Meilleures Performances Vaudoises Hommes Connues De 1906 À 1983
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1900's 1910's 1920's 1930's 1940's 1950's 1960's 1970's 1980's 1990's 2000's 2010's 2020's LA RUÉE VERS L'OR D'UN COLOSSE Au début des années '80, un jeune lanceur du TV Uttwil nommé Werner Günthör décide de quitter le Bodensee pour s'entraîner à Macolin, où il est pris en charge par Jean-Pierre Egger. C'est le début d'une fantastique histoire qui va conduire le Thurgovien au firmament du lancer du poids mondial. propose de revivre la carrière exceptionnelle du chercheur d'or le plus prolifique de l'Histoire de l'athlétisme suisse. Le quatorzième des vingt épisodes de cette biographie est consacré aux Jeux Olympiques 1988 à Séoul. SAISON 1988 UN PODIUM AU PAYS DU MATIN CALME Les XXIVe Jeux Olympiques sont ouverts le 17 septembre au stade olympique de Jamsil par le chef de l'État sud- coréen, le général Chun Doo-Hwan. Après 1980 à Moscou et 1984 à Los Angeles, aucun boycott n'est à signaler, à part la Corée du Nord (qui souhaitait être impliquée dans l'organisation au même titre que sa "sœur-ennemie" du sud). Les épreuves, notamment celles de l'athlétisme, promettent ainsi d'être complètes et disputées, exacte- ment comme on a pu le voir aux championnats du monde 1983 à Helsinki et 1987 à Rome. Tant mieux pour le spectacle. Du côté suisse, Werner Günthör est notre plus grande chance de médaille olympique. Il a beaucoup travaillé et mise sur cette consécration, la seule qui lui manque encore. Le "Pays du Matin Calme" devrait être un lieu prédestiné pour cet homme tranquille, redoutable lorsqu'il a un boulet dans la main... car il est très fort, notre géant ! Il a remporté haut la main tous les titres du marché du lancer de poids : vainqueur du Grand Prix (1986), champion d'Europe (1986), champion du monde (1987) et à deux reprises, il a été sacré sportif suisse de l'année, prix de l'affection et de l'admiration que porte le pays à son sympathique colosse. Le Thurgovien, victime d'une grippe intestinale il y a quelques jours, a perdu du poids. Pour un sportif dont la force constitue le principal facteur de performance, la grippe intestinale est une ennemie de taille. Werner Günthör en a fait la cruelle expérience la semaine dernière, condamné à garder la chambre cinq jours durant. Du coup, il a perdu 6 kg ! Mais les choses s'arrangent et l'on peut dire que le champion du monde remonte la pente normalement et qu'il sera, selon toute vraisemblance, en pleine possession de ses moyens pour son concours olympique. Jean-Pierre Egger donne son avis sur la maladie de son protégé et communique également le programme à venir jusqu'au 23 septembre, jour du concours olympique : «Il est impossible de dire s'il aura réellement totalement récupéré. Quoi qu'il en soit, handicap il y a, c'est sûr, puisqu'il a perdu une semaine d'entraînement à un moment important de la préparation. Mais il appartient aux champions de venir à bout de ce genre d'incidents. Il y a trois jours, il avait déjà regagné 3 kg et il a pu reprendre l'entraînement. Avant-hier et hier, il s'est entraîné normalement à cent pour cent et il le fera encore ce mercredi. Jeudi, nous partons pour la Corée du Sud. Sur place, vendredi 16 et samedi 17 septembre, Werner se contentera de faire un peu de gymnastique en décontraction avant de s'entraîner à nouveau normalement lundi 19 et mardi 20. Le 21, repos et le jeudi 22, séance de tonification ou, en d'autres termes, de musculation adaptée. Et le vendredi 23 septembre, au matin, Werner entamera les qualifications du concours olympique du lancer du poids». Médecin-chef de la délégation helvétique, le Dr Segesser, déjà présent à Séoul, lui a donné ses derniers conseils par téléphone. Moralement ? Le champion du monde est solide, même si par moments une ombre passe sur son visage. Mais il sait bien que tous ses adversaires doivent eux aussi lutter et venir à bout des multiples ennuis, souvent petits, mais grossis par l'approche de l'événement, qui parsèment le chemin de la gloire sportive. La semaine dernière, on le sait, l'Allemand de l'Est Ulf Timmermann a lancé à 22,61 m dans le cadre de la répétition générale officielle des sélectionnés de son pays : «Nous n'avons pas été étonnés, affirme Jean-Pierre Egger. Nous attendions même une performance supérieure. Timmermann est très fort cette année, cela ne fait aucun doute. Si Werner a retrouvé toute sa substance, les chances de ces deux hommes