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20 février – 23 février 2013 / Odéon 6e Der Weibsteufel mise en scène Martin Kušej

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© Odéon-Théâtre de l’Europe / 2012-2013 / dossier d’accompagnement / Der Weibsteufel / 20 – 23 février 2013 / Odéon 6e DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT Der Weibsteufel / Le Diable fait femme ●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●● ●●●●●●●●● ●●●●●●●● ●●

Der Weibsteufel Le Diable fait femme de Karl Schönherr

mise en scène de Martin Kušej

en allemand surtitré durée : 1h40

Dramaturgie Avec Sebastian Huber Birgit Minichmayr Tobias Moretti Scénographie Werner Wölbern Martin Zehetgruber

Costumes Heide Kastler

Musique Bert Wrede

Lumière Felix Dreyer Tobias Löffler

production Residenztheater

création le 12 septembre 2008 au Burgtheater – Vienne

Équipe des relations avec le public ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● Public de l’enseignement Christophe Teillout / 01 44 85 40 39 / [email protected] Formation Emilie Dauriac / 01 44 85 40 33 / [email protected] Groupes adultes, associations, CE Carole Julliard / 01 44 85 40 88 / [email protected] Timothée Vilain / 01 44 85 40 37 / [email protected] Public du champ social & de la proximité des Ateliers Berthier Alice Hervé / 01 44 85 40 47 / [email protected]

___ Dossier également disponible sur theatre-odeon.eu

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« LA FEMME, avec brusquerie : A quoi je pensais ? A rien, je pensais à rien. Puis, furieuse : Attends un peu, mon gaillard : tu vas les gagner, tes galons. A L’HOMME : Je vais te le pêcher, ce type-là, il va pendre au bout de ma ligne comme une carpe. Mon petit chasseur, on va t’en servir, de la chasse aux bonnes femmes. Ce qui me ferait vraiment plaisir, ce serait de l’entraîner si loin qu’il puisse plus être chasseur et soit forcé de quitter le service. Ca lui ferait des beaux galons, tiens ! Enervée, elle va à la fenêtre. L’HOMME : C’est sûr que ce serait l’idéal ! Mais ça sert à rien, il va jamais s’amener chez nous. Il a déjà flairé le piège! » Karl Schönherr : Le diable fait femme, Acte II

3 DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT Der Weibsteufel / Le Diable fait femme ●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●● ●●●●●●●●● ●●●●●●●● ●● SOMMAIRE ●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●● p. 3 Extrait

p. 5 Le texte p. 5 L’auteur : Karl Schönherr p. 6 Résumé de Der Weibsteufel p. 7 Extrait p. 8 Quelques adaptations cinématographiques

p. 9 La mise en scène p. 9 « My friend Martin » p. 9 Le metteur en scène : Martin Kušej p. 10 Le scénographe : Martin Zehetgruber p. 11 Leurs précédentes créations p. 15 Les comédiens p. 15 Brigit Minichmayr p. 15 Tobias Moretti p. 16 Werner Wölbern p. 17 Der Weibsteufel p. 17 Entretien avec Brigit Minichmayr p. 19 La scénographie p. 20 Presse allemande

p. 24 Pour aller plus loin p. 24 Le théâtre autrichien p. 25 La femme fatale p. 26 La femme fatale dans la littérature p. 27 Les peintres et la femme fatale

p. 31 Bibliographie

4 DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT Der Weibsteufel / Le Diable fait femme ●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●● ●●●●●●●●● ●●●●●●●● ●● Le texte

L’AUTEUR : KARL SCHÖNHERR Biographie Karl Schönherr est un dramaturge autrichien né en 1867 à Axams, près d’Innsbruck. Il est le fils de Joseph et Marie Suitner Schönherr. Après avoir entamé des études de philosophie à Innsbruck, il part finalement pour Vienne où il se redirigera vers la médecine. Il obtient son diplôme en 1986 et travaille en un premier temps à l’hôpital de Saint Pölten avant d’ouvrir son propre cabinet. Il arrêtera cependant de pratiquer après le succès de son œuvre Le Sculpteur, Tragédie des bonnes personnes en 1900. Son expérience de médecin lui a permis d’observer les mauvaises conditions de vie dues à la pauvreté de ses patients, en particulier lors de la première guerre mondiale. Ce thème reviendra souvent au sein de ses œuvres.

Ses œuvres sont des poèmes, nouvelles et drames naturalistes en dialecte tyrolien. Le tyrol est en effet omniprésent dans les œuvres de l’auteur, que ce soit par l’enracinement des personnages dans les montagnes tyrolienne, leur parler ou encore leur type de vie.

Les travaux de Karl Schönherr présentent également une protestation virulente envers l’église catholique.

Quoique en faveur de l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, Karl Schönherr n’aurait cependant pas été en accord avec les idées antisémites du régime.

Il meurt le 15 mars 1943 à l’âge de 76 ans. Portrait de Karl Schönherr, Wenzl Weis Source : Österreichische Nationalbibliothek, Bildarchiv , Inventenarnr.

Travaux 1897 Der Judas von Tirol ("Judas of Tirol") 1900 Der Bildschnitzer: Eine Tragödie braver Leute ("The Woodcarver: A Tragedy of Good People") 1902 Die Altweibermühle: Ein deutsches Fastnachtspiel ("The Old Woman's Mill: A German Carnival Play") 1902 Der Sonnwendtag ("Solstice Day") 1904 Karrnerleut ("The Carters") 1905 Familie ("Family") 1908 Erde ("Earth") 1914 Der Weibsteufel ("The She Devil", 1914) 1919 later Kindertragödie ("Children's Tragedy") 1923 Es ("It") 1925 Die Hungerblockade 1926 Volk in Not ("People in distress") 1926 Glaube und Heimat ("Belief and home") 1927 Der Armendoktor 1930 Herr Doktor, haben Sie zu essen? 1937 Die Fahne weht

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RÉSUMÉ DE LA PIECE

L’homme. Sa femme. Un jeune chasseur alpin. Scène : une salle. » L’action est aussi limpide que ces indications sont lapidaires. Toute la crise va se jouer à demi-mot, quelque part dans les Alpes autrichiennes. L’homme est contrebandier. Le chasseur alpin a été chargé d’entrer dans les bonnes grâces de son épouse pour recueillir des preuves. Le trafiquant pousse donc sa femme à séduire l’enquêteur, afin de faire échouer sa mission. Mais les affects des uns et des autres, d’abord simulés, vont déchaîner des forces qu’ils ne soupçonnaient pas – et la femme, après avoir été manipulée dans la partie que les deux hommes jouent à distance l’un contre l’autre, finit par retourner la situation… Karl Schönherr fut avec Arthur Schnitzler l’auteur dramatique autrichien qui remporta le plus de succès dans les années qui précédèrent la Première guerre mondiale. Der Weibsteufel est considéré comme l’un de ses chefs- d’œuvre. Tout en donnant lieu à de nombreuses adaptations cinématographiques, la pièce elle-même est rarement montée, ce qui peut s’expliquer par son caractère régionaliste, voire « tyrolien ».

