RAPPORT SUR LA MISSION DE CONTACT ET D’INFORMATION

DE L’ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE DE LA FRANCOPHONIE AU

Cotonou du 2 au 4 février 2020

14 avril 2020

Sommaire

Introduction générale ...... 3

I- Le contexte politique général...... 4

I-a) Rappel historique jusqu’en 2016 ...... 4 I-b) De 2016 au scrutin électoral d’avril 2019 ...... 5 I-c) Les contestations liées aux législatives de 2019 ...... 6 I-d) De la mise sous alerte de l’APF aux mesures de dialogue et d’amélioration législative de la fin 2019 ...... 7 I-e) La situation à l’arrivée de la Mission ...... 8

II. Le cadre de la Mission : une approche d’écoute et d’accompagnement incluant atoutes les parties prenantes ...... 9

II-a) Une démarche d’écoute et d’accompagnement...... 9 II-b) Une approche incluant toutes les parties prenantes ...... 9

III. Les informations recueillies dans les principaux domaines concernés ...... 11

III-a) Une approche thématique ...... 11 III-b) Des échanges francs et contradictoires ayant permis des clarifications .... 13

IV. Diagnostic de la Mission ...... 16

IV-a) Des avancées tangibles ...... 16 IV-b) Des efforts à soutenir : recommandations de la Mission ...... 17

Conclusion ...... 19

ANNEXES...... 20

ANNEXE I : programme de la Mission ...... 20 ANNEXE 2 : questions principales posées aux interlocuteurs ...... 22 ANNEXE 3 : personnalités rencontrées...... 23 ANNEXE 4 : composition de la délégation de l’APF ...... 28 ANNEXE 5 : communiqué de presse de l’APF ...... 29

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Introduction générale

L’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) a entrepris de mener du 2 au 4 février 2020, auprès de sa section nationale du Bénin, une Mission de contact et d’information , suite au constat né des dernières élections législatives qui se sont déroulées sans la participation de l’opposition politique.

Cette situation inédite a provoqué une crise qui a conduit à la mise sous alerte du parlement béninois en juillet 2019, lors de la 45 ème session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie qui s’est tenue à Abidjan (Côte d’Ivoire). Cette Mission avait pour objet de venir à Cotonou et à Porto Novo pour rencontrer toutes les parties prenantes, comprendre les enjeux et se faire une opinion fondée sur les causes réelles de la crise politique mais également sur les actions et les initiatives prises depuis lors dans le cadre du dialogue entre les acteurs politiques béninois. Elle a été acceptée, et même souhaité par les autorités politiques béninoises.

Initialement, plusieurs critères ont été établis par le Président de la Commission politique, approuvés par le Secrétaire général Parlementaire de l’APF et validés par le Président de l’APF, en vue du choix des membres de la délégation. Ils ont ainsi souhaité que la délégation :

• soit formée principalement de membres du Bureau, assurant ainsi une mission de haut niveau ; • soit paritaire, c’est à dire composée d’un nombre à peu équivalent de femmes et d’hommes. Cette configuration a vocation a devenir la norme pour les missions de contact et d’information de l’APF ; • soit constituée majoritairement d’Africain(e) s en raison du mandat de la délégation, soit l’examen de la situation politique d’un pays africain francophone dont le parlement est membre de l’APF.

Suivant ces critères, plusieurs personnalités ont été proposées. Elles ont accepté l’invitation du Président de l’APF de se joindre à la délégation de l’APF. Toutefois, Mme Jeanine Mabunda, Présidente de l’Assemblée nationale de la RDC et Mme Maryse Gaudreault, Présidente du Réseau des femmes parlementaires de l’APF, Vice-présidente de l’Assemblée nationale du Québec, initialement prévues dans la délégation de l’APF, n’ont pu faire le déplacement de Cotonou du fait de contraintes d’agenda. La délégation de la Mission de l’APF a finalement été ainsi constituée : 1. Chef de délégation : M. Amadou Soumahoro, Président de l’APF, Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire ; 2. M. Jacques Krabal, Secrétaire général parlementaire de l’APF, Député (France) ; 3. Mme Angélique Ngoma, Présidente de la Commission de la coopération et du développement de l’APF, Députée (Gabon) ; 4. M. Bruno Fuchs, Président délégué de la section française de l’APF, Député (France) ; 5. M. Jean-Charles Luperto, Chargé de mission Europe de l’APF, Député (Fédération Wallonie- Bruxelles) ; 6. M. Emmanuel Maury, Secrétaire général administratif de l’APF ; 7. M. Bachir Dieye, Conseiller (Secrétariat général de l’APF) ; 8. Mme Mireille Eza, Conseillère (Secrétariat général de l’APF).

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Le Président a souhaité être accompagné en outre par deux députés de la section ivoirienne ainsi que le Conseiller spécial du Président de l’Assemblée nationale du Sénégal et Vice-président de l’APF.

I- Le contexte politique général

I-a) Rappel historique jusqu’en 2016

Proclamé République le 4 décembre 1958, le Bénin a accédé à la souveraineté internationale le 1 er août 1960, sous le nom de Dahomey. Le pays est connu pour « l’exemplarité » de son processus démocratique entamé en février 1990, suite à la Conférence nationale des forces vives. Depuis lors, plusieurs élections présidentielles, législatives et locales ont sanctionné la dévolution du pouvoir politique. En quinze ans, le libéralisme politique a généré trois alternances au sommet de l’État.

Il a connu deux vagues de démocratisation, couronnées d’élections dont sont issus les gouvernants. La première remonte à l’aube de l’indépendance avec les élections générales de décembre 1960. Cette période reste marquée par l’inachèvement du mandat du Président de la République, balayé par un coup d’État militaire en 1963. En outre, la vie politique souffrait du monolithisme, car très rapidement le nouveau président a inspiré la fusion des partis politiques en un seul officiel : le Parti Dahoméen de l’Unité (PDU). La deuxième vague de démocratisation est en cours depuis février 1990. Sa spécificité est qu’elle s’inscrit dans la durée et permet une stabilité des institutions démocratiques.

Plus globalement, l’histoire politique contemporaine du pays peut être séquencée en trois temps majeurs : le temps de l’instabilité politique, le temps militaro-marxiste, et le temps du Renouveau démocratique.

Le temps du Renouveau démocratique , consacré par la grand-messe des forces vives de la Nation, est toujours en cours : du 19 au 28 février 1990, la Conférence nationale a réuni plus d’un demi-millier de délégués des différentes composantes du pays à l’hôtel PLM Alédjo sous la présidence de Monseigneur Isidore de Souza.

Deux principales décisions en sont issues. La première instaura le libéralisme économique et politique, la démocratie et l’État de droit. La deuxième nomma un Premier ministre pour seconder le général Mathieu Kérékou maintenu à la présidence, mais vidé de l’essentiel de ses prérogatives. Un vent de renouveau démocratique enveloppa le Bénin.

Le 11 décembre 1990, une nouvelle loi fondamentale, celle de la Ve République, fut promulguée après son adoption par voie référendaire. Elle reflète bien les décisions de la Conférence nationale. Elle a pour trame la démocratie et l’État de droit. Et opte pour un régime républicain présidentiel avec séparation des trois pouvoirs : l’exécutif, le législatif, et le judiciaire.

Trois mois plus tard, les élections législatives et présidentielles sanctionnent la fin de la période de transition. La nouvelle Assemblée nationale, monocamérale, est élue pour quatre ans. Elle est présidée par Maître Adrien Houngbédji, avocat et ancien exilé politique.

Au deuxième tour de l’élection présidentielle, M. Nicéphore Soglo triomphe de M. Mathieu Kérékou. Mais en 1996, il dut céder son fauteuil à M. Mathieu Kérékou au terme d’une nouvelle élection présidentielle. Cinq ans plus tard, les Béninois accordent à nouveau leur confiance au général Mathieu Kérékou.

