LA FORCE DE L’EAU Une usine hydro-électrique à Breil-sur-Roya Jusqu’à la Révolution, la L’énergie hydraulique possession des moulins fut au centre de Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la seule luttes entre les communautés d’habitants et énergie disponible pour l’artisanat et les seigneurs lorsque ces derniers en l’industrie fut celle fournie par l’eau, étaient propriétaires et qu’ils soumettaient exceptées celles produites par l’animal et les usagers à un monopole, la banalité. par le vent, cette dernière étant très peu Réserve faite de l’absence de sources utilisée dans la région. Les usages de la documentaires pour certaines communes, force hydraulique étaient multiples : ils permettent une première approche de la moudre blé et céréales pour les transformer localisation des moulins hydrauliques au en farines, presser les olives pour en Moyen Âge. On relève ainsi ces derniers extraire l’huile, fouler les étoffes neuves de dans les vallées de la Vésubie (La Bollène, laine pour les dégraisser et leur donner du Roquebillière, , Utelle), de feutrage, actionner marteaux et soufflets l’Estéron ( et Roquestéron), du Var des forges, broyer l’écorce pour les (Malaussène et Le Broc), de la Roya (La tanneries, piler les chiffons pour fabriquer Brigue et ), de la Siagne (Saint- la pâte à papier, actionner des scies à bois, Vallier). Il s’agit le plus souvent d’achats faire tourner des norias pour élever l’eau, ou de ventes réalisées par les concasser les minerais. communautés, mais aussi de concessions, Les Romains connaissaient les de baux de location, de contrats passés moulins hydrauliques qu’ils faisaient entre les syndics et des artisans pour des fonctionner avec des roues verticales. réparations aux canaux d’alimentation ou Quelques-uns ont été découverts en Gaule le changement de meule. A , les plus romaine, situés sur le parcours d’aqueducs anciens étaient localisés autour de la comme l’ensemble remarquable des source de la Foux, la plus abondante, moulins à farine de Barbegal, entre Arles comme l’atteste la mention d’un moulin en 1242 dans l’acte de partage des biens de et Saint-Rémy de Provence. Deux moulins 2 antiques sont connus dans le Var. Celui des l’évêché d’ . Plusieurs moulins Mesclans, sur la commune de la Crau, était fonctionnaient au centre de la ville, rue des installé dans un domaine rural dont il Moulinets, rue Saint-Honorat, au assurait la meunerie. Malconseil et sur la place aux Herbes. A Les moulins hydrauliques se , le Paillon étant souvent à sec l’été, multiplièrent du XIe au XIIIe siècle, afin de on avait tracé un béal pour alimenter répondre aux besoins nés de moulins, tanneries et blanchisseries. Ces l’accroissement démographique que connut industries étaient concentrées aux abords l’Europe à cette période. En Provence du fleuve, entre la porte Pairolière au nord orientale, la plus ancienne mention d’une et le pont Saint-Antoine ainsi qu’entre ce installation hydraulique date du XIe siècle1. pont et le Pré aux Oies. Beaucoup Entre 1036 et 1046, Stephanus et sa femme d’installations hydrauliques comportaient Airelda firent donation d’un moulin et d’un sur un même site plusieurs moulins ou paroir sur la Siagne, sur le territoire de activités industrielles de façon à leur Callian, au monastère de Lérins. A partir assurer une activité continue tout au long du XIVe siècle de nombreux documents de l’année et de rentabiliser les lourds font état de l’existence de moulins et de investissements nécessaires pour les contrats passés pour des réparations qui aménager. témoignent de l’importance de ces Sous l’Ancien Régime, les installations pour la vie économique. archives, plus précises, montrent que certaines communautés d’habitants

1 ADAM H 347/6 2 ADAM G 10 possédaient un grand nombre favorisée par plusieurs facteurs. La fin du d’installations hydrauliques, en raison de monopole féodal libérait l’initiative leur ressource abondante en eau ou de privée ; l’expansion économique et surtout nécessités économiques. Il est notamment démographique rendait nécessaire un évident que les terroirs oléicoles devaient accroissement des capacités d’où être largement pourvus en moulins à huile, l’utilisation systématique de toutes les parce qu’il fallait pouvoir traiter la récolte ressources possibles : « On a cherché et on d’olives dans un temps limité et que le chercha encore à en établir partout où le rendement des machines utilisées était peu passage d’un torrent ou d’un filet d’eau élevé. Pour les communes de montagne quelconque pouvait servir à les sans hameaux un seul moulin à farine alimenter »6. Pour cela, la première moitié suffisait. Pour les communes étendues, du XIXe siècle peut être considérée comme plusieurs moulins étaient nécessaires, l’âge d’or du moulin hydraulique. Dans sa comme l’indique un rapport de 1760 à Statistique des Alpes-Maritimes, Joseph propos de : « Il résulte par Roux donne, pour l’année 1861, un chiffre l’état uni au dossier que onze moulins à considérable d’installations, utilisant pour farine et un foulon existent sur le terroir de la plupart la force de l’eau : 5 papeteries, la commune, cette quantité paraît au 18 scieries, 403 moulins à huile presque premier coup d’œil exorbitante pour une tous hydrauliques , 136 moulins à ressence, population qui ne dépasse pas 1 600 âmes 402 moulins à farine. Ces données ne sont mais lorsqu’on a parcouru son territoire très étendu, on voit qu’ils ont été construits pour être à portée de tous les hameaux dispersés, çà et là, qui pendant l’hiver n’ont presque pas de communication et seraient embarassés pour moudre leur blé »3. On voit ainsi apparaître à Breil, en 1698, pas moins de 15 moulins à blé et 8 moulins à huile. A Grasse, le procès-verbal de réaffougement du début du XVIIe siècle mentionne 34 moulins hydrauliques et SCHEMA D’UN MOULIN A ROUE VERTICALE moulins « à sang ». Une enquête réalisée pas confirmées par deux enquêtes sous le Premier Empire donne 173 moulins contemporaines. Ainsi, un comptage à farine hydrauliques pour l’ancien comté effectué par l’administration en 1861 sur de Nice (75 pour l’arrondissement de Nice les trois-quarts des communes de l’actuel et 98 pour l’arrondissement de Puget- arrondissement de Nice (sauf cette dernière Théniers). On en comptait 51 à Nice, 23 à agglomération) mentionne 137 moulins à Saint-Etienne-de-Tinée, 14 à , 10 farine alors que Roux en compte 325 pour à et à , 7 à Guillaumes, 6 à l’ensemble7. Dans un rapport au préfet du Saint-Martin-d’, Péone, Saorge, Var daté de 1845, il est fait état pour 5 à l’Escarène, et Castellar, 4 à l’arrondissement de Grasse de 57 ou 58 Puget-Théniers ; 19 communes en avaient 4 moulins à farine, 45 moulins à huile, 24 2 et 33 ne disposait que d’un seul moulin . moulins à ressence, 3 papeteries, 15 Toujours dans la partie niçoise, selon scieries, 2 foulons et 1 martinet tous Fodéré, on comptait une cinquante de scies 8 5 hydrauliques . à eau et 21 martinets . Après la Révolution, la création de nouvelles installations hydrauliques fut 6 ADAM CE M 354 7 ADAM CE M 354 3 ADAM 2 Q 83 8 Rapport à Monsieur Teisseire, préfet du Var, sur 4 ADAM CE M 354 les cours d’eau du département du Var et sur les 5 ADAM CE S 97 moyens d’augmenter les irrigations, 1845 Dans la seconde moitié du XIXe Le visiteur peut y découvrir aujourd’hui siècle, l’utilisation de l’énergie hydraulique une technologie héritée du Moyen Âge, à recula fortement pour les installations la fois simple, rustique et sophistiquée dont importantes en raison de l’introduction de le fonctionnement mérite d’être décrit. la machine à vapeur, relayée à partir de Dans le sud de la , les 1920 par l’électricité. Une première moulins à eau avaient plutôt leur roue minoterie à vapeur fut construite à hydraulique horizontale. Le modèle le plus en 1841, suivie par les autres minoteries du département. Certaines installations furent directement converties à l’électricité comme les Moulins de l’Ariane qui conservèrent toutefois l’ancienne roue hydraulique en secours. Les petits moulins, les martinets, les scieries déclinèrent dans l’entre-deux- guerres. Certains furent électrifiés (moulin à farine de en 1932), d’autres modernisés à l’initiative des coopératives (moulin à huile de Breil-sur-Roya équipé d’une turbine Francis), la plupart MOULIN VIEUX D’AURIBEAU, VERS 1900 s’arrêtèrent progressivement de répandu était dit à rodet ou roudet. Une fonctionner ou tournaient au ralenti, « à courte chute d’eau amenait l’eau sous façon » c’est-à-dire sur demande, comme pression dans la chambre des eaux située le montre une enquête sur les moulins à 9 dans la partie inférieure du moulin. Elle farine du département effectuée en 1936 . était terminée par un canal en bois appelé Les raisons étaient multiples. Les moulins canon pourvu d’une vanne à son extrémité étaient anciens (certains propriétaires ou pour régler le débit. L’eau arrivait alors sur exploitants évaluaient l’âge des machines la roue horizontale pourvue en périphérie en siècles!), peu productifs et donc peu de pales plus ou moins rudimentaires rentables. Le déclin était surtout dû au appelées arbreaux ou cuillères et lui recul des surfaces cultivées en céréales et imprimait un mouvement de rotation. Un en oliviers, très important entre 1900 et axe traversant actionnait une meule située 1930 en raison de l’exode rural et de la à l’étage supérieur. L’ensemble reposait concurrence des autres cultures sur le sur une pointe (crapaudine) appelé loubette littoral. Les derniers moulins à farine du prenant appui sur une pièce de bois mobile haut pays cessèrent leur activité au cours qui permettait d’embrayer la meule. Les des années 1950. Dans le même temps, rouets avaient un diamètre généralement électrifiés, les quelques vingt moulins à constaté d’environ 1,50 m. La puissance huile du département n’utilisaient plus restait faible, souvent équivalente à celle leurs installations hydrauliques. S’ensuivit d’un mulet. une période d’abandon pendant laquelle L’autre modèle de roue, moins nombre d’entre eux tombèrent en ruine. e utilisé, était vertical, d’un diamètre de 3 à 6 A la fin du XX siècle, l’intérêt m et large de 50 cm à 1 m ; elle était mise pour le patrimoine et la conservation des en mouvement par la poussée de l’eau savoirs-faire traditionnels fut à l’origine de exercée soit à la base, soit sur la partie plusieurs restaurations (moulins à huile de supérieure de l’engin à « épaule ». Son Contes, de , de la Tour-sur-Tinée) choix répondait principalement aux usages ou de préservations (martinet de Contes, industriels, nécessitant de créer un moulin à farine de Saint-Martin-Vésubie). mouvement alternatif (foulons, martinets de forge, scies hydrauliques, moulins à papier), assuré par des cannes placés sur 9 ADAM 7 M 55 l’arbre principal. La roue verticale était toutes les anicroches possibles pour tenir couplée avec un mécanisme de fermée la prise d’eau du Paillon dont la démultiplication qui animait plusieurs Ville seule a eu la concession du ensembles d’une même activité et gouvernement. M. Juge, ingénieur des permettait de réaliser des mouvements mines, qui a fait le projet de la scierie différents. Elle était plus économe en eau mécanique, se fera un plaisir de donner aux que la roue horizontale qui nécessitait un mécaniciens de Nice, qui voudraient stockage de l’eau et fonctionnait donc en connaître la théorie et les diverses discontinu. conditions d’établissement de cette roue Sous le Premier Empire, on hydraulique, tous les renseignements qui comptait dans les arrondissements de Nice pourront leur être agréables. Au moyen de et de Puget-Théniers 128 roues ces machines on pourra tirer un excellent horizontales et 45 roues verticales. Les parti des petites chutes d’eau qui jusqu’à ce verticales étaient utilisées dans l’est du jour ont été négligées et dont il existe un département (Menton, Castellar, Monaco, assez grand nombre aux environs de Saorge) et dans le Val d’Entraunes. Dans Nice ». En 1863, à l’Escarène, le rouet du le cours du XIXe siècle, la préférence fut moulin à farine fut remplacé « avec accordée à la roue verticale pour la avantage » par une roue verticale et 1869, création ou la reconstruction des moulins à le moulin à huile fut doté d’une grande huile mais surtout à farine. Pour ces roue à augets de 5,50 m de diamètre derniers, le changement s’explique par le prenant l’eau sur le dessus avec un passage à un raffinage plus complet de la mécanisme démultiplicateur doté farine, dite « à la parisienne » ou d’engrenages en fer10. De même, le moulin « économique », suscité par un à huile de la Vernea, à Contes, fut changement des goûts des consommateurs. entièrement reconstruit avec une roue Cette technique utilisée par les minoteries, hydraulique en fer en 1881. La relative nécessitait l’adjonction de tamis complexité des mécanismes permise par supplémentaires et n’était pratiquement les roues verticales apparaît dans cette possible qu’avec la roue verticale. On peut description d’un moulin vençois en 1876 : y voir également l’influence d’ingénieurs « ce moulin a deux roues motrices hydrauliques formés dans le Nord de la superposées, une petite roue à augets en fer France et qui considéraient les techniques et tole avec couronne en bois et ayant un locales comme arriérées. D’importantes mètre de diamètre et une grande roue améliorations furent apportées à la roue également à augets, avec arbre, rayons en verticale du XIXe siècle, par l’emploi du fer, couronne et cloison des augets en bois, fer, l’utilisation d’augets ou d’aubes laquelle a quatre mètres de diamètre. Ces courbes pour les roues prenant l’eau en deux roues sont très bien exécutées et dessous (système Porcelet). Le rendement reposant sur des coussinets en bronze […]. était nettement supérieur. L’exemple de la La chute totale de l’usine est de cinq rénovation de plusieurs moulins illustre ce mètres, soixante centimètres. La grande mouvement. En mai 1853, L’Avenir de roue fait mouvoir, au moyen d’une lanterne Nice annonce la remise en route de la et d’une roue dentée en dents plates de scierie de la Place d’Armes qui utilise bois, deux meules dont une, de un mètre désormais une roue de type Porcelet : soixante dix centimètres de diamètre, est « L’essai de ce nouveau genre de moteur, destinée à la trituration des olives et encore inconnu chez nous, a réussi au delà l’autre, de un mètre vingt centimètres de de tout ce que l’on pouvait espérer, malgré diamètre, est spécialement destinée à la la malveillance de certains prétendus ressence. Par le moyen d’un mécanisme mécaniciens qui se sont d’abord moqués de particulier, on peut faire tourner les deux cette machine en la traitant d’utopie politique et qui ensuite ont mis en jeu 10 ADAM 2 O 426 meules en même temps ou ne faire tourner Grasse où les industriels exigeaient sans que l’une des deux à volonté. La petite cesse de nouvelles concessions comme roue motrice sert à faire marcher les l’atteste cette demande sur le Loup en presses à huile lesquelles sont également 1821 : « L’exposant désirant faciliter les disposées pour pouvoir marcher à bras et à habitants de ces contrées se propose sous percussion au besoin. Cette petite roue sert votre autorisation, Monsieur le Préfet, également à mettre en jeu un tour à chariot d’augmenter l’activité de son moulin à au moyen d’une transmission par courroie. farine en lui donnant un volume d’eau plus A l’arbre de la grande roue est adapté un considérable et même en construisant dans système d’engrenage pouvant au besoin son propre fond des nouveaux engins soit à mettre en mouvement une pompe destinée farine, soit à huile »13. Du coup les usages à élever les eaux de ressence de la plus agricoles passaient au second plan : basse à la plus haute fosse […] »11. Le « Quoique l’industrie soit fort restreinte même document mentionne qu’au début du dans ce département, et que ses XIXe siècle, les roues de ce moulin ne établissements se réduisent à des moulins à faisaient que trois mètres de diamètre et farine ou à huile, des scieries, des tanneries que le passage à des roues plus grandes et un petit nombre de papeteries, d’usines permettaient d’avoir plus de puissance. Le métallurgiques et de tirages de soies, il est bon fonctionnement des installations certain que le volume d’eau qu’elle utilise, hydrauliques était lié à l’abondance et à la est beaucoup plus considérable que celui permanence de leur alimentation. Pour qui est affecté à l’agriculture, dont les cela, l’eau d’une rivière ou d’un torrent intérêts sont presque partout sacrifiés aux était détournée dans un canal appelé béal, siens. J’ai remarqué, en effet, que la en général au moyen d’un barrage, destination principale de la plupart des submersible, placé au travers du cours canaux de quelque