© Hans Jörg Michel

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EXTRAIT

« Ce qui me ferait vraiment plaisir... » „Am liebsten möcht ich...“ LA FEMME, s’affairant devant son miroir, sûre d’elle : Oui, WEIB vor dem Spiegel beschäftigt, zuversichtlich: Ja, mein mon joli chasseur, voilà déjà quatre jours de passés et tu n’es lieber Jäger, geschlagene vier Tag ist's jetzt schon her, und toujours pas revenu. Contente d’elle : Mais cette nuit, du bist seitdem nit wiederkommen. Befriedigt: Aber gestern pendant que tout dormait, on t’a quand même attiré jusqu’ici in der schlafenden Nacht hat's dich doch zum Haus herzogen comme les mouches vers la lumière. Je t’ai très bien vu wie die Mücken zum Licht. Hab dich ganz deutlich gsehen derrière les vieux sureaux. Et comme un matou amoureux tu hinter der alten Holunderstauden. Und wie ein verliebter as levé les yeux vers ma chambre à coucher. Triomphante : Kater hast zu meinem Schlafkammerfenster hinaufgschaut. Ma foi, ma foi, mon petit chasseur, t’as déjà posé une patte Frohlockend: Jägerle, ich mein, ich mein, du hängst schon sur le gluau ! mit einem Pratzl auf der Leimrutn! L’HOMME repasse la porte, tend le peigne que LA FEMME, MANN kommt aus der Nebentür und reicht ihr den Kamm, toujours devant le miroir, place avec soin dans sa den sich das Weib vor dem Spiegel sorgsam ins Haar steckt: chevelure : Au fait, j’ai voulu te dire mais je voulais pas te Was ich noch sagen will; hab dir heut in der Früh nit gleich faire peur comme ça de bon matin : cette nuit je me suis angst machen wollen: in der Nacht bin ich aufgwacht und hab réveillé et j’arrivais pas à me rendormir, alors je me lève, je lang nimmer einschlafen können; steh ich auf und schau zum regarde par la fenêtre, et tu sais qui j’ai vu là-bas ? Fenster hinaus. Weißt wen i da gsehen hab? LA FEMME a fixé son peigne, se retourne vivement : Qui ça ? WEIB hat den Kamm aufgesteckt, wendet sich hastig um: Wen? L’HOMME : Le chasseur. Et dès qu’il voit ma tête à la fenêtre, le v’là qui disparaît, comme un fantôme ! MANN: Den Jäger. Und wie er meinen Kopf am Fenster sieht, ist er auf und davon, wie ein Gspenst! LA FEMME : Sois pas ridicule. T’as rêvé ! WEIB: Laß dich nit auslachen. Das hast geträumt! L’HOMME : Je dormais pas plus que maintenant. Et la lune brillait, je l’ai bien reconnu ! MANN: So wach bin ich gwesen wie jetzt. Und hab ihn im Mondschein gut ausgnommen! LA FEMME secouant la tête : Et quoi encore ! Qu’est-ce qu’il ferait donc, le chasseur, à venir rôder comme ça près de chez WEIB winkt ab: Aber geh! Was sollt denn der Jäger bei nous en pleine nuit ? stockgeschlagener Nacht an unserm Haus herum zu tun haben? L’HOMME la regarde, étonné : Tu te le demandes vraiment ? Il espionnait, pour pouvoir enfin nous coincer. Enfin quoi, il MANN sieht sie verwundert an: Da fragst noch? Spionieren, veut gagner du galon à nos dépens ! damit er uns endlich fassen kann. Er will sich doch an uns zwei ein Sterndl verdienen! LA FEMME, prise de court, bouche bée : Alors ça, ça m’était pas venu à l’idée. Puis : Au fait, t’as raison, c’est uniquement WEIB steht ganz verdutzt mit offenem Munde da: Auf das hab pour ça qu’il est venu nous tourner autour. ich gar nit denkt. Dann: Am End hast doch recht, und er ist nur deswegen ums Haus herumgschlichen. L’HOMME regarde LA FEMME, étonné : Ben oui, pourquoi sinon ? A quoi tu pensais ? MANN sieht das Weib verwundert an: Ja, wegen was denn sonst? Was hast denn du gmeint? LA FEMME, avec brusquerie : A quoi je pensais ? A rien, je pensais à rien. Puis, furieuse : Attends un peu, mon gaillard : WEIB unwirsch: Was soll ich denn gmeint haben? Nix hab ich tu vas les gagner, tes galons. A L’HOMME : Je vais te le gmeint. Dann erbost: Wart nur, Kerl: dir wird man schon noch pêcher, ce type-là, il va pendre au bout de ma ligne comme das Sterndl geben. Auf den Mann zu: Mann, den fang i dir une carpe. Mon petit chasseur, on va t’en servir, de la chasse noch; an der Angel muß er hängen wie ein Karpf. Jägerle, dir aux bonnes femmes. Ce qui me ferait vraiment plaisir, ce wird man schon geben, den Weiberfang. Am liebsten möcht serait de l’entraîner si loin qu’il puisse plus être chasseur et ich ihn so weit bringen, daß er gar kein Jäger mehr sein soit forcé de quitter le service. Ca lui ferait des beaux galons, könnt und ganz weg müßt aus dem Dienst. Dann hätt er sein tiens ! Enervée, elle va à la fenêtre. Sterndl! Tritt erregt ans Fenster. L’HOMME : C’est sûr que ce serait l’idéal ! Mais ça sert à rien, MANN: Das war freilich das Allerbeste! Aber was nutzt das il va jamais s’amener chez nous. Il a déjà flairé le piège ! alls, er geht uns nimmer zu. Der hat den Braten schon grochen! Karl Schönherr : La Diablesse, Acte II Karl Schönherr : Der Weibsteufel

7 DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT Der Weibsteufel / Le Diable fait femme ●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●● ●●●●●●●●● ●●●●●●●● ●●

QUELQUES ADAPTATIONS CINEMATOGRAPHIQUES Der Weibsteufel de Wolfgang Liebeneiner (1951) avec : Hilde Krahl, Kurt Heintel, Bruno Hubner, Otto Bolesch.

