UNE PASSION ÉGYPTIENNE

Claudine Le Tourneur d'Ison

UNE PASSION ÉGYPTIENNE

Marguerite et Jean-Philippe Lauer

PLON ISBN : 2-259-18144-9 à Cyril.

« Sur cette terre, les choses ne sont que des symboles éternels vêtus de pous- sière... » Gustav MEYRINK.

« Dans cette terre de mémoire et de légendes, le temps n'est pas un puits où l'on se penche, comme en Occident, mais une source où l'on s'abreuve. » Alain BORER.

« Parlez, ô vous mes souvenirs, et rendez au moins un reflet de ma vie avant qu'elle ne sombre dans les ténèbres. » Stefan ZWEIG.

Ils ne furent jamais avares de leur temps et mon plaisir à les écouter grandit au fil des semaines, tout comme mon attache- ment. J'ai peu à peu découvert deux êtres d'une profonde noblesse d'âme. Avec Mme Lauer, j'ai fait la connaissance d'une femme envoûtante à l'intelligence aiguë, une personnalité hors du commun, au charme magnétique, pleine d'humour et de compassion. Je n'oublierai jamais sa voix brisée, puis ses sanglots lorsqu'elle me raconta l'étrange destin de sa cousine Françoise Bruyère. Ni son émotion quand elle me parla de ses parents, et notamment de son père, Pierre Jouguet, grand helléniste, grand humaniste, un homme éblouissant d'érudition et de générosité. D'une sensibilité plus retenue, plus pudique aussi, Lauer a tou- jours su être merveilleusement drôle. Je me souviens en particu- lier d'une visite avec lui sur le site. Nous nous étions abrités du soleil de midi dans la « Maison du Sud » à Sakkara. Assis par terre, profitant de ce moment de répit, il me racontait la visite du roi Victor-Emmanuel d'Italie dans les années trente, quand, avant même d'être parvenu au terme de son récit, il m'entraîna avec lui dans un extraordinaire fou rire. Nous riions si fort que des touristes, nous découvrant ainsi, furent pris eux aussi, d'une soudaine hilarité. A , Jean-Philippe Lauer vit reclus dans son bureau, au milieu d'un amoncellement de dossiers et de papiers. Il travaille, inlassablement, dans l'urgence d'un temps qui, de jour en jour, se rétrécit comme une peau de chagrin. Devant les projets, il se montre réticent. Pourtant, dès qu'approche novembre, il est tout à la pensée de regagner l'Egypte où il reste jusqu'à la fin du mois d'avril. A Sakkara, c'est un autre homme. Moins silencieux, moins soli- taire et soudain exalté dès qu'il parle de ses travaux : il surprend tous ceux qui l'abordent par l'inaltérable jeunesse de son regard. Debout très tôt, il ne quitte le site de Djoser qu'au coucher du soleil. On pourrait le croire fragile tant il est mince. C'est en fait une véritable force de la nature dotée d'une inépuisable énergie. Il suffit de le regarder traverser d'un pas volontaire l'enceinte de la Pyramide à degrés, grimper sur les pierres, se baisser pour se faufiler dans les souterrains. Son corps lui obéit encore formida- blement. Il s'est attelé à une entreprise si vaste qu'elle lui a insuf- flé une volonté titanesque. Lauer est un homme qui n'a pas vécu de chimères. Arrimé à la réalité, il a compris que, pour réussir à reconstituer les monuments de Sakkara, il lui fallait vivre dans l'abnégation de tout le reste. On lui doit un travail de restaura- tion grandiose, auquel il a apporté une sensibilité de poète. Il a tant observé sur chaque pierre le reflet du soleil qu'il connaît l'instant précis auquel il convient de photographier telle chapelle et n'a aucun doute sur la meilleure inclinaison des rais de lumière sur la façade d'entrée. Quand il passe en douceur une main sur la belle couleur dorée des pierres, on comprend l'étrange histoire d'amour que cet homme vit avec Sakkara. C'est pour cette raison qu'il se bat depuis dix ans afin que le Service des Antiquités construise un musée à côté du site. Musée indis- pensable pour permettre aux visiteurs de mieux comprendre ce que fut l'ensemble funéraire du roi Djoser. Aujourd'hui, les travaux ont enfin commencé. Qu'ils soient terminés pour fêter ses soixante-dix ans de passion égyptienne serait le plus bel hommage que pourrait lui rendre ce pays ! « Dieu a oublié M. Lauer », disent en souriant les Egyptiens. Les pierres de Sak- kara, elles, chériront éternellement son nom.

MÉMOIRE 1

férence« Il n'est des qu'unconstellations acte sur nilequel le murmure ne prévale éternel ni l'indif- des fleuves : c'est l'acte par lequel l'homme arrache quel- que chose à la mort. » André MALRAUX.

