Lucarne Locarnaise

65e Festival du Film de Locarno

1 au 11 août 2012

CONTENU : Résumé (dont 19 concourant pour le Par- do d'oro). Page 2 : On nous l’a dit et répété : sur La Fille de Nulle Part (Jean- Pour la pincée de glamour : Claude Brisseau, France quelque 3000 festivals de films au monde, seuls dix comptent Charlotte Rampling a reçu le 2012) "Prix d'excellence Moët et Chan- Une Estonienne à Paris parmi les meilleurs ! Locarno est l’un des dix et doit le demeurer. don", Alain Delon, Johnnie To, (Ilmar Raag,France, Estonie, Harry Belafonte, un "Pardo Belgique 2012), Rien que ça ! d'honneur" pour l'ensemble de Hope Springs / Tous les leurs carrières respectives. Et Espoirs sont permis (David Le Festival a attiré cette année près de 162'000 spectateurs, d'autres visiteurs de marque ont Frankel, USA 2012) honoré le Festival de leur pré- Quelques heures de prin- parmi lesquels 3950 accrédités (représentants de médias et sence très applaudie, comme temps (Stéphane Brizé, Eric Cantona, Ornella Muti, la France 2012) professionnels de cinéma du monde entier) : un succès qui a légendaire Elsa Martinelli, et bien Starlet (Sean Baker, USA d'autres personnalités du 7e Art 2012) repris l’ascenseur après un léger revers en 2009. Pour la troisième dont la liste des noms est trop Robot & Frank (Jake longue à énumérer. Schreier, USA 2012) année consécutive, on a pu ap- précier « la patte » du directeur Cinéphile de longue date et pas Page 3 : artistique Olivier Père : « un do- sage d'oeuvres radicales croi- trop téméraire, l'auteure de ces More than Honey (Markus lignes s'est partagée entre la Imhoof, Suisse 2012) sées à des films de genre grand public et une pincée de gla- rétrospective , et Kuma (Umut Dag, Turquie, les films grand public montrés Allemagne 2012) mour » (Philippe Azoury, Libéra- tion, 4.8.2011). sur la Piazza Grande et au mar- Lore (Cate Shorland, Alle- ché du film, avec quelques rares magne, Royaume-Uni, Aus- Voir en première vision un film incursions dans la compétition. tralia 2012) Locarno vu par un petit bout de sur la Piazza Grande, par une nuit sans nuages, c'est un bon- la lorgnette ! Pour tout savoir sur heur que peuvent partager jus- le palmarès, et les échos de la qu'à 10'000 spectateurs à la presse sur le Festival, veuillez fois ! Quelque 220 longs mé- consulter les sites proposés dans trages ont été programmés cette la rubrique « Pour en savoir année dans les diverses sections plus » à la fin de ces pages.

