T OURMONT (39)

Extrait du Dictionnaire GEOGRAPHIQUE, HISTORIQUE et STATISTIQUE Des communes de la Franche-Comté De A. ROUSSET Tome VI (1854)

Situation : en plaine, autour d’une colline arrondie. Arrondissement, canton, perception et bureau de poste de Poligny (à 5 km) et 35 km de Lons-le-Saunier. Altitude 260 m Sur la route impériale N°5 qui conduit de Paris à Genève. Chemins vicinaux de Beauregard tirant à , de Côte tirant à , des Soupois tirant au moulin de Villerserine et chemin du moulin de Reccin. Traversé par le rivière de Glantine, le bief salé, le bief des Vernes, le bief Boichat et la rivière d’Orain.

Communes limitrophes : Au Nord, et Grozon ; au Sud, Villerserine et Poligny; à l’Est, Poligny et Grozon ; à l’Ouest, Villerserine, et Montholier. La Tuilerie, la Crapaudine, la Grange du Puits, la Grange Neuve, Chazaux, les Granges de Paqueresses, de la Saunerie, de Montafroid, les Soupois, le Moulin, la Bédugue, le Gros-Reccin et l’Essart font partie de la commune. Les maisons sont groupée, construites en pierres et couvertes la plupart en tuiles.

Population :

En 1790 : 601 hts ; en 1846 : 632 hts ; en 1851 : 632 hts, dont 342 hommes et 290 femmes. Population spécifique au km², 64 hts, population agglomérée : 359 hts. 116 maisons abritent 149 ménages. Les jeunes gens émigrent pour être domestiques dans les villes.

Etat-Civil : Les registres les plus anciens datent de 1675. Vocable : Saint Pierre. A la mairie depuis 1793 sauf les tables décennales déposées aux archives départementales où a reçu les cotes 5 E 332/1-9 3 E 1002-1003 3 E 7197-7210 3 E 3911-3912 3 E 7802 et 3 E 8740 Tables décennales : 3 E 1304 à 1313. Microfilmé sous les cotes 5 Mi 1099 5 Mi 1100 5 Mi 1102 5 Mi 17-18 5 Mi 1184

Cadastre : exécuté en 1834 porte sur 974 Ha divisés en 2227 parcelles réparties à 286 propriétaires. 455 ha de terres labourables, 270 ha de pâtures, 161 ha de bois, 40 ha de vignes. Le sol en grande partie très fertile produit du blé, de l’orge, de l’avoine, du maïs, des légumes secs, de la navette, des pommes de terre, des betteraves, du chanvre, des fruits, des vins rouges et blancs de qualité ordinaire, du foin, des fourrages artificiels, une graine connue sous le nom d’espiotte, dont la culture est très répandue en Pologne. On exporte les 2/5° des céréales. L’élevage porte sur les bêtes à cornes, les porcs, les moutons et les volailles. 100 ruches.

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Carrières de pierre ordinaire à bâtir et de taille, de couleur blanche, exploitées. Il y a une fruitière produisant annuellement 13.000 kg de fromage façon Gruyère, un moulin à farine avec battoir à blé, un charron, un fabricant de seaux et un cafetier.

Vers l’an 1447, une source abondante d’eau salée parut tout à coup dans un pré des granges de Beauregard. Les populations voisines y accoururent en foule pour y puiser de l’eau. On établit bientôt des salines qui furent appelées la Saunerie de Tourmont, d’où est venu le nom de Grange de la Saunerie, donné à une ferme bâtie au voisinage. En 1514 les habitants de Morges, au Pays de Vaud, exploitaient cette saline. En 1516 la princesse d’Orange déclara que les sels de Tourmont n’auraient plus cours dans les limites des salines de Salins. Dès ce moment, on cessa d’entretenir ces salines. Le puits de Tourmont et ses dépendances furent donnés en 1540, à un bourgeois de Poligny. Les fermiers de la Grange de la Saunerie continuèrent d’en faire usage pour eux et leur bétail.

Biens communaux : Une église dédiée à Saint Pierre, apôtre, dont on célèbre la fête le 29 juin ; un cimetière ; un presbytère ; une maison commune renfermant les logements de l’instituteur, de l’institutrice et les salles d’étude fréquentées en hiver par 50 garçons et 45 filles ; une fontaine ; un oratoire dédié à la Vierge au hameau des Soupois et 136 ha de pâtures, terres et bois.