Dès son arrivée à Sakkara, Jean-Philippe Lauer fut frappé par la parfaite transparence de l'air. Un air cristallin dans un désert aux ondulations jaunes. Rien ne bougeait qu'un voile de pous- sière rousse flottant partout, léger, autour des pierres ruinées. Avec, pour seule présence, cette fabuleuse énigme de pierre posée à l'entrée des solitudes libyques. Dans un paysage totale- ment sauvage, la pyramide du roi Djoser se détachait, ocre, dans la couleur d'or du couchant. «J'ai ressenti face à cet incroyable monument une attirance irrésistible, une soudaine fascination et une curiosité sans mesure » raconte, soixante-neuf ans plus tard, Jean-Philippe Lauer, la voix étreinte par l'émotion. Bien étrange édifice, en effet, que cette pyramide constituée de six terrasses superposées. Il y a quelques mois à peine, il en ignorait jusqu'à l'existence. L'Egypte n'avait pas nourri ses rêves d'enfant. Il se demandait encore quel miracle l'avait poussé ici. Quelle main divine l'avait amené au pied de ruines aux formes si inquiétantes ? Qui l'avait poussé devant les vestiges du seul peu- ple qui ait combattu la mort avec une volonté prométhéenne ? Il resta là un long moment, le regard capturé par ce paysage aussi austère qu'envoûtant. Une sensation violente, animale, lui traversa le corps : il venait de recevoir en plein cœur ce que le monde, pour lui, porterait désormais de plus beau. «Je me suis senti absorbé par l'extraordinaire magie qui se dégageait du site. Inconsciemment sans doute, j'ai compris que ce jour du 2 décem- bre 1926 allait bouleverser définitivement le cours de mon exis- tence. J'étais trop croyant pour penser que seul le hasard avait guidé mes pas dans ce désert. » Sa formidable passion pour Sak- kara venait de naître. Elle ne le quitterait plus. Il suffit parfois d'une simple lettre pour faire basculer une vie. Cette lettre était arrivée du Caire au printemps 1926. Jean-Phi- lippe Lauer achevait sans enthousiasme des études d'architecture à l'Ecole des beaux-arts de Paris. « En regardant travailler quel- ques élèves, j'ai très vite pris conscience du niveau moyen de mes dessins. Il y avait une réelle transcendance dans les esquisses de ceux qui étaient vraiment doués pour l'architecture. Mais je ne me suis pas pour autant découragé. Après six ans d'études — entrecoupées par mon service militaire — j'ai passé mon diplôme. J'avais choisi comme projet de thèse un centre médical car, lors de visites faites à mon frère malade, j'avais été impres- sionné par l'archaïsme des hôpitaux. Il me semblait qu'il y avait urgence pour la à remédier à cet inacceptable état des lieux. D'ailleurs, si je n'avais pas cédé à l'appel de l'Egypte, j'aurais peut-être consacré ma vie à construire des bâtiments hospitaliers. » Dans un pays où s'amorçait une grave crise économique, trou- ver du travail était devenu sa préoccupation majeure. Il paraissait déjà loin le temps des vastes programmes de reconstruction lan- cés en toute hâte après la guerre de 14, c'est-à-dire à l'époque où il avait commencé ses études. L'immobilier périclitait faute d'investisseurs. Les architectes étaient parmi les premiers à en subir le contrecoup. Sous l'impulsion de quelques camarades d'école, Jean-Philippe envisageait de s'expatrier. Pourquoi ne pas partir pour le Maroc ou l'Amérique latine, pays qui accueillaient à bras ouverts les compétences venues d'Europe ? Lui qui avait si peu voyagé sentait poindre des désirs d'inconnu. Il en était là dans ses réflexions quand l'Egypte entra à l'improviste dans sa vie. Sur l'enveloppe, l'écriture brouillonne de son cousin Jacques Hardy. Un cousin par alliance qu'il connaissait peu. Lui aussi était architecte, installé au Caire avec sa famille depuis plusieurs années. Bel homme à l'esprit tortueux, plus âgé d'une dizaine d'années que Jean-Philippe, il faisait preuve, à ses heures, d'un humour décapant. Il avait, dès le début de la Grande Guerre, par- ticipé à la bataille de Charleroi. Blessé, il avait été fait prisonnier et envoyé dans un camp où il avait passé finalement la plus grande partie du conflit. Dans son malheur, il avait eu la surprise de retrouver, prisonniers comme lui, deux camarades des Beaux- Arts, deux personnages d'exception : Edrei, un Juif égyptien engagé dans l'armée française comme aviateur, et Azéma, devenu plus tard Grand Prix de Rome. Les épreuves de la capti- vité avaient soudé leur amitié au point qu'ils décidèrent, la guerre terminée, de ne pas se séparer. Ils ouvrirent ensemble un cabinet d'architecture et commencèrent à participer à de nom- breux concours publics. Ils affirmèrent leur talent en obtenant la construction