Histoire De L'anatomie Et De La Chirurgie. Tome Premier
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HISTOIRE DE L'ANATOMIE ET DE LA CHIRURGIE. TOME PREMIER. HISTOIRE DE L'ANATOMIE ET DE LA CHIRURGIE, CONTENANT L'origine & les progrès de ces Sciences ; avec un Tableau Chronologique des principales Découver- tes, & un Catalogue des ouvrages d'Anatomie & de Chirurgie, des Mémoires Académiques, des Dissertations insérées dans les Journaux, & de la plupart des Theses qui ont été soutenues dans les Facultés de Médecine de l'Europe : Par M. PORTAL, Lecteur du Roi, & Professeur de Médecine au Collége Royal de France, Professeur d'Anatomie de Monseigneur le Dauphin, de l'Académie Royale des Sciences, & c. & c. & c. Ex his enim patebit, quot res quae vulgo, ob historiae ignorationem, repertae a posterioribus credebantur, quanto antea propositae fuerint : Morgagni, Epistola ad Valsalvae tract. de aure. TOME PREMIER. A PARIS, Chez P. FR. DIDOT le jeune, Quai des Augustins. M. DCC. LXX. Avec Approbation, & Privilége du Roi. A MONSEIGNEUR LE COMTE DE SAINT-FLORENTIN, MINISTRE ET SECRÉTAIRE D'ÉTAT, COMMAN- DEUR DES ORDRES DU ROI, HONORAIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, & c. & c. & c. MONSEIGNEUR, Je vous offre l'Histoire de l'Anatomie & de la Chirurgie, avec un Tableau succint des découvertes que les hommes de différents âges & de divers pays ont faites dans ces deux Sciences : elles sont la base de l'art de guérir. Cependant le zele de ceux qui s'y sont livrés a été traversé par tant d'obstacles, que les plus célébres Anatomistes ont été les hommes les plus malheureux. Les préjugés des Nations ignorantes, & des Peuples non encore policés, a iij ÉPITRE. en ont retardé les progrès ; ce n'est que sous ce Regne florissant, qu'elles ont été publiquement cultivées dans les Hôpitaux de France, & qu'on a généreusement récompensé ceux qui les ont enseignées avec succès. C'est à vous, MONSEIGNEUR, que la Médecine est redevable de ces faveurs ; Ministre éclairé & sage d'un Roi qui trouve son bonheur dans celui de son Peuple ; vous savez employer la confiance dont il vous honore, à faciliter les progrès des Sciences, & sur-tout de celle qui a pour objet la conservation des hommes. Conti- nuez, MONSEIGNEUR, d'honorer l'A- natomie & la Chirurgie de votre protection au- près du Trône ; & la Médecine acquerra chaque jour de nouvelles lumieres, qui tourneront à l'avantage du Prince & de ses Sujets. Je suis avec respect, MONSEIGNEUR, Votre très-humble & très- obéissant serviteur, PORTAL. PRÉFACE. L'HISTOIRE de l'Anatomie remonte à la plus haute antiquité, & cette Science a été cultivée jusqu'à nous presque sans au- cune interruption. Les Druides s'en occupe- rent d'abord, les Juifs la cultiverent en- suite, & les Grecs y ont fait les plus grands progrès ; les Arabes l'avancerent peu, mais ils transmirent leurs connoissances aux Eu- ropéens. Environ quatre cents ouvrages pa- rurent dans ce long intervalle de tems ; c'est-à-dire depuis le vingt-huitieme siecle du monde, jusqu'au douzieme après Jesus- Christ ; les plus grands hommes se sont occupés de l'Anatomie depuis cette épo- que, & ils ont publié plus de douze mille ouvrages : j'ai entrepris d'en présenter le ti- tre sous un seul tableau chronologique, d'en indiquer les éditions, d'extraire une partie de ce qu'ils contiennent d'original & de bon, & de donner l'histoire de l'Auteur au- quel chaque ouvrage appartient ; d'applau- dir à ses travaux lorsque je les croirois uti- les, & de les censurer lorsqu'ils me paroî- troient peu exacts. L'exécution de ce projet me paroissoit d'autant plus importante, que je trouvois des remarques intéressantes dans des livres que l'ignorance ou l'oisiveté des lecteurs avoit condamnés à un oubli préjudiciable à l'avancement de l'Art. Comme la plûpart des Anatomistes ont écrit viij PRÉFACE. sur la Chirurgie, j'ai cru devoir réunir les deux parties, pour ne point tronquer l'his- toire des Auteurs. Mais dans tous mes ju- gements, je ne me suis point érigé en Criti- que, qui ne cherche que des défauts : ce per- sonnage seroit odieux ; & de tels Critiques, dit M. de Senac, sont des especes d'insec tes qui s'attachent aux fruits de l'esprit pour les flétrir ; leur venin rejaillit enfin sur eux- mêmes. Pour composer cette Histoire, je me suis procuré tous les ouvrages d'Anatomie & de Chirurgie de la Bibliotheque du Roi, la plus riche de l'Europe ; M. Capperonier, un des plus savans Bibliographes de nos jours, a bien voulu me les communiquer à mesure qu'ils m'étoient nécessaires. J'ai consulté ceux qui se trouvent aux Bibliotheques de S. Germain, de S. Victor, & de Sainte Geneviéve : MM. Lassone & Morand m'en ont communiqué quelques-uns qui manquoient dans ces gran- des Bibliotheques. C'est ainsi que je me suis procuré plus de dix mille volumes d'Anato- mie