Population: Corn pter avec l'école ,

TSSN ORSO-ROl 1 N° 4-5 2° Semestre 1989 Sommaire Revue de l'ASPHG Ecole Normale Supérieure Editorial 1 BP 5036 - - Sénégal Discours d'ouverture par Ibrahima NIANG Responsable de Rédaction 1 - Problématique Babacar FALL ENS de la démographie au Sénégal • Démographie et développement en Afrique Noire par Landing SAYANE 3 ... · Les Opérations démographiques au Sénégal et Tribune : Babacar FALL l'examen du Recensement Général de la Population et Pédagogie : Mansour A W de l'Habitat de 1988 7 Dossier d'Histoire : Abdoul SOW par Edmond RODRIGUEZ .... Dossier de Géographie : Maguctte · Interprétation des résultats préliminaires du KANE DIOP Recensement Général de la Population et de Mélanges : Khadidiatou THIAM l'Habitat de 1988 au Sénégal TALL par Fara Guédel MBODJ 12 Il - Eco-démogr.aphie · Les contraintes de la répartition de la population Khadidiatou T ALL THIAM par Maguete KANE DIOP 19· Youssou NDIAYE • Migrations inter-régionales au Sénégal 1%0-1980 par Cheikh GUEYE 24 • Dynamique démographique et production agricole en Basse-Casamance Membres par Babacar MANE 34 Amadou M. CAMARA - Démographie et urbaniation à Dakar : Mamadou DIALLO le processus de "taudisation" de la Médina Est Mouhamcd El Bachir DIOP par Khadiatou TALL THIAM 43, .. r: Doudou GAYE Ill - Démographie et santé Familiale Babacar GAYE FALL Ibrahima SECK • Santé familiale et croissance démographique au Sénégal par Pape Demba DIOUF 52 - Contraception et planification familiale au Sénégal par Hamidou BA 58. Alioune BA IV - L'enseignement des Hamidou BA problèmes de population Amadou M. CAMARA Pape Demba DIOUF • Les problèmes de population dans les programmes de Cheikh GUEYE Pierre KIPPRE de l'enseignement moyen et secondaire du Sénégal Babacar MANE par Amadou Mamadou CAMARA Fara G. MBODJ • L'enseignement des faits de population dans Edmond RODRIGUEZ l'enseignement Supérieur. Landing SA V ANE par Alioune BA 66 • Les études démographiques dans la formulation initiale à l'ENS d'Abidjan. Ce programme séminaire - publi­ par Pierre KIPPRE 69,,,... -~ation a été réalisé grlice au con­ . i.:ours du FNUAP et de la Popula­ Rapport Général du Séminaire 73 tion Council Recommandations du séminaire 76 Composition - Maquette - Montage Motion de remerciements 77 sur micro-ordinateur ELECTRO - PUCE, 2659 HLM Nimz.att, Discours de clôture T~l. 25.10.31 , BP 21344 Dakar Ponty par Djibo KA ... 1a.· Impression : Imprimerie Saint Paul • POPULATION • COMPTER AVEC L'ECOLE

Ce double numéro d'"Historiens - 6ème et lère). Mais dari:; la praUque, Géographes du Sénégal" met à la dis­ les. professeurs sont confrontés à de position du lectorat les actes du sémi­ nombreuses difficultés d'ordre cognitif naire organisé les 27 et 28 AVril 1989 et didactique. au CESAG par l'ASPHG sur le thème Ce séminaire s'est proposé de réunir "Les Problèmes de population dans des professeurs ayant la charge de l'en­ l'enseignement au Sénégal". seignement des problèmes de popula­ tion, d'amorcer une réflexion sur la Il est aujourd'hui établi que la quali­ place accordée à cette question dans té de l'enseignement est largement tri­ les pro~rammes d'enseignement et butaire de l'actualisation des contenus d'identifier la nature des difficultés en enseignés, et d'une liaison constam- · même temps que les moyens les plus ment établie entre la recherche et l'en­ adéquats pour doter les collègues tant seignement. à l'université que dans les Lycées d'ou­ C'est ce souci qui est à la base de la tils didactiques actualisés. prise en compté de l'un des phénomè­ Enfin le séminaire s'est penché sur nes majeurs du monde actuel : le fait le décalage entre une recherche en démographique plein essor sur les problèmes démogra­ La décennie 1980-90 a vu naître en phiques et le contenu de l'enseigne­ Afrique une nouvelle conscience des ment dans les Lycées, Collèges et à problèmes de la population et des im­ l'Université. plications de la croissance démographi­ L'expérience de nos collègues de que pour le bien être des sociétés hu­ l'E.N.S d'Abidjan a servi de référence maines. Cette prise de conscience s'est utile pour les séminaristes. diversement exprimés: La réflexion s'est révélée féconde : - l'adoption du Programme de Kili­ le constat d'une faible prise en compte mandjaro en matière de population de la variable population dans les pro­ lors de la conférence tenue à Arusha grammes en vigueur et d'une disper­ en janvier 1984; sion de cet enseignement aux divers ni­ - l'approbation de la déclaration de veaux considérés. Le résultat majeur a Mexico sur la Population et développe­ été la formulation d'importantes re­ ment en août 1984; commandations dans le sens d'une in­ - l'organisation des deuxièmes recen­ tégration des différentes structures sements dans de nombreux pays afri­ d'enseignement et de recherche pour cains, notamment au Sénégal (1988); un enseignement plus efficient des pro­ - adoption par le Sénégal d'une Dé­ blèmes de population à travers la créa­ claration Générale sur la population tion d'un Institut de formation, de re­ (1988) exprimant officiellement sa po­ cherche et d'études démographiques. litique démographique. Il s'agit d'ores et déjà de faire ad­ Déjà en 1982 au Sénégal, la réforme mettre qu'il faut désormais •eompter des programmes d'enseignement en avec l'école• pour asseoir partout une Histoire et géographie s'était efforcée nouvelle conscience des problèmes de d'inscrire l'étude des problèmes démo­ population. graphiques dans le cadre de la géogra­ phie régionale (1er et 2ème cycles de l'enseignement secondaire) et surtout en Géographie générale (classe de BabaCllr FAIL

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DISCOURS D'OUVERTURE

IBRAHIMA NIANG Ministre de l'Education Nationale

Je me réjouis de l'initiative prise par !'Association en des temps où le ministère n'avait pas encore mis Sénégalaise des Professeurs d'Hlstolre et de Géo­ en service la Structure de Formation Continuée graphie d'organiser un séminaire de réflexion et de (SFC), à prendre en charge l'organisation des sémi­ formation sur "LES PROBLEMES DE POPULATION naires, c'est à dire la formation permanente d'une DANS L'ENSEIGNEMENT AU ". Cela est · bonne partie des professeurs d'Hlstoire et de Géo­ d'autant plus remarquable que le thème est en graphie en activité. rapport avec les préoccupations du Gouvernement peu de temps après le recensement général de la population sénégalaise au mols de mal 1988. La revue "HISTORIENS - GEOGRAPHES DU SE­ NEGAL", l'ouvrage "SITES ET MONUMENTS EN SENEGAMBIE", les CARTES DE GEOGRAPHIE por­ La croissance de la population et ses Implications tant sur le Sénégal viennent illustrer encore l'efficaci­ sur les problèmes de développement sont des té de cette association, la compétence et la disponi­ données majeures que les systèmes éducatifs de­ bilité de ses membres. Pour tout cela, je tiens à vraient prendre en compte. Certes les programmes saluer publiquement au nom du Président de la d'Histolre et de Géographie de 1982 proposent République cette dynamique et efficace association. l'étude des problèmes démographiques mais les en­ seignants restent confrontés à des difficultés qui nécessitent la remise à jour des Informations jusque Pour en revenir à l'objet du séminaire, la popula­ là disponibles. tion constitue un paramètre Incontournable à Inté­ grer dans toute politique prospective de développe­ ment. Réfléchir sur cette question et ses Implica­ Je ne peux donc que me féliciter de la tenue de tions afin d'en cerner au maximum les contours ne ce séminaire dont l'objectif majeur est d'apporter un peut qu'aller dans le sens d'une Identification pré­ appui pédagogique aux enseignants et susciter des cise des concepts et thèmes à véhiculer au niveau réflexions utiles à l'amélioration des enseignements de nos élèves et étudiants. Sensibiliser déjà cette en matière de population. catégorie de notre jeunesse constitue un Investisse­ ment rentable pour l'avenir. Au vu de la population scolaire intéressée, cette formation peut avoir un C'est l'occasion pour mol, au nom du Gou­ effet multiplicateur considérable touchant toutes les vernement, de féliciter l'Assoclatlon Sénégalaise des catégories sociales. Professeurs d'Hlstoire et de Géographie. En effet, c'est une association professionnelle modèle qui, certes, se donne comme objectif prioritaire d'assu­ Je ne saurais terminer sans saluer encore une fols rer la promotion des disciplines dont ses membres cette heureuse Initiative de l'Association Sénégalai­ ont la charge. se des Professeurs d'Histolre et de Géographie, mals aussi tous ceux qui, par leur soutien multifor­ me ont permis la tenue d'un tel séminaire sur un Il s'agit de l'histoire, la géographie, l'éducation thème qui rencontre les préoccupations des autori­ civique, toutes disc!f>!ines considérées comme stra­ tés. tégiques et qui participent efficacement à la forma­ tion du citoyen sénégalais que nous voulons pro­ mouvoir pour un meilleur développement de notre pays. L'action enseignante de ses membres va de En vous souhaitant des travaux sereins et fruc­ pair avec une recherche-action, la construction tueux, je déclare ouvert le séminaire de l'Assoclation d'outUs pédagogiques et une vulgarisation de toutes Sénégalaise des Professeurs d'Histoire et de Géo­ les recherches effectuées dans les domaines con­ graphie, sur les "PROBLEMES DE POPULATION cernés. Nous savons aussi que l'association a eu, DANS L'ENSEIGNEMENT AU SENEGAL". DEMOGRAPHIE ET DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE NOIRE

Par Landing SAVANE

En Mai-Juin 1986, une ses­ lions d'habitants environ 7,8 les niveaux de natalité cl de sion extraordinaire des Nations % de la population mondiale. mortalité les plus élevés de la Unies s'est tenue sur la situa­ L'Europe comptant alors 295 planète. Mais la natalité pour­ tion critique en Afrique. La millions d'habitants (plus du rait encore s'accroitre à l'avenir Communauté Internationale double de celle de l'Afrique). si on parvenait à vaincre les tout entière a laq~cment discuté En 1986, la papulation afri­ phénomènes d'infécondité in­ de la crise afncaine et des caine atteigmt 583 millions volontaire observés dans certai­ moyens d'y faire face. d'habitants soit 11,8 % du nes régions d'Afrique Noire total mondial, celle de !'Eu­ (Afrique Centrale notamment~. Survenant deux années après ro~ n'atteignant que 493 Quant à la mortalité, son ni­ la conférence régionale afncai­ millions de personnes. veau pourrait baisser rapide­ nc sur la population (Jan 84: ment si les politiques de santé Arusha-Tan7.anic) et la confé­ L'Afrique a donc fait un publique étaient réorganisées rencc mondiale de, la popula­ formidable bond en avant dé­ cflicacement dans le sens d'une tion (Août 84 - MeXJco); la mographique qui a commen­ plus grande cflicacité. C'est di­ session extraordinaire n'a pas cé avec la fin de la traite des re que l'accroissement de la accordé au probléme démogra­ nègres et s'est accéléré au population africaine pourrait phique une place importante. lendemain de la colonisation. ê!re encore plus rapide à l'ave­ nir. Il est \Tai que, dans le docu­ Actuellement, le taux d'ac­ ment africain officiel, on réaf­ croissement annuel de la po­ Mais quelles sont les autres firme que "le continent africain pulation africaine est estimé caractéristiques de la popula­ dont la densité est la plus faible à 2,99 - 3 % par an. C'est le tion africaine ? du monde est sous-peuplé" plus élevé du monde et il C'est une population jeune alors que la note préparée par implique un doublement de puisqu'elle compte 45 % d'en­ le Secrétariat déplore notam­ la population en moins de 25 fants de moins de 15 ans cl ment le fait que "rares sont ans. Mais la situation de seulement 3 % de personnes encore les Gouvernements afri­ l'Afrique subsaharienne est âgées de plus de 65 ans. (En cains qui ont fait de la réduc­ encore plus préoccupante Europe ces pourcentages sont tion de la croissance démogra­ puisque la population s'y ac­ respectivement de 21 % et de phique un de leurs objectifs". croît à un rythme de 3,2 % 13 %). par an. C'est dire qu'en dépit des On observe dans cette popu­ consensus réalisés à Arusha et Cet accroissement rapide lation un léger délicit de l'élè­ Mexico sur l'importance des s'explique essentiellement ment masculin (il y a 98 hom­ problémes démographiques, par le niveau élevé de la fé­ mes en moyenne pour 100 fem­ ceux-ci ne font toujours pas condité et par la baisse signi­ mes). Les densités de popula­ l'objet de politiques ap­ ficative de la mortalité au tion sont faibles (généralement propriées. cours des dernières décen­ moins de 20 hbts au Km2) et nies. le taux de mortalité l'habitat rural est généralement Mais qu'en est-il réellement (rapport des naissances en un très dispersée tandis que la po­ des problémcs de Population an à la population moyenne) pulation urbaine se concentre sur le continent, quelle est leur atteint 45 pour mille pour le dans quelques villes et essen­ accuité et quelles sont les pers­ continent alors que pour tiellement dans la capitale qui pectives de solution de ces pro­ l'Europe il est de 13 pour joue un rôle de tout premier blémes ? Autant de questions mille. Le taux de mortalité plan dans le pays. que nous allons nous efforcer (rapport de décès en un an à d'élucider .. la population moyenne) reste Malgré une urbanisation très élevé puisqu'il est estimé à 16 rapide observée au cours des La situation démographique pour mille pour le continent dernières décennies, l'Afrique en Afrique alors qu'il n'est que de 10 reste cependant le continent le pour mille pour l'Europe. moins urbanisé de la planète Au début du siècle, la popu­ avec un taux d'urbanisation es­ lation était estimé à 130 mil- L'Afrique conserve en fait timé à 30 % en 1986.

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Cette urbanisation se réalise au Population et L'urbanisation aggrave en effet détriment des campagnes qui se développement en Afrique le déficit vi"Tier au plan qualitatif vident de leurs populations déjà et quantitatif. Elle renforce le faibles sous l'effet de l'exode ru­ Pendant des millénaires l'Afrique poids des produits alimentaires ral. "Le cancer urbain" constitue a vécu dans une situation d'autarcie importés dans la consommation aujourd'hui un sujet de préoccu­ quasi-totale, l'insuffisance alimen­ globale cl prive la production pation pour la communauté inter­ taire était encore de règle à la veille agricole de bras qui ne trouvent nationale. Les migrations intcra­ des indépendances. Deux décennies pas d'emploi en ville. C'est dire fricaincs occupent clics aussi une plus tard en 1980, la dépendance que la réhabilitation de l'agricul­ place significative dans la démo­ alimentaire s'était solidement ins­ ture africaine demeure une condi­ graphie du continent. Elles sont tallée cl les importations de pro­ tion essentielle de la survie et du favorisées par le caractère encore duits alimentaires atteignaient le ni­ progrès économique et social du artificiel des frontières d'Etat, et veau record de 20,4 millions de continent sans laquelle, il est illu­ par le développement inégal des tonnes. soire d'espérer mettre en oeuvre différents pays. Ces miwations une politique de promotion des restent cependant relativement Jusqu'en 1986 la sécheresse a popualtions rurales. faibles en Afrique Centrale, elles continué de faire des ravages sur le sont importantes en Afrique de continent qui a y.u bénéficier heu­ Cette promotion devra toucher l'Ouest où clics se présentent es­ reusement de 'aide alimentaire non seulement la production agri­ sentiellement sous la forme de d'urgence fournie par les pays déve­ cole mais aussi les conditions de migrations de travail. En Afrique loppés, le systémc des Nations­ vie qui sont particulièrement diffi­ Australe, les migrations de travail U mcs cl les diverses ONG (Organi­ ciles en milieu rural particulière­ sont inextricablement impliquées sations Non Gouvernementales) ment pour les femmes el les en­ au phénomène des rcfugiés tandis mais celle situation d'assisté tend à fants qui sont les principales victi­ qu'en Afrique de l'Est le phéno­ se perpétuer d'autant plus que la mes de la crise. mène des réfugiés et autres per­ crise

N° 4-6 - 2° Semestre 1989 Page 5 la circulation des enfants (phéno­ taudis ou autres bidonvilles ou les qui a été officiellement intrüduit mènes des "enfants confiés") per­ conditions de vie ne cessent de se dans la majorité des pays d'Afri­ mettent d'instaurer dans un envi­ détériorer. Sans nul doute la crise que et dont l'incidence s'accroît ronnement globalement hostile un actuelle présente t-elle aussi un vo­ peu à peu, il en est de même des ensemble diversifié les réponses let démographique que l'on ne sau­ maladies sexuellement transmissi­ qui constitue un véritable "systé­ rait sous estimer. L'exode rural bles qui trouvent en milieu urbain me de sécurité sociale collective" bien sûr mais aussi les facteurs des conditions particulièrement dans lequel s'intégre du reste les purement démographiques comme favorables à leur propagation. Ces populations urbaines encore soli­ la plus faible mortalité et la natalité dernières années la question du dement rattachées aux valeur so­ cio-culturelles traditionnelles. En milieu urbain, évidemment la situation est globalement meil­ leure pourtant la ville africaine reste au coeur de la crise et des contradictions de la société. Les industries, l'emploi, l'éducation, la santé, l'habitat, les infrastructures socio-économiques en général y sont relativement dé"'.eloppées mais leur niveau reste très en deçà de la demande d'une population jeune qui exige des autorités cen­ trales des réalisations concrètes et rapides. Or c'est plutôt le contraire qui se produit. Le marché du travail est étroit et même les diplômés du supérieur connaissent les affres du chômage, les divers services so­ ciaux sont de plus en plus coûteux, le entreprises du secteur structuré sont confrontées à des graves pro­ blémes liés à l'adoption générali­ sée des programmes d'ajustement structurel mis en oeuvre sous l'égide du FMI et de la Banque Mondiale. Finalement, le secteur informel apparaît comme le prin­ cipal pourvoyeur d'emplois et le commerce se développe en rap­ port avec la régression de la pro­ duction intérieure (aussi bien agricole qu'industrielle). En réali­ té, le chômage et le sous-emploi ne cesse de se répandre du fait de la surpopulation croissante des villes et la prostitution, la délin­ parfois élevée qui se traduisent en SIDA a introduit une nouvelle quence juvénile et la mendicité se ville par un accroissement naturel dimension dans la position du présentent dans beaucoup de ca­ plus rapide de la population. probléme démographique en pitales comme de véritables Afrique. Au delà des vaines polé­ fléaux. Dans beaucoup de grandes miques sur l'origine de la maladie, villes africaines, on observe une Mais d'autres facteurs se déve~ se pose le probléme de la préven­ dégradation croissante du milieu loppent aussi dans ces villes et leur tion qui se heurte ici à des.obsta­ et des contrastes de plus en plus impact y est intense plus qu'en cles socio-culturels et socio-éco­ insurmontablèS se développant • milieu rural. nomiques de taille qui font que entre les quartiers aisés et les Il en est ainsi du planning familial l'utilisation généralisée du con- Historiens - Géographès du Sénégal

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dom (préservatif) dans les rela­ Vers l'an 2100, elle comptera 2.477 présentent pas, en so~ un facteur tions sexuelles peut difficilement millions d'habitants soit 24 % de la favorable au développement du s'imaginer en Afrique dans le population mondiale (10.445 mil­ continent. La croissance de la po­ court terme. Or, selon les infor­ lions). pulation va exiger des capitaux mations fragmentaires dis­ considérables rien que pour main­ ponibles, le SIDA serait beaucoup Pendant cette même période, la tenir les services qui sont assurés plus répandu sur le continent que population urbaine du continent actuellement aux populations (in­ ne le reconnaissent les statistiques continuera en principe de s'accroi­ vestissements démographiques). officielles. Il y aurait déjà plu­ tre à un rythme élevé qui va boule­ C'est dire que l'Afrique, déjà sieurs millions de personnes séro­ verser de fond en comble la physio­ étranglée par son endettement positives principalement en Afri­ nomie du continent. Dès l'an 2000 élevé, devra trouver les moyens de que Orientale et en Afrique Cen­ la Population urbaine représentera relancer sa production et son dé­ trale et la maladie se propagerait 42 % de la population Africaine. En veloppement économique et so­ à un rythme rapide qui constitue 2025 elle sera dans l'ordre de 50 %. cial pour faire face au défi du une menace grave pour les popu­ nombre. lations. De telles projections font évi­ demment rêver et on ne voit pas Encore faut-il préciser que les Du fait de l'intensité des migra­ comment le continent pourra faire prévisions actuelles n'intègrent tions urbaines rurales de toutes face à de tels accroissements de pas l'effet dévastateur éventuel du sortes le SIDA représente dans population qui supposent d'ailleurs Sida qui pourrait, si l'on n'y prend certains pays africains, et à terme des progrès unportants dans l'adop­ garde, avoir des conséquences dé­ pour le continent une véritable tion du planning familial. mographiques encore plus tragi­ menace pour une survie. Malheu­ ques que la traite des esclaves. reusement ni au plan national, ni C'est dire que c'est dans le do­ au plan continental on ne voit se maine démographique que l'huma­ Inconscience ou fatalisme, le dessiner une stratégie concertée nité évolue plus sûrement que dans continent noir l>oursuit son évo­ et cohérente de lutte contre ce d'autres domaines vers un nouvel lution sans manifester la moindre fléau. ordre mondial. · inquiétude, sans doute assuré par son histoire et dans son subcons­ cient collectif d'être en mesure de faire face vigoureusement à la crise actuelle et aux différents défis qui se dressent devant lui. Or le monde a connu des chan­ gements considérables et aucune société humaine ne pourra assu­ rer désormais sa survie et son bien être sans une mobilisation consciente et durable.

L'Afrique n'échappe pas à cet­ te règle et ses peuples sont inter­ pellés de même que chacun de ses fils.

Il leur faudra prendre leur res­ ponsabilité devant l'histoire pour mériter d'occuper une place en­ En conclusion : Le "Nouvel Ordre Démographi­ viable au sein de l'humanité en que Mondial" que les projections devenir qui se forge sous nos yeux. Quelles perspectives ? laissent prévoir restituera à l' Afri­ que le poids démographique qu'elle En l'an 2000 selon les projec­ avait dans le monde avant la traite tions du P.R.B (Population Réfé­ des nègres qui a décimé sa popu­ rence Bureau, Washington DC) lation dans des proportions qui res­ l'Afrique comptera 872 millions tent encore controversées. Lan ding SAVANE d'habitants soit 14 % de la popu­ Mais les perspectives de boule­ lation mondiale (6.157 millions). versements démographiques ne re- Statisticien Démographe Les opérations démographiques au Sénégal et l'examen du Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 1988 (RGPH/88) Par Edmond RODRIGUEZ

INTRODUCTION volet démographique réalisée la fécondité de 1978. Elle a en 1957 dans la moyenne val­ donné lieu à une moisson abon­ Le Sénégal a une tradition lée du Fleuve. dante de données sur la fécon­ fort ancienne de collecte de dité, ses déterminants et son données statistiques no­ évolution passée, la connaissan­ tamment de données démogra­ ce et la pratique de la con­ phiques. Cette tradition remon­ traception, les estimations de te à l'époque coloniale et s'est mortalité infantile et juvénile; perpétuée après l'indépendan­ A partir de l'indépçndancc, - l'enquête migration-main­ ce. Cette note a pour but de les enquêtes damogràphiques d'ocuvrc de 1979 : avec cette rappeler brièvement les princi­ et les recensements de la po­ enquête, une lacune a été com­ pales opérations démographi­ pulation de 1976 et de 1988 blée du fait d'une meilleure ques effectuées pendant la pé­ qui sont des opérations plus connaissance du volume de la riode pré et post indépendanc~ élaborées et à grande échelle main-d'oeuvre, de l'emploi et d'une part et de décrire plus ont pris le pas sur les corn p­ du chômage ainsi que de l'in­ amplement les différentes pha­ lages de la période coloniale tensité et de la direction des ses du recensement général de et les cnquetcs urbaines des flux migratoires inter­ la population et de l'habitat de années 1950. régionaux; 1988 (RGPH/88). - l'enquête démographique et Cc sont dans l'ordre chro­ de santé de 1986: elle a produit 1. La opéralions dhnogmphi­ nologique : les données les plus récentes qua de la pbiode colonüzle : sur la fécondité et ses tendan­ - l'enquête démographique ces d'évolution depuis 1978 et Avant l'indépendance, si l'on nationale de 1960-61, est une fourni des renseignements uti­ met à part les divers recense­ enquête à passage unique les sur la santé maternelle et ments administratifs effectués à réalisée par la Direction de la infantile aux responsables de la des fins essentiellement fisca­ Statistique. Les résultats ont politique sanitaire. ies, les seules investigations à été publiés dans la thèse de caractère démographique con­ L. Verrière 1965 (Faculté des Il faut noter que toutes ces nues sont : Sciences Economiques - Uni­ enquêtes qui ont une envergure - le recensement du territoire versité Ch. A. DIOP); naltonalc ont été exécutées par du Sénégal réalisé en 1907. A - l'enquête démographique la Direction de la Statistique. cette époque cette entité com­ nationale de 1970-71, enquê­ A cette liste s'ajoute d'autres prenait les quatre communes te à 3 passages espacés de 6 enquêtes de dimension plus ré­ (Saint-Louis, Gorée, Dakar, mois chacun. Elle a permis la duite réalisée soit par des insti­ Rufisque), les escales implan­ collecte de données sur la tuts de recherche soit par la tées le long des cours d'eau et structure et le mouvement de Direction de la Statistique ou une petite bande de terre de la population. Elle a toutefois en collaboration avec clic et qui part et d'autres du chemin de l'inconvénient de n'avoir pas ont induit une meilleure con­ fer reliant Dakar à Saint-Louis; fourni des données au niveau naissance de la population sé­ - le recensement de la com­ r~gional et à l'échelle infé­ négalaise. Ce sont les enquêtes mune de Diourbel et celui de la rieure; ORSTOM (Diakhao), enquête commune de Ziguinchor en - le recensement général mortalité infantile (zone rurale 1951; de la population de 1976, pre­ de Thiès), l'enquête mortalité - le recensement de la com­ mier dénombrement exhaus­ infantile (Région de Kaolack et mune de Saint-Louis et celui de tif. Il a permis de disposer de de ), l'enquête mortalité la commune de Thiès en 1953; l'effectif de la population jus­ infantile à Pikine, l'enquête sur - enfin, le recensement de la qu'au niveau géographique le la santé familiale (département commune de Dakar en 1955. plus fin cl des caractéristi­ de Bakel), l'enquête sur les mi­ - l'enquête MISOES (Mis­ ques socio-démographiques grants de .la vallée du Fleuve sion Soc10-Economique de la détaillées. Il a constitué une Sénégal, etc... ). basse vallée du Fleuve Sénésal) base de sondage fiable pour Malgré toutes ces informa­ qui est une opération à objec­ les enquêtes ultérieures; tions sur la population séné~a­ tifs multiples, comportant un - l'enquête sénégalaise sur laise, dix ans après le premier

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N° 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 8 recensement général de la po­ sement a connu un retard de 2 ans - Domaine économique pulation il s'est avéré nécessaire en raison des difficultés rencontrées a•entreprendre un second recen­ dans la recherche de moyens fman­ Les données sur la population sement car les résultats de la pre­ ciers dont l'importance se justifie peuvent servir aux pouvoirs pu­ mière investigation exhaustive par l'ampleur de l'opération. En blics et aux entrepreneurs pour la étaient devenus caduques. effet le coût global du recensement fixation du volume de la produc­ En effet, des mouvements ûn­ de 1988 est évalué à deux milliards tion, pour l'élaboration de leur portants ·étaient survenus au sein trois cent millions de francs politique d'emploi, de main-doeu­ de la population sénégalaise en (2.300.000.000 F CFA) dont une vre et de logement etc... raison principalement de ia séche­ partie somme toute faible est prise resse qui a entraîné un exode vers en charge par le gouvernement. - Domaine de la recherche les grands centres urbains notam­ ment Dakar. Les données concer­ En termes d'objectifs, le recense­ Les résultats du recensement nant la population avaient dès lors ment a des préoccupations multi­ constitueront une base de sondage besoin d'être actualisées, d'autant ples à savoir -permettre une pour toutes les futures études sta­ plus que sa croissance naturelle bonne connaissance de l'effectif et tistiques, démographiques et so­ même était assez rapide (2,8 % des structures de la population jus­ cio-économiques. par an environ). qu'au niveau des plus petites unités géographiques. l. u 1f!CDISi!17U!ll génh:al de la - fournir des données sur l'habi­ population d de l'habiltit de 1988 tat. La Direction de la Statistique a (RGPH/88) - recueillir les renseignements été l'organe du Gouvernement nécessaires à une meilleure appré­ chargé de la réalisation du Le recensement général de la ciation du mouvement de la pol?ula­ RGPH/88. Au sein de cette Di­ population et de l'habitat de 1988 tion (natalité, mortalité, migration), rection, le Bureau National du est une opération scientifique - servir de base de sondage mise Recensement a été chargé de la ayant comme objectif la quantifi­ à jour pour l'organisation d'enquê­ préparation administrative et cation des ressources humaines tes spécialisées dans les domaines technique, de l'exécution et de la du pays d'une part et la détermi­ démographiques et socio-économi­ publication des résultats du recen­ nation des caractéristiques de ques. sement l'habitat d'autre part. Contraire­ ment à l'imagerie populaire, c'est Les informations qui seront col­ La Direction de la Statistique a une affaire de spécialistes car sa lectées vont constituer un outil pré­ travaillé en collaboration avec les mise en oeuvre nécessite des com­ cieux pour un grand nombre de ministères intéressés par l'exécu­ pétences certaines de la part des décideurs notamment ceux chargés tion du recensment. techniciens chargés de sa prépara­ de la planification du développe­ tion, de son exécution, de l'exploi­ ment économique et social du pays. Le recensement a été prescrit tation et de l'analyse des résultats. En effet le recensement fournit des par le decret 85-229 du 27 fé­ renseignements qui permettent de vrier 1985. l.J. Justifu:alions d objectifs : mieux orienter les politiques et ac­ tions de développement. A ce titre Il a été couvert par la loi n° Le recensement est essentiel à nous citerons quelques exemples : 06659 du 30 juin 1%6 sur l'obliga­ la définition et à la conduite des tion et le secret statistique. plans de dévcloppcmemnts d'un • Domaine social pays. La disponibilité de données La construction d'hôpitaux, de Conformément à cette Io~ les Chronologiques permet en effet de dispensaires, de maternités, de lo­ informations recueillies au mo­ mieux connaître la répartition, les gements, de voies de communica­ ment du recensement sont stricte­ caractéristiques et l'évolution de tion, de forages, dé puits, d'infras­ ment confidentielles et ne doivent la population. tructures de loisirs, ... requiert des servir qu'à des fins statistiques. informations précises sur la popula­ Elles ne doivent en aucune fa50n Au Sénégal, la périodicité de 10 tion et l'habitat. servir à des fins de pourswtes ans a été retenue en raison du judiciares ou de répression écono­ coût élevé d'une opération de cet­ • L'éducation mique. te nature et des contraintes tech­ Les responsables de l'école séné­ niques. Ainsi, le premier recense­ galaise prévoient leurs besoins en En vertu de cette Io~ toute ment de 1976 devait être suivi établissements, matériels et en per­ personne interrogée par un agent d'un second en 1986. sonnel enseignant en se basant sur recenseur est tenue Cle répondre le nombre d'enfants en âge d'entrer et de donner des renseignements L'exécution de ce second recen- à l'école. exacts sous peine d'amendes Historiens - Géographes du Sénégal

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strict. Les différentes étapes de recensement. Elle a travaillé sous l'opér~tion sont présentées dans ce le contrôle d'un Comité Techni­ Dénombrer en l'espace de 15 qw smt : que National (CTN) du recense- jours, l'ensemble de la population . ment créé par arrêté ministériel du pays n'est pas chose aisée. A N° 02440 du 28 février 1985, le cet égard, le recensement est une comité a eu à se réunir quatre opération extrêmement complexe fois. Des comités régionaux, ont constituée de chaînes de tâches été créés à l'approche du recense­ · articulées entre elles et nécessi­ La Direction de la Statistique a ment. tant un calendrier d'activités très mis environ trois ans à préparer le Pendant la préparation techni­ que, la Direction de la Statistique a bénéficié de l'appui d~rganis­ mes étrangers tels que' l~ Bui.eau du recensement des Etats-Unis d'Amérique, le Programme des Nations Unies pour le Développe­ ment (PNUD), l'Institut National de la Statistique et des Etudes EC:Onomiques (INSEE) en Fran­ ce. En outre, des démographes et informaticiens ont eu à se rendre dans des pays africains (Mali, Cô• te d'ivoire, Burkina Faso, Came­ roun) pour s'informer de leur ex­ périence en matière de recense­ ment et ce dans le cadre de la coopération entre instituts de sta­ tistiques. Cette phase a été l'occasion de discussions avec les bailleurs de . fonds (USAID, PNUD, FNUAP, B.M) du budget de l'opération.