Kurt Heintel, Hilde Krahl © Deutsches Filminstitut - DIF

Bruno Hübner, Hilde Krahl © Deutsches Filminstitut - DIF

Der Weibsteufel de George Tressler (1966) avec : Maria Emo, Sieghardt Rupp, Hugo Gottschlich, Vera Complojer, Richard Tomaselli, Margarete Reimann.

© Deutsches Filminstitut - DIF

8 DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT Der Weibsteufel / Le Diable fait femme ●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●● ●●●●●●●●● ●●●●●●●● ●● La mise en scène « MY FRIEND MARTIN » Le metteur en scène : Martin Kušej Formé à Graz, d’abord en langue et littérature allemande, puis en mise en scène, Martin Kušej commence sa carrière en tant qu’assistant à Salzbourg et Ljubljana avant de signer ses propres réalisations à partir de 1987. En 1990, il fonde le groupe « My friend Martin » avec le décorateur Martin Zehetgruber et la dramaturge Sylvia Brandl, travaillant notamment pour le Steirischer Herbst Festival de Graz et le Mittelfest Festival de Cividale, en Italie. Invité par les principales scènes allemandes et autrichiennes (Residenztheater de Munich, Volksbühne de Berlin, Thalia Theater et Deutsches Schauspielhaus de Hambourg, Burgtheater de Vienne), il met en scène aussi bien des classiques comme Shakespeare, Schiller, Kleist, Strindberg ou Feydeau que des auteurs contemporains tels que Enzensberger, Müller ou Jahnn. Depuis plusieurs saisons, il entretient une étroite collaboration avec le Staatstheater de Stuttgart : Œdipe de Sophocle, Purifiés de Sarah Kane, Herzog Theodor von Gothland de Grabbe, Hamlet de Shakespeare, en coproduction avec le Festival de Salzbourg où il occupe le poste de directeur tant pour le théâtre parlé que pour l’opéra (King Arthur de Purcell, Fidelio de Beethoven, Al gran sole carico d'amore de Nono, Giulio Cesare de Haendel, Otello, Die Gezeichneten de Schreker). Dans l’univers lyrique, il est aussi l’invité de l’Opéra de Zurich (Salomé et Source : Burgtheater Elektra de Strauss, La Flûte enchantée de Mozart), du Staatsoper Unter den Linden de Berlin (Carmen de Bizet), du Festival de Salzbourg (Don Giovanni et La Clémence de Titus de Mozart avec Nikolaus Harnoncourt au pupitre) et de l’Opéra d’Amsterdam (Lady Macbeth de Mtsensk de Chostakovitch). Ses dernières (ou futures) mises en scène sont : Die Gezeichneten de Schreker à l’Opéra d’Amsterdam et Woyzeck de Büchner au Residenztheater de Munich en 2007, Macbeth de Verdi au Staatsoper de Munich et The Rake's Progress de Stravinsky au Theater an der Wien de Vienne en 2008 ; Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch à l'Opéra de Paris, Moïse et Aron de Schoenberg à la Scala de Milan et Tosca de Puccini à l’Opéra de Zurich en 2009.

9 DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT Der Weibsteufel / Le Diable fait femme ●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●● ●●●●●●●●● ●●●●●●●● ●●

Le scénographe : Martin Zehetgruber

Martin Zehetgruber a étudié à l’Universität für Musik und darstellende Kunst de Graz. Alors qu’il est encore étudiant, il réalise déjà ses premiers décors pour le théâtre. Il fonde ensuite la société de production « My Friend Martin » avec Martin Kušej. En 2001, il est nommé professeur dans la section scénographie de la Staatliche Akademie der Bildenden Künste de Stuttgart. Martin Zehetgruber a travaillé pour de nombreux théâtres germaniques tels que le Staatstheater de Stuttgart, le Thalia Theater et le Deutsches Schauspielhaus de Hambourg, la Volksbühne de Berlin, le Kammerspiele et le Residenztheater de Munich ainsi que le Burgtheater de Vienne. Sur les scènes lyriques internationales, il a signé les décors de Lady Macbeth de Mzensk (Chostakovitch) pour l’Opéra national de Paris, Der fliegende Holländer (Wagner) et Die Gezeichneten (Schreker) pour De Nederlandse Opera à Amsterdam, Macbeth (Verdi) pour le Staatsoper de Munich, Wozzeck (Berg) pour le Staatsoper Unter den Linden de Berlin, Don Giovanni (Mozart) et Eugène Onéguine (Tchaïkovski) pour les Salzburger Festspiele, Lady Macbeth de Mzensk pour le Teatro Real de Madrid, Le Convenienze ed inconvenienze teatrali et I Pazzi per progetto de Donizetti pour l’Opéra de Zurich. Il a collaboré avec des chefs d’orchestre tels que Daniel Barenboim, Nikolaus Harnoncourt et Mariss Jansons, ainsi qu’avec des metteurs en scène tels que Andrea Breth, Guy Joosten, Stephan Kimmig, Martin Kušej, Hans Kresnik et Jossi Wieler. Martin Zehetgruber a été récompensé à plusieurs reprises. Il a notamment reçu cinq fois le « Nestroy » du meilleur décor et a été élu « scénographe de l’année » en 1998 et 2000 par le magazine Theater Heute et en 2011 par Opernwelt. Il est également le concepteur de la Theaterturm de l’Akademie für Source : artistsman.com darstellende Kunst du Bade-Wurtemberg, construit en 2008.

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Leurs précédentes collaborations

Woyzeck, Buchner. 2007, Salzburg

© Thomas Dashuber

© Thomas Dashuber

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Macbeth de Verdi, 2008. National Theater.

