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M~MOIRE DES D~LIB~RATIONS DU CONSEIL EX~CUTIF S~ANCE DU 14 JUIN 1995 A 11 h 30 SOUS LA PR~SIDENCE DU MINISTRE ET MINISTRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS MONSIEUR

Membres du Conseil exécutif présents: Monsieur Jacques Parizeau, Premier ministre et ministre de la Culture et des Communications Madame , Ministre déléguée aux Affaires intergouvernementales canadiennes Monsieur Paul Bégin, Ministre de la Justice et ministre responsable de l'application des lois professionnelles Madame , Ministre de la Sécurité du revenu et ministre responsable de la Condition féminine Monsieur , Ministre de l'Environnement et de la Faune Monsieur , Ministre des Finances et ministre du Revenu Monsieur , Ministre d'État au Développement des régions, ministre des Affaires municipales, Leader parlementaire du gouvernement et ministre responsable de la réforme électorale Madame Rita Dionne-Marsolais, Ministre déléguée au Tourisme, ministre responsable de la Régie des installa­ tions olympiques Monsieur François Gendron, Ministre des Ressources naturelles Madame , Ministre d'État à la Concertation et ministre de l'Emploi Monsieur Jean-Pierre Jolivet, Whip en chef du gouvernement Monsieur Marcel Landry, Ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation Monsieur Jacques Léonard, Ministre des Transports Madame , Ministre déléguée à l'Administration et à la Fonction publique, présidente du Conseil du trésor et ministre responsable de la Famille Monsieur Serge Ménard, Ministre de la Sécurité publique Monsieur , Ministre de la Santé et des Services sociaux MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS LE 14 JUIN 1995

LA REVUE DE LA SITUATION POLITIQUE

Le premier ministre explique à ses collègues que 1' entente entre les 3 partis sur la stratégie référendaire a été signée avant-hier. La table est maintenant mise pour la campagne référendaire. Chaque ministre devrait maintenant mettre de 1' ordre dans les affaires de son ministère. Il invite ses collègues à prendre des vacances en juillet pour que le travail sur le terrain débute au mois d'août. Cependant, durant le mois de juillet, certains ministres devront demeurer dans leur ministère pour faire fonctionner le gouvernement. C'est monsieur qui assumera cette tâche pour la majeure partie du mois de juillet, en compagnie d'un nombre minimum de collègues. Le gouvernement s'est donné huit ou neuf mois pour régler les problèmes les plus importants dans les différents ministères et organismes et pour aplanir les difficultés financières. Certains dossiers ne sont pas réglés comme ceux de la réorganisation du réseau de la santé et des services sociaux, la formation professionnelle et l'aide juridique. Le gouvernement doit être en mesure de compléter son travail. Cependant, le gouvernement ne proposera plus de nouvelles lois, sauf pour des raisons urgentes. Il ajoute qu'il a contacté certains membres du gouvernement afin de nettoyer certains dossiers. Il s'agit maintenant de déterminer de quelle façon on doit maintenant terminer la présente session législative. Il faut identifier les projets de loi pour lesquels on utilisera le bâillon. Ce pourrait être l'aide juridique par exemple. D'autres projets de loi ont été identifiés comme des priorités gouvernementales. Il s'agit des modifications à la Loi sur la santé et les services sociaux, le projet de Loi sur la formation professionnelle et le projet de Loi portant sur la liste électorale. Il faudra également mettre la pédale douce en ce qui concerne les mémoires s'adressant au Conseil des ministres, à l'exception des mesures ou des projets qui présentent des perspectives intéressantes. Les modifications à la Loi sur la sécurité du revenu sont retirées. Ces mesures de réduction de dépenses seront remplacées par une mesure administrative: l'appariement des fichiers informatiques du ministère du Revenu et du ministère de la Sécurité du revenu, en ce qui a trait aux déclarations d'impôt. La proposition du ministère de la Santé et des Services sociaux quant aux soins optométriques et dentaires est abandonnée pour quelques mois. Il ne s'agit pas de mettre de côté les préoccupations du Conseil du trésor, mais d'examiner le prix politique à payer pour certaines réductions de dépenses. Le gouvernement doit d'abord convaincre la population du bien-fondé des 55 mesures qu'il a déjà mises de l'avant, avant d'en amorcer de nouvelles. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'ordre du jour de la séance du Conseil des ministres d'aujourd'hui a été réduit. Il est cependant important que les choix législatifs soient évoqués à la séance d'aujourd'hui. On discutera des projets de loi qui feront l'objet d'un bâillon. Nos députés ministériels sont très mécontents des longues nuits qu'ils doivent passer à l'Assemblée nationale. Il faut examiner également quels sont les projets de loi que le gouvernement n'a pas l'intention de faire adopter à la présente session, comme le projet de Loi sur l'Agence métropolitaine de transport qui comporte des avantages et des inconvénients. Madame Marois indique qu'elle souhaite que le Conseil des ministres prenne une décision aujourd'hui quant aux compressions au ministère de la Sécurité du revenu.

