UP NUMÉRO 152 START MAI 2010 L’ACTUALITÉ MUSIQUE ET VIDÉO DE VOTRE SPÉCIALISTE CULTURE

THE ROLLING STONES

MUSIQUE KATE NASH 06 COCOROSIE 07 FOALS 10 PAMELA HUTE 12 THE DIVINE COMEDY 14 16 MALCOM MCLAREN 17 UNE PUBLICATION DVD BRIGHT STAR DE JANE CAMPION 24 THE BROWN BUNNY 26

SOMMAIRE

10

07

14 07 16

News / 06 Kate Nash 06 / Mumford & Sons 06 /

Diane Birch 07 / CocoRosie 07 / Broken Social Scene 07 /

Interviews / 08 08 / Foals 10 / Pamela Hute 12 / Bobby Bazini 13 /

The Divine Comedy 14 /Merzhin 15 / Fiction Plane 16 /

Hommages : Alex Chilton 11 / Malcom McLaren 17 /

Chroniques musique / 18 Pop/Rock 18 / Rap/Soul 21 / Electro 21 /

Autres musiques 22 / Français 23 /

Chroniques DVD / 24 DVD du mois : Bright Star 24 / The Brown Bunny 26 /

Hi, Mom ! 28 / Les Désemparés 29 /

UP START est édité par la société PRÉLUDE ET FUGUE, SAS de presse au capital de 30 000 euros, 29, rue de Châteaudun 75308 PARIS Cedex 09 Tél. : 01 75 55 43 44 Fax : 01 75 55 41 11 DIRECTEUR DE PUBLICATION Marc FEUILLÉE / PRINCIPAL ACTIONNAIRE GROUPE EXPRESS-ROULARTA / RÉDACTION RÉDACTRICE EN CHEF Melody LEBLOND [email protected] / RÉDACTION Paul Alexandre, Antoine Beretto, David Bouseul, Hervé Crespy, Laurent Denner, Hervé Guilleminot, Maxime Goguet, Héléna McDouglas, Bertrand Rocher, Guillaume Graf / CONCEPTION GRAPHIQUE Didier FITAN MANAGEMENT ÉDITEUR DÉLÉGUÉ Tristan THOMAS / DIRECTRICE RÉGIE Véronique PICAN / PUBLICITÉ Tristan THOMAS [email protected] / FABRICATION Pascal DELEPINE avec Laurence BIDEAU / PRÉPRESSE GROUPE EXPRESS-ROULARTA / IMPRIMÉ EN BELGIQUE Roularta Printing / Photographie couverture D.R.

| 3 START UP | MAI 2010 |

LA SÉLECTION DU MOIS / IMPORT STARTER

ROCK/POP/METAL/ELECTRO LINKIN PARK 38 SPECIAL SONGS FROM UNDERGROUND ALAN JACKSON AUTHORIZED BOOTLEG-NASSAU 8 TITRES Freight Train DJ SHADOW LYNYRD SKYNYRD STARTER DISTRIBUTION SERVICES IN LOS ANGELES ONE MORE FOR THE ROAD Le prince de la musique Country revient avec son JAKOB DYLAN RARITIES EDITION 16 ème album mélange de ballades et de rock qui vous MOBY GRAPE WOMEN & COUNTRY plonge dans l’univers des grands espaces américains. ROKY ERICKSON LIVE Un disque indispensable à tous les amateurs du genre. WITH OKKERVIL RIVER PIXIES TRUE LOVE CAST OUT ALL EVIL DOOLITTLE LIVE BRUSSEL-2CD GRATEFUL DEAD POCO TEN YEARS AFTER COUNTRY CRIMSON. WHITE & INDIGO : LIVE AT COLUMBIA STUDIOS HOLLY NOW KEVIN COSTNER JULY, 1989 (3CD + DVD) PORTISHEAD VAI,STEVE TURN IT ON HOT TUNA GLORY TIMES-2CD WHERE THE OTHER WILD (LIVE) ALAN JACKSON LIVE AT THE NEW ORLEANS HOUSE SEVENDUST VELVET UNDERGROUND FREIGHT TRAIN JAMES COLD DAY MEMORY VELVET (BANANE) RARITIES EDITION LONESTAR NIGHT BEFORE (DELUXE CD/DVD EDITION) WINTER,JOHNNY PARTY HEARD AROUND THE WORLD KMFDM SICK OF IT ALL LIVE AT THE FILLMORE EAST 10/3/70 VINYL KRIEG BASED ON A TRUE STORY RAP/SOUL/R’N’B JEFF BUCKLEY GAYE,MARVIN SKETCHES FOR MY I WANT YOU MILES DAVIS RARITIES EDITION KIND OF BLUE PIXIES KURUPT IGGY & THE STOOGES Doolittle STREET LIGHTS RAW POWER Live Octobre 2009 BLUES LINKIN PARK HUMMEL,MARK STARTER DISTRIBUTION SERVICES UNDERGROUND-9 DEMOS Les Pixies ont enregistré les concerts RETROACTIVE MGMT de Londres, Amsterdam, Bruxelles MICHAEL LANDAU CONGRATULATIONS et Paris lors de leur tournée en octobre & ROBBEN FORD STROKES 2009. Ils interprètent l’album Doolittle RENEGADE CREATION IS THIS IT en intégralité ainsi que de nombreux autres morceaux. Un « must » pour VOUS ÊTES INTÉRESSÉ PAR UN DISQUE DISPONIBLE UNIQUEMENT tous les fans. EN IMPORT ? PAR DES ALBUMS RARES? N’HÉSITEZ PAS Attention tirage limité ! À SOLLICITER LES VENDEURS POUR VOS COMMANDES SPÉCIALES !

MAGASINS ADHÉRENTS STARTER

START UP AGEN MARTIN-DELBERT / AMANCY ESPACE TEMPS / BELLEVILLE ESPACE est un magazine qui vous présente le meilleur de l’actualité musique TEMPS / BEZIERS DO RÉ MI / BORDEAUX LAC ALICE MEDIA STORE / BOURG LA REINE LE VERGER DES et vidéo. Il est disponible exclusivement chez les magasins adhérents au MUSES / BOURGOIN-JAILLEU MAJOLIRE / CALAIS PLACE MÉDIA / CHALLANS ESPACE DESPRET / RÉSEAU STARTER. CIVRAY-SAVIGNÉ CULTURE ET LOISIRS / CHECY ESPACE TEMPS / CORBEIL ESSONNES - LE VERGER DES MUSES / COUTANCES PLACE MEDIA / DOUAI LE TEMPLE DU DISQUE / EGLY-ARPAJON ESPACE TEMPS / ERAGNY LE GRAND CERCLE / FONTAINEBLEAU LIBRAIRIE PLEIN CIEL / LANGUEUX/ST-BRIEUC IMAG - INE / LA ROCHE-SUR-YON ESPACE MEDIASTORE / MONTPELLIER SAURAMPS ODYSÉE / PARIS HAUSS - MAN GALERIES LAFAYETTE / PARIS RIVOLI BHV / PERIGUEUX LIBRAIRIE MARBOT / PONTARLIER VIRGO MUSIC / PONTIVY ESPACE CULTURE / RAMBOUILLET ESPACE TEMPS / ROYAN LA DISCOTHÈQUE / SAINT-LAURENT-DU-VAR GALERIES LAFAYETTE / SAINT-LÔ PLANET R / SAINT-MARCEL ESPACE TEMPS / SAINT-QUENTIN LIBRAIRIE COGNET / SAVIGNÉ ESPACE TEMPS / TOURCOING MAJUSCULE / VANNES LIBRAIRIE CHEMINANT / VIENNE MAJUSCULE STARTER / ANGOULEME CHAPITRE / ANNEMASSE PLACE MEDIA / AUBENAS PLACE MEDIA / BERGERAC FORUM ESPACE CULTURE / BESANCON FORUM ESPACE CULTURE / BOULOGNE-SUR- MER FORUM ESPACE CULTURE / BRIVE PRIVAT 3 ÉPIS / CHERBOURG FORUM ESPACE CULTURE / CLER - MONT-FERRAND LES VOLCANS / DAX PLACE MEDIA / EVREUX FORUM ESPACE CULTURE / FORBACH - FORUM ESPACE CULTURE / LAVAL SILOË / LIMOGES ANECDOTES / MONTBELIARD FORUM ESPACE CULTURE / MONTÉLIMAR - PLACE MEDIA / MULHOUSE - FORUM ESPACE CULTURE / NANCY HALL DU LIVRE / NARBONNE PLACE MEDIA / NEVERS FORUM ESPACE CULTURE / ROANNE FORUM ESPACE CULTURE / SAINT-BRIEUC CHAPITRE / SAINT-ETIENNE FORUM ESPACE CULTURE / SAINT-LOUIS FORUM ESPACE CULTURE / SAINT-NAZAIRE FORUM ESPACE CULTURE / TARBES LIBRAIRIE PRIVAT LHERIS / TOURS CHAPITRE ARRAS /BÉTHUNE /CAMBRAI /LENS /LILLE /ROUBAIX /VALENCIENNES / VILLENEUVE D’ASCQ ANGOULEME / AVIGNON (SORGUES) / BALMA / BARENTIN / BOURG-EN-BRESSE / BOUR - GOIN JAILLEU / BRIVE / CARCASSONNE / CHAMBRAY LES TOURS / CHANTEPIE / CHAS - SENEUIL-DU-POITOU / CHATEAUROUX (ST-MAUR) / CLAYE SOUILLY / COMPIEGNE (VENETTE) / DIJON / ÉPINAL / FAYET / FRANCONVILLE / GENNEVILLIERS / GIVORS / HENIN BEAUMONT / KINGERSHEIM / LABEIGE / LA ROCHELLE / LIEUSAINT / MACON / MANDELIEU LA NAPOULE / MARSEILLE Ces magasins sont des spécialistes de la distribution de disques et de / MERIGNAC / NARBONNE / NÎMES / PAU (LESCAR) / PLAISIR (CLAYES-SOUS-BOIS) / PORTET-SUR- DVD, leurs vendeurs sont passionnés par leur métier et à l’écoute de vos GARONNE / SAINT-DOULCHARD / SAINT-MALO / SAINT-MAXIMIN / SAINT-PARRES-AUX-TERTRES / SAINTE demandes particulières. N’hésitez pas à les solliciter notamment sur des GENEVIEVE DES BOIS / TERVILLE / TRIGNAC / VALENCE / VILLENAVE D’ORNON / VILLENEUVE D’ASCQ / BEAUVAIS / CHALON-SUR-SAÔNE / CLERMONT-FERRAND / LYON / MÂCON / références disponibles exclusivement en import! ORGEVAL / PARIS / POITIERS / ST-GERMAIN-EN-LAYE / TOULOUSE / VAULX-EN-VELIN

| 5 START UP | MAI 2010 | START TOP AVRIL 2010 NEWS

RELEVÉ DES MEILLEURES VENTES POP/ROCK DES MAGASINS ADHÉRENTS

MGMT Congratulations SONY MUSIC

FRANCOISE HARDY La Pluie sans parapluie EMI

CŒUR DE PIRATE Cœur de pirate UNIVERSAL MUSIC

MUSE The resistance SONY MUSIC

STACEY KENT Raconte-moi... EMI

THE BLACK EYED PEAS The E.N.D. UNIVERSAL MUSIC

GORILLAZ Plastic Beach EMI

THE JOHN BUTLER TRIO April uprising WARNER MUSIC

SADE Soldier of love SONY MUSIC

SLASH Slash WARNER MUSIC

MADONNA Sticky and sweet tour WARNER MUSIC

MELODY GARDOT My one and only thrill UNIVERSAL MUSIC

ANGUS & JULIA STONE Down the may WAGRAM

IZIA Izia UNIVERSAL MUSIC

AMY MACDONALD A curious thing UNIVERSAL MUSIC

CHARLIE WINSTON Hobo PIAS

BENJAMIN BIOLAY La Superbe NAÏVE

SCORPIONS in the tail SONY MUSIC

LUZ CASAL La pasion EMI

VANESSA PARADIS Best of UNIVERSAL MUSIC NIRVANA Nevermind UNIVERSAL MUSIC 19 avril MASSIVE ATTACK Heligoland EMI

