au sortir du bois des sœurs, à que pâturages. De nos jours, seule sub- taire et maternelle du Pré Hibou, en pied, il faut viser entre les voitures. Et siste la ferme Bernard. 1977, s’installent. Des immeubles au carrefour Hector Berlioz et Pré poussent, dès 1976, qui nous cachent Renaud, si quelques automobilistes Quelques villas ont osé s’installer l’horizon : c’est le Val Fleuri. L’école sont corrects, très peu respectent pan- en bordure des prés, vers le sud. Puis privée catholique prend de l’impor- neau, feu clignotant et priorité à droite. tout s’est précipité. tance et s’agrandit. Le château devient Si, fort de votre droit, vous vous enga- Si le Haut-Mollard garde encore un LEP privé. La vie est rythmée par gez en voiture sur l’avenue, vous pouvez sa sérénité, la vie du Bas-Mollard a été les allées et venues des enfants, celles vous faire accrocher ou vous vous faites bouleversée. des voitures des parents d’écoliers, par insulter. Eh oui ! les passages de bandes bruyantes d’ado- C’est dommage ! Les grands murs du château ont lescents. On ne cueille plus la violette, disparu en partie, montrant tristement mais on ramasse des tickets de bus et Et le Mollard reste un peu “à les traces d’un beau parc ; ceux de la des paquets vides de cigarettes. part”. Ici, il n’y a pas de “fleurissement”, ferme du château ont été abaissés, par sauf celui des particuliers. Il n’y a pas Des camions viennent desservir la sécurité. (Cela, c’est bien, les gens du de débauche de lumière, pas d’illumi- menuiserie Ville, d’autres montent ou nations pour les fêtes, pas de belles village ont enfin vue sur la plaine). Au descendent le Galibier comme si c’était chaussées bordées de trottoirs. C’est un sud, les murs ont reculé, élargissant le le rallye de Monte-Carlo. carrefour au bas du Galibier. La plaine peu la “réserve”. Mais on s’y plaît. Mais surtout, une avenue s’allonge a été drainée, les arbres ont été arra- Certes, le Mollard ne refuse pas de entre le Bas-Mollard et la plaine, l’ave- chés, brûlés, et les rossignols ne sont se moderniser, de se rafraîchir, de se ra- nue du Pré Renaud. Elle est belle, jeunir. Mais les anciens regrettent un pas revenus. Il n’y a presque plus de large, presque rectiligne, très éclairée. peu le temps, pas si lointain, où l’on chênes et le nom de la commune, C’est la liaison dans les deux sens, entre jouissait d’une certaine qualité de vie. Ravoire, perd bientôt sa signification. l’est et l’ouest. La circulation y est Et c’est sûrement ce que viennent ininterrompue, avec des pointes de 6 à On donne des noms aux anciens respirer, le dimanche, toutes ces famil- 9 heures, à midi, et vers 18 heures, avec chemins qui s’élargissent : Hector les qui se promènent dans notre quar- des coups de freins, des heurts. Berlioz, Kléber, Richelieu, Napoléon tier. Et de les voir passer, cela nous fait viennent se perdre chez nous. Mais les Encore une fois, le Mollard est sé- bien plaisir. enfants ne jouent plus aux billes ni au paré du centre. ballon sur la route ; ils ne descendent Bien sûr, nous jouissons d’un arrêt Claude et Henriette plus le Galibier en luge ou avec leurs de bus avec un passage tous les quarts caisses à roulettes. Il y a trop de voitures, d’heure ou 20 minutes, pour aller à EVEQUE-MOURROUX chaque maison en possédant 1, 2 ou 3. Chambéry ou au centre. 13 mars 1997 21 1 Allegretta 2 Voiron Emile 3 Duchâtel La Genetais 4 Bouvier 5 Moleins LesF FermesL’HABITAT AUTOUR auto La Biche DE LA BUTTE DE L’EGLISE 6 Gotteland En 1950, on comptait 10 fermes sur 7 Rullier une étendue de 60 à 70 hectares : Le Gala • Voiron Florent 8 Chabert Joseph (actuellement Allegretta), 9 Chabert Léon • Voiron Emile 10 Noiray (actuellement Roger et Marcel), • Duchâtel Denis, 1 • Bouvier Marius, • Moleins, 8 9 2 • Gotteland Louis, • Rullier, • Chabert Joseph, 10 • Chabert Léon, 7 • Noiray. Elles regroupaient environ 70 personnes. Il faut ajouter quelques maisons particulières, dont la grosse maison Giuffray-Gazza, au pied de l’église. Sur la butte, avec l’église, étaient construits la Mairie-Ecole et le presbytère. 6 Les terrains, légèrement surélevés, étaient très fertiles, alors que les bas- 3 fonds restaient marécageux. On peut rappeler : • la zone du Puits d’Ordet longeant la 5 Mère ; • le marais de la Biche, où l’on patinait l’hiver ; 4 • la zone d’écoulement de l’étang limitrophe avec Challes-les-Eaux. 22 ourEVOLUTION de DE l’égliseA partir de 1953 Création du G.V.A. (Groupement L’AGRICULTURE DES ANNEES Création du premier C.E.T.A. de Vulgarisation Agricole pour la 1950 A 1970 (Centre d’Etude Technique Agricole) formation ménagère féminine)) L’évolution fut rapide et indispensable 20 personnes pour le département, Des moyens de culture différents, le pour faire face aux besoins du pays au issues du mouvement J.A.C., forment besoin de permis de conduire, ont ame- sortir de la guerre. ce C.E.T.A., avec le soutien de la né une évolution des femmes dans le Chambre d’Agriculture et d’ingénieurs milieu agricole, évolution aidée par la Dès 1945 et techniciens agronomes. Chambre d’Agriculture. Des réunions Des mouvements de jeunes se créent, Ce centre fait des expériences, analyse étaient organisées, réunions commu- dont la J.A.C. (Jeunesse Agricole les terres, étudie de nouvelles méthodes nales, de secteur, départementales et Chrétienne) avec pour but : de culture, essaie de nouvelles semen- nationales. Un programme annuel était • d’apprendre, par des lectures, des ces, avec des apports d’engrais et des prévu. réunions d’information ; préparations des sols. Exemples : • de comprendre, en sachant analyser Programme communal Création de la C.U.M.A. toutes les situations ; • classement des documents (Coopérative d’Utilisation en • de réfléchir à tous les problèmes que administratifs ; commun de Matériel Agricole) posait l’évolution ; • comptabilité, gestion de • au niveau communal : semoirs à • d’agir en inculquant l’esprit l’exploitation ; grains, à engrais, épandeurs de d’équipe, d’entraide. • fleurissement des fermes (taille des fumier... rosiers, etc.) ; Cela a conduit les agriculteurs à accep- • au niveau départemental : machine • jardinage (nouvelles variétés ter des responsabilités syndicales, à créer à cueillir le maïs (Corn Picker), adaptées à la congélation) ; des coopératives, des sociétés mutuelles égreneur, semoirs à maïs... • organisation d’une cuisine ; comme le Crédit Agricole ou la Mu- Cette évolution a été freinée par les • conservation des produits ; tualité Sociale Agricole. Cela incite les incompréhensions familiales dues à la • étude de la viande (connaissance des agriculteurs à faire partie de mouve- cohabitation des anciens et des jeunes, morceaux, découpe, ments associatifs, comme les sociétés par les épouses qui, n’ayant pas suivi accommodements). de pompiers, la fédération des familles, toutes les formations, reçu les infor- Programme par secteur des mouvements politiques. mations comme les maris, s’inquié- • fonctionnement des différents En 1948, le plan Marshall (U.S.A.) taient des investissements demandés. organismes agricoles ; pour aider la reconstruction de Cependant, les efforts ont amené des • syndicats ; l’Europe, lance un programme d’aide résultats certains. • conduite d’une réunion ; économique. Les agriculteurs peuvent La récolte de blé, qui était de 15 quin- • soins aux animaux ; faire des emprunts, à 2 % d’intérêt, qui taux à l’hectare, est passée d’abord à 60 • voyages d’études (visite de deux leur permettent de s’équiper. quintaux, puis à 80 quintaux. congélateurs collectifs). 23 Le congélateur collectif

24 Installation de la première LE CONGELATEUR COLLECTIF Succès de cette installation stabulation libre pour 30 laitières DE LA RAVOIRE La nouveauté de ce mode familial de En 10 ans, le rendement de lait est conservation a intéressé de nombreuses Il fut installé dans la ferme Duchâtel à communes et a suscité des visites de passé de 2000 litres de lait par année et la Genetais, dans un local loué à la par vache à 5000 litres. groupes ou de particuliers, ainsi que des commune. Des aides ont permis réunions d’information sous le patro- l’achat du matériel. D’abord constitué nage des Chambres d’Agriculture. Création d’une S.I.C.A. (Société de 24 compartiments de 250 litres, il fut vite agrandi à 30 compartiments. Conséquence intéressante pour les d’Intérêt Collectif Agricole) ménages Mis en service au mois de décembre En 1962-63, elle amène à La Ravoire, 1963, il fut inauguré le 4 avril 1964. Les achats groupés amènent des écono- la création du premier congélateur mies de temps et d’argent, ainsi que la La création d’une S.I.C.A. a permis à collectif de Savoie. conservation des légumes du jardin, des particuliers, non agriculteurs, de des plats cuisinés “maison” ou des bénéficier de cette installation. pâtisseries “maison”. La vie de la fermière a changé. Fonctionnement Durée du congélateur collectif On nomme des responsables d’achats (achats groupés). Il a fonctionné de 1963 à 1974. Il a • viande : 4 commandes de 4 à perdu son intérêt avec la vogue des 500 kg par an ; congélateurs individuels. Mais il a été • poisson : livraison de poisson déjà une expérience remarquable à La congelé ; Ravoire. • boîtes et sachets de congélation : Il a servi d’exemple, puisque en 10 ans, 1 seule maison en France fabriquait il s’est installé 12 congélateurs collectifs ces produits ; en Savoie. • fromages de Savoie, quenelles ; • commandes de friandises pour Noël ; • lessives, produits d’entretien. Chacun possède une clé du local et la clé de son compartiment. Le nettoyage du local se fait à tour de rôle. Une assemblée générale est tenue chaque année. 25 Marais du Puits d’Ordet Denis Duchâtel, travaillant avec son tracteur au Gallaz, sentit qu’il s’enfonçait. Sa femme a bien disposé, en avant de l’engin, des branchages pour que les roues puissent s’appuyer sur du solide. Mais il a fallu l’aide de deux tracteurs pour le dégager, car il s’était enfoncé jusqu’au châssis. On raconte que, au Gallaz, trois che- vaux au pacage se sont enlisés à tel point que, seules, les têtes dépassaient. Il a fallu les tuer, puisqu’on ne pouvait pas les retirer de la boue. Un soir d’hiver, au café Messange, un pauvre hère se présenta. Il voulait un verre de vin et posa sur le comptoir, pour payer, une pièce de 10 centimes. Les gens présents s’étonnèrent, mais il LA ZONE MARECAGEUSE En période “normale”, certains n’avait vraiment rien d’autre. “Garde ta AVANT LES TRAVAUX endroits étaient dangereux à labourer. pièce, dit l’un, je te l’offre, ton verre”. Et La Ravoire était un secteur humide. Aux Viviers, il fallait laisser, au centre, le vieux est parti dans la nuit. Souvent le brouillard recouvrait la un espace à ne pas aborder de peur Plusieurs années après, des ouvriers qui plaine et, vu de Saint-Jean-d’Arvey par d’enfoncer le tracteur. A la Biche, une travaillaient aux canalisations du exemple, seul émergeait le clocher de femme s’est enlisée en voulant conti- Gallaz ont exhumé un cadavre. En l’église. nuer à tailler sa vigne ; son mari a dû la cherchant dans les lambeaux des vête- secourir au moyen d’une corde. ments, les gendarmes ont trouvé une Les sols étaient spongieux. De la seule chose, une pièce de 10 centimes. tourbe a été exploitée dans la zone du Par fortes pluies, à l’est de la butte de Après enquête, on a su qu’il s’agissait Puits d’Ordet pendant la dernière l’église, sous la ferme Voiron, s’étendait d’un vieillard de l’hospice de Bassens un lac. guerre, même vendue à Grenoble par qui s’était enfui, et que l’on n’avait camions. A la ferme de la Genetais, on avait pris jamais retrouvé malgré les recherches. Le marais de Boëge s’écoulait par un la précaution de surélever, dans la cave, Il a fallu effectuer des travaux im- ruisseau qui traversait les marais des les différents casiers et les tonneaux portants de drainage et des remblaie- Viviers et de la Biche, passait sous la pour qu’ils soient à l’abri de toute ments pour mettre “au sec” les terrains route et allait se jeter dans la Mère. inondation. où seront aménagés des lotissements. 26 La ferme Duchâtel - La Genetais - 1973 EVOLUTION DE L’HABITAT DE 1950 A 1997 La population vieillit. Les jeunes ne sont guère intéressés par l’agriculture. Les revenus des petites exploitations ne suffisent plus et des agriculteurs de- viennent “doubles-actifs”. Les problèmes s’accumulent : il faut amortir le matériel nécessaire, payer les assurances, rembourser les emprunts, assurer l’éducation des enfants. Il est devenu difficile alors de résister à la pression foncière et à l’urbanisation. Les 10 fermes qui entouraient la butte de l’église, sur 70 hectares, ont toutes disparu. Elles ont été remplacées par des lotissements, des immeubles, des constructions d’intérêt collectif, des zones industrielles. Les lotissements La Genetais (ferme Duchâtel) 60 maisons Constructions d’intérêt collectif La Biche (ferme Bouvier) 20 maisons Ecoles élémentaire et maternelle du Pré Joli (ferme Bouvier) 80 maisons Vallon Fleuri. Rue de Joigny (ferme Moleins) 15 maisons Collège d’Enseignement Secondaire Rue de l’Hélia (ferme Gotteland) 30 maisons Edmond Rostand. Le Gallaz (ferme Rullier) 80 maisons Centre commercial Sous l’église, rue Richelieu(ferme Voiron Florent et Marcel) 30 maisons Hôtel de Ville - C.P.A.S. Immeubles Gymnase - Salle des Fêtes Vallon Fleuri (ferme Voiron) 5 immeubles 250 appartements Nouveau cimetière. Concorde (ferme Chabert) 2 immeubles 84 appartements