seront à peu près égales et l'on est en tout cas sûr d'assister à un beau concours. Assez fragile mora- lement jusqu'ici, Timmermann s'est sans aucun doute attaché à travailler également sa force psychologique. Dans ce domaine pourtant, seule la confrontation directe permet de tirer des conclusions. Et Werner a déjà eu l'occasion de démontrer que, sur ce terrain-là, il ne manque pas d'atouts dans son jeu». Le 23 septembre, sur le coup de 16:10, les performances réalisées en cours de saison n'auront toutefois que peu d'im- portance. «De la première à la cinquième place, tout est possible», estime Werner Günthör, pour qui tout se jouera au niveau de la confiance et de la solidité nerveuse. «Le premier jet aura égale- ment son importance». Pour le Thurgovien, les hommes à surveiller seront Ulf Timmermann, Udo Beyer, Randy Barnes et Sergey Smirnov. L'incerti- tude règne en ce qui concerne Alessandro Andrei, qui flirte cette saison avec les... 20 mètres. Com- me à Rome, le concours du poids se déroulera dès Le duo Egger / Günthör en décontraction avant les Jeux le premier jour des compétitions d'athlétisme. L'athlétisme suisse, à l'heure de décliner son palmarès olympique, ne peut exhiber que six mé- dailles d'argent et une de bronze, trois de ces trophées ayant eu pour cadre les épreuves de marche. Mais de médaille d'or, nulle trace... Est-ce la dernière fois que semblable constat peut être dressé ? Même l'incertitude du sport ne saurait le dire. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que rarement chance aura été plus belle, plus sérieuse que celle qui est entre les mains de Werner Günthör. Il n'est pas question de faire de lui le superfavori d'un concours dont la finale aura lieu le vendredi 23 septembre. Le favori s'appelle Timmermann rappelle d'ailleurs fort opportunément Günthör lui-même. Il n'empêche qu'il est champion d'Europe et champion du monde, qu'il a lancé cette année son poids de 7,260 kg à 22,75 m et que c'est une plate-forme qui permet de tout envisager. L'or, comme l'argent ou le bronze. Jean-Pierre Egger parle de l'état de forme de son protégé tel qu'il se trouve à la veille d'un rendez-vous qui pourrait être historique : «Dans la tête, la grippe intestinale qui avait cloué Werner au lit il y a une quinzaine est désormais oubliée. Mais il reste difficile d'évaluer les séquelles de ce contre-temps au niveau de la force, de l'influx. Je n'exclus pas un petit déficit au niveau de ce qu'on appelle le jus, car cette grippe est intervenue au début de la semaine où nous avions prévu de travailler l'explosivité. Mardi, à l'entraînement, Werner était ainsi un petit peu en retrait des performances qu'il avait réussies juste avant de battre son record de Suisse à Berne. Dans le lancer du poids en arrière, un test généralement fiable, car il ne fait intervenir la technique que pour une part négligeable, il a enregistré une perte d'un mètre (24 m contre 25 m). Mais, pour être honnête jusqu'au bout, je dois dire qu'il ne va pas toujours au bout de l'effort quelques jours d'un grand rendez-vous. C'est sans doute inconscient, comme s'il voulait ne pas entamer son capital d'énergie». Jean-Pierre Egger espère aussi que Günthör pourra faire la différence sur le plan psychologique : «Ce petit incident de parcours dans notre plan de préparation peut l'inciter à aller chercher ailleurs des ressources inutilisées. Je l'en crois capable. Tout au long de ces dernières semaines, nous n'avons jamais fait de fixation sur une éventuelle médaille d'or. Nous n'en avons même pas parlé. J'ai essayé de le préparer à être combattif, à réagir s'il le faut, contrairement ce qui s'était passé au meeting de Zurich, lorsqu'il resta passif face à la progression de l'Américain Randy Barnes. Pas question, par exemple, de se dire que Timmermann va lancer un mètre de moins qu'en Allemagne de l'Est... Ce serait très dangereux de le croire». Champion d'Europe à Stuttgart en 1986, champion du monde à Rome l'année suivante, Günthör apparaît pour un certain nombre d'observateurs étrangers comme le favori N° 1. Jean-Pierre Egger ne le nie pas, mais précise : «C'est sans doute une surcharge psychologique, un surcroît de responsabilités. Mais ses réussites de Stuttgart et de Rome représentent aussi un énorme avantage. Il sait qu'il est en général au meilleur de sa forme le jour J». Le jour J, c'est le vendredi 23 septembre. Le premier acte que repré- sentent les qualifications, disputées en deux groupes, ne voit aucune surprise.