LES GRANDS QUATUORS À CORDES DU Xxe SIÈCLE Dans La Même Collection
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LES GRANDS QUATUORS À CORDES DU XXe SIÈCLE DANS LA MÊME COLLECTION Jean-Michel Molkhou, Les grands violonistes du xxe siècle. Tomes I et II Alain Lompech, Les grands pianistes du xxe siècle Richard Martet, Les grands chanteurs du xxe siècle Christian Merlin, Les grands chefs d’orchestre du xxe siècle Gérard Mannoni, Les grandes étoiles du xxe siècle Richard Martet, Les grandes divas du xxe siècle Gérard Mannoni, Les grands chorégraphes du xxe siècle Renaud Machart et Vincent Warnier, Les grands organistes du xxe siècle JEAN-MICHEL MOLKHOU LES grands quatuors À cordes DU xxe siècle MUSIQUE Malgré les démarches de l’éditeur, les ayants droit de certaines photographies n’ont pu être joints dans les délais de publication. L’éditeur les invite à se mettre en relation avec ses services. © Buchet/Chastel, Libella, Paris, 2020 ISBN 978-2-283-03376-0 À Julia, Antoine, Louis et Victor, mon plus précieux quatuor, et à Laurence, leur mère, qui accepte de partager mes passions. PRÉFACES DE SONIA SIMMENAUER ET DU QUATUOR MODIGLIANI Le quatuor à cordes, formation longtemps réservée à un public d’initiés, a connu un essor considérable au cours de la seconde moitié du xxe siècle. Son répertoire, d’une grande profondeur, étroitement lié à la culture de l’Empire austro- hongrois, a survécu aux ravages de la Seconde Guerre mon- diale grâce à des quatuors qui nous sont chers, comme les Amadeus, les Budapest ou les LaSalle. Ayant pu, pour la plu- part, fuir l’Europe à temps, ils ont décidé d’en faire l’essence même de leur tradition musicale dans leur pays d’adoption, tout en continuant à s’exprimer dans leur langue maternelle au sein du quatuor. En préservant ces précieuses traditions d’in- terprétation, ils les ont aussi transmises aux jeunes généra- tions, qui à leur tour ont formé les grands quatuors d’aujourd’hui. Ayant dédié ma vie professionnelle aux quatuors à cordes et bâti mon agence autour d’eux pour leur donner ainsi une place à part entière dans un monde musical plutôt tourné vers le star-system, je suis particulièrement reconnaissante à Jean-Michel Molkhou, avec qui je partage la passion du qua- tuor depuis toute une vie, d’avoir écrit ce livre. Il réunit ici 12 LES grands QUATUORS À CORDES DU XXe SIÈCLE les portraits des plus éminentes formations du siècle dernier, et sera à n’en pas douter une précieuse source d’inspiration pour les jeunes musiciens conscients de ce qu’ils doivent à leurs aînés. Sonia Simmenauer, Berlin, mai 2019. Lorsque nous avons créé notre quatuor, alors que nous étions encore étudiants au Conservatoire de Paris, nous n’ima- ginions pas à quel point cette vie serait intense. Une aventure humaine extrêmement exigeante qui est pourtant deve- nue rapidement une évidence, comme si nous avions toujours voulu être et jouer ensemble, dans une alchimie difficilement explicable. On découvrira dans ce livre des quatuors dont les membres ont su nouer des liens d’une profondeur rare, mais aussi d’autres dont les musiciens ont cessé de se parler après des années de vie commune, ou bien qui préféraient voyager sépa- rément. On comprendra aussi comment un quatuor peut renaître après le remplacement de l’un des siens, ou au contraire se séparer et mettre fin à sa carrière après une dis- parition. Chaque histoire est unique, singulière et personnelle, mais si nous devions dévoiler au lecteur l’un des secrets de la vie à quatre, cela commencerait par l’écoute et le respect de l’autre. Sans ces principes fondamentaux, il est presque impos- sible de jouer ensemble durablement et de chercher un idéal musical commun. Le quatuor est sans nul doute l’un des 14 LES grands QUATUORS À CORDES DU XXe SIÈCLE genres musicaux dans lequel nulle tricherie n’est possible. Seize cordes pour atteindre le graal, et une vie pour jouer l’intégrale des quatuors à cordes de Beethoven, de Bartók ou de Schubert. Le quatuor est en fait un personnage à part entière, chaque instrument représentant le corps, le cœur, l’âme et l’esprit. Cet ouvrage est unique. Jamais un tel travail de recherche, sur le destin et le legs discographique des plus grands qua- tuors à cordes du xxe siècle, n’avait été réalisé. Jean-Michel Molkhou, témoin des derniers concerts des Amadeus, des Guarneri, des Tokyo à Paris… d’un des premiers concerts du Quatuor de Jérusalem et jouant lui-même pour son plaisir avec les membres du Quatuor Ysaÿe, nous a un jour ouvert les portes de sa bibliothèque musicale et nous a guidés dans la recherche de notre esthétique. Comment s’intégrer et prendre sa place dans une histoire musicale qui nous précède et qui continuera après nous ? Quels sont les enregistrements d’hier qui ont traversé le temps et quelles seront les grandes versions de demain ? Voilà peut-être l’un des défis pour tout musicien : avoir un son reconnaissable entre tous, ne jamais céder à la tentation des modes, mais suivre sa propre voie. Et comme le disait Amedeo Modigliani, « ton devoir réel est de sauver ton rêve ». Voici sans doute une belle devise pour tous les quatuors. Amaury Coeytaux, Loïc Rio, Laurent Marfaing, François Kieffer (Quatuor Modigliani). Introduction La musique de chambre, sans doute la plus raffinée de toutes les formes musicales, a ceci de particulier qu’elle impose à ses partenaires complicité et humilité, partage et concessions. Le quatuor à cordes en est le point le plus abouti et équilibré, représentant une sorte d’idéal intellectuel, esthétique et spiri- tuel tant pour le compositeur que pour les interprètes ou le public. Si le quatuor constitue le fondement même de l’orchestre, il est aussi à la base de formations de chambre plus étoffées, mêlant de différentes manières cordes, piano ou vents, depuis le quintette jusqu’à l’octuor. Depuis le xviiie siècle, les plus grands compositeurs y ont exprimé ce qu’ils portaient en eux de plus intime, lui donnant une place de premier plan dans l’histoire de la musique. Chaque géné- ration a apporté son lot de chefs-d’œuvre, depuis Haydn jusqu’à Dutilleux, en passant par Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms, Bartók, Schoenberg et Chostakovitch, pour ne citer que les plus célèbres1. 1. Pour une analyse approfondie de l’esthétique du quatuor à cordes comme de son répertoire, on se reportera aux ouvrages de Bernard Fournier : 16 LES grands QUATUORS À CORDES DU XXe SIÈCLE Goethe définissait le quatuor comme une conversation de « quatre personnes raisonnables », tandis que Stendhal y entendait celle de « quatre personnes aimables ». Et si l’on peut même aller jusqu’à parler d’un véritable mariage entre quatre instruments de la même famille, c’est encore plus vrai pour les musiciens eux-mêmes. En liant leur sort parfois durant une vie entière, ils renoncent à une célébrité indivi- duelle pour ne connaître qu’une notoriété collective sous le nom de leur ensemble. Leur cohésion et leur homogénéité tiennent à une multitude de paramètres, personnels, instru- mentaux et stylistiques, qui, dans une complexe alchimie, conduiront certains d’entre eux à marquer leur temps et à passer ensuite à la postérité. Un peu d’histoire Né vers la fin du xviiie siècle, le quatuor à cordes fut tout d’abord pratiqué par des formations d’amateurs, réunis pour la circonstance de manière informelle. En 1795, un événement consacre le genre à part entière chez le prince Lichnowsky à Vienne : c’est l’engagement de quatre jeunes musiciens de façon permanente autour du violoniste Ignaz Schuppanzigh qui sera à l’origine du quatuor du même nom, créateur des derniers quatuors de Beethoven et dédicataire du célèbre Quatuor « Rosamunde » de Schubert. De ce jour, le quatuor à cordes se professionnalise peu à peu, ouvrant la voie à une coopération plus étroite entre compositeurs et exécutants. Grâce à L’Esthétique du quatuor à cordes, Fayard, Paris, 1999 ; Histoire du quatuor à cordes (en trois tomes), Fayard, Paris, 2000 et 2004. Introduction 17 l’enrichissement du répertoire au cours du xixe siècle appa- raissent progressivement des ensembles professionnels, l’inter- prétation des œuvres exigeant des qualités instrumentales de plus en plus élevées. C’est à la fin du xixe siècle que des qua- tuors à cordes, toujours fondés autour d’un prestigieux violo- niste dont ils prennent le nom, vont acquérir une véritable notoriété en tant que tels. Le plus célèbre d’entre eux fut cer- tainement le Quatuor Joachim, créé en 1869 par l’un des plus grands maîtres de l’époque, Joseph Joachim. Suivant son exemple, d’autres virent le jour et notamment le Quatuor Ysaÿe fondé en 1886, dont le premier violon n’était autre que le grand Eugène Ysaÿe, l’un des plus illustres violonistes de tous les temps. De ces deux illustres formations, il n’existe aucun témoignage sonore. Au début du xxe siècle, avec l’avènement de l’enregistrement phonographique, le mouvement s’accélère et c’est ainsi que naît, entre autres, en France le Quatuor Capet (qui inaugure notre ouvrage) ou en Allemagne le Quatuor Busch. Au fil du temps et des exodes liés aux tourments de l’Histoire, certains, comme le Quatuor de Budapest, vont acquérir une notoriété universelle parfois bien loin de leur patrie d’origine. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale apparaissent des ensembles qui vont également marquer pro- fondément l’histoire du quatuor au xxe siècle, tels les Amadeus, Juilliard, LaSalle, Borodine et autres Smetana puis, plus tard, les Guarneri ou les Tokyo. La tradition se poursuit avec les Quatuors Alban Berg, Emerson ou Hagen et, aujourd’hui, de jeunes ensembles tout aussi talentueux prennent le relais.