Zones industrielles En un demi-siècle, la commune rurale de La Ravoire est devenue une commune Z.I. rue de la Concorde. urbaine. Z.I. du Puits d’Ordet. Marguerite DUCHATEL 27 La vieille maison de mon enfance située au pied du chemin de l’église Peinture réalisée par Jeanne-Antide (1998)

28 La Ravoire, mon enfance LIl y a soixante-dix ans que je vis à une pour les petits garçons et filles et La Ravoire, depuis un certain 14 mai l’autre uniquement pour les grandes 1927. J’ai grandi chez mes parents qui filles. Cette école se trouvait au possédaient une maison ancienne de carrefour de la Peysse et de la Villette. plusieurs siècles, construite en 1464 et Dès l’âge de dix ans, j’ai quitté cette dont ma mère et sa sœur avaient hérité. école pour celle des garçons qui était Dans cette maison avaient vécu mes située près de l’église. En ce temps-là, grands-parents maternels : Emile on passait le certificat d’études à l’âge Guiffray, né en 1854 et décédé en de 14 ans. 1918 ; sa femme, Anna Guiffray, née J’ai suivi le catéchisme avec en 1867, décédée en 1917. Monsieur le Curé Lucien Canet qui Y vivaient également mes arrière- m’a aussi préparé à la première com- grands-parents : Jean Chappuis, né en munion. Mais dans le courant de l’an- 1830 et décédé en 1912 ; sa femme née, Monsieur le Curé étant décédé, il Anna Chappuis, née en 1827 et fut remplacé par son neveu, qui était décédée en 1901. Mes trisaïeuls, alors professeur au collège de la Villette. Jacques Chappuis, né en 1796 et Et c’est donc avec le père Pierre Canet décédé en 1877, sa femme Glaise que j’ai reçu la confirmation de la Riboud, née en 1796 et décédée en communion solennelle. 1871, l’ont habitée aussi. Oh ! Ma rivière “la Mère” ! Avant son mariage, ma mère était Quelle était belle ma rivière qui professeur de piano et enseignait la coulait derrière chez nous ! Son clapo- musique, étant sortie première du tis m’endormait profondément lorsque conservatoire de Lyon en 1910. Mon la fenêtre et les volets de ma chambre père était cuisinier de métier. Six frères restaient ouverts. Oh oui ! Je la connais et une sœur sont venus grossir la fa- bien, au-delà de la route nationale 6, mille. Toute mon enfance, je l’ai passée jusqu'à son confluent avec l’Albanne. dans cette maison. Ma scolarité a Elle était bordée de chaque côté débuté dès l’âge de six ans à l’école de son cours par plusieurs espèces maternelle qui comptait deux classes : d’arbres : frênes, chênes, aulnes, acacias 29 Les communiants de 1939

30 aux belles épines et de bien gros et grands peupliers dont les cimes majes- tueuses dépassaient largement leurs congénères. L’eau était pure et limpide, sa faune était riche. Il y avait toutes sortes de poissons : des petits qu’on appelait “rapiots”, mais aussi des soifs, des che- vesnes et d’autres petits poissons Quatre ponts l’enjambaient : celui Un petit sentier longeait la rivière appelés “chasseurs” qui vivaient au fond de la route nationale 6, de la rue en amont jusqu'à la route nationale 6. de l’eau en permanence. Dès qu’on Richelieu, du Gallaz et de la Villette. J’avais à peu près cinq ans et quel- essayait d’en prendre à l’aide d’une Mais derrière la maison de mes pa- quefois je m’éclipsais pour filer droit au fourchette en guise de harpon, peine rents, se trouvait également un petit terrain d’aviation jouxtant la grand- perdue, ils s’éclipsaient avant même de pont voûté en pierre de taille que les route et situé à plus d’un kilomètre et les toucher. deux fermiers voisins empruntaient demi de la maison par ce sentier. Là je Par contre, des truites il y en avait pour aller dans leurs champs. pouvais observer les quelques avions de toutes les tailles, aussi bien arc-en- Un jour d’été, une entreprise de qui stationnaient devant les hangars : ciel que mouchetées, qui se faufilaient battage voulut faire passer sa batteuse des stamps biplans, des broussards et entre les pierres et les racines des arbres. tirée par deux gros bœufs sur ce pont ; même parfois un autogire dont l’hélice On pêchait également de belles et mais voilà, n’ayant pas mesuré la se trouvait à l’avant de l’appareil et les sombres écrevisses qui nous pinçaient largeur de celui-ci, ni l’écart des roues pales au-dessus. la plante des pieds quand on leur mar- de la machine, la tentative échoua... Je restais souvent une bonne chait dessus. Pour les capturer, on se L’avant de celle-ci bascula dans le lit de heure à les contempler et les toucher. munissait d’une balance, petit filet à la rivière tandis que l’arrière restait Ne me voyant pas revenir au domicile, l’intérieur duquel on fixait des petits adossé contre un gros peuplier. Avec ma mère venait me chercher. Rouge de bouts de foie de bœuf ou de volaille ou beaucoup d’efforts et de main d’œuvre, colère, elle m’administrait une sérieuse encore de gros morceaux de vers de elle a pu être remise dans le droit correction et les yeux pleins de larmes, terre ; de temps en temps, on ressortait chemin. Plus tard, ce pont fut refait nous rentrions à la maison. la balance de l’eau et dans le fond plus large et plus solide. Au bas de Dans les années 40, je me sou- restaient prises les écrevisses. celui-ci, sur le côté aval au niveau de viens qu’on nous avait installé l’eau au Pendant l’été, quand il faisait très l’eau, il y avait une grosse pierre plate et robinet. Mon père et les voisins avaient chaud, on n’hésitait pas à faire trem- large que les femmes agenouillées la tâche de creuser la tranchée depuis la pette, à se baigner, gigoter ou jouer utilisaient comme planche à laver pour route départementale jusqu'à la mon- dans cette eau si claire. brosser et rincer leur linge. tée de l’église. Les uns piochaient, 31 Ma Ravoire Ma Ravoire si belle, Ma Ravoire sous la neige Ma Ravoire tu m’émerveilles, Du printemps à l’hiver Refrain Ravoiriennes et ravoiriens Comme chaque matin Ravoiriennes et ravoiriens Donnons-nous toujours la main Ma Ravoire si belle, Ma Ravoire en été Avec tes hirondelles, Qui n’en finissent pas de voler Ma Ravoire si belle, Pleine de souvenirs Tu as vu grandir nos enfants Et vieillir nos chers parents Ma Ravoire si belle, Entourée de montagnes Mairie - Ecole de garçons Ma Ravoire toute fleurie, Où il fait si bon vivre Ma Ravoire si belle, Avec ta belle église Qui la nuit nous illumine Et cela sans faire de bruit.

Jean et Jeanne-Antide Janvier 1995

32 tandis que les autres, la pelle à la main, sommet de la côte et à toute vitesse, on existait encore bien. J’étais toujours enlevaient la terre pour la déposer au glissait sur cette piste improvisée. Cela présent pour donner un coup de main bord de la tranchée. La conduite ins- faisait la joie de tous les gamins de la à mes deux voisins qui manquaient de tallée, la tranchée était ensuite rem- commune. bras pour les travaux pénibles, comme blayée. Au bas de la colline de l’église, faucher un champ de blé. Une Cette eau courante nous avait changé s’élevaient deux fermes : celle de personne seule ne pouvait rien faire, il entièrement la vie ; ainsi les W.C. Monsieur Léon Chabert et celle de fallait au moins cinq ou six personnes : avaient leur chasse d’eau, il n’y avait Monsieur Claudius Noiray. La une sur la faucheuse pour faire les plus besoin du seau ou de l’arrosoir première était déjà importante pour javelles (brassées de céréales coupées et qu’il fallait remplir à la pompe à bras. l’époque, on y comptait huit vaches et non liées), une pour guider les bœufs, Sur le bord gauche de la montée deux gros bœufs. L’autre plus petite les autres autour du champ, écartées du vers l’église poussaient sept ou huit n’avait que ses deux vaches et ses deux prochain tour des faucheurs. Si on mûriers assez gros qui, dans un temps bœufs. avait le temps, on pouvait lier les éloigné, avaient nourri des vers à soie. Dans un pré de la ferme Noiray, une javelles avec une poignée de paille qu’on tortillait autour de la gerbe. Leurs fruits étaient excellents à manger. source emplissait un petit creux ; son Pour les pommes de terre, c’était Pendant la dernière guerre, dans niveau était toujours égal ; l’eau était identique : une arracheuse, un gars le courant de la nuit quand nous claire et fraîche et nous la buvions avec pour guider les bœufs et les autres au dormions profondément et que le plaisir. ramassage des tubercules. Pour les tocsin depuis Chambéry nous Les cultures étaient diversifiées, les foins, également, il fallait de la main- réveillait, il fallait se lever, s’habiller en fermiers cultivaient un peu de tout : du d’œuvre, depuis la fauche de l’herbe en vitesse et sortir de la maison pour se blé, du maïs, de la vigne, de la pomme passant par le séchage jusqu’au réfugier sous ces fameux mûriers en de terre, de la betterave fourragère ramassage. attendant la fin de l’alerte. destinée à la nourriture des bovins Quand la sirène se faisait entendre à durant l’hiver. nouveau, toute la famille retournait à la Notre voisin cultivait en plus le tabac. maison, chacun rejoignant sa chambre Ce travail durait presque une année Emile Jean GAZZA pour essayer de se rendormir. depuis le semis jusqu'à la récolte, le A cette époque, les hivers étaient plus séchage, le “manoquage” (assemblage rigoureux que maintenant. La neige des feuilles de tabac en petites bottes), tombait en abondance et comme il y puis l’emballage dans les caisses avant avait très peu d’automobiles qui la livraison à la régie des tabacs. descendaient de l’église, hormis celle Depuis ces années 40 jusqu'à de l’instituteur, on en profitait pour 1997, les choses ont beaucoup changé. faire de la luge. On la halait jusqu’au Mais en ce temps-là, le bénévolat 33 B

Dans les vignes de Boëge, tout le monde s’entraidait pour vendanger.

34 Boëge Nous allons vous faire connaî- blé qu’ils portaient moudre au Il ne reste plus qu’un couple tre notre village de Boëge. moulin (pour la farine et faire leur d’agriculteurs à Boëge, cela est bien Tout d’abord, sachez que Boëge pain), le seigle, l’orge, les pommes dommage. Bde terre (tartifles). a vu ses maisons incendiées en Boëge avait un artisan menui- 1742 par une armée espagnole qui Le matin dans le bas de la rue sier, ébéniste, charpentier, charron, envahissait la Savoie, en faisant de Bel Air vers la croix au laitier qui Monsieur Claudius Blumet. beaucoup de cruautés, en pillant, faisait la “maine” ou ramassage, Des fêtes étaient organisées entre en violant et Buäge (Boëge) dépen- certains fermiers transportaient le plusieurs communes, plusieurs vil- dant de La Ravoire ne fut pas lait soit dans des seaux ou dans une lages et Boëge faisait la sienne. Tous épargné. “bringue” (bidon) portée sur le dos. les jeunes de l’époque contribuaient Notre village s’étend du passa- Il y avait la vigne et le bon vin de la aux préparations et au déroulement ge à niveau jusqu’au chemin des bonne treille, tout le monde s’en- de ces festivités avec beaucoup de Barreaux et à la rue des Carpinelles. traidait pour vendanger ; cela faisait plaisir et d’entrain. Il comprend une partie de la rue de passer un bon moment et le dur Il existait un four à pain com- Joigny, jusqu’au bassin où coule travail des vendangeurs se faisait munal qui a servi jusque dans les une eau ferrugineuse, une partie de dans la bonne humeur. Et ensuite années 30. la route de -qui était il n’y a l’alambic qui se déplaçait de village pas si longtemps la “cove”-, la rue en village arrivait à Boëge, il restait Il fut démoli vers 1970 car il de Bel Air et le haut de la rue 8 à 15 jours, chaque fermier venait menaçait de s’écrouler depuis Marcoz. faire “distiller” le marc obtenu au longtemps. Dans un passé encore récent, pressoir après les vendanges ; quand Et puis n’oublions pas de parler Boëge, jusqu’en 1970-1975 était on passait devant, il y avait toujours du lavoir où, il y a maintenant des agricole puisque sa population était, beaucoup de monde, chacun y allait décennies, les femmes du village ve- en grande partie, représentée par de son bon mot ou de la dernière naient laver leur linge, qu’elles des fermiers qui vivaient des pro- histoire à raconter. Des rires sor- amenaient posé sur une “bala- duits de leur ferme. Ils cultivaient le taient de ce groupe. deuse”. Que de choses ont dû se 35 La cour de ferme de la famille Jean Gotteland, l’attelage au bassin, à l’opposé madame rince la lessive

36 M. Claudius Blumet dans son atelier, près de la scie à ruban située à côté de la dégauchisseuse. L’entraînement de ces machines était produit par un moteur à essence dans les années 30 à 40.

