La Crise Dope La Vente Directe
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Tribune de Genève | Vendredi 18 septembre 2020 Vendredi 18 septembre 2020 | Ce supplément ne peut être vendu séparément Le chef Concours: Découvrez de l’Odéon des bons de les points fait vibrer 150 francs de vente le terroir IN à gagner du canton GIRARD Page 6 GALI Page 6 Pages 2, 3, 4, 5 et 6 MA DR L’éleveuse de Bernex Lisa Graf est la première à proposer de la mozzarella di bufala genevoise. Page 5 LUCIEN FORTUNATI UnsupplémentdelaTribunedeGenève La crise dope la vente directe Après des affluences record, c’est le retour à la quasi-normale sur les marchés à la ferme. Certains producteurs assurent avoir gardé de nouveaux clients. Andrea Machalova Continuer à nourrir la population même en temps de crise, c’est une mission que de nombreux producteurs de la région de Genève se sont attelés à relever ces derniers mois. Sueur au front et sans compter les heures, ils ont inlassable- ment rempli les rayons de leurs marchés à la ferme, du jour au lendemain débor- dés. Certains ont doublé leur chiffre d’af- faires, d’autres gagné jusqu’à 30% de nouveaux clients. Même des Français, nous assure-t-on. «C’était de la folie pure, se souvient Claude, de la ferme Gonin, à Puplinge. Plusieurs personnes ont at- tendu pendant plus d’une heure avant de pouvoir entrer dans le magasin.» Débor- dée également, la famille Courtois, à Ver- soix, a préféré momentanément fermer Le Domaine des Vignolles, à Satigny, a dû innover pour faire face à la pandémie. Comme la plupart des autres marchés à la ferme du canton. M. DESHUSSES les portes de son magasin pour se concen- trer sur les commandes à emporter. «On ployer son stand. «Rester ouvert, c’était dère Laëtitia Battiaz, membre du comité temps, Pierre Gallay reconnaît que la pas la décision du Conseil fédéral de les a tout d’abord limité le nombre de per- une question de solidarité», note Céline de la Fermette. On se rend compte éga- crise aura au moins fait connaître la fermer. «Lundi 16 mars, le plan sani- sonnes dans le magasin, mais les gens ne Dugerdil, patronne du domaine. Ce qui lement qu’il n’est pas si facile de changer qualité des produits genevois et les taire du marché de Carouge était prêt. respectaient pas cela. Nombre d’entre a permis à la viticultrice de profiter de les vieilles habitudes. Désormais, les gens nombreux points de vente situés en de- Allez m’expliquer en quoi faire ses eux n’avaient pas l’habitude des marchés l’affluence pour vendre ses vins. «On n’a ont moins de temps et probablement éga- hors de la ville, qui continuent à tour- courses à la Migros serait moins dange- à la ferme, ils touchaient tous les pro- pas complètement compensé le manque lement moins de pouvoir d’achat.» ner. Aujourd’hui, c’est plutôt la situa- reux que sur un marché?» duits», commente Christophe Courtois. à gagner dû à la fermeture des restau- tion des marchés qui l’inquiète. Après Plusieurs de ses confrères du marché Lorsque fin mai, la famille décide fina- rants, mais au moins on a fonctionné», Les marchés à la peine que ceux-ci ont été interdits pendant de Carouge hésiteraient d’ailleurs à arrê- lement de rouvrir le commerce, ce sera relativise-t-elle. Propriétaire du Domaine de la Bru- plusieurs semaines, l’agriculteur assure ter. Une menace pour l’attractivité des avec un vigile à l’entrée afin de réguler le nette, à Cartigny, qui a également qu’y faire revenir les gens est compli- marchés, assure Pierre Gallay, dont la flux. «Les clients ont tellement apprécié Ventes en baisse depuis l’été connu une affluence record ce prin- qué. Il ne comprend d’ailleurs toujours qualité vient de la diversité de leur offre. d’être accueillis et d’échanger quelques Au Domaine des Graves, à Avusy, Nico- mots que lorsqu’il est parti, ils l’ont re- las Cadoux a transformé son local réservé gretté», ajoute le maraîcher. à la dégustation en une épicerie du ter- L’éditorial roir. On peut désormais venir y faire ses Collaborations inédites emplettes du mardi au samedi et termi- Pour réduire les temps d’attente à l’en- ner les courses par une dégustation de Les leçons du «printemps du terroir» trée, d’autres n’ont pas hésité à innover, blanc sur sa jolie terrasse improvisée. Si à l’image du Domaine des Vignolles, à Sa- le vigneron admet qu’avec l’ouverture tigny, et son drive-in. Pendant plusieurs des frontières, il a perdu 20% du chiffre L’exercice fut d’autant plus compli- perdurent, comme les Caves ouvertes week-ends, celui-ci a permis à