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Il Monique PIVOT Jean-Philippe RÉTHACKER

HACHETTE ' 1983 Hachette AutantA qu'un panorama de la saison écoulée, Super Foot 83 vous offre des perspectives sur celle à venir et vous propose une fiche détaillée des quatre-vingt-seize meilleurs joueurs français et étrangers: à côté des caractéristiques essentielles sur chacun d'eux, un emplacement a été réservé afin de permettre aux vrais «mordus» de faire signer Giresse, Rocheteau, Platini et les autres. Ces fiches, détachables, constituent une grande première dans la littérature sportive. Elles ne constituent pas, pourtant, le seul objet de ce livre qui se veut, en même temps qu'un bilan, une réflexion sur le plus populaire des sports. L'aventure des Bleus lors du Mundial a encore accru l'audience et le prestige du football en , c'est pourquoi vous trouverez ici, non seulement les photos des phases de jeu les plus spectaculaires et les plus représentatives, mais aussi des articles sur les clubs, les événements et les hommes les plus marquants de l'année. Les stars du football et ceux qui sont en train de le devenir ont donc rendez-vous dans Super Foot 83 pour, nous l'espérons, votre plus grand plaisir. Monique Pivot Jean-Philippe Réthacker AUX 4 POINTS CARDINAUX

Prenons notre boussole. Pour une fois, elle indique l'Ouest et non le Nord. Cette bous- sole-là, en effet, a été formée aux affaires du football, et elle n'ignore pas que la Bretagne a été la région la mieux repré- sentée lors du championnat 82-83. Nantes a conquis le titre sans que s'élève la moindre opposition. Laval disputera la coupe de l'U. E. F. A. Brest a terminé au milieu du tableau. Rouen s'est maintenu et Rennes figure parmi L'ÉCLIPSE DU LYONNAIS les trois promus. Un équilibre parfait, qui Au bilan de la région lyonnaise, le passif risque de ne pas le rester. Faute de moyens, l'emporte sur l'actif. En puisant dans ses Laval s'est résigné à voir partir ses meilleurs ultimes ressources, Saint-Étienne est par- éléments: Redon, Krause, et jusqu'à Tempet, venu à éviter les barrages. Échappera-t-il devenu international et redevenu Lensois. pour autant à d'autres dissensions, de nou- Tout comme Brest qui a dû notamment rem- velles querelles et ces affrontements dra- placer Bureau, Bernard et Le Roux unanime- matiques où chacun eut à cœur d'amener ment considéré comme le meilleur stoppeur à la surface un peu plus de boue, un peu plus de l'année. Les Diables rouges de Rouen de honte, un peu plus d'indignité? pourront, eux, compter sur le renfort de A cinquante kilomètres de là, leurs der- Redon. Sur le papier, Rennes paraît mieux nières forces n'ont pas suffi aux Lyonnais. loti, avec l'arrivée de Stopyra, Marais, Hiard Cette fois, ils sont bel et bien en division II, et Horsmann, ce dernier transfuge du Bayern où ils entraînent... leur entraîneur, Robert Munich. Et on peut compter sur Herbin, arrivé en cours de saison pour l'opiniâtre pour que, son équipe ayant conquis tenter l'impossible sauvetage. Là aussi, les sa place au paradis, elle n'y renonce pas luttes intestines et des interventions souvent sans s'être battue jusqu'à son dernier souffle. inopportunes de la municipalité ont rendu désespérée une situation déjà bien compliquée. CHAUD ET FROID DANS LE NORD Polonais, «l'ancien », Ogaza, et le nouveau, Le Nord, quant à lui, a soufflé le chaud et Tlokinski, et sur la présence sécurisante, le froid — et le climat n'y est pour rien. Tan- dans les buts, de Tempet, cependant qu'à dis que Gérard Houllier transcendait une Lille Dos Santos a vu partir onze joueurs auce lensoise jugée modeste au départ, (un record). Ces départs massifs étant com- le L.O.S.C. manquait de sombrer dans des pensés par l'arrivée des Yougoslaves Savic rivalités des personnes et de méthode. Les et Primorac, du Monégasque Ricort et du Sang et Or pourront compter sur leurs Brestois Bureau.