importance, est de d’eau. L’aménagement de ces ouvrages fournir des forces motrices, et que la part était soumis à autorisation administrative. de l’irrigation y est bien faible. […], Sous l’Ancien Régime, la législation était l’indifférence des propriétaires a été, en moins contraignante en France, où l’on grande partie, cause des envahissements appliquait une ordonnance de 1669, que abusifs des usiniers, et qu’en l’absence de dans le comté de Nice où tous les cours plaintes, l’administration supérieure a cru d’eau y compris les plus petits étaient devoir accorder aux usines toute l’eau qui considérés comme domaniaux. A plusieurs était réclamée »14. Les archives montrent reprises l’administration sarde s’efforça de que les agriculteurs durent lutter pied à mettre fin aux abus des usines qui pied pour maintenir leurs droits d’arrosage établissaient des barrages sans et limiter les prélèvements d’eaux pour de autorisations. En 1842, à Aspremont, il est nouvelles usines, d’autant plus qu’en reconnu « que le sieur Grandis a construit période d’étiage estival la ressource était depuis trois ans environ un martinet pour rare. Ainsi, en 1808 , la commune de la battre le fer qu’il a mis en mouvement avec Turbie s’opposa à un projet de moulin dans les eaux dérivées du fleuve Var au moyen le vallon de Sainte-Dévote en faisant valoir d’un canal […], qu’il a construit en outre que les eaux « ont de tems immémorial la depuis quatre ou cinq ans environ deux destination de servir dans leur totalité à grandes scies à eau […], qu’il utilise les l’abreuvage des bestiaux et bêtes de mêmes eaux dérivées du Var pour arroser charge, au lavage des habitants de Monaco, la propriété qu’il possède au dit quartier enfin à l’arrosage pendant l’été des des Moulins sans être muni d’une propriétés latterales »15. De même à concession12. La situation était identique , en 1829, un riverain de l’Estéron e au XIX siècle dans l’arrondissement de 13 ADAM E 90/88 11 O 2 11 ADAM E6/253 4N7 14 ADAM, Rapport à Monsieur Teisseire, ouvr. cité 12 ADAM 2 Q 69 15 ADAM CE S 92 affirmait que « la récolte des olives étant canaux situés en rive droite et en rive ordinairement très tardive dans cette gauche se disputaient l’eau de la Roudoule. commune et se prolongeant le plus souvent Pendant la période où il y était autorisé, le jusqu’en été […] il arriverait qu’à l’époque moulin Garcin maintenait son prélèvement où l’eau serait le plus nécessaire pour dans la rivière sans l’utiliser afin de arroser sa propriété, il n’aurait jamais contraindre ses concurrents de la rive d’eau à sa disposition pour désaltérer sa opposée à l’inactivité18. Arrivée aux langue de terrain et raffraichir son moulins, l’eau restait parfois insuffisante jardinage »16. pour faire tourner la roue en continu. Il Les barrages aménagés en travers fallait dans ce cas l’accumuler dans des des lits des cours d’eau étaient plus ou bassins appelés resclauses pour pouvoir moins rudimentaires, souvent constitués de ensuite la libérer avec la force nécessaire, pierres, terre ou broussailles prenant appui sous forme d’écluses, dans une chute sur des pilotis. Les mieux établis étaient en d’eau, généralement haute de 4 à 5 mètres. maçonnerie ce qui les mettait à l’abri des A la fin du XIXe siècle, la crues. technique hydraulique paraissait obsolète L’acheminement de l’eau jusqu’au en raison de la concurrence de la machine moulin donnait lieu à des gaspillages à vapeur. L’invention de la turbine et de importants. Les canaux longs parfois de diffusion de l’électricité allaient lui donner plusieurs centaines de mètres étaient en une seconde vie. général creusés dans la terre mais pouvaient comporter des parois en pierre Les cours d’eau de l’arrondissement de Grasse sèche ou en maçonnerie, voire des parties et leur utilisation en 1845, par Bosc souterraines taillées dans le rocher quand le relief l’imposait, notamment en Siagne C’est, après Argens, le cours d’eau le plus montagne. Leur entretien devait être important de l’intérieur du département. Sa naissance est effectué régulièrement, faute de quoi ils se dans la commune d’Escragnoles, sur la limite de Saint- remplissaient de matériaux divers qui Vallier, au-dessous de la route royale n° 85, et son embouchure à la mer dans la commune de Mandelieu. diminuaient le débit ou fuyaient Elle longe ou traverse les communes d’Escragnoles, de abondamment. Ce travail était parfois Saint-Vallier, de Mons, de Saint-Cézaire, de Callian, de concédé par le propriétaire ou l’exploitant Montauroux, du Tignet, de Tanneron, de , d’Auribeau, de Pégomas, de La Roquette et de du moulin à des sous-traitants. Ainsi en Mandelieu. Sa longueur totale est de 39 550 mètres, dont 1557, le monastère de Lérins, pour le béal 1 700 de la source au pont de Saint-Martin, 3 400 de ce de ses moulins de la Siagne, dépensait pont à l’embouchure de la Siagnette, 3 200 de cette embouchure au pont entre Mons et Saint-Cézaire, 1 000 chaque année 350 florins afin de « le curer de ce pont à l’embouchure de la Siagnole, 1 600 de là au en son poinct en sorte que l’eaue y puisse pont de Saint-Cézaire, 2 400 de ce dernier au pont de la couller aisément et que en y aye pour fère Manuelle, 1 600 de celui-ci au pont des usines de Montauroux, 3 550 entre ce pont et celui de Tournon, 2 mouldre les mollins de Pré Long, picar les 600 de ce pont à l’embouchure du Biançon, 6 200 du pistes et arrosez les ris tant dudit seigneur Biançon à la prise du canal d’Auribeau, 3 000 de cette abbé que des particuliers »17. Certaines prise à celle du canal des moulins dits de Cannes, 1 200 de ce barrage au bac de Pégomas, 5 100 de ce bac au rivières charriant pierres et graviers pont en fil de fer de la route royale n° 97, 3 000 de ce perturbaient gravement le fonctionnement pont à la mer. des installations hydrauliques les Le nivellement de cette rivière a été fait, à l’aide du baromètre, depuis sa source jusqu’au pont de contraignant au chômage pendant le temps Tournon, et au niveau ordinaire, depuis ce pont jusqu’à la que duraient les réparations. De plus, la mer. D’après ces nivellements, la source d’Escragnoles concurrence entre les moulins situés sur un est à 633,28 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cette forte pente est répartie ainsi qu’il suit : de la source au même cours d’eau ou sur un même canal pont Saint-Martin, 55 mètres ; de ce pont à occasionnait une gêne mutuelle. A Puget- l’embouchure de la Siagnole, 361 mètres ; de cette Théniers, les moulins alimentés par deux embouchure au pont de Saint-Cézaire, 29,2 mètres ; de ce pont au pont du Tuf, 23,5 mètres ; de ce pont à la prise du

16 ADAM 2 O 160 17 ADAM 3 E 74/41, f° 114 v°, 20 mars 1577 18 ADAM 3 U 1/1143 n° 31, 1876 canal des moulins de Montauroux, 7,1 mètres ; de là au ressence de MM. Imbert, Comte et Poulle, sont dérivées pont de Tournon, 81,2 mètres ; de ce pont à l’embouchure au moyen d’un barrage. du Biançon, 19,8 mètres ; de cette embouchure à la prise A 150 mètres en aval du pont dit de du canal d’Auribeau, 35,4 mètres ; de cette prise à celle Montauroux, qui est au-dessous des usines précédentes, il des moulins de Cannes, 6,5 mètres ; de ce barrage au bac y a une prise d’eau pour le service des arrosages. de Pégomas, 3,6 mètres ; de ce bac au pont en fil de fer, Commune du Tignet. – Rive gauche. – Les eaux 8,4 mètres, et de là à la mer, 2,4 mètres. nécessaires à la mise en mouvement d’une papeterie, de Cette rivière est alimentée par une infinité de deux moulins à farine, un moulin à huile, une ressence et sources qui naissent dans son lit, ou près de ses bords, une scierie appartenant à Mme de Navaille, et situés en surtout depuis son origine jusqu’au pont de Tournon. Les amont du pont de Tournon qui est sur la route plus considérables sont celles d’Escragnoles, dont le départementale n° 20, sont dérivées, à 420 mètres plus débit a été trouvé de 1 610 litres par seconde, le haut, au moyen d’un barrage. Ces eaux servent en outre à 8 août 1843. En aval du pont qui est sur le chemin de arroser environ 2 hectares de la propriété de Mme de Mons à Saint-Cézaire, il y en a aussi une fort belle, Navaille, attenante aux usines. connue sous le nom de La Foux, dont je n’ai pu connaître Commune de Tanneron. – Rive gauche. – En le débit, les localités ne m’ayant pas permis d’en faire le amont de l’embouchure du Biançon, les eaux nécessaires jaugeage direct. Elle reçoit en outre les eaux de la à un moulin à farine et à une scierie de M. Maubert, sont Siagnette, qui naissent entre Mons et Escragnoles, mais dérivées sans barrage. Ces usines sont connues sous le qui sont peu importantes en été, celles de la Siagnole, nom d’usines de Saint-Cassien. dont la source principale, au sud de Mons, est à 517 Commune d’Auribeau. – Rive gauche. – En mètres au-dessus de la mer. Le jaugeage de cette aval de la limite entre Auribeau et Cabris, se trouve la source a donné 401 litres, pour son débit, par prise d’eau sans barrage du canal qui dessert, au-dessous seconde, le 7 août 1843. En-dessous du pont de Tournon, d’Auribeau, un moulin à farine, un moulin à huile et une outre de fortes sources qui naissent au fond même du lit, scierie de MM. de Drée et Magagnosc. Les eaux de cette elle reçoit le tribut que lui apporte le Biançon, tribut que dérivation servent en outre à l’arrosage sur quelques j’ai trouvé de 585 litres par seconde, le 4 octobre 1844. propriétés le long de la rivière. Le débit de ce canal a Au-dessous du barrage des moulins de Cannes, elle reçoit été trouvé de 478 litres par seconde, à la fin les eaux de la Mourachonne, que les irrigations d’octobre 1840, et de 409, le 9 août 1843. supérieures mettent à sec en été. Commune de Pégomas. – Rive gauche. – A Le jaugeage de la Siagne a donné pour son 100 mètres en amont du ravin de la Valette, il y a un débit, en aval de l’embouchure de la Siagnole, 2 664 barrage dont le maintien a été autorisé par ordonnance litres, le 8 août 1843 ; en aval de l’embouchure du royale en date du 1er avril 1839, pour dériver les eaux Biançon, 4 535 litres, le 9 août 1843 ; en amont de la nécessaires à la mise en mouvement d’une scierie et de prise du canal d’Auribeau, 4 721 litres, le 9 août 1843 ; quatre moulins à farine situés sur le territoire de Cannes, en aval du barrage du canal des moulins de Cannes, 3 307 et appartenant à M. Ricord, sous le nom de moulins de litres, le 9 août 1843 ; ce canal en débitait ce jour-là, 1 l’Abbadie. Le débit de ce canal a été trouvé de 1 381 154 litres. J’avais également jaugé cette rivière à la fin litres par seconde, à la fin d’octobre 1840, et de 1 154, le octobre 1840, après une sécheresse fort longue, et 9 août 1843. j’avais trouvé, pour son débit, en amont du pont de L’étendue des terres arrosées par les eaux de la Tournon, 2 362 litres ; en avant de l’embouchure du Siagne est de 48 hectares, dont 1 sur le territoire Biançon, 2,974 litres, et en amont du barrage du canal des d’Escragnoles, 10 sur celui de Callian, 18 sur celui de moulins de Cannes, 2 830 litres, dont 1 381 étaient Saint-Cézaire, 7 sur celui de Montauroux, 2 sur celui du débités par ce canal. Tignet, et environ 10 sur ceux de Pégomas et de Cannes. Commune d’Escragnoles. – Rive droite. – Près de la source, et sans barrage, les eaux font mouvoir La Mourachonne le moulin à farine d’Escragnoles. Cette rivière a son origine à Mouans, où elle Commune de Saint-Vallier. – Rive gauche. – reçoit les eaux de la source de La Foux, et son A 225 mètres en aval du pont de Saint-Jean, les eaux embouchure à la Siagne dans la commune de Pégomas. sont dérivées sans barrage, pour la mise en mouvement Sa longueur, en partant de la source de La Foux, est de 3 de deux moulins à farine du sieur Ollivier. 920 mètres, dont 2 100 sur le territoire de Mouans, et 2 Commune de Callian. – Rive droite. – A 130 820 sur celui de Pégomas. Le débit de cette rivière a été mètres en amont du pont qui est sur le chemin de Callian trouvé, au-dessous des sources, en y comprenant le canal à Saint-Cézaire, les eaux sont dérivées sans barrage, pour des usines de M. Hugues, de 212 litres, le 4 octobre 1844. le service des arrosages et la mise en mouvement d’une Le même jour, le canal de M. de Drée, à Pégomas, papeterie, de deux moulins à farine, d’un moulin à huile débitait 158 litres, et il recevait toutes les eaux de la et d’une ressence appartenant au docteur Maure. rivière à sa prise. Les eaux de la ville de Grasse se Commune de Saint-Cézaire. – Rive gauche. – rattachent à ce cours d’eau, bien qu’elles n’y arrivent pas A 75 mètres en amont du pont, sur le chemin de Callian à en été. Elles proviennent toutes de la source de La Foux, Saint-Cézaire, les eaux sont dérivées au moyen d’un qui naît au haut de la ville. Son débit, en y joignant barrage, pour la mise en mouvement de deux moulins à d’autres sources voisines, et qui paraissent en dépendre, a huile, d’une ressence et de deux moulins à farine de M. été trouvé de 88 litres par seconde, en septembre 1843. Amic. Les eaux servent en outre à l’arrosage des terres, et Commune de Mouans. – Rive gauche. – A la source, il y sont distribuées entre les usagers, d’après un règlement a un barrage qui dérive les eaux nécessaires à la mise en dont je ne connais pas les bases, mais qui ne fixe que mouvement d’un moulin à farine, d’un moulin à huile, l’ordre de la jouissance. d’une ressence et d’une scierie appartenant à M. Hugues. Commune de Montauroux. – Rive droite. – Ces eaux sont affectées pendant trois jours de la semaine Les eaux nécessaires à la mise en mouvement de deux à l’irrigation de 12 hectares de terre. Le débit du canal moulins à farine de M. Fabre, deux moulins à huile et une dérivé étant de 169 litres par seconde, cette irrigation emploie un débit continu de plus de 6 litres pour un Commune de . – Rive gauche. – Peu hectare après la sortie du territoire de Châteauneuf, on trouve une Les eaux sont prises sans barrage pour le prise sans barrage, pour le service d’un moulin à huile service d’un moulin à farine, d’une ressence et d’une presqu’en ruine. scierie appartenant à M. Cresp. Rives droite et gauche. – Un peu au-dessous du Commune de Pégomas. – Rive droite. – Les pont, il y a deux prises, l’une à droite, et l’autre à gauche, usines de M. Drée consistant en un moulin à farine, un servant à l’irrigation, mais à sec bien avant la fin de l’été. moulin à huile, une ressence et une scierie, sont mises en Rive gauche. – Le moulin à huile et la ressence mouvement par un canal dérivé au moyen d’un barrage, des hoirs du général Partouneaux sont mis en mouvement dont l’établissement a été autorisé par une ordonnance par une dérivation sans barrage. royale en date du 25 mars 1836. Au sortir de ces usines, Rive droite. – Plus bas, il y a une prise sans les eaux servent à l’irrigation de près de 29 hectares barrage, pour le service des irrigations, mais elle est à sec sur le territoire de Pégomas. Le débit du canal de M. avant la fin de l’été. de Drée était de 158 litres, le 4 octobre 1843. Plus bas encore, deux propriétaires prennent Les eaux de la Mourachonne formant à l’étiage des eaux d’arrosage pour leurs terres, à l’aide d’une prise un débit total de 212 litres par seconde, ne servent à sans barrage, qui, au commencement du mois d’août, est arroser que 41 hectares de terre ; de sorte que l’irrigation presque à sec. d’un hectare consomme le débit continu de plus de 5 Rive gauche. – A 92 mètres en aval du canal du litres par seconde. Il est vrai que les cultures arrosées sont moulin du général Partouneaux, se trouve sans barrage la précieuses, que non seulement elles sont maraîchères, prise d’un canal qui dessert des arrosages et met en mais qu’elles ont encore pour objet de fournir des mouvement trois moulins à huile de M. Ardisson. Le produits aux parfumeries de Grasse ; mais quoiqu’il en débit de ce canal était de 39 litres, le 7 août 1845. soit, cette consommation est énorme, et je suis persuadé Rives droite et gauche. – A l’angle le plus que ces eaux pourraient être beaucoup mieux utilisées, bas du mur de clôture du jardin de M. Leydier, se c’est-à-dire qu’on pourrait en accorder la jouissance à un trouve un barrage pour alimenter deux dérivations, dont plus grand nombre de propriétés. l’une à gauche pour un moulin à huile et une ressence de Les eaux de la source de Grasse qui se M. Girard, et l’autre à droite pour les arrosages. rapportent à cette vallée, et dont le volume a été trouvé de Rive droite. – En aval de la prise précédente se 88 litres par seconde, bien que consommées en partie trouve une autre prise sans barrage, connue sous le nom dans l’intérieur de la ville où elles alimentent une foule de prise de Girard, et qui ne dessert que l’irrigation. d’usines, et divisées à l’infini, ce qui est une autre cause Rive gauche. – Le moulin à farine du de déperdition, desservent encore les arrosages de 48 chevalier Palanque est mis en mouvement par éclusées, hectares de terre dont une assez grande partie en cultures au moyen d’une dérivation munie d’un barrage, qui très précieuses. Par tous ces motifs, je pense que leur débitait 14 litres par seconde, le 7 août 1845. emploi est judicieusement réglé, et que le chiffre de 1,8 Rive droite. – Plus bas se trouve une dérivation litres, qui en résulte pour le débit continu affecté à un sans barrage pour arrosages. Les usagers de cette hectare, n’est pas trop élevé. La distribution des eaux dérivation n’ont de l’eau qu’une fois par semaine. entre les usagers est faite par un règlement à heures dont Rive gauche. – Le moulin à farine et la scierie je ne connais pas les dispositions, mais qui doit être bien appartenant à M. Boutonnier sont mises en mouvement fait, s’il faut en juger par les résultats obtenus. par une dérivation faite au moyen d’un barrage. Rive droite. – Un moulin à huile, une ressence La Brague et une scierie étaient desservies jadis par une dérivation Elle naît dans le territoire de Châteauneuf, près faite au moyen d’une espèce de barrage naturel. Ces de celui de Grasse, longe ou traverse ceux de Sartoux, de établissements, qui appartiennent à M. Lambert, de Biot, Valbonne, de Biot, et se jette à la mer dans celui sont presque en ruine. d’Antibes. Sa longueur totale, à partir de sa source, est de Commune de Biot. – Rive droite. – La 17 950 mètres, dont 2 500 sur la commune de troisième prise dessert des arrosages, et est sans barrage. Châteauneuf, qu’elle borde sur une certaine longueur, 5 Rive gauche. – La quatorzième dérivation est 100 sur celle de Valbonne, 8 200 sur celle de Biot, et 2 aussi pour les arrosages, et est faite sans barrage. 