Numéro spéciAl

Alain Kirili

Kirili : rythmes d’automne Parvis de l’Hôtel de ville de Paris du 16 octobre au 22 novembre 2012 dialogue : Kirili / hartung

Fondation Hartung bergman 7,50 € et musée Picasso, antibes du 14 octobre 2012 au 6 janvier 2013 Fondation Hartung bergman Informations Dialogue Kirili / Hartung Fondation Hartung Bergman pratiques Du 14 octobre 2012 au 6 janvier 2013

Fondation Hartung Bergman 173, chemin du Valbosquet, 06600 Antibes Téléphone : 04 93 33 45 92 Horaires : sur réservation le vendredi à 14h Plein tarif : 5 euros Tarif réduits : 3 euros Gratuit pour les moins de 16 ans et les demandeurs d’emplois

Musée Picasso Dialogue Kirili / Hartung Musée Picasso, Antibes (salles Hartung / Bergman) Du 14 octobre 2012 au 6 janvier 2013

Musée Picasso Château Grimaldi, 06600 Antibes Téléphone : 04 92 90 54 26/20 Adresse postale : Direction des musées, musée Picasso 4, rue des Cordiers, 06600 Antibes Téléphone : 04 92 90 54 20 – Fax : 04 92 90 54 21 www.antibes-juanlespins.com

Horaires : Fermé les lundis, les 25 décembre et le 1er janvier 10h – 12h et 14h – 18h Plein tarif 6 euros Tarif réduit 3 euros Gratuit pour les moins de 18 ans Billet combiné : 10 euros, valable 7 jours consécutifs pour les musées municipaux Accès aux personnes à mobilité réduite

Librairie-boutique Téléphone : 04 92 90 54 33 ; fax : 04 92 90 54 15

Parvis de l’hôtel de Ville Kirili, Rythmes d’automne Parvis de l’Hôtel de Ville Du 16 octobre au 22 novembre 2012 Parvis de l’Hôtel de Ville, place de l’hôtel de Ville, 75004 Paris

Remerciements Vanessa Panetto

A VOIR Directeur de la publication : Teddy Tibi RENCONTRE [email protected] 4 alain Kirili, le monolithe et le nucleus Directeur de la rédaction : Entretien entre Alain Kirili et Philippe Piguet Pascal Amel [email protected] Conseiller éditorial : NOTE D’ATELIER Charles-Henri Filippi rédaCteur en CHef adJoInt : 14 ma rencontre avec Hans Hartung, si vivant Tom Laurent Par Alain Kirili [email protected]

Secrétaire de rédaction : Pauline Mirete – [email protected] TEXTE Service développement : 18 Kirili – Hartung : le “bonheur de vivre” Marie Courtois-Pavie – [email protected] Par Sabrina Dubbeld Création graphique : Nicolas Blanchet – [email protected]

Correcteur : BIOGRAPHIE Eloïs Marel 31 le parcours artistique d’Alain Kirili Responsable du site Internet : Agence Celaneo

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Gestion marketing des ventes Presstalis : Agence A.M.E. sas – 4, rue Jarente, 75004 Paris 01 40 27 00 18 – Contact : Otto Borscha [email protected]

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ART ABSOLUMENT est édité par la société SUBJECTILE ART SAS au capital de 71 000 € – Président Teddy Tibi Commission paritaire 0414K81704 RCS Paris 510 408 560 – Numéro ISSN 1634-6556 11, rue Louise Weiss – 75013 Paris Tél. : 01 45 70 88 17

Couverture Alain Kirili dans son atelier à la Fondation Hartung Bergman. AKIRA IKEDA GALLERY Crédits photographiques © Ariane Lopez-Huici © Fondation Hartung-Bergman © André Villers © Marc Verhille 6 Alain Kirili,

RENCONTRE le monolithe

Vue du Parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. Alain Kirili. Rythmes d’automne. 2012, en ciment noir sur du gravier bleu nuit, 90 cm de hauteur chacun. et le nucleus Entretien avec Philippe Piguet 8 RENCONTRE Commandement I – est au musée Ludwig de Cologne dont elleestla versionlaplusrécente.La première – Commandements exactement ? dans votre œuvre depuis longtemps. Qu’en est-il s’inscrit àl’ordred’unesérie depiècesquiexistent aux alluresdesignesabstraits, Rythmesd’Automne Alain Kirili Philippe Piguet esthétique del’artiste,sapertinenceetrésistance. Hartung Bergman etauMuséePicasso. Une actualité duelle qui meten exergue la pensée par ailleursl’expositiondesessculptures que l’onpeutvoiràAntibes,laFondation en dit long de son combat pour un art du ressenti et de la présence. Comme en témoigne monumentale à la mesure du lieu, emblématique de ses préoccupations esthétiques, qui la VilledeParisàintervenirsurleparvisl’HôtelVille,l’artisteacrééunesculpture Verticalité et incarnation sont les deux mots clés de toute l’œuvre d’Alain Kirili. Invité par 2012, cimentnoir,90cmdehauteur. Alain Kirili.Rythmesd’automne. |

| Elle appartienteneffet à lasériedes

Composé d’un certain nombre d’éléments Composé d’uncertainnombred’éléments quej’aicommencée en1980et

à fairecechoix. aété conçueetréaliséequim’ont conduit et lamonumentalité duparvispourlesquels cette delafaçadel’HôtelVillesouvent discutée – d’une plusgrandehauteur. C’estlabeauté – quoique noire etqueleséléments quilacomposentsont tingue parcequ’elleestfaite encimentdecouleur au jardindesTuileries.Rythmesd’Automne s’endis- et uneautre – Grandcommandementblanc – setrouve AK PP AK PP Le titre – jaillissement, d’une sorte de dripping monumental. sculpture assez subjective dont l’idée est celle d’un termes dynamisent, donnentlavieàsculpture. un projetqui n’a nicommencement,fin, dontles prime dansla répétition, ladifférence,l’imprévu la formeouverte.Cetteidée deformeouvertes’ex- tant dansl’art,comme lamusique,quis’appelle sera présentée ? sera sortes devariationsselon l’emplacementoùelle utiliserai tousounon. où jevousparleencedébutdumoisd’août,siles réalisés, sansquejesachemoi-même,aumoment apporteront chacun l’ensemble des éléments quej’ai aura lieulejouretàl’heureconvenusoùlescamions esquisse préalable. C’est un dripping de signes qui aucune grillepréétablieetquineprocèded’aucune ses tableaux.C’estunesculpturequinerépondà criptyque àPollock puisque c’estcelui de l’un de | | | |

Quel en est tout à la fois le concept et le fil conducteur Ni l’un, ni l’autre ne sont très rationnels. C’est une Ni l’un,nil’autrenesonttrèsrationnels.C’estune Absolument. C’estbasésur un concepttrèsimpor- C’est doncunepiècequipeutconnaîtretoutes Rythmes d’Automne – signale une relation ; c’est ; c’est