Le ou les questionnaires consti­ tuent les supports de l'information sur lesquels sont transcrits les ré­ ponses des personnes recensées. Il en existe deux types daps le µdre du recensement : un questionnai­ re lourd et un léger, respective­ ment destinés à la population nor­ malement domiciliée et à la popu­ lation comptée-à-part qui com­ prend l'ensemble des personnes vivant dans des casernes, des corps , militaires et para-militaires, des · maisons d'arrêt et de rééducation, des hôpitaux; des hôtels et villages touristiques, des institutions reli­ gieuses etc ... Historiens - Géographes du Sénégal

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Le questionnaire collectif com­ fectués durant le premier trimestre et au début de l'opération de dé­ prend nombre de questions por­ de 1988 en vue de mettre à jour des nombrement; tant sur: l'âge, le sexe, la religion, cartes des zones surtout urbaines - une chanson sur le recensement la situation matrimoniale, l'ethnie en perpétuelle modification. composée par une vedette natio­ ou la nationalité, l'instruction, la nale a été diffusée à la radio et à mortalité, la fécondité, les migra­ J.3.4. Le recensemenl-pi/ole la télévision; tions, l'activité économique, l'ha­ Il a constitué une simulation du - l'affichage : des affiches sur le bitat. recensement proprement dit et a eu recensement ont été aposés sur L'utilisation des questionnaires pour objectif de tester les instru­ les murs de toutes les villes du par des agents chargés de la col­ ments et les procédures mis au pays lecte des renseignements a dû être point pour l'exécution du recense­ - des bad$es pour agents recen­ effectuée scion des normes et des ment. seurs ainsi que des autocollants. conventions précises, en vue Effectué entre février et mars d'uniformiser la collecte des don­ J.3.7. Le 1eC1Ulemml 1987 dans des zones particulière­ el la /omudion nées. Dans cette perspective, un ment difficiles, le recensement-pilo­ manuel d'instructions a été élabo­ te a permis de finaliser les ques­ La prospection et le recrute­ ré à l'intention des agents recen­ tionnaires et de parfaire l'organisa­ ment du personnel de terrain ont seurs. De la même manière, des tion et la techmque de collecte. eu lieu au cours des mois de manuels spécifiques ont été pré­ janvier et février 1988. Ce person­ parés pour les membres du per­ .1..l.5. Le calendrier hUtorique nel était composé en majorité de sonnel d'encadrement dont le rôle Le calendrier historique n'est que jeunes déscolarisés ou en quête est de coordonner et de superviser d'emploi. la collecte des données. Il s'agit en le répertoire des faits qui ont mar­ particulier des contrôleurs et des . qué la vie des populations des diffé­ Certains agents de l'état ont superviseurs. rentes localités ou de l'ensemble du aussi fait partie des agents ciblés pays. Il est utilisé par les agents pour le recrutement (agents des 3.3.3. Les lnlvaJa autogmphiques recenseurs pour déterminer: l'â~e CERP, monitrices rurales, agents des individus dont la date de nais­ de la jeunesse sports, des services Les travaux cartographiques co­ sance ou l'âge n'est eas connu ou ne techmqucs régionaux et parfois nistent essentiellement en des re­ disposant pas de pièces d'étatcivil nationaux). levés de tous les lieux d'habitation fiable. En effet l'âge est une varia­ La formation des agents recen­ existant sur le territoire national ble explicative fondamentale dans seurs et des contrôleurs a eu lieu (villes, villages, hameaux) avec le toutes les études démographiques. du 5 au 14 mai 1988 sur l'ensem­ nom des localités et le nombre ble du territoire. Elle a été assu­ estimé d'habitants. il~ La campap • sensibilisa­ rée par 340 formateurs qui ont Ces différents lieux d'habita­ tion reçu leur formation du 21 au 30 tions sont repérés sur une carte avril 1988. Ils ont été formés par géographique , laquelle a permis La qualité des résultats du re­ les membres de l'encadrement Je découpage en districts de re­ censement est fonction du degré (démographes et chefs de bureaux censement (zones d'environ 1000 d'exactitude des renseignements régionaux de la statistique}. habitants en zone urbaine et 800 collectés. La campagne de sensibi­ La formation comprenait une en milieu rural). lisation des populations sur les ob­ partie théorique et une partie pra­ Il y a eu plusieurs phases dans jectifs réels de l'opération pour les tique avec des exercices sur le la eartographie : amener à se prêter de bonne grâce terrain. - préparation (obtention des lis­ aux questions des a~ents recenseurs tes des villages) a atteint ses objectifs. Le message 3.4. LE DENOMBREMENT - confrontation des données de qui a insisté sur le fait que les diverses sources notamment les résultats du recensement ne sont Le dénombrement constitue données cartographiques du re­ utilisés qu'à des fins .statistiques,..a l'étape la plus déterminante dure­ censement de 1976. éliminé la méfiance de la popula­ censement. Il a eu lieu du 20 mai - mise à jour complète et dé­ tion. au 3 juin 1988 sur toute l'étendue coupaçe Les moyens utilisés dans le cadre du territoire. Sa réalisation a né­ - mise au net et reproduction de la sensibilisation ont été : cessité la mobilisation d'impor­ des cartes. - les médiats (presse- parlée écrite tants moyens d'ordre humain et Les travaux cartographiques ont et filmée). Des articles sur le recen­ matériel. C'est ainsi que l'on a duré environ 17 mms. Commencé se1.t1ent ont été publiés dans le quo- recruté quelques 8.300 agents re­ en août 1986, ils se sont achevés tidien national "Le Soleil"; · censeurs, 1.900 contrôleurs et 250 en janvier 1988. Des travaux com­ - un film de quel'Jues minutes a été superviseurs. . pl6mentaires ont toutefois été cf- diffusés à la télévision un peu avant L'utilisation d'effectifs de cette ampleur a nécessit~ une organisa- Hlstotlens - Géographes du Sénégal

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- tion adéquate du personnel sur le mesurer la qualité du recensement, seules une période de 18 mois. terrain. Au niveau de chaque ré­ d'identifier les sources d'erreurs et Les phases de chiffrement et de gion, la hiérarchie était la suivante de fournir des orientations pour les saisie ont nécessité res- enquêtes ultérieures. pectivement une soixantaine - coordonateur Elle a été exécutée dans la' d'agents de codification et plus de - chef de bureau régional deuxième quinzaine du mois de 80 agents de saisie. - coord~nateur départemental juillet 1988 soit un peu plus d'un La sortie des tableaux de résul­ - superviseur mois après le recensement général tats sera effectuée au fur et à - contrôleur de la population. Son exploitation mesure de l'apurement des fi­ - agent recenseur est en cours. chiers des données. Chaque catégorie de personnel Ainsi, les résultas définitifs du avait des tâches spécifiques qui lui ll.2 L'nploitmion recensement seront disponibles ans étaient dévolues. Mais, il va s'en C'est l'opération de traitement dans un délai de deux et demi dire que le socle du système d'or­ des données recueillies sur les après le dénombrement ganisation reposait sur l'agent re­ questionnaires et les cahiers de visi­ 3.6. L'ANALYSE censeur qui avait toute la respon­ tes (documents récapitulatifs des sabilité du recensement au niveau chiffres de population par district). C'est la phase pendant laquelle de son district. Cette phase comprend le con­ les tableaux les plus pertinents se­ A noter que le personnel a trôle des cahiers de visites pour ront transformés en tableaux plus bénéficié à tous les niveaux de s'assurer que tous les districts ont élaborés. l'appui des autorités administrati­ été effectivcment recensés et des Cette phase doit mettre en évi­ ves qui n'ont menagé aucun effort questionnaires pour vérifier la co­ dence les inter-relations qui exis­ pour faire de l'opération un suc­ hérence des informations recueil­ tent entre les différentes variables. cès. lies. Les conclusions et recomman­ dations qui en découleront de­ 3.4.LLa~ ll.21. Le dépoW/Jemenl vront permettre de mieux orienter les politiques nationales et secto­ Pour permettre que les dépla­ des cahien de vi.rila cements du personnel de terrain rielles relatives aux divers domai­ s'effectuent dans de bonnes condi­ Il a permis de disposer de résul­ nes appréhendés par le recense­ tions, des moyens logistiques ont tats préliminaires d'effectifs essen­ ment. été mis à la disposition de cc tiellement au niveau national, ré­ crsonncl. Etant donné que le ma­ gional et départemental dans un tériel roulant du BNR est insuffi­ délai de six mois après le dénom­ CONCLUSION sant, il a fallu faire appel aux brement. Le recensement est une opéra­ véhicules de l'administration. Les Le répertoire des localités (vil­ tion lourde et s'étalant sur environ véhicules réquisitionnés pendant lages et communes) qui est égale­ 5 ans depuis la préparation admi­ la phase de collecte ont tourné ment obtenu par ce dépouillement nistrative jusqu'à la publication autour de 600 véhicules. est en cours de traitement infor­ des résultats. matique 3.5. LES TRAVAUX Il est en outre coOteux ce qui fait qu'il n'a pas facilement l'adhé­ POST-CENSITAIRF.S ll.22 L 'npioitation llll dixième sion des bailleurs de fonds. La collecte de l'information Cette opération consiste à ex­ Cependant sa valeur ne fait pas n'est que la partie visible de l'ice­ ploiter les données d'un échantillon de doute en raison surtout de son berg que constitue le re­ de la population total tiré à posté­ caractère exhaustif. Tout état se censement. A l'instar des travaux riori avec un taux de sondage géné­ doit de disposer à intervalles régu­ préparatoires, des opérations sont ral de 1/10. liers de résultats statistiques sur sa effectués après le dénombrement Elle fournit des résultats provi­ population et au niveau géogra­ mais ignorées du grand public. soires sur l'ensemble des variables phique le plus fin. Ces données Parmi celles-ci, fierent l'enquête dans un délai de six mois à un an. sont en effet nécessaires à une post-censitaire, 1exploitation et Son exécution se poursuit nor­ pla~ification économique et socia­ l'analyse des résultats. malement à l'heure actuelle. le rigoureuse. li.l. L'enqu& past-censilaire li.23. L'nploiltdion globale

L'enquête post-censitaire est un Elle comprend 4 phases : le chif­ Edmond RODRIGUEZ recensement réalisé sur un faible frement, la saisie, le nettoyage et la échantillon (le centième de la po­ tabulation des données. Les deux Démographe au BNR pulation recensée) dans le but de premières phases couvrent à elles DAKAR Interprétation des résultats préliminaires du Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 1988 au Sénégal Par Fara Guédel MBODJ

INTRODUCTION l'état de la population a été le recensements permettra de dé­ principal objectif poursuivi. terminer les modifications et Le recensement constitue un Les enseignements tirés de les tendances de quelques indi­ instrument essentiel à la formu­ cette première opération ont cateurs de développement. lation et à la conduite des permis d'élargir le champ des plans de dévelorpcmcnt écono­ sujets étudiés dans le cadre Au plan international, le re­ mique et soda d'un pays. En du second recensement afin censement a une autre fonction effet, le recensement rensei~e de satisfaire les besoins d'un qui consiste pour un pays d'ap­ sur le volume et les caractéristi­ plus grand nombre d'utilisa­ précier son niveau de progrès ques de la ~pulation et permet teurs. Ains~ le recensement économique et social en com­ de mieux identifier les besoins de la population de 1988 \Îse parant ses statistiques à celles scion le milieu et les groupes plusieurs objectifs, à savoir : de pays disposant de potentiali­ sociaux. Les modilications tem­ - actualisation des données tés analogues aux siennes. porelles qui affectent les diffé­ du premier recensement re­ rentes structures de la popula­ latives à la connaissance des Pour rendre les décisions ef­ tion suggère l'actualisallon des effectifs et des caractéristi­ licaccs, il importe que l'inter­ statistiques. ques démographiques, prétation des résultats soit cor­ sociales et économiques de la rectement menée. Le Sénégal a retenu, confor­ population pour les différents mément aux recommandations niveaux g~ographiques; 2 - ANALYSE DES RESUL­ des Nations Unies, le principe - connaissance du mouve­ TATS PRELIMINAIRES d'exécuter un recensementr gé­ ment de la population par la néral de la population tous les collecte d'informations sur la Les délais de publication des 10 ans. Notre pays a effectué en natalité, la mortalité et les résultats définitifs d'un recense­ 1988 son second recensement, migrations; ment sont relativement longs le premier ayant eu lieu en - connaissance des caracté­ (deux ans et demi dans notre 1976. ristiques de l'habitat; cas). C'est pourquoi la Direc­ - mise à jour de la base de tion de la Statistique, Bureau L'exécution de cc deuxième sondage issue du premier re­ National du Recensement, a recensement a accusé un retard censement de 1976 dans la procédé en moins de 5 mois à de deux ans du fait des difficul­ perspective de mener à bien une exploitation sommaire afin tés rencontrées dans la recher­ les enquêtes statistiques ulté­ de mettre à la disposition des che de financement. rieures. utilisateurs des données de ba­ se. Cette première publication La présente communication Ces données seront utiles donne pour chaque région et a pour objet l'interprétation des non seulement à l'administra­ par circonscription administra­ premiers résultats du deuxième tion publique mais également tive, le nombre de concessions recensement de la population. au secteur privé, aux organis­ et de ménages ainsi que la mes et institutions de recher­ répartition par sexe des effec­ L'étude s'articule autour de 3 che. tifs de population. parties. La première _eartie est consacrée aux objectifs du re­ Au niveau national, elles Les résultats ont été obtenus censement, la seconde traite de permettront de mieux appré­ par l'exploitation des cahiers de l'analyse des résultats prélimi­ hender le contexte socio-éco­ visite du recensement. La ca­ naires tandis que la troisième nomique du pays en relation hier de visite se présente sous partie est relative à l'étude criti­ avec les vanables démogra­ forme d'un carnet de bord dans que du répertoire des villages. phiques. En effet, il sera pos­ lequel l'agent recenseur récapi­ sible d'identifier les fractions tule une partie de l'information 1. LES OBJECTIFS de la population et les zones collectée dans un district de du pays sur lesquelles le recensement. Première expérience en la Gouvernement devra concen­ matière, le recensement de trer ses efforts. En outre, En dépit des contrôles effec­ 1976 a été marqué par sa sim­ l'étude comparative des ren­ tués, le remplissage des cahiers plicité. La connaissance de seignements issus des deux de visite n'est pas exempt d'er-

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N° 4-5 - 2" Semestre 1989 Page 13 rcurs. Pour cette raison, les pré­ est de 1,2. Jation fermée (cc qui n'est pas le sents résultats ont un caractère L'examen de la variation du nom­ cas du Sénégal), le déséquilibre provisoire. Il s'y ajoute la non bre de personnes par ménage scion pourrait s'expliquer par le carac­ prise en compte de la population la région (Tableau 1) permet de tère sélectif des migrations inter­ des transhumants en déplacement distinguer 3 grands groupes par nationales qui concernent davan­ pendant la période du dénombre­ rapport à la moyenne nationale : tage les hommes. Cc résultat in­ ment et pour lesquels des opéra­ dique que la solde migratoire tions post-ccnsitaircs sont pré­ - les ré~ons ayant des ménages n'est pas nul au Sénégal con­ vues. Par ailleurs, la population de taille mférieure à la moyenne trairement à l'hypothèse jusqu'ici comptée à part n'a pas été comp­ nationale : Dakar et Ziguinchor; retenue dans les projections de tabliséc. - les régions où la taille des population. ménages avoisine la moyenne na­ Compte tenu de l'imprécision tionale : Saint-Louis et tambacoun­ Au sein du pays, le rapport de des données, les conclusions de da; masculinité est inférieur à 100 ans l'étude menée ci-après doivent - les régions ou la taille des mé­ dans toutes les régions à l'excep­ être appréciées avec les réserves nages est supérieure à la moyenne tion de dakar ou l'équilibre entre qui s'imposent. nationale : Diourbe~ Kaolack, sexes est presque réalisé (101 Thiès, Louga, Fatick et Kolda. hommes pour 100 femmes). Avec 2.1 - Le volume de la population un rapport de masculinité de l'or­ et taille des ménages 2.2 - La structure par sexe dre de 93, le phénomène est plus sensible dans les régions de Il ressort du tableau 2 donnant la Diourbel, Louga et Saint-Louis. Au 27 mai 1988, la population répartition de la population par résidente du Sénégal se chiffrait à sexe que le sénégal compte plus de Le renversement de la tendance 6.881.919 habitants appartenant à femmes que d'hommes. En effet, le observée dans la presqu'île du 784.484 ménages répartis dans rapport de masculinité est de 97 Cap-Vert serait dû au fait que 602358 concessions. En moyenne, soll 97 hommes pour 100 femmes. Dakar absorbe une rarl impor­ un ménage est constitué de 8,8 En admettant l'hypothése selon la­ tante de l'exode rura à cause de personnes tandis que le nombre quelle l'égalité entre hommes et ses fonctions de capitale politique moyen de ménages par concession femmes est parfaite dans une popu- et économique du pays.

Tableau 1 : Taille moyenne des concessions et des menages selon la circonscription administrative Resultats preliminaires RGPH/88

Circonscription Popul concess men pop/con pop/men

Ensemble du sénégal 6881919 (J()2353 784484 11,42 8,77

Région de Dakar 1500459 130631 194833 11,49 7,70 Région de Ziguinchor 398067 39793 53489 10,00 7,44 Région de Diourbel 616184 57195 66213 10,777 9,31 Région de Saint-Louis 651206 62li64 77493 10,39 8,40 Région de Tambacounda 383572 37387 42998 10,26 8,92 Région de Kaolack 805447 66869 83775 12,05 9,61 Région de Thiès 937412 73565 97962 12,74 9,57 Région de Louga 489529 47311 52559 10,35 9,31 Région de Fatick 506844 41188 55041 12,31 9,21 Région de Kolda 593199 45155 60121 12,96 9,87 Historiens - Géographes du Sénégal

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Tableau 2 : Repartition de la population residente selon la circonscription administrative et le sexe Resultats preliminaires RGPH/88

Cironscription administrative Total Masculin Féminin sex-ratio

Total 6881919 3386592 3495327 96,9

Région de Dakar 1500459 753806 746653 101,0 Région de Ziguinchor 398067 197535 200532 98,5 Région de Diourbcl 616184 295709 329475 92,3 Région de Saint-Louis 651206 312900 3383306 92,5 Région de Tamba 383572 189984 193588 98,1 Région de Kaolack 805447 396420 409027 96,9 Région de Thiès 937412 459494 477918 96,1 Région de Louga 489529 236195 25334 93,2 Région de Factick 506844 249096 257748 96,6 Région de Kolda 593199 295453 297746 99,2

2.3 - La répartition spatiale partition de la population au Sé­ pe 22 % de la population du pays négal. Avec plus de 1.500.000 ha­ sur une superficie qui ne repré­ Le tableau 3 révèle. l'inégale ré- bitants, la région de Dakar regrou- sente que 0,3 % du territoire na-

Tableau 3 : Densité de population selon la circonscription administrative Résultats préliminaires RGPH/88

Circonscription Pop/1988 Superficie Densité %

Ensemble du Sénégal 6881919 196712 35 100,00

Région de Dakar 1500459 550 2728 21,00 Région ·de Ziguinchor 398067 7339 54 5,78 Région de Diourbcl 616184 4359 141 8,95 Région de Saint-Louis 65206 44117 15 9,46 Région de Tamba 383572 59602 6 5,57 Région de Kaolack 805447 16010 50 11,70 Région de Thiès 937412 6601 142 13,62 Région de Louga 489529 29188 17 7,11 Région de Fatick 506844 7935 64 7,36 Région de Kolda 593199 21011 28 8,62 Historiens - Géographes du Sénégal

N° 4-5 - Z° Semestre 1989 Page 15 tional. A l'opposé, la région de même région. est de 2,7 %, tandis que les esti­ tambacounda dont les limites mations retenaient un taux de 2,87 s'étendent sur 59.602 km2 soit Il ressort de ces résultats que la % pour cette période (tableau 4). près du tiers de la superficie tota­ population du pays est esscntille­ le, renferme moins de 6 % de la ment concentrée dans l'Ouest (Da­ Le taux ainsi calculé correspond population du pays. Cependant, le kar, Thiès) et le centre (Diourbcl, à un temps de doublement de la poids démographique des autres Kaolack, Fatick) du pays. Les cinq population égal à 26 ans. ré~ions s'avère plus homogène régions réunies regroupent près des suite au nouveau découpage ad­ deux tiers de la population et sont La différence entre les deux ministratif. plus densément peuplées. Cette taux est peu imJ.>

Tableau - 4 : Taux d'accroissement moyen (1976-1988) selon la circonscription administrative

Circonscription pop/1988 Pop/1976 Accroissement

Ensemble du Sénégal 6881919 4998085 2,70

Région de Dakar 1500459 940920 3,97 Région de Ziguinchor 398067 940920 2,63 Région de Diourbcl 616184 423038 3,18 Région de Saint-Louis 651206 514735 1,98 Région de Tamba 383572 287313 2,44 Région de Kaolack 805447 597501 2,52 Région de Thiès 937412 675440 2,77 Région de Louga 489529 419599 1,29 Région de Fatick 506844 408857 1,81 Région de Kolda 593199 439050 2,54 Historiens - Géogmphes du Sénégal

N° 4-5 - Z" Semestre 1989 Page 18 générations vis-à-vis de la repro­ tion soit plus du tiers résident dans (5,1%) se distinguent par une duction. En effet, la descendence les communes (assimilées aux cen­ croissance démographique élevée finale et l'indice synthétique qui tres urbains). La population ur­ à l'opposé de Matam (0,7%) et mesurent les fécondités passée et baine était de 34 % en 1976. Podor (0,8% ). actuelle étaient respectivement de Le tableau 5 révèle qu'exception 7,2 à 6,5 enfants par femme. faite de la région de dakar dont la Sur les 37 communes que L'examen des taux d'accrois­ population est essentiellement ur­ compte le pays, le nombre de sement par région indique que bame (96 % ), les ré~ons de Ziguin­ villes de plus de 100.000 habitants, seules les régions de dakar ( 4 % ), chor (38 %) et Thiès (34 % ) sont Dakar et Pikine exclues, est passé Diourbel (3,2 %) et, à un .degré les plus urbanisées. A vee une po­ de 2 en 1976 à 5 en 1988. Deux moindre, Thiès (2,8 % ) connais­ pulation urbaine représentant une communes ont une population sent des taux d'accroissement su­ proportion de 10 %, les régions de comprise entre 50.000 et 100.000 périeurs à la moyenne nationale. fatick et Kolda ont des caractéristi­ habitants et 7 sont peuplées de Le taux d'accroissement reste très ques fortement rurales. 20.000 à 50.000 habitants. La po­ faible dans la région de Louga L'accroissement rapide de la po- pulation est inférieure à 20.000 dans les autres communes. Tableau - 5: Proportion de la population urbaine On constate en outre que Thiès selon la circonscription administrative est devenue la deuxième ville du Résultats préliminaires RGPH/88 Sénégal après la communauté ur­ baine de Dakar et ceci au détri­ ment de Kaolack. Circonscription Total URBAIN % 3 • LES IMPERFECTIONS DU REPERTOIRE

Ensemble du Sénégal 6881919 2658657 39 Le répertoire des localités est un fichier régionalisé donnant pour les quartiers des communes, Région de Dakar 1500459 1447642 96 les villages et les hameaux, l'effec­ Région de Ziguinchor 398067 150369 38 tif par sexe de la population, le nombre moyen de ménages par Région de Diourbcl 616184 133469 22 concession et le nombre de per­ Région de Saint-Louis 651206 178880 27 sonnes par ménage. Région de Tamba 383572 61060 27 Il est un sous-produit de l'ex­ Région de Kaolack 805447 180804 22 ploitation des cahiers de visite Région de Thiès 937412 319882 34 mais semble moins affecté par les Région de Louga erreurs de comptage vu la taille 489529 72434 15 relativement réduite des entités Région de Fatick 506844 52500 10 concernées. En conséquence, le Région de Kolda 593199 61617 10 répertoire est publié sous sa ver­ sion définitive.

(1,3 %), faible à Fatick (1,8 %) et pulation des communes dans leur Pour faciliter l'utilisation du ré­ Saint-Louis (2 %) et moyen par­ ensemble confirme la poursuite du pertoire, les villages et hameaux tout ailleurs (entre 2,4 à 2,6 %). processus d'urbanisalton (tableau sont classés par circonscription Au niveau départemental, {e 6). .administrative dans l'ordre alpha­ taux d'acccroissement est élevé à Bien que la population de la bétique. La classification s'effec­ Mbacké et Mbour bien qu'ils communauté urbaine de Dakar tue à deux niveaux : le premier n'abritent pas de capitale· régio­ connaît une croissance accélérée, pallier est consacré aux villages nale tandis que les départements cet accroissement s'opère au profit tandis qu'au deuxième niveau, les de Kédougou, Kébémer et Louga de la banlieue, notamment Pikine hameaux sont inscrits à la suite se caractérisent par des popula­ qui voit sa population augmenter des villages auxquels ils sont ratta­ tions à croissance relahvement dans la période intercensitaire au chés. lente. rythme de 6,3 % l'an. Par contre, Dakar tend à la saturation avec un En dehors des difficultés ren­ 2.5 - L'urbanisation taux d'accroissement de 2,4 %. contrées sur le terrain dans la Parmi les autres villes, Mbour délimitation des quartiers, diffi­ Au Sénégal, 39 % de la popula- (6,3%), Fatick (5,2%) et Kolda cultés connues des autorités com- Hlstonens - Géographes du Sénégal

Ir 4-5 - 2° Seme.stnJ 1989 Page 17

Tableau - 6: Taux d'accroissement moyen (1976-1988) des communes (RGPH/88 et RGP/76) mancc sont créées en lieu et place des hamcuax qui ne sont plus listés le cas échéant. Commune Pop/1988 Pop/1976 Accrois Une autre réalité qu'il n'a pas Population urbaine 2800528 1789927 3,80 été possible de matérialiser à la fois sur la carte et le répertoire réside dans le fait que les conces­ sions d'un même hameau peuvent Région de Dakar 1446320 906033 3,97 appartenir administrativement à des villages différents. Il arrive égalCment que des personnes rési­ Région de Ziguinchor 150369 86635 4,70 dantes dans un village donné se Région de Diourbcl 133 469 88979 3,44 réclament d'un autre village. Région de Saint-Louis 178880 115445 3,72 C'est donc dire l'ampleur des Région de Tamba 241464 163544 3,30 distorsions pouvant exister entre Région de Kaolack 180404 123518 3,21 l'offre et la demande de statisti­ ques. Région de Thiès 292771 178827 4,19 Région de Louga 64435 53124 1,88 CONCLUSION Région de Fatick 52500 36784 3,01 L'analyse succinte des résultats Région de Kolda 57916 37033 3,80 préliminaires du recensement dé­ mographique de 1988 révèle que la population du Sénégal esl iné­ galement répartie et se caractérise munales, la notion de rattache­ Le village administratif a une re­ par un taux d'accroissement élevé, ment des hameaux est à l'origine connaissance officielle et comprend une urbanisation accélérée et une des principales limitations consta­ tous les hameaux dont les contri­ émigration relativement im­ tées dans le répertoire. En effet, buables versent l'impôt auprès du portante. Ces caractéristiques ne le classement des hameaux dans le chef de village. sont pas propres à notre pays. répertoire est fondé sur la métho­ Ainsi, pour reconstituer un vil­ Elles se retrouvent dans la plupart dologie mise en oeuvre au cours lage et connaître ses caractéristi­ des pays du tiers-monde en géné­ de la carthographie censitaire ques à partir du répertoire, il est ral ·et africains en particulier où la dont la f mali té consiste au deé­ nécessaire de. connaitre sa compa­ fécondit6 est rcst6c élcv6c, . la coupage du territoire national en sition administrative et sa localisa­ mortalité en baisse, l'utilisation districts de recensement. En effet, tion géographique. De tels rensei­ des contraceptifs peu r6pandue, le rattachement des hameaux pen­ gnements permettront d'identifier l'agriculture en cnse et les sec­ dant la carthographie obéit à des les éventuels hameaux en trop ou teurs secondaires et tertiaires peu critères géographiques et ne cor­ de rechercher ceux manquants et développés. respond ni à la conception admi­ classés ailleurs. nistrative, ni à la perception Les déséquilibres socio-écono­ "sentimentale"(l) des populations. Le répertoire présente une autre miques qui découlent d'une telle En d'autres termes, les hameaux limitation liée celte fois à la confi­ situation expliquent le rôle de pre­ sont rattachés aux villages les J?lus guration des lieux d'habitation dans mier ordre que jouent les ~andes proches dans le but de minim1Ser les zones de tanshumance. Dans ces villes telles que Dakar mais aussi les distances à parcourir par zones, les villages sont éclatés en les villes secondaires. Si les ten­ l'agent recenseur à l'intérieur du hameaux qui sont déplacés au gré dances se maintiennent, la moitié district de recensement qui lui est des paturages. Leurs habitants se de la population sera urbaine dans affecté. réclament de familles élargies, pla­ les années à venir. Nos gouverne­ cées sous l'autorité d'un responsa­ ments auront de plus en plus de Les mesures spécifiques adop­ ble moral jouant également le rôle difficultés à gérer cc surcroit de tées f?Cndant les relevés cartho­ de chef de village. La position de main-d'oeuvre dont la plupart se­ graphiques pour les besoins du ces hameaux sur la carte corres­ ront sans qualification. recensement et qui influencent la pond à celle qu'ils avaient sur le structure du répertoire font que terrain au moment du passage de Certes, le Sénégal vient d'adop­ celui-ci ne reconstitue pas néces­ l'équipe carthographique. Dans le ter une déclaration de politique de sairement le village administratif. répertoire, des zones de transhu- population dont la fmalité est de Historiens - Géographes du Sénégal

N° 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 18 mieux connaitre les caractéristi­ tachemcnt que les populations lations masculines et fé­ ques de la population afin de les vouent à leurs villages d'origine. minines dans une popu­ prendre en compte dans le pro­ lation. Lorsqu'il est ilif­ cessus du développement. A cet DEFINITION DES CONCEPTS fércnt de l'unité, le rap­ cffet, la recherche dans tous les port de masculinité ex­ domaines doit être approfondie. UTILISES DANS LE TEXTE prime le déséquilibre en­ C'est dans ce cadre que les résul­ tre sexes. Il peut être tats du présent recensement sont calculé pour un âge ou importants. Population résidente : groupe d'âges donnés. Ensemble des personnes Au terme de cette étude, il nous vivant de façon habituelle Taux d'accroissemeni : semble également important d'ou­ dans un territoire ou une Il détermine le rythme vrir la discussion sur le découpage localité donnés. La popu­ d'évolution de la popula­ administratif au regard des pro­ lation résidente comprend tion. Il est la résultante blémcs soulevés plus haut. les résidents présents et des effets conjugués de absents au moment du re­ la natalité, la mortalité et Le répertoire des localités est à censement. Les notions de la migration. la fois utile à l'administration et à présence ou d'absence On distingue le taux la recherche en tant que base de sont définies par rapport à d'accroissement naturel sondage. Si au plan de la recher­ une durée égale à 6 mois. donné par la différenœ che le répertoire est tout à fait Ainsi, une personne dont de taux de natalité et de opérationne~ nous avons montré la durée d'absence d'un mortalité. Lorsqu'on qu'il présentait des limitations du lieu n'excède pas 6 mois prend en compte la mi­ point de vue de l'administration. est considérée comme ré­ gration, on obtient le sidente absente. dans le taux d'accroisscmnt ncl. Compte tenu de l'importance cas contraire clic n'est pas Dans la présente note, il qu'il faut accorder à la connais­ recensée. s'agira du taux annuel sance de la répartition spatiale de net à chaque fois qu'on la population aux fins des politi­ Concession : parlera de taux d'ac­ ques de développement, la per­ C'est un ensemble de croissement. ception géographique semble constructions d'habitation mieux refléter la réalité du ter­ entourées ou non d'une Population urbaine et rurale : rain. En effet, le fait que des clôture. Les conditions La population urbaine populations quittent leur village d'unicité en sont réalisées est définie comme étant d'appartenance pour s'installer par l'existence d'un chef celle des communes. La plus loin traduit problablement un qui excerce son autorité population rurale est état de manque qu'elles cherchent sur la concession. constituée de l'ensemble à combler ailleurs. Or les popula­ des personnes résidant tions volontairement déplacées Ménage : hors des communes. bénécifient en général des con­ Il est composé de per­ ditions écologiques et des infras­ sonnes unies ou non par tructure socio-économiques des liens de parenté, vi­ (puits, écoles, formations samtai­ vant dans la même con­ res, etc... ) des zones d'accueil. cession et partageant les mêmes repas sous l'auto­ Face à cette situation, il con­ rité d'une personne appe­ vient de réorganiser le redécoupa­ lée chef de ménage. Fara Guédel MBODJ ge administratif des villages. District de recensement : Démographe au BNR Il ne s'agit pas cependant de Le district de recensement DAKAR regrouper des localités mais plu­ est. une aire géographique tôt de repenser le principe de qw regroupe un nombre rattachement des hameaux et des déterminé d'habitants. Le concessions pour une meilleure dénombrement de cette gestion de l'espace. population est confié à un NOTES seul agent recenseur. Une telle action se heurtera (1) Pour des raisons diverses, des certes à des résistances dont l'am­ Rappott de masculinité : personnes se réclament de locali­ pleur sera fonction du degré d'at- Rapport entre les popu- tés dont ils ne pas résidentes. Les contraintes de la répartition de la population