150 sur celle d’Antibes. La quinzième dérivation sert aussi aux Le jaugeage de ses eaux a eu lieu les 7 et 8 arrosages, et est faite sans barrage. Elle met en août 1845, et a donné pour son débit 39 litres, avant la mouvement les scieries de M. Causse. prise du canal d’arrosage du château à Valbonne, 53 litres Vis-à-vis les usines Sardou se trouve, avec avant la prise du canal de M. Palanque, 23 litres au- barrage, la prise du canal de Biot, qui dessert un moulin à dessous du moulin de Madame Lambert, 19 litres au- farine, un moulin à huile et une ressence de M. Sardou, dessous de la scierie de M. Causse, 37 litres avant la prise un moulin à huile de la commune de Biot et un moulin à du canal de Biot, 97 litres dans le canal des moulins des huile qui appartient à plusieurs associés. Les eaux de demoiselles Raybaud, qui contient toute l’eau de la cette dérivation sont affectées à l’irrigation, et avec rivière, et 266 litres avant son embouchure à la mer. règlement, le samedi et le mercredi de chaque semaine. Cette rivière est du nombre de celles dont les Ce canal débitait 25 litres d’eau par seconde, le 7 août eaux disparaissent par intervalles sous les graviers. Cette 1845. circonstance, à laquelle il faut joindre les dépenses de Rive droite. – En amont du pont de Biot, les l’irrigation, explique les différences que présentent les eaux sont dérivées au moyen d’un barrage, pour jaugeages supérieurs à celui qui a été fait sur le canal des desservir les arrosages, et aussi pour mettre en moulins des demoiselles Raybaud ; là, et ensuite plus bas, mouvement la ressence de M. Sémerie. La distribution vers la mer, le débit est augmenté par des sources des eaux de cette dérivation est soumise à un règlement. importantes, ainsi qu’on peut en juger par les résultats des Le débit de ce canal était de 11 litres ½, le 7 août 1845. jaugeages. Rive gauche. – A 3 mètres en amont d pont de Biot, se trouve la prise, avec barrage, du canal du moulin à farine des demoiselles Raybaud, qui reçoit les eaux de servent à l’irrigation, et que je n’ai pas pu jauger à la Brague et celles de la fontaine de Biot. Cette dérivation l’époque de mes explorations. sert aussi à l’irrigation, mais sans règlement. Le Loup n’a été nivelé que depuis la source du Rive droite. – Le moulin à huile de graines de Lauron, à l’embouchure du vallon du Claret, jusqu’à la M. Aymond, d’Antibes, est mis en mouvement au moyen mer. D’après ce nivellement, cette source est de 38,7 d’une dérivation faite avec barrage, contre la propriété du mètres au-dessus de la mer. De là au pont en pierres, sur sieur Aillaud. une longueur de 1 400 mètres, la pente est de 7,8 mètres ; L’étendue des terres arrosées au moyen des de ce pont au canal de fuite du moulin de M. Layet, sur eaux de la Brague, est de 46,8 hectares, dont 10,3 une longueur de 1 100 mètres, la pente est de 5,2 mètres ; hectares dans le territoire de Valbonne, et 36,5 hectares de là au barrage du moulin de M. Guide, la pente est de dans celui de Biot. L’irrigation sur le territoire de 0,53 mètres, et au pied du barrage 1,61 mètres ; du canal Valbonne, ne portant que sur dix hectares, me paraît de fuite du moulin en aval des barres, sur une longueur consommer beaucoup trop d’eau, bien que sur les 39 de 1 600 mètres, la pente est de 6,2 mètres ; de là au pont litres par seconde qui la desservent, une partie rentre dans de Villeneuve, sur une longueur de 3 700 mètres, la pente la rivière. Sur le territoire de Biot, elle est dirigée d’après est de 9,9 mètres ; de ce pont à celui de la route royale n° de meilleurs principes, puisque avec 36 litres ½ d’eau par 7, sur une longueur de 2 400 mètres, la pente est de 8 seconde, elle porte sur 36 hectares ½ de terre, dont une mètres ; enfin de ce pont à la mer, sur une longueur de 1 grande partie couverte de cultures maraîchères. Les 200 mètres, la pente est de 1,6 mètres. règlements qui régissent ces arrosages sont, comme Commune de Cipières. – Rive droite. – A presque partout, des mesures d’ordre sans fixation de l’angle aval du pré d’Aussel, se trouve, sans barrage, la volume pour l’eau concédée. prise d’eau qui fournit des forces motrices à deux moulins à farine et à un foulon de M. Panisse. Le Le Loup débit de ce canal était de 269 litres par Cette rivière prend naissance près du village seconde, le 21 septembre 1844.En aval des usines ci- d’Andon, et a son embouchure à la mer, dans la dessus, se trouve, sans barrage, une prise d’eau pour le commune de Cagnes. Elle traverse ou longe le territoire moulin à farine des frères Meiffret. d’Andon, de Gréolières, Cipières, Gourdon, , Communes de Tourrettes. – Rive gauche. – Tourrettes, Le Bar, Roquefort, La Colle, Villeneuve- Vis-à-vis le village de Gourdon, se trouve la prise d’eau Loubet et Cagnes. Sa longueur totale, en partant de la sans barrage, qui fournit les forces motrices à trois limite entre Caille et Andon, est de 48 000 mètres, dont 6 moulins à farine et à un moulin à huile de M. Lions, du 700 sur le territoire d’Andon, 13 100 entre ce territoire et Bar, ainsi qu’au moulin à huile de M. Cresp. Cette celui de Courmes, 5 450 le long de ce dernier, 3 800 de dérivation débitait 131 litres par seconde, le 10 août la limite de Tourrettes au pont du Bar, sur la route 1843. Elle sert à arroser, et sans règlement, environ 15 départementale n° 16, 8 450 de là au territoire de La hectares de terre, soit avant, soit après les usines. La plus Colle, 3 550 de là à la limite de Villeneuve, 3 350 de grande partie de ce canal retournant à la rivière, on ne cette limite au pont de Villeneuve, 2 400 de ce pont à peut pas déterminer le volume d’eau que, dans ces celui de la route royale n° 7, et 1 200 de ce pont à la mer. localités, on répand sur un hectare, pour chaque arrosage. Le Loup a peu d’eau en été, sur le territoire Commune de Gourdon. – Rive droite – A 120 d’Andon, et ce n’est que le long du territoire de mètres du bastidon du sieur Cavalier, se trouve la prise Gréolières, qu’il est grossi par des sources d’eau sans barrage, qui fournit des forces motrices au nombreuses. Je l’ai jaugé le 21 septembre 1844, près du moulin à farine de Mme de Gourdon. pont qui est sur le chemin de Gréolières à Cipières, et j’ai Commune du Bar. – Rive droite. – Vis-à-vis la trouvé 465 litres pour son débit à ce point, en y bastide de Guintran, les eaux sont dérivées sans barrage, comprenant le canal des moulins, qui en contenait 269. pour desservir des arrosages assez étendus, et mettre en Au Baou de la Lone, quartier du Paraïre, cette rivière, qui mouvement un moulin à huile, un moulin à farine et une avait reçu le tribut de plusieurs ruisseaux de Gréolières, ressence de M. Stable, un moulin à farine, un moulin à et surtout la belle source de M. Gérard, débitait, le huile et une ressence de M. Cresp, un moulin à huile et même jour, 795 litres. Le 10 août 1843, et au pont du Bar, une papeterie de M. Silvy. Le débit de ce canal était de le débit de la rivière était de 2 047 litres, dont 131 dans 288 litres par seconde, le 10 août 1843. un canal sur la rive gauche, et 288 dans un autre canal sur Commune de Roquefort. – Rive droite. – La la rive droite. Le même jour, et en aval de la source du ressence de M. Layet, notaire à La Colle, est mise en Lauron, le débit était de 2 570 litres, dont 211 dans le mouvement au moyen d’une dérivation sans barrage. canal des scies de La Colle. Le 24 septembre 1841, et Commune de La Colle. – Rive gauche. – En en amont des prises des canaux de MM. de aval de la source du Lauron, se trouve la prise d’eau d’un Panisse et Layet, le débit était de 1 487 litres. A la fin canal qui sert à l’irrigation et à la mise en mouvement d’octobre 1840, en amont des prises des canaux des d’un moulin à huile, d’une ressence et d’une scierie qui moulins de La Colle, le débit était de 1 473 litres. A la appartiennent au sieur Tourini. Ce canal sert aussi à même époque, en amont de la prise du canal des moulins l’irrigation, mais sans règlement. Son débit était de 211 de M. Giraud, et en aval du pont de Villeneuve, le débit litres par seconde, le 10 août 1843. était de 1 621 litres ; au même point, et le 24 septembre Vis-à-vis la propriété de M. Sauvan, se trouve 1841, le débit était de 1 667. Il est à remarquer que les la prise d’eau avec barrage en fascines du canal qui fait jaugeages faits à la fin d’octobre 1840, ont eu lieu après mouvoir deux moulins à huile et un moulin à farine des une très longue sécheresse, et que des irrigations, qui hoirs Bellissime. Le débit de ce canal a été trouvé de 890 avaient encore lieu à cette époque, en diminuaient litres, à la fin d’octobre 1840. nécessairement le débit. La même observation s’étend A 25 mètres en amont de l’oratoire Saint- aux jaugeages de 1841, faits au plus bas étiage, et Donat, se trouve, avec un barrage en fascinage, la prise pendant que les irrigations étaient encore en pleine d’eau qui met en mouvement un moulin à farine et un activité. Près du pont de la route royale n° 7, tant au- moulin à huile de M. Layet, au-dessous du pont en bois. dessus qu’au-dessous, il naît des sources assez belles qui En aval des usines ci-dessus, il y a une prise d’octobre 1840, j’avais trouvé le débit de 440 litres par d’eau avec barrage, pour deux moulins à huile et une seconde. ressence de M. Guide. Ce barrage a été autorisé par une La Cagne n’a été nivelée que depuis la mer ordonnance du roi en date du 19 juillet 1836. jusqu’à l’extrémité de la plaine, à l’entrée de la gorge A la sortie des barres de La Colle, les eaux sont étroite où commence le territoire de . La pente, sur prises sans barrage, pour alimenter un canal dont le débit une longueur de 7 000 mètres, a été trouvée de 36,6 a été trouvé de 49 litres par seconde, en septembre 1841, mètres. et qui sert exclusivement aux irrigations, bien que dans Commune de Saint-Jeannet. – Rive gauche. – l’origine il eut été établi pour le service des usines de A 20 mètres en aval d’un énorme rocher, il y a une MM. Layet et Issaurat de La Colle. dérivation sans barrage, pour la mise en mouvement de Commune de Villeneuve. – Rive droite. – Le deux moulins à huile et d’une ressence du sieur Trastour, moulin à huile, le moulin à farine, la ressence et la scierie dans le quartier de Rigardet. de M. de Panisse, sont mis en mouvement par une Vis-à-vis le milieu de l’intervalle qui sépare dérivation faite sans barrage en aval des barres de La deux bastidons appartenant aux frères Silvy, sur la rive Colle. Ce canal, dont le débit a été trouvé de 835 litres droite, se trouve sans barrage la prise d’un canal qui a par seconde, à la fin d’octobre 1840, sert en outre à des 344 mètres de longueur et qui met en mouvement un irrigations assez étendues tout le long du Loup. moulin à huile et une ressence de M. Euzière, un moulin Rive gauche. – En aval du pont du Loup qui est à farine de M. Clary Euzière. Les eaux de cette dérivation sur la ligne vicinale n° 8, aux abords du village de sont en outre affectées à l’arrosage du quartier du Mas, et Villeneuve, M. Giraud de Cagnes dérive, au moyen d’un la distribution en est faite d’après un règlement dont barrage autorisé par les ordonnances royales du 6 j’ignore les dispositions. septembre 1827 et du 14 janvier 1830, les eaux Rive gauche. – En amont des usines ci-dessus nécessaires à la mise en mouvement des usines qu’il mentionnées, se trouve une autre prise sans barrage, qui possède dans la commune de Cagnes, près du pont du n’a d’autre destination que de fournir des forces Loup, qui est sur la route royale n° 7, usines qui motrices aux moulins de M. Clary Euzière, qui ne consistent en moulins à farine, moulins à huile et scieries. peuvent pas marcher au moyen de la prise précédente, Le débit de ce canal était de 1 170 litres par seconde, à la pendant la saison des arrosages. fin d’octobre 1840. A 80 mètres en aval du bastidon d’Octobon, les L’étendue des terres arrosées au moyen des eaux sont dérivées sans barrage, pour desservir quelques eaux du Loup est de 140 hectares, dont 27 sur le territoire arrosages pour lesquels il existe un règlement à heures. de Gréolières, 11 sur celui de Cipières, 3 sur celui de Dans la commune de Saint-Jeannet, l’irrigation Gourdon, 8 sur celui de Courmes, 15 sur celui de porte sur 6 hectares ½. Tourrettes, 9 sur celui du Bar, 4 sur celui de La Colle, 61 Commune de Vence. Rive droite. – Vis-à-vis sur celui de Villeneuve et 2 sur celui de Cagnes. Dans les réservoirs inférieurs de la ressence de M. Clary cette surface sont compris les arrosables de Gréolières et Euzière, les eaux sont dérivées sans barrage, pour la mise de Cipières qui ont lieu avec des sources qui se rattachent en mouvement d’un martinet qui appartient à M. Euzière. au cours du Loup, mais qui ne peuvent pas en être A 70 mètres en amont du pont sur la route considérées comme des dérivations. De plus, tous les vicinale n° 7, il y a une dérivation qui dessert un moulin à canaux qui servent à l’arrosage ont des débits tellement farine contigu au pont, et plus bas la papeterie de M. supérieurs à ce que peut consommer l’irrigation faite Cirlot. Au-dessous de ces usines, les eaux servent à des même avec excès, qu’il est impossible de déterminer avec arrosages pour lesquels il y a un règlement dont je ne quelque certitude le volume d’eau qui est répandu en connais pas les dispositions. moyenne sur un hectare, pour chaque arrosage. Le moulin à farine des sieurs Isnard et Augier est mis en mouvement au moyen d’une dérivation faite La Cagne sans barrage, à 293 mètres en amont de cette usine. Ces Son origine est dans la commune de eaux ne sont pas appliquées à l’irrigation, et rentrent dans , et son embouchure à la mer, dans celle de la rivière, au sortir du moulin. Cagnes. Elle traverse ou longe les communes de Sur la limite de la propriété Liautaud, les eaux Coursegoules, Bezaudin, Vence, Saint-Jeannet, sont prises sans barrage, pour desservir, dans le quartier et Cagnes. Sa longueur totale, à partir du point de réunion des Fonts, des arrosages assez étendus et soumis à un des ramifications qui forment sa tête, près du village de règlement. Coursegoules, est de 25 900 mètres, dont 5 100 sur le Au quartier du Tacon, et sur la propriété des territoire de Coursegoules, 2 300 sur celui de Bezaudun, hoirs Malamaire, les eaux sont prises sans barrage, pour ou, pour mieux dire, le long de cette commune, 5 300 de fournir des forces motrices à deux moulins à farine, un la limite de Saint-Jeannet à la route de grande moulin à huile, et une ressence appartenant à ces communication n° 7, 5 400 de là à la limite de Cagnes, 5 propriétaires. Cette dérivation n’est pas appliquée aux 600 de cette limite à la route royale n° 7, et 2 200 de là à arrosages. la mer. Elle contient peu d’eau en été ; elle est à sec sous Dans la commune de Vence, la Cagne sert à le village de Coursegoules, ou du moins les eaux qui arroser 6 hectares de terre. pourraient y couler, sont absorbées par les irrigations, ou Commune de La Gaude. – Rive gauche. – disparaissent sous les graviers ; un peu en amont du pont Dans la propriété du sieur Flory, les eaux sont prises sans de la route de Bezaudun à Vence, j’en ai trouvé 54 litres barrage, pour desservir, à 428 mètres plus bas, le moulin par seconde, le 20 septembre 1844 ; le même jour, au Pas à farine de M. Layet, et quelques arrosages sur la terre de de l’Escalier, sur la limite de Bezaudun et en aval du pont ce propriétaire. ci-dessus mentionné, il n’y avait plus que 32 litres, le L’étendue des terres arrosées par la Cagne, surplus donné par le jaugeage précédent, s’étant infiltré sur le territoire de La Gaude, n’est que de 2 hectares. dans le lit. Au-dessous de Saint-Jeannet, et à la fin Commune de Cagnes. – Rive droite. – Sur la limite des territoires de Cagnes et de Vence, les eaux sont prises sans barrage, pour desservir des arrosages soumis à Commune de Saint-Laurent. – Rive droite. – un règlement. A 173 mètres en aval du pont, les eaux sont prises sans Rive gauche. – Sur la limite des communes de barrage et conduites dans un canal voûté, pour mettre en La Gaude et de Cagnes, les eaux sont prises sans barrage, mouvement un moulin à huile et une ressence du sieur pour desservir des arrosages soumis à un règlement. Passeron. L’établissement de ce canal a été autorisé par A 1 750 mètres en amont du pont de la route ordonnance royale en date du 10 novembre 1828. royale n° 7, les eaux sont prises sans barrage, pour desservir un moulin à huile et une ressence près de la L’Estéron route royale, et plus bas un moulin à huile et une ressence Elle prend naissance à Soleilhas, dans le de MM. Blacas et compagnie, un moulin à farine et une département des Basses-Alpes, traverse et longe scierie de MM. Lambert et Paulin. Cette dérivation sert successivement les communes de Saint-Auban, de aux irrigations supérieures, le mercredi et le samedi de Briançonnet, de Gars, des Mujouls, de Collongues, de chaque semaine, et le reste du temps aux irrigations , de Mas et d’Aiglun ; puis elle forme la inférieures aux usines. limite de la France jusqu’à son embouchure au Var, en Rive droite. – En aval de la route royale n° 7, il bordant les territoires d’Aiglun, de la Roque-Estéron, de y a, avec barrage en maçonnerie, une dérivation qui, Conségudes, des Ferres, de Bouyon et du Broc. Sa après avoir mis en mouvement le moulin à huile de M. longueur, à partir de la ligne divisoire entre Soleilhas et Berenger, sert à arroser la partie de la plaine de Cagnes Saint-Auban, est de 58 500 mètres, dont 7 600 de la qui est à droite de la rivière. limite de Gars au pont qui est attenant à ce village, 3 500 L’étendue des terres arrosées sur le territoire de de là à la limite des Mujouls, 3 600 de cette limite à Cagnes, est de 63 hectares. l’embouchure du Riou de Collongues, 1 800 le long de Les eaux de cette rivière ne sont pas toutes cette dernière commune, 2 600 le long de Sallagriffon, 2 employées, et elle a encore un certain délai à son 750 de la limite d’Aiglun à l’embouchure du ruisseau de embouchure. La position des usines de Cagnes, presque Vegay, 3 250 de cette embouchure à celle du Rioulan, sur le bord de la mer, et le peu de temps accordé à c’est-à-dire à la limite entre la France et le Piémont, 850 l’irrigation des terrains supérieurs, contribuent beaucoup de là à la limite de Roque-Estéron, 4 850 de cette à ce fâcheux résultat. Cependant il paraît qu’il y a aussi limite au pont attenant au village de Roque-Estéron, 3 excès dans la quantité d’eau affectée à l’arrosage, puisque 600 entre ce pont et la limite de Conségudes, 3 300 le sur toute l’étendue du cours de cette rivière, on n’arrose long de cette dernière commune, 2 250 de la limite des que 77 hectares ½ de terre, tandis que son débit, d’après Ferres, au moulin de Saint-Pierre, 3 400 entre ce moulin un jaugeage fait en octobre 1840, après une très longue et le pont de la Cérise, 700 de ce pont au territoire de sécheresse, est, au moins, de 440 litres par seconde, Bouyon, 1 600 entre la limite de cette commune et la volume qui, étant bien réparti, suffirait pour en arroser rivière de Bouyon, enfin 4 700 le long de la commune du près de 600, et au moins 440, en ayant égard aux cultures Broc. maraîchères, qui sont fort étendues aux environs de Indépendamment des eaux du Bouyon, qu’elle Cagnes. reçoit presqu’à la fin de son cours, le volume de ses eaux est grossi, près d’Aiglun, par la belle source de Vegay qui Le Var descend, par une chute magnifique, du flanc septentrional Son origine est dans le royaume de Sardaigne, du Cheiron, et par le tribut que lui apporte la Gironde, qui près des limites de la France. Il sert, sur une assez grande vient du territoire de Mas, près de Gars, par une source partie de son cours, à séparer ces deux états. Il borde le considérable qui naît à la sortie ouest du village, et près département, depuis le point où il reçoit les eaux de de Saint-Auban, par la rivière de la Faye, et par une l’Estéron jusqu’à la mer. Les territoires qu’il longe sont source importante qui sert de moteur à des usines de M. ceux du Broc, de , de Gattières, de La Gaude et de de Villeneuve-Bargemon, peu éloignées de la rive droite Saint-Laurent. La pente de cette rivière est assez et de la route de grande communication n° 10. Le uniforme ; je l’ai trouvée de 4,5 mètres par kilomètre. jaugeage que j’ai fait de l’Estéron, en amont du Var et en Le jaugeage de ses eaux a eu lieu à la fin du aval du Bouyon, m’a donné pour son débit 1 743 litres, à mois de septembre 1841, époque du plus bas étiage, et il la fin d’octobre 1840, après une très longue sécheresse. a donné pour son débit 28 mètres cubes par seconde. Le 17 septembre 1844, cette rivière débitait 74 litres en Commune de Carros. – Rive droite. – Vis-à- amont du point où elle reçoit la source de M. de vis la propriété du sieur Vogade, les eaux sont dérivées Villeneuve ; en aval de cette source et de la rivière de la sans barrage, pour desservir, à 1 500 mètres plus bas, 2 Faye, avant la clue de Saint-Auban, son débit était, le moulins à huile et une ressence situés dans le quartier de même jour, de 243 litres, sur lesquels la rivière de la La Culasse, appartenant à MM. Clergue, Briquet et Faye figurait pour 108 litres, et la source de M. de Euzière. Cette dérivation sert également aux arrosages du Villeneuve pour 61 ; le 18 septembre 1844, le débit de quartier qui est connu sous le nom d’Iscles. l’Estéron, avant la prise du canal des moulins de cette Commune de Gattières. – Rive droite. – Des commune, débitait 287 litres, dont 27 étaient dans le terrains assez étendus en aval de la chapelle de Notre- canal. Le même jour, la source de Gars débitait 42 litres ; Dame, étaient arrosés au moyen d’une dérivation faite de sorte qu’après la réunion de cette source, l’Estéron sans barrage. Le canal et une partie de la surface arrosée débitait 329 litres par seconde. Le 19 septembre 1844, au- ont été emportés par le Var, dans une de ses crues. dessous d’Aiglun, et avant l’embouchure de la Gironde, Commune de La Gaude. – Rive droite. – Vis- le débit était de 558 litres. Le même jour, cette dernière à-vis la propriété de M. Bérenger, les eaux sont dérivées versait dans l’Estéron, 246 litres, et la source de Vegay sans barrage, pour desservir des arrosages le long du Var, 483. Le 20 septembre 1844, en aval du pont de Roque- et mettre en mouvement un moulin à huile et une scierie Estéron, j’ai trouvé le débit de 1 351 litres. Enfin, le de la veuve du général Partouneaux. Ces établissements même jour, sur les limites de Conségudes, la source de la ont été autorisés par une ordonnance royale en date du 21 Bouisse versait, par le vallon de ce nom, 70 litres, ce qui août 1835. portait le débit de l’Estéron, sur ce point, à 1 421 litres. Commune de Saint-Auban. – En amont du Commune des Ferres. – Rive droite. – En village de Saint-Auban, les eaux de cette rivière sont amont du vallon de l’Hubac, et à 8 mètres en aval de la prises sans barrage sur plusieurs points, pour desservir limite entre les propriétés d’Octobon et Ravel, se trouve l’irrigation sur les deux rives. une prise d’eau sans barrage, pour la mise en mouvement Rive droite. – Immédiatement au-dessus du du moulin à farine de M. Escoffier et compagnie, ainsi pont de la ligne vicinale n° 10, les usines de M. de que pour le service de l’irrigation sur 7 hectares de Villeneuve sont mises en mouvement par les eaux de la terres.L’étendue totale des terres arrosées au moyen source qui lui appartient, et dont le débit a été trouvé de des eaux de l’Estéron est de 255 hectares. 61 litres par seconde, le 19 septembre 1844. En amont de la clue de Saint-Auban se trouve, Rivière de La Faye avec un barrage autorisé par ordonnance royale en date C’est un torrent qui a son origine dans la du 10 mars 1833, la prise du canal qui met en vallée de La Faye de la commune de Saint-Auban, et qui mouvement le moulin à farine du sieur Lieutaud. se jette dans l’Estéron en amont de la clue. Ainsi que je Rive gauche. – Au sortir de la clue, le moulin à l’ai dit ci-dessus, le 17 septembre 1844, le tribut qu’il farine du sieur Sauteron est mis en mouvement par une apportait à l’Estéron était de 108 litres par seconde. dérivation faite sans barrage. Commune de Saint-Auban. – Les eaux de Les terres de Saint-Auban arrosées par cette rivière sont prises par des saignées plus l’Estéron ont une étendue de 27 hectares. individuelles que collectives, et servent à porter Commune du Briançonnet. – Rive gauche. – l’irrigation sur 23 hectares ½ de terre. A 100 mètres en amont de la bastide de Ravel, les eaux sont prises sans barrage, pour le service du moulin à Rivières des Lattes farine du sieur Dauma, et aussi pour desservir des C’est un affluent de la rivière de la Faye, qui irrigations qui portent sur une étendue de 17 hectares ½. naît près du hameau des Lattes, et a son embouchure Commune de Gars. – Rive gauche. – A 200 près de Brunet. Son débit était de 28 litres à mètres en amont de la bastide de Jaume, les eaux sont son embouchure, le 17 septembre 1844. dérivées sans barrage, pour fournir des forces motrices au Commune de Saint-Auban. – Les eaux qui moulin à farine de MM. Daise, Guérin et Olivier. C’est coulent dans ce torrent et qui viennent en grande partie dans le canal de cette usine que se jette la belle source qui d’une source qui est au pied de la montée de Saint-Pierre, naît à l’extrémité du village de Gars. Les irrigations dans servent également à arroser, au moyen de saignées cette commune sont desservies par les eaux de ce canal, individuelles, 7 hectares de terre. et par celles qu’on dérive sur la rive droite, toujours sans barrage. La surface arrosée est de 38 hectares ½. La Gironde Commune des Mujouls. – Rive gauche. – Au Cette rivière est entièrement dans le territoire sortir de la clue de Gars, les eaux sont dérivées sans de Mas, dont elle reçoit toutes les eaux, étant exactement barrage, pour desservir l’irrigation sur 42 hectares de au fond de la vallée qui constitue cette commune. Sa terre, et fournir des forces motrices au moulin à farine de longueur est de 11 650 mètres. Je ne l’ai jaugée qu’à son M. Garnier. embouchure dans l’Estéron, et j’ai trouvé qu’elle débitait Commune de Collongues. – Rive gauche. – 246 litres, le 19 septembre 1844. Les irrigations ayant Entre la limite des Mujouls et celle de Sallagriffon, il y a cessé à cette époque dans ces lieux élevés, je pense que une prise d’eau sans barrage, pour desservir l’irrigation c’est là tout ce qu’elle donne au plus bas étiage. sur 24 hectares de terre. Commune de Mas. – Les eaux de cette rivière Commune de Sallagriffon. – Rive droite. – Le sont portées sur les terres à l’aide d’une foule de moulin de MM. Roumieu frères était mis en mouvement dérivations faites sans barrage sur les deux rives. Les plus par une dérivation faite sans barrage, à 1 500 mètres en importantes sont : amont du moulin, et qui a été détruite dans une crue de la Rive gauche. – 1° Une prise sans barrage, vis-à- rivière.L’étendue des terres arrosées est de 4 hectares. vis la propriété de Bellon, à 50 mètres en amont du vallon Commune de Mas. – Rive droite. – Les eaux du Clôt du Bouc, pour la mise en mouvement du moulin à nécessaires à un moulin à farine et à un moulin à huile farine et du foulon de M. Jausserand. de M. Bernard, au-dessous d’Aiglun, sont dérivées 2° Une prise vis-à-vis la propriété des frères sans barrage, à 420 mètres au-dessous du moulin. Baud, pour la mise en mouvement du moulin à farine de L’étendue des terres arrosées est de moins d’un hectare. MM. Vidal et compagnie. Commune d’Aiglun. – Rive gauche. – En aval L’étendue des terres arrosées dans cette du pont d’Aiglun, les eaux nécessaires à l’irrigation du commune est de 51 hectares. quartier de Vescougne sont dérivées sans barrage. Ce canal sert à arroser 37 hectares. La Lane Rive droite. – Vis-à-vis la propriété Meiffret, et C’est un affluent d’Artuby, qui sort des plaines en aval d’un rocher qui s’avance de 5 mètres dans le lit de du Thorenc, dans la commune d’Andon, et qui va se jeter l’Estéron, se trouve la dérivation qui porte les eaux dans Artuby, près du hameau de Malamaïre, dans la nécessaires au moulin à farine du pont de Sigalles, et qui commune de Val-de-Roure. Cette rivière, qui débite assez dessert les arrosages de toutes les terres inférieures, sur d’eau en hiver, est à peu près à sec en été. Le peu d’eau une étendue de 24 hectares. qu’elle contient dans cette saison, lui vient d’une fort Commune de La Roque-Estéron. – Rive jolie source du Haut-Thorenc. Je l’ai jaugée en amont droite. – Vis-à-vis le bastidon de Tranquille, les eaux sont des scies de M. Bernard, le 17 septembre 1844, et je n’y prises sans barrage, pour desservir le moulin à huile et le ai trouvé que 20 litres par seconde. Il est vrai que la moulin à farine du village de La Roque-Estéron, ainsi que nature du fond de la rivière pouvait faire présumer qu’une les arrosages, sur une étendue de 9 hectares. partie était peut-être cachée sous les graviers, mais sous Commune de Conségudes. – Rive droite. – le pont de la route de grande communication n° 10, le lit Vis-à-vis la propriété de M. Roubiou, il y a une prise était complètement sec. d’eau sans barrage, pour l’irrigation. Commune d’Andon. – Rive droite. – Sur la en mouvement, sur le bord droit de cette rivière, un terre de M. Camatte et à 200 mètres en aval de la limite moulin à huile et une ressence qui appartiennent au sieur du domaine de M. de l’Escarenne, dans le quartier des Olivier. Cette dérivation dessert en outre l’arrosage de 3 Thorenes, il y a une prise d’eau sans barrage, pour la hectares de terre. mise en mouvement d’un moulin à farine et d’une scierie appartenant à M. Bernard. Le volume d’eau que débite en été cette rivière est si faible, que ces usines ne peuvent L’hydro-électricité marcher que par éclusées dans cette saison. A peu de distance en aval des usines, les eaux, Les besoins croissants d’électricité qui sont en si petite quantité, disparaissent sous les graviers, de sorte que cette rivière ne sert et ne peut servir liés à l’urbanisation du littoral des Alpes- à aucune irrigation. Maritimes et à la fonction touristique du département nécessitèrent de faire appel Source de Vegay très tôt à l’énergie hydraulique. Jouissant Rive droite. – Les eaux de cette source, avant d’un prestige immédiat, l’électricité fut d’arriver à l’Estéron, sont dérivées sans barrage sur les d’abord utilisée dans le domaine de deux dérives, pour desservir des arrosages. La plus importante de ces dérivations est celle qui se trouve sur la l’éclairage. Chez les particuliers, elle se rive droite, pour fournir des forces motrices au moulin à répandit progressivement, surtout après farine de MM. Alziary et compagnie. 