« Nous sommes tous rebelles syriens » L’indexation médiatique des quotidiens Le Monde, Libération et Le Figaro dans le cas du conflit syrien

Mémoire

Mélanie Rembert

Maîtrise en science politique Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

© Mélanie Rembert, 2015

Résumé

Ce mémoire s’intéresse aux liens qui existent, en , entre les médias et les autorités politiques, et cherche à savoir si la presse française, représentée par Le Monde, Libération et Le Figaro, a ajusté son discours à celui de ces autorités dans le cas du conflit syrien. Il transpose l’hypothèse de l’indexation de Bennett (1990) aux médias français pour déterminer si elle aurait pu prédire leur comportement quant à ce conflit. Partant du postulat que les autorités françaises ont toujours adopté un discours unique positif envers l’opposition modérée et négatif envers le régime syrien, les hypothèses testées via une analyse du contenu de ces quotidiens sur la Syrie entre 2011 et 2014 ont fait ressortir deux conclusions : la couverture médiatique analysée a été très homogène et similaire au discours des autorités françaises; généralement, les quotidiens se sont plus inspirés des témoins directs du conflit que des autorités françaises.

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Tables des matières

Résumé ______III

Tables des matières ______V

Liste des tableaux ______VII

Liste des figures ______IX

Remerciements ______XI

1. Introduction ______1

2. Cadre théorique ______3 2.1. Rôle des médias en démocratie ______3 2.1.1. Enjeux éthiques et fonctions traditionnelles des médias en démocratie ______3 2.2. Hypothèse de l'indexation ______8 2.2.1. Description ______8 2.2.2. État de la question ______12 2.2.2.1. Remise en question de l'indexation ______13 2.2.2.2. Vérification de l'indexation ______14 2.3. Les paradoxes du système médiatique français ______16 2.4. La presse, un média en mutation ______19

3. Questions et hypothèses de recherche ______23 3.1. Question générale ______23 3.2. Question spécifique et hypothèses ______24

4. Cas étudié et contexte ______29 4.1. Le conflit syrien ______29 4.1.1. Différents récits relatifs au conflit syrien ______30 4.1.1.1. Discours du régime syrien ______31 4.1.1.2. Récits des États, gouvernements ou organisations étrangers anti-Assad : États-Unis, Israël, Turquie, Qatar, Arabie Saoudite, Union Européenne ______33 4.1.1.3. Récits de l'opposition nationale et transnationale modérée______34 4.1.1.4. Récits des soutiens au régime syrien ______38 4.1.1.4.1. Iran ______38 4.1.1.4.2. Russie et Chine ______38 4.1.1.5. Récits ambivalents ______39 4.1.1.5.1. Opposition confessionnelle ______39 4.1.1.5.2. Palestine ______41 4.1.1.5.3. Al Qaida ______42 4.2. Postulat ______44

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5. Méthodologie ______49 5.1. Analyse de contenu quantitative ______49 5.1.1. Sélection des articles ______50 5.1.2. Construction de la grille d'analyse de contenu ______52 5.1.3. Procédure de codage ______56 5.1.4. Conditions de vérification des hypothèses ______57 6. Résultats ______59 6.1. Données descriptives et résultats préliminaires ______59 6.2. Vérification des hypothèses ______62 6.2.1. Hypothèse 1 ______62 6.2.2. Hypothèse 2 ______65 6.3. Analyse et interprétations des résultats ______67 6.3.1. Une couverture homogène dans son manichéisme ______68 6.3.2. Un récit majoritairement identique à celui du débat officiel ______73 6.3.3. L'importance des faits (articles factuels) : plus de faits, moins d'opinions? ______74 6.3.4. Une source d'inspiration médiatique incertaine, encore à élucider ______75 6.3.5. L'importance des sources étrangères ______78 7. Conclusion et limites ______83 7.1. Conclusion ______83 7.2. Apports et limites ______84 7.2.1. Une analyse empirique de deux objets peu étudiés : le système médiatique français et le conflit syrien ______84 7.2.2. Une transposition de l’indexation à trois quotidiens français politiquement différenciés _____ 86 Références ______89

Annexe 1 : Guide de codage ______93

Annexe 2 : liste des déclarations officielles analysées ______97

Annexe 3 : liste des articles analysés ______101

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Liste des tableaux

Tableau 1 : composition du débat ou discours officiel ______25 Tableau 2: récits adoptés quant au conflit syrien ______44 Tableau 3 : déclarations de l'Élysée ______46 Tableau 4 : déclarations du Ministère des Affaires Étrangères ______46 Tableau 5 : Questions orales ______47 Tableau 6 : répartition des articles de la population entre les différents niveaux d'analyse ______52 Tableau 7 : distribution des articles par quotidien ______59 Tableau 8 : distribution des articles de l'échantillon par types d’articles ______61 Tableau 9 : distribution des articles de l'échantillon par emplacement ______62 Tableau 10 : description du ton des articles ______63 Tableau 11 : fréquence du ton employé par les articles de l'échantillon ______64 Tableau 12 : fréquence du ton employé parmi les articles s'étant positionnés par rapport au débat officiel ______64 Tableau 13 : fréquence détaillée des sources ______66 Tableau 14 : fréquence d'apparition des sources en fonction de leur provenance ______67 Tableau 15 : répartition des types d'articles entre les trois quotidiens ______68

VII

Liste des figures

Figure 1: l'indexation ______11 Figure 2 : distribution des articles dans l'échantillon, par quotidien ______60 Figure 3 : distribution des articles dans l'échantillon et la population, par quotidien ______61 Figure 4 : fréquence d’apparition des sources en fonction de leur provenance ______67 Figure 5 : répartition des types d'articles entre les trois quotidiens ______69

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Remerciements

Ce mémoire est l’aboutissement d’un travail de longue haleine auquel nombreux sont ceux qui ont contribué par leur soutien, leurs conseils ou, tout simplement, leur écoute patiente.

Je tiens d’abord à remercier mes directeurs de recherche, Aurélie Campana et Thierry Giasson, pour leur accompagnement attentif, leur réactivité et leur sens du détail qui m’a appris à ne jamais me contenter du minimum.

Un remerciement particulier à Marc Bodet pour sa grande disponibilité, ses encouragements dynamiques et stimulants ainsi que sa prévenance mais, surtout, ses nombreux conseils méthodologiques.

Merci à Jonathan Paquin et Philippe Beauregard pour le temps qu’ils m’ont fait gagner en me fournissant la plupart des déclarations officielles analysées dans ce mémoire.

J’ai également pu compter sur le soutien de mes collègues du Groupe de Recherche en Communication Politique et de la Chaire de Recherche sur la Démocratie et les Institutions Parlementaires, sans oublier Alexandre (compagnon de bureau exceptionnel s’il en est un), Riel, Johanna, Françoise, Anthony, Philippe, Wilfried, Fiacre; l’expérience aurait été définitivement moins enrichissante sans votre présence et votre partage de connaissances.

À mes proches qui, ici ou à 6000km, m’ont encouragée, écoutée et, bien sûr, divertie tout au long de cette aventure, je vous dois la motivation que j’aurais eu du mal à trouver sans votre présence. Un merci très spécial à ma famille, mes amis et, bien sûr, Tristan.

Enfin, ce mémoire a été imaginé et rédigé avec une pensée particulière pour l’ami très cher qui m’a sensibilisée à la question syrienne, et qui se reconnaîtra. Merci à toi.

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1. Introduction

Qualifié de guerre civile par le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme (Le Devoir, 2011), le conflit syrien, qui aurait tué au moins 191.000 personnes entre son déclenchement et 2014 (Centre d'actualités de l'ONU, 2014), a fait l'objet d'une grande médiatisation en France, surtout à ses débuts. Ainsi, entre le 13 mars 2011, date qui marque le début du conflit, et le 13 mars 2014, on relève 10 171 articles contenant le mot clé Syri* publiés dans les quotidiens français Le Monde, Libération et Le Figaro, soit une moyenne de 23,54 articles par semaine pour chaque quotidien.

Or, la couverture du conflit syrien par les médias français a plusieurs fois été qualifiée de manichéenne, aux dépens du régime de Bachar al-Assad et largement orientée en faveur des rebelles et de l'opposition syrienne modérés. À titre d'exemple, certains notaient dès 2012 qu'il

n’[était] pas nécessaire d’être un partisan du régime du président Assad, mais simplement un observateur aimant la vérité pour être perplexe devant les récits d’atrocités liées à […] la guerre civile de Syrie. […] dès lors que sont annoncées des atrocités, la presse occidentale […] est quasi-unanime à en imputer immédiatement la responsabilité au régime (Hureaux, 2012).

Au sein même de la profession journalistique, d'autres remarquaient que

Si la férocité du régime [syrien] ne fait aucun doute, la manière dont certains médias relaient, sans les vérifier, les communiqués de tel ou tel groupe d’opposition et occultent le jeu de puissances comme l’Arabie saoudite, les États-Unis ou la Turquie relève plus de la propagande que de l’information (Amado et de Miramon, 2012).

Pour d'autres encore, il existerait un biais médiatique en faveur des rebelles, biais qui serait notamment dû à la restriction de l'accès au terrain et aux données relatives au conflit syrien, fortement contrôlé par l’Armée Syrienne Libre (Masson, 2012); ceci empêcherait « [l']accès à un discours critique à l’égard des rebelles » (Masson, 2012).

Toutefois, si les contraintes propres à l'activité journalistique en temps de conflit armé telles que la restriction de l'accès au terrain et aux données ont effectivement tendance à biaiser la manière dont les médias présentent les informations qu'ils récoltent (Mathien, 2001; Hecker, 2003; Charon et Mercier, 2004; Lits, 2004), d'autres facteurs pourraient expliquer une certaine forme de partialité journalistique, tels que la relation de dépendance entretenue par les journalistes avec leurs sources, notamment politiques (Gans, 2004; Bennett, 2012; Hubé, 2008). En effet, d'une manière générale, « La fabrication des nouvelles constitue une entreprise de construction à laquelle participent les journalistes, leur média et leurs sources » (Gingras, 2010 : 55). Or,

1 au sein de cette entreprise, les routines journalistiques de collecte de l'information sont à la fois structurées par le rythme du gouvernement et par l'accent que les journalistes mettent eux-mêmes sur les acteurs politiques possédant le pouvoir de mise en œuvre des politiques publiques (Hayes et Guardino, 2010 : 62). Principalement issue d'un souci d'efficacité économique (Weispfenning, 1993 : 50), la routinisation de l'information se traduit donc par une dépendance des journalistes à un réseau de sources restreint auquel ils font appel de manière récurrente et dont une grande partie est issue du gouvernement (Gingras, 2010 : 56 et 57). Ce constat fait écho à de nombreuses recherches sur la sociologie des salles de presse, qui documentent la manière dont les journalistes internalisent inconsciemment des cadres de références communs, notamment en raison de la pression journalistique organisationnelle (Althaus, 2003 : 384).

Or, le fait est que les autorités françaises qui se sont succédées depuis le début du conflit, sous les présidences Sarkozy et Hollande, n'ont jamais caché leur attachement à la cause des rebelles syriens, comme l'indiquent de nombreuses déclarations réalisées par toutes les autorités constitutives du « débat officiel français » ou « discours officiel français ».

Face à cette intuition, partagée au sein de la population française (D'Almeida et Delporte, 2010 : 335), qu'il existe une ressemblance entre discours médiatique et discours politique, ce mémoire s'interroge sur la relation qui lie, en France, les médias et les autorités politiques. Plus précisément, à partir de l'exemple de la médiatisation du conflit syrien, on cherche à savoir si la presse française adapte et ajuste son discours en fonction de celui des autorités politiques officielles.

Pour ce faire, ce mémoire se propose de transposer l'hypothèse de l'indexation formulée par Bennett (1990) au cas français afin de déterminer si elle aurait pu prédire le comportement des médias dans le cas du conflit syrien.

Avant de s'intéresser aux questionnements et aux réflexions ayant mené à cette proposition de manière plus détaillée (section 3), il s'agira d'abord de présenter le cadre théorique dans lequel cette étude trouve son ancrage (section 2). Fondée sur des enjeux éthiques relatifs au rôle des médias au sein d'un système démocratique (section 2.1), notre étude s'appuie sur l'hypothèse de l'indexation, qui cherche à savoir si les médias reproduisent le discours des autorités politiques nationales officielles (section 2.1). En fonction de l'état de la littérature ayant mis cette hypothèse à l'épreuve (section 2.2), nous en adapterons le modèle au cas du système médiatique français (section 2.3), et plus particulièrement au cas de la presse (section 2.4). Les résultats obtenus à partir de la méthodologie de recherche employée (section 5) seront explicités dans la section 6, et suivis d'une conclusion (section 7).

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2. Cadre théorique

2.1. Rôle des médias en démocratie

2.1.1. Enjeux éthiques et fonctions traditionnelles des médias en démocratie

En termes d'enjeux, s'interroger sur la relation qui existe entre les pouvoirs politiques et les médias soulève des interrogations quant au rôle de ces derniers au sein de la démocratie et de la sphère publique au sens habermassien1 du terme, que l'on peut directement associer au concept de liberté d'expression. Comme l'écrit Gingras (2010 : 11) « La liberté d'expression, qui comprend la liberté de presse, est la valeur cardinale des systèmes médiatiques en Occident, et la sphère publique, qui renvoie à un lieu de débat public [matériel ou immatériel grâce auquel la collectivité peut s'autogouverner], en constitue le concept clé et l'idéal ». Ainsi, les débats liés à la citoyenneté démocratique et à la participation mettent très souvent l’accent sur la nécessité, pour les citoyens, d'être capables de se placer dans une approche réflexive de remise en question : idéalement, le fonctionnement optimal du système démocratique exige que les citoyens soient capables de questionner les règles qui structurent le débat public, d'avoir conscience du cadrage qui limite et qui sous-tend ce dernier, et de débattre des politiques publiques, non seulement dans leur forme, mais également et surtout dans leurs fins substantives (Entman, 2004 : 162). Certains textes juridiques garantissent d'ailleurs la liberté des citoyens de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques, telles que la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, signée à Rome le 4 novembre 1950.

Or, historiquement mais aussi théoriquement, les médias, et plus particulièrement les journaux, constituent le premier lieu de représentation et d'expression de la pluralité d'opinions et de points de vue qui existent au sein du débat social. Agora moderne, ils offrent aux citoyens la possibilité de débattre de manière éclairée via une tribune où se confrontent, de manière libre et égalitaire, toute la gamme des idées relatives aux principaux enjeux de société. Entman (2004 : 2) note ainsi que « Ideally, a free press balances officials views with a more impartial perspective that allows the public to deliberate independently on the government's decisions ».

1 « For Habermas, the ideal public space […] facilitated reasoned deliberation, critical discussion, and tolerance of alternative arguments and viewpoints. In 18th-century Europe, Habermas envisaged the public sphere as a space for critical discussion, open to all, where people came together to exchange views and share knowledge. The process of deliberation in the public sphere encouraged the development of a rational and informed consensus in public opinion, he argued, which functioned as a check on state power. » (Norris, 2010 : 6)

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Condition non exclusive de l'existence d'une sphère publique au sein de la démocratie, les médias remplissent idéalement trois fonctions traditionnelles, qui constituent des idéaux-types : celle de « sentinelles » (watchdogs), de « déterminants de l'agenda » (agenda setters), et de « sélectionneurs » (gatekeepers).

La notion de sentinelle conçoit les médias comme un contre-pouvoir aux pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Selon cette conception, les médias devraient idéalement envisager le pouvoir avec un regard critique afin de protéger l'intérêt public de la corruption, de l'incompétence et de la désinformation. Cette fonction médiatique idéale implique à la fois une neutralité des médias en tant que diffuseurs d'une information impartiale, mais également une exigence d'investigation envers le pouvoir, voire de remise en question des dirigeants, le tout afin de maximiser la transparence du processus décisionnel et de servir l'intérêt public (Norris, 2010 : 16). Il est intéressant de constater que le rôle de la presse en tant que chien de garde de la démocratie est souvent rappelé par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, dans ses arrêts (Éveno, 2008a : 11).

Les médias conçus en tant que déterminants de l'agenda ont pour fonction de hiérarchiser l'importance des enjeux de société en choisissant d'attirer ou non l'attention de l'opinion publique et des dirigeants politiques sur certaines nouvelles. Les médias déterminent ainsi les nouvelles qui sont dignes d'intérêt pour l'opinion publique et les pouvoirs politiques, et tirent la sonnette d'alarme lorsque surviennent des enjeux d'importance majeure (Norris, 2010 : 17). Toutefois, de nombreux débats subsistent quant à la définition de la direction exacte de cette relation d'influence. Si la théorie de l'agenda setting envisage initialement les médias comme exerçant une influence indépendante sur les élites politiques et l'opinion publique, des versions alternatives de la théorie avancent plutôt l'idée d'une relation d'influence bidirectionnelle et fondée sur des interactions mutuelles où les médias serviraient à faire le lien entre les priorités des élus et celles des citoyens (Norris, 2010 : 18). Finalement, de manière intéressante pour notre étude, quelques théories suggèrent un rôle plus passif des médias, selon lequel ces derniers se contenteraient de suivre et de refléter les priorités des élites, les débats pré-existant au sein de l'opinion publique et le cours naturel des évènements internationaux (Norris, 2010 : 18).

Enfin, en tant que sélectionneurs, les médias sont supposés faire office d'agora traditionnelle et d'intérêt public au sein de laquelle s'expriment et se confrontent toute la gamme des intérêts, des partis et opinions politiques, et des points de vue existant au sein de la société (Norris, 2010 : 18). Ainsi, les médias constitueraient les gardiens, mais surtout les sélectionneurs d’évènements donnant accès à un débat public éclairé et pluriel nécessaire au bon exercice de la démocratie. En effet, « Balanced and inclusive coverage among a pluralistic range of independent news media sources is […] particularly important for encouraging a vital and lively rational deliberative process, representing all political persuasions and viewpoints. » (Norris, 2010 : 18). Cette

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fonction idéale attribuée aux médias pourrait contribuer à expliquer certains choix médiatiques de sélection et de hiérarchisation des nouvelles.

Dans cette perspective, la capacité des médias d'offrir un espace de débat éclairé et de libre discussion à la fois aux dirigeants, mais également aux citoyens, et de toucher de larges segments de la population, en fait « des outils constitutifs des luttes politiques, que celles-ci se déroulent dans un cadre démocratique ou autocratique. » (Chupin et al., 2012: 5). Ceci est d'autant plus vrai que les médias constituent généralement la première source d’information des citoyens, plus particulièrement lorsqu'il est question de politique étrangère (Mermin, 1999 : xi2; Entman, 2004 : 1633). En effet,

The elite media continue to be the major source of information on U.S. foreign policy for Americans, especially those near the middle of the political spectrum who are not the most dedicated observers of public affairs, but who often end up deciding elections. It is true that alternative sources of news and commentary are available to citizens who have the motivation and the resources to track them down. But on questions of foreign policy such citizens are few and far between (Mermin, 1999 : xi).

En résumé, les médias

pèsent […] sur les modalités d'exercice du pouvoir. Ils offrent aux gouvernants des ressources (pour prescrire des comportements, légitimer l'action de l'État ou mobiliser la population) mais aussi des contraintes puisque leur activité est virtuellement placée sous le regard d'un public plus ou moins étendu. Instruments des batailles politiques, les médias sont par conséquent l'un des enjeux de ces affrontements. Leur développement est étroitement dépendant de l'évolution des régimes, des législations et, plus généralement, des rapports de forces sociaux. On ne peut donc concevoir d'histoire des médias sans s'intéresser aux efforts successifs des acteurs politiques pour monopoliser, contrôler, encadrer ou réguler l'univers médiatique. (Chupin et al., 2012 : 5).

Ainsi, « le choix de l'actualité et son énonciation ne sont pas neutres politiquement » (Hubé, 2008 : 9) dans la mesure où les médias, de par leurs fonctions précédemment évoquées, participent à la construction d'une certaine vision du monde.

À la fois ressources et contraintes pour conquérir, exercer ou influencer le pouvoir, les médias s'inscrivent au cœur du jeu démocratique, même si avec la professionnalisation et l'autonomisation du métier de journaliste, ce rôle s'est modifié. Reste que les médias participent

2 « The great majority of Americans still get their foreign-policy news from newspapers and television, not from specialized web sites or magazines. It is therefore essential to understand and critique their performance ». 3 « The problem with democracy in foreign policy is that public opinion […] may be poorly informed or driven by emotion and deference to authority ».

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à la construction et à la diffusion d'une « culture de masse », « forme particulière de traduction des rapports sociaux en représentations culturelles (Hubé, 2008 : 9).

Or, les informations transmises par les journalistes et les médias résultent de « choix dans la construction de l'actualité qui les engagent aussi aux yeux de l'Histoire » (Lits, 2004 : 24), impliquant une certaine responsabilité sociale des médias.

Dans ce contexte, la question centrale à ces enjeux consiste à se demander si, dans les faits, les médias remplissent effectivement le rôle idéal de sphère publique qui leur est attribué, libres de toute influence politique : « Does the […] press, protected legally from the influence and constraints of government control, with journalists guided by principles of objectivity, maximize democratic possibilities, or must we instead understand this legal and professionals claims to be made within a particular social context and to serve the requirements of a particular social order ? » (Rachlin, 1988 : 3).

Considérer que les médias, et plus particulièrement la presse, maximisent effectivement les possibilités démocratiques nous rapproche des concepts de sphère publique et de liberté d'expression. Au contraire,

if the evidence shows that journalists are letting actors inside the government set the terms and boundaries of foreign-policy debate in the news, then the free press is voluntarily surrendering to the government an essential element of its power under the first Amendment. Under these circumstances the press would be failing to play its full part in the constitutional system (Mermin, 1999).

Dans ce cas, les médias s'apparenteraient davantage à des « appareils idéologiques » servant le pouvoir en place (Gingras, 2010 : 11), et exerçant éventuellement une fonction de propagande, qu'Habermas définit comme « the use of communication as an instrument of power rather than as a medium of dialogue » (Hallin, 1994 : 4). Ainsi, s'il s'avérait que les détenteurs du pouvoir soient capables de modeler les tenants, les aboutissants et la forme du débat officiel, et ainsi d'influencer l'opinion publique, le fonctionnement idéal du système démocratique se situerait bien loin de la réalité.

Ces questionnements et enjeux ont été développés de manière approfondie par plusieurs théories que l'on peut regrouper sous l'appellation de « Manufacturing consent » : en effet, elles cherchent à savoir dans quelles mesures les médias constituent des appareils idéologiques pouvant permettre au pouvoir en place de fabriquer un consensus et un consentement au sein de la société.

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En premier lieu, l'hypothèse de l'hégémonie initialement développée par Herman et Chomsky (1988) et Rachlin (1988) postule qu'il existe une réelle volonté des autorités politiques de contrôler la circulation de l'information de manière à orienter le débat démocratique dans une direction unique. Ainsi,

Hegemony theorists believe that government officials keep the information available to the public within such narrow ideological boundaries that democratic deliberation and influence are both but impossible. Although these scholars acknowledge that leaders sometimes conflict with each other, they stress elites' agreement on first principles, a harmony that impedes the flow of independent information and consistently (although not inevitably) produces progovernment propaganda – and public consent or acquiescence to White House decisions (Entman, 2004 : 4).

En second lieu, l'hypothèse de l'indexation (Bennett, 1990 ; Hallin, 1986 ; Mermin, 1996 ; Althaus, 1996 et 2003 ; Zaller et Chiu, 1996) stipule plutôt que les médias ajustent leurs discours en fonction du débat politique officiel, ce qui implique que les nouvelles reflètent toute la gamme d'opinions exprimées au sein du débat officiel. Donc, « Contrary to the hegemony view, indexing theorists believe that when elites disagree about foreign policy, media reflect the discord […], and that means their rôle, though still limited, transcends mere transmission of propaganda » (Entman, 2004 : 4).

Parmi ces travaux, ce mémoire s'appuiera essentiellement sur l'hypothèse de l'indexation (indexing hypothesis) et tentera de transposer le modèle de Bennett (1990), essentiellement développé aux États-Unis, pour voir si ses prédictions sont vérifiées dans le cas français. Ce modèle est particulièrement intéressant pour une étude qui cherche à savoir si et, le cas échéant, à quel point les discours médiatiques et politiques sont similaires, car il met justement l’accent sur le degré de variété du discours des médias comparé à celui des autorités politiques officielles. Il laisse également la place à la possibilité d’un discours médiatique varié qui reflèterait toute la gamme des points de vue exprimés au sein des autorités politiques officielles, ce qui permet d’envisager les médias comme des acteurs un peu plus objectifs que ne le fait l’hypothèse de l’hégémonie. Ceci est d’autant plus vrai que le modèle de l’indexation conçoit davantage les médias comme des acteurs dotés d’un pouvoir d’initiative que comme de simples exécutants à la solde du pouvoir politique. De plus, à notre connaissance, ce modèle n’a encore jamais été testé en France, où les liens entres les autorités politiques officielles et les médias sont pourtant questionnés (sections 2.3 et 2.4).

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2.2. Hypothèse de l'indexation

2.2.1. Description

Les prémisses de l'hypothèse de l'indexation ont été posées par une étude d'Hallin, en 1986. Dans cet ouvrage, Hallin (1986) examine l'hypothèse selon laquelle les médias auraient joué un rôle d'opposition à la politique officielle des États-Unis durant la guerre du Vietnam; selon son analyse, une couverture médiatique critique de cette politique n'est apparue qu'après que certaines sections de l'élite politique de Washington se soient prononcées contre la guerre (Robinson, 2002 : 13). Ainsi, « as political divisions increased in the United States, journalists shifted along the continuum from a more cooperative or deferential to a more "adversarial" stance toward officials and their policies » (Hallin, 1986 : 9). Cela signifie que, bien que les journalistes américains n'aient exploité qu'un nombre limité de sources (sans en changer) tout au long de la Guerre du Vietnam, ils auraient reflété tout l'éventail d'opinions formulées par ces sources, y compris celles qui étaient défavorables ou critiques envers la politique américaine (Hallin, 1986 : 10). Cette vision conçoit la Guerre du Vietnam et la période du Watergate comme « a time when the media "came of age", [which means] both that the media became more autonomous in relation to government and the professional journalist more autonomous within the news organization » (Hallin, 1986 : 9). Pour Hallin (1986 : 10) :

In situations where political consensus seems to prevail, journalists tend to act as « responsible » members of the political establishment, upholding the dominant political perspective and passing on more or less at face value the views of authorities assumed to represent the nation as a whole. In situations of political conflict, they become more detached or even adversarial, though they normally will stay well within the bounds of the debate going on within the political « establishment », and will continue to grant a privileged hearing particularly to senior officials of the executive branch.

La variété du discours des médias semblerait alors intimement liée au degré d'unité du débat politique officiel, mais aussi au niveau de consensus existant dans la société en général (Hallin, 1986 : 213).

Dans un article publié en 1990, Bennett propose un cadre théorique général aux propositions qu'Hallin a formulées avant lui. Son étude constitue une analyse, sur quatre ans, des nouvelles liées à l'enjeu du Nicaragua publiées par le New-York Times. Elle vise à tester l'idée selon laquelle les nouvelles seraient implicitement indexées sur les dynamiques du débat politique officiel sans être liées, ou très peu, à l'opinion publique telle qu'elle est exprimée (Bennett, 1990 : 3).

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À travers cette théorie, Bennett (1990) cherche à fournir un cadre théorique unique aux différentes théories explicatives des relations entre la presse et l'État aux États-Unis, et aux explications précédemment avancées par la littérature4 à l'idée selon laquelle les médias de masse utiliseraient les autorités politiques officielles comme sources pour la plupart des nouvelles qu'ils rapportent.

L'hypothèse centrale à l'étude de Bennett (1990 : 106) sur les relations entre la presse et le gouvernement est ainsi formulée :

Mass media news professionals, from the boardroom to the beat, tend to “index” the range of voices and viewpoints in both news and editorials according to the range of views expressed in mainstream government debate about a given topic.

This working hypothesis implies that “other” (i.e., non-official) voices filling out the potential universe of news sources are included in news stories and editorials when those voices express opinions already emerging in official circles. Such a finding would imply that the media have embraced the first element of our aforementioned cultural ideal (i.e., emphasis on institutions, deemphasis of direct popular expression) while abandoning the important companion principle calling for publicizing popular opposition in the face of unrepresentative or irresponsible institutions. Evidence supporting the indexing hypothesis would suggest that the news industry has ceded to government the tasks of policing itself and striking the democratic balance.