Par Magatte KANE DIOP

INTRODUCTION que de 25 ha/km2 en 1976. cc taux qui était de 19 % en 1976, 12,6 % en 1961 montre Comme un peu partout dans L'iné$ale répartition de la que la croissance de la popula­ les pays du Tiers-Monde et en population sur l'ensemble du t10n est très rapide par rapport Afrique en particulier, le Séné­ territoire retient l'attention à l'ensemble sénégalais. gal fait un lien étroit entre les (tableau 1). II existe une problèmes de développement grande di(férence entre les La comparaic;on des densités et les problèmes de population. départements d'une même de population de 1976 et celle L'Etat a toujours appréhendé région administrative comme de 1988 (carte la et lb) permet les difficultés dues à l'accroisse­ par exemple dans la région de saisir les tendances de la ment de la population, princi­ de Ziguinchor où le départe­ répartition de la population en­ palement en matière d'éduca­ ment de Bignona... a une den­ tre ces deux dates. Ainsi nous tion. Mais cc n'est qu'au lende­ sité de 35 ha/kmZ contre 155 notons une augmentation très main du premier recensement pour le département de Zi­ faible des régions "vides d'hom­ de 1976 et la croissance ex­ guinchor, dans la région de me" et même une certaine bais­ traordinaire de la capitale Da­ Kaolack où le département se par rapport à l'ensemble du kar avec un taux supérieur à 7 de Kaolack a une densité de territoire : la région de Saint­ % par an (1) en plus de la 155 contre 20 pour le dépar­ Louis qui abritait 10,5 % de la surexploitation du bassin ara­ tement de Kaffrine population en 1976 passe à 9,46 chidier que l'Etat a adopté une %, la région du Sénégal Orien­ politique clairement affirmée. L'observation de la carte tal de 5,7 % en 1976 tombe à lb permet de faire une gran­ 2,8 %. Cette dernière région de différence de part et d'au­ . La répartitio~ de la popula­ reste la plus faiblement peuplée lton se caractérise par un désé­ tre d'une ligne repère Daga­ avec 6 ha/kmZ cont(c une quilibre remarquable qui est na-Sédhiou : moyenne de 39 ha/km2. plus le résultat des migrations qu'un cffct de la croissance na­ - A l'Ouest de cette li~e Dans la région de Fatick et le turelle. Elle est fonction de la les densités sont comnnses département de Kébémcr si­ répartition dans l'espace des entre 35 et 200 ha/km-Z. La tués dans la bassin arachidicr, activités économiques, clic est pression démographique est la population enregistre une lé­ aussi sensible à d'autres fac­ particulièrcrcnt forte 141 à gère baisse. La densité de la teurs d'ordre sociologique, cli­ 200 ha/km dans le départe­ population passe res­ matique, culturel et politique. ment de Mbour, Thiès, pectivement cntr~ 1976 et 1988 L'Etat s'est assigné des objec­ Diourbcl, Bambcy, Kaolack, de 64 à 44 ha/km et de 40 à 37 tifs formulés pour l'horizon Ziguinchor. A l'exception du ha/km2. 2005-2011 (2) mais il faut cer­ département de Ziguinchor ner de près les racines d'une ces fortes densités coïncident Au total nous pouvons distin­ telle distribution dans l'espace avec le bassin arachidier. guer: pour pouvoir définir une politi­ Cette zone totalise 76,81 % que de rééquilibrage territorial. de la population sur environ - la région de Dakar ~ui 24 % du territoire national; apparaît comme une fourmiliè­ re humaine; 1/ - LES DISPARITES - A l'Est de la ligne Daga­ - le bassin arachidier où DU PEUPLEMENT na-Sédhiou s'étend la zone s'exerce une forte pression de "vide d'homme" où se dissé­ la population rurale; Ave~ une densité de 35 f!lincnt 8,78 % de la popula­ - les régions faiblement peu­ ha/km en 1988, le Sénégal lton totale sur 43 % de la plées coïncidant avec les ré­ apparaît comme état moyenne­ superficie du Sénégal. gions de Saint-Louis et de Lou­ ment peuplé en Afrique (Algé­ ga, les départements de Kaffri­ rie 9,6; Bénin 36,4; Guinée 25 }.a région de Dakar appa­ nc, Bignona et Vé~ara. en 1966). rall comme une excepllon - la région "vide d'homme" avec 22 % de l'ensemble de regroupant le sénégal-Oriental Cependant elle est en nette la population sénégalaise sur et le département de Matam. progression puisqu'elle n'était 0,28 % du territoire national, Les raisons profondes de

N° 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 19 Hisloriens - Géographes du Sénégal

N° 4-5 - Z" Semestre 1989 Page 20

CARTE 1a (1976)

Légende CARTE 1b (1988)

D 1. Q "10

D . 11. : ~5

~ 3' à ~o

11 à ~40

14~ œ~OO

Comparaison des densités de population par département de 1976 à 1988. HlslDlfens - ~ du Sénégal

N" 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 21 déséquilibre de la répartition de la La vallée du Fleuve sénégal foyer pressant. Ainsi la population ne population sont à chercher dans d'émigration (carte 2) pouvant pas vivre en marge de l'héritage colonial aggravé par les La région de Saint-Louis fut la l'économie de traite s'est dirigée difficultés économiques actuelles. première zone de commerce vers massivement vers le bassin arachi­ l'intérieur de l'Afrique Occidentale. dicr et vers Dakar ou vers d'autres 11/ - LES FACTEURS L'intérêt de la vallée du Fleuve pays étrangers comme la Côte Sénégal s'est concrétisé par la fon­ d'ivoire, le Congo, le Zaïre ou la DE LA REPARllllON dation de Saint-Louis. La ré~on France. Ce mouvement touche DE LA POPULATION connut son apogée économique principalement les Toucouleurs et avec la construction du chemin de les Sarakholés. L'histoire nous enseigne que les fer Dakar-Saint-Louis. La construc­ migrations au sénégal ne sont pas tion de Thiès-Kayes et le dévelop­ Si les ruaraux de déplaçaient un phénomène récent, le pays a pement de la culture de l'arachide vers d'autres régions rurales, au­ effectivcmcnt connu de grands dans le centre Ouest, l'inaptitude jourd'hui ils sont de plus en plus mouvements migratoires et à l'ex­ naturelle de la région de Saint­ attirés par les 7.oncs urbaines où ception des populations de la Bas­ Louis à l'économie arachidièrc dé­ ils viennent gonOcr ar­ se Casamance toutes les autres tourne le trafic ferroviaire sur Da­ tificiellmcnt le secteur tertiaire viennent du Nord et de l'Est. kar. Désormais l'activité économi­ appelé à cet cffct le secteur ter­ Cependant, la colonisation a don­ que se limite à des produits de tiaire "refuge". né un nouvel élan et une nouvelle subsistance tandis que le besoin en distribution de la population. numéraire se fait de plus en plus la péjoration pluviométrique Carte n°2 Légende + )lt,5%(9 '~- t- Ji,s-J., ~ 11;5 11/o [ .:] -t t -t- + ,_. + ?,Jci 11,L.% ~ J- --r + + 1.. li5%0 + +- +

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Départ de migrants (poucentagc de la population née dans la région et habitant d'autres régions). D'aprés recensement 1976 in SNAT. H/slrJtlens - GOOgmphes du Sénégal

N" 4-S - Z° Semestre 1989 Page 22 observée depuis 1968 affectant da­ Durant l'époque coleniale, Dakar dance, que les autorités sénégalai­ vange le Nord du pays renforce la fut l'e~ion et l'instrument ses ont pu compter sur son climat tandance à l'émigration malgré

N' 4-5 - Z" Semeslle 1989 Page 23 tion de la région entraîne une d'équipement de petite taille. solutions aux problémes quo­ migration sauvage où abondent tidiens qui sont autant de menaces les petits métiers et la bidomilli­ Des mesures énergiques s'imposent pour la stabilité socio-politique du· sation. pays. Si on se souvient que Dakar Malgré les efforts, l'influence du a été créée par la volonté humaine Des difficultés d'ordre social in­ gouvernement n'a été que très par­ on peut espérer des solutions par terpellent les pouvoirs publics. Si tielle sur la répartition de la popu­ des voies similaires pour un réé­ en 1954, le taux de chômage était lation qui prend un visage alarmant. quilibrage territorial mieux adapté de l'ordre de 6 % )>!>ur l'ensemble Des mesures incitatives permet­ à la répartition des ressources du sénégal, il avoisine les 19,4 en traient d'orienter les populations économiques du pays. 1983. Ceci révèle que bien vers les zones définies par les exi­ qu'étant la région la plus indus­ gences socio-économiques et d'en­ trialisée, la plus densément peu­ traîner à long terme une meilleure plée et la mieùx équipée, la région distribution de la population par la de Dakar est aussi celle où la réduction des disparités régionales. Magatte KANE DIOP situation socio-économique se heurte aux problèmes de l'emploi, Parmi les solutions pourrait fi~­ Géographe ENS c'est encore ici que se pose de rer en premier lieu, la place privilé­ DAKAR façon dramatique le probléme de giée qu'occupe, actuellement la ré­ logement. En 1987, moins de 20 gion de Dakar dans la vie économi­ % des demandes pouvaient être que et politique. REFERENCES satisfaites cl il ne s'agissait même BIBLIOGRAPHIQUES pas d'habitations convenables au La création d'un mlDlDlum de - A. SECK : Dakar Métropole­ goût des clients. conditions décentes nécessaires au Oucst Africaine IFAN - Dakar déplacement des populations vers 1970 - Mémoires de l'IFAN - N° Nous ne saurions citer ici tous les zones indexées par l'Etat. De 85. les maux dont souffre notre capi­ grands espoirs se fondent sur les - La Politique de population du tale, ajoutons cependant les diffi­ barrages qu'il s'agit de rentabilser Sénégal - séminaire sur la popula­ cultés que rencontre la jeunesse sans trop heurter le système foncier tion et la vie familiale pour le pour une bonne éducation, la dé­ traditionnel en introdui~t des secteur organisé à Dakar du 12 au linquance, l'insalubrité, la santé, conditions techniques qui soient 16 décembre 1988. les problèmes de ravitaillement de adaptées en mileu paysan. Atténuer - Recensement de 1988. tous ordres, tout un ensemble de l'attrait qu'exerce la ville et particu­ - Recensement Général de la po- facteurs de destabilisation socio­ lièrement Dakar demande une pulation d'avril 1976. politique. amélioration de la qualité de la vie - Schéma National d'Aménage­ en milieu rural, la création d'em­ ment du territoire - version préli­ En dehors de Dakar, les capita­ plois et l'exploitation du eotentiel minaire - juin 1984 - Ministère de les régionales ou départementales de développement économique. La l'intérieur. jouent des rôles trop secondaires destruction brutale des valeurs du Secrétariat d'Etat chargé de la pour servir de pôle de développe­ monde rural est à éviter et les natifs Décentralisation. ment. Les villes sont le reflet de la des régions devraient relever le défi juxtaposition de différents systè­ en investissant dans leur terroir. mes socio-économiques où le tra­ NOTES: ditionnel côtoie le moderne. Les CONCLUSION (1) : Recensement ~éné­ villes secondaires ont en général ral de la population - avril 1976 - Résultats dé­ des équipements qui sont plutôt La répartition de la population source de dépense pour l'Etat finitifs : données corri- est une donnée aussi 1mportante gées. · (écoles, hôpitaux, gouvernance... ) que le contrôle des naissances qui que des facteurs de production (2) : Schéma National l'iénéficie aujourd'hui des faveurs de d'Aménagement du ter­ économique immédiate. Plus on l'Etat. Nous pensons que tous les ritoire - Ministère de s'éloigne du centre Ouest plus le programmes politiques ou décisions rayon d'intervention de ces villes l'intérieur - Secrétariat gouvernementales devraient en te­ d'Etat chargé de la Dé­ s'étend el leur efficacité diminue. nir compte. C'est une des tâches La répartition de la P.?Pulalion est centralisation - Version fondamentales de l'aménagement préliminaire - juin 1984. un frein à l'accessibilité aux équi­ du territoire. pements et aux services pubfics. Tous les chiffres sont ti­ La dispersion de la population rés de ces documents et Il faut à la fois définir des objec­ des résultats du recense­ exige beaucoup de moyens pour la tifs à long terme et trouver des création de multiples postes ment de 1988 Migrations inter-régionales au Sénégal : 1960 - 1980

Par Cheikh GUEYE

La Direction de la Statistique a réalisé de d'une matrice de migrants internes. Une ma­ 1%0 à nos jours un certain nombre d'enquê­ trice de migrants internes décrit les courants tes. Voici chronologiquement celles qui ont eu migratoires dans un pays découpé en zones un volet migration ou qui pourraient fournir (pour notre cas en régions). C'est une matrice des indices sur ce phénomène : carrée dont la dimension est égale au nombre de zones : les colonnes étant les zones d'origi­ 1°) - l'Enquête Démographique Nationale ne et les lignes celles de destination, tandis que · 1%0-61 les élèments diagonaux correspondent aux 2") - l'Enquête Démographique Nationale à nombres de personnes n'ayant pas changé de passages zone de résidence : les natifs. Ils ne rentrent multiples de 1970-71. pas en compte dans le cadre de notre analyse. 3°) - le Recensement Général de la Popula­ Ici le découpage administratif est d'une grande tion importance puisque c'est par rapport à la d'Avril 1976 région qu'est défini le migrant. 4°) - l'Enquête Migration-Main-d'Oeuvre en 1979 En sommant les élèments d'une colonne on 5°) - le recensement Général de la Popula­ obtient les courants des départs de chaque tion et de l'Habitat 1988. région, alors qu'en additionnant les lignes on obtient le courant des arrivées dans les dites Nous présentons brièvement chacune de ces régions. Ces deux séries de courants caractéri­ enquêtes. sent l'attraction (A) et la répulsion (R) de chaque région. La somme A + R fournit Notre analyse étant essentiellement spatiale l'intensité tandis que la différence A - R donc basée sur le découpage administratif il a constitue le solde migratoire. Quand le solde paru opportun de rappeler que l'évolution de migratoire est positif, la région est gagnante l'organisation administrative du Sénégal a subi elle reçoit plus d'arrivants que de partants et de 1980 à 1984 deux réformes. que s'il est négatif, la région est perdante : elle En 1%0 le pays comptait 7 régions, en 1976 a plus de départs que d'arrivée. la région de Diourbel fut scindée en deux : celle de Diourbel et celle de Louga; enfin en Les enquêtes de 60 et 70 sont axées sur le 1984 ce fut le tour des régions de Sine- découpage en 7 régions tandis que les autres et de la casamance d'être divisée en deux et opérations travaillent sur 8 régions. ainsi les 10 régions portent depuis toutes , les noms de leur commune chef lieu de région. 1 - L'ENQUETE DEMOGRAPHIQUE Signalons qu'un migrant est l'individu qui a 1960-61 effectué une migration, celle-ci étant définie comme un changement de la résidence habi­ 1.1 • L'Eoquête tuelle qui est le "lieu" où il a coutume d'habi­ ter". Cette enquête couvrant l'ensemble du terri- Les analyses ne sont pas axées sur la migra­ , toire national était destinée à obtenir tous les tion mais sur l'individu ayant effectué une mi­ renseignements sur certaines caractéristiques gration c'est-à-dire le tnigrant. de la population (sexe, âge, lieu de naissance, ethnie, état matrimonial, degré d'instruction, Ces types de données sont analysées à l'aide profession, etc... )

N° 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 24 Page 25

1.2 - Pr&entatlon de la matrice de migrants.

TABLEAU N" 1 : MATRICE DES MIGRANTS E.D.N 1960-61.

Origine C-VERT CASA DRBEL FLEUVE S-ORI S-SAL THIES TOTAL Destina C-VERT 0 12180 32560 35640 2660 14480 35840 133720 CASA 500 0 1080 2080 0 4940 420 9080 DRBEL 3400 640 0 4040 200 4440 8820 21540 FLEUVE 2100 360 12480 0 2840 620 1220 19620 S-ORI (JO (JO 140 200 0 20 0 480 S-SAL 71(,0 4480 53960 14260 uro 0 27060 108080 THIES 8100 1300 11860 9440 580 5720 0 37000 TOTAL 21380 19020 112080 65660 7440 30580 73360 329520

Le tableau 1 montre une forte attraction des régions du Cap-Vert et du Sine-Saloum, tandis que celles de Diourbel, du Fleuve et de Thiès accusent une grande répulsion c'est ainsi que le solde migratoire est de + 112.340 et + n.soo dans les premières, puis -90.540, -46.040 et - 36360 pour les secondes. sur une population de 3.110.000 habitants, 329.520 personnes ont fait au moins une migration soit environ une personne sur dix. Notons cependant une certaine réserve en ce qui concerne les chiffres du Sénégal-Oriental qui sont peu plausibles (attraction 480 et répulsion 7440). 2 - L'ENQUETE DEMOGRAPHIQUE NATIONALE DE 1970-71

2.1 • L'enquête C'était une enquête par sondage à passages répétés (trois au total). Les objectifs de l'enquête étaient de fournir des données démographiques sur la structure de la population, les populations, les mouvements naturels et migratoires, la situation socio-économique et l'habitat.

2.2 - Pr&entatioo de la matrice de migrants TABLEAU N"2: MATRICE DES MIGRANTS E.D.N 1970-71 ·SENEGAL 7 REGIONS

Origine C-VERT CASA DR BEL FLEUVE S-ORI S-SAL THIES TOTAL Destina C-VERT 0 28580 59809 57595 3742 37852 59769 247347 CASA 3784 0 830 3446 4948 2560 1401 16669 DRBEL 5258 1105 0 8942 480 8885 14634 39301 FLVE 4913 2691 7336 0 734 3032 3840 22546 S-ORI 1138 2561 14

TOTAL 33752 40833 136236 105083 15465 nsn 93736 502982

Le tableau 2 confirme les tendances précédentes avec le Sénégal Oriental qui rejoint le groupe des régions solde migratoire positif. L'attrait de la région de Sine-Saloum diminue très sensiblement alors que le Cap-Vert attire de plus en plus. La mobilité de la population s'est légèrement accrue (13% contre 10% en 1960). La région de Diourbel s'y singularise avec un solde migratoire de -96932. HislDriens - GOOgraphes du Sénégal

N° 4-5 - 2" Semeslnt 1989 Page 26

3 - LE RENCENSEMENT GENERAL DE LA POPULATION 1976

3.1 - L'opération Comme son nom l'indique, elle a consisté en un dénombrement "sans omission ni double compte" de l'ensemble de la population. Ce fut la première opération du genre effectuée dans le pays.

3.2 - Présentation de la matrice de migrants TABLEAU N° 3: MATRICE DES MIGRANTS RECENSEMENT 1976 SENEGAL 8 REGIONS

Origine C-VERT CASA DRBEL FLEUVE LOUGA S-ORI S-SAL THIES TOTAL Destina C-VERT 0 47603 37261 69155 36656 5445 49428 75590 321138 CASA 7786 0 1118 5790 876 3975 4537 1807 25909 DRBEL 5310 886 0 3397 15357 396 9569 12127 47042 FLEUVE 9010 2100 1515 0 8562 1468 2683 3053 28391 LOU GA 2983 437 7486 5987 0 410 3940 6868 28111 S-ORI 2186 2532 1246 4697 1174 0 7268 1310 20413 S-SAL 8954 5356 26494 10014 25019 4222 0 13383 93442 THIES 22589 4338 14087 12846 21399 1188 14504 0 90951 TOTAL 58818 63252 89207 111886 109043 17124 91929 114138 655397

Dans le tableau 3 les conclusions précédentes se maintiennent, et même pour le Cap-Vert s'accentuent, il est la destination de l'ensemble des migrants : tous les chemins semblent y mener. Sur une population de 4.999.581 personnes 655.397 ont migré, soit le même pourcentage de 13% que l'enquête nationale démographique 1970-71. 4 - L'ENQUETE MIGRATION MAIN-D'OEUVRE 1976-80

4.1 • L'Enquête C'est en vue d'obtenir des renseignements précis sur la nature, la qualité et surtout les caractéristiques de la main-d'oeuvre et de la migration que le gouvernement sénégalais a décidé de réaliser le .Projet "population­ migration-main-d'oeuvre" avec l'assistance financière du Fonds des Nations-Unies pour les Activités en matière de PoJ?ulation (FNUAP) et le concours technique du Bureau lnternatrional du Travail (BIT). Ce fut une enquête nationale par sondage sur un échantillon représentatif.

4.2 - Présentation de la matrice de migrants

TABLEAU N° 4 : MATRICE DES MIGRANTS E.M.O MOINS DE 5 ANS - SENEGAL 8 REGIONS

Origine C-VERT CASA DRBEL FLEUVE LOU GA S-ORI S-SAL THIES TOTAL Destina

C-VERT 0 17492 7454 14412 7355 3379 14908 19977 84977 CASA 12722 0 9'J4 1988 395 1491 3479 1193 22265 DRBEL 7355 497 0 895 4174 298 8150 4870 26239 FLEUVE 13815 895 9'J4 0 1789 497 2385 4373 24748 LOUGA 1988 199 3081 1292 0 199 2087 2882 11728 S-ORI 2385 298 994 497 398 0 3180 696 8448 S-SAL 19281 4671 5268 4373 4075 4473 0 5765 47906 THIES 12125 1888 3876 3876 3479 596 4969 0 30809 TOTAL 69671 25940 22661 27333 21668 10933 19158 39756 257120 N° 4-5 - :r Semestre 1989 Page 27

Il s'agit de la matrice des derniers migrants sur une période de 5 ans. Car pour les autres périodes le manque de repères dans le temps rend leur intererétation très délicate. Dans les enquêtes précédentes les migrants durée de vie, bien que gênant, constituent les uruques données dont on disposait. Mais avec l'E.M.O, la période de référence : les moins de 5 ans s'étalent sur les années 1974-79. Avec cette enquête qui porte sur un intervalle bien délimité seules les régions du Cap-Vert, du Sine-Saloum et de Diourbel ont des codes migratoires positifs (15.306, 8.748 et 3.578 respectivement). Il faut noter dans ce groupe que le Sénégal-Oriental est remplacé par Diourbel. Les régions de Louga et Thiès gardent des soldes négatifs -9.940 et -8.947. Sur une population âgée de 10 ans et plus évaluée à 3.591.000 personn~s, 257.120 ont fait une dernière migration soit 7%. Ici, c'est la population de fait (résidents présents et passagers) qui a été enquêtée contrairement aux autres enquêtes où l'on avait pris la population de droit (résidents présents et absents).

5 ·LE RECENSEMENT GENERAL DE LA POPULATION ET DE L'HABITAT 1988

5.1 • L'opération C'était le deuxième recensement du pays. Comme son nom l'indique l'on a dénombré l'ensemble des personnes résidentes sur le territoire national. Il fournira d'utiles indications sur le phénomène de la migration. Car les questions suivantes y ont été posées : - lieu de naissance - et surtout : la résidence il y a 5 ans. Ces indicateurs, combinés avec les variables telles que : l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, la profession ... pourraient mieux faire comprendre le phénomène.

6 • REMARQUES ET SUGGESTIONS

6.1 • Les concepts utilisés

Dans les Enquêtes Démographiques Nationales de 60 et 70 et au recensement de 1976 ce sont des "mwants durée de vie" qui sont étudiés, c'est à dire des personnes dont la région de naissance est différente de la région de résidence. Quant pour une personne la région de naissance est différente de celle de la résidence on peut affirmer qu'elle a au moins effectué une migration au cours de sa vie. Au niveau des ces enquêtes c'était l'unique manière d'y étudier la migration.

L'étude des migrants durée de vie offre un certain nombre d'avantages : - Ils sont disponibles dans presque tous les pays - leur exploitation simple Mais hélas présentent aussi quelques inconvénients : - une interJ?rétation difficile eu égard au mélange des âges • les mifP'allons multiples et uniques ont la même importance (pire encore une personne peut après avoir effectué plusieurs migrations être recensée dans sa région de naissance et être classée parmi les non migrants) - leur exploitation enfin implique la réalisation de certaines hypothèses entre autres celle d'indépendance entre la mortalité et la migration, en d'autre termes les personnes décédées auraient si elles avaient survécu le même comportement migratoire que celles qui ont migré. ce qui est fort discutable. - le solde de la migration internationale est supposée être nul

Dans l'E.M.O l'on s'est intéressé à la dernière migration. A chaque personne âgée de 10 ans et plus trouvée dans la concession on a demandé la régions de résidence à une période antérieure. Ainsi les migrants ont pu être classés selon diverses périodes : - moins de 5 ans • 5 ans et plus - toutes durées confondues. En fait la question posée était triple : - •avez-vous toujours vécu dans cette localité depuis votre naissance ? - Quel est votre dernier lieu de résidence avant votre installation dans cette localité ? - Depuis combien de temps résidez-vous dans cette localité ?

Cette approche ne permet pas une analyse de l'évolution des mouvements migratoires. Elle ne permet de saisir que les derniers migrants qui ont survécu et n'ont pas quitté le pa.>'5· (D'où élimination des décédés et des migrants hors du territoire. Cependant la méthode posséde sur celle du migrant durée de vie un gros avantage car reflétant un mouvement direct d'une région à une autre tandis qe la séconde ignore Jess mouvements intermédiaires entre le HislDriens - Géographes du Sénégal

N° .f.-5 - 2" ~e 1989 Page 28 départ de la région de naissance et l'arrivée dans la dernière région. un individu né au Fleuve ayant vécu au Cap­ Vert et recensé au Fleuve sera pris comme non migrant par la méthode des migrants durée de vie et dernier migrant, par l'autre méthode. Les analyses ne sont pas axés sur la migration mais sur l'individu ayant effectué une migration c'est à dire le migrant. Dans les enquêtes OO-71 et 76 on aura des migrants durée de vie et dans l'E.M.O, des derniers migrants à l'intérieur uniquement du pays : les migrants internes par opposition aux migrants externes qui concernent le pays el le reste du monde.

6.2 - Conclusions

Ainsi avec les concepts utilisées : migrants durée de vie et derniers migrants certaines caractéristiques peuvent être dégagées des régions d'émigration et celles d'immigration.

6.2.1 - Les régions d'émigration

• LA REGION DE DIOURBEL

C'est une région où la population est très mobile. Avec par exemple en 1976 16% de la population totale du pays, ses émigrants n'en représentaient pas moins de 28% de l'ensemble des émigrants. dans l'enquête de 1960 la majorité d'entre eux allait au Sine -Saloum et au Cap-Vert mais aux autres opérations: 1970, 1976 et 1979 le cap­ Vert attire bien davantage que le Sine-Saloum pour les émigrés de Diourbef, celle de Thiès est la troisième avec envirion 20%.

TABLEAU S : Evolution des émigrants de Diourbel en % selon les différentes enquêtes par régions

R C-VERT CASA FLEUVE S-ORIEN. S.SAL THIES TOTAL E

ED60 29.1 1.0 11.1 0.1 48.1 10.6 100.0 ED71 43.9 0.6 5.4 1.1 28.2 20.8 100.0 RE76 42.1 1.1 5.8 1.4 29.4 20.2 100.0 EM79 39.9 3.8 7.5 3.8 25.2 19.8 100.0

• LA REGION DU FLEUVE

Le Fleuve constitue par excellence une terre d'émigration avec paur principale destjilation le cap-Vert, où se dirige plus de la moitié des émigrés. En 1976 avec 10% de la population, il regroupait près de 18% des émigrants du pays. A travers toutes les enquêtes ses pourcentages d'émigrants demeurent très élevés. TABLEAU 6 : Evolution des émigrants du Fleuve en % selon les différentes enquêtes par régions

R C-VERT CASA DRBEL S-ORIEN. S.SAL THIES TOTAL E

ED60 54.3 3.2 6.1 0.3 21.7 14.4 100.0 ED71 54.8 3.0 8.5 7.6 14.1 12.0 100.0 RE76 61.8 5.2 8.4 4.2 8.9 11.5 100.0 EM79 52.7 7.3 8.0 1.8 16.0 14.2 100.0 N° 4-5 - ~ Semesfle 1989 Page 29

• LA REGION DE CASAMANCE Comparativement aux autres régions, l'émigration n'y atteint pas d'inqUiétantes proJ?Ortions, seulement presque toutes les migrations se font vers le cap-Vert. Par exemple en 1976 les trois quart des migrants se dirigeaient vers le cap-Vert bien qu'il soit distant d'environ 500 kilomètres.

TABLEAU 7 : Evolution des émigrants de Casamance en % selon les différentes enquêtes par régions

R C-VERT DRBEL FLEUVE S-ORIEN. S.SAL THIES TOTAL E

ED60 64.0 3.4 1.9 0.3 23.6 6.8 100.0 ED71 70.0 2.7 6.6 6.3 9.2 5.2 100.0 RE76 75.2 2.1 3.3 4.0 8.5 6.9 100.0 EM79 67.4 2.7 3.5 1.1 18.0 7.3 100.0

6.2.1.4 • La région de Thiès

TABLEAU 8 : Evolution des émigrants de Thiès en % selon les différentes enquêtes par régions

R C-VERT CASA DIOURBEELEUVE S.ORIENT.S.SALOU.MfOTAL E

ED60 48.8 0.6 12.0 1.7 0.0 36.9 100.0 ED71 63.8 1.5 15.6 4.1 0.6 14.4 100.0 RE76 66.2 1.6 16.6 2.7 1.2 11.7 100.0 EM79 50.2 3.0 19.5 11.0 1.8 14.5 100.0

Près d'un émigré sur cinq au Sénégal est originaire de la région de Thiès. Comme précédemment, cinquante pour cent des émigrés se dirigent vers le Cap-Vert tandis que Diourbel constitue la deuxième destination. En 1960, le Sine-saloum était la seconde destination, mais par la suite, il fut suppléé par Diourbel. Il convient de remarquer, qu'exccption faite de la Casamance, toutes les régions d'émigration se situent dans le Nord du pays.

6.2.2 • Les régions d'immigration

• LA REGION DU CAP-VERT C'est la destination de beaucoup de migrants, en 1976 près de 51 % des migrants durée vie s'y dirigeaient. Ils proviennent essentiellement des régions de Diourbel, du Fleuve et de Thiès. Il convient de souligner qu'elle abrite la capitale et la majeure partie des activités économiques du pays. Il semble que ses activités économiques quoiqu'en nombre limité commencent aussi à émigrer cc phénomène assez récent est bien perceptible à partir des résultats de l'enquête spigration-main d'oeuvre sur une période quin­ quennale. Hls1otiens - Géographes du Sénégal

N' 4-5 - 2" SetrJtmle 1989 Page 30

TABLEAU 9 : Evolution des immigrants du Cap-Vert en % selon les différentes enquêtes par régions d'origine

R CASA DR BEL FLEUVE S-ORIEN. S.SAL THIES TOTAL E

EDN60 9.1 24.3 26.7 2.0 11.1 26.8 100.0 EDN70 11.5 24.2 23.3 1.5 15.3 24.2 100.0 REC76 14.8 23.0 21.6 1.7 15.4 23.5 100.0 EM079 20.6 17.4 17.0 4.0 17.5 23.5 100.0

- LA REGION DU SENEGAL-ORIENTAL

Elle est faiblement attractive : moins de 5% des immigrants qui viennent principalement des régions limitrophes le Sine-Saloum et Fleuve. En 1960 son attrait était presque nul mais depuis, elle commence à exercer une certaine attraction.

TABLEAU 10 : Evolution des immigrants du sénégal Oriental en % scion les différentes enquêtes par régions d'origine

E\R C-VERT CASA DIO UR FLEUVE S.SAL THIES TOTAL

EDN60 12,5 12,5 29,1 41,7 4,2 0,0 100,0 EDN70 5,1 11,3 6,5 35,3 39,1 2,7 100,0 REC76 10,7 12,4 11,9 23,0 35,6 6,4 100,0 EM079 28,2 3,5 16,5 5,9 37,7 8,2 100,0

- LA REGION DU SINE-SALOUM

En 1960 clic parvenait à attirer un tiers des immigrants du pays, cependant on remarque une très nette baisse dans l'attrait des migrants. le Sine-Saloum attire principalement les migrants de Diourbcl qui constituent la moitié des immigrants.

TABLEAU 11 : Evolution des immigrants du Sine-Saloum en % selon les différentes enquêtes par régions d'origine

E\R C-VERT CASA DIO UR FLEUVE S.ORIEN THIES TOTAL

EDNtiO 6,6 4,2 49,9 13,2 1,1 25,0 100,0 EDN70 7,3 4,6 47,3 18,2 6,1 16,5 100,0 REC76 9,6 5,7 55,2 10,7 4,5 14,3 100,0 EM079 40,3 9,8 19,5 9,1 9,3 12,0 100,0

Le tableau 12 récapitule les différents niveaux d'attraction-répulsion selon les différentes enquêtes. Les tendances se maintiennent et même s'accentuent. L'attrait du Cap-Vert augmente, celui du Sine-Saloum régresse. L'exode s'emplifie au niveau des régions du Fleuve et de casamance. La faiblesse des chiffres l'EMO 79 s'explique d'une part par le fait que l'opération s'est cantonnée à une frange de la population de fait (résidents présents et passagers) agée de 10 ans et plus et d'autre part la période de référence moins de 5 ans. Page 31

TABLEAU N° 12 : Niveaux d'attraction et répulsion par région selon les différentes enquêtes

REGIONS E.D.N. 60 E.D.N. 71 RECENS 76 E.M.O. 79 CAP-VERT 112340 213595 262320 15306 CASAMANCE -9940 -24164 -37323 -3675 DIOURBEL -90540 -96932 -42185 3578 FLEUVE -4<>040 -82537 -83495 -2585 WUGA -80932 -9940 SENEGAL ORIENTAL -6960 7139 3289 -2486 SINE SALOUM 77500 3556 1513 8748 THIES -36360 -20637 -23187 -8947

Le tableau 13 montre que les régions d'émigration: Fleuve, Louga, Thiès et Casamance sont toutes à l'exception de cette dernière située dans la partie Nord du pays et connaissent une pluviomètrie irrégulière et peu abondante. Dans un pays où l'agriculture occupe la majeure partie de la population, le facteur pluie pourrait être une des causes de cette migration.

Le cas de la Casamance s'explique assez difficilement : c'est une région relativement bien arrosée à sol riche; son émigration mériterait étude.

TABLEAU N° 13 : Pourcentage des émigrants à travers les différentes enquêtes par régions d'origine

E E.D.N. E.D.N. RECENS E.M.O. POP. REC/76 R 60-61 70-71 76 - DE 5 ANS EN% CAP-VERT 7 7 9 27 19 CASAMANCE 6 8 10 10 15 DIOURBEL 34 27 13 9 8 FLEUVE 20 21 17 11 10 WUGA 17 8 8 S. ORIENTAL 2 3 3 4 6 S. SAWUM 9 15 14 15 20 THIES 22 19 17 16 14

TOTAL 100 100 100 100 100

Le Cap-Vert et le Sine-Saloum sont les principales régions d'attraction. Le Cap-Vert avec 0,28% de la superficie regroupe pour l'année 1980 : - 19 % de la population résidente - 70 % des médecins - 60 % des lits d'hôpitaux - 80 % des entreprises recensées - et 67 % des salaires. Cette forte concentration de la majeure partie des activités économiques dans cette région explique l'attrait qu'elle exerce à travers tout le pays. Toute politique de redistribution de la population sans une politique de rééquilibrage des activités économiques ne connaitra pas le succès escompté. L'attrait du Sine-Saloum pourrait aisement s'expliquer par sa vocation agricole. HislDtiens - Géographes du Sénégal

Page 32

TABLEAU N° 14 : Pourcentage des migrants à travers les différentes enquêtes par régions de destination

E E.D.N. E.D.N. RECENS E.M.O. R 60-61 70-71 76 - DE 5 ANS CAP-VERT 40 49 49 33 CASAMANCE 3 3 4 9 DIOURBEL 7 8 7 10 FLEUVE 6 5 4 10 LOUGA 4 4 S. ORIENTAL 0 4 3 3 S. SALOUM 33 16 15 19 THIES 11 15 14 12

TOTAL 100 100 100 100

6.2.3 - LES PERSPECTIVES En partant d'enquêtes dont le but n'était pas la mesure de la migration l'on est parvenu néanmoins à approcher le phénomène. Il faut cependant déplorer que : - les études sur les caractéristiques, sur les causes, les déterminants de la migration n'ont pas été abordées. - aucune étude même indirecte n'a été faite sur les migrations internationales - aucune enquête n'a saisi l'historique des migrations - aucune enquête prospective sur l'évolution future des migrations. - aucune étude sur la part des miP'ations sur le processus d'urbanisation. - aucune étude sur l'effet de la migration sur les zones de départ et sur les zones d'arrivée. Ces limites sont autant d'axes futures de recherche. L'étude de certains d'entre elles nécessite seulement une analyse de données existantes : l'Enquêtes Migration-Main-D'oeuvre et le recensement de 1988. D'autres études par contre nécessitent de nouvelles enquêtes sur le terrain.