1910. Le prix du courant restait élevé et sa qualité laissait à désirer. Face à la Vallon de la Bouisse Commune de Conségudes. – Rive droite. – A concurrence du gaz, l’éclairage électrique 20 mètres en aval de la source, les eaux sont prises sans urbain ne parvint pas à s’imposer avant la barrage, pour mettre en mouvement un moulin à farine et fin des années 1920 à Nice comme dans les un moulin à huile de Mme de Conségudes et compagnie. Rive gauche. – A 20 mètres en aval de l’angle du moulin autres villes du littoral, car le coût de ci-dessus, les eaux sont de nouveau dérivées sans barrage, l’installation représentait un investissement pour le service d’un moulin à farine et d’un moulin à considérable pour les communes. Dans le huile qui appartiennent à MM. Bérard et compagnie. Rive droite. – Au pied d’une barre de rochers et à 200 mètres domaine industriel, l’usage de l’électricité en amont des terres cultivées, les eaux sont prises sans resta limité, avant la guerre de 1914-1918, barrage, pour desservir des arrosages le long de l’Estéron, aux grosses entreprises (réseaux de sur une étendue qui, jointe à celle qui est arrosée par les eaux de l’Estéron, est de 22 hectares. tramways, cimenteries, entreprises de chimie) car les machines à vapeur et les Rivière de Bouyon moteurs à gaz gardaient leur suprématie. Commune de Bezaudun. – Rive gauche. – A 312 mètres en amont du pont de la ligne vicinale n° 22, C’est pour l’éclairage des bâtiments les eaux sont dérivées sans barrage, pour la mise en publics (lieux de spectacle, hôtels, grands mouvement du moulin à farine qui est près du pont et qui magasins, administrations) que l’éclairage appartient à une société de propriétaires de Bezaudun et de Bouyon.Les eaux de Bouyon ne servent à arroser, électrique connut le succès le plus rapide, dans la commune de Bezaudun, qu’une étendue de 2 pour des raisons de sécurité. hectares. Dans les Alpes-Maritimes, Commune de Bouyon. – Rive gauche. – Sur la limite de la commune de Bezaudun, à l’embouchure du l’électricité fut d’abord produite par des vallon des Fondudes, il y a une prise d’eau sans barrage, usines thermiques mais les richesses autorisée par ordonnance royale du 7 novembre 1830, hydrauliques du département ne pouvaient pour la mise en mouvement d’un moulin à farine, de deux moulins à huile et d’une ressence appartenant à MM. échapper aux industriels à la recherche Giraudy et compagnie. d’une électricité bon marché, d’autant plus A 225 mètres en amont du pont sur le chemin de Bouyon au Broc, il y a une prise d’eau sans barrage, pour desservir le moulin à huile dit du Pont, qui appartient à une réunion de propriétaires de Bouyon. Les eaux du Bouyon servent à arroser dans cette commune 20 hectares ½ de terre. Commune du Broc. – Rive droite. – A l’embouchure du vallon de Thouron, se trouve une prise d’eau sans barrage, pour la mise en mouvement d’un moulin à farine, d’un moulin à huile et d’une ressence appartenant à MM. Bérenger et Bonnefoi. Cette dérivation sert à l’irrigation, mais sur une petite étendue. En amont de l’embouchure du Bouyon, entre deux barres de rochers, vis-à-vis la propriété Audibert, il y a une dérivation sans barrage qui longe l’Estéron, et va mettre Action de la société des forces motrices de la Gordolasque, 1907 que les progrès techniques réalisés dans la électricité à leurs concitoyens pour créer de deuxième moitié du XIXe siècle rendaient l’activité en montagne et freiner l’exode possible la fabrication du courant grâce rural. Ainsi, à , les élus aux chutes d’eau et son transport à distance escomptaient « Que pendant les soirées vers les villes. Inventée par Burdin et d’hiver la lumière éclatante de l’électricité Fourneyron en 1826-1827, la turbine donne la gaieté dans les familles, que la permettait, par rapport à la roue à aubes, population rurale en ayant les commodités d’améliorer considérablement le rendement prendra goût au pays n’enviera plus la ville des installations hydrauliques mais aussi de comme par le passé et ne désertera plus le s’adapter à toutes les chutes. Jusqu’en sol natal19 ». Dans les communes 1926, trois types de turbines furent tour à touristiques de la Vésubie, les avantages de tour mis au point : Pelton pour les hautes l’électricité pour les touristes comptèrent chutes et les petits débits, Francis pour les sans doute beaucoup. De façon générale, chutes moyennes, Kaplan pour les faibles les communes établirent d’abord des hauteurs. Dans les turbines à action concessions pour l’éclairage public avec (Pelton), la force de l’eau agit directement possibilité de distribuer du courant aux sur la roue alors que dans les turbines à particuliers. Saint-Martin-Vésubie fut réaction (Francis et Kaplan), l’eau entre pionnière en la matière puisqu’elle décida, par la périphérie de la roue puis est déviée dès 1893, « de substituer comme plus vers les pales et ressort par le centre de la avantageux le l’électricité en utilisant les roue. L’utilisation de tuyaux en acier ou en forces motrices qui existent sur les lieux ». béton permit de réaliser des conduites Le projet apparaît en fait dès 1888 dans les forcées de grande longueur et ainsi de archives et envisage alors la réutilisation canaliser toutes les chutes, y compris avec du canal des moulins. L’usine fut des dénivelées de plusieurs centaines de finalement réalisée par un artisan local, mètres. Les turbines furent d’abord Joseph Mottet, exploitant l’eau du Boréon utilisées dans l’industrie puis, à partir des amenée jusqu’à la centrale attenante au années 1880, pour la production électrique moulin à farine communal par une lorsqu’on les coupla avec des générateurs. conduite forcée longue de 300 m. Les Dans le même temps, le problème du projets se multiplièrent dans les années transport du courant à longue distance 1900, tels Clans, Saint-Cézaire, Gourdon et avait été solutionné. Ces avancées Vence en 1899, La Bollène-Vésubie en technologiques expliquèrent le 1901, Roquebillière en 1902, Breil-sur- développement rapide des centrales à la fin Roya en 1903. Les concessionnaires du XIXe siècle, sur les rivières et les étaient soit des artisans locaux comme torrents des Alpes, des Pyrénées puis du Joseph Mottet (Saint-Martin-Vésubie et La Massif central. Bollène-Vésubie), soit des ingénieurs Dans les Alpes-Maritimes, les électriciens comme Arrigo Piccinini (Breil- ressources hydrauliques furent sur-Roya, Roquebillière et Utelle), soit de systématiquement recherchées et mises petits industriels extérieurs au département progressivement en exploitation, par le comme Charles Bertolus, entrepreneur à biais de concessions, à la fois par de Saint-Etienne (premier projet du Loup à puissantes sociétés industrielles et par de Pataras). Ces premières centrales hydro- petits entrepreneurs. En obtenant les électriques étaient conçues à l’économie, concessions d’éclairage pour plusieurs en substituant turbine et génératrice à un communes du moyen et du haut-pays, ces moulin (cas de Roquestéron) ou au derniers furent à l’origine de la plus grande martinet communal (Saint-Jeannet) ou en partie des usines hydro-électriques se greffant sur un canal existant construites avant 1914. Les conseils (Roquebillière, La Bollène-Vésubie). A municipaux virent très tôt quelles étaient les possibilités offertes par l’hydro- 19 ADAM 2 O 1264 Saint-Jeannet, Saint-Cézaire, Breil-sur- juin 1900, s’imposa rapidement aux Roya, La Bollène-Vésubie et sociétés existantes, absorbant en premier Roquebillière, les centrales fonctionnèrent lieu la Société des forces motrices des avant la première guerre mondiale. Dans Alpes-Maritimes. La société EELM allait d’autres communes, il fallut attendre monopoliser l’essentiel de la production et l’entre-deux-guerres notamment à une partie de la distribution d’électricité du Venanson (1925), (1932). De graves Sud-Est. Après l’usine de Plan-du-Var qui problèmes apparurent rapidement dans turbinait l’eau venant de la centrale de La l’exploitation de ces installations, liés à de Mescla (d’une puissance de 2 800 kw), la mauvais choix techniques ou à un mauvais société aménagea en 1902 la chute du entretien. A Beuil, la turbine Crozet- Pont-du-Loup (1 300 kw), en 1906 Saint- Fourneyron se révéla inadaptée à la chute ; Cézaire sur la Siagne (5 400 kw) et, en à La Bollène-Vésubie, la génératrice ne 1916, Fontan sur la Roya (2 500 kw). Ces fonctionna pas correctement pendant diverses constructions suffisaient à peine à plusieurs années. La technologie de répondre à une demande croissante. Si l’époque ne permettait pas à ces unités un Nice ne comptait que 400 abonnés à fonctionnement sans surveillance. La durée l’électricité en 1900, il y en avait 3 000 en de vie du matériel était courte et nécessitait 1910 et 7209 en 1914. Les villes de la côte des rénovations régulières (Saint-Martin- furent raccordées au réseau avant la guerre Vésubie fut rénovée dès 1918). Au final, l’hydro-électricité communale fut souvent un échec : Saint-Jeannet revendit son usine obsolète sur la Cagne en 1927, beaucoup d’autres communes cédèrent leurs concessions à de grosses sociétés. Cependant plusieurs d’entre-elles réussirent à préserver des gestions autonomes comme Saint-Martin-Vésubie et Roquebillière. A côté de cette production quasi- artisanale, on assista dans les Alpes- Maritimes à une véritable course à la « houille blanche » menée par des USINE HYDRO ELECTRIQUE DE LA consortiums de banquiers et d’industriels SIAGNE VERS 1910 qui, prospectant tous les potentiels et les utilisations de l’électricité se hydrauliques, spéculèrent sur les droits multiplièrent. Lorsque le débit des rivières d’eau et lancèrent, entre 1897 et 1928, la se réduisait, des usines de secours à vapeur construction des premières grandes unités prenaient le relais de l’énergie hydraulique hydro-électriques du département. A partir défaillante, à , Beausoleil et Nice de 1898, la Société des forces motrices des (Risso et Sainte-Agathe). Dès sa création, Alpes-Maritimes, dirigée par Alexandre la société EELM s’était lancée dans une Durandy, commença l’aménagement du recherche systématique de concessions, cours moyen du Var en construisant à la s’emparant progressivement de celles déjà Mescla, sur la commune de Malaussène, accordées en se substituant aux premiers une usine d’une puissance d’environ 1 000 concessionnaires, et étudia toutes les autres kws alimentée par un canal de dérivation possibilités sur les cours d’eau. La société du fleuve. Le courant produit parvint par la disposait d’un monopole de fait car la première ligne haute tension d’abord à concurrence était réduite. A Breil, la Cagnes-sur-Mer en 1900 puis à Nice, Société hydro-électrique du Sud-Est l’année suivante. L’Energie électrique du alimentait Menton grâce à une usine placée littoral méditerranéen (EELM), fondée le 7 à l’aval du village. Dans l’arrondissement de Grasse, deux petites sociétés à Vence et département, tarif protecteur, à La Gaude assuraient une production électrification des lignes du Sud-France locale. Pendant la première guerre notamment. Après de longues mondiale, la société Chiris, Jeancard fils et négociations, la société EELM eut Cie qui possédait l’usine de Baous-Roux, l’autorisation de construire ses usines sur fut également autorisée à exploiter les la Tinée mais seule la chute de Bancairon chutes à Bauma Negra sur le Var et Saint- fut réalisée en 1929. Bancairon captait les Jean-la-Rivière sur la Vésubie, mai elles eaux de la Tinée par un barrage implanté à furent reprises dans l’entre-deux-guerres Pont-de-Paule constitué d’une vanne par la société EELM. rouleau de 15 m de large. Les ouvrages Les restrictions liées au conflit d’amenée comportaient une galerie à favorisèrent le développement de écoulement libre de 3,20 m de hauteur et l’électricité d’origine hydraulique. Les de 14 km de long entrecoupée de 5 pouvoirs publics, relayés par la population, aqueducs permettant le franchissement de s’inquiétèrent d’un éventuel accaparement vallons escarpés et profonds. Au sommet des ressources dont disposaient les Alpes- des conduites forcées, un réservoir Maritimes. Dès avant guerre, le conseil souterrain était prévu pour turbiner aux général s’était efforcé de garder sur place heures de pointe en accumulant un volume une partie de l’énergie produite et de 60 000 m3 d’eau. Deux conduites d’obtenir des sociétés la fourniture de courant à bas prix pour les tramways départementaux. Il disposait d’un moyen de pression sur les usiniers puisque ceux-ci étaient obligés d’installer leurs lignes de transport de force sur les voies publiques gérées par le département. Cependant, jusqu’en 1919, l’administration put difficilement empêcher l’établissement de barrages ou de dérivations. La loi du 16 octobre 1919 fixa les règles d’utilisation des cours d’eau. Dans son article 1er, elle stipulait que nul ne pouvait disposer de l’énergie des lacs et cours d’eau sans une concession ou une autorisation de l’Etat accordée seulement après avis préalable des conseils généraux des départements sur le territoire desquels l’énergie était produite. Une demande de concession pour l’aménagement hydro-électrique complet USINE HYDRO ELECTRIQUE DE de la Tinée avait été déposée par la société VALABRE A ISOLA, 1957 EELM en 1916 et renouvelée en 1921. Elle forcées et une conduite de décharge visait les trois chutes de Bancairon, la descendaient jusqu’à l’usine. L’usine, qui Courbaisse et Saint-Etienne-Lacs. La démarra en 1929, fut équipée de 5 groupes centrale devait turbiner les eaux sous 1 185 Pelton à 2 roues de 11 000 kvA, 25 Hz m de chute avec pour point de départ le lac complétés par deux groupes auxiliaires. de Rabuons. Le dossier de la Tinée donna Dans la Roya, l’utilisation de lieu à de violentes polémiques entre la l’usine de Fontan était très perturbée par le société EELM et le conseil général. Ce fonctionnement en amont des usines dernier s’efforça d’obtenir un certain italiennes. La plus importante était à Saint- nombre d’avantages : réserve de force au Dalmas de Tende ; elle fut mise en service en 1914 sous une chute, importante pour Belvédère reçoit l’eau du lac Long et celle l’époque, de 720 m. Un barrage situé aux de Roquebillière est actionnée par une Mesce fut construit simultanément de galerie, creusée sous le lit de la Vésubie, façon à créer une réserve hebdomadaire. A ayant comme point de départ la centrale de l’aval immédiat de Saint-Dalmas se Saint-Martin. Dans le département du Var, trouvait Paganin (1917-1918) alors qu’à le barrage de Saint-Cassien, construit sur le l’amont du barrage, la Société Elettro Biançon, fut mis en service en 1966. Mineraria construisit en 1918-1919 l’usine Acumulant les eaux de la Siagne dérivées des Mesce. L’aménagement réalisé par les par un canal, il avait un triple but : la Italiens était remarquable et ils surent tirer production d’énergie, l’alimentation en eau un rendement maximum des ressources potale et l’irrigation. A partir de 1985 hydrauliques de la Haute-Roya et plus furent progressivement mises en service particulièrement des vallons de la Minière, dans la partie inférieure du cours du Var, de Castérino et de ses lacs. La production neuf centrales aménagées sur les seuils des trois centrales avoisinait, en 1931, les barrant le lit du fleuve, hauts de 6,5 à 9 m. 125 millions de kwh. Cet équipement devait fournir au total plus Après la deuxième guerre mondiale de 27000 kw d’électricité. Les crues de la nationalisation des sociétés privées l’automne 1994 leur ont causé d’électricité donna naissance en 1946 à d’importants dégâts. Plusieurs micro- Electricité de France qui eut en charge la centrales sont venues depuis compléter remise en état des installations l’équipement hydroélectrique des Alpes- hydrauliques endommagées pendant le Maritimes faisant du département l’un des conflit puis la reprise de l’aménagement mieux équipés au regard de son potentiel des cours d’eau des Alpes-Maritimes. Le hydraulique, représentant un tiers de sa département bénéficia, lors du consommation électrique. rattachement de Tende et de La Brigue, des trois usines performantes de Haute-Roya. L’eau moyen de lutte contre les L’ensemble des installations construites avant la guerre fut rénové et modernisé : incendies automatisation, remplacement des turbines e et des générateurs. De nouvelles usines Jusqu’au XIX siècle la plupart des furent mises en service. En 1951 fut livrée agglomérations étaient démunies face au la Courbaisse sur la Tinée, qui recevait fléau des incendies notamment les villages l’eau de la centrale de Bancairon par de montagne à l’urbanisation serrée dont l’intermédiaire d’une galerie de 9 240 m de l’habitat faisait une large place au bois : longueur. La production moyenne annuelle planchers, toitures couvertes en bardeaux prévue était de l’ordre de 110 millions de de mélèzes. L’importance des matériaux kwh. En 1957, l’usine de Valabres combustibles et la proximité des maisons compléta l’aménagement de la Tinée. Elle facilitaient l’extension du feu. Ainsi les turbinait l’eau captée en aval d’Isola par incendies atteignaient parfois des une galerie de 6 600 m de long. A partir de proportions gigantesques en raison de 1955, ce fut au tour de la Vésubie. En 1960 l’insuffisance des moyens de lutte, l’eau fut livrée l’usine de Saint-Martin-Vésubie faisant souvent défaut par le manque collectant les eaux des torrents du Boréon, d’adductions de desserte de beaucoup de villages. A Nice, la situation était identique de Salèzes, de la Madone de Fenestres, du e Spaillard. On y ajouta l’eau de la au XVIII siècle, lorsqu’on établit le Gordolasque afin de renforcer la règlement sur les dispositions à prendre en disponibilité de la centrale. Deux autres cas d’incendie. Les tonneliers étaient tenus usines furent construites entre 1966 et d’apporter des cuves à lessive pour stocker 1969, au prix