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En 2006, en l’absence de M. Mathieu Kérékou et de M. Nicéphore Soglo, le jeu politique devient plus ouvert. Le premier tour électoral s’est tenu le 5 mars 2006. Vingt-six candidats briguaient la magistrature suprême : des habitués et de nouveaux venus. Parmi eux, M. Adrien Houngbédji et M. Bruno Amoussou, tous deux anciens ministres de M. Kérékou et anciens présidents de l’Assemblée nationale. Contre toute attente, c’est M. Boni Yayi, dépeint par ses adversaires comme l’émanation d’ « une génération spontanée en politique », qui ravit la vedette à ces derniers. Il emporta la décision finale avec plus de 75 % des suffrages exprimés. L’année suivante, ses partisans réunis au sein des Forces Cauris pour un Bénin Emergeant (FCBE) gagnèrent les législatives. Dans la foulée, le président de l’Assemblée nationale élu, M. Mathurin Nago, est issu de ce mouvement.

Deux principaux acteurs émergent alors au sein de la classe politique béninoise : le président de la République, M. Boni Yayi, et son challenger du second tour, M. Adrien Houngbédji, qui fait office de « « principal opposant » au pouvoir.

En 2011, M. Boni Yayi est réélu pour un nouveau mandat de cinq ans à la Présidence de la République, et ce, dès le premier tour de l’élection.

En mars 2016, le peuple béninois porte son choix sur le président à l’issue du 2 ème tour de la présidentielle. Le 6 avril 2016, celui-ci prête serment et prend les rênes du pouvoir.

I-b) De 2016 au scrutin électoral d’avril 2019

Le scrutin de mars 2016 a été très ouvert, avec un nombre record de candidats (36). La campagne a été marquée par la candidature de plusieurs hommes d’affaires de premier plan (Patrice Talon, Sébastien Ajavon et Lionel Zinsou). L’élection s’est déroulée dans un climat paisible avec un fort taux de participation (66 % des inscrits au second tour), les nombreux observateurs n’ont relevé aucun incident majeur. En dépit de leur inimitié passée, le président sortant et son successeur se sont transmis le pouvoir sans encombre.

Le 16 décembre 2016, le président Talon a présenté le Programme d’actions du gouvernement (PAG), qui s’articule autour de 45 projets phares pour un montant de 9 030 Mds FCFA, soit 13,8 Mds €. L’objectif de ce plan est de créer 500 000 emplois en cinq ans.

Lors des élections législatives du 28 avril 2019, suite à la révision et la mise en œuvre controversées du code électoral et de la charte des partis politiques, seules les listes proposées par les deux partis issus des blocs de la majorité présidentielle ont été validées pour participer au scrutin. L’opposition a appelé à ne pas y prendre part et à manifester contre le gouvernement du président Talon. Ces élections ont été marquées par un faible taux de participation, de 27 % selon la Cour constitutionnelle, et des violences ayant provoqué des morts. La France a regretté, le 3 mai 2019, que le débat politique national n’ait pas pu aboutir à l’organisation d’un scrutin inclusif et compétitif. Elle a déploré les violences et appelé les acteurs politiques à la retenue et à mettre en œuvre un dialogue apaisé et constructif.

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I-c) Les contestations liées aux législatives de 2019

La situation politique béninoise s’est détériorée à l’issue des élections législatives émaillées de violences inédites et dans un contexte de grave insécurité régionale sous l’emprise des groupes terroristes. Dans un communiqué de presse publié le 22 mai, l’APF a exprimé son inquiétude face à un risque de recul démocratique et a appelé au respect du pluralisme politique ainsi que de l’Etat de droit.

En application des lois récemment révisées, aucun parti de l’opposition n’a pu participer au dernier scrutin, la Commission électorale nationale (CENA) ayant estimé que seuls deux partis, proches du pouvoir présidentiel, remplissaient les conditions requises par le nouveau code électoral pour candidater. Les deux listes validées par la Cour constitutionnelle sont l’Union progressiste et le Bloc républicain. Ainsi, cinq partis de l’opposition ont été rejetés pour insuffisance de pièces obligatoires ou doublons. Les partis disposaient de six mois, jusqu’au 17 mars 2019, pour se conformer aux nouvelles dispositions législatives. Au-delà de ce délai, les partis n’ayant pas rempli toutes les conditions fixées par la loi, perdaient leur existence juridique. Le 11 mars, à Cotonou, des milliers de personnes se sont mobilisées lors d’une marche de protestation pacifique organisée par l’opposition. Depuis 2016, alors que le pays bénéficie d’un des paysages médiatiques parmi les plus pluralistes de la région, le Bénin a subi un recul de sa liberté de presse. En outre, les rassemblements syndicaux et les manifestations de l’opposition ont été interdits. La vague d’arrestations et de détentions a également pris de l’ampleur.

Afin de favoriser la participation des partis de l’opposition aux élections législatives, le Président Talon a demandé à l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbedji, d’ouvrir des concertations avec l’ensemble des acteurs politiques. Aucune des propositions de sortie de crise politique soumises à un débat en session parlementaire extraordinaire n’a abouti à une solution consensuelle. Le pouvoir et l’opposition se sont accusés mutuellement d’être responsable du blocage. Le scrutin s’est donc tenu en l’absence de l’opposition, une première pour ce pays considéré comme un exemple démocratique en Afrique de l’Ouest.

Les élections législatives se sont déroulées le 28 avril 2019 pour renouveler les 83 sièges de la 8ème législature. Le 2 mai, la Cour constitutionnelle a établi un taux de participation s’élevant à 27,12%, qui témoigne d’une abstention record. Les résultats ont confirmé la victoire de l’Union progressiste, arrivant en tête avec 47 sièges, devant le Bloc républicain, avec 36 sièges. Les résultats ont été suivis, les 1er et 2 mai, par une flambée de violences qui ont secoué tout le pays : des manifestations, des actes de vandalisme et la répression policière et militaire, notamment dans le quartier de Cadjehoun, à proximité de la résidence de l’ancien Président Boni Yayi, dont les rumeurs de son arrestation avaient déclenché des soulèvements occasionnant d’importants dégâts matériels. L’opposition estime le bilan des pertes à 7 décès. Le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique a ensuite annoncé l’ouverture d’une enquête et des sanctions.

Les députés ont été investis le 16 mai 2019. M. Louis Vlavonou a été élu à la tête du Parlement béninois à l’issue d’un vote des députés avec 78 voix pour et 1 contre. Son élection marque la fin de la règle tacite qui voulait que le Président de l’Assemblée nationale ne soit pas originaire de la même région que le Chef de l’Etat.

En vue de décrisper la situation politique, le Président de la République s’est adressé à la nation le 20 mai. Rappelant la tension née de l’application des textes ayant régi les élections et la vie politique, ainsi que les violences qui ont causé des pertes humaines, il a invité l’ensemble des acteurs politiques à des concertations franches, directes et constructives.

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Le 29 mai, la justice béninoise a renvoyé en détention 64 personnes, précédemment arrêtées à la suite des manifestations d’opposants qui ont éclaté après les élections législatives controversées. Selon le procureur de première instance de Cotonou, « les manifestations et les actes de violences des 1 er et 2 mai n’avaient rien de spontanés mais étaient plutôt une action concertée, planifiée et bien coordonnée ».

Le 21 juin, après deux mois de crise politique et de siège des forces de police autour de son domicile, l’ancien président Boni Yayi a pu quitter le pays poursuivre des soins à l’extérieur.