de l'Ossuaire de Douaumont, puis celle des tribu- naux mixtes au Caire. Mais Azéma, entre-temps, reçut le Grand Prix de Rome d'architecture et dut rester en Italie. Edrei partit alors pour l'Egypte où il ne tarda pas à être rejoint par Hardy qui, enthousiasmé par le pays, finit par s'y installer. Il s'intégra très vite à la colonie française, un microcosme volontairement replié sur lui-même. Une manière de se marginaliser face aux Anglais qui, à partir de 1879, avaient détrôné les Français sur le territoire égyptien. Depuis la domination britannique, Le Caire s'était réveillé de plusieurs siècles d'assoupissement pour devenir une capitale brillante et cosmopolite. Ignorant les règles de l'austérité arabe, l'intelligentsia raffinée et cultivée venue des quatre coins de l'Europe rayonnait dans un perpétuel tourbillon de fêtes et de réjouissances, vivant chaque jour dans l'attente des premières lueurs du crépuscule, pour s'étourdir à travers les salons flam- boyants des palais d'Abdine ou de Koubbey, ou ceux, tout aussi élégants, des palaces de l'époque, notamment l'hôtel Shepheard's. C'est au cours de ces fastueuses réceptions royales que les jeunes princesses sortaient du sérail, sublimes Shéhérazades habillées d'or et voilées de blanc. Hardy, qui manquait rarement ces soi- rées où les élites paradaient dans une totale insouciance, aimait à côtoyer les personnalités les plus emblématiques comme Geor- ges Foucart, le tout-puissant directeur de l'IFAO (Institut Fran- çais d'Archéologie Orientale), deuxième représentant de la France après le ministre plénipotentiaire, homme qui était loin de faire l'unanimité du milieu scientifique et avait fini par se prendre les pieds dans la frivolité au point de ne plus distinguer travail et mondanité. Ou comme Pierre Lacau, le très rigide directeur du Service des Antiquités d'Egypte qui, lui, était tombé dans l'excès inverse. Ce fils d'architecte en était toujours aux pri- ses avec les innombrables problèmes posés par la récente décou- verte du tombeau de Toutânkhamon. Il n'en négligeait pas pour autant les sites placés sous sa responsabilité à travers l'ensemble du pays. Il était justement à la recherche d'un jeune architecte pour aider dans ses travaux l'archéologue anglais Cecil M. Firth qui venait de découvrir sous les sables de Sakkara les vestiges de monuments très anciens. Il en fit part à Hardy qui pensa instan- tanément à son cousin Lauer.

En prenant connaissance de cette lettre, Jean-Philippe Lauer ressentit une joie profonde, mais il n'était pas de nature à donner libre cours à des explosions intempestives. Il replia la lettre, s'enferma dans sa chambre et répondit aussitôt à son cousin. Il ignorait tout de Sakkara. Mais quelle importance ! Il se laissa transporter par son imagination. L'Egypte ! Il ferma les yeux. Les pyramides ! Oui ! Voilà bien tout ce qu'il connaissait de l'Egypte. Mais n'était-ce pas aussi le pays des Mille et Une Nuits, du calife Haroun al Raschid et de son fidèle vizir Giaffar ? Un pays de sable et de lumière. Un pays qui donnait le vertige à tous ceux qui l'avaient approché. Il resta un instant dans le rêve que cet espoir avait fait naître. Puis, se ressaisissant — il préférait l'action à la rêverie — il pressentit l'urgence à approfondir ses connaissances sur l'antique civilisation égyptienne. Bachelier en latin et grec, il n'avait étudié aucune des langues du Proche-Orient, pas plus l'arabe que les langues anciennes comme l'hébreu ou l'araméen. Quant aux hiéroglyphes, il se les représentait comme la plus fabuleuse énigme qui eût jamais existé. Non, décidément, sa for- mation ne l'avait en rien préparé à affronter un univers de savants, d'érudits, une aristocratie du savoir, privilège d'une poi- gnée d'Occidentaux fort jaloux de cette confidentialité. Sur la recommandation de son cousin, il s'appliqua à envoyer sa candidature à Pierre Lacau. La réponse ne se fit pas attendre. L'éminent égyptologue lui proposait une rencontre à Paris où il devait passer l'été. C'est le cœur battant qu'il sonna, un jour de juillet, à la porte de l'élève et successeur de . Devant Lacau, il bre- douilla d'émotion. Mais comment ne pas être impressionné par cet homme de haute stature, doté d'un physique peu commun au magnétisme déroutant. Deux yeux très vifs, profondément enfoncés dans leurs orbites, imposaient le respect. Soigneuse- ment taillée, sa longue barbe blanche rehaussait la beauté d'un visage hiératique et froid. Aucune chaleur n'émanait de cette personnalité trop consciente de sa respectabilité. Pourtant, der- rière ce calme inaltérable, au-delà de cette volonté méticuleuse, se cachait un