NOTICE HISTORIQUE

Au pied des monts de Poligny, placés sur le tertre que couronne l’église de Tourmont, nous pouvons admirer les splendides paysages qui nous environnent. Il y a quinze cents ans, nous aurions pu voir, dans leur magnifique villa des Chambrettes, une riche famille patricienne se rendant au bain, se promenant sous les portiques de son palais ou dans ses viviers, ses jardins et ses vergers de Villers-Pomard. Il n’en reste que des mosaïques enfouies sous terre et quelques fragments de marbres étrangers. De la base de la vigie qui donna son nom à Tourmont, Turris Mons, et sur les fondements de laquelle s’éleva l’église Saint-Pierre, nous voyons les itinéraires appelés Les Pérouses, qui reliaient Poligny à Saint-Jean-de-Losne et Dijon par Tourmont, à Dole par Mont-sous-, ou de Lons-le-Saunier à Besançon par , et Tourmont qu’on appelle encore le chemin de la Poste. Ces routes ont connu la marche des armées romaines, les convois de chariots qui allaient charger le sel aux salines de Grozon, et la foule de marchands se rendant de ville en ville pour échanger ou vendre les marchandises qu’ils transportaient à dos de mulets. La chute de Rome a entraîné celle de tous ces établissements florissants ; Tourmont n’a conservé que des débris: les ruines du monument de Chambrettes, les habitations qui recouvraient le territoire des Chazaux (Casaelis) et des édifices qui étaient aux Viviers et à Villers-Pomard. Au nombre des dénominations topographiques du territoire de Tourmont, le Pas de Saint-Martin indique la place d’un monument celtique , Beauregard, d’un temple païen et la Fontaine de Saint-Savin d’une source sacrée. L’érection de l’église Saint-Pierre est très ancienne : Alton, lévite, la donna, en 969, à Ermentrude, veuve d’Albéric II, comte de Mâcon et de Bourgogne, avec les biens qui en dépendaient. Otton-Guillaume, devenu l’époux d’Ermentrude, disposa de cette église et de ses domaines pour la dotation de l’abbaye de Vaux-sur-Poligny. Les descendants d’Otton-Guillaume ratifièrent ce don, qui fut confirmé par Calixte en 1120.

Seigneurie : Tourmont, les Chazaux et une partie de Soupois dépendaient en toute justice de la prévôté de Poligny. Louis XIV les démembra de cette prévôté pour en faire une seigneurie particulière qu’il engagea à perpétuité, en 1704, à Théophile Doroz de Poligny, procureur général au parlement de Besançon, mort le 14 novembre 1729. Son fils fut le dernier seigneur de Tourmont et des Chazaux.

Baronie de Reccin : au sud de Tourmont, un château, un moulin et plusieurs maisons de fermiers formaient un domaine ayant le titre de baronie. Ses possesseurs ne reconnurent jamais aucun suzerain. Ils exerçaient toute justice sur leurs sujets et ne payaient aucune dîme. Cette baronnie appartint successivement aux familles de la Gravière, de Fallerans et de Poupet. Anne de Poupet la donna à Jean de

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Bauffremont, seigneur de Clairvaux, son époux. Les descendants de ce prince l’ont possédée jusqu’au commencement du 19° siècle. Il ne reste du château qu’une tour circulaire .

Fief des Soupois : le hameau de Soupois, nommé aussi la Châtelaine, est situé près du village de Brainans et dépendait de la seigneurie de Villerserine et de celle de Tourmont. Ce village, où était un château, donna son nom à une famille noble. Belisma, fille de Ponce de la Châtelaine, assista, en 1189, avec Ponce, fils de Constantin de Villerserine, et Bernard d’Eschenouth, de Poligny, à un traité entre Humbert, chevalier, fils de Lambert, vicomte de , et les religieux de Rosières.

Fief de Beauregard : une branche de la maison de Poligny reçut à titre de fief, des souverains de Bourgogne, la mairie et la sergenterie de Tourmont et prit le nom de ce village : N. de Tourmont, chevalier, vivait en 1293. Le fief de Beauregard a été possédé par les familles de Willafans, du Vernois, Battefort et Mouchet de Laubespin. Une branche de la maison de Tourmont prit le nom de Beauregard.

Fief de Villers-Pomard : Villers-Pomard, au nord-ouest de Tourmont, était un petit village que la famille de Reculot tint en fief pendant plusieurs siècles. Il ne se compose plus que d’une ferme qui appartient actuellement à M. Darcine, de Poligny.

Evènements divers : les habitants de Tourmont connurent de nombreux désastres. Leur village, aux portes de Poligny et traversé par deux grands chemins, était envahi de troupes chaque fois que la guerre éclatait entre la et le comté de Bourgogne. Les pillages et les incendies étaient la conséquence de ces invasions. Les malheureux épargnés par le fer de l’ennemi étaient enlevés par les maladies si fréquentes ou par la famine. De 1637 à 1647, Tourmont resta sans habitants et son église sans pasteur. Quelques savoyards attirés par M. de Laubespin vinrent s’établir dans les masures abandonnées et traitèrent avec un dominicain du couvent de Poligny pour faire les fonctions curiales.

Bibliographie : Histoire de Poligny, par Chevalier.

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