Le vendredi 2 aout, l’ancien Premier ministre béninois M. Lionel Zinsou a été condamné à cinq ans d’inéligibilité et six mois d’emprisonnement avec sursis. Il est accusé d’avoir masqué ses dépassements de compte de la campagne électorale de 2016 en utilisant de fausses attestations ou un certificat falsifié.

Quatre mois après les élections législatives, le Président Talon a procédé, le jeudi 5 septembre, à un léger remaniement du gouvernement.

Le 12 septembre, le principal parti d’opposition, Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE) de l’ancien président Boni Yayi, a enfin pu obtenir son récépissé provisoire. Aucun parti d’opposition n’avait obtenu ce récépissé, appelé à l’époque « certificat de conformité », pour participer aux législatives du 2 avril dernier. Mais le récépissé, daté du 12 septembre et signé par le ministre de l’intérieur, a été obtenu à des conditions qui divisent et secouent sérieusement le parti.

I-d) De la mise sous alerte de l’APF aux mesures de dialogue et d’amélioration législative de la fin 2019

Le Bureau de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) s’est réuni le 5 juillet à Abidjan dans le cadre de sa 45 ème Session. Cette réunion a été l’occasion pour les membres du Bureau d’examiner la situation politique au Bénin. Ils ont exprimé leur vive préoccupation face au risque de recul démocratique dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest. Ils ont constaté que la situation politique au Bénin s’est détériorée au cours des derniers mois, en amont et à l’issue des élections législatives, dont le taux de participation, s’élevant à 27%, a illustré une abstention record du côté des électeurs. Sur la recommandation du Président de la Commission politique de l’APF et de la Région Afrique, le Bureau a donc approuvé le déclenchement de la mise sous alerte de la section béninoise.

Conformément au mécanisme de vigilance démocratique de l’APF, la mise sous alerte n’entraîne aucune sanction et vise plutôt à souligner les préoccupations des parlementaires face à une situation politique pouvant porter atteinte aux valeurs de la Francophonie et aux principes fondamentaux prescrits par la Déclaration de Bamako. L’APF a réitéré toute sa disponibilité à accompagner au besoin, et en concertation avec elle, la section béninoise.

Un dialogue politique, convoqué par le Président Patrice Talon, s’est ensuite tenu du 10 au 12 octobre en présence de 96 délégués, représentant huit partis politiques, dont l’existence est reconnue par le ministère de l’intérieur. Les travaux en commission ont porté sur deux sujets principaux : la loi électorale et la Charte des partis politiques. Les participants ont formulé 18 recommandations portant notamment : sur l’organisation des élections générales anticipées en 2020 ou 2021, précédées de la mise à jour de la

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Charte des partis politiques et du code électoral ; la libération de certains prisonniers impliqués dans la crise électorale ; l’abandon des poursuites contre certaines personnalités ; ou encore l’adoption de mesures en faveur du financement public des partis politiques et du statut de l’opposition.

Par ailleurs, les principaux partis politiques de l’opposition qui n’ont pu se conformer aux nouvelles dispositions de la Charte les régissant, ont récusé cette initiative et organisé les « Premières Assises Nationales de l’Opposition politique ».

La mise en œuvre des recommandations du dialogue politique s’est concrétisée, le 1 er novembre, par l’adoption à l’unanimité des 83 députés de l’Assemblée nationale, de la loi portant révision de la Constitution ; une quarantaine d’articles ont été modifiés. Les principaux changements sont : la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels et à trois du nombre de mandats des députés ; la création du poste de Vice-président (élu en duo avec le Président de la République) ; la création de la Cour des comptes et l’instauration d’un principe de discrimination positive au profit des femmes lors des élections. Le Président Talon a promulgué le 7 novembre la nouvelle Constitution.

Puis les députés béninois ont adopté, le 14 novembre et à l’unanimité, la loi révisant le code électoral. Au-delà de la réforme de la Commission électorale nationale autonome (CENA), prévue en 2021, le nouveau code prévoit la réduction de 250 millions à 50 millions de FCFA la caution à payer par les candidats à l’élection présidentielle, l’obligation pour les candidats à la présidence et à la vice-présidence de la République de recueillir 10 % de signatures des élus communaux et parlementaires, ainsi que l’augmentation du nombre de sièges des députés de 83 à 109. Afin d’encourager la participation des femmes à la vie politique, 24 sièges leur seront réservés aux élections législatives.

I-e) La situation à l’arrivée de la Mission

Parallèlement à la révision constitutionnelle, le gouvernement béninois à fait adopter en novembre 2019 par l’Assemblée nationale une série de lois assouplissant certaines règles décriées mais surtout confortant la réforme du système partisan voulu par le Président Talon. Le nouveau code électoral définit notamment le nouveau mécanisme de parrainage des candidats à l’élection présidentielle, qui devra se faire par pas moins de 16 députés ou maires, ce que l’opposition qualifie d’ « instrument exclusion ». L’organisation des élections municipales et communales en 2020 mettra à l’épreuve ces nouveaux textes, ainsi que les acteurs politiques.

L’opposition récuse ce nouveau code électoral au motif qu’il maintient les dispositions relatives à la délivrance des récépissés de reconnaissance des partis politiques et le quitus fiscal exigé à ceux qui présentent des candidatures aux élections. Elle s’oppose à la loi « d’amnistie des faits criminels », votée à l’unanimité par les députés le 31 octobre et promulguée le 7 novembre par le Président de la République, au bénéfice de 63 militants politiques, arrêtés lors des troubles liés aux législatives du 28 avril 2019.

Le 21 novembre, l’ancien président Boni Yayi, président du parti de l’opposition Forces Cauris pour Bénin Emergent (FBCE), après plusieurs mois d’exil, effectue une visite dans le pays avec une délégation de la CEDEAO dans le cadre d’assises relatives à la crise politique au Bénin. Lors de cette visite, une rencontre était prévue entre le Président Patrice Talon et lui. Finalement, cette rencontre n’a pas eu lieu.

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Par ailleurs, accusé d’ingérence dans les affaires de politique intérieures et d’activités « subversives », l’ambassadeur de l’Union européenne au Bénin a quitté le pays à la demande des autorités politiques béninoises.

En outre, l’insécurité régionale du fait des groupes terroristes qui sévissent près de la frontière avec le Burkina Faso met et en évidence la contagion du fléau djihadiste vers l’Afrique de l’Ouest.

D’autre part, le gouvernement nigérian a décidé de fermer sa frontière terrestre avec le Bénin, mettant fin aux importations venues de ce dernier, tels les produits de bases comme le riz. Ce blocage s’avère une véritable asphyxie pour les pays voisins, notamment le Bénin dont l’activité portuaire représente une importante source de revenu.

II. Le cadre de la Mission : une approche d’écoute et d’accompagnement incluant atoutes les parties prenantes

II-a) Une démarche d’écoute et d’accompagnement

Les 3 et 4 février 2019, le Président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), M. Amadou Soumahoro a conduit une délégation parlementaire au Benin afin de répondre à l’invitation du Président de l’Assemblée nationale du Bénin, M. Louis Vlavonou. Il était assisté du Secrétaire général parlementaire, M. Jacques Krabal.

Face au déclenchement de la mise sous alerte dont fait actuellement l’objet la section béninoise de l’APF, le Président de l’Assemblée nationale du Bénin a souhaité en effet qu’une mission de l’APF puisse venir rendre compte de la situation politique du pays. Cette mission était initialement prévue en décembre 2019, mais a dû être reportée en raison de contraintes d’agenda.

Les membres de la délégation de l’APF se sont clairement mis d’accord au préalable sur l’état d’esprit dans lequel ils aborderaient leur mission : une approche d’écoute, amicale, constructive, n’excluant personne, et cherchant davantage le consensus et l’accompagnement, plutôt que le jugement ou la sanction.