MICHAEL BUBLE Crazy love WARNER MUSIC

YOUSSOU N'DOUR Dakar-Kingston UNIVERSAL MUSIC MUSE Origin of symmetry WARNER MUSIC Kate Nash GOSSIP Music for men SONY MUSIC M Mister mystere UNIVERSAL MUSIC My Best Friend Is You #### SARAH BLASKO As days follows night NAIVE AZ/Universal JEFF BECK Emotion and commotion WARNER MUSIC Lequel parmi vous n’a pas succombé au rousse s’est même déguisée en hôtesse HOCUS POCUS 16 pieces UNIVERSAL MUSIC charme ravageur de Kate Nash en 2008 de l’air pour son premier single. Bien avec son single Foundations ? Personne plus classe que Britney dans Toxic, c’est hein. Et bien figurez vous qu’elle revient elle qui vous fera commencer votre avec Do Wah Doo, son deuxième journée en beauté. M.L. album, produit et arrangé par le célèbre Bernard Buttler (The Libertines, Le meilleur : Duffy, Sharleen Spiteri…). La jolie Higer plane, Kiss that girl, Pickpoket

19 avril

Mumford & Sons Sigh No More #### PIAS

Voici un album qui ne vous laissera pas indemne. Non, vous n’échapperez ni à la voix éraillée de Marcus Mumford ni aux mélodies aériennes de ses chansons. C’est en douze titres que les anglais vous mettent votre raclée, ni plus ni moins. Là où les Fleet Foxes et les Grizzly Bear nous avaient scotchés, Mumford & Sons sonne le k.o. Les harmonies sont sublimes et sont à écouter partout, et même nulle part tellement c’est beau. G.G.

| 6 START UP | MAI 2010 | NEWS 26 avril 03 mai Diane Birch Bible Belt ### EMI

Ce qui nous plaît chez Diane Birch, ce ne sont pas ses jambes qui n’en finissent plus. Ce n’est pas non plus son beau visage tout droit sorti des années soixante. Non. C’est sa légèreté et sa capacité à écrire de belles chansons pop folk moelleuses et vitaminées. Avoir commencé le piano dès sept ans, évidemment, ça aide, et la belle gueule aussi, mais n’allez pas croire qu’elle en joue. Elle joue uniquement avec quelques musiciens : Lenny Kaye (Patti Smith), Adam Blackstone (The Roots) et Cindy Blackman (Lenny Kravitz). Cocorosie À voir : son premier clip, Valentino, un plan séquence digne d’Arturo Brachetti. M.L. Grey Oceans #### PIAS

Bien du temps s’est écoulé depuis le délire de chansons pour belle boîte à dernier album des deux sœurs Casady, musique folk. Femmes à barbe sur la duo mystique qui forme le groupe pochette, les sœurs n’ont peur de rien, Cocorosie. Vous les trouviez étranges ? et ne tombent jamais dans le ridicule. Eh bien rien ne semble s’être arrangé, Leur meilleur ami : Devendra Banhart. puisque Bianca (chant et percussions) Votre meilleur ami : Great Ocean, leur et Sierra (guitare, flûte, harpe et chant) nouvel album, fantasmagorique et poussent encore les limites de leur somptueux. Toujours inclassable. M.L.

04 mai Broken Social Scene Forgiveness Rock Record #### PIAS

Mais que faire de Broken Social Scene, collectif pop cothèque, de Primal Scream à Pavement, des Smiths de Toronto qui, à chaque album, change de visage et à Blur, de Can à St-Etienne en passant par Super furry d’orientation ? Le fait de rassembler une douzaine de Animals. Forgiveness rock record est à géométrie varia- musiciens sans compter les guests et produire autant ble, un patchwork pop et plutôt joyeux (pour une fois, de side-projects, et se retrouver autour d’un disque en on peut dire qu’un groupe semble heureux de jouer majeure partie improvisé en studio, peut désorienter. ensemble) mais totalement inclassable. Un cauchemar Forgivenesse rock record contient sans doute votre dis - pour critiques, un bonheur pour les fans. H.C.

JEU CONCOURS / DIRE STRAITS UNE GUITARE STRATOCASTER À GAGNER

À l’occasion de la réédition du double album live Alchemy de Dire Straits, STARTER vous propose de gagner une guitare Stratocaster en répondant aux questions ci-dessous, et en envoyant vos réponses sur papier libre avec vos coordonnées complètes avant 15 mai 2010 à : STARTER, Concours Dire Straits, 335 rue Jurien de la Gravière, 29200 Brest

QUESTIONS : 1/ Quel était le nom du groupe, avant de s'appeler Dire Straits ? 2/ Qui a remplacé le guitariste Jack Sonni, nouvellement papa, lors du concert donné en l'honneur de Nelson Mandela en 1988 ? JEU CO 3/ Quel est le nom du mini album contenant le single NCOURS Twisting by The Pool sorti en 1983 ?

| 7 START UP | MAI 2010 | ROCK The Rolling Stones

BONNE NOUVELLE POUR LES FANS, LES ROLLING STONES SORTENT UNE VERSION DE EXILE ON MAIN STREET AVEC 10 TITRES INEDITS... HALLELUJAH.

tion unique, tout en restant fidèles à l’esprit temps. Le double album original de 18 titres EXILE ON MAIN STREET / UNIVERSAL de l’album publié en 1972. Les bonus com - a été enregistré en plusieurs fois dans divers prennent aussi des versions alternatives de endroits, dont les Olympic Studios à Lon - Nous sommes fiers d’annoncer la réédition Soul Survivor et de Loving Cup. dres, Nellcote, le manoir de de l’album des Rolling Stones Exile on Main En complément à la sortie d’ Exile on Main en France, et Los Angeles, dont la véritable Street, agrémentée de 10 titres jamais enten - Street , un documentaire, Stones in Exile, “Main Street” (rue principale) a donné son dus. Il est considéré comme l’un des vient d’être réalisé. Les fans pourront le voir nom à l’album. Les circonstances exception - meilleurs albums de l’histoire du rock’n’roll, à la télévision américaine et sur BBC World - nelles entourant cet enregistrement ont et aussi l’un des plus importants de la wide. Le documen - grandement affecté le discographie des Stones. taire inclut des films À sa sortie, il y a plus de trente ans, contenu du disque, À sa sortie, il y a plus de trente ans, Exile on d’archive, des photos Exile on Main street a innové une œuvre profonde Main Street a innové en mêlant les genres et des interviews influencée par l’insta - musicaux, les instruments et même les inédits, ainsi que de en mêlant les genres musicaux. bilité socio-politique artistes pour créer un fascinant chef d’œuvre nouveaux entretiens de la fin des années 60 rythmique. Cette nouvelle compilation avec le groupe et les artistes qu’ils ont influ - et le début des années 70. Les Stones ont comporte dix titres enregistrés à l’origine à encé. Produit par le réalisateur oscarisé John rejeté l’influence du Flower Power et ont l’époque d’ Exile, mais qui n’ont été décou - Battsek, et réalisé par , connu concentré leur esprit créatif sur l’approche verts que récemment, lors du travail sur le pour son travail sur le très primé Cinemania plus excessive et plus avant-gardiste des se- projet de réédition. Les morceaux retrouvés et sur Scott Walker : 30 Century Man, Stones venties. Exile mêle les genres sans retenue, qui incluent des titres comme Plundered My in Exile offre un aperçu inhabituel de la vie incluant des nuances de blues, de country de Soul, Dancing in the Light, Following the des membres du groupe durant la genèse R&B et de gospel à des paroles portant un River et Pass The Wine ont subi une évolu - d’un des plus grands albums de tous les message très clair d’exigence de libération.

| 8 START UP | MAI 2010 | ROCK

L’album a rassemblé tout un panel de talents électriques dont Dr. John, feu et le pianiste . Le guitariste , qui a remplacé dans le groupe peu avant la mort de ce dernier en 1969, est un magnifique joueur de blues qui apporte une réelle intensité et une réelle élégance à ces titres épiques. Par - fois, il est arrivé que ces musiciens et d’autres vivent dans le studio d’enregistrement avec le groupe, ce qui a permis une ambiance pro- pice aux collaborations créatives. “Le portrait saisissant que l’album brosse de ces artistes poussés aux limites de leur créati- vité (par eux-mêmes et par l’époque) a inspiré chaque génération de musiciens depuis la sor - tie d’Exile en 1972, ” a déclaré l’écrivain Anthony DeCurtis. “Chaque chanson sur Exile on Main Street ressort grandie de sa relation avec la musique qui vient avant et après. La force irrésistible de l’album a peu de DISCOGRAPHIE SÉLECTIVE chance de s’amoindrir un jour. ” Exile on Main Street sera disponible en deux 1967 Their Satanic 1973 1983 Undercover formats CD : l’édition originale de 18 titres ; 1967 Majesties Request 1974 It's Only Rock 'N Roll 1986 Dirty Work une édition deluxe incluant 10 titres en 1968 1976 1989 bonus ; et un coffret super deluxe incluant 1969 1978 1994 également un vinyle, un documentaire 1971 1980 1997 Bridges to Babylon DVD de 30 minutes avec des extraits de 1972 Exile on Main Street 1981 2005 , Ladies and Gentlemen… the Rolling Stones et Stones in Exile, ainsi qu’un livret collector de 50 pages contenant des photos d’époque. Les dix titres inédits ont été produits par Jimmy Miller, The Glimmer Twins et Don Was. I

| 9 START UP | MAI 2010 | ROCK Foals

ENMENÉ PAR UN SURVOLTÉ, LE GROUPE FOALS SE DÉMARQUE PAR SA FOLIE ET SON ORIGINALITÉ.

PAR MELODY LEBLOND

Quelle sensation vous procure votre album ? Yannis Philippakis (chant, guitare) : C’est un peu comme si on venait d’aller pisser, on se sent soulagés. Jimmy Smith (guitare) : Exactement, on se sent libérés. Prêts à démarrer autre chose, on est très excités à l’idée de jouer sur scène les nouveaux morceaux. Yannis : On était tous ensemble dans la de sens, ou tout du moins plusieurs axes de Edwin Congreave (claviers) : Ils ont raison. même maison alors évidemment c’est plus compréhension. Total Life Forever, c’est Quand nous étions en studio, nous n’é - simple pour composer, on demande aux plusieurs couleurs à la fois. coutions pas beaucoup d’autres choses à part autres de venir voir et voilà, c’est moins com - Votre premier single, Spanish Sahara, est nos morceaux, on a essayé de se concentrer pliqué. On a écrit pas mal de chansons au bien loin de votre style, c’est à s’y perdre... seulement sur notre travail. tout début, une petite vingtaine environ, on Yannis : Oui, on le sait, mais ce n’était pas Yannis : Par contre, avant, dans notre mai - a donc dû choisir parmi elles. C’était assez forcément voulu. On a choisi de prendre ce son où nous avons composé l’album, on naturel, les morceaux moins morceau en single parce qu’il écoutait pas mal de musique, même très dif - bons ont dégagé assez vite. représente vraiment ce nouvel férente. On aime bien les vieux disques, les Jimmy : On a essayé de se con - album. Par contre, on com - classiques. En fait, c’était un processus très centrer sur l’essence même de prend que les gens soient intime et interne pour l’enregistrement de notre musique, de créer un quelque peu déroutés, c’est nor - cet album, on était très proches les uns de album efficace, cohérent et vif. mal. En même temps, nous, on autres. Pour l’écriture, cette fois-ci, tout s’est Vous pensez pouvoir faire ne se rend pas compte que c’est fait ensemble, dans le désordre, contraire - mieux ? Où sont vos limites ? loin de notre univers, puisque ment à mon habitude où j’écris d’abord la Yannis : Ce qui est drôle, c’est Total Life Forever nous sommes directement musique, et ensuite les paroles. Tout était que oui, je me dis toujours (Warner/Transgressive Records) dedans. Mais on espère que plus simple pour Total Life Forever. qu’on peut faire mieux, même ### notre public va s’y retrouver. Simple dans l’écriture et simple entre vous ? si je suis fier de cet album. C’est notre progression, on ne Yannis : Pas forcément entre nous, puisqu’on Notre but est de continuer à faire de la peut faire autrement. est quand même cinq garçons, alors on musique alors bien sûr, je crois que le Vous aimez le rap français paraît-il... s’engueule parfois, mais c’est bénéfique. meilleur est dans l’avenir. Je pense même que Yannis : Oui, on aime beaucoup IAM et Edwin : Ce n’est jamais vraiment grave, ni c’est encore plus difficile d’évoluer dans le surtout Assassin, c’est un style de musique démesuré, on s’en met souvent plein la tête style de musique que nous avons. On ne qui nous touche beaucoup, même si on ne et après ça va bien mieux. compte plus le nombre de groupes qui se comprend pas tout. Peut-être un jour en ressemblent et qui ne vont pas plus loin que mettrons-nous dans un morceau... leur premier album. La musique pour moi, Vous avez un trip particulier avec la viande, c’est une addiction. Je passe mon temps à dans un de vos anciens clip vous frappiez écrire, composer, écrire, composer et quand dans des abats et dans le dernier, vous je ne fais pas l’un ou l’autre, je suis en tournée commettez carrément un meurtre... et je joue ces mêmes morceaux sur scène. Yannis : Oui, c’est vrai, on pensait que per - C’est un cercle vicieux, dont je ne pourrais sonne ne le remarquerait (rires). C’était plus me passer. super dur de tourner dans un froid pareil, on Comment est organisé cet album ? On sent a fait ça en une journée, c’était affreux. Par plusieurs univers... contre, on ne vous dira jamais ce qu’il y a Yannis : Il y a plusieurs espaces, plusieurs dans le sac, ce que j’ai tué dans le clip. C’est environnements dans cet album. Il y a plus un secret ! (rires) I

