Les Coureurs Québécois Au Marathon De Boston Paul Foisy
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Document generated on 09/25/2021 3:39 a.m. Cap-aux-Diamants La revue d'histoire du Québec Les coureurs québécois au marathon de Boston Paul Foisy Aspects inédits du sport au Québec Number 113, Spring 2013 URI: https://id.erudit.org/iderudit/68943ac See table of contents Publisher(s) Les Éditions Cap-aux-Diamants inc. ISSN 0829-7983 (print) 1923-0923 (digital) Explore this journal Cite this article Foisy, P. (2013). Les coureurs québécois au marathon de Boston. Cap-aux-Diamants, (113), 26–29. Tous droits réservés © Les Éditions Cap-aux-Diamants inc., 2013 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ LES COUREURS QUÉBÉCOIS AU MARATHON DE BOSTON par Paul Foisy epuis un siècle, des centaines Boston en 1908. C’est le premier Cana- d’athlètes québécois partici- dien français à s’aligner au départ. Dpent au marathon de Boston, Quelques jours avant l’épreuve, les jour- un des événements de course à pied naux le présentent comme un fameux les plus prestigieux au monde. Pendant coureur de longues distances. Mais plusieurs décennies, ils n’étaient qu’un le 20 avril, la température est peu petit nombre à se rendre à Boston pour clémente et Émile Côté abandonne la ce rendez-vous printanier. Aujourd’hui, course au 24e kilomètre. ils sont maintenant quelques centaines La même année, l’Italien Dorando Pietri à se dépasser sur le parcours du plus s’écroule à plusieurs reprises avant de vieux marathon sur la planète. franchir la ligne d’arrivée lors du mara- thon olympique de Londres. Cet événe- LES ORIGINES DU MARATHON ment amène une grande visibilité à ce DE BOSTON genre d’épreuve et provoque un réel En 1896, cinq membres de la Boston engouement au sein de la population. Athletic Association (BAA), un club Une croyance, alimentée par les jour- social et sportif fondé en 1887 par des naux, fait son chemin : courir des mara- hommes d’affaires bostonnais, font thons peut être mortel. Des promoteurs partie de l’équipe américaine qui se rend nord-américains organisent alors une à Athènes pour participer aux premiers série des dés et de challenges pour les Jeux olympiques. Emballés par leur marathoniens professionnels. Cette fasci- séjour en Grèce, ces messieurs revien- nation pour le sensationnel amène les nent en Amérique avec l’intention d’or- foules à franchir les guichets des stades ganiser un marathon, une épreuve tenue où se déroulent ces marathons. pour la première fois lors de ces Jeux. C’est dans cet esprit où les vainqueurs Ainsi, le 19 avril 1897, quinze concur- de marathons apparaissent comme des rents prennent part au premier mara- héros populaires qu’Henri Renaud, un thon de Boston. Cette épreuve dont Américain dont les parents sont origi- la distance est aujourd’hui de 42,2 km naires de la région de Saint-Hyacinthe attire plus de 20 000 coureurs chaque remporte le marathon de Boston de année. Des coureurs provenant de 1909. Renaud, un travailleur habitué à tous les pays s’inscrivent à ce marathon subir les ares de la chaleur et de l’hu- considéré comme étant le deuxième midité pendant de longues heures Édouard Fabre (1885-1939). En plus de pratiquer la course à pied, Édouard Fabre est un as de la raquette. événement sportif d’une journée le plus dans une usine de coton à Manchester, En 1930, à l’âge de 44 ans, il remporte une course de médiatisé au monde. parvient à remporter le marathon alors 300 kilomètres parcourue en six étapes, de Québec à que la température avoisine les 36 degrés Montréal. (Collection Marcelle Fabre). LES PREMIERS COUREURS Celsius. Renaud ne reniera pas ses QUÉBÉCOIS origines canadiennes-françaises en couleurs de l’Association athlétique Émile Côté, un athlète portant les déclarant qu’il est Américain pour sa d’amateurs nationale (le National) à couleurs de la Montreal Amateur vitesse et Français pour son courage. prendre part au marathon de Boston Athletic Association, est un des 120 par- Est-ce la victoire de Renaud qui amène en 1911? Nul ne saurait le dire. Cepen- ticipants du douzième marathon de Édouard Fabre, un coureur portant les dant, au cours de l’année 1910 et au 26 CAP-AUX-DIAMANTS | N0 113 | PRINTEMPS 2013 pp.04-43 (113)_PLUSPAGE.indd 26 2013-04-04 14:55:57 début de 1911, Édouard Fabre devient un des meilleurs coureurs québécois en remportant des épreuves de raquettes et de courses à pied sur des distances variant de cinq à seize kilomètres. En février 1911, ses