Irma La Douce Marguerite Monnot - Raymond Legrand Alexandre Breffort - Jérôme Savary
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.BORDEAUX Irma la douce Marguerite Monnot - Raymond Legrand Alexandre Breffort - Jérôme Savary MAIRIE DE BORDEAUX Irma la douce Comédie musicale Livret d'Alexandre Breffort Musique de Marguerite Monnot et Raymond Legrand Créée le 11 novembre 1956 au Théâtre Cramont, Paris Nouvelle production créée le 27 avril 2000 au Théâtre National de Chaillot, Paris avec épilogue de Jérôme Savary Théâtre Fémina Bordeaux L'Opéra tient à remercier le Club des Partenaires de l'Opéra de Bordeaux partenaires associés Banque Populaire du Sud-Ouest Caisse des dépôts et consignations Caisse d'Épargne Aquitaine-Nord Groupe CMR Chantiers d'Aquitaine Cofinoga CORDIER MESTREZAT & domaines Mercedes Objectif Aquitaine Syndicat Viticole de Pessac-Léognan partenaires Cocodi EDF Grands Clients Sud-Ouest France Telecom Société Bordelaise de CIC les entreprises qui soutiennent des projets... > Caisse des dépôts et consignations les actions vers les jeunes (Campus en Musique - École et Opéra) > Casino de Bordeaux Orchestre en Fête - Point d'orgue Schubert > Château Haut-Bailly le Ballet de l'Opéra de Bordeaux (productions 2002) > Fondation DaimierChrysler France les jeunes artistes > Fondation d'entreprise FranceTelecom la production lyrique > Syndicat Viticole de Pessac-Léognan les concerts dégustation Baronne Philippine de Rothschild La Donna *v. Irma la douce Comédie musicale Livret d'Alexandre Breffort Épilogue de Jérôme Savary (version 2000) Musique de Marguerite Monnot et Raymond Legrand Mise en scène Jérôme Savary Orchestration Gérard Daguerre Décor Jean-Marc Stehlé Costumes Michel Dussarrat Lumières Alain Poisson Chef de chant Klaus-Lothar Peters Chorégraphie Friederike Betz Son Jean-Marie Glaudeix Collaboration artistique Léonidas Strapatsakis Irma Nina Savary Nestor/Oscar Vincent Schmitt Bob-le-Hotu Patrick Rocca Polyte/Persil Denis Brandon Roberto/Mes Bottes/Me Farlane Julien Maurel jojo/Cocher fidèle/Le Guide Miglen Mirtchev Dudu la Syntaxe/Le Président/ Le Commissaire Patrice Bornand Archibald/M. Bougne Patrice Leroy Le Procureur/Le Percepteur Gilles Janeyrand L'Avocat/La Douceur/Roger Michel Dussarrat Frangipane/Le Gardien de l'hôtel/ L'Agent/Le Hareng/Le Garde Laurent Delvert Bébert Pierre Jacquemont Piano Antoine Millet Batterie Yves Lattuca Accordéon Patrick Brugalière Contrebasse Olivier Moret Théâtre Fémina 26 janvier 2002 Bordeaux Production Opéra Comique avec l'aimable autorisation des spectacles Rémy Renoux. | Jérôme Savary. Note d'intention Tout le monde connaît Irma la douce, mais paradoxalement, rares sont ceux qui se souviennent de l'intrigue. Bien sûr, on sait que c'est une petite fille de joie qui exerce du côté de Pigalle, qui a un amoureux, et qui chante des airs qui vous trot tent dans la tête. Mais se souvient-on que Nestor, qui est jaloux, et qui voudrait qu'elle arrête le métier, doit accepter qu'Irma ait un amant, un vieux, un « cave », parce qu'ils sont dans le besoin ? Se souvient-on que cet amant, Oscar, barbu, distingué, n'est autre que Nestor lui-même ?... Se souvient-on qu'Irma finit par préférer Oscar à Nestor, et que ce dernier, jaloux de lui-même, assassine son double et est envoyé au bagne ?... Irma est tout autre chose qu'une aimable petite comédie musicale. C'est un for midable livret. Et ce n'est pas un hasard si Peter Brook le monta en son temps. Avec Gérard Daguerre, mon complice de La Périchole dont il écrivit les arrange ments, nous avons voulu monter une Irma toute simple, comme elle a été écrite, loin de la version de Broadway. Une Irma du pont Caulaincourt, une Irma à la Breffort, tendre poète des faubourgs, à la Monnot, déchirante compositrice des plus belles chansons de Piaf. Pas de grands effets musicaux, mais un petit orchestre (celui de mes derniers spectacles) mené de main de maître par Gérard au piano [...]. Pas de grands ballets, pas d'effets spéciaux ; l'histoire se suffit à elle-même. Un coup de projecteur tendre sur un couple qui, à mon sens, égale les grands amants du répertoire. Curieusement, cette histoire de fille de joie cherchant l'amour idéal est d'une incroyable pudeur. Et pose le problème éternel de la femme qui cherche son indépendance dans la société encore figée des années cinquante. Dans un monde où les enfants et les jeunes sont harcelés par la permissivité tous azimuts, par le sexe servi à toutes les sauces, Irma la douce prend la dimension d'un conte moral. Bien sûr, je n'ai pas cherché à en faire un conte de fées. Au temps d'Irma comme aujourd'hui, les macs sont des macs, et le monde interlope n'y est pas moins sinistre qu'aujourd'hui. Mais Alexandre Breffort et Marguerite Monnot, par leur tendresse, nous emmènent au-delà du quotidien dans un monde de rêve et d'émotion. Jérôme Savary Irma la douce | 05 | Paris, Église