grand érudit, un esprit brillantissime, excellent phi- lologue capable de décrypter les textes les plus ardus. A cin- quante et un ans, Lacau était l'une des sommités de l'égyptologie mondiale. Il avait appris l'hébreu avant de devenir l'élève de Mas- pero et de se consacrer alors à l'égyptologie. Mais ses compéten- ces ne s'arrêtaient pas aux textes ; il savait parfaitement étudier la structure d'un monument, en relever les moindres particulari- tés techniques. Sa mémoire fascinait tous ses collaborateurs comme les rebutait son caractère pointilleux, sans fantaisie, et qui ne savait manifester de la ferveur que dans l'application des règlements d'administration. Quand Lacau se mit à décrire le site de Sakkara, l'atmosphère du lieu, et surtout la personnalité des archéologues qui y tra- vaillaient depuis plusieurs années, Jean-Philippe eut un avant- goût de l'aventure extraordinaire qu'il allait peut-être vivre. «Je buvais chaque mot prononcé par Lacau, irrésistiblement porté par le charme mystérieux d'images pour moi si exotiques. J'étais comme un enfant à qui l'on tourne les pages d'un merveilleux livre. » Quand l'égyptologue en vint à lui exposer les termes de leur future collaboration, il ne put réprimer sa joie. Il était engagé pour huit mois par le Service des Antiquités d'Egypte en qualité d'architecte assistant de Cecil M. Firth, directeur des fouilles à Sakkara. « Pour un salaire de soixante-quinze livres égyptiennes, je devenais fonctionnaire égyptien. Comme cette monnaie était alors alignée sur le cours de la livre sterling, la somme était bien supérieure à ce que j'aurais pu espérer en tra- vaillant en France. Mais quand Lacau se rendit compte qu'il m'avait attribué un traitement égal à celui d'égyptologues confir- més, il réduisit la mensualité à cinquante livres, un salaire demeu- rant cependant tout à fait acceptable pour un débutant. » Quelques mois le séparait encore de son expédition. Il lui fal- lait attendre le contrat que Lacau lui enverrait du Caire. Mais les journées coulaient à un rythme trop lent pour le garçon fou- gueux qu'il était devenu. A vingt-quatre ans, l'idée de rompre avec une existence conventionnelle et monotone s'accordait fort bien aux rêves qu'il portait en lui. Derrière la courtoisie char- meuse, la politesse docile et le caractère affable, se laissait devi- ner la bride d'une éducation sévère. Elevé dans le carcan rigide de la bourgeoisie huppée du 16e arrondissement, il n'avait pas jusque-là dérogé aux valeurs conservatrices de sa famille dont il partageait la foi chrétienne, suivant à la lettre les préceptes de l'Eglise catholique. Pourtant, il sentait un besoin fiévreux de bri- ser enfin ce moule. Ce proche départ jetait le trouble dans ses convictions. L'idée de changer de vie l'exaltait. Mais afin d'éviter toute déception, il s'efforça de ramener l'Egypte à une expé- rience de huit mois. Rien de plus. En novembre, il reçut le contrat signé par les autorités égyp- tiennes. Il pouvait enfin partir. Il prépara ses malles avec beau- coup d'attention : instruments à dessin, vêtements adaptés au climat du désert, casque colonial et quantité de livres. Il veilla à emporter ses hautes bottes d'officier qui allaient se révéler bien pratiques dans le sable. Et le Baedeker, la bible des touristes de l'époque, un cadeau de son père. Tiraillé par une excitation fébrile, Jean-Philippe Lauer n'avait pratiquement pas dormi depuis son départ de Paris. Dans l'effer- vescence des adieux, il n'avait pas trouvé les mots pour rassurer sa mère inquiète ; ni remercié suffisamment son père qui lui avait prodigué tant de judicieux conseils ; ni montré à son frère malade combien il l'aimait... que déjà la lourde locomotive à vapeur s'était ébranlée. A peine arrivé à Marseille, il avait retiré son billet au bureau de la compagnie Fabre. De loin, il avait vu la Canebière ouvrant sa voie sur le port. De cette visite fugace dans la cité phocéenne, il emportait l'impression de ne plus être déjà tout à fait en France. La ville «blanche», profondément régénérée par l'Orient au XIX siècle, tournait depuis longtemps le dos à la terre ferme pour regarder bien « au-delà de Suez ». Dans le Panier, poumon du vieux Marseille, l'Afrique, l'Arménie, la Grèce s'étaient rassem- blées en boubou et calotte, tandis qu'au marché du Soleil, on bai- gnait en plein Maghreb, parmi le fourmillement des silhouettes en djellaba et les femmes voilées. Oui, pas de doute, il était bien au sud. Les amarres à peine levées, le bateau était passé devant le fort Saint-Jean avant de mettre le cap vers le sud-est. Au milieu des passagers qui se pressaient sur le pont, il