Médecine Dans La Civilisation Islamique 1 Médecine Dans La Civilisation Islamique
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Médecine dans la civilisation islamique 1 Médecine dans la civilisation islamique En histoire de la médecine, le terme médecine islamique ou médecine arabe fait référence à la médecine développée pendant l’âge d'or de la civilisation islamique médiévale et consignée dans des écrits en langue arabe, la lingua franca de la civilisation islamique. En dépit de ce que ces deux termes accolés pourraient le laisser croire, un grand nombre de scientifiques de cette période ne sont pas arabes. Certains considèrent l’expression "arabo-islamique" comme historiquement inexacte, faisant valoir que cette locution ne rend pas compte de la richesse et de la diversité des chercheurs orientaux qui ont contribué au développement de la science islamique à cette époque.[1] les traductions latines du XIIe siècle d’ouvrages médicaux écrits en arabe ont eu une influence significative sur le développement de la médecine moderne. Généralités Les écrits de médecine de l’âge d’or de la civilisation islamique ont été influencés par plusieurs systèmes médicaux, dont celui de la médecine traditionnelle de l’Arabie de l'époque de Mahomet, celui de la médecine de la grèce antique ainsi que par la médecine Expansion sous Mahomet, 622-632 Expansion pendant le Califat yunâni, la médecine des patriarches, 632-661 Expansion pendant le Califat des ayurvédique de l'Inde Omeyyades, 661-750 ancienne et la médecine de l’Iran antique de l’Académie de Gundishapur . Fondements Le premier médecin musulman aurait été Mahomet lui-même, car un nombre important de hadiths concernant la médecine lui L'empire abbasside vers l'an 820 de l'ère chrétienne. sont attribués. Selon la tradition orale, plusieurs sahabas auraient été traités avec succès, pour d’authentiques maladies, en suivant les recommandations de Mahomet. Les trois méthodes de guérison connues pour avoir été mentionnées par ce dernier sont le miel, les ventouses et la cautérisation, bien qu'il ait été généralement opposé à l'utilisation de la cautérisation à moins qu'elle "convienne à la maladie. " Selon Ibn Hajar al-Asqalani, Mahomet n'aimait pas cette méthode parce qu’elle était "douleureuse et effrayante pour le patient", puisqu’il n'y Médecine dans la civilisation islamique 2 avait pas d’anesthésie à cette époque.[2] Mahomet semble également avoir été le premier à suggérer la nature contagieuse de la lèpre, de la gale et des maladies sexuellement transmissibles [3] et à avoir dit qu'il y a toujours une cause et un remède à toutes les maladies, [2] selon plusieurs hadiths mentionnés dans les textes de Sahih al-Bukhari, de Sunan Abi Dawoud et d' Al-Muwatta et attribués à Mahomet, tels que: « Il n'y a pas de maladie que Dieu ait créée, excepté celle pour laquelle il a aussi créé le traitement correspondant. » [4] — Sahih al-Bukhari « Faites usage des traitements médicaux, car Dieu n'a créé aucune maladie sans prévoir un remède pour elle, à l'exception d'une seule maladie, la vieillesse. » [5] — Sunan Abi Dawood « Dieu vous envoie à la fois la maladie et la guérison, et il a prévu un remède pour chaque maladie, aussi soignez vous avec des médicaments. » [6] — Sunan Abi Dawood « Celui-là seul qui vous envoie la maladie vous envoie aussi le remède. » [7] — Al-Muwatta La croyance qu'il existe un remède à chaque maladie a encouragé les premiers musulmans à se livrer à la recherche médicale et à chercher un remède pour toutes les maladies qu’ils connaissaient. Toutefois, un grand nombre des premiers auteurs de la médecine islamique, étaient habituellement davantage des clercs que des médecins et l’on sait qu’ils préconisaient les pratiques médicales traditionnelles de l’époque du prophète Mahomet, comme celles qui sont mentionnées dans le Coran et les hadiths. Par exemple, la thérapeutique de l'époque ne prévoyait pas la nécessité pour le patient de se soumettre à une quelconque intervention chirurgicale. A partir du IXe siècle, Hunayn ibn Ishaq a traduit de nombreuses œuvres de Galien en arabe et a continué ses travaux par la traduction des Sushruta Samhita, des Charaka Samhita et des œuvres de Gundishapur en langue pehlevi. Bientôt les médecins musulmans ont commencé à faire eux même des progrès importants et ont apporté des contributions personnelles à la médecine, notamment dans les domaines qui seront plus tard ceux de l’allergologie, l’anatomie, la bactériologie, la botanique, l’odontologie, l’embryologie, l’écologie, l’étiologie, l’immunologie, la microbiologie, l’obstétrique, l’ophtalmologie, l’anatomo-pathologie, la pédiatrie, la périnatalogie, la physiologie, la psychiatrie, la psychologie, la cardiologie, la chirurgie, la thérapeutique, l’urologie, la zoologie et les sciences pharmaceutiques telles que la pharmacie et la pharmacologie, entre autres. La médecine a été un élément central de la culture islamique médiévale. En réponse à des circonstances de temps et de lieu, les chercheurs et les médecins islamiques ont élaboré une littérature médicale vaste et complexe pour explorer et synthétiser l’ensemble des théories et des pratiques de la médecine.