? AK AK PP vous àlaquestiondeverticalité n’est-elle pasaussifondamentalementliéechez PP tellement desculpturesqu’ilaintituléesPlaces. la ChaseManhattanàNewYork pensée etvoulueparlui,commeill’avaitprévuepour Giacometti à la Fondation Maeght est une installation n’excluent enrienleprinciped’installation.Lacour le motdesculpture.Lasculptureetlastatuaire fait que les choses se tiennent debout, je lui préfère au sensétymologiquedumot,c’est-à-direceluiqui tallation maiscommejerevendiqueêtreunstatuaire, les distinguez-vous ? les comme sivousrefusiezcederniermot.Comment le parvis,masquant ainsilabasedechacun d’eux. formé parl’ensemble desélémentsmisen placesur recouvrira la totalitédelasurfaceduquadrilatère est d’autant plus marquée qu’un tapis de graviers tomne comme une naissance de la verticalité. Celle-ci mon œuvre. Il faut même percevoir Rythmesd’Au - | | | |

Je pourrais aussi bien en parler comme d’une ins Cette qualitédestatuairequevousrevendiquez Vous parlezdesculptureetnond’installation, Absolument. C’estlaligne deconduitetoute ; de plus, il a réalisé ; deplus,ilaréalisé ? -

9 RENCONTRE 10 RENCONTRE PP AK PP AK PP souvenir d’une présence. moulés, desorte quelecorpsenporte latrace,le davantage que cesélémentssoientmodelés etnon employée. Connaissantvotre travail,ons’attendrait entre cetteidéedel’incarnation et latechnique ont été moulés. N’y a-t-il pas là une contradiction nienne, onperdlanotiondel’incarnationdansl’art… expositions. Silasculptureestconstammentréti- place dans une section spécifique de chacune de mes « œuvres. J’aitoujoursétésensibleàlapossibilitédu par ladualitédevueetdutoucher. sensibilité etdemonidentiténepeuts’accomplirque rétinien ettactileàl’art.Unegrandepartiedema tion quimepassionne.J’aibesoind’avoirunrapport 2012, cimentnoir,90cmdehauteur. Alain Kirili.Rythmesd’automne. Prière detoucher | | | | |

Les élémentsquicomposent Rythmes d’Automne Vous voulezparlerduprincipedel’altérité Pourra-t-on déambuleràl’intérieur Oui maisunealtéritéincarnée.C’estl’incarna- Non seulementydéambulermaistoucherles » quejem’appliqueàmettreen ? ? sacré, quimeparaîtfondamental chezl’êtrehumain. circonvolution quelque chose d’un acte émouvant, chez lesanimistesafricains. Ilyadanscetteidéede autour d’uneéglise,ontourne autourd’unestatue on tourneautourdulingam , ontourneenprocession dans touteslescultures :ontourneautourdestupa, que l’on tourne autour est une pratique qui se retrouve exclusivement rétinienneoud’unepeinture.Lefait vateur. Cequiesttotalementdifférentd’unesculpture sculpture provoque une circonvolution chez l’obser suggère del’élévationetlaverticalité… PP AK PP AK et participent àceprintempsdelaverticalité… il n’enrestepasmoinsquetousmesCommandements tion esthéritièreetquiexistentprofondémentenmoi, du minimalismeetstructuralismedontmagénéra- | | | |

l’Hommage à Charlie Parkerquiestinstallé dans

des Tuileries Avec leGrandCommandement BlancdesTuileries Si cette sculpture incarne et révèle une assimilation Si cettesculptureincarneetrévèleuneassimilation L’incarnation serait alors plutôt dans ce qu’elle Et de ce mystère qui fait que la verticalité de la -

12 RENCONTRE de notreidentitéetculture. relation est une des composantes fondamentales qualifie toutunpandelaculturefrançaise.Cette du lien profond qui existe entre nature et art et qui et esthétiquement. Je suisun militant de la mémoire tégés. Cela vousengage politiquement, socialement c’est-à-dire dans des espaces qui ne sont pas pro- extérieur àunmuséeouparcdesculpture, force monumentalecapabledevivredansunmilieu AK PP AK ? Que représentent-ils ? Que constituent ? constituée, quels sont donc les éléments qui la nel. Aucontraire, ilnousconvoquedevant unepage de communication. Ilneproduitpasdesens ration- communique rien, quineseveutpaspour unlangage fil dutemps,maisc’estunalphabet mystérieuxquine j’ai progressivementélaboré etquejedéveloppeau à intervenirainsienmilieuurbain représente pourvous sion demettreenplaceàParis.Qu’est-cequecela troisième piècemonumentalequevousavezl’occa- le 13 à laFondationHansHartung. Alain Kirilidanssonatelier | | |

Ces sculptures représentent trois versions d’une Pour en revenir à la façon dont la sculpture est C’est unalphabetidiosyncratique, abstrait,que e arrondissement,Rythmes d’Automne ? Qu’est-cequivousintéresse ? estla plaît ? que l’observateurpuisseyprojeterlesensquilui puisse yfaireuneexpériencedeliberté. à faireuneœuvreouvertepourquel’observateur physiquement et intellectuellement. Je m’efforce permettre àchacun de s’y accomplir subjectivement, mais pour leur donner de la jouissance, du plaisir et de l’artpourinhiberlesgensetpétrifier de laparole,celanemedéplaîtpas.Je nefaispas PP AK PP sans qu’onréussisseàendéchiffrerlecontenu… tridimensionnelle, comme devant un livre ouvert, en appellent tant àladéambulationqu’à latraver- mêlées dans l’espace. Ellessonttrèsgraphiques et non, cesœuvres seprésententcommedes écritures dernière. Faitesdefilsfer etdecuivre,gainésou sion d’unerésidencequevous avezfaitedanscette tout autrenaturequevous avezréaliséesàl’occa- Bergman, àAntibes,unensemble d’œuvresd’une nément auMuséePicasso et àlaFondationHartung Rythmes d’AutomneàParis,vousexposezsimulta- | | |

L’idée de cet alphabet, l’avez-vous conçu de sorte L’idée decetalphabet,l’avez-vousconçusorte Je n’yvoisaucuninconvénient.Siçadéclenche Dans lemêmemomentoùvousprésentez cette notiondepulsation,rythmiqueetvitalité. que soitladimensiondesculpture,jepeuxjouer rence, cequim’intéresseestdemontrerque,quelle le fruitd’unepulsion,d’unjaillissement.Enl’occur- hommage au« que jevaisdéciderenquelquesminutesetcelles ture duparvisdel’HôtelVilleestunesculpture ont unrapportaveclefa presto toutefois, ilestquestiond’écritureetd’œuvresqui sens d’une écriture pulsionnelle sont eneffetdavantageorganiques,scripturales,au tomne – procèdent d’une écriture cursive, les autres et la complexité de la vie. Si les unes – Rythmesd’Au- simplement au départ le désir de refléter la diversité bien pluslenœud gordiendelavie. moins laquestiondeverticalité. Ellesévoquent en dialogueaveclesœuvres dupeintre,sous-tendent hommage àHartung,quisont présentéesàAntibes AK PP AK deux grands modèles desculpture,le monolithe, peuvent-elles existersimultanément sée duregard.Commentcesdeuxtypesdeformes 2012, recuit,caoutchouc,fildefermétallisé,46x4340cm. Alain Kirili.AriaIIàAntibes. | | |