d’aménagement complexes, l’eau près de la maison en feu. Ensuite on lourds en investissement. L’usine de s’employait à tirer l’eau des puits environnants avec des seaux en cuirs levés par des cordes et deux chaînes se à Nice en 1902. A cette occasion, des constituaient pour passer les seaux du puit plaintes s’élevèrent contre la défectuosité aux cuves. Mesures bien dérisoires lorsque de l’organisation des secours et surtout, le le feu prenait des proportions. manque d’eau. « Il est inadmissible que Au XIXe siècle, si l’arrivée de l’eau l’on n’ait pas de pression dans les au village pour desservir les fontaines était canalisations d’un quartier tel que celui de vivement attendue, l’argument des l’avenue de la gare », s’indignait le municipalités était aussi la possibilité chroniqueur du Petit Niçois le 15 juillet d’installer des bornes servant de bouches à 1902. Dès lors, avec seulement 5 lances, incendie assurant une eau abondante et les sapeurs pompiers restèrent impuissants rapidement disponible en cas de sinistre. face à un incendie d’une violence inouïe Ce fut un des prétextes d’habitants de La qui embrasait tout l’immeuble et se Trinité pour s’opposer à l’acquisition des propageait inexorablement. En 1924 sources de Sainte-Thècle par la ville de encore bien des localités étaient Nice en 1864 : « dans les cas d’incendie dépourvues de moyens de lutte comme qui ont eu lieu ces dernières années et qui Villeneuve d’Entraunes, où au début du se renouvellent malheureusement trop mois de juillet, en jouant avec des souvent, sans les eaux du Paillon le village allumettes près d’une grange, un enfant aurait été immancablement la proie des embrasa une grande partie du village. flammes, notamment la mairie, le presbytère et leurs archives !»20. En 1880 La Tour sollicite le préfet pour construire une conduite d’eau, la justifiant notamment par la protection du village : « au moindre incendie le pays est consterné d’épouvante sachant qu’il est dépourvu d’eau ». La desserte en eau courante de Nice fut accompagnée d’une mise en place de bouches d’incendies et l’arrivée de l’eau de la Vésubie permit d’établir les premiers raccords destinés aux services d’incendie du théâtre français, à l’occasion du concert du Palmier, et du théâtre municipal. AUTO-POMPE RENAUD ACHETEE PAR Après 1860, la lutte contre les LA COMMUNE DE LA BOLLENE VESUBIE, 1934 incendies bénéficia de nouveaux équipements permettant d’optimiser Malgré l’aide des populations des l’utilisation de l’eau pour combattre le feu. communes voisines amenées en autocar, le Ainsi, en 1862, la ville de Nice fit feu attisé par le vent se répandit de maison l’acquisition de deux pompes à incendie en maison par les toitures en bardeaux de identiques à celles de Paris avec les mélèze. Il fallut appeler en toute hâte les accessoires comportant 32 m de boyaux en sapeurs pompiers de Nice qui arrivèrent cuir cloué, raccords, lance, 100 seaux en vers minuit et « mirent immédiatement en toile à voile de 12 litres et 2 sacs en cuir de batterie leur pompe pour inonder les la contenance de 15 seaux. décombres, ce qui évita certainement la 21 Les moyens de lutte restèrent destruction totale du village » . A Saint- er néanmoins très longtemps dérisoires face à Etienne-de-Tinée, le 1 août 1929, 84 des sinistres de l’ampleur de celui du immeubles furent entièrement détruits à la théâtre municipal en 1881, de la Jetée suite d’un feu de cheminée dans une Promenade en 1883 ou du Crédit Lyonnais maison. Aussitôt le feu déclaré, l’abbé Decaroli sonna le tocsin et toute la

20 ADAM 7 M 423 21 ADAM 1 M 976 population accourut. Les deux pompes à dans le voisinage du sinistre22 ». Devant bras municipales furent mises en action. l’insuffisance des équipements on s’efforça Mais, avec le vent, l’eau portée avec des de favoriser la prévention et d’accentuer la seaux en faisant la chaîne ne suffisait plus. surveillance. On tenta à la hâte de faire un barrage sur En 1945, le colonel Billy, l’Ardon pour dériver les eaux dans les inspecteur général, constata lors de sa canaux d’irrigation longeant le village tournée dans les Alpes-Maritimes que la tandis que le maire téléphonait à la plupart des communes, à qui la loi de 1884 préfecture pour obtenir l’autopompe avait confié la lutte contre les sinistres, départementale. Deux autres voitures les n’étaient pas en situation de faire face en rejoignirent de Nice et Cannes apporta toutes circonstances à n’importe quel aussi son concours avec une autopompe et sinistre. Le rapport soulignait surtout le une équipe qui arrivèrent sur les lieux à 1 manque d’alimentation en eau. Aussi, en heure du matin après 3 h 30 de route. Une 1946, le conseil général adopta une partie du village était sauvée mais, devant nouvelle organisation sous forme d’un l’ampleur du désastre, un journaliste trouva service départemental d’incendie et de « un peu extraordinaire qu’au XXe siècle secours coordonnant les moyens avec 6 on ne dispose pas de moyens plus rapides centres de secours urbains existants et 8 pour arrêter un incendie avant qu’il ne centres à créer pour couvrir les zones détruise la moitié d’un village ». rurales du département, dotés au minimum Ce sont surtout les incendies de d’une autopompe ou d’un fourgon avec forêts qui constituent le problème majeur une motopompe remorquée et des tuyaux. des régions méditerranéennes. Le vent qui En 1957, le conseil général finança sévit épisodiquement en bourrasques est un plan d’établissement de réservoirs et de redoutable car il favorise l’extension rapide des incendies. Ainsi à La Roquette-sur- Siagne, en 1751, « le feu ayant calmé deux ou trois jours, fut réenflammé par le vent de mistral si violemment que plusieurs oliviers furent brûlés et que le village eut même bien de la peine à ce garantir ». La végétation de forêts résineuses et de garrigues joue également un rôle important. Le rapport sur les incendies de l’arrondissement de Grasse pendant l’été 1919 s’inquiètait d’une situation aggravée par la sécheresse et l’entretien défectueux INCENDIE DE L’ESCARENE, INTERVENTION DES CANADAIRS, 1997 des forêts. Le matériel de lutte était dérisoire et les habitants assistaient points d’eau répartis dans les zones à quasiment impuissants aux désastres : « les risque afin de desservir plus rapidement les moyens employés pour combattre le engins d’intervention en cas d’incendie de sinistre consistaient en des tranchées aussi forêts. larges que possible, destinées à isoler le La véritable révolution dans la foyer et dans l’abattage des arbres situés puissance des moyens mis en œuvre dans dans la zone immédiate du feu. Chaque la lutte contre l’incendie intervint en 1963 fois qu’il a été possible d’avoir à proximité lorsque, pour la première fois, furent des réservoirs ou des bouches d’eau, les expérimentés deux avions citernes pompes à incendie ont fonctionné, la main amphibie basés à l’étang de Berre. Après d’œuvre a été assurée par les habitants et les Catalina utilisés en essais de 1963 à par le concours de la troupe qui, se trouvait 1969, l’entrée en service des Canadairs a

22 ADAM 1 M 971 constitué l’évolution la plus spectaculaire faisant fondre brusquement le manteau et la plus efficace de la lutte contre les neigeux comme en juin 1957. incendies de forêt si plusieurs appareils Le volume des matériaux charriés sont déployés simultanément. Dans un vœu par les crues explique les lits émis par le conseil général le 21 juin 1974 disproportionnés et instables des torrents sollicitant de porter à 15 le nombre alpestres. La description du Paillon à Nice d’avions de lutte, Jacques Médecin par Burnel en 1862 est éloquente : « La soulignait leur importance : « la diversité ville est à cheval sur une espèce de fleuve des moyens employés pour combattre le dont le lit, qui a presque la largeur de la feu a permis, à différentes reprises, de Seine, est à peu près sec toute l’année. constater l’efficacité et la rapidité Tout au plus conserve-t-il, durant l’été, un d’intervention des avions Canadair et mince filet d’eau courante. Le Paillon est d’admirer en même temps le courage et les un fleuve où, comme le dit très exploits de leurs pilotes dont certains ont plaisamment Alphonse Karr, les payé de leur vie leur volonté farouche de blanchisseuses mettent leur linge à sécher. sauver des vies humaines et de protéger C’est dans le lit du Paillon qu’après la nos sites touristiques »23. Il est certain que saison d’hiver, on a coutume de battre les l’importance des volumes d’eau tapis. J’ai vu souvent des troupeaux de transportés, condition première de la dindons, de chèvres et de moutons réussite dans la lutte contre le feu, et la chercher leur pâture entre les cailloux du cadence rapide des largages, constituent Paillon. Au retour de la campagne d’Italie, des éléments déterminants pour arrêter la nos soldats ont eu un très beau banquet progression du foyer et permettre de dans le lit même du Paillon. Cependant à la parachever le travail par les équipes au sol. fonte des neiges, ou après une pluie abondante sur les montagnes, ce lit de

Les crues et les inondations

Si l’eau est un précieux auxiliaire de l’homme, essentiel pour lutter contre le fléau des incendies, elle possède aussi, par la puissance de flots torrentiels, un redoutable potentiel de destruction dans les zones inondables, propices aux activités agricoles par la fertilité des alluvions. Le département des Alpes- Maritimes est particulièrement exposé aux INONDATIONS A ISOLA , 1957 dégâts des eaux en raison de la brutalité pierres s’emplit brusquement d’eaux des précipitations, principalement en torrentielles qui se précipitent sur la mer automne. Les pentes souvent importantes avec une fureur à laquelle celle-ci semble accentuent le phénomène d’érosion des vouloir résister. Mais c’est en vain que ses versants par le ruissellement. Les risques flots soulevés par la bourrasque se dressent de crues graves apparaissent lorsque, à la à une hauteur inaccoutumée, il faut céder suite de pluies abondantes et répétées au torrent dont chaque seconde augmente pendant plusieurs jours, qui saturent et la puissance ». Dans les vallées, la brutale ravinent les sols, survient une succession montée des eaux cause des graves d’averses de grande intensité à intervalles dommages. L’érosion des berges provoque rapprochés. En montagne, les crues les l’arrachement des arbres qui, en plus catastrophiques sont produites par la s’amoncelant forment des embacles conjonction de fortes pluies et d’un redoux accentuant les débordements et

23 ADAM 179 W 44 Crue du Paillon à Nice en 1855, ex-voto, Notre-Dame-de-Laghet endommageant les ponts. L’inondation montagne s’écroula à Lucéram causant dégrade les terres exploitées en les d’énormes dommages. recouvrant de matériaux stériles. Au début du XVIIIe siècle le Jusqu’au XIXe siècle les nécessités phénomène tendait à s’aggraver si l’on en de l’autosubsistance ont entraîné une juge par les plaintes des habitants, surexploitation des pentes et un notamment la supplique de la communauté déboisement intensif des zones de de Guillaumes qui réclama en 1718 le montagne qui ont accru l'érosion et secours de la province pour assurer la leravinement. Les ruptures de versants et protection du quartier des Plans dont les les glissements de terrain ont développé de deux tiers ont été emportés et le reste « est vastes cônes de déjection instables, dans un péril imminent de périr tous les l’inondation brutale des fonds de vallée et jours ». Depuis quelques années les eaux l’irruption de matériaux solides arrachés « se sont si fort accrues que par leur aux pentes la détruisant les cultures et débordement et leur rapidité, elles ont non bloquant des communications. seulement emporté le meilleure partie de L’histoire du département des son terroir mais encore le seul chemin Alpes-Maritimes est jalonnée public qui lui donne communication avec d’innombrables crues plus dramatiques les la province »25. Le rapport de Robilant, unes que les autres. Les communautés premier ingénieur du roi, rédigé après les cruellement touchées ne cessaient dégâts occasionnés par le Paillon en 1777 d’implorer secours et dégrèvements est éloquent : entre 1730 et le 2 octobre d’impositions. Ainsi le 9 octobre 1530 une 1777 on a compté 24 crues extraordinaires inondation générale ruina les récoltes à dont 10 ont inondé la plaine de Lympia, Nice : « Le Var et le Paillon ayant débordé particulièrement le 8 novembre 1736. avec fureur couvrirent de leurs eaux toutes L’importance des déclivités et les plaines qui s’étendent le long des l’instabilité du sol due à la nature des collines renversant les murailles, maisons, roches, notamment les couches de gypse arbres. Les habitants du faubourg Sincaire qui se dissolvent et engendrent des cavités, se réfugièrent au haut des arbres et du toit constituent des facteurs propices à une des maisons ; plusieurs victimes périrent érosion particulièrement sévère lors de dans celui de Saint-Antoine et pour comble violents épisodes pluvieux comme au Bar de malheur le pont du Paillon fut emporté en juin 1747. Les consuls rapportèrent et les communications interrompues d’un qu’il était « tombé un déluge d’eau si bord à l’autre ». Le « déluge de Saint- considérable que le torrent qui est du coté Martin » est resté dans la mémoire des de Grasse et qui traverse le chemin de Sospellois. Il fut marqué par 8 jours de audit lieu du Bar emporta ledit chemin, la pluies exceptionnelles en 1544. En 1570, la chaussée qu’il y avoit et ce débordement communauté de Roquebillière implora une endommagea le canal de la fontaine, de remise d’imposition après les frais de sorte qu’on ne peut plus passer par ledit reconstruction des moulins ruinés par une chemin »26. Les communications étaient crue de la Vésubie qui avait en outre fréquemment interceptées comme le submergé et rendu incultes des prairies24. montre un rapport de l’an X : « le chemin En 1623, le Paillon inonda à trois reprises de Nice à Barcelonnette par le Puget- les campagnes de Nice et de Contes les 18, Théniers n’a généralement que 70 cm de 25 octobre et 1er novembre, période la plus largeur, son tracé très défectueux n’offre critique pour les crues. En 1651, le Var que des montées et des descentes rompit le pont d’Entraunes et, en 1694, infiniment rapides ; en outre, il est établi après des pluies diluviennes, un pan de depuis jusqu’au Puget sur des flancs de montagnes rocailleuses et

25 ADAM E 7/51 DD6 24 ADAM E 2/17 DD10 26 ADAM E 1/69 DD2 PROJET DE DIGUE DE PROTECTION DU VILLAGE DE SAINT LAURENT , 1882