Bien que les migrations aient une très grande part dans l'étude de l'évolution de la population, elles ne bénéficient pas encore d'une place de choix dans les programmes de recherches. Par exemple la forte croissance urbaine (P.lus de 5%) est principalement due à la migration de la population des campagnes vers les villes. A ce rythme les villes verront leurs populations doublées dans des délais très rapprochés. Si l'on sait qu'au sénégal une personne sur trois vit dans une ville, l'on mesure alors toute l'importance d'appréhender d'une manière adéquate les phénomènes migratoires.

Les indices dont on pouvait tirer des différentes enquêtes effectuées au sénégal (migrants durée de vie et derniers migrants) fournissent une mesure inadéquate de la migration. Une bonne description de la migration et partant une analyse rigoureuse passe par la détermination d'une méthode appropriée de la mesure. Dans beaucoup de pays une saisie directe est quasi-impossible, alors s'impose l'exécution d'enquêtes rétrospectives par sondage visant à saisir tout le cheminement mi$fatoire des individus. C'est certes une opération assez coûteuse mais la connaissance de la migration est à ce prix. Une telle méthodologie aurait l'avantage de :

- reconstituer l'ensemble des migrations

- permettre le calcul de meilleurs indicateurs de la migration

- taux d'immigration - taux d'émigration

- de dresser les caractéristiques du migrant Hlslodens - Géogmphes du Sénégal

Page 33

- sexe - âge - professi.on - mstruction etc... - d'avoir le volume des courants migratoires - inter et inter-régional - de villes à villes - de villages à villes - de villes à villages

Cheikh GUEYE Démographe Direction de la Statistique - DAKAR

BIBLIOGRAPHIE

• Direction de la Statistique - Situation Economique du Sénégal 19TI - Situation Economique du Sénégal en 1983 - Recensement Général de la Population d'Avril 76 Analyse des résultats nationaux.

• C. MBACKE : Etude des migrations internes à partir des résultats du RGP de 1976. - Août 1982.

• F. P. DIOP : La Migration interrégionale : structures et tendance - Dakar Avril 1985.

• C. GUEYE: Analyse spatiale des migrations internes au Sénégal 1960-1980, Mémoire de Maîtrise - inédit- 1986 - Département de Démographie de Louvain.

• L. SA VANE : L'importance des migrations dans le Sahel. USED 84043 Institut du Sahel, Colloque de Bamako Jan.85

• K.C. ZACHARIAH et J. CONDE : "Migration in West " New-York Oxford pour le BIRD, 1981, 130 page

• I. SARR : "Effets des projets de développement sur les indices de migration", 1986 - Direction de l'Améganement du territoire - Ministère de l'intérieur. Dynamique Démographique et Production agricole en basse Casamance Par Babacar Mané

INTRODUCTION ce au défi du développement. - carastéristiques démqp-a­ Certains auteurs, plus caté­ phiques des expl~itallo~ Des études sur la population goriq ucs, affirmeront que le agricoles cl product10n agn­ et le développement, dans les "comportement procréateur cole pays du taers-monde no­ dans les pays en voie de déve­ - migration et production tamment, affirment que la loppement est irrationnel et agricole croissance rapide de la popula­ devrait être modifié pour de­ I - CARACTERISTIQUES tion dans le monde en voie de venir plus rationnel". SOCIO-ECONOMIQUES DE développement est non seule­ LA REGION ment indésirable pour le déve­ Face à ceOdébat d'intérêt loppement (synonyme de mo­ éminemment politique, nous Située au Sud-Ouest du Sé­ dernisation) et tout cc que cela tenterons de donner notre négal, la Basse Casamance cor­ implique ~ur la.prospérité .hu­ point de vue en essayant de respond à la région administra­ maine (éducation et ins­ situer le régime démographi­ tive de Ziguinchor. truction, santé et nutrution, re­ que dans son contexte socio­ venu et distribution du revenu, économique afin d'en saisir Selon les résultats provisoires statut de la femme, droits de ses fondements réels. du dernier recensement général l'homme) mais est suf­ de la po(>ulation et de l'habitat fisamment indésirable pour jus­ Nous nous appesentirons (RGPH/88), la population de tifief une intervention politi­ sur l'exemple du secteur rural la région est estimée à 397.'XJ7 que. afin d'analyser les interrela­ habitants dont 197.535 de sexe tions entre variables démo­ masculin contre 200.582 de sexe Cette argumentation qui est graphiques et variables déter­ féminin; ce qui indique un rap­ surtout évoquée par les erota­ minantes de la production port de masculinité de l'ordre gonistes du planning familial a agricole. Aussi, pour les be­ de 98,5. un lien indéniable avec la thèse soins de cet exercice, nous de COALE et HOOVER qui prendrons l'exemple de la La structure par âge de la stipule que "quels que soient les Basse casamance en raison population est caractéristique indicateurs du développement de la vocation agricole de la d'une population jeune. Les économique (rendement .per région d'une part, et surtout personnes âgées de moins de 15 capita par exemple) la faible du fait que dans cette région, ans constituent 46 % de la fécondité est tOUJOUrs plus bé­ les problémes de populations population tandis que les per­ néfiaue que la fécondité élc­ (migration et goulot d'étran­ vée"2. sonnes de 15-59 ~ représen­ glement lié au calendrier tent 49 % du total . Cependant, agricole) y sont d'une impor­ cette structure par âge globale Ains~ selon ces auteurs, le tance cruciale. semblerait cacher certaines régime démographique des particularités locales liées au pays en développement, de Notre communication s'ar­ phénomène migratoire dont l'Afrique plus particulièrement, ticulera autour des points sui­ l'incidence sur la structure par est perçu comme le vestige d'un vants : âge de certaines populations lo­ état primitif d'une part, et sur­ - caractéristiques socio­ tout comme une dysfonction fa- cales est ass~ manifeste (cas économiques de la région de MLOMP). TABLEAU 1 : POURCENTACJE DES l'vfERES DESIRANT AVOIR D'AUTRES ENFANT SELO~ LE N!li\113RE D'ENFANTS NES VIVANTS N00.I rm ES D'E:'\ , .. ,\NTS NES VIVANTS

(,' •(, 7 8 9 in 11 12 13 14 15

%,3 tJ3,3 90,2 91,7 •> 1, 7 91, tJ 83,0 70,33 65,4 22,2 33,3 1OO 50 ..

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~· 1, •. ·. ' ' N° 4-5 - 2" Semesfle 1989 Page 35

Il ressort des résultats de l'en­ l'économie nationale. fants. quête sur l'alimention, l'état nutri­ tionnel et sanitaire des popula­ Il· CARACTERISTIQUES DE· Nous pouvons déduire de cette tions de la Basse Casamance MOGRAPHIQUES DES EXPWI· structure que l'exploitation agri­ (1985) que la fécondité reste assez TATIONS AGRICOLES ET PRO­ cole est largement dépendante de élevée, le nombre moyen d'en­ DUCTION AGRICOLE la famille qui en constitue sa main fants né~ vivants par mère étant d'oeuvre potentielle. de 5,59 enfants. 2.1 • Taille moyenne des exploita· tlons agricoles et composition Si l'on se réfère à la taille On note également une très moyenne des exploitations agrico­ forte propension à avoir d'autres Il ressort du tableau 2 que l'ex­ les, on remarque également que enfants, quelque soit le nombre ploitation agricole s'articule essen­ cet indice varie en fonction du d'enfants nés vivants de la femme. tiellement autour de· la famille res­ milieu. Dans le milieu diola, la treinte du chef de ménage qui assu­ taille des ménages est plus faible. Le tableau 1 ci-dessus nous ren­ re également le rôle de chef de seigne sur le niveau du désir l'exploitation agricole. 2.2 • Taille moyenne des exploita· d'avoir d'autres enfants. tions, rapport con· sommateurs/producteurs selon Par ailleurs, il ressort de cette En effet, la famille restreinte le type de ménage TABLEAU 2 : TAILLE MOYENNE DU MENAGE ET COMPOSITION BARAKA/ OUSSOUYE DIATOCK BOUNAO/PAKAO BIRKAMA

Famille restreinte du C.M 85,2 84,2 68,9 58,0

Parents appartenant au ménagd4,8 15,8 31,1 42,0

Taille moyenne 5,8 6,5 77,4 11,8

SOURCE: l.ES MICIRATIONS EN B.C. KI.AAS DE JONGE ET AUTRES /\FRIC/\ STUDIE CENTRUM . 1.EIDEN 1'17S même enquête que le niveau de la (C.M., ses épouses et enfants) re­ mortalité infanto-juvénile reste présente plus de (j() % des membres Il ressort du tableau 3 q_ue la encore élevé, le quotient de mor­ du ménage. On remarque cepen­ taille des exeloitations agricoles talité étant de 252 %. La mortalité dant que cette structure varie en varie en fonction de l'âge du chef de 0-1 an y représente 129 %, fontion du milieu. Dans le milieu de ménage (CM) d•une part et en celle de 1-2 ans 78 % tandis.que diola typique (Oussouye), la famille fonction du milieu d'autre part. celle de 2-5 est de 45 %. restreinte constitue plus de 80 % du ménage tandis que ce pourcentage En mileu diola, on remarque L'agriculture reste l'activité devient plus faible dans le mileu 9ue les ménages dont le chef a un principale. L'exploitation agricole mandinguisé (Birkama). age compris entre 45-59 ans ont est de type familiale et dépend une taille plus grande que celle essentiellement de la main d'oeu­ Ainsi, cette différence s'explique des ménages dont le chef a un âge vre familiale pour assurer sa pro­ par le fait qu'en milieu diola typi­ inférieur à 45 ans ou supérieur à duction agricole. En raison de la que l'individualisme est plus poussé (j() ans. Cette différence résulterait monétarisation croissante de et que la famille nucléaire demeure essentiellement d'un niveau de fé­ l'économie nationale, les paysans la base de l'organisation sociale. condité qui tournerait à l'avantage sont entrain de développer des Par contre dans le mileu mandin­ des plus vieux qui ont eu à consti­ stratégies nouvelles basées sur guisé la famille élargie reste la tuer une descendance plus impor­ l'orientation vers les cwtures de structure sociale de base et on note tante. Le cas particulier des ména· rente (arachide) et la migration dans cette société l'importance de ges dont le chef a (j() ans ou plus pour s'adapter aux contraintes de la pratique du placement des en- s'expliquerait par le processus de Historiens - Géographes du Sénégal

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TABLEAU 3: FORCES DE TRAVAIL ET RAPPORT CONSOMMATEURS/PRODUCTEURS PAR TYPE DE MENAGE (1974)

OUSSOUYE DlATOCK BARAKA/ BIR KAMA/ BOUNAO/PAKAO

2 3 2 3 l 2 3 1 2 3 1,43 CM 45 h,0 2,<> 1,<•5 C.,4 2,8 1,64 5,8 3,5 1,33 10,8 5,8

CM 1,49 45-59 ANS 5,6 4,0 J,20 7,2 4,0 1,40 7,3 4,7 1 ,28 11,7 5,9

CM 1,48 Ml. ANS ET + 4,

1,47 TC>"L\I. 5,8 :\,0 1,·17 C>,5 ~.4 1,46 77,4 4,2 1,38 11,8 6, 1

N 117 155 108 139

SOURCE : Les Migrations en Basse Casamance

1 = Taille moyenne du ménage; 2 = nombre d'actifs; 3 = rapport consommateurs/producteurs - Toutes les personnes de 15-59 ans sont considérées comme 1 unité de production et de consommation. - Les personnes de 0-14 ans et de plus de 60 ans sont considérées comme 0 unité de production et une 1/2 unité de consommation. nucléarisation de la famille au ge âgés ont donc une taille de est caractérisée par l'utilisation in­ sein de la société diola où l'indivi­ ménage plus élevé du fait d'une tense du capital humain qui cons­ dualisme est assez poussé. Les descendance plus wande d'une part titue le facteur le plus contrai­ · enfants de ces chefs de ménage et aussi par le biais des institutions gnant. Une mise en relation entre qui ont eu à contracter un maria­ sociales qui favorisent cette dimen­ la taille de l'exploitation le nom­ ge ne restent plus dans la famille sion plus importante de la famille bre d'actifs disponibles, les super­ paternelle; ceux-ci créent en effet d'autre part. ficies mises en culture et le niveau leur propre unité et jouissant des requis aurait permis de voir si les droits fonciers avec le mariage, ils Si l'on considère la force de tra­ ménages ayant une taille plus créent leur propre unité de pro­ vail, on remarque une situation plus grande seraient plus aptes à ré­ duction. avanta&euse des CM de 45-59 ans. pondre plus efficacement aux exi­ Ceux-ci ont un nombre d'actifs plus geances du système cultural. Ce­ En milieu mandingue, la taille grand. Les ménages dont le chef a pendant, la non-disponibilité des du ménage croit en fonction de moins de 45 ans ont une situation données dè cette nature ne nous a l'âge du CM. Plus celui-ci est âgé, moins favorable. Les remarques pas permis de vérifier cette rela- plus il a eu le temps de constituer évoquées plus haut expliquent cette tion. · une condescendance plus élevée. différence. Ayant plus d'actifs, les Aussi du fait que les institutions CM plus âgés ont une force de En outre, on sait également que sociales favorisent plutôt la famil­ travail potentielle plus importante. les paysans en raison de leur atti­ le étendue (placement des en­ tude pragniatique ajustent sou­ fants) et que le processus de dé­ Ces exploitations seraient donc vent les superficies et les cultures sintégration de l'unité familiale plus à même de répondre aux exi­ à mettre en valeur en fonction de constaté dans la socitété diola gences du calendrier agricole, d'au­ la disponibilité du capital humain n'apparaît plus, les chefs de ména- tant plus que le système de culture d'une part et des opportunités qui Hislotiens - Géographes du Sénégal

N' 4-5 - 2" Semestre 1989 Page 37 s'offrent à eux d'autre part. que les exploitations ayant une di­ fécondité élevée maximise la force mension plus grande auraient donc de travail familiale. On remarque encore que le une capacité d'organisation plus rapport grande face aux exigences du systè­ 111- MIGRATIONS ET PRO­ consommateurs/producteurs me de production où la main d'oeu­ DUCTION AGRICOLE reste en faveur des C.M. de 45-59 vre constitue le facteur prédomi­ ans qui ont une charge d'inactifs nant. 3.1 • CaractéristJques et tendan­ moins importante. ces de la mlgratJon Dans la mesure où cette dimen- Ains~ dans l'hypothèse où cette sion de l'exploitation résulte es- Comme l'indiquent les données force de travail potentielle est une sentiellement de la fécondité, on du tableau 4, l'une des principales force réelle on peut en déduire peut en déduire qu'un niveau de caractéristiques de la m1w-ation en TABLEAU 4 : REPARTITION DES MIGRANTS SELON L'AGE, LE SEXE ET LE TYPE DE MIGRATION (bassin versant du Kamobeul bolon)

MIGRANTS TEMPORAIRESMlGRANTS PERMANENTS MIGRANTS TOTAUX classes d':ige Hommes Femmes Hommes+ Hommes FcmmesHommcs+ Hommes + rem mes en % !.!Il '~-;, F...: mm es en % en % Femmes en % des des en % des des en % TOTAL GENERAL hommes femmes Tot.Temp hommes femmes Tot.pcrm

11--l 2 4 3 1 7 4 3

5-

Hl- 14 8 2.1 14 7 19 14 14

15-19 16 35 24 16 21 19 23

211-2-l 21 211 21 25 22 23 22

25-29 11 4 8 21 10 14 10

:m-1.i 7 3 6 16 2 8 6

:;) ..W 4 2 3 4 2 3

-1!1-44 10 2 (i 4 4 4 6

4)-41) 8 :'i 1 4

.50-)4 5 3 4

55-:'i'J 3 2

r1ll-f 1·I

'·~-

Nombre de 270 192 462 79 88 167 629 cas observés

Moyenne d'age 26,6 18,7 24,6 23,9 21,2 22,3 24,0

SOURCES: IRAT. llCEOM ri1é in i\. CISSE "Sy~tèmc fonricr et dévcloppcmcnl rural chez les diolas du bassin vcrsanl de Kamohcul holon n.C. 19110-RI HlslDdens - Géographes du Sénégal

N° 4-5 - z- Semestl8 1989 Page 38

Basse Casamance est son caractè­ régionale (25% en 1959 contre 32 L'impact de la migration sur la re jeune. % en 1979). Les migrations liées à dist><>nibilité de main d'oeuvre de­ la scolarisation et au travail (do­ vrait être analysé en fonction des En effet, scion les données rela­ mestique, ouvrier) deviennent de exigences du calendrier agricole et tives à la rone du Kamobcul, près plus en plus importantes. aussi du système cultural. des 3/4 des migrants ont entre 10 Le tableau 6 nous renseigne sur la el 34 ans; Ce caractère jeune de la 3.2 - Structure démographique des présence de la main d'oeuvre au migration se traduit par un âge exploitations agricoles et migra­ cours de l'année. moyen de la migration relative­ tions ment bas, cet indice étant de 24 Bien que la majorité des mi- ans. Ains~ la migration mobilise n ressort du Tableau 5 que Je grants soit présente durant la sai- donc principalement les classes niveau de la migration vane en son pluvieuse, l'impact de la mi- d'âges actifs. fonction de l'âge du CM et du gration sur la disponibilité de nombre d'actifs disponibles. On rc- main d'ocuvre reste important. Le Urie comparaison selon le sexe marque également une situation tableau ci-dessus révèle l'im~r- montre que le caractère jeune de plus favorable des CM dont l'âge tance de la migration saisonmère la migration est plus accentué est supérieur à 45 ans. Ceux-ci dont sur la disponibilité de bras. On chez les femmes que chez les le ménage comporte plus d'actifs note au niveau des deux sexes hommes, l'âge étant rcspectivc- ont également plus de migrants. En l'importance de la migration de TA B l. E1\ ll :ï : ivllCiRANTS TEMPORAIRES SELON DE TYPE Dl:: MENAGE

OUSSOU YE DIATOCK BARAKA/130UNAO/PAKAOBIRKAMA

ac:I ifs i\ 11 ( i ac:I ifs MIG actifs MIG actifs MIG TEMP TEMP TEMP TEMP

c. f\'I. <45 illlS 2,6 0,3 2,8 1,4 3,5 0,9 5,8 0,7 C.M. de 45-59 ans 4,0 1,1 4,0 2, 1 4,7 2,0 5,9 0,7 ('. J\·I. Ml ans <.:I + 2,7 1,4 3,l 1,7 4,2 2,5 6,9 1,2

ENSEMBLE 3, I 1,0 3,·1 1,8 4,2 1,8 6,1 0,8

N = 137 155 108 139

SOL"RCJ: : l.l:S MIGRJ\TIO:"\S E~ lli\SSE CJ\Si\M/\NCE ment de 18,7 et 26,6 ans, si l'on se effet, ces ménages qui ont plus de saison sèche qui devient de plus réfère aux migrants temporaires; bras peuvent à la fois mieux répon­ en plus précoce el que le retour pour les migrants permanents cet dre aux exigences de la demande de des migrants se fait de plus en âge est de 21,2 ans pour les fem­ main d'oeuvre nécessaire pour plus tardif. mes contre 23,9 ans pour les hom­ l'exécution des opérations cultura­ mes. les d'une part et à la demande liées 3.3.2 - migrations et exécutions à la migration d'autre part. Les CM des tâches culturales Par ailleurs, on remarque des jeunes sont moins favorables à la changements liés à ces mouve­ migration du fait que ce phénomè­ En raison de la division sexuelle ments. Il ressort de l'étude de ne entraîne une perte de bras qui du travail qui prévaut, l'impact de CISSE (A) qu'entre 1959 et 1979, pourrait entraver l'exécution adé­ la migration sur l'exécution des le pourcentage des femmes mi­ quate des opérations culturales. différentcs opérations culturales grantes a augmenté passant de 25 reste prépondérant. % en 1959 à 45 % à 1979. En 3.3 Migrations et production agri­ outre, le caractère de plus en plus cole L'absence d'une bonne partie urbain de la migration s'accentue de la main d'oeuvrc masculine et le pouvoir attractif de Dakar se 3.3.1 Migration et di~ponibllité de durant la saison sèche entraine un distingue de celui de la capitale main d'oeuvre déficit important de bras. Ainsi le Hlslodens - GIKJgraphes du SIJnl1gaJ

N° 4-5 - ~ SemesfJB 1989 Page 39

TABLEAU 6: PRESENCE DES MIGRANTS PAR MOIS (15-59 ans) ET MAIN D'OEUVRE DISPONIBLE (Komobeul)

SEXE FFM/NIN

J F M A M J JT AT SEPT OCT NOV DEC TOTAL TOTAL présents parmi les 5 3 1 1 1 JO 72 104 164 68 58 29 171 migrants TOTAL permanents 348 348 348 348 348 348 348 348 348 348 348 J48 348 Total main d'oeuvre ., .. J53 351 349 349 349 358 420 452 512 416 406 377 519 féminine

% du potentiel 68 68 67 67 67 69 81 87 99 80 78 73 67

SEXE MASCULIN J F M A M J JT AT SEPT OCT NOV DEC TOTAL Total présentes 41 14 5 4 14 65 163 218 224 133 113 74 229 parmi les migrantes TOTAL Perm a- n~~ 1% 1% 1% 1% 1% 1% 1% 1% 1% /% 1% 1% 1% TOTAL main 237 210 201 200 210 261 359 414 420 329 309 270 425 d'oeuvre masculine

% du potentiel 56 49 47 47 49 61 84 97 99 77 73 64 46

SOURCE : BCEOM. JRAT Cite! in CISSE (A) : syst~me foncier et ddveloppement rural dans le bassin versant de Kamobeul (1980-81). labour de saison sèche des rizières entrave aux exigences du calendrier Ori note donc que le départ et moyennes et profondes est de plus agricole. En effet, le départ précoce le retour des migrants ne sont pas en plus abandonné. De même, des jeunes filles (dès octobre) crée effectués dans la limite des con­ l'entretien et la construction de un goulot d'étran~ement au niveau traintes du systéme cultural. digues de protection des rizières de la récolte qw est une activité salées et des digues à caractère essentiellement féminine se dérou­ Pour pallier ce manque de bras collectif sont également négligés lant entre Novembre et Janvier. durant les périodes de goulot du fait du manque de bras au Ains~ la majorité de ces filles mi­ d'étranglement, les paysans ont moment de l'exécution des tra­ grantes ne participent ni à la récolte développé des structures associa­ vaux durant la saison sèche. du rÎ7., ni à son transport. Aussi, le tives de prestation de service or­ retour de plus en plus tardif des ganisées sur la base des classes Le départ précoce des filles et filles pose des contraintes au niveau d'âge ou de l'unité résidentielle leur retour tardif constituent une du repiquage du riz. (quartier ou village).

HlslDllens - Géographes du SIJnégaJ

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3.4 - Conséquences d'ordre socio­ colcs de la Basse Casamance et du thèse de 3è cycle E.H.S.S. - démographique de la migration comportement migratoire au ni­ 1980.81 veau de ces unités de production Cathérine Ene~ Monique LE­ révèlent la double pression qui pèse FEVRE et Gilles PISON, dans sur la fécondité à savoir la nécessité Cathérine ENEL, Monique LE­ leur étude sur "miwations et évo­ de répondre à la demande de main­ FEBRE et Gilles PISON : "Mi­ lution de la nuptialité. Exemple d'ocuvre indispensable pour l'ex­ grations et Evolution de la nuptia­ d'un village diola du Sud du Séné­ ploitation familiale d'une part et à lité. L'exemple d'un village joola gal, Mlomp" ont constaté un recul la demande de travail hée à la du Sud du Sénégal, MLOMP"'. de l'âge au premier mariage du migration. fait de !'~migration. L'âge moyen au mariage se situe à 24 ans pour Face à cette double pression pe­ D. GAUVREAU,J. GREGORY. les femmes et à 30 ans pour les sant sur les exploitations, la fécon­ V. PICHE : Démographie et hommes. Dans une société où la dité élevée permet de maximiser la sous-développement dans le fécondité est naturelle les consé­ force de travail nécessaire pour ré­ Tiers-Monde. quences de ces changements sur pondre à cette double pression qui les fécondités devraient être étu­ pése sur l'unité domestique. diées. Klaas de JÙNGE et autres : les On remarque également les ef­ Dans notre communication, nous migrations en Basse Casamance fets de la migration sur la structu­ avons montré que les unités de projet d'une recherche multidisci­ re par â~e de la population qui-se production ayant une plus grande plinaire sur les facteurs socio-éco­ caracténsc par un déficit de jeu­ dimension avaient une main d'ocu­ nomiques favorisant la migration nes et une importance des person­ vrc potentielle plus importante cl en B.C. et ses conséquences pour nes âgées. devraient être plus à même de ré­ les lieux d'origine. Lc1den - Africa pondre aux éxigenccs du calendrier Studies Centrum - 1978 3.S - Migration et stratégie de agricole. production En outre, disposant d'une main SANAS-SOMIVAC : Enquête sur En raison du processus crois­ d'ocuvre potentielle plus importan­ l'alimentation, l'étal nutritionnel sant de monétarisation de l'écono­ te celles-ci pouvaient mieux répon­ et sanitaire des populations de mie nationale et locale, la migra­ dre à la demande liée aux migra­ Basse Casamance. Déc. 1985 tion joue un rôle primordial dans tions. la stratégie de production de l'ex­ ploitation agricole. Ainsi, la fécondité élevée, plus qu'une stratégie de production NOTES: En effet, la migration demeure constitue plutôt, pour ces unités, l'une des principales sources de une stratégie de survie. Le com­ revenues monétaires (avec la ven­ portement démographique indivi­ 1. BERELSON, BERNARD, So­ te de l'arachide et des produits de duel et collectif dans cette société cial Sciences Research on popula­ la palmeraie) de l'exploitation. est déterminé essentiellement par tion = A review Ces revenus tirés de la migration les besoins en travail au sein d'une permettent d'une part d'assurer le économie où le capital humain res­ Population and Development Re­ paiement des prestations de servi­ te le facteur le plus contraignant. view, ces réalisées par les associations 2. 1976. de travail dont le paiement se fait 219-266 de plus en plus en espèc:s et aussi de combler le déficit vivrier par Babacar MANE 2. COALE, ANSLEY et Edgar l'achat du riz importé d'autre part. HOOVER, Population growth and In Low-Income Countries L'analyse du phénomène migra­ toire comme une stratégie collec­ BIBLIOGRAPHIE A case study of india's propccts, tive et non individuelle permet de Princeton mieux comprendre les mobiles de University 1958. la migration. CISSE Aldiouma = systéme fon­ 3. Estimation du bureau de la CONCLUSION cier et développement rural chez statistique de Zinguichor. les diola du bassin versant de Ka­ L'analyse de la structure démo­ mobcul bolon. 4. MLOMP = village du départe­ graphique des exploitations agri- Basse Ca'iamance - SENEGAL - ment d'Oussouye Démographie et Urbanisation à Dakar · le processus de la aiaudisation• de la Médina Est Par Khadidiatou TALI_ THIAM

Le mouvement d'urbanisation que l'on lement par des constructions en matériaux constate aujourdui en Afrique Noire n'est pas précaires. spécifique de cette partie du monde. Dans presque tous les pays du Tiers monde, la La "taudisation" qui correspond à une dé­ croissance des villes se produit à un rythme gradation très avancée du cadre bâti et à un rapide modifiant d'année en année la compo­ surpeuplement excessif n'est pas particulier à sition de la population. la Médina de Dakar.

Dakar, métropole Ouest Africaine, connaît Dans de nombreuses villes africaines, les une croissance démographique importante de­ anciens quartiers indigènes connaissent le mê­ puis sa création. Elle comptait 10 % de la me processus. population sénégalaise en 1955, 14,7 % en La variable population est, par conséquent, un 1968, 21,92 % en 1986 cl 22 % en 1988. élément important dans l'urbanisation d'un pays mais aussi un facteur déterminant de Ainsi dans les quartiers comme Grand Da­ l'organisation de l'espace. kar, Fass, Usine ou la Médina, la structure dé­ mographique a subi de profonds chanege­ Cette étude a pour cadre la Médina Est, un ments. secteur de la Médina situé-Gntre l'avenue Blai­ se DIAGNE et la rue 32 la rue 11 cl le La pression démographique imprcssionanlc Boulevard de la Gueule Tapée. trouve son origine dans l'immigration. On as­ siste alors au recul de la population autochto­ Les différentes données obtenues après une ne cl à une modification de la composition enquête démographique et habitat faite en ethnique de la population urbaine. janvier février 1987 permettent de .. d~nner l'état de la population et de l'habitat de la La croissance soutenue du nombre d'habi­ Médina Est. tants a aussi pour corollaire la réduction de l'espace disponible. 1 - LA STRUCTIJRE DEMOGRAPHIQUE

En Afrique Noire, il n'existe guère de corré­ DE LA MEDINA EST lations entre le rythme de croissance démogra­ phique et la mise en place de structure d'ac­ La structure d'ensemble des villes africaines cueil suffisante. On constate généralement un ainsi que leur composition sont en constante décalage entre l'afflux massif des ruraux et la mutation du fait d'une pression démographi­ capacité d'accueil des villes dans les conditions que consécutive à un accroissement naturel actuelles de l'offre de logement et de service. élevé et à un mouvement migratoire intense.

La dégradation de l'environnement devient Kinshasa est passée entre 1950 et 1975 de ainsi un phénomène inéluctable. La Médina 200.000 à 2 millions d'habitants, Abidjan est un cas pertinent. Ce quartier de Dakar comptait 65.000 habitants en 1950, 951.000 en connaît une dégradation avancée. Le délabre­ 1975 et problablemenl plus de 2 millions en ment des habitations et la densification exces­ 1986, Dakar qui est passée de 132.000 habi­ sive des parcelles situent le processus de la tants en 1945 à 940.000 habitants en 1976 et "taudisation" à la Médina. Ce phénomène est 1.500.459 habitants en 1988 connaît comme différent de la bidonvillisation si l'on considère toutes les capitales de l'Afrique noire une le bidonville comme espace occupé illéga- structure démographique particulière.