Je n’ai pas d’explication certaine. Je crois que j’ai Je n’aipasd’explicationcertaine.croisquej’ai J’ai toujoursconsidéré pourmapartqu’il yavait Il n’enrestepasmoinsque cessculpturesen dernier Hartung » sontpareillement

; dans les deux cas, . Lagrandesculp- ? l’idée d’uneorigine… là desformesproprementnucléairesquiréfèrentà AK PP circonvolution… tout àfaitabstraitesdanssontravailparcegestede alors qu’ilsesavaitdisparaître jepenseàcespivoinesqu’ilfaisaitCy Twombly : retrouve d’ailleursplustardchezquelqu’uncomme sieurs dessinsdecomplètecirconvolutionqu’on découvert dansl’œuvretardivedeHartungplu- du corpsetuneautreàladimensiondesmains.J’ai et de latête,l’autre.Ily a unesculpture à l’échelle d’une part,etquelquechosedel’ordrelamasse giques delasculpture. en quelque sorte.Ce sont là les deux formes ontolo- dressent àlaverticale.Lenucleusetlemonolithe, mentarité aveclessculpturesquis’érigent,se | |

Qu’il s’agissed’HartungoudeTwombly,cesont Absolument. Ellesopèrentenparfaitecomplé- ; ellesdevenaient

13 RENCONTRE 14 Rubrique 2012, recuit,laiton, filrougemétalliséetgainévert,40x54 x50cm. Alain Kirili.AriaIVàAntibes. Vue del’exposition à laFondationHartungBergman. 15 Rubrique 16 Ma rencontre avec Hans Hartung,

Par Alain Kirili si vivant

NOTE D ’ ATEL I ER Antibes. Le château Picasso, lieu magique de mon les accueillir au musée Picasso en dialogue avec les adolescence : ce musée accomplit ce qui sera ma dernières œuvres magistrales de Hans Hartung. profession de foi d’artiste à travers l’histoire du châ- Un rêve d’adolescence s’accomplit, c’est très simple teau : ses origines grecques si fondamentales pour et cela arrive parfois. moi entre les traces archéologiques apolliniennes et Le fer est l’équivalent du crayon et le caoutchouc est dionysiaques. Et les sculptures de Picasso en ciment, l’équivalent du fusain, du crayon gras. Le fil de fer bustes de femmes : de véritables bombes sexuelles. garde sa forme alors que le caoutchouc épouse les Aujourd’hui Jean-Louis Andral, le conservateur points d’appui du métal et le sens de gravité. L’œuvre actuel, a ressenti, après avoir vu les œuvres que j’ai est fragile, elle joue avec l’éphémère, avec le souffle, créées à la Fondation Hartung Bergman, l’envie de avec le son de la voix, ses volutes, ses ondulations. Le geste est pour moi essentiel. Je l’exprime par du fusain ou du métal sans différence puisqu’il s’agit fondamentalement de rapidité d’exécution et de cal- ligraphie, de dépense en pure perte. Hans Hartung a immédiatement compris en voyant Gonzalez travailler dans son petit atelier de forge- ron que la forge est un art de l’immédiateté, le fer n’est rouge incandescent que quelques secondes. Le martelage doit être extrêmement rapide. Cette radicalité de la découverte, m’a obligé d’accepter un néologisme en parlant de la beauté « filiforme », du dessin dans l’espace : c’est la nouvelle conception de la sculpture en fer inaugurée par Gonzalez. Hartung s’est malheureusement détourné de la sculpture alors qu’il avait fait la preuve de sa capacité à créer une sculpture verticale tout en transparence, dans la beauté d’une observation à 360 degrés et entièrement abstraite. Cette œuvre unique est en soi une immense innovation. Le métal est parfois froissé, plié, sans intention figurative, pour seulement expri- mer la liberté du geste gratuit. Une sculpture libre. Hartung est sculpteur, bien que cette œuvre fut en grande partie exécutée par Julio Gonzalez. La liberté du geste dans cette sculpture, nous la retrouvons amplifiée dans les dernières années de son existence lorsqu’il travaille avec ces pistolets compresseurs de peinture (à l’origine ce sont des sulfateuses). Un film le montre au travail et révèle bien la jubilation et l’allégresse créative qui per- mettent à Hartung de surmonter ses handicaps et même de s’en servir de façon exceptionnelle. Ce film confirme bien le défi de la création qui se sert du À gauche : handicap pour mieux le transgresser. C’est un secret Alain Kirili dans son atelier à la Fondation Hans Hartung. d’artiste rarement révélé. Ce genre de témoignage est en général oral. À droite : En découvrant au Musée de la ville de Paris le magni- Hans Hartung dans son atelier. fique ensemble des œuvres ultimes d’Hartung et Photographie d’André Villers. son exposition à la galerie Cheim and Read à New York, j’ai ressenti une immense attirance pour cette Il retrouve la vitesse en direct sans parodies, sans audace retrouvée dans cette dernière étape de son imitations, sans obsessions de reproduction. La existence. Il surmonte un accident cérébral et tout à création est « fa presto », le risque de l’instant règne coup il renouvelle entièrement son vocabulaire qui de nouveau. Je partage cette éthique. s’était souvent affirmé par un développement recon- Dans notre dialogue la spontanéité est dessinée, naissable, identifiable et répétitif. Soudainement, il peinte, sculptée, elle est sans repentir. Directe. Dans crée dans les expériences limites de l’être humain. la force de l’instant. Un geste de l’inconscient. 18 Rubrique Hans Hartung.T1989-A31. 1989, acryliquesur toile,162x130cm.2012,recuit,laiton, filrougemétalliséetgainé vert,40x5450cm. Alain Kirili.AriaVàAntibes. 2012, recuit,fildecuivre, laiton,filrougemétalliséetgainé blanc,73x99cm. Alain Kirili.AriaIIàAntibes. 2012,recuit,caoutchouc, fildefermétallisé,46x4340 cm. Vue del’expositionàlaFondationHartung Bergman(degaucheàdroite) : 19 Rubrique 20 TE X

Vue du jardin de la Fondation Hartung Bergman avec l’œuvre Aria XIX à Antibes. 2012, installation avec fil de fer et caoutchouc. Kirili –Hartung : le « bonheur de vivre Par SabrinaDubbeld »