Source : Bayerische Staatsoper

Source : Bayerische Staatsoper

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Lady Macbeth du District de Mtsensk, Dmitri Chostakovitch. 2009, Opéra Bastille

© Agathe Poupeney

© A.T.Schaefer

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The Master Builder, Ibsen. 2010, Shauspiellhaus de Hambourg

© A.T.Schaefer

© A.T.Schaefer

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LES COMÉDIENS

Birgit Minichmayr

Birgit Minichmay est une actrice autrichienne née le 3 avril 1977 à Linz. Elle fera ses études de jeu à Vienne, au séminaire Max Reinhardt. Une fois formée, elle intègre la troupe du Burgtheater de Vienne, ce qui l’amène à jouer dans de nombreuses pièces telles que Der Reigen d’Arthur Schnitzler mis en scène par Sven Eric Bechtolf, Troilus and Cressida de mis en scène par Declan Donnellan ou encore Der Farber und sein Zwillingsbruder de Johann Nestroy mis en scène par Karlheinz Hackl. En 2000, elle fait ses premiers pas au cinéma aux côtés de Sepp Bierbichler et Monika Bleibtreu dans Abschied de Jan Schutte. La même année, elle apparaît également dans le thriller télévisuel de Peter Sämann, Böses Blut. Pour ces rôles, elle fut récompensée du prix du « meilleur jeune talent » au Prix Nestroy. En 2006, elle interpréta Mizzi Kasper dans le film Kronprinz Rudolf. L’année suivante, Birgit Minichmayr fut acclamée pour son interprétation du Fou dans Le Roi Lear de William Shakespeare mis en scène par Luc Bondy au Burgtheater. Birgit Minichmayr vit actuellement entre Munich et Vienne. Elle parle anglais et a joué dans de nombreuses productions internationales. Elle a, entre autres, travaillé avec Istvan Szabo, Götz Spielmann, Tom Tykwer, Olivier Hirschbiegel, Robert Dornhelm et Doris Dörris. Elle est également une chanteuse accomplie ayant enregistré plusieurs albums quoique préférant se focaliser sur sa carrière d’actrice. Au 59ème Festival International du Film de Berlin en 2009, Birgit Minichmayr a été récompensée de l’Ours d’argent de la meilleure actrice pour sa performance dans Alle Anderen de Maren Ade.

© Pascal le Segretain

Tobias Moretti

Tobias Moretti, est né le 11 juillet 1959 à Griess au Tyrol. Après avoir étudié la composition au conservatoire de Vienne, il part pour Munich où il intègre l’académie d’art dramatique Otto Falkenberg. Passionné de théâtre, il travaille sur de nombreux registres et joue dans des créations de Hans Lietzau, ou encore Ingmar Bergman. Il est également le fondateur de sa propre compagnie en résidence au théâtre Kammerspiele de Munich. En parallèle de son parcours théâtral, Tobias Moretti joue également dans de nombreux films et séries télévisuelles.

© Sean Gallup

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Werner Wölbern

Werner Wölbern est un acteur autrichien né le 9 novembre 1961 à Zeven. Il a grandit en Basse-Saxe puis a rejoint le Folkwang-Hochscule en 1984 pour suivre une formation d’acteur. A partir de 1988 il rejoindra différents théâtres tels que celui d’Heilbronn, d’Esslingen, de Cologne ou de Düsseldorf. En 1995, il rejoint le Thalia Theater de Hambourg avant d’intégrer, quatre ans plus tard, la troupe permanente du Burgtheater de Vienne. En 2008, il retourne au Thalia Theater tout en jouant également au Schauspielhaus de Hambourg et au Deutsches Theater de Berlin.

En mars 2006, Werner Wölbern met en scène le Fassbinder Katzelmacher, pour lequel il sera récompensé. Il dirige également d’autres productions plus divertissantes telles que M.Sloane au Théâtre de Stuttgart en 2006 et Shrink de Thomas Huber à l’Altona Théâtre en 2007.

Werner Wölbern joue également dans plusieurs films cinématographiques.

© Sebastian Kahnert

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DER WEIBSTEUFEL Entretien avec Birgit Minichmayr Votre signe distinctif, c’est votre voix rocailleuse. Au fait, vous fumez combien de cigarettes par jour ? Avant l’école de théâtre, j’avais une voix cristalline, et quand je chantais, je pouvais quasiment atteindre le contre-ut. Plus personne ne me croit quand je dis ça : la cigarette a fait descendre ma voix au trente-sixième dessous. Ma mère ronchonne tout le temps, elle ne peut pas supporter qu’on fume. Elle me dit : «la seule chose positive que tu dois à la cigarette, c’est ta voix marquante. Mais ça y est, maintenant tu l’as. Si tu pensais un peu à arrêter ?» Quand elle a raison, elle n’a pas tort.

Vous attachez beaucoup d’importance à votre voix et à votre apparence ? Sur la scène, mon apparence a son importance. Le costume, c’est ma deuxième peau, il me protège et définit le caractère de ce que j’incarne. Si je joue Le Diable fait femme de Schönherr en porte-jarretelles, cela a un sens. Et si je porte un vêtement modeste, cette femme fait tout de suite une tout autre impression. La coquetterie n’a rien à voir là-dedans : il faut que les costumes conviennent au personnage.

Vous avez interprété des prostituées, des meurtrières, des droguées. Pourquoi vous attribue-t-on les rôles de femme fatale plutôt que ceux de brave fille ? Les personnages qui sont exclusivement bons ou méchants, je les trouve ennuyeux. Ce qui m’intéresse, ce sont les femmes complexes, qui contiennent tout en elles. Cela étant, est-ce que c’est moi qui ai tout fait pour attirer ces rôles ou les rôles qui sont venus à moi, je serais bien incapable de le dire. Qu’elles soient femmes fatales, meurtrières, folles – c’est un privilège de pouvoir entrer en chacune d’elles en rêve et de gagner ma vie pour ça.

Vous interprétez actuellement le rôle titre du Diable fait femme de Schönherr. Ce personnage réclame une mise en jeu totale de votre féminité. Avez-vous des scrupules féministes ? Non, pas du tout, parce qu’il est justement question de cela dans la pièce : deux hommes décident, pour atteindre leur but, d’impliquer la femme comme moyen en vue de leurs fins. Mais elle se met à résister, à s’émanciper, à jouer dans le jeu des hommes. Dans la dernière scène, elle les dresse si adroitement l’un contre l’autre que le sang leur monte à la tête, et l’un abat l’autre…

Y a-t-il une part d’exhibitionnisme quand vous déployez sur scène votre pouvoir de séduction ? Je crois qu’un certain exhibitionnisme scénique fait partie de notre métier, et aussi de ses plaisirs. Mais mon jeu ne fonctionne que si je suis concentrée sur le texte, la situation, le partenaire, et non pas sur le degré d’excitation que je peux susciter dans le public. Bon, il est arrivé par moments pendant les répétitions que Kušej se mette à rire : «Birgit, tu veux bien ne pas remonter ta jupe, s’il te plaît ?» Je ne me rendais pas du tout compte que je tirais sur ma blouse.