[8] La médecine islamique a été construite initialement sur la tradition, principalement à partir des connaissances théoriques et pratiques développées en Arabie, en Perse, en Grèce, à Rome, et en Inde. Galien et Médecine dans la civilisation islamique 3 Hippocrate ont été pour eux des autorités pré-éminentes, ainsi que les médecins de l’Inde ancienne Sushruta et Charaka ainsi que les chercheurs de l’époque hellénistique d’Alexandrie. Les érudits musulmans ont traduits leur volumineux écrits du grec et du sanskrit en arabe, puis ont ajouté de nouvelles connaissances médicales sur la base de ces textes.[9] Afin de rendre les traditions grecques et indiennes plus accessibles, plus faciles à comprendre et à enseigner, les érudits musulmans les ont classées et ont présenté d’une manière plus systématique et cohérente les connaissances médicales gréco-romaines vastes et parfois contradictoires, en écrivant des encyclopédies et des résumés. [8] C'est par le biais des traductions arabes que l'Occident a pris connaissance des œuvres de la médecine hellénique, notamment des travaux de Galien et d’Hippocrate. Ces œuvres systématiques et globales comme le Canon de la médecine d’ Avicenne ont été traduites en latin, puis diffusées sous forme de manuscrits d’abord avant d’être imprimés dans toute l'Europe Occidentale où ces livres ont eu une influence égale, sinon plus importante, à celle des originaux de l’antiquité grecque. Rien qu’au cours des seuls quinzième et seizième siècles, le Canon de la Médecine a été réédité plus de trente-cinq fois.[8] Hôpitaux et Universités Les médecins musulmans ont été les premiers à mettre en place des hôpitaux au sens moderne du terme, connus sous le nom de Bimaristans. Il s’agissait d’établissements où les malades étaient accueillis et pris en charge par un personnel qualifié et qui se distinguaient clairement des anciens temples de guérison ou temple de sommeil (nommés Asklepieions en Grèce antique en l'honneur d’Asclépios le dieu grec de la Médecine), hospices, Asiles, Lazarets et léproseries qui ont été davantage conçus pour isoler les malades et les fous de la société "plutôt que de leur offrir l’espoir d’une véritable guérison".[10] Les Bimaristans fonctionnèrent plus tard comme les premièrs hôpitaux publics, [11] les premiers Hôpitaux psychiatriques [12] ainsi que des écoles de médecine et des Universités délivrant des Diplômes.[13] Dans le monde islamique médiéval des hôpitaux ont été construits dans toutes les grandes villes, au Caire par exemple l'hôpital Qalawun pouvait donner des soins à 8000 patients et le personnel comprenait des médecins, des pharmaciens et des infirmières. On pouvait également accéder à un dispensaire et les médecins disposaient de moyens de recherche qui les ont conduit à la découverte de la nature contagieuse de certaines Maladies et à la conduite de travaux sur l’Optique ainsi que les mécanismes de la vision. Les Médecins musulmans opéraient la cataracte avec des aiguilles creuses plus de 1000 ans avant que les médecins occidentaux aient osé tenter une telle intervention. Des hôpitaux ont été construits non seulement pour les personnes atteintes de maladies physiques, mais aussi pour les malades mentaux. L'un des premiers Hôpitaux psychiatrique jamais construit pour donner des soins à des malades mentaux a été bâti au Caire. Les hôpitaux qui ouvriront plus tard en Europe au moment des Croisades ont été inspirés par les hôpitaux du Moyen-Orient. Le premier hôpital de Paris, Les Quinze-vingts, a été fondé par Louis IX après son retour de la Septième croisade entre 1254 et 1260. [14] Les hôpitaux du monde islamique étaient en avance dans le domaine de l'évaluation des compétences des médecins et des infirmières, ainsi que dans celui de la vérification de la pureté des médicaments et l’amélioration des procédures chirurgicales.[15] Les hôpitaux ont également été créés avec des quartiers séparés pour certaines maladies spécifiques, afin que les personnes porteuses d’une maladie contagieuse puissent être isolées des autres patients. [16] Médecine dans la civilisation islamique 4 L'une des caractéristiques des hôpitaux musulmans de l’époque médiévale qui les distinguait de leurs prédécesseurs et de leurs équivalents contemporains était le respect de règles d’éthique médicale sensiblement plus avancées. Les hôpitaux du monde islamique traitaient des patients de toutes les religions, de toutes les ethnies et de tous horizons, alors que les hôpitaux eux-mêmes employaient souvent un personnel composé de chrétiens, de juifs et d’autres minorités. Les médecins musulmans devaient respecter des obligations envers leurs patients, quelle que soit leur richesse ou leur niveau social. Les règles éthiques des médecins musulmans ont d'abord été fixées au IXe siècle par Ishaq Ali bin Rahawi qui a écrit le Adab al-Tabib (conduite du médecin), le premier traité consacré à l'éthique médicale.