Bois-Plan était sur la ligne du chemin de fer Chambéry - Montmélian, une halte qui desservait les villages alentour et l’établissement thermal de Challes-les-Eaux. Elle a raconter ces “lavandières” autour de Il est toujours gai et accueillant perdu son intérêt à la ce bassin ! Il faut dire aussi qu’il y a notre village. Nous sommes une création du tramway à quelques années, la rue de Joigny et centaine de personnes qui s’enten- vapeur Chambéry - Challes la route de Myans ne faisaient dent bien. Cette population est en 1897. Elle a servi qu’un chemin que l’on traversait constituée en grande partie des également de poste de dans un magnifique sous-bois en- descendants des fermiers, enfants, touré de prés, de marais. Il y avait petits-enfants, arrière-petits-enfants. cantonnement gardé par un beaucoup de verdure. Mais les agent (cheminot) pour la Des maisons anciennes ont été ré- vicissitudes de la vie moderne ont novées, de nouvelles constructions régulation des trains, ainsi voulu qu’une autoroute se cons- sont sorties de terre qui ont amené que pour les travaux effectués truise et avec elle de nouvelles voies, une population venant de plusieurs sur la voie. ce qui a changé le paysage. coins de Savoie et même de France. Nostalgie quand tu nous tiens... Jeanne DUMAS et Joseph BLUMET

37 L’ancien pont du Gallaz

38 Le Gallaz L’histoire du Gallaz s’écrit comme un roman dont le person- Sur le pont du Gallaz… Gnage principal se nomme Louis la route royale (rue des Belledonnes) Mandrin qui vécut de 1724 à 1755. est occupée par des jeunes gens qui, à l’aide d’une corde, dirigent la chute Selon Amélie Gex, poétesse et d’un arbre abattu, en contrebas, au historienne, le célèbre capitaine de bord de la Mère (1944). contrebandiers, poursuivi par les La photo de la route a été prise dans douaniers et les maréchaussées du le sens La Ravoire-Chambéry. Dauphiné et de Savoie, se serait dans son unique arche, une petite La ferme du Gallaz, caché plusieurs fois à La Ravoire, se excavation, cachette bien connue vue du pont en 1948 réfugiant au Gallaz où il aurait eu des contrebandiers. La tradition une idylle avec “la dame aux grands rapporte même, à ce sujet, qu’il talons”, comme l’appelaient les existait autrefois une communica- habitants de la localité. tion souterraine entre le pont du Gabriel Pérouse, archiviste en Gallaz et une maison voisine qui chef de la Savoie reprend dans son aurait servi d’asile à Mandrin et à sa ouvrage “Les environs de Cham- bande. béry”, le récit d’Amélie Gex en La ferme du Gallaz qui était décrivant les lieux. située au bord de la Mère, rive Franchissant, par une étroite gauche, en aval du pont, a appar- voie, le ruisseau “la Mère”, le pont tenu au marquis d’, maître- de pierre (sur la route royale reliant auditeur à des comptes Chambéry à Challes-les-Eaux, au château de Chambéry. Sa fille, aujourd’hui, rue des Belledonnes) Françoise Vulliet de la Saunière situé au lieu-dit “L’Esgalla” (déno- avait épousé en 1716, Louis de mination la plus ancienne, qui Mareste, baron de Champrovent, deviendra “le Gallaz”), comportait, issu d’une vieille famille de 39 Construction du lotissement du Gallaz. A gauche sur la photo : la rue Henry Bordeaux. Au centre : la rue Claude de Buttet. A droite, au fond : l’avenue de la Liberté. Au premier plan : le chantier de la maison Zanone, avenue de Maistre.

40 seigneurs du Petit Bugey, qui possé- dait aussi une maison à La Ravoire (en amont du pont du Gallaz). La ferme du Gallaz est deve- nue, par la suite, la propriété de la famille Gotteland (décès de José- phine Gotteland le 12 février 1952).

La famille Rossi y habitera à partir de 1937, rénovant et aména- geant cette bâtisse qui ne servait plus que d’abri pour les vaches l’été. Le pré du Gallaz et la ferme (photo prise du fond de la propriété) Le jardin bénéficiait d’un système d’irrigation alimenté par l’eau de la Mère. Les fenêtres s’ouvraient sur dont les travaux de terrassement L’ancien pont du Gallaz fut un grand pré que délimitaient la débuteront en 1963 permettant la démoli et remplacé, en 1971, par rue des Belledonnes (à l’est), une construction, sur le pré de 11 l’ouvrage actuel. zone marécageuse (au sud), des hectares, de 88 villas. (Une des rues taillis (à l’ouest) et la Mère (au porte le nom d’Amélie Gex...). nord). Olga CHABERT et Marc CHAUVIN Pendant la deuxième guerre Le temps était rythmé par le mondiale, les Ravoiriens ont em- travail des champs marqué par prunté les chemins chers à Mandrin l’entraide, les repas partagés, les pour accéder à la “blache du Gallaz” veillées et les chansons, la pêche aux qui leur fournissait la tourbe dont écrevisses, la lessive au ruisseau, la ils avaient besoin pour se chauffer procession de la Fête-Dieu... (secteur où se trouvent aujourd’hui La ferme, devenue propriété de les courts de tennis mis en service, M. Rullier, sera rasée lors de la pour les premiers de ces équipe- réalisation du lotissement du Gallaz ments sportifs, en 1982). 41 La Villette - Vue générale

42 La Villette La Villette le Bas VS’il est un hameau de la urbaine, par extension du même zone tempérée et humide. D’ailleurs, commune de La Ravoire qui a mot qui désigna primitivement une on peut encore en observer sur les gardé un air champêtre, c’est bien propriété agricole. bords du ruisseau dit du “bois noir”, celui de la Villette et en particulier Agricole, la Villette le Bas l’est à la partie la plus basse de ces terres. la partie basse. Celle-ci, limitée par restée en grande partie, couverte de la rue Jean-Jacques Rousseau au vignes, de prés, de bois et de Les terres de Nequidé ou nord, l’Albanne à l’est, le chemin de bosquets et de champs toujours Nequidex font suite à la Pioulaz en Néquidé au sud et le chemin de la cultivés. Dans son espace, seules nous dirigeant vers le sud. Elles Folatière à l’ouest, descend en pente deux zones industrielles ont installé présentent une succession de prés, douce du nord-ouest vers le sud-est leurs ateliers : Z.I. de l’Albanne et de bois, de champs et se terminent rejoignant ainsi le fond de la petite de la Villette. Leur implantation à par une brusque chute dans des plaine où coule l’Albanne. la limite ouest du quartier n’a pas marais dominés par une maison dépareillé l’aspect campagne de Dans cet espace ainsi délimité forte et bordés par le chemin de cette petite colline. chantent des noms de lieux comme Nequidé qui reliait St-Baldoph à la Piulaz, Nequidé ou encore la tour Chambéry par La Ravoire en Villette. Quelques lieux-dits remarqua- passant par le village de Boëge. bles peuvent retenir notre attention : Ecoutons Gabriel Pérouse nous Les premières manifestations dire ce qu’il découvrit en 1920… d’habitation de ce domaine remon- La Piulaz ou la Pioulaz, étendue “…la maison forte de Nequidex teraient à la période gallo-romaine de prés avec ses quelques maisons surveillait cet accès de Chambéry comme le prouverait le “mobilier surplombant la route d’Apremont. dans une belle vue qui s’étend funéraire” d’une tombe mise au Ce terme de “Pioulaz” viendrait du jusqu’aux Marches. Il en restait jour au cours de travaux sur franco-provençal, “Pioula”, qui est encore une partie croulante, sans toit, l’Albanne. Le nom de Villette un des noms du peuplier. En patois dont bien des détails attestaient une semblerait justifier également la savoyard, le peuplier se dit “peubla”. bonne construction du XVème : porte à suite de l’occupation de ces lieux, Les terrains de la Pioulaz seraient biseaux, baie avec accolade, fenêtres à en particulier à leur partie haute, donc propices à la culture du meneaux, four et puits à large par une “villa”, agglomération peuplier qui grandit facilement en margelle de pierre, …Quand Georges 43 Institution Notre Dame de la Villette La grande cour

44 Aynaud, écuyer, en 1563, était Pioulaz. Le collège, dans son état Villette. Elle relie les confins de seigneur de Nequidex, il avait avec actuel, est l’aboutissement d’une à la route d’Apremont. force dettes, tout un petit domaine longue histoire de bâtisseurs qui Jean-Jacques Rousseau séjour- dans le vallon …Mais déjà la vieille débute en 1875 quand le chanoine na entre 1736 et 1739 aux Char- maison forte avait probablement per- Camille Costa de Beauregard achète mettes. On peut l’imaginer, au du son toit et l’on en avait construit la propriété de Monsieur Eugène cours des plus belles années de sa une autre, un peu plus bas, d’accès Mourier pour y installer ses grands vie, comme il l’écrit lui-même, se plus commode, là où nous la voyons orphelins dans le but de leur faire promenant sur ce petit chemin sur sa terrasse, avec sa tour et l’appa- apprendre les métiers de la terre. ombragé, rêvant et pensant à son rence simple et solide qu’on lui donna On trouve, daté de 1567, le bonheur du moment. Le progrès au XVIIème siècle, quand elle appar- testament de noble Pillet qui venant jusque-là, il a fallu en faire tint aux Favier, magistrats de évoque des biens “au lieu Villette” une route maintenant bordée de Chambéry…” et en particulier “la possession de la maisons. tour Villette”. L’évolution historique Mais, sur la Villette le Bas, on Le “bois noir”, nous le lon- de ce lieu mériterait à elle seule de se prend à espérer que le progrès ne geons, à distance, en remontant à nombreuses pages. Relevons seule- fera pas disparaître cet espace de l’ouest de la maison forte pour ment quelques noms qui y sont vraie campagne où, au détour du rejoindre le chemin de la Folatière, attachés en raison des différentes collège, on peut découvrir le sentier variante de la très ancienne route de ventes qui se sont succédées au du bois noir qui permet à tout un Chambéry à Grenoble. En chemin cours des temps : Peytavin, Vallet, chacun de venir respirer le grand nous aurons croisé, au lieu-dit “chez Céline de Boigne, Caffe, Genoud, air. Grand”, une ferme installée sur Chappot, Bétemps, Python… l’emplacement de l’ancienne mai- Marc SENELLART son forte et dont la maison d’habi- Nous achèverons le tour de la tation aurait été construite avec les Villette le Bas en rejoignant le rue pierres restantes des ruines. Le “bois Jean-Jacques Rousseau, soit directe- noir” se situe au sud de ce qui est ment du collège en descendant son actuellement le domaine du collège avenue, soit en remontant au nord de la Villette. Il est traversé par le retrouver le chemin de la Folatière ruisseau du même nom dont nous en passant derrière le collège. La avons parlé plus haut et qui se jette première appellation de cette rue dans l’Albanne, en contrebas de la fut : chemin communal de la 45 Château de Montlevin La Villette Vue superbe sur la Vallée et les Alpes - Alt. 350 m. - 2 km 200 de Chambéry - J. Vuillerme, Propriétaire La Villette Le Haut Villette VAux confins de la commune, Jean-François de Bellegarde. Les L’activité du quartier de Villette jouxtant Barberaz et Saint- enfants de ce dernier le vendirent à était essentiellement agricole et les Baldoph, le quartier de la Villette Jean-Louis Millet, marquis de fermiers vivaient au rythme des est sûrement un des plus anciens de Challes. saisons et des travaux des champs. La Ravoire. Sa situation sur la Parmi les familles ayant Mais le problème de l’eau com- colline, hors des marécages de la possédé “une campagne” à Villette, pliquait la vie de tous. plaine, en avait fait le lieu de on trouve les noms de Laracine, résidence secondaire de certains Peytavin, Tissot ou Caffe. Alors, on a creusé des puits, qui magistrats et bourgeois chambériens. existent encore, dans les caves de Ceux-ci appelaient ces résidences Une de ces maisons que l’on plusieurs maisons ; on a mis en place “ma campagne”. C’est d’ailleurs ce désigne parfois sous le vocable de des “citernes”, réservoirs qui recueil- que signifie le nom Villette : défini- “Château de Montlevin” date de la ème laient l’eau de la pluie ; certains ont tion donnée par Monsieur Adolphe fin du XVIII ; son architecture est fait appel au “sourcier” et ont eu la Gros dans son dictionnaire étymo- le type de la Maison Sarde de cette chance de capter une source sur leur logique des noms de lieux de la époque, rappelant celle toute pro- propriété ; un fermier astucieux a Savoie ; “Villette est un diminutif de che des Charmettes, qu’occupèrent imaginé tout un circuit de canalisa- un temps Madame de Warens et villa qui désignait primitivement un tions privées amenant, jusque chez Jean-Jacques Rousseau. Autrefois, le centre agricole”. En effet, “Ces campa- lui, l’eau d’une source surgissant loin mur de cette propriété qui longeait gnes”, détenues par de riches familles, en amont de sa maison. le chemin de la Folatière abritait un possédaient des fermes, souvent à petit oratoire avec une statue de la Mais tous n’avaient pas la bail à cens. Les fermiers fournissaient Vierge portant l’inscription “Chres- chance d’avoir cette eau si précieuse aux propriétaires le vin et les légu- tiens fidèles qui passez ici, priez pour pour les soins domestiques et le mes, fruits, œufs, volailles et viandes les âmes oubliées du purgatoire - bétail. C’est le cas d’un hameau de de porc qui leur étaient nécessaires. 1805”. Ce chemin de la Folatière, Villette, composé de 12 feux, donc Historiquement ce hameau de peu connu de nos jours par les Ra- de 40 à 45 habitants. On lit cet Villette avait fait partie du fief du voiriens, était une route fréquem- extrait d’une lettre, datée de 1876, seigneur de Chanas, puis en 1662 ment empruntée par les pèlerins se de Monsieur Collomb à Monsieur de celui du seigneur des Marches, rendant au sanctuaire de Myans. le Maire de La Ravoire : “Pour faire 47 Vestige du bassin-lavoir de la Villette