LOI MODIFIANT LA LOI SUR LES IMPÔTS ET D'AUTRES DISPOSITIONS LÉGISLATIVES D'ORDRE FISCAL (RÉF.: 5-0143)

Le ministre des Finances soumet deux mémoires datés des 6 et 13 juin 1995 et portant sur un projet de loi modifiant la Loi sur les impôts et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal. Ce mémoire propose d'apporter au projet de loi modifiant la Loi sur les impôts et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal un amendement portant sur une modification à la Loi concernant l'impôt sur le tabac de façon à prévoir qu'une personne doit être titulaire d'un certificat d'inscription émis en vertu de la Loi sur la taxe de vente 2 du Québec ou d'un certificat d'enregistrement pour vendre du tabac au Québec. Ainsi pour atteindre l'objectif, qui est d'interdire l'approvisionnement en tabac fait à un commerçant qui ne perçoit pas la taxe de vente, le ministère du Revenu n'aurait qu'à révoquer le certificat d'inscription émis en vertu de la Loi sur la taxe de vente du Québec. Cette solution évitera d'avoir à enregistrer les 17 000 vendeurs au détail ainsi qu'à procéder à la création d'un fichier inhérent au suivi de cette clientèle.

Monsieur Campeau indique à ses collègues qu'il souhaite que monsieur André Brochu, sous-ministre adjoint au ministère du Revenu, puisse expliquer ce projet de loi au Conseil des ministres.

Monsieur Brochu relate qu'un nouveau comportement a été observé chez les contrebandiers. Ainsi, les grossistes approvisionnent les autochtones en n'exigeant pas le paiement de la taxe de vente du Québec et de la TPS. Les détaillants autochtones revendent à des autochtones et à des détaillants blancs et les taxes ne sont alors pas exigées. Il est impossible de déceler quels produits sont illégaux, puisque les paquets de cigarettes sont identifiés de la même façon que tous les autres. Un grand nombre de détaillants blancs sè plaignent d'une concurrence déloyale. Les grossistes se plaignent également d'une diminution de la clientèle des détaillants qui s'approvisionnent chez les autochtones.

Le ministère du Revenu a donc dû réfléchir à une formule rapide et efficace pour contrer ce phénomène. La stratégie est la suivante: jusqu'à maintenant, le ministère du Revenu n'a jamais mis en application l'exigence imposée aux détaillants de s'enregistrer conformément à la Loi sur le tabac. Le ministère s'est plutôt contenté, jusqu'à maintenant, d'exiger l'enregistrement au sens de la Loi sur la taxe de vente. En somme, il s'agit d'utiliser la même stratégie que celle utilisée dans le cas des stations d'essence qui n'exigeaient pas le paiement des taxes. Ce sont les détaillants visés qui seront cotisés. Mais, ils refuseront de payer la taxe et devront fournir un cautionnement d'un montant assez élevé. S'ils ne fournissent pas un tel cautionnement, leur enregistrement sera suspendu. Les grossistes ne pourront alors plus les approvisionner. On évite ainsi d'exiger des 17 k détaillants de s'enregistrer conformément à la Loi sur le tabac. Le projet de loi proposé prévoit qu'il sera défendu de vendre à un détaillant qui ne possède pas de certificat d'enregistrement aux fins de la taxe de vente. Cette disposition n'incommodera que ceux qui font de la contrebande.