sablonneuses qui n’ont aucune subsistance, vallée de ce nom, pour aller du Villars au au point que dans les grandes pluies qui Pujet, et dans la vallée de la Tinée, depuis sont fréquentes en ce pays, des parties de San-Salvador jusqu’à Saint-Etienne. On a, chemin disparaissent dans les éboulis au bas d’un précipice affreux, la rivière qui qu’entraînent les eaux de la cime des coule à grand bruit ; sur le haut, des pierres montagnes et les habitants sont obligés prêtes à tomber ; au milieu, un sentier d’aller les retracer ; quelques murs souvent effacé, sur un terrain mouvant, et d’accotement en pierre sèche qui existent, nul abri en cas d’accident. Les muletiers ne pouvant soutenir la poussée des terres, sont obligés de s’avertir au loin pour ne s’éboulent, encombrent le chemin et pas se rencontrer sur leur passage, et mettent les voyageurs en risque de se jeter comme les ponts sont extrêmement rares, dans des précipices affreux ; une grande ou qu’il n’y a qu’une poutre ou une quantité de ravins, où il est presque planche sur la rivière la plus dangereuse, impossible de construire soit des ponts soit on est sûr d’être arrêté, lorsqu’il pleut, par des murs de terrasse, par le peu de solidité le débordement des eaux ; et alors, en du terrain, coupent la route dans des temps de foire, les bêtes à laine et les tournants infiniment serrés et n’offrent que piétons sont forcés de rétrograder ». Fodéré des abîmes ». Fodéré faisait le même a été le témoin de la crue du Paillon à Nice constat en 1803 : « si l’on en excepte, en le 21 novembre 1802 et a été impressionné effet, le grand chemin du Var à Nice, et de par la brusque montée des eaux « jusqu’à Nice au Col de Tende, monument de la 15 pieds de profondeur » ; le flot coulant munificence des rois de Sardaigne, qui, ici, avec « une impétuosité sans égale roule des comme aux Echelles en Savoie, ont même blocs de roches considérables et des arbres vaincu les difficultés que présentait la qu’il a déracinés, franchit les limites de son nature des lieux, il n’est aucune autre voie, lit qui ne lui suffit plus, s’étend dans les dans toute la contrée, où les voitures campagnes voisines, menace le pont, la puissent rouler. Les rivières et les torrens ville et son faubourg ». Il a vécu une ont emporté les chemins qui étaient à leur situation identique lors de son voyage à niveau ; ceux que l’on a pratiqués sur les Entraunes où le Var, « après une course flancs des montagnes, sont devenus des d’environ une heure et demie, a deux pieds sentiers si étroits qu’à peine livrent-ils de profondeur sur quatre de largeur, mais passage à un homme de front : dans le dans le temps des orages et des pluies, il temps des pluies et de la fonte des neiges, déborde considérablement : il roule des ou lorsque le temps est humide, des rochers énormes et menace le village éboulemens continuels menacent la tête du d’Entraunes, placé dans un espace voyageur. On ne peut s’imaginer rien de triangulaire, entre le Var et le Bordoux, plus horrible que le sentier appelé grand autre torrent aussi gros que le Var. J’ai été chemin, tracé au-dessus du Var, dans la témoin d’une de ces scènes. Arrivé à Entraunes par un beau temps, le Bordoux, maisons latérales, au point que le 25 juillet le long duquel j’étais descendu, et le Var, dernier il a pénétré jusqu’au premier étage qui ne paraissaient que des espèces de d’une maison située sur la rive droite et ruisseaux, se trouvèrent le lendemain des habitée par deux propriétaires et leur rivières épouvantables par l’effet de la famille ; qu’il menace d’envahir et inonder pluie qui survint la nuit et qui dura trois toute la partie inférieure de la ville et du jours, durant lesquels je fus enfermé faubourg si de promptes réparations n’ont comme dans une île : le mugissement de pas lieu incessamment pour l’endiguement leurs eaux, noires comme l’encre, joint au indiqué par l’ingénieur Fricero, le long des fracas des rochers qu’elles entraînaient, maisons d’habitation de la rive droite et par formait, la nuit, un bruit mille fois plus l’exhaussement des murs d’encaissement effrayant que celui que l’on entend en du faubourg et de la fontaine »27. pleine mer, lorsqu’elle est irritée. Le jour, Au mois d’octobre 1853 une crue j’étais entouré du spectacle à la fois qualifiée d’extraordinaire balaya l’estuaire magnifique et menaçant d’un grand du Var. Le lieutenant de gendarmerie en nombre de torrens nouveaux, qui informa le préfet le 22 octobre : « le Var tombaient en cascades rapides de toutes vient de changer de cours d’eau d’une ces montagnes élevées, et qui remplissaient manière subite et il emporte les terrains qui l’air d’une poussière d’eau avant de s’avancent vers la mer. La batterie de parvenir au fond de la vallée ». canon qui se trouve au bord du Var est Les débordements du Var prirent sérieusement compromise. Les habitants de des proportions inquiétantes au milieu du Saint-Laurent ont été requis pour tâcher XIXe siècle alors que le déboisement des d’arrêter les ravages commis par cette montagnes avait atteint une ampleur rivière, qui seront considérables ». inégalée. Le 3 décembre 1841 après des Non seulement la torrentialité des pluies diluviennes, le Var emporta deux cours d’eau s’était amplifiée avec la arches du pont en bois, situé entre Nice et prolifération des sols dénudés, mais un Saint-Laurent. L’ingénieur Ripert qui était autre phénomène, l’urbanisation, sur le pont avec le gouverneur Désambrois augmentait l’ampleur des dommages sur la se noya, emporté par le flot. Deux ans plus zone côtière à la fin du XIXe siècle. Ce fut tard, les 1er et 2 novembre 1843, une crue le cas à Cannes lors de la crue dévastatrice intercepta toutes les catastrophique du 27 octobre 1882 communications entre le haut pays et le analysée par l’Anglais Douglas Galton : chef-lieu de la Province. « le 27 octobre 1882 fut un jour néfaste En 1847 la situation était alarmante dans les annales de la ville de Cannes. Il y à Puget-Théniers : « La misère de ses eût dans notre malheureuse cité, fait à habitants est grande et augmente tous les jamais regrettable, six victimes, et, pensée jours ; depuis quelques années, on en voit désolante, la catastrophe s’accomplit à émigrer une partie qui est obligée d’aller l’insu pour ainsi dire, de la majeure partie chercher à l’étranger une subsistance qu’ils de la population. Une inondation presque ne trouvent pas dans leur patrie dont le soudaine, d’une violence et d’une territoire est coupé du couchant au levant importance inouïes se précipitait sur la par le fleuve Var, qui corrode d’une vallée du Cannet, et un drame terrible et manière alarmante. Ses bas fonds sont presque sans témoins, se passait dans cette dévastés par de nombreuses ravines, qui se gorge encombrée de maisons, le long d’un détachent de nos montagnes déboisées ; boulevard trop étroit, parcouru par le l’exhaussement du gravier du torrent de la torrent de la Foux roulant dans un lit trop Roudoule, au niveau des places publiques resserré, tantôt sous des voûtes trop basses, et de la fontaine, est cause que dans les tantôt à travers des ponts multiples et sans crues extraordinaires le torrent déverse ses eaux sur les places et même dans les 27 ADAM 1 FS 332 hauteur, tantôt sous des arcades d’une inférieures, où se sont produits les plus largeur plus qu’insuffisante. Ce torrent grands dommages, et où il y a eu deux de la Foux qui, déjà pourtant, avait fait victimes infortunées ». parler de lui, était traité avec un sans-façon A nouveau, en décembre 1910, dédaigneux par les riverains qui, sans d’abondantes pluies tombèrent sur le doute, n’avaient pas demandé pour leurs département et causèrent de terribles travaux l’autorisation de Messieurs des ravages sur de nombreux points ; les cours Ponts-et-Chaussées, à qui incombe la tâche d’eau subirent des crues très importantes. de réglementer les cours d’eau. Hélas ! le Ainsi le Var séleva de plus de 3 m au mépris de toutes précautions de la part des dessus de l’étiage, atteignant pratiquement créateurs d’un quartier nouveau de la Ville, la même hauteur qu’en 1882 qui était la à qui les avertissements n’avaient pas été plus grande crue connue jusqu’alors. En épargnés ; la non-intervention officielle du 1926 encore, entre octobre et novembre, Génie civil, et l’abstention malheureuse de des précipitations « particulièrement nos Ediles qui se sont succédés pendant la formation de cette partie de la cité ne remontant pas au-delà de 1855, époque à laquelle fût ouvert ce boulevard repoussé par beaucoup, comme mal emplacé, tortueux, souvent en contrebas des terres adjacentes et surtout à cause des obstacles qu’il allait créer à l’écoulement des eaux par les maisons qui y seraient construites… Hélas ! toutes ces choses regrettables ont produit les fruits les plus amers ; il y eut mort d’homme, de femme et d’enfant, et des dommages tels et de telle nature, qu’il LE PAILLON ENDIGUE, VERS 1900 est de la plus extrême urgence d’y rétablir anormales »28 s’abattirent sur tout le la sécurité, ce à quoi l’Administration territoire des Alpes-Maritimes avec un actuelle s’empresse de faire travailler et à caractère doublement exceptionnel quoi veut pourvoir, aussi, notre Conseil résultant de la persistance excessive et de municipal, qui vient de délibérer d’appeler leur extrême intensité : « les terrains de suite les hommes de l’art à étudier la fortement détrempés par les eaux se sont question si importante de mettre notre ville éboulés en de nombreux points, souvent à l’abri d’un retour possible d’une pareille même en masses considérables. Des dégâts calamité. Ce que nous constatons à regret, très importants ont été causés aux routes et c’est que les travaux de la Foncière chemins dont la réfection doit entraîner des lyonnaise ont aggravé une situation dépenses très élevées ». mauvaise. En effet, toutes les eaux, Pour remédier aux dommages tombant de son immense boulevard ou y causés aux terres de cultures et aux arrivant des coteaux de l’ouest, roulent constructions élevées en zone inondable, vers la vallée du Cannet, et celles qui dans on s’employa à réaliser des digues mais le temps descendaient du vallon du Petit- elles reposaient le plus souvent sur des Juas, transformé aujourd’hui en chemin et initiatives privées localisées et sans grands qui venaient se joindre au Châtaignier, sont moyens à l’image de la protection de la arrêtées à présent par la chaussée du propriété la Canardière que Court de boulevard et par le nouveau chemin du Fontmichel possédait le long de la rive Cannet, et elles ont été refoulées vers le gauche de la Siagne en 1826. Elle était passage à niveau, augmentant d’autant le bordée par une digue en gazon de 4 m volume énorme du liquide jaunâtre qui a envahi la place Chateaudun et les rues 28 ADAM 82 J 150 d’épaisseur à la base et de 2 m à son temps nécessaire pour achever couronnement par 2 m environ de haut, l’endiguement jusqu’au bastion de fragile rempart que le flot a coupé sur 25 m Peirolière. Le rétrécissement du lit du 3 ans plus tôt en remplissant la propriété de Paillon à 60 m s’accompagnait de sa graviers29. Lorsqu’il s’agissait régularisation et de son approfondissement d’enrochements et de digues en pour faciliter l’écoulement. Les travaux maçonnerie, souvent l’absence de n’étaient pas terminés quand survint le 20 fondations suffisantes les fragilisait et on octobre 1777 une violente crue qui était contraint à des réparations régulières. occasionna de nombreuses brèches. Les En 1826, on estimait par l’expérience que endiguements du Paillon restaient encore les digues latérales du Paillon devaient partiels à la Révolution et ne concernaient avoir leurs fondations à une profondeur de que les abords de Nice ; au delà, dans le 4 m au moins pour résister aux grandes quartier de l’Ariane, chacun se protégeait crues. Selon Rancher, lors d’une crue de au mieux comme il pouvait, sans grand novembre 1803, le mur dit « Eperon succès lors de crues dévastatrices comme pontin » à l’extrémité du quartier de celle du 30 novembre 1810. Les membres l’Aubre fut affouillé à 5,30 m de de la commission instituée pour faire le profondeur et il fallut le reprendre en sous- bilan concluaient : « dans ce quartier il faut œuvre. Par contre, les murs de digue du solide, le provisoire n’est point fortement inclinés offraient une meilleure admissible si l’on veut économiser l’argent résistance. des intéressés ». De plus les digues avaient Jusqu’au XVIIe siècle il n’existait cédé en bien des endroits notamment au pas de digues continues le long du Paillon quartier de l’Aubre. La commission qui se partageait en deux bras de part et constata que le torrent occupait un espace d’autre du rocher du château lors des beaucoup plus considérable et que les grandes crues, étalant les graviers. Aussi dévastations devaient être attribuées aux avait-on introduit l’usage de labourer à la travaux antérieurs qui tendirent à diminuer charrue le lit pour faciliter l’enlèvement le lit : « Les premières intentions furent des alluvions et conserver au torrent son lit sans doute louables : on avait pour but ordinaire. Le plus ancien mur de protection d’augmenter le domaine de l’agriculture était celui que les moines de Saint-Pons source féconde de la richesse de l’homme avaient construit en 1585 pour protéger civilisé, mais le manque d’observations leurs biens sur la rive droite. Suivant leur topographiques fit commettre des fautes. exemple, des particuliers ont placé des On avance trop dans le lit du torrent. Il est gabions remplis de pierres et des chevalets un terme dit-on même dans le bien : qui, le plus souvent, n’ont pas résisté aujourd’hui il faudroit peut-être augmenter d’autant que les initiatives individuelles le lit du torrent, s’il étoit possible ; mais laissaient des lacunes propices à l’érosion. trop d’intérêts s’y opposent. Contentons La création du port Lympia en 1749 nous donc de protéger les possessions conduisit à élaborer un projet existantes »30. d’endiguement pour soustraire le secteur Le delta du Var comportait une aux crues du Paillon mais il resta sans suite partie de terre labourable au delà de en raison des oppositions, des difficultés laquelle le sénat avait imposé en 1762 une techniques et du coût. La grande crue de mise en réserve d’un espace boisé proche 1769 remit à l’ordre du jour le projet qui du lit destiné à fortifier la rive mais, avec reçut un début d’exécution en1772 sur une l’arrivée des troupes françaises en 1792, la longueur de 200 trabucs puis se poursuivit forêt fut coupée à blanc notamment pour en 1773 et 1774 dans le quartier de les besoins de construction du pont du Var. Roquebillière. On estimait à 4 ou 5 ans le Dès lors les crues emportèrent une grande

29 ADAM 2 O 601, 31 août 1826 30 ADAM CE S 86, décembre 1810 partie des terres. Soucieux du inégalités du lit qui, en augmentant la force développement économique de la région, des courants, sont la cause d’érosions et le citoyen Cougnet présenta en l’an VI à d’affouillements continuels. C’est pour l’administration municipale du canton de n’avoir pris aucune de ces précautions que Nice un rapport ambitieux qui suggérait de le régime des eaux courantes est si mauvais réunir les différents méandres du fleuve en dans le département, et qu’au lieu de porter un seul canal redressé et creusé avec des la vie et la fécondité sur les terres qui les charrues et des dragues tirées par des avoisinent, elles les dévastent sur un grand barges. Projet quelque peu utopique qui, nombre de points. Il est vraiment fâcheux écrivait-il, « ne se bornerait pas à la que les propriétaires ne s’entendent pas conservation de cinq mille sétérées de mieux sur leurs intérêts communs, et que, terres labourables que nous possédons, par une négligence plus que blâmable, ils mais nous pourrions encore en conquérir restent spectateurs impassibles de dégâts cinq ou dix mille autres »31 entre Saint- qu’avec peu de frais ils parviendraient à Martin et la mer. La rentabilité éviter ». économique mise en avant n’était pas Ce fut finalement sur la rive gauche négligeable mais les crédits faisaient du Var, que l’administration sarde engagea défaut. L’idée d’endiguement reprise lors le premier grand chantier d’endiguement de la reconstruction du pont du Var en depuis Saint-Martin en vue de régulariser 1812 pour en réduire la longueur en le cours du fleuve et de gagner de vastes resserrant le lit n’aboutit qu’à des travaux espaces agricoles, une entreprise d’une partiels vite abandonnés à la chute de envergure inégalée dans la région et qui l’Empire en 1814. Pourtant l’idée de mise imposait d’énormes investissements. Le en valeur des terres inondables faisait son projet conçu à partir de 1836 par Gardon, chemin. Teisseire, en 1844, préconisait ingénieur en chef de la Province de Nice, notamment pour la Siagne la technique de fut entériné par l’administration supérieure l’endiguement associé au colmatage des eaux et des routes le 27 janvier 1838. progressif : « on fertiliserait des étendues On prévoyait même un chemin de fer pour considérables par le dépôt successif des transporter les blocs et il fallut construire dépouilles que les pluies enlèvent quantité de ponts et d’aqueducs pour annuellement aux terrains supérieurs et de l’écoulement des eaux des vallons. La l’autre on diminuerait la force dévastatrice digue devait avoir une hauteur de 3,50 m et des rivières et des torrents par la comporter un talus large de 7 m au sommet dissémination de leurs eaux ». L’action représentant un volume de 43 m3 par mètre dévastatrice des cours d’eau « dont des linéaire pour une longueur totale de 22 800 endiguements ne garantissent pas toujours m de Baou Rous à la mer. Seuls des est augmentée par les obstacles que la investisseurs disposant de capitaux forme du lit oppose à l’écoulement des importants étaient en mesure de eaux, et il est hors de doute qu’on en soumissionner. Ce fut le cas de la société atténuerait singulièrement les effets, si on de l’Industrie qui avait son siège à Paris redressait les rives ou du moins si on mais la loi sarde excluant les étrangers de régularisait leurs sinuosités, en leur ce type d’entreprise elle renonça. L’affaire donnant des courbures larges et bien s’enlisa en raison de l’incapacité des développées, ainsi que le réclament les communes susceptibles de s’associer dans eaux d'un bon régime. On faciliterait un consortium à pouvoir financer une telle encore cet écoulement et on le rendrait opération même si la ville de Nice y avait moins offensif, si on obligeait les riverains affecté 18 000 francs dans son budget. des cours d’eau à en effectuer Pourtant Alexis de Jussieu, ancien préfet régulièrement le curage, afin d’éviter ces de l’Ain, parvint pas l’entremise du comte Henri de Budé, ami d’enfance du roi 31 ADAM CE S 81, rapport d’Horace Cougnet, Charles Albert, à surmonter l’obstacle de la imprimeur-libraire à Nice, 33 p. impr. concession à un étranger grâce à d’endiguements dont l’exécution se fit par l’intervention personnelle du souverain. étapes