21 Rubrique 22 TEXTE tence retrouvée danscettedernièreétapedesonexis- ressenti uneimmenseattirancepour cetteaudace lorsqu’il l’a revue à New York un an plus tard : « en 2009danslecadredel’expositionDeadline ultime Kirili a été profondément touché par la production Une rencontre « le lendemain l’on croyaitsavoir del’œuvre.« d’une remise enquestionprofondede tout ceque à peindre mettre aupointpouryparvenir, véritable« dépasser sespropreslimites. Latechniquequ’ilva de 360œuvres.Cette« l’année desondécès,en1989, ilnecréepasmoins moyennes. Jamaisiln’auraétésifécond.Ainsi, lier desfeuillesdedessinoutoilestailles dimensions, luiquiétaitjusqu’alorsbienplusfami- quer, avecfrénésie,àdestableauxdetrèsgrandes retour dansl’atelierenmars1987,Hartungvas’atta- vasculaire cérébrale endécembre 1986.Dèsson sont extrêmementréduitesàlasuited’unaccident de l’artistealorsmêmequesescapacitésphysiques que l’allégresseetlajoiesontalorslesseulsguides 2012, installationavecfildeferetcaoutchouc. Alain KirilidanslejardindelaFondationHartungBergmanavecl’œuvre 2 . 1 » Ce qui le séduit plus particulièrement, c’est » Cequileséduitplusparticulièrement,c’est dupeintreHartunglorsqu’ill’adécouverte 4

», libère complètement son geste. Il s’agit », libèrecomplètementson geste.Ils’agit 5

», « Il yatoujours autrechoseàexpri- nécessité defaire sensationnelle Rien necompte que 3

machine » luifait puis J’ai » Aria XIXàAntibes. en moiavecleplaisirdepeindre plus quepourpeindre : « de trèsgrandsformats. Hartung nevitdésormais d’exécuter detouspetitsmouvementspourréaliser utilisant unesulfateuse.Grâceàcetoutil,illuisuffit dans son fauteuil roulant et projette sa peinture en toile. Lecréateursetientensuitefaceàl’ensemble préparent préalablement la surface à peindre sur la assistants, BernardDerderianetJean-LucUro,lui cessus techniqueethumaintoutàfaitinédit.Deux réalité, sa« mer etonatoujoursenvied’allerplusloin à lamode suré etmarginalisé : latristesse[…]négativité sont un artisteestmalperçuànotre époque.Ilyestcen- « se bat contre la mélancolie ambiante et la morosité : et de l’espoir dans la création artistique. Le sculpteur lui-même toujoursdéfendu l’importancedubonheur de la vie marque tout particulièrement Kirili car il a d’Hartung, retrouver unecertaine« une nouvelle aventure : retour de l’émotion moment précis – unstyleparfait[…].Ilselancedans le peintre en1988. Selon Kirili : « Il fautreconnaîtrequecerapport aubonheurchez 9 . » Les créateurs devraient donc, à l’image » Lescréateurs devraientdonc,àl’image machine àcréer Le plaisir de vivre se confond Le plaisirdevivreseconfond » s’appuiesurunpro- 8

. Hartung brise – à ce » Cette célébration » Cettecélébration jeunesse 6 », confie », 7 », une .

En » devenir jeune Picasso disait : « période donneunenouvellejeunesseàHartung. qui n’ontdonné« dans sonAutoportrait, aux écrits quasi-prophétiques d’Hartung. Eneffet, vaux devait sécher correctement afin que la peinture le permettait dans l’atelier. En effet, chacun des tra davantage de surfacedetoilequel’espace ausolne fait d’ordre matériel : il était impossible de couvrir seule limiteaunombred’œuvres conçuesétaiten il luiarrivaitsouventdecréer sixtoilesparjour.Sa ainsi quedanslestroisdernières annéesdesavie, de développerunetellerapidité d’exécution.C’est de l’expérience,qui,paradoxalement,luiapermis c’estlalentematurationparfaitement cetteidée : enfin donnerlemaximum là, ilfallaitdoncunelongueetlaborieuseviepour doivent mûrir liée àdeshommesetleshommes,commefruits, la fin de leur vie car, pour lui, « qui mesontaccordées reprises : « expression qu’emploientlesdeuxartistesàplusieurs Photographie d’AndréVillers. Hans Hartungdanssonatelier. C’est uneforce,nouvellejeunesse 11 », ajoutantqu’«

» (Kirili, 2012). Cette pensée fait écho » (Kirili,2012).Cettepenséefaitécho Il fautdenombreusesannéespour le meilleurd’eux-mêmes il dresseunelisted’artistes 10

» (Hartung,1988),« ». Hartungincarnerait à tousceshommes-

chaque époque est 12 » qu’à » Cette » […] » […] - cette spontanéité qui donnelerythme, l’intensité s’il estraté.C’est cetteimprovisationsur latoile, geste soit définitif et je reviens rarement dessus, sauf préparatoire nirepentir quer latoiledirectementsans jamaisaucundessin sible. Àpartirde1960,Hartung aussisemetàatta- rectification. C’estqu’àses yeux, lavéritéestirréver- sont créées« forgé encoreincandescent,toutessessculptures dement, enpassantparlatailledirectedumétal réalisations récentesenfilsdeferassemblésrapi- hâtivement lorsque la terre est encore humide, aux ses premièrescréationsenterrecuitequ’ilmodèle de nouveau du peintreest« rejoint alorssesproprespréoccupations :letravail dit-il en1988.PourKirili,laproductiond’Hartung quantité meparaîtaussiimportantequelaqualité ne coulepas.« avec intensité et sans correction œuvres, quelsquesoientlesmatériaux,sefontvite, grande importanceàlacéléritéd’exécution :« par ce mode de création car il a toujours attaché une Selon Kirili, cette ivresse dans laquelle l’artiste crée 13

». Lesculpteurnepeutqu’êtretouché sur l’instant , le risque de l’instant règne fa presto,lerisquedel’instantrègne Pour unpeintre,lafertilitédans ; ilrapporte : « », spontanémentetsans 14 .

» Et, de fait, depuis J’aime que le J’aime quele Mes 15 » . » »

23 TEXTE 24 TEXTE Vue del’expositionàlaFondationHartungBergmanaveclesœuvres(degauche àdroite) : 2012, recuitgalvanisé, caoutchouc(2épaisseurs),500x90 x80cm. Alain Kirili.AriaIàAntibes. 1989, acryliquesurtoile,195x130cm. Hans Hartung.T1989-K43. 1989, acryliquesurtoile,154x250cm. Hans Hartung.T1989-K29. 1989, acryliquesur toile,195x130cm. Hans Hartung.T1989-L13. 1938, sculpturedefer,96x37cm. Hans Hartung.Sanstitre. 1989, acryliquesurtoile,185x300cm. Hans Hartung.T1989-A7.