Avant toute chose, il convient de clarifier l'expression « mainstream government debate », que nous traduirons en français par « débat officiel » ou « discours officiel » de manière interchangeable, afin d'alléger le texte en évitant les répétitions. Ce concept constitue l'une des pierres angulaires du modèle de l'indexation, mais demeure flou si on se base seulement sur l'étude de Bennett (1990). En 1996, Althaus et al. ont explicité ce concept en distinguant entre trois segments de l'autorité politique américaine auxquels il réfère : (1) l'ensemble des autorités gouvernantes; (2) la branche exécutive ou l'administration, qui initie la politique étrangère; et (3) l'opposition officielle, que les médias identifient généralement au sein des membres du parti d'opposition au Congrès (Althaus et al., 1996). Ensemble, l'administration et ses détracteurs au Congrès constituent l'autorité gouvernante. Selon cette acceptation, l’expression « discours officiel » ou « débat officiel » désigne en fait le

4Selon une première explication (1), le caractère restreint des opinions exprimées dans les récits de nouvelles ne résulterait pas d'un processus de censure, mais plutôt de décisions professionnelles de routine relative aux faits et aux personnes que les médias devraient couvrir compte tenu de leurs ressources limitées (Bennett, 1990 : 103). De plus (2), la prédominance des voix officielles dans les nouvelles serait également due à la relation symbiotique qui existe entre les journalistes et les personnalités officielles (Bennett, 1990 : 103). Cette relation permet à la fois aux politiciens d'aiguiser leur part de fabrication de nouvelles, et aux journalistes de remplir les lacunes quotidiennes dans l'information grâce à un approvisionnement régulier de matériel économique et bien produit (Bennett, 1990 : 103). Une dernière explication (3) consisterait à avancer que la presse agit de manière responsable et démocratique en favorisant l'opinion des fonctionnaires qui, après tout, représentent les citoyens (Bennett, 1990 : 103). Pour Althaus (2003 : 384), la mémoire et l'environnement immédiats des journalistes jouent aussi un rôle.

9 discours des autorités politiques officielles au sens large, et est donc plus inclusive qu’une interprétation purement institutionnelle qui n’y verrait que le discours du pouvoir exécutif.

D'un point de vue linguistique, l'indexation désigne la « variation automatique, au cours du temps et en fonction d'un indice déterminé », de la valeur d'une variable (Larousse, 2015). De la même manière, le fait d'indexer signifie « lier la variation d'une valeur à celle d'un élément pris comme système de référence » (Larousse, 2015). En l’occurrence, le discours médiatique constitue la variable dépendante, et le discours ou débat officiel la variable indépendante, c'est à dire celle qui est prise comme système de référence ou comme indice faisant varier le discours médiatique.

L'hypothèse de l'indexation ainsi clarifiée implique que les journalistes (1) utilisent en priorité et la plupart du temps les sources politiques officielles, mais peuvent également s'appuyer sur des sources non-officielles lorsque celles-ci expriment une ou des opinions déjà exprimées au sein du débat officiel, puisque les sources officielles agissent ici comme système de référence et (2) ajustent la variété de leurs discours en fonction du degré de consensus présent au sein du débat politique officiel : plus la gamme d'opinions formulées au sein du débat politique officiel sera large, plus le discours des médias sera varié. Inversement, plus la gamme d'opinions formulées au sein du débat politique officiel sera restreinte, moins le discours des médias sera varié.

Lorsqu'elle est absolument parfaite, cette dynamique peut être illustrée par le schéma suivant, ou 0 équivaut à « non varié » et 10 à « très varié » :

10

Figure 1: l'indexation

En particulier, lorsque le débat politique officiel sera consensuel, en faveur d'une opinion unique, le discours des médias ne présentera aucune variété et prendra la forme de ce que nous appellerons un « alignement » total sur le débat officiel (point 0;0 sur le schéma). Ce cas constitue un cas extrême, à la limite du modèle de Bennett.

Cette conception du journalisme suppose notamment que la possibilité d'existence d'un débat réellement démocratique au sein de la société, via les médias, est conditionnée par les intérêts conflictuels et autres incitations électorales qui orientent le discours des autorités politiques officielles.

Ainsi,

Through the interplay of power, state priorities, and national elections, such a system might work fairly well in representing popular sentiments on some issues (e.g., abortion), while either ignoring or propagandizing popular views in other areas (e.g., national security and foreign policy). The press in this system might be seen to have settled for a comfortable role as “keeper of the official record” while abdicating its traditional mandate to raise an independent “voice of the people” under appropriate circumstances (Bennett, 1990 : 106).

Toutefois, l'hypothèse de l'indexation constitue une norme générale destinée à expliquer le comportement des organismes de presse principaux, ceux qui définissent les standards de presse professionnels et qui influencent l'agenda quotidien de nouvelles (Bennett, 1990 : 107). D'abord, cela implique un postulat selon lequel ces organismes produisent une couverture médiatique homogène, à la fois dans le temps mais aussi

11 dans leur contenu. Ensuite, cela veut dire que les agences de presse à plus petite audience soumises à l'emprise d'objectifs idéologiques ou de goûts locaux peuvent dévier de cette norme. Cette hypothèse est également destinée à s'appliquer aux comptes-rendus médiatiques des évènements, des crises, et des politiques de tous les jours plutôt qu'aux couvertures d'évènements spéciaux tels que des élections, qui sont susceptibles d'être soumis à un rituel normatif qui leur est propre (Bennett, 1990 : 107).

Il convient aussi de préciser que, même au sein du débat politique officiel, la probabilité qu'une opinion soit relayée par les médias varie en fonction du statut de la source : les médias ont davantage tendance à faire écho aux opinions exprimées par des sources issues du débat officiel susceptibles d'influencer l'issue d'un enjeu qu'aux opinions formulées par des sources marginalisées au sein du débat officiel (Bennett, 1990). « Hence, the indexing hypothesis applies most centrally to the question of how the range of positive, legitimate, or otherwise “credible” news sources is established by journalists » (Bennett, 1990 : 107).

Enfin, si des opinions externes au débat officiel sont parfois admises dans les comptes-rendus journalistiques, les circonstances entourant de telles inclusions impliquent souvent de la désobéissance civile, des protestations, ou des actes illégaux qui engendrent des contextes d'interprétation négatifs de ces voix (Bennett, 1990 : 107).

2.2.2. État de la question

Tel que mentionné précédemment, il convient d'abord de noter que l'essentiel des études à notre connaissance portant sur l'hypothèse de l'indexation ont été réalisées aux États-Unis, à quelques exceptions près (comme celle d'Eilders et Lüter, 2000).

Ainsi, plusieurs chercheurs ayant examiné la couverture médiatique d'enjeux de politique étrangère aux États- Unis ont trouvé des conclusions remettant en cause l'hypothèse de l'indexation (notamment Entman et Page, 1994; Livingston et Eachus, 1996; Althaus, Edy, Entman et Phalen, 1996; Mermin, 1996; Althaus, 2003; Entman, 2004; Hayes et Guardino, 2010), ce qui a conduit Livingston et Bennett (2003) à parler d'une « presse semi-indépendante » (semi-independent press).

Au contraire, de nombreuses conclusions vont dans le sens de l'hypothèse de l'indexation, comme celles avancées par Zaller et Chiu (1996), Livingston et Bennett (2003), Bennett, Lawrence et Livingston (2006 et 2007), Bennett (2012).

12

2.2.2.1. Remise en question de l'indexation

Dans certains cas marginaux, les journalistes exercent un pouvoir discrétionnaire considérable pour transmettre des opinions opposées à celle de l'administration officielle, et les nouvelles ne sont pas indexées sur la variation et l'évolution du débat officiel (Althaus, 2003 : 404). Dans d'autres cas, la couverture médiatique est quasiment équilibrée et les critiques envers la politique de l'administration officielle sont presque autant rapportées que les opinions favorables à cette politique : l'attention accordée par les médias aux deux camps est proportionnelle au degré de pouvoir dont disposent leurs sources sur la politique en jeu (Entman et Page, 1994 : 84). Dans ces cas-là, l'indexation des nouvelles sur le débat officiel peut s'exprimer à travers la qualité des informations transmises plutôt qu'à travers leur quantité : l'information critique la plus rapportée n'est pas toujours la plus pertinente ni la plus fondamentale (Entman et Page, 1994 : 84).

Une analyse du contenu du New York Times durant la crise entre les États-Unis et la Libye (1985-1986) démontre que, si l'hypothèse de l'indexation est efficace pour prédire le comportement des médias, elle nécessite malgré tout d'être raffinée puisqu'elle anticipe des résultats différents selon ses interprétations (Althaus, Edy, Entman et Phalen, 1996). Par exemple, l'hypothèse de l'indexation peut être vérifiée si on se base sur la visibilité conférée à une opinion dans les Unes et les pages de couverture, mais infirmée si on se concentre sur les sources les plus citées ou sur le nombre de citations soutenant cette opinion dans le contenu des articles (Althaus, Edy, Entman et Phalen, 1996). Parfois, les médias ne présentent pas de politique alternative à celle défendue par l'administration, mais tendent à débattre des risques et des mérites de cette politique, comme si elle était la seule à envisager (Althaus, Edy, Entman et Phalen, 1996).

Ainsi, « when conflict is not found among official sources, reporters try to fulfill the ideal of independent, balanced coverage by finding conflicting possibilities in the efforts of officials to achieve the goals they have set » (Mermin, 1996 : 182).

Plus récemment, Hayes et Guardino (2010) ont soulevé l'importance du rôle des sources officielles étrangères dans la couverture journalistique d'un enjeu de politique étrangère. Leur analyse des nouvelles proposées par trois chaines de télévision américaines durant la période précédant l'invasion de l'Irak par l'administration Bush (août 2002 à mars 2003) a montré qu'en l'absence de désaccord politique à l'interne, les sources officielles étrangères qui s'opposaient à la guerre avaient fréquemment été représentées par les télévisions étudiées. Autrement dit, les journalistes sont parfois obligés de recourir aux opinions des sources officielles étrangères

13 pour respecter un certain standard d'objectivité lié à leur profession, en particulier lorsqu'il y a consensus au sein des dirigeants nationaux (Hayes et Guardino, 2010 : 63).

Cette idée d'élargir la notion de « débat officiel » propre à l'hypothèse de l'indexation afin d'y inclure les sources officielles étrangères avait déjà été abordée après la fin de la Guerre Froide (Althaus et al., 1996; Althaus, 2003; Entman, 2004; Entman et Page, 1994; Livingston et Eachus, 19965). L'appel à ces sources pourrait d'ailleurs constituer un signe d'autonomie des médias (Althaus et al., 1996).

Dans certains cas, les journalistes se sentent également moins obligés de s'ajuster au discours officiel (Althaus, 2003 : 385), notamment lorsqu'ils ont des raisons de croire que le débat relatif à un enjeu s'est étendu jusqu'à inclure des groupes non officiels ou des citoyens ordinaires (Bennett et Klockner, 1996).

Dans la continuité de Bennett, Entman (2004) propose le modèle de l'activation en cascade qui vise notamment à expliciter le lien entre le cadrage préféré de la Maison Blanche et les cadres qui apparaissent effectivement dans les nouvelles. Ce modèle s'éloigne de l'hypothèse de l'indexation traditionnelle, mais également du mandat que s'est donné la présente étude, et ne sera donc pas retenu ici. En effet, ce mémoire a pour vocation d'étudier le discours produit par certains médias, et uniquement ce discours. Or, la mise à l'épreuve du modèle de l'activation en cascade impliquerait une étude du discours des élites politiques qui outrepasserait nos objectifs de recherche. De plus, le modèle d'Entman (2004) se situe dans une approche mettant davantage l'accent sur l'influence exercée par les élites politiques sur les médias, tandis que nous cherchons plutôt à savoir si les médias choisissent, de leur propre initiative, de reproduire le discours des autorités politiques. L'approche que nous avons choisie, celle de l'indexation, nous a donc paru pertinente dans le sens où elle laisse plus de place aux choix éditoriaux et rédactionnels des médias, les responsabilisant davantage face à ces derniers.

2.2.2.2. Vérification de l'indexation

Les résultats de Zaller et Chiu (1996) ont confirmé l'hypothèse de l'indexation mais aussi révélé une tendance des médias à outrepasser les prédictions de l'indexation non seulement en ajustant leurs discours en fonction du débat officiel, mais aussi en fonction du contexte international : dans le contexte de Guerre Froide sur lequel portait leur étude, les médias ont eu tendance à être encore plus belliqueux que les sources officielles

5Dans un contexte post-Guerre Froide, les acteurs politiques ont plus de marge de manœuvre pour critiquer la politique étrangère des États-Unis, et les journalistes plus de marge de manœuvre pour critiquer celle-ci (Livingston et Eachus, 1996).

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lorsque les États-Unis rencontraient un ennemi communiste, et plus pacifiques lorsque les États-Unis subissaient un revers militaire.

Plus récemment, une étude (Bennett, Lawrence et Livingston, 2006) a montré que les principales organisations médiatiques américaines s'étaient alignées sur la position consensuelle de l'administration Bush dans le cadre du scandale de la prison d'Abu Ghraib, position qui a eu tendance à marginaliser et à minimiser l'ampleur des exactions commises par les États-Unis. Dans ce cas, l'analyse de contenu de la couverture réalisée par le Washington Post, CBS Evening News et un échantillon de journaux nationaux a confirmé les prédictions de l'hypothèse de l'indexation.

Ces résultats concordent avec ceux de Bennett, Lawrence et Livingston (2007), qui montrent que la presse américaine a proposé une couverture partiale des enjeux de politique étrangère survenus aux États-Unis entre la fin des attaques du 11 septembre 2001 et le milieu du second mandat de George W. Bush. Durant cette période, les médias se sont fortement alignés sur la position de l'administration Bush, tout particulièrement lorsque aucune voix issue des autres cercles de pouvoir (comme l'opposition démocrate) ne contestait cette position (Bennett, Lawrence et Livingston, 2007 : 10). Malgré leur disponibilité, la presse a donné une place marginale aux sources alternatives et crédibles susceptibles de remettre en cause la position de l'administration officielle (Bennett, Lawrence et Livingston, 2007 : 10). Seule la couverture médiatique de l'ouragan Katrina démontre plus d'indépendance, et fait ainsi exception à la règle selon laquelle la presse est globalement dépendante du gouvernement (Bennett, Lawrence et Livingston, 2007 : 10).

Des résultats similaires ont été avancés par Livingston et Bennett (2003), selon lesquels les sources gouvernementales sont toujours les plus citées dans le cas des évènements spontanés, et ce même depuis l'apparition de nouvelles technologies.

De nombreuses autres études confirment encore l'hypothèse de l'indexation (Alexseev et Bennett, 1995; Bennett et Manheim, 1993 ; Dorman et Livingston, 19946;Bennett, 2012), dont une allemande (Eilders et Lüter, 2000) et, dans une moindre mesure, une analyse de Robinson (2002) portant sur « l'effet CNN »7.

Comme on peut le voir, l’hypothèse de l’indexation a uniquement été testée aux États-Unis, à une exception près (Eilders et Lüter, 2000). A notre connaissance, cette hypothèse n’a jamais été mise à l’épreuve dans le

6« By and large, journalists failed to examine U.S. policy claims, moral or otherwise, within the context of alternative historical settings. […] In this regard, journalists tended to perform as passive « chroniclers » rather than active « examiners » […] » (Dorman et Livingston, 1994 : 75). 7 Cet effet est défini comme « the generic term for the ability of real-time communications technology, via the news media, to provoke major responses from domestic audiences and political elites to both global and national events » (Robinson, 2002 : 2).

15 cas français. Face aux nombreux paradoxes sur lesquels repose le système médiatique français (section 2.3), nous nous proposons donc de nous attarder sur le cas de la presse française (section 2.4).

2.3. Les paradoxes du système médiatique français

Historiquement issu de la Révolution de 1789 et de la philosophie des Lumières, et concrétisé par la loi du 29 juillet 1881, le concept de liberté d'expression appliqué à la presse s'est progressivement construit, en France, sur une doctrine libérale de l’information (Balle, 2011 : 272; Charon, 2013 : 10-15). Hormis le pluralisme de l'information, principe qui rappelle le caractère essentiel de la « pluralité et [de] la variété des sources et des organes d'information », cette doctrine invoque également le refus du principe d'autorité (Balle, 2011 : 272). Or, de manière très intéressante pour notre étude, le refus du principe d'autorité postule qu'il n'existe pas une source unique de vérité (Balle, 2011 : 272). Autrement dit, « elle se refuse à admettre que la vérité […] puisse jamais être le privilège d'un seul homme ou d'une seule classe. En ce sens, la doctrine libérale s'oppose à toute tentative pour trancher de la vérité par voie d'autorité. » (Balle, 2011 : 272).

Premier instrument historique de la liberté d'expression, donc, la presse française évolue pourtant aujourd'hui dans un espace concurrentiel où l'exercice de celle-ci a été continuellement aménagé afin qu'elle soit effective, mais aussi de ne pas entraver d'autres libertés (Balle, 2011 : 267; Charon, 2013 : 27-30; Hubé, 2008 : 48-49). Certaines de ces dispositions, souvent juridiques, soulèvent des interrogations éthiques notamment quant au fondement libéral de la liberté de la presse évoqué plus haut. En particulier, l'aide économique consentie aux journaux par l'État afin de garantir aux citoyens la pluralité et la liberté de la presse expose l'indépendance de celle-ci à de potentiels conflits d'intérêt qui risquent de la menacer (Balle, 2011 : 322). De manière paradoxale, les entreprises de presse se retrouvent en fait dans une relation de dépendance vis à vis des aides qui leur sont accordées par l'État. Et

Face à l'incapacité des journaux politiques à étendre leur lectorat payant, le pluralisme du marché médiatique reste pour l'heure conditionné au « bon vouloir » des puissances publiques et privées […]. Si la participation de la presse au débat politique a été historiquement rendue possible par la suppression des entraves étatiques, seule l'intervention de l'État permet aujourd'hui aux journaux de satisfaire cet impératif civique (Chupin et al., 2012 : 111 et 112).

Bien qu'elle ne touche pas la presse, la réforme de l'audiovisuel lancée par Nicolas Sarkozy en 2008 constitue une bonne illustration de la dépendance des médias français au pouvoir politique (Chupin et al., 2012 : 112; D'Almeida et Delporte, 2010 : 341). De la même manière, cette relation de dépendance se manifeste souvent

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par les liens très étroits qui existent entre le milieu politique et ce que l'on peut qualifier d'élite des journalistes (D'Almeida et Delporte, 2010 : 337; Rieffel, 1984) : « Des origines sociales communes, un parcours universitaire analogue, des amitiés anciennes forgées au temps où ils étaient étudiants, constituent le socle d'une complicité nourrie par les mêmes réseaux de sociabilité » (D'Almeida et Delporte, 2010 : 337-338). Cette proximité tend à être renforcée par une activité professionnelle au cours de laquelle ces journalistes sont constamment amenés à graviter en orbite des dirigeants politiques. Ainsi « naissent des liens de confiance qui peuvent tourner à la connivence et aliéner l'indépendance du journaliste. » (D'Almeida et Delporte, 2010 : 338).

Également redéfini lors de la Libération (Eveno, 2008 : 18-29; Hubé, 2008 : 48-74), avec laquelle l'État s'est vu attribuer un rôle de garant des libertés mais aussi de régulateur du fonctionnement du marché (Hubé, 2008 : 48), le système médiatique et de presse français a depuis connu de nombreuses évolutions économiques. Concentration de la presse, apparition des journaux gratuits et des médias sociaux, place grandissante de la publicité dans les médias... Ces transformations économiques ont contribué à réduire les risques d'emprise des autorités politiques sur les médias ainsi que la possibilité de censure des nouvelles par le pouvoir politique telle qu'elle était pratiquée durant la Première et la Seconde Guerre Mondiale ou sous la présidence du Général de Gaulle (Chupin et al., 2012; Corroy et Roche, 2010: 40-44; D'Almeida et Delporte, 2010; Georgakakis, 2004 : 74-78). En effet, constamment observée et convoitée par les pouvoirs politiques en tant qu'instrument idéal de contrôle de l'opinion publique, la presse s'est souvent appuyée sur les ressources du marché pour s'affranchir de cette contrainte, apparaissant alors comme un « acteur politique lié aux puissances d'argent » (Éveno, 2008a : 11). Industrie à part entière, la presse est actuellement contrainte de se soumettre aux lois et règlementations qui régissent le développement de toute entreprise commerciale dans un système économique dont elle subit parfois de lourdes pressions (de la part de groupes financiers, d'annonceurs, etc.) (D'Almeida et Delporte, 338). Par exemple, le jeu de la concurrence a conduit, en France, à une forte concentration de la presse (Éveno, 2008a : 12). De plus, la logique économique marchande et de rentabilité s'est concrétisée par une tendance à la marchandisation de l'information, au risque de dégrader la qualité de celle-ci (écriture dans l'urgence, contraintes de temps, recrudescence du fait divers, course au scoop, etc).

Le journalisme français […] a pris des habitudes que la concurrence a eu tendance à cristalliser. Ainsi en est-il de la confiance dans les sources institutionnelles et la faiblesse de l'investigation. […] Le cas extrême est celui où, privé de toute possibilité de vérifier les affirmations d'une source institutionnelle unique, et malgré tout contraint de jouer son rôle de médiateur, il finit par céder à la pression en les légitimant (D'Almeida et Delporte, 2010 : 346).

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C'est ce qu'on a pu observer durant la guerre du Golfe, notamment (D'Almeida et Delporte, 2010 : 330; Halimi et Vidal, 2006; Charon et Mercier, 2004; Lits, 2004; Hecker, 2003). De la même manière, la tendance actuelle croissante des acteurs sociaux à privilégier le registre de la communication au détriment de celui de l'information serait en partie motivée par la compétition économique qui se joue entre les médias, ainsi que par des choix rédactionnels davantage tournés vers le mercantilisme et la notion de « produits médiatiques » que vers le souci de l'intérêt général (Mathien, 2001 : 59). L'existence d'une compétition économique entre les médias s'effectuerait aux dépens de la nette distinction qui existait auparavant entre l'information et la communication;8 au même titre que les produits culturels, l'information serait devenue l'objet d'une production industrielle à plus ou moins forte valeur ajoutée (Mathien, 2001 : 35).

Tiraillée entre sa mission citoyenne et les règles économiques qui la gouvernent, la presse peine à se redéfinir au sein d'un système en évolution, phénomène qui se manifeste notamment par la crise qu'elle connait actuellement en France (Éveno, 2008a : 13; Corroy et Roche, 2010). En témoignent les « États généraux de la presse » organisés par Nicolas Sarkozy entre 2008 et 2009 (D'Almeida et Delporte, 2010 : 344). En ce sens, Hubé (2008 : 9) qualifie les entreprises de presse d'« entreprises en représentation politique sous contrainte économique ».

Toutefois, même si « l'atmosphère socioculturelle du pays tend à déligitimer tout interventionnisme trop flagrant des gouvernants […] ces derniers disposent toujours d'un certain nombre de ressources (règlementaires) face aux entrepreneurs médiatiques », ressources surtout constituées par les aides financières mentionnées plus haut (Chupin et al., 2012 : 113). Ainsi, puisque la libéralisation du secteur n'a pas permis de substituer les problématiques économiques aux problématiques politiques et que la démocratie et la presse sont conjointement issues d'un système capitaliste, on assiste actuellement à une configuration systémique où la presse, la démocratie et l'économie de marché constituent trois pôles indissociables et étroitement inter reliés (Éveno, 2008a : 12; Chupin et al., 2012 : 113).

Face à ces constats, on peut se demander si la presse exerce encore, au sein de la démocratie française, la mission de « contre-pouvoir » et d'expression du pluralisme qu'on lui prête souvent (Charon, 2013 : 116; D'Almeida et Delporte, 2010 : 330) et qui semble d'autant plus important dans un pays qui porte l'héritage de la Révolution française de 1789, des Lumières et de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

8Si l'on en croit Moisy (2001 : 197), « l'information est la recherche de la vérité par le journaliste alors que la communication est la promotion des intérêts de celui qui communique ». Or, il semblerait que « Le paradigme fondateur de la profession [de journaliste] qui s'est progressivement constituée à partir du XIXe siècle, à savoir l'information, [soit] de nos jours confronté aux pratiques et usages de la communication dont le glissement sémantique en fait un synonyme à la fois de relations publiques, de publicité ou de célébration symbolique » pour Mathien (2001 : 59). Ainsi, le processus d'information dans les systèmes sociaux apparait de plus en plus assimilé à celui de communication, qui suppose quant à lui une rencontre clientéliste entre un offreur d'information et un consommateur sur le marché des nouvelles (Mathien, 2001 : 36).

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Or,

Ce modèle historique du pluralisme à la française qui reste le socle du cadre juridique [du système médiatique français] est sans doute largement derrière nous […]. De ce point de vue, les quotidiens français se rapprocheraient plutôt d'un pluralisme à l'anglo-saxonne : sans identification précise à quelque parti ou idéologie, mais avec une structuration de l'offre éditoriale selon les grandes sensibilités du pays (Charon, 2013 : 116).

L'exemple de la bonne presse empreinte de journalisme civique telle qu'elle apparaissait à la Libération ne pèserait plus, « ni en termes de volume, ni en termes d'emploi » (D'Almeida et Delporte, 2010 : 337).

Loin d'être nouveau, ce débat s'est violemment manifesté en France lors de divers évènements historiques contemporains lors desquels les médias ont été confrontés à des risques très forts de manipulation par les autorités politiques, tels la révolution roumaine de 1989, ou encore la guerre du Golfe de 1991 (D'Almeida et Delporte, 2010 : 330; Halimi et Vidal, 2006; Charon et Mercier, 2004; Lits, 2004; Hecker, 2003). Il perdure encore de nos jours, notamment à travers certains sondages d'opinion démontrant une méfiance récurrente des français interrogés envers les journalistes (D'Almeida et Delporte, 2010 : 335-341; Merlant et Chatel, 2009; Éveno, 2008b). En particulier, depuis la fin des années 1980, il résulte d'un sondage annuel de la SOFRES9 intitulé « baromètre de la crédibilité des médias » et publié dans La Croix, que la très grande majorité des français interrogés considèrent que les journalistes ne sont pas indépendants (D'Almeida et Delporte, 2010 : 335).

Cet éclairage sur la crise et les questionnements que semble essuyer le système médiatique français constitue autant d'éléments qui indiquent la pertinence de transposer le modèle de l'indexation au cas français, et plus précisément au cas de la presse française.

2.4. La presse, un média en mutation

Si la question de la nature de la relation qui existe entre les médias et les pouvoirs politiques se pose pour tous les supports d'information, du journal traditionnel à l'audiovisuel en passant par les médias sociaux, elle trouve un intérêt particulier lorsqu'elle s'applique à la presse écrite quotidienne. En effet, la presse nationale quotidienne est construite sur un format qui autorise la présentation d'une gamme d'opinions plus large, plus diversifiée et incluant plus de points de vue marginaux que dans la plupart des autres médias traditionnels

9Société française d'enquêtes par sondages

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(Charon, 2013 : 116). Contrairement aux bulletins d'information audiovisuels, qui doivent souvent respecter un laps de temps compris entre 5 et 30 min, les quotidiens nationaux disposent de l'espace nécessaire pour développer l'actualité en profondeur et en examiner les principaux aspects de fonds. De par leur nombre élevé et leurs lignes éditoriales variées, parfois ciblées en fonction de publics spécifiques, les quotidiens ont non seulement la possibilité de « rendre compte de la diversité des approches sur chacune des grandes questions du moment » (Charon, 2013 : 116), mais aussi de « représenter des sensibilités dans le mode de présentation des débats et controverses en cours » (Charon, 2013 : 116). Ainsi, pour Charon (2013 : 117) :

Le quotidien permet et suscite la diversité des points de vue sur les questions en discussion au sein du corps social. En tant que média d'actualité, il recueille et recherche la diversité d'analyses et de réactions à chacun des évènements locaux, nationaux et internationaux. Ses structures rédactionnelles particulières […] lui permettent de suivre et accompagner les questions en discussion à ces différents niveaux. […] Si le quotidien est de moins en moins la plate-forme d'expression d'un courant de pensée […], il a su, en revanche, ouvrir des espaces dans ses pages qui ont vocation à recueillir les expressions les plus diverses.

Bien que leur format y soit favorable, on peut toutefois se demander si les quotidiens laissent réellement place à la diversité de points de vue vantée par l'auteur.

Outre l'espace dont ils disposent, la richesse humaine et matérielle et la taille des rédactions des quotidiens confèrent à ces derniers un rôle et une place privilégiée au sein du système médiatique. Composés de nombreux « services spécialisés, rubricards, grands reporters, correspondants, envoyés spéciaux, chroniqueurs, […] services de documentation et banques de données » (Charon, 2013 : 119), les quotidiens sont réputés disposer des ressources nécessaires à la production d'une information objective et diversifiée, notamment en cas de crises internationales :

À l'international, lorsque les crises atteignent un paroxysme dans la dangerosité […] les quotidiens jouent un rôle privilégié qui tient à leur capacité à traiter la complexité, à tenir des discours développés et documentés, tout comme à la plus grande sobriété des moyens nécessaires pour informer. […] Le journalisme de quotidien peut dès lors s'adapter plus facilement, faire preuve de plus de flexibilité et de patience, et révéler le moment venu les conditions les plus exactes d'une situation (Charon, 2013 : 119).

Ainsi, étant visiblement le média qui fournit la gamme d'opinions et de points de vue la plus large et diversifiée, particulièrement en cas de crises internationales, le quotidien semble être un cas d'étude particulièrement intéressant lorsqu'on s'intéresse à la variété du discours médiatique. En effet, comme nous l'expliquerons plus tard, notre recherche vise entre autres à tester le degré de variété du discours journalistique produit par certains médias dans le cadre du conflit syrien. Or, un résultat démontrant une couverture médiatique axée sur

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une opinion unique aurait d'autant plus de force qu'il serait fondé sur l'étude d'un média justement réputé pour sa capacité à proposer une gamme d'opinions très diversifiée, tel qu'un quotidien. Ceci soulignerait l'existence d'une véritable faille au sein du système médiatique, et d'un échec des médias à remplir leur rôle. Inversement, si le discours médiatique devait s'avérer très varié, c'est en étudiant un média capable d'exposer une large gamme de points de vue que nous aurions le plus de chances de nous en apercevoir.