L'EST : PAS DE QUOI SE VANTER L'Est ne pavoise pas non plus. Nancy, qui n'en attendait pas tant en début de saison, a cependant manqué de peu une partici- pation européenne, et a dû céder Zénier à . Metz, pour être la seule équipe à avoir battu le champion à Marcel-Saupin, n'en a pas moins terminé à la neuvième place, et le club ne doit sa survie qu'à un accord conclu six jours avant la reprise du championnat et à une aide de la Ligue nationale. Strasbourg a dû combattre jusqu'à la fin pour échapper aux barrages. Ce qu'a raté Mulhouse, victime d'un système de jeu dépassé et d'une défense encore plus dépassée. Les gens de l'Est ont retenu la leçon: Nancy a fait signer l'Italo-Ivoirien Zahoui, et Pécout, le «banni» de Monaco, portera désormais les couleurs de Metz. Strasbourg «s'offre» Sundermann, ex-coach de Stuttgart (il vient sans Six) tandis que Banide, ex- Monaco, entraînera désormais Mulhouse (avec Six). L'avenir de Sochaux, après une saison en demi-teinte, s'annonce nettement plus sou- riant, grâce notamment aux duettistes Paille- Fernier qui font passer un vent de jeunesse sur le vieux stade Bonal.

LE MIDI SE DÉFEND Le Midi a accompli une performance moyenne: personne en coupes d'Europe, Monaco ayant rétabli trop tard une situation compromise en début de saison, mais deux équipes, Nîmes et Toulon, qui accèdent à la division I, et Bastia qui s'y est finalement et miraculeusement maintenu. C'est sans doute pour chasser le spectre de la relé- gation, qui chaque année s'étend sur l'île de Beauté, que les Corses ont enrôlé l'Espa- gnol Solsona et l'Argentin Tarantini. Rien à voir, cependant, avec le plétho- rique recrutement effectué par les Moné- gasques: un entraîneur tout d'abord, Banide partant pour des cieux moins cléments, et des acteurs de premier plan: Le Roux, Krause, Bravo, Genghini, Benoît, Simon... Départ, en revanche, d'Edstroem, de Vitalis, de Ricort, de Barberis et de Pécout. Sous la direction de , l'« Espagnole Monaco se muscle. ont ainsi succédé le 4-2-4 de nos pères, le 4-3-3 de nos oncles, et le 4-4-2 contem- porain de nos enfants. 4-2-4, 4-3-3, 4-4-2 : vous avez tout de suite DANS LE VENT vu et compris que si la tête de la défense n'a pas changé, le ventre du milieu a beaucoup grossi, pendant que les jambes de l'attaque maigrissaient à vue d'œil! DU 4-4-2... On s'est tout simplement aperçu au fil des années que les défenses devenant de mieux en mieux organisées et les défenseurs de plus en plus habiles et invulnérables, il était indispensable de reculer les bases de l'attaque pour créer effet de surprise ou surnombre. Évolution tactique d'autant plus

efficace que les progrès techniques et tacti- ques réalisés par les joueurs du milieu et par les arrières faisaient de ces derniers des créateurs ou des finisseurs tout aussi redou- tables que les spécialistes de l'attaque. Quatre demis derrière deux avants, est-ce vraiment une nouveauté? Les Anglais qui ont inventé le football, et qui ne sont pas L'organisation et l'animation tactique d'une si conformistes qu'on veut bien le dire, équipe de football ne cessent d'évoluer et avaient déjà provoqué la révolution du WM de se transformer, à l'image de ces ludions vers les années 1930-35. Trente ans plus aquatiques et visqueux qui dans un vase tard, pour remporter enfin leur premier illuminé, aux eaux colorées, changent cons- titre de champions du monde, ils innovèrent tamment de forme. une fois encore avec une formation où Alf Le football est ainsi vie et mouvement Ramsey, le grand patron technique de perpétuel, mais un certain ordre mathéma- tique, voire géométrique, permet à l'équipe d'associer ses forces, ses efforts, et d'en tirer le meilleur parti, Ainsi en fut-il toujours la sélection anglaise 1966, décida de faire de l'art militaire, auquel le football et ses replier ses deux ailiers, Ball et Peters, à techniciens empruntèrent tant d'idées et de hauteur de ses demis, et de ne laisser en réalisations... attaque que deux centre-avants, Hurst et Depuis vingt-cinq ans, la terminologie Hunt, double pointe acérée et meurtrière en matière tactique a remplacé les lettres de la flèche offensive. par les chiffres. Au WM de nos grands-pères Ce fut, à notre connaissance, le premier embryon d'un 4-4-2 qui allait naître offi- ciellement en Espagne au cours de l'été 1982. Certes, avant ce Mundial-là, bon nombre d'équipes de club (comme Ipswich 1981, Aston Villa et le Bayern 1982) ou de sélection nationale (comme la Belgique, l'Allemagne fédérale, l'U.R.S.S., l'Angleterre) avaient opté pour ce dispositif tactique. Mais la