| 10 START UP | MAI 2010 | HOMMAGE

Alex Chilton 1950-2010

Dans les dictionnaires du rock, son nom passe PAR HERVÉ CRESPI souvent inaperçu : au mieux on le confond avec Van Morrison ou bien Brian Wilson, question de sonorité, au pire on l’oublie et c’est plutôt facile : Alex Chilton n’est jamais devenu une pop star et surtout n’a jamais essayé de l’être. «C’est incroyable d’avoir eu un parcours musical aussi génial et d’avoir subi autant la malchance, le drame et l’auto sabordage » avoue Peter Buck de REM, un de ses plus grands fans. Le fait est que, de 1967 jusqu’à cette année, soit plus de 40 ans d’activisme musical, Alex Chilton s’est méticuleusement tenu à l’écart de toute notoriété. Pourtant tout débute bien : à l’âge de 16 ans, Alex Chilton est le leader des Box Tops, dont le single The Letter, un classique pop de 1967, au même titre que le Happy together des Turtles ou No milk today des Herman Hermits, devient n°1 des hit parades U.S. De retour chez lui à Memphis, Alex Chilton rencontre Chris Bell, Jody Stephens et Andy Hummel, trois jeunes musiciens qui comme lui sont fascinés par la musique des Beatles et des Kinks. C’est ainsi que Big Star se forme en 1970, en plein Woodstock, alors que Chilton et ses collègues ne sont ni “Les gens me disent que Big Star hippies, ni psychédéli- ques, ne se lancent pas était un des plus grands dans de longs solos de gui - groupes pop de son temps...” tares et sont fringués com- me des ploucs du Tennessee. En revanche Big Star compose de mag - nifiques mélodies pop de 3’30 et des ballades folk à pleurer. Le tandem de songwriters formé par Bell/Chilton est à son plus haut niveau sur les albums #1Record et Radio City sortis sur le label Ardent de Memphis. Sans doute les plus belles chansons pop des 70’s sont cachées sur ces disques, Big Star concurrence sans peine les Byrds ou les Beatles. Mais les albums du groupe passent totalement inaperçus et rejoignent vite les bacs à soldes. D’ailleurs, Chris Bell se lasse de Big Star et en profite pour publier un album lui aussi sub - lime et culte : I Am The Cosmos en 1978. L’année suivante Chris Bell décède dans un accident de moto. En 1975, Big Star se sépare dans l’indifférence, laissant en chantier les titres d’un 3 ème et ultime album. Third/Sister Lovers sort finalement à la fin des 70’s et contient les plus douloureuses ballades écrites par Chilton. Big Star devient un groupe fantôme dont les très rares disques se passent sous le man - teau. Grâce aux labels français New Rose et Last Call qui éditent ses albums solo tout au long des années 80 et 90, Chilton est devenu un rocker sudiste, loin de la magie pop de Big Star. Toujours aussi malchanceux, Chilton est l’un des rescapés de l’ouragan Katrina qui a ravagé la Nouvelle Orléans. Puis en mars dernier, Alex Chilton décède d’une crise cardiaque. Il allait avoir 60 ans. I

| 11 START UP | MAI 2010 | CHANSON Pamela Hute LES LUNETTES DE PAMELA HUTE SONT LOIN D’ÊTRE UN VULGAIRE ACCESSOIRE DE MODE, ET SA PASSION POUR LES ANCIENS VINYLS N’EST PAS NON PLUS UN CAPRICE. CETTE FILLE A DU TALENT. RENCONTRE.

Oui voilà, on a acheté pas mal de matériel, qui est à nous maintenant et on a été là-bas. C’est une vieille maison alors c’est top. C’est que du parquet, de la pierre. On ressentait une liberté totale, vraiment royale. Vous avez hésité lorsque le label vous a proposé de signer un contrat ? Signer sur un label n’était pas vraiment notre but puisque l’on a terminé notre album seuls et c’est à ce moment là qu’un label nous a contacté. Le courant est passé dès le premier rendez-vous. La question ne s’est pas posée très longtemps à vrai dire, tout était pra - tiquement prêt. La différence avec et sans label, ça se joue sur quoi au juste ? Déjà, sur tout ce qui est promo, il y a une énorme différence. Il y a plein de gens que nous avions contactés auparavant mais sans retour... Avec Tôt Ou Tard, on a pu faire Taratata par exemple. On est très contents parce que c’est une équipe géniale et qui plus est avec un bon catalogue. Pamela Hute c’est à la fois un groupe de trois personnes mais avec une volonté de

“J’entends tous les défauts... n i t u o

B vous mettre seule en avant, non ? d r a

Même si je suis contente du son de l’album” h c

i C’est un peu ambigu, on a tenté de clarifier R

© ça parce que c’est moi qui écrit les chansons du groupe. On a enregistré en 2008, pressé et les musiques, c’est mon projet avant tout. PAR MELODY LEBLOND l’album une première fois, et ensuite on a Après je défends un groupe, je suis entourée signé. Donc on a dû revenir un peu en de deux musiciens qui me donnent cette On dit que le premier album, on a toute une arrière. Il y a un petit côté dans tout ça ou force. C’est aussi un groupe, je ne veux pas vie pour le faire... l’on s’est sentis perdus. Tout prend beau - les oublier. Exactement, c’est un premier album alors coup de temps, entre le mixage, l’enregis- Avoir son visage sur la pochette, c’est pour c’est spécial, tu as envie de fixer, un peu trement, le mastering... Pen - marquer les esprits ? comme sur une photographie, l’étape du dant plusieurs mois, on a le C’est pour des raisons stra- groupe. J’assume totalement cet album et nez dedans. On est surtout tégiques, oui. On sort notre c’est le premier moment où tu montres aux super fiers. premier album alors on vou- gens ce que tu fais. C’est important. L’idée, Du coup, comment ne pas se lait que les gens puissent iden - c’était de faire un album assez court, un peu lasser des chansons, pour la tifier tout de suite qui j’étais. Il à l’ancienne aussi. Quelque chose d’efficace plupart écrites il y a bien y a un truc fort qui se dégage avec plus de sens. longtemps ? de la photo de Richard Bou- Quel est votre ressenti après l’enregis- Certainement les jouer sur tin, elle me ressemble beau - trement de ce premier album, tout de scène, d’une façon différente. Turtle Tales From Overseas coup. C’était le visuel le plus même en préparation depuis longtemps ? On ne peut pas y échapper, (Tôt ou Tard/Warner) fort tout en restant simple. C’est un peu particulier à cause de l’histoire parfois j’en écoute et je suis ##### Être seulement trois, c’est un mécontente mais globalement vrai choix ou plutôt le destin ? Pourquoi Turtle Tales From Overseas ? on ne s’en lasse pas. Mais c’est parce que je Ce sont les deux à la fois. Avant on avait un En référence à la pochette : suis quelqu’un de perfectionniste. J’entends bassiste et ça ne me plaisait pas et puis je Sam & Dave tous les défauts... Même si je suis contente crois beaucoup au trio. Un jour lors de la Hold on, I’m comin’ du son de l’album. première répète à trois, d’un coup, il y a eu Pour avoir ce son, vous avez été enregistrer un gros vide et, en même temps on a adoré. en Dordogne dans la maison familiale. Ça avait un sens. I

| 12 START UP | MAI 2010 | POP Bobby Bazini BOBBY BAZINI A LA VOIX D’UN GRAND ET L’AUTHENTICITÉ DE SON IDOLE DE TOUJOURS : JOHNNY CASH. CE JEUNE CANADIEN N’A QUE 20 ANS, BLUFFANT.

au fait que je les ai composées il y a long- Il y a un véritable contraste entre ta voix et PAR MELODY LEBLOND temps. Généralement, je commence un ton physique. En écoutant ton album, on morceau avec une mélodie à la guitare, les imagine un vieux bluesman au micro, pas Vous venez de la province de Montréal, paroles viennent ensuite. Je n’ai pas d’habi - un jeune de vingt ans. comment tout a commencé pour vous ? tudes particulières. Oui (rires), tout le monde me dit ça, mais je En fait, j’ai toujours chanté parce que, dans Vos paroles traitent parfois de sujets durs, n’y peux rien, c’est ma façon de chanter. Ça ma famille, on est tous musiciens. Quand notamment Freaky, qui doit être à cause des influences mes parents ont divorcé, je suis resté en parle d’un junkie et de ce que j’ai écouté durant province, près de Montréal, chez ma grand- Pour les paroles, il faut que je toute mon enfance. On me dit mère ou j’ai découvert Johnny Cash, mon me sente dans un état un peu même que je fais plus jeune que idole. Puis j’ai commencé à composer des secondaire, mais que je sois mon âge lorsqu’on me voit, chansons puisque mon père m’avait appris à bien. Pour Freaky , qui parle alors c’est pire… jouer de la guitare. Mais je ne jouais pas pour de quelqu’un qui est addict à Vous qui êtes jeune justement, faire une carrière ou quelque chose du genre, la drogue, c’était un sujet ne vous lasserez vous jamais c’était seulement pour le plaisir. Ma grand- loin de ma vie, mais j’aime Better in time de jouer I wonder, à force ? mère avait beaucoup confiance en moi, et bien écrire aussi sur ce que je (Warner) Jamais, parce que je sais que c’est vraiment elle qui m’a poussé à continuer ne connais pas. Je ne choisis ### dans cinquante ans, il y aura à chanter, sinon j’aurais sûrement arrêté. A pas forcément la facilité. encore des gens qui vont cette époque-là, il y a environ deux ans, elle J’écris sur tout ce qui m’entoure. J’aime tou - découvrir ma chanson, et ça me fait plaisir. m’a proposé de participer à un festival, et jours que dans mes chansons il y ait un dou - Je ne me lasserai jamais de la jouer pour les c’est là-bas que Hugo Sabourin, avec qui je ble sens, une double lecture, comme ça les gens qui veulent l’écouter, parce que ce qui travaille encore maintenant, m’a repéré. Il a gens peuvent se l’approprier. me plaît, c’est que les gens l’aiment. I envoyé ma chanson I wonder à des produc - teurs et tout s’est enchaîné. Mais tu n’es pas contre cette carrière qui démarre plutôt bien, même si au départ ce n’est pas ton objectif... Non, évidemment, car ça me permet de con - tinuer à chanter. Ce n’est pas forcément pour être connu, ça je m’en fiche un peu. C’est drôle, parce que ce premier album, en même temps, c’est une vraie étape pour moi, je m’en souviendrai toute ma vie. Il contient notamment des chansons que j’ai écrites, il y a tellement longtemps. Je me suis fié à mon instinct pour choisir quelles seraient celles qui figureraient sur ce disque, c’était simple en vérité, j’ai pris celles que les gens aimaient sur scène. Par contre, la première fois que j’ai entendu I wonder en studio, ça m’a fait un choc, je l’avais toujours entendue finie, mais dans ma tête, jamais sur un disque. C’est très étrange... Vous vous sentez soulagé aussi ? C’est vrai que c’est un peu un poids qu’on m’enlève des épaules, enfin. Je me sens libre, maintenant je peux penser à d’autres choses, faire d’autres choses, avancer vers d’autres projets. Ce premier album vous plaît ? Je suis très content oui, j’aime toutes les chansons qui sont dedans. Elles sont très dif - férentes les unes des autres, mais cela est dû