48 face à leurs besoins, ces gens n’ont que nomie un établissement renommé. le produit de quelques suintements De nombreuses personnalités y d’eau, souvent taris, recueillis soit dans séjournèrent : notamment Danièle un petit réservoir appartenant à Darrieux, Louis Jouvet, Michèle Monsieur Carron, soit dans une Morgan, Gérard Oury, ou encore, excavation située à une centaine de Roger Frison-Roche. Noces, mètres au-dessus des habitations”. banquets et parties de boules s’y De 1826 à la fin du XIXème siècle on succédèrent. Une interview de assiste à une succession de deman- Mesdames Joséphine et Victorine des auprès du Conseil Municipal Gotteland, parue dans le cahier de ou du Conseil Général pour l’éta- “Connaissance de La Ravoire” de blissement d’une fontaine publique 1991, nous a déjà retracé avec force au hameau de Villette. Celle-ci détails l’histoire de ce restaurant. verra enfin le jour et fonctionnera Enfin n’oublions pas que le jusque dans les années 1950. fondateur de cet établissement Actuellement il n’en reste qu’un devint une personnalité de la bassin sans eau que les ronces et les commune ; il en fut le Maire de mauvaises herbes colonisent. 1900 à 1908 et mourut en cours de Zone rurale, la Villette était mandat. aussi voie de passage. On passait par Un autre Ravoirien fut célèbre la Villette pour aller de Chambéry à à la Villette. C’était Monsieur Saint-Baldoph, Apremont, Les Albert Carle. Marches. Ces trajets faits à pied, à Il avait voué une partie de sa cheval, ou en chariot étaient relati- vie à la musique. C’était un compo- vement longs et on était heureux de siteur admis dès 1945 à la société pouvoir se rafraîchir le long du des auteurs compositeurs et édi- chemin. C’est pourquoi Jean teurs de musique. Organiste de la Gotteland décida d’établir en 1869 cathédrale de 1931 à 1945, flûtiste un café restaurant sur l’itinéraire. de l’harmonie municipale de Cette ancienne magnanerie devint Chambéry, il fut surtout connu très vite par sa convivialité, son comme chef d’orchestre du cercle calme et la réputation de sa gastro- musical. En 1960, lors des fêtes du 49 50 centenaire du rattachement de la hésitent parfois à traverser la route Savoie à la France, il avait assuré la départementale, l’autoroute et la composition, l’orchestration et la voie ferrée qui les séparent du cen- direction musicale de la revue tre de la commune pour participer “Chambéry ... siècle”, une revue en à la vie de celle-ci. Ravoiriens à part deux actes et douze tableaux qui eut entière, ils espèrent, longtemps un immense succès. encore, jouir de leur agreste coteau Qu’en est-il aujourd’hui de ce préservé d’une urbanisation exces- Haut Villette ? sive. Ici comme ailleurs, l’urbanisa- Denise HAULOTTE tion gagne du terrain. Chaque année voit la construc- tion de plusieurs villas avec pour corollaire une circulation de plus en plus dense à certaines heures de la journée sur la route qui mène à Saint-Baldoph. En contrepartie, une ligne de bus urbain dessert régulièrement ce quartier. Toutefois, cette partie de la commune conserve un certain caractère rural ; on y voit encore des vaches et des chevaux au pâturage ; on y vient en famille tout au long de l’année pour se promener, admi- rer la chaîne de Belledonnes, cueillir des fleurs sauvages ou ramasser des châtaignes dans les bois. Les habitants de Villette sont très heureux sur leur colline et ils 51 La Peysse, lieu-dit situé à la fois sur les deux communes de Barberaz et de La Ravoire

52 LaETYMOLOGIE PeysseDESCRIPTIF et HISTORIQUE Nom qu’on écrit variablement Peysse, Paysse, Pesse ou Paisse. Nous commençons notre promenade (côté Barberaz) à partir Il provient de “Picéa” en latin, “Pinus”, pin qui produit la poix ; de la barrière du “chemin de fer Lce mot ayant été déformé par la suite en “épicéa”. Victor Emmanuel” construit en 1840, pour la terminer “pont de l’Aragon”, pont qui enjambe l’Albanne et la barrière, au pied de la Villette. Cette voie urbaine s’appelait “chemin” d’Apremont à Chambéry (classée comme chemin vicinal n° 1 à grande communication) car la route d’Apremont qui va de la Villette au rond-point de Barberaz, n’a existé qu’à partir de 1908. Toute la circulation se faisait par la Peysse, ce qui explique le nombre de commerces et en particulier de cafés le long de ce chemin n° 1. La diligence de Chambéry- Apremont emmenant courriers et voyageurs passait au milieu de la Peysse jusqu’au début du siècle. Limite Barberaz / La Peysse (Monsieur Jean Lapierre, dit Patte d’oie, rue Royale / chemin d’Apremont (chemin vicinal n°1) “Taboret” assura ce service hippo- mobile qui fut ensuite repris par les cars Planche). 53 Epicerie et café Messange

54 SUR LE COTE DROIT Toutes ces fermes se situaient Aujourd’hui se trouve un vendeur DU CHEMIN entre la voie ferrée et le chemin n° 1. réparateur de motos. Les unes sont devenues de nos jours Attenants à la ferme Echallier, Nous trouvons l’usine de la les fermes Bouvard, Lapierre, Barlet, les commerçants suivants s’y sont Peysse : Société de construction les autres ont entièrement disparu installés : mécanique de la Savoie, fondée en (emprise de la Voie Rapide Urbaine 1900 à par Monsieur et constructions nouvelles). En 1890, Monsieur Antoine Noiray Falcon, puis installée depuis 1906 à tenait une auberge qui s’est agrandie Barberaz, à la Peysse. Dans les parcelles de François d’une épicerie tenue d’abord par Lapierre en 1881 se trouvait une Madame Machetto, puis par Cette usine employait de la “carrière”, lieu où avaient été extraits Monsieur et Madame Pachoud main-d’œuvre ravoirienne. Une ving- les matériaux pour la construction dans les années 1945, ensuite par taine de personnes y a travaillé. de la voie ferrée en 1840. Monsieur et Madame Rey et enfin L’entreprise fut ensuite rachetée Cette carrière s’est transformée par les derniers commerçants, par la Société Braillon. Elle démé- ensuite en jardin potager, disparu Monsieur et Madame Messange. nage de Barberaz pour s’installer à aujourd’hui sous la V.R.U. Montmélian en 1972. A proximité de la “ferme En face sur la gauche, nous Bouvard” en limite de la commune SUR LE COTE GAUCHE avons la maison bourgeoise de Mon- de Barberaz, le chemin n° 1 se parta- DU CHEMIN sieur Laurent Maréchal, président à geait en deux pour former une Un îlot immobilier d’habita- la Cour Impériale, à qui appartenait “patte d’oie” (actuellement entre la tions, de commerces et d’artisanat toute une partie des terrains de la rue des Belledonnes et la rue de la (une boulangerie : M. Dupuis, un Peysse, notamment les fermes République). café restaurant : M. Dussuel, trois Lapierre et Joland (depuis 1881), ateliers de charrons : MM. Dussuel, Dans cette patte d’oie, un Gotteland et Jacuelin (depuis Jacquelin et Dupuis, une ferme : entrepôt a servi à différents usages 1882). Tony Jacquelin, un horticulteur : depuis 1867, date à laquelle Mon- M. Benoit) pour se terminer par le Seule la ferme attenant à l’usine sieur Louis Berlioz fit construire son café épicerie bar tabac (Madelon) en de la Peysse se situait sur la com- atelier de charron. Puis s’installèrent mune de Barberaz et appartenait à par la suite un dépôt de charbon et arrivant à la deuxième barrière de M. Echallier, avoué à Thonon-les- un atelier de mécanique générale chemin de fer de la Villette. Bains. (Ets Floret et Hardy Pollet). 55 1 café restaurant avec salle de danse et piano mécanique tenu par M. Jean Lapierre “Taboret” avec Henriette et Euphrasine (ses deux soeurs). 1 café avec épicerie et recette buraliste tenus par M. Madelon. 1 atelier de charron Dussuel et ensuite carrosserie Besson. 1 atelier de charron Elie Jacquelin en 1889 puis carrosserie depuis Euphrasine Lapierre, 1919 (1ère en Savoie) repris par distribution de lait au détail aux particuliers, dans une rue de Chambéry (1915) M. Brutche puis le garage Delorme. 1 lavandière Mme Perrin (dans la LISTE DES maison Barlet) qui lavait le linge à COMMERCANTS DE LA la fontaine et le livrait jusqu'à PEYSSE Chambéry avec sa baladeuse. 1 horticulteur maraîcher 1 épicerie avec café et jeux de M. Benoît également avec sa boules baladeuse partait vendre sa tenus par Mme Machetto, M. et marchandise au marché de Mme Pachoud, M. Rey et M. et Chambéry, pour la fête des mères. Mme Messange. C’était le rendez-vous des enfants 1 boulangerie dans les serres de M. Benoît. tenue par M. Dupuis et par M. et 1 marchand de vêtements de Mme Denat depuis 1920. travail et de sous-vêtements M. Basile Ricardo, dit “le 1 café restaurant avec jeux de marchand” (émigré italien) prenait boules et tabac place au marché du samedi sur les tenus par Mme Dussuel. boulevards à Chambéry. 56 1 cordonnier M. Moyon qui réparait les chaussures mais surtout les galoches. 1 professeur de piano et de français Mlle Verdeille (Maison Dupuis). 1 étameur de casseroles, bidons à lait, plombier M. Taglianut, travaillait également à l’usine de la Peysse. 1 charpentier menuisier charron M. Dupuis. Cuisinière et serveuses lors d’un banquet au restaurant Dussuel 1 charpentier M. Dupuis, à La Ravoire depuis 1894 (achat de son terrain à M. Vachaud de Yenne). MM. Jean Lapierre “Taboret” et vers 10 ou 11 heures du soir, car il 1 charpentier M. Pache de 1946 à Eugène Lapierre. venait d’assez loin et ce qu’il vendait 1965. MM. François Guerraz, Cochet et n’était pas tout à fait légal. Je crois 1 transporteur, agriculteur à Routens. bien qu’il avait des plantes pour temps partiel M. Barlet depuis Le laitier passait tous les matins fabriquer du pastis ou autre apéritif 1914 avec chevaux et camion pour le ramassage du lait ou pour et digestif ! (années 1930 à 1962). vendre ses produits aux particuliers. Nous avions aussi, à la Peysse, Si le quartier de la Peysse était 2 marchands ambulants pas- notre “Benoît le Borgne” dit le le centre commercial de La Ravoire, saient régulièrement dans le village : Comte de Boigne, M. Didier, qui il était aussi très agricole. On y La mercière avec sa charrette et un passa sa vie en Indochine et revenait dénombrait 8 fermes avec culture marchand de bonbons avec son de temps à autre dans sa maison de de la vigne, du blé, du maïs, des triporteur (peut-être avait-il autre la Peysse (à côté de M. Dussuel). pommes de terre, du tabac, avec chose, mais je ne me souviens que élevage et production laitière. des bonbons !). Josette COLLY M. Bouvard Claudius (Barberaz). Et puis il y avait “Monsieur MM. Tony Jacquelin et Louis l’herboriste”. Il passait tous les 6 Jacquelin. mois environ, frappait à la porte 57 Café Lapierre (1910 environ)

SOUVENIR D’UNE Avant et pendant la guerre 39 - ENTREPRISE DU 45, Monsieur Jean Lapierre dit QUARTIER “Taboret” avec son neveu Joseph Barlet assuraient l’enlèvement des ordures de la ville de Chambéry ainsi que l’approvisionnement des chevaux et le nettoiement des casernes (Barbot, Curial et Joppet). Une dizaine de véhicules traînés par des chevaux étaient nécessaires pour cette entreprise qui employait des ouvriers et cochers, dont la plupart 58 Aujourd’hui

étaient occasionnels, et se présen- terres cultivables tandis que le animaux avec des vices cachés et taient déjà comme des S.D.F. (ces fumier de cheval était souvent pour les revendre, il fallait préparer ouvriers étaient logés et nourris en transporté en gare de Chambéry et la réplique en cas de reproches des famille). réexpédié sur wagons pour être futurs acquéreurs. La Ravoire et les Communes vendu à des champignonnières. D’où les histoires drôles de environnantes ne connaissaient pas Jean Lapierre était le “P.D.G.” “Taboret” qui ont fait le tour du encore le ramassage des ordures de l’entreprise et était très connu département et même d’ailleurs et mais au contraire, elles servaient de également comme négociant en qui, aujourd’hui, font toujours rire “terrain d’épandage”. Les ordures tous genres, mais surtout en tant quand elles sont racontées par ceux (comprenant principalement des que marchand de chevaux. qui l’ont bien connu. cendres de bois ou de charbon) Malgré ses connaissances en la Jean BARLET étaient appréciées pour alléger les matière, il lui arrivait d’acheter des 59 Salle des fêtes côté ouest Enfants prêts à partir pour un tour de la Commune, un jour de mardi gras (1948)