révolution vint surtout du Brésil et de la France, dont les responsables techniques Tele Santana et- , abondam- ment et richement pourvus en «milieux de terrain» de grand talent, abandonnèrent délibérément leur 4-3-3 de prédilection pour un 4-4-2 bourré, malgré les apparences, de ressources et de forces offensives. Il est vrai que, lorsqu'on possède dans son effectif un quatuor d'entrejeu comme l'association Zico-Cerezo-Falcao-Socratés, ou comme l'ensemble Tigana-Giresse-Platini-Genghini, on est bien obligé de construire l'équipe autour de ces quatre perles rares, rois de l'offensive. Quitte à prendre des risques et à s'exposer aux déconvenues, comme ce fut hélas le cas pour les deux équipes les plus brillantes et les plus spectaculaires du tournoi... Mais grâce à eux, grâce à l'exemple qu'ils donnèrent d'une utilisation du 4-4-2 intelligente et surtout audacieuse, entrepre- nante, carrément et constamment tournée vers l'attaque, le mouvement fut lancé et bien lancé. L'équipe de France 1982-83 y est d'autant plus restée fidèle que Michel Hidalgo a vu éclore dans son jardin tricolore de nouvelles pousses, talents prometteurs concentrés eux aussi dans cet entre jeu déjà autant A ce propos, on aura suivi, non sans intérêt, les efforts déployés par l'entraîneur lensois Gérard Houllier, nouveau venu dans le cir- cuit professionnel, et par son collègue you- encombré qu'une plage méditerranéenne goslave de Brest Nenkovic, pour sortir du au mois d'août: Fernandez, Lemoult, Ferreri, train-train routinier et tenter quelques coups Touré, quatre gaillards tout neufs qui pour- tactiques inédits et insolites. raient déjà, à eux seuls, assurer rapidement Devant la multiplication des 4-4-2 adverses la relève de leurs aînés! Houllier n'hésite pas, en plusieurs occasions, Le problème-pour le sélectionneur, comme à aligner carrément trois arrières, quatre pour beaucoup de ses collègues, est de demis et trois attaquants, afin d'enrichir l'ar- trouver en attaque les deux bonshommes mement offensif de son équipe lensoise, tout susceptibles de faire le ménage et de tra- en maintenant une surveillance assidue et vailler les défenseurs adverses au corps et renforcée des deux avants adverses. au moral. Ce qui n'est pas une besogne Quant à Nenkovic, il joua beaucoup avec de tout repos... La saison dernière, le Bordeaux d'Aimé Jacquet s'était résolument tourné vers la nouvelle formule en raison de la venue de l'Allemand Dieter Muller, centre-avant type au jeu de tête redoutable, dont la masse athlétique et le poids complétaient fort bien ses liberos et avec ses stoppeurs, confiant le jeu tout en finesse et en vivacité de Bernard parfois le poste de couvreur à son compa- Lacombe son compère. Malheureusement, triote Vabec, attaquant de métier, fusé et les blessures et une forme physique souvent très habile, tout en lui adjoignant comme précaire amoindrirent le rendement de gardes du corps deux stoppeurs au lieu d'un ; Muller, et par là même celui de l'équipe et surtout en tirant le maximum d'efficacité entière. offensive d'un athlète-footballeur nommé Plus heureux furent les lauréats européens Le Roux, une des révélations de la saison, de l'année, Hambourg et Anderlecht, que joueur capable de passer d'une minute à leur 4-4-2 mena jusqu'au triomphe final. Les l'autre du poste obscur et destructeur de Allemands d' tirant une fois stoppeur au rôle plus noble de centre-avant de plus parti de la taille, des détentes et et de buteur, où il fit souvent merveille. des coups de tête de leur géant Hrubesch. Quand on vous disait que le football, joué, animé, créé par les hommes, sur le banc de touche et sur le terrain, était plus que jamais vie et mouvement perpétuel, et qu'il Et les Belges de Paul Van Himst utilisant au n'avait pas fini de se transformer sans cesse... maximum les qualités de buteur de Vanden Berg et du subtil Lozano. Certes, le football français au niveau des clubs n'a pas encore totalement effectué sa reconversion tactique puisque Nantes et le Paris-Saint-Germain, les champions de l'année, sont presque toujours restés fidèles à un 4-3-3 qui leur a fort bien réussi (les Parisiens flirtant tout de même souvent, après l'arrivée de Susic, avec un milieu à quatre joueurs, et les Nantais s'y essayant parfois sans grand succès). Il reste cependant que tout ce remue- ménage aura réveillé les esprits et excité la curiosité des chercheurs.