II-b) Une approche incluant toutes les parties prenantes

La Mission s’est en effet inscrite dans le cadre d’un objectif de diplomatie parlementaire et visait ainsi d’abord à assurer un dialogue avec les membres du Parlement béninois et, plus spécifiquement, avec le Président de l’Assemblée nationale et les membres du Bureau. Par conséquent, le programme de la délégation prévoyait dans un premier temps des périodes d’échanges avec les parlementaires béninois. Les membres de la délégation ont donc rencontré :

• M. Louis Vlavonou, Président de l’Assemblée nationale ainsi que les membres du Bureau de l’Assemblée nationale (cf : annexe 3).

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En outre, il est apparu essentiel à la délégation de l’APF de s’entretenir avec d’autres acteurs politiques béninois, des membres de l’opposition, ainsi que des représentants de la société civile et des corps diplomatiques francophones présents au Bénin. Les membres de la délégation ont eu des entretiens avec notamment :

• M. Patrice Talon, Président de la République ; • M. Bio Tchané, Président du Parti Bloc Républicain ministre du Plan et du Développement ; • M. Sévérin Maxime Quénum, ministre de la Justice ; • M. Ousmane Batoké, Président de la Cour Suprême ; • M. Adrien Houngbedji, Ancien Président de l’Assemblée nationale ; • M. Eric Houndété, Ancien premier vice-Président de l’Assemblée nationale.

La liste des nombreuses autres personnalités rencontrés, tels que les principaux chefs de l’opposition ou les représentants des médias, figure en annexe (cf. annexe 3).

A cet égard, les membres de la délégation avaient initialement souhaité rencontrer quelques autres acteurs de la vie politique béninoise, mais ces entretiens n’ont pas pu avoir lieu, notamment en raison des contraintes d’agenda de la délégation et de disponibilité des intervenants.

Les rencontres menées par la délégation lors de sa mission au Bénin ont eu lieu à Porto-Novo et à Cotonou. Les membres de la délégation ont eu de nombreux échanges avec les intervenants rencontrés et les ont interrogés plus spécifiquement sur les sujets préoccupant les parlementaires de l’APF, notamment la situation politique, le rôle de l’opposition parlementaire ainsi que la situation économique du pays. D’autres thèmes ont également été traités suivant les fonctions et les intérêts des interlocuteurs.

Le protocole et les services de sécurité du Parlement béninois ont assuré les déplacements de la délégation. Le programme et les entretiens ont été organisés en collaboration avec le Parlement béninois et avec l’ambassade de France au Bénin.

Par ailleurs, afin de pouvoir dresser un portrait plus complet de la situation politique du Bénin et de comprendre les motivations des opposants en exil, les membres de la délégation ont émis le vœu de rencontrer des représentants de l’opposition en exil, principalement regroupés à .

• M. Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin ; • M. Sébastien Adjavon, homme d’Affaires et Président de parti politique ; • M. Leyadi Soglo, ancien Maire adjoint de Cotonou.

Enfin, en préparation de sa mission sur place et afin de rédiger des notes d’information aux membres de la délégation, les personnes suivantes ont été rencontrées par le Secrétaire général parlementaire, le Secrétaire général administratif et les Conseillers du Secrétariat général de l’APF :

• S.E.M. Roger Glele, ambassadeur délégué permanent du Bénin auprès de l’OIF ; • M. Gael de Maisonneuve, délégué aux Affaires francophones, ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français ; • M. Jean Bertrand Mothes, Adjoint, sous-directeur DAOI/AFOC, ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français ;

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• M. Balthazar Lionnard, Rédacteur, sous-direction de DAOI/FOC. ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français.

III. Les informations recueillies dans les principaux domaines concernés

III-a) Une approche thématique

La démarche retenue par la Mission était de considérer toutes les parties prenantes à la crise avec la même objectivité et de les associer dans une approche à la fois inclusive et prospective. Un canevas de questions regroupées en 5 thèmes principaux, permettant de prendre en compte la diversité des opinions et des positions, a été conçu de façon collective par les membres de la délégation (cf. annexe 2).

Ces thèmes portaient sur :

1. Le statut de l’opposition actuelle et future dans le cadre de la législation sur les partis, avec des questions portant sur les droits accordés aux partis d’opposition et de la majorité aujourd’hui et les garanties qu’offrent les nouvelles lois pour renforcer ces droits ;

2. Le statut de l’opposition parlementaire, avec des questions sur la place actuelle de l’opposition parlementaire au Bénin et les mécanismes de protection des droits accordés à l’opposition et à la majorité par les nouvelles lois ;

3. La situation de l’Etat de droit et de la séparation des pouvoirs pendant et après la crise politique post-législatives de 2019 ;

4. L’état des lieux des droits de l’Homme et des libertés publiques au Bénin au regard des violations constatées et de la question de l’exercice des libertés publiques ;

5. La liberté d’expression et des médias, notamment les garanties accordées aux citoyens à cet égard, et les effets de la loi sur le numérique en la matière.

Ces cinq thèmes n’étaient pas exhaustifs. La Mission a également souhaité des compléments d’information sur des points particuliers, notamment le retrait de l’agrément du Chef de la Délégation de l’Union européenne en novembre 2019, ou encore la condamnation à 18 mois d’emprisonnement ferme d’un journaliste d’investigation.

De la même manière, il a été décidé que les questions pouvaient être librement posées par l’un ou l’autre des parlementaires composant la délégation, une fois que l’objet de la mission et les salutations d’usage ont été introduits par le Président de l’APF.

Il a également été retenu que la Présidente de la Commission de la coopération et du développement, seule femme parlementaire de la délégation, serait invitée à s’exprimer après les propos introductifs du Président Soumahoro.

Dans la pratique, les cinq parlementaires composant la délégation se sont tous exprimés à l’occasion de chaque entretien et ont pu exposer leurs préoccupations spécifiques et leurs points de vue respectifs.

Avec chaque interlocuteur ou groupe d’interlocuteurs, la Mission s’est attachée à expliquer la démarche qui était la sienne, à rappeler le rôle et les missions de l’APF et les raisons de sa présence à Cotonou au

11 titre de la diplomatie parlementaire et de la dynamique d’écoute et de proposition qui en découle. Elle a par ailleurs indiqué que la crise politique béninoise avait fait l’objet de débats lors de plusieurs réunions de ses instances, notamment la Commission politique, ce qui l’avait amenée à se prononcer en faveur de la mise sous alerte de la section béninoise.

Les audiences et les entretiens se sont déroulés sur deux jours comme l’indique le programme (cf. annexe 1) :

Le lundi 3 février au matin, à Porto-Novo, capitale politique et siège de l’Assemblée nationale, la Mission a rencontré successivement :

• Le Président de l’Assemblée nationale Louis Vlavonou et les membres du Bureau de l’Assemblée et ceux de la section béninoise de l’APF ; • Le ministre de la Justice Severin Maxime Quenum et son cabinet ; • Le Président de la Cour Suprême Ousmane Batoko et son cabinet.

-Puis l’après-midi à Cotonou, capitale économique :

• Les représentants de l’Agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC) ; • Le Président de la Commission béninoise pour les Droits de l’Homme ; • Le groupe des ambassadeurs francophones réunis pour l’occasion à la résidence de l’Ambassade de France.

-Le mardi 4 février au matin à Cotonou :

• Audience avec le Président de la République, M. Patrice Talon, en présence du ministre de la justice M. Séverin Maxime Quenum, et du ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence, M. Pascal Koupaki. -Puis dans l’après-midi, la délégation s’est scindée en deux groupes et dans deux salles pour recevoir à l’hôtel Novotel Orisha et auditionner simultanément les personnalités suivantes :

• Les représentants des organisations internationales et régionales : - pour l’Union européenne : Mme Véronique Janssen ; - pour le Système des Nations Unies : M. Siaka Coulibaly.