Le Diable fait femme, de Schönherr, a été créé en 1914 : à l’époque, on a pu parler d’une «immoralité criant à la face du ciel». Est-ce qu’on peut encore éprouver un tel sentiment aujourd’hui ? Pour moi, ce n’est pas le caractère sexuel, la liberté de la pièce qui la rendent amorale, mais l’image d’une médiocrité absolue que ces deux personnages masculins se font de la femme. Alors comme aujourd’hui, les hommes aiment mieux s’expliquer strictement entre eux.

Y compris au théâtre ? Le monde du théâtre est encore et toujours sous domination masculine. Les choses ont commencé à y bouger un peu, mais pas assez. La question est toujours ouverte de savoir si on s’y rencontre vraiment sur un pied d’égalité. [...]

Quelles conséquences ont votre travail sur votre vie privée ? Est-ce que vous menez souvent les gens en bateau ? Les acteurs ne sont pas seuls à le faire.

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Est-ce que vous le faites mieux ? J’ai eu dernièrement une discussion avec un ami metteur en scène sur cette question : est-ce que l’acteur, du fait qu’il est acteur, est un menteur plus habile ? Je ne crois pas. Je connais des gens qui peuvent mentir à la perfection et qui n’ont absolument rien à voir avec ce métier.

Un jour viendra où vous aurez joué Le Diable fait femme pour la dernière fois. Qu’est-ce que vous vous dites quand un rôle se termine : «Pas trop tôt» ? Non, dans le pire des cas je suis extrêmement affligée de ne plus pouvoir jouer un rôle. Il arrive alors que je me récite des répliques de mon personnage dans la baignoire. ça m’est arrivé après Das goldene Vliess (La Toison d’or), de Grillparzer. J’ai adoré le personnage de Médée.

Vous ne tombez jamais dans la routine ? Non. Après la représentation, c’est avant la représentation.

Ce n’est pas un cliché, ça ? C’est la vérité, parce qu’en matière de jeu, en tout cas pour moi, il ne s’agit pas d’atteindre un but définitif. Jamais je ne pourrais dire : «Aujourd’hui, ça a été la meilleure représentation qu’on puisse faire.» Naturellement, il y en a de moins bonnes et des meilleures, selon les soirs. Cela dépend du public, de mes partenaires, du temps qu’il fait… C’est plutôt quelque chose dans le genre same, same but different.

Extrait d’un entretien avec Peter Schneeberger, Profil, 2008 (traduit de l'allemand par Daniel Loayza)

© Hans Jörg Michel

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La scénographie

« pour sa scénographie : un colossal amoncellement de troncs enchevêtrés pêle-mêle, qui évoque autant une forêt préhistorique après l’avalanche que les ruines d’une lutte entre puissances titanesques. Les trois interprètes y circulent dans un équilibre virtuose et confèrent à la fable de Schönherr une tension, une puissance quasiment mythiques ; le combat sans merci de deux hommes autour d’une même femme-démon dans la solitude des montagnes est d’emblée arraché à l’anecdote, plongé dans les béances intemporelles du désir et de la mort. »

Daniel Loayza

© Hans Jörg Michel

© Hans Jörg Michel

19 DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT Der Weibsteufel / Le Diable fait femme ●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●● ●●●●●●●●● ●●●●●●●● ●●

Presse allemande

donaukurier.de Raffinierte Rache einer Frau München (DK) Seit sechs Jahren sind sie nun schon verheiratet, aber eine fröhliche Feierstimmung an diesem Hochzeitstag mag nicht so recht aufkommen. Ein Kleid aus teuerster Seide hat der nur „Mann“ genannte Ehepartner seiner nur als „Frau“, respektive „Weib“, apostrophierten Gattin zu diesem Jubiläum zwar geschenkt, doch die Liebe ist erloschen. Der Ehetrott ist in der abgelegenen Hütte irgendwo im Niemandsland an der Grenze zweier Staaten zum Alltag geworden. Die Einsamkeit im Gebirge hat die innere Leere der beiden in ehelicher Kälte Dahinvegetierenden ebenso verstärkt wie das Ausbleiben des heiß ersehnten Kindersegens. Der vor Jahren Angetraute, der sich als Hehler der von Schmugglern auf Geheimpfaden über die Berge gebrachten Waren verdingt und dabei nicht schlecht verdient, beteuert der Gattin zwar seine Liebe, doch nicht aus Überzeugung, sondern aus schnöder Gewinnsucht: Dem neuen Revierjäger soll sie schöne Augen machen, damit er seinen illegalen Geschäften weiterhin ungestört nachgehen kann. Schließlich profitiere sie ja auch davon, da mit dem Verkauf der Schmuggelware der Traum eines großen, stattlichen Hauses im Städtchen unten im Tal näher rückt. Pech nur, dass der neue Jäger jung, fesch und für die Frau höchst begehrenswert ist. Der Kampf des brünftigen Liebhabers mit dem Gatten seiner Geliebten kann beginnen und endet in einem Showdown, bei dem der Jäger den Ehemann seines Lustobjektes ersticht. Ein bisserl trivial ist dieses 1915 in Wien uraufgeführte Drama „Der Weibsteufel“ des Tiroler Arztes und Theaterautors Karl Schönherr (1867–1943) freilich schon geraten. Doch war es eines der meistgespielten Stücke in den ersten Jahrzehnten des vorigen Jahrhunderts und von den Zensurbehörden, wie beispielsweise nach der Münchner Erstaufführung im Jahre 1918 auf Veranlassung des Erzbischofs, in vielen Städten lange Zeit verboten. Als pralles Volkstheater mit grellen Szenen und eindimensionalen Schurken lässt sich dieses Kolportagestück ja auch bestens realisieren. Doch keinen „Bauern-Strindberg“ gibt es in dieser Neuinszenierung zu sehen, sondern eine ebenso eindringliche wie beklemmende Psychostudie, die Martin Kusej, der neue Intendant des Residenztheaters, in Koproduktion mit dem Wiener Burgtheater hier höchst eindrucksvoll präsentierte. „Die Frau“ ist entgegen dem Stücktitel hier kein „Weibsteufel“, sondern eine selbstbewusste, emanzipierte Person, die ihr Leben nach all den Frustrationen und Demütigungen in ihrer Ehe endlich in die eigenen Hände nehmen will. Kein Anhängsel ihres ungeliebten Gatten und schon gleich nicht das Lockvögelchen für die schmutzigen Geschäfte ihres Mannes will sie sein, sondern ihr Leben und vor allem ihr verkümmertes Liebesleben endlich auskosten. Geradezu hinreißend, wie Birgit Minichmayr, die Buhlschaft im Salzburger „Jedermann“ und eben vom Wiener Burg- zum Münchner Residenztheater gewechselt, diese Rolle verkörpert: Zunächst ungemein kühl und in Schönherrs lakonischer Sprache den verhassten Ehemann mit falschen Treuebeteuerungen ebenso lockend wie mit schroffen Äußerungen demütigend, dann die gurrende und girrende Verliebte, die den ihr blind ergebenen Jäger mit all ihren Reizen bezirzt und ihn doch zappeln lässt. Schließlich ist sie eiskalt berechnend, um in einem herrlich beschwipst-erotischen Tanz von ihrem Lover den finalen Liebesbeweis zu fordern. Und Nicholas Ofczarek wird ihn nach all den Liebestollheiten und Torheiten eines Prachtmachos dann aucherfüllen, während Werner Wölbern als biederer Ehemann bei diesem voll Virilität strotzenden Nebenbuhler eh das Nachsehen hat. Mit geradezu waghalsigen Kletterpartien über die – natürlich symbolisch – ineinander verkeilten dicken Baumstämme des Bühnenbildes (von Martin Zehetgruber) müssen sie – in Liebe und Eifersucht sich verzehrend – zu dritt trippeln und taumeln, dabei den Abgrund stets im Auge behaltend. Eine akrobatische Meisterleistung und ein Schauspielereignis. Eine ungemein faszinierende Neuproduktion ist das im bis jetzt nicht restlos überzeugenden Premierenmarathon des Bayerischen Staatsschauspiels unter der neuen Ägide von Martin Kusej. Der Applaus des Premierenpublikums fiel denn auchenthusiastisch aus.