Parmi tous les quotidiens publiés en France, nous avons choisi d'étudier Libération, Le Monde, et Le Figaro10, en raison du fait que ces trois journaux constituent aujourd'hui « l’espace explicitement "politique" dans la presse quotidienne française [...] » (Peralva et Macé, 2002 : 37). En effet, « Le Figaro, fondé en 1854, dont le lectorat est à 73% électeur de droite et à 11% électeur d’extrême droite, est depuis longtemps le journal de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie conservatrice » même si il « connaît depuis 1988 de nombreuses modifications liées à une stratégie de rajeunissement et de recentrage du lectorat » (Peralva et Macé, 2002 : 37). On note par ailleurs que Le Figaro a été racheté par Serge Dassault en 2004, actuellement sénateur UMP et chef d'entreprise dans l'industrie aéronautique et l'armement.

« Libération, fondé en 1973, dont le lectorat est à 80% électeur de gauche et écologiste, conjugue [quant à lui] son héritage militant issu de mai 1968 et proche du terrain avec une ligne éditoriale qui a évolué vers le centre gauche depuis sa relance en 1981 » (Peralva et Macé, 2002 : 37). Depuis 2011 et 2014, Libération est actuellement la propriété des deux actionnaires de référence Bruno Ledoux et Patrick Drahi.

Quant au « Monde, fondé en 1944, dont le lectorat est plutôt à gauche (58%) qu'à droite (34%), est depuis la dernière guerre le journal de référence des acteurs dirigeants, et le lieu d'expression d'une expertise critique des faits et des débats » (Peralva et Macé, 2002 : 37). À propos du Monde, Éveno (2008 : 59) note pour sa part qu'il est « le journal dont tout Le Monde parle dans les dîners en ville comme dans les cercles de réflexion ». Ayant souvent, toutefois, fait l'objet de vives critiques négatives en raison d'une information jugée systématiquement déformante, désinformante ou encore mésinformante, (Éveno, 2008 : 75) Le Monde est détenu par Xavier Niel, Pierre Bergé et Matthieu Pigasse depuis 2010, ces deux derniers étant ouvertement attachés à la gauche politique.

En résumé, Libération représenterait la gauche libérale, Le Monde le centre gauche et Le Figaro la droite libérale conservatrice (Hubé, 2008 : 18). Il est donc cohérent de supposer qu'une large gamme d'opinions, y compris critiques, est généralement exprimée dans ces trois quotidiens confondus. Le choix de ces trois quotidiens est supposé couvrir la gamme des positions politiques exprimées par la presse française de manière suffisamment représentative pour notre étude.

10Pour une histoire plus détaillée de ces trois quotidiens, voir Éveno, 2008 : 49-85

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De même, Libération, Le Monde et Le Figaro représentent la section « haut de gamme » des quotidiens français, caractérisés par un traitement particulièrement développé de l'information, à la fois en termes de diversité des domaines couverts et d'approfondissement de chaque sujet (Charon, 2013 : 36). L'international, la politique, l'économie et la culture occupent traditionnellement une grande place dans ces quotidiens, contrairement aux faits divers, souvent peu nombreux (Charon, 2013 : 36). De plus,

Le rapport privilégié de ces titres aux domaines des idées, des grandes orientations, des décisions fait qu'ils ont eu tendance un peu partout en Europe à leur consacrer une place importante, sous forme d'espaces d'expression, de tribunes ouverts aux intellectuels comme aux personnalités du monde de la politique, de l'économie, etc. (Charon, 2013 : 36).

Une telle qualité de publication implique que Libération, Le Monde et Le Figaro disposent de rédactions aux effectifs conséquents, de formation intellectuelle élevée et compétents dans des domaines très variés (Charon, 2013 : 36).

Eu égard à leur position, on devrait donc s'attendre à ce que ces trois quotidiens offrent une couverture médiatique du conflit syrien objective et représentative de toute la gamme des points de vue existant à propos du conflit syrien.

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3. Questions et hypothèses de recherche

3.1. Question générale

Ce mémoire est consacré à l’analyse de la relation qui existe, en France, entre les médias et les autorités politiques officielles; en particulier, on cherche à savoir si l'hypothèse de l'indexation peut prédire le comportement des médias français, et plus précisément des principaux quotidiens de presse nationaux, ici représentés par Libération, Le Monde et Le Figaro, comme nous l'expliquerons plus loin.

D'après les prédictions de l'hypothèse de l'indexation et les conclusions avancées par la littérature, dans les cas qui se trouvent à la limite du modèle de Bennett, où le débat officiel fait consensus autour d'une position unique, on s'attend à ce que l'indexation soit si poussée qu'elle prenne la forme d'un alignement des médias sur le discours politique officiel. C'est à dire que (1) la couverture médiatique sera partiale et orientée en faveur d'un récit11 unique identique à celui du discours politique officiel notamment constitué par le Président de la République, le gouvernement, et l'opposition parlementaire, et que (2) les sources issues du débat officiel seront utilisées plus souvent que les autres par les médias.

Ces deux conditions, qui découlent de l'hypothèse de l'indexation formulée par Bennett (1990), répondent à l'interprétation d'une partie de la littérature relative au domaine de la communication politique quant à l'hypothèse de l'indexation. Ainsi, pour Ryfe (2006 : 205), « [Bennett's] first edict -that journalists ought to abide by the rule to narrate stories according to official sources- contains two prescriptions : that journalists ought to write the news as stories, and that they ought to rely on official sources to do so ».

Ces deux caractéristiques font de ces cas « limites » des cas sur lesquels il est aisé de tester l'hypothèse de l'indexation. En effet, si l'indexation existe, c'est à la limite du modèle qu'elle se manifestera le plus fortement et qu'elle sera donc la plus évidente à mesurer. Inversement, si elle n'existe pas, c'est à la limite du modèle que nous aurons le plus de chances de nous en apercevoir. Or, comme nous l'illustrerons plus tard, le cas du conflit syrien se rapproche fortement de l'un de ces cas « limite », puisque le débat politique officiel français à l'égard des questions principales liées à cet enjeu a toujours été consensuel.

11 Le terme récit désigne ici un développement oral ou écrit rapportant des faits (d'après Larousse, 2015).

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3.2. Question spécifique et hypothèses

Afin de tester si la relation entre le discours des médias et le discours politique officiel français peut être prédite par l'hypothèse de l'indexation, on se propose donc de choisir le cas de la couverture médiatique du conflit syrien.

Ceci nous amène à nous poser la question qui suit :

Les trois quotidiens français de presse écrite Libération, Le Monde et Le Figaro se sont-ils alignés sur le débat politique officiel français dans leur couverture médiatique du conflit syrien ?

Comme l'ont relevé certains auteurs (Althaus, Edy, Entman et Phalen, 1996), l'hypothèse de l'indexation est sujette à plusieurs interprétations qui engendrent des résultats différents. Nous en avons choisi une combinant à la fois le ton de la couverture et les sources utilisées. Moins inclusive qu'une version de l'indexation prenant uniquement en compte soit les sources utilisées, soit le ton, la version que nous avons choisie nous semble d'autant plus fiable qu'elle nécessite la vérification de davantage de conditions pour être validée.

Ainsi, comme il a été expliqué précédemment, ce que nous appelons « alignement » des médias répond à deux conditions constitutives d'une forme extrême d'indexation, qui correspondront à nos deux hypothèses de recherche : (1) la couverture médiatique sera partiale et orientée en faveur d'une position unique identique à celle du discours politique officiel, (2) les sources issues du débat officiel seront utilisées plus souvent que les autres par les médias. Ces deux conditions sont toutes deux nécessaires à vérifier une indexation. En effet, la première condition nous indique que les médias adoptent bien le même discours que le celui des autorités politiques officielles, tandis que la seconde condition nous permet de dire que c'est bien sur le discours officiel que les médias s'indexent, et pas un autre.

D'ailleurs, pour définir le concept de « débat officiel » ou « discours officiel », expressions que nous utilisons de manière interchangeable mais auxquelles nous prêtons strictement le même sens, nous nous baserons sur la clarification apportée par Althaus et al. (1996), en l'adaptant au modèle institutionnel français. Ainsi, dans notre étude, l’expression « discours officiel » sera comprise au sens large; elle désignera le discours de toutes les autorités politiques officielles françaises (incluant l’opposition), et pas uniquement celui du pouvoir exécutif au sens strict. La compréhension du « discours officiel » sera donc, dans notre étude, plus large que dans son

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acceptation purement institutionnelle où seul le pouvoir exécutif (à savoir le Président de la République et le gouvernement) peut être initiateur de ce discours. Ce choix peut être illustré par le tableau suivant :

Tableau 1 : composition du débat ou discours officiel Governing Elites États-Unis France (Althaus et al., 1996) Executive branch / Président et secrétaires Président de la République et administration d'État gouvernement Oppositional officials Congrès Opposition parlementaire

Dans notre étude, le « débat officiel » ou « discours officiel » désignera donc le trio Président de la République, gouvernement, et opposition parlementaire. En raison du multipartisme avec deux partis dominants qui existe en France, l'expression « opposition parlementaire » désigne principalement les deux partis dominants de l'échiquier politique français actuellement constitués par le Parti Socialiste (PS) et l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP). Ainsi, hors cohabitation, le PS constitue l’opposition parlementaire lorsque le président de la République est issu de l’UPM, et inversement. En situation de cohabitation, le PS constitue l’opposition parlementaire lorsque le président est également issu du PS, et inversement.

Selon cette acceptation du discours ou débat officiel, la couleur de la majorité politique ou de l’opposition n’a aucun impact sur le traitement médiatique de l’information tel que prédit par l’hypothèse de l’indexation : les médias reflèteront, de toute façon, toutes les opinions formulées au sein des deux camps. C’est d’ailleurs l’un des intérêts de cette hypothèse, puisqu’elle prédit que l’indexation s’effectuera toutes choses étant égales par ailleurs, c’est-à-dire malgré la couleur de la majorité politique ou la sympathie éventuelle d’un média envers un camp politique. En d’autres termes, l’indexation prédit l’existence d’une homogénéité dans le traitement médiatique de l’information, homogénéité qui lisserait et transcenderait les spécificités identitaires (notamment politiques) des médias : de droite, de gauche ou du centre, les médias produiront tous une information homogène. Ceci signifierait d’une part que l’information produite par les médias serait objective mais uniquement dans la mesure des frontières du discours officiel, et d’autre part que ce discours aurait plus d’influence sur le traitement médiatique de l’information que l’identité du journal lui-même.

Compte tenu du fonctionnement institutionnel français, nous ajouterons deux catégories supplémentaires à cette définition du discours officiel. La première sera constituée par la majorité politique hors exécutif et l'opposition politique hors législatif. En effet, cette catégorie englobe des représentants de l'autorité

25 gouvernante puisqu'elle désigne toute source issue de la majorité politique hormis les membres du gouvernement, ou toute source issue de l'opposition politique hormis les membres de l'Assemblée Nationale ou du Sénat. À titre d'exemples, on y retrouvera à la fois les maires, les préfets, ou encore les députés ou sénateurs issus de la majorité politique. La deuxième catégorie ajoutée englobera les autres représentants officiels du pouvoir politique en place, tels que les ambassadeurs, diplomates ou porte-paroles officiels, la police et l'armée, ou encore certaines autorités judiciaires comme les membres de la magistrature. En effet, les fonctionnaires et agents non titulaires sont, en France, soumis à un devoir de réserve selon lequel « Tout agent public doit faire preuve de réserve et de mesure dans l'expression écrite et orale de ses opinions personnelles » notamment afin « d'éviter en toutes circonstances les comportements susceptibles de porter atteinte à la considération du service public par les usagers » (Direction de l'information légale et administrative, 2014). Bien que ce devoir ne concerne que le mode d’expression des opinions et non leur contenu (la liberté d’opinion étant garantie aux agents publics), il est particulièrement sévère à l’égard des titulaires de hautes fonctions administratives et des militaires. Ce devoir, qui semble suffisant pour biaiser l’expression de leurs opinions par les hauts fonctionnaires français en faveur des politiques officielles, justifie l’inclusion d’une partie de ces derniers à la définition du discours officiel. En outre, l’inclusion de certaines autorités judiciaires à cette définition est également motivée par l’existence de liens hiérarchiques entre la justice française et le pouvoir exécutif français. En particulier, les magistrats sont nommés par le président de la République, sur proposition du garde des Sceaux, après un avis du Conseil supérieur de la magistrature, que le ministre n’est pas tenu de suivre (Vie publique, 2013); toute manifestation d’hostilité à l’égard de la forme républicaine du gouvernement leur est par ailleurs interdite (Vie publique, 2012).

Cette définition posée, nous pouvons donc formuler les deux hypothèses suivantes :

H1 : les trois quotidiens français de presse écrite Libération, Le Monde et Le Figaro ont produit une couverture partiale du conflit syrien, orientée en faveur d'un récit unique identique à celui du débat ou discours politique officiel français.

Cette première hypothèse doit nous permettre de mesurer la partialité de la couverture médiatique du conflit syrien afin de déterminer si les médias en ont présenté, ou non, des récits alternatifs à celui exprimé au sein du débat politique officiel français.

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H2 : les trois quotidiens français de presse écrite Libération, Le Monde et Le Figaro ont plus souvent utilisé des sources issues du débat ou discours officiel français que des sources extérieures à celui-ci pour couvrir le conflit syrien.

Cette deuxième hypothèse doit nous permettre de mesurer si, sur toute la durée du conflit étudiée, les médias se sont constamment référés, en priorité, aux sources officielles françaises, comme le postule l'hypothèse de l'indexation.

Les deux hypothèses formulées ci-dessus sont complémentaires, dans la mesure où aucune d'entre elles n'est suffisante pour mesurer un alignement (donc une forme extrême d'indexation) des médias sur le discours officiel français. En effet, le fait qu'H1 soit vérifiée, et donc que les médias aient couvert le conflit syrien en en présentant une vision unique identique à celle du débat politique officiel français ne signifieraient pas pour autant que c'est bien sur ce débat en particulier, et pas sur un autre, que les médias se seraient indexés. Dans cette mesure, en nous indiquant sur quelles sources les journalistes fondent plus souvent leurs propos ou informations, H2 viendrait confirmer ou, au contraire, infirmer, une indexation des médias sur le discours officiel français.

Inversement, de la même manière qu'H1 ne suffit pas à vérifier une indexation à elle seule, le fait qu'H2 soit vraie ne signifierait pas pour autant que les médias se soient indexés sur le débat officiel français, dans la mesure où les sources utilisées par les journalistes peuvent parfois simplement servir à apporter une information factuelle, puisqu'une source est ici comprise comme l'origine d'une information. Le fait que les sources officielles soient les plus citées ne signifieraient donc pas forcément que les médias aient systématiquement présenté la même opinion que celle adoptée par le débat officiel. C'est ce dernier élément qu'H1 viendrait alors vérifier.

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4. Cas étudié et contexte

4.1. Le conflit syrien

Le conflit syrien, bien plus complexe aujourd'hui qu'à ses débuts, trouve son principal élément déclencheur dans l’arrestation et la torture, par les services de sécurité syriens, de plusieurs écoliers de la ville de Deraa au mois de mars 2011. Le 13 mars 2011, ces écoliers avaient inscrit « des slogans anti-régime inspirés de ceux de la révolution égyptienne du 25-janvier » (Vignal, 2012 : 2) sur les murs de leur école. Rapidement, les manifestations engendrées à Deraa par la violence de la répression policière envers ces enfants se sont propagées aux régions environnantes, jusqu’à ce que les chars de l’armée syrienne encerclent la ville (Vignal, 2012; Lesch, 2013 : 55). Finalement, « Dès le vendredi 18 mars, l’appel à un "Vendredi de la dignité" est suivi dans la capitale, à Alep […], dans les deux grandes villes de Syrie centrale, Homs et Hama, et dans la ville côtière de Banyias. Dès ce moment, jour après jour, vendredi après vendredi, les manifestations se propagent dans le pays », appelant notamment à la chute du régime de Bachar al-Assad (Vignal, 2012 : 2), mais également à de nombreuses autres causes telles que « la dignité », la « fierté », les « martyrs », ou encore « les femmes libres » (Filiu, 2013a : 381-384).

Le mouvement de contestation se transforme rapidement en un conflit armé opposant l’armée régulière syrienne et les autres factions pro-régimes aux factions anti-régimes, dont la principale est d'abord constituée par l’Armée Syrienne Libre. Depuis novembre 2012, l’opposition syrienne dispose d’une instance représentative : la Coalition Syrienne Libre (Malbrunot, 2012). Toutefois, « Dans le conflit syrien, la mobilisation « djihadiste » ou « confessionnelle » de recrues étrangères est […] devenue une réalité incontournable, tant dans le camp de l'opposition que dans celui du régime » (Burgat et Paoli, 2013 : 8), de même que la difficulté qu'éprouve l'opposition syrienne à trouver des représentants politiques officiels (Belhadj, 2013 : 354).

Issue de facteurs internes et fondée sur une révolte initialement empreinte d'un pacifisme universaliste et transconfessionnel, la spécificité et la complexité de la crise syrienne tient notamment au fait de son internationalisation très rapide, ainsi que de l'instrumentalisation des divisions ethno-confessionnelles nationales et régionales par le régime de Bachar al-Assad (Burgat et Paoli, 2013 : 10). Exception notable à cette instrumentalisation : les Kurdes, qui se sont très tôt démarqués tant du régime que de l'opposition (Burgat et Paoli, 2013 : 10). Parmi ces divisions, l'un des paradoxes inhérents à la Syrie contemporaine se situe dans l'appartenance de la plupart des fondateurs du parti Baas, principal parti politique d'un régime qui se déclare pourtant laïque et universaliste, à l'une des communautés nationales, les alaouites (Burgat et Paoli, 2013 : 11).

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De même, Pour Burgat et Paoli (2013 : 14), la crise syrienne se caractérise par plusieurs grands équilibres tels que le clivage de la communauté internationale, l'entêtement et la résilience du régime; la radicalisation et la dérive sectaire plusieurs pans de la résistance armée échappant au leadership de l'opposition transnationale exilée, l'incapacité de l'opposition à s'unifier, échouant à obtenir une confiance et un soutien militaire qui aurait pu lui permettre de s'imposer à l'intérieur, ceux des « amis de la Syrie ».

4.1.1. Différents récits relatifs au conflit syrien

Aussi, au sein de l'opposition syrienne comme au sein des partisans du régime ou de la communauté internationale, plusieurs récits relatifs au conflit syrien ont été formulés et soutenus, justifiant la prise de position de chacune des parties en présence. Globalement, ces récits se répartissent selon deux scénarios déclinables selon plusieurs variantes. D'un côté, le régime de Bachar al-Assad, pour qui la Syrie est victime d'une conspiration internationale visant à déstabiliser le pays, mais aussi la région toute entière. D'un autre côté, les opposants au régime syrien, pour qui les rebelles et l'opposition syrienne œuvrent à leur émancipation démocratique et à la conquête de leurs droits face à un régime répressif, tyrannique et illégitime. Comme le résument Burgat et Paoli (2013 : 11-12),

Très vite, notamment parce que cette lecture va constituer le cœur du dispositif rhétorique du régime, la représentation d'une « agression étrangère contre la Syrie » avançant sous couvert d'une révolte sunnite sectaire, est entrée en concurrence avec celle d'une révolte populaire, démocratique et purement interne. Dans une partie non négligeable de l'opinion publique internationale, l'image d'une société en lutte contre un régime répressif et discrédité a cédé ainsi le pas à celle de la vieille confrontation entre les puissances occidentales (appuyées par leurs alliés, israéliens et arabes) et l'un des derniers bastions de résistance à un ordre mondial contesté par le front « tiers-mondiste » des soutiens du camp palestinien.

Outre ces deux récits principaux, certaines parties impliquées dans le conflit syrien ont également adopté un récit complètement neutre ou ambivalent face au conflit syrien.

Dans tous les cas,

le positionnement à l'égard du soulèvement syrien adopté par les pays du Golfe, la Turquie, l'Iran, la Russie, les États-Unis, la Chine et la France est révélateur des ambitions régionales des uns et des autres, mais surtout de la guerre d'influence que se livrent entre eux les monarchies pétrolières, la Turquie et l'Iran. Ce qui entre également en ligne de compte dans

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l'éventuel changement de régime à Damas, c'est évidemment la sécurité d'Israël et la balance des forces impliquées dans le conflit israélo-arabe (Belhadj, 2013 : 356).

Nous nous proposons donc d'examiner ces récits un peu plus en détails dans la mesure où ils constituent autant de versions similaires ou alternatives au discours officiel français, et qui pourraient être présentées par les médias dans leur couverture du conflit syrien.

4.1.1.1. Discours du régime syrien

Dès le début des manifestations syriennes, le régime de Bachar al-Assad s'est efforcé de rassurer sa population, et notamment les minorités nationales, en menant une campagne de communication calibrée à la perfection (Starr, 2012 : 55). Ainsi, selon le récit du régime, diffusé grâce à cette campagne, la Syrie était victime d'un complot externe visant à déstabiliser le pays tout entier (et pas uniquement le régime) (Starr, 2012 : 56). Le président syrien a d'office apparenté l'opposition à une conspiration globale contre son pays (Wieland et al., 2013 : 63). L'utilisation d'armes par certains groupes de manifestants a d'ailleurs permis au régime de renforcer sa version de l'implication de gangs armés au sein du conflit (Starr, 2012 : 56).

Ainsi, le 10 mars 2011, Bachar al-Assad déclarait :

Je suis sûr que vous savez tous que la Syrie fait face à une grande conspiration dont les tentacules s'étendent à certains pays voisins, mais aussi lointains, et dont quelques-unes ont gagné l'intérieur du pays. Cette conspiration est liée […] à ce qui se passe actuellement dans d'autres pays arabes […].

Certaines chaines de télévision par satellite ont évoqué des attaques visant certains bâtiments avant même qu'ils ne soient effectivement attaqués. Comment étaient-elles au courant? Voient- elles dans le futur? C'est arrivé plus d'une fois. Au fur et à mesure, les choses ont commencé à devenir plus claires. Ils vont dire que nous croyons en la théorie du complot. En fait, il n'y a pas de théorie du complot. Il y a un complot […].

Au début, ils ont commencé à nous provoquer, bien des semaines avant que les problèmes ne commencent en Syrie. Ils ont utilisé les chaînes de télévision par satellite et Internet, mais ne sont pas parvenus à quoi que ce soit. Puis, à partir de la sédition, ils ont commencé à produire de fausses informations, voix, images, etc. Ils ont tout fabriqué.

C'est une guerre virtuelle... Ils veulent nous infliger une défaite virtuelle, mais en utilisant des méthodes différentes (Al Assad, 2011, cité dans Wieland et al., 2013 : 47 et 64, traduction libre).

Comme on le relève dans ce discours, le récit diffusé par le régime syrien repose sur la qualification du conflit syrien en tant que « guerre virtuelle » ou de « guerre des médias » (Wieland et al., 2013 : 64). Ce récit a été

31 repris par la plupart des contre-révolutionnaires, notamment sur Internet. Ainsi, « mirroring the regime's discursive tactics, several regime-loyal actors on the net have elaborated on the alleged conspiracy. Websites have sprung up that seek to uncover « the plot against » » (Wieland et al., 2013 : 64). Sur ces sites, parmi lesquels le site « TrashSyria », le complot évoqué par le régime est dépeint comme une large conspiration liant des cyberactivistes connus tels que Fiddaldin Issa et Rami Nakhle à des critiques du régime tels que Abdulhalim Khaddam (ancien Vice Président) ou Michel Kilo (un dissident et vétéran chrétien). Certains récits contre-révolutionnaires affirment également que le complot contre la Syrie serait porté par une diversité d'acteurs juifs, américains et français tels que l'American Israel Public Affairs Committee, le diplomate américain Jeffery Feltman ou encore le philosophe français Bernard Henri-Lévy. Sur le site « TrashSyria », les utilisateurs peuvent, entre autres, choisir de cracher virtuellement sur les activistes syriens, sur les dissidents et sur les leaders de l'opposition dont les profils sont disponibles sur le site, relayant ainsi la rhétorique du régime de Bachar al-Assad (Wieland et al., 2013 : 64).

Parallèlement au récit apparentant le conflit syrien à une conspiration, l'emphase mise par Bachar al-Assad sur la dichotomie entre « l'intérieur » et « l'extérieur » constitue une autre stratégie du régime pour contrecarrer l'opposition (Wieland et al., 2013 : 64) :

Le premier (groupe) constitue une partie de notre composante nationale, et toutes les demandes que j'ai entendu en émaner ont été prises en considération au niveau national. Ce groupe n'avait pas d'agenda, et pas de connections étrangères. Il était contre toute intervention étrangère, sous aucun prétexte, demandant à s'engager plutôt que d'être marginalisé. Il voulait la justice.

Les autres font partie d'un petit groupe. C'est vrai qu'ils ont eu un impact; ils ont tenté de manipulé les autres. Ils ont essayé de manipuler la grande majorité du peuple syrien afin d'atteindre différents objectifs. Différencier entre ces deux groupes est très important […].

Il y a des gens qui sont bien payés, pour porter des caméras, filmer et collaborer avec les médias... Ils ont distordu l'image du pays aux yeux du monde et ont ouvert la porte, et même encouragé, une intervention étrangère (Al Assad, 2011, cité dans Wieland et al., 2013 : 65, traduction libre).

Cette dichotomie se manifeste également par l'existence, reconnue par Bachar al-Assad lui-même, de l'Armée Syrienne Électronique, chargée d'attaquer les sites Web diffusant des informations hostiles envers le régime syrien, et de combattre la fabrication de faits ou d'évènements en Syrie (Wieland et al., 2013 : 65). Ainsi, l'Armée Syrienne Électronique aurait déjà détruit le contenu de certains sites Internet pour le remplacer par ses propres messages politiques (Wieland et al., 2013 : 65).

Pour certains auteurs, le récit véhiculé par le régime de Bachar al-Assad à propos du conflit syrien s'inscrit dans une stratégie politique de longue date visant à

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empêcher l'émergence d'une opposition structurée en lui déniant sa liberté de critique politique, libéraliser l'économie et désendetter l'État sans que son rôle de protection sociale ne soit remis en cause. Bashar al-Asad vise ainsi à ne pas s'aliéner la majorité politique ba'thiste, à rallier à lui les milieux marchands et d'affaires, tout en évitant le déclenchement éventuel d'une fronde sociale (Belhadj, 2013 : 290).

Notons que ces procédés ont conduit à une fragmentation et à une polarisation qui a incité plusieurs syriens, à l'intérieur mais aussi à l'extérieur du pays, à rejeter à la fois le régime et l'opposition (Wieland et al., 2013 : 66).

4.1.1.2. Récits des États, gouvernements ou organisations étrangers anti-Assad : États- Unis, Israël, Turquie, Qatar, Arabie Saoudite, Union Européenne

Quoique les diplomaties états-uniennes et européennes aient, pendant très longtemps, infailliblement apporté leur soutien aux régimes autoritaires face à la revendication démocratique arabe, leur stratégie a radicalement changé avec les printemps égyptien et tunisien (Burgat et Paoli, 2013 : 12). Cette mutation, dont l'attitude de la France témoigne tout particulièrement, a été fortement relayée par le Qatar et l'Arabie Saoudite, entre autres (Burgat et Paoli, 2013 : 12).

Pour certains, l'hésitation de la communauté internationale, et notamment des États-Unis, à intervenir en Syrie pour soutenir la révolution dès le début du conflit était due à la crainte de voir se reproduire, en Syrie, le même scénario qu'en Irak après la chute de Saddam Hussein, où le vide institutionnel laissé par Hussein avait été comblé par un chaos et une profonde instabilité (Lesch, 2013 : 123). Ainsi, tout en condamnant la répression entamée par Bachar al-Assad, la communauté internationale a fondé sa non-intervention sur la peur de ce qui pourrait succéder à celui-ci si il venait à être renversé12, tout en espérant que Bachar al-Assad entame les réformes réclamées par les manifestants, que la révolution avorte et que la Syrie entame une transition démocratique pacifique. Ce récit, surnommé « the doomsday scenario if Syria fails » (Lesch, 2013 : 123), constitue l'un des premiers récits relatifs au conflit syrien formulés au sein de la communauté internationale.

Toutefois, quoique prudent au début du conflit, le discours des États, gouvernements ou organisations défavorables au régime de Bachar al-Assad, s'est très vite structuré autour de l'idée d'une défense de la démocratie et des droits humains par les rebelles, accusant le régime syrien d'être un régime totalitaire et tyrannique, responsable de massacres envers sa population civile. Ce discours, assez manichéen, se manifeste à travers diverses interventions officielles.

12« For the Obama administration, the last thing they want, just at the time they’re withdrawing from Iraq, is a destabilized Syria that would lead to open season for jihadis to cross the border into Iraq » (Lesch, 2013 : 123).