NANTES : TOUS POUR UN

Pour sa première année au top niveau, Jean-Claude Suaudeau pouvait difficilement faire mieux. Nantes a dominé, laminé, écrasé le championnat. Pourtant, si vous lui deman- dez quel souvenir il garde de la saison 1982-83, Coco Suaudeau vous parlera de la finale perdue contre le P. S. G. Car, pour cet amou- reux d'absolu, seule la perfection est digne d'intérêt. Au F.C. Nantes, égaré l'année précédente dans de sombres querelles, il a rendu sa vocation un moment perdue qui passe d'abord par le jeu collectif, ensuite par le jeu collectif, enfin par le jeu collectif. N'oubliez pas cela quand vous regardez évoluer les Canaris: une seule touche de balle, un partenaire en soutien et un jeu sans ballon qui déconcerte l'adversaire. Alors qu'on le croyait passé par ici, le Nantais est repassé par là. Cette politique du «tous pour un», Suau- deau en est évidemment l'artisan privilégié. Né à Cholet (déjà la Bretagne), il a fait toute sa carrière au F.C. Nantes: comme joueur d'abord, puis comme entraîneur chargé de la formation des jeunes. Il a longtemps œuvré dans l'ombre de José Arribas, puis de Jean Vincent. Quand celui-ci, contesté par les joueurs et par la direction même du club, s'est éloigné pour une brève campagne au Cameroun avant de regagner Rennes, c'est tout naturellement Suaudeau qui s'est trouvé en charge de l'équipe première. Homme du sérail nantais, il a restauré les principes maison — ordre, discipline, dis- Une couronne pour le roi Suaudeau, crétion — sans pour autant laisser sa langue mais pas de Coupe et plus de barbe pour Amisse et Touré. au vestiaire quand il s'agit de se prononcer sur les performances de ses joueurs ou sur Et pourtant... pourtant, ce soir-là 11 juin 83, le recrutement effectué (ou non effectué) les Nantais, après avoir fourni une mi-temps à l'inter-saison. de rêve, se sont battus eux-mêmes, oubliant Dans ce club où règne la courtoisie, le aux vestiaires leur allégresse et leur virtuo- départ de Thierry Tusseau — « rapté » dès sité. Alors arriva ce qui devait arriver, la LES FIDÈLES le mois de mai par les Girondins — a fait défaite — et pour la troisième fois, adieu Le cas de Jean-Claude Suaudeau, grand bruit. Car on part peu du F. C. Nantes. le doublé. Les joueurs de Suaudeau s'en sont ex-joueur du F.C. Nantes devenant Tous, Halilhodzic mis à part, sont originaires vite consolés: d'autres affrontements les ensuite entraîneur du club, n'est pas du club, depuis le génial Touré jusqu'à attendent, qui ne leur ont jamais beaucoup exceptionnel. Dans un passé plus Amisse et Adonkor, autre révélation 83. réussi. Pour résister à l'appétit des grands ou moins récent, on a vu de la même Coco Suaudeau les connaît à fond, il sait monstres européens, qui coûta naguère aux façon à et ce qu'il est en droit d'attendre et en devoir Canaris leurs plus belles plumes, Suaudeau à Saint-Étienne suivre d'exiger. On l'a vu, lors d'une saison 1981-82 aurait voulu un arrière ou un milieu de terrain, semblable filière. indigne du standing nantais, se ronger les Le Roux ou Bravo. La réponse du président Aujourd'hui, ils sont six autres en- sangs sur le banc de touche. La suivante lui Fonteneau est tombée comme un couperet: traîneurs de première division à être a permis de s'exprimer complètement, et trop cher, nous n'avons pas les moyens. restés fidèles à leurs couleurs: Bar- c'est avec les mêmes hommes qui avaient, Les champions de France devront se laguet à Nîmes, Collot à Nancy, l'année précédente, tout raté, que les Jaunes « contenter» d'un autre Niçois, Buscher. Leur Duval à Toulon, Le Milinaire à Laval, ont failli tout gagner. A la trêve, ils avaient effectif est d'ailleurs suffisamment riche et Dos Santos à Lille et à déjà empoché le championnat et leur par- varié pour «couvrir» tous leurs besoins, et . cours jusqu'à la finale de la coupe de France le centre de La Jonelière est une pépinière ne fut guère qu'une formalité, si l'on excepte de talents. Suaudeau n'aura qu'à y puiser un piètre match nul devant Lille lors des puisqu'aussi bien, à Nantes, on ne pense qu'à demi-finales. l'avenir,'foi de Canari! 15