du Sacré-Cœur de Montmartre. Luc BOURROUSSE Au bout du pont Caulaincourt, l'Amérique Mon rêve chaque soir enjambe les horizons Tout là-bas, y a la Butte, la Butte et ses maisons Le Rochechouart, Pigalle, les bars et les tabacs Y a l'ciné, y a la vie et la nuit sur tout ça... Et puis il y a l'Caulaincourt Où rodent les filles d'amour Et parmi ces filles-là Y a mon Irma, ma môme... Elle est loin mais je crois Qu'elle pense toujours à moi Et qu'elle trouve le temps long Au bout du pont, ma môme. En quelques lignes épurées d'un mouvement remarquablement cinématogra phique, Alexandre Breffort a su tout dire : Irma la Douce est une quintessence de trottoir montmartrois, un Mac Orlan sans marins et sans brumes, la matérialisa tion unique d'un Paris pittoresque et rêvé qui, des sombres Mystères de Paris d'Eugène Sue à l'éblouissant An American in Paris de Vicente Minnelli, hante l'ima gination des étudiants américains comme des grandes bourgeoises à la recherche de frissons et d'apaches. On trouvera plus loin quelques souvenirs et portraits de Breffort et de sa collaboratrice, la fascinante Marguerite Monnot, brillante concertiste à la carrière brisée par le trac, évanescent compositeur de quelques- unes des chansons les plus émotionnellement denses de Piaf. Née de l'amitié des deux femmes, la première comédie musicale de Monnot, La p'tite Lili, livret de Marcel Achard, ne sera pas en 1951 pour l'ABC un succès marquant, malgré la qualité de l'inspiration musicale, malgré l'interprétation d'Edith Piaf, Eddie Constantine et Robert Lamoureux. Breffort amènera avec Irma, cinq ans plus tard, le souffle magique de l'universel. Deux visages éternellement antagonistes de Irma la douce | 07 l'amour s'affrontent en une intrigue alliant limpidité et subtilité, dans un décor dont l'apparence d'extrême réa f,sVc lisme naît d'un art de la stylisation pu «4 «fWjlrtlVÀ' suprême. Aux frémissements de la ZjOWt Ut DOUX. passion amoureuse répond le frisson tut •»* ÇmMW m-* flounn d'un Paris exotique pour la plupart des \S*t A.rsœrrotrr Parisiens même, comme en 1900 l'était M.MONHOT celui de Louise, cette Louise de Gustave Charpentier qui popularisera dans le monde entier un folklore impressionniste de marchandes de rues et de noctam bules, suscitant jusqu'à l'improbable création par Caruso et Geraldine Farrar au Metropolitan Opera de New York d'une séquelle lourdement symbolique, Julien. Et c'est par l'Amérique que se per pétueront les images de ce Paris populaire, où tous feront étape un jour ou l'autre. Si le mal du pays guette la blonde Lorelei Lee et la brune Dorothy Shaw (Gentlemen Prefer Blondes, de Jules Styne et Anita Loos, d'après le roman de cette dernière, 1949), l'attrait de Montmartre s'exerce toujours aussi puis samment sur scénaristes et compositeurs, ainsi qu'en atteste Can Can (1953), un des chefs-d'œuvre de Cole Porter, où figurent C'est magnifique et l'emblématique I Love Paris. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant qu'à la suite de son triomphe parisien (plus de neuf cents représentations consécutives), Irma la Douce se soit imposée à Broadway, mise en scène par Peter Brook, avec Elizabeth Seal et Clive Revill, puis à Hollywood, dans un merveilleux film de Billy Wilder où, autour de Shirley MacLaine et Jack Lemmon, Alexandre Trauner recrée le Paris d'Utrillo. Les mots de Breffort, son français précis et bref, où l'argot n'est qu'une élégante pré cision de plus, ont disparu avec la traduction, évidemment ; mais la musique de Monnot aussi, remplacée par un « à la manière de » d'André Previn, qui pour être brillant ne saurait faire oublier le charme, la sincérité, l'accent de la partition ori ginale, qui demeure la seule véridique, the genuine article. Luc Bourrousse est journaliste et historien. Yvan AUDOUARD Jérôme GAUTHIER Alexandre Breffort « Le grand-père Zig » Camelot à la sauvette, d'abord, chauffeur de taxi la nuit, telles furent les universi tés d'Alexandre. Y-a-t-il meilleure formation pour un auteur ? D'autant que ces activités marginales développent l'imagination, sont créatrices de loisirs, permettent la grasse matinée, et incitaient Alexandre à pratiquer la « lecture des plafonds ». Là où nichent les oiseaux du rêveur éveillé. Il prit l'habitude d'envoyer au Canard Enchaîné des petits textes, rimés ou non, des haïkaïs, des fables, des « cartes express ». Maréchal, le directeur, n'hésita pas à les publier et les rédacteurs du Canard connurent sa signature avant de découvrir sa bonne gueule. Deux lèvres gourmandes, au nez fureteur, au regard de matou gras souillet sans cesse prêt à bondir sur un bon mot ou une jolie nana. De nous tous, il était, et de loin le plus élégant et le plus soigné. Costume rayé trois-pièces, le pli du pantalon impeccable, chaussures cirées, pochette discrète, cheveux lustrés, il donnait toujours l'impression d'être retiré des affaires avant d'y être entré.