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EVOLUTION DE LA POPULATION DE DAKAR - les pèl : 11,07 % A PARTIR DE 1878 - Les Al pulaar: 8, 71 % - Les sereer : 8,07 % Années Effectifs Les ethnies locales c'est à dire les wolof, les lébou ne constituent 1878 1 600 que 53, 14 % de la population de la 1891 8 700 Médina Est. Les natifs de la ré­ 1904 23 500 gion de Dakar et de la Médina Est 1909 26 391 62,91 % , cc qui porte à 37,09 les 1921 32 500 personnes nées hors de la région 1926 40 000 de Dakar et qui constituent par 1936 92 600 conséquent l'essentiel des mi­ 1961 374 000 grants. Cette accumulation de mi­ 1976 940 920 grants aura des conséquences évi­ 1984 1 380 732 dentes sur la structure démogra­ 1986 1 482 612 phique de la population du quar­ tier. 1988 1 500 459 recensement mai 1988 B/ - La structure par âge et par sexe 1990 ( en projection ) 1 813 740 a) - la structure par âge

A/ La diversité ethnique s'ils ne sont pas minoritaires ne Elle est sensiblement différente sont que moyennement représen­ de celle de la région de Dakar. Il y a cent ans Dakar ne com­ tés. Les jeunes de moins de 15 ans prenait que des lebous. Ils ne représentent à la Médina Est représentent plus aujourd'hui que Les ethnies les mieux représen­ 36, 13 % de la population du quar­ 12 % de la population de la capi­ tées sont : tier contre 45,82 % pour la région tale. Dans les quartiers d'habitat de Dakar et plus de 45 % pour traditionnel, il n'est pas rare que - les wolofs : 40,49 % de la l'ensemble du sénégal. Cependant les ethnies locales soient minori­ population les personnes appartenant au taires. Ce phénomène se retrouve - les lcbu : 12,75 % groupe d'âge 15 - 59 ans représen- un peu partout en Afrique noire. A Abidjan, la communauté ébrié est devenue minoritaire, Ouaga­ COMPOSITION ETHNIQUE DE LA POPULATION dougou n'est plus une ville spéci­ DE LA MEDINA EST fiquement mossi, ni Kano une ville Haoussa. Les capitales afri­ caines sont devenues de véritables Ethnies Pourcentages "melting pot". Toutes les ethnies du pays y sont concentrées. Wolof 40,49 On note que peu de temps Lcbu 12,75 après sa créallon, la Médina rece­ Pèl 11,05 vait des populations non lébou, Al Pulaar 8,71 d'abord des wolof puis des travail­ Sereer 8,07 leurs de toutes ethnies et de tou­ Bambara 6,17 tes les régions du pays venus à Joola 2,87 Dakar attirés par l'importance du Manding 2,55 marché du travail. Socé 2,45 Soninké 1,70 La Médina Est comprend une Balant 1,38 population Jéhu peu importante Manjaag 0,85 (12, 75 % de la population du sec-­ Autres 0,96 leur). Cc taux proche de celui de l'ensemble de la capitale est rela­ TOTAL 100,00 tivement faible et les lebu même Hlsladens - Géographes du Sénégal

Page 45 tent ()(),05 % de la population de Aussi au niveau de la Médina ou à la réparation. Les cadres la Médina Est : (51,08 % au Est, les célibataires avec 65,78 % de supérieurs, enseignants, employés niveau de la région de Dakar. la population constituent les deux de bureau ne réprésentent que tiers de la population; les mariés 10,22 % des travailleurs du quar­ Les personnes âgées de ()() ans 30,39 %, les veufs (ves) 2,24 et les tier et sont les seuls salariés dipo­ et plus ne sont que 3,82 % à la divorcé( e )s 1,59 %. sant d'une revenu mensuel régu­ Médina Est (3,10 % au niveau de lier. la région de Dakar) nous consta­ C/ - NIVEAU D'INSTRUCTION tons par conséquent un net désé­ ET STRUCTURE SOCIO-PRO­ Le secteur économique le quilibre entre les jeunes et les FESSIONNELLE mieux représenté est le secteur adultes. Les enfants de 0 à 14 ans tertiaire; mais surtout le tertiaire n'occupent pas en pourcentage la Cette population jeune dans l'en­ inférieur avec les commerçants, place qui dans une population semble et composée de migrants les bana-bana ou marchands am­ stable et jeune leur revient habi­ d'origine rurale ou urbaine, a géné­ bulants. tuellement dans les capitales des ralement reçu une instruction en pays africains. A Kinshasa 52 % langue française ou arabe. La popu­ Le secteur secondaire est f ai­ ile la population zaïroise sont lation de la Médina Est âgée de blement développé. Peu d'ou­ âgées de moins de 15 ans. plus de cinq ans est scolarisée à vriers sont qualifiés. Les ouvriers près de 68 % dont 2,97 % en langue et autres employés du secteur se­ L'importance des adultes à la arabe; mais la plupart de ceux ayant condaire ne constituent que 6,5 % Médina s'explique par l'afflux reçu une instruction poussée est de la population active. constant de migrants. très faible. Ceux ayant le niveau du baccalauréat ne représentent que Le secteur primaire est inexis­ 0,53 % de la population. tant. b) - la sex ratio : un déficit du sexe féminin Le niveau de scolarisation et de Dans l'ensemble, les habitants formation est peu poussé mais en de la Médina Est exercent de A la Médina Est la sex-ratio est progrès. Il aura des influences no­ petits métiers qui s'intégrent sou­ égale à 111 hommes pour 100 tables sur le niveau de vie de l'en­ vent dans le secteur informel axé femmes alors qu'elle est à 102 semble de la population du quartier sur la survie individuelle. pour l'ensemble de la région de car les activités socio-professionnel­ Dakar. Ces chiffres de la Médina les sont généralement fonction du Cette population hétérogène Est témoignent d'une masculinisa­ niveau de formation reçu. connaît des problémes socio-éco­ tion de la population. Et pourtant nomiques car la majorité a un en Afrique les hommes sont A la Médina· Est, la population niveau de scolarisation et de for­ moins nombreux que les femmes. active, c'est à dire la fraction de la mation peu élevée et exerce des Au sénégal, dans l'ensemble, les population totale ayant un emploi petits métiers artisanaux et com­ résultats du recensement de 1988 ou à la recherche d'emploi s'élève à merciaux qui produisent de faibles donnent pour la sex ratio 96,9. A 30,07 % de la population totale du revenus. Elle est aussi composée la Médina Est, la sex ration est quartier; le nombre de travailleurs d'une forte proportion de céliba­ favorable au sexe masculin surtout disposant d'un revenu est estimé à taires. pour le groupe d'âge 24 - 65 ans. 22,84 %. Il est alors aisé de remar­ Cet excédent mascUlin est surtout quer que la population à charge est C'est par conséquent un quar­ très remarqué pour la classe d'âge fort im.Portante (77,16 % de la tier d'immigrants et de petits em­ 25 - 29 ans, la sex ratio est égale à population). ployés dont le niveau de vie relati­ 137 hommes pour 100 femmes. Ce vement bas de la majorité des taux s'explique par un fort courant L'essentiel des travailleurs de la habitants aura des repercussions mi~atoire de cette classe d'âge Médina Est est constitué d'artisans importantes sur l'occupation de q_w tente actuellement une expé­ et de commerçants qui travailent à l'espace et les formes de l'habitat. nence urbaine. Beaucoup de villes leur compte personnel; ils repré­ d'Afrique sont des villes d'hom­ sentent 40,47 % des effectifs du II/ - LA MEDINA : UN mes, pour la plupart des céliba­ quartier. Ces artisans et commer­ QUARTIER SURCHARGE traires en quête de travail. çants sont de petits entrepreneurs individuels qui forment le secteur Le surpeuplement dans les pays Rares sont les migrants qui non structuré des zones urbaines du Tiers Monde entraîne une sur­ viennent avec leurs familles pen­ d'Afrique. Il s'agit d'une sorte d'au­ chage des villes et des quartiers dant la période où ils cherchent to-emploi qui comprend divers avec des conséquences manifestes un emploi dans les·entreprises ou groupes d'activités. Ils se consa­ sur l'habitat et l'environnement. l'administration. crent à la production traditionelle Le poids démographique est tel Historiens - Géographes du Sénégal

N° 4-5 - Zo Semestre 1989 Page "6 que les équipements prévus sont lieu de travail à pied. Ils travaillent Ainsi la Médina Est est consi­ insuffisants et se détériorent très dans le quartier, à Dakar-ville ou à dérée comme lieu de transit avec vite. Le tout entraîne une dégra­ la zone mdustrielle. une population très .mobile. 48,56 dation du quartier, voire "la taudi­ % de la population sont installées sation" ... à la Médina Est entre 1980 et Les travailleurs, habitant la Mé­ 1987; en 1986, les nouveaux arri­ dina Est, occupent des logements vants représentent 17,85 % de la A/ - La Médina : un lieu d'accueil aux loyers souvent abordables (5 à population. On constate qu'à la 7 000 F CFA) par mois pour une Médina Est, en dehors des pro­ a) - Un réceptacle proche pièce dans une habitation cons­ priétaires ou copropriétaires, les truite en bois ou "baraque", 10 à 15 autres habitants du quartier ne des lieux de travail. 000 F CFA par mois pour une pièce sont là qu'en attendant des jours dans une habitation construite en meilleurs et .aussi parce qu'habiter La Médina qui compte aujour­ dur) si on les compare aux autres la Médina permet de se rappro­ d'hui plus de 140.000 personnes quartiers résidentiels comme cher des grands centres de déci­ (soit 397 hab/ ha) est un quartier Grand Dakar ou Usine. Mais géné­ sions tout en faisant des écono­ autour duquel s'est étendue la ralement dès que leur situation éco­ mies de transport, peu importe ville de Dakar. Elle est située aux nomique s'améliore, les jeunes sala­ alors la qualité du logement et de abords du Dakar international. Sa riés migrants tentent de trouver un l'environnement. Cette situation position centrale, privilégiée par logement dans les citées loties co­ entraînera nécessairement une su­ rapport aux autres quartiers de la rne les cités SICAP (Société immi­ roccupation du quartier. La sur­ ville en fera un endroit recherché bilière du Cap-vert) ou les cités de charge démographique et l'instal­ par les travailleurs qui peuvent l'OHLM (Office des Habitations à lation des travailleurs immigrés ainsi minorer les frais de trans­ Loyer Modéré) ou leur propre lo­ dans le quartier sont favorisées en port. Plus de 62 % des habitants gement au niveau des Parcelles As­ partie par la situation foncière de la Médina Est se rendent à leur sainies par exemple. particulière de la Médina. Historiens - Géographes du Sénégal

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b) - L'enjeu foncier que et urbaine. Au Sénégal, surtout (depuis avril 1988). L'obtention à Dakar, on constate que l'acces­ du titre de proeriété va-t-elle en­ Dans la région de Dakar et plus sion à la propriété individuelle est traîner une mise en valeur du particulièrement à la Médina les un phénomène courant. L'appari­ quartier par la rénovation des problémes fonciers sont très com­ tion du partage successoral va en­ concessions par les propriétaires ? plexes et cela tient à des raisons traîner la disparition de l'inaliénabi­ On peut prévoir un blocage seule­ historiques. Avec la colonisation, lité en tant que garantie de main­ ment si, après l'obtention du titre les Français ont rencontré de tien de l'unité du bien familial. A la de propriété, les copropriétaires nombreuses difficultés avant d'oc­ Médina, chaque membre de famille restent dans une situation conflic­ cuper la presqu'île du Cap-vert; a une part bien déterminée de la tuelle. mais après l'occupation des ter­ propriété familiale, ainsi les copro­ rains vacants et l'achat de terrains priétaires, suite à un partage suc­ B/ - La Médina Est : un exemple aux lébu, les Français vont organi­ cessoral, se séparent ou s'entassent de processus de "taudisation" ser l'espace. En 1914, la Médina, dans des pièces leur revenant de un village d'indigène est créé et droit. Certains ayant-droits ont L'afflux massif de population à implanté sur un titre foncier ap­ quitté le quartier et se sont installés Dakar et ses environs de même partenant à la Colonie puis au dans les 9uartiers environnants ou que l'évolution de la situation fon­ territoire du Sénégal. Il est frac­ dans les cités bien loties comme les cière dans des quartiers comme la tionné en parcelles concédées à cités de la SICAP ou de l'OHLM et Médina ont des incidences dans des particuliers qui pouvaient de­ mettent la part qui leur revient de l'utilisation de l'espace. venir propriétaires au bout d'un droit en location. Les autres restent certain temps à condition de réali­ dans la concession et on assiste à la a) - Utilisation de tout espace ser leurs mises en valeur. Il est concentration de nombreux ména­ disponible cependant important de noter ges sur une même parcelle et à qu'au départ, il est délivré par fa­ l'occupation de nombreuses pièces L'analyse des photographies aé­ mille un seul permis d'habiter d'habitation par des locataires. A la riennes et le travail de terrain ont mais celui-ci portera sur autant de Médina Est, le pourcentage des permis d'avoir une vision générale parcelles que l'cxig~ l'importance ménages locataires est égal à 45,31 sur l'organisation de l'espace du de la famille (30 m par person­ %. secteur et sur l'habitat. On consta­ ne). te un entassement des habitations, Le quartier se trouve progressi­ les constructions en dur se mêlent La notion de propriété indivi­ vement abandonné à une popula­ à celles en bois (baraques), plus duelle de la terre n'existe pas. La tion souvent d'origine rurale et peu de 60 à 70 % de la surface des terre appartient à la communauté préoccupée par l'environnement parcelles est bâtie. La taille de la ou à la f amillc élargie. Mais sous dans lequel elle évolue. Le locataire cour est réduite au fur et à mesure l'effet de divers facteurs, la famille est un "doxandem" qui ne se sent de l'extension horizontale du bâti. étendue se désinté~c pour laisser redevable auprès du propriètaire apparai"tre les familles élèmentai­ que de son loyer. Il n'est pas tou­ La croissanœ soutenue du res représentant les cellules de jours attaché à un lieu particulier. nombre d'habitants a eu pour co­ base. Ce relachement des liens de Celui de la Médina est générale­ rollaire une réduction de l'espace parenté provoque la désintégra­ ment un migrant qui cherche à disponible par habitant. A Abid­ tion de la famille et sa contraction améliorer ses revenus et souhaite jan par exemple, dans l'habitat de en groupes conjugaux distincts. retourner le plus rapidement dans cour, la densification maximale du Chaque membre se sent responsa­ son village. En ville, le locataire bâti et de la population sont indis­ ble de lui-même et de la famille d'origine rurale ne dispose pas en­ sociables. Le bâti étant construit qu'il a fondée. Les intérêts des core d'un "savoir-faire" urbain. Les petit à petit, il s'agit d'une densifi­ familles élèmentaires et ceux de la conséquences sur l'habitat sont dé­ cation progressive. famille étendue ne sont plus com­ sastreuses. A la Médina, la croissance dé­ plémentaires mais s'opposent. En mographique et la situation fon­ même temps, le statut foncier de Les copropriétaires connaissent cière ont entraîné une au!Pllenta­ la terre va évoluer et la colonisa­ alors des contradictions au sujet de tion de la surface construite. Les tion va appuyer la notion de pro­ l'organisation de l'espace parcellai­ proP,riétaires (ou copropriétaires), priété. Selon le code civil français, re et de la mise en valeur de la ne disposant généralement que de la notion de proprièté n'est conce­ parcelle. Les désaccords sont tels faibles revenus et à la recherche vable qu'individuellement. que des familles sont divisées. Ce­ de revenus supplémentaires, ont pendant le problème de la copro­ construit un ou plusieurs loge­ En Afrique Occidentale, le phé­ priété à la Médina va être résolu ments de rapport dans le tissu nomène se développe parallèle­ par la vente de terrains aux person­ ancien qui s'est ainsi densifié sans ment à la croissance démographi- nes titulaires de permis d'habiter restructuration. Historiens - Géographes du Sénégal

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Actuellement, l'espace parcel­ ou des constructions en dur sur le la population s'élève à plus de 700 laire tend à être occupé, par des devant de la parcelle : charbon­ habitants à l'hectare. Cette densi­ constructions verticales. La par­ niers, réparateurs en tous genres, fication a des nombreuses consé­ celle a fait l'objet d'un partage tailleurs, menuisiers, mécaniciens ... quences. Elle entraîne une réduc­ successoral ou d'une vente par les L'espace public devant la porte tion de l'espace vital aussi les hérit_iers à un particulier. d'entrée de la parcelle sert de lieu populations s'entassent dans des de réunion, de terrain de jeux pour logements souvent vétustes. La Parallèlement au développemnt les enfants, d'espaces pour certai­ pièce d'habitation fait office de des constructions verticales et des nes activités domestiques comme la chambre à coucher, de salle de constructions en dur appelées lessive et de lieu de revente de séjour, de lieu de rangement pour "pentes", on note une persistance multiples produits. la vaiselle, les meubles et les "ma-

des constructions en bois. A la Malgré cette intense occupation telas éponge". Les chambres dis­ Médina Est, 45,9CJ % des pièces de l'espace par le bâti, le nombre posent ~énéralement de paravent d'habitations sont construites en de pièces d'habitation reste très qui diVIse l'espace habitable en bois. insuffisant, le nombre élevé de per­ deux zones. . sonnes par pièces d'habitation ( = 3 Cependant toutes les construc­ personnes par pièce d'habitation en Cet entassement des personnes tions en dur et en bois ne sont pas moyenne) va entraîner une surchar­ n'est pas particulier à la Médina destinées à l'hébergement des po­ ge des logements et par conséquent Est; plusieurs autres quartiers pulations, une partie est destinée ùne réduction de l'espace vital. sont dans un état semblable. Ce au commerce. A la Médina ·Est, ·phénomène se remarque même logements et commerces sont très b) - Les pièces surchargées dans les zones construites par des souvent associés sur une ·même sociétés immobilières. En milieu parcelle. De petits commerces La Médina Est est un secteur très modeste, euroJ?.éen, on utilise la sont installés dans des baraques peuplé de la Médina. La densité de canapé convertible ou le ·lit pliant Hislotiens - Géographes du Sénégal

N° 4-5 - 2" Semeslie 1989 Page 49 pour pallier à l'insuffisance de tionale d'Exploitation des Eaux du ne place, aucun terrain de jeu l'espace habitable. Dans les "9uar­ Sénégal) et disposent de l'eau cou­ n'est disponible. On constate un tiers africains" il n'y a prattque­ rante mais aussi du branchement à manque flagrant d'espaces verts et ment plus de cour dans les mai­ l'égout. Les parcelles qui ne dispo­ de places publiques. Ce phénomè­ sons. On utilise tout l'espace, les sent pas d'eau courante sont obli­ ne est général à Dakar et dans nos pièces réservées à la cuisme et au gées de s'approvisionner en eau aux villes. Aussi à la Médina Est, les rangement disparaissent progres­ rares fontaines publiques donnant rues sont en même temps les lieux sivement. Actuellement, dans les ainsi le spectacle courant des quar­ de promenade et de jeux pour les "quartiers africains" l'existence de tiers faiblement urbanisées. enfants ou une place pour les cuisines dans les concessions est cérémonies. fort rare et leur utilisation contri­ A cela s'ajoute l'insuffisance de buerait à développer les querelles sanitaires : 1 W.C. pour 21 J.>Cr­ Les équipement médico-sanitai­ entre les différents ménages loca­ sonnes à la Médina Est. Ainsi, il res insuffisants mal~é les impor­ taires; par conséquent le "devant" n'est pas rare de trouver dans les tants progrès enregistrés dans les des chambres et les vérandas font parcelles une zone clôturée servant pays du Tiers Monde; de nom­ office de cuisine. de salle d'eau. breuse écoles de médecins, sages­ Cette insuffisance d'espace en­ femmes, infirmières... ont été traîne une promiscuité constante Il f!.OUS est aussi offert le specta­ créées; mais le ratio medecin/po­ et une surcharge des pièces d'ha­ cle des toilettes matinales dans les pulation reste élevé. La Médina bitation. Avec la croissance conti­ rues et des enfants baignés dans des toute entière dispose de 3 postes nue de la population, les équipe­ bassines. Quant à l'électrification, de santé soit un poste pour 56 000 ments internes à la parcelle com­ le pourcenta~e de logements rour­ habitants. me les équipements du quartier vus d'électricité est en généra plus Les services de l'administration restent insuffisants. élevé que le pourcentage de parcel­ publique : la poste, les bureaux de les pouvues d'eau courante. A la la SONEES, de la SENELEC c) - Le sous équipement de la Médina Est, presque toutes les par­ sont localisés sur l'avenue Blaise Médina Est celles sont brancliées au réseau de Diagne. Le poste de police est distribution électrique de la SE­ situé sur l'avenue Cheikh Anla Les habitants de la Médina dis­ NELEC (Société Nationale d'Elec­ DIOP et la Gendarmerie de Colo­ posent de revenus insuffisants. il y tricité) : 97,44 % des parcelles sont bane. a certes des familles aisées et des électrifiées. retraités largement pCment est général TAINE, l'école primaire franco­ l'avenue Blaise Diagne face au dans les quartiers mal lotis des arabe et les classes d'arabe de la marché Tilène, l'essentiel des grandes villes d'Afrique. Sur les rue 39 sont installées sur des par­ maisons de commerce de gros et parcelles, le manque d'équi­ celles aménagées. Il n' y a pas une demi gros détenu par les libano­ pement sanitaire est particulière­ seule école publique dans le quar­ syriens est concentré dans cette ment frappant comparé au nom­ tier. avenue. bre de résidents. Le petit commerce et l'artisanat A la Médina de nombreux ef­ Ce sont les quartiers avoisinants se partagent des ateliers de fortu­ forts ont été entrepris par les qui offrent à la Médina Est leurs ne et des étals le long des voies de propriétaires (et copropriétaires) équipements socio-éducatifs; ce­ circulation. Il ne sont intégrés en dotant les logements d'un mi­ pendant de par sa position centrale dans aucune structure officielle ou nimum de confort à savoir l'ap­ le probléme du transport ne se pose moderne et sont par conséquent provisionnement en eau couran­ pas aux élèves. inclus dans le secteur informel. te et le branchement au réseau Des marchés hebdomadaires ont électrique. · Les équipements culturels et lieu tous les vendredis autour des A la Médina Est, 56,4 % des sportifs sont inexistants. Seul le lieux de culte; plus particulière­ parcelles sont branchées au ré­ complexe sportif Iba Mar DIOP est ment autour de la mosquée de seau de la SONEES (Société Na- disponible. En dehors de cela aucu- Cerin. Historiens - Géographes du Sénégal

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Autre activité informelle, le et alliés sans ressources. A la Médi­ le pourcentage de locataires et co­ marché nocturne de la Rue 13 où na Est, une parcelle abrite en ~é­ r.ropriétaires est important. Des sc côtoient les banas-banas, les néral 24, 1 personnes. Cette densifi­ ilots entiers sont restés dans l'état vendeurs à la sauvette, les petits cation excessive et le sous équipe­ tel que depuis la première implan­ voleurs à la tire, les maraudeurs ment général du quartier entraine tation des habitations à la Médina nocturnes qui sont là pour liqui­ une dégradation du quartier. faute de moyens, d'autres îlots ont der les objets dérobés la veille ou Les habitations sont encombrées, été réaménagés. L'aspect général l'avant veille. La vente des pro­ surpeuplées. Les nuisances (bruits, des habitations est fonction de ni­ duits ou objets se déroulant dans pollution, déchets, manque d'espa­ veau de vie de la population qui y l'obscurité, l'éclairage par des ces verts) sont permanent~. Le vit. lampes à huile ou torches, permet réseau d'évacuation des eaux usées d'identifier à peine les objets ven­ construit pour les besoins des an­ La dégradation du pâtrimoine dus. ciens occupants beaucoup moins bâti et de l'environnement entraî• nombreux devient de plus en plus ne un déclin général. Les prix des Dans l'ensemble, le secteur in­ insuffisant. Les canalisations se logements sont abordables et per­ formel arrive à suppléer en partie bouchent, éclatent et les conditions mettent par conséquent l'installa­ à l'insuffisance des activités du de l'hygiène publique, dans les rues, tion de populations modestes. Cc secteur dit "moderne". On consta­ sont effroyables. La pollution est déclin du quartier amène les an­ te que l'c~nticl des équipements bien visible cl l'environnement se ciens occupants aux revenus sc trouve polarisé autour de l'ave­ dégrade sans cesse. moyens à s'éloigner du quartier nue Blaise Diagnc, l'avenue Ma­ pour des raisons de confort et de lick Sy et la rue 22. Les équipe­ L'aspect vétuste des habitations voisinage; mais aussi foncières. Cc ments fonctionnent sans grand est lié à un manque total d'entre­ rcnexc ségrégatif et l'attitude at­ changement malgré la forte crois­ tien. Des réparations sont rarement tentiste de certains propriétaires sance démographique. effectuées dans les logements. Cet­ ou copropriétaires accentuent la te dégradation ou celle "taudisa­ dégradation dans des îlots entiers. La population est alors trop tion" de l'habitation, c'est à dire une Le processus de taudisation dé­ nombreuse r.ar rapport à la capa­ détérioration des matériaux de crit n'est pas spécifique à la Médi­ cité d'accueil de la Médina Est et constrution et de l'environnement, na, ni au secteur de la Médina par rapport aux équipements col­ s'explique par la situation foncière Est. Au niveau de la ville de lectifs et individuels disponibles de la plupart des coprof riétaires Dakar, les exemples sont nom­ provoquant une sur-utilisation des qui attendent un éventue partage breux et même des quartiers rési­ équipements et une dégradation successoral ou l'obtention d'un titre dentiels construits par les sociétés des habitations. le processus de de propriété avant de procéder à la immobilières sont dans un état de "taudisation" est ainsi déclenché. mise en valeur de la parcelle; mais dégradation tel qu'on parle de aussi par le nombre toujours crois­ taudis modernes. La cité HLM Il d) Le processus de "taudisa­ sant de locataires qui sont pour la ou la cité police de Liberté IV tion" plupart des immigrés qui vivent sont devenues rapidement des dans des conditions trop précaires taudis modernes du fait de la L'afflux massif de population pour s'enraciner en ville et adopter surcharge démographique, de dans les quartiers des villes afri­ toute la mentalité. Ces nouveaux l'exiguïté des logements cl du bas caines est à l'origine de la faible habitants souvent d'origine rurale niveau de vie de la plupart des capacité d'accueil de ces quartiers transposent dans un cadre urbain occupants. dans les conditions actuelles de un mode de vie rural. Les équipe­ Au niveau de la Médina, l'ac­ logements el de services comme ments individuels sont peu ou mal centuation du phénomène est due le disait J. M. Ela : "on n'habite utilisés et l'environnement vil­ en partie à l'absence d'aménage­ pas, on s'entasse". Les habitations lageois est reconstitué petit à petit. ment continu. Les différents plans sont surpeuplées. Au Ghana, des L'aspect encombré, désordonné des d'amén~cmcnt de la ville de Da­ sondages ont révélé une moyenne habitations est d'autant plus visible kar ont JUSle permis des déplace­ de 18,4 personnes par logement à que l'immigré vit en ménage dans ments de population et l'extension Accra, de 21,3 à Kumasi. Au Ca­ un logement d'une seule ou deux de la ville. Des rénovations ont eu meroun, une famillc moyenne pièces. Alors que l'urbanisation im­ lieu à Fass et à la Gueule Tapée n'abrite pas moins de 15 person­ plique des ruptures et des transfor­ mais la Médina traditionnelle n'a nes entassées dans des logements mations qui affectent les modes de pas subi de rénovation organisée exigus. A Dakar, on retrouve ar.­ vie, les mentalités c'est à dire un par l'Etat. L'auto-rénovation indi­ proximativcmcnt les mêmes chif­ savoir-faire nouveau. viduelle domine au niveau du fres, car il est d'usage courant A la Médina, la dégradation quartier; très localisée et dispara­ qu'un ménage avec un revenu plus avancée des habitations ou la tau­ te, elle donne au quartier ce pay­ ou moins élevé attire des parents disation affecte surtout les ilots où sage inachevé qu'on lui connai"t. Hislotiens - Géographes du Sénégal

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Les gouvernants et planifica­ l'agence sénégalaise de la Banque Granotier (B) Le cancer des teurs doivent se pencher sur la Centrale des Etats de l'Afrique de bidonvilles : rénovation de- la Médina afin l'Ouest, le Building Communal. deux cents mil­ d'éviter les conséquences graves lions de margi­ tant sociales que politiques de la Le destin de la Médina en ma­ naux dans le taudisation d'un quartier central tière de rénovation semble lié à sa monde in le de la capitale. nouvelle situation foncière, cepen­ Monde du 10 En Afrique noire, les conditions dant le réaménagement de la Mé­ janvier 1978 de logement se dégradent pro­ dina devrait se faire dans le cadre quotid~en gressivement depuis une quinzai­ d'un plan d'aménagement de la ville français. ne d'années. Il n'existe guère de de Dakar et à l'échelle nationale. corrélation entre la croissance ur­ Kouassigan (GA.) L'homme baine et le dévelopyement des et la terre : équipements collectifs ou indivi­ BIBLIOGRAPHIE droits fonciers duels. coutumiers et droits de pro­ priété en Afri­ L'urbanisation est un phénomè­ Anonyme Etude du plan di­ ne inéluctable; mais il faut consta­ recteur que ter qu'en Afrique Noire surtout d'urbanisme de Occidentale elle n'est pas intégrée dans un Dakar. Livre ORSTOM1%6 plan de développement harmo­ blanc - oct. 1982 nouvelle série nieux. SO­ N° 8 283 P. Les planificateurs devraient NED /Afrique - pouvoir exiger l'abandon de la BCEOM. politique du "coup à coup" et le Organisation des Nations Unies : traitement du phénomène urbain Antoine (Ph) - Dubresson (A) - Annuaire démographique : Popu­ comme partie mtégrante du déve­ Manou-samera (A) : Abidjan - "cô• lation et sociétés N° 193 - 1985. loppement général. Car il ne suffit té cours" pour comprendre la pas de faire la chasse aux taudis question de l'ha­ SECK (A) Dakar métropole pour garder un pays accueillant et bitat - Paris Kar­ Ouest Africaine propre, les déguerpis re­ thala ORS­ constituent un peu plus loin Je TOM 1987 - 274 - Méémoire de même milieu avec les mêmes ma­ P. l'IFAN - N° 85 tériaux de construction. Le remè­ IFAN DAKAR 1970 -516 P. de au mal urbain serait la décon­ Bob (M.L.) Rénovation gestion de la capitale, la création urbaine à Dakar ou Je renforcement des J?ê>les de Sénégal - Mé­ Vennetier (P) Le développement développement à l'inténeur du moire en Amé­ urbain en Afri­ pays cc qui permettrait de rcdyna­ nagement miscr les villes secondaires, de que tropicale - architecture - fa­ considérations polariser une grande partie de la culté de l' Amé­ générales in ca­ population d'origine rurale et de nagement - Uni­ hiers d'outre­ renverser peut-être les courants versité de Mon­ des migrations rurales - urbaines mer - Tome tréal - déc. 19n - XXII N°85 jan­ ~és traditionnellement vers la 110 P. capitale. vier - mars 1963 - p 5 - 63. Ela (J.M.) La ville en Afri­ La rénovation de la Médina est que Noire - Paris inévitable du fait de la forte crois­ Vidrovitch (C.C.) Afrique Karthala 1983 - Noire - Penna­ sance démographique, du sous 220 P. équipement général du quartier. nence et ruptu­ L'accentuatioil de la taudisation res Paris FALL (1) Bidonvilles : le Payot 1985 - du quartier risque d'altérer la ré­ revers de l'irba­ novation du "triangle sud", Je futur nisation in Le 440 P. centre des affaires de Dakar avec Soleil 08 - œ- 10 la Banque de l'habitat du Sénégal mai 1984 quoti­ Khadidiatou TALL THIAM (BHS). l'Ecole Supérieure de dien national du Géographe - CEM Lamine Gestion (CESAG), la future Mai­ Sénégal. son de Radio (ORTS), Je siège de Gueye - DAKAR SANTE FAMILIALE ET CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE AU SENEGAL

par Pape Demba DIOUF

INTRODUCTION ment les problémcs sanitaires populations, mais seules celles prioritaires identifiés résulte qui sont diagnostiquées sont Lorsqu'on examine le systè­ non seulement du manque de connues. Toutefois nous pou­ me sanitaire national, on est planification et de program­ vons dire que la morbidité non tenté de prime abord de croire mation des actions importan­ déclarée reste élevée du fait que le Sénégal possède tout (les tes arrêtées, mais aussi de que l'accès aux soins est sou­ ressources humaines, les infras­ l'absence d'un système effi­ vent difficile, d'une part surtout tructures, les structures socio­ cient d'évaluation. Cette éva­ en milieu rural, et d'autre part, sanitaires et toutes les aides luation est rendue délicate, le fait de sentir malade ne signi­ financières extérieures ... ) pour par l'insufffisance des don­ fie pas pour autant pour la décoller dans son développe­ nées disponibles, déterminée majorité de la population qu'il ment sanitaire national cl qu'il dans certains cas par la réser­ faille se soigner au dispensaire. suffirait simplement d'organi­ ve des administrations Ci des ser cc qui existe cl l'étendre responsables au phénomènes L'analyse de la morbidité, pour que tout reparte. non mesurés et non contrô• bien que basée uniquement sur lés. Or, il est nécessaire, en les données des formations sa­ Si, par contre, on pousse plus vue d'élaborer à l'avenir des nitaires, montre une recrudes­ loin cette analyse, on se rend mesures politiques efficaces, cence des maladies infectieuses bien vite compte de la com­ de faire une évaluation scien­ cl parasitaires. Les maladies à plexité de la situation cl du tifique très poussée qui per­ forte prévalence sont : nombre d'obstacles cl des fac­ met de mettre en évidence - le paludisme : c'est la prin­ teurs tant socio-cult urels que tous les cffcts positifs que cipale cause de morbidité au matériels, structurels cl écono­ l'on peut en attendre, que les Sénégal cl en plus il constitue miques qui bloquent le décolla­ effets négatifs. Pour cela, il une endémie. ge. Le principal handicap au convient d'analyser les mesu­ - la rougeole : c'est l'une des développement du systémc na­ res en vigueur, il est impor­ maladies les plus mortelles tional de distribution de soins tant de recueillir des infor­ pour le groupe 0-4 ans et les de santé, est l'absence de politi­ mations sur l'ensemble des plus endémiques mal_wé les que sanitaire clairement définie instruments et des mesures campagnes de vaccination me­ dans les domaines importants utilisables en vue de compa­ nées pour la vaincre. Il n'en de la santé. La fragmentation rer l'efficacité de mesures demeure pas moins qu'actuelle­ du pouvoir de décision et des différentes, mais prises dans ment, elle constitue avec le pa­ responsabilités à plusieurs ni­ le même but. Il ne sera, bien ludisme une grande cause de veaux structurels, la faiblesse entendu, pas possible de faire morbidité pour les enfants. excessive de l'organisation ad­ l'analyse exhaustive de toutes - la grif!pe : clic constitue, de ministrative et logistique, l'in­ les mesures. Mon propos se­ par son importance, le second suffisante allocation des res­ ra donc d'en analyser quel­ fléau derrière le palludisme, sources aux vraies priorités ju­ ques unes et de montrer éga­ aprés s'être passée de la qua­ dicieusement sélectionnées, lement des obstacles que ren­ trième place au second rang l'inadéquate répartition et dcs­ contre l'application de telles entre 1973 et 82. crirtion des tâches du person­ politiques. - le tétanos : les données ne de la santé et la mauvaise officielles le sous-estiment en gestion des projcls .. .limitcnt sé­ général du fait qu'il constitue rieusement l'efficacité des pro­ EVOLUTION ET EVALUA­ très certainement le première grammes actuels à réduire la TION DES NIVEAUX DE cause de mortalité néo-natale. morbidité cl la mortalité des SANTE certes la prévention par vacci­ populations et principalement nation est un de~ meilleurs des groupes cibles les plus vul­ La morbidité et la mortali­ moyens de le juguler, mais mal­ nérables que sont les femmes té restent les principaux indi­ heureusement, les problémcs de 15-49 ans et le cnfan'ts de 0 à cateurs pour déterminer le de chaînes de froid pour la 5 ans .. niveau de santé des popula­ conservation du vaccin d'une tions. La morbidité se carac­ part cl le manque de sensibili­ L'incapacité du systémc à re­ térise par la présence de plu­ sation d'autre part, font que la prendre à temps cl efficace- sieurs maladies au sein des couverture réelle demeure fai-

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N" 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 53 bic et peu efficace. La maladie est bics en outre de décès d's:nfants aggravée par certaines pratiques Les données recueillies sur les ni­ de moins de 5 ans. Une récente traditionnelles dont la circonci­ veaux nutritionnels et alimentaires, étude de l'USAID a trouvé qu'el­ sion, l'excision, les sacrifications, sur le tableau épidémiologique et les sont responsables du tiers des mais surtout les soins apportés au sur la couverture sanitaire du pays décès de 0 à 5 ans au Sine-Saloum cordon ombilical des bébés ainsi militent plutôt pour cette approche rural et que les deux tiers des q_uc les plaies traumatiques ac­ préventive et .Promotionnelle. En enfants ont présenté des diarrhées odentelles fréquentes en milieu effet, la situallon nutritonncllc et avant leur décès et 27,8 % des rural pendant les grands travaux alimentaire des enfants de 0 à 5 ans enfants âgés de 3 à 7 mois sont champêtres de l'hivernage. et des femmes enceintes et allaitan­ atteints de dénutrition chronique. - les maladies transmissibles : il tcs qui constituent les éléments les Les diarrhées sont en effet mor­ s'agit des maladies telles que la plus vulnérables de la population, telles chez l'enfant car elles en­ coqueluche, les infections ~ono­ laisse à désirer, malgré l'augmenta­ traînent une déshydratation de cc cocciques, la syhilis, les angmes à tion des centres PPNS (25%) entre dernier et la "fuite" des aliments strétocoqucs, la varicelle, l'ambia­ 1981 et 1983. A peine 10 % des nutritifs contribue à son affaiblis­ sc et les oreillons. Elles font partie enfants de moins de 5 ans sont sement. des principales causes de morbidi­ touchés, alors que des enquêtes té. Il faut signaler que les mala­ menées en Casamance, au Sinc­ Mesurer la santé par une de ses dies sexuellement transmissibles Saloum et au Sénégal-Oriental dé­ composantes, la mortalité, de­ que sont les infections gonococci­ nombrent 24 % des cnfants nor­ meure insuffisant quoique fonda­ qucs et la syphilis demeurent à malement nourris souffrant de mal­ mental cl c'est pourquoi nous al­ l'état endémique mal~é un vaste nutrition, 62,5 % anémiques avec lons nous pencher à présent sur programme de lutte mstauré de­ un taux d'hémoglobines inférieur l'évolution de la mortalité au Sé­ puis des années. à 10,58 % et 25 % atteint de négal. Cette dernière peut être parasitoses intestinales. Des études apl?réhcndéc à travers les indices D'une manière générale, l'exa­ ont montré la relation étroite exis­ esllmées à partir des enquêtes men de l'état de santé des popula­ tant entre la malnutrition et la diar­ 1960-61, 1970-71 cl l'Enquête Sé­ tions sénégalaises recommande rhée considérée avec le paludisme, négalaise sur la Fécondité de 1978 que des efforts sérieux soient dé­ la rougeole cl le tétanos, comme les (ESF). Pour ces périodes les taux ployés dans les domaines de soins principales causes de prévalence de mortalité (EBM) ont été les préventifs et des activités de pro­ bien qu'étant difficile à quantifier suivants : motion sanitaire plutôt que dans (elle peut être duc à n'importe - 26,6 %. en 1960 le sens des traitements curatifs qu'elle maladie), n'en reste pas - 22,2 %. en 1970/71 fort coûteux. moins élevée et elles sont responsa- - 19,3 %. en 1978