• Pour les partis politiques : - les responsables des partis du Bloc Républicain conduits par M. Abdoulaye Bio Tchané, ministre du Plan et du Développement ; - les responsables du parti de l’Union Progressiste conduits par le Vice-président M. Abraham Zinzindohoué, magistrat, ancien président de la Cour constitutionnelle ; - Me Adrien Houngbedji, ancien Président de l’Assemblée nationale et ancien Président de l’APF, Président du Parti du Renouveau Démocratique ; - M. Eric Houndete cadre du parti FCBE ancien Premier Vice-Président de l’Assemblée nationale.

• Pour les ONG et les associations professionnelles : - la plateforme électorale WANEP- Réseau-Ouest africain pour l’édification de la paix ; - l’ONG ALCRER (Association de lutte contre la corruption) ; - l’Union des professionnels des médias du Bénin (UPBM). Ces entretiens ont embrassé de façon large les acteurs politiques, la société civile, les institutions nationales et civiques, les observateurs et les partenaires du Bénin.

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Ils ont concerné, au-delà les partis politiques de la majorité et de l’opposition, les responsables des principales institutions nationales (Président de la République et de l’Assemblée nationale, ministre de la Justice, Président de la Cour suprême, ceux des institutions d’intégration régionale (CEDEAO), des principales ONG et associations professionnelles ainsi que les observateurs que sont les organisations internationales et diplomatiques (Union européenne) (UE), le Système des Nations Unies et le Groupe des Ambassadeurs Francophones (GAF). L’audience accordée par le Président de la République, M. Patrice Talon, a été particulièrement longue puisque, fait inédit elle a durée plus de deux heures. Elle a permis un moment d’échanges libres où la plupart des questions ont été abordées et donné lieu à des clarifications.

III-b) Des échanges francs et contradictoires ayant permis des clarifications

Tous les points abordés ont donné lieu à des débats ouverts et francs qui ont permis aux représentants de l’APF de rappeler les enjeux pour le Bénin d’un blocage politique et d’inviter à plus d’inclusion pour plus de démocratie. Les parlementaires ont notamment obtenu des précisions dans les différents domaines suivants.

1. Sur la crise politique à l’origine de la mise sous alerte de la section béninoise de l’APF.

La situation consécutive aux élections législatives non inclusives du 28 avril 2019, considérées comme une « grave atteinte à la démocratie » pour l’opposition, est à l’origine de la crise et de la fronde qui ont conduit à la dégradation du climat politique interne, à des violences policières sans précédent et à la mise à l’index du système politique béninois par la communauté internationale.

Cet état de fait n’a été contesté par aucune des parties ni aucun observateur. Les causes, en revanche, sont différemment appréciées selon la position des intervenants sur l’échiquier politique. De façon unanime, les parties ont cependant convenu que la crise était pour partie derrière elles et que des gages d’ouverture porteurs d’espoir pour les prochaines échéances électorales, notamment les municipales de mai 2020, avaient été donnés. Sur la délivrance des quitus fiscaux et autres récépissés qui ont empêché les partis d’opposition de se présenter aux législatives.

Interrogés sur les motifs de l’introduction de cette disposition, il a été rapporté par plusieurs interlocuteurs que les modifications relatives aux conditions de participation des partis, parmi lesquelles figurent l’enregistrement et l’obtention d’un quitus fiscal, ont été votées par les partis d’opposition eux-mêmes sous la précédente législature. Qu’il leur revenait dès lors de s’y conformer puisqu’ils en sont les auteurs et qu’il n’y a pas lieu de contrevenir à une disposition publique et connue.

Par ailleurs, il a été constaté la volonté de l’ensemble de la classe politique sur la nécessité de rationaliser et de structurer les appareils politiques au Bénin. Il a été observé par tous les interlocuteurs que la pléthore de partis qui existait alors- -et- qui souvent s’avéraient des partis « familiaux » où le chef s’arroge et attribue tous les droits sans contradiction ni contrôle ne permettait pas l’exercice d’une démocratie équilibrée et solide, et fragilisait de ce fait les institutions de la République. Cette difficulté prévaut encore largement aujourd’hui.

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Plusieurs objectifs sont visés : structurer et organiser les nombreux partis en trois à quatre formations importantes par le biais de regroupements d’appareils par affinités politique ; parvenir à un financement public équilibré ; établir un statut et des moyens pour l’opposition, ainsi qu’une gouvernance plus forte et donc propice à l’alternance démocratique.

2. Sur la liberté des médias

Le pluralisme politique, comme la libre expression des médias dans le cadre de la loi sont des exigences démocratiques. Le Bénin compte une centaine de journaux, 10 chaines de télévision, 37 radios communautaires et 15 radios commerciales. Ce foisonnement des structures et des sources d’information rencontre des difficultés depuis 2016. Les délits de presse se sont multipliés avec deux emprisonnements en 2019 : ceux de Casimir Kpédjo, directeur de publication du journal Nouvelle Economie, et d’Ignace Sossou, journaliste d’investigation auquel il a été reproché d’avoir publié sur les réseaux sociaux des propos attribués au procureur de la République.

Il a été rappelé que la liberté des médias demeure un principe intangible et que la contrainte sur corps ne saurait être exercée contre des journalistes ou des représentants de médias quel que soit leur positionnement.

3. Sur la question des opposants empêchés de rentrer au Bénin

La Mission s’est émue de ce que les principaux opposants, notamment ceux ayants occupés des postes importants au cours de dernières années, soient bannis du territoire et, de ce fait, empêchés de participer aux échéances électorales.

Il s’agit de :

- Lionel Zinsou, ancien candidat malheureux à l’élection présidentielle, ancien Premier ministre du Bénin, sans affiliation politique, condamné à 5 ans d’inéligibilité, 6 mois de prison avec sursis et une amende de 50 millions CFA ; - Sébastien Ajavon, Chef du Parti Union sociale libérale (USL), homme d’affaires et opposant béninois, condamné par contumace à vingt ans de prison pour trafic de drogue, et ayant obtenu en France en avril 2019 le statut de réfugié politique ; - Yayi Boni, ancien Président de la république sortant, ayant accompli deux mandats successifs à la tête du Bénin, qui avait quitté le pays à la suite de manifestations violentes consécutives aux législatives contestées. Il est rentré fin décembre à Cotonou. Confiné dans sa résidence pendant la crise post-électorale, il a été autorisé à quitter le pays pour se faire soigner. M.Yayi Boni a quitté le 5 avril 2020 sa formation politique FCBE ; - Léhady Soglo, fils de l’ancien Président Nicéphore Soglo, ancien maire-adjoint de Cotonou, dont la gestion décriée l’a conduit devant les tribunaux et qui vit depuis réfugié en France.

Trois de ces opposants de premier plan, à l’exception de Yayi Boni, sont sous le coup d’une condamnation judiciaire qui leur fait courir le risque d’être arrêtés s’ils rentrent au Bénin.

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Questionné à ce sujet, le Chef de l’Etat a indiqué que ces griefs de droit commun ou crimes économiques leurs sont imputés par la justice béninoise, laquelle est souveraine en vertu de la séparation des pouvoirs. Il a rappelé qu’il n’a pas à se mêler ni à contester des décisions de justice. Et souligné qu’il s’agit d’élus qui ont eu à gérer des fonds publics et que l’on ne peut en même temps prôner la bonne gouvernance et exiger des passe-droits.