PARIS-BORELLI

A le voir comme ça, costume gris-chemise- cravate-pochette de cuir et mèche frisée, on pourrait le prendre pour un homme d'affaires. Il l'est effectivement (directeur de société, dit-il), Ça figure sur son passe- port. Le passeport ne dit pas tout: Francis Borelli est avant tout supporter et président du P. S. G. La petite histoire du football retiendra de Borelli ses facéties quand il se prosterne et embrasse la pelouse du Parc après deux finales de Coupe remportées successi- vement, ses regards faussement étonnés quand on lui demande s'il a vraiment télé- phoné au président X pour acheter le joueur Y, la frénésie qu'il contient mal quand son équipe ne fait pas ce qu'il faut, tout ce qu'il faut pour gagner. L'histoire aurait tort de ne s'attacher qu'à ces manies. Car derrière Borelli, et grâce Quand Borelli gagne son... Paris, à lui, se profile un club ambitieux. On dit mais perd Peyroche. le P. S. G. riche; les dirigeants démentent: leur budget (40 000 000 de francs) est en équilibre, voilà tout. Cette année, ils n'ont pas fait d'extravagances: ayant laissé partir de quatre places, louée à l'année, est pro- Peyroche, Kist, Col et Boubacar, ils ont posée pour une somme allant de 35 000 à ... engagé Leduc, Janvion, Hédoire, Couriol, 70 000 francs, matches de coupe d'Europe, Abreu et Assad (celui-ci, indisponible en parking et champagne compris. A ce prix-là, début de saison, ne devrait pas tarder à seules les sociétés — et les sociétés en atteindre son meilleur rendement). C'est bonne santé — sont évidemment candidates, peu pour un club qui, au moment des trans- qui désormais n'emmèneront plus leurs ferts, fait généralement beaucoup parler clients aux Folies-Bergère mais au V. I. P. S. G. de lui. Ça fait plus chic et, vis-à-vis de l'épouse restée à la maison, c'est nettement moins compromettant. PARIS-FOLIES Une moyenne de 26 000 spectateurs sur Le P. S. G. a décidé, pour 1983-84, d'in- lesquels on compte près de 7 500 abonnés: vestir dans l'immobilier. A l'image du stade le P. S. G. fait des envieux dans le monde du Aztèque de Mexico et, dans un autre do- football. Avec une opération comme celle maine, de Roland-Garros, des loges ont été du V.I.P.S.G., sorte de «club dans le club», aménagées au-dessus de la tribune officielle il cherche évidemment à améliorer son du parc des Princes. Chacune de ces loges image de marque, que ternissent souvent les débordements de certains spectateurs. Lors des matches chauds (finales de Coupe, Yl('\trlmmPTlt) il n'est Dr1S rare de voir, dans la tribune Boulogne, briller les rnuns-dp- poing américains. Paris n'est pas Liverpool, certes, mais il ne faudrait pas qu'il le de- vienne. Pour être né en Algérie et avoir joué avec l'équipe de Tunisie, Borelli sait ce qu'est un public au sang chaud. Il n'entend pas que celui de Paris gâche les perspectives d'ave- nir qui s'offrent au club en ce début de saison : bien tombés lors du tirage au sort de la coupe des Coupes, les Parisiens ont toujours ce petit plus de chance qui leur permet de se tirer de situations périlleuses. A eux, désormais, d'acquérir la sérénité grâce à laquelle ils feront fructifier au mieux leur capital chance-argent... BORDEAUX :