60 La Salle des Fêtes Salle des fêtes côté sud SLe local construit en 1932 par Des goûters étaient organisés Monsieur Jean Lapierre, en vue de pour les enfants avec des spectacles de stocker du matériel sportif (jeux qui Guignol, des séances de cinéma avec ont eu lieu à Chambéry), a été utilisé, projecteur 16 mm (1er film : le roi du de 1941 à 1945, pour différents sport avec Rellys) ; puis les projections usages : remise agricole (chariot, fau- furent assurées par un “tourneur” cheuses, etc.). Au début de la guerre, ambulant. pendant la mobilisation, les appelés y Des assemblées d’associations, des couchaient (sur la paille) en attendant concours de belote du sou des écoles, leur affectation. beaucoup de repas de mariage eurent lieu dans cette salle, ainsi que du 1945 aux années 1970 il fut théâtre joué par les anciens prisonniers utilisé comme salle des fêtes, prise en dominicains. charge par un comité des fêtes dont le président était Monsieur André Ensuite la salle fut louée au Foyer Richard. Avec le concours de bénévoles des Jeunes et d’Education Populaire on a commencé à badigeonner les (F.J.E.P.) sous la présidence de murs et le plafond ; Monsieur Jacque- Monsieur Robert Dalban et de lin fabriqua des bancs pour le tour de Monsieur Célestin Jacob. la salle, une buvette fut installée. Avec la construction de nouvelles Chaque société de la Commune salles dans la commune, cette salle des organisait des bals à la fréquence d’un fêtes fut abandonnée. par mois. Le 26 décembre, jour de la Saint Etienne, patron de la Commune, Monsieur Marius Berlioz organisait le Marius BERLIOZ bal de la “vogue”. Entre-temps, il y avait des pièces de théâtre dont Monsieur Jean Blanc était un des principaux acteurs. 61 1944, le véhicule est équipé d’un gazogène L’histoire d’un vieux camion Lretrouvé à la Peysse “Un transport pas comme les autres, en 1944.” L’embuscade sur Un jour de mai 1944, le assis dans la cabine. Une douzaine propriétaire du camion (Joseph de soldats armés sont assis à l’arrière le pont Mollard Barlet) ainsi que d’autres transpor- sur des bancs. à Montmélian. teurs des environs sont réqui- sitionnés avec leurs véhicules par Une mitrailleuse est installée l’armée allemande. sur le toit de la cabine entre les sacs de bois qui servent à alimenter le Un convoi est formé rue de la gazogène. Le convoi arrive jusqu’à République à Chambéry, à destina- Montmélian et à la sortie du “pont tion de Grenoble par la rive gauche Mollard” (sur la Commune de de l’Isère. Sainte-Hélène-du-Lac), plusieurs Au “carrefour de la Trousse”, rafales sont tirées par les résistants et un motocycliste double le convoi et font stopper le convoi. lance un coup d’œil discret vers les camions. Les chauffeurs présument L’officier allemand mortellement qu’il s’agit d’un agent de renseigne- blessé s’écroule sur son siège et tom- ments de la résistance et compren- be sur le côté droit du camion. (Les nent qu’une embuscade pourrait balles transpercent la cabine et bien avoir lieu quelque part. blessent un soldat assis à l’arrière).

Joseph Barlet avec son véhicule Joseph Barlet saute du côté équipé d’un gazogène (voir photo) gauche et se met à l’abri sous le est placé en tête du convoi sous la “pont Mollard”, en attendant la fin surveillance d’un officier allemand de la fusillade. 63 LIEU DE L’EMBUSCADE Les allemands affolés et furieux Trois cyclistes de passage ont été se lancent à travers les bois et les témoins de l’embuscade, deux se sont champs à la poursuite des maqui- fait connaître lors de l’exposition sards et tirent de partout. “Connaissance de La Ravoire” en 1997 : Les allemands reviennent un • l’un d’eux avait été arrêté par les peu plus tard avec plusieurs civils en allemands puis relâché, otage dont un jeune cycliste de pas- sage en possession d’un revolver… • l’autre avait poursuivi sa route en appuyant plus fort sur les pédales, Un des camions suivants, qui • quant au troisième qui était armé n’a pas été “touché”, ramènera à du revolver, il avait été arrêté sans Chambéry les otages, les morts et ménagement et n’a toujours pas été les blessés allemands, ainsi que le retrouvé. Ford “en remorque” avec son conducteur miraculeusement in- demne. Agés de sept ans, à l’époque, nous nous souviendrons toujours du retour du camion ensanglanté et hors d’usage.

Josette COLLY et Jean BARLET

Le pont Mollard n’existe plus, il a été emporté par la crue de l’Isère en 1981. 65 L’Echaud se situe sur la partie sud de la colline de La Trousse, 346 mètres, un verrou de calcaire que l’érosion glaciaire a façonné dans la cluse de Chambéry.

Chemin des Barrotières Montée vers l’Echaud par le Bas-Mollard ETYMOLOGIE D’après le dictionnaire étymologiquel’EchaudHameau de l’Echaud des noms de lieux de la Savoie de l’historien Adolphe Gros, chanoineL : Chaux provient du mot préromain “Calmis” qui signifie : la prairie ou l’Alpe. C’est donc tout simplement “le pâturage”, ce qui correspond bien à l’aspect actuel de ce lieu-dit de La Ravoire. Au cours du temps, la phonétique de l’Echaud a été traduite et transformée sous différentes orthographes : Leschaux, Léchaux, Leschaud, Léchaud. On relève : • Dans l’ouvrage “Chambéry à la fin du XIVème siècle” : “En 1430, les possessions rurales des Sur la levée cadastrale de La Le Clos Saint Antoine citadins de Chambéry concernent Ravoire de 1862, section B, dite de Le couvent de Saint Antoine à surtout des vignes. l’église (plan napoléonien) à Chambéry était une commanderie Le juge-mage de Savoie Guigues de l’Echaud figurent dix bâtisses et de l’ordre. Demoiselle Antoinette Leschaux et noble Pierre Grange trois clos avec chacun un cellier, Roux, femme de noble de Lurieux, sont possessionés à Leschaux.” témoins de la présence de la vigne lui légua dans les années 1400 des sur le coteau. • Dans le dictionnaire possessions à Bissy et à La Ravoire : topographique du département de la “Le Clos Saint Antoine”. Savoie par J.J. Vernier de 1896, Historique du clos Saint Antoine page 785 : “Léchaulx, Commune de et du clos Saint François Le Clos Saint François La Ravoire.” (extraits de l’ouvrage de Timoléon Le couvent de Saint François Chapperon “Chambéry à la fin du de Chambéry possédait diverses XIVème siècle”). propriétés. 67 8 Noble Guigon de Leschaux et 7 nobles Amé et Pierre, les fils, lui 6 léguèrent la vigne de Leschaux qui fut délivrée à la communauté le 4 10 juillet 1493 par noble Jean de 9 Leschaux, bourgeois de Chambéry : 11 “Le Clos Saint-François”. 5 Le petit Clos de l’Echaud Dans les archives sardes une délibération datant d’août 1844 pro- cède à la nomination de Monsieur Noël Cochet comme garde-vignes 4 pour le mas de Lechaud.

3 D’après le professeur André 2 1 Palluel-Guillard (Histoire des Communes Savoyardes), “La Ravoire ne commence à être vrai- L’ECHAUD ment connue qu’à partir du XVIIème Hier, d’après la levée cadastrale de La Ravoire de 1862 siècle. Jusqu’alors on ne s’intéressait Section B - dite de l’Eglise (plan napoléonien) à ce lieu que pour la route qui, par 1 - Propriété Boulanger la Madeleine et la Peysse, drainait 2 - Propriété Dumas (ancienne poste) 3 - Cellier du Clos Saint Antoine, détruit pour l’élargissement de la rue l’importante circulation de Cham- des Belledonnes béry vers Challes, et de là vers 4 - Propriété Michellier Montmélian et la Maurienne”. 5 - Propriété Mareschal Ce n’est qu’au XIXème siècle, 6 - Propriété Chevalier, aujourd’hui en ruine sous le roi Charles Albert (1831- 7 - Propriété Arnaud et Pouillard, ancienne maison bourgeoise Tissot 1849) que la route quitta les co- 8 - Propriété Sertino, ancienne ferme de la maison bourgeoise teaux dont l’Echaud, pour suivre 9 - Propriété Albert-Amat 10 - Propriété Louis, ancien cellier du Clos Saint François plus commodément la plaine, par la 11 - Cellier détruit en 1994 route dite royale. 68 21

20 On peut penser, et plusieurs historiens l’ont prétendu, que l’an- cienne route traversant l’Echaud, 16 19 avait été construite sur l’emplace- 17 ment de la partie de l’ancienne voie romaine qui rejoignait la colline de 18 l’église de La Ravoire où on a trouvé des vestiges de l’époque gallo- 15 romaine.

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13 L’historien Gabriel Pérouse, dans un ouvrage, commente un déplacement effectué à la fin du siè- 22 12 cle dernier : des voyageurs venant de Chambéry et se dirigeant vers Montmélian par la route royale (rue L’ECHAUD des Belledonnes), à leur passage, Aujourd’hui, d’après le plan cadastral de La Ravoire - Edition 1989 découvrent l’Echaud. Il est men- 12 - Ancienne habitation Théoleyre, détruite pour l’élargissement de la rue des tionné : Belledonnes “En arrivant de Barberaz, la route 13 - Ancien atelier Théoleyre, détruit en 1992 royale entre sur la Commune de La 14 - Ancien cellier, aujourd’hui en ruine 15 - Propriété Muller Ravoire en montant doucement, et 16 - Hameau de l’Echaud, quatre maisons d’habitation construites dans les présentait là, paraît-il, encore en années 1930 1749 un mauvais passage où les 17 - Propriété Tavet, ancien cellier aspérités du rocher la rendaient 18 - Propriété Cochet, ancien cellier presque impraticable aux voitures.” 19 - Ferme Dunant On y traverse le quartier de la 20 - Ferme Novel Peysse dont presque aucune des 21 - Etang en période de pluie 22 - Lotissement des Belledonnes maisons ne figurent au cadastre de Parcelles de vignes existantes aujourd’hui 1738. 69 L’Echaud, mars 1999, rue de la croix de l’Echaud Vigne

70 Cependant, d’après les archives, on A la page 181 est commenté le Poursuivant son voyage sur la peut penser qu’à cette époque, il supplice d’un condamné à mort : route royale, l’historien mentionne existait déjà une bâtisse appartenant “Pierre de Combiou, le qu’au bout de la montée, un petit au conseil de charité de la ville de meurtrier de Rodolphe de Chissé, chemin (aujourd’hui rue de la croix Chambéry, comprenant pièces d’ha- archevêque de Tarentaise, était “tué de l’Echaud) mène à une maison qui bitation, mais surtout une grande pendant 7 jours” avec des détails de a été modernisée et qui appartint à cuisine voûtée, creusée dans la colline circonstance effroyables. Le supplice Charles-François Anselme, Comte de et deux caves également voûtées, commença le 15 juin 1387. En ce Montjoie, dont la famille était creusées dans la roche du coteau où temps-là, les exécutions capitales pour récemment anoblie quand il é- étaient travaillées et conservées les Chambéry avaient lieu à Leschaux, pousa, en 1735, Thérèse Millet vendanges. sur le monticule qui se trouve à d’Arvillard (actuellement propriété Cette propriété a été acquise le 9 mai gauche de l’ancienne route de Michellier). 1860 par Laurent Mareschal, qui en Montmélian à1/4 de lieue de Cham- Si on continue sur ce chemin, 1837 était sénateur, au Sénat de béry, vis-à-vis du lieu appelé la Peysse. deux cents mètres plus haut à gauche, Chambéry. Il possédait des vignes à Le condamné y fut conduit sur se trouve une bâtisse ancienne ac- La Ravoire et à Apremont. une voiture. Arrivé là, on le fit quise en 1896 par Monsieur La route monte au bord du co- monter sur un échafaud et on lui Benjamin Muller, né en 1856, et qui teau de Leschaux, où les condamnés coupa la main droite. Le 19, on le a accompli sa carrière en Egypte de à mort étaient conduits de Cham- reconduisit de la même manière et on 1874 à 1913. Il était délégué par le béry, dit-on, pour y subir leur sen- lui coupa la main gauche. Enfin, le gouvernement français pour admi- tence, au Moyen-Age, quand le 22, on le mena pour la troisième fois nistrer les biens et domaines de Verney n’était pas encore devenu le au même lieu, en le tenaillant l’Etat français en Egypte. Le Khédive lieu habituel des exécutions. pendant le trajet (cette opération ne (vice-roi d’Egypte) a honoré Mon- En se référant encore à consomma pas moins de deux sacs de sieur Muller en l’élevant à la dignité l’ouvrage “Chambéry à la fin du charbon). On lui fit boire du vin et de Pacha. Monsieur Muller se retire XIVème siècle”, on peut lire : on le pendit. Puis le bourreau coupa dans sa résidence à l’Echaud, où il “…la ville de Chambéry avait son corps en quatre quartiers qu’on décède en 1919. Longtemps cette ses fourches patibulaires (gibets) à envoya en quatre villes différentes bâtisse fut appelée “la maison Leschaux, au-dessus de la route. Le pour y être exposés. Sa tête fut placée rouge”, qualificatif donné à cause pied du coteau s’appelait encore “sous au sommet d’une colonne pour l’effroi des tuiles qui étaient de couleur le plot” au siècle dernier.” des malfaiteurs”. rouge vif. 71 L’Echaud, 1991, le petit clos Pâturage