divers pro- d’affaires, et 20% supplémentaires de- qué que ce qui apparaît aujourd’hui réparties au fil des samedis. ducteurs de la région d’y vendre leur puis le début des vacances d’été, il a l’in- Denis comme un bloc d’un trimestre était La toile de fond n’est pas rose. Au marchandise sans que les clients n’aient tention de maintenir l’activité tant qu’elle Etienne émaillé d’incertitudes au fil des se- printemps, 30% des nouveaux clients besoin de quitter leur voiture. «Nous tourne. «C’est par l’éventail de nos pro- maines, voire des jours. Nous nous estimaient qu’ils allaient rester fidèles avons certes gagné de nouveaux clients, duits qu’on va faire la différence. On peut Rédacteur en chef en souvenons précisément aussi, aux producteurs locaux. Or une pre- mais au détriment de nos habitués. Les se procurer ici des choses qu’on ne trouve adjoint puisque nous avons dû renoncer à mière étude indique qu’ils seraient à samedis, on avait tellement de monde pas ailleurs», ajoute le viticulteur. produire notre traditionnelle «Tribune peine 5% à avoir respecté cette envie. que ça en a découragé certains», note Une baisse des ventes qu’accuse éga- La période du 16 mars au 14 juin 2020, du Terroir» d’avril et opter pour des À défaut de pouvoir être concurrentiel Laurent Vulliez, patron des lieux. lement la Fermette Soral, une épicerie celle du semi-confinement, pourrait de- pages distillées dans le corps du quoti- en termes de prix face au tourisme Mais la crise a également vu naître plu- participative née de la volonté d’un meurer sous le nom de «printemps du dien. d’achat, il faut trouver d’autres recettes. sieurs nouvelles initiatives. C’est ainsi que groupe d’habitants du village courant terroir». La fermeture des frontières a L’édition vente directe paraît donc La qualité de l’offre, mais aussi son le domaine de la Printanière, à Avully, a mai. Son chiffre d’affaires a été divisé par entraîné une affluence telle que chaque ce jour. Elle permet de mettre en lu- éventail sont deux atouts qui reposent improvisé un marché dans la cour de sa deux depuis le début de l’été. «Nous producteur lié à la vente directe a re- mière plusieurs initiatives qui ont fleuri sur l’art de l’innovation. On se réjouit ferme en invitant un primeur, mis à l’ar- avons ouvert à un moment opportun, couru à des trésors d’imagination pour dans le canton: certaines révolues, de voir que les acteurs du terroir gene- rêt par la fermeture des marchés, à y dé- nous nous attendions à une baisse, pon- faire face à des situations inédites. comme l’idée du drive-in, d’autres qui vois le maîtrisent: bonne lecture! 2 Terroir Tribune de Genève | Vendredi 18 septembre 2020 Vente directe à Puplinge La ferme Gonin, une histoire de famille À 76 ans, la doyenne des lieux, Claude, ne quitte jamais son tablier, ni son légendaire sourire. Andrea Machalova Si l’on vient faire le plein de fruits et légumes à la ferme Gonin, à Pu- plinge, ce n’est pas seulement pour ses produits GRTA, exempts d’OGM et cultivés dans le respect de l’environnement. C’est égale- ment pour échanger quelques idées de recettes ou simplement papoter avec Claude, la charisma- tique patronne des lieux. Avec son tablier en lin gris clair et son légendaire sourire, elle accueille les clients au mar- ché à la ferme depuis bientôt une quinzaine d’années. Et tou- jours avec autant d’aplomb, «Je laisse volontiers la caisse à Claude, le contact avec l’argent La charismatique doyenne et patronne des lieux, Claude, 76 ans, aux côtés de sa belle-fille Corine et de son fils, Serge. LUCIEN FORTUNATI me stresse» L’occasion pour nous de jeter «C’est justement dans ce genre de vice de livraison pour ceux qui légumes et une trentaine de Corine Belle-fille de Claude un coup d’œil sur les rayons de moments que nous devons être avaient trop peur de sortir de chez tonnes de courges chaque année. La recette l’épicerie, où les produits de la ré- présents. Cela faisait un bien fou eux. Une quarantaine de variétés, dont gion rivalisent avec les bocaux de de pouvoir parler avec les gens», 25 comestibles. Les premières, malgré ses 76 ans! Ainsi, lorsque Tarte à la courge Étaler une la patronne. Farce à rissole, chut- s’exclame Claude, de retour au 40 variétés de courges présentées dans des chariots à pour quelconque raison, cette pâte feuilletée ou brisée dans un ney au curry et aux figues, pickles poste. Au pic de l’affluence, les «La pandémie aura au moins fait l’entrée du magasin, viennent dernière a le malheur de s’ab- moule à tarte rond.