Il a été tiré mille exemplaires de cet ouvrage dont cent numérotés de 1 à 100 N°

ISBN 2-86743-227-8

@ EUGÈNE LEFEBVRE 76530

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'Article 41, d'une part, que les «copies ou reproductions stricte- ment réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective», et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement des auteurs ou de leurs ayants droit ou ayants cause, est illicite.» (Alinéas 1er de l'Article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et suivants du Code Pénal. Le choix des textes et des illustrations sont l'entière responsabilité des auteurs, qui ont pris en charge la saisie informatique et la relecture des textes. EUGÈNE LEFEBVRE - DANIEL LEMARIEY

^/jff . jOr/s////'

MOULINEAUX, CAUMONT,

PRÉFACE DE YVON PAILHÉS

TEXTE ET LÉGENDES : EUGÈNE LEFEBVRE ICONOGRAPHIE : DANIEL LEMARIEY

IMPRIMERIE BERTOUT RUE GUTENBERG -

PRÉFACE

LA BOUILLE, pour les "vieux" Rouennais (il y en a encore...), c'est une sorte de mythe. C'est le "Bateau de La Bouille", qu'on prenait il y a longtemps (le dernier voyage date de 1932), comme on va aujourd'hui aux Caraïbes... l'aventure presque. Un passé qu'Eugène Lefebvre, 41 ans, cauchois d'origine et conseiller municipal de La Bouille depuis 1989, nous conte dans cet album illustré des 150 cartes postales, rassemblées par un cartophile bouillais passionné, Daniel Lemariey. Ces cartes postales sont un enchantement pour les amoureux du passé : nous y découvrons justement tous ces bateaux qui ont fait la gloire du pays, ces photos anciennes qui font revivre ce boulanger, ce menuisier, ce maréchal-ferrant, dont les noms sont encore familiers aux habitants de La Bouille, ce pêcheur d'éperlans, car nombre de Bouillais "vivaient" de la pêche, vendue dans la grande ville voisine. Un album qu'il est bien agréable de feuilleter, sans doute, mais qui va plus loin : c'est l'image, ce sont les images d'une petite ville à laquelle sont attachés tous ses habitants, car elle est non seulement belle, tout naturellement, mais embellie par le soin qu'ils lui apportent, dans le moindre détail. Et l'on comprend pourquoi, "Bateau de La Bouille" ou pas, les visiteurs s'y pressent, notamment le week-end (il suffit de voir le trafic ininterrompu du bac). Ils s'y pressent pour "passer la journée", ou l'après-midi, pour manger souvent (les restaurants ne manquent pas), mais ils s'y pressent aussi pour "voir", tout simplement. Il y a la d'abord, ce site grandiose, "superbe croissant", écrivait Victor Hugo à Adèle en 1835 ; "rideaux d'arbres verts, champs de moissons, vieux clocher roman", déclarait Albert Lambert, doyen de la Comédie Française qui fut l'un des enfants célèbres de La Bouille. La Seine oui, ses lourds bateaux qui passent en force et font rêver, mais aussi, justement, ce "vieux clocher roman", et la maison natale d'Hector Malot, auteur de "Sans famille". Mais c'est surtout en empruntant toutes ces ruelles accueillantes d'où l'on ne voit pas le fleuve, que l'on découvre avec ravissement les vieilles maisons, toutes remises en valeur, anciennes mais propres et riches de leur passé : les pierres, les poutres, les toits. Une promenade qu'il faut faire, bien sûr, et que nous donnent à faire, d'une page à l'autre, deux auteurs amoureux de leur ville. YVON PAILHÉS "A toutes celles et à tous ceux qui œuvrent à la sauvegarde de notre patrimoine. "

"La Bouille...... où la Seine fait un superbe croissant" VICTOR HUGO - 1835 AVANT-PROPOS