72 En continuant sur la route Aujourd’hui la colline a revêtu Le réseau de distribution d’eau royale, qui redescend un peu, le son aspect originel : c’est un pâturage datant des années 1920 ne répon- voyageur remarque à gauche une entretenu par un éleveur. Seules dait plus aux besoins. Les habitants maison inscrite en 1738 au nom résistent trois petites parcelles de se souviennent que dans les années d’Hyacinthe Favier, procureur vigne amoureusement travaillées. 1960, pendant la saison chaude, la général au Sénat de Savoie : maison On peut y admirer des arbres journée, l’eau manquait aux robi- en belle perspective qui a deux plantés au siècle dernier et bien nets. En 1966, la commune avait portes cintrées et un long balcon. conservés : cèdre, séquoia, hêtre, doté chaque habitation d’un réser- On peut ajouter qu’au siècle pin d’Autriche, peuplier d’Italie, voir de secours qui se remplissait la dernier, cette bâtisse a été le relais nuit. des diligences et des voitures de châtaignier, mûrier, cerisier. Ces La colline située en dehors des poste vers la Maurienne, vers la arbres figurent sur l’inventaire des axes de circulation est un belvédère, Tarentaise et vers Montmélian et le arbres anciens de la commune, avec une vue panoramique sur le Grésivaudan. réalisé par Maurice Dubreuil en bassin chambérien, et, en toile de De mai 1925 à décembre 1990. fond la chaîne de l’Epine, le massif 1975, le bureau de la poste y fut Des anecdotes nous rapportent de la Grande Chartreuse, la chaîne installé, au rez-de-chaussée, dans un que pendant la dernière guerre, au des Belledonnes, le massif des petit local. Cette maison apparte- moment des alertes aériennes, les nait alors à Monsieur Pierre Bauges. Elle est un lieu apprécié par élèves de l’école de filles (située alors les promeneurs et sportifs. Gotteland. au carrefour des Belledonnes) allaient L’Echaud est resté jusqu'à ces se réfugier sur “la butte à Motard” Entre les années 1930 et 1940, dernières années en dehors de tout (nom du receveur de l’ancienne projet d’urbanisation. quatre maisons sont construites sur poste). Un aménagement du site est le chemin des Barrotières (aujour- Les familles qui habitaient d’hui rue Georges Guynemer) et en cours de réalisation. dans les logements de l’usine de la constituent le hameau de l’Echaud. Peysse, ainsi que les soldats allemands La colline est essentiellement en poste à l’usine, montaient se Maurice DUBREUIL vouée à la culture et à l’élevage : mettre à l’abri dans les caves de la vigne, blé, avoine, maïs (tabac jusqu’en 1950). En 1960, il ne reste propriété Tissot. que trois agriculteurs exploitants. La densité de la population du Le dernier d’entre eux cesse ses hameau de l’Echaud est faible : 80 activités en 1996. habitants au recensement de 1990. 73 Ferme Billy figurant au cadastre de 1754, soit 106 ans avant le rattachement de la Savoie à la France

74 La Madeleine La Madeleine est située entre la le haut de la colline où existait encore En 1785, Gaspar de More, limite de Barberaz (chemin du sous- en 1917, la maison Mollette, habitation épouse de Janus Garnerin de Mbois) et le lieu-dit “la Trousse” où se d’un vieux garçon qui cultivait un Montgelas, Général de cavalerie en trouve le café Gautin, tenu alors par la grand jardin. N’ayant pas l’eau, il allait Allemagne, vendit tout le domaine au grand-mère de Jo Gautin, Madame chaque jour faire le plein de ses bidons Comte de Maistre, Président du Sénat Perrollet, ensuite ses filles Mesdames à la ferme du château. En face de ce de Savoie qui tirait la subsistance de sa Gauttin et Tissot. bois, se trouve le cours d’eau de la nombreuse famille de ce domaine Ce lieu, il y a à peu près 70 ans, Leysse, lequel avait été endigué en rural. n’était composé que de terres cultiva- 1861, peu profond à cette époque En 1785, la Madeleine était louée bles avec trois fermes modestes (les puisqu’il y avait un petit chemin au fermier Ortolland. Le cheptel se fermes contiguës Billy-Sulpis figurent qu’empruntaient les femmes allant composait de 4 bœufs, 4 vaches, 20 au cadastre de La Ravoire en 1754), laver leur linge et même les casseroles, moutons et brebis, des poules et des appartenant aux familles Billy, Sulpis, profitant du sable de la rive comme abeilles. Le domaine rapportait une Paravy et une plus importante rattachée au produit récurant... un précurseur de “cense” en argent peu importante, mais “château” Guillermin, exploitée par la nos nombreuses poudres à laver le droit colonique était évalué à 50 famille Gotteland de père en fils. Tout actuelles ! louis d’or neufs, 120 gerbes de froment, d’abord, Jean-Baptiste Gotteland né en Ce qui faisait la renommée de ce 140 gerbes de seigle, 105 gerbes d’orge, 1816, ensuite son fils Gaspard, né en petit coin de la Madeleine, était cette 15 fagots de fèves et un demi-fagot de 1848 et enfin son petit-fils Claudius, jolie demeure du XVIIème siècle que fruits. né en 1888, qui fut le dernier l’on appelait le Château, au milieu de Le 21 juin 1791, les Maistre exploitant, puisque maintenant cette ses quatorze hectares de parc, possé- revendirent la Madeleine pour 52 000 maison est divisée en appartements à dant des fenêtres en trompe-l’œil dans livres et 25 louis d’épingles à Jean- caractère locatif. les tons ocre rouge et une très belle fer- Baptiste Carelly de Bassy, Comte de Les gens vivaient calmement au ronnerie au-dessus de la porte cintrée , substitut au Sénat de Savoie. rythme des saisons, l’été voyait la du perron. Dès 1792, le nouvel acquéreur batteuse, l’automne, l’alambic, tout Elle appartint aux XVIIème et entreprit pour 224 louis de réparations cela à l’abri d’une jolie colline boisée, XVIIIème siècles à la famille More, (5 400 livres). Il refit le toit, tous les au pied de laquelle se trouvait un bourgeois de Chambéry anoblis en cheneaux, fenêtres et volets, deux sentier qui, de la Trousse, nous menait 1597 pour services rendus lors de la cheminées et tous les galandages. Il fit à la “parpillette”, afin de se rendre sur peste de 1587. le plafond et toute la décoration du 75 Porte datant de 1809, arc de cintre en pierre, chez M. Marius Collomb

76 grand salon, de la salle à manger et Monsieur Miletto (dont les descen- d’une chambre au second. Carelly dants sont actuellement artisans plâ- vendit le domaine le 19 nivôse an X triers à la zone industrielle de l’Albanne (janvier 1802) pour 50 000 francs et à La Ravoire). un pot de vin de 25 louis pour son Monsieur Pierre Jacquier, en épouse (à l’époque, les dessous-de-table 1934, construisit une petite usine de existaient déjà… mais on ne risquait meubles puis une maison d’habitation pas une mise en examen), à Jacques en 1941. Un magasin fait son Joseph Desalle, propriétaire rentier de apparition en 1955 sous l’enseigne Randens. Ce dernier le céda le 12 “Aux Meubles de la Madeleine” à ce novembre 1809 pour 40 000 tournois jour encore en activité. Le quartier à Victor Amédée Fleury, fils du pro- compte 4 maisons de plus et un médecin Fleury, lui-même juge à la magasin, il prend vie. En 1960, le Cour d’Appel de Grenoble. Ce do- premier lotissement de 10 maisons sort maine était en 1910-1911 à Madame de terre, un second dans les années 70. Lhopital et en 1933 à l’ingénieur des Depuis une décennie les constructions Chemins de Fer Monsieur Guillermin, s’accélèrent pour compter à ce jour dont les neveux Baillergau, rédacteurs quelque 70 foyers. en chef au journal “Le Monde”, Le quartier de la Madeleine a héritèrent et furent les derniers perdu sa destination initiale de zone habitants de cette demeure dont ne rurale, pour devenir un lieu d’habita- subsistent à ce jour que des ruines tion à part entière de notre commune calcinées. de La Ravoire et ce, malgré son éloi- A partir de 1927, une parcelle de gnement du centre géographique et terrain fut vendue par Monsieur économique de la cité. Antoine Billy, pour la construction d’une maison d’habitation, à Monsieur Pierre Jacquier. Deux autres parcelles Andrée TROSSET furent cédées l’année suivante contre “monnaie sonnante et trébuchante”, l’une à Monsieur Monin de Saint- Jean-de-la-Porte, qui la revendit de nombreuses années plus tard à Monsieur Minniggio, l’autre en 1930 à 77 Ferme Guy Foray, dernière ferme en activité à la Trousse

78 Lorsque l’on décide de flâner au Nous pouvons encore voir une porte De la Madeleine pied de la colline dominant la plaine surélevée d’un arc de cintre en pierre de la Madeleine on emprunte, à taillée, sur lequel est gravé l’an 1809, partir de la propriété Baillergau, un année devant correspondre à la à la Trousse petit sentier caché sous les hautes fu- construction. taies, qui nous emmène dans une tranquillité inattendue jusqu’au Andrée TROSSET carrefour de la Trousse. Sur notre droite au début de la route menant à Challes-les-Eaux, on découvre au milieu d’arbres cente- naires le château Dunoyer, puis on arrive dans la cour d’accès à la ferme de Monsieur François Foray. Cette bâtisse était déjà habitée par son grand-père Monsieur Guy au cours des années 1850. Cette construction est attenante à une autre ferme de la même époque, propriété de Monsieur Collomb, scieur de son métier. Ce dernier céda sa ferme au tout début du XXème siècle à la famille Provent dont l’une des arrière-petites-filles en est toujours propriétaire de nos jours. En dépassant ces bâtiments on emprunte un chemin qui s’élève en direction de la colline et on arrive chez Monsieur Marius Collomb où son père Joseph (cousin du scieur précité) possédait une ferme détruite partiellement par un incendie en 1917, reconstruite sur l’aile attenante. 79 C’était avant l’urbanisation…

80 La Trousse Une trousse ou trosse, troche, ou Leysse, comme elle le fera par la suite et Ce n’est qu’après l’annexion que la bien encore truche, d’après le chanoine particulièrement en 1708, a contourné Leysse fut véritablement endiguée sur Gros, serait, et tout porte à le croire, un le Mollard, rejoint la Mère, puis ses deux rives. Mais, même aujour- bois taillis. En effet, en sylviculture, une l’Albanne, avant d’entrer dans la ville. d’hui, est-on tout à fait à l’abri d’une troche est une cépée. Dans les La plaine de la Madeleine, celle de crue centennale ? documents du XVème au XVIIème siècle, il Bassens ont été submergées. La grande Sautons à pieds joints sur un est très souvent question “des bois de la route de France en Italie qui passe par siècle ou deux, puisque notre imagina- Trousse”. Des bois, mais aussi des la Peysse a été détériorée. Le Conseil de tion nous le permet. Aux XVIIème et vignes, sur le coteau ; un lieu-dit “sous ville, avec l’aide du Roi de France ème Tème XVIII siècles, la famille More les vignes” est cadastré au XVIII siècle. Henri II (la Savoie est alors française), possède le domaine dit “la Trousse” Dans les siècles lointains, il y avait décide de construire une forte digue, (voir notre bulletin de 1990). Ses bien peu d’habitations. La Leysse avait en ligne droite, depuis le Mollard de la “grangers” (métayers) cultivent la plaine créé là son cône de déjection et ses Trousse jusqu'à l’entrée du Faubourg maintenant assainie. Ils ont pour noms divagations empêchaient toute de Montmélian, rive gauche du François et Françoise Dunand en implantation humaine durable. Seule, torrent. Ce fut “la grande muraille” ou 1672, Gabriel et Catherine George en en l’état actuel des recherches ou des “les grands murs de ville” et c’est le 1693, Gros Claude et Marguerite fouilles, la petite nécropole dite du rocher de la Trousse qui servit de Noiray en 1694, Claude Ranchet dit “Clos de la Trousse”, découverte en carrière. La pierre en est assez fusible et Ortolland et Pernette en 1702 et 1708, 1986, atteste de la présence d’un il faudra bien souvent refaire cette pour ne citer que ceux-ci. Il leur arrive habitat établi à proximité sur un digue, toujours malmenée par la fureur souvent d’abriter pour la nuit ou pour terrain plus solide, vers le village de la des eaux. Sur ce nouveau mur, on établit quelques jours, des pauvres mendiants Petite Leysse probablement. un chemin qui deviendra bien plus comme il y en avait tant sur toutes les Les très anciennes archives tard, une partie de la route royale (voir routes. Parfois, une femme accouche municipales de Chambéry font état notre bulletin Connaissance de La dans la grange et le curé se hâte de bap- des innombrables inondations dont la Ravoire de 1991) et on put cultiver et tiser l’enfant, la mortalité néonatale est ville a été victime. Les digues sont construire en relative sécurité car le si forte ! Ou bien c’est un inconnu que dérisoires, sans cesse emportées par les torrent avait constamment tendance à l’on retrouve mort, de froid, de faim, crues, sans cesse reconstruites avec les exhausser son lit. La carrière de la de misère ou d’accident, au bord “du moyens du temps : gabions ou “cages” Trousse servit à nouveau pour conti- grand chemin”. de branchages emplis de pierres, nuer la digue (plutôt bâclée) vers Un peu plus loin, laissons face à plantations, etc. La crue du 22 février l’amont, à la fin du XVIIIème et au nous le chemin qui mène à Leysse, 1551 a causé d’immenses dégâts. La début du XIXème siècle. tout droit, en remontant le torrent. 81 L’ancienne maison (remaniée) du Marquis Vulliet d’Yenne telle qu’elle se présentait au début de ce siècle