Monsieur Ménard demande quel est le pourcentage- de la taxe de vente du Québec. Monsieur Brochu lui répond qu'il s'élève à 6,5 %, auquel il faut ajouter l'impôt sur le tabac qui est perçu d'avance. Puis, monsieur Ménard demande si les autochtones seront tenus de détenir ce certificat d'enregistrement à la taxe de vente. Monsieur Brochu lui répond par l'affirmative et ajoute que si ce certificat est retiré, les autochtones ne pourront ni vendre de cigarettes, ni d'autres produits. Monsieur Brassard demande si des certificats ont déjà été retirés dans le cas de la contrebande sur l'essence. Monsieur Brochu lui répond que non. Le tribunal a décidé qu'ils conserveraient leur certificat, mais il leur a ordonné de payer les taxes. Monsieur Léonard demande s'il existe des risques que certains fabricants aillent s'installer hors du Québec. Monsieur Brochu lui répond que non. Monsieur Gendron demande si les 17 k détaillants sont touchés. Monsieur Brochu répond que non, étant donné que le projet de loi est articulé autour du certificat de la taxe de vente. Puis, monsieur Gendron demande s'il existe une solution pour les distributrices automatiques. Monsieur Brochu lui répond qu'il doute fort que la contrebande se fasse au moyen de distributrices automatiques.

Décision numéro: 95-0136 Le Conseil des ministres décide: à la suite des mémoires datés des 6 et 13 juin 1995, soumis par le ministre des Finances et portant sur un projet de loi modifiant la Loi sur les impôts et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal (réf.: 5-0143), 3

1- de soumettre à l'Assemblée nationale un projet de loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur le tabac et la Loi sur la taxe de vente du Québec de façon à:

prévoir qu'une personne doit être titulaire d'un certificat d'inscription émis en vertu de la Loi sur la taxe de vente du Québec ou d'un certificat d'enregistrement pour vendre du tabac au Québec, selon les modalités prévues au mémoire du ministre des Finances;

2- de transmettre la présente décision et les mémoires du ministre des Finances au Comité de législation afin qu'il s'assure de la cohérence juridique et législative du projet de loi qui en découle.

LOI MODIFIANT LA LOI SUR LE BÂTIMENT (RÉF.: 5-0105)

La ministre de l'Emploi soumet un mémoire daté du 25 mai 1995 et portant sur un projet de loi modifiant la Loi sur le bâtiment. Ce projet de loi vise à modifier la Loi sur le bâtiment afin de compléter les dispositions portant sur les garanties financières relatives à l'acquisition, par des consommateurs, de bâtiments ou à l'égard des travaux de construction qu'ils font exécuter. Il s'agit de permettre à un plus grand nombre de personnes de bénéficier des garanties qui seraient rendues obligatoires dans le secteur du bâtiment.

Madame Harel indique à ses collègues que seul le projet de loi est présenté aujourd'hui au Conseil des ministres. Quant à l'avant-projet de règlement, il a été soumis à l'Inspecteur général des institutions financières pour consultation.

L'intérêt d'adopter maintenant le projet de loi, c'est qu'il permettra de mettre le règlement en vigueur au début de 1996. Essentiellement, le projet de loi vise à habiliter le gouvernement à adopter le règlement. Le contenu de ce règlement sera examiné plus tard par le Conseil des ministres.

Beaucoup de consultations restent à faire à cet égard. Elle ajoute qu'il s'agit d'un instrument efficace contre le travail au noir. Mais, il faut surtout se rappeler les histoires d'horreur qu'ont vécues certains consommateurs qui se sont fait avoir sous l'ancien régime sur les garanties. Le gouvernement s'est lui aussi retrouvé en quelque sorte victime de ses anciens programmes "Corvée-Habitation" et "Mon taux, mon toit", en vertu desquels la garantie était exigée.

Avec le nouveau régime, ce sont les organismes privés qui seront autorisés à œuvrer dans le domaine des garanties. Le projet de loi exige une nette distinction entre l'administrateur du plan de garantie et l'entrepreneur, de même qu'entre le processus d'arbitrage et l'entrepreneur. Elle ajoute qu'elle ne prévoit aucune opposition à l'égard de ce projet de loi.