ou de Chirurgie ; avantage dont je n'eusse peut-être pû jouir dans aucune autre ville. J'ai divisé l'ouvrage en deux parties. La premiere traite de l'Histoire ancienne, que j'étends jusqu'à Harvée. J'examine dans au- tant de chapitres particuliers les travaux des Juifs, des Grecs & des Arabes. La seconde partie concerne l'Anatomie moderne, & elle comprend l'Histoire de tous les Auteurs d'A- natomie ou de Chirurgie qui ont vécu depuis Harvée jusqu'à nous. ix PRÉFACE. Ces deux parties sont divisées en plusieurs époques. J'en ai établi cinq dans la premiere partie : Hippocrate, Galien, Vesale, Fabrice d'Aquapendente, Ambroise Paré. Je fixe trei- ze époques dans la seconde partie, Harvée, Pecquet, Malpighi, Ruysch, Duverney, Morgagni, Winslow, Senac, Haller, Lieu- taud, Dionis, Heister, Morand. La Nature a produit dans tous les siecles de ces génies heureux, qui au-dessus des préjugés de leurs contemporains ont su l'é- tudier & l'approfondir au milieu des épaisses ténebres qui la cachoient à leurs regards. J'ai cru devoir dans mon Histoire, les distinguer de ces Ecrivains, qui, incapables de rien pro- duire par eux-mêmes, se sont contentés de copier les livres des autres. J'ai suivi un plan uniforme. L'histoire de l'Auteur précede le titre de ses ouvrages, au- quel je joins les différentes éditions. J'extrais ce qu'il contient de notable, & j'en porte mon jugement. Je confronte les plagiats, & afin qu'on en puisse mieux juger, je les rapporte quelque fois en deux colonnes. J'ai suivi l'or- dre chronologique de la publication des ou- vrages, afin d'accorder avec plus de certitude les découvertes à leurs véritables Auteurs ; & l'histoire des faits m'a beaucoup plus oc- cupé que celle des systêmes, qui, en offus- quant la raison, ont tour à tour retardé les progrès des sciences : Equidem doleo, dit le célébre Albinus (1), saepe numero, quum com- menta egregie convellantur, afferri nova quae __________________________________________________________________ (1) Acad. ad not Lib. 1. Cap. XII x PRÉFACE. convellantur, quae deleat dies. Liberatur ab iis res physiologica ; liberata, denuo gravatur... mutata inde quotidie, ingeniorum flatu impelli se passi sunt homines, patienturque. L'éten- due de mes extraits est proportionnée à la célébrité qu'ont eu leurs ouvrages, ou dont ils m'ont paru dignes ; le rang différent où le public a placé leurs Auteurs n'en impose plus après leur mort, leur esprit nous reste dans leurs écrits. C'est par ce reste non équi- voque, que j'ai tâché d'apprécier leur mérite. J'ai extrait de tous les mémoires des Aca- démies & des Journaux de l'Europe, écrits en Latin ou en François, ce qu'ils con- tiennent de relatif à l'Anatomie & à la Chirurgie, & j'ai rapporté les titres des mémoires écrits en d'autres langues ; ou si j'y ai joint quelques notices, c'est d'après les Bibliographes, ou d'après des person- nes instruites de ces langues, que j'ai con- sultées. Impartial dans la critique comme dans la louange, je ne me suis point laissé éblouir par les titres fastueux des Auteurs. L'esprit de Corps n'a aucun pouvoir sur moi. Je tiens à toutes les Facultés du monde par les senti- ments de la plus haute vénération ; mais je n'estime les Auteurs que par leurs ouvra- ges. Je fais peu de cas de ces Ecrivains qui, enthousiastes de leur patrie, veulent y trou- ver la source de toutes les découvertes : le flambeau du génie luit pour toutes les Na- tions. Chaque âge a vu naître de grands hom- xi PRÉFACE. mes ; & dans les tems de la plus profonde ignorance ont paru des sujets qui eussent ho- noré les siecles les plus éclairés. Chaque pays compte ses savans : cependant il faut avouer que l'Italie, cette mere féconde des Scien- ces & des beaux Arts, a produit un plus grand nombre de bons Anatomistes que les Royaumes voisins, & qu'il y a aujourd'hui de meilleurs Chirurgiens en France, que dans aucun autre lieu de l'Europe. La réputation des Professeurs n'est sou- vent fondée que sur les préjugés de la jeu- nesse crédule qui les écoute. J'ai parcouru les ouvrages des maîtres & des disciples, & tantôt j'ai fait voir que le maître n'avoit pû trouver un disciple digne de lui, & tan- tôt que le disciple auroit eu tout droit de se plaindre d'avoir suivi un tel maître. Je n'ai pu m'empêcher de blâmer ces Mé- decins injustes qui refusent aux Chirur- giens les découvertes qui leur sont dues ; & on doit mépriser les Chirurgiens ignorants & orgueilleux qui veulent rapporter à leur Corps ce qu'ils tiennent de la Médecine. Quelques Médecins connoîtront, en parcou- rant mon Histoire, l'injustice des jugements qu'ils ont portés sur des écrits des Chirur- giens ; mais ceux-ci apprendront que les plus grands Maîtres de l'Art qu'ils professent, sont redevables de leurs lumieres aux Médecins dont ils ont suivi les leçons, ou dont ils ont lu les écrits.