Samedi 12 Novembre Alexei Lubimov a Le Xe I Lu B Im Ov
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Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Samedi 12 novembre Alexei Lubimov Dans le cadre du cycle La mélancolie Du 8 au 13 novembre Samedi 12 novembre Samedi 12 | Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Alexei Lubimov Alexei Cycle La mélancolie « Soleil noir » de Nerval, « bile noire» d’Hippocrate, « oiseau d’ébène » d’Edgar Poe, la ténébreuse mélancolie enveloppe celui qu’elle atteint « d’un jour noir plus triste que les nuits » (Baudelaire). Si l’Église médiévale la condamna, Aristote et Kant l’associèrent au génie et à la création. Considérée comme un remède à la mélancolie, la musique en est en même temps la voix. Carl Philipp Emanuel Bach, dans son trio Sanguineus & Melancholicus (ca 1751), se situe dans la perspective de la théorie humorale. Préigurant La Malinconia de Beethoven, sa partition est fondée sur deux caractères, Melancholicus, Allegretto en do mineur, et Sanguineus, Presto en mi bémol majeur, qui, selon l’auteur, « se disputent […] jusqu’à la in du deuxième mouvement », où « le Mélancolique cède ». Longtemps après la disqualiication scientiique de la théorie des humeurs, cette dernière a conservé la puissance des écrits fondateurs : c’est cette place que Pascal Dusapin lui assigne dans sa Melancholia (1991), « opératorio » qui donne à ces textes anciens un caractère sacral. La mélancolie retrouve tout son prix dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Des mythes et des dieux, venus du Nord, tendent à remplacer la mythologie gréco-latine. Ossian, légendaire barde et guerrier irlandais du IIIe siècle, est célébré dans toute l’Europe comme le nouvel Homère et mis en musique par Schubert. Carl Philipp Emanuel Bach cultive une écriture introspective, lieu du Phantasieren, l’improvisation au clavier. Dans les décennies suivantes, cette instabilité, marquant également le début de la Sonate « La Tempête » de Beethoven, incarnera l’inquiétude du héros romantique. Ainsi, celui-ci proclame, dans La Belle Meunière de Schubert, que le cœur de sa bien- aimée lui appartient (Mein!, n° 11) : mais l’expression de son triomphe est afaiblie par d’incessantes modulations. À l’opposé de cette agitation, la pétriication du discours exprime un autre aspect de la mélancolie romantique ; ainsi en est-il dans le dernier lied de La Belle Meunière ou dans le thème du mouvement lent du quatuor La Jeune Fille et la Mort, emprunté au lied éponyme. Ainsi gelé, le lux musical exprime le caractère illusoire des élans humains, comme le font les vanités dans la peinture. Proche parente de la mélancolie, la nostalgie, à l’origine le mal du pays, est un trait dominant du romantisme allemand. Le Quintette op. 34 de Brahms, dans ses tournures populaires et ses archaïsmes, est imprégné de la nostalgie du Vaterland, une terre à la fois originelle et idéale. L’homme habité par la nostalgie, comme les voyageurs des tableaux de Caspar David Friedrich, est livré à la solitude, que dépeint le lied de Schubert Der Wanderer ; cette quête, qui est aussi celle de soi, aboutit au sentiment d’échec et de malédiction : « Là où tu n’es pas est le bonheur », conclut le lied. À ce « nulle part » fera écho le « nevermore » scandé par le corbeau d’Edgar Poe. À la in de Requiem Canticles, Stravinski fait sonner un carillon, écho de la Russie de sa jeunesse. Si la mélancolie inspire dans cette œuvre au musicien, alors très âgé, une sorte d’inventaire de ses souvenirs et de ses diférents styles, elle pousse aussi certains compositeurs, dans son expression exacerbée, le mal de vivre, à explorer de nouveaux territoires. Ainsi, dans la Vallée d’Obermann de Liszt, la soufrance imprime à l’œuvre sa forme et son langage. Anne Rousselin DU MARDI 8 AU DIMANCHE 13 NOVEMBRE MARDI 8 NOVEMBRE – 20H JEUDI 10 NOVEMBRE – 20H SAMEDI 12 NOVEMBRE – 20H SALLE PLEYEL Franz Schubert Jan Ladislav Dussek Franz Schubert Quatuor à cordes n° 14 « La Jeune Fille et La Mort de Marie-Antoinette La Belle Meunière la Mort » Ludwig van Beethoven Edgar Allan Poe Sonate n° 17 « La Tempête » Matthias Goerne, baryton Le Corbeau Louis-Joseph-Ferdinand Hérold Christophe Eschenbach, piano Johannes Brahms Sonate en ut mineur « L’Amante disperato » Quintette pour piano et cordes op. 34 Franz Schubert Wanderer-Fantasie MERCREDI 9 NOVEMBRE – 15H Quatuor Ludwig JEUDI 10 NOVEMBRE – 10H ET 14H30 François-René Duchâble, piano Alexei Lubimov, fac-similé du piano Érard SPECTACLE JEUNE PUBLIC Alain Carré, récitant 1802, piano Brodmann 1814 (collection Musée de la musique) Merci Facteur ! De et par Richard Graille VENDREDI 11 NOVEMBRE – 20H Poèmes Jules Mougin (1912-2010) SAMEDI 12 NOVEMBRE – 20H Mise en scène et décor Hubert Jégat Le Sanguin et le Mélancolique Igor Stravinski Carl Philipp Emanuel Bach Requiem Canticles MERCREDI 9 NOVEMBRE – 20H L’Adieu à mon clavier