25 Rubrique 26 Rubrique peinture française de la première moitié du XX loue égalementlalumière,clartéetchaleurde rement enFranceentredeuxséjoursàNewYork.Il de vie, lui qui éprouve le besoin de revenir réguliè entendu, Kirili ne peutquese retrouver danscechoix demeurera jusqu’à la fin de sa vie en France. Bien de rejoindre Paris et, à part quelques courts séjours, tion delapeinturefrançaise une révélation : ilnepeuts’arracher àlacontempla- visite de l’exposition d’artinternational à Dresde, il a aussi laforcedeleursémotions.En1926,lors encore Rembrandt, parce qu’ils partageaient eux- par lesproductionsdeVanGogh,Kirchner,Noldeou sa prime jeunesse, le peintre se sentait plutôt attiré sant toute sa place à la sensibilité humaine. Dans premières œuvres,renoueravec qu’il « poétique del’émotionprononcée.Kiriliditd’ailleurs des deuxhommesserejoignentautraversd’une Rodin. Parailleurs,lesœuvresetpréoccupations quoi Kiriliyvoitunlienaveclesdessinsérotiquesde qu’elles sont couvertes de jaillissement. C’est pour- plus manifestedanslesœuvresultimesd’Hartung lité apparaîtdonccommeprimordial.Ilestd’autant de l’œuvre. Le rapport entre le corps et la sexua- créateur estauthentique,cequiassurelapérennité sexué del’artiste.Dansunétatd’ivresse,legeste pulsions inconscientes. Elles sont très liées au corps et la rapidité de conception permettent de libérer les fragiles participent au théâtre d’ombres et de lumière fragiles participentauthéâtred’ombresetdelumière sculptures enfilsdeferdansl’oliveraie.Cesœuvres son passageendisséminantquelques-unesdeses monde hartungien a décidé delaisser des traces de le sculpteur,quiconnaissaitdésormaisbienmieux Lors de familiarise égalementavecl’universintimedupeintre. d’Hartung, ilsemetàcréerunrythmeeffréné.Il se et entourédelaprésencebienveillantedesassistants siaque, porté par les souvenirs de ce lieu historique fer etcaoutchoucs.Enchantéparcecadreparadi- magasin debricolagepouracheterdifférentsfils à peinedescendudel’avion,ilseprécipitedansun à Antibes.Lorsdesapremièrevisite,enjuin2011, enthousiaste, estinvitélaFondationHartungBergman À lasuitedecettedécouvertel’œuvre,Kirili, Antibes : unprojet solaire quant àlui,affirmait 1938, sculpturede fer, 96x37cm. Hans Hartung.Sanstitre. 2012, recuitgalvanisé,caoutchouc(2épaisseurs), 500x9080cm. Alain Kirili.AriaIàAntibes. grave la matière parl’émotion son deuxième séjour, quatre mois plus tard, son deuxièmeséjour,quatremoisplustard, 17 qu’ilavaitsouhaité,dèsses 18 . Il décide sur-le-champ . Ildécidesur-le-champ un artabstraitlais- 16 ». Hartung, ». e siècle. - unique sculpture. Au musée, elles dialoguent avec aux côtésdes dernièresœuvresdupeintre etdeson la fondation,les créationsdeKirilisont présentées a émislesouhaitdelesexposer danssessalles.À Bergman, estluiaussivenu voirlessculptureset qui abriteunecollectiond’Hartung etd’Anna-Eva conservateur dumuséePicasso àAntibes,institution Kirili-Hartung dans leurs locaux. Jean-Louis Andral, suggéré l’organisation d’une exposition-dialogue les membresdelafondation.Cesderniersontalors tures. L’expérience enchanta l’artiste ainsiquetous qui pourraientdialogueraveccesnouvellessculp- chercher, danslesréserves,destableauxd’Hartung face auxœuvresdumaître.Ilsonteualorsl’idéede C’était d’autantplusétonnantqueKirilinecréaitpas créations enfilsdeferquinaissaientsousleursyeux. existait entrelesdernièresœuvresdupeintreet œuvres, pluseuxétaientfrappésparlaproximitéqui présence d’unartistevivant.Plusluiconcevaitses de fouguedansunatelierquiseranimaitparla lièrement émusdevoirKirilitravailleravecautant Bernard DerderianetJean-LucUroontétéparticu- pellicule cesdessinsabstraitséphémères. attaché, durantplusieursdécennies,àfixersurla nient avecl’œuvred’Hartungphotographequis’est qui rythmentlesmursdelafondation.Ellescommu- 2012, filgainérouge(entroisépaisseurs),37x3841cm. Alain Kirili.AriaVIIàAntibes. deux hommesavaientfaitconnaissanceen1937 lui-même ététrèsprochedusculpteurcatalan.Les niques développéesparsonaîné.Hartungaussia premiers travauxenferforgésontinspirésdestech- a acquis plusieurs dessins de sa main. De plus, ses Il aécritdeuxtextesconsacrésàsessculptureset L’œuvre decedernieratoujoursaccompagnéKirili. de Rodin,Steichen,MonetetGonzalez… œuvres ontdéjàdialoguéaveccellesdeCarpeaux, beaucoup àKirili.D’ailleurs,parlepassé,ses du sculpteuraveccellesd’autresartistesplaisent type d’expositionsquimettentenregardlesœuvres de juilletafinpoursuivresontravailcréation.Ce historiques. Kirili est revenu à Antibes à la fin du mois les peintures ultimes d’Hartung et avec des tableaux s’étaient immédiatement liés d’amitié l’ensemble composant unetriadecréative inédite. en filsdefer Kirilietl’œuvresculptée d’Hartung, un maillonessentiel dansledialogueentre l’œuvre propres créationsàAntibes. AussiGonzalezest-il a tenuàl’honorerenl’exposant auxcôtésdeses fer, sapremièreetunique sculptureachevée.Kirili familiarisé avecluiauxtechniques delasouduredu l’œil bienveillantdel’artiste espagnoletaprèss’être durant unedesesvisites, sais mesjournéesàArcueildansleuratelier. qu’il crée,en1938,sous 20 : «

Je pas » C’est » C’est 19 et -

27 TEXTE 28 TEXTE essentiel de l’exécutiond’uneœuvre : « teur, del’effortdéployéparlecorpsl’artistelors Kirili atoujoursdéfendul’importancedugestecréa- Le geste« ensemble, lui adjoignantdescordonsdecaoutchouc.Travaillées matériau demanièretotalementindépendanteouen lique. C’est à partir de 2008 qu’il utilise ce dernier du modeléquis’opposentàlafragilitéfilmétal- vide, ainsiqu’entrelaforcenécessaireaufaçonnage sculpture dupleinetlefilmétallique, L’artiste jouesurlescontrastesentrelemodelé, ils sontalorsliésàsesmodelagesenterrecuite. Lorsqu’il débute ses premiers travaux en fils de fer, ments circulairestracésd’unseulgestesurlatoile. ment delasérieBacchus l’œuvre peintedeCyTwombly,plusparticulière- Picasso, deTuttle,Saret,d’Hesseainsique Ses réalisationssenourrissentdesrecherchesde Le fildeferapparaîtdansletravailKirilien1980. « Correspondances 23