LA VIE

DE CHÂTEAUX

« Le prix s'oublie, la qualité reste. » Cet adage, devenu slogan publicitaire, est aussi la devise des Girondins de Bordeaux. Cha- que année, en effet, les Bordelais raflent ce qu'il y a de mieux sur le marché. Chaque année, on se dit qu'avec une telle armada, ils vont « faire un malheur ». Et chaque année, on est bien obligé de déchanter. On imagine alors l'humeur de Claude Bez. Car ce pré- sident-là, volontaire, emporté, provocant et provocateur, ce président-là ne peut se satisfaire d'une place de second à dix points de Nantes, d'une élimination peu glorieuse en coupe de France (toujours face à Nantes, hélas!) et d'une autre élimination, non moins décevante, en huitièmes de finale de l'U. E.F. A., devant Université Craîova. Bez se définit comme un patron de combat. A patron de combat, équipe de combattants. C'est pourquoi, une fois encore, le bouillant président des Girondins a persuadé Jacques Chaban-Delmas, son maire et ami, qu'il lui fallait Battiston, Tusseau et Zénier, Davan- tage de rigueur en défense, une plus grande vélocité en attaque.

VIN DE TABLE ET GRAND CRU Pour être souvent brillant, voire étour- dissant, le jeu des Bordelais fait cependant la part trop belle à la contre-attaque, au détriment de l'attaque élaborée, concertée. C'est la faute, sans doute, au brio de Giresse, à la superbe de Tigana, à l'efficacité de Muller et de Lacombe (qui a franchi le cap Un président de combat des 200 buts) : quand il manque un des ingré- (Claude Bez), dients, on a un bordeaux volatil et léger. un dribbleur de charme Un vin de table au lieu du grand cru que (), Claude Bez et Aimé Jacquet voudraient ser- deux cerveaux vir à chaque match. (Aimé Jacquet et ) Bez-Jacquet, Mémé Jacquet-Claude Bez, dans quelque sens qu'on l'observe, voici un curieux attelage pour tirer le char giron- din: Bez la flamme, Jacquet la pondération. Quand le premier tempête, le second ex- plique. Quand le second analyse, le premier agit. A charge pour Didier Couécou, le di- recteur technique, de prendre le pouls et d'administrer les calmants nécessaires. 15 500 SPECTATEURS La subvention de la municipalité est, chiffre officiel, de 4 millions de francs. Quant à la moyenne des spectateurs de l'antique Stade vélodrome, elle s'est élevée, pour la saison 1982-83, à 15 500 spectateurs. C'est dire si les frères Malardeau, des résidences du même nom, sponsors des Girondins, aiment le football. L'équipe 1983-84, avec neuf internatio- naux A (quelques milliards sur la pelouse), impressionne par sa maturité et la complé- mentarité entre les lignes. Si Trésor, record- man des sélections en compagnie de , redevient le super libero qu'il était, nul doute que les Girondins iront de l'avant, assurés que leur défense, si elle plie, ne rompt pas. 19 jour de gloire pour Gérard Houllier et pour Lens européen. LENS ET GÉRARD BOULLIER: TOUTE PEINE MÉRITE SALAIRE Le parcours de Gérard Houllier n'est pas recruter, trouver une maison pour Untel, banal : instituteur avant de devenir professeur une voiture pour un autre. C'était passionnant. d'anglais dans un C. E. G., puis dans un lycée, Pourtant, il fallait que je change. à l'École supérieure de commerce de Lille — Et vous teniez à rester dans la région? enfin, on le retrouve quelques années plus — Lens était un club de première division, tard entraîneur d'un club de première divi- perfectible, je connaissais les joueurs, je sion — et pas n'importe lequel, le Racing connais la mentalité du Nord. Et puis, incons- Club de Lens, 4e du championnat 83, donc ciemment c'était un peu un rêve d'enfant que qualifié pour une coupe européenne. je réalisais. « Ma trajectoire football a suivi ma trajec- — Vous êtes enraciné dans votre terroir? toire universitaire, explique celui qu'on sur- — Ailleurs, je m'adapterais. nomme le "petit prof' [mais il n'est pas petit, — Vous n'aimez guère, Gérard Houllier, et il n'est plus prof]. Je suis né en 1947 à divulguer vos "recettes". Quels sont, cepen- Thérouanne, dans le Pas-de-Calais, et je dant, les grands principes qui guident votre jouais à Hucqueliers, un village voisin. Nous travail? étions une bande de copains, et