avait contemplé la vieille cité qui redressait son haut profil devant le miroir de la mer. Protégée par les montagnes, la ville, comme Rome ou Lis- bonne, s'était assise sur sept collines et respirait sous le regard bienveillant de Notre-Dame-de-la-Garde, excroissance hybride mais sacrée pour tous les Marseillais. Le Sinaïa croisait déjà au large des côtes italiennes. A l'appro- che de Naples, un parfum d'Orient encore très subtil emplit peu à peu l'atmosphère. Installé en deuxième classe, dans le confort moelleux d'un paquebot de luxe, Lauer naviguait en mer pour la première fois. Trop timide encore pour lier des amitiés même éphémères, il passa les cinq jours de la traversée à méditer sur son bonheur, humant à grandes bouffées l'air marin, dévorant à loisir le spectacle d'un soleil franc sur une mer tranquille, toutes ces sensations nouvelles pour lui. A l'aube du cinquième jour la ligne plate de la côte égyptienne vint rompre avec la monotonie du cercle d'horizon. L'air encore frais s'attiédissait à l'approche d'une terre nourrie de soleil. Quelques palmiers paresseux sur le fond ocre du désert libyque. Une côte hérissée de grues et de cheminées. Et, se dégageant de l'outremer du ciel, des minarets comme un rêve d'Alhambra. C'était le port d'Alexandrie. Premier contact avec l'Orient. Et toutes premières impres- sions, de celles qui restent à jamais. D'abord, un souffle d'air chaud dans les narines. Puis, entêtante, l'odeur des épices. Enfin, plus ensorceleur, le parfum capiteux des jasmins. Ce fut ensuite le tour des images, celles qui se plaquèrent dans son souvenir : la rade avec son affluence extraordinaire, son débordement coloré et sa foule bigarrée. Des Grecs, des Noirs, des Maltais, des Barba- rins, tous se mêlant dans le brouhaha des porteurs et des petits marchands, chacun essayant de se frayer un chemin jusqu'au navire qui accostait. A peine à terre, les passagers se retrouvaient happés par un grouillement tumultueux où se bousculaient tous les langages de la planète. Une chaleur lourde, humide, tombait sur les malheureux voyageurs qui, ahuris et trempés, piétinés et coudoyés, ne savaient plus très bien à quel saint se vouer, inquiets à l'idée d'être séparés de leurs bagages. Inutile de héler des porteurs : ils étaient là avant même que fût esquissée la demande. Deux gaillards au corps d'athlète se chargèrent des malles de Jean-Philippe et l'escortèrent jusqu'à un taxi. Il eut juste le temps d'apercevoir, au-delà des grilles de la zone de transit, des entre- pôts massifs qui dissimulaient la ville située loin derrière. Il regrettait de quitter si rapidement Alexandrie, mais Pierre Lacau l'attendait au Caire. En pénétrant dans la gare, il prit de plein fouet le mirage de la multiplicité humaine ; il fut alors conscient d'avoir définitivement quitté l'Europe. Une foule au teint som- bre s'entrechoquait et s'embrouillait, dominée par les sons gut- turaux de l'arabe, cette langue rude et raffinée jaillie du désert. Des hommes enturbannés habillés de longues gallabiehs, d'autres à moitié nus, seulement vêtus de courtes tuniques et de bonnets de feutre, des fonctionnaires arborant leur tarbouche officiel, des Grecs aux larges pantalons, le fez à houppe bleu per- ché sur la tête. De cette inénarrable cohue émanait une étrange odeur, âpre et prégnante, que la chaleur ne faisait que renforcer. Il parvint à s'extraire de ce brouhaha indescriptible en mon- tant dans un vieux wagon anglais d'un autre siècle. Assis sur la large banquette de cuir vert d'un compartiment de première classe, il commençait à s'impatienter. Il lui tardait d'assouvir enfin sa curiosité. Quelques minutes plus tard, le sifflet strident de la locomotive à vapeur retentit, et le lourd convoi se mit en marche. A peine sorti de l'agglomération urbaine, le chemin de fer s'engagea sur une étroite langue de terre sablonneuse cou- pant en deux le lac Mariout. Sur les larges étendues d'eau, le soleil dardait des rayons si violents qu'il était impossible au regard de soutenir le spectacle de cet horizon monumental qui se fondait avec la ligne du ciel. Passant sans transition du jaune au vert, la végétation dévoila une soudaine luxuriance, due aux innombrables canaux destinés à irriguer une terre ingrate deve- nue par le miracle de l'eau d'une abondante fertilité. « L'Egypte est un don du Nil », disaient les anciens Egyptiens, une phrase qui avait intrigué Jean-Philippe Lauer lorsqu'il l'avait lue, mais qui, à présent, prenait sa véritable dimension face à l'exubérance d'une nature que les premières images arides du désert n'avaient pas permis de soupçonner. Impressionné par cette mer de