82 Son emplacement est maintenant vocable de Saint Antoine de Padoue, époque, on y accédait en passant, soit occupé par la rue Pasteur. Aucun pont est fondée et bénie, dans le clos. C’est au-dessus de la résidence du Marquis, ne franchit la Leysse ici, il faudra en cette même année 1699 que le sieur en venant de la Trousse, soit par le attendre le XXème siècle pour ça, on Vulliet achète le fief d’Yenne, érigé vieux chemin rural dit “de la Trousse passe à gué. Le café n’existe pas, il ne pour lui en Marquisat (Yenne valait au Mollard”, si l’on arrivait par le sera bâti que vers 1865 et le chemin bien une messe !). La révolution qui va plateau. passe plus près du coteau. Quittons la passer un siècle plus tard verra tous ses Alentour, ce n’étaient que champs, rivière au “roc de la Trousse” et biens vendus à Antoine Marie Crepine et prés, vergers, vignes, chènevières tournons à droite. A notre gauche, la Jean-Jacques Sonjeon, bourgeois de auprès des habitations, puis au loin, là- petite route de Barby, bordée d’arbres, Chambéry. C’est Jean-Claude Crepine bas vers Triviers, qui ne s’appelait pas chemine entre les glières et les champs. qui revendra le domaine, ou ce qui en encore Challes, les marais dont la Mère A notre droite, entrons sans nous gêner reste, car les jardins ont été sacrifiés par servait d’exutoire. Un chemin (les rues dans la propriété de la famille Vulliet. le passage de la nouvelle route royale, à Costa de Beauregard et Clémenceau) Madame Beaumont en 1843. En Sur la mappe de 1730, on remarque joignait le Mollard à Leysse, cahoteux 1862, la maison appartient à Louis ses superbes jardins à la française, avec et bucolique, à travers la plaine. Exertier, négociant à Chambéry. Elle bassins d’eau alimentés par une petite sera un peu plus tard aux mains du Qui habitait la Trousse ? Essentiel- dérivation du canal appelé plus tard général Antoine Dunoyer, qui, en lement des agriculteurs, fermiers chez “de Mérande”, ses larges allées 1902, possède 12 chevaux dans ses les familles nobles ou bourgeoises, rectilignes, ses parterres bien dessinés. écuries. Mais à cette époque, elle avait valets, servantes, jardiniers et quelques La maison de maître est au flanc du certainement changé d’aspect, car, artisans comme un maître charpentier, coteau planté de vignes, et de la terrasse sinon reconstruite, du moins restaurée Hugues Veschu, un tisserand, Louis en arc de cercle, on peut admirer les dans les années 1880. C’est aujour- Veschu, un maréchal-ferrant, Claude jardins. La maison possède aussi une d’hui la maison de M. et Mme Tepas. Villet, que l’on peut retrouver dans les chapelle domestique, recevant la visite Les deux fermes un peu plus loin registres paroissiaux vers la fin du de l’Evêque de Grenoble lors de ses ème sont aussi très anciennes mais j’ignore XVII siècle. On dénombrait 7 foyers ème tournées pastorales. En 1673, celui-ci leur date de construction. Celle de à la fin du XVIII siècle. la trouve fort obscure car elle est Monsieur Foray appartenait à Félix Rendons aussi une petite visite enfoncée en terre, avec un pigeonnier Guy en 1860 et la demeure aux vigoureux meuniers de Monsieur au-dessus et l’on ne peut y entendre la mitoyenne, au Docteur Sonjeon. Un d’Oncieu qui savaient si bien séduire messe à cause des roucoulements des peu plus haut, la vieille maison les servantes. Le moulin est tout seul volatiles. Collomb a appartenu au XVIIIème siècle là-bas, au milieu des champs, presque L’Evêque souhaite qu’elle soit “à raie de à la famille noble Joly de Champvieux au village de Leysse, sur l’érier qui vient chaussée de la cour”. Il sera exaucé car, qui l’a vendue en 1732, pour 2 300 du “bout du monde” en traversant la en 1699, une nouvelle chapelle, sous le livres, au marquis d’Yenne. A cette rivière dans des “arches” en bois. En 83 Une partie de l’ancien siphon du “canal de Mérande” au pont de la Trousse 1711 d’abord, c’est Jeanne qui fait ne ferme de M. Berthollet a été en train de prendre la place de l’ancien baptiser son petit Pierre qui est “du démolie. La zone industrielle, depuis entrepôt des bois. fruit d’un nommé Joseph R..., marié à les années 70, a remplacé les champs. Saint Alban et demeurant pendant le Elle occupe 27 hectares. Les bus ont Je vous sais gré de m’avoir suivie mauvais commerce, valet aux moulins”... relayé tramways et électro-bus à partir jusqu’au bout à travers les couloirs du Je vous livre presque in-extenso le récit de 1955. temps. Comme dans toute visite que fait le curé de La Ravoire lors du Une stèle à la mémoire d’Emile guidée, nous sommes loin d’avoir fait baptême du petit Michel. “Sur les 8 Hermann a été érigée au carrefour de le tour de la question. D’autres heures du soir a esté apporté un enfant ... la Trousse. Elle nous rappelle que le 11 recherches suivront et peut-être d’autres dont la mère (est) nommée Françoise ... juillet 1944, ce dernier et son compa- rendez-vous. N’ayons pas la nostalgie accompagnée de sa mère ... Lequel enfant gnon, Camille Marchetti, étaient en du passé, mais explorons-le pour estant né dans la paroisse de , mission de liaison entre le commande- mieux apprécier le présent. chez la mère de la dite fille et le sieur curé ment F.T.P.F. et le maquis de s’y étant pas trouvé pour le baptizer, ce “Bornettes” en Bauges où ils se ren- J’ai consulté pour vous : que jay fait sur l’heure dans la crainte daient. Interpellés par une patrouille les registres paroissiaux, que l’enfant ne mourut sans baptême allemande et porteurs d’un pli et d’un les archives communales, pour avoir esté apporté le même jour de revolver pour deux, ils réalisent que “Mémoires de Savoie” aux éditions sa naissance depuis Cruenne (Curienne) leur seul salut est dans la fuite. Emile Agraf, “Les environs de Chambéry” jusqa la Ravoyre ... La dite Françoise ... Hermann fait feu sur les allemands tome I de G. Pérouse, les mémoires de a déclaré ... que le père de cet enfant est tout en s’enfuyant, mais atteint par une l’Académie de Savoie 2ème série, tome 3, le nommé Catherin B ... quelle a conceu rafale, il meurt immédiatement ; son “l’Archéologie en Savoie”, SSHA, de son fait pendant quelle estoit à son camarade, bien que blessé grièvement aux archives départementales de service aux moulins” ... Ce que le curé au thorax et à l’épaule, réussit à s’enfuir Savoie : la mappe sarde et les livres ne dit pas, c’est que l’épouse de le long de la Leysse et à rejoindre la Catherin a donné le jour, la même maison d’un résistant de Saint-Alban. annexes de la série C - 43 F 438 - 6 E 3887 année, à une petite fille. Belle vitalité Les anciens se souviennent peut- (minutes de Me Tiollier), aux archives chez ces meuniers ! L’histoire était être d’avoir dansé, pour 1 franc moins amusante pour les intéressées d’entrée, au café Gallairi, à l’angle de la départementales de l’Isère : condamnées à vivre dans l’opprobre. rue Costa de Beauregard, avant la 4 G 272 (visites pastorales des Evêques Nous voilà revenus vers notre dernière guerre. Des constructions de Grenoble), époque, bien agréable malgré tous ses modernes sont sorties de terre comme et quelques personnes bienveillantes problèmes. Il y a un large pont sur la de bizarres champignons. La cheminée que je remercie pour leurs souvenirs. rivière, construit dans les années 30. Le de la vieille scierie a été décapitée car carrefour de la Trousse a été élargi et elle devenait dangereuse. Enfin, de Nicole GOTTELAND transformé en 1967. Pour cela l’ancien- nouveaux immeubles d’habitation sont 85 F Féjaz

Il est passé dans les habitudes Etymologiquement Féjaz si- réserves, d’une nécropole familiale ou Fde donner le nom de Féjaz (1) au gnifierait : lieu planté de fayards du locale d’époque paléochrétienne” (2). vaste territoire qui, en forme de latin fagus, le hêtre. La dénomina- Il est vraisemblable que pen- triangle, s’étend au delà de la R.N.6 tion “Au fayat” apparaît également dant de longs siècles qui n’ont laissé sur la partie nord-est de la commu- dans d’anciens documents. aucune trace dans les archives, ne, limité au nord-ouest par la rivière Mais, si les hêtres ont depuis champs, prairies et marécages ont la Leysse, à l'est par les communes de longtemps disparu, il est probable été le cadre quotidien de vie et de Barby et de Saint-Alban-Leysse, au que sur ces terrains d’alluvions argi- travail de quelques familles d’agri- sud-ouest par la R.N.6, empiétant leux, s’étendaient entre les hauteurs culteurs établies dans le secteur le sur les terrains de l'aérodrome de de Barby et la colline de la Trousse, plus habitable de Leysse. Challes-les-Eaux. de vastes champs, périodiquement La famille d’Oncieu, proprié- Le cadastre nous montre que inondés principalement dans le taire depuis 1679 du château de la Féjaz n’est en réalité qu’un des secteur de la Trousse, par les crues Batie, commune de Barby, an- lieux-dits au cœur de ce territoire torrentielles de la Leysse, avant son cienne demeure seigneuriale du avec : la Trousse, Leysse, la Guillère, endiguement au début du XIXème XIIIème siècle, possédait des terres les Sablons, la Meulière, la Girarde, siècle. dans le secteur où ont été construits l’Avullier, le Grand Gollet, la en 1970, les immeubles de “la clé Peu d’informations sur les Plaine… des champs”. premiers occupants de ce territoire, Certains de ces noms sont si ce n’est la découverte en 1986 à (1) inconnus de la plupart des Ravoi- l’occasion de travaux de terrasse- ou “la Féjaz” : les noms se terminant riens. Seuls, la Trousse, Leysse, la ment entrepris au lotissement du en az, nombreux en Savoie, sont presque Guillère, les Sablons évoquent des toujours précédés de clos de la Trousse, de cinq tombes à l’article la. lieux précis. “coffres de lauzes calcaires” situées à (2) L’origine de Féjaz pourrait être, faible profondeur. document : “Rapport de sondages 1986, sauvetage urgent (Nécropole comme cela est assez fréquent, le Selon les conclusions établies à antique) au lotissement de la Trousse par nom donné par une famille ayant la suite de la reconnaissance archéo- H. Barthélémy” déposé en Mairie de La habité le lieu. logique : “il peut s’agir, sous toutes Ravoire. 87 Lycée Professionnel du bâtiment du Nivolet Sa fille, Agathe de épouse Henry Prieur de la Comble (1855 - 1940). De cette union naissent : • Florian Prieur de la Comble, capitaine de chasseurs alpins, tué en 1916 à la bataille de la Somme, dont le nom figure sur le monu- ment aux morts de la guerre 1914- 1918 de la Ravoire. • Mélanie et Nelly qui restent célibataires auprès de leur père âgé. Elles vivent modestement des faibles ressources de la propriété qui ne leur permettent plus d’assurer l’entretien du domaine et de la mai- son de maître, qui avait appartenu au XVIIIème siècle à Charles Pacoret, procureur à Chambéry. Des fermiers exploitent les Au début du XVIIIème siècle, En 1714 Philibert Charrost terres du Comte. Nous avons des documents font état des noms épouse Anne Borré. Le comté de la connu les demoiselles Mélanie et Nelly Prieur de la Comble, leur de deux familles : les Charrost (ou Chavanne passe aux héritiers servante, et la famille Bernard dont les Charrat) issus d’une ancienne d’Anne et de Philibert dont est issu la maison, ancienne ferme, jouxte famille de robe ennoblie par leurs le Comte Christin de la Chavanne les limites du lycée professionnel. charges et l’acquisition de fiefs né en 1829. En 1853, le Comte nobles et titrés. Dans une partie ancienne de épouse Charlotte Mélanie de Failly. l’internat du lycée, la date de 1810 La famille Borré, ennoblie en Le Comte Christin de la Chavanne gravée dans la pierre d’un linteau de 1700 par la charge de maître est de 1861 à 1877 le premier porte atteste l’existence d’un bâti- auditeur à la chambre des comptes Maire de La Ravoire après l’an- ment ancien, dépendance de la qui s’est rapidement éteinte. nexion de la Savoie en 1860. maison de maître. 88 Un siècle plus tard, en 1910, le Des personnes, dont les parents rantaine de villas dans les rues de la grand séminaire de Chambéry et arrière-grand-parents ont été au Clairière, Victor Hugo, Lamartine. occupe les locaux après quelques service des familles “de la Chavanne” C’est à Féjaz que naissent en travaux d’aménagement. Il y et “Prieur de la Comble”, nous ont 1966 les premiers H.L.M. de la dit avoir gardé le souvenir de leur demeure jusqu’en 1930. commune. gentillesse et de leur générosité. Après avoir construit à partir Les immeubles “le Peney” et Deux centres d’apprentissage, des locaux existants le couvent tel “le Granier” offrent chacun 66 celui de La Rochette (Savoie) et qu’il apparaît encore aujourd’hui, logements dont bénéficient en celui de la Boisse à Chambéry-le- les religieux de l’ordre de Saint priorité les enseignants et le per- Vieux, sont regroupés (dans les Dominique s’installent pour 25 ans. sonnel du lycée tout proche qui propriétés acquises) pour constituer Le souvenir des Pères Dominicains compte déjà plus de 500 élèves. Ils le collège d’enseignement techni- sont bientôt suivis par deux de Leysse est encore très présent dans que, qui deviendra le lycée d’ensei- ensembles importants : la mémoire de nombreux Ravoiriens gnement professionnel puis le lycée • “la clé des champs”, de ce quartier limitrophe de la com- professionnel du bâtiment de La mune de Saint-Alban-Leysse. 72 logements (1966 - 1970), Ravoire, récemment baptisé lycée • “la Guillère”, du Nivolet. En 1957, les religieux quittent 96 logements (1968 - 1970) Leysse pour se regrouper dans le C’est également à cette époque qui permettent de répondre en couvent de la Tourette près de que débute le développement du partie à l’afflux des demandes de lo- l’Arbresle (Rhône), œuvre de l’ar- quartier de Féjaz. Les premières gements que reçoit à cette époque la chitecte Le Corbusier. villas de la rue Victor Hugo datent municipalité. de 1955, alors que la rue Clémen- Dans la logique de l’accroisse- Par actes des 18 août 1956 et ceau n’est encore qu’un chemin ment de population, la construc- 27 mars 1957, l’Etat (Ministère de desservant prés, champs et vignes. tion d’un groupe scolaire s’impose. l’Education Nationale) acquiert les L’école du Féjaz accueille 96 élèves deux propriétés : Du rapide développement de ce quartier, retenons quelques repè- dès son ouverture à la rentrée de • le couvent et la maison de retraite, res chronologiques. 1970. Aux quatre classes cons- • la maison de maître et le domaine truites, il faut bientôt adjoindre 2 appartenant aux demoiselles Prieur C’est au clos de la Trousse qu’à classes préfabriquées et prévoir la de la Comble, dernières descen- partir de 1955 et jusqu’en 1975, construction de classes nouvelles dantes du Comte de la Chavanne. s’édifie un ensemble d’une qua- pour 1978. 89 Nouvel ensemble de logements Quartier de Féjaz