4. Sur le rappel du chef de la Délégation de l’Union européenne

Cette question a été abordée à plusieurs reprises, notamment avec le groupe des ambassadeurs francophones, lors de l’audience avec le Président de la République et le ministre de la justice ainsi que lors de celui accordé à la représentante de l’Union européenne en poste à Cotonou.

Il a été indiqué par plusieurs interlocuteurs, que les prises de positions publiques et les attitudes et propos tenus par M. Olivier Nette, alors chef de Délégation de l’UE auprès du Bénin, n’étaient pas compatibles avec son poste, qui impliquait à la fois neutralité et devoir de réserve. Que par ailleurs, il a fait l’objet d’avertissements répétés restés sans suite. A la suite de cet incident, des explications et des clarifications ont été demandées et obtenues de part et d’autre. La volonté des autorités béninoises de renouer des relations saines, équilibrées et positives en bonne intelligence avec l’UE a été affirmée.

5. Sur l’intégration de la dimension du genre dans les appareils politiques et aux postes de décision

La délégation a souhaité connaître les dispositions prises au Bénin pour que l’approche du genre soit prise en compte dans les appareils politiques et dans les sphères décisionnelles.

Sur ce point, l’introduction de quotas en faveur des femmes sur les listes électorales avec 24 postes qui leurs sont dorénavant garantis au niveau de la représentation nationale, est un pas significatif.

Il est rappelé que cette initiative est une première et qu’il faut aussi savoir composer avec les réalités culturelles et sociales du pays car il s’agit d’un processus progressif.

6. Sur les enfants sans identité

La délégation s’est préoccupée de la situation des enfants sans identités ou enfants fantômes au Bénin. Elle a fait un plaidoyer pour un enregistrement massif des enfants notamment dans les zones rurales.

Sur ce point, le Chef de l’Etat, a notamment indiqué que le Bénin a produit des efforts considérables de recensement de sa population et, qu’à ce jour, 80% des enfants béninois sont enregistrées et disposent d’un état civil en bonne et due forme. Il a précisé que l’objectif est d’atteindre 90 % les prochaines années.

7. Sur les perspectives d’ouverture démocratique

La Mission s’est enquise des gestes faits et des initiatives menées pour renouer avec le pluralisme démocratique. De façon générale, l’ensemble des interlocuteurs a reconnu que le climat politique s’était apaisé au cours des derniers mois et que les initiatives en cours semblaient aller dans la bonne direction. Ils ont également convenu que la pléthore de partis existant auparavant était préjudiciable à des débats de qualité et à une gestion cohérente du pouvoir. Ils ont souhaité que les prochaines élections municipales 15 soient ouvertes à l’ensemble des formations politiques remplissant les conditions légales. Toutefois, ils ont considéré qu’il y avait des domaines à consolider : la simplification des procédures administratives et une gestion plus inclusive du processus électoral. Par ailleurs, du fait du mode de désignation des candidats, des inquiétudes subsistent sur la pluralité des prochaines élections présidentielles.

IV. Diagnostic de la Mission

Les autorités gouvernementales et parlementaires rejoignent, dans l’analyse de la situation qui a prévalu en 2019 et les évolutions en cours, les représentants des partis d’opposition et ceux de la société civile pour reconnaître à la fois un apaisement progressif de la situation et la nécessité de faire évoluer les pratiques et la législation pour renouer avec le pluralisme démocratique ainsi que le renforcer.

IV-a) Des avancées tangibles

De façon quasi unanime, tous les interlocuteurs rencontrés ont considéré que la crise dans sa phase paroxystique était dépassée et que des efforts significatifs avaient été consentis de part et d’autre pour ouvrir la participation de plusieurs formations politiques différentes lors des prochaines élections communales du 17 mai 2020. Ainsi, en complément de la révision constitutionnelle, l’Assemblée nationale béninoise a adopté un nouveau code électoral qui définit les nouvelles dispositions et procédures de parrainage des candidats à l’élection présidentielle.

Cette révision concerne plusieurs lois.

D’abord, la loi portant révision du code électoral adoptée le 14 novembre 2019, consacre principalement l’institution du parrainage des candidats à l’élection présidentielle, l’alignement de tous les mandats (législatif, communal et présidentiel) sur une durée de cinq ans, la création d’un poste de Vice-président, et le principe de la discrimination positive en faveur des femmes avec 24 sièges parlementaires qui leur seront réservés d’office, soit au minimum un par circonscription.

Cette loi ouvre aussi le financement public des partis sous trois conditions : - avoir un siège national et des bureaux dans les départements voués exclusivement aux activités locales du parti ; - prouver l’organisation de réunions régulières des instances du parti ; - justifier de l’existence de ressources financières de leur provenance à leur affectation.

Par ailleurs, la loi portant statut de l’opposition, adoptée à l’unanimité le 21 novembre 2019 précise la définition de l’opposition politique dont on rappelle qu’elle n’est pas aujourd’hui à l’assemblée nationale) : « Est parti d’opposition, un parti politique régulièrement enregistré, ayant fait publicité de son appartenance à l’opposition et ayant renoncé à tout poste politique au gouvernement ». Cette loi prévoit, en outre, un chef de file de l’opposition qui peut être mandaté par le Chef de l’Etat pour représenter le Bénin dans le cadre de la défense des intérêts supérieurs de la Nation.

Ces avancées, qui vont dans la bonne direction, doivent être soutenues au cours des prochaines semaines dans la perspective des élections communales de mai 2020.

Cependant, l’ensemble des parties a souhaité que l’APF continue de suivre l’évolution de la situation et s’assure que les engagements pris de part et d’autre seront respectés. A cet égard, les élections municipales constitueront une phase-test pour constater le retour total du respect de l’Etat de droit et des

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droits et libertés publiques. L’APF entend rester vigilante à ce sujet, d’autant plus que le 5 avril 2020, l’ancien Président Yayi Boni a annoncé quitter son parti politique le FCBE en accusant le Président Talon de « préparer un parti unique à sa solde ».

IV-b) Des efforts à soutenir : recommandations de la Mission

Au regard des échanges fructueux que la Mission a eus avec l’ensemble des parties prenantes à la crise, les représentants des organisations internationales ainsi que les ambassadeurs francophones accrédités auprès du Bénin, elle constate globalement que l’évolution du pays va vers un apaisement des tensions et se félicite de la volonté manifeste de tous les acteurs de renouer avec une dynamique démocratique, gage d’inclusion et de progrès. Dans ce contexte et pour consolider les progrès enregistrés, elle formule les principales recommandations suivantes :

1) Faciliter les conditions d’élections municipales réussies, à la fois libres et transparentes :

- Faciliter la délivrance des quitus fiscaux et des récépissés ; - Simplifier toutes les démarches administratives pour le dépôt des candidatures ;

- Traiter les éventuels contentieux de manière rapide, transparente et équilibrée ; - Le jour du scrutin, permettre le libre accès des électeurs aux bureaux de vote et les prémunir contre tous types de pressions, directes ou indirectes ; - Favoriser la participation des observateurs pour attester de la transparence et de la conformité du scrutin. 2) Favoriser la libre expression des médias, à savoir notamment : - Garantir et protéger la liberté d’expression de tous les médias ; - Appliquer le code numérique avec souplesse (en particulier en ne retenant pas de manière extensive les délits de presse, notamment celui de harcèlement médiatique) ; - Créer un dispositif de financement pérenne pour les médias, éventuellement à travers la mise en place d’une régie publicitaire mutualisée et cogérée. 3) Poursuivre le dialogue avec toutes les forces politiques, selon deux voies : - Maintenir un dialogue constant entre les différents partis, notamment entre la majorité et l’opposition, et ouvert à tous, en s’appuyant au besoin sur la Commission électorale nationale autonome (CENA) –dans sa forme nouvelle, postérieure à la révision du 14 novembre– qui outre ses attributions relatives au contrôle de la conformité des candidatures, pourra organiser selon la loi, les scrutins et veiller à leur bonne tenue ; - Inviter les autorités législatives et exécutives à créer ou déléguer une structure consensuelle de médiation afin d’organiser ce dialogue et de prendre en compte les propositions consensuelles qui en sont issues.