33 Ainsi, le 15 août 2011, le ministre des affaires étrangères turc de l'époque, Ahmet Davutoglu (2011, cité dans Lesch, 2013 : 143), déclarait à propos de la Syrie : « Nous ne voulons pas d'intervention étrangère en Syrie, mais nous n'acceptons aucune, et nous n'accepterons aucune opération contre des civils ». De même, le 8 août 2011, le roi saoudien Abdallah (2011, cité dans Lesch, 2013 : 146) intimait Bachar al-Assad d'arrêter la « machine de mort ».

Le 25 mars 2011, l'administration américaine condamnait sévèrement la « répression brutale » des manifestants par le régime de Bachar al-Assad, et encourageait celui-ci à respecter les droits de son peuple (Lesch, 2013 : 151). Ce discours fut réitéré, dans son essence, le 23 avril 2011, lorsque Barack Obama condamna l'emploi de la force contre les manifestants anti-régime par Bachar al-Assad, accusant celui-ci d'avoir choisi le chemin de la répression et de rechercher l'assistance iranienne en réprimant les citoyens syriens avec les mêmes tactiques brutales utilisées par son allié iranien (Lesch, 2013 : 152).

Puis, le 18 mai 2011, Bachar al-Assad et d'autres dirigeants syriens furent ajoutés à la liste américaine des personnalités sanctionnées pour abus envers les droits humains (cité dans Lesch, 2013 : 153).

Ce même récit a également été adopté par de nombreux autres États tels que la France, comme nous le verrons plus loin, la Grande-Bretagne et les autres pays membres de l'Union Européenne, Israël ou encore le Qatar, notamment à travers la chaîne de télévision par satellite Al Jazeera (Filiu, 2013b : 99).

Au sein des pays occidentaux, le revirement dont la France a fait preuve dans son attitude envers les régimes autoritaires dans le cadre du printemps arabes compte parmi l'un des plus notables. Ainsi, « en soutenant désormais [les opposants victorieux des régimes autoritaires], la France a […] choisi de se démarquer de régimes (libyen, syrien et yéménite […]) dont elle s'était longtemps accommodée » (Burgat et Paoli, 2013 : 12). Ce revirement a été taxé d'hypocrisie par de nombreux observateurs ou personnalités politiques internationales telles que le Président russe, comme nous le verrons plus loin (Lesch, 2013 : 138). Cet élément nous renvoie à la pertinence de chercher à savoir si les médias s'indexent sur le discours d'autorités politiques adoptant parfois des positions pouvant être qualifiées d'incohérentes.

4.1.1.3. Récits de l'opposition nationale et transnationale modérée

À l’origine, les slogans écrits par les enfants de la ville de Deraa sur les murs de leur école, avant d’être repris par les manifestants, appelaient à la chute du « régime » de Bachar al-Assad. Ici, l’emploi du terme régime plutôt que de celui de gouvernement est révélateur puisque le slogan dénonce, par-là même, l’absence de

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fonctionnement démocratique du système institutionnel syrien (Lesch, 2013 : 55). Notamment inspiré des printemps tunisiens et égyptiens de 2010, le discours initial des protestataires syriens appelait à la réforme d’un système considéré comme corrompu et répressif (Lesch, 2013 : 55). Ainsi, « During the first days of 18 March and thereafter, people in Dara’a chanted, « God, Syria, Freedom » and slogans accusing the president’s family of corruption » (Wieland, 2012 : 21). Outre la destitution des autorités, la liste des revendications, très concrète, demandait le démantèlement du siège de la police secrète de Deraa, un procès public à l’encontre des responsables de la mort de certains manifestants et de la torture des écoliers de la ville, et l’abolition de la loi obligeant à demander l’autorisation de la police secrète pour acheter et vendre sa propriété (Wieland, 2012 : 21). Pacifique au début, la contestation s’est rapidement enflammée face à la réponse répressive du régime, engendrant la prise des armes par diverses factions internes :

At the outset of events peaceful demonstrators protested against everyday grievances. The violent (over-)reaction of the armed forces and secret services in Dara’a and other places in March and April caused the escalation of violence. At the same time, anguish grew among many Syrians, especially minorities, who feared a scenario of civil strife. Indeed, armed groups popped up from different sides, some with criminal agendas and others with sectarian ones (Wieland, 2012 : 26-27).

Ainsi, entre la réponse armée apportée aux manifestations et le traitement infligé aux écoliers de Deraa, Bachar al-Assad semble avoir perdu toute légitimité aux yeux des syriens : « The forty-five-year-old president lost is innocence in Dara’a » (Wieland, 2012 : 20). De plus, « Ces exactions remettent en cause toute justification de la coercition d’Etat : il n’est guère possible de justifier le « complot » étranger dans la figure d’enfants. Et l’atteinte au corps provoque des mobilisations dans l’intime et rassemble des cercles familiaux aux liens plus ou moins distendus » (Rey, 2013 : 86).

En ce sens, la contestation syrienne initiale couple deux discours ; l’un est axé sur les revendications, notamment économiques, du quotidien, tandis que l’autre rejoint certains droits humains physiques fondamentaux :

Ces deux dynamiques ont en commun l’exigence de « dignité » […]. Sur son versant économique, sa revendication suppose une possibilité de vivre selon les richesses produites ; sur son versant personnel, elle défend l’intégrité corporelle de la personne. Elle devient, dès lors, un outil des mobilisations qui réunit soit des localités, soit des groupes interpersonnels. Ces deux logiques expliquent largement le basculement de populations dans la révolte (Rey, 2013 : 87-88).

Bien que la contestation ait été initiée par des habitants issus de milieux plutôt ruraux, leur aspiration à une meilleure gouvernance ainsi qu’à davantage de liberté était très moderne et, paradoxalement, s’est exprimée par autant de canaux illustrant le développement technologique de la Syrie sous Bachar al-Assad (Wieland, 2012 : 21). « Ironically […], [Asad] harvested a modern form of protest movement that exchanged videos via

35 youtube and organized itself via Facebook and SMS. Syria experienced the first “youtube war” in history » (Wieland, 2012 : 21). Cette utilisation des technologies modernes par les premiers rebelles syriens a notamment permis la constitution d’une opposition transnationale au régime de Bachar al-Assad.

En dehors de l'opposition existant au niveau interne de la Syrie, il existe trois principaux réseaux constitutifs de l'opposition syrienne transnationale ayant contribué à relayer le récit des rebelles (Wieland et al., 2013 : 53). Il nous semble important de présenter la teneur de ces trois réseaux dans la mesure où ils constituent autant de sources potentielles pour les médias couvrant le conflit syrien, dont les trois quotidiens étudiés. D'abord, le premier réseau est formé par une variété d'intellectuels cosmopolites et d'activistes en faveur des droits humains ayant fui la Syrie durant ces vingt dernières années (Wieland et al., 2013 : 53). Parmi ces intellectuels et activistes, on compte des figures renommées telles que Radwan Ziadeh, universitaire et membre du Conseil National Syrien, Ammar Abdulhammid, écrivain syrien, et Ausama Monajed, également membre du Conseil National Syrien (Wieland et al., 2013 : 53). Interconnectés avec de nombreuses ONG ou autres plateformes de communication telles que la Thawra Foundation, la Movement for Justice and Development in Syria et le Damascus Center for Human Rights, ces intellectuels dissidents sont liés aux activistes internes à la Syrie et relaient le discours de ces derniers en tant que porte-paroles (Wieland et al., 2013 : 53).

Ensuite, le deuxième réseau est constitué par la communauté des cyberactivistes transnationaux, majoritairement formée par les enfants des premières générations d'exilés politiques syriens ayant fui la Syrie durant, ou après les années 1980 (Wieland et al., 2013 : 53). À ces descendants d'exilés s'ajoutent les réfugiés politiques ayant quitté la Syrie durant le conflit qui se poursuit actuellement, et qui présentent très souvent un niveau de formation élevé en ingénierie ou en technologie de l'information (Wieland et al., 2013 : 53).

Enfin, le troisième réseau comprend les membres de l'opposition traditionnelle exilée dont, notamment, certaines figures des Frères Musulmans, des nationalistes kurdes ou encore divers leaders tribaux (Wieland et al., 2013 : 53). Toutefois, ce réseau semble souvent agir en marge des autres segments de l'opposition syrienne dans la mesure où il est considéré par la jeune génération syrienne comme étant trop tourné vers le passé et porteurs d'idéologies obsolètes (Wieland et al., 2013 : 53).

Fondé sur une approche libérale et inclusive, le discours ou récit des cyberactivistes et de la diaspora syrienne éduquée s'est largement imposé comme la ligne de conduite à suivre pour l'opposition transnationale, aux premières heures du conflit, en particulier à travers le site Web SyrianRevolution2011, qui avait déjà amassé près de 300 000 abonnés en septembre 2011 (Wieland et al., 2013 : 54). Toutefois, les discours véhiculés par les diverses factions plus radicales constitutives de l'opposition telles que les nationalistes kurdes ou les

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Frères Musulmans ont pris d'autant plus d'ampleur que le conflit s'est étendu et radicalisé, jusqu'à inclure une multitude d'acteurs internes ou externes (Wieland et al., 2013 : 55).

Au niveau interne, le discours de l'opposition syrienne transnationale consiste, d'une part, à briser l'emprise exercée par l'État sur son peuple et à détruire le monopole détenu par l'État sur la représentation symbolique des réalités au sein de la société et, d'autre part, à démanteler la structure de l'État baasiste (Wieland et al., 2013 : 59). Au niveau externe, ce discours, majoritairement diffusé par le biais d'images via des vecteurs tels que Youtube, vise à sortir le pays de son isolement, à dénoncer les injustices aux yeux du monde entier, et à ternir l'image positive de Bachar al-Assad en tant que réformateur (Wieland et al., 2013 : 59). On citera par exemple la chaine Youtube Syria Archives 2013, qui définit ses objectifs comme suit :

Goals; Topple Syria Regime and bring Democracy to Syria; Outlaw Syria Baath Party - encourage initiation of War Crimes and Crimes against Humanity trials for Assad Regime members as well as to support the Free Syria Army and all Democratic Opposition Forces in their battle against the Deranged Genocidal Nazis from ISIS - ISIlL - Islamic State Terror Gangs who are as bad, if not worse, than the Assad Regime (Syria Archives 2013, 2011).

À l’instar de ces vidéos diffusées sur Youtube, la chaîne de télévision Al-Jazeera a contribué à intégrer le discours véhiculé par l'opposition en tant qu'épisode d'un récit plus large, celui des réformes et des manifestations publiques, du soulèvement arabe contre les régimes autoritaires et la politique étrangère des États-Unis (Wieland et al., 2013 : 60).

Globalement, le processus de construction du discours véhiculé par l'opposition syrienne s'inscrit dans une véritable stratégie de communication visant à proposer une alternative concrète aux récits relayés par le régime syrien et les médias internationaux, parfois même aux dépens de la vérité (Wieland et al., 2013 : 61). Ainsi, « the opposition's narrative constructions have led to charges that the image of the revolution has been tweaked in order to make it more palatable to western audiences » (Wieland et al., 2013 : 61). À titre d'exemple, le rôle des femmes dans le conflit aurait souvent été exagéré. De même, on se souvient du cas de Zainab al-Husni qui, après avoir été déclaré exécuté en détention et constitué en martyr par Al-Jazeera, Amnistie internationale et la BBC, est réapparu apparemment sain et sauf quelques temps plus tard (Wieland et al., 2013 : 61). Ainsi, loin de tenir un discours objectif,

the oppositional transnational public have been remarkably successful in their media operations, and […] the new media has facilitated this dissemination, [but] it is important to emphasize the ways in which these operations are bound up with specific political strategies located in their effort to transnationalize the public sphere (Wieland et al., 2013 : 62).

37 4.1.1.4. Récits des soutiens au régime syrien

4.1.1.4.1. Iran

Au début du soulèvement syrien, l'Iran a tenté de reproduire le discours du régime syrien, apparentant les manifestations à une conspiration internationale et à l'ingérence de forces extérieures pernicieuses (Lesch, 2013 : 128). Ainsi, dès le début, Téhéran a perçu la révolte syrienne comme une manigance des États-Unis, d'Israël et de leurs alliés destinés à affaiblir l'Iran en fomentant une crise susceptible de renverser le régime syrien, l'un de ses alliés les plus proches au Moyen-Orient (Lesch, 2013 : 128). En juin 2011, l'Ayatollah Khamenei (2011, cité dans Lesch, 2013 : 128, traduction libre), guide suprême de l'Iran, déclarait : « En Syrie, la main de l'Amérique et d'Israël est évidente. Partout où un mouvement est islamique, populiste et anti- américain, nous le soutenons ». Un discours du même type a été relayé par diverses personnalités iraniennes, dont le président du comité parlementaire iranien sur la politique étrangère et la sécurité nationale, Alaeddin Boroujerdi, qui déclarait : « Ayant perdu l'Égypte, les États-Unis ont ciblé la Syrie » (cité dans Lesch, 2013 : 128, traduction libre). Enfin, Ahmad Mousavi, ancien ambassadeur iranien en Syrie, s'est prononcé en faveur de la théorie du complot :

les évènements actuels en Syrie sont orchestrés par nos ennemis étrangers et marquent le second épisode de la sédition intervenue en Iran en 2009. L'ennemi cible la sécurité et la survie de la Syrie... [Les manifestants] sont des mercenaires étrangers qui puisent leur message au sein de l'ennemi et des sionistes (cité dans Lesch, 2013 : 128, traduction libre).

Toutefois, à mesure que la menace de voir le régime syrien être réellement renversé se concrétisait, le pouvoir iranien, tout en continuant à soutenir Bachar al-Assad, a commencé à encourager ce dernier à entamer les réformes nécessaires et à diminuer le niveau d'intensité des violences, tout comme le dirigeant du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah.

4.1.1.4.2. Russie et Chine

Fervents défenseurs de Bachar al-Assad, la Russie et la Chine ont adopté un récit similaire envers le conflit syrien. Pour la Russie, l'idée d'une intervention en Syrie s'apparentait à l'action menée en Libye par plusieurs États tels que les États-Unis, la France et la Grande Bretagne, à savoir une ingérence internationale et impérialiste sous couvert de protection des civils et des droits humains (Lesch, 2013 : 138). Ainsi, la Russie et la Chine, détenant de nombreux intérêts économiques en Syrie, se sont catégoriquement opposées à toute intervention internationale motivée par les droits humains, afin de ne pas voir se reproduire le scénario libyen qu'elles ont pointé du doigt comme étant hypocrite (Lesch, 2013 : 138). En effet, l'un des arguments utilisé par

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la Russie pour se positionner en soutien à Bachar al-Assad a consisté à rappeler que les pays occidentaux n'étaient pas intervenus pour mettre un terme à l'occupation israélienne en Palestine, ou bien que les États- Unis interdisaient toute aide militaire en Ouzbékistan, malgré la présence d'un régime autoritaire responsable de la mort de nombreux manifestants nationaux quelques années auparavant et ce, pour des intérêts purement stratégiques ou économiques (Lesch, 2013 : 138). De nombreux paradoxes de cet acabit ont également été soulevés par la Russie, tels que la non-intervention des États-Unis lors de la violente répression de manifestants au Bahrein pendant les printemps arabes, les États-Unis ayant pourtant soutenu, durant la même période, les manifestants tunisiens, libyens et égyptiens (Lesch, 2013 : 138). Une telle attitude des États-Unis, mais aussi d'autres pays tels que la France, a d'ailleurs suscité de nombreuses situations inattendues, comme l'expliquent Burgat et Paoli (2013 : 12) :

[…] Et, dans le camp des alliés de la résistance palestinienne, la crise syrienne va alors […] achever d'exacerber la fracture provoquée par l'irruption de l'OTAN dans le « printemps libyen ». Nombre d'observateurs ou de militants, privés brutalement du confort de solidarités partisanes jusqu'alors automatiquement reconduites, vont découvrir des ennemis de toujours soudain réunis par d'improbables alliances. À Benghazi, des combattants barbus scandent ainsi leur reconnaissance au président Nicolas Sarkozy, à son envoyé personnel Bernard-Henri Lévy ou aux militaires de l'OTAN. À l'inverse, la Syrie de Bachar est à nouveau brutalement vouée aux gémonies par ceux-là mêmes qui l'avaient solennellement accueillie en juillet 2008 dans les rangs de l'Union pour la Méditerranée. L'Arabie Saoudite, dont l'armée avait aidé à réprimer l'opposition bahreïnie, se découvre quant à elle une passion soudaine pour les aspirations démocratiques de l'opposition syrienne.

Enfin, dans le discours qu'elle a adopté, la Russie a plus tendu à considérer la volonté d'intervention occidentale en Syrie comme une tentative de déstabilisation de l'Iran et de la région toute entière plutôt que comme une aide à une population voulant se débarrasser d'un tyran (Lesch, 2013 : 138). Devant un problème syrien, la Russie a donc appelé à une solution syrienne, soit l'implémentation de réformes par le président Bachar al-Assad (Lesch, 2013 : 138).

4.1.1.5. Récits ambivalents

4.1.1.5.1. Opposition confessionnelle

Comme le nomment Burgat et Caillet (2013 : 55),

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De la nation en armes à la dérive confessionnelle, de la résistance islamo-nationaliste au djihadisme, fabriqué par la répression ou importé des marges radicales du paysage musulman, spontané ou manipulé par le régime, il n’est pas aisé de proposer une cartographie des composantes idéologiques de l’opposition syrienne armée, très fragmentée.

Pourtant, malgré la reconfiguration constante des forces d’opposition radicales au régime de Bachar al-Assad et la proximité temporelle du conflit qui limite la disponibilité des données scientifiques, il est possible d’établir une typologie idéologique des principales forces combattantes confessionnelles impliquées dans le conflit syrien (Burgat et Caillet, 2013 : 56).

Dans la première catégorie de cette typologie, on trouve les combattants dont les cadres référentiels, les discours et les pratiques font appel au registre islamo-nationaliste déjà mobilisé par les Frères musulmans égyptiens, qui militent notamment pour une transition pluraliste et démocratique (Burgat et Caillet, 2013 : 57).

Il convient de distinguer cette catégorie de celle de la mouvance salafiste, dont le discours varie entre les quiétistes et les djihadistes. Contrairement aux djihadistes, les quiétistes « se tiennent traditionnellement à l’écart de tout engagement politique oppositionnel et, a fortiori, de toute entreprise armée » (Burgat et Caillet, 2013 : 57). Leurs discours, plus modéré que celui des djihadistes, n’invoque pas l’exclusion des autres expressions de la religiosité musulmane et s’inscrit, en ce sens, dans une perspective minimaliste du conflit : « celle d’un affrontement circonstanciel avec le régime syrien » (Burgat et Caillet, 2013 : 60).

Ces combattants n’ont pas pris les armes pour des objectifs seulement inhérents à leur appartenance religieuse : ils n’ont franchi le pas que dans le contexte très ponctuel, dans le temps comme dans l’espace, de la révolte contre le régime baasiste, comme l’ont fait, dans une moindre proportion, des combattants musulmans non salafistes, des sunnites non islamistes ou des membres d’autres communautés religieuses (Burgat et Caillet, 2013 : 69).

Majoritairement syriens, les opposants djihadistes regroupent toutefois la majorité des combattants étrangers impliqués dans le conflit (Burgat et Caillet, 2013 : 60). Parmi les brigades djihadistes étrangères, la plus importante est celle des muhajiroun, ou Jaych al-Muhajirin wa-l-Ansar. On peut également citer le groupe Jabhat al-Nosra, qui s’est toutefois délité en 2013 (Burgat et Caillet, 2013 : 60), ou encore souligner le rôle des mercenaires djihadistes tchétchènes issus du Caucase du Nord; selon certaines estimations, ces derniers constituent, en termes d’effectifs, le deuxième groupe de combattants étrangers après les arabes non-syriens (Souleimanov, 2014 : 154).

Pour ces factions djihadistes, qualifiés de mercenaires sionistes par le régime syrien, « cette guerre ne représente qu’un épisode dans une trajectoire militante plus étendue » (Burgat et Caillet, 2013 : 60) et est donc motivé par les valeurs et les idéaux traditionnels inhérents au Djihad. Aussi,

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ces djihadistes combattent […] par vocation et non par simple nécessité, comme l’immense majorité des autres combattants. […] ni la territorialité ni la temporalité de leur mobilisation ne se limitent à la crise syrienne. Leur agenda est celui de la construction d’un État religieux transnational. […] le projet de Jabhat al-Nosra […] est la construction d’un État à référent religieux qui se démarque expressément des références et des objectifs de la lutte nationale unitaire de l’Armée syrienne libre, c'est-à-dire, de la gauche aux Frères musulmans, de toutes les composantes de l’opposition en exil (Burgat et Caillet, 2013 : 73-74).

Dès lors, la stigmatisation dont les combattants djihadistes font généralement usage ne vise pas uniquement les membres des milices du régime, des services de sécurité syriens ou de l’armée syrienne (considérés comme les « chiens d’Assad », voire comme des apostats lorsqu’il s’agit de sunnites soutenant le régime), mais également les membres d’autres confessions considérées comme allant à l’encontre de l’interprétation de l’islam qu’ils revendiquent (Burgat et Caillet, 2013 : 74). Toutefois, le discours des factions djihadistes semble avoir évolué au cours du conflit, comme en atteste la différence de ton adopté dans leurs différents communiqués : ainsi, malgré la persistance d’un rejet affirmé de toute interaction avec le reste de l’opposition, Jabhat al-Nosra a montré un signe d’ouverture en déclarant, le 27 décembre 2012,

Nous ne sommes pas un parti politique, mais un Front concerné par les affaires des musulmans et la restauration des droits des opprimés. Et c’est pour cela qu’à la base de notre relation avec les autres groupes, il y a le maintien de bonnes relations, la volonté de faire le bien et de ne pas tenir compte de leurs erreurs (cité dans Burgat et Caillet, 2013 : 80).

4.1.1.5.2. Palestine

Dès mars 2011,

les factions palestiniennes les plus liées au régime proclament […] leur soutien indéfectible à Bachar al-Assad, agitant le spectre d'une « ingérence occidentale » dans les affaires syriennes, voire d'un « complot » […]. Mais la majorité d'entre elles, appelant à une « réforme » du régime, vont tenter de s'extraire de la confrontation entre celui-ci et l'opposition : le Hamas, à l'époque, se situe dans une logique de médiation entre les insurgés et le régime de Bachar al-Assad […] (Burgat et Paoli, 2013 : 267).

Ainsi, on dénombre trois récits relatifs au conflit syrien au sein des mouvements nationalistes palestiniens (Burgat et Paoli, 2013 : 273). Le premier, celui des factions palestiniennes ayant oeuvré en tant que groupes armés aux côtés du régime de Bachar al-Assad, consiste à considérer l'opposition syrienne comme un mouvement terroriste et à décrire les palestiniens de Syrie comme une population retenue en otage par des groupes séditieux (Burgat et Paoli, 2013 : 274). Le deuxième récit, celui d'une grande partie de la gauche palestinienne ainsi que par le Mouvement du Jihad islamique en Palestine (MJIP) et une partie du Fatah, est

41 un récit plus ambivalent selon lequel « l'otage palestinien serait pris entre deux camps armés, régime et opposition. Dans cette optique, les camps palestiniens de Syrie devraient devenir une « région sécuritaire neutre » […] » (Burgat et Paoli, 2013 : 274). Enfin, le troisième et dernier récit a été formulé début 2012 par les dirigeants du Hamas. Selon cette perspective, qui soutient l'opposition syrienne, le départ de Bachar al-Assad serait la seule et unique solution possible à l'égard des palestiniens, qui seraient exclusivement prisonniers du régime syrien (Burgat et Paoli, 2013 : 274).

D'après Burgat et Paoli (2013 : 274),

dans ce débat du mouvement national palestinien confronté à la crise syrienne, c'est bien la question des gains et des pertes face à Israël qui est aussi posée. […] Le débat interne israélien sur la crise syrienne n'est d'ailleurs pas très éloigné de ces mêmes questions stratégiques : pour les uns, c'est la peur du vide qui prime – quid de l'après-Bachar al-Assad et des forces qui dirigeront la Syrie? -, tandis que, pour les autres, c'est l'espoir de voir tomber un soutien régional de leurs ennemis principaux, de l'Iran au Hezbollah, qui joue (Burgat et Paoli, 2013 : 275).

4.1.1.5.3. Al Qaida

Ayant repris la direction d'Al Qaida après l'exécution d'Oussama Ben Laden, Ayman al-Zawahiri s'est prononcé, de manière très virulente, contre le régime de Bachar al-Assad, qu'il considérait comme partie du régime héréditaire allaouite dirigeant selon des lois profanes et ayant mené de nombreuses actions contre les partisans sunnites d'Al Qaida (Lesch, 2013 : 162). Toutefois, en même temps qu'il appelait ses partisans à condamner un régime syrien « à la tête de gangs criminels et protecteur des traîtres », le leader d'Al Qaida enjoignait également ces derniers à ne pas rallier les puissances occidentales, perçues comme des forces colonisatrices et impérialistes sionistes (Lesch, 2013 : 162).

Comme on peut le constater à travers ces exemples (non exhaustifs) de discours ayant été formulés par rapport au conflit syrien, la trame narrative de ce conflit se découpe en quatre principaux récits : le premier, essentiellement porté par le régime syrien et que nous appellerons discours du régime ou « récit 1 », est celui d'une conspiration orchestrée par les ennemis du régime syrien pour renverser celui-ci. Selon ce récit, les rebelles et l'opposition sont perçus comme des terroristes et des ennemis du peuple syrien, tandis que le régime syrien est notamment perçu comme le protecteur des minorités et des frontières régionales. Globalement, on peut qualifier ce récit de positif envers le régime de Bachar al-Assad et de négatif envers les rebelles et l'opposition.

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Le deuxième récit, notamment formulé par la Chine et la Russie mais également par certaines factions de la résistance palestinienne, dénonce la tentative d'ingérence des pays occidentaux dans les affaires syriennes. Sans nécessairement condamner les rebelles ou l'opposition syrienne, ce discours, que nous appellerons « récit 2 » est généralement positif envers Bachar al-Assad.

Le troisième récit, principalement diffusé par l’opposition modérée et les pays occidentaux, dépeint Bachar al- Assad comme un tyran et soutient l'action des rebelles ou de l'opposition modérés au nom de la démocratie et des droits humains. Ce discours, que nous nommerons « récit 3 », est négatif envers Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans, et positif envers les rebelles ou l'opposition modérés.

Enfin, le quatrième récit, que nous appellerons « récit 4 » est celui de l'ambivalence, c'est-à-dire qu'il n'est ni pour un camp, ni pour l'autre, ou bien pour les deux à la fois. Ce récit est donc à la fois positif envers Bachar al-Assad et positif envers les rebelles, ou à la fois négatif envers Bachar al-Assad et négatif envers les rebelles. Il a notamment été exprimé au sein de certaines factions palestiniennes ou de l’opposition confessionnelle, notamment islamiste.

Ces quatre récits, présentés de manière non exhaustive et dans les grandes lignes, constituent autant de récits qui pourraient être présentés par les médias dans leur couverture du conflit syrien. Dans la suite de notre étude, les récits 1 et 2 ont été regroupés dans la mesure où ils sont tous les deux positifs envers Bachar al-Assad. Il est à noter que, dans le cas où certains pays auraient choisi la neutralité (définie comme la « situation d'un État [ou d'un individu] qui demeure à l'écart d'un conflit » (Larousse, 2015)), aucun récit du conflit ne serait identifiable.

À partir de la lecture de plusieurs ouvrages (notamment Burgat et Paoli, 2013; Lesch, 2013; Wieland et al., 2013; Filiu, 2013a et 2013b), nous avons globalement pu distinguer entre les discours relatifs au conflit syrien exprimés par plusieurs États, gouvernements ou organisations selon la répartition suivante :

43 Tableau 2: récits adoptés quant au conflit syrien13 Récits 1 et 2 Récit 3 Récit 4 Iran États-Unis Yémen Russie Pays membres de l'Union Européenne Algérie Chine Qatar Irak Liban Turquie Hamas Hezbollah Arabie Saoudite Al-Qaida Régime syrien Israël Opposition islamiste Certaines factions Opposition modérée palestiniennes

4.2. Postulat

Comme on le voit dans le tableau 2, nous partons du postulat selon lequel, depuis le début du conflit, le discours politique officiel français notamment constitué par le Président de la République, le gouvernement et l'opposition parlementaire a, dans la très grande majorité des cas, adopté le récit 3. Ce récit consiste d'abord à diaboliser Bachar al-Assad, son régime et ses partisans, notamment en l'accusant ou en le présumant coupable de la majorité des exactions commises dans le cadre du conflit. Ensuite, ce récit consiste à considérer l'action des rebelles syriens (modérés) comme légitime et à soutenir cette action, au moins verbalement. Ici, le terme « rebelle » désigne ce « qui est en révolte ouverte contre le gouvernement [syrien] ou contre [l'] autorité [syrienne] constituée » (Larousse, 2015). L'opposition désigne quant à elle « l'ensemble des partis et des forces politiques qui s'opposent à un moment donné au pouvoir et au gouvernement et dont le programme est opposé à celui de la majorité politique » (Larousse, 2015). Légère, la distinction entre les deux termes souligne le fait que les rebelles constituent un sous-groupe de l'opposition, qui regroupe quant à elle l'ensemble des factions anti-Bachar al-Assad, dont les combattants djihadistes ou autres groupes radicaux. La distinction est nécessaire dans la mesure où, au début du conflit, alors que l'opposition n'existait pas encore en tant que telle, seuls les rebelles ou manifestants modérés étaient impliqués dans les

13 Le récit 1 est positif envers le régime de Bachar al-Assad et négatif envers les rebelles et l'opposition. Le récit 2 est généralement positif envers Bachar al-Assad, sans nécessairement condamner les rebelles ou l'opposition syrienne. Le récit 3 est négatif envers Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans, et positif envers les rebelles ou l'opposition modérés. Enfin, le récit 4 est celui de l'ambivalence, c'est-à-dire qu'il est à la fois positif envers Bachar al- Assad et positif envers les rebelles, ou à la fois négatif envers Bachar al-Assad et négatif envers les rebelles.