______

Festival et marché du film rallumer la flamme amoureuse CONTENU (suite) : Les films destinés à un public après 31 ans de mariage ? Si Page 4 : ... mature : l'époux se satisfait de leur morne Death of a Superhero (Ian Plusieurs films se penchaient sur train-train, l'épouse rêve de câlins Fitzgibbon, Allemagne, Ir- le 3ème âge (en définissant 3ème et de tendresse, voire plus si en- lande 2011) âge par "personnes de plus de tente! Elle inscrit son mari et elle, The Sapphires (Les Sa- soixante ans"), avec plus ou manu militari, à une thérapie de phirs) (Wayne Blair, Australie moins de bonheur. Le Léopard couple chez le Dr Feld (Steve 2012) d'or a été attribué à La Fille de Carell) qui ne va pas manquer de Ruby Sparks (Jonathan Day- Nulle Part de Jean-Claude Bris- chambouler leur vie, pour notre ton, Valerie Faris, USA 2012) seau, réalisateur relégué au pur- plus grand plaisir. Magic Mike (Steven Soder- gatoire depuis qu'il a été accusé bergh, USA 2012) de harcèlement sexuel il y a une Plus dure est l'étape de vie filmée dizaine d'années. Son film, large- dans Quelques heures de prin- Page 5 : ment autobiographique, huis-clos temps (Stéphane Brizé, France Nachtlärm (Christoph à deux tourné dans son apparte- 2012) : les derniers mois d'une Schaub, Suisse 2012) ment avec une jeune inconnue, mère, atteinte d'un cancer incu- Das MissenMassaker (Mi- préfigure l'antichambre de la mort. rable. Un peu malgré elle, la vieille chael Steiner, Suisse 2012) Truffé de considérations philoso- dame, qui est encore en pleine Dead Fucking Last (Walter phico-mystico-littéraires, le dia- force et dont la maison est d'une Feistle, Suisse 2012) logue sonne faux, la relation entre propreté immaculée, doit héberger End of Watch (David Ayer, le vieux mentor et la nymphette son fils de 48 ans qui sort tout USA 2012) aussi, et les fantômes qui hantent juste de prison. Cohabitation pé- Sightseers (Touristes) (Ben l'appartement sont grotesques. nible qui fait ressurgir la violence Wheatley, Royaume-Uni Peut-être n'aurez-vous pas l'occa- de leur mésentente. Le fils ac- 2012) sion de juger sur pièce, car les compagnera cependant sa mère distributeurs suisses ne semblent dans son dernier voyage, en Page 6 : pas se bousculer pour acheter les Suisse, auprès d'un organe de Wrong (Quentin Dupieux, droits du film (photo de Brisseau suicide assisté. Très dépouillé, USA 2012) et de Virginie Legeay en première porté par de formidables acteurs page). Par contre, Une Esto- (Hélène Vincent, Vincent Lindon), Pages 6 à 10 : nienne à Paris, d'Ilmar Raag le film vous marque ! 25 films (sur 40) de la Ré- (France, Estonie, Belgique 2012), trospective Otto Preminger qui a été récompensé par le Prix Dans Starlet (Sean Baker, USA du Jury oecuménique, pourrait 2012), on assiste à l'éclosion être bientôt sur nos écrans. Le d'une improbable amitié entre Jury offre en effet une somme de Jane, une ravissante Barbie de CHF 20'000.- destinée à soutenir vingt ans, et une vieille femme la promotion de l'oeuvre récom- solitaire. La première, en faisant la pensée ! Ilmar Raag, à travers tournée de ventes de garage, a l'histoire de deux Estoniennes à racheté à la seconde une bou- Paris, montre la difficulté à com- teille-thermos, laquelle contenait des liasses de billets de banque ! Meryl Streep et Tommy Lee muniquer entre des personnes de Jane, tout en gardant le silence, Jones dans Hope Springs même culture mais de niveaux sociaux différents. Il aborde avec force peu à peu l'intimité de la sensibilité les thèmes de la soli- sexagénaire, la voiture, lui fait ses tude, de la vieillesse et de courses, lui offre des cadeaux, lui l'amour. tient compagnie. À sa façon, elle rend ce qu'elle a pris. Un film im- Autre film qui se penche sur les moral plein de morale ! Il aurait aînés, mais cette fois-ci avec un mérité de figurer au palmarès de humour absolument délicieux et la Compétition, mais a tout de des acteurs formidables : Hope même obtenu le prix du jury des

Vincent Lindon et Springs / Tous les Espoirs sont jeunes de Cinema & Gioventù. Hélène Vincent dans permis, de David Frankel, USA Quelques heures de printemps 2012), avec l''imperturbable C'est de sénilité qu'il est question Tommy Lee Jones, l'inénarrable dans Robot & Frank (Jake Steve Carell et la délicieuse Meryl Schreier, USA 2012), comédie Streep. Quête du film : comment dramatique qui se joue dans un

2 futur proche. Frank (Frank Langel- un miel d'excellente qualité. Et le la) qui fut un voleur de bijoux au- film s'achève sur la visite d'un quel aucune serrure ne résistait vit laboratoire biogénétique au large seul, et perd un peu la tête ! Lors- de l'Australie, actuel principal que son fils lui offre un robot- fournisseur mondial de reines et infirmier pour s'occuper de lui, d’essaims d’abeilles sains car le Frank décide d'enseigner au robot parasite de l'abeille, le varroa, n'y les ficelles du métier et de prépa- est pas apparu. Le salut nous rer avec lui un dernier casse. Ro- viendra peut-être du cinquième bot & Frank est une originale continent ? À voir absolument. réflexion sur la solitude des per- sonnes âgées, plus qu'un film de Le thème de Kuma (Umut Dag, SF. Le vieil homme s'attache à Turquie, Allemagne 2012) est cette machine androïde, bien que fort tortueux, et d'une violence celle-ci lui rappelle qu'elle n'est psychologique énorme. Une pas programmée pour avoir des jeune Turque de 19 ans, Ayse, sentiments. C'est sans doute un est mariée à Hassan (qu'elle ne More than Honey aspect poignant du film, ce besoin connaît pas), qui vit avec ses (Markus Imhoof) de complicité et de lien affectif parents et ses soeurs à Vienne. que la machine ne peut offrir. Un En réalité, Ayse est destinée au animal de compagnie aurait été vieux père d'Hassan, dont plus adéquat ! l'épouse se meurt d'un cancer incurable. Ayse, la robuste et À voir en classe ou en famille : jeune kuma (seconde épouse) pourra prendre soin de la famille Un film suisse incontournable, après sa disparition ! Ayse a été c'est la dernière oeuvre de Mar- choisie par la malade pour son kus Imhoof dont le titre internatio- époux ! Mais rien ne se déroule- nal est More than Honey (Suisse ra comme planifié. Umut Dag 2012) : Imhoof a parcouru le globe filme sans concession la cohabi- pour en savoir plus sur la dispari- tation houleuse de trois généra- tion des abeilles, ces merveilleux tions dans un appartement sur- Kuma / Une seconde femme insectes de la pollinisation des- peuplé, l'enfermement imposé (Umut Dag) quels dépend un tiers des ali- aux femmes : presque toutes les ments que nous consommons. scènes sont tournées à l'inté- Menacées par les pesticides, rieur, fenêtres et portes sont maladies, espèces tueuses, para- généralement fermées. L'histoire sites comme le varroa, maux aux- se déroule dans la communauté quels l'homme trouve en général turque exclusivement, entre le des remèdes pires que le mal, les supermarché turc et l'apparte- abeilles disparaissent. Imhoof a ment. Une société fermée et filmé, en Chine, des Chinois en strictement réglée. Ce premier train de polliniser à la main, avec film d'un jeune Kurde né à du pollen en sachet. Pourquoi Vienne vaut le détour. font-ils le travail des abeilles ? Parce qu'un certain Mao avait en Lore (Cate Shorland, Allemagne, son temps ordonné le massacre Royaume-Uni, Australie 2012) des moineaux. Aussitôt dit, aussi- est tirée du recueil The Dark tôt fait. La vermine a alors pullulé. Room de la Britannique Rachel On l'a combattue à grands ren- Seiffert. L'histoire se déroule en forts de pesticides qui ont bien 1945, dans la débâcle qui suit la entendu décimé aussi les abeilles. fin de la guerre. Lorsque leurs Dérisoire, cette pollinisation à la parents nazis se rendent aux main qui ne pourra jamais rem- Alliés, Lore et ses quatre frères placer le travail de milliards et soeurs quittent la Bavière, Saskia Rosendhahl dans Lore d'abeilles. Mais tout espoir n'est rassemblant de maigres posses- (Cate Shorland) pas perdu : l'abeille africaine, sions, et se mettent en route surnommée la tueuse, parce pour Hambourg, là où vit leur qu'elle est fort résistante, produit grand-mère. Ils vont parcourir