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4) Tirer les enseignements de l’application du nouveau code électoral et des nouvelles lois aux municipales pour les scrutins futurs : - Faire le bilan, après les municipales de mai 2020, de ce qui a bien fonctionné et de ce qui, dans les nouvelles dispositions, n’aurait éventuellement pas marché (la condition de présence de candidats et de bureaux locaux dans toutes les circonscriptions s’est-elle par exemple révélée possible ?) ; - Remédier, dans le cadre du dialogue avec les forces politiques, aux éventuels dysfonctionnements en vue des échéances électorales futures (présidentielle et législatives). 5) S’appuyer sur l’APF et son expérience pour faire progresser la démocratie et la Francophonie dans le monde, en particulier : - Consulter l’APF sur toutes les questions relevant de la compétence de l’une ou l’autre de ses commissions et réseaux ; - Faire part aux instances de l’APF, en particulier à la Commission politique, des progrès enregistrés dans le champ démocratique ; - Tenir compte des priorités du cadre stratégique de l’APF en matière de démocratie, de droits de l’homme ou du rayonnement de la langue française ; - Privilégier une démarche francophone inclusive pour la médiation et le règlement d’éventuels futurs différends.

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Conclusion

Au 30 mars 2020, sur les 8 partis politiques ayant déposé leurs dossiers pour participer aux élections municipales du 17 mai 2020, la Commission électorale nationale autonome (CENA) a considéré que cinq d’entre eux, dont trois de l’opposition, étaient aptes à concourir dans la mesure où ils avaient rempli toutes les conditions préalables conformément à la loi. Il s’agit du Bloc Républicain (BR), de l’Union Progressiste (UP), des Forces Cauris pour un Bénin Émergeant (FCBE), de l’Union Démocratique pour un Bénin Nouveau (UDBN) et du Parti du Renouveau Démocratique (PRD). Trois partis se sont vus exclus de la liste pour, selon la CENA, « insuffisance de pièces à pourvoir » : il s’agit de MOELE BÉNIN, du PER et de la FCDB.

La Mission de contact et d’information de l’APF propose donc –au regard des entretiens qu’elle a menés avec l’ensemble des partis politiques, la société civile, les institutions républicaines, les ambassadeurs accrédités à Cotonou et les partenaires techniques et financiers, ainsi qu’ au vu des observations relevées et des progrès en cours– si le déroulement des élections communales, ne rencontre pas de difficultés majeures et que ses recommandations sont globalement prises en compte, de suggérer au prochain Bureau de l’APF la levée de la mise sous alerte de sa section béninoise .

Elle félicite l’ensemble des parties prenantes pour la capacité de dépassement dont elles ont fait preuve dans l’intérêt supérieur du peuple et de la nation béninois. Elle invite par ailleurs sa section béninoise à maintenir le lien avec elle et à fournir à l’APF toute information susceptible d’éclairer ses membres.

La Mission tient enfin à adresser ses remerciements à tous ceux qui ont participé à cette large concertation et ont fait preuve d’ouverture et de franchise. Elle associe à ces remerciements la section béninoise, en particulier son Président, M. Louis Vlavonou qui n’a ménagé aucun effort pour que la Mission puisse se faire sa propre opinion, en toute transparence. Elle salue la maturité du peuple béninois et souhaite que la démocratie béninoise puisse rapidement retrouver sa place de modèle en Afrique francophone.

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ANNEXES

ANNEXE I : programme de la Mission

Samedi 1 er et dimanche 2 février 2020

Arrivée des participants Accueil et transfert à l’hôtel

Lundi 3 février 2020

09h00 Départ de l’hôtel Novotel Cotonou

09h30-10h30 Audience avec M. Louis Vlavonou Président de l’Assemblée nationale du Bénin, les membres du Bureau et les membres de la section béninoise de l’APF (Assemblée nationale)

10h30-11h30 Entretien avec les Présidents des Groupes parlementaires des partis de la mouvance majoritaire : Bloc Républicain et Union Progressiste et le Président de la Commission des lois

11h30-12h30 Entretien avec le Ministre de la Justice en charge des Relations avec les Institutions

12h30-13h30 Entretien avec le Président de la Cour Suprême

13h30-14h30 Pause déjeuner et départ pour Cotonou

16h-17h Entretien avec l’Agence nationale de Lutte contre la corruption (ANLC)

17h-18h Entretien avec le Président de la Commission béninoise pour les Droits de l’Homme

18h-19h Rencontre avec les Ambassadeurs francophones accrédités au Bénin Ambassade de France au Bénin

20h Diner offert par la Section béninoise de l’APF

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Mardi 4 février 2020

10h-12h30 Audience avec M. Patrice Talon, Président de la République du Bénin

15h-15h30 Entretien avec les responsables du parti Union Progressiste

15h30-16h30 Entretien avec le représentant de la CEDEAO

16h30-17h Entretien avec M. Abdoulaye Bio Tchané, Ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement, Parti Bloc Républicain

17h-17h30 Entretien avec le Coordonnateur résidant du Système des Nations Unies

17h30-18h Entretien avec le Représentant de l’Union européenne

18h-18h30 Entretien avec Me Adrien Houngbedji, ancien Président de l’Assemblée nationale, Parti du Renouveau Démocratique

18h30-19h Entretien avec le parti FCBE

18h30-19h Entretien avec la plateforme électorale (ONG WANEP)

19h-19h30 Entretien avec l’ONG ALCRER

19h30-20h Entretien avec l’Union des professionnels des médias du Bénin (UPBM)

21h Départ des participants

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ANNEXE 2 : questions principales posées aux interlocuteurs

I/ Statut de l’opposition actuelle et future dans le cadre de la législation sur les partis

1/ Quels sont les droits accordés aux partis d’opposition et de la majorité aujourd’hui ?

2/ En quoi les nouvelles lois permettent-elles de renforcer ces droits ?

II/Statut de l’opposition parlementaire

1/ Qu’en est-il de la place de l’opposition parlementaire aujourd’hui alors que le Bénin a longtemps fait figure de modèle en la matière ?

2/ Comment les droits de l’opposition et de la majorité parlementaire sont-ils protégés par les nouvelles lois ?

III/ Situation de l’Etat de droit et de la séparation des pouvoirs

1/ Quelle est la situation particulière de l’Etat de droit ? Y-a-t-il des difficultés particulières à cet égard ?

2/ Comment est appliqué le principe de séparation des pouvoirs ?

IV/ Etat des lieux des droits de l’Homme et des libertés publiques en général

1/ Quelles est la situation des droits de l’Homme ? Y-a-t-il des violations constatées?

2/ Qu’en est-il des libertés publiques en général ?

V/Liberté d’expression et des médias

1/La liberté d’expression est-elle garantie pour tous les citoyens ? Y-a-t-il des difficultés particulières à cet égard ?

2/La liberté des médias est-elle garantie ? Quelles sont les effets de la loi sur le numérique en la matière ?