nous pen- — La tolérance, la disponibilité, le sens de sions davantage à rester ensemble qu'à l'humour. La tolérance, parce qu'elle suppose accomplir une carrière de premier plan. le respect des autres, qu'elle permet de D'ailleurs, même si l'occasion s'était pré- gagner du temps... et des matches. La dis- sentée, mes parents ne m'auraient pas laissé ponibilité : les joueurs ont besoin que je sois partir... là et que je les écoute. Je suis toujours prêt — Les dirigeants de Liverpool prétendent à les aider, ce qui me permet de me montrer que vous avez joué chez eux. exigeant sur le terrain. Et puis l'humour: — Oui... mais avec l'équipe de division III. indispensable pour entraîner. Entre-temps, comme mon père était tombé — Fréquentez-vous vos joueurs en dehors malade et que nous avions des problèmes du stade Félix-Bollaert? d'argent, j'étais devenu instituteur tout en — Un sportif de haut niveau ne peut pas continuant mes études. C'est comme ça que . se permettre de sortir beaucoup. Pourtant, je suis devenu lecteur en fac, à Liverpool, quand on a perdu et que je vois que les gars et jouant en troisième division... sont déçus, je m'arrange pour les retrou- — Quel souvenir gardez-vous de l'en- ver en ville. C'est une espèce d'accord seignement? tacite. Vous voyez, on en revient à la dispo- — Bon, mais je n'y retournerai pas, Le nibilité, football correspond mieux à ma nature: — A quel football vont vos préférences? il y a plus de mouvance, plus de remise en — Je rêve d'un cocktail qui associerait les question, d'enjeu. Si je devais quitter Lens, qualités morales des Anglais, le jusqu'au- je me bagarrerais pour trouver un club. Il y boutisme allemand et la technique des Latins. a neuf ans que j'entraîne des seniors: au — Vos voisins lillois vous donnent favoris Touquet d'abord, puis à Nœux-les Mines et pour le championnat 83-84. Ils ne sont pour- ici, à Lens, et je peux dire qu'en matière tant pas suspects de mansuétude à votre de psychologie, le foot m'a tout appris. égard... — Vous n'avez donc jamais regretté votre — Ou ils nous connaissent bien, ou on leur choix? fait impression. — En réalité, je n'ai pas choisi. Quand — Et vous, y croyez-vous? je jouais au Touquet, l'entraîneur était Jean — Eh bien, si nous étions champions, je Sérafin. En 1976, j'ai eu un problème avec ne serais pas étonné, je serais drôlement le président. J'ai donc quitté le club après un surpris. Lens a pour lui sa jeunesse, sa vi- dernier match contre l'équipe de France tesse, son esprit de corps. Il lui manque juniors — il y avait là, entre autres, Lacuesta, encore le vécu. Zénier, Larios... Je venais d'obtenir mon — L'expérience, en somme? diplôme, et j'ai postulé pour être entraîneur — L'expérience, oui. Les Monégasques, à Arras, où j'habitais déjà. On m'a préféré les Nantais ont plus de bouteille que nous. Simon Flak... On ne peut pas faire des piqûres d'expé- — ...qui quittait Nœux-les-Mines... rience, on peut simplement faire évoluer — Oui. Debeugny cherchait un adjoint les mentalités, dégager, à un moment donné, pour l'équipe seniors, qui s'occuperait en un dénominateur commun... même temps des juniors. J'y suis resté cinq — Gérard Houllier, parlez-vous polonais? saisons. Je faisais tout, à Nœux: entraîner, — Non. Juste une ou deux injures. » LE 10 JOUE ET Si a lancé sur le marché du prêt-à-porter et du vêtement d'enfant son n° 10 de footballeur, tout comme on lance un N° 5 parfumé ou un Number One alcoo- lisé, ce n'est sûrement pas par hasard. Dans le football, le «dix» est un nombre magique depuis belle lurette, car il a toujours rassemblé sous son maillot toute une aristo- cratie d'artistes et de super-stars qui s'appe- lèrent successivement Fritz Walter, capitaine des premiers champions du monde alle- mands en 1954, Ferenc Puskas, Roger Pian- toni, , Omar Sivori, Overath, Van Haneghem, Gerson, Rivera, Eusebio et bien entendu le plus grand, le plus génial de tous, Pelé. ses arabesques techniques, ses feux d'artifice Une majorité de gauchers dans le lot bien de buteur, et ses heures de gloire, exerce sûr, puisque au départ il s'agit d'occuper sur les jeunes joueurs une attraction irré- le