Monsieur Chevrette demande si ce projet de loi ne vise qu'à assurer une assise juridique au futur projet de règlement. Madame Harellui répond par l'affirmative.

Décision numéro: 95-0137 Le Conseil des ministres décide: à la suite du mémoire daté du 25 mai 1995, soumis par la ministre de l'Emploi et portant sur un projet de loi modifiant la Loi sur le bâtiment (réf.: 5-01 05),

1- de soumettre à l'Assemblée nationale un projet de loi modifiant la Loi sur le bâtiment de façon à: 4

A. compléter les dispositions sur les garanties financières relatives à l'acquisition, par des consommateurs, de bâtiments ou à l'égard des travaux de construction qu'ils font exécuter,

B. prévoir que seul l'entrepreneur accrédité par un plan de garantie est tenu de réparer tous les défauts de construction couverts par ce plan et qu'à son défaut, 1' administrateur du plan procédera aux réparations, la subrogation s'opérant alors en faveur de cet administrateur,

C. établir les qualités additionnelles requises d'un administrateur d'un plan de garantie et les règles applicables aux sommes constituant les réserves qu'il détient et prévoir les critères qu'un organisme d'arbitrage devra posséder pour pouvoir être reconnu par la Régie du bâtiment du Québec,

D. prévoir que le premier règlement de la Régie, en matière de garanties financières dans le secteur résidentiel neuf, entrera en vigueur à la date déterminée par le gouvernement, selon les modalités prévues au mémoire de la ministre de l'Emploi;

2- de transmettre la présente décision et le mémoire de la ministre de l'Emploi au Comité de législation afin qu'il s'assure de la cohérence juridique et législative du projet de loi qui en découle.

PLAN D'ACTION-JEUNESSE 1995-1996:PROJET DE CONSTRUCTION D'UNE ROUTE VERTE (RÉF.: 5-0137)

Le ministre des Transports, en son nom et au nom du Premier ministre, soumet un mémoire daté du 1er juin 1995 et portant sur le plan d'action-jeunesse 1995-1996:projet de construction d'une Route verte. Le mémoire propose de retenir, dans le plan d'action-jeunesse 1995-1996 annoncé par le ministre des Finances, le projet de construction d'une Route verte. Il s'agit de l'édification d'un itinéraire cyclable permettant de traverser le Québec d'Est en Ouest et du Nord au Sud. La route totaliserait quelque 2 400 kilomètres et passerait dans près de 234 municipalités et dans 44 municipalités régionales de comté. Ce projet constituerait un réseau complet et intégré à la grandeur du Québec et s'inscrit très bien dans la nouvelle politique sur le vélo du ministère des Transports et de la Société de l'assurance automobile du Québec. Pour la première année, les coûts s'établissent à 460 k$, dont 150 k$ déboursés par le ministère des Transports et 310 k$ déboursés par le Secrétariat à la Jeunesse à même le budget de 3 M$ annoncé dans le Discours du budget pour la réalisation du plan d'action-jeunesse.

Monsieur Léonard rappelle à ses collègues que le dernier Discours sur le budget prévoyait un plan d'action destiné aux jeunes. Le présent projet est relié à ce plan d'action-jeunesse. Il comporte deux volets. Il y aura une piste cyclable traversant le Québec d'Est en Ouest et une autre le traversant du Nord au Sud. L'ensemble de ce réseau aura une longueur de 2 400 kilomètres. Ce sont les jeunes qui seront responsables de la réalisation de ce projet qui s'échelonnera sur dix ans. Vélo-Québec en assurera la maîtrise d'œuvre, en collaboration avec un comité qui en surveillera l'évolution. Il s'agira d'un attrait touristique important qui mobilisera les jeunes. Il ajoute qu'il souhaite obtenir du Conseil du trésor un assouplissement des règles afin de permettre l'embauche de jeunes. Madame Marois lui répond qu'elle n'a pas eu de commentaires du secrétariat du Conseil du trésor.