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ANNEXE 3 : personnalités rencontrées

Audience avec le Président de l’Assemblée nationale du Bénin et les membres du Bureau

Nom – Prénom Statut/Titre Parti/Organisation

Vlavonou G.Louis Président UP

Chabitalata M. Vice-Présidente UP

Arouna Schanou Sofiatou 1er secrétaire BR

Yehouetome Boniface 1er questeur UP

Alladatin Orden Président commission des UP lois

Seibou Assan 1er vp – section APF/Bénin BR

Medegan Sedami 2ème vp – section UP APF/Bénin

Adomahou Jérémie Membre section APF/Bénin UP

Bissiriou E.Awawoy Membre section APF/Bénin BR

Okounlola Biaou A. 2ème questeur BR

Akpovi Eustache Député BR

Tomi Cyprien Député BR

Ahonoukoun Marcellin P/GP-UP UP

Aden Houessou Léon Député UP

Droia Seguda Couianou Membre UP

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Audience avec le ministre de la Justice

Nom – Prénom Statut/Titre Parti/Organisation

Quenum Séverin Maxime Garde des sceaux, Ministre Ministère de la justice de la Justice et de la législation

Baro Gouda Aleyya Directrice de Cabinet Ministère de la justice

Ouinsou Firmin Conseiller technique au suivi Ministère de la justice des processus politique et législatifs

Réunion avec les membres de l’ONG ALCRER

Nom – Prénom Statut/Titre Parti/Organisation

Nadina Degba Anani Assistante Président ALCRER

Assogba Martin Président ALCRER

Réunion avec les membres de l’ONG ANLC

Nom – Prénom Statut/Titre Parti/Organisation

Fourn Gnansounou Rapporteuse ANLC Elisabeth

Codjovi Houndekandji Membre ANLC Bernadette

Attolou Victorien Membre ANLC

Badou D. Etienne Assistant du rapporteur ANLC

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Audience avec le Président de la Cour suprême

Nom – Prénom Statut/Titre Parti/Organisation

Batoko Ousmane Président Cour suprême

Madobe Onésime Procureur général Cour suprême

Adossou Victor Dassi Président de la chambre Cour suprême administrative

Avognon Innocent Président de la chambre Cour suprême judicaire

Bio-Tchané Mamadou Président de la chambre des Cour suprême Ismath comptes

Guedegbe Tiburce Directeur de Cabinet Cour suprême

Rencontre avec les membres du parti « Bloc Républicain »

Nom – Prénom Statut Parti/Organisation

Abdoulaye Bio Tchané Président –Ministre du Plan BR et du Développement

Kassa Barthélémy Député BR

Dosssoumou Eugène Député BR

Okounlola Biaou André Député BR

Yahouedehou Janvier Député BR

Rencontre avec les membres du parti « Union progressiste »

Nom – Prénom Statut/Titre Parti/Organisation

Abraham Zinzindohoué Vice-président UP

Christelle Houndonougbo Directeur administratif UP

Ake Natondé Secrétaire élection UP

Orden Alladatin Secrétaire national juridique UP

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Rencontre avec les membres du parti « FCBE»

Nom – Prénom Statut/Titre Parti/Organisation

Hounkpe Paul Secrétaire exécutif national FCBE

Théophik Yarou 1er secrétaire national FCBE adjoint

Rencontre avec M. Eric Houndeté

Nom – Prénom Statut/Titre Parti/Organisation

Houndété Eric Ancien premier-vice FCBE président de l’Assemblée nationale du Bénin

Rencontre avec M. Adrien Houngbedji

Nom – Prénom Statut/Titre Parti/Organisation

Houngbedji Adrien Président du parti PRD

Ancien Président Assemblée nationale

Ancien Président de l’APF

Rencontre avec Mme Véronica Janssen- UE

Nom – Prénom Statut/Titre Organisation

Janssen Véronica Déléguée par intérim Délégation de l’Union européenne à Cotonou

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Rencontre avec M. Siaka Coulibaly

Nom – Prénom Statut/Titre Organisation

Siaka Coulibaly Coordonnateur résident du Nations Unies- UNDP Système des Nations Unies à Cotonou

Rencontre avec les membres de l’Union des professionnels des médias du Bénin (UPMB)

Nom – Prénom Statut/Titre Parti/Organisation

Pintos Gnangnon Journaliste/ Secrétaire à UPMB l’organisation

Ruth Sodedji Analyste/ Secrétaire chargée UPMB des affaires sociales

Prudence Hessou Journaliste UPMB

Zakiath Latoundji Journaliste/Président UPMB

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ANNEXE 4 : composition de la délégation de l’APF

- Chef de délégation : M. Amadou Soumahoro, Président de l’APF, Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire - M. Jacques Krabal, Secrétaire général parlementaire de l’APF, Député (France) - Mme Angélique Ngoma, Présidente de la Commission coopération et développement de l’APF, Députée (Gabon) - M. Bruno Fuchs, Président délégué de la section française de l’APF, Député (France) - M. Jean-Charles Luperto, Chargé de mission Europe de l’APF, Député (Fédération Wallonie-Bruxelles) - M. Emmanuel Maury, Secrétaire général administratif de l’APF - M. Bachir Dieye, Conseiller (Secrétariat général de l’APF) - Mme Mireille Eza, Conseillère (Secrétariat général de l’APF)

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ANNEXE 5 : communiqué de presse de l’APF

Cotonou, le 4 février 2020

Bénin : l’Assemblée parlementaire de la Francophonie salue les avancées démocratiques à la veille des élections locales

L’Assemblée parlementaire de la Francophonie a entrepris de mener, auprès de sa section nationale du Bénin, une mission d’information et de contact (MIC), suite au constat né des dernières élections législatives qui se sont déroulées sans la participation de l’opposition politique et ont valu la mise sous alerte du parlement béninois en juillet 2019.

Cette mission qui s’est déroulée les 3 et 4 février 2020, avait pour objet, de venir à Cotonou et à Porto-Novo pour voir, entendre, écouter toutes les parties prenantes et se faire une opinion fondée sur les causes de la crise mais également sur les actions et les initiatives prises depuis lors dans le cadre du dialogue entre les acteurs politiques béninois.

Les entretiens avec toutes les parties ont été sereins, francs, conviviaux et cordiaux. Ils ont permis à la mission de rencontrer successivement : • Les parlementaires ; • Le ministre de la Justice en charge des relations avec les institutions ; • Le Président de la Cour Suprême ; • L’Agence nationale de lutte contre la corruption ; • Les ambassadeurs francophones accrédités au Bénin, • Les partis politiques d’opposition et de la majorité ; • Les organisations internationales (Système des Nations Unies, l’Union européenne…) ; • La société civile ; • Les professionnels des médias.

Au cours de ces entretiens, les questions se sont articulées autour des cinq thématiques suivantes : le statut de la majorité et de l’opposition dans le cadre de la législation sur les partis, le statut de l’opposition parlementaire, la situation de l’Etat de droit et de la séparation des pouvoirs, l’état des lieux des droits de l’Homme et des libertés publiques et la liberté d’expression et des médias ;

La mission salue la grande ouverture d’esprit qui a prévalu et qui a permis d’aborder tous les points, sans tabou ni faux-fuyants, en responsabilité et avec toute la rigueur qui sied en cette circonstance.

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C’est le lieu de souligner la disposition de tous les acteurs à poursuivre les réformes nécessaires pour favoriser une large participation inclusive. Les élections municipales à venir seront un premier baromètre de la manifestation de cette volonté. Parmi les avancées, on peut noter la consolidation des partis politiques au niveau national et leur financement sur fonds publics.

La rencontre de la délégation avec M. Patrice Talon, Président de la République du Bénin, a rassuré et conforté l’engagement de parvenir à un climat politique véritablement apaisé et à des élections transparentes, inclusives et renforçant le pluralisme.

Compte tenu des progrès réalisés qui doivent encore être confortés par les prochaines élections locales, l’APF pourrait être amenée à suggérer à son prochain Bureau au Maroc, en juillet 2020, la levée de la mise sous alerte.

L’APF est l’Assemblée consultative de la Francophonie. Elle regroupe des parlementaires de 88 parlements ou organisations interparlementaires

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