successives en fonction des crédits Par lettres patentes du 23 mai 1844, la accordés par l’Etat aux associations concession de l’endiguement fut confiée à syndicales, ainsi en 1911 lorsque Boisset et Jussieu représentant une société l’association syndicale de Gattières française, moyennant 590 000 francs s’employa à gagner 80 hectares de terrains payables à Nice par l’Etat sarde et le à vocation d’agriculture intensive. Les consortium, et la concession en toute travaux se prolongèrent jusqu’à la fin du propriété des terres en friches et des XXe siècle notamment à l’occasion de la terrains à conquérir le long du fleuve, enfin réalisation de la zone industrielle de Carros la cession gratuite de la carrière de pierre en 1965 et se sont achevées avec la de Saint-Martin pour réaliser les construction de la nouvelle route enrochements. Les travaux furent départementale inaugurée en 2007. inaugurés en grande pompe à la Roquette Aux grands chantiers le 11 février 1845 mais rapidement Jussieu d’endiguement qui ont apporté une et Boisset se retirèrent au profit d’un riche sécurisation des terres adjacentes dans les capitaliste, Villain-Moisnel, qui conduisit basses vallées côtières, s’est ajouté, dans le les travaux jusqu’au début de l’année 1849 haut pays, un travail de reboisement et de mais les interrompit alors faute de crédits. restauration des terrains en montagne Une tentative d’emprunt de 1 500 000 répartis en périmètres selon les bassins des francs auprès d’un banquier de Francfort se principaux cours d’eau. Les ravins les plus solda par un échec, faute de garanties menaçants firent l’objet de travaux de suffisantes, et l’entrepreneur fut contraint correction pour réduire la force des de renoncer à tous ses droits à la écoulements. Ainsi, en 1920, fut concession en 1853. Ce n’est qu’en 1860, programmé le traitement de deux ravins du avec l’annexion à la France, que les périmètre du Paillon, le ravin de travaux furent repris après déclaration avec de simples seuils, fascinage et d’utilité publique par décret impérial. Le garnissages et celui de San Bénédé dans chantier qui mobilisa des milliers lequel devaient être construits des barrages d’ouvriers fut mené activement mais il en maçonnerie. Ce ravin prend en effet fallut encore de nombreuses années pour naissance à 600 m d’altitude et se jette assurer le colmatage, opération de longue dans le Paillon après un parcours de 1100 haleine qui ne pouvait s’opérer qu’au m dont la pente moyenne est de 38 %. Son moment des hautes eaux au printemps et à bassin de réception est formé de calcaires l’automne en évitant les périodes de marneux peu résistants dans lesquels les chaleurs propices au développement du eaux ont creusé une gorge profonde coupée paludisme. Ainsi, en 1870 encore, Bounin, de cascades. Le lit reste à sec toute l’année directeur du jardin d’acclimatation géré par en dehors des épisodes d’orages. Il se la société d’agriculture le long du Var à produit alors des crues importantes Nice, se plaignait des nuisances apportées charriant des amas de gravier qui menacent par le colmatage des bassins contigus qui d’ensevelir les propriétés inférieures. La était en cours32. Cette réalisation lutte contre l’érosion en montagne fut une d’envergure suscita le mécontentement des des œuvres les plus remarquables des propriétaires de la rive droite, jaloux des départements alpins entre la fin du XIXe faveurs octroyées à ceux de la rive gauche siècle et le XXe siècle. En stabilisant le lit et convaincus que le rétrécissement du lit et en provoquant les atterrissements qui du fleuve avait reporté les dévastations des corrigent le profil du torrent, l’écoulement crues sur leur rive. Celle-ci finit à son tour des crues est ralenti. L’érosion diffuse fut par être dotée au XXe siècle bloquée sur de vastes étendues de terrains acquises par l’Etat où les bassins de réception des torrents ont été boisés dans 32 ADAM 3 S 12 des conditions souvent difficiles en raison et de limon qui s’engouffra à l’intérieur de des fortes pentes. Cette œuvre de longue sous-sols et de parcs souterrains haleine aboutit à des résultats imprudemment aménagés sur les terrains spectaculaires dont bénéficient les sommairement endigués d’une plaine générations actuelles qui ne mesurent pas alluviale. toujours l’importance et la valeur de la C’est surtout la Siagne qui posait le tâche accomplie. plus de problèmes. Longue de 40 km, elle Pourtant, près du littoral, les draine un bassin versant de 515 km² avec conséquences des crues se sont nettement des affluents dont certains ont une pente aggravées au XXe siècle. La raison supérieure à 45 m par km. Le débit peut majeure est l’occupation des secteurs s’élever à 300 m3/s dans des cas inondables par des zones urbanisées et des exceptionnels. Or si le lit est encaissé et lotissements industriels alors que les assure sans problème l’écoulement des anciens villages les avaient soigneusement crues en amont de Pégomas, par contre, en évités. En outre le manque d’entretien et de aval, la Siagne se développe dans une curage des cours d’eau entrave le libre plaine alluvionnaire constituée de limon, écoulement. En 1933, l’ingénieur de sable et de gravier où elle décrit des d’arrondissement de Grasse voyait dans méandres ne pouvant contenir qu’un débit l’encombrement du lit de la Siagne par des maximum de 180 m3/s. Les inondations obstacles, comme des arbres déracinés, une avec érosion des berges y étaient donc des raison des brèches formées dans les fréquentes, ainsi en 1957 et 1960, avec des berges par où les hautes eaux se déplacements latéraux et des menaces de répandaient dans la plaine. En 1948 le changement de lit. Aussi en 1962 le préfet fut contraint de prendre un arrêté syndicat intercommunal de défense contre imposant aux riverains l’entretien des les inondations de la Siagne en sommeil ruisseaux de la Frayère et de la Boyère : depuis 1933 décida la réalisation d’un « de mémoire d’homme aucun curage n’y a important programme de travaux de été effectué, aussi les atterrissements défense qui mettrait la plaine à l’abri d’une successifs s’y sont ils accumulés réduisant menace perpétuelle et de dégâts le lit dans de telles proportions que les périodiques, associé à l’ouvrage eaux durant la crue d’octobre 1947 d’évitement des crues prévu sur le submergèrent les digues et envahirent les Biançon. L’intérêt était essentiellement propriétés riveraines ». La conséquence fut agricole mais déjà « 160 immeubles l’inondation catastrophique de groupant une population de 600 habitants l’agglomération de La Bocca. sont compris dans le périmètre L’urbanisation intensive, voire anarchique inondable »33. s’est en outre souvent faite de façon L’enjeu de l’urbanisation a été le précipitée sans se préoccuper de principal problème des zones conquises l’écoulement des eaux et en accentuant le dans les estuaires inondables. La nouvelle ruissellement par l’imperméabilisation des occupation des sols qui ne se contentait sols. plus d’une utilisation agricole de caractère Aucune vallée n’est totalement à précaire et sans enjeux financiers majeurs l’abri. Ainsi, le 5 novembre 1994, s’est faite sans protection adaptée en l’inondation de la vallée du Var causa des ignorant les caprices des cours d’eau, dégâts matériels de grande ampleur mais, aboutissant aux coûteuses inondations de dans la haute vallée, ils ne résultaient pour quartiers habités. La réduction progressive l’essentiel de la négligence dans l’entretien des zones d’épandage des eaux en période des endiguements et étaient dus, dans la de crue s’est traduite par l’augmentation basse vallée, à la rupture de seuils des débits de pointe et l’élévation des implantés dans le lit, entraînant instantanément une immense masse d’eau 33 ADAM 718 W 55 niveaux d’écoulement avec des digues qui vulnérabilité des populations et des biens, n’ont pas été dimensionnées dans des particulièrement dans les Alpes-Maritimes proportions suffisantes en raison du coût. où 139 des 163 communes sont soumises En 1978, Pelissier, ingénieur du aux crues. génie rural en charge du bassin de la Durance, estimait indispensable de « maintenir à la plus grande partie des - Dette de la communauté de Sigale envers la femme zones inondables subsistant sur le territoire de Hugo Rostagni pour le passage et la réalisation du béal du moulin nouvellement construit au lieu rural leur vocation agricole ou d’espace dit los Pras, 9 avril 1443, E 14/28 DD 15 naturel » en y associant une politique - Engagement de construction d’un moulin à d’entretien permanent des cours d’eau. Roquestéron , 31 décembre 1396, E 47/8 DD3 - Demande de concession d’eau pour l’alimentation Mais de telles préconisations se heurtaient d’un moulin à Moneghetti avec plan aquarellé à l’irrésistible progression de des lieux, 24 octobre 1807, E 84 DD6 l’urbanisation du littoral qui n’épargnait - Plan aquarellé d’un martinet établi à Saint- Martin-Vésubie sur le Boréon, 20 mai 1840, FS aucun espace. En 1960, à une demande du 365 directeur des services de la construction - Plan des moulins du Careï à Menton, 12 mai 1807, s’interrogeant sur l’opportunité de CE O 155/3 - Plan du ruisseau du Vivier à Auribeau sur lequel délimiter une « zone submersible » de la est demandée l’autorisation d’établir des moulins plaine de la Brague dans les limites de à huile, 21 août 1833, 7 S 110 laquelle « la délivrance des permis de - Moulin vieux d’Auribeau, s.d., photo Charles Luce 60 Fi construire pourrait valablement être - Plan de la papeterie du Pont de établi à 34 refusée » , l’ingénieur en chef des Ponts- l’occasion d’une expertise, 10 mai 1901, 3 U et-chaussées mettait en avant les travaux 1/1182 - Plan et photographie du moulin Massa à Menton, d’endiguement envisagés par l’association 22 octobre 1937, 3 U 1/1320 syndicale des propriétaires de la plaine de - Plan des moulins à huile de Vence, 1824, E 6/253 4 la Brague pour « cesser d’opposer le sursis N 7 - Rapport de l’ingénieur des Ponts-et-Chaussées sur à statuer aux demandes de permis de les conditions de dérivation des eaux pour la construire », se contentant de définir des production d’électricité notamment destinée aux réserves sur les caves ! lignes de tramways en sauvegardant l’intérêt général des divers usagers, 26 septembre 1900, 7 De nouvelles inondations S 7 importantes le 26 juin 1994 et le 12 janvier - Fiche d’enquête du service hydraulique sur les 1996, après trois jours de pluies industries utilisant la force motrice hydraulique pour l’usine électrique Mottet à Saint-Martin- abondantes en pays grassois sur un sol Vésubie, s.d., vers 1900, 7 S 155 saturé d’eau, dévastant la zone industrielle - Lettre à en-tête de Mottet concessionnaire de la et de nombreuses habitations en aval station électrique de Saint-Martin-Vésubie, 25 août 1902, E 13/78 7 O 1 d’Auribeau ont finalement conduit à - Rapport du service hydraulique sur la demande l’adoption d’un plan de prévention des de l’ingénieur Alexandre Durandy de dérivation risques naturels localisant les zones d’eau en vue de la création d’une usine électrique au quartier de la Vignasse à Malaussène, 11 juin exposées et réglementant plus strictement 1896, 7 S 28 l’occupation et l’utilisation des sols. - Plan du projet de prise d’eau et de canal Faisant suite aux plans d’alimentation de l’usine électrique de la Mescla projetée par Alexandre Durandy, 1896, 7 S 28 d’exposition aux risques prescrits par la loi - Rapport du conseil d’administration à l’assemblée du 13 juillet 1982, les plans de prévention générale de la Société des forces motrices des des risques naturels, élaborés par l’Etat Alpes-Maritimes sur la mise en fonction de l’usine de la Mescla, 28 janvier 1901, 88 J 5 conformément à la loi du 2 février 1995, - Propositions de la Société d’études des forces visaient à maîtriser l’urbanisation des motrices de la Gordolasque pour l’éclairage et la zones à risques, le plus souvent déjà distribution d’énergie électrique de la ville de Cannes, 1906, 8 J 368 largement engagée dans de nombreuses - Action de la Société d’études des Forces motrices communes, et surtout à réduire la de la Gordolasque, 1906, 8 J 368 - Carte au 1/250 000 des usines hydrauliques en fonction et projetées dans le département des Alpes-Maritimes, 28 mars 1917, 7 S 96 34 ADAM 718 W 58 - Usine hydro-électrique de Fontan en construction, l’infiltration de l’eau, 24 août 1909, E 46/225 11 O 25 janvier 1914, 3 Fi 10482 2 - Les usines d’énergie électrique sur la Siagne à - Inondations à Isola en juin 1957, photo Laboratoire Saint-Cézaire, s.d., vers 1920, 2 Fi 6241 de l’Equipement, 598 W 40 - Carte au 1/20 000 du bassin d’aménagement de la - Supplique de la commune de Saint-Etienne-de- Gordolasque, chute de Belvédère, juin 1960, 21 W Tinée à l’empereur Napoléon III pour obtenir la 38 réalisation de l’endiguement de l’Ardon, 1er mars - Règlement de la ville de Nice concernant des 1865, 7 S 91 dispositions à observer en cas d’incendie, s.d., - Plan de la digue de protection projetée à XVIIIe s., Ni mazzo 12, n° 19 Guillaumes, 7 mars 1844, FS 401/1 - Marché de fourniture de pompes à incendie de la - Plan aquarellé d’un projet de digue de protection ville de Nice, 26 avril 1862, 2 O 693 de la propriété Faraud sur la rive droite du - Fourniture de bornes à incendies à Villeneuve- Paillon de Contes, 19 juillet 1830, FS 338/3 Loubet par les établissements Bayard, 21 - Plan aquarellé d’un projet de digue pour protéger septembre 1927, E 90/86 5 O 3 les propriétés riveraines du torrent de Braus, 20 - Documentation envoyée à Isola concernant des août 1828, FS 368 véhicules d’intervention des sapeurs-pompiers, - Dessin aquarellé des gabions à construire sur la s.d., vers 1910, E 96/46 1 I 15 rive du torrent de Saint-Sauveur, 23 juin 1838, - Lettre annonçant à la mairie de La Bollène- FS 405/2 Vésubie la livraison de l’autopompe Renault - Plan aquarellé d’un projet de digue au confluent qu’elle a achetée, 12 octobre 1934, E 13/58 1 I 6 du ruisseau de Saint-Sauveur et du Var, 23 juin - Plan d’installation de bouches à incendie à Vence, 1838, FS 405/2 10 juin 1931, E 6/261 5 O 20 - Dessin en élévation d’un projet de barrage en - Note de l’inspecteur départemental des services de maçonnerie pour empêcher le ravinement du secours et d’incendie au sujet du programme ravin de San Bénédé dans la série de restauration d’établissement de réservoirs sur le territoire des des terrains en montagne de Bendejun, 21 Alpes-Maritimes, 15 mars 1957, 180 W 13 décembre 1920, 7 M 1095 - Carte des réservoirs et points d’eau à implanter - Plan aquarellé du projet d’endiguement du dans les Alpes-Maritimes pour la lutte contre les Paillon pour protéger les terres cultivées du incendies, 1957, 180 W 13 quartier des Condamines de Saint-Pons, 22 - Bulletin d’information de l’Entente prairial an V, CE S 83 interdépartementale en vue de la protection de la - Lettre de Fricéro se plaignant des conditions forêt provençale et corse contre l’incendie d’avancement des travaux d’endiguement du consacré aux expériences de largages par avions Var, 24 juillet 1846, FS 405/3 citernes Catalina, 1967, 179 W 44 - Coupe de la digue réalisée en rive gauche du Var - Note du directeur départemental des services avec projet de route en accotement sur celle de la d’incendie et de secours au sujet des hélicoptères voie ferrée, FS 405/5 bombardiers d’eau, 18 janvier 1990, 678 W 118 - Plan général au 1/10 000 du projet d’endiguement - Largage d’un Canadair sur un feu à l’Escarène en du Var établi par l’ingénieur en chef du Génie 1997 civil le 2 décembre 1859, FS supplément n.c. - Demande d’estimation des dommages causés par la grêle au Broc, 23 septembre 1728, E 97/120 HH 7 - Supplique présentée au roi par les habitants de Guillaumes victimes des inondations du Var et du Tuebi, s.d., XVIIe s., E 7/51 DD6 - Rapport sur les dommages causés par la Siagne à Mandelieu, juillet 1666, G 763 - Ex-voto réalisé a la suite d’une crue subite du Paillon, 2 juin 1855, sanctuaire Notre-Dame de Laghet, photo Michel Graniou - Requête de propriétaires de dont les terres ont été envahies de gravier par l’inondation du Paillon, 5 frimaire an XI, CE S 83 - Arrêté de l’administration municipale de Nice fixant les dispositions pour remédier aux ravages occasionnés par les inondations de plus en plus dévastatrices du Var, 6 nivose an VII, CE S 81 - Lettre d’un habitant de Roquebillière au préfet des Alpes-Maritimes réclamant des travaux pour protéger les maisons menacées par les crues de la Vésubie, 29 août 1808, CES 88 - Plan au 1/10 000 de la zone inondable par la Siagne dans la plaine de Laval, 9 août 1886, 7 S 233 - Diagramme de la hauteur des crues du Loup en 1872, 1882 et 1885, 7 S 154 - Rapport sur l’éboulement du ravin de Berouf à Sospel à la suite de la dissolution des gypses par