Décision numéro: 95-0138 Le Conseil des ministres décide: à la suite du mémoire daté du 1er juin 1995, soumis par le Premier ministre et le ministre des Transports et portant sur le projet de construction d'une Route verte dans le cadre du plan d'action-jeunesse 1995-1996 (réf.: 5-013 7), 5

1- d'accepter le projet de construction d'une Route verte proposé au mémoire du Premier ministre et du ministre des Transports et d'approuver spécifiquement le mandat et les coûts de réalisation pour l'exercice financier 1995-1996;

2- de confier au Secrétariat à la jeunesse et au ministère des Transports la responsabilité de coordonner conjointement le projet.

LIVRE VERT SUR LA DÉCENTRALISATION (RÉF.: 5-8092)

Le ministre des Affaires municipales soumet un mémoire daté du 8 juin 1995 et portant sur le Livre vert sur la décentralisation. Le mémoire explique que le livre vert proposé n'a pas pour objectif de présenter une proposition gouvernementale ferme sur la décentralisation, mais de structurer et d'alimenter la réflexion. Ce livre adopte un langage commun c'est-à-dire clarifie les termes et les bases de la réflexion sur la décentralisation, dégage une lecture commune, c'est-à-dire apporte une lecture de l'état actuel, de la décentralisation et précise les limites du cadre constitutionnel actuel et propose une vision commune, c'est-à-dire identifie les formes possibles de la décentralisation dans un Québec souverain, soit les objectifs, les principes, le cadre de mise en œuvre, les partages de responsabilités, le cadre et la dynamique des institutions. Ce livre vert constituerait la première étape d'une stratégie gouvernementale qui consisterait dans le lancement du livre vert le ou vers le 21 juin 1995 et la tenue de colloques régionaux sur la décentralisation d'une durée d'une journée dans chacune des régions du Québec. Ces colloques auraient lieu à la fin d'août et seraient animés par les délégués régionaux dans leur région respective.

Monsieur Chevrette rappelle à ses collègues qu'un comité interministériel a été mis sur pied sur cette question à la suite d'une demande en ce sens du Comité des priorités. Il ajoute que madame Blackburn souhaitait que l'on accentue la dimension de promotion de la condition féminine dans le livre vert et ce sera fait.

Un des objectifs de ce livre vert est d'apporter des clarifications aux notions de décentralisation et de régionalisation. Ce livre constitue également un état de situation sur la décentralisation au Québec. Il s'agit d'un livre vert, donc d'un outil de travail permettant de tenir des colloques auxquels les ministres participeront à tour de rôle selon les régions. Parallèlement, la Table Québec-municipalités a passablement évolué et identifie maintenant un panier de responsabilités qui pourraient être décentralisées. Elle n'a toutefois pas identifié quel serait le lieu de décentralisation. Un autre mémoire sera présenté sur cette question ultérieurement. On mettra aussi sur pied des expériences pilotes de décentralisation d'une durée de trois ans. Puis, il invite ses collègues à lui faire des commentaires sur ce livre vert d'ici vendredi midi.

Monsieur Gendron signale que cela pose des problèmes en termes de calendrier politique. On sait que des audiences sont prévues sur la politique de l'énergie à la fin du mois d'août. La décentralisation soulèvera des débats qui sembleront incohérents par rapport au débat sur l'énergie. Il demande s'il est possible de déplacer d'un mois les consultations prévues en matière de décentralisation. Monsieur Chevrette lui répond qu'il doit procéder rapidement à ces consultations, car 1'Assemblée nationale sera convoquée plus tôt cet automne. Si on veut que ce document ouvre des perspectives en vue du référendum, il faut procéder au mois d'août.

Monsieur Rochon se dit d'avis qu'il est souhaitable d'avoir cette question en fond de scène avant le référendum. Si la consultation se fait plus tôt, les réactions viendront plus tôt et on pourra y répondre dès septembre.