3 900 km à pied. Tout au long de rigène réussit à décrocher un leur longue marche, ils vont con- mandat pour aller se produire naître la faim, la peur, la vio- devant les troupes américaines au lence, un monde en ruines issu Vietnam. On sait que jusque dans du nazisme dans lequel ils ont les années 1950, les Aborigènes été élevés. Ils rencontreront d'Australie étaient tenus à l'écart Thomas, un Juif qui a survécu des Blancs, et il était d'usage de aux camps et qui les prend sous leur enlever les enfants métis afin

sa protection. Marquée par son de leur donner une éducation Thomas Brodie-Sangster éducation, Lore est dégoûtée par "blanche". Cette politique raciste dans Death of a Superhero le jeune homme, mais en même s'est peu à peu assouplie après la

temps que du mépris, elle Seconde Guerre Mondiale. En éprouve une certaine attirance. butte au racisme des décideurs Tout au long de cette longue et blancs, les quatre chanteuses périlleuse traversée de l'Alle- (trois soeurs et une cousine) magne, Lore cherche sa vérité n'eurent pas la tâche facile. Mais dans un monde qui est en train elles purent s'envoler pour le de chercher la sienne. Ce film Vietnam ! À la fois film engagé, et sur le passage à l'âge adulte feel good movie, le récit use de

(coming of age) a reçu le Prix du grosses ficelles et de person-

Public de la Piazza Grande. nages typés pour faire passer son propos : la lutte de ces femmes Le principal protagoniste de pour forger leur destin et battre en Death of a Superhero (Ian Fitz- brèche le racisme. L'histoire est gibbon, Allemagne, Irlande 2011) authentifiée par les portraits de est un adolescent atteint d'un quatre Aborigènes australiennes cancer incurable. Il enrage d'être qui ont milité leur vie durant pour mourant, il voudrait vivre comme la reconnaissance des droits de

tout ado et refuse d'être traité en leurs congénères. Il se dégage de

malade. Tandis que sa famille et The Sapphires un certain opti- ses amis réagissent diverse- misme, et on a certes un grand ment, il se réfugie dans ses des- plaisir à écouter les morceaux sins où il se ré-invente en super- musicaux. Sur le thème de la vio- héros luttant contre les forces du lation des droits des Aborigènes, mal, entouré de sexy super- mieux vaudrait revoir Rabbit héroïnes. Comme dans Lore, le Proof Fence/Le Chemin de la film aborde la thématique du liberté (Phillip Noyce, Australie

passage à l'âge adulte. Ici d'un 2002), qui raconte la longue fuite

jeune de 15 ans qui utilise le de trois fillettes destinées à être court temps qui lui reste pour placées dans des familles vivre SA vie, à sa manière, et blanches pour y être "blanchies". aussi pour prendre congé de son entourage, et l'apaiser. Un film Ruby Sparks (Jonathan Dayton, pour tous les publics, jeunes et Valerie Faris, USA 2012) est le vieux. Si le sujet vous parle, un nom de la jeune femme qu'un autre film récent observait avec écrivain en panne d'inspiration a beaucoup de finesse les compor- inventée. Il se rend soudain tements d'un malade incurable et compte que sa création est vi- de son entourage : 50/50 (Jona- vante, et qu'elle évolue au gré de than Levine, USA 2011). L'un et ce qu'il décide et écrit. Ce qui l'autre film traitent le sujet avec l'emplit d'ivresse mégalomane délicatesse et humour, et offrent dans un premier temps, mais ne de bonnes pistes de réflexion. tarde pas à l'ennuyer : il la con- naît, il l'a inventée, il la prévoit, Autre histoire de jeunes qui pren- elle ne le surprend pas. Les