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évènements. Or, dans leur discours, les autorités politiques officielles françaises établissent clairement une distinction entre rebelles ou opposition modérés d’une part, et groupes ou opposition confessionnels, notamment islamistes, d’autre part : si ces autorités soutiennent les uns, considérés comme démocratiques, elles condamnent toutefois les autres, bien souvent assimilés au terrorisme. Dans un entretien publié le 5 mars 2015, François Hollande a ainsi

réitéré le soutien politique et opérationnel de la France aux forces de l’opposition [syrienne] démocratique engagées en première ligne contre Daech. […] Il a rappelé que Bachar AL- ASSAD était le principal responsable du malheur de son peuple et de la montée des groupes terroristes en Syrie. Il n’est donc pas un interlocuteur crédible pour lutter contre Daech et préparer l’avenir du peuple syrien (Élysée, 2015).

Dans notre étude, le postulat ci-énoncé se limite donc à l’opposition et aux rebelles modérés, identifiables par leur affiliation au Conseil National Syrien et à l’Armée Syrienne Libre (Burgat et Caillet, 2013 : 73); ceci est d’autant plus valable que la période étudiée (mars 2011 à mars 2014) précède l’entrée des factions les plus radicales dans le conflit. À moins d’une précision contraire, les termes « rebelles » et « opposition » feront donc, dans notre étude, référence aux groupes modérés uniquement.

Notre postulat s'appuie sur une observation non exhaustive de déclarations, communiqués de presse, questions orales, et autres discours officiels prononcés depuis le début du conflit syrien par les présidents de la République Nicolas Sarkozy et François Hollande, leurs ministres des Affaires Étrangères, et les divers députés de l'Assemblée Nationale (de la majorité, mais aussi de l'opposition).

Ainsi, nous avons eu accès à 262 déclarations de Nicolas Sarkozy et François Hollande et 641 déclarations des ministres des Affaires Étrangères récoltées sur le site Internet officiel de l'Élysée pour la période du 24 mars 2011 au 2 octobre 2014.

Afin d'établir notre postulat, nous avons sélectionné un échantillon aléatoire de 5% de chaque type de ces déclarations (soit 13 déclarations de Nicolas Sarkozy ou François Hollande et 32 déclarations de leurs ministres des Affaires Étrangères), puis nous leur avons appliqué la même grille de codage que celle utilisée pour analyser notre corpus (voir section 5.2) afin de déterminer, parmi tous les positionnements possibles, celui qui a effectivement été adopté par ces autorités politiques vis-à-vis du régime de Bachar al-Assad et des rebelles syriens14.

Nous avons également consulté, sur le site Internet officiel de l'Assemblée nationale française, 244 questions orales (incluant les questions sans réponse) formulées par des députés de tous les groupes politiques

14Nous avons codé les déclarations officielles pour les variables relatives au ton du propos uniquement (variables V8 à V10).

45 confondus lors de sessions à l'Assemblée Nationale entre 2007 et aujourd'hui (soit 87 questions sous la présidence de Nicolas Sarkozy et 157 sous la présidence de François Hollande). En raison de la fragmentation des déclarations entre les différentes formations politiques de l'Assemblée Nationale, nous en avons cette fois-ci sélectionné un échantillon aléatoire de 10% pour avoir une plus grande représentativité des opinions exprimées au sein de l'hémicycle. En excluant les questions antérieures au début du conflit syrien, nous avons retenu 25 questions, dont 10 intervenues durant le mandat de Nicolas Sarkozy et 15 durant le mandat de François Hollande.

Le tableau 3 présente les résultats du codage des déclarations de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Sur 13 déclarations, 5 ont été exclues car la grille d'analyse ne permettait pas d'identifier un positionnement quant au conflit syrien (codage indéterminé). Sur les 8 déclarations restantes, 100% ont été codées comme condamnant Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans (8 déclarations sur 8).

Tableau 3 : déclarations de l'Élysée Part de Ton n l'échantillon Récit 3 : négatif envers Bachar al-Assad et positif envers les 8 100 % rebelles ou l'opposition Récits 1 et 2 : positifs envers Bachar al-Assad et / ou négatif 0 0 % envers les rebelles ou l'opposition Récit 4 : ambivalence 0 0 % Total 8 100 %

Le tableau 4 présente les résultats du codage des déclarations issues du Ministère des Affaires Étrangères. Sur 32 déclarations, 8 ont été exclues car la grille d'analyse ne permettait pas d'identifier un positionnement quant au conflit syrien (codage indéterminé). Sur les 24 déclarations restantes, 91,67 % ont été codées comme condamnant Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans (22 sur 24), et 2 comme présentant une position balancée.

46

Tableau 4 : déclarations du Ministère des Affaires Étrangères Part de Ton n l'échantillon Récit 3 : négatif envers Bachar al-Assad et positif envers les 22 91,67 % rebelles ou l'opposition Récits 1 et 2 : positifs envers Bachar al-Assad et / ou négatif 0 0 % envers les rebelles ou l'opposition Récit 4 : ambivalence 2 8,33 % Total 24 100 %

Le tableau 5 présente les résultats du codage des questions orales intervenues lors de sessions à l'Assemblée Nationale. Sur 25 questions, 13 ont été exclues car la grille d'analyse ne permettait pas d'identifier un positionnement quant au conflit syrien (codage indéterminé). Sur les 12 déclarations restantes, 100 % ont été codées comme condamnant Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans (12 sur 12).

Tableau 5 : Questions orales Part de Députés de Députés Députés Ton n l'échantillon droite de gauche non inscrits Récit 3 : négatif envers Bachar al- Assad et positif envers les rebelles ou 12 100 % 3 8 1 l'opposition Récits 1 et 2 : positifs envers Bachar al-Assad et / ou négatif envers les 0 0 % 0 0 0 rebelles ou l'opposition Récit 4 : ambivalence 0 0 % 0 0 0 Total 12 100 % 3 8 1

Ces résultats viennent donc renforcer le postulat selon lequel le débat officiel français a adopté, depuis le début du conflit, un discours positif envers les rebelles syriens et négatif envers le régime de Bachar al-Assad. Ils mettent également en lumière le fait que l’alternance politique entre les mandats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande n’a eu aucune incidence sur la nature du discours officiel à l’égard du conflit syrien : les positions respectives du pouvoir exécutif et de l’opposition parlementaire sont ici convergentes sous les deux présidences. L’unanimité de l’UMP et du PS à soutenir les rebelles syriens tout en condamnant Bachar al- Assad rend le clivage gauche-droite inopérant en l’espèce; ceci n’est pas un problème dans la mesure où, selon le modèle de l’indexation, la couleur de la majorité politique n’a, de toute façon, pas d’incidence sur le traitement médiatique de l’information (l’indexation existe toutes choses étant égales par ailleurs).

47

5. Méthodologie

5.1. Analyse de contenu quantitative

Nos hypothèses ont été testées grâce à une analyse du contenu quantitative d'articles journalistiques.

Utilisée dans de très nombreuses études, notamment dans le domaine de la communication (Riffe et al., 2014) et dans la plupart des études portant sur l’hypothèse de l’indexation (Bennett et Livingston, 2003; Althaus, 2003; Bennett, Lawrence et Livingston, 2006), l'analyse de contenu quantitative constitue une approche de recherche empirique destinée à « la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des communications » (Berelson, 1952, cité dans De Bonville, 2000 : 9). Elle porte sur le contenu manifeste des communications, c'est à dire sur « le contenu même du message, tel qu'inscrit sur un support physique » (De Bonville, 2000 : 13), et peut être définie comme :

the systematic and replicable examination of symbols of communication, which have been assigned numeric values according to valid measurement rules, and the analysis of relationships involving those values using statistical methods, to describe the communication, draw inferences about its meaning, or infer from the communication to its context, both of production and consumption (Riffe et al., 2014 : 19).

Systématique, quantifiable et pouvant être répliquée, l'analyse de contenu quantitative est donc très utile et pertinente lorsqu'il s'agit de décrire des contenus journalistiques, mais également d'inférer à partir de l'observation de ces contenus, à la lumière d'une littérature théorique et scientifique.

Il convient de noter que, dans la présente étude, nous ne nous intéressons qu'à la production des contenus journalistes, et pas à leur consommation par les lecteurs.

Bien qu'elle fasse l'objet de nombreuses critiques dont la plupart sont monnaie courante dans le domaine de la recherche en sciences sociales (Riffe et al., 2014 : 28-30), l'analyse quantitative de contenu journalistique, en particulier, présente de nombreux avantages (Riffe et al., 2014 : 30). Tout d'abord, elle permet au chercheur d'accéder aux messages qu'il souhaite étudier sans avoir recours directement aux personnes qui les formulent, souvent peu accessibles. De plus, à condition d'avoir accès au contenu archivé, elle permet des études longitudinales de long, voire de très long terme. Enfin, la communication étant un procédé omniprésent au sein de notre société, cette méthode est applicable à une très large variété de domaines, d'enjeux et d'intérêts de recherche.

49 Semblant donc être la méthodologie la plus pertinente pour répondre à notre question de recherche, nous avons choisi de réaliser une analyse de contenu de la couverture médiatique du conflit syrien produite par trois quotidiens français nationaux, et ce durant les trois premières années du conflit (du 13 mars 2011 au 13 mars 2014)15.

5.1.1. Sélection des articles

Le corpus d'articles à analyser a été constitué grâce à la base de données Eureka.cc, qui nous a permis de rassembler tous les articles publiés dans Libération, Le Monde, et Le Figaro entre le 13 mars 2011 et le 13 mars 2014, et répondant au mot clé Syri*. Pour les trois premières années du conflit, la recherche retourne 10 171 articles16.

Puisque l'hypothèse de l'indexation précise que « Mass media news professionals […], tend to “index” the range of voices and viewpoints in both news and editorials according to the range of views expressed in mainstream government debate about a given topic » (Bennett, 1990 : 106), nous avons choisi d'intégrer tous les types d'articles dans notre analyse, de l'éditorial au reportage factuel. De même, l'hypothèse supposant une couverture homogène en termes de temps et de contenu entre les journaux, nous n'avons pas tenu compte de la chronologie des articles dans notre codage.

Compte tenu du volume de matériel à analyser, nous avons choisi de restreindre l'analyse de contenu à un échantillon aléatoire de 5% du corpus17 (soit 509 articles), desquels ont été exclus tous les articles n'apportant aucune information particulière sur le conflit syrien. Nous avons également exclu les simples illustrations, les doublons, ou encore les billets qui renvoient le lecteur au site Internet du quotidien concerné. À titre d'exemples typiques, voici deux articles exclus de notre corpus :

15Concernant le choix de la période étudiée : notre étude ayant été réalisée de manière concomitante au conflit, qui se poursuit encore à ce jour, nous avons choisi de restreindre la collecte de nos données à celles qui étaient déjà à notre disposition lorsque nous avons commencé à les collecter, en mars 2014. Le 13 mars 2014, date qui marque le troisième anniversaire des premières manifestations à Deraa, nous a donc semblé être une date limite pertinente pour circonscrire notre collecte. 16La base de données Eureka.cc indique le nombre total de résultats retournés par la recherche (10 171), mais limite le nombre de résultats réellement affichés à 30 pages, à raison de 10 articles par page. Ceci nous a obligés à segmenter notre recherche par mois, ou par périodes plus courtes déterminées par « essais/erreurs » n'excédant pas un total de 300 articles. 17Le tirage aléatoire a été réalisé à l'aide du logiciel Stata.

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Exemple 1 :

Libération

Économie, mardi, 24 juillet 2012, p. 12

La phrase de Alexis Tsipras

« Les nouvelles mesures [d'austérité en Grèce, ndlr] conduiront à un krach social et à la faillite au mois de septembre. » Alexis Tsipras le chef de la gauche radicale grecque Syriza

Exemple 2 :

Le Figaro, no. 21418

Le Figaro Économie, vendredi, 14 juin 2013, p. 21

Économie

EN BREF

[…]

Le vice-gouverneur de la Banque centrale autrichienne et huit autres personnes ont été inculpés pour corruption et blanchiment d'argent dans le cadre de contrats avec la Syrie et l'Azerbaïdjan.

[…]

Au total, 157 articles ont été exclus de l'échantillon, comme le montre le tableau 6 ci-dessous.

51

Tableau 6 : répartition des articles de la population entre les différents niveaux d'analyse Population Échantillon Articles exclus Échantillon analysé 10 171 509 157 352

5.1.2. Construction de la grille d'analyse de contenu

Chaque article sélectionné de manière aléatoire a été codé selon une grille d'analyse de contenu, à l'aide du logiciel QDAMiner. La grille d'analyse, dont le détail se trouve en annexe, a été construite en fonction de nos hypothèses de recherche, mais également à partir d'une lecture exploratoire du corpus, de l'observation de la littérature, et des différents récits existant à propos du conflit syrien qui auraient pu être proposés par les médias dans leur couverture de ce conflit. Notre grille a ensuite été testée sur un échantillon aléatoire de 5% des articles retenus pour l'analyse (soit 18 articles), puis ajustée afin de mieux correspondre à la réalité.

Ainsi, notre grille d'analyse comprend dix variables.

Les variables V1 à V5 portent sur des informations purement factuelles relatives à l'article, soit sa date de publication, le nom du quotidien dans lequel il a été publié, son numéro d'enregistrement, son type (éditorial, reportage factuel, etc.) ainsi que son emplacement.

Les variables V6 à V9 concernent l'orientation de l'article par rapport au débat officiel français quant au conflit syrien. Ces variables représentent tous les récits qu'il aurait été possible que les médias adoptent par rapport au conflit syrien. Elles ont été construites à partir des récits identifiés plus haut (section 4). Donc, la variable V6 servira à coder tous les articles dont le récit concorde avec celui du débat officiel français (récit 3), c'est-à- dire tous les articles qui sont négatifs envers ou qui condamnent Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans, et tous les articles qui expriment un soutien aux rebelles ou aux forces d'opposition au régime syrien. Comme nous l'avons expliqué dans notre postulat, on retrouvera logiquement dans cette catégorie les propos diabolisant Bachar al-Assad, l'accusant d'être un « tyran », un « dictateur », un « sanguinaire », ou encore d'être à l'origine de « massacres ». On y trouvera également tous les propos considérant l'action des rebelles comme légitime au regard des « droits humains » et des « libertés » ou qualifiant ces derniers de « martyres » ou de « victimes », et tous les propos reconnaissant la Coalition Nationale Syrienne comme

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« l'autorité représentative légitime du peuple syrien ». Voici un exemple typique d'opinion concordante avec le débat officiel :

Le Figaro, no. 21181

Le Figaro, vendredi, 7 septembre 2012, p. 9

Europe

Hollande soigne sa relation avec Cameron

En visite à Londres, le président français devait évoquer le dossier syrien avec le premier ministre britannique.

Nicolas Barotte envoyé spécial à Londres

[…]

Volonté d'agir davantage ou simple espoir, le président a souhaité que la Syrie se libère « d'un dictateur qui est là pour quelques semaines encore seulement ».

[…]

La variable V7 servira à coder tous les articles dont le récit discorde avec celui du débat officiel français, c'est- à-dire tous les articles qui ne concordent pas avec ce dernier. En ce sens, V7 ne servira pas uniquement à coder les articles soutenant le régime de Bachar al-Assad ou condamnant les rebelles (récits 1 et 2), mais également ceux dont le ton est ambivalent entre les deux camps (récit 4). Ici, il convient de noter que les articles codés comme « ambivalents » sont les articles qui affichent expressément une position partagée entre le régime de Bachar al-Assad et ses détracteurs. Voici l’exemple d’une position ambivalente :

53 Le Figaro, no. 21162

Le Figaro, jeudi, 16 août 2012, p. 5

International

Syrie : l'ONU accuse Damas et les rebelles de « crimes »

[…]

Au contraire, les articles purement factuels dans lesquels il est impossible d'identifier un ton ou une prise de position seront codés comme étant « factuels » (V8). Voici un exemple de paragraphe purement factuel :

Libération

Monde, lundi, 1 octobre 2012, p. 8

En bref

[…]

Syrie. Une attaque-suicide meurtrière à la voiture piégée a frappé dimanche la ville à majorité kurde de Qamichli (nord-est). À Alep, où les combats font rage, le souk historique a brûlé.

[…]

Un article sera notamment assimilé à V7 s'il défend Bachar al-Assad pour son caractère « modéré » ou en tant que « protecteur des minorités ».

Voici un exemple d’opinion discordante avec le débat officiel :

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Libération

Monde, lundi, 17 septembre 2012, p. 8

En bref

[…]

Turquie. Des manifestants alaouites ont exigé la fermeture des camps de réfugiés syriens, hier à Antioche, aux cris de : «Fermez les camps de terroristes.»

S'il arrive que des articles présentent uniquement du contenu non codable, ces derniers seront codés grâce à la variable V9 (« indéterminés »). Ces articles seront exclus des données de notre analyse en tant que valeurs manquantes, puisqu'ils n'apportent aucune information pertinente pour notre analyse. Voici un exemple de contenu non codable :

Libération

Rebonds, mercredi, 19 décembre 2012, p. 21

sur Libération.fr

Retrouvez tous nos articles sur la Syrie dans le dossier : «Syrie, l'horreur à huis clos»

Enfin, les variables V10 à V12 constituent les trois catégories à laquelle une source peut appartenir. Dépendamment de sa nature, une source pourra ainsi être codée comme étant « issue du débat officiel » (V10), « extérieure au débat officiel » (V11) ou « anonyme » (V12). Ces trois catégories couvrent toutes les catégories dont les sources utilisées par les journalistes pour alimenter leur couverture du conflit syrien pourraient potentiellement être issues.

Afin de correspondre à nos hypothèses de recherche, les différentes catégories d'appartenance des sources utilisées par les journaux étudiés ont été construites en fonction de la nature de ces sources. Aussi, dans la

55 catégorie V10 (sources issues du débat officiel), on retrouve, répartis en six sous-catégories distinctes, (01) le Président de la République française (soit Nicolas Sarkozy ou François Hollande pour la période qui nous intéresse), (02) le gouvernement français, (03) l'opposition parlementaire française, (04) la majorité politique hors exécutif ou l'opposition politique hors législatif françaises, (05) les autres représentants officiels du pouvoir politique français, et (06) les sources officielles anonymes dont on ne connait pas l'identité exacte mais dont on sait tout de même qu'elles appartiennent au débat officiel français. Par définition, ces sources concordent avec le récit du débat officiel français qui condamne le régime de Bachar al-Assad et soutient les rebelles à l'unanimité, mais peuvent également être citées pour appuyer des données factuelles. La catégorie V11 servira à coder les sources extérieures au débat officiel, parmi lesquelles les rebelles ou l'opposition syrienne (07), le régime syrien (08), les États ou gouvernements étrangers (autres que la France) (09), les organisations ou institutions internationales (10), les organisations non gouvernementales (11), les autres sites Internet, médias ou agences de presse hormis l’Agence France-Presse (AFP), Reuters et l’Associated Press (AP)18 (12), les journalistes auteurs de l’article analysé et les agences de presse AFP, Reuters et AP, qui sont les trois agences les plus fréquemment utilisées par les journalistes français (13) et les autres sources extérieures au débat officiel (14). La catégorie 14 constitue une catégorie résiduelle dans laquelle se situeront toutes les sources extérieures au débat officiel français n'appartenant à aucune des catégories 07 à 13.

La catégorie V12 servira à coder les sources anonymes. Ces sources seront exclues de l'analyse, en tant que données manquantes, puisqu'elles n'apportent aucune donnée pertinente pour la vérification de nos hypothèses.

5.1.3. Procédure de codage

Logiquement, le fait que notre codage ait été réalisé par un codeur unique engendre un biais lié à la part d'erreur humaine et au manque de cohérence interne qui existe dans toute étude de ce type.

De même, il aurait été intéressant de pouvoir vérifier l'homogénéité chronologique de la couverture médiatique étudiée. Bien que notre choix de ne pas tenir compte de l'ordre chronologique des articles dans notre codage ait été décidé afin de correspondre le plus précisément possible à l'hypothèse de l'indexation formulée par

18Toute source issue d’un autre site Internet, d'un média ou d’une agence de presse, à l'exclusion : du journaliste auteur de l'article analysé, des trois quotidiens étudiés (Le Monde, Libération, Le Figaro) ou de leur site internet, et des agences de presse AFP, Reuters et AP.

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Bennett (1990), cet élément peut éventuellement constituer une faiblesse dans l'analyse pour les chercheurs qui auraient désiré une analyse encore plus raffinée.

Malgré ces limites, la procédure de codage a été choisie afin d’être la plus rigoureuse possible.

L'unité d'analyse retenue est le corpus au complet, puisque nous partons du postulat que la couverture médiatique produite par Le Monde, Le Figaro et Libération est homogène, non seulement dans le temps, mais également dans le contenu. De ce fait, nous avons choisi de considérer l'ensemble du corpus comme une seule unité d'analyse plutôt que de traiter chacun des 352 articles composant le corpus comme une unité d'analyse à part entière.

L'unité de codage choisie diffère quant à elle selon les variables concernées : ainsi, pour les variables V1 à V5 (date de publication, nom du quotidien, numéro de l'article, type d'article, emplacement de l'article), V6 à V9 (orientation du ton de l'article par rapport au débat officiel), l'unité de codage est l'article au complet.

Pour les variables V10 à V12 (provenance de la source des propos rapportés dans l’article), l'unité de codage est la mention de la source. Toutefois, une même source citée plusieurs fois mais pour appuyer un même argument entrecoupé ou une même citation entrecoupée a été considérée comme une seule et même source et n'a donc été codée qu'une seule fois.

Un article a été codé comme « concordant avec le débat officiel » s’l mentionnait plus d'opinions concordantes avec le récit du débat officiel que d'opinions discordantes avec celui-ci. Inversement, un article a été codé « opposé au débat officiel » s’il présentait plus d'opinions discordantes avec le récit du débat officiel que d'opinions concordantes avec celui-ci.

Un article a été codé comme ambivalent si les récits 1 et 2, et 3 étaient présentés à part égale, et factuel si aucun récit n'était identifiable.

5.1.4. Conditions de vérification des hypothèses

Voici les deux hypothèses que nous avons posées plus haut :

57 H1 : les trois quotidiens français de presse écrite Libération, Le Monde et Le Figaro ont produit une couverture partiale du conflit syrien, orientée en faveur d'un récit unique identique à celui du débat ou discours politique officiel français.

H2 : les trois quotidiens français de presse écrite Libération, Le Monde et Le Figaro ont plus souvent utilisé des sources issues du débat ou discours officiel français que des sources extérieures à celui-ci pour couvrir le conflit syrien.

La première hypothèse sera vérifiée grâce à un indicateur correspondant au récit véhiculé dans la couverture médiatique. En termes d'opérationnalisation, cet indicateur pourra prendre l'une des trois valeurs suivantes : concordant avec le débat officiel / discordant avec le débat officiel / factuel.

L'hypothèse 1 sera vérifiée si le récit concordant avec le débat officiel français (récit 3) est adopté plus souvent que les autres par les médias étudiés.

La deuxième hypothèse sera vérifiée grâce à un indicateur correspondant à la provenance de la source du propos rapporté par les médias. En termes d'opérationnalisation, cet indicateur pourra prendre l'une des trois valeurs suivantes : source issue du débat officiel français / source extérieure au débat officiel français / source anonyme.

L'hypothèse 2 sera vérifiée si les sources issues du débat officiel français sont citées plus souvent que les autres par les médias étudiés.

En cas de vérification des deux hypothèses, nous pourrons conclure à une indexation. Au contraire, en cas de non vérification des deux hypothèses ou de l'une d'entre elles (nos deux hypothèses étant nécessaires à la vérification de l'indexation), on ne pourra pas conclure à une indexation.

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6. Résultats

6.1. Données descriptives et résultats préliminaires

Avant de passer à l'analyse des résultats ainsi qu'à la vérification des hypothèses, il convient de revenir sur les données descriptives du corpus étudié.

Le tableau 7 présente la distribution des articles du corpus entre les trois quotidiens étudiés. Sur un total de 352 articles qui composent notre échantillon, la majorité sont issus du Figaro (132 articles, soit 37,50%). On trouve ensuite Le Monde, avec 125 articles (35,51%), puis Libération avec 95 articles (26,99%).

Tableau 7 : distribution des articles par quotidien Proportion d'articles Proportion d'articles dans Nom du quotidien n N dans la population l'échantillon Libération 95 2 386 23,46 26,99 Monde (Le) 125 3 713 36,51 35,51 Figaro (Le) 132 4 072 40,04 37,50 Total 352 10171 100,00 100,00

Le tableau 7 peut être partiellement illustré par l'histogramme ci-dessous, qui représente la distribution des articles par quotidien dans l'échantillon.

59 Figure 2 : distribution des articles dans l'échantillon, par quotidien

Lorsque l'on compare la proportion d'articles issus de chaque quotidien dans l'échantillon à la proportion d'articles issus de chaque quotidien dans la population, on constate que l'échantillon aléatoire est représentatif de la distribution des articles au sein de la population. Ainsi, 23,46% d'articles sont issus de Libération dans la population, contre 26,99% dans l'échantillon, ce qui est similaire à 3,5 points de pourcentage près. De même, 36,51% des articles de la population sont issus du Monde, contre 35,51% dans l'échantillon, soit une différence d'un point de pourcentage seulement. Enfin, 40,04% des articles de la population sont issus du Figaro, contre 37,5% dans l'échantillon, soit une différence de 2,5 points de pourcentage. Le Figaro est le quotidien dont sont issus la majorité des articles, aussi bien dans la population que dans l'échantillon étudié. Au contraire, Libération est toujours le quotidien dont sont issus la minorité des articles. Cette similitude peut être illustrée par l'histogramme suivant, qui représente la distribution des articles dans l'échantillon et la population, par quotidien.

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Figure 3 : distribution des articles dans l'échantillon et la population, par quotidien

Le tableau 8 présente la distribution des articles par types d'articles étudiés, dans l'échantillon. Comme il a été expliqué plus haut, nous avons choisi de retenir tous les types d'articles retournés par la recherche afin de nous rapprocher de l'hypothèse de l'indexation formulée par Bennett (1990). Ainsi, sur un total de 352 articles, 282 sont des reportages factuels, soit la très grande majorité (80,11%). La catégorie qui arrive en deuxième position est constituée par le groupe « autre ou indéterminé », qui englobe 27 articles (7,67% du corpus). Il convient de noter qu'un article a été codé comme appartenant à la catégorie « autre ou indéterminé » lorsqu'il ne correspondait à aucune autre des catégories listées dans le tableau ci-dessous.

Les autres catégories ne contiennent que très peu d'articles : sur la totalité de l'échantillon, on ne compte que 10 éditoriaux (2,84%), 8 entretiens (2,27%), 20 articles de type parti pris ou débat (5,68%), 2 chroniques (0,57%) et 3 portraits (0,85%).

Tableau 8 : distribution des articles de l'échantillon par types d’articles Type d'article n Proportion d'articles Éditorial 10 2,84 Entretien 8 2,27 Parti pris ou débat 20 5,68 Chronique 2 0,57 Reportage factuel 282 80,11 Portrait 3 0,85 Autre ou indéterminé 27 7,67 Total 352 100,00

61 Le tableau 9 présente la distribution des articles de l'échantillon entre les différents types d'emplacement possibles dans le journal. D'après les données, la grande majorité des articles étudiés sont situés dans la section internationale du quotidien étudié (236 articles sur 352 ou encore 67,05% des articles). La deuxième catégorie d'articles est celle des « autres - indéterminés », avec 64 articles (18,18%). Ici encore, on notera qu'un article a été codé comme autre ou indéterminé lorsqu'il ne correspondait à aucune des autres catégories listées dans le tableau ci-dessous. La catégorie autre est donc une catégorie résiduelle. La troisième catégorie est constituée par les articles de Une, avec 32 articles (9,09%). Le reste des catégories ne contiennent qu'un nombre d'articles négligeable : 7 articles (1,99%) étaient situés dans la section politique nationale, aucun dans la section opinion, 3 (0,85%) dans un emplacement de type cahier spécial, 4 (1,14%) dans la section société, et 3 (0,85%) dans les sections culture et économie.

