André Pieyre De Mandiargues : Une Éthique Du Témoignage
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
View metadata, citation and similar papers at core.ac.uk brought to you by CORE provided by Institutional Research Information System University of Turin UNIVERSITÀ DEGLI STUDI DI TORINO DIPARTIMENTO DI LINGUE E LETTERATURE STRANIERE E CULTURE MODERNE DOTTORATO IN LINGUE E LETTERATURE STRANIERE, LINGUISTICA E ONOMASTICA XXIX CICLO UNIVERSITÉ DE NANTES FACULTÉ DE LETTRES ET SCIENCES HUMAINES ÉCOLE DOCTORALE SOCIETÉS CULTURES ÉCHANGES ____ TESI DI DOTTORATO IN COTUTELA André Pieyre de Mandiargues : une éthique du témoignage Roberta SAPINO TUTORS: GABRIELLA BOSCO, Università di Torino PHILIPPE FOREST, Université de Nantes COORDINATORE DEL DOTTORATO : RICCARDO MORELLO, Università di Torino ANNI ACCADEMICI : 2013/14 – 2015/16 SSD : L-LIN/03 1 2 Livre œil qui me regarde dire Miroir qui contient au futur Les mots qui le constitueront Quand dans le présent je l’écris. André Pieyre de Mandiargues 3 Scopo della ricerca è comprendere se l’opera di André Pieyre de Mandiargues può costituire un esempio di testimonianza dell’esperienza del reale, definita, citando Bataille, come un’esperienza dell’impossibile. A questo scopo, si analizzerà l’opera in prosa di Mandiargues a partire dalla figura del testimone, che l’autore introduce esplicitamente in Marbre ma che è presente, in forme diverse, fin dai primi testi. Il testimone, riflesso dell’autore nello spazio della narrazione, confonde le frontiere tra vissuto e finzione, e mette in discussione il rapporto della scrittura alla vita e alla verità. Osserviamo che l’impossibilità di fondare la narrazione nell’identità unitaria di un soggetto che prende la parola per dire Io, crollata sotto i colpi delle avanguardie e della psicanalisi, sollecita la ricerca di una scrittura del soggetto che faccia ricorso ai poteri dell’immaginario e della finzione. In particolare, la rete di personaggi (che l’autore chiama “folli briciole di me stesso”) che Mandiargues tesse nei romanzi e nelle novelle costituisce per l’autore una maniera per inscrivere nella narrazione il proprio Io e la propria esperienza del reale. La scrittura dà luogo a una forma di “mentire vero” che permette all’autore di testimoniare della forza di rottura (dovuta allo choc o alla meraviglia) dell’esperienza vissuta, fino ai suoi aspetti più insopportabili, senza tradirne il contenuto di verità In conclusione, osserviamo che la scrittura, così concepita, ha un valore etico che le è proprio e che prescinde dalla conformità dell’opera letteraria alle norme morali stabilite dalla società. 4 Notre recherche vise à comprendre si l’œuvre de Mandiargues peut représenter un exemple de témoignage de l’expérience du réel, définie à la suite de Bataille comme une expérience de l’impossible. Dans ce but, nous analysons l'œuvre en prose d'André Pieyre de Mandiargues à partir de la figure du témoin, que l'auteur introduit explicitement dans Marbre ou les mystères d'Italie mais qui est présente dans son œuvre, sous des formes différentes, dès les tout premiers textes. Le témoin, reflet de l’auteur dans l’espace de la narration, brouille les frontières entre le vécu et la fiction, et il questionne le rapport de l’écriture à la vie et à la vérité. Nous remarquons que l’impossibilité d’ancrer la narration dans l’identité unitaire d’un sujet qui prend la parole pour dire Je, effondrée sous les coups des avant-gardes et de la psychanalyse, sollicite la recherche d’une écriture du sujet faisant recours aux pouvoirs de l’imaginaire et de la fiction. En particulier, le réseau de personnages (qu’il appelle « folles miettes de moi-même ») que Mandiargues tisse dans ses romans et nouvelles constitue pour l’auteur une manière d’inscrire dans la narration à la fois son propre Je et son expérience du réel. L’écriture donne lieu à une forme de « mentir vrai » qui permet à l’auteur de témoigner de la puissance de rupture (due au choc ou à l’émerveillement) de l’expérience vécue, jusqu’à ses aspects les plus intenables, sans en trahir la portée de vérité. En conclusion, nous observons que l’écriture, ainsi conçue, a une valeur éthique qui lui est propre et qui est indépendante de la conformité de l’œuvre littéraire aux normes morales socialement établies. 5 TABLE DES MATIÈRES ANDRE PIEYRE DE MANDIARGUES ET LA CRITIQUE 7 « Le rendez-vous des anormaux que nous étions » : les premiers ouvrages. 11 Vers le Prix Goncourt. 18 De la célébrité aux derniers ouvrages. 21 NOTRE RECHERCHE : POSITIONNEMENT CRITIQUE. 31 André Pieyre de Mandiargues, une écriture du sujet ? 35 L’écriture, la réalité. 44 L’écriture, la morale, l’éthique. 53 NOTRE RECHERCHE : SA SPÉCIFICITÉ 60 Quelle éthique, quelle morale ? 60 Quelle éthique, quelle morale en littérature ? 