Von Hannes S. Macher

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23 DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT Der Weibsteufel / Le Diable fait femme ●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●● ●●●●●●●●● ●●●●●●●● ●● Pour aller plus loin...

Le théâtre autrichien Le théâtre autrichien a les mêmes origines religieuses que le théâtre européen du Moyen Age, avec un accent plus marqué sur les jeux populaires de Pâques. Ce courant populaire, animé par les troupes ambulantes de la commedia dell arte et du théâtre anglais, se retrouve à la Renaissance et à l'époque baroque, concurremment avec un théâtre de cour. Ce dualisme demeure jusqu'à nos jours caractéristique du théâtre autrichien. […] Le théâtre après 1943 Immédiatement après la libération et pendant l'occupation de l'Autriche par les quatre puissances alliées, les théâtres reprennent leurs activités malgré les destructions. Dès avril 1945, les représentations du Burgtheater se donnent dans une dépendance avec Sappho de Grillparzer dans une mise en scène de Lothar Müthel. L'opéra suit de près, de même le Theater in der Josefstadt, d'abord avec une pièce de Boulevard viennoise, puis une pièce de l'exil de Brecht, La Bonne Ale de Setchouan. Il est évident qu'il ne s'agit pas d'un démarrage à partir de rien, ni en culture, ni en politique, mais plutôt d'un recommencement. La plupart des artistes (acteurs, auteurs) étaient encore émigrés. La vie théâtrale des décennies qui suivent sera plutôt dominée par le jeu d'acteurs éminents que par les innovations esthétiques de la mise en scène. D'un côté joue le conservatisme artistique, de l'autre le besoin de rattrapper tout ce qui avait été interdit par les nazis. Le traditionalisme fut rudement secoué par l'avant garde littéraire des années soixante qui, sous le nom de Wiener Gruppe, révolutionne l'esthétique théâtrale par ses performances expérimentales : invention du happening avant les Etats- Unis et différentes formes de théâtre-action. Dans les caves on peu découvrir des théâtres de poche (on parle de catacombes théâtrales) qui s'occuppent de révéler la littérature mondiale et surtout des dramaturges qu'on ne joue pas dans les grands théâtres : on redécouvre les expressionnistes, mais aussi Ödön von Horvath et Ferdinand Bruckner. Les années soixante sont le temps de la restauration : le Volkstheater à Vienne s'oppose avec succès au théâtre conservateur à la "Burg" en montant les textes du théâtre documentaire pour empêcher l'oubli de la récente et tragique histoire. Les années soixante-dix reprennent le goût de l'expérimentation théâtrale dans le sens de "off" et "off off Broadway", expérimentation conçue comme réponse critique à l'institution subventionnée, comme révolte contre le théâtre festivalier et le "théâtre de cour à vocation démocratique" (Jourdheuil) des théâtres nationaux. En même temps, la dramaturgie réaliste actuelle et la nouvelle littérature dramatique, qu'elle suive plutôt les traditions classiques ou la comédie satirique, commencent à occuper une place importante dans le théâtre de langue allemande aussi bien qu'international.

BIRBAUMER Ulf, "Autriche (le théâtre en)" in Dictionnaire Encyclopédique du théâtre (dir. Michel Corvin), Paris, Bordas, 1995.

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LA FEMME FATALE Définitions de la femme fatale Le cortège des femmes fatales vient de loin. Il commence dans les pages claironnantes, et pourtant viriles, de l’épopée homérique, traverse les siècles en sinuosité pour défier les pouvoirs, les censures, mais se monstre en plein jour durant les dernières décennies du XIXè siècle comme si tant de silence et de clandestinité l’image même de la femme fatale s’était durcie en exemples plus frappants. Elle devient stupéfiante. Lourde de tous les bijoux dont la couvre Gustave Moreau, chatoyante sous les parures de Klimts, lascive à l’extrême avec Schiele, Bonnard, Stuck, Munch, et bientôt précipitée dans les marasmes de la psychanalyse après avoir été exhibée comme un objet de désir. Sa charge érotique dépend de la distance qu’elle sait créer entre elle et son admirateur, le dédain dans lequel elle le tient. C’est à être inaccessible gagne son pouvoir. En un premier temps désacralisée par la nature vicieuse qu’on lui attribue, la femme retrouve une fonction sacrée, directement liée au pouvoir de l’argent, à la mode, au rôle social d’une réputation. Elle permet à l’homme d’afficher sa gloire de conquérant qui jour beaucoup pour une réussite sociale. Déesse redevenue, elle est aussi celle du mal.