90 Créée en 1974 par arrêté sport aménagés par la commune Féjaz, tel que nous le connais- préfectoral, la zone industrielle de la constitue un ensemble précieux sons aujourd’hui, avec ses lotisse- Trousse s’étend progressivement du pour les élèves de l’école toute pro- ments, ses immeubles collectifs, ses nord au sud, le long de la R.N.6 de che et la population. zones industrielles, son lycée, son 1975 à 1989, procurant des em- groupe scolaire, l’institut de forma- plois sur la commune. Depuis 1988, le développe- tion, son gymnase et ses équipements ment de l’habitat connaît une ère sportifs, son centre commercial En 1978, venant du château nouvelle à Féjaz, mettant définiti- enfin qui lui confère la dimension du Forezan à Cognin, l’Institut de vement fin à la vocation agricole vitale qui lui manquait, devient Formation des Moniteurs Educa- originelle du secteur : effectivement un quartier important teurs (I.F.M.E.), établissement spé- • L’ensemble du “vieux moulin”, 25 de La Ravoire constitué en moins de cialisé géré par une association appartements en 1989, puis 15 en 40 ans. conventionnée avec le Ministère 1993. Une centaine d’habitants en des Affaires Sociales, se met dans ses • Dans le cadre d’une Z.A.C., 100 1955, 2 000 aujourd’hui. murs rue de la Chavanne. Il répond logements collectifs et 20 offerts à aux besoins des deux départements l’accession à la propriété sont savoyards. achevés en 1993 par l’O.P.A.C. Robert DALBAN Pendant une dizaine d’années, • Le clos Saint Germain et l’Eme- Féjaz se stabilise, permettant à la raude regroupent 40 logements Municipalité de porter ses efforts disponibles en 1996. sur la création du centre de la • Au “jardin des poètes”, 30 grosses commune : Z.A.C. du Val Fleuri, villas se terminent en 1997 et 20 centre commercial, écoles du logements par l’O.P.A.C. en 1998. Vallon Fleuri et du Pré Hibou, centre socioculturel, équipements Dans un ensemble architec- culturels et sportifs, Hôtel de Ville, tural de qualité s’intègre un centre bibliothèque municipale… commercial qui, avec le centre de loisirs et les services socioculturels En 1986, la construction d’un constituent les éléments indispen- gymnase dans le cadre d’une sables à la naissance et au dévelop- convention d’utilisation avec EDF- pement d’une véritable vie de GDF, complété par des terrains de quartier. 91 92 l’Aérodrome

En 1897, la municipalité cham- planeur. Ces essais démontrent les libres par celui-ci : dimanche, vacances. bérienneA achète, pour le mettre à la extraordinaires possibilités de la pente Ce n’est qu’au début des années soixante disposition de son régiment de dragons, du Mont Saint-Michel et ils sont con- que le vol à voile redevient autonome un vaste terrain situé sur les communes firmés par le champion de vol à voile du fait de l’arrêt de cette activité par le de La Ravoire (à l’est de la Tuilerie), Eric Nessler qui réussit le premier vol centre national. Cela marque le début Challes-les-Eaux (le long de la route de durée lors d’un meeting. de son développement. nationale) et Barby. C’est d’ailleurs Pendant la guerre, les vols civils en En mars 1972, cette section dans cette zone marécageuse que s’était avion sont interdits. Une équipe menée vélivole de l’Aéro Club de Savoie est terminé en 1784 le premier vol en par Michel Guyard lance donc l’acti- regroupée avec celle d’Annecy pour Savoie d’une montgolfière, partie de vité planeur au début de 1942, avec donner naissance au Centre Savoyard Buisson Rond et pilotée par Louis déjà des résultats encourageants. Mais de Vol à Voile Alpin. Brun et Xavier de Maistre. tous les vols deviennent interdits en Depuis lors, le parc de planeurs En 1912, ce champ de manœu- novembre avec l’arrivée des occupants. s’est bien étoffé et il compte aujour- vres relativement dégagé est utilisé En 1945, un centre national, d’hui plus de 40 machines dont 11 pour la première fois par un avion. dépendant du Ministère des Transports, biplaces. Les activités se sont diversifiées : L’ouverture en ce lieu d’un “Champ est ouvert. Les missions du centre école de début et de performance, vols d’aviation” est officialisée en octobre évolueront au fil des années : formation de grandes distances (plus de 1 000 km, 1913 par une fête aérienne. D’autres des instructeurs “planeur” jusqu’en survols de la Suisse, de l’Autriche...), et parcelles seront acquises au fil des ans 1962, instruction initiale des élèves même voltige. pour lui donner les dimensions que pilotes de l’Armée de l’Air de 1950 à Deux avions remorqueurs et nous lui connaissons de nos jours. 1956, formation des instructeurs surtout deux treuils (80 % des lancers) L’Aéro Club de Savoie est créé en “avion” à partir de 1953, formation des assurent les décollages. Tout cela fait 1934. Tout au long des années trente, pilotes professionnels… Le centre qu’aujourd’hui le C.S.V.V.A. est devenu le deuxième plus important des meetings sont régulièrement orga- déménagera en 1976 pour Grenoble centre de vol à voile de France, et nisés et les plus grands pilotes de l’épo- Saint-Geoirs. même le premier pour ce qui est de que viennent y participer. De 1932 à Du fait de la présence du centre l’activité des jeunes. 1936, le capitaine Thoret vient diriger national, l’activité “avion” de l’Aéro sur notre aérodrome une école militaire Club de Savoie a été transférée à de vol en montagne. Avec ses stagiaires et son activité “planeur” s’est Jean-Noël VIOLETTE il réalise de nombreux vols en avion, trouvée intégrée au fonctionnement moteur arrêté, et les premiers vols en du centre, dans les créneaux laissés 93 Histoire vraie, en patois et Le en français, d’un ancien Le régime de Dian Frasine me fo totade on bon gouto. On à touo le coyon la semanna passo, agriculteur de Noutron Dian était on paysan de on medje onco le bodin, et poué on La Ravoire. La Ravouère. gratin de corde, le cofé, la gotta, on Y’était on viu garçon que vivieve bocon de gotio. A quatre heures, on avoué sa souera. medje on bocon de saucisson et on bocon de tomme, et poué la né, na Récit de Jean BARLET, Sa souera s’appelave Euphrasine bonne asheto de sopa, on restant de version en patois de on l’appelave la Froisine. mizore, na salada varda. Et poué de Noutron Dian n’ayève jamés étot ve me dromi et de dromme bié François GOTTELAND malade et véca qu’on zor il attrape la jusuqu’u matin.” grevoula et le plôte voyévon plus le Le médecin né savieve preu long porto. Y mediève plus riè. et y dit à Dian “té fa po, y’e pos bié La Frasine se bailla poueu et le dit grove. Devè te baillé on tiou régime, à Dian. “Y faut allo vè le médecin”, le pède quoque té te medioré on jus de Docteur Regairaz. Cho Médécin y pomme et poué doué tre biscottes.” était on désartié et y comprenieve le Mon Dina se vo to conté, et poué patoué. y revin en arrié et y dit u Médecin : “Le Quant il a vio Dian dié son jus de pomme et la biscotte, y’é tout cabiné il a éto étonno et lu demande avant ou après le repo ? » qué tou qu’y a Dian, la santo vou plus allo ? et noutron Dian lu explique tote se misere, la grevoula, la caquette, le vètre que gargouille. “Tou que te medje quand te vo bié ?” “Le matin de me lève à shès heures, de bève mon cofé, poué de ve bailler à medier à me bétie, après de revenne et de medie ma sopa avoué on morço de lord on bocon de tomma dou canon de blanc. A mizor la 94 e régime de Jean Le régime de Jean ventre qui gargouille, et je n’ose plus Gamay ou d’une mondeuse et je finis monter sur mon vélo tellement j’ai des toujours avec un morceau de Tome L’oncle Jean, cultivateur et céliba- vertiges”. des Bauges. Avec ça, je tiens bien taire n’avait jamais, de sa vie, eu besoin JLe Docteur examine Jean et ne jusqu’à 4 heures (l’heure d’un bol de de faire appel à un médecin. Mais voilà trouvant rien d’anormal, finit par lui bouillon gras au pain trempé qui me qu’un jour, il est pris de malaises et de demander : “Jean, il faut me dire si tu fait patienter jusqu’au casse-croûte de vertiges à le faire tomber de sa as de l’appétit et me détailler ce que tu 8 heures). bicyclette... manges habituellement dans une A 8 heures, je mange ma soupe, je Les médicaments lui faisaient journée”. finis les restes de midi et puis je vais peur : “Ce sont tous des poisons”. Jean s’exécute : me coucher vers 9 heures avec une Sa sœur, Euphrasine (la Frasine) “J’ai bien encore un peu provision pour passer la nuit. qui vivait avec lui et qui était la maî- d’appétit, je mange comme tout le Voilà Docteur, je vous ai tout tresse de maison, avait déjà remarqué monde à chaque fois que la faim me dit.” que “le Jean” était fatigué. Il creuse l’estomac. Le matin, je me lève Le Docteur n’en demande pas n’appréciait plus sa cuisine ! à 6 heures, je bois un bol de café avec plus. Il rassure Jean : Elle lui conseilla d’aller, samedi, à “Tu peux te rhabiller, il n’y a l’occasion du marché, voir le Docteur des tartines de beurre et un morceau de lard froid que je trempe, pour le rien de grave, je vais te prescrire un Regairaz : “Tu le connais, c’est un bon petit traitement pour te remettre en médecin de campagne, et ce n’est pas ramollir, dans mon café, et puis je vais soigner mes bêtes. A 9 heures, je forme ! lui qui t’empoisonnera avec des A partir d’aujourd’hui tu casse la croûte avec du fromage, du drogues”. prendras à chaque repas une biscotte saucisson, un reste de lard avec un Rassuré, le lendemain, il prit son et un jus de pomme et puis tu peu d’Apremont... et je repars à mes vélo, sa pèlerine et son chapeau et des- reviendras me voir samedi prochain”. occupations jusqu'à midi. cendit à Chambéry. Jean s’en va satisfait, en se frottant Le docteur surpris de voir arriver A midi, alors là, je suis bien soigné ! les moustaches mais, en passant la “le Jean” dans son cabinet, lui deman- C’est ma sœur Euphrasine qui me fait porte, l’air inquiet, il se retourne et de aussitôt ce qui n’allait pas. manger tous les produits de la ferme interroge le Docteur : Jean lui répond : “Docteur, je n’ai et de son jardin. “Vous avez bien dit une biscotte plus de forces, je suis bien descendu de La semaine dernière, on a tué le et un jus de pommes, mais vous ne La Ravoire mais je ne sais pas si je cochon et depuis, tous les midis, je me m’avez pas précisé si je dois les prendre pourrai y remonter. J’ai mal de régale avec la charcuterie, le boudin, avant ou après les repas ?” partout, je suis tout mal foutu, j’ai la les rôtis, plus un ou deux plats tête qui tourne, l’estomac qui brûle, le gratinés, le tout accompagné d’un bon 95