| 13 START UP | MAI 2010 | POP

indifférents… C’est ce soir-là à la Cigale que j’ai réalisé mon rêve d’ado : être comme Bono au Wembley Stadium ! (rires) Car comme tous les gosses de ma génération en Irlande, j’étais un fan absolu de U2. Mais je possédais déjà un meilleur goût vestimen - taire qu’eux. Vous étiez totalement inconnu du public à cette époque, votre premier album Libera - tion venait à peine de sortir… Oui, ils étaient trop occupés à l’époque avec Ride et Suede ! (rires) Au fait que sont-ils devenus ?… Sans rire, les Anglais et surtout l’Irlande, mon pays, a commencé à s'intéres- ser à moi avec Casanova. Ils se sont dit que cela devait sans doute parler de sexe Ce qui était paradoxal car le public en France aimait The Divine Comedy sans forcément com - prendre les paroles des chansons. On ne comprend pas toujours où vous voulez en venir avec, sur ce nouvel album des titres comme Assume The Perpendicu - lar ou Can’t you stand upon one leg… Je sais, je n’y peux rien… Pourtant, avec ce disque, je voulais enregistrer des chansons simples et directes. Mais depuis que je pos - sède ma petite maison de disques, Divine Comedy Records, j’avoue me sentir beau - coup plus libre que je ne l’étais avec EMI. Je ne dis pas que j’ai dû faire des albums sous la contrainte mais à chaque fois de petits arran- gements, on va dire, commerciaux… Certes je gagne moins qu’avant mais j’ai enfin le droit de faire ce que je veux. Ma première envie fut d’écrire un album sur le cricket, The duckworth Lewis method, qui a eu beaucoup The Divine Comedy de succès chez les Gallois âgés de plus de soixante ans ! Lorsque j’enregistrais Bang NEIL HANNON N’A PAS CHANGÉ : EN 2010, IL GARDE TOUJOURS CETTE ALLURE goes the Knighthood, je me disais : tiens, il n’y DE JEUNE HOMME FRÊLE AU REGARD BLEU AZUR ET AUX MANIÈRES SO BRITISH. a encore eu personne pour venir m’embêter… Aujourd’hui je ne peux plus me passer de PAR HERVÉ CRESPI jamais refaire ce truc. cette indépendance artistique. Effectivement : de Jane Birkin à Valérie Pour cet album, vous voulez qu’il soit Même avec de grosses galères de transport Lemercier, Yann Tiersen ou encore Vincent plébiscité par qui ? pour rallier sa terre de prédilection, la France Delerm en passant par Air, Burgalat et Essentiellement par des gens qui ont le sens et donc Paris, Neil Hannon, tout juste un Charlotte Gainsbourg, The Divine Com - de l’humour ! En tout cas par des gens qui peu fripé par le voyage, reste flegmatique : edy a travaillé avec à peu près apprécient mon humour un « pendant tout le temps de mon trajet, j’au - toute la scène pop française. peu sec et sophistiqué… Il y a rais pu composer une chanson intitulée Vous souvenez-vous de votre des mélodies légères, des clins “Treize heures de train et de ferry à cause d’un premier concert à Paris en d’œil à ma jeunesse comme volcan islandais”… Mais je voulais absolu - 1993 à la Cigale où, littérale - dans At the indie disco ou ment débuter la promotion de mon nouvel ment, ce soir-là le public Néapolitan girl… Car ces nou - album ici à Paris. Je reste toujours très lié à la français vous a déclaré sa velles chansons sont le miroir France, j’y ai fait des choses que jamais je n’au - flamme ? de mon humeur du moment rais pensé faire comme être éditorialiste et Oh oui je m’en souviens… J’étais et je me sens un peu comme reporter pour le magazine Les Inrockuptibles ! ivre mais tellement bien d’être Bang goes the Knighthood un vieil homme dans un corps Ils m’avaient envoyé interviewer Björk. J’avais là, acclamé avec autant de fer - (PIAS) encore jeune avec ses manies, passé une journée formidable avec elle mais veur pour la première fois de ma #### son savoir-faire et finalement, lorsqu’il a fallu écrire l’article, je me suis rendu vie. Car avant, il faut bien la satisfastion d’être là où je compte que mon magnéto n’avait rien enreg - avouer que ma musi que, quand je jouais en voulais être quand je rêvais de voyager et de istré ! J’étais mort de honte et j’ai juré ne plus Irlande dans des pubs, laissait les gens plutôt vivre de mes chansons… I

| 14 START UP | MAI 2010 | 3 QUESTIONS À... Merzhin LE GROUPE DE ROCK MERZHIN A BIEN CHANGÉ DEPUIS SON PREMIER ALBUM, IL Y A 10 ANS. VOICI LA NOUVELLE CUVÉE.

Il vous aura fallu pratiquement quatre ans avant de sortir cet album, le temps ne vous a pas paru long ? Pierre Le Bourdonnec (chanteur) : Pas vraiment, puisque nous on n’arrête jamais de tourner, donc on est tout le temps sur la route. L’album a mis longtemps à arriver parce que nous sommes six dans le groupe et comme chacun participe, c’est difficile de satisfaire tout le monde, ça prend du temps. On est aussi passés d’une major à un label que nous avons monté nous-mêmes, suite à des déceptions multiples vis à vis de cette major justement. Mauvaise promotion, le dernier album avait été mal travaillé. On était un peu perdus, et s’oc - cuper nous-même de notre sort nous a fait grandir. Comment expliquez-vous qu’au bout de 10 ans, vous soyez toujours le groupe d’origine, et que vous ayez aussi évolué ? On se connaît vraiment très très bien, ça aide et l’on estime que chacun peut apporter des idées. Ça nous prend beau - coup de temps, mais ça en vaut la peine, on essaie de creuser chaque proposition. Plus loin vers l’Ouest Le principe c’est qu’on est un peu comme (l’Autre distribution) des frères, on se respecte les uns les autres ### et on sait ce que chacun apporte au groupe. On a la trentaine maintenant, alors on fait la part des choses. On travaille avec Mathieu Ballet (ndlr Thomas Fersen, Bashung, Miossec…) depuis longtemps déjà, c’est un peu le septième membre du groupe et c’est aussi grâce à lui que nous avons pu évoluer. On sentait nos limites et l’on a finalement travaillé dur, tout en gardant un certain recul. On est loin de notre premier album Pleine Lune. Notre volonté, au début, était de former un groupe de rock avec des mélodies, mais on a trop vite été étiquetés rock celtique, à tort. Plus loin vers l’Ouest, le titre de cet album, c’est pourtant un hom - mage à vos racines... Exactement. On a un peu changé de style, mais on n’a pas pour autant oublié d’où l’on vient. Maintenant on voudrait montrer aux gens que l’on peut écrire des ballades et qu’on ne joue pas que avec des bombardes… On a toujours été influencés par la musique alter - native comme Noir Désir ou la Mano Negra, et c’est ce genre là que l’on aime. On va aussi essayer d’aller vers la chanson folk... I G.G

| 15 START UP | MAI 2010 | ROCK Fiction Plane

JOE SUMNER N’EST PAS QUE LE FILS DE STING, PUISQU’IL DÉFEND CORPS ET ÂME SON PROJET : FICTION PLANE. ET N’ALLEZ PAS LE FACHER EN LUI PARLANT DE SON PÈRE ...

se trouve vraiment moins bien que les illus - On était tous dans le sous-sol du studio, PAR GUILLAUME GRAF trations, alors voilà. enfermés, à écrire. Votre album s’appelle Sparks, vous voulez Joe : C’est aussi le plus positif et le plus puis - Qu’avez-vous fait depuis ces 3 ans ? faire des étincelles, c’est ça ? sant que l’on ait réalisé, plus psychédélique Seton Daunt (guitare) : J’ai eu un enfant ! Seton : C’est un peu ça. En fait on a donné et surtout, ça correspond plus à la vie qu’on (rires) Ça a pas mal changé ma vie. plusieurs titres de nos chansons au pho - mène. (chant-guitare) : On a beaucoup tographe qui a fait la pochette, et il a Seton : On voulait faire un album qui tourné. Et puis après on a chacun fait un peu procédé à quelques essais. C’est le mot représenterait une journée entière, du début ce qu’on voulait de notre côté, comme une Sparks qui marchait le mieux. Cela nous à la fin. Le matin, le midi, le goûter et le soir. sorte de pause, pour mieux renaître. C’était représente bien en plus, c’est une sorte d’év - On voulait que les gens puissent l’écouter nécessaire. idence. d’une traite sans se lasser. Vous n’avez jamais mis vos visages sur vos Vous le trouvez différent cet album ? Joe : On aime toutes nos chansons, on aime albums, pour quelle raison ? vous êtes Seton : C’est le plus collaboratif que l’on ait le résultat, même encore plus maintenant plutôt pas mal pourtant... fait. On a beaucoup travaillé tous les trois que l’album est fini. Joe : On n’aime pas nos gueules. (rires) On ensemble, contrairement aux précédents. C’est vous Joe qui écrivez les paroles, com - ment procédez vous ? Joe : J’ai quelques idées sur un thème ou une atmosphère. Je les chante en direct pendant les répétitions, comme ça les autres membres du groupe peuvent m’aider à chercher et surtout, ils me donnent leur avis. “On voulait faire un album qui Le groupe a beaucoup évolué, avec des départs multiples, vous vous sentez tou - représenterait une journée entière” jours aussi forts malgré ces obstacles? Joe : Je pense que le fait que l’on se connaisse depuis longtemps déjà, fait que c’est une force, et non un inconvénient. Le groupe a pas mal changé depuis ses débuts, mais je suis sûr que la mouture actuelle est désor - mais la bonne. Joe, vous demandez parfois des conseils à votre père ? Joe : Non. Jamais... I

Sparks #### (Roadrunner/Warner)

COUPS DE CŒUR • Musique Leonard Cohen, Bob Dylan, Nick Cave, MGMT, Phoenix, Gorillaz,Vampire Weekend Film Star Wars Une idole Albert Camus Producteur Steve Albini, Nigel Goldrich Une collaboration rêvée Muse

| 16 START UP | MAI 2010 | HOMMAGE

Malcom McLaren 1946-2010

Longtemps considéré comme l’un des person - PAR HERVÉ CRESPI nages les plus détestés du rock, à la fois par le public et les médias, Malcolm McLaren a été accusé de tous les maux : manager sans scrupules, manipulateur né, mythomane et mégalo, responsable de l’échec de la révolution punk, escroc notoire… Une réputation que McLaren se garda bien de modi - fier, sachant que cette publicité servait également ses intérêts qu’il avait nombreux. McLaren fut le manager et l’un des « inventeurs » des Sex Pistols, le groupe qui devait faire honte et peur à toute l’An - gleterre et qui se termina en farce tragi-comique, selon la légende écrite par McLaren lui-même dans le bien nommé film La grande escroquerie du rock & roll. Comment en est-il arrivé là ? McLaren est un pur produit des art-schools britanniques de la fin des années 60 : curieux de toutes les théories esthétiques, passionné par le design, la mode et fan d’Andy Warhol, il ouvre une boutique « psyché- délique » dans l’air du temps avant de troquer les fringues hippies pour les costards de teddy boys des années 50 puis s’associe avec la créatrice Vivienne Westwood qui devient sa muse. Le couple devient alors célèbre dans tout Londres autant pour l’originalité délirante de leurs créations de mode que pour leur style de vie. McLaren et Westwood sont des « grandes gueules » et rameutent dans leur bou - tique ( Let it rock rebaptisé Seditionaries puis Sex ) “McLaren est en avance sur son tout un groupe de jeunes temps, il pressent l’impact du gens intrigués ou fascinés par les idées du couple. Il punk-rock dans l’Angleterre 70’s. ” y a surtout le journaliste Nick Kent qui branche McLaren sur les New York Dolls, déjà si scandaleux, si défoncés et qui se retrouvent à Londres sans manager ni drogues. McLaren et Westwood ont l’idée désastreuse d’habiller les Dolls de cuir rouge et de leur faire adopter une imagerie post-soviétique. C’est l’échec bien sûr, les Dolls en plus d’avoir une sale réputation sont soupçonnés d’être d’affreux communistes… Dans sa boutique traînent toujours des cas sociaux intéressants : voyous à peine sortis de prison, ados en mal d’affection ou véritables psychopathes… Dans ce vivier : John Lydon, Paul Cook, Steve Jones, Glen Matlock mais aussi Sid Vicious… Les Sex Pistols originaux sont nés. Ce qui n’est au début qu’un groupe fan des 60’s qui reprend les Small Faces ou les Stooges devient, grâce à MacLaren, un épouvantail à scandales en quête de publicité perma - nente puis une machine infernale impossible à stopper. Et ce n’est pas la mort de Sid Vicious qui va dissuader Malcolm McLaren de fab - riquer un groupe pop comme on lance des concepts : Bow Wow Wow (et sa très jeune chanteuse de 16 ans qu’il fait poser nue), Adam & The Ants qu’il lance en même temps que le look « pirate ». Deux ans plus tard, les Sex Pistols se reforment. Nul doute que McLaren est dans le coup de même qu’il tentera de se faire élire à la mairie de Londres, deviendra consultant es-provoc' pour la télé et la radio. C’est le 8 avril dernier que la vie de cette forte tête aux idées folles s’arrête à la suite d’un cancer à l’âge de 64 ans. I