», « ces deuxmatièrespermettentlacréa-

la force, c’est l’énergie humaine calligraphique dont ilapprécielesmouve- » d’un peintre et d’un sculpteur pour moilegesteest » 24

». ». du crayon de leurfinesse,sont« d’acier etmêmelesfilsdefercolorés,enraison rappellent l’universmusical.Lesfilsdecuivre, dans l’espacedontlescirconvolutionsirrégulières tion decompositionsrythmiques,véritablesdessins gras plus épais,est« la ligneetlescouleurschatoyantes. Kirili : l’énergiquegestecréateur,l’expressivitéde trois aspectsmajeursdelacréationchezHartunget tanée pourledessin.Cetéchangeartistiquecélèbre ayant eu,toutaulongdesavie,uneattirancespon- dialoguer avec les œuvres d’Hartung, ce dernier également lapertinenceduchoixfildeferpour est doncbeletbienceluidudessin.Celaexplique une écriture dans l’espace. Il résume : « franchit delafigurationetl’ensembleviseàformer rapides, sanscorrections toute sacréationsefaitàpartirdegesteslibreset coréen Ung-No-Lee.Etcommedanslacalligraphie, mation deslettresorientalesàl’académiedupeintre en 1965,ilaitsuividescourspourl’étudedelafor- Cela expliquequ’audébutdesaformationartistique, plus importanteestsansnuldoutelacalligraphie. Pour lui,l’artexigeantladépensepulsionnelle représentant la« sculptées relèventtoutesdeuxledéfiàlagravitéen forme delasculptureenferd’Hartung.Cesœuvres de Kiriliquientreenrésonnanceaveclabeautéfili- tung. Cettefois,c’estlafragilitédesfilsmétalliques Kirili ladécèleégalementdanssculptured’Har- recherche d’unevitalitéfondamentale.Cettevigueur, et les fils de fer du sculpteur exalte leur commune séduisent Kirili qui y voit la caractéristique d’un « Le gesteetcesfluxd’énergiedesdernièrestoiles relles etdesesencresChinedesannéestrente. renoue avec la spontanéité du geste de ses aqua - les termesdeKirili. calligraphe dans lefer calligraphe danslapierre,terre,jesuisun ligraphe peintre 2012, installationavec fildeferetcaoutchouc. Alain Kirili. AriaXIXàAntibes. 22

». Levocabulairedelacréationenfilfer 21

», tandis que le caoutchouc, beaucoup 26 l’équivalent dufusainoucrayon . » légèreté d’être La rencontre entre ces créations La rencontreentrecescréations 25 l’équivalent – pourKirili –, l’équivalent – . » Àlafin de savie,Hartung ; demême,lerésultats’af- 27

» pourreprendre

Je suis un

cal -

encore quinze ans pour qu’il libère complètement sa encore quinzeanspourqu’illibèrecomplètementsa utiliser desteintesplusjoyeusesmaisilfaudraattendre quelques aplatscolorés.Àpartirde1970,ilsemetà ment quelquescerclesdelignescouleursvivesou les rouges.Danssestableaux,ondistinguaitseule- les couleursfroides,méprisantmêmeroseset Jusqu’en 1970,Hartungatoujoursaffirmépréférer Le flamboiement descouleurs dans l’instant, nefont qu’un avec la danse libre et traits, quisemblenttoujoursensuspensionetsaisis circonvolutions, lignes serpentines… Ces motifs abs- vocabulaire artistique singulier : traits en zigzags, Dans sa peinture, cette recherche a fait naître un énergies universellesquisous-tendentlemonde. jamais iln’arenoncéàsaquêtevisantcapterles cis pard’indénombrableslignessinueuses.Depuis, d’écolier. Nombre d’entre eux auraient ainsi été noir- blement àfixerlestraitsdelafoudresursescahiers fasciné parleséclairsd’oragesets’essayaitinlassa- Selon sesrécits,Hartung,lorsqu’ilétaitjeune, Des traits, des lignes et des cercles ultimes dupeintre(T1989-A31,T1989-R44). nie visuelleaveclescouleurschatoyantesdesœuvres tung (T1938-3, T1938-6) et culminent en une sympho- de couleursquiponctuentlespremierstravauxd’Har- de ferpolychromatiquesKirilirépondentauxlignes à lacouleurprendunerésonnanceparticulière : lesfils palette. Danslesexpositionsantipolitaines,lerapport T1989-18, T1989-A35,T-1989-K43). dernières toiles d’Hartung (T1989-L12, T1989-A3, répondre aux épaisses lignes noires scandant les au fil de fer une gravité, une pesanteur qui viennent en épousantlespointsd’appuisdumétal,confèrent une grandepulvérisation.Lesfilsdecaoutchouc,tout fait ressurgir un ou plusieurs larges traits noirs par trois dernièresannéesdesavie,lepeintreasouvent et lesœuvresultimesd’Hartung.Eneffet,dans caoutchouc qui composent les sculptures de Kirili est encoreplussensibleentrelescordonsnoirsde sensuelle desfilsdeferdansl’espace.Cetteunion à laFondationHartung Bergman Vue del’atelierd’Alain Kirili

29 TEXTE 30 TEXTE 7-  6-  5- 4- 3-  2- 1- 2012, fildefer,gainébleuetverrecoloré,40x53cm. Alain Kirili.AriaXXIVàAntibes. A. Kirili, « Propos deHartung reprisparJ.Mundy,op.cit. op.cit. de l’écart Terme d’Hartung reprisparC.Rondeau,« op.cit. Terme d’A.Claustresin : HansHartung,lesaléasd’uneréception, Terme d’HervéCostedeChamperon, undesesassistants. vivant A. Kirili, « Catalogue d’expositionHansHartung,TheLastpainting , 2010. 2009 5 continents, nières œuvresdeHansHartung presses du réel, 2005, l’article de J. Mundy « plus, cf.A.Claustres,HansHartung,lesaléasd’uneréception,Les la galerieCheimandReadàNewYorken2010).Poursavoir d’art contemporainLanguedoc-RoussillonetTheLastPaintingà de laVilleParisen2009 maison CosenzàGaèteetDeadlineauMuséed’artmoderne œuvres monumentalesdupeintre(Hartung l’œuvre ultime àla ont permisdedécouvrirdanstouteleurampleurlesdernières traction lyrique mythe trompeurquivoulaitqu’Hartungfût« crée àlaréceptioncritiquedesescréations,adéconstruitle métamorphosé. D’unepart,lathèsed’AnnieClaustres,consa- Depuis dixans,leregardportésurl’œuvred’Hartungs’est ; 2009 ; ; Catalogued’expositionHansHartungL’œuvreultime, », texteinédit. (note 1),p.10. (note 1),p.334. Pour leSud » in : Catalogued’exposition HansHartungSpray, » in : Pour le Sud, Ma rencontre avec Hans Hartung, si 2006,p.192-211,Catalogued’exposition,Deadline,