nent leur destin en main : The aléas dans la vie de l'écrivain et Sapphires (Les Saphirs) (Wayne de sa créature-muse-compagne Blair, Australie 2012) raconte sont narrés avec beaucoup comment un quatuor féminin abo- d'humour, il n'y a probablement

4

pas UNE clé du film : toutes exé- courses-poursuites, bref : rebon- gèses permises. À votre bon dissements multiples sur les plaisir ! routes zurichoises. Le couple va connaître les affres du désespoir Magic Mike (Steven Soder- dans une équipée nocturne à la bergh, USA 2012, photo ci- fois haletante et rocambolesque. contre) s'attache au plan de car- Du très bon cinéma. Il semblerait rière de Mike (le très beau qu'on ne peut pas en dire autant Channing Tatum), qui rêve de du dernier opus de Michael Stei- devenir entrepreneur et designer ner, Das MissenMassaker (par de meubles et économise dans analogie à Massenmassaker) ce but. Le jour, il travaille comme (Suisse 2012). Cette comédie maçon et la nuit, comme strip- macabre cloue la culture suisse teaseur, dans le club de Dallas alémanique au pilori tout en utili- (Matthew McConaughey), sculp- sant les ficelles du slasher : cha- tural et ambigu. Dallas avait été cun s'accorde à trouver cette le mentor de Mike, lequel va à histoire de meurtres en série son tour coacher un nouveau lourde et peu divertissante. candidat. À en juger par la foule en liesse massée sur la Piazza Restons à Zurich avec la comé- Grande, qui avait attendu minuit die Dead Fucking Last (Walter pour voir le film, le strip-tease Feistle, Suisse 2012) qui narre la masculin a la cote. Il faut avouer rivalité entre l'entreprise de cour- que les chorégraphies d'effeuil- riers rapides à vélo "Die Genos- lage interprétées par ces Adonis senschaft" (la Coopérative), au corps épilé sont fort agréables créée dans les années 1990 par à voir - ils gardent le string, des hippies un peu vieillissants n'ayez crainte ! On avait apprécié et la flambant neuve entreprise en son temps The Full Monty "Girls Messengers" gérée de (Peter Cattaneo, Royaume-Uni façon moderne, dynamique et 1997), on aime encore plus des surtout par de belles filles. Per- Chippendales de Floride. Surtout dant son exclusivité, donc ses lorsqu'on apprend que l'histoire clients, la "Genossenschaft" se est "basée sur des faits réels". doit de réagir. Que faire ? Dé- En effet, Channing Tatum, à la truire l'infrastructure concur- fin de sa scolarité, a travaillé rente ? L'attaquer par une cam- pendant neuf mois comme strip- pagne publicitaire ? Lui voler on per mâle, gagné pas mal d'ar- concept commercial ? Ou se gent, puis fait une carrière de reconvertir ? Le film exploite une modèle avant de percer à la télé- thématique très actuelle, dans un vision et au cinéma en 2005. Il cadre très zurichois (tourné en- n'a pas cessé de tourner depuis. tièrement en ville de Zurich), Pour notre plus grand bonheur ! avec un dialogue en Züritütsch que les Romands auront peine à Le scénario de la comédie Nach- suivre. On risque donc fort, sur tlärm (Christoph Schaub, Suisse les bords du Léman, d'être privés 2012) est de la plume du Suisse de cette comédie bien ficelée et Martin Suter, ce qui est un gage intelligente. de qualité a priori. Il nous pré- sente un jeune couple presque End of Watch (David Ayer, USA parfaitement heureux : n'étaient- 2012) suit un duo de jeunes offi- ce les pleurs nocturnes réguliers ciers de police (joués par Jake de leur bébé de neuf mois que Gyllenhaal et Michael Pena) qui seule une balade à 130 à l'heure signent sans le savoir leur arrêt sur l'autoroute peut calmer. Nuit de mort en découvrant par ha- après nuit. Et cette nuit-là, les sard le repaire secret d'un impor- événements vont se corser. Vé- tant cartel. On a beaucoup de hicules volés, disparition du peine à entrer dans le film dont bébé, violentes disputes, les 40 premières minutes, fil-