blé vert, il scrutait le paysage, découvrant à perte de vue des fellahs, enfoncés dans le limon jusqu'à hauteur des cuisses. Ces hommes à la peau sombre semblaient en communion intime avec la mère nourricière, unis à elle jusqu'à en prendre la couleur, jusqu'à se fondre en elle, dans une harmonie fondamentale avec la terre et l'eau, sous la bénédiction du dieu soleil. Bibliques ! Il n'y avait pas d'autre mot pour qualifier ces images. Lui, si croyant, ne venait-il pas tout simplement de poser le pied en terre sainte ? Au passage d'un pont, le train flotta au-dessus d'un fleuve opu- lent, aux rives généreuses. Le Nil ! Mythique et sacré. On appro- chait d'Héliopolis, l'antique cité du Soleil. Strabon en avait décrit les splendeurs dans sa Géographie. Pour les théologiens de l'ancienne Egypte, Héliopolis avait inventé l'ennéade quand, à l'origine des temps, il n'existait que l'eau primordiale obscure et froide, le Chaos. Le soleil Atoum s'y était créé en se masturbant avant d'engendrer les neuf protagonistes de la légende osirienne. Lieu des mythes par excellence et berceau des sciences, la ville avait reçu Hérodote et Platon venus s'initier aux Mystères. Appe- lée primitivement l'Œil-du-Soleil, l'illustre cité fut entièrement détruite en 525 avant J.-C. par Cambyse, un roi de Perse à l'esprit troublé qui, après ce fléau, avait déporté à Suse et Persépolis les artisans égyptiens pour la construction de ses palais. Lors de la fuite en Egypte, Joseph et Marie se reposèrent non loin de ses ruines, dans le village de Matariyya. « Le Seigneur Jésus fit paraî- tre à cet endroit une fontaine où Marie lava sa tunique ; et le baume que produit le pays vient de la sueur qui coula des mem- bres de Jésus », lit-on dans l'Evangile apocryphe de l'Enfance. Cet enclos fut longtemps une oasis au milieu de sycomores et d'oran- gers. Là coulait la seule source d'eau douce jaillie de la terre nitreuse d'Egypte. Les habitants attribuaient cette qualité à la bénédiction divine. Dans le jardin demeure encore l'Arbre de la Vierge, un sycomore immense et touffu, l'un des plus beaux arbres que la terre ait nourris. C'est sous son ombrage que la Sainte Famille s'était reposée, là que l'Enfant épuisé s'était endormi sur les genoux de sa mère. Mais l'arbre historique serait mort de vieillesse au XVII siècle. Son héritier, planté près de la source divine vers 1670, avait longtemps suscité les ardeurs des Coptes qui en avaient fait un lieu de pèlerinage. L'arbre avait fini par disparaître sous les images saintes, les ex-voto, les offrandes et les chapelets, souvent abîmé par les croyants qui ne pouvaient s'empêcher d'arracher un fragment de bois ou d'écorce. Après trois heures de total dépaysement, Jean-Philippe Lauer entra en gare du Caire où Lacau avait dépêché plusieurs Égyp- tiens de son service pour le recevoir et le conduire jusqu'à la mai- son attenante au musée égyptien. Deux villas avaient été construites dans l'enceinte qui isolait le musée de la ville. L'une abritait les locaux administratifs, l'autre était destinée au direc- teur général qui régnait là en maître. Son pouvoir s'étendait en réalité sur toute l'Egypte : rien de ce qui touchait aux antiquités égyptiennes n'échappait à la juridiction de Pierre Lacau, fonc- tionnaire zélé qui n'avait de comptes à rendre qu'au roi Fouad. Le souverain lui faisait, par ailleurs, une confiance absolue. Les Egyptiens initiés à l'archéologie n'étaient pas encore nombreux à cette époque. Aussi les équipes de fouilles se composaient-elles en majorité de Français et de Britanniques. Pour ne pas froisser les susceptibilités, le directeur du Service tentait toujours d'équi- librer les postes. Ainsi, comme il avait nommé le Français Gustave Lefebvre conservateur en chef du musée, son principal adjoint était bien entendu un Anglais. Mais, ce qui lui importait, c'était avant tout la qualité du travail. Il était à ce point obsédé par l'idée de maintenir l'excellente réputation du Service des Antiquités qu'il avait tendance à ne jamais oublier qu'il appartenait à l'administration égyptienne. Sa longue barbe blanche, mais sur- tout son autorité despotique lui avait valu, de la part des employés du Service, le surnom de « Dieu le Père ». Fort prévenant à l'égard du jeune architecte, Lacau lui avait proposé de passer deux jours au Caire avant de partir pour Sak- kara. Jean-Philippe, que tant d'émotions avaient épuisé, avait accepté avec reconnaissance. Dès le lendemain, sous l'escorte bienveillante de Lacau, qui pouvait s'enorgueillir avec raison du musée qu'il avait largement contribué à aménager, Jean-Philippe Lauer traversa les salles comme il