Evolution de la mortalité infanto-juvénile selon la résidence en %

Tableau N° 1

ANNEES URBAIN (1) RURAL (2) ENSEMBLE RAPPORT (2)/(1)

AV 1958 207,11 326,74 295,23 1,58 1958/62 197,18 306.3 274,11 1,55 1963/67 189,29 236,20 283,34 1,72 1968/72 152,84 313,96 263,77 2,05 1973/78 185,79 370,77 313,46 2,00

TOUTES PERIOD. 181,20 329,67 284,76 1,82

SOURCE : ESP, RAPPORT PROVISOIRE SUR lA MORTALITE llWANTO-JUVENILE, PAGE 18 Historiens - Géographes du Sénégal

,,. 4-5 - 2" Semest1u 1989 Page 54

De 1960 à 1978, la mortalité tre 1973 et 1978 le niveau a aug­ De même, la rougeole est tou­ sénégélaise a donc nettement ré­ menté. en milieu rural, le phéno­ jours omniprésente malgré les gressé sous l'effet des program­ mène est le même mais il est plus grandes campagnes de masse dans mes de santé. L'espérance de vie à marqué. On peut également cons­ le cadre du pr~amme élargi de la naissance de 49 ans pour les tater, en milieu rural, une surmor­ vaccination. environ 11 % des en­ femmes et 47,3 pour les hommes talité infanto-juvénile comme l'in­ fants de 0 à 5 ans meurent de s'est accrue de 9 ans au cours de dique le rapport entre les deux rougeole. la même période, soit un gain niveaux. L'écart se creuse de pé­ moyen annuel de 0,5 ans. La bais­ riode en période, car de 1,58 avant Nous nous gardons bien d'im­ se de la mortalité générale ne doit 1958, il est passé à 1,72 en 1963/67 puter cc tableau sombre à la seule pas cependant masquer le niveau puis à 2; 0 entre 1968 et 1972. Nous politique de santé, mais égale­ encore élevé de la mortalité infan­ venons de le voir, la mortalité géné­ ment aux autres aspects de l'éco­ tile et juvénile. D'après les résul­ rale malgré la baisse qu'elle a con­ nomie et au poids démographi­ tats de !'Enquête Sénégalaise sur nue est restée encore élevée; celle ques. la Fécondité de 1978 la mortalité des enfants par contre à atteint des juvénile s'élevait à 186 %. avec un niveaux records surtout en milieu En matière de politique de san­ quotient de mortalité infantile de rural ou il y a une grave détériora­ té, les maigres ressources allouées 118 %. . La mortalité infanto­ tion de la santé des enfants. La à la santé ont été mal affcctées et juvénile est, au Sénégal, un des mortalité maternelle bien que diffi­ inégalement réparties. problémes de population parmi cile à quantifier faute de donnée est les plus préoccupants et ecut être elle aussi importante surtout si l'on Avec un leg colonial en in­ considérée comme le meilleur in­ en juge par les études conduite frastructures hospitalières certes dicateur de santé publique. En entre 1972 et 1979 à la clinique insuffisant le pays a continué à effet en étalant la mortalité des gynécolo~ique et obstétricale de investir dans des grosses oeuvres enfants de 0 à 5 ans, tous les l'Université de Dakar. Maternité de telles la construction d'hôpitaux el risques liés aux conditions de la !'Hôpital A.LE DANTEC, la plus de C.H.U. ultra-modernes et très naissance jusqu'au sevrage et mê­ importante des maternités du Séné­ sophistiqués et dont les cofits ré­ me un peu au delà sont pris en gal (volume d'hospitalisation : 200 current dépassent les possibilités compte. Le niveau socio-économi­ lits cl 400 accouchements en budgétaires du secteur de la santé. que est également pris en compte moyenne par jour) donnent une il en résulte d'ailleurs un fonc­ du fait de la place importante que idée du risque que font courir à la tionnement défectueux dès les tient l'enfant dans la société. Les femme sénégalaise une grossesse premières années et l'on assiste niveaux et les tendances de la ou un accouchement. Ces recher­ généralement à une paralysie qua­ mortalité infanto-juvénile ont été ches menées dans le service du si-permanente des services. Ces saisis à travers plusieurs enquêtes professeur Paul CORREA étudient infrastructures d'ailleurs sont es­ qui ont été réalisées au Sénégal. en effet les différents paramètres sentiellement implantées dans les Auss~ au niveau national, nom­ qui influencent profondément la grandes villes; or ces dernières ne breux sont les spécialistes à les mortalité maternelle. On relève recueillent en fait qu'à peine 20 à situer entre 250 et 300 %.. En d'après ces recherches un taux de 30 % de la population; c'est dire effet, les études remontent aux mortalité maternelle estimé à envi­ que les populations rurales, qui années 57 avec la moyenne vallée ron 5,3 pour mille naissances vivan­ constituent 70 à 80 % de la popu­ du Sénégal, la paroisse de Fakhao, tes. Taux relativement important lation totale ne sont presque eas puis Niakhar, Paos-Koto et enfin par rapport au taux de décès des concernées par celle médecme Ngayokhème au Sine-Saloum. mères pour cent mille naissances élitiste. D'autres En9uêtes ont lieu en vivantes dans le reste du monde 1960/61 ainsi qu'en 1970/71 et (Sénégal : 530; Europe 13,3 à 81,1; En outre, la politique sanitaire 1978 sur l'ensemble du territoire. USA et Canada 29,1 et 34,8; Asie est ,axée sur la médecine curative En 1982 l'USAID a réalisé une 43,3 à 239,3; Amérique Latine 151,8 principalement; or elle est cofiteu­ enquête im~rtante portant sur la à 271,8; lies Maurice 108,1; Tunisie se et nécessite des moyens maté­ santé familiale. En 1986 il a été 150; Algérie 300; Ghana 800; Nigé­ riels, financiers et humains assez réalisé une enquête sur la santé de ria 820; Ouganda 1370). importants. Certes, elle doit tou­ la mère et de l'enfant et une sur la jours exister car il faut bien soi­ mortalité infantiJe et juvénile à D'autre part, à travers l'étude des gner les malades, mais mettre Pikine. tendances, il ne semble pas se déga­ l'accent sur la médecine préventi­ ger un ralentissement de certaines ve en priorité semble être ~lus im­ En considérant le tableau ci­ maladies telles que le paludisme portant, d'autant plus qu elle est dessus, on relève qu'en milieu ur­ par exemple malgré la campagne moins cofitcuse, et plus éducative, bain, il y a une nette baisse de la de lutte dont il a été l'objet. avec bien sfir des effets positifs à mortalité jusqu'en 1972, mais en- long terme. Historiens - Géographes du Sénégal

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Sur le plan économique, il faut celui des maternités est de 497. pulations. En cela, elle représente signaler qu'à l'instar des autres L'évolution des infrastructures n'a un indicateur plus que significatif. pays en développement, le Séné­ pas été uniforme dans toutes les Cer.cndant on se rend compte gal a toujours cherché à détermi­ régions. Les hôpitaux ont plus que qu'il y a au niveau de toutes les ner un taux de croissance maximal doublé (passant de 07 en 1960 à 17 régions une diminution du rayon au niveau de l'économie nationa­ en 1987) mais la région de Dakar d'action des centres de santé, sans le, sans se préoccuper des effets contient plus du tiers. Les centres qu'on puisse pour autant parler pervers de celle-ci, et sans vrai­ de santé n'ont crO que très faible­ d'amélioration de la couverture ment tenir compte des rapports ment (34 en 1960, ils sont passés à sanitaire. En effet, pendant qu'on réels des secteurs dits sociaux tels 47 en 1987) tandis que les cases de note une réduction des distances à que la santé et l'éducation. santé ont crû fortement depuis l'in­ parcourir, il y a que la population dépendance passant ainsi de 201 à continue de s'accroitre jusqu'à cc A ce titre d'ailleurs, seule leur 613 en 1987. que sa densité se voit doubler. cc consommation a été prise en qui se traduit naturellement par compte. La part du poids démo­ COUVERTURE SANITAIRE une dégradation de la couverture graphique sur la détérioration de sanitaire. la santé sera appréhendée à tra­ ET SES LIMITES vers l'évolution de la couverture COUVERTURE SANITAIRE sanitaire et para-médicale en rela­ Dans celle partie, nous analy­ DES FEMMES (15-49 ans) ET tion avec la croissance démogra­ serons l'indicateur population/lit et DES ENFANTS (0-5 ANS) phique du pays. étudierons le rayonnement des in­ frastructures tout en les comparant Les maternités urbaines et ru­ COUVERTURE SANITAIRE à la densité moyenne de la popula­ rales, les centres P.M.I. assurent tion. une couverture sanitaire loin DES POPULATIONS d'être négligeable. Les premières Enfin, nous verrons la couverture sont en général intégrées dans les En dehors des hôpitaux, des des groupes cibles, femmes en âge centres de santé et les hôpitaux• centres et postes de santé, il existe de procréation (15-49 ans) et en­ ,mais on peut noter une détériora­ d'autres types d'établissements fants de 0 à 5 ans. tion de la couverture des femmes, qui se résument aux centres de car l'indicateur lit est passé de 720 protection maternelle et infantile à 1000 femmes entre 1960 et 1982. (C.P.M.I) au nombre de 65 dont - dans l'analyse de l'indicateur En .cc qui concerne la répartition certains sont rattachés aux centres population/lit, seuls sont considé­ régionale, celle de Dakar dispose de santé, les léproseries au nom­ rés les lits d'hôpitaux et de centres de la meilleure couverture màis bre de 13, les secteurs de grandes de santé. Ainsi en considérant n'empêche qu'elle s'est détério­ endémies au nombre de 9, les l'évolution de l'indice population rée. Ainsi, en 1960, il y avait un lit instituts spécialisés au nombre de par lit nous voyons que la couvertu­ de maternité pour 300 femmes et 4, trois villages de santé mentale re au niveau global s'est dégradée en 1982 l'indice était d'un lit pour et pratiquement 413 centres de pendant la période 1960/1985. En 550 femmes. Les centres de pro­ protection nutritionnelle et sania­ effet, l'indice population par lit est tection maternelle et infantile taire (C.P.N.S), dont 322 rattachés passé de 880 à 1530 habitants soit jouent un rôle capital dans la à des postes de santé, le reste presque une détérioration double. protection des groupes cibles que étant réparti entre les centres Au mveau des régions on observe la sont les enfants âgés de 0 à 5 ans P.M.I., les centres sociaux et les même tendance plus ou moins pro­ et les femmes en âge de procréa­ maternités. Pour ce qui est des noncée. Ainsi malgré la croissance tion. Entre 1967 et 1987, leur infrastructures communautaires, des infrastructures, il y a eu une nombre est passé de 86 à 79 soit notamment les cases de santé, les détérioration de l'indice po­ une chute de 8 %, ce qui est pharmacies villageoises les mater­ pulation/lit du fait de la croissance défavorable à la couverture des nités rurales; leur développement démographique très importante qui groupes concernées. Signalons par a été plus rapide dans l'ensemble. l'a emporté de loin sur celles des ailleurs que les activités et actions En effet, en 1980, le Sénégal tota­ infrastructures en soins maternels et infantiles lisait 674 cases de santé et phar­ jadis réservées aux P.M.I, sont macies villageoises dont la quasi­ - l'attraction des formations sani­ menées de nos jours dans les totalité était localisée au Sine-Sa­ taires comme indicateur de couver­ centres classiques de santé P.M.I, loum. Les maternités rurales; elles ture nous renseigne sur le rayon dans les centres de santé, dans les n'étaient qu'au nombre de 198. moyen d'action des infrastructures. maternités rurales et dans les ca­ Au 31/12/87 l'effectif des cases en la rapprochant à .la densité de ses de santé. En 1987, le Sénégal de santé et .pharmacies villageoi­ population, elle permet d'apprécier compte 34 unités de P.M.I auto­ ses est passé à 1448, alors que la distance à parcourir par les po- nomes et 45 P.M.I annexes. HislDtiens - Géographes du Sh1égaJ

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procréation, on constate entre 1962 l'enfant est également menacée COUVERTURE et 79, il y a une amélioration de la par des attitudes traditionnelles, PARAMEDICALE couverture des femmes dans l'en­ hostiles et profondément enraci­ - Population par infirmier semble, avec toutefois une amorce nées dans le folklore, l'ignorance, vers la baisse en 1980. Cette baisse la superstition, la crainte et le

TABLEAU N° 2 : Evolution de l'effectif des infirmiers dans les secteurs public et privé

Secteurs 1960 1965 1969 1973 19TI 1980 1982

Secteur public ( 1) 722 942 1310 1886 2608 1931 1975

Secteur privé (2) 10 20 20 (i6 136

Part 2/1 1,4 % 2,1 % 1,5 % 3,5 % 5%

Source : Rapports annuels des sta1is1iqucs sanitaires et démophiqucs 1960/82

Les infirmiers sont partout pré­ s'est accentuée en 1987. mysticime. On peut citer à titre sents dans les formations sanitai­ STRATEGIES POUR UNE RE­ d'exemples l'obturation du cordon res aussi bien en zone rurale DUCTION DE LA MORBIDITE ombilical, une fois coupé avec un qu'en milieu urbain. C'est la caté­ ET DE LA MORTALITE SUR­ mélange de bouse de vache et de gorie socio-profcssionnelle qui TOUT MATERNELLES ET IN­ terre, cc qui provoque le tétanos s'adapte et qui s'intégre le mieux FANTILES néo-natal, cause très répandue de dans le milieu. mortalité néo-natale. Les programmes de protection maternelle et infantile dans les pays Citons encore le manque de En considérant l'effectif des in­ défavorisés doivent être fondés sur point d'eau d'accès facile et les firmiers en service dans les forma­ la notion des soins individuels in­ tâches excessivement lourdes qui tions publiques, nous constatons tensifs. Si l'on veut réduire sensible­ prennent la plus grande partie du une nette amélioration de l'indice ment l'incidence des maladies et temps des femmes qui ont déjà population par infirmier sur l'en­ améliorer l'état de santé générale trop d'enfants et qui assument une semble du pays entre 1960 et dans ces ré~ions, il faudra modifier trop grande part des responsabili­ 1982. En effet, de 5000, l'indice a les conceptions actuelles et partir tés familiales. Il est absolument fléchi à 3000 en 1962 et 1969. En du principe qu'il faut fournir à tous nécessaire d'organiser une éduca­ 19TI, il n'est plus 9ue de 2000 au moins le minimum de soins. Les tion de base portant sur l'amélio­ hbts, soit une amélioration plus maigres ressources consacrées au ration. des habitudes de vie, et que doublée. Cependant, de 19TI secteur de la santé sont affectées en pour commencer sur la planning à 1982 il s'est dessiné une détério­ grande partie au secteur urbain mo­ familial. Pour être adapté aux réa­ ration assez nette suite à l'accrois­ derne et économique et principale­ lités et erficacc, cet enseignement sement démographique. La situa­ ment aux services hospitaliers. Il est doit avoir lieu dans le cadre fami­ tion s'est aggravée de nos jours. indic;pensable qu'un effort soit fait lial. La continuité des soins depuis pour assurer à l'unité familiale une la conception jusqu'à l'âge scolai­ - Couverture des lemmes en protection sanitaire continue dans re est indispensable pour obtenir âge de procrûtion le cadre du foyer. une diminution sensible de la morbidité et de la mortalité des Les sages femmes sont en servi­ Dès le moment de la conception, enfants de moins de 5 ans. Que la ce aussi bien dans les hôpitaux l'enfant qui va naître se développe moitié ou le tiers des enfants nés qu'au niveau des P.M.I et des dans un environnement interne ap­ vivants meurent avant 5 ans, c'est maternités dans les centres de pauvri, du fait de la mauvaise santé là un prix trop élevés à payer pour santé. Les matrones ne sont pas et de la mauvaise nutrition de la n'avmr pas su appliquer large­ incluses dans l'étude ainsi que le mère. Dès la naissance, il souffre de ment et erficaccment les connais­ personnel du secteur parapublic la médiocrité de l'environnement sances médicales modernes. et privé. extérieur : logement inadéquat, in­ salubrité, eau non potable, mala­ A cc stade, la maladie a bien En considérant l'évolution de la dies endémiques et mauvaise nutri­ souvent une étiol~e complexe, et couverture des femmes en âge de tion. La santé de la mère et de pas une cause uruque, mais elle Historiens - Géographes du Sénégal

N" 4-6 - Z" SemeslJe 1989 Page 51 peut être enraillée par des mesu­ tcction efficace. lions, surtout celles des mères et res correctives simples. L'histoire des enfants dans tous les pays en montre que ce ne sont pas tant les CONCLUSION voie de développement requiert progrès de la science que la réali­ des prestations de planification sation de vastes programmes d'hy­ L'avenir d'un pays et de toute familiale. La forte mortalité ma­ giène familiale qui ont abouti à l'Humanité dépend des enfants. ternelle et infantile qui prévaut une baisse spectaculaire des taux Pour devenir adulte responsable et dans les pays en développement, de mortalité et de morbidité ma­ en bonne santé, l'enfant a besoin si elle n'est pas sans rapport avec ternelle et infantile. Dans les ré­ d'une bonne nourriture, d'eau pro­ les conditions de vie et la sous­ gions défavorisées, le désir d'amé­ pre, d'une formation scolaire et médicalisation, procède surtout, liorer l'hygiène familiale dans le professionnelle et des soins mé­ des caractéristi

Par Hamldou BA

INTRODUCTION le second point concerne les pour atteindre. En cffct, 30% obstacles sodo-culturcls aux de toutes les femmes ne con­ Au mois d'avril 1988, le Sé­ prow:ammcs du plannin~ fa­ naissent aucune méthode mo­ négal a fait une déclaration de milial et enfin le troisième derne. Il est remarquable que si politique de population dans sur les perspectives de la pla­ l'on considère les méthodes laquelle il pose la problémati­ nification familiale. modernes cas par cas, aucune que démographique au Séné­ proportion de connaissanlcs ne gal, définit les fondements et I - CONNAISSANCE ET dépassent 56% et qu'avant que principe de base de la politique PRATIQUE DE lA CON­ l'en

N° 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 58 Historiens - Géographes du Sénégal

N" 4-5 - 2" Semestre . 1989 Page 59 un niveau très bas. seulement de 2,6% seulement pour cio-démographiques telles que le Il ressort en effet des résultats les méthodes modernes. milieu, la région, l'ethnie, l'é'1uca­ que seules 33% de toutes les fem­ Ce dernier pourcentage place le tion et l'alphabétisation et le nom­ mes enquêtées ont utilisé au Sénégal au 22e rang parmi les 27 bre d'enfants vivants. C'est ainsi moins une fois une méthode con­ pays du Tiers Monde ayant effectué par exemple que les Diolas, les traceptive. Mais si l'on ne s'inté­ une enquête de cette nature. Mais mandingues et les Wolofs sont les resse qu'aux méthodes modernes, sur les 5 pays distancés par le plus nombreuses à utiliser la con­ seules 6% des femmes en ont Sénégal, seul le a effectué traception moderne. En ce qui utilisé au moins une à un moment son enquête à peu près à la même concerne les méthodes tradition­ donné. période, les autres l'ayant effectuée nelles ce sont les mandingues, les Parmi ces méthodes, la pilule avant 1983; ce qui laisse supposer diolas et les Poulars qui sont par­ est la plus utilisées (4%). Pour les que le pourcentage a dy augmenter mi celles qui utilisent le plus ces autres ·méthodes modernes, les depuis lors dans ces pays. méthode:;. Mais dans tous les cas pourcentages n'atteignent pas 2%. C'est encore la pilule qui est le les proportions restent très fai­ Ces chiffres sont asez él09.uents moyen contraceptif le P.lus commun bles. pour montrer combien les mveaux bien que son taux d'utilisation reste d'utilisation des moyens contra­ encore faible (1,5 pour cent) pour Il - LES OBSTACLES A LA ceptifs sont bas au Sénégal. toutes les femmes. Püur toutes les PLANIFICATION Même pour les méthodes dites autres méthodes modernes, l'utili­ traditionnelles, incluant pourtant sation actuelle est inférieure à 1 Les contraintes qui pèsent sur la continence périodique, le pour­ pour cent. Pour les méthodes tradi­ la planification familiale peuvent centage d'utilisation ne dépassent tionnelles, les niveaux sont du mê­ être regroupées en contraintes dé­ guère 26 %. me ordre de grandeur que pour les mographiques et contraintes so­ Les taux d'utilisation baissent méthodes modernes, sauf pour cio-économiques. davantage en prenant seulement l'abstinence prolongée ~ le taux en compte les utilisatrices au mo- d'utilisation atteint 5,3 pour cent A) Les contraintes démographi-

ment de l'enquête (taux de préva­ pour toutes les femmes. ques lence contraceptive). Ce taux est Si les proportions d'utilisatrices de 10% pour toutes les femmes, varient selon les méthodes, elles la plupart de ces contraintes toutes les méthodes confondues et varient selon certaines variables so- constituent le thème de certaines Historiens - Géographes du Sénégal

N° 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 60 communications, elle ne seront e:xal!1inées ici que de façon très succinte. Les contraintes dé- mographiques se perçoivent en premier lieu au niveau de la nupti­ lialité. Avec 76% de femmes ma­ riées au moment de l'enquête et 81 % de mariées, veuves, divor­ cées ou séparées, on peut dire que le mariage reste encore une exi­ gence de la société traditionnelle malgré les changements qui l'af­ fectent. Cette exigence explique aussi la relative importance de la polygamie. La raison primordiale du ma­ riage est la procréation, fonction fondamentale de la femme qui détermine dans une large mesure sa place dans la société. Dès lors la planification familia­ le, perçue très souvent comme technique de limitation des nais­ sances, ne va être adoptée que si des raisons très pertinentes mili­ tent en sa faveur. D'oç l'importan­ ce de l'IEC. La seconde contrainte démo­ graphique est le niveau élevé de la mortalité infantile et juvénile. D'après l'EDS, la mortalité infan­ tile (100) pour le période 1981-85 est de 86,4%., la mortalité juvénile (401) de 114 0/ 00 et la mortalité que pour chacune de ces méthodes, coutumes, la religion et le manque infanto-juvénile (500) de 191 % .. l'opposition du mari, l'accès ou le d'information. Ce contexte ne peut manquer de coyt représente au plus 1%. modérer l'impact de la planifica­ Tout ceci montre que ne c'est Par exemple, en considérant la tion familiale. On comprend aisé­ donc pas le mari et encore moins religion, il semble que la position ment, en effet, qu'une femme qui l'accès ou le coyt qui constituent les de la réligion catholique est plus a perdu tous ses enfants ou une principales limites à l'utilisation de tranchée que celle de l'islam dans bonne partie de ses enfants ou la contraception mais bien la crain­ la mesure oç ce dernier admet même qui s'attend à en perdre, ne te des effets secondaires, l'ineffica­ l'azl (le retrait) qui est une forme puisse s'intéresser réellement à la cité de la méthode et d'autres fac­ de pratique contraceptive. contraception. teurs socio-culturels. La religion catholique peut mê­ Ceci est d'autant plus vrai que me être considérée comme popu­ B) Contraintes socio-économi­ plus de 80% des femmes ont dé­ lationniste dans une certaine me­ ques claré connaître une source à la­ sure. quelle elles iraient si elles voulaient Il est dit dans la bible : "Crois­ Pour presque chacune des mé­ obtenir chacune des méthodes sez et multipliez", comme un com­ thodes connues à l'exception de la qu'elles ont déclaré connaître. mandement que Dieu donne à stérilisation féminine, le pourcen- l'homme. Dieu a dit aussi à Jacob . tage des femmes enquêtées qui L'importance des facteurs cul­ : "Ta descendance sera comme le pensent qu'elle est inefficace ou turels peut être perçu à travers le sable de la mer". C'est ainsi que le présente des effets secondaires est tableau 4-12 oç ils ont été évoqués peuple hébreu s'est senti investi de l'ordre de 20%. Ce pourcenta­ par 70% des femmes en union non d'une mission démographique et ge a certainement influé sur l'utili­ utilisatrices de la contraception; on limiter sa descendence devient un sation de la contraception. a considéré comme facteurs cultu­ manque de confiance en Dieu. Il est intéressant de remarquer rels le désir d'avoir un enfant, les C'est la populationnisme démo- Historiens - Géographes du Sénégal

N' 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 61 graphique hébraique, puis chré­ d'équité, elle est présentée sans 1986. Par rapport à l'ESF, le ni­ tien, et dans une certaine mesure connotation démographi9ue. Néan­ veau de connaissance des métho­ musulman. moins les incompréhensions et les des modernes a au moins triplé en Le levirat illustre bien l'impor­ interférences de ses préceptes avec 1986 et les méthodes ont été plus tance qui est accordée à la vie et à d'autres valeurs culturelles condui­ spontanément citées par les en­ sa perpétuation. Le lcvirat est sent souvent à des comportements quêtées. Cc ci.ui laisse supposer l'obligation pour un homme populationnistes. que la connaissance clic-même d'épouser la veuve de son frère s'est améliorée qualitativement. décédé. L'histoire d'Onan est ce­ ceci explique peut être qu'à tra­ De même, pour l'utilisation des lui de ce personnage orgueilleux vers les résultats de l'EDS, les fem­ méthodes modernes le pourcenta­ qui a été sanctionné pour avoir mes qui veulent avoir un enfant ge est passé de 1% en 1978 à 6% refusé ce principe. Les chrétiens dans un délai court sont encore en 1986 (utilisation en un moment disent que c'est parce qu'il prati­ nombreuses, ainsi que elles qui s'en quelconque). La prévalence con­ quait la contraception. remettent à Dieu. traceptive a aussi augmentée en­ Dans le christamismc, le divor­ Le nombre moyen idéal d'enfants tre 1978 et 1986. Elle est passée ce et l'avortement sont interdits. reste élevé; il est de 6, 8 pour toutes de 3,6% en 1978 à 10% en 1986 La contraception est condam­ les femmes et 7,2% pour les fem­ pour les femmes en union (toutes née par la loi naturelle qui est très mes mariées avec des différences méthodes confondues). contestée actuellement. significatives entre certains grou­ pes. Attitude des femmes : 45% des En cc qui concerne l'Islam, il n' femmes parmi celles qui connais­ existe pratiquement pas d'études Ces résultats qui expliquent que sent au moins une méthode con­ sur la doctrine démographique. peu de femmes (17%) aient l'inten­ traceptive approuvent la contra­ Par exemple, il n'y a pas d'inven­ tion d'utiliser la contraception, ont ception. Les forts pourcentages taire de versets ou de hadiths pour soubassement des nomres ad­ d'approbation sont enregistrés spécifiquement sur le problème. mises consciemment ou in­ surtout en milieu urbain et parmi Mais il y a une certaine confiance consciemment bien que ces normes les femmes instruites. démographique en la providence soient entrain de subir des muta­ - Il existe un besoin futur pour et la condamnation du calcul dé­ tions importantes. la planification familiale mographique. Il y a aussi une - La dimension idéale de la exaltation au manage. III - PERSPECTIVES DE LA farnillc est passée de 9 à 6 entre L'Islam a aussi codifié le divor­ PLANIFICATION FAMILIALE 1987 et 1986. Par ailleurs le pour­ ce; la femme peut quitter son mari centage de réponses non numéri­ mais dans des cas très exception­ A partir de certaines données ques a bea,.!lcoup baissé entre les nels; le plus souvent .c'est le mari disponibles dans le rapport de deux cnquetes. qui répudie sa femme avec des l'EDS et surtout à partir de la - La demande de contraception raisons valables d'éventail très lar­ comparaison entre les résultats de d'espacement de naissances est de ge parmi lesquels la stérilité. Dans l'EDS et ceux de l'ESF, il est possi­ 40% (représentant les femmes qui ce dernier cas tout se passe com­ ble de se faire une idée de ce que veulent attendre 24 mois ou plus me si à l'avance l'hommre avait sera la planification familiale dans pour avoir un autre enfant). acheté la fécondité de la femme. les années à venir. - La mortalité infantile et juvé­ l'avortement et l'infanticide très nile est en baisse ... fréquents dans la société préisla­ Ces données révèlent les élè­ mique sont condamnés. ments qui suivent : Si ces tendances se maintien­ La question de la contraception - la nuptialité a subi une baisse au nent, on peut prévoir que la prati­ n'est pas très clairement évoquée. moins depuis 1978. que de la planification familiale Les théologiens musulmans en - Le désir de ne plus avoir d'en­ sera un besoin généralisé dans les parlent rarement et estiment fants est évoqué par 19% des fem­ années à venir. Le problème sera qu'elle ne constitue pas un problè­ mes et paradoxalement par 2% des cependant de savoir identifier les me important et que l'islam pêut femmes qui pourtant n'ont jamais cibles et apporter l'information et bien la tolérer à cause du fait que eu d'enfants. les services qui répondent aux be­ ce que l'homme fait ou ne fait pas - En cc qui concerne la contra­ soins et aux diverses préocupa­ n'a aucune importance; le nombre ception proprement dite, une nette tions des candidates potentielles, d'enfants est fixé d'avance. évolution est constatée entre 1978 notamment les préoccupartions et 1986 tant P.?ur la connaissance d'ordre religieux et sanitaire. Dans l'ensemble on ne peut pas que pour l'utilisation. De li0% en dire que l'islam est vr~ent po­ 1978, le pourcentage des femmes pulationniste : même si la poly~a­ connaissant au moins une méthode Hamidou BA mie est tolérée sous la condition contraceptive est passé à 90% en BNR Les problèmes de populations dans les programmes de l'enseignement moyen et secondaire du Sénégal Par Amadou M. CAMARA

Dans l'enseignement moyen régler d'emblée la question cl 11 % du crédit d'heures et secondaire général du Séné­ de l'intérêt des problèmes prévu pour l'enseignement de gal, l'étude des eroblèmcs de démographiques dans les la géographie dans les deux population est pnsc en charge programmes de géographie ? cycles. par les programmes des disci­ plines relevant des Sciences hu­ Il est difficile de répondre Ces leçons sont relatives à maines et/ou Sociales : Histoi­ par l'affirmative à cette ques­ des problèmes généraux de po­ re, Géographie, Sciences éco­ tion sans avoir procédé à une pulation pour un quart des thè­ nomiques et sociales ... analyse de contenu permet­ mes de géographie générale tant de repérer les traces des des classes de sixième et de Les Sciences économi~ucs et aspects démographiques dans première cl à l'étude de la sociales sont une disciplmc de les programmes, les objectifs population des ensembles con­ spécialisation propre à la série sous-jacents et les approches tinentaux,' de pays ou de grou­ B du second cycle de quelques méthodologiques préconisées pes de pays à l'intérieur de ces établissements d'enseignement ainsi que les difficultés liées à ensemble pour 27 % des ques­ général et technique. Son leur enseignement et les solu­ tions de géographie régionale champ d'action nous paraît très tions susceptibles d'y être ap­ inscrites dans les programmes localisé pour faire l'objet d'une portées dans une perspective des autres classes. étude exhaustive. de recentrage des program­ mes en vigueur. A ne considérer que l'expres­ La question spécifique de la sion formelles des pro­ population cl des caractères dé­ 1. Les traces des problèmes gr ammcs, on serait tenté de mo~raphiqucs généraux et/ou démographiques dans les dire qu'ils accordent une part régaonaux n'est pas absente progrdmmes relativement congrue à l'étude dans les préoccupations de de la population et des caractè­ l'historien. Mieux, en privilé­ Les problèmes de popula­ res démo~raphiqucs. En réali­ giant l'étude des faits de civili­ tion figurent "au menu" de té, celle-ci apparaît en filigrane sation, )'Histoire de la "nouvelle toutes les classes de l'ensei­ dans les autres aspects des pro­ école" place résolument l'Hom­ gnement moyen et secondai­ grammes pour au moins une me, dans toute sa dimension, re, à l'exception de la classe leçon sur cinq cl un cinquième au coeur de son objet cl de sa de seconde dont le program­ du temps consacré à l'étude de démarche. L'omniprésence de me concerne la géographie ces aspects. cette dimension dans les pro­ physique ~énérale. Qu'ils y grammes de toutes les classes soient explicitement formulés En effet, certaines leçons, des curcus moyen et secondaire ou implicitement admis, ins­ qu'elles soient de géographie rend triviale la question de la crits dans les rubriques de générale ou qu'elles relèvent prise en compte dans ces ni­ géographie générale ou rela­ d'une étude régionale, même à veaux de classes. Malgrè la con­ tif à des thèmes de géogra­ l'orientation physique ou éco­ tribution inestimable qu'elle phie régionale, on constate nomique marquée, ne sauraient apporte à l'éclairage des appro­ que 36 % du nombre de se concevoir sans la prise en ches spatiales cl prospectives leçons inscrites dans les pro­ compte de facteurs humains rc­ des problémcs de population, grammes sont des qucstaons lcvants. La leçon de la classe de domaine plus spécifiquement de géographie de la popula­ première, Înlltuléc "l'agricultu­ géow.aphiquc que nous avons tion. Cc qui corrcspand à 32 re intensive traditionnelle" par chmsi d'investir un peu plus. % du volume horaire annuel exemple ne peut s'enraciner consacré à l'enseignement de que dans l'étude des densités De toute les définitions 9u'on la ~éographie. Cependant, les de population qui la fondent en a tenté de donner à la Science inlltulés de leçons recouvrant partie dans les terroirs où elle géographique, celle qui l'a dé­ semantiquement les termes est mise en pratique : Je furage crite comme Science du rap­ génériques de "population" screcr dans le Sénégal central­ port de l'Homme à l'espace ou "démographie" ne repré­ occidcntal, la riziculture diola nous paraît à la fois la plus sentent que 13 % des thèmes en basse Casamance, les tech­ précise, la plus pertinente et la de l'ensemble du programme niques de submersion contrôlée plus complète. Mais suffit-clic à (toutes classes confondues) en Asie du Sud-Est. .. De mê-