entraîneurs du National lui proposent de participer au mara- thon de Boston qui se tiendra quelques mois plus tard. À sa première présence, Fabre termine en troisième position. Ce résultat positif l’amène à s’entraîner plus spéciquement pour la longue distance et donnera naissance à un redoutable coureur de fond. En 1912, Fabre prend part au marathon olympique de Stockholm. Par la suite, il termine cinquième à Boston en 1913, puis deuxième en 1914. Finalement, en 1915, il devient le premier Québécois à remporter le marathon de Boston. Cet exploit, conjugué à une autre victoire disputée sur le parcours du marathon de San Francisco au mois d’août suivant, font de Fabre un héros, un digne repré- sentant de la « race canadienne-fran- çaise », selon l’expression de l’époque. Au cours des décennies 1910 et 1920, quelques autres Québécois tentent leur chance à Boston. En 1915, W.J. Bell et E. Martineau, deux athlètes montréa- lais, terminent respectivement en 14e et 28e position. Édouard Fabre sera de retour de 1921 à 1923 et en 1927 et 1928. Lors de ces cinq présences, il ne pourra faire mieux qu’une sixième place. Cependant, en 1927, les résultats de Fabre (6e), de George Bird (15e) et d’Henri Benoit (20e) feront en sorte que leur formation, le YMCA (section Nord), Gérard Côté (1913-1992). Ses victoires à Boston et Yonkers propulsent Gérard Côté au sommet du sport canadien. remportera le trophée d’équipe. Deux Il est encore aujourd’hui le marathonien canadien ayant connu le plus de succès sur la scène internationale. ans plus tard, en 1929, un autre membre (Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe). de ce club, G. Ruotsalaines, obtiendra la septième position à Boston. dotées de bourses. En 1934, il est l’en- 1937, lors de son séjour d’entraînement traîneur du Club Castor, le premier club à Boston, Young est sans le sou. Gavuzzi LES TROIS MOUSQUETAIRES de coureurs élites au Québec. Parmi le retourne à Verdun pour qu’il trouve de DU MARATHON les Castors, Gérard Côté, de Saint- l’argent et qu’il revienne à Boston pour Au milieu des années 1930, l’Anglo- Hyacinthe, et Walter Young, de Verdun, la course. Marié et père d’un enfant, Italien Peter Gavuzzi, un coureur profes- semblent les plus prometteurs. Young est sans emploi. Il obtient l’aide sionnel qui s’exprime parfaitement en Walter Young participe au marathon de nancière de Verdun et revient à Boston français, dirige les jeunes athlètes vers Boston pour la première fois en 1934 et pour y arracher la victoire. À son retour, des événements amateurs, car la crise termine en 33e position. Il prendra part à le maire de la municipalité lui obtient un économique sonne le glas des courses cette course à quatre autres reprises. En emploi de policier. CAP-AUX-DIAMANTS | N0 113 | PRINTEMPS 2013 27 pp.04-43 (113)_PLUSPAGE.indd 27 2013-04-04 14:55:59 Coéquipier de Young, Gérard Côté est national, étant en cela le digne succes- Un bel exploit de nos trois mousque- le Québécois qui s’est le plus distingué seur d’Édouard Fabre. taires du macadam! à Boston. Entre 1936 et 1953, il Lloyd Evans est un autre excellent court le marathon de Boston à seize athlète. Il participe au marathon de LES TEMPS MODERNES reprises. Au cours des années 1940, Boston à huit reprises entre 1938 et Au cours des décennies 1950 et 1960, il devient une gure dominante avec 1948. Ne parvenant pas à prendre la la situation de la course sur route au des victoires en 1940, 1943, 1944 et mesure de Gérard Côté, il obtiendra Québec n’est guère reluisante, car elle 1948. En 1940, il ajoute une victoire ses meilleurs résultats en 1944 et demeure un sport marginal et très peu à Yonkers où se déroulent les cham- 1945, deux fois en cinquième place. de coureurs québécois vont à Boston. pionnats américains. Ce doublé, En 1939, certains journalistes améri- En 1967, Guy Monnet, Rolland Michaud un exploit peu commun, lui vaut cains trouvent un surnom aux trois et Régis Forel, trois membres du Club le trophée Lou-Marsh décerné au coureurs québécois : les trois mous- Mont-Royal Francs-Amis sont les repré- meilleur athlète canadien. Ses succès quetaires du marathon. Le cumulatif sentants ociels de l’Association d’ath- à Boston, conjugués à ses trois titres des résultats de Young (3e), Côté (8e) et létisme du Québec à Boston. Deux ans de champion à Yonkers, font en sorte Evans (15e) leur vaut l’honneur d’être plus tard, les journaux font mention de qu’il est considéré comme un héros proclamé la meilleure équipe de 1939.