Monsieur Campeau demande si une telle démarche aura un effet positif sur le référendum. Les ministres ne doivent pas trop s'épuiser dans des tournées régionales en période préréférendaire. Il faudra faire des choix. Madame Blackburn considère que cette démarche est opportune, mais qu'il est trop tôt pour l'entreprendre. Monsieur Chevrette 6 lui répond que l'échéancier de la démarche peut être ajusté. Madame Blackburn ajoute qu'elle fera bientôt une proposition sur la place des femmes dans le domaine du développement régional. Pour madame Dionne-Marsolais, une telle démarche risque de semer de la confusion dans la population. Lors de la tenue des audiences des commissions régionales, deux courants de pensées se sont affrontés en matière de décentralisation. Une confrontation entre ces deux courants de pensées serait néfaste à 1' approche du référendum. Monsieur Chevrette lui répond que toute la population est intéressée par la décentralisation, même le milieu syndical.

Le premier ministre rappelle qu'il a déjà indiqué que la campagne référendaire commencerait au mois d'août. Cette campagne est la priorité qui doit mobiliser toutes nos énergies. Il a de plus demandé de retarder tous les projets politiques et mesures qui pourraient s'avérer litigieux. Il se dit d'accord avec la démarche proposée par monsieur Chevrette, mais ajoute qu'elle peut provoquer des litiges, surtout quant aux modalités, comme par exemple les sources de revenus. Il faut être certain des répercussions lorsqu'on fait une exception à cette ligne de conduite.

Monsieur Rochon souligne qu'il ne s'agit que de colloques régionaux sans forum national. De plus, cela mettrait la table pour le véritable débat qui doit se tenir sur la décentralisation, lequel débat se déroulera après le référendum. Le livre vert a à tout le moins le mérite de clarifier les notions. De plus, il place la décentralisation dans une perspective de souveraineté et cela peut nous aider pour le référendum. Il s'agit en quelque sorte d'une période de réchauffement. Pour madame Beaudoin, il serait idéal pour le gouvernement de ne pas gouverner jusqu'à l'automne. Cependant, la chose n'est pas possible. Il faut aussi considérer que d'autres perspectives s'ouvriront d'ici l'automne en matière de fiscalité, de sécurité du revenu, d'emploi et même de décentralisation. Le gouvernement publiera aussi un manifeste qui ramassera toutes les réformes que le gouvernement entend faire dans le cadre de son projet de société. Donc, en ce sens, elle est d'accord avec la démarche de monsieur Chevrette et elle croit que le gouvernement a besoin de cela pour le référendum. Monsieur Gendron reconnaît que cette démarche aurait un effet de réchauffement. Mais, elle soulèvera aussi des questions sans réponse. Il ajoute qu'il est plutôt tiède face à cette démarche, même si elle ne comporte que des colloques régionaux. Monsieur Chevrette répète qu'il n'y aura pas de forum national et que si le gouvernement ne se fie que sur les élus municipaux et scolaires pour réaliser la décentralisation, celle-ci ne verra jamais le jour. C'est pourquoi il faut motiver les autres intervenants régionaux. Il faut une espèce de préambule qui ouvrira des portes.

Madame Dionne-Marsolais considère que le document est très intéressant et qu'il va très loin. Elle demande si le gouvernement ne pourrait pas adopter une position intermédiaire qui éviterait des confrontations durant les colloques régionaux. Il faudrait de plus effectuer une tournée régionale pour expliquer ce document au début de septembre et souligner qu'il s'inscrit dans une perspective référendaire. On éviterait ainsi de se placer dans une situation propice au débat. Monsieur Jolivet indique que ses vues sont dans la même veine. De plus, si les colloques n'ont pas lieu, la population dira qu'elle n'a pas été consultée.

Décision numéro: 95-139 Le Conseil des ministres décide: à la suite du mémoire daté du 8 juin 1995, soumis par le ministre des Affaires municipales et portant sur le Livre vert sur la décentralisation (réf.: 5-8092),

1- d'autoriser le ministre des Affaires municipales à rendre public le Livre vert sur la décentralisation joint en annexe à son mémoire, sous réserve qu'il s'assure de la cohérence de sa démarche avec le cadre budgétaire gouvernemental qui vise l'atteinte de l'équilibre des op_érations courantes en 1997-1998, tout en lui indiquant:

A. qu'il y aurait intérêt à présenter différemment la question de la péréquation en faisant du principe d'équité interrégionale l'un des principes de base de la décentralisation recherchée, la péréquation devenant alors le moyen 7