N° 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 62 Page 63 me, une leçon sur l'agriculture de graphiques, carthographic... ) 21.3. La objectifa Tdatift aur plantation dans les pays du Golf - formation de l'esprit scientifi­ nuznièra d'êûr de Guinée est nécessairement liée que, plus sJ.>écifiquement géogra­ aux importantes migrations des phique (esprit d'observation, d'ana­ La connaissance et la compré­ populations du delta intérieur du lyse, de synthèse, de jugement. .. ) hension des problèmes de popula­ Ni~cr en direction de la Côte. tion pourraient contribuer au dé­ Mcme l'étude des phénomènes Cc qu'on pourrait traduire, pour veloppement de l'esprit critique, physi9ues spécifiques comme les problèmes de population dans permettant entre autres attitudes l'érosion, par exemple, en classe les termes suivants, concernant de savoir relativiser les enjeux de seconde, a une connotation trois (3) niveaux d'objectifs. démographiques en fonction des anthropique, humaine inestimable régions naturelles, des niveaux de relative aux mouvements et densi­ 221. La objt:ctip de SllVOÎT' vie, des convictions politiques et tés de populations, aux formes religieuses, des visions personnel­ d'occupation et d'exploitation de Dans l'enseignement moyen et les du monde... Un esprit contri­ l'espace ... secondaire, l'étude des problèmes buant surtout à se prémunir con­ démo~aphiques viserait : tre les agressions, le conditionne­ Au total, l'étude de la popula­ - à mculquer les notions de base ment, le viol de conscience etc ... tion et des problèmes démogra­ suivantes, indispensable à l'appro­ Grâce notamment à : phiques est une des grandes com­ che des questions de population : - la connaissance des paramè­ posantes des programmes de géo­ notion de natalité, de mortalité, de tres relevants du comportement graphie de l'enseignement moyen nuptialité, de fécondité, de densité démographique et secondaire du Sénégal. Quelles de population, de population active, · - l'aptitude à analyser et à com­ que soient les nuances dans les­ de terme de dépendance etc ... prendre le rapport Homme/espa­ quelles elle est formulée. - à connaître l'évolution de la ce population mondiale, de répartition - la capacité à intégrer les para­ La façon dont elle est insérée géographique, ses tendaces actuel­ mètres relevants dans la dynami­ dans les programmes est fonction les afin de prévoir ses orientations ... que de la relation Homme/espa­ des objectifs qui lui sont assignés ce. Ce que Y. Lacoste appelle et des méthodes d'enseignement 21.2 La objedift de mvoir'-faire "Savoir penser l'espace" (1) préconisées. Il est donc moins question de la quantité des thè­ Concerneraient : Pour approcher ces objectifs, mes en matière de population les programmes suggèrent quel­ dans l'enseignement moyen et se­ - l'utilisation et l'exploitation des ques ????? didactiques. condaire que de la manière de les moyens de connaissance de l'état appréhender dans des intentions d'une population (Etats civils, en­ précisément définies. quêtes démographiques, re­ censement de population... ) Les approches sont fonction des 2. Objectifs de l'étude des problè­ niveaux de classes. Elles dépen­ mes de population dans les pro­ - la représentation de l'état d'une dent aussi de la nature des thèmes grammes et approches méthodo­ population (construction de pyra.-. t inscrits dans ces niveaux de clas­ logiques. mides d'âges, divers modes de cons­ ses. C'est ainsi qu'on note un truction de diagrammes appropriés double opposition d'approche mé­ 21. La objectift à une situation donnée. A titre thodologiques entre les cycles indicatif : moyen et secondaire d'un côté, Les programmes en vigueur se entre des thèmes de géographie caractérisent par une certaine so­ • diagrammes à secteurs pour la générale et régionale de l'autre. briété dans la formulation des répartition d'une population par objectifs qu'ils sont censés pour­ sexe ou à barres pour les structures Dans le premier cycle, l'ensei­ swvre. Ils restent davantage cen­ socioprofessionnelles. gnement de la géographie procè­ trés sur les contenus à enseigner. •tuyaux d'orgue pour la réparti­ de essentiellement par induction. Cependant, on peut se fonder sur tion de la population par régions A chaque fois que cela est possi­ la structuration et l'orientation de administrative. ble, la leçon de géographie de la ces contenus pour une lecture des • Histogramme et polygône de réalité directement observable intentions figurant dans la note de fréquence pour la répartition de la pour élargir le champ de la décou­ présentation des programmes. population scion l'âge. verte, enrichir les contacts de si­ Celles-ci sont ainsi formulées : • pyramides des âges pour la militudes entre phénomènes, re­ - acquisition des notions et de représentation cumulée de la répar­ pérer des exceptions formuler des méthodes de travail (techniques tition, d'une population poar sexe et lois. Cette démarche est davanta­ d'expression, de représentation - par âges ... ge préconisée pour la classe de Hisloriens - Géographes du Sénégal

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sixième que pour les autres 'clas­ ments démographiques entre les l'attention. Elles sont liées à la ses. En sixième, l'appréhension continents. Ils auront surtout appris nature des prow.ammes et sont de générale des questions de popula­ à analyser des cas où la variable dé­ ce fait susceptibles d'être résolus tion, l'acquisition de notions et mographique s'est posée comme par un effort de restructuration de concepts démographiques, pas­ facteur ou contrainte au développe­ ces dernieres. La première diffi­ sent par l'étude de groupes hu­ ment économi'lue et social, dans le culté concerne le ruveau de préci­ mains aussi proches de l'élève que cadre de situation d'enseignement­ sion des objectifs visés, la seconde les effectifs de son ·école, la popu­ apprentissage propres à l'approche est plus généralement inhérant à lation de son CJ.Uartier ... C'est à régionale des phénomènes géogra­ l'enseignement de la géographie dire par le premier palier des huit phiques. dans les classes secondaires. niveaux d'analyse géographique établis par Y. Lacoste (2) sur la Cette vision méthodologique re­ 3.1.1. Problèmes posés par 1·~ base d'un classement élaboré par lève cependant d'un schéma d'en­ serra d'une définiJion precise des J. TRICART (3). trée souhaitée par les programmes objectife dans le cadre de leur mise en oeu­ Le programme de la classe de vre, particulièrement dans ses as- Dans la deuxième partie, pre­ mière section (supra), à partir de formules très générales repérées dans la note de présentation des programmes, nous avons tentés de préciser les objectifs généraux at­ tachés à l'étude des problèmes de population. C'est dire que ceux exposé dans cette section procè­ dent de notre propre lecture de la lettre des programmes. Cepen­ dant, rien n'oblige l'enseignant à cet effort d'analyse de contenu. Rien ne l'astreint non plus à opé­ rationnaliser au niveau de la clas­ se son éventuelle perception des intentions générales déclarées avec plus ou moins de clarté le préambule des programmes. Ces derniers se présentent plutôt sous la forme de strates superposées de leçons et de parties de leçons n'ayant comme ciment que le sec­ teur de la géographie auquel elles appartiennent, le sentiment ou le première est la duplication à quel­ pects relalifs à la géographie de la pays qu'elles se proposent d'étu­ ques thèmes près de la partie population. Mais leur réalisation dier. humaine et économique du pro­ peut se heurter à des difficultés gramme de sixième. Les stratégies susceptibles d'étriquer l'atteinte des L'entrée des programmes par suggérées dans cette classe sont objectifs précédemment annoncés. les contenus peut entraîner les cependant à l'opposé de l'induc­ conséquences suivantes : tion didactique propre à la sixiè­ 3. Problèmes et perspectives dans - une distorsion au niveau des me. En première, le cours de une optique de recentrage des pro­ objectifs visés induisant une dispa­ géographie s'ouvre d'emblée dans grammes. rité des produits d'apprentissage­ une prespective dualiste et relati­ cible. Pour le sujet qw nous occu­ vement abstraite des problèmes 3.1. Problémes tk la géographie tk pe, par exemple, force et de re­ de population autour des notions la population dans la programmes connaître que très souvent le de développement et de sous-dé­ · tk l'enseignement~ et secon­ cours de géographie se préoccupe veloppement. dairr du Sénégal plus de la retention par les élèves des concepts et notions démogra­ Entre ces deux classes, les mira­ Parmi les difficultés liées à l'en­ phiques, de chiffres sur l'état de la culés de la sélection auront eu seignement des problèmes démo­ population d'un pays, de divers l'occasion d'évaluer et de compa­ graphiques deux méritent à nos taux s'y rapportant etc... que de la rer des situations et comporte- yeux, de retenir particulièrement maîtrise des techniques et procé- Histodens - Géographes du Sénégal

N" 4-5 - 2'" Semestre 1989 Page 65 dés de prévisions et d'analayses de - la consommation énergétique Cette appréhension globale de la la population en fonction d'autres - le produit national brut réalité géographique peut véhicu­ paramètres de matérialisation de - les mfrastructures scolaires, sa- ler tout à la fois : son dynamisme interne ou externe nitaires, sportives, culturelles ... - l'acquisition des notions et ou simplement de lecture des ré­ concepts démographiques fonda­ sultats d'une enquête, d'un recen­ Sous ce rapport la géographie mentaux sement etc... dans l'enseignement secondaire se­ - l'initiation aux techniques - la deuxième conséquence dé­ rait une véritable "écologie de d'observation, de représentation coule de la première car l'experti­ l'homme" scion le terme de P. et d'analyse des problèmes de po­ se apportée par l'enseignant sur Cl.A VAL (4). pulation. les questions démographiques - la prise en compte de la varia­ l'emporte sur l'éducation en ma­ Autant d'aspects auxquels la ré­ ble démographique dans l'étude tière de population. Il est indis­ forme en cours des programmes des problèmes de développement. pensable, pensons-nous, que les devrait être sensible cours de géographie de la popu­ Au total, il s'agit d'enraciner lation préparent l'élève, citoyen 3.2. Perspectives de l'enseignement l'enseignement des questions dé­ d'un pays en développement au­ des problèmes de population dans mographiques dans le vécu de tant qu'habitant de notre palnète, les programmes de l'enseignement l'enfant, dans son espace affectif, à la compréhension de popula­ moyen et secondaire du Sénégal. relationnel et rationel, à partir tion. d'une pédagogie globale. La seule La Commission Nationale d'His­ susceptible de décloisonner la toire et Géographie, chargée de géographie par rapport à elle­ dessiner les contours des nouveaux même et par rapport aux autres programmes en harmonie avec les disciplines. nouvelles orientations proposées On note dans le programmes en par la CNREF (5) est à pied d'ocu­ NOTES ET REFERENCES vigueur une certaine tendance à la vrc depuis près d'un an. Son travail conception ex-nihilo des questions s'est engagé dans la voie d'un pr­ 1. In MERENNE - SCHOUMA­ de population. Elles donnent en gramme opérationnel où la déclara­ KER B. : "Savoir penser l'espace. effet l'impression d'être très peu tion des intentions pédagogiques Pour un renouveau de la géogra­ enracinées dans une réalité physi­ constituerait le socle de l'édifice. phie dans le secondaire" in "L'in­ que, économique, sociale et cultu­ Aussi doit-on s'attendre à une for­ formation géographique" vol.49, relle. C'est que la conception des mulation plus précise et plus détail­ 1985 pp. 151-160. programmes procède d'une cer­ lée que dans l'actuel, des objectifs taine forme de dilution des cours poursuivis. Cela traduirait pour ce 2. 1.ACOSTE Y. : "Les différents universitaires. Certes la liaison en­ qui concerne les problèmes de po­ niveaux d'analyse du rai­ tre la géograJ,>hie professée au pulation un enseignement moins sonnement géographique et stra­ niveau universitaire et celle des tronqués, prenant en charge tout à tégique• revue HERODOTE N° classes secondaires est nécessaire la fois, les connaissances à incul­ 18 pp. 3-15 et souhaitable. Mais la seconde quer, les compétences à dévelop­ souffre, un peu trop, à notre goût, per, les attitudes à installer. Des 3. TRICART J.: "Principes et mé­ du divorce que la première a ins­ programmes dont les objectifs ci­ thodes de la goémorpholOgie• tallé entre les différentes compo­ bleraient une véritable éducation à Masson - Paris 1965. santes de la géographie (géogra­ la population danbs une optique de phie physique, géographie humai­ formation d'un esprit géographi­ 4. Cl.A VAL P. : ·une écologie de ne, géographie régionale ... ) que. l'homme", le Monde 29 mars 1980

Aussi constate-t-on notamment C'est là, l'autre dimension que la S. Commission Nationale de Ré­ une faible intégration de la géo­ réforme devrait tendre à donner forme de l'Education et de la For­ graphie de la population avec les aux nouveaux programmes. Il s'agit mation tenus en Janvier 1981 et autres secteurs. Intégration qui de l'approche mtégrée des données chargée de proposer les lignes permettraient d'étudier les pro­ de l'espace à partir de l'étude du d'une réforme du système éduca­ blèmes démographiques en rap­ milieu proche de l'enfant. Compo­ tif sénégalais. port avec des paramètres perti­ sante de l'espace géographique, les nents tels que: problèmes de population devraient Amadou M. CAMARA - les superficies cultivables d'un etre appréhendés à partir et au sein Assistant, Ecole Normale de celui-ci avec les changements Supérieure - Université CA.D. paysl- a prod ucllon· agricole· et ·m- d'échelles nécessaires au passage Dakar dustrielle d'un niveau d'analyse à un autre. L'ENSEIGNEMENT DES FAITS DE POPULATIONS DANS L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Par Alioune BA

Cc n'est pas sans une certai­ (lh30 tous les 15 jours et de 5 nucro ordinateurs permet ne appréhension que nous façon intermittente) est enco­ l'initiation des étudiants à l'in­ avons accepté de faire celle re faible. formatique ... Au terme de leur communication. Une contrain­ cycle de formation les stagiaires te de calendrier nous a fait La même remarque est va­ soutiennent un mémoire de fin hésiter mais quand les intérêts lable pour les enseignements d'étude : les thèmes de démo­ supérieurs de l'Association des à l'Ecolc Nationale des Edu­ graphie reviennent souvent HLc;toricns et Géographes com­ cateurs et Assistants sociaux dans le libellé des sujets. mandent, nous ne pouvons que (ENAES). A cc niveau de nous exécuter. formation l'objectif est de 2 - La variable population intè­ donner aux stagiaires les no­ gre également les programmes Ainsi nous allons essayer tions de base, pour ne pas de !'Ecole Supérieure Universi­ brièvement, sans vraiment en­ dire rudiments, nécessaires taire de Technologie (l'EN­ trer dans le détail, de vous pour la conduite d'enquêtes SUT), notamment celui de la présenter un tableau synopti­ légères et pour faire des in­ divis10n tertiaire ~ il est ques­ que des programmes d'ensei­ terprétations simples. Le col­ tion de réintroduire la démo­ gnement des faits de population lège statistique de l'ENEA a graphie dans le programme dans l'espace universitaire. un cachet plus sr.écifi9uc en d'oç clic avait du.c;paru. Dans la matière; l'outtl statistique cet établissement la connais­ Pour commencer par le con­ est utilisé eour des analyses sance de l'homme s'inscrit dans cept même nous disons que, la démographiques assez élabo­ une finalité commerciale. La démographie définie comme rées. Le collège forme des population est assimilée à un étant une science neuve, pluri­ Ingénieurs des Travaux sta­ marché que la gestion des en­ disciplinaire. Donc Géographi­ tistiques (niveau Bacc + 3 treprises essaie de découvrir que par sa conception, clic est ans) et des Agents Techni­ dans toutes ses dimensions afin tour à tour statistique, histori­ ques de la Statistique (Brevet de mieux la cibler, cclà nécessi­ que, sociologique, économique, + 3 ans). Il recrute aussi bien te des enquêtes budgét­ politique. Cette démographie des étudiants sénégalais que consommation dont les résul­ mtégre presque tous les ensei­ des non sénégalais. Le volu­ tats classent les consommateurs gnements dispensés dans nos me horaire qui est consacré à en caté~orics : catégories socio­ différentes facultés, instituts et l'enseignement de la démo­ profcss1onncllc (cadres su­ écoles nationales. Le niveau de graphie est assez consistant : périeurs, ouvriers, etc ... ) en mes informations, encore très 15 h au total en le et 2c classes d'âges, etc. L'obJCCtif, insuffisants, ne permettra pas année. Mais encore la forma­ faut-il le rappeler, est d'aider à d'intégrer à mon analyse la di­ tion insiste sur la méthodolo­ mieux adapter le mes.sage pu­ mension recherche je le regret­ gie des enquêtes statistiques blicitaire délivré. E>.idcmmcnt te. notamment avec l'éla­ ces informations sur la structu­ boration des objectifs, la mise re de la population et les gran­ 1 - Commençons par identifier au point des instruments des tendances sont très utiles les modules de démographie d'enquête et du plan de son­ aux sciences sociales. dans les programmes de l'Eco­ dage, l'organisation de la col­ les Nationale d'Economie Ap­ lecte sur le terrain. La der­ 3 - L'approche intégrée est éga­ pliquée (ENEA). nière année de formation est lement le fondement des pro­ consacrée à l'étude des statis­ grammes de l'Institut des La variable population appa­ tiques appliquées oç l'on peut Sciences de l'Environncmcnt; raît dans le programme de lèrc relever les thèmes ci-après : cc dernier est créé à la faculté année de tous les collèges orga­ les statistiques de l'éducation, des Sciences de l'U.CA.D. nisés à cc niveau en Tronc les statistiques de la santé, les pour former des cadres de ter­ commun (Collèges de l'Aména­ statistiques de l'emploi cl du ram capables d'identifier les gement du Territoire, .de l'Ani­ travail, la cartographie statis­ eom(!Osantcs principales de mation, de la Coopération, de tique, etc... Ce sont assuré­ l'cnvtronnemcnl, leurs interac­ l'Enscigncment Moyen Pra­ ment des sujets qui ne dépa­ tions ainsi que les techniques tique, de la Planification. Ce­ reraient pas dans un discours modernes relatives à leur éva­ pendant le volume horaire de démographe. Une série de luation en vue d'une gestion

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rationnelle du milieu. Evi­ certains programmes à la faculté de est enseignée au le cycle des sec­ demment la variable démograph­ Médecine et de Pharmacie; la vo­ tions Gestion et Planification qui qiue participe à l'élaboration des lonté de connaitre plus l'homme fonctionnent alors en tronc com­ différentes corrélations : mouve­ sous d'autres rapports que l'anato­ mun. Les étudiants optant pour la ment de population, urbanisation, mie se dégage d'un des énoncés Gestion au deuxième cycle auront naissance et répartition des collec­ révélateurs : sociologie médicale, l'occasion d'approfondir les con­ tivités urbaines, structures et dy­ psychologie sociale, anthropologie naissances. namiques sociales, système de pa­ sociale qui intéressent la psychiatrie Avant de clore ce volet, signa­ renté et reproduction sociale etc... (3e cycle - CES de psychiatrie). lons aussi les cours annuels de A l'évidence l'homme est au cen­ Sociolo$Ïe et socio-économie de fa démographie dispensé au DES tre des poréoccupations et plu­ santé : mterrelation entre l'organi­ d'économie du Développement. sieurs spécialistes concourent à sation sociale, la santé et la maladie IL est quesüon d'ouvrir une spé­ l'appréhender. Ainsi l'ISE recrute structures et organisation sociales; cialisation d'analyse démographi­ ds étudiants titulaires de diplôme démographie générale. ; démogra­ que : un cours de démographie de maîtrise ou d'un titre jugé phie médicale (CES de santé pu­ dans le prolongement des travaux équivalent et venant de toutes les blique à l'Institut de santé et déve­ de A. SAUVY. Mais les moyens facultés : Médecine, science, droit, loppement). font encore défaut. Ajoutons enfm lettres. Nombreux sont actuelle­ que le campus universitaire ren­ ment les "produits" du départe­ 5 - A la faculté des sciences éco­ ferme un centre de calcul où les ment de géographie de la Faculté nomiques. L'analyse démographi­ étudiants de sciences éco­ des lettres qui ont ajouté à leur que apparaît dans les programmes nomiques s'initient à l'informati­ Curriculum Vitae un diplôme de de le et 2e cycle pour un volume que. ille cycle de l'ISE: DEA, Docto­ horaire total de 75 h. C'est un net rat de Ile cycle de Sciences de recul par rapport au passé - avant la 6 - A la faculté des lettres et lenvironnement. réforme - quand ces enseignements sciences humaines, les départe­ couvraient 3 semestres dans l'en­ ments de philosophie (pour la 4 - La stratégie de l'approche semble des programmes, soit 150 composante sociologie), d'histoire intégrée est perceptible aussi dans H. Actuellement la · démographie et de géographie sont les cénacles Historiens - Géographes du Sénégal

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où l'on traite de population. Si les régionales (Afrique, Brésil, Inde, mis que la variable population spécificiés ethnographiques, les Etats-Unis, Sénégal, etc... ) quel­ s'impose dans toutes les analyses genres de vie des populations ques principes démographiques de développement. Pa­ . ( etude de stratégie, de réseaux), sont utilisés. Bref la 'variable démo­ radoxalement l'université Cheikh et d'autres normes classant les graphique est incontournable dans Anta Diop réagit mal par un oubli sociétés relevant du domaine de la le synthèse géographique. La geo­ ou le peu d'intérêt accordé aux sociologie (département de philo­ graphie de la population est en enseignements approfondis de dé­ sophie), le département de géo­ réalité théories démographiques re­ mographie. Non seulement l'en­ graphie , conformément à l'esprit liées aux conditions géographiques seignement démographique est de M. DERRUAU, enseigne aux esquissant de nouvelles classifica­ très faible dans l'espace universi­ étudiants du DUEL d'histoire et tions spatiales auxquelles par leur taire mais encore l'université se - de géographie (Tronc commun en formation et leur milieu sont peu caractérise par une disposition qui le année), la géographie de la sensibles des démographes dits se traduit par l'absence de rap­ population et non une géographie purs, c'est donc l'objet de la démo­ ports organiques entre les ins­ des populations. En le année du graphie. La géographie de la popu­ titutions; il y a un morcellement le cycle, à raison d'une heure lation s'intéresse avant tout à la des sciences sociales qui se rédui­ annuelle, le cours de géographie répartition des hommes sur la terre. sent à des départements qui ne de la population présente quel­ Cette distribution porte à la fois détiennent chacun qu'une parcelle ques interrogations sur le problè­ l'empreinte des contraintes du mi­ de vérité - signalons à cet égard la me, d'une brûlante acuité, de l'ex­ lieu physique et les spécificités des création d'un laboratoire de dé­ pansion démographique et des civilisations. l,,'analyse débouche mographie historique au départe­ moyens de vivre, dans une optique sur les explications concrètes des ment d'hitoire - Cet éparpillement d'aménagement de l'espace. En traits du paysage en mettant en n'aide certainement pas à réaliser

2e année du 1er cycle les étudiants rapport les modifications que les la synthèse du fait démographi­ font la connaissance des villes : mouvements de population font su­ que. urbanisation, réseau, urbanisme, bir à cette distribution spatiale de la Alioune BA etc... Des séminaires sur migra­ population. Maître-Assistant tion-urbanisation, monogaphie de Il est temps de conclure : c'est Département de Géographie quartier, de ville sont animés au vite fait, tout le monde s'accorde Faculté des Lettres certificat de Maîtrise et de DEA. sur la multiplicité des thèmes de la et Sciences Humaines Pour la cohésion des descriptions démographie. Il est également ad- Université CA. Diop LES ETUDES DEMOGRAPHIQUES DANS LA FORMATION INITIALE A L'E.N.S. D'ABIDJAN

Par Pierre KIPPRE

Elahlisscmcnl d'enseignement Nous précisons donc la natu­ dans une logique précolonialc. Supérieur indépendant de re des difficultés et nous ex­ En Afrique Noire gé­ l'Université, l'ENS d'Abidjan primons quelques-unes des néralement, cl pour des raisons est chargée de la formation mi­ crtiques que l'on peut formu­ liées à la fois à l'organisation tialc des profcsscurs de Lycées ler au maniement mécanique socio-poliliquc (importance des cl Collè~es, d'écoles d'institu­ des statistiques et concepts sociétés lignagèrcs) et à ses teurs (CAFOF), des ins­ utilisés pour d'autres espaces mythes sur la vie et la mort (le pecteurs de l'cnscigncmcnl pri­ socio-culturels. Nous ren­ comput des vivants "attire la maire cl des professeurs cl des drons brièvement compte des mort" (_>OUr beaucoup de ces conseillers d'éducation. habiletés pédagogiques aux­ peuples), le décompte des po­ quelles l'on peut rccoU\Tir pulations est très rare à l'épo­ C'est dans le cadre de la forma­ pour contourner certaines que précoloniale. tion initiale des professeurs de des ces difficultés. lycées cl Collèges, csscnticllc­ Ainsi, tributaire d'une pratique mcnl ceux d'histoirc­ 1. - STATISTIQUES d'inspiration européenne, c'est géographic, que s'organisent ET CONCEPTS à la démographie européenne depuis 1976 un enseignement EN QUESTION que ces études en Afrique em­ annuel sur les 1,>roblèmcs de pruntent la plupart de leurs population. Depuis 1983, divers 1. L'objet des études démo­ méthodes cl de leurs concepts. projets de recherche soutien­ graphiques en Afrique Noire nent cet enseignement en mê­ 2. Des méthodes anciennes aux me temps qu'ils visent à fournir Dans le champ de l'histoire recensements modernes : aux décideurs une analyse comme dans celui de la géo­ la validité d'une démographie scientifique en la matière. graphie, la démographie ne historique en Afrique peul avoir droit de cité, pour la plupart des spécialistes, Une analyse des méthodes de La place accordée aux problè­ que si clic dispose de chiffrcs. recensement en usage à l'épo­ mes de population surtout Etendant à l'Afrique Noire la que coloniale au moins dans les d'Afrique N01rc vise ici à ré­ démarche fondée en Europe colonies françaises montre que pondre, pour l'enseignement, et en Amérique sur l'exploi­ l'administration coloniale a ten­ aux exigences du programme tation des statistiques démo­ té d'améliorer peu à peu ses de l'enseignement secondaire. grafhiqucs, le pouvoir colo­ méthodes. Elle vise aussi à sensibiliser les nia a t,ilt établi la pratique du futurs professeurs à ces ques­ reccntrcmcnt (en 1897 pour Au début du siècle, les pre­ tions qui sont au coeur des la C~te d'ivoire). Il s'agissait miers explorateurs cl adminis­ mécanismes du sous­ d'évaluer, de manière précise trateurs semblent avoir choisi déycloppemcnt du continent autant que possible, la popu­ systématiquement d'estimer la nmr. lation susceptible de suppor­ population des villages en ter l'assiette fiscale de la co­ comptant le nombre de cases. Le problème essentiel quo-rose lonie. Plus tard, cette évalua­ L'cxtrapolationt des chiffrcs à cet cnsci~ncmcnt est celui de tion fut justifiée of­ partir du nombre de personnes l'élahoral1on de concepts opé­ ficiellement par la nécessité autour de leurs hâtes a servi à ratoires cl de statistiques fia­ de percevoir les mouvements estimer la population d'une ag­ bles, surtout pour les périodes de population qui influent sur glomération donnée. "préslalistiques". Pour l'Afrique la politique de la main-d'oeu­ Noire, la démographie histori­ vre {dans les années 1930 Cette méthode a été combinée que comme le champ de la pour }'AOF), puis après 1945, avec celle d'un recensement no­ recherche géographique se sur la politique de développe­ minatif avant 1914 dans quel­ heurtent à la difficulté de for­ ment des colonies. ques-unes des régions sous con­ ger des outils spécifiques et tri}lc effectif. Mais une telle adaptés aux réalités d'un conti­ "L'ère des indépendances" méthode, pour être efficace, nent qui découvre seulement prolonge cette approche co­ nécessitait du personnel et des depuis moins d'un siècle le loniale des études démogra­ moyens de déplacement aisé comput des hommes. phiques. Elles ne s'inscrit pas qui permissent un recensement

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N° 4-5 - 2° Semestre 1989 Page 70 rapide. En fait, l'administration la question des concepts lier, le mariage "coutumier" l'em­ locale ne bénéficiait ni de l'un ni portant partout largement. de l'autre. Aussi ces recencements Or c'est au niveau même du recueil s'étalaient-ils sur deux ans voire des données que s'introduisenl des Or, sous cc rapport, cc sont les plus dans certains cas. Par ail­ erreurs d'interprétation des con­ règles séculaires du mariage ou du leurs, ils ne concernaient eas tout cepts principaux. Un exemple banal divorce dans ces sociétés qui pré­ le territoire. Aussi faillait-il "com­ cl pourtant révélateur, les notions valent. Ce sont elles qui définis­ bler les silences" par des extrapo­ liées à celle de famille. Laissons là sent la statut de marié ou celui de lations dépassant souvent large­ les distinctions cl les interférences divorcé, avec aujourd'hui une li­ ment la réalité, surtout si l'on entre "famille restreinte" et "famille berté d'union croissante du fait voulait atteindre le niveau des re­ élargie". Elles ont une importance des bouleversements sociaux. Les cettes fiscales fixées pour chaque que l'anthropologie sociale a révélé ents recenseurs ignorent ces rè­ région. ces dernières années pour décrire cs en général, parfois même le fonctionnement réel de plus ~rsqu'ils appartiennent eux-mê­ Pour prendre un exemple, la Côte d'une société africaine. Prenons le mes à la communauté considérée. d'ivoire jusqu'en 1945 au moins terme de père. Par rapport aux Comment alors ne pas voir faus­ n'a pas connu de vrai recense­ cultures euro-américaines et euro­ sées les données en la matière ? ment. Pour reprendre une défini­ péennes, il renvoie à l'idée de "père Quelle signification réelle accor­ tion que donne P. Georges de ce biolo~iquc" à l'intérieur d'un foyer der à un décompte qui ignore les terme, on entend par là "la numé­ constitué légalement ou non. Mais régies de classification sociale en ration simple de l'effectif de popu­ en Afrique Noire, et quelle que soit une collectivité donnée ? lation d'un pays, ... la collecte de la société, la notion peut s'entendre toutes les données d'ordre quanti­ de différentes manières avec la mê­ tatif'; à l'inverse, l'estimation de me charge notionelle : père biologi­ Autre excm1,>le encore, la réparti­ population procède "soit d'extra­ que; père social (parent à qui le tion des habitants par âge et donc polation à partir de recensements père "biologique" a décidé de "don­ la confection d'un pyramide des anciens ou incomplets soit d'éva­ ner" son enfant et qui, donc, en âges. Cc n'est pas une des moin­ luation par application de métho­ assume l'entière responsabilité, jus­ dres aberrations dans les études des d'invcsllgations directes"(!). qu'à la falsification de l'état-civil). démographiques africaines; car, Après 1945 et jusqu'en 1965, avec Comment distinguer ic~ auprès des pour nos populations majoritaires moins d'incertitudes et parce que populations recensées, la logique peu enclines à procéder aux décla­ les zones recensées étaient de plus proprement africaine d'une société rations de naissance (1) et surtout en plus larges, la situation est éminemment lignagère de celle incapables pour les adultes, de restée à peu près la même. d'une logique européenne de la déterminer l'âge précis de chacun, famille cellulaire ? Au départ, le une telle démarche est encore décompte des "enfants" d'un père, sans grande fiabilité statistique. C'est après 1965 cl avec les recen­ surtout en régime polygamique, est Que peut signifier une pyramide sements décennaux biaisé, il peul même être faussé. des âges dans un pays où la majo­ (1965,1975,1968) que l'on entre Les résultats de l'enquête aussi. rité des habitants ignore sa date véritablement dans la période des de naissance précise même à 5 ans recensements systématiques. Les Autre exemple, les termes de divor­ près. Pour le démographe (his­ méthodes et le traitement des cé ou marié qui permettent l'éta­ torien ou géographe), c'est une données ont changé. Les moyens blissement de tables de nuptialité gageure, et, à la limite, un exccrci­ du dénombrement aussi. (abrégées ou non). Les règles de ce de haute voltige. mariage ou de divorce varient con­ Il apparaît donc que si l'on consi­ sidérablement dans nos sociétés Si l'on considère un autre type de dère que la démolVaphie est paysannnes de culture non-écrite. recueil de données, celui des mi­ d'abord science statistique, elle On considérera ici que la passage grations, les problèmes sont enco­ n'est possible véritablement qu'au devant un officier d'état-civil reste re beaucoup plus ardus. En effet, moment où l'on a un mimimum une pratique principalement citadi­ les méthodes d'enquêtes contem­ de données fiables. Ici, ce serait ne ou, en tout cas, trop récente poraines comme celles en usage à les premiers recensements ex­ pour cerner la majorité de la popu­ l'époque coloniale doivent, pour haustifs. Il n'y aurait donc pas lation en âge de se marier : en 1947, être proches de la réalité vivante, pour l'Afrique de démographie à peine 0,8 % des personnes qui se résoudre (ou répondre à) deux historique possible en l'état actuel déclaraient mariées avaient un acte séries de questions majeures. de la question. de mariqgc de type européen en D'abord celles qui découlent de Côte d'ivoire; en 1975, le pourcen­ l'identification correcte de tous les 3. De l'utilisation des termes dans tage avoisine les 20% seulement; el migrants et des types de migra­ les recencements contemporains : le cas ivoirien ne semble pas singu- tions. Hisloriens - Géographes du Sénégal

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Ensuite celles que posent à l'en­ "internationales" par rapport à des Sous ce rapport, ce n'est pas seu­ quêteur l'étroitesse des liens en­ frontières fixées par la colonisation; lement la démographie historique tretenus par le migrant avec sa plus d'une population ignore celles­ qui devrait être suspectée en Afri­ région de départ, ici, dans certains là, moins à cause d'un mauvais que Noire; ce sont toutes les étu­ cas, (l'exemple des Baoulé de Cô• contrôle administratif mais parce des démographiques sur le con­ te d'ivoire, J.P. Chauveau, 1987), que, pour ces populations de même tinent noir. Et pourtant, ces der­ on voit l'émigré entretenir de fa aire culturelle, l'espace naturel de nières sont possibles, à condition même manière deux foyers, l'un circulation sans "barrière" doit être d'avoir à l'esprit les limites objec­ tives des statistiques et des con­ cepts utilisés. "Faire avec l'inexact de l'à peu près" écrivait A. Sanvy à propos des études en démogra­ phie. La boutade s'applique large­ ment aux études démographiques sur l'Afrique et singulièrement à l'enseignement de cette question.