LA BOUILLE fait aujourd'hui partie des sept communes de Seine-Maritime classées "haute fréquentation touristique journa- lière". Sa richesse cartophile démontre, s'il en était besoin, que l'attrait pour ce village du bord de Seine ne date pas d'hier. Sa situation géographique exceptionnelle est à la base de son intérêt touristique, comme elle a été à l'origine de l'existence même de ce petit port proche de . Oui ! petit port il y avait, dans le premier méandre dessiné par la Seine, en aval de Rouen, lové au creux des falaises de cal- caire. La Bouille est en effet, une des rares communes dont l'acti- vité est tournée essentiellement vers le fleuve. Son charme même réside dans ce rapport privilégié avec l'eau, par son passage d'eau et son célèbre "Bateau de La Bouille". Je vous invite, avec ce livre, à découvrir le cadre médiéval épargné par l'Histoire, aujourd'hui site classé et protégé, à revivre des souvenirs et des faits marquants du début de notre siècle, mais aussi à vous rappeler quelques événements historiques qui ont marqué notre région. Si La Bouille semble tournée vers son riche passé, il n'en reste pas moins qu'à ses portes, le XXe siècle bat son plein, avec ses industries qui la bordent sur son flanc Est. Elle est restée le dernier bastion de verdure, la frontière écologique désuète qui limite le Port Autonome en aval de Rouen. Les cartes postales qui illustrent cet ouvrage proviennent en majorité de la collection de M. Daniel Lemariey. J'espère que vous aurez plaisir à parcourir ce livre, comme j'ai eu plaisir à l'écrire et qu'il vous procurera un peu de rêve et de poésie. EUGÈNE LEFEBVRE LA CARTE POSTALE

Le terme carte postale est employé pour la première fois par Emmanuel Hermann, professeur à l'académie militaire autrichienne de Wienner-Neustad ; l'idée est agréée le 1er octobre 1869. Le dos est libre pour la correspondance et sera ainsi au vu et au su des employés des postes. La s'y oppose, soucieuse de ne pas voir la vie privée jetée en pâture sur la place publique. La première carte postale française sera émise par l'ad- ministration le 15 janvier 1873, mais c'est à l'administration de la tour Eiffel que l'on doit en 1889, la première carte postale illustrée, la "Libonis". De 1900 à 1920, l'âge d'or de la carte postale, la production française dépasse 100 millions (800 millions en 1914). Le développement industriel et le transport sont à l'origine de cet essor, mais aussi le tourisme. C'est ce dernier qui a amplifié le nombre de cartes éditées sur notre village. Le chiffre "théorique" devant être de 50, mais on peut estimer à 350, le nombre de cartes sur La Bouille. Une quarantaine d'éditeurs ont été recensés sur notre village, parmi ceux-ci on peut citer : N.D. NEURDEIN FRÈRES. Certainement les plus belles cartes de la France, 60.000 cartes éditées. L.L. LÉvy LUCIEN ET FILS, très grands éditeurs parisiens 25.000 cartes éditées à tra- vers la France, de très bonne qualité et surtout très poétiques. C.V. Editeur de Seine-Inférieure qui a fait quelques séries sur des sujets divers. C.P.A. Editeur Normand. Les clichés étaient d'Emile Brocherioux, un des meilleurs photographes du début du siècle. B.F. BERTHAUD FRÈRES. Phototypistes parisiens. E.D. Editeur de Roubaix, certainement également photographe. E.L.D. EUGÈNE LE DELEY, né à Mont-Saint-Aignan, le 12 juillet 1859, garantissait des clichés en cinq jours, il existe environ 20.000 cartes de cet éditeur. On trouve également des éditeurs moins importants, mais autant intéressés par le site de La Bouille : LAZARUS et WALTER, ce dernier était photographe à Bernay. Les commerçants locaux comprirent que l'essor du village passait par la diffusion des cartes postales et c'est ainsi que l'on voit apparaître les noms de : CHÉRON, DUJARDIN, FRAISIER, FROMENT, MARGUERIN, MIGNOT, LE PETIT PARIS et VEYRET.