». D’autre part, plusieurs expositions récentes », op.cit. au Musée régional ; HartungSPRAYauMuséerégional (note 2) Hartung, 10 perspectives, », in :Hartung,10perspectives, La question des der- Hans Hartung,l’art le pèredel’abs- (note 1), p.209. 27- 26-  14-  24-  23-  22-  25-  9- 9- 8-  12-  13-  21-  20-  19-  18-  17-  11-  10- 15-  16- 16- A. Kirili,« Ibid. sculpteurs, École nationale supérieure des beaux-arts, 2007, p. 57. Ibid. A Kirili,« de sculpteurs,op.cit. (note9),p.161. A. Kirili« in : A. Kirili,« Entretien avecA.Kirili. Ibid. « Hans Hartung,Autoportrait, A Kirili,« A Kirili,« Ibid. 124, 125. Cf. HansHartung,Autoportrait,op.cit.(note12), Ibid., Hans Hartung,Autoportrait,op.cit.(note12), A Kirili,« Hartung, intheBeginningwaslightning,5continents,2006,p.226. Catalogue d’exposition Hartung cité dans A. Barzel, in : in : « A. Kirili« A. Kirilienentretien avecWilliamJeffet Entretien d’Hartung Mémoires desculpteurs,op.cit.(note9) , p.72 Mémoires desculpteurs,op.cit.(note9),p.39. p.62. Jazz, pulsionsculptéeduXX David Smith,uneivressecréative Pour leSud Pour leSud Pour leSud Pour leSud Jazz, pulsionsculptéeduXX De l’Amériquenoireaudésird’Afrique », op.cit. », op.cit. », op.cit. », op.cit. », in : Libération , août1988. Grasset, 1976,p.130-131. (note 2) (note 2) (note 2) (note 2) e siècle », e siècle », », Mémoires op.cit. Mémoires de Mémoiresde », in : p.130. (note 14), p.116, 122,

»,

p. 42. Hans Hans 31 Le parcours artistique d’Alain Kirili B I OGRAP HI E

Alain Kirili est né le 29 août 1946 à Paris. Il vit et travaille entre Paris et New York.

2012 2009 Exposition personnelles à la galerie Ikera-Ikeda, de Alain Kirili présente son œuvre lors d’une confé- New York et Berlin. Séjour à la Fondation Hartung rence avec Paul-Louis Rinuy à l’INHA, Paris. Le film Bergmann où il crée ses sculptures en fil de fer Aria Alain Kirili, sculpteur de tous les éléments réalisé avec l’assistance de Roland Massenhove. Entretien par Sandra Paugam est présenté pour la première publié dans le Brooklyn Rail avec Robert Morgan. fois à NYU, Paris. Il participe à plusieurs exposi- Publie un article dans Libération : Pussy Riot, le retour tions collectives : Sculpture & Drawings avec entre des Guerillas Girls. Expositions Kirili-Hartung au autres Larry Bell, John Chamberlain, , Musée Picasso et à la Fondation Hartung-Bergmann , Joel Shapiro, à la galerie Danese à d’Antibes. Exposition/installation sur le Parvis de New York ; Triple Play organisée par Lilly Wei, avec l’Hôtel de Ville de Paris de Rythmes d’Automne. John Duff et à la Lesley Heller Gallery, New York ; NY Masters avec Ron Gorchov, Judy 2011 Pfaff, Alexander Ross, et , à la Galerie À Grenoble, Alain Kirili inaugure sa sculpture Jean-Luc & Takako Richard, Paris ; et l’exposition monumentale Résistance, placée dans un travail Dialogue Sculpture by Alain Kirili and Painting by paysagé d’Alexandre Chemetoff. Il expose ses des- Frank Olt, organisée par Elaine Berger au Nassau sins au Musée de Grenoble. En Juillet, est inaugu- County Museum of Art Contemporary Gallery, Roslyn rée une nouvelle installation de Ascension installée Harbor, NY. Invité par Philippe Piguet, il expose sa à l’extérieur de l’abbaye de Montmajour à Arles. En sculpture Ascension III et ses terres cuites Adamah à septembre, dans les jardins du Musée de Caen, sa l’Abbaye de St Jean d’Orbestier, Château d’Olonne. sculpture Geste de Resistance est inaugurée accom- Exposition personnelle en dialogue avec le peintre pagnée par un texte de l’historien Robert Paxton, the Ron Gorchov à la Galerie Jean-Luc & Takako Richard, Eye of Hitler. Paris. L’artiste participe également au catalogue Sol LeWitt 100 Views du MASS MoCa avec son texte Sol 2010 LeWitt: A New Calligrapher. Alain Kirili présente son dessin Forge dans l’expo- sition collective Works on Paper, avec entre autres 2008 les artistes John Chamberlain, Richard Serra, Joel À Paris, il est invité par l’Institut National d’Histoire de Shapiro, à la galerie Danese à New York. Le sculpteur l’Art à présenter l’œuvre du sculpteur Etienne Martin peint en rouge ses nouvelles verticalités martelées qu’il a bien connu. Mutablemusic édite et diffuse le dans sa série d’œuvres Burning Bush, Adam I, II et III, coffret CD-DVD Kirili et les Nymphéas – Hommage à et Zips. Il développe dans la même énergie la série Monet – Improvised music at the Musée de l’Orange- de dessins New York Incandescence au fusain noir et rie, enregistré lors du concert qui s’est déroulé au pastel gras rouge sur papier calque. Musée en 2007. À Paris et New York, il crée les séries de sculptures en fer martelé Equivalences, Uccello, Visitation, les ensembles de terres cuite Adamah et Ivresse, et les dessins Equivalences. 32 Biographie Jenkins, DanielCarteretThomasBuckner. gnée d’unconcertdemusiqueimprovisée par Leroy Exposition àlaNewYorkStudioSchool,accompa- nium, premièretentative. Voyage àBeyrouth,invitédansuneusined’alumi- ensemble denouvellessculpturesenfermartelé. En février,ilretourneauSénégaloùforgeun 2004 Jérôme BourdellonetThomasBuckner. Palais-Royal parJosephJarman,DalilaKhatir, de musique improvisée sur la scène du théâtre du Royal. L’inaugurationestaccompagnéed’unconcert à exposerSegouetTotemsdansleJardinduPalais En avril, il est invité par le Ministère de la Culture 2005 la peinturel’OriginedumondedeGustaveCourbet. au Musée d’Orsay. Cette sculpture est placée face à Steichen, danslaséried’expositionCorrespondances ture etlesphotosduBalzacdeRodinparEdward sculpture Alain Kiriliestinvitéàcréerundialogueentresa 2006 par ThierryDufresne,Paris. nue luiconsacreunesemained’entretiensréalisés Hommage àCharlieParker.L’émissionradioAvoix sa sculpturemonumentaleenpierredeBourgogne, XIIIème arrondissementdeParis,ilinaugureaussi réalisé enbétoncoloré.EspaceMassena,dansle Claude Monet, premier Commandement monumental Kirili etlesNymphéas,ilréaliseCommandement,à Nymphéas ser sessculpturesetdessinsendialogueavecles arts deParis.LeMuséel’Orangeriel’inviteàexpo- éditions del’ÉcoleNationaleSupérieuredesBeaux- un recueildesesécritsetentretiensestpubliéaux sées exposition À New York, la Salander-O’Reilly Gallery propose une 2007 In Extremis et Nataraja. Un coupdedésjamaisn’aboliralasculp- Kirili-Lachaise, danslaquellesontexpo- de Claude Monet. Pour cette exposition Mémoires desculpteur,