(plutôt que le principe) permettant de corriger en tout ou en partie les insuffisances de capacité fiscale et financière, ce qui permettrait de moins engager le gouvernement en matière de péréquation à verser aux instances décentralisées,

B. qu'en ce qui a trait à la possibilité d'ouvrir le champ de l'impôt sur le revenu aux gouvernements régionaux, il serait préférable de ne pas leur accorder la latitude de fixer eux-mêmes leurs taux d'imposition de manière à ne pas introduire une concurrence fiscale susceptible d'engendrer des déplacements d'agents économiques entre les régions, dans laquelle les régions les plus démunies seraient les plus désavantagées;

2- d'accepter que le lancement de ce livre vert par le ministre des Affaires municipales ait lieu à la fin de juin, au moment où celui-ci jugera opportun;

3- d'accepter qu'un processus d'information et de consultation des milieux régionaux se déroule à la fin de l'été 1995 et que ce processus soit animé par les délégués régionaux dans leur région respective.

L'ÉTAT DE LA LÉGISLATION

Monsieur Chevrette indique à ses collègues que l'Opposition officielle bloque tous les projets de loi et que le gouvernement se trouve en mauvaise position. Il reconnaît que le projet de loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux doit faire l'objet d'un bâillon.

Monsieur Bégin souligne qu'aucun de ses projets de loi n'a été adopté. Il rappelle que la réforme de l'aide juridique permettra au gouvernement de réduire ses dépenses de 18 M$. Il ajoute qu'il a retiré de ce projet de loi l'article 4.10 qui était controversé et qu'il a réintroduit la possibilité de défrayer les consultations juridiques, ce qui entraîne un coût additionnel de 500 k$ par année.

Monsieur Chevrette indique que le projet de Loi 88 sera examiné à l'étude article par article durant l'été. Il demande si le projet de Loi 93 modifiant la Loi sur les transports est urgent. Monsieur Léonard lui répond que non, mais que l'Opposition pourrait y acquiescer. Monsieur Chevrette ajoute que le projet de loi relatif aux immunités et celui relatif aux accords internationaux sont reportés à 1'automne. Quant au projet de Loi sur la formation professionnelle, il devrait lui aussi faire l'objet d'un bâillon. Pour ce qui a trait à la Loi sur les producteurs agricoles, les discussions sont suspendues. Quant à la réforme de 1' aide juridique, il compte en reparler avec le Premier ministre puisque le Conseil des ministres est divisé sur cette question.

RÈGLEMENT MODIFIANT LE RÈGLEMENT SUR LA SÉCURITÉ DU REVENU ET RÈGLEMENT MODIFIANT LE RÈGLEMENT D'APPLICATION DE LA LOI SUR L'ASSURANCE MALADIE (RÉF.: 5-0130)

La ministre de la Sécurité du revenu soumet un mémoire daté du 5 juin 1995 et portant sur des propositions de modifications au Règlement sur la sécurité du revenu:(réduction des coûts et bonifications) et éventuellement au Règlement d'application de la Loi sur l'assurance maladie. Ce mémoire propose quatre amendements au Règlement sur la sécurité du revenu qui entraînent des réductions de coût nettes de 27,5 M$ durant le présent exercice financier, même si l'on considère les bonifications proposées, soit l'abolition du partage du logement dans les cas des familles monoparentales et l'introduction de quatre autres mesures peu coûteuses d'amélioration pour soutenir plus adéquatement la participation à des mesures ou pour soutenir les démarches d'intégration 8 au travail. Ces modifications entraînant des réductions de coût concernent l'allocation-logement, la couverture des services dentaires et des services optométriques, ainsi qu'une mesure harmonisant le traitement des enfants mineurs aux études pour tenir compte des allocations familiales. Le ministère propose également six autres mesures qui permettront de réduire les coûts de 16,8 M$. Les propositions formulées au mémoire nécessitent des modifications au Règlement sur la sécurité du revenu et au Règlement d'application de la Loi sur l'assurance maladie.