Silbermann Wq 66 John Cage Fantaisie sur la mort de Socrate Seventy Four Hèctor Parra Sonate Wq 124 Pascal Dusapin Caressant l’horizon (commande de Mécénat Trio Wq 93 La Melancholia Musical Société Générale, création) Trio sonate Wq 145 Maurizio Kagel Fantaisie sur le monologue d’Hamlet Wq 63 / 6 SWR Sinfonieorchester Baden-Baden In der Matratzengruft Sonate « Sanguineus et Melancholicus » und Freiburg SWR Vokalensemble Stuttgart Ensemble intercontemporain Stradivaria / Ensemble baroque de Nantes Ilan Volkov, direction Emilio Pomarico, direction Daniel Cuiller, violon, alto Helena Rasker, contralto Markus Brutscher, ténor Anne Chevallerau, violon Rudolf Rosen, baryton Jacques-Antoine Bresch, lûte Petra Hofmann, soprano Ce concert est précédé d’un avant-concert à 19h. Emmanuel Jacques, violoncelle Tim Mead, contre-ténor Jocelyne Cuiller, clavicorde, clavecin Alexander Yudenkov, ténor Jean-Henry Hemsch 1761 (collection Musée de la musique) Peter Harvey, baryton DIMANCHE 13 NOVEMBRE – DE 14H30 À 17H CONCERT-PROMENADE SAMEDI 12 NOVEMBRE – 15H Mélancolie Franz Schubert Impromptu D 899 / 1 Sonate pour piano D 894 Sonate pour piano D 960 Andreas Staier, fac-similé de piano Conrad Graf 1826 SAMEDI 12 NOVEMBRE – 20H Amphithéâtre Jan Ladislav Dussek La Mort de Marie-Antoinette** Ludwig van Beethoven Sonate n° 17 « La Tempête »* entracte Louis-Joseph-Ferdinand Hérold Sonate en ut mineur « L’Amante disperato »* Franz Schubert Wanderer-Fantasie** Alexei Lubimov, fac-similé du piano Érard 1802*, piano Brodmann 1814** (collection Musée de la musique) Philippe Catoire, récitant Enregistré par France Musique, ce concert sera difusé en direct sur www.citedelamusiquelive.tv. Il y restera disponible pendant 4 mois. Avec le soutien du Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française. Le fac-similé du piano Érard 1802 a été réalisé grâce au soutien de la Fondation d’entreprise Hermès. Fin du concert à 21h35. 5 Jan Ladislav Dussek (1760-1812) La Mort de Marie-Antoinette « Tableau de la situation de Marie-Antoinette, reyne de France, depuis son emprisonnement jusqu’au dernier moment de sa vie, rendu par une musique allégorique composée par Jean-Louis Dussek » 1. La Reine est emprisonnée 2. Elle réléchit sur sa grandeur passée 3. La Reine est séparée de ses enfants 4. Les derniers adieux 5. La sentence de mort est prononcée contre elle 6. La résignation 7. La situation pendant la nuit qui précéda le jour de l’exécution 8. Les gardes qui doivent l’escorter à la place de l’exécution arrivent 9. Ils entrent dans la prison 10. Elle entend le tumulte d’une multitude furieuse 11. La Reine invoque le Tout-Puissant au moment où elle doit mourir 12. La guillotine tombe 13. Apothéose Publication : 1793. Durée : environ 12 minutes. Musique à programme et à titres naïfs, tel est l’efet que produit au premier abord cet hommage de Dussek à une souveraine qu’il a personnellement connue, et dont la mort relevait pour lui d’une actualité toute récente et choquante. Vers trente ans le compositeur, dont la carrière était déjà bien remplie et remarquée, a été très bien reçu à la cour, puis il a dû fuir à Londres en 1789 ; il ne se montrera de nouveau à Paris que dix-huit ans plus tard. Marie-Antoinette, qui a mal ini parce qu’en vingt ans elle a accumulé les bévues et les entêtements contre l’histoire, possédait une qualité qu’il faudra toujours lui reconnaître : un goût esthétique très sûr. En musique, elle choisissait l’émotion et le préromantisme ; elle a imposé Gluck et, à défaut de connaître l’œuvre de Haydn ou Mozart, elle a pleinement ressenti le potentiel de Dussek. Si l’on supprimait les sous-titres un peu à la Érik Satie de cet ouvrage, ses treize séquences ne dépareraient pas une sonate du jeune Beethoven. Plusieurs séquences se montrent d’une majesté aussi naturelle que dynamique. La « grandeur passée », avec ses triolets, évoque plutôt le rococo versaillais à tout jamais enfui… La séparation d’avec les enfants est le passage le plus passionnément éperdu, rempli de ièvre, tout comme la dernière nuit. La résignation ouvre une sorte d’arietta à trois temps lents et réléchis. Un mouvement perpétuel très orageux dépeint la multitude, à laquelle s’oppose la prière, calme et digne, de la Reine au 6 Tout-Puissant. La guillotine tombe sur un accord et un glissando de do majeur qui tranchent brusquement avec le ton précédent ; puis l’apothéose est un inale enlevé aux accents de fête et de fanfare… un style musical que la Révolution mettra pour longtemps à la mode ! Isabelle Werck Ludwig van Beethoven (1770-1827) Sonate n° 17 en ré mineur op. 31 n° 2 « La Tempête » Largo – Allegro Adagio Allegretto Composition : printemps-été 1802. Dédicace : à la comtesse de Browne. Cette dédicace n’apparaît qu’en 1805, lors de la troisième édition chez Cappi à Vienne. Première édition : 1803, Hans Georg Nägeli, Zurich, dans la collection « Répertoire des clavecinistes ».