| 17 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES POP/ROCK

DR DOG ### HARLEM ### JEREMY JAY ### RED SPARROWS ### Shame, shame Hippies Splash The Fear Is Excruciating, Anti Beggars/Naïve Differ-Ant But Therein Lies The Answer Fans de Clap You Hands, du Band ou Second album après un Free Drugs L’an dernier, Jeremy Jay publiait le Conspiracy/Differ-Ant du rock psyche, applaudissez à la (!!) très remarqué à l’ouest du Pecos, très beau Slow , et le revoilà C’est de Los Angeles, Californie, que venue du nouvel album de Dr Dog, Harlem remet les guitares dans les avec deux albums prévus pour 2010, nous vient Red Sparrows dont la deux ans après un Fate qui avait ravi amplis et joue dans un registre féroce Splash et Dream Diary. Le premier musique semble pourtant à l’écoute les amateurs du genre. Adeptes du quelques seize compositions des deux est un court album de 26 émaner du nord du Royaume-Uni. En dérapage non contrôlé, Dr Dog fait feu marquées par un des minutes, moins étonnant que Slow effet, ce quintet instrumental à base de tout bois pour amasser des plus sédui-sants. Puissance, amour Dance qui sonnait comme un disque de grosses guitares électriques influences bluesy, rock, electro et soul des sixties et rage intacte caractérisent provenant des origines d’une new- évoque les écossais de Mogwai à plus dans un bouquet de compositions très ce duo qu’on vous presse d’adorer ! wave électrique et sèche, mêlant d’un titre. Ici aussi, les plages sont «catchy ». H.G. H.G. influences anglaises et américaines. longues, éthérées, mettent du temps L’esprit de Ian Curtis ou de Lou Reed à monter pour s’achever dans des sont toujours bien présent, mais ce climax énergiques mais qui restent nouveau disque est plus abrupt, plus toujours mélodieux et émouvants. D.B. THE DRUMS concis, presque âpre. Il en demeure néanmoins tout à fait intéressant. D.B. BEST FRIEND ##### COUP Elel DE CŒUR

VILLAGERS ### Becoming A Jackal BKO #### Domino/PIAS Dirtmusic Ils signent chez les Américains de Avec un seul mini-album paru discrètement l’année dernière ( Summertime Glitterhouse Domino, mais pourtant les membres E.P. dont on retrouve ici trois titres avec l’entêtant Let’s go surfing ), ce Chis Eckman (ex-Walkabouts), Hugo deVillagers sont originaires de Dublin. jeune groupe de Brooklyn a réussi à émoustiller le petit monde de la pop Race (ex-Bad Seeds) et Chris Brokaw Après un premier e.p. l’an dernier, moderne qui fait“mousser le buzz” (Copyright NikosAliagas) sur Internet. sont ce que l’on appelle des vétérans après avoir assuré la première partie A l’écoute de ce 1 er album, on comprend aisément pourquoi : The Drums du rock. Sans doute lassés de suivre de NeilYoung en tournée, ils publient transforme le vieux en neuf, tout comme The XX a réussi récemment à les routes pour distiller leur rock enfin Becoming A Jackal, un disque faire passer le son vintage des Cure de Seventeen Seconds (1980) pour vénéneux, quoique respectable, ils se de pop astral, très américain dans un truc d’une modernité absolue. Sauf que The Drums semble être plus sont acoquinés avec le groupeToua- l’âme, qui côtoie parfois l’esprit de inspiré par New Order à l’époque de Power Corruption & Lies (1982). So reg Tamikrest pour élaborer un CD, Mercury Rev période Deserter’s Songs what ? Avouons que, comme pour The XX, il n’est pas désagréable avec mélange d’électricité et d’acous- ou celui des Flaming Lips, mais dans d’entendre le son de sa jeunesse indé (The Wake, Stockholm Monsters, tique. Il en résulte un album remar- une version plus folk, apaisée et Modern English...) réactualisé pour les années 2000, et The Drums sait quable de cohésion et de force. H.G. beaucoup moins énervée. D.B. aussi composer des mélodies hypnotiques et créer des climats envoûtants. Bref, avec LE CLIP DU MOIS FOALS - Spanish Sahara un disque autant apprécié par la hype http://www.youtube.com/watch?v=eYoINidnLRQ branchouille que par les nostalgiques plus que trentenaires qui bossent aujourd’hui chez HSBC, The Drums fait l’unanimité. À suivre de près. H.C.

| 18 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES POP/ROCK

MGMT CONGRATULATIONS Sony/Columbia COUP ###### DE CŒUR

DEFTONES ### THE NATIONAL #### Diamond eyes High Violet Warner 4AD/Naïve Le groupe de Chino Moreno est dans On n’est pas là pour rigoler avec The une mauvaise passe depuis l’accident National et c’est pour cela qu’on aime qui a mis au tapis (ou plutôt un coma bien ce groupe sans look ni star, formé profond) leur bassiste de légende : par cinq trentenaires anonymes du Chi Cheng. Mais trêve de pleurni- Connecticut. Pourtant, c’est bien le cherie, le groupe sort quand même staff média de Barack Obama qui un album, sans lui. Diamond Eyes utilisa la musique de The National reste donc toujours dans la même pour une campagne télé et c’est bien veine que les anciens disques de l’illustre label 4AD qui héberge les Deftones (hard rock mélancolique chansons tristes et rugueuses de Matt mais puissant, toujours porté par la Berninger. Avec High Violet, The voix sidérante de Chino), mais National sonne de plus en plus comme l’originalité en moins. Néanmoins, si des Tindersticks américains : même l’on aime le genre, un seul conseil, élégance dans la musique, même ne pas s’en priver. Et souhaitons à flamboyance dans l’écriture de Chi un bon rétablissement... M.L. ballades, même aisance mélodique. Peu de titres se dégagent d’entrée Les fans et les médias pop n’en reviennent toujours pas : est-ce le même de High Violet c’est un long torrent groupe qui, l’année dernière faisait danser les kékés au son de Kids et d’émotions qui coule, à base d’ amour Time To Pretend, tubes électro-pop malicieux auxquels même le staff de détruit (Terrible Love) , de chagrin l’UMP a succombé en utilisant (sans permission) un titre de MGMT, et (Sorrow) et de paranoïa (Afraid of qui aujourd’hui livre un album de pop psychédélique plutôt obscure ? Ce everyone,Anyone’s ghost) . Sans doute contre-pied, assez unique dans le monde de la pop d’aujourd’hui, est un des albums les plus introspectifs bien l’œuvre de nos geeks new-yorkais Ben Goldwasser etVanWyngarden. et mélancoliques de l’année. H.C. Congratulations n’a donc rien à voir avec son prédécesseur mais Neuf titres qui rendent hommage propose mieux : neuf titres qui, à des héros pop underground un à un, rendent hommage à des de ces 30 dernières années. DIRE STRAITS ### héros pop underground de ces Live Alchemy 30 dernières années, produit par un des experts du genre, Sonic Boom, Universal ex-leader de Spacemen 3. Mais c’est bien le fantôme de Syd Barrett, le Peu d’entre nous avaient l’âge (et la leader du Pink Floyd, devenu totalement cinglé dans les années 70, qui chance) de se trouver à un concert plane au-dessus de Congratulations, avec des chansons improbables de Dire Straits en 1992, lors de la telles Someone’s Missing ou It’s working. MGMT dédie aussi Song for tournée Love Over Gold, mais DeanTracy à… DeanTracy, le chanteur des oubliésTélévision Personalities heureusement, il existe une séance et Brian Eno à… Brian Eno bien sûr, alors qu’on ne trouve pas trace de de rattrapage : Alchemy, aujourd’hui KAKI KING #### Lady Gaga sur Lady Dada’s nightmare et c’est tant mieux. En revanche réédité. Ce double album, accom- Junior sont conviés Spiritualized, source inépuisable de psychédélisme délicat pagné d’un dvd, est une vraie mine Cooking Vinyl/Pias pour l’imposant Siberian Breaks (12 minutes de pur bonheur) ou les d’or, car elle retrace toute la première Guitariste virtuose (regardez ses vidéos Teardrop Explodes avec Flash Delirium. partie de carrière du groupe de Mark de tapping sur le net), Kaki King alterne Avec de tels parrains, MGMT réussit Knopfler. La sortie de ce live est un ici des morceaux de rock hyper effi- l’exploit de rester lui-même car on événement pour les fans, qui atten- caces, entre Electrelane et Blonde retrouve bien entendu tout le charme daient de pied ferme ce disque depuis Redhead, avec des compositions pop- pop, fun et fruité distillé sur son 1 er bien longtemps. N’oublions pas que folk instrumentales beaucoup plus album, désormais obsolète. Passé l’effet déjà, à l’époque, la vidéo s’était vendue posées. Splendide et éclectique, le de surprise, Congratulations est bien à plus de 250 000 exemplaires : un cinquième album de la jeune améri- parti pour remporter tous les suffrages record ! Dire Straits, monstre sacré, caine est empreint d’une identité musi- au palmarès de fin d’année. H.C. ici en état de grâce. G.G. cale à nulle autre pareille. Bravo ! M.G.