Tuileries. et lamiseenplacedeLasculptureduXX et delaCommunication confie àAlain Kirili lechoix du jardin.Àcetteoccasion, leMinistredelaCulture Blanc auxTuileries,àParis,suite àlarestauration Nouvelle inaugurationduGrand Commandement 1996 Murray, etd’autres. Lacy, RoyHaynes,BillyBang,ArchieShepp,Sunny sculptures encollaborationavecCecilTaylor,Steve 1997), unlivresurlarelationentrelejazzetses Il publieCélébrations(Paris,ChristianBourgois, 1997 les Tuileries. sion d’installerlasculptureduXXèmesiècledans Le MinistèredelaCultureconfieàAlainKirilimis- 1998 aux œuvresdel’artistedepuis1980jusqu’à1999. Le muséedeGrenobleconsacreunevasteexposition 1999 couleur desesmodelés. Le sculpteurexpérimentelarésineetdiversifie 2000 et expérimentelacirepolychrome. Clémence qui témoignent d’une nouvelle sérénité, Alain Kirilicréedesterrescuitescouleurchair 2001 l’abbaye deMontmajour,Arles. Inauguration delacommandepubliqueAscensionà ans demodelédusculpteur,invitéparPatrickRamade. Exposition-dialogue avecCarpeauxquicélèbreles30 2002 de sculpturesSegou. été, il retourne travailler au Mali où il forge la série la premièreexpositiondedessinsDavidSmith.En l’École nationaledesBeaux-artsdeParis,ilorganise Alain KiriliHomenajeaJulioGonzález.Enmars-avril, celles deJulioGonzález,aumuséeIVAMValencia : de Barananoàexposer ses œuvresen dialogue avec Alain Kiriliestinvitéparledirecteurdel’IVAMKosme 2003 e siècleaux ce musée:IndianCurve. de lapremièreacquisition l’unedesesœuvrespar sculpture baroque auMOMAdeNewYorkàl’occasion En mai,ildonneuneconférencesurL’extase dans la 1979 Rodin unrapportfondamental. de Rodin :lesculpteurentretienavecl’érotisme Alain KirilipublieunlivresurlesDessinsérotiques 1987 Kirili etlejazz. une sériededialoguesentrelasculptured’Alain Thread WaxingSpacedeNewYorketinaugureainsi les élémentsdesasculptureCommandement Le saxophonistesopranoSteveLacyjoueàtravers 1992 Lingam dansletempledeTanjore. retourne enIndeetphotographielaliturgieduYoni- première sculpturedelasériedesCommandement.Il partage savieentreParisetNewYork.Ilcrée face àceluideBarnettNewman.Depuis,AlainKirili Il s’installeàNewYork,dansunloftWhiteStreet 1980 de NewYork. pratique delasculptureàSchoolofVisualArts Début desonenseignementlathéorieet 1982 bronze monumental,Grandenudité. le MOMAdeNewYork.Alain Kirili créesonpremier Acquisition delasculptureCortège(fermartelé)par 1984 œuvres d’AlainKirilietcelledumaître. Exposition-dialogue aumuséeRodinentreles 1985 Oratorio. amorce ledébutdelasériedessculpturesKings la possibilitédeforgerl’aluminium.Cetteinnovation gurée auxTuileries.ANewYork,AlainKirilidécouvre La sculpture GrandCommandementBlanc estinau- 1986 au au et et

année. Lopez-Huici etilssemarientenoctobredelamême Kassel. AlainKirilirencontrelaphotographeAriane Il exposepourlapremièrefoisàDocumenta6 1977 sa premièreexpositionpersonnelle. œuvre. LagalerieSonnabenddeNewYorkorganise premières grandesnouveautéstechniquesdeson inclusions de fer. Cette audace constituera une des lité decuiredanslamasse,terrecuiteavecdes la liturgie du Yoni-Lingam. Il découvre la possibi- il retourneraen1980et2007pourphotographier Alain KirilieffectuesonpremiervoyageenInde,où 1978 Philadelphie, Chicago,Detroit. grands musées : New York,Washington, Baltimore, européen et américain à travers les collections des son premiervoyageauxÉtats-Unisoùilétudiel’art Kirili découvrel’œuvredeDavidSmitheteffectue 1965 Tel Quel. et fréquenterégulièrementlegrouped’avant-garde L’artiste rencontrePhilippeSollers,JuliaKristeva 1969 d’une minceplaqued’acier,datedelamêmeannée. premier modeléabstrait,uneglaisecrueplantée Robert Rauschenbergquil’inviteàNewYork.Son cette galerieàNewYorketParis.Ilrencontre Paris. Par la suite, il exposera régulièrement dans de zincdécoupéeàfroid la Galerie Sonnabend à Alain KiriliexposesapremièresculptureUnefeuille 1972 avec l’artisanFlorianUnterrainer. recherches surleferforgéauTyrolencollaboration Robert Ryman. Alain Kirili réalise ses premières inaugurale deP.S.One.IlrencontreRobertMorris, Weber àNewYork.Ilparticipeaussil’exposition aux États-Unis,àlaClocktoweretgalerieJohn d’échanges d’ateliers, il expose pour la première fois Après plusieurs séjours à New York dans le cadre 1976

33 Biographie 34 Rubrique Vue del’expositionàlaFondationHartungBergmanaveclesœuvres(degauche àdroite) : 2012, recuit,fildefer rougemétallisé,gainéblancetvert etcaoutchouc,116x5449 cm. Alain Kirili.AriaXIVàAntibes. 2012, recuit,caoutchouc,fildelatinet gainéblanc,202x6040cm. Alain Kirili.AriaXVàAntibes. 1989, acryliquesurtoile,195x130cm. Hans Hartung.T1989-L13. 35 Rubrique 36 Rubrique à laFondationHartung Bergman. Alain Kirilidansson atelier AA50 PUB