5 mées caméra à l'épaule (le parti (Empire austro-hongrois, aujour- pris de "caméra subjective" est d'hui Ukraine). La famille s'installe artificiel et franchement déran- à Vienne en 1915. Très jeune, geant), se déroulent à un rythme Otto Preminger se passionne pour trépidant, à grand renfort de ju- le théâtre : il fait ses premières rons, d'engueulades, d'explo- armes dans la Compagnie de Max sions, de cris, de bruits, de fu- Reinhardt. Et en 1931, il tourne reur, d'échanges nourris de son premier film, Die Grosse coups de feu, etc. Ce n'est qu'au Liebe. bout d'une demi-heure, quand les deux hommes se retrouvent Fuyant le nazisme, il émigre en dans leur cadre privé (l'un est 1934 aux Etats-Unis et fait ses fiancé, l'autre marié et sur le débuts dans le showbiz. Sa car- point de devenir père) que l'on rière de réalisateur démarre outre- souffle un peu, et qu'il est pos- atlantique en 1936 avec la comé- sible de "crocher". Si le film vou- die musicale Under Your Spell. Otto Preminger lait nous donner une idée de Le Festival de Locarno a pro-

l'enfer quotidien que vivent les grammé l’intégralité de son membres du LAPD, c'est réussi. œuvre, soit une quarantaine de longs métrages tournés entre Pour le "fun", on peut aller voir 1931 et 1979 (il y manque bien Sightseers (Touristes) (Ben évidemment Porgy and Bess, Wheatley, Royaume-Uni 2012), que les héritiers de Gershwin ont l'histoire de Tina, brave fille d'une retiré du marché). Nous en avons mère possessive et recluse, et vu quelque 25. Chris, un amoureux de la nature. Le couple part à la découverte Il devrait être possible de dé- de l'Angleterre en mobile-home, couvrir tout Preminger dans le et ne tarde pas à être très agacé cadre de la reprise de la rétros- par ce et ceux qui n'ont pas pective que promet la Cinéma- place dans leur environnement thèque suisse en novembre idéal. Ils vont donc faire le mé- 2012. nage ! Vous pourriez aimer cette comédie britannique originale par Preminger s'est essayé à tous les

son cynisme sanguinolent. genres : films noirs, thrillers juri- diques, politiques, sociologiques Et vous rirez peut-être à la vision ou d'espionnage, fresques histo- de Wrong (Quentin Dupieux, riques, comédies, drames, films USA 2012), Ce même Dupieux musicaux, adaptations littéraires, qui avait fait en 2010 Rubber, films de guerre, westerns, etc. l'histoire du pneu tueur en série). Ses personnages ont une véri- Ici, ce n'est plus "La Mère Mi- table profondeur psychologique, chèle qui a perdu son chat", mais ses scénarios sont rigoureuse- "Le père Dolph qui a perdu son ment construits, sa mise en chien". Dans une quête absurde, scène peaufinée jusque dans les un monde tout aussi absurde moindres détails, ses mouve- peuplé de personnages ab- ments de caméra calmes et pré- surdes, Dolph cherche son cis, ses éclairages recherchés chien. souvent expressionnistes : en bref, Preminger est un très grand ème Rétrospective Otto Preminger du 7 Art. (1905-1986) Il a ainsi défini la mise en scène Après Ernst Lubitsch et Vincente dans une interview faite par Minnelli, c'est à Otto Preminger Jacques Rivette en 1954 : "The que le festival a consacré sa ré- creation of a precise complex of trospective annuelle. sets and characters, a network of Otto Preminger naît en 1905, de relationships, an architecture of parents juifs autrichiens, à Wiznitz connections, an animated com-