Tableau 9 : distribution des articles de l'échantillon par emplacement Emplacement de l'article n Proportion d'articles Une 32 9,09 Section politique nationale 7 1,99 Section internationale 236 67,05 Section opinion 0 0,00 Cahier spécial 3 0,85 Section société 4 1,14 Section culture 3 0,85 Section économie 3 0,85 Autre - indéterminé 64 18,18 Total 352 100,00

6.2. Vérification des hypothèses

6.2.1. Hypothèse 1

La première hypothèse mise à l'épreuve postulait que les trois quotidiens français de presse écrite Libération, Le Monde et Le Figaro avaient produit une couverture partiale du conflit syrien, orientée en faveur d'un récit unique identique à celui du débat ou discours politique officiel français.

62

Comme il a été mentionné plus tôt, H1 sera vérifiée si le récit concordant avec le débat officiel français (récit 3) est adopté plus souvent que les autres par les médias étudiés.

D'après le tableau 10, qui détaille nos résultats relatifs au ton des articles codés, on constate que la majorité de ces derniers ont adopté un ton concordant avec le récit 1, c'est-à-dire condamnant Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans, ou soutenant les rebelles ou l'opposition. En effet, 172 articles sur 352 ont adopté ce ton, soit 48,86% des articles codés. Au contraire, seuls 11 articles sur 352 (3,13% de l'échantillon) ont adopté le récit 2, celui du soutien à Bachar al-Assad ou de la condamnation des rebelles. 35 articles sur 352 seulement ont adopté une position ambivalente, présentant les deux récits de manière égale, soit 9,94% de l'échantillon. De manière inattendue, on constate également que le nombre d'articles purement factuels, c'est- à-dire dans lesquels il est impossible d'identifier un positionnement, est élevé, avec un total de 134 articles sur 352, soit 38,07% de l'échantillon.

Tableau 10 : description du ton des articles Ton N % Récit 3 : négatif envers Bachar al-Assad et positif envers les rebelles ou 172 l'opposition 48,86 Récits 1 et 2 : positifs envers Bachar al-Assad et / ou négatifs envers les 11 rebelles ou l'opposition 3,13 Récit 4 : ambivalence 35 9,94 Factuel – pas de récit identifiable 134 38,07 Total 352 100

Le tableau 11 présente la fréquence du ton employé par les trois quotidiens étudiés dans l'échantillon codé, par rapport au débat officiel relatif au conflit syrien. Sur un total de 352 articles codés, 172 concordent avec le débat officiel français, soit 48,86% de l'échantillon. 46 articles discordent avec le débat officiel français (soit 13,07% de l'échantillon), c'est-à-dire qu'ils soutiennent Bachar al-Assad, ou condamnent les rebelles, ou sont ambivalents. Enfin, 134 articles (soit 38,07% de l'échantillon) sont factuels, c'est-à-dire qu'ils ne présentent aucun positionnement identifiable par rapport au débat officiel français.

Ainsi, avec une pluralité d'articles concordant avec le débat officiel français (48,86% de l'échantillon), H1 est vérifiée.

63 Tableau 11 : fréquence du ton employé par les articles de l'échantillon Ton N % Concordance avec le débat officiel 172 48,86% Discordance avec le débat officiel 46 13,07% Factuel 134 38,07% Total 352 100

Par soucis de rigueur, nous avons décidé d'inclure les articles purement factuels à notre analyse. En effet, ces derniers indiquent un comportement particulier des médias, surtout lorsqu'ils sont nombreux, dans la mesure où ils témoignent d'une volonté des médias d'exposer son lectorat à des articles dans lesquels aucun positionnement n'est identifiable. Ce choix semble ainsi se rapprocher d’un principe d'objectivité ou de neutralité des médias. Il nous a donc paru plus honnête de les faire apparaître dans nos résultats, d'autant plus qu'ils représentent près de 40% de notre échantillon à eux seuls.

Toutefois, les résultats de notre étude vont d'autant plus dans le sens de l'hypothèse de l'indexation qu'on en exclue ces articles factuels. Aussi, le tableau 12 présente la fréquence du ton employé parmi les articles s'étant positionnés par rapport au débat officiel, et uniquement ces articles. Le nombre de valeurs manquantes indiqué sous le tableau, 134, correspond logiquement aux articles factuels.

Or, comme on peut le voir, la proportion d'articles concordant avec le débat officiel passe de 48,86% à 78,9% de l'échantillon codé lorsqu'on exclut ces articles factuels, soit une augmentation de 30 points de pourcentage. Les articles discordants avec le débat officiel restent minoritaires, passant de 21,10% à 13,07% de notre échantillon. Le fait d'exclure les articles factuels de l'analyse renforce donc nos résultats, même si H1 est tout de même vérifiée lorsqu'ils sont inclus.

Tableau 12 : fréquence du ton employé parmi les articles s'étant positionnés par rapport au débat officiel Ton N % Concordance avec le débat officiel 172 78,9% Discordance avec le débat officiel 46 21,10% Total 218 100 Valeurs manquantes : 134

64

6.2.2. Hypothèse 2

La seconde hypothèse mise à l'épreuve postulait que les trois quotidiens français de presse écrite Libération, Le Monde et Le Figaro avaient plus souvent utilisé des sources issues du débat ou discours officiel français que des sources extérieures à celui-ci pour couvrir le conflit syrien.

Comme il a été mentionné plus tôt, H2 sera vérifiée si les sources issues du débat officiel français sont citées plus souvent que les autres par les médias étudiés.

Le tableau 13 présente la fréquence d'apparition de chaque type de sources identifiées dans l'échantillon d'articles codés. Comme on peut le voir, les sources les plus fréquemment mentionnées dans notre échantillon sont les « autres sources extérieures au débat officiel », incluant les sources anonymes extérieures au débat officiel, avec 262 mentions sur 1118, soit une part de 23,43% dans l'échantillon. Les autres sources extérieures au débat officiel représentent donc près d’un quart des sources utilisées par les journalistes dans notre échantillon. Viennent ensuite les journalistes auteurs des articles analysés eux-mêmes ou les agences de presse AFP, Reuters et AP, qui représentent 22,18% des sources dans notre échantillon. Ceci signifie que, dans 22% des cas, les journalistes auteurs des articles analysés se sont appuyés sur leurs propres observations ou celles des agences de presse AFP, Reuters et AP pour transmettre de l'information relative au conflit syrien. La troisième catégorie de sources la plus utilisée par les journalistes de notre échantillon est constituée par les États ou gouvernements étrangers, avec 173 mentions sur 1118, soit 15,47% des sources utilisées dans l'échantillon. La quatrième catégorie de sources la plus utilisée par les journalistes de notre échantillon est celle des rebelles ou de l'opposition. On en compte 99 mentions sur 1188, soit une part de 8,86% des sources de l'échantillon.

Les autres catégories de sources identifiées dans notre grille d'analyse n'ont été que peu utilisées dans notre échantillon : les organisations ou institutions internationales n'ont été utilisées que dans 5,81% des cas, les ONG dans 5,37% des cas, les autorités officielles syriennes dans 4,92% des cas, le gouvernement français dans 4,20% des cas, le Président de la République français dans 3,13% des cas, les autres sites Internet, médias et agences de presse dans 2,50% des cas, les aautres représentants officiels du pouvoir politique français dans 1,25% des cas. Les sources restantes ont, quant à elles, été utilisées dans moins de 1% des cas : 0,54% des cas pour l'opposition parlementaire française, et 0,45% des cas pour la majorité politique hors exécutif ou opposition politique hors législatif.

Aucune source anonyme issue du débat officiel n'a été relevée dans l'échantillon.

65 Il convient de noter que les 21 sources anonymes relevées dans l'échantillon (1,88% de l'échantillon) ont été exclues de l’analyse dans le tableau 14, puisqu'elles n'apportent aucune donnée pertinente pour l'analyse et constituent donc des valeurs manquantes. Le total de sources, pour le tableau 14, est donc de 1097 au lieu de 1118.

Tableau 13 : fréquence détaillée des sources Nature de la source n Part dans le corpus Président de la République 35 3,13% Gouvernement 47 4,20% Opposition parlementaire 6 0,54% Majorité politique hors exécutif ou opposition politique 5 0,45% hors législatif Autres représentants officiels du pouvoir politique 14 1,25% français Sources officielles anonymes 0 0,00% Rebelles ou opposition 99 8,86%

Etats ou gouvernements étrangers 173 15,47% Organisations ou institutions internationales 65 5,81% ONG 60 5,37% Autres sites Internet, médias, et agences de presse 28 2,50% (hormis AFP, Reuters et AP) Journalistes auteurs de l’article analysé ou agences de 248 22,18% presse AFP, Reuters et AP Autres sources extérieures (y compris anonymes) 262 23,43% Autorités officielles syriennes 55 4,92% Anonymes 21 1,88% Total 1118 100,00%

Le tableau 14 présente la fréquence d'apparition des sources dans l'échantillon, en fonction de leur provenance. Comme on le constate rapidement, la très grande majorité des sources utilisées dans notre échantillon est constituée par les sources extérieures au débat officiel, avec 990 mentions sur 1097, soit une part de 90,25% de l'échantillon.

Au contraire, les sources issues du débat officiel ne représentent que 9,75% des sources mentionnées dans l'échantillon, avec 107 mentions sur 1097. Cette répartition est illustrée par l'histogramme 4, ci-dessous.

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Tableau 14 : fréquence d'apparition des sources en fonction de leur provenance Type de sources n % Issues du débat officiel 107 9,75 Extérieures au débat officiel 990 90,25 Total 1097 100,00 Valeurs manquantes : 21

Figure 4 : fréquence d’apparition des sources en fonction de leur provenance

100 90 80 70 60 50 40 Part dans le corpus 30 20 10 0 Issues du débat officiel Extérieures au débat officiel

Ainsi, à la première analyse, on ne peut pas dire qu'H2 soit vérifiée.

6.3. Analyse et interprétations des résultats

D'après nos résultats, l’analyse de contenu ne permet de confirmer que partiellement une indexation des trois quotidiens étudiés sur le débat officiel français dans leur couverture du conflit syrien.

En effet, si les trois quotidiens ont bel et bien adopté un récit identique à celui du discours officiel français pour couvrir le conflit syrien (H1 vérifiée), nous ne sommes pas en mesure de dire qu'ils se soient fondés sur des sources officielles associées à ce discours en particulier (H2 non vérifiée). La portée de nos résultats

67 d'analyse se limite à pouvoir conclure que les trois quotidiens étudiés ont adopté le même récit que celui émanant des autorités politiques françaises pour couvrir le conflit syrien, mais pas qu'ils ont puisé leur inspiration auprès des locuteurs officiels français de ce discours en particulier.

6.3.1. Une couverture homogène dans son manichéisme

Comme l'ont montré nos résultats préliminaires, la couverture des trois premières années du conflit syrien produite par Libération, Le Monde et Le Figaro est majoritairement négative envers Bachar al-Assad ou positive envers les rebelles ou l’opposition, dans 48,86% des cas (récit 3). Elle est ambivalente, positive envers Bachar al-Assad ou négative envers les rebelles ou l'opposition dans 13,07% des cas (récits 1, 2 et 4), et factuelle dans 38,07% des cas.

Le caractère manichéen de cette couverture est encore plus frappant si on exclut les articles factuels. Dans ce cas, on trouve 78,9% d'articles négatifs envers Bachar al-Assad ou positifs envers les rebelles ou l’opposition (récit 3), contre seulement 21,10% d'articles ambivalents, positifs envers Bachar al-Assad ou négatifs envers les rebelles ou l'opposition (récits 1, 2 et 4).

Ces résultats sont encore plus intéressants lorsqu'on observe la répartition des différents récits adoptés entre les différents quotidiens.

Tableau 15 : répartition des types d'articles entre les trois quotidiens Part Part Part Articles Articles Articles n d'articles d'articles d'articles concordants discordants factuels concordants discordants factuels Libération 95 45 47,37% 12 12,63% 38 40,00% 12 Le Monde 67 53,60% 17 13,60% 41 32,80% 5 13 Le Figaro 60 45,45% 17 12,88% 55 41,67% 2 35 Total 172 48,86% 46 13,07% 134 38,07% 2

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Comme on peut le voir, pour toutes les catégories d'articles analysées (concordants, discordants, factuels), chaque quotidien en a publié une part quasiment égale.

Ainsi, Libération a publié 47,37% d'articles concordants avec le débat officiel (45 articles sur un total de 95), Le Monde en a publié 53,60% (67 articles sur 125) et Le Figaro en a publié 45,45% (60 articles sur 132). Ceci signifie que les trois quotidiens étudiés ont tous produit une couverture aussi négative envers Bachar al- Assad, même si la couverture du Monde est un tout petit peu plus négative que les deux autres.

De la même manière, Libération a publié 12,63% d'articles discordants avec le débat officiel (12 articles sur 95), Le Monde en a publié 13,6% (17 articles sur 125) et Le Figaro en a publié 12,88% (17 sur 132). Cette fois encore, on constate que Le Monde a publié légèrement plus d'articles discordants que les deux autres quotidiens étudiés. Toutefois, cette différence que nous tenterons d’expliquer plus loin reste minime, et la couverture très homogène entre les trois quotidiens.

Enfin, la dynamique est toujours la même lorsqu'il s'agit des articles factuels, mis à part que Le Monde est cette fois le quotidien qui en a le moins publié, avec 41 articles factuels sur 125, soit une part de 32,8% des articles issus du Monde. Libération a publié 40% d'articles factuels (38 articles sur 95) tandis que Le Figaro en a publié 41,67% (55 sur 132).

L'homogénéité de la couverture du conflit syrien produite par Libération, Le Monde et Le Figaro apparaît de manière très frappante sur l'histogramme ci dessous.

Figure 5 : répartition des types d'articles entre les trois quotidiens

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Si l'on s'attendait à ce que la couverture du conflit syrien produite par Le Monde, Libération et Le Figaro soit majoritairement construite selon le même récit, on ne s'attendait pas, toutefois, à une répartition des récits utilisés si homogène entre les trois quotidiens. Les raisons potentielles à une telle homogénéité méritent donc que l'on s'y attarde.

Conséquence logique et intrinsèque de l'indexation, l’homogénéité du traitement médiatique du conflit syrien produit par trois quotidiens pourtant situés à différents pôles de l’échiquier politique semble moins évidente en l’absence de celle-ci. En effet, s’il y avait eu indexation des trois quotidiens sur le discours officiel français, cette convergence en aurait été l’une des conséquences logiques, surtout en présence d’un discours officiel parfaitement unanime. Mais compte tenu du fait que, d’après nos résultats, les trois quotidiens étudiés ne se sont pas fondés majoritairement sur le discours officiel français pour couvrir le conflit syrien, l’unanimité de la droite et de la gauche politiques à condamner le régime de Bachar al-Assad et à soutenir les rebelles, transcendant l’alternance et les clivages politiques, n’explique pas la convergence ou l’homogénéité du discours véhiculé par les trois quotidiens étudiés ; cette homogénéité trouve nécessairement son explication dans des facteurs extérieurs à ce discours.

Or, l'homogénéité des nouvelles, déjà évoquée par de nombreux auteurs (Herman et Chomsky, 1988 ; Bennett, 1990; Entman, 2004; Mermin, 1999), fait justement écho à de nombreuses études institutionnalistes (Entman, 2006 ; Ryfe, 2006 ; Cook, 2005).

Selon ces théories, l'homogénéité substantielle qui existe souvent dans les contenus médiatiques produits par les différentes agences de presse s'explique notamment par le fait que ces agences sont soumises à des normes et des pressions similaires (Entman, 2006 : 215). Ainsi, « Over time, accross media and around varying issues, most institutionalists expect that news produced by different national media will look largely the same » (Entman, 2006 : 216).

Plus précisément, « It is axiomatic among scholars that professional routines and procedures—essentially, a set of organizational rules—explain a great deal of why American news media produce the news in the way that they do. » (Ryfe, 2006 : 203). Ainsi, bien que leur mise en pratique puisse varier selon les journalistes (Ryfe, 2006 : 203), certaines routines, règles ou procédures journalistiques communes à la profession contribueraient à expliquer une éventuelle indexation, mais aussi et surtout la forte homogénéité qui se

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retrouve parfois dans la couverture de certains évènements par des médias différents. Ces règles sont celles que Ryfe (2006 : 204) qualifie de « regulative rules », par opposition aux « constitutive rules »19.

Certaines de ces règles avaient déjà été énoncées par Bennett (1996) : parmi elles, des récits fondés sur les sources officielles ; l'indexation ; suivre les rails du pouvoir ; écrire des récits cohérents avec la culture politique nationale ; l'émergence de quelques icônes dissidentes suffisamment crédibles pour permettre aux journalistes d'outrepasser les limites dictées par les sources officielles dans leur couverture des nouvelles. On peut également penser à d’autres pratiques comme la course au scoop ou l’écriture dans l’urgence (voir section 2.3), phénomène d’ailleurs accentué par l’utilisation journalistique des sites internet de réseaux sociaux, souvent sans modérateur. L'ensemble de ces règles suggèrent que, dans la majorité des cas, les journalistes ont tendance à relayer la version officielle d'un événement, et ce de manière inconsciente et routinière (Bennett, 1996 ; Ryfe, 2006).

En effet, comme on l'a vu en introduction, « La fabrication des nouvelles constitue une entreprise de construction à laquelle participent les journalistes, leur média et leurs sources » (Gingras, 2010 : 55). À l'intérieur de cette entreprise de construction, il existe des routines d'information qui permettent aux organisations médiatiques de systématiser le traitement de l'information afin de manier les nouvelles comme des biens de consommation pouvant être produits et vendus de manière régulière, et de contrôler la diversité de l'information à la source (c'est à dire, l'information brute) (Weispfenning, 1993 : 49). Principalement issu d'un soucis d'efficacité économique (Weispfenning, 1993 : 50), la routinisation de l'information se traduit notamment par une dépendance des journalistes à un réseau de sources restreint auquel ils font appel de manière récurrente, de même que par une structure organisationnelle fondée sur le pouvoir des patrons de presse, ces derniers exerçant un certain contrôle sur les conditions de travail journalistique et l'allocation des ressources aux médias (Gingras, 2010 : 56 et 57).

La dimension sociologique et relationnelle joue également un grand rôle dans l'uniformisation des pratiques journalistiques et, par extension, des nouvelles :

L'apprentissage du métier de journaliste consiste […] à s'ajuster au moule en quelque sorte, ce qu'on fait en fréquentant des professeurs qui ont été eux-mêmes journalistes ou en socialisant avec ses collègues. La socialisation joue un rôle majeur dans l'apprentissage du métier. De plus, comme les nouvelles transitent par le bureau d'un chef de pupitre, d'un directeur de l'information ou d'une autre autorité, le processus assure une certaine uniformité. Les journalistes intériorisent une manière de travailler qui devient une seconde nature (Gingras, 2010 : 56).

19Les « constitutive rules » sont celles qui portent sur le contenu des nouvelles, tandis que les « regulative rules » portent sur les procédures régissant la fabrication des nouvelles : « News rules are assumptions or expectations about the news – about what it is (constitutive rules) or how it ought to be produced (regulative rules) » (Ryfe, 2006 : 211).

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C'est sans compter la proximité dans laquelle les journalistes œuvrent souvent lors des processus de fabrication des nouvelles : dans un environnement où chacun se côtoie et où tout le monde se connait, l'échange de sources ou d'informations est fréquent entre les rédactions et contribue également à une certaine homogénéisation des nouvelles. Il en va de même pour la tendance des journalistes à utiliser, sans se les réapproprier et souvent par manque de temps ou par facilité, les rapports gouvernementaux ou les communiqués de presse qui leur sont transmis par les autorités officielles (Gingras, 2010 : 60), ou encore les communiqués des agences de presse telles que l'AFP, Reuters ou AP. Dans notre étude, ces trois agences sont citées 70 fois en tant que sources (soit 6,26% des sources), dont 39 fois en tant qu’auteurs des articles analysés (11,08% des articles analysés). Or, ne disposant pas toujours de correspondants sur place, surtout dans les situations de conflits étrangers, ces agences relaient souvent les informations produites par des sources locales parfois non vérifiées, pouvant engendrer une certaine circularité de l’information.

Ainsi, présent à divers niveaux de l'appareil de production de l'information (sources, rapport au temps, collecte de l'information, etc.), le phénomène de routinisation des pratiques journalistiques contribue à homogénéiser le travail des journalistes20.

Or, le fait que Le Monde, Libération et Le Figaro soient trois journaux de nature similaire nous indiquent qu'ils sont tous les trois soumis à des routines et à des processus de fabrication des nouvelles identiques ou très similaires (Peralva et Macé, 2002 : 37; Éveno, 2008 : 75; Hubé, 2008 : 18; Charon, 2013 : 36). Cette ressemblance pourrait en partie expliquer nos résultats qui démontrent une très forte homogénéité de la couverture du conflit syrien produite par ces trois quotidiens.

En l’absence d’indexation, ces diverses raisons constituent donc autant d'explications potentielles à nos résultats indiquant une forte homogénéité de la couverture du conflit syrien produite par trois quotidiens pourtant différenciés sur le plan de leurs attachements politiques respectifs : Le Monde, Libération et Le Figaro. Donc, à la lumière de nos résultats couplés avec ces explications potentielles de l’homogénéité, on peut s’interroger sur une éventuelle homogénéisation du traitement médiatique de l’information qui existerait même indépendamment du discours politique officiel.

Outre cette convergence, nos résultats nous apprennent que Le Monde a produit une couverture légèrement plus partiale que les deux autres quotidiens. Bien que cette différence reste infime, elle pourrait s'expliquer par la ligne éditoriale du Monde, historiquement réputée pour son caractère intellectuel et son indépendance

20Pour plus de détails sur les pratiques journalistiques, voir Gingras, 2010 : 53-100.

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(Éveno, 2008 ; Éveno, 2001 ; Poulet, 2005 ; Péan, 2003), notamment préservée grâce à un équilibre adéquat entre les profits et les contenus :

Dans une démocratie, il ne peut y avoir de vérité révélée, et le citoyen doit pouvoir choisir entre les différentes opinions qui lui sont présentée. Au-delà de cette condition première, la seule recette qui vaille pour préserver l’indépendance d’un journal, c’est de satisfaire conjointement le lecteur et l’actionnaire. L’équilibre entre la qualité rédactionnelle et la rentabilité économique permet de trouver un public qui finance, par ses achats ou par sa contribution indirecte à travers la publicité, la production de l’information par la communauté des journalistes. Cette recette est appliquée au Monde depuis 1994; les résultats sont concluants (Eveno, 2001 : 284);

6.3.2. Un récit majoritairement identique à celui du débat officiel

Ce constat d'une couverture médiatique routinière et homogène rejoint également les discussions de nombreux observateurs de la presse française. Selon ces derniers, le pluralisme de la presse en France paierait, depuis quelques années, les frais de diverses mutations du secteur journalistique, à commencer par la concentration des médias (D'Almeida et Delporte, 2010 : 341-345 ; Charon, 2013 : 72-74). Ainsi, pour Charon (2013 : 116), le pluralisme des quotidiens français serait davantage fondé sur une offre éditoriale correspondant aux grandes sensibilités du pays que sur la manifestation d’une véritable identité partisane ou idéologique. Dans notre étude, cette structuration de l'offre éditoriale selon les grandes sensibilités du pays se manifeste par l'adoption, par les trois quotidiens étudiés, du même récit que celui véhiculé par les autorités française pour couvrir le conflit syrien. Comme on l'a vu, 172 articles sur 352 étudiés ont abordé le conflit syrien sous l'angle du récit 3, c'est à dire celui dont la véracité était légitimée par les autorités politiques françaises. Ceci représente une part de 48,86% de l'échantillon analysé.

Or, l'interprétation du conflit syrien grâce au récit selon lequel les rebelles et l'opposition syrienne seraient des militants des droits humains se battant contre un pouvoir tyrannique (récit 3) présente un haut degré de congruence avec la culture française, selon le concept de congruence culturelle développé par Entman (2004). Dans le cadre de son modèle de l'activation du cadrage en cascade que nous avons évoqué plus haut (section 2.2.2), l'auteur explique que la congruence culturelle

measures the ease with which – all else being equal- a news frame can cascade through the different levels of the framing process and stimulate similar reactions at each step.

The more congruent the frame is with schemas that dominate the political culture, the more success it will enjoy. The most inherently powerful frames are those fully congruent with schemas habitually used by most members of society (Entman, 2004 : 14).

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Autrement dit, un récit aura d'autant plus de facilité à s'imposer dans la couverture médiatique d'un enjeu qu'il est cohérent avec la culture politique partagée par la majorité de la société. Or, le récit du conflit syrien véhiculé par les autorités politiques françaises officielles et qui condamne le recours à la violence par le régime syrien correspond à un contexte où les sociétés occidentales, dont la France, sont généralement pacifiées sur leur territoire et rejettent le recours à la violence comme mode de régulation normal des conflits21 (Mathien, 2001). De plus, l'approche consistant à voir les rebelles et l'opposition syrienne comme des militants pour les droits humains renvoie à un héritage français solidement fondé sur la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Ainsi, encore aujourd'hui, la France est souvent considérée comme le pays des droits de l'Homme.

Couplé à l'hypothèse de l'indexation qui prédit une identité des discours médiatique et politique en cas de consensus du débat officiel, le concept de la congruence culturelle pourrait également expliquer le succès du récit 3 auprès des trois quotidiens étudiés.

6.3.3. L'importance des faits (articles factuels) : plus de faits, moins d'opinions?

Très homogène, la couverture produite par Le Monde, Libération et Le Figaro à propos du conflit syrien est également marquante par la part qu'elle accorde aux faits.

En effet, avec 134 articles sur 352, la couverture médiatique analysée est factuelle à 38,07%. Les articles véhiculant des opinions représentent quant à eux 61,93% de l'échantillon étudié.

De la même manière que l'homogénéité de la couverture médiatique analysée, l'importance accordée aux articles factuels pourrait s'expliquer, en partie, par les routines journalistiques régissant la production des nouvelles (Gingras, 2010). Parmi celles-ci, la fréquente utilisation, dans leur forme brute, des rapports gouvernementaux, communiqués de presse ou dépêches des agences de presse par les journalistes, incite probablement ces derniers à produire moins de réflexions approfondies et de débats qu'ils ne le devraient au regard de leur rôle idéal au sein d'un système démocratique.

Ces résultats sont également à mettre en relation avec une étude de Livingston et Bennett (2003), qui a démontré l'importance croissante, dans la couverture de l'actualité produite par certains médias américains, des évènements spontanés (event-driven news). Ces derniers sont définis comme des évènements qui, au

21Voir Charte de l'Organisation des Nations Unies, article 2, paragraphe 4.

74

moins initialement, surviennent de manière complètement indépendante des autorités politiques officielles et sont extérieurs au cadre institutionnel (Livingston et Bennett, 2003). Ces évènements, ainsi que leur couverture médiatique, résultent généralement d'accidents, de catastrophes naturelles ou encore d'actes de violence inattendus, ce dernier phénomène étant récurrent dans le cadre du conflit syrien (Livingston et Bennett, 2003). D'après les résultats de Livingston et Bennett (2003), l'augmentation de la couverture médiatique de ce type d'évènements n'exclut pas ni n'empêche l'utilisation des sources officielles par les médias. Toutefois, elle serait susceptible de le faire et, puisque nos résultats n'indiquent pas une utilisation majoritaire des sources officielles, on peut se demander, à la manière de Livingston et Bennett (2003), si les technologies actuelles qui permettent d'être informé des évènements spontanés de manière instantanée, particulièrement Twitter, ne permettraient pas aux journalistes de se libérer partiellement de leur dépendance aux sources officielles dans leur couverture de l'actualité. En effet, collectant l'information directement à la source grâce au microbloggage ou aux sites de réseaux sociaux dont ils disposent, les journalistes seraient davantage aptes à mettre l'accent sur le fait dans sa forme brut tout en s'extrayant des schémas d'interprétation proposés par les autorités politiques officielles. Sans être avérée, cette idée pourrait constituer une explication du grand nombre d'articles factuels relevés dans notre échantillon, de même qu’une éventuelle réticence des médias à prendre parti dans le cadre d’un conflit étranger.

6.3.4. Une source d'inspiration médiatique incertaine, encore à élucider

Si nous pouvons conclure, grâce à nos résultats, qu'il y a effectivement eu parenté de discours entre les quotidiens étudiés et le débat officiel français relatif au conflit syrien, la nature du système de référence choisi par les médias étudiés demeure, quant à elle, bien différente. La valeur exacte prise par la variable indépendante reste à élucider, de même que son influence précise sur notre variable dépendante, à savoir le discours médiatique. Bien que les trois quotidiens étudiés n'aient pas proposé de récit alternatif au discours officiel français, nos résultats ne permettent pas de dire que les trois quotidiens ont ajusté leur couverture en fonction du discours officiel français en particulier. Quelle est donc la véritable source d'inspiration des trois quotidiens étudiés?

De manière logique, le fait que notre première hypothèse H1 soit vérifiée nous indique que les sources utilisées par les trois quotidiens étudiés, lorsqu'elles ont exprimé une opinion, ont plus souvent alimenté le récit du conflit syrien défendu par le débat officiel français que contredit ce même récit. On en conclut que les

75 trois quotidiens étudiées ont, la plupart du temps, fait appel à des sources concordant avec la version officielle française pour couvrir le conflit syrien, ce qui s'est reflété dans le ton des articles analysés, très majoritairement négatifs envers Bachar al-Assad et positifs envers les rebelles ou l'opposition. Ceci signifie que même les sources extérieures au débat officiel qui, on l'a vu, ont été utilisées plus souvent par les journalistes que les sources issues du débat officiel, ont plus souvent adopté le même récit que celles-ci..