| 19 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES POP/ROCK

LCD SOUNDSYSTEM This is happening #### DFA Records COUP DE CŒUR

JOHN GRANT ##### ROCKY ERICKSON Queen Of Denmark & OKKERVIL RIVER #### Bella Union/PIAS True love cast out all evil C’est triste de penser qu’un album Chemikal Underground/PIAS tel que celui-ci puisse passer à la Il existe des miracles parfois, des trappe simplement à cause d’une évènements qui défient la logique pochette nulle et d’un artiste inconnu. comme écouter un nouvel album de C’est pourquoi, avec un élan unanime, Rocky Erickson… Oui, on parle bien la critique pop des fins connaisseurs du chanteur du 13 th Floor Elevator, Attendu avec une impatience rare et bénéficiant d’un teasing efficace ont élu le Queen Of Denmark, leur l’un des historiques garage-bands via Internet, le troisième et nouvel album de LCD Soundsystem débarque disque du mois, mais on pourrait en psychédéliques des sixties, l’un des enfin, livré sous pochette en noir & blanc vintage, ambiance pub Calvin parler des années... John Grant est groupes les plus allumés aussi : la Klein en moins classe, rappelant étonnamment une autre couverture, celle le chanteur des Czars, un groupe légende raconte que les membres d’un disque oublié de James White & the Contorsions... Car tout est anonyme et disparu qui rencontre ses ont passé plus de temps en détention réminiscence et référencement dans l’univers de James Murphy, l’homme collègues du label Bella Union, les pour dope que dans un studio d’enre- seul à soutenir une entité intenable : LCD Soundsystem. Dès le premier fameux Midlake. Ensemble ils vont gistrement. C’est donc un survivant maxi Losing my edge en 2002, sous une trame électro minimale, Murphy créer un album concept centré autour revenu de tout (addiction, prison, fait le malin en égrenant pendant plus de huit minutes une liste interminable de l’enfance et de l’ado-lescence électro-chocs, asile de fous), un Syd de groupes pop, punk ou électro, en fait une blague de nerd à l’usage de John Grant qui n’inté-ressera que Barrett américain qui, à 65 ans, vient des traumatisés de l’underground du monde entier. Un single très limité les Anglo-saxons… Surtout, Grant donner de ses nouvelles : dignement uniquement disponible en vinyle dont Ebay aujourd’hui propose un & Midlake rejouent à la perfection la accompagné (on se souvient de ses exemplaire pour plus de 100 euros... C’est que James Murphy est aussi bande-son de cette jeunesse améri- disques non officiels des années 80), le patron du label électro de pointe DFA (Juan McLean, Hot Chip, The caine des 70’s : les Beach Boys, Rocky Erickson revient à ses origines Rapture...) et DJ émérite. Lorsqu’enfin on met un visage à son nom lors Carpenters, Supertramp, Fleetwood de rocker du Texas : c’est du folk d’une soirée DFA à Paris, c’est pour Mac même entre autres. C’est une sudiste, de la musique de la campagne le voir mixer du Cerrone et du Boney Murphy a décidé de laisser pop orchestrale magnifique de cette étonnamment sereine et sobre, voire M alors que tout le monde attendait libre cours a une inspiration époque qui se rejoue-là, lyrique et même pieuse. Mais parfois Rocky du son made in NewYork. Sans doute résolument rétro. d’emblée facile (c’est du soft rock) à Erickson ressort ses vieux fantômes est-ce par déception que les gens l’écoute, une épopée paisible et et c’est un peu flippant : un titre sur cool boudent le premier album de LCD Soundsystem sorti en 2004 et nostalgique… L’album de l’année deux parle de la lutte entre le bien et qui s’avère être une masse sonore d’un double CD d’une longueur des plus de quarante ans encore dans le mal et le combat de l’ange contre éprouvante. Trois ans plus tard, en 2007, son successeur Sound Of le coup. H.C. le diable... H.C. Silver est livré sous une forme aussi ramassée que le nouveau This is happening.T outes les lubies et humeurs pop-punk d’un LCD Soundsystem enfin assumé en tant que groupe avec musiciens et machinerie rock. Alors cette année, Murphy a décidé de laisser libre cours a une inspiration #### résolument rétro : l’intro DanceYserlf Clean donne le tempo, moite, écrasant Sea Of Cowwards qui nous mène à Drunk Girls, le single-pastiche à la vidéo potache, puisqu’il Warner n’est qu’une relecture de deux classiques : FunTime d’Iggy Pop et le Boys Dans la famille super groupe, Keep Swinging de Bowie. Plus loin, on retrouve dans Somedy’s called me, je demande le père : Dead un pompage du Nightclubbing de Pop et Bowie. Placé sous le signe de Weather ! Composé d’Alison The Idiot, l’album recèle tout de même d’excellents hits électro-pop Mosshart (), Dean (0neTouch, Pow pow) et enfin de vraies Fertita (QOTSA), perles originales (Home, I Can Change). (Raconteurs) et du grand Jack Le tout mérite le détour, tant LCD White (, Soundsystem remet au goût du jour le Raconteurs), Dead Weather son underground de N.Y. au début des nous livre son tant attendu second album. Die by the Drop premier single 80’s (de Material à Was Not Was) tout surpuissant au clip façon court-métrage sauce Vincent Gallo aura de quoi en y ajoutant un peu de sa personnalité. vous faire patienter jusqu’à la sortie de . Véritable bombe, ce C’est déjà ça. H.C disque pourra peut-être devenir l’album qui rivalisera avec Congratulations de MGMT. Qui sait ? M.L.

| 20 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES RAP/SOUL CHRONIQUES ELECTRO

CHEW LIPS ### BOOKA SHADE ### # Unicorn More! Believe Digital/Emi Get Physical/Cooperative Music Fort de deux singles sortis en 2009 Suite à Further Vexations, précédent sur l’incontournable label parisien album hautement plébiscité dans ces Kitsuné, le trio londonien Chew Lips mêmes pages, le duo berlinois en s’est lancé dans l’écriture d’un premier veut toujours plus avec More! et album électro-indie-pop entièrement continue de produire d’étincelantes nouveau. Et le résultat est encore une compositions électro-pop-house fois au rendez-vous puisque les minimales à la croisée des dance- GURU 1966-2010 morceaux sont tous très réussis et floors et de contrées ambiant plus C’est une véritable hécatombe qui touche le monde de la musique, et ça fait sonnent comme de potentiels remixes intimistes mais tout aussi hypno- mal au cœur. Après Malcolm Mclaren (Sex Pistols), Alex Chilton (Big Star), électro du dernier album des Yeah tiques. Une incroyable synthèse entre Peter Steele (Type O Negative) ou encore Steve Reid (batteur de James Brown) Yeah Yeahs par l’excellent groupe David Guetta et DJ Chloé. Mais quel c’est Guru, de son vrai nom Keith Elam, qui nous quitte. Fondateur de Gangstarr Ladytron. M.G. talent ! M.G. et Jazzmatazz, Guru, qui était loin de tous les clichés du rap actuel, est décédé à l’âge de 43 ans à la suite d’un cancer. Grande figure du hip-hop et respecté de tous, Guru avait contribué à la construction du courant rap dans les années 90. Ami proche de MC Solaar, Guru avait sorti son dernier album JAMIE LIDELL Lost And Found en 2009. Ce dernier n’avait pas eu le succès escompté, mais rappelons nous de l’homme, tant son œuvre est belle. M.L. COMPASS ### Warp

SMOD ### KERY JAMES ### SMOD À mon public Because Music/Warner Warner Au milieu des 90’s, un beau duo d’électro barjo enflammait les dance- Après avoir travaillé comme produc- Parmi les rappeurs français incon- floors les plus exigeants sous le nom de Super Collider. Formé par Christian teur pour Amadou et Mariam sur tournables, on compte bien sûr Kery Vogel et Jamie Lidell, le groupe proposait une sorte de funk abstrait et l’album Dimanche à Bamako, Manu James, véritable guerrier du micro. bizarre enregistré en mode basse fidélité. Dix ans plus tard, Jamie Lidell Chao collabore maintenant avec Sam, Vingt ans de carrière, sept albums à fait exactement l’inverse : place donc, depuis l’album Multiply en 2005, le fils du célèbre couple malien, et son actif, c’est une belle route qui a au crooner funk, à la production calibrée et flamboyante et au falsetto son groupe de rap SMOD. Mêlant été tracée par l’homme de maintenant soul. Compass, fabriqué entre le Canada (dans le ranch de Feist) et Los harmonieusement cultures hip hop, 32 ans. Âge de raison, peut-être, de Angeles (dans le bungalow de Beck) afro et folk, SMOD se positionne avec la retraite, sûrement pas : il sort son bénéficie surtout des bonnes ondes de guest un style original comme le chaînant premier live, capté au Zénith de Paris stars (Gonzales, Grizzly Bear, Feist...) mais manquant entre le Bisso Na Bisso, en 2009. Kery n’est pas venu seul, ce qui manque surtout, c’est l’originalité. Manu Chao et Salif Keita. À noter : comme vous pouvez vous en douter, Coincé entre Prince, Curtis Mayfield et le featuring de Keny Arkana sur une puisqu’il a invité une flopée d’invités : Michael Jackson, l’inspiration de Jamie chanson. M.G. Tunisiano,Youssoupha, Diam’s, Oxmo Lidell peine à atteindre les sommets de soul Puccino, Kool Shen ou encore Medine. baroque auxquels Compass aspire. H.C. Le rap n’est pas mort. G.G.

| 21 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES AUTRES MUSIQUES

KONONO N°1 ### MISS WHITE & SIERRA LEONE REFUGEE BIBI TANGA Assume Crash Position THE DRUNKEN PIANO #### ALL STARS ### & THE SELENITES ### Crammed Adelie Prod/Believe Rise & Shine Dunya TUMI AND THE VOLUME Adelie Prod/Believe Cumbancha NatGeo Music ### Trio grenoblois et pas piqué des Soutenu de manière infaillible par Auteur d’un album remarquable et Pick a Dream hannetons, MissWhite & the Drunken des fans prestigieux comme Keith remarqué en 2007, Yellow Gause, Sakifo/Wagram Piano ose tout : le jazz, le cabaret, le Richards, Paul McCartney ou même Bibi Tanga et son nouveau groupe Musicalement, l’Afrique va bien, très hip hop et la soul avec une inventivité Angelina Jolie, le Sierra Leone the Selenites arpente de nouveaux bien même, merci pour elle. La preuve et une candeur remarquables. Pour Refugee All Stars produit ici son les platebandes du funk, de la soul avec cette double salve de rythmes ce premier album, les petits plats sont deuxième album avec la même et du jazz avec un même appétit endiablés et de mélodies imparables. mis dans les grands avec douze recette infaillible : mélange de soul, féroce. Ce nouvel album est une Konono n°1 poursuit son parcours compositions que l’on jurerait issues de reggae et de musique originaire sélection de perles impressionnantes electro-ethnique avec force et fracas. d’albums de Regina Spektor, 16 d’Afrique de l’Ouest. Ces ex-réfugiés et de « rare groove » d’une intensité Tumi and the Volume joue de l’afro- Horsepower ou Kate Bush. Un remar- ont définitivement trouvé asile dans prodigieuse. H.G. beat et du dancefloor sur un canevas quable univers musical où baigne la nos oreilles ! H.G. de hip hop du meilleur goût. La preuve voix espiègle de Marieke. H.G. par deux que l’Afrique est au top de sa créativité. H.G.

BUENOS AIRES, UNE NUIT DE TANGO #### Accords Croisés/HM Le labelAccords Croisés s’est fait, depuis quelques années, le spé- RAUL PAZ #### cialiste des édi- ALTAN ### Havanization tions de livres- MINA AGOSSI ### With the RTE Concert Orchestra Naive CD ou de coffrets Just Like a Lady Naive Keltia Il est le plus français des musiciens prestigieux tou- Plus Mina Agossi sort des CD, plus Groupe légendaire de musique tradi- cubains en exil et aussi le plus chant aux musi- son univers musical s’ouvre. La tionnelle irlandaise, Altan célèbre ses moderniste : Raul Paz est l’anti- ques du Monde, au sens large du chanteuse, qui semble avoir défini- 25 ans de carrière avec un onzième Compay Segundo, préférant aux terme. Nouvelle venue de choix avec tivement adopté la France comme album enregistré avec l’Orchestre traditions et au folklore, élaborer une cette présentation somptueuse du terre d’accueil, s’offre ainsi quelques Symphonique de la RTE. La recette pop sucrée des Caraïbes, mixant tango et un répertoire choisi avec soin écarts du côté de Jobim, les Beatles, est simple : reprendre leurs grands électro, soul, rap et habana selon par César Stroscio et Saïd Assadi. Hendrix ou Boby Lapointe, en plus de succès et les habiller avec de magni- les envies. Capable de redonner une Un cadeau idéal pour découvrir intelli- ses propres compositions. Et s’affirme fiques arrangements : résultat spec- virginité roots à Florent Pagny (son gemment et avec passion un genre ainsi comme l’une des chanteuses taculaire ! Jamais leur musique n’a album en espagnol devait beaucoup musical séculaire. H.G . les plus « hip » du moment. H.G. parue aussi resplendissante. H.G. à Paz), c’est surtout sur scène que le Cubain se lâche comme en témoignait In Vivo son précédent TOM ZÉ ### Dada Brasil Freedom Now/La Huit disque live alors qu’ Havanization, 8ème Quel est l’artiste oublié de la vague tropicaliste brésilienne ? Celui qui, dans l’ombre de Chico DVD album, sonne plus sage, plus calibré Buarque, Gilberto Gil ou Caetano Veloso, mériterait autant que ces trois stars d’être reconnu ? aussi pour l’international : Tengo, Tom Zé. Fantasque auteur, compositeur, musicien, bidouilleur, vidéaste et chanteur brésilien, Habana et surtout l’irrésistible Gente, Zé est, pour qui le découvre, une révélation soudaine, un éclairage violent, une attirance irréversible. sacré hit en puissance destiné aux Plus d’une dizaine d’albums au compteur, une mise en avant par David Byrne en 1990 pour FM latines du monde entier. Dominé arriver à ce superbe DVD tourné lors du festival Banlieues Bleues. Et là, la magie Zé s’installe : comme toujours par la voix chaude un concert multicolore et enjoué, une interview irrésistible (merci à Remy Kolpa Kopoul) et une mise en scène intelligente de Paz, Havanization est la bande son et signée Lyonel Kouro. Découvrez vite cet olibrius génial qui, à 74 ans, n’a toujours pas réclamé sa retraite ! H.G. parfaite pour voyager pas cher cet été et rêver aux îles ensoleillées. H.C.