II - LES DIFFICULTES D'UNE PEDAGOGIE DES ETUDES DEMOGRAPHIQUES

1. Considérations générales

L'importance des constatations et critiques ci-dessus formulées est indéniable dans l'élaboration d'une stratégie pédagogique adap­ tée à l'objet d'étude. Celle-ci est destinée, dans le champ des étu­ des historiques, à dégager les axes majeurs d'une évolution démogra­ phique de l'Afrique et, en dépas­ sant l'idée d'une simple modélisa­ tion des "stocks de population hu­ maine", à rendre compte des mé­ canismes internes par lesquels se sont constituées des entités de plus en plus homogènes sur des espaces définis dans l'histoire.

Dans le champ de la géographie des populations cette stratégie vi­ se à mettre en lumière les résultat spatriaux actuels de ces mécanis­ mes démoip-aphiques, les consé­ dans son village d'origine l'autre celui de l'aire culturelle. quences qw en découlent au plan dans la région d'acceuil. Dans de la gestion et de l'organisation quel type de migrations ranger la Les exemples peuvent être multi­ de l'espace urbain ou rural. circulation des personnes apparte­ pliés à loisir, Ils montrent le déca­ nant à une même aire culturelle lage entre l'approche qui régit les Une telle stratégie est difficile à (Manding de Guinée, du Mali et règles du recensement d'inspiration mettre en oeuvre. Voici l'expé­ de Côte d'ivoire; Krou du Libéria européenne et celle qui sous-tend le rience que nous avons à l'E.N .S et de Côte d'ivoire etc) qui système de classification sociale, d'Abidjan. s'étend sur plusieurs Etats ? Et l'Univers mental et la pratique réel­ lorsqu'on arrive à repérer ces le des populations négro-africaines. 2. L'expérience de l'ENS d'Abid­ mouvements; ce qui a depuis tou­ jan. jours été très difficiles à détermi­ Ce décalage explique les nombreu­ ner ici; ce sont les limites spatiales ses erreurs que véhiculent les don­ Les premiers cours sur les problè­ d'un type de migrations : on les dit nées de l'analyse démographique. mes de population ont eu pour Hlstodens - Géographes du Sénégal

N" 4-S - 2° Semestre 1989 Page 72 objectif majeur d'offrir aux étu­ historique faisait nécessairement ir­ enseignants - chercheurs du dé­ diants une formation de base qui ruption. Mais où trouver une docu­ partement d'Histoire­ leur permette d'aborder aisément mentation statistique aussi riche Géographie) qui poursuivraient un ensemble de questions du pro­ que celle des Etats européens ? l'expérience, avec des étudiants gramme des classes de 6e, 3e, 2c, Fallait-il se contenter de données bénévoles. et lère, en géographie. qualitatives contenues dans certains Nous en sommes là. récits d'explorateurs ? L'approche classique à partir de Cc cheminement et cette expé­ données statistiques est apparue Il nous est apparu peu à peu utile rience d'innovation pédagogique à bien vite assez pauvre et limitée : de rompre avec une approche stric­ partir de l'enseignement sur les les chiffres exploités pour bon tement disciplinaire et, ce faisant, problèmes de poP.ulation mon­ nombre de eays africains étaient de faire appel à des sciences voisi­ trent qu'en la matière, les talon­ rarement à JOUr, même dans les nes telles que l'anthropologie et la nements sont fréquents; les pro­ annuaires les plus sérieux. Parfois, sociologie. Articulant l'approche à blèmes de méthode ne sont pas les chiffres se contredisent d'une la fois quantitative et qualitative, résolus immédiatement; les acquis source à l'autre. Ainsi la première nous pensions pouvoir résoudre les des autres n'étant pas toujours difficulté résidait dans le recueil insuffisances constatées. utilisables mécaniquement. de matériaux fiables. Mais en fait le problème restait Mais en même temps, le cas de Mais plus encore que cela, d'une encore ardu, car au plan de la notre équipe montre que l'ancra­ année à l'autre, le constat se fai­ méthode, il fallait choisir entre une ge de l'enseignement de ces pro­ sait du peu d'emprise de ces étu­ adjonction de méthodes disciplinai­ blèmes dans notre univers africain des sur la matière et l'objet même res successives (pluridisciplinarité) ouvre d'immenses eerspectivcs de toute approche démofP'aphi­ et une approche plus intégrée (in­ aux efforts de rénovation pédago­ que en géographie, à savoir l'ex­ terdisciplinarité et transdisciplinari­ gique et à la nécessité de forger pression spatiale de l'évolution de té). Les moyens humains man­ des concepts plus pertinents en ce la population (ou de sa régres­ quaient (peu de spécialistes de dé­ domaine scientifique comme dans sion). L'expansion dé­ mographie). Il fallait donc limiter d'autres. mographique rapide d'Abidjan of­ nos ambitions et réduire notre frait à nos yeux l'exemple même champ de réflexion à l'espace ivoi­ Parce que l'expérience est suspen­ d'un déphasage entre un discours rien et lors des travaux pratiques. due, nous ne pouvons conclure magistral sur la .Population urbai­ véritablement. Nous pouvons au ne et la traductmn sur la terrain C'est dans ce cadre et par petits plus ouvrir le débat sur des solu­ des phénomènes de population. groupes qu'ont été initiées des re­ tions possibles. Mais est-ce pru­ Quelle méthodologie mettre en cherches sur le terrain, avec la par­ dent quand elles n'ont pas été oeuvre pour rendre plus percepti­ ticipation des étudiants aux enquê­ expérimentées ? ble et plus concrète ce que la tes. Ces recherches devaient per­ formulation réthorique cachait mettre tout à la fois de se constituer Un problème demeure, d'une ma­ avec tant de hauteur ? une documentation de base et de nière ou d'une autre, au coeur de vérifier chaque fois la pertinence de la question de cet ensei~ement : La eroblématique ici posée coïn• tel ou tel concept à la lumière des peut-on, doit-on enseigner les cidait avec l'expérience pédagogi­ pratiques concrètes et locales. problèmes de population en Afri­ que d'études du milieu, surtout quc selon des schémas méthodo­ dans les classes de cycle d'obser­ Harassantes, coûteuses et parfois logiques et avec des concepts dont vation (6e - 5e du cycle Secondai­ décevantes, ces enquêtes de terrain le contenu réfère à des espaces re). Elle coïncidait ainsi avec di­ sont des exercices qui initient le socio-culturels et socio­ verses interrogations sur le pro­ futur professeur à prêter attention historiques différents de ceux gramme d'Histoire de ces classes au problème, en même temps d'Afrique Noire ? Pour mo~ je ne du Secondaire, notamment sur les qu'elles le mettent en contact direct crois pas, même si, au bout du leçons se rapportant à la présenta­ avec la traduction dans un espace compte, l'on doive mettrç en lu­ tion des peuples africains avant le concret des phénomènes de popula­ mière des phénomènes unive.rsel­ XXè siècle. Il est apparu en effet à tion. On retrouvait là, par un autre lement observables. ce niveau, qu'il était difficile de biais et à un niveau plus élevé, les comprendre certains "accidents" expériences d'étude du milieu. Le de l'histoire africaine sans réfé­ coût troe élevé de cette expérience rence au poids variable du nom­ pédagogique nous fit l'abandonner. Pierre KIPPRE bre des hommes, aux mécanismes A défaut de mieux, il fallait revenir Professeur complexes du peuplement de cer­ à l'enseignement classique. Ce sont E.N.S. Université Abidjan tains espaces. La démographie des chercheurs professionnels (des COTE D'IVOIRE N" 4-5 - 2° Semestrn 1989 Page 73

RAPPORT GENERAL

L'Association Sénégalaise des Professeurs d'Histoire Le 28 Avril les travaux se sont poursuivis en ateliers. et Géographie a organisé les 27 cl 28 Avril 1989 dans Deux commissions ont été constituées, l'une centrée les locaux du CESAG à Dakar, un séminaire sur "Les sur la didactique des problèmes de population dans les Problèmes de populations dans l'enseignement au lycées et collèges, et l'autre sur l'enseignement de la ~oégal". population à l'Université.

Les travaux de ce séminaire ont été ouverts par Mr Deux centres d'intérêts ont guidé notre démarche : le Ministre de l'Education Nationale entouré des 1. - la démographie en Afrique et au Sénégal : membres de son cabinet, du Directeur du CESAG et problèmes el perspectives, de la Directrice des Ressources Humaines, représen­ 2. - la pédagogie des problémes de population. tant le Ministre du Plan et de la Coopération. Dans son allocution, le Ministre, de même que le Directeur du 1°) La démographie en Afrique et au ~négal CESAG, a souligné l'importance du thème retenu eu problèmes et perspectives. égard aux préoccupations du gouvernement et après le recensement général de la population et de l'habitat en - L'Afrique et le Sénégal ont des situations démogra­ 1988. En effet, la population est un paramètre incon­ phiques spécifiques caractéristiques des pays en voie· tournable, dira le Ministre, pour cerner les problèmes de développement : la population est jeune, mal de développement. La planification économique de­ répartie, vient alors unpossible sans la maîtrise des problèmes de population. Aussi les systèmes éducatifs sénégalais - les taux d'accroissement annuels, ont-ils pris en compte ces problèmes. Cependant, de natalité, de mortalité de fécondi­ ajoutera t-il, une remise à jour des informations té sont élevés, disponibles est nécessaire pour améliorer les enseigne­ - l'urbanisation est accélérée même ments. Pour terminer, le Ministre a chaleureusement si les taux d'urbanisation restent fai­ félicité l'ASPHG pour son dynamisme, ses réalisations bles par rapport à l'Europe. sur le plan pédagogique et a souhaité qu'elle puisse servir d'exemple pour les autres disciplines. - Les problèmes de l'Afrique et du Sénégal sont des problèmes de développement liés : Auparavant Mr Babacar Fall, Coordonatcur du à la crise de l'agriculture, séminaire, après avoir remercié le FNUAP et le à l'exode rural massif Bureau de Population Council qui ont rendu possible aux conditions de vie difficiles cette rencontre avait dégagé les objectifs du séminaire : au chômage, au logement, - examiner la place accordée aux problèmes de aux problémes de la santé... population dans les programmes d'enseignement. - identifier les difficultés et les moyens adéquats - Les perspectives : avec les taux d'accroissement pour doter les collègues de l'université et des lycées actuels la 1_>0pulation du continent atteindra 872 Mil­ d'outils didactiques actualisés. lions d'habitants en l'an 2000, et doublera au Sénégal - examiner le décalage entre une recherche en plein tous les 26 ans. Cette évolution de la J.><>pulation n'est essor sur les problèmes de démographie el le contenu pas suivie par la production. Les solutions à proposer de l'enseignement dans les collèges, lycées cl dans les devront tenir compte de l'élément humain dynamique, institutions universitaires. surtout lorsqu'il s'agit de l'adoption des politiques Le 27 Avril, les travaux se sont déroulés en plénière, démographiques. tour à tour sous la présidence de Mr Cheikh Bâ professeur à l'université Cheikh Anla Diop, avec 2°) L'enseignement des problèmes de population comme thème "l'étal de la démographie au Sénégal" cl l'après-midi sous la présidence de Mr Pape Syr Dia­ 11) Au Mieim da colRga d lycéa : gnc, Représentant régional de Population Council à Dakar, avec comme thème "l'enseignement des problè­ Dans l'enseignement moyen et secondaire ~énéral mes de population". du Sénégal, l'étude des problèmes de populabon est prise en charge par les programmes des disciplines Durant le séminaire 11 communications ont été relevant des Sciences humaines et/ou sociales: Histoi­ présentées. re, Géographie, Sciences économiques et sociales ... HistDtiens - GOOgraphes du Sénégal

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La réflexion privilégie ici le champ couvert par • Les difficultés relevées dans l'enseignement des l'histoire et la géographie. problèmes de poeulations se résument ainsi : • Les problèmes de population fi~rent au program­ - le faible volume des documents disponi­ me de toutes les classes de l'enseignement moyen et bles secondaire, à l'exception de la classe de seconde dont - les documents existants ne sont pas mis à le programme concerne la géographie physique géné­ jour ou sont inaccessibles rale. Qu'ils soient explicitement formulés ou implicite­ - l'adaptation des données démographiques ment admis, inscrits dans les rubriques de géographie à la didactique de l'histoire et de la géogra­ générale ou relatif à des thèmes de géographie régio­ phie nale, on constate que 36 % du nombre de leçons - la nécessité pour les enseignants de maî• inscrites dans les programmes sont des questions de triser les méthodes utilisées par les démogra­ géographie de la population. Cc qui correspond à 32 % phes. du volume horaire annuel consacré à la géographie. • Une indication majeure pcui être formulée en guise Cependant, les intitulés de leçons recouvrant sémanti­ de perspective: il s'agit d'humaniser l'espace et d'enra­ quement les termes génériques de "population" ou ciner l'enseignement des questions démographiques "démographie" ne représentent que 13 % des thèmes dans le vécu de l'enfant, dans son espace affectif, de l'ensemble du programme (toutes classes confon­ relationnel et rationnel, à partir d'une pédagogie dues) et 11 % des thèmes de l'ensemble d'heures prévu globale. pour l'enseignement de la géographie dans les deux cycles. b) 1111 niveau de l'Enseignemenl Suphiau : Ces leçons sont relatives à des problèmes généraux de population pour un quart des thèmes de géographie Ici l'enseignement de la population est très dispara­ générale des classes de sixième et de première et à te. Globalement l'importance de la démographie n'est l'étude de la population des ensembles continentaux, pas traduite dans les programmes. de pays ou de groupes de pays à l'intérieur de ces ensembles pour 27 % des questions de géographie A l'Ecole Nationale d'Economie Appliquée régionale inscrite dans les programmes des autres (ENEA), le volume horaire alloué à l'enseignement de classes. la popufation est de 150 H/an en lère et 2ème années. A ne considérer que l'expression formelle des pro­ L'accent est mis sur les méthodes d'enquête statistique. grammes, on serait tenté de dire qu'ils accordent une A l'Ecole Nationale des Educateurs et Assistants part relativement congrue à l'étude de la population et Sociaux (ENAES), à l'Ecole Nationale Supérieure de des caractéres démographiques. En réalité, celle-ci Technologie (ENSUT) et à l'Institut des Sciences de apparaît en filigrane dans les autres aspects des l'Environnement (ISE) des modules orientés en fonc­ programmes pour au moins une leçon sur cinq et un tion de la filière portent sur les problèmes de popula­ cinquième du temps consacré à l'étude de ces aspects. tion. Le volume horaire est dans l'ensemble faible. Au total, l'étude de la population et des problèmes démographiques est une des grandes composantes des En Faculté de Médecine et Pharmacie, cet enseigne­ programmes de l'enseignement moyen et secondaire ment est quasi-inexistant. En Sciences Economiques, du Sénégal. on a constaté de.Puis quelques années un abaissement La question spécifique de la population et des du volume horaire dans les premier et second cycle caractères démographiques généraux et/ou régionaux passant de 150 H à 75 H. En Faculté des Lettres, les n'est pas absente dans les préoccupations de l'histo­ enseignements révélent une multiplicité des thèmes de rien. Mieux, en privilégiant l'étude des faits de civilisa­ la démographie. Mais ces enseignements sont peu tion, l'Histoire de la "nouvelle école" place résolument approfondis. l'Homme, dans toute sa dimension, au coeur de son objet et de sa démarche. L'omniprésence de cette Au total quatre caractéristiques apparaissent au dimension dans les programmes de toutes les classes niveau de !'Enseignement Supérieur : des cursus moyen et secondaire rend triviale la ques­ - la faiblesse de l'enseignement de la démographie, tion de la prise en compte dans ces niveaux de classes. - l'absence de rapports organiques entre les institu- • Dans l'enseignement moyen et secondaire, l'étude tions qui ont inscrit les questions de population à leur des problèmes démographiques vise : programme, - à inculquer les notions de base suivantes, - le morcellement de ces enseignements, indispensables à l'approche des questions de popula­ - une documentation rare et très peu actualisée. tion : notions de natalité, de mortalité, de nuptialité, de fécondité, de densité de population, de population c ) Dans Je souci d'élargir la réflexion en tenant active, de terme de dépendance, etc. compte d'autres expériences, Je séminaire avait initia­ - à connaître l'évolution de la population mondia­ lement prévu d'entendre deux communications portant le, de répartition géographique, ses tendances actuelles sur l'expérience de l'Unité de Recherche Démographi­ afin de prévoir ses orientations... que de l'Université du Bénin (Togo) et celle de l'Ecole N' 4-5 - 2'8 Semestm 1989 Page 75

Normale Supérieure d'Abidjan (Côte d'ivoire). Mal­ fallait donc limiter les ambitions cl réduire le champ de heureusement des difficultés de coordination ont em­ réflexion à l'espace ivoirien et lors des travaux prati­ pêché la venue d'un membre de l'URD de l'Université ques. du Bénin. La présentation des Etudes démographiques dans la C'est dans ce cadre et par petits groupes qu'ont été Formation initiale à l'ENS d'Abidjan s'est révélée fort initiées des recherches sur le terrain, avec la partici­ instructive. pation des étudiants aux enquêtes. Ces recherches Initiés en 1976, les premiers cours sur les problèmes devaient permettre tout à la fois de se constituer une de population ont eu paur objectif majeur d'offrir aux documentation de base et de vérifier chaque fois la étudiants une formalton de base qui leur permette pertinence de tel ou tel concept à la lumière des d'aborder aii;émcnl un ensemble de questions du pratiques concrètes et locales. programme d~ classes de 6c, 3c, 2.c, cl lèrc. Harassantes, coCUeuses et parlois décevantes, ces enquêtes de terrain sont des exercices qui initient le L'approche classique à partir de données statistiques futur profes.seur à prêter attention au problème, en est apparue bien vite assez pauvre et limitée : même temps qu'elles le mettent en contact direct avec Les chiffres exploités pour bon nombre de pays la traduction dans un espace concret des phénomènes africains étaient rarement à jour, même dans les de population. On retrouvait là, par un autre biais et à annuaires les plus sérieux. Parfois, les chiffres se un niveau plus élevé, les expériences pédagogiques contredisaient d'une source à l'autre. Ainsi la première d'étude du milieu. Le coût trop élevé de cette expérien­ difficulté résidait dans le recueil de matériaux fiables. ce pédagogique oblige à l'abandon. A défaut de mieux, Mais plus encore que cela, d'une année à l'autre, le il (allait revenir à l'enseignement classique. constat se faisait du peu d'emprise de ces études sur la matière cl l'objet même de toute approche démogra- Ce cheminement cl cette expérience d'innovation hique en géographie, à savoir l'expression spatiale de pédagogique à partir de l'enseignement sur les problè­ f.évolution de la population (ou de sa régression). mes de population montrent qu'en la matière, les L'expansion démographique rapide d'Abidjan offrait talonnements sont fréquents; les problèmes de métho­ l'exemple même d'un déph~e entre un discours de ne sont pas résolus immédiatement; les acquis des magistral sur la population urbame et la traduction sur autres n'étant pas toujours utilisables mécaniquement. le terrain des phénomènes de population. Mais en même temps, le cas de cette équipe montre que l'ancrage de l'enseignement de ces problèmes dans La problématique coïncidait avec l'expérience péda­ l'univers africain ouvre d'immenses perspectives ·aux gogique d'étude du milieu, surtout dans les classes du efforts de rénovation pédagogique et à la nécessité de cycle d'observation (6è-5e du cycle secondaire). Elle forger des concepts plus pertmcnts en ce domaine coincidait ainsi avec diverses interrogations sur le scientifique comme dans d'autres. programme d'Histoirc de ces clao;ses du secondaire, notamment sur les leçons se rapportant à la présenta­ La discussion générale sur l'enseignement des pro­ tion des peuples africains avant le XXe siècle. Il est blèmes de population s'est prolongée dans des ateliers apparu en effet à cc niveau, qu'il était difficile de spécialisés. comprendre certains "accidents" de l'histoire africaine Il en est ressorti un diagnostic plus serré de l'interac­ sans référence au paids variable du nombre des tion entre population cl enseignement cl des recom­ hommes, aux mécamsmes complexes du peuplement mandations pertinentes tendant à de certains espaces. La dém~aphie historique faisait - reconsidérer la place de la population dans les nécessairement irruption. Mais où trouver une docu­ différents ordres d'enseignement, mentation statistique aussi riche que celle des Etats - réduire la dispersion de ces enseignements européens ? Fallait-il se contenter de données qualita­ - intégrer les différentes structures d'enseignement, tives contenues dans certains récits d'explorateurs ? de recherche et de documentation pour un enseigne­ ment plus efficient Il est apparu peu à peu utile de rompre avec une - sensibiliser les autorités et les organismes à la approche strictement disciplinaire et, cc faisant, de nécessité de mettre en place à moyen terme un Institut faire appel à des sciences voisines telles que l'anthro­ de démographie. pologie et la sociologie. Articulant l'approche à la fois D'ores et déjà, un groupe de travail est créé à l'effet quantitative et qualitative, l'équipe enseignante pensait de suivre l'application de ces recommandations. pouvoir résoudre les insuffJSances constatées. Mais en fait le problème restait encore ardu, car au Le séminaire a été clôturé par Mr Djibo Laity Ka, plan de la méthode, il fallait choisir entre une adjonc­ Ministre du Plan et de la Coopération. Le Ministre tion de méthodes disciplinaires successives (pluridisci­ s'est réjoui des importantes conclusions dégagées par plinarité) et une approche plus intégrée (interdiscipli­ le séminaire et a assurée du soutien de son Départe­ narité et transdisc1plinarité). Les moyens humains ment ministériel qui a la charge de conduire la manquaient (peu de spécialistes de démographie). Il politique du Gouvernement en matière de population. Page 76

RECOMMANDATIONS FINALES

Le Séminaire de I' ASPHG sur les problèmes de population dans l'enseignement

CONSIDERANT

- L'importance des variables démographiques dans les politiques de développement économique et social.

- La place des problèmes de population dans l'enseignement au Sénégal

- Le cloisonnement des structures de formation, d'enseignement et de recherche en matière de population.

- La néces&té d'une approche intégrée et pluridisciplinaire

- L'insuffisance de la formation des formateurs en matière de problèmes de population

- Le manque de documents et matériels didactiques. RECOMMANDE

• Une meilleure prise en charge des problèmes de population dans les programmes d'enseignement au Sénégal

• Une intégration des différentes structures d'enseignement et de recherche pour un enseignement plus efficient et adapté. .

• L'ol"fl0ÎS3tion périodique de séminaires de formation et de recyclage des formateurs et des professeurs d'enseignement secondatre

• L'acquisition et la confection de supports et d'outils didactiques adéquats

• Une coopération plus étroite entre les structures nationales d'une part et internationales d'autre part en vue de favoriser les échanges d'expériences pédagogiques

• L'introduction et la généralisation des problèmes de population au niveau de toutes les facultés, institutions universitaires et grandes écoles. SOUHAITE

. La création d'un institut pluridisciplinaire de formation, de recherche el d'études démographiques prenant en charge les préoccupations des différents ordres d'enseignements. DECIDE

. La mise sur pied d'un groupe de travail pluridisciplinaire chargé d'appronfondir les recommandations du séminaire, de recenser les compétences et de seDSt"biliser toutes les institutions intéressées à la mise en place d'un institut de démographie.

Fait à Dakar le 28-04-1989 Page 71

MOTION DE REMERCIEMENT

A l'initiative de !'Association Sénégalaise des Professeurs d'His­ toire et de Géographie, s'est tenu au CESAG un séminaire de réflexion et de formation sur •Les problèmes de populations dans l'enseignement au Sénégal•. L'Association Sénégalaise des Professeurs d'Histoire et de Géographie remercie sincèrement les Ministres du Plan et de la Coopération et celui de !'Education Nationale qui ont accepté de parrainer ce séminaire et de présider les séances d'ouverture et de clôture.

L' ASPHG exprime sa gratitude aux organismes qui ont rendu possible par leur soutien ce séminaire : Le Fonds des Nations Unies pour la Population, le Bureau de Population Council à Dakar.

L' ASPHG remercie tous les collaborateurs démographes du Bu­ reau National du Recensement, de la Direction de la Statistique qui par la qualité des documents ont permis de relever le niveau des Communications dans une perspective interdisciplinaire.

Enfin, l'ASPHG remercie la Direction du CESAG pour son sou­ tien logistique et la disponibilité de son personnel qui ont facilité la tenue de ce séminaire. -

Fait à Dakar, le 28 / 04 / 1989. Historiens - Géographes du Sénégal

N° 4-5 - Zo Semeslre 1989 Page 78

DISCOURS DE CLOTURE DJIBO KA Ministre du Plan et de la Coopération

Pendant longtemps, un débat sur fond idéologique a Mais avant d'apprécier avec vous la signification mobilisé à l'édicllc mondiale les partisans de l'antério­ que revêt pour moi votre thème, laissez-moi vous rité du développement économique sur les problèmes e~rimer le réel plaisir que j'éprouve, en tant que de population et les adeptes de la réduction du rythme Manistre chargé de conduire la politique du Gouverne­ de croissance de la population, condition préalable au ment en matière de populatton et Ministre de la développement. Recherche scientifique et technique, en présidant la Cc débat, qui s'est cristallisé à BUCAREST lors de séance de clôture de cc séminaire. Permettez-moi la lèrc conférence sur la population, semble s'estom­ surtout de féliciter !'Association des Professeurs d'His­ per depuis la deuxième conférencc du même genre, toirc et de Géographie, née avec l'indépendance en tenue à MEXICO en 1984, et spécifiquement pour la 1960, actrice et témoin de son temps. région Afrique, depuis l'adoption par la Conférence Le palmarcs de vos publications est suffisamment des Chefs d'Etats de l'OUA du Programme d'Action éloquent pour attester de votre foi en vos nobles de KILIMANDJARO, élaboré lors du second con~ès objectifs et de votre apport inestimable au pr?Wès de de démographie africaine, tenue à ARUSHA en Jan­ l'enseignement de l'H1stoire et de la Géographie dans vier 1984. notre pays. Vous avez joué un rôle de pionnier et Le mois d'août de cette année, les Pays africains se d'avant-garde dans l'affirmation de vos disciplines et joignirent au reste du monde pour approuver, par vous détene7., parmi les associations scientifiques, l'os­ acclamation, à MEXICO, la déclaration sur la Popula­ car du meilleur acteur de notre développement cultu­ tion et le Développement dont les 88 recommanda­ rel. tions visent à inOuenccr des variables démographiques particulières (fécondité, mortalité, migration, distribu­ Mesdames, Messieurs, tion spatiale de la population) ou portent sur l'intégra­ tion des politiques démographiques et des politiques Ma conviction est que l'interro~ation à laquelle vous sociales et économiques. avez tenté de répondre ces deux Jours est fondamenta­ C'est qu'aujourd'hui, il y a une nouvelle conscience le à plus d'un titre : des implications de la croissance démographique sur le - tout d'abord, parce que l'enseignement doit suivre le bien-être des sociétés. Il ne s'agit pas de rapports de mouvement des idées et l'évolution des choix et prééminence mais de rapports dialectiques. options politiques; Cette prise de conscience, faut-il le rappeler, s'ins­ - ensuite, en cc que l'Histoire et la Géo~aphie crit, pour l'Afrique, dans un contexte de difficultés jouissent, parmi les disciplines des Sciences sociales et économiques sans précédent, marqué par le poids humaines, d'une certaine prépondérance épistémologi­ écrasant de la dette extérieure, la stagnation ou le que dans l'appréhension des phénomènes de popula­ déclin de la croissance, le chômage et la pauvreté... le llon; retard scientifique et technologique, et j'en passe. Un - enfin, en ce qu'elle replace votre action au centre de contexte fort sombre qui a conduit les Chefs d'Etat de la dialectique recherche-enseignement. l'OUA à adopter le Programme Prioritaire de Redres­ Concernant l'évolution des politiques, le Gouverne­ sement économici.uc de l'Afrique (1986-1990) et l'or~a­ ment a adopté, comme vous le savez, en avril 1988, en nisation des Nattons Unies, le Programme d'Act1on conseil interministériel présidé par le Chef de l'Etat, des Nations Unies pour le Redressement économique une Déclaration de Politique de Pol?ulation, après de l'Afrique (1986-1990).11 s'agit là de deux documents avoir mesuré les enjeux de notre situation socio­ stratégiques qui situent les phénomènes de population démographique sur notre développement à moyen et au centre de l'analyse diagnostique des problèmes que long termes. En effet, notre taux de croissance démo­ rencontre l'Afrique dont les économies sont aujour­ graphique est très élevé par rapport à nos ressources d'hui sous ajustement. disponibles et à générer. La mortalité, notamment Point n'est donc nécessaire de s'apesantir sur l'im­ infantile, est encore élevée, malgré les efforts et portance du sujet qui vous a réuni ces deux jours, sans investissements consentis dans le domaine de la Santé; conteste saissisant pour son actualité et les enjeux la fécondité est forte, précoce et intense; de persistants scientifiques et socio-politiqucs dont il est porteur. déséquilibres régionaux caractérisent notre espace Hisloliens - Géographes du Sénégal

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géographique et les migrations ainsi que l'urbanisation à leur mobilité. Elle n'est pas la seule discipline à s'en galopante ne sont pas soutenues par une industrialisa­ préoccuper. Mais elle est la seule à le faire en faisant tion conséquente. La famille, enfin, base de reproduc­ constamment référence à l'espace, dans la totalité de tion, affiche des signes de tension. celui-ci. Face à cette situation, le Gouvernement a adopté Le géographe est ainsi établi à une charnière : des objectifs et stratégies tendant à améliorer la qualité sciences de la nature et sciences de l'homme divergent de la vie et favoriser l'instauration d'un bien-être pour autour de lui. Le géographe est l'homme de l'espace, toutes les catégories de la population, à réduire la l'homme de la relation espace-temps. morbidité et mortalité ainsi que le taux de fécondité et La renaissance théorique et méthodologique que le rythme de croissance démographique, à appuyer connaissent l'histoire et la géographie à travers le toutes les actions destinées à la mise en valeur des monde devrait aussi concerner l'Afnquc et notre pays régions, à améliorer les compétences nationales dans en particulier. Cc séminaire atteste que vous en avez le domaine des sciences de la population. une claire conscience. Certes, les caP.acités de recher­ Les conditions de la réalisation de ces objectifs et de che restent à être améliorées, mais il faut reconnaitre la réussite de la mise en oeuvre de ces stratégies les immenses progrès enregistrés au Sénégal depuis le reposent, pour une large part, sur les jeunes dont vous recensement de 1976 jusqu'au recensement de 1988, en participez, à n'en pas douter, à la formation de la passant par l'enquête de démographie et de santé de conscience. Plus de 50% de notre population ont moins 1986 et les efforts d'intégration de la variable popula­ de 20 ans, et vous apprécierez avec moi les investisse­ tion dans la planification du développement, sans ments 9u'il importe d'assurer afin de permettre leur négliger la coordination des stratégies à moyen terme épanowssement mental, physique, moral et matériel. pour la recherche en matière de population, à travers Ce sont les jeunes qui, mieux que quiconque, doivent la Commission Nationale de la Population. être préparés à relever les nouveaux défis démographi­ Il reste à adapter et à moderniser les programmes ques par rapport au développement et à faire face à d'enseignement en matière de population, au moins leurs responsabilités, futures et présentes, face à cux­ par rapport aux données et à la littérature scientifique mêmes et face à la communauté. et technique disponibles. Dans cette mouvance, il Dans cette tâche, noble et ardue, l'Histoire et la s'agira d'élargir les horizons de la réflexion et de la Géographie constituent un instrument de connaissance formation en mettant l'accent sur les interrelations et de communication de choix, privilège que leur entre population et phénomènes socio-économiques; confère leur statut épistémologique. et je suis sûr que l'Association des Professeurs d'His­ Sciences de synthèse, situées au coeur des Sciences toire et de Géographie, pionicr de l'auto-développe­ socialei. et humaines, l'Histoire et la Géographie ment de la formation dans notre pays, saura aider à transcendent aujourd'hui les frontières de la connais­ surmonter les difficultés cognitives et didactiques que sance qui les séparent des Sciences et ont recours de cela impli

1:a:

Photo de famille des séminaristes F.N.U.A.P.

Le Fonds des Nations Unies pour la Population : F.N.U.A.P.

Créé en 1969, il est un organe subsidiaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies et son organe directeur est le Conseil d'Adminis­ tration du Programme des Nations UNies pour le Développement (PNUD).

, Le mandat du FNUAP a été énoncé par le Conseil Economique et Social des Nations Unies en 1973.

Le mandat consiste à :

- mettre en place les moyens d'assistance nécessaires pour répon­ dre aux besoins dans le domaine de la population et de la planifica­ tion de la famille.

- favoriser la prise de conscience des problèmes de population et élaborer des stratégies susceptibles d'être appliquées pour traiter ces problèmes.

- apporter sur leur demande une aide aux pays en développement.

- jouer dans le cadre des Nations Unies, un rôle premier dans l'action visant à favoriser l'établissement de programmes démo­ graphiques et coordonner les projets bénéfiques de l'assistance du fonds.

Le FNUAP exerce ses activités dans 141 pays en développement répartis en Asie, en Afrique, au Moyen Orient et en Amérique Latine. The Population Council

Créé en 1952, il est un organisme infernational à but non lucratif qui fait de la recherche dans le domaine des sciences sociales et bio~~édicales.

Conseille et assiste les gouvernements et les agences internationales et diffuse les résultats de recherche en matière de population.

Pour remplir la mission qui lui est assignée, le Council est organisé en pl~sieurs départements :

- le Centre de recherche bic-médicale

- la division de la recherche

- la division des programmes

- le bureau de communication

Le. bureau régional de Dakar met en oeuvre plusieurs activités relatives notamment :

- aux politiques de population

- à la santé de la reproduction

- à la santé et au suivi de l'enfant

- au développement institutionnel des centres de recherche et de forma­ tion en population et santé

- au statut de la femme.

Il fournit l'assistance technique à plusieurs institutions et développe des groupes de travail et des réseaux de consultants dans ses domaines de compétences.