Ceci se reflète lorsque l'on observe nos résultats de plus près. Ainsi, parmi les 173 sources issues d’États ou de gouvernements étrangers, on en relève 118 (68,21% des sources issues d’États ou gouvernements étrangers) dont on savait qu'elles avaient adopté le même récit que la France quant au conflit syrien, comme les États-Unis, les pays membres de l'Union Européenne ou le Qatar22. Seules 34 sources (19,65% des sources issues d’États ou de gouvernements étrangers) proviennent d’États ou de gouvernements étrangers soutenant le régime syrien ou ambivalents, telles que la Chine ou la Russie. Vingt et une sources (12,14% des sources issues d’États ou de gouvernements étrangers) proviennent d’États ou de gouvernements étrangers dont on ne connaissait pas la position, tels que le Vatican.

De même, sur les 60 sources issues d'ONG, 52 sont issues d'organisations parfois considérées comme proches ou apparentées aux rebelles syriens, telles que l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme. Ceci représente environ 87% des sources issues d'ONG.

Nous avons également relevé 99 sources issues des rebelles ou de l'opposition (8,86% du nombre total de sources utilisées dans l'échantillon), contre 55 sources issues des autorités officielles syriennes (4,92% du nombre total de sources utilisées dans l'échantillon).

En tout, sur les 1118 sources relevées dans notre échantillon, nous avons dénombré 554 sources dont on savait, selon le tableau 2, qu'elles étaient porteuses du récit 3 (49,55% des sources de l'échantillon), 240 sources porteuses des récits 1 et 2 (21,47% des sources de l'échantillon), et 324 dont le récit était inconnu au départ, ou ambivalent (28,98% des sources de l'échantillon).

Selon certaines interprétations déjà formulées dans la littérature (Althaus, Edy, Entman et Phalen, 1996) une majorité de sources porteuses du même discours que celui des autorités officielles pourrait éventuellement parfois suffire à inférer une indexation. Cependant, le but étant ici de déterminer si les quotidiens étudiés se sont indexés sur le débat officiel français, et pas un autre, nous avons fait un autre choix qui nous semble d'une plus grande rigueur théorique.

22Voir tableau 2

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En effet, pour chaque source extérieure au débat officiel français utilisée par les quotidiens étudiés, nous ne savons pas si elle s'alignait elle-même sur le débat officiel français ou non. Or, l'hypothèse de l'indexation postule que « “other” (i.e., non-official) voices filling out the potential universe of news sources are included in news stories and editorials when those voices express opinions already emerging in official circles ». En d'autres termes, pour qu'il y ait indexation, les sources extérieures au débat officiel doivent être utilisées par les journalistes si elles expriment des opinions ayant déjà émergé au sein de ce dernier, et seulement dans ce cas-là. Le fait qu'une opinion exprimée par une source extérieure au débat officiel ait déjà été exprimée au sein du débat officiel ou non au moment où elle est formulée joue ici le rôle de variable intermédiaire, de la manière qui suit :

Opinion exprimée par la source extérieure : pas encore exprimée par le débat officiel => pas d'indexation du quotidien

Opinion exprimée par la source extérieure : déjà exprimée par le débat officiel => indexation du quotidien

Or, en l’occurrence, nous ne connaissons pas précisément, pour chaque opinion exprimée par une source extérieure au débat officiel, à chaque instant du conflit, la valeur de cette variable intermédiaire. En effet, si nous avons été capables de déterminer qu'une opinion spécifique concordait ou non avec un certain récit déjà adopté par le débat officiel français, nous n'avons pas été capables, pour chaque opinion précise exprimée par une source extérieure au débat officiel, de savoir si elle avait déjà été exprimée ou non par le débat officiel français. Certaines fois également, une opinion concordante avec le débat officiel français peut avoir été formulée avant d'avoir été exprimée au sein de ce dernier. Dans ces cas ci, inférer une indexation constituerait une sur-interprétation des résultats.

À titre d'exemple, le 28 mai 2013, un journaliste du Monde écrivait :

Guerre chimique en Syrie. Clandestins durant deux mois dans Damas et sa région avec les rebelles syriens, les reporters du « Monde » racontent l'étendue de la tragédie syrienne, l'intensité des combats, le drame humanitaire. Présents au moment d'attaques chimiques, ils témoignent de l'usage d'armes toxiques par les forces de Bachar al-Assad (Le Monde, 2013).

77 Or, si nous savons que cette opinion concorde avec le récit global adopté par le discours officiel français et qui consiste à incriminer Bachar al-Assad de toutes les exactions commises dans le cadre du conflit syrien (récit 3), nous savons par contre que cette opinion n'avait pas encore été exprimée en ces termes par le discours officiel à la date du 28 mai 2013 (date à laquelle a été publié l'article). En effet, c'est seulement le 27 août 2013, soit trois mois après la publication de cet article du Monde, que le discours officiel français s'est prononcé sur le responsable de l'utilisation d'armes chimiques dans le cadre du conflit syrien, lorsque François Hollande (2013) a déclaré : « Tout porte à croire que c'est le régime [de Damas] qui a commis cet acte abject qui le condamne définitivement aux yeux du monde ».

Dans ce cas, on le voit bien, on ne peut pas conclure à une indexation, au sens Bennettien du terme, uniquement sur la base qu'une opinion concorde avec le débat officiel. En effet, comme l'illustre notre exemple, le simple fait qu'une source extérieure au débat officiel exprime une opinion qui concorde avec celui- ci ne nous suffit pas à conclure à une indexation des médias étudiés sur ce même débat, puisque cela pourrait tout aussi bien démontrer une indépendance des médias, ou une indexation de ces derniers sur un autre débat officiel. Dans notre exemple, rien ne nous permet de dire que le rédacteur de l'article ne s'est pas prononcé sur l'identité du responsable de l'utilisation des armes chimiques de sa propre initiative, ou en s'indexant sur un autre discours officiel que le discours français. En ce sens, il nous a paru préférable et d'une plus grande honnêteté intellectuelle de restreindre notre seconde hypothèse aux sources issues du débat officiel, et uniquement celles-ci. C'est d'ailleurs l'approche initialement utilisée par Bennett (1990).

6.3.5. L'importance des sources étrangères

Au contraire, avec 262 mentions sur 1097, soit une part de 23,43% des sources de l'échantillon (excluant les sources anonymes), tout porte à croire que les « autres sources extérieures au débat officiel » sont celles sur lesquelles les trois quotidiens étudiés se sont le plus fondés pour couvrir le conflit syrien.

Cette catégorie est essentiellement composée de témoins directs du conflit, d'habitants des zones sinistrés ou de combat, d'universitaires et autres experts ou analystes, ou encore de personnalités syriennes artistiques ou intellectuelles. On peut par exemple citer :

Le Monde

Horizons, samedi, 18 février 2012, p. 17

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Décryptages Récit

HOMS, CARNETS DE GUERRE REPORTAGE DE MANI ET JONATHAN LITTELL. - 5/5 Punition collective

Homs est le théâtre de violences qui font chaque jour des victimes. Les opposants au régime tentent d'éviter une dérive sectaire de la révolution

Texte : Jonathan Littell Photo : Mani

[…]

A Al-Bayarda, peu après la mort de Taha, j'ai rencontré un cinéaste de Damas. « Il y a une confrontation religieuse ici, c'est indéniable, reconnaît-il. Des deux côtés, on parle sérieusement de nettoyage ethnique.

Mais c'est particulier à Homs, ça n'existe pas ailleurs. Moi, je suis un laïque. Je dois être ici : si je n'y suis pas, alors c'est une guerre sectaire. Si les choses évoluent dans le bon sens ailleurs, si une meilleure version de la révolution prévaut, Homs pourra être contenue. »

[…]

Il semblerait donc que les trois quotidiens étudiés aient ajusté la variété de leur discours non pas en fonction de l’évolution du discours officiel français, mais plutôt en fonction des autres sources auxquelles leurs journalistes ont eu accès dans la zone de conflit. Viennent ensuite les journalistes auteurs des articles analysés eux-mêmes ou les agences de presse AFP, Reuters et AP qui, avec 248 mentions sur 1097, représentent 22,18% des sources utilisées dans l'échantillon. Ceci pourrait nous indiquer une certaine indépendance journalistique. Les États ou gouvernements étrangers représentent quant à eux la troisième source d'information utilisée par les trois quotidiens étudiés, avec 173 mentions sur 1097, soit 15,47% des sources.

79 Cette forte utilisation relative de sources issues d’États ou de gouvernements étrangers par les trois quotidiens étudiés (15,47% des sources de l'échantillon) nous semble aller dans le sens des conclusions avancées par la littérature, notamment par Hayes et Guardino (2010). En effet, il ressort de l'étude menée par les deux auteurs que les sources officielles étrangères jouent un rôle très important dans la couverture journalistique des enjeux de politique étrangère, notamment en cas d'absence de désaccord politique à l'interne. Ainsi, lorsqu'il y a consensus au sein du discours officiel national, les journalistes ont tendance à recourir aux sources officielles étrangères pour respecter la variété des points de vue existant à propos des enjeux de politique étrangère qu'ils couvrent (Hayes et Guardino, 2010 : 63). Dans notre cas, ce constat est à nuancer puisque les sources officielles étrangères utilisées par Le Monde, Le Figaro et Libération ont plutôt eu tendance à corroborer le discours officiel français, et non à en proposer des versions alternatives. Toutefois, la forte part relative qu'elles représentent dans l'échantillon étudié (15,47% des sources de l'échantillon ou encore 17,47% des sources extérieures au débat officiel) renforce l'idée que ces sources jouent un rôle important dans la couverture d'enjeux internationaux.

D'ailleurs, puisque les sources officielles étrangères représentent une part de 15,47% des sources du corpus contre 9,75% seulement pour les sources officielles françaises, on s'interroge encore une fois sur la possibilité que les quotidiens étudiés se soient indexés sur un débat officiel autre ou plus large que le débat officiel français. Ceci paraît d'autant plus digne d'intérêt que, pour certains auteurs, la France semble s'être elle- même alignée sur le discours de Washington (Lesch, 2013 : 151), ce qui ne semble pas être la première fois (Paquin et Beauregard, 2014). Ceci nous questionne alors sur la possibilité d'élargir la notion de débat ou discours officiel afin d'y inclure les sources officielles étrangères, telle qu'elle a déjà été proposée par plusieurs auteurs après la fin de la Guerre Froide (Althaus et al., 1996; Althaus, 2003; Entman, 2004; Entman et Page, 1994; Livingston et Eachus, 1996).

À la lumière des conclusions de Bennett et Klockner (1996), nos résultats concernant l'utilisation, par les trois quotidiens étudiés, d'« autres sources extérieures au débat officiel » dans 23,43% des cas (à l'échelle de toutes les sources de l'échantillon) pourrait également témoigner d'une certaine autonomie journalistique. En effet, la plupart du temps, ce chiffre cache des citoyens ou témoins directs du conflit. Dans les traces de Bennett et Klockner (1996), ceci pourrait nous inciter à penser que les journalistes ont moins tendance à s'ajuster au discours officiel (Althaus, 2003 : 385), lorsqu'ils ont des raisons de croire que le débat relatif à un enjeu s'est étendu jusqu'à inclure des groupes non officiels ou des citoyens ordinaires (Bennett et Klockner, 1996). En ce sens, l'appel aux sources extérieures au débat officiel qui domine dans notre échantillon pourrait constituer un signe d'autonomie médiatique, comme cela avait déjà été énoncé par Althaus et ses collègues (1996).

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En lien avec l'importance croissante de la couverture médiatique des évènements spontanés (event-driven news) décrite par Livingston et Bennett (2003), Iyengar (1991) soulève l’existence d’une dichotomie entre le cadrage épisodique et le cadrage thématique des nouvelles télévisées et qui pourrait, lorsqu’on la transpose aux autres types de médias, contribuer à expliquer le grand nombre de témoins directs et d’articles factuels présents dans le corpus analysé dans notre étude. Selon cette distinction, le cadrage épisodique des nouvelles prend la forme d’études de cas ou d’articles axés sur les évènements en tant que tels; il décrit les évènements du quotidien à travers des exemples très réels et concrets, voire prosaïques. Le cadrage thématique, au contraire, situe les enjeux publics dans une perspective ou un contexte plus généraux, plus abstraits, et prend la forme d’un document d’information mettant en lumière certains tenants et aboutissants de la question couverte (Iyengar, 1991 : 14). Ainsi, le choix de l’un ou l’autre de ces cadrages influence la sélection, par les médias, des sources utilisées et des évènements couverts : un cadrage épisodique mobilisera les émotions, les témoignages ou encore les drames humains, tandis qu’un cadrage thématique fera davantage appel aux récits de fond (Iyengar, 1991 : 14). Il serait alors intéressant d’approfondir la recherche afin de savoir si le cadrage utilisé par les trois quotidiens étudiés dans le cas du conflit syrien était effectivement plus épisodique que thématique.

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7. Conclusion et limites

7.1. Conclusion

Ce mémoire a permis de mettre en lumière des conclusions intéressantes. D'abord, les trois quotidiens étudiés (Le Monde, Le Figaro et Libération) ont produit une couverture du conflit syrien très homogène, bien que Le Monde se distingue très légèrement par des publications davantage partiales. Globalement, cette couverture est négative envers Bachar al-Assad ou positive envers les rebelles ou l'opposition modérés à 48,8%. Elle l'est à 47,37% dans le cas de Libération, 53,6% dans le cas du Monde, et 45,45% dans le cas du Figaro.

Ceci signifie, d'une part, que cette couverture prend majoritairement partie pour l'opposition ou les rebelles syriens modérés, les articles négatifs envers ces derniers, positifs envers Bachar al-Assad ou ambivalents ne représentant que 13,07% de l'échantillon d'articles analysés.

D'autre part, cela veut dire que les médias étudiés ont majoritairement diffusé le même récit relatif au conflit syrien que celui exprimé au sein des autorités politiques officielles françaises. Ce récit consiste à diaboliser Bachar al-Assad et ou à soutenir l'opposition ou les rebelles syriens. Toutefois, si cet élément vient questionner l'objectivité des médias et nous fournit un indice de taille quant à une indexation des trois quotidiens étudiés sur le débat officiel français, il ne suffit pas à en inférer une.

En effet, dans un deuxième temps, notre analyse a mis en lumière une certaine incertitude quant à la principale source d'inspiration des trois quotidiens étudiés. Les sources issues du débat officiel français ne représentent qu'une minorité des sources utilisées par Libération, Le Monde et Le Figaro, avec 107 mentions sur 1097, soit 9,75% seulement des sources de l'échantillon. Les sources extérieures au débat officiel, qui représentent quant à elles 90,25% des sources de l'échantillon (990 mentions sur 1097) sont celles qui ont été le plus utilisées par les trois quotidiens étudiés dans leur couverture du conflit. En particulier, la forte utilisation de sources issues d’États ou de gouvernements étrangers (15,47% des sources de l'échantillon) repose la question de l'inclusion de ces sources dans la définition du débat officiel (Althaus et al., 1996; Althaus, 2003; Entman, 2004; Entman et Page, 1994; Livingston et Eachus, 1996). Sans nous permettre d'inférer une indexation des trois quotidiens étudiés sur le débat officiel français, ces résultats nous incitent à penser que les médias en question pourraient en fait s'être indexés sur un débat élargi aux États ou gouvernements

83 étrangers adoptant la même position que les autorités politiques nationales. Cet élément mériterait d'être analysé dans de prochaines études.

Toutefois, dans le cas de la couverture du conflit en Syrie, la première source d'information utilisée par les médias étudiés est celle d'une variété d'acteurs principalement constituée par des témoins directs du conflit (23,43% des sources de l'échantillon). Ceci pourrait nous laisser croire que les journalistes ont d'autant moins tendance à s'ajuster au débat officiel qu'ils ont des raisons de croire que le débat relatif à un enjeu s'est étendu jusqu'à inclure des groupes non officiels ou des citoyens ordinaires (Bennett et Klockner, 1996; Althaus, 2003 : 385). Cet élément pourrait être le signe d'une certaine autonomie des médias envers les autorités politiques officielles, de même que la forte utilisation, par les trois quotidiens étudiés, des sources journalistiques elles-mêmes et des agences de presse AFP, Reuters ou AP (22,18% des sources de l'échantillon).

Le dernier élément mis en lumière par notre étude est le caractère très factuel de la couverture médiatique du conflit syrien produite par Libération, Le Figaro et Libération. En effet, sur 352 articles analysés, 134 (38,07% de l'échantillon) sont des articles purement factuels, c'est-à-dire des articles qui se contentent d'exposer des faits sans porter aucun jugement. Cette part très importante d'articles factuels pourrait être liée à certaines routines journalistiques (Gingras, 2010), dont certaines pourraient permettre aux journalistes d'extraire leurs informations de tout contexte d'interprétation institutionnel (Livingston et Bennett, 2003).

Malgré les précautions que nous avons prises, ce mémoire comporte certaines limites qu'il convient de mettre en perspective au regard des apports de l’étude.

7.2. Apports et limites

7.2.1. Une analyse empirique de deux objets peu étudiés : le système médiatique français et le conflit syrien

En elle-même, l'analyse de contenu fait parfois l'objet de critiques dans le domaine de la recherche.

D'abord, le fait de quantifier des messages est souvent considéré comme insuffisant dans la mesure où il mettrait trop l'accent sur des fréquences chiffrées, en négligeant certaines réalités sous-jacentes aux messages décomptés. C'est la différence entre le contenu manifeste d'un message et son contenu latent, dont

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l'explicitation nécessite une analyse plus raffinée que la seule analyse de contenu quantitative. À ceci s'ajoute la dimension symbolique associée à de nombreux messages, et qui n'est pas nécessairement partagée par tous les auteurs des messages analysés, rendant ces derniers partiellement incomparables entre eux. Certains auteurs suggèrent alors de coupler l'analyse de contenu quantitative à une analyse qualitative (Riffe et al., 2014 : 28-29).

Dans notre cas, si le fait de quantifier des messages selon une grille d'analyse créée pour l'occasion comporte évidemment une part de subjectivité et de généralisation à ne pas négliger, on peut raisonnablement considérer que les messages produits par trois quotidiens issus de la même culture globale (Libération, Le Monde et Le Figaro) sont comparables entre eux dans leur dimension symbolique. Par ailleurs, la mise au point d'un manuel de codage suffisamment précis vient habituellement uniformiser les différences d'interprétation symbolique pouvant exister entre les différents codeurs d'un même projet. Le manuel de codage réalisé pour ce mémoire propose d’ailleurs un modèle de lecture appliqué au conflit syrien qui pourrait éventuellement être mobilisé et adapté à d’autres analyses de contenu relatives à la même problématique. Ceci est d’autant plus vrai qu’étant récent et toujours très actuel, le conflit syrien a encore été très peu étudié. Notre étude constitue l’une des premières analyses de contenu portant sur ce conflit et offre donc un précédent à d’autres recherches qui pourraient être réalisées dans les années à venir.

Ensuite, d'autres critiques tendent à penser que la quantification des enjeux conduit à une trivialisation lorsque les chercheurs assimilent l'analyse de contenu à une pure et simple procédure numérique. Dans ces cas, c'est le caractère quantifiable d'un enjeu qui est privilégié plutôt que son importance sociale, ce qui peut conduire à un grand nombre de recherches banales, ou d'intérêt limité (Riffe et al., 2014 : 28). Bien qu'elle soit à considérer, cette critique ne touche pas directement l'analyse de contenu, mais plutôt l'utilisation que chaque chercheur en fait. Elle peut donc facilement être contournée par le choix d'un sujet socialement pertinent. Or, comme on l'a vu, notre choix de sujet contribue à l'étude du système médiatique français, encore peu analysé en termes de recherches empiriques. Cet aspect constitue d’ailleurs l’un des principaux apports empiriques de notre étude dans la mesure où celle-ci compte, à notre connaissance, parmi les rares analyses scientifiques à s’être penchées sur les médias français, qui plus est sur les médias traditionnels telles que la presse.

Enfin, se présentant sous la forme d'une étude de cas circonscrite à un contexte très particulier (le conflit en Syrie) et à un cadre théorique précis (hypothèse de l'indexation), la validité externe de notre étude est limitée, par définition (Riffe et al., 2014 : 28). Ceci signifie notamment que les résultats de notre étude ne sont pas généralisables, ni à l'ensemble des médias, ni à l'ensemble des sujets traités par ces derniers. N'en étant pas amoindris pour autant, les résultats de notre étude se rapportent uniquement au comportement de trois médias, dans le cadre d'un enjeu particulier, celui du conflit en Syrie.

85 7.2.2. Une transposition de l’indexation à trois quotidiens français politiquement différenciés

N’ayant; à notre connaissance; quasiment jamais été testée en dehors des États-Unis, la transposition du modèle de l’indexation à trois quotidiens français constitue l’un des principaux apports théoriques de notre étude. En particulier; celle-ci propose une adaptation du concept de discours ou débat officiel imaginé par Bennett (1990) pour le faire correspondre à la réalité du système institutionnel français. À la lumière de nos résultats, notre recherche soulève également l’importance de l’utilisation des sources officielles étrangères par les journalistes et la possibilité de les insérer à cette définition conceptuelle du discours officiel. Déjà proposée par plusieurs auteurs (Althaus et al., 1996; Althaus, 2003; Entman, 2004; Entman et Page, 1994; Livingston et Eachus, 1996), cet élargissement permettrait d’actualiser le modèle de l’indexation afin qu’il corresponde aux pratiques journalistiques contemporaines.

Notre étude offre également une interprétation du modèle de l’indexation fondée sur la combinaison de deux critères : le ton de la couverture et les sources utilisées. Répondant à l’interprétation d’une partie de la littérature, cette version de l’indexation est moins inclusive qu'une version prenant uniquement en compte soit les sources utilisées, soit le ton. Cependant, elle nous semble d'autant plus fiable qu'elle nécessite la vérification de davantage de conditions pour être validée. D’ailleurs, ceci nous a justement permis de mettre en lumière le fait que, même en l’absence d’indexation (H2 non vérifiée), trois quotidiens situés à différents pôles de l’échiquier politique pouvaient tout de même produire une couverture très homogène d’un même enjeu.

Comportant, par essence, une part de subjectivité, le choix de ces quotidiens peut éventuellement constituer un biais dans le cadre de notre étude. En particulier, le fait que celle-ci porte sur des journaux réputés partisans amène en lui-même une certaine part de circularité dans la mesure où la politisation d'un média le rend, par définition, plus susceptible de refléter certains arguments du débat officiel qu'un média non politisé. En effet, on s'attend logiquement à ce qu'un média partisan exprime certaines opinions identiques à celles des autorités officielles, qu'elles soient issues de la majorité ou de l’opposition politique. Dans une prochaine étude, il pourrait donc être intéressant de mener l'expérience sur des journaux réputés moins partisans, tels que 20 Minutes ou Métro, et de comparer les résultats obtenus dans les deux études.

Toutefois, l'intérêt de notre étude et de nos résultats réside justement dans le fait que nous avons sélectionné des médias situés à différents pôles du spectre politique. En effet, le fait que Le Monde, Libération et Le Figaro aient majoritairement relayé le récit adopté par les autorités politiques françaises sous deux présidences politiquement opposées (Nicolas Sarkozy et François Hollande) sans pourtant s’en inspirer

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(d’après nos résultats) permet de s’interroger sur une éventuelle homogénéisation du traitement médiatique de l’information qui existerait indépendamment du discours ou des attachements politiques, et de s’intéresser aux causes potentielles de cette homogénéisation. En l’absence d’indexation avérée des trois quotidiens étudiés sur le discours officiel français, il faut effectivement se tourner vers d’autres facteurs pour tenter d’expliquer une homogénéisation aussi frappante dans le traitement médiatique de la question syrienne par ces journaux politiquement différenciés. Or, en dehors de l’indexation des médias au discours des autorités politiques officielles, les principaux facteurs auxquels on pense quand il est question d’homogénéisation des nouvelles sont les routines et les pratiques journalistiques, dont nos résultats pourraient réaffirmer l’importance et l’influence sur le traitement des informations. Il serait notamment intéressant de mener une étude portant sur le type de cadrage privilégié par les médias dans leur couverture du conflit syrien, afin de savoir si ces pratiques auraient pu conduire les médias à adopter un cadrage épisodique plutôt que thématique du conflit syrien (Iyengar, 1991); ceci fournirait une explication au grand nombre de sources locales utilisées par les trois quotidiens étudiés, mais également aux nombreux articles factuels présents dans la couverture qu’ils ont produite.

De même, la période étudiée étant circonscrite aux trois premières années du conflit seulement, il serait sûrement pertinent de poursuivre ou d’élargir l’étude à une période plus longue, notamment afin de voir si le discours médiatique s’est diversifié ou nuancé avec l’entrée de certaines factions radicales dans le conflit syrien.

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Références

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92

Annexe 1 : Guide de codage

Procédure :

L'unité d'analyse est le corpus au complet. Pour les variables V1 à V5 (date de publication, nom du quotidien, numéro de l'article, type d'article, emplacement de l'article), V6 à V9 (orientation du ton de l'article par rapport au débat officiel), l'unité de codage est l'article au complet. Pour les variables V10 à V12 (provenance de la source des propos rapportés dans l’article), l'unité de codage est la mention de la source. Toutefois, une même source citée plusieurs fois pour appuyer un même argument ou une même citation entrecoupée a été considérée comme une seule et même source et n'a donc été codée qu'une seule fois.

Un article sera codé comme « concordant avec le débat officiel » si il mentionne plus d'opinions concordantes avec le débat officiel que d'opinions discordantes avec celui-ci. Inversement, un article sera codé « discordant avec le débat officiel » s’il présente plus d'opinions discordantes avec le débat officiel que d'opinions concordantes avec celui-ci. Un article sera codé comme ambivalent si les opinions concordantes et discordantes sont présentées à part égale, factuel si aucune opinion n'est identifiable, et indéterminé (exclu) si le contenu de l'article n'est pas codable.

1. INFORMATIONS SUR L'ARTICLE

V1. Date de publication : ______

V2. Nom du quotidien :

01. Libération 02. Le Monde 03. Le Figaro

V3. Numéro de l'article : ______Les articles se sont tous vus attribuer un numéro lors de la collecte des données.

V4. Type d’article:

01. Éditorial 02. Entretien 03. Parti pris ou débats 04. Chronique 05. Reportage factuel 06. Portrait 07. Autre - indéterminé

V5. Emplacement de l'article

01. Une 02. Section politique nationale 03. Section internationale

93 04. Section opinion 05. Cahier spécial 06. Société 07. Culture 08. Économie 09. Autre - indéterminé

2. POSITIONNEMENT DE L'ARTICLE PAR RAPPORT AU DÉBAT OFFICIEL FRANÇAIS

V6. Concordant avec le débat officiel français (récit 3)

01. Ton anti-régime ou pro-rebelles ou opposition Tout article qui mentionne plus d'opinions concordantes avec le débat officiel que d'opinions discordantes avec celui-ci, c'est à dire tout article majoritairement négatif envers, ou qui condamne Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans, ou tout article majoritairement positif envers, ou qui exprime un soutien aux rebelles ou aux forces d'opposition au régime syrien. Mots clés : Lorsqu'ils se rapportent à Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans : tyran, dictateur, dictature, sanguinaire, responsable de massacres, sanguinaire, terreur, répression, propagande, geôlier, torture, monarchie, horreur, enfer, barbarie, sauvagerie, assassin, illégitime, pouvoir isolé, brutalité, meurtrier, censure, violences, corruption, régime condamné, tueur, punit, folie, carnage, peur, complot ou conspiration envers la Syrie, etc. Lorsqu'ils se rapportent à l'opposition ou aux rebelles : combat pour les droits humains / droits de l'Homme, liberté, démocratie, courage, résistance, Conseil National Syrien en tant qu'autorité représentative légitime du peuple syrien, héroïsme, printemps syrien, élan démocratique, martyrs, révolte, mutilé / ayant subi des mutilations, torturé, réfugié, solidarité, résistance, etc.

V7. Discordant avec le débat officiel français (récits 1, 2 et 4)

02. Ton anti-rebelles ou opposition ou pro-régime Tout article qui présente plus d'opinions discordantes avec le débat officiel que d'opinions concordantes avec celui-ci, c'est à dire tout article majoritairement positif envers, ou qui soutient Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans, ou tout article majoritairement négatif envers, ou qui condamne les rebelles ou les forces d'opposition au régime syrien. Mots clés : Lorsqu'ils se rapportent aux rebelles : terroristes, islamistes / islamisme radical, Jihad, Frères musulmans, Hamas , Hezbollah, Al-Nusra, assassins, Al-Qaida, etc. Toute opinion favorable à Bachar al-Assad, à son régime ou à ses partisans. Lorsqu'ils se rapportent à Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans : protection des minorités chrétiennes, modéré, victime d'un complot ou d'une conspiration, victime d'un coup d'état, etc.