| 22 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES FRANÇAIS

COUP DE CŒUR

L'ATTIRAIL ### PEAU ### Wilderness Première mue Socadisc Iris/HM HenryThoreau, le grand Ouest amé- En anglais ou en français, à l’image ricain, les Indiens, le désert, les d’une Emilie Simon ou même d’une cavaliers...Autant de sources d’inspi- Björk, l’univers electro-rock de Peau ration pour Xavier Demerliac et sa va lentement vous envahir, car les troupe de l’Attirail, qui nous arrive onze titres de cet album sont autant ici avec un septième album plein de d’occasions réjouissantes de s’aco- visions en Cinemascope et d’arran- quiner avec une chanteuse qui aime gements comme toujours somptueux mettre du relief dans des compositions avec cette troupe. À l’image du poly- exigeantes et richement arrangées. valent Demerliac, voici une expérience À suivre de très près. H.G. CÉCILE HERCULE sonore variée et surprenante. H.G. LA TÊTE À L’ENVERS ### Sony Music Si l’on devait faire une fiche pour présenter Cécile Hercule, ce serait plutôt simple : elle est autodidacte et ne jure que par les Beatles. Mais elle n’est pas que ça, elle a aussi horreur des français qui chantent en anglais, ça non, c’est pour cela qu’elle pousse la chansonnette dans la langue de Molière, ça oui. Actuellement en tournée avec Mickey 3D pour présenter son nouvel album La tête à l’envers, Cécile PAULINE ### Hercule est une artiste légère mais pas EDGARD ### La vie du bon côté sans saveur. M.L. La route des époques EMI Futur Acoustique/HM Pour Pauline, les choses sont simples, Edgard Ravahatra est un poète, comme l’indique le nom de son LA CARAVANE PASSE ## musicien et entrepreneur malgache, second album, La vie du bon côté. Ahora in da futur qui a déjà une certaine expérience du On se souvient de son mini tube Allo PIAS chant, du concert… et de la vie.Tout le monde (2007) mais depuis, Pauline De l’éclectisme en veux-tu, de l’éclectisme cela transparaît dans ce magnifique a bien grandi, et ça s’entend. C’est en voilà. Bienvenue dans l’univers de La album qui prend des accents acous- une vraie passionnée qui passe le Caravane Passe, où pour leur troisième tiques, des arrangements somptueux plus clair de son temps à composer album, ils ont connu un relooking extrême. et des influences solides (il rappelle et à écrire à propos de la vie, de ses Métissage poussé à son paroxysme puisque Brassens à certaines occasions) tout pensées et de sa journée... Tout ça les textes sont chantés en français, en serbe, en anglais, en espagnol et parfois au long de quinze compositions qui est un poil léger, soyons honnêtes, même en allemand. Mais ne soyez pas déroutés pour autant, le groupe à offrent un portrait saisissant de mais peut-être en avez-vous marre tendance fanfare vous réserve ses beaux moments, et encore plus lorsqu’ils l’admirable Madagascar. Chaudement d’écouter les artistes torturés ? Dans sont accompagnés de Rachid Taha, R.Wan ou Erika Serre. Comme on dit, il recommandé. H.G. ce cas, foncez. M.L. faut aimer le style, mais si c’est le cas, aucune hésitation. M.L.

KATEL ### Decorum Polydor/Universal Karen Lohier est Katel, et il ne faut pas s’y tromper, car attention, la jeune fille a du tempérament. Repérée par Yann Tiersen, elle chante en duo sur un de ses titres : La Rade. Mais Katel compose, et plutôt bien même, la preuve ce mois- ci avec Decorum, et figurez vous qu’elle l’a bien fignolé. Il est en effet assez rare d’écouter un album aussi fini et aussi bien abouti que celui de Katel sur la scène française actuelle, ou bon nombre d’artistes ressemblent la plupart du temps vaguement à leurs idoles et point barre. La belle (oui, parce qu’elle est jolie, aussi) s’est faite désirer, mais pour la bonne cause. M.L.

| 23 START UP | MAI 2010 | DVD DU MOIS BRIGHT STAR UN FILM DE JANE CAMPION

UN AMOUR TROP GRAND POUR UNE ESPÉRANCE DE VIE TROP COURTE.

Il y a des films qui vous touchent, dès les premières images, dès les breux cours que lui donnera son chevalier servant, ce qui n’arrangera premiers instants. C’est le cas du somptueux et brillant (sans vouloir pas leur histoire. Le film dure deux heures, pour deux ans de temps, faire de jeux de mots) Bright Star. Il n’y a pas lieu de vous présenter et c’est bien assez pour le spectateur pour tomber amoureux de ces Jane Campion, la réalisatrice néo-zélandaise de La Leçon de piano, deux adultes adolescents complètement dépassés par leurs senti - sorti en 1993 (il y a 17 ans déjà…). Madame ments. Les plans et l’univers rappellent, sans Campion signe toujours des films poi- “Une histoire d’amour entre le talentueux pour autant devoir rougir, le fabuleux Lost gnants, non pas par leur violence directe, et jeune poète John Keats et la charmante in Translation de Sofia Coppola. Inutile de mais par leur agressivité tapie dans l’ombre. spoiler ce beau Bright Star en vous révélant Fanny Brawne ” Les drames sont souvent sous-entendus, les son issue. À vous d’aller découvrir une des passions meurtrières sont cérébrales. Elle choisit, dans son film plus belles histoires romanesques jamais écrites. M.L. Bright Star, de raconter l’histoire d’amour entre le talentueux et 2009 - WARNER BROS PICTURES jeune (seulement 23 ans) poète John Keats (Ben Whishaw) et la charmante Fanny Brawne (Abbie Cornish), bourgeoise. John Keats rencontre cette dernière, qui est tout simplement sa voisine, en 1818 à Hampstead, et en tombe fou amoureux. Un poète amoureux est un poète productif, ce qui ne tardera pas à plaire à la belle Fanny. Mais comme toutes les véritables histoires d’amour, elles n’ont malheureusement que peu souvent la chance d’être vécues pleinement. Le problème : John ne peut épouser sa bien aimée, faute de moyens fin - anciers. Ah, quelle époque ! Fanny tentera quand même d’apprendre la poésie à travers les nom -

| 24 START UP | MAI 2010 | À PROPOS DE JANE CAMPION

PAR ÉRIC LIBIOT, L’EXPRESS

Elle a refusé l'invitation de Jacques Chirac. C'étaiten1995,lorsd'ungalaauFestivaldeCannes,dontleprésident delaRépubliqueétaitl'invitéd'honneur.Laréalisatricenéo-zélandaise protestaitainsicontrelareprisedesessaisnucléairesfrançaisàMururoa, dans le Pacifique Sud, décidée par Jacques Chirac. Elle a fait des études d'anthropologie. C'était à Wellington, en Nouvelle-Zélande, où elle est née le 30 avril 1954 d'une mère actrice et d'un père directeur de théâtre. "Je les aurais préférés plus banals", disait-elle à L'Express en 1993. Jane Campionaensuitesuivi,àSydney,enAustralie,oùellevitaujourd'hui, des études de peinture. "C'est sans doute à la fac que j'ai lu, pour la première fois, un poème de Keats, se souvient-elle aujourd'hui. Je n'y ai rien compris. Aujourd'hui, les poètes me sont des compagnons fidèles et réguliers. J'aime beaucoup les poèmes de Raymond Carver, que le public connaît surtout comme auteur de nouvelles." Elle est cinéphile, mais à petite dose. "Je fréquente plus volontiers les expositions de peinture que les salles de cinéma. Mais je suis toujours intéressée par la façon dont mes collègues cinéastes et moi trouvons un sujet et le plions à notre propre univers. Sans avoir vu leur film, il y avait des cinéastes présents à Cannes l'année dernière dont j'aime beaucoup le travail : Quentin Tarantino, Michael Haneke et Gaspard Noé."

FILMOGRAPHIE Longs Métrages 1989 : Sweetie 1990 : Un ange à ma table (An Angel at My Table) 1993 : La Leçon de piano (The Piano) - Palme d’or à Cannes 1996 : Portrait de femme (The Portrait of a Lady) 1999 : Holy Smoke 2003 : In the Cut 2009 : Bright Star

| 25 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES DVD

THE BROWN BUNNY Un film de Vincent Gallo - 2003 - POTEMKINE Il a fallu attendre plus de six ans pour que le second film de l’acteur- quent en lui le souvenir de son ex-petite amie, un amour qu’il n’a pas chanteur-réalisateur Vincent Gallo soit enfin disponible en dvd en oublié et dont il ne parvient pas à se remettre. Elle est la seule fille France. Le scandale que fit le film lors de sa présentation à Cannes qu’il ait aimée. Et dans cette recherche empirique de l’amour perdu, en raison d’une fellation non simulée de Chloé Sevigny sur Gallo Doug continue d’enquiller les kilomètres… à la recherche d’une empêcha de parler du plus important : ce film est un chef-d’œuvre, chimère… Il va de soi que nous n’allons pas ici vous dévoiler la chute l’un des plus importants de ces dix dernières de ce film extraordinaire, mais sachez sim - années, et l’un des plus beaux qu’on ait vu sur “Ce film est un chef-d’œuvre, l’un des plus plement qu’il s’agit d’une des fins les plus sur - l’errance et la solitude (aux côtés de Gerry et prenantes, dérangeantes et déstabilisantes d’ Uzak, eux aussi sortis chez nous en 2004). importants de ces dix dernières années, qu’on ait pu voir. À l’image du film tout The Brown Bunny raconte l’histoire de Bud et l’un des plus beaux films qu’on ait vu entier, elle marque à jamais, et pousse le spec - Clay, champion de moto qui traverse une sur l’errance et la solitude ” tateur dans ses plus infimes retranchements. région déserte des USA en van afin de se ren - Elle hante l’esprit et dre d’une course à l’autre. Seul, parlant peu, voire pas du tout, il avale le corps. Vous l’aurez compris, The Brown les kilomètres dans le silence et la poussière. Parmi les plus belles Bunny est un chef-d’œuvre, un film qui s’in - scènes de ce film atypique et envoûtant, il y a ces longs plans spire tout autant des films d’errance du séquences filmés de l’intérieur de la cabine où Bud se contente Nouvel Hollywood 70’s que des expéri - d’avaler des kilomètres de route en regardant le soleil se coucher, mentations métaphysiques européennes avec de l’obscure musique folk sur l’autoradio. C’est tellement beau des 60’s (Resnais, Antonioni, Bergman…), et fascinant qu’on en oublie l’écoulement du temps, que le « plan » quelque chose de totalement unique, devient la nouvelle unité temporelle. Pendant son voyage, Bud ren - comme on en voit peu dans une vie de contre des femmes, qu’il séduit. Elles sont toutes blondes, et évo - cinéphile. D.B.

HI, MOM ! Un film de Brian de Palma - 1969 - CARLOTTA Dans cette suite de Greetings (succès indépendant de 1968), Brian de Palma retrouve Jon Rubin (interprété par Robert De Niro) voyeur invétéré qui loue un appartement pour espionner ses voisines d’en face (hommage très appuyé à Fenêtre sur Cour ). Rubin va jusqu’à installer une caméra à sa fenêtre, séduire ses voisines d’en face, et filmer ses propres ébats en vis-à-vis. Cette brillante réflexion sur le metteur en scène /voyeur (l’un des axes principaux du cinéma de de Palma) est ici accompagnée d’une violente critique de la guerre du Vietnam, ainsi que d’un virulent plaidoyer pour la cause noire. La seconde partie du film présente en effet une émission télé nommée Be Black Baby, basée sur un principe simple : pour un instant donné, les noirs deviennent blancs, et les blancs deviennent noirs, se voyant infligés les pires supplices… Tout cela se termine par De Niro saluant sa maman à place tout le système filmique que de Palma développera au cours de la télé, illustrant la prophétie warholienne, selon sa carrière, tout en préfigurant Taxi Driver. Les bonus du dvd présen - laquelle tout le monde aura son quart d’heure de tent deux analyses formidables de Samuel Blumenfeld et Jean gloire à la télévision. Film très important poli - Douchet mettant en exergue les vertus de ce grand film séminal, tiquement, socialement, Hi, Mom ! met déjà en enfin réédité dans une copie digne de ce nom. D.B.

| 26 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES DVD A SERIOUS MAN Un film de Joel & Ethan Coen - 2010 STUDIO CANAL Professeur de physique estimé, père de famille respecté, Larry Gopnik est ce qu'on appelle un type sérieux. Jusqu'à ce que tout son univers bien balisé s'effondre inexorablement sous le double effet d'un divorce inattendu et d'un imbroglio universitaire. Le dernier opus des frères Coen est déroutant, à l'im - age de la fable folklorique yiddish qui l'introduit. C'est un cauchemar kafkaïen, dans la lignée de Barton Fink, qui leur permet de se livrer à une réflexion grinçante et jubilatoire sur le rapport des juifs à la fatalité. Et cela dans un contexte qui leur est familier pour y avoir grandi, le Minnesota des sixties. Illustrant le tiraillement de leur génération entre le carcan familial religieux et la fascination pour la laïcité pop, cette comédie désespérée est portée par une for - midable distribution d'inconnus au bataillon hollywoodien, d'où émerge la figure pathétique et « sérieuse » de Michael Stuhlbarg. Bonus courts mais futés. B.R.