66 Première Partie : L’AMOUR DES LIVRES ET LE DÉGOÛT DE MON 76 IDENTITÉ Chapitre 1 : L’écriture du Je, entre l’échec et la nécessité 83 « Le point où [Je] suis » ? Les entretiens 89 « Le point où [Je] suis » ? Les essais 96 Chapitre 2 : « Que je sois profondément double, je ne le sais que trop » 116 Le point où « Je » se dissout. 119 « Les êtres que l’on a chez soi sans qu’ils ne se montrent jamais » : présentation 133 du témoin. Le répertoire et le presse-papiers : « car c’est entre eux qu’est apparue la vie ». 139 Le témoin est un monstre 143 Miroirs d’encre 147 Seconde Partie : TOUT EST VÉRITÉ, TOUT EST MENSONGE 157 Chapitre 1 : Le refus du réalisme 158 (Dés)engagements 160 Mil neuf cent trente-trois 167 Chapitre 2 : Le propre de l’histoire est d’amuser les bambins 183 Un ciel proportionné 195 Si, dans le temps, il se trouve des failles… 204 Un personnage-témoin 211 POUR CONCLURE 219 BIBLIOGRAPHIE 221 6 ANDRE PIEYRE DE MANDIARGUES ET LA CRITIQUE Depuis 1943, date de la première publication du recueil de poèmes et proses poétiques intitulé Dans les années sordides, et jusqu’à la mort de l’auteur, survenue en décembre 1991, la production littéraire d’André Pieyre de Mandiargues n’a pas connu d’interruption. Recueils de poèmes, nouvelles, romans, pièces de théâtre, essais de critique littéraire et picturale, préfaces, articles et entretiens se sont succédé sans cesse, donnant lieu à une œuvre aussi abondante que variée, qui a bénéficié de plusieurs rééditions et réimpressions et qui est aujourd’hui en grande partie disponible en format « poche » chez Gallimard. Malgré la richesse et la diffusion de son œuvre, cependant, Mandiargues ne peut pas être considéré comme un écrivain de masse. On a bien souvent constaté l’injuste, l’inexplicable défaveur que rencontre chez nous la nouvelle. […] Contrairement à ce qui se passe en Amérique ou en Angleterre, un auteur de nouvelles ne peut pas, en France, prétendre à la célébrité1, remarquait Jean Blanzat en 1946 en ouverture de son commentaire à Le Musée Noir, mettant à l’avant l’un des facteurs qui, à son avis, empêcheraient le jeune Mandiargues de s’affirmer chez le grand public. D’autres éléments ont probablement contribué à créer et diffuser l’image d’un créateur d’ouvrages difficiles, pour la plupart réservés aux « happy few »2 du monde littéraire, à commencer par le goût de Mandiargues pour une esthétique baroque et une complexité stylistique qui correspondaient peu aux tendances littéraires et artistiques dominantes dans la France de l’après-guerre. L’érotisme noir et l’imagination déchainée d’un art apparemment désintéressé aux enjeux de la réalité 1 Jean Blanzat, « Quatre livres de nouvelles », Le Littéraire, 3 août 1946, p. 13. 2 Robert Kanters, « Mandiargues et la mort en suspens », Le Figaro Littéraire, n° 1003, 5-11 juin 1967, pp. 19-20. 7 s’inséraient avec quelque malaise dans un contexte où, selon les mots d’Antoine Compagnon, « [l’] engagement semblait occuper tout l’espace littéraire »3, et la réticence de l’auteur à se servir des media n’a certes pas contribué à le rapprocher du grand public : Je préfère à un tel bruyant appareil mes urnes précolombiennes, qui sont plus agréables à voir et qui ont la grande qualité (comme disait Gérard de Nerval de la langouste qu’il promenait en laisse) de ne pas aboyer4 commentait Mandiargues à propos de la radio dans une lettre à son ami Albert Paraz en 1951. En général la critique a pourtant réservé à Mandiargues un accueil plutôt favorable et elle n’a pas hésité à lui décerner des prix de relief, à commencer par le Prix des Critiques qui, en 1951, porta l’auteur et son recueil de nouvelles Soleil des loups à l’attention du grand public, et par le Prix de la nouvelle, qui lui fut attribué en 1960 pour l’ouvrage Feu de braise. En 1967 Mandiargues reçut le prestigieux Prix Goncourt grâce à La Marge, son seul roman d’une certaine longueur. Et si l’auteur fut très connu pour ses nouvelles et ses romans, son œuvre poétique ne passa pas tout de même inaperçue, puisqu’elle lui valut le Prix de la Poésie de l’Académie Française en 1979. De son côté, Mandiargues n’a jamais nié de nourrir une certaine méfiance à l’égard de la critique, qui lui paraissait souvent trop portée à expliquer le geste de l’écrivain « par la solitude et par le besoin de communication »5 et à soumettre les textes à un « travail de démontage » dépourvu de la « possession amoureuse »6 nécessaire à la véritable compréhension de la matière littéraire. Cependant, il reconnaissait qu’ « il y a une autre critique originale, qui est une minorité, bien entendu », une critique faite par « de bons lecteurs » capables de s’approcher des écrivains et de leurs œuvres « avec 3 Antoine Compagnon, « Le tournant linguistique : du roman au récit, de l’œuvre au texte », in Jean-Yves Tadié (dir.), La littérature française : dynamique & histoire, t.2, Paris, Gallimard, 2007, p.