aurait parcouru la fabuleuse caverne d'Ali Baba. Il était émerveillé. Un tel condensé de trésors avait de quoi faire rêver, même si leur mise en valeur laissait encore à désirer. Plutôt lourd et massif, le bâtiment d'inspiration gréco-romaine qui avait été spécialement édifié pour recevoir les collections égyptiennes manquait de luminosité. Malraux racontait que lors de son inau- guration en 1902, les officiels en fez et redingote s'étaient sou- dain enfuis en poussant des hurlements car, dans cette atmosphère un peu trouble, « la momie de Ramsès, sorcier tragi- que à tête d'ara, mèche blanche au vent, abaissait lentement son bras vers eux »... Construit en face de l'actuelle place El-Tahrir par l'architecte français Marcel Dourgnon, le musée est entouré d'un agréable jardin où la tombe d'Auguste Mariette, le père fon- dateur du Service des Antiquités, a trouvé une place méritée. En mémoire de celui qui avait combattu sa vie durant pour la sauve- garde de son patrimoine, l'Egypte avait érigé un somptueux monument de marbre et de granit surmonté d'une statue en bronze de l'égyptologue. C'était grâce à l'initiative archarnée de Mariette que les Egyptiens possédaient un musée pharaonique d'un tel prestige. « Il y a quelque temps l'Egypte détruisait ses monuments ; elle les respecte aujourd'hui, il faut que demain elle les aime », avait-il écrit dans sa préface au catalogue du tout premier musée ouvert à Boulaq en 1858. Là aussi, il s'était battu des mois durant pour obtenir de Said-Pacha les magasins désaf- fectés de la Compagnie du Transit, seul endroit où il pouvait pro- visoirement installer l'ensemble des antiquités. Mais, en 1878, il avait frôlé le désastre, la crue du Nil ayant menacé de tout empor- ter, bâtiments et collections. Il avait alors entrepris des travaux pour restaurer et améliorer les salles. En 1889, après sa dispari- tion, les locaux explosaient sous l'abondance des vestiges que ses successeurs rapportaient des fouilles. Et comme l'argent man- quait pour entreprendre un agrandissement du bâtiment, le tout nouveau directeur du Service, Gaston Maspero, avait fait trans- porter les collections dans une immense demeure bâtie à Guizeh par le khédive Ismaël. Mais ce vieux palais, construit en maté- riaux inflammables, était une menace pour la sécurité des objets. Par chance, l'Egypte, en cette fin de siècle, traversait une période de profonde mutation et d'ouverture, elle avait donc fini par céder à la pression des archéologues et accepté de construire un vrai musée qui mettrait en valeur tous les chefs-d'œuvre sortis des sables. Lacau entraîna le jeune Lauer vers ce qui restait sa plus grande fierté : les toutes nouvelles salles aménagées pour contenir le tré- sor de Toutânkhamon. Il avait mené, trois années durant, un combat acharné contre lord Carnavon et pour résilier les termes d'une concession accordée aux deux Anglais par Maspero. Il était temps pour Lacau d'abolir cette longue tra- dition qui avait établi la règle d'un partage du produit des fouilles. Il avait lui-même préparé tous les documents juridiques pour venir à bout des procès engagés par les découvreurs de la tombe contre le gouvernement égyptien. Comme les dix années de recherche avaient épuisé sa fortune, lord Carnavon ne pouvait accepter que l'ensemble du trésor fût attribué au seul musée du Caire. Mais, plus égyptien que les Egyptiens eux-mêmes, Lacau était fermement décidé à ne plus laisser échapper un patrimoine qui, en toute légitimité, appartenait à l'Egypte. Par la suite, moyennant une indemnité financière du gouvernement, la veuve de lord Carnavon avait finalement dû abdiquer, au grand dam de Carter qui ne devait sa découverte qu'à l'extraordinaire soutien de son mécène. Devant l'ineffable beauté de la collection main- tenant exposée, Lacau ne regrettait rien de ces épuisantes années de conflit. Son regard s'allumait dès qu'il se posait sur des objets aussi fascinants que le masque d'or du jeune roi, le grand lit funé- raire en bois doré, la multitude de bijoux tous d'un raffinement extraordinaire, les étranges statues dont la plus énigmatique, celle du dieu-chacal Anubis, animal noir symbolisant le roi au moment où il sort de la mort pour entrer dans la nuit éternelle, affichait une perfection troublante. Malgré toutes les critiques sévères qu'il avait essuyées, il ne pouvait qu'être pleinement satis- fait de s'être opposé à l'hérésie d'un partage. De l'esplanade de la Citadelle, où l'air était encore d'une grande limpidité, la vue plongeait à l'infini vers El Kahirèh, la « Victorieuse », étendue entre le désert et les rives verdoyantes du Nil. La ville étalait