6 plex that seems suspended in cain depuis les années 1910 jus- space." Cette construction fouillée qu'à la Seconde Guerre Mondiale. du scénario et des personnages, Le Père Stephen n'a pas la vie c'est exactement ce qu'il réussit à facile. Il est envoyé dans un bled faire. Et sans doute aurait-il sous- reculé de province, aux côtés d'un crit à la boutade de Jean Gabin : prêtre dans la misère. Il provoque "Pour faire un bon film, il faut trois la mort de sa soeur en refusant choses : une bonne histoire, une qu'on l'avorte. Il échappe de jus- bonne histoire et une bonne his- tesse aux coups du Klu-Klux-Klan toire." qui châtie durement les "amis des nègres". Il perçoit, bien avant le Preminger pose un regard critique clergé viennois, les menaces voi- sur les institutions américaines, lées des Nazis... Le film est un sur ses compatriotes d'adoption, long flashback, celui d'un homme sur les dérives de l'exclusion sous nommé cardinal au début des toutes ses formes, du racisme, de années 1940 et qui a peut-être tiré l'antisémitisme, de la xénophobie, la leçon de ses erreurs et de de la guerre, mais jamais il ne celles de l'histoire. condamne radicalement, il émet évoque tous les conflits auxquels toujours une note constructive, un l'Eglise catholique est encore espoir dans l'avenir. Son ton est confrontée : avortement, statut de celui de l'observateur qui ne s'en la femme, mariage mixte, sexuali- laisse pas conter, mais qui croit té, ségrégation, célibat des dans la possibilité d'une Amérique prêtres, etc. On sait que le Pontifi- meilleure. Les intrigues de ses cat de Pie XII (1939 à 1958) avait films se nouent souvent autour de manqué de fermeté face au na- figures féminines, victimes ou zisme. Si Jean XXIII, son succes- résistantes dans un monde seur, a ensuite mérité le surnom d'hommes. Comme par exemple de "Papa Buono", c'est sans sa magnifique version de l'histoire doute grâce à sa gestion plus de Jeanne d'Arc (Saint Joan, courageuse de l'institution poli- 1957) avec Jean Seberg. tique qu'est le Vatican. Le film sort en 1963, l'année où Paul VI suc- Vers la fin de sa carrière, avec cède à Jean XXIII et devient pape, des films comme Exodus (1960) porteur nouvellement élu des es- ou The Cardinal (1963) c'est sur poirs du monde catholique. Bon le monde que Preminger pose un timing… regard lucide, un peu désenchan- té mais jamais cynique. Exodus Autre film dénonçant l'inégalité (1960) est le nom du navire sur sociale et le racisme, Hurry, lequel embarquent en 1947 Sundown (1967) qui se joue au quelque 600 Juifs échappés des lendemain de la Seconde Guerre camps de Chypre (sous contrôle Mondiale, en Géorgie. Dans un britannique) à destination de la climat tendu (digne de Tennessee Palestine (également sous man- Williams), un trust immobilier géré dat britannique). Le film, adapta- par des Blancs cherche à expro- tion du roman homonyme de Leon prier une famille noire en faisant Uris, s'achève sur une note de déclarer invalide son acte de pro- paix et d'espoir, en dépit des priété. Il ne manque ni les at- pertes humaines, et des dissen- taques du Ku-Klux-Klan, ni le juge sions entre les organisations sio- corrompu, ni les tentatives d'inti- nistes Irgoun (terroriste) et Haga- midation des riches blancs locaux. nah (défense et protection). Un Jusqu'à ce qu'une improbable et très beau film qui plaide pour la dangereuse union se fasse entre liberté, l'égalité et la tolérance. un Noir (Robert Hooks) et un couple de Blancs (Faye Dunaway C'est pour les mêmes principes et John Phillip Law) pour lutter que plaide The Cardinal (1963), contre les malversations des pro- histoire d'un jeune prêtre améri- moteurs immobiliers et des des-

7 cendants de grands propriétaires réussit à merveille à évoquer le esclavagistes. Porté par d'excel- quotidien cruel des camps, tout y lents acteurs (Jane Fonda incar- est dit, sur un ton léger, en évitant nant l'héritière d'une riche famille tout naturalisme. Un film pour tous locale), le film fait l'état des lieux les publics. La Vita è Bella (1997) d'une Amérique ségrégationniste n'a pas fait mieux. dans laquelle commencent à s'élever quelques voix pour l'égali- Dans In Harm's Way (1965), le té des droits. ton est plus sérieux pour parler de la déconfiture cuisante des Etats- Sur le ton de la comédie, Margin Unis à Pearl Harbour. Et de la for Error (1943) dénonce le na- préparation de la contre-offensive zisme et approuve le courage de par des officiers de la US Navy. ceux qui osèrent, dans la mesure Orchestrée par l'Amiral Torrey de leurs moyens, manifester (John Wayne), secondé par le contre la croix gammée. L'histoire Commandant Eddington (Kirk se déroule à la fin des années Douglas), la bataille navale 1930 sans doute, essentiellement s'achève par une écrasante vic- dans le consulat d'Allemagne à toire américaine, mais aussi par New York. Le réalisateur Premin- de nombreuses pertes humaines ger porte une double casquette, parmi ces hommes de devoir et jouant de son physique à la Stro- de bonne volonté. In Harm's Way heim et de son fort accent germa- ne juge pas l'Histoire, ne loue ni la nique : il joue le rôle du détestable guerre ni ceux qui la mènent, mais consul allemand, mari cruel et se penche sur les individus pris vicieux et suppôt fanatique d'Hi- dans l'engrenage du conflit. tler. C'est le personnage de poli- cier new-yorkais joué par Milton Advise and Consent (1962) nous Berle qui permet des intermé- offre une incursion dans les cou- diaires comiques : policier juif lisses du gouvernement améri- assigné à la protection du consu- cain. Entre adversaires, on lat, il n'est guère heureux de sa cherche les inévitables casseroles mission et ne s'en cache pas. Pis traînées par les autres. Un film encore : il tombe amoureux d'une intelligent, subtil, poignant, qui n'a soubrette allemande qui ne com- rien à envier à d'autres oeuvres prend pas un traître mot d'anglais. sur les dessous de la politique comme Primary Colors (1998, Dans In the Meantime, Darling Mike Nichols), Wag the Dog (1944), Preminger nous présente (1997, Barry Levinson) ou autre des épouses de soldats ayant The Ides of March (2011, George rejoint leur mari sur une base Clooney). militaire. Ils sont sur le point de partir pour l'Europe, nous sommes Quant à The Human Factor en pleine guerre (WW2). Par- (1979), il nous emmène parmi les quées dans une pension à condi- agents du MI 5 (Military Intelli- tion qu'elles aient la bague au gence, Section 5), responsable de doigt, elles vivent diversement les la lutte contre le terrorisme et du dernières heures avant le départ. contre-espionnage. Suite à des Entre comédie et drame psycho- "fuites", un agent du MI 5, sa logique, ce film montre un petit jeune épouse (interprétée par monde propret où chacun est prêt Iman, Mme David Bowie à la ville) John Wayne et Patricia Neal à (ou apprend à) faire son devoir et un ami et collaborateur dans le dans In Harm's Way envers la patrie. même service sont soupçonnés d'espionnage par les cadres de Stalag 17 (1953), réalisé par Billy l'organisation. Où on ne badine Wilder, donne un autre rôle de pas avec les irrégularités : on les méchant à Preminger : il est le élimine. Si vous avez vu et appré- Colonel von Scherbach, chef d'un cié le tout récent Tinker, Tailor, camp de prisonniers. Ce film Soldier, Spy/La Taupe de Tho-