COUNTRY TEACHER Un film de Bohdan Slama - 2008 ÉDITIONS MONTPARNASSE Petr, professeur de biologie, quitte brusque - ment Prague pour venir enseigner dans un tout petit village de campagne. Il sympathise rapidement avec une fermière, son fils et la petite amie de celui-ci. Entre temps, il rend visite à ses parents, et annonce son homosexualité. Et c’est lorsque son ex-compagnon arrive au village que ses ennuis commencent… Dans un petit village, tout se sait, et alors qu’on croit trouver le calme, on peut vite se confronter à de sérieux ennuis… Country Teacher est une très belle chronique de la solitude, un film digne et émouvant, à qui on pourrait presque reprocher une mise en scène trop discrète, mais qui parvient à l’emporter grâce à son honnêteté, notamment dans la justesse avec laquelle le film dresse de magni- fiques portraits de personnages. D.B.

| 27 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES DVD CASANEGRA Cinéma Indépendant Américain Un film de Nour Eddine Lakhmari - 2009 - BODEGA FILMS Casablanca, Maroc. Deux potes d’enfance, Adil et Karim, vivent de petites arnaques en rêvant de devenir des bandits craints et respec - COFFRET LIONEL ROGOSIN CARLOTTA tés. Rêvant de partir en Suède rejoindre un oncle, de sauver leur mère des griffes d’un nouveau mari bourreau, ou tombant amoureux de ON THE BOWERY - 1956 filles trop belles pour eux, nos deux petits COME BACK, AFRICA - 1959 malfrats vont au contraire s’enfoncer dans la GOOD TIMES, WONDERFUL TIMES - 1965 médiocrité de leurs larcins, dans une ville dont ils ne voient que le côté sombre et qu’ils THE SAVAGE EYE ont rebaptisée Casanegra… Si ce film est naïf Un film de Ben Maddow, Sidney Meyers & Joseph Strick - 1960 et plein de bonnes intentions, on ne devient CARLOTTA pas Tarantino ni Scorsese aussi vite… Le film regarde donc trop du côté des USA et de ses Cassavetes a dit de Lionel Rogosin qu’il était le meilleur cinéaste clichés, en oubliant les spécificités du Maroc, documentaire de l’histoire du cinéma. Pionnier du cinéma indépen - pays splendide mais qu’on ne sent malheu- dant des années 50, Rogosin se démarque de tous ses confrères en reusement pas assez vivre ici. D.B descendant filmer dans la rue, s’inspirant du néo-réalisme italien, et ce bien avant la Nouvelle Vague. Il s’inspire de sujets réels et graves, filme les personnes qui les vivent, mais ne livre pas un documen - NUIT DE CHIEN taire pur, puisqu’il le fictionnalise à chaque fois. Disons qu’il fait Un film de Werner Schroeter jouer aux gens leur propre rôle, dans un magnifique noir et blanc 2009 - ÉDITIONS MONTPARNASSE contrasté. D’ailleurs, au nom de quoi le documentaire ne pourrait- Un tragique hasard veut qu’on vienne d’apprendre le décès de il pas, lui aussi, être filmé avec une belle photographie ? Dans On Werner Schroeter au moment où l’on écrit ces lignes. Nuit de Chien The Bowery, son premier film, Rogosin filme la vie quotidienne des sera donc son dernier film, son testament cinématographique qui, clochards new yorkais. C’est dur, prenant et imparable. Avec Come étrangement, se déroule uniquement de nuit, dans une ambiance Back, Africa, il part en Afrique du Sud pour filmer les difficiles con - lugubre où la mort rôde à chaque coin de rue. Le film se passe dans ditions de vie des noirs à Johannesburg. Employés dans les mines une ville imaginaire, Santamaria (il se déroule en réalité au Portu - d’or, ils sont exploités et vivent dans des conditions abjectes. Le gal) lors d’un coup d’état. Dans cette ville assiégée, le héros (Pascal racisme est un abominable quotidien. De nombreuses scènes de ces Gréggory) tente comme les autres de deux films ont été tournées en cachette, pour éviter la censure. Mais sauver sa peau alors que les hommes ont ce n’est rien à côté de Good Times, Wonderful Times, le film le plus perdu la raison. Inspiré par son ami Fass - dur, et le chef-d’œuvre, du coffret. Rogosin filme une fête entre binder et dans la lignée de l’Anti Theater, bourgeois mondains qui ont des conversations insipides. Les images Schroeter livre un film baroque, totale - de la soirée sont entrecoupées d’images d’archives d’Hiroshima, des ment déstabilisant, qui peut déranger jeunesses hitlériennes, des camps de concentration, de la guerre de dans un premier temps, mais qui nous Corée… Les images sont évidemment insoutenables. Le film, assez hantera des jours durant. C’est aussi un proche de La Bombe de Peter Watkins, est un grand choc, une film très Brechtien, dans le sens où il offre œuvre aussi marquante que Nuit & Brouillard de Resnais ou Salo une formidable critique de la folie et de la de Pasolini. Dans cette époque charnière où l’expérimentation perversion du genre humain. D.B. investit sans bornes le cinéma américain, trois jeunes cinéastes sig - nent un manifeste dépressif nommé The Savage Eye, qui sonde la solitude d’une femme débarquant à Los Angeles. Son rapport au AMERRIKA monde oscille entre folie et dépression, et les deux voix off qui se Un film de Cherien Dabis - répondent inlassablement complètent ce sentiment claustropho - 2009 - ÉDITIONS MONTPARNASSE bique. Très influencé par le cinéma européen (on pense particulière - Inspiré de la vie de la famille de la réali- ment à Resnais & Robbe-Grillet) ce film complète à merveille les satrice, Amerrika conte l’histoire de expérimentations visuelles proposées par Rogosin. D.B Mouna et de son adolescent de fils Fadi, qui tous deux quittent la Palestine pour s’installer aux États-Unis après l’obtention d’un visa longtemps attendu. Dans leurs têtes, ils quittent des territoires occupés pour accéder au paradis, mais une fois arrivés aux USA, tout n’est pas si facile et de nouveaux problèmes se posent à eux : le travail, le logement, et surtout le racisme, auquel ils doivent faire face de manière quotidienne au fin fond de l’Illinois, dans un climat post 11 septembre peu propice à l’échange culturel… Ce film a beau avoir recours à pas mal de ficelles, il assume totalement son statut de mélo et c’est même en cela qu’il parvient à émouvoir. Les bons sentiments, la bonté en règle générale, peuvent parfois avoir le dessus sur la mesquinerie, la peur et la méfiance. D.B.

| 28 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES DVD LES DÉSEMPARÉS Un film de Max Ophüls - 1949 - CARLOTTA Max Ophüls réalise aux USA plusieurs chefs-d’œuvre, dont ce dernier et mer - veilleux Désemparés, modèle de film noir. Ophüls y raconte la vie d’une femme qui s’oppose à la relation de sa fille Bea avec un voyou. Elle lui interdit sa fréquentation, et lors d’une scène de rupture orageuse, l’homme est tué. Bea alerte sa mère, et celle- ci fait disparaître discrètement le cadavre… pour protéger sa fille. C’est alors qu’un inspecteur de police (l’immense James Mason) vient s’en mêler… On parle en définitive assez peu de la période américaine d’Ophüls, et encore moins de ce film, longtemps indisponible chez nous. Disons-le clairement : c’est un chef-d’œuvre de film noir, aussi dense et beau qu’un grand Wilder ou Mankie- wicz, avec une spirale de tension constante (qu’on retrouvera par exemple dans le Psychose d’Hitchcock). Plastiquement, Ophüls fait preuve d’un sens du cadrage, de la photographie et de la mise en scène absolument sidérant, comme s’il avait toujours été l’un des meilleurs cinéastes du film noir américain. D.B.

ULTIMATUM Un film de Alain Tasma - 2009 - FPE Luisa et Nathanaël s’aiment. Ils sont juifs, et ont décidé de vivre en Israël, au grand dam des pa- rents de Luisa, restés en France et qui se font un sang d’encre, pour une raison qui semble évi - dente : la première guerre du Golfe est sur le point d’éclater, et en riposte contre l’attaque des USA, Saddam Hussein a promis de bombarder Israël. C’est dans ce climat d’angoisse et de peur que le couple d’amoureux (excellemment interprété par Jasmine Trinca et Gaspard Ulliel) va peu à peu se déchirer et se séparer. Ultimatum est un beau film qui ne se contente pas de bien décrire ce contexte poli - tique, mais qui parvient aussi à faire vivre des beaux personnages. D.B.

FIVE MINUTES OF HEAVEN Un film de Olivier Hirschbiegel - 20008 - FPE Se déroulant en plein conflit irlandais, Five Minutes Of Heaven raconte l’histoire d’un ado loyaliste qui tue froidement un jeune militant catholique, pour exister, et soi-disant défendre la cause des siens. Le temps passe ; le petit frère de la victime a grandi en devenant à moitié fou des suites du drame. Il a pourtant accepté de participer à une émission de télévision qui le confrontera à l’assassin de son frère ayant purgé sa peine (Liam Neeson, très convaincant). Ce qu’ignore l’assassin, c’est que le frère a décidé de se venger… et de le tuer… Film politique, donc, plus complexe qu’il n’y parait et bien fichu, rappelant parfois l’esprit des films de Jim Sheridan. D.B

| 29 START UP | MAI 2010 | CHRONIQUES DVD

ASTRO BOY Un film de David Bowers - 2009 M6 Vidéo Dans la cité volante de Metro City, le génial Docteur Tenma recrée de l'asepsie hollywoodienne redoutée, la version cinéma d' Astro boy une version artificielle de son garçonnet disparu dans un accident est une formidable réussite. Loin de trahir l'esprit poétique d'Osamu de labo. Le nouveau Toby est une créature aux pouvoirs inouïs qui Tezuka (1928-1989), le film enchante par sa splendeur graphique, va contrecarrer les plans du dangereux mégalomane qui régente la sa pêche et ses audaces (les robots marxistes qui se révoltent contre futuriste métropole. Ne vous fiez pas aux ayatollahs mangas qui se leur mise au rebut !). Chouette, un dessin-animé où les grands n'ont cachent sous leurs barbes clairsemées de vieux geeks ronchons : loin pas besoin de feindre l'enthousiasme devant les enfants ! B.R

SÉRIES

TRINITY Saison 1 - Koba Films Après la mort mystérieuse de son père, Charlotte Arc s’inscrit à la prestigieuse université de Bridgford qu’il fréquenta avant elle. En menant son enquête, elle s’aperçoit progressivement que cette école mystérieuse est beaucoup plus dangereuse qu’il n’y parait. Ne vous fiez pas à ce résumé forcément réducteur, Trinity est l’un des trucs les plus déjantés et « port nawak » qu’on ait vu récem - ment. Excellente surprise, c’est une série totalement foutraque qui se paie le luxe de mélanger Harry Potter à Dumb & Dumber (ou Harold & Kumar, au choix), en y incorporant du suspense, du fantas - tique, de la romance, et tout cela en restant crédible ce qui, sur le papier, sem - blait pourtant difficile. Bref, ça ne ressem - ble à rien, c’est très drôle, on adore et on en redemande ! D.B UN VILLAGE FRANÇAIS Saison 2 - FPE Quelle joie d’avoir en France une série télévisée rivalisant en qualité et en tension avec les meilleures séries américaines. Quelle joie également de retrouver une saison 2 meilleure que la première, déjà incroyablement réussie. Un Village Français est une magnifique saga historique contant l’histoire d’une petite bourgade et de ses habi - tants pendant l’occupation allemande. Mais elle est surtout un for - midable enchevêtrement narratif, de séquences toutes en retenue. Elle parvient à mettre en scènes des vies parallèles qui se croisent, se percutent, s’évitent. Sur un sujet aussi délicat, les scénaristes parvi - ennent à écrire des histoires dignes, où l’émotion n’est jamais un pis- aller. Formidablement soutenu par des acteurs remarquables, du confirmé Robin Renucci à l’extraordinaire Thierry Godard ou l’é - tonnante Audrey Fleurot, Un Village Français fait figure d’excep - tion dans le paysage audiovisuel hexagonal, et l’on se délecte par avance des saisons à venir. D.B

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