côté gauche du milieu offensif de l'équipe, sistible. Il s'est vite imposé comme l'une l'ancien inter gauche du bon vieux WM des vedettes de l'équipe, au même titre que ayant été pendant longtemps le chevalier le gardien et le libero, autres monstres servant, l'ombre et presque le frère de l'ai- sacrés qui ont une vie un peu à part dans la lier gauche n° 11, qu'il faisait vivre et agir collectivité à onze, par ses passes précises et sa présence Dans le sillage de Michel Platini — et fidèle. comme si son départ pour l'Italie avait ouvert Et puis Pelé vint, droitier déporté à gauche, une porte dans laquelle s'est précipitée, qui allait faire du n° 10, plus encore qu'un tête basse, une bande de jeunes gens tous maillot célèbre qu'on s'arrachait partout, un plus doués les uns que les autres — on a vu véritable poste, un personnage tactique en effet apparaître, et déjà s'entrebattre, tenant une place bien déterminée dans le Nantais José Touré et l'Auxerrois Jean- le 4-2-4 parti du Brésil. A un tel point qu'on Marc Ferreri, qui n'ont pas raté le train de finit par dire d'un joueur du milieu tenant l'équipe de France et s'y sont installés un rôle offensif côté gauche, non plus « c'est confortablement, solidement. Tandis que sur un milieu ou un deuxième centre-avant», le quai, prêts à monter en marche, piaffant mais « c'est un numéro 10 ». d'impatience, attendent le néo-Monégasque Pelé, Platini, Maradona: l'exemple venant , le Lensois d'en haut, tous les gamins du monde entier et le néo-Brestois Joël Henry. se sont mis à rêver du n° 10. Et si l'on trouve Touré, sorte de Noah du football, né d'une beaucoup moins qu'auparavant des arrières, mère française et d'un père malien, est des ailiers ou des avants-centre, c'est parce pourvu comme Yannick le tennisman que le n° 10, avec ses libertés, ses fantaisies, de dons athlétiques prodigieux, qui lui TOURÉ TOURÉ F.C. Nantes Prénom: José Né le: 24 avril 1961 à Nancy Morphologie: 1,82 m, 76 kg Poste: Milieu de terrain Club précédent: Blois Total des sélections en équipe de France A: 2 Saison 1982-83 Club: F.C. Nantes Matches joués en championnat: 37 Buts marqués: 13 Sélections en équipe de France A: 2 (Yougoslavie et Belgique) But marqué: 1 (Yougoslavie) Points forts: Jeu de tête, rapidité, adresse diabolique, imagination Points faibles: Veut parfois trop en faire entre le jeu de numéro 10 et celui de numéro 9 On l'a surnommé le «Brésilien» de Nantes et du football français. Et il est vrai que ce magnifique athlète possède, COTE: comme le tennisman Yannick Noah, des dons excep- tionnels de souplesse, de détente, d'adresse. Son habi- leté dans le dribble, son jeu de tête, ses dons de buteur sont prodigieux. Ils lui ont permis de marquer en finale de Coupe un but d'anthologie, et de faire en équipe de France des débuts étincelants et prometteurs.

Â,A -Lutant qu'un panorama de la saison écoulée, Super Foot 83 vous offre des perspectives sur celle à venir et vous propose une fiche détaillée des quatre-vingt- seize meilleurs joueurs français et étrangers: à côté des caractéristiques essentielles sur chacun d'eux, un emplacement a été réservé afin de permettre aux vrais «mordus» de faire signer Giresse, Rocheteau, Platini et les autres. Ces fiches, détachables, constituent une grande première dans la littérature sportive. Elles ne constituent pas, pourtant, le seul objet de ce livre qui se veut, en même temps qu'un bilan, une réflexion sur le plus populaire des sports. L'aventure des Bleus lors du Mundial a encore accru l'audience et le prestige du football en France, c'est pourquoi vous trouverez ici, non seulement les photos des phases de jeu les plus spectaculaires et les plus représentatives, mais aussi des articles sur les clubs, les événements et les hommes les plus marquants de l'année. Les stars du football et ceux qui sont en train de le devenir ont donc rendez-vous dans Super Foot 83 pour, nous l'espérons, votre plus grand plaisir. Monique Pivot 34.0493.6 Jean-Philippe Réthacker Imprimé on Francs - SUD-OFFSET - 94 RUNGIS Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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