le prodigieux dédale de ses quartiers, ses mai- sons à toit en terrasse, les innombrables dômes et minarets de ses mosquées. On prétendait qu'il y en avait plus de trois mille. Trois mille mosquées ! A elles seules, elles racontaient l'histoire de l'Egypte musulmane, chaque prince ayant souhaité en bâtir une en souvenir de sa gloire et de sa fortune. S'appuyant parfois les unes aux autres, enchevêtrées, amalgamées par l'impérieux besoin de sentir l'omniprésence d'Allah, avec leur parure d'ara- besques et leur forêt de colonnes ciselées, elles rivalisaient de grâce et d'élégance. Mosquées d'Ibn Touloun, d'El-Aqmar, d'El- Azhar, d'El-Hakim, elles affirmaient la vitalité des Omeyyades, des Abbassides, des Toulounides ou encore des Fatimides, tous ces califes venus de Syrie et qui régnèrent avec tant de faste sur l'Egypte pendant près de six siècles. Derrière ce premier plan, obturé par l'imposante façade de la mosquée du sultan Hasan, se dessinaient les quartiers européens d'Ismaïlia et de l'Ezbékiéh avec leurs villas blanches et leurs palais baroques protégés par des îlots de verdure. Enfin, détachée des terres cultivées, posée sur la ligne ocre du désert comme des sentinelles de pierre, se dressait la silhouette des trois pyramides de Guizeh. De ce premier contact charnel avec l'architecture islamique, Jean-Philippe Lauer resta longtemps ébloui. Il voyait tant d'effi- cacité et de rigueur dans cette volonté sans faille de splendeur ! Bien sûr, les architectes musulmans n'avaient rien inventé : les temples antiques s'étaient transformés en mosquées et les clo- chers en minarets. Mais avec quelle inspiration géniale ! De la colline du Mokattam, il descendit vers la vieille ville arabe pour s'enfoncer à l'intérieur de venelles si resserrées que les auvents des moucharabiehs s'imbriquaient les uns dans les autres ; au milieu d'une foule serrée de gens et de bêtes, à travers ces ruelles presque souterraines où jamais ne s'infiltrait la vraie lumière d'Egypte. L'existence, sous cette demi-obscurité, coulait chaude et retirée, véritable refuge aux ardeurs d'un soleil qui n'avait ici les faveurs de personne. Dans ces dédales aux murs décrépis, les fragrances du santal et du musc se mêlaient volontiers aux remu- gles envahissants des ordures, et l'odeur appétissante du pain chaud, ou celle plus amère du café, étaient vite absorbées par les miasmes pestilentiels des égouts à ciel ouvert. Dans ces entrelacs de mystères, toutes ces odeurs fortes, saturées, écœurantes par- fois, oui, toutes ces effluves, c'était vraiment l'Orient. Un Orient qui se respire bien avant que d'être regardé ! En proie aux flétrissures du temps, la vieille cité, courtisane décatie qui, au premier coup d'œil ne séduit plus, offrait encore la magnificence d'un raffinement suprême. Il poursuivait sa déambulation, nostalgique mais sans cesse émerveillé, notam- ment par la mosquée Qajmas el-Ishaqi, un véritable bijou d'archi- tecture mamelouke, ou par le palais Beit el-Sihaymi, inoubliable demeure aux mille dentelures de bois posée au fond d'un jardin biblique. Se laissant porter par la fascination, il se retrouva dans le Khiyamiyya, le « bazar des fabricants de tentes », long marché C'est dans la splendeur surannée du Caire que débarque Jean-Philippe Lauer un matin d'hiver de 1926. Jeune archi- tecte, il a été choisi par le directeur du Service des Antiqui- tés d'Egypte pour aider l'équipe qui vient de mettre au jour à Sakkara d'étranges monuments. Il a en poche un contrat de huit mois. Soixante-dix ans plus tard, à quatre-vingt- quatorze ans, il travaille encore sur le site de Sakkara pour reconstituer pierre par pierre les monuments du complexe funéraire du roi Djoser autour de la Pyramide à degrés, la première pyramide d'Egypte. « Dieu a oublié Monsieur Lauer », disent en souriant les Égyptiens. Les pierres de Sakkara, elles, chériront éternellement son nom. C'est aussi au Caire qu'il rencontra « Mimi », son épouse depuis soixante-six ans. Personnage pétillant d'intelligence et d'humour, cette jeune femme était la fille d'un grand helléniste, Pierre Jouguet, alors directeur de l'Institut fran- çais d'archéologie orientale. Leur histoire s'est nouée au milieu des derniers flamboiements de la monarchie et des premières chansons d'Oum Kalsoum. Leur épopée appartient à un monde qui n'est plus et qui nous fait rêver. Après des études de lettres, d'his- toire de l'art et d'égyptologie, Claudine Le Tourneur d'Ison devient journaliste. Elle collabore, entre autres, à Femme et Grands Reportages. Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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