8 mas Alfredson (2011), vous aime- duits, et de faire ainsi résonner le rez le climat de paranoïa qu'exude tiroir-caisse. Las de ce mercanti-

The Human Factor, et qu'Alfred- lisme qu'on lui impose et qui ne lui son a si bien su recréer. laisse de cesse, il s'enfuit dans la ferme de son enfance, au Nou- Et on ne peut évoquer Preminger veau-Mexique. Des vacances qui sans parler de The River of No lui donneront la force de dire non Return (1954), western mythique et l'occasion de tomber amoureux. issu de la collaboration orageuse fit effectivement entre Marilyn Monroe et Premin- une belle mais trop courte carrière ger. Robert Mitchum faisant of- à la scène et à l'écran. Au mo- fice de médiateur entre les deux. ment du film, il était au faîte de la Monroe est splendide, les dia- gloire. logues sont parfaits et même si les scènes de radeau agité par Difficille d'étiqueter Such Good les rapides nous font sourire tant Friends (1971) : critique sociale on voit qu'elles sont tournées en (des milieux de l'édition et des studio, cette histoire de fille per- arts, de leur immoralité et leurs due sauvée par un dur repenti mensonges et de leur égocen- est une merveille à revoir abso- trisme), ou image mordante des lument ! milieux médicaux qui vous tuent tout en prétendant vous soigner. Parmi les comédies, j'aimerais Les personnages sont peu sym- relever (1953), pathiques, souvent mesquins et dans laquelle une délicieuse ridicules. On n'a aucune empathie brune (Maggie McNamara, qui pour eux, ni pour le mourant, ni rappelle Audrey Hepburn) con- pour sa presque veuve, ni pour quiert par son franc-parler les ceux qui se prétendent ses amis.

personnages de séducteurs joués Un groupe de (faux) amis enfer- par William Holden et David Ni- més dans un cadre aussi clos que ven. Le dialogue est intelligent, la cage du hamster offert à un duo caustique, rafraîchissant et mené d'enfants. à un train d'enfer ! Mine de rien, Preminger défie le Code Hays Entre drame et comédie, Tell Me (code de censure) en truffant ses that You Love Me, Junie Moon dialogues d'allusions libertines ! (1970) rassemble trois marginaux, trois estropiés (un paraplégique Dans Danger, Love at Work homosexuel, une jeune femme (1937), histoire déjantée sur les défigurée et un épileptique) qui tribulations d'un jeune avocat pour décident de vivre ensemble et amener les huit membres plus ou joindre les forces contre une so- moins cinglés d'une même famille ciété qui les exclut. Une étonnante à signer un acte de vente. Rebon- Liza Minnelli dans le rôle de Junie dissements, quiproquos, répliques Moon. incisives, situations absurdes, Affiche de personnages farfelus, tout nous Et pour qui aime les "films noirs", fait rire, jusqu'au happy ending. Preminger n'a que du bon à pro- poser : de Laura (1944) à The Un petit coup de coeur pour Un- Man with the Golden Arm der Your Spell (1936), une co- (1955), en passant par Daisy médie musicale qui, tout en expo- Kenyon (1947), Whirlpool sant la tyrannie d'un manager (1949), Where the Sidewalk envers la star dont il gère la car- Ends (1950, The Thirteenth Let- rière, nous permet d'entendre la ter (1951) ou Angel Face (1952), voix superbe du baryton Lawrence Preminger décline toute la gamme Tibbett (1896-1960), qui joue un des obsessions, désespoirs, adul- peu son propre rôle. On le voit tères, crimes passionnels, traî- contraint de vendre son image, trises, complots machiavéliques d'endosser toutes sortes de pro- qui font l'essence même du film