03. Ton ambivalent (récit 4) Tout article qui avance l'idée d'une culpabilité ou d'une responsabilité partagée entre les deux camps, c'est-à-dire tout article qui prend à la fois les valeurs 01 et 03.

V8. Factuel Tout article dans lequel aucun ton ou opinion n'est identifiable quant au conflit syrien.

V9. Indéterminé Contenu non codable à exclure.

94

3. PROVENANCE DE LA SOURCE DES PROPOS OU DES INFORMATIONS RAPPORTÉS DANS L’ARTICLE

V10. Issue du débat officiel

01. Président de la République Toute mention du Président de la République français en tant que source, soit Nicolas Sarkozy et François Hollande. Mots clés : Président de la République, Président, (Nicolas) Sarkozy, (François) Hollande, Paris, Élysée, Chef de l'État, etc.

02. Gouvernement Toute source issue du gouvernement français. Mots clés : Quai d'Orsay, Premier ministre, Ministre des Affaires Étrangères, nom ou titre de la personne concernée, etc.

03. Opposition parlementaire Toute source issue de l'opposition parlementaire française. Mots clés : nom ou titre de la personne concernée.

04. Majorité politique hors exécutif ou opposition politique hors législatif Toute source issue de la majorité politique, hormis les membres du gouvernement ou toute source issue de l'opposition politique, hormis les membres de l'Assemblée Nationale ou du Sénat. Mots clés : Lorsqu'ils se rapportent à un membre de l'opposition politique : maire, nom ou titre de la personne concernée. Lorsqu'ils se rapportent à un membre de la majorité politique : députés, sénateurs, maire, nom ou titre de la personne concernée, etc.

05. Autres représentants officiels du pouvoir politique français Toute mention, en tant que source, d'un autre représentant officiel du pouvoir politique en place. Mots clés : ambassadeur, diplomate, porte parole, justice, police, armée française, etc.

06. Sources anonymes Sources anonymes dont il est mentionné qu'elles appartiennent à l'une des catégories du débat officiel.

V11. Extérieure au débat officiel

07. Rebelles ou opposition Toute source issue de ou représentant les membres des forces rebelles ou d'opposition au régime de Bachar al-Assad. Mots clés : Conseil National Syrien, Armée syrienne libre, rebelle(s), opposition, insurgés, Coalition nationale syrienne, activistes, Front de Homs, déserteurs de l'armée, défenseur syrien des Droits de l'Homme, protestataires, manifestants, dissidents, nom de la personne concernée, etc.

08. Régime syrien

95 Toute source issue de ou représentant le régime de Bachar al-Assad. Mots clés : Damas, Bachar al-Assad, régime, officiel(s) du régime, Asma al-Assad, nom ou titre de la personne concernée, etc.

09. États ou gouvernements étrangers Toute source issue de ou représentant un État ou un gouvernement étranger. Mots clés : États-Unis, Barack Obama, Hillary Clinton, Secrétaire d'État, Allemagne, Angela Merkel, Qatar, Arabie Saoudite, Turquie, Portugal, Royaume-Uni, Israël,Canada, Russie, Chine, Liban, Venezuala, Pape, Vatican, Iran, Irak, etc.

10. Organisations ou institutions internationales Toute source issue de ou représentant une organisation ou d'une institution internationale. Mots clés : Ligue arabe, Amis de la Syrie, G8, Union Européenne, Fond Monétaire International, Conseil de Coopération du Golfe, Organisation de la coopération islamique, Ban Ki Moon, Organisation des Nations Unies, Conseil de Sécurité, Assemblée Générale des Nations Unies, UNHCR, Unicef, envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, porte parole de l'ONU, etc.

11. ONG Toute source issue de ou représentant une Organisation Non Gouvernementale. Mots clés : Médecins sans frontières, Reporters sans frontières, Médecins du monde, CICR, Observatoire syrien des droits de l'Homme, Centre de documentation des violations en Syrie, etc.

12. Autres Sites Internet, médias ou agences de presse (hormis AFP, Reuters et AP) Toute source issue d’un autre site Internet, d'un média ou d’une agence de presse, à l'exclusion : du journaliste auteur de l'article analysé, des trois quotidiens étudiés (Le Monde, Libération, Le Figaro) ou de leur site internet et des agences de presse AFP, Reuters et. Mots clés : al Jazira, BBC, Facebook, Twitter, Youtube, etc.

13. Journaliste(s) auteur(s) de l’article analysé ou agences de presse AFP, Reuters et AP Journaliste(s) auteur(s) de l'article analysé ou agences de presse AFP, Reuters et AP.

14. Autres sources extérieures au débat officiel Toute autre source extérieure au débat officiel, y compris les sources anonymes dont on sait simplement qu'elles sont extérieures au débat officiel mais sans connaître leur identité exacte. Mots clés : experts, chercheurs, témoins, habitants syriens, etc.

V12. Sources anonymes Données à exclure.

96

Annexe 2 : liste des déclarations officielles analysées

Élysée 12 25-08-2011 Pékin : Point de presse de M. Le Président de la République française - Présidence de la République 57 22-08-2-12 Communiqué - Entretien avec David CAMERON - Présidence de la République 73 10-10-2012 22e sommet franco-espagnol - Déclaration commune - Présidence de la République 104 08-03-2013 Point de presse conjoint du président de la République et de M. Shimon PERES, président de l’État d’Israël - Présidence de la République 118 22-05-2013 Union européenne - évasion fiscale/Politique énergétique/Syrie - Conférence de presse du président de la République, M. François Hollande, à l'issue du Conseil européen (Bruxelles, 22 mai 2013) 137 24-06-2013 Intervention du président de la République lors de l'ouverture du forum économique franco - qatarien - Présidence de la République 156 03-09-2013 Syrie - Extrait du point de presse conjoint du président de la République, M. François Hollande, et du président fédéral d'Allemagne, M. Joachim Gauck - Propos de M. Hollande (Paris, 03/09/2013) 159 06-09-2013 Syrie - Point de presse du président de la République, M. François Hollande, à l'issue de l'entretien bilatéral avec le président des États-Unis d'Amérique, M. Barack Obama (Saint- Pétersbourg, 07/09/2013) 174 07-10-2013 Australie - Communiqué de la présidence de la République (Paris, 07/10/2013) 180 29-10-2013 Libération des otages français - Niger - Déclaration du président de la République, M. François Hollande (Bratislava, 29/10/2013) 182 31-10-2013 Conférence de presse à Bruxelles à l'issue du Conseil européen - Présidence de la République 207 20-01-2014 Discours devant la communauté française à Amsterdam - Présidence de la République 240 06-08-2014 Entretien avec le Roi de Jordanie - Présidence de la République

Ministère des Affaires Étrangères 2 29-03-2011, conférence de Londres sur la Libye, conférence de presse du ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, Alain Juppé (Londres, 29 mars 2011) 8 26-04-2011, Syrie déclaration du ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, Alain Juppé (Paris, 26 avril 2011) 99 12-11-2011, Syrie mesures annoncées par la Ligue arabe, déclaration du ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, Alain Juppé (Paris, 12 novembre 2011)" 144 31-01-2012, Syrie remarques à la presse du ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, Alain Juppé (New York, 31 janvier 2012) 167 24-02-2012, déplacement au Bénin, point de presse du ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes, Alain Juppé à son arrivée au Bénin (Cotonou, le 24 février 2012) 208 21-04-2012, Syrie adoption de la résolution 2043 par le conseil de sécurité des Nations Unies déclaration du ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, Alain Juppé (Paris, 21 avril 2012) 219 05-06-2012, déplacement à Rome point de presse conjoint du ministre des affaires étrangères, m. Laurent Fabius, et du ministre italien des affaires étrangères, m. Giulio Terzi - propos de m. Fabius - (Rome, 5 juin 2012)

97 233 05-07-2012 Point de presse conjoint du ministre des Affaires Étrangères, M. Laurent Fabius et du ministre des Affaires Étrangères de la République de Turquie, M. Ahmet Davutoglu - Propos de M. Fabius - (Paris, 05 juillet 2012) 236 06-07-2012, Syrie - Entretien du ministre des Affaires Étrangères, M. Laurent Fabius, avec le quotidien "Le Parisien - Aujourd'hui en France" (Paris, 06 juillet 2012) 252 27-07-2012, Déplacement au Sénégal - Entretiens avec le président de la République du Sénégal, M. Macky Sall, et le ministre des Affaires Étrangères de la République du Sénégal, M. Alioune Badara Cissé - Conférence de presse du ministre des Affaires Étrangères, M. Laurent Fabius (Dakar, 27 juillet 2012) 255 02-08-2012, Audition du ministre des Affaires Étrangères, M. Laurent Fabius, devant la Commission des Affaires Étrangères de l'Assemblée nationale - Paris, 24 juillet 2012 (Paris, 02 août 2012) 256 02-08-2012, Syrie - Démission de M. Kofi Annan - Communiqué du ministre des Affaires Étrangères, M. Laurent Fabius- Paris, 2 août 2012 (Paris, 02 août 2012) 300 15-10-2012, Sahel/Iran/Syrie - Conférence de presse du ministre des affaires Étrangères - Luxembourg, 15 octobre 2012 (Luxembourg, 15 octobre 2012) 318 18-11-2012, Israël/Gaza - Conférence de presse du ministre des affaires Étrangères, M. Laurent Fabius - Tel Aviv, 18 novembre 2012 (Tel Aviv, 18 novembre 2012) 319 19-11-2012, Israël/Gaza - échange avec la presse du ministre des affaires Étrangères, M. Laurent Fabius, à son arrivée au Conseil affaires Étrangères - Bruxelles, 19 novembre 2012 (Bruxelles, 19 novembre 2012) 352 25-02-2013, Syrie/Décès du journaliste Olivier Voisin - Déclaration du ministre des affaires Étrangères, M. Laurent Fabius (Paris, 25 février 2013) 356 11-03-2013, Corée du Nord - Syrie - Mali - Entretien du ministre des affaires Étrangères, M. Laurent Fabius, avec ´CNNª - extraits - (Paris, 11 mars 2013) 362 20-03-2013, Communiqué du Conseil des ministres - Réunion du conseil européen des 14 et 15 mars 2013 - extrait (Paris, 20/03/2013) 375 03-04-2013. Otages - Mali - Syrie - Corée du Nord - Entretien du ministre des affaires Étrangères, M. Laurent Fabius, avec ´BFM TV – RMCª - extraits (Paris, 03/04/2013) 383 29-04-2013. Relation franco-allemande - Libye - Syrie - Entretien du ministre des affaires Étrangères, M. Laurent Fabius, avec ´Europe 1ª – extraits (Paris, 29 avril 2013) 389 14-05-2013. Tunisie - Mali - Conférence de presse du ministre des affaires Étrangères, M. Laurent Fabius (Tunis, 14 mai 2013) 399 24-05-2013. Relations franco-allemandes – Syrie - Mali - Niger - Libye – Conférence de presse conjointe du ministre des affaires Étrangères, M. Laurent Fabius, avec le ministre des Affaires Étrangères de la République fédérale d'Allemagne, M. Guido Westerwelle (Paris, 24 mai 2013) 410 31-05-2013. Abolition de la peine de mort - Allocution du ministre des Affaires Étrangères, M. Laurent Fabius, à l'occasion de la remise du prix du concours national. Plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort (Paris, 31/05/2013) 435 02-08-2013. Indonésie - Discours du ministre des Affaires Étrangères, M. Laurent Fabius, au siège de l'ASEAN (Jakarta, 02/08/2013) 447 29-08-2013. XXIe conférence des ambassadeurs - Discours de culture du ministre des Affaires Étrangères, M. Laurent Fabius (Paris, 29/08/2013) 460 11-09-2013. Politique Étrangère de la France - Syrie - Union européenne - Climat - Intervention du ministre des Affaires Étrangères, M. Laurent Fabius à l'école des affaires internationales de Sciences- Po Paris - Questions/réponses (Paris, 11/09/2013) 508 05-12-2013. Syrie - Entretien de Laurent Fabius, avec RMC-BFM (Paris, 05 décembre 2013) 552 05-03-2014 Liban - Entretien de M. Laurent Fabius, ministre des Affaires Étrangères, avec BFM TV/RMC - extraits (Paris, 05/03/2014) 555 19-03-2014. Politique de la France dans Le Monde arabe - Intervention de M. Laurent Fabius, ministre des Affaires Étrangères, à l'Institut du Monde Arabe (Paris, 19/03/2014)

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576 16-05-2014. Syrie - Entretien de M. Laurent Fabius, ministre des Affaires Étrangères et du développement international, avec BBC World News (Paris, 16/05/2014) 595 08-07-2014, Irak - Audition de M. Laurent Fabius, ministre des Affaires Étrangères et du développement international, devant la commission des affaires Étrangères de l'Assemblée nationale (Paris, 08/07/2014) 631 25-09-2014. Lutte contre le terrorisme - Irak - Syrie - Entretien de M. Laurent Fabius, ministre des Affaires Étrangères et du Développement international, avec France Info (New York, 25/09/2014)

Questions orales

01/07/2014 de M. Jacques Bompard (Députés non inscrits - Vaucluse) 22/04/2014 de M. Édouard Courtial (Union pour un Mouvement Populaire - Oise) 08/04/2014 de Mme Valérie Boyer (Union pour un Mouvement Populaire - Bouches-du-Rhône) 21/01/2014 de M. Claude Sturni (Union pour un Mouvement Populaire – Bas-Rhin) 17/12/2013 de M. Marc Le Fur (Union pour un Mouvement Populaire - Côtes-d'Armor) 23/07/2013 de M. Élie Aboud (Union pour un Mouvement Populaire - Hérault) 02/07/2013 de M. Jean-Jacques Candelier (Gauche démocrate et républicaine - Nord) 02/07/2013 de M. Jean-Jacques Candelier (Gauche démocrate et républicaine - Nord) 12/03/2013 de Mme Pascale Got (Socialiste, républicain et citoyen - Gironde) 05/03/2013de M. Gérald Darmanin (Union pour un Mouvement Populaire - Nord) 19/02/2013 de Mme Audrey Linkenheld (Socialiste, républicain et citoyen - Nord) 06/11/2012 de M. Patrick Balkany (Union pour un Mouvement Populaire - Hauts-de-Seine) 23/10/2012 de M. Jacques Bompard (Députés non inscrits - Vaucluse) 18/09/2014 de M. Gérard Terrier (Socialiste, républicain et citoyen - Moselle) 06/06/2013 de M. Christian Bataille (Socialiste, républicain et citoyen - Nord) 23/10/2012 de M. François Loncle (Socialiste, républicain et citoyen – Eure) 22/05/2012 de M. Hervé Féron (Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Meurthe-et-Moselle) 29/11/2011 de Mme Annick Le Loch (Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Finistère) 08/11/2011 de M. Guillaume Garot (Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Mayenne) 18/10/2011de M. Michel Destot (Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Isère) 19/07/2011 de M. Hervé Féron (Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Meurthe-et-Moselle) 28/06/2011 de M. Christian Eckert (Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Meurthe-et-Moselle) 31/05/2011 de M. Dominique Baert (Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Nord) 24/05/2011 de M. Pierre Morel-A-L'Huissier (Union pour un Mouvement Populaire - Lozère) 03/05/2011 de M. Éric Raoult (Union pour un Mouvement Populaire - Seine-Saint-Denis) 19/04/2011de Mme Joëlle Ceccaldi-Raynaud (Union pour un Mouvement Populaire - Hauts-de-Seine)

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Annexe 3 : liste des articles analysés

16 Paris, Gilles. 2011. « La Syrie n'est pas épargnée par la contestation ». Le Monde (Paris), 19 mars, p.13. 34 El-assad, Bachar. 2011. « Il n'y a aucun risque que la Syrie soit gagnée par la contestation puisque la population fait bloc autour des idéaux du Baas ». Le Figaro (Paris), 23 mars, p.9. 80 Auteur inconnu. 2011. « Les révoltes dans Le Monde arabe ». Le Monde (Paris), 26 mars, p.2. 114 Auteur inconnu. 2011. « La rébellion en Syrie, enjeu régional majeur ». Le Monde (Paris), 30 mars, p.1. 135 Girard, Renaud. 2011. « Syrie : la répression n'éteint pas la révolte ». Le Figaro (Paris), 2 avril, p. 156 Lucas, Dominique. 2011. « Les autorités syriennes tentent d'enrayer la contestation en multipliant les annonces ». Le Monde (Paris), 5 avril, p.8. 165 Pierret, Thomas. 2011. « Le parcours du combattant des opposants syriens ». Le Monde (Paris), 7 avril, p.21. 224 Perrin, Jean-Pierre. 2011. « Le spectre de la répression des années 80 agité par le pouvoir ». Libération (Paris), 16 avril, p.7. 240 Jérusalem, Marc Henry. 2011. « Le « printemps arabe » inquiète les Israéliens ». Le Figaro (Paris), 19 avril, p.7. 241 AFP. 2011. « La contestation s'amplifie en Syrie ». Le Figaro (Paris), 19 avril, p.7. 248 Nougayrède, Natalie. 2011. « Paris veut dialoguer avec les « courants islamiques » ». Le Monde, (Paris), 19 avril, p.8. 298 Service étranger. 2011. « Le président syrien punit Deraa ». Libération (Paris), 26 avril, p.7. 313 Auteur inconnu. 2011. « [« En Syrie, le point de non-retour est franchi »]. L'analyse de Renaud Girard. Page 15] ». Le Figaro (Paris), 27 avril, p.6. 319 Auteur Inconnu. 2011. « sur Libération.fr ». Libération (Paris), 27 avril, p.3. 358 Muzet, Denis. 2011. « Kate Middleton, la fille de personne, un peu madame Tout-le-Monde ». Libération (Paris), 30 avril, p.13. 429 Ricard, Philippe. 2011. « Les Vingt-Sept sanctionnent treize dirigeants syriens ». Le Monde (Paris), 9 mai, p.8. 578 Perrin, Jean-Pierre. 2011. « Hamzeh, 13 ans, martyr syrien ». Libération (Paris), 1 juin, p.8. 584 Une. 2011. « [Le Figaro économie. La reprise ne profite pas aux jeunes femmes, PAGE 17. Renault distancé par Peugeot-Citroën, PAGE 18. Schneider Electric investit dans les logiciels, PAGE 18. Marine Le Pen demande…] ». Le Figaro (Paris), 2 juin, p.1. 598 Thedrel, Arielle. 2011. « En Syrie, la mobilisation s'amplifie malgré la répression ». Le Figaro (Paris), 4 juin, p.6. 619 Thomas, Gérard. 2011. « Les Syriens dans la rue malgré les morts ». Libération (Paris), 6 juin, p.9. 649 Perrin, Jean-Pierre. 2011. « La révolution syrienne se mue en guerre civile ». Libération (Paris), 8 juin, p.4. 684 Malbrunot, Georges. 2011. « Syrie : l'armée étouffe Jisr al-Choughour ». Le Figaro (Paris), 11 juin, p.6. 718 Geneste, Alexandra. 2011. « L'onde de choc syrienne, impasse diplomatique et crise humanitaire ». Le Monde (Paris), 14 juin, p.1. 740 Stephan, Laure. 2011. « Le Hezbollah et ses alliés dominent le nouveau gouvernement libanais ». Le Monde (Paris), 15 juin, p.6. 802 Auteur inconnu. 2011. « Décryptages analyses rectificatifs ». Le Monde (Paris), 22 juin, p.20. 814 Stroobants, Jean-Pierre. 2011. « Amr Moussa : « Le temps est venu pour une démarche politique » en Libye ». Le Monde (Paris), 23 juin, p.4. 878 Auteur inconnu. 2011. « EN BREF ». Le Figaro (Paris), 4 juillet, p.14. 890 Auteur inconnu. 2011. « L'armée syrienne marche sur Hama ». Le Figaro (Paris), 6 juillet, p.8.

101 891 Auteur inconnu. 2011. « L'opposition syrienne snobe BHL ». Libération (Paris), 6 juillet, p.6. 897 Auteur inconnu. 2011. « EN BREF ». Le Figaro (Paris), 7 juillet, p.7. 953 Le Monde télévision. 2011. « Réseaux sociaux - 2/4. La mobilisation ». Le Monde (Paris), 18 juillet, p.TEL2. 959 Plantu. 2011. « Le regard de Plantu ». Le Monde (Paris), 18 juillet, p.1. 973 Auteur inconnu. 2011. « EN BREF ». Le Figaro (Paris), 23 juillet, p.6. 976 Auteur inconnu. 2011. « Les Syriens méritent qu'on ne les oublie pas ». Le Monde (Paris), 25 juillet, p.1. 994 Prier, Pierre. 2011. « Pression internationale accrue sur le régime syrien ». Le Figaro (Paris), 2 août, p.5. 1027 Geneste, Alexandra. 2011. « Le Conseil de sécurité de l'ONU, sortant de son silence, condamne la répression contre les manifestants en Syrie ». Le Monde (Paris), 5 août, p.6. 1034 Auteur inconnu. 2011. « Nouveau vendredi sanglant en Syrie ». Libération (Paris), 6 août, p.7. 1054 Une. 2011. « Syrie : sauvagerie de la répression malgré la réprobation arabe ». Le Monde (Paris), 9 août, p.1. 1081 Auteur inconnu. 2011. « Syrie Les visages du courage ». Libération (Paris), 13 août, p.1. 1118 Intérim. 2011. « Rapport accablant de l'ONU sur les exactions du régime ». Le Monde (Paris), 20 août, p.5. 1140 Auteur inconnu. 2011. « Un manifestant syrien : « Sans menace d'intervention extérieure, aucun... » ». Le Figaro (Paris), 24 août, p.9. 1148 Barthe, Benjamin. 2011. « Shadi Hamid, chercheur au Brookings Center de Doha : « Les Arabes avaient besoin de ça, d'une autre victoire » ». Le Monde (Paris), 24 août, p.6. 1182 Filiu, Jean-Pierre. 2011. « L'exception libyenne ». Le Monde (Paris), 29 août, p.15. 1239 AFP. 2011. « Au moins seize morts dans des manifestations ». Le Monde (Paris), 5 septembre, p.6. 1267 Auteur inconnu. 2011. « M. Ahmadinejad appelle le président syrien Assad à cesser la répression ». Le Monde (Paris), 10 septembre, p.5. 1296 Auteur inconnu. 2011. « La phrase ». Libération (Paris), 15 septembre, p.9. 1312 Malbrunot, Georges. 2011. « L'étrange sérénité de Bachar el-Assad ». Le Figaro (Paris), 17 septembre, p.6. 1350 Auteur inconnu. 2011. « EN BREF ». Le Figaro (Paris), 24 septembre, p.7. 1417 Ayad, Christophe et Paris, Gilles. 2011. « Une structure unique pour l'opposition syrienne ». Le Monde (Paris), 4 octobre, p.4. 1419 Auteur inconnu. 2011. « EN BREF?? ». Le Figaro (Paris), 5 octobre, p.6. 1432 Auteur inconnu. 2011. « En bref ». Libération (Paris), 6 octobre, p.9. 1502 Reuters, AFP. 2011. « Amnesty International dénonce des tortures en Libye ». Le Monde (Paris), 15 octobre, p.4. 1574 Perrin, Jean-Pierre. 2011. « Le pouvoir syrien craint les mutins ». Libération (Paris), 29 octobre, p.7. 1607 Auteur inconnu. 2011. « [15militaires syriens ont été tués...] ». Le Figaro (Paris), 3 novembre, p.7. 1612 Auteur inconnu. 2011. « En bref ». Libération (Paris), 3 novembre, p.7. 1620 Auteur inconnu. 2011. « Repères : Syrie ». Libération (Paris), 4 novembre, p.9. 1624 Prier, Pierre. 2011. « Damas demande aux Syriens de rendre les armes ». Le Figaro (Paris), 5 novembre, p.8. 1679 Malbrunot, Georges. 2011. « Les dirigeants arabes lâchent le régime syrien ». Le Figaro (Paris), 14 novembre, p.7. 1689 Auteur inconnu. 2011. «Tirer sur la foule, je n'ai pas pu ». Libération (Paris), 14 novembre, p.1. 1779 Auteur inconnu. 2011. « Les gens. « Alain Juppé évoque des corridors humanitaires » ». Libération (Paris), 24 novembre, p.9. 1784 Brauman, Rony. 2011. « Nécessaire devoir d'ingérence ou abus de pouvoir sous couvert d'humanitaire ». Le Monde (Paris), 25 novembre, p.24. 1809 Rousselin, Pierre. 2011. « Il y a urgence à écourter l'agonie du peuple syrien. L'éditorial... ». Le Figaro (Paris), 30 novembre, p.1.

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1824 Auteur inconnu. 2011. « La phrase ». Libération (Paris), 1 décembre, p.6. 1828 Auteur inconnu. 2011. « Plus de 4 000 morts en Syrie ». Le Figaro (Paris), 2 décembre, p.6. 1833 Stephan, Laure. 2011. « Le prieur italien d'un monastère syrien menacé d'expulsion ». Le Monde (Paris), 2 décembre, p.8. 1887 Auteur inconnu. 2011. « Syrie : l'opposition trie le bon grain de l'ivraie ». Libération (Paris), 12 décembre, p.11. 1914 Georges, Malbrunot. 2011. « Le Hezbollah affaibli par la révolte syrienne ». Le Figaro (Paris), 16 décembre, p.2. 1992 Auteur inconnu. 2011. « La phrase ». Libération (Paris), 24 décembre, p.7. 2043 Perrin, Jean Pierre. 2011. « La Ligue arabe sur le front de Homs ». Libération (Paris), 28 décembre, p.6. 2058 Balenieri, Raphaël. 2011. « Dégage ». Libération (Paris), 30 décembre, p.18. 2127 Georges, Malbrunot. 2012. « Un journaliste de France 2 a été tué à Homs, en Syrie ». Le Figaro (Paris), 12 janvier, p.7. 2131 Perrin, Jean Pierre. 2012. « Le journaliste français Gilles Jacquier tué à Homs, en Syrie ». Libération (Paris), 12 janvier, p.8. 2242 Geneste, Alexandra. 2012. « Le Conseil de sécurité des Nations unies est saisi d'un nouveau projet de résolution sur le dossier syrien ». Le Monde (Paris), 30 janvier, p.3. 2268 AFP. 2012. « Nouvel appel à manifester ». Le Figaro (Paris), 2 février, p.9. 2288 Mandeville, Laure. 2012. « Les arrière-pensées d'Obama en campagne ». Le Figaro (Paris), 6 février, p.7. 2404 Auteur inconnu. 2012. « Ce que nous avons vu dans Homs, ville martyre ». Le Monde (Paris), 14 février, p.1. 2405 Une. 2012. « Syrie : carnets d'une guerre clandestine ». Le Monde (Paris), 14 février, p.1. 2422 Mongrenier, Jean-Sylvestre. 2012. « L'alliance Moscou-Damas dans un Moyen-Orient en effervescence ». Le Figaro (Paris), 16 février, p.16. 2423 Bouvier, Édith. 2012. « Khaled Al-Khalaf, combattant de l'arrière et soutien logistique de la rébellion ». Le Figaro (Paris), 16 février, p.8. 2440 Auteur inconnu. 2012. « Repères : Syrie ». Libération (Paris), 17 février, p.2, p.3. 2464 Littell, Jonathan. 2012. « Homs, carnets de guerre reportage de Mani et Jonathan Littell. - 5/5 Punition collective ». Le Monde (Paris), 18 février, p.17. 2481 Bozonnet, Charlotte. 2012. « Vers un contrôle international sur le commerce des armes ». Le Monde (Paris), 20 février, p. PEH2. 2575 Minoui, Delphine. 2012. « En Syrie, un déluge d'obus frappe toujours Homs ». Le Figaro (Paris), 28 février, p.7. 2587 Jaulmes, Adrien. 2012. « Les blindés d'Assad à l'assaut de Homs ». Le Figaro (Paris), 29 février, p.6. 2619 Gélie, Philippe. 2012. « Neuf jours d'épreuves et de silence ». Le Figaro (Paris), 2 mars, p.6. 2678 AFP. 2012. « L'offensive armée continue contre les villes rebelles ». Le Figaro (Paris), 7 mars, p.9. 2686 Auteur inconnu. 2012. « En bref ». Libération (Paris), 7 mars, p.10. 2689 Truc, Olivier. 2012. « Des graines syriennes sauvegardées en Norvège ». Le Monde (Paris), 7 mars, p.10. 2693 Pouchkov, Alexeï. 2012. « [« Vous voudriez que les insurgés... »] ». Le Figaro (Paris), 8 mars, p.8. 2722 Auteur inconnu. 2012. « En bref ». Libération (Paris), 10 mars, p.9. 2795 Barluet, Alain. 2012. « La Russie s'agace de l'intransigeance syrienne ». Le Figaro (Paris), 16 mars, p.8. 2798 Mathieu, Luc. 2012. « Les mails accablants du couple Al-Assad ». Libération (Paris), 16 mars, p.8. 2854 Mével, Jean-Jacques. 2012. « L'UE cible les femmes du clan el-Assad ». Le Figaro (Paris), 24 mars, p.7. 2859 Ayad, Christophe et Stephan, Laure. 2012. « Mazen Darwich est toujours détenu en Syrie ». Le Monde (Paris), 24 mars, p.8. 2868 AFP. 2012. « Bruxelles renforce ses sanctions contre le régime ». Le Monde (Paris), 26 mars, p.8.

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