DANIEL LEMARIEY L

A

BABOUILLE LA BOUILLE

Village touristique depuis des décennies, il a toujours connu beaucoup d'admira- teurs. Le 8 mai 1937, Marie-Constance Leroyer dédiait ces quelques lignes à M. Spalikowski. «Rouen : une circulation intense, des autobus, des cars, des camions, des autos, des motos, des tandems, des vélos, des humains qui courent d'un trottoir à l'autre, redoutant à tout instant d'être transformés en chair à pâté ; de la poussière, des odeurs de pétrole, d'essence et même de mazout, montant du fleuve. Evadons-nous de la fournaise à la recherche d'un joli coin vert. Sur la route qui va de Rouen au bas de la côte de , un défilé incessant de véhi- cules de toutes sortes, de toutes dimensions, des camions longs et larges comme des wagons ; de loin, ils semblent tenir toute la largeur de la route ; on les redoute, on les approche, l'air siffle : pstt... pstt... pstt... Allons, on a échappé à l'accident, à la mort peut-être, une fois encore. Mais, dès que vous prenez le chemin vert qui va de Moulineaux à La Bouille, l'enchante- ment commence : les pommiers offrent à vos regards charmés, leurs fleurs roses et blanches ; la verdure des prés, des vergers, des cours herbues reposent vos yeux fatigués du kaléidoscope de la ville agitée et fiévreuse ; de charmantes maisons entourées de filets d'eau, de frais ruisselets venant des sources voisines vous font rêver de calme, de repos bienfaisant, d'une existence sereine, dans une grande simplicité, aujourd'hui méconnue. Avancez encore sur cette jolie route : la verdure descend des bois proches, sur votre gauche ; le fleuve déroule son écharpe d'argent à votre droite ; puis, voici la flèche de pierre d'un clocher à jour, des toits émergent, une école-mairie moderne vous accueille : voici La Bouille, coin admi- rable, au splendide panorama, station rêvée pour une cure de repos, de santé, dans un cadre d'une beauté incomparable. Vous qui menez une vie trépidante, qui avez les nerfs à fleur de peau, qui rêvez de grand air, de soleil, d'azur, de verdure, de fleurs, de plaisirs nautiques, venez à La Bouille, non loin de chez vous, prendre les quelques jours de détente dont vous avez besoin. Quand vous aurez goûté son charme prenant et indéniable, vous y reviendrez, tous, fidèles, comme l'oiseau, revient à son nid, dès les premiers beaux jours.» HISTORIQUE LES ORIGINES DU VILLAGE

LA BOUILLE fut fondée par des tribus celtiques, longtemps avant l'occupation romaine. De cette époque romaine, l'on retrouve, de nombreuses villas sur le plateau, témoignage de l'activité qui s'était développée le long de ce passage obligé. L'étymologie du nom de La Bouille reste assez controversée. A l'époque celtique, elle portait le nom de "Bulle", certainement pour évoquer les eaux rejaillissantes lors des fortes marées. Plus tard, on la retrouve sous le nom de "Bovile" qui, en latin, signi- fie bouverie (parc à bœufs). Il existait, en effet, un pré de La Bouille à Sahurs, témoin de l'existence d'une bouverie. Les XIVe et XVe siècles ayant transformé le V en U, nous retrouvons notification du "hamel de La Bouille", hameau de la paroisse de Caumont. Le port de La Bouille est très ancien, il remonte bien au-delà du XIIe siècle, époque à laquelle on le retrouve, pour la première fois, dans les écrits. "La Bouille du kay de Rouen" signe la dépendance du petit port à l'égard de Rouen, port ducal, auquel étaient également rattachés les ports de Grand-Couronne, Moulineaux et Caumont. D'après l'institution de la commune en 1145, l'élite des marchands composait une petite république en fait souveraine. Port de commerce, La Bouille recevait en 1311, les droits dises.du Vicomté au bureau des recettes de Moulineaux pour l'embarquement des marchan- LA BOUILLE est un village étrange. Pourquoi a-t-il prospéré à l'endroit le plus étroit entre la falaise et le fleuve ? Pourquoi, à chaque fin de semaine, hiver comme été, de nombreux touristes se pressent-ils sur le front de Seine et dans ses petit rues perpendiculaires au fleuve ? Mystère d'un urbanisme né au fil du temps d'une fonction de petit port et de croisée de voies. D'instinct, les gens se sentent bien à La Bouille. Et puis, ils regardent. La promenade vaut lecture d'un manuel d'histoire d'art. valeur.Le patrimoine est riche, il faut le sauvegarder et le mettre en Certains diront que La Bouille est orienté au Nord, et soleil.pourtant, c'est dans l'ombre que l'on profite le mieux du MICHEL RATIER, Architecte du Patrimoine

' ISBN 2-86743-227-8 Prix : 130 F.

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal. Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia ‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒ dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.