9 noir qui s'achève généralement de Dandridge et Belafonte ne par un unhappy ending ! On a pu manquent pas d'étonner. Bela- revoir des légendes comme : fonte se présente comme "un Gene Tierney, Kim Novak, Jean activiste qui est devenu un acteur" Simmons, Linda Darnell ou autre et qui a lutté sans relâche pour Joan Crawford. Les atmosphères défendre la cause des Afro- de nuit, la beauté de la photo noir- Américains. Il a joué dans une blanc et la subtilité des éclairages vingtaine de films. À 85 ans, cet font de ces films de petites mer- octogénaire souriant n'a rien per- veilles. Et j'y ajouterais le thriller du de son punch et continue à psychologique Bunny Lake is militer pour l'égalité, regrettant Missing (1965) dont l'esthétique que d'autres stars afro- est celle du film noir. Mais peut- américaines (contemporaines, être pas l'intrigue : Ann, jeune qu'il a nommées, mais je ne répé- mère célibataire, annonce la dis- terai pas) ne se servent pas de parition de sa fillette dont per- leur notoriété pour faire de même. sonne ne semble se souvenir. L'inspecteur Newhouse (joué par La belle Dorothy Dandridge a eu Laurence Olivier) se demande si moins de chance que lui. Malgré cette enfant existe vraiment, ceci son renom à Hollywood, malgré d'autant plus que le frère d'Ann ses quelque trente films, elle eut évoque avec insistance la grande une vie courte (elle meurt à l'âge imagination de sa soeur. Dans un de 42 ans) et pas très heureuse. climat de fort suspense, les désé- Elle a partagé l'affiche trois fois quilibres psychologiques et pul- avec Harry Belafonte : dans sions meurtrières vont se révéler. Bright Road (1953, Gerald Même si la logique interne du film Mayer), Carmen Jones (1954) et m'a paru un peu boiteuse, le film Island in the Sun (1957, Robert est passionnant. Rossen). Ils auraient dû jouer les rôles-titres dans Porgy and Bess Enfin, last but not least, ce fut un (1959, Otto Preminger), mais Be- bonheur de redécouvrir Carmen lafonte refusa le rôle "pour des Jones (1954), une adaptation à raisons morales". C'est Sidney l'écran du musical d'Oscar Ham- Poitier qui le remplaça. Cette merstein, lui-même calqué sur adaptation à l'écran de l'opéra de l'opéra Carmen de Georges Bizet. George Gershwin est, vous le Le film a été primé à Locarno en savez sans doute, interdite par les 1955, mais longtemps interdit en héritiers du compositeur. Elle France par les héritiers de n'existe ni en 35 mm, ni en 16 Georges Bizet ! La musique du mm, ni en vidéo, ni en DVD. Pour film est celle de l'opéra, avec des notre plus grande frustration. ajouts originaux un peu jazzy. *** Tous les protagonistes sont noirs, J'espère vous avoir donné un le film se joue dans une usine avant-goût des films qui sortiront d'armement pendant la Seconde sur nos écrans dans les mois à Guerre Mondiale, sur une base venir. Et aussi une envie de dé- américaine. L'amour de la belle couvrir la rétrospective Otto Carmen va être fatal au soldat Preminger à la Cinémathèque Joe. Le couple tragique est joué de Lausanne en novembre pro- par Dorothy Dandridge et Harry chain. Belafonte. L'intrigue est poi- Et si le soleil, les terrasses et le gnante, les voix superbes, mais climat chaleureux de Locarno ce ne sont pas celles des comé- vous tentent, souvenez-vous que diens : Belafonte et Dandridge ont ce Festival tombe en pleines va- été doublés, à la demande des cances et que chacun y est le héritiers de Bizet qui voulaient de bienvenu. (SDS/2012) vraies voix d'opéra. Les carrières

______

10

Pour en savoir plus :

Le site officiel du Festival de Locarno : http://www.pardolive.ch/fr/Pardo-Live/today-at-the-festival

Article en anglais sur le réalisateur Otto Preminger et vue cri- tique de son oeuvre : http://sensesofcinema.com/2002/great-directors/preminger/

KEANEY, Michael F. : Film Noir Guide, Mc Farland 2003, en an- glais

BRION, Patrick : Le Film Noir - L'Âge d'Or du Film Criminel Américain d'Alfred Hitchcock à Nicholas Ray, Editions de la Martinière 2004

PREMINGER, Otto & COHEN, André-Charles : Otto Preminger, autobiographie, Collection Lattès-Cinéma et Littérature 1981

FUJIWARA, Chris : The Life and Work of OTTO PREMINGER, Editions Faber & Faber 2008, en anglais

Un article de Germain Sclafer du 18.01.2012 sur le film Exodus d'Otto Preminger et ses entorses à l'Histoire : http://tcmcinema.fr/2012/01/18/lexode-personnel-dotto- preminger/ ______Suzanne Déglon Scholer chargée de commu- nication PromFilm EcoleS, août 2012 / http://creativecommons.org/licenses/by-nc- nd/2.0/fr/

11