Madame Marois rappelle que le Comité des priorités a pris une décision quant aux réductions de dépenses au chapitre de la sécurité du revenu et qu'une somme de 44 M$ est impliquée. À l'heure actuelle, seulement 18,8 M$ ont été approuvés. Il reste des vérifications additionnelles à faire au ministère de la Sécurité du revenu. Le ministère propose actuellement des mesures correspondant à une somme de 20 M$, mais il s'agit de mesures d'ordre fiscal et non d'ordre budgétaire, sauf pour ce qui a trait à la désincitation qui découle de 1' appariement des fichiers informatiques entre le ministère du Revenu et le ministère de la Sécurité du revenu. D'ailleurs, on n'est pas en mesure de quantifier quelle ampleur aurait cette dernière économie. Madame Blackburn répond que la désincitation peut entraîner des économies de 43 M$. Madame Marois suggère que la demande d'efforts budgétaires additionnels faite au ministère de la Sécurité du revenu demeure jusqu'à l'automne. Si l'opération de vérification s'avère positive, on n'aura qu'à s'en réjouir mais, entre-temps, il faut maintenir la cible de réduction déjà imposée.

Décision numéro: 95-140 Le Conseil des ministres décide: à la suite du mémoire daté du 5 juin 1995, soumis par la ministre de la Sécurité du revenu et portant sur des propositions de modifications au Règlement sur la sécurité du revenu: (réduction des coûts et bonifications) et éventuellement au Règlement d'application de la Loi sur l'assurance maladie (réf.: 5-0130),

1- d'accepter le principe de l'appariement des fichiers du ministère de la Sécurité du revenu avec ceux du ministère du Revenu afin de déceler les sommes versées en trop aux prestataires de la sécurité du revenu, et, en attendant l'adoption des modifications législatives requises, le principe de la vérification systématique au ministère du Revenu avec le consentement de la personne concernée;

2- de préciser au ministère de la Sécurité du revenu que la cible de réduction de dépenses qu'auraient permis d'atteindre l'ensemble des modifications proposées est maintenue.

LA MODERNISATION DE LA LIGNE DE TRAINS DE BANLIEUE MONTRÉAL/DEUX-MONTAGNES

Le ministre des Transports soumet un mémoire daté du 17 mai 1995 et portant sur la modernisation de la ligne de trains de banlieue Montréal/Deux-Montagnes: dépassement du budget autorisé de 278 M$. Ce mémoire propose de porter de 278 M$ à 313 M$ l'enveloppe budgétaire globale du projet de modernisation de la ligne de trains de banlieue Montréal/Deux-Montagnes afin de répondre au problème de dépassement du budget autorisé.

Monsieur Léonard explique que la modernisation des trains de banlieue Montréal/Deux-Montagnes implique l'utilisation d'une nouvelle technologie utilisant des lignes électriques de 25 kilowatts. Ces lignes électriques créent des parasites appelés des harmoniques sur les réseaux de Bell Canada et d'Hydro-Québec. Il faut apporter un correctif à cette situation, sans quoi on risque des poursuites, sinon une immobilisation des trains. Lorsque 1' on a tenté de déterminer la cause de ces parasites, on a constaté une négligence du côté des concepteurs. Cette négligence nous force à augmenter la limite du 9 coût de ce projet de 278 à 313 M$. Ce montant comprendra une provision pour financer les poursuites contre Lavalin, Canatrans et Bombardier.

Monsieur Campeau demande si cette hausse de 35 M$ sera la dernière. Monsieur Léonard répond qu'on en est à la fin des travaux, de sorte que cette limite budgétaire devrait être respectée.

Décision numéro: 95-141 Le Conseil des ministres décide: à la suite du mémoire daté du 17 mai 1995, soumis par le ministre des Transports et portant sur le dépassement du budget autorisé de 278 M$ pour la modernisation de la ligne de trains de banlieue Montréal/Deux-Montagnes (réf.: 5-0111),

de retenir la solution proposée au mémoire du ministre des Transports et consistant à augmenter l'enveloppe budgétaire du projet de modernisation de la ligne de trains de banlieue Montréal/Deux-Montagnes et d'adopter le décret proposé par le ministre des Transports concernant la modernisation de la ligne de trains de banlieue Montréal/Deux-Montagnes.

LA SÉANCE EST LEVÉE À 15H30

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