L’EVÊQUE Jean-Jacques, Les années de la Belle Époque : 1890-1914, ACR éditions, Paris, 1991

L'archétype de la femme fatale existe dans les mythes et le folklore de nombreuses cultures à tous les âges1. Les premiers exemples sont Ishtar, la déesse sumérienne, et Ève, Lilith, Dalila, et Salomé dans la Bible judéo- chrétienne. Dans la littérature de la Grèce antique, la femme fatale est incarnée par Aphrodite, la Sirène, le Sphinx, Scylla, Circé, Lamia, Hélène de Troie, et Clytemnestre. Puis vient la figure historique Cléopâtre, reine d'Égypte, avec sa capacité à séduire les hommes puissants de Rome. La propagande romaine attaqua Cléopâtre, considérée comme une femme fatale ; de fait, elle devint l'archétype de légende des dangers inhérents à la femme puissante et exotique. La femme fatale est également un personnage présent dans la culture asiatique. Dans la mythologie chinoise, certaines concubines (telle l'historique Yang Guifei) ont été accusées d'être partiellement responsables de l'affaiblissement et de la chute des dynasties, en séduisant des hommes de pouvoir amenés à négliger leurs devoirs et à modifier leur testament à leur bénéfice.

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Quelques exemples de femmes fatales en littérature Femmes fatales dans la littérature antique Médée Médée. Désormais j’ai recouvré mon spectre, mon frère, mon père et la Toison du bélier d’or est rendue à la Colchide : j’ai retrouvé la patrie et la virginité que tu m’as ravies. Ô divinités enfin propices, Ô jour d’hyménée ! Va-t-en ; le crime est consommé. La vengeance ne l’est pas encore : continue pendant que tes mains sont encore ardentes. Pourquoi hésiter à présent, mon âme ? Pourquoi balancer alors que tu peux agir ? Déjà ma colère est tombée. Je me repens de mon acte, j’en ai honte. Misérable, qu’ai-je fait ? Misérable ! Je me repens en vain, je l’ai fait ; - une intense volupté me pénètre malgré moi, et voici qu’elle s’accroît. Il ne me manquait plus pour l’achever que ta présence. Je compte pour rien tout ce que j’ai fait jusqu’ici ; tous les crimes que j’ai commis sans que tu les voies ont été faits en pure perte. Jason (aux soldats). La voici en personne qui se tient sur la terrasse de son toit et qui se penche : que quelqu’un y amène vivement du feu afin qu’elle tombe consumée par les flammes qu’elle a allumées. Médée (à Jason). Apprête, Ô Jason, ces suprêmes honneurs du bûcher pour tes propres enfants et élève leur tertre funéraire : ton épouse et ton beau-père ont déjà reçue les obsèques dues aux défunts, c’est moi qui leur ai rendu les devoirs de la sépulture ; le fils que voici a déjà subi le trépas auquel il était voué ; quant à l’autre, c’est sous tes yeux que je vais de même le mettre à mort. Jason (à Médée). Par toutes les divinités, par notre fuite commune, par cet hymen qui ne fut pas rompu par mon infidélité, grâce pour mon fils. S’il y a un criminel, c’est moi ; tu peux me faire périr : j’y consens ; immole ma tête coupable. SENEQUE, Médée, Poche, Editions Flammarion, 4 janvier 1999. Médée, Victor Mottez. 1865. Château Royal de Blois.

Hélène de Troie Zeus s'unit à Léda sous l'aspect d'un cygne et, la même nuit, s'unit aussi à elle son époux Tyndare. Léda eut Pollux et Hélène de Zeus ; et Castor et Clytemnestre de Tyndare. Certains, toutefois, prétendent qu'Hélène était la fille de Zeus et de Némésis. Un jour, Némésis, pour se soustraire aux violences de Zeus, se métamorphosa en oie ; Zeus se changea alors en cygne et s'unit à elle. Némésis pondit un oeuf ; un berger le trouva dans les buissons et le porta à Léda. Léda le conserva dans un coffre ; à terme, Hélène naquit et Léda l'éleva comme sa propre enfant. La jeune fille devint extraordinairement belle, si bien que Thésée l'enleva et la mena à Aphidna. Comme Thésée se trouvait aux Enfers, Castor et Pollux assiégèrent la ville et s'en rendirent maîtres ; ils prirent Hélène et emmenèrent comme captive la mère de Thésée, Éthra. Les rois de l'Hellade arrivèrent à Sparte pour demander Hélène en mariage. Voici les noms des prétendants : Ulysse, fils de Laërte ; Diomède, fils de Tydée ; Antiloque, fils de Nestor ; Agapénor, fils d'Ancée ; Sthénélos, fils de Capanée ; Amphimaque, fils de Ctéatos ; Thalpios, fils d'Eurytos ; Mégès, fils de Philée ; Amphilochos, fils d'Amphiaraos ; Ménesthée, fils de Pétéos ; Schédios et Épistrophos, fils d'Iphitos ; Polyxénos, fils d'Agasthénès ; Pénélée, fils d'Hippalcimos ; Léitos, fils d'Alector ; Ajax, fils d'Oïlée ; Ascalaphos et Ialménos, fils d'Arès ; Éléphénor, fils de Chalcodon ; Eumélos, fils d'Admète ; Polypoétès, fils de Pirithoos ; Léontée, fils de Coronos ; Podalirios et Machaon, fils d'Asclépios ; Philoctète, fils de Poeas ; Eurypyle, fils d'Évémon ; Protésilas, fils d'Iphiclos ; Ménélas, fils d'Atrée ; Ajax et Teucer, fils de Télamon ; Patrocle, fils de Ménoetios. Devant cette foule de prétendants, Tyndare craignit que, à choisir l'un d'eux, les autres ne se rebellent. Mais Ulysse lui promit, à condition qu'il l'aide à obtenir la main de Pénélope, de lui fournir le moyen de parer à toute émeute. Tyndare accepta, et Ulysse lui suggéra d'imposer à tous les prétendants de prêter un serment ; à savoir de prendre la défense de l'époux qui aurait été choisi, s'il subissait d'un autre quelque injustice à cause de son mariage. Ainsi Tyndare fit-il jurer les prétendants ; il choisit Ménélas comme mari d'Hélène et la main de Pénélope pour Ulysse. Apollodore, Bibliothèque III, 10, 7–III, 11, 1. Les amours d’Hélène et Paris, David. 1788. Louvre.

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Femmes fatales bibliques Eve L'Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l'homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme. Et l'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais, pour l'homme, il ne trouva point d'aide semblable à lui. Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme. Et l'homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! on l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de l'homme. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. L'homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte. Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l'Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? La femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence ; elle prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea. The fall of man, Paul Ruben. 1628. Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures. Alors ils entendirent la voix de l'Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l'homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l'Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l'Éternel Dieu appela l'homme, et lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Et l'Éternel Dieu dit : Qui t'a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger ? L'homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m'a donné de l'arbre, et j'en ai mangé. Et l'Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpent m'a séduite, et j'en ai mangé. L'Éternel Dieu dit au serpent : Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Genèse 2:7-4:2,4:25

Salomé « Car Hérode lui-même avait fait arrêter Jean, et l’avait fait lier en prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu’il l’avait épousée, et que Jean lui disait : « Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère. » Hérodias était irritée contre Jean, et voulait le faire mourir. [...] Un jour propice arriva, lorsque Hérode, à l’anniversaire de sa naissance, donna un festin à ses grands, aux chefs militaires et aux principaux de la Galilée. La fille d’Hérodias [traduction alternative : « Sa fille Hérodiade »11] entra dans la salle ; elle dansa, et plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille [« la fillette »] : « Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai. » Il ajouta avec serment : « Ce que tu me demanderas, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume. » Salomé recevant la tête de Saint Jean Baptiste, Bernardino Luini. 1520. Musée du Louvres.

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Étant sortie, elle dit à sa mère : « Que demanderai-je ? » Et sa mère répondit : « La tête de Jean-Baptiste. » Elle s’empressa de rentrer aussitôt vers le roi, et lui fit cette demande : « Je veux que tu me donnes à l’instant, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste. » Le roi [...] envoya sur-le- champ un garde, avec ordre d’apporter la tête de Jean-Baptiste. Le garde alla décapiter Jean dans la prison, et apporta la tête sur un plat. Il la donna à la jeune fille [« la fillette »], et la jeune fille [« la fillette »] la donna à sa mère. » L'Évangile selon Marc (vers 68-739), 6:17-28 La femme fatale dans la littérature française Nana Un murmure grandit comme un soupir qui se gonflait. Quelques mains battirent, toutes les jumelles étaient fixées sur Vénus. Peu à peu, Nana avait pris possession du public, et maintenant chaque homme la subissait. Le rut qui montait d'elle, ainsi que d'une bête en folie, s'était épandu toujours davantage, emplissant la salle. À cette heure, ses moindres mouvements soufflaient le désir, elle retournait la chair d'un geste de son petit doigt. Des dos s'arrondissaient, vibrant comme si des archets invisibles se fussent promenés sur les muscles, des nuques montraient des poils follets qui s'envolaient, sous des haleines tièdes et errantes, venues on ne savait de quelle bouche de femme. Fauchery voyait devant lui l'échappé du collège que la passion soulevait de son fauteuil. Il eut la curiosité de regarder le comte de Vandeuvres, très pâle, les lèvres pincées, le gros Steiner, dont la face apoplectique crevait, Labordette lorgnant d'un air étonné de maquignon qui admire une jument parfaite, Daguenet dont les oreilles saignaient et il remuaient de jouissance. Puis, un instinct lui fit jeter un coup d'oeil en arrière, et il resta étonné de ce qu'il aperçut dans la loge des Muffat : derrière la comtesse, blanche et sérieuse, le comte se haussait, béant, la face marbrée de taches rouges; tandis que, près de lui, dans l'ombre, les yeux troubles du marquis de Chouard étaient devenus deux yeux de chat, phosphorescents, pailletés d'or. Et l'on tirait enfin l'Amour de son cachot, où il avait fait des cocottes, au lieu de conjuguer le verbe aimer. La toile tomba sur une apothéose, le choeur des cocus agenouillé, chantant un hymne de reconnaissance à Vénus, souriante et grandie dans sa souveraine nudité. Les spectateurs, déjà debout, gagnaient les portes. On nomma les auteurs, et il y eut deux rappels, au milieu d'un tonnerre de bravos. Le cri : Nana, Edouard Manet. 1877. Kunsthalle, Hamburg " Nana ! Nana ! " avait roulé furieusement. Puis, la salle n'était pas encore vide qu'elle devint noire; la rampe s'éteignit, le lustre baissa, de longues housses de toile grise glissèrent des avant-scènes, enveloppèrent les dorures des galeries; et cette salle, si chaude, si bruyante, tomba d'un coup à un lourd sommeil, pendant qu'une odeur de moisi et de poussière montait. Au bord de sa loge, attendant que la foule se fût écoulée, la comtesse Muffat, toute droite, emmitouflée de fourrures, regardait l'ombre. [...] ZOLA Emile, Nana, Gallimard, Folio Classique, 2002.

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Les peintres et la femme fatale

Salomé tatouée, Gustave Moreau, 1871. Musée Gustave Moreau

Madonna, Edvard Munch, 1894.

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Misia, Pierre Bonnard, 1908. Thyssen-Bornemisza Collection, Madrid

Le Péché, Franz Von Stuck, 1893.

30 DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT Der Weibsteufel / Le Diable fait femme ●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●●● ●●●●●●●●● ●●●●●●●● ●● Bibliographie

Bibliographie

Autour du spectacle SCHÖNHERR Karl, Der Weibsteufel. Ulan Press 2012.

Autour du théâtre autrichien BERNHARD Thomas, Sur la Terre comme en Enfer. Editions de la Différence, 2012. SCHNITZLER Arthur, La Ronde. Stock, 2002. SCHNITZLER Arthur, Le Chemin solitaire. Actes-Sud, 1992. Sitographie

Extraits vidéo Der Weibsteufel http://www.youtube.com/watch?v=w0gLCHnSfEk http://www.youtube.com/watch?v=77wSZYgauKY http://www.youtube.com/watch?v=oDU3xbT8OKA&feature=youtu.be

Reportage sur Martin